« Les cinq livres sur les ambassades » de Conrad Braun
Texte intégral
1En 1548, le juriste et théologien allemand Conrad Braun publia en latin « Les Cinq Livres sur les ambassades », un ouvrage nourri de sa propre expérience d’envoyé1. Même si ce livre apparaît comme un ouvrage majeur de la littérature sur l’ambassadeur, il ne fut jamais réédité à l’époque moderne2. Grâce à l’ouvrage que l’historienne allemande Maria-Barbara Rößner lui a consacré3, on connaît assez bien la vie et l’œuvre de Conrad Braun, qui apparaît comme un personnage de premier plan surtout dans les grandes controverses théologiques qui secouèrent le monde germanique scindé en États protestants et États catholiques au milieu du XVIe siècle.
2Étant donné que ces aspects ne sont pas restés sans répercussion sur l’ouvrage qui nous intéresse, nous étudierons d’abord la carrière de Braun et sa position dans les grands débats politiques et théologiques du XVIe siècle, avant d’analyser de manière plus détaillée son traité sur les ambassades sous trois angles : primo, la structure de l’ouvrage et l’argumentation de Braun ; secundo, l’image que Braun brosse de l’ambassadeur et plus particulièrement de ses qualités, de ses devoirs et de ses privilèges ; tertio, son exposé des princes (et des corps) qui envoient ou qui reçoivent les ambassadeurs. Enfin, il convient de s’interroger sur l’apport de Braun, sa postérité et sa réception.
La vie et l’œuvre de Conrad Braun
3Conrad Braun naquit à Kirchheim sur le Neckar vers 1495. En 1510, il entama ses études à l’université de Tübingen, où il obtint le titre de docteur juris utriusque et fut nommé professeur de droit en 1521. Après avoir assumé la fonction de recteur de l’université en 1523/1524, il fut nommé conseiller du prince-évêque de Wurtzbourg. À ce titre, Braun participa aux diètes de l’Empire tenues à Spire en 1529, à Augsbourg en 1530 et à Ratisbonne en 1532. L’année suivante, il fut nommé assesseur (c’est-à-dire juge) au tribunal de la chambre impériale (« Reichskammergericht », l’une des deux cours de justice souveraines du Saint-Empire) et, après un retour provisoire comme chancelier à Wurtzbourg en 1535/1536, reprit ses fonctions d’assesseur, avant d’être promu directeur de la chancellerie du tribunal en 1540. Dès 1542, il passa au service du duc Louis de Bavière qu’il servit comme chancelier, d’abord à Straubing, puis à Landshut. En 1543, il fit un voyage à Trente, mais le Concile n’y avait pas encore commencé. Depuis 1551, Braun fut chancelier de l’évêque d’Augsbourg, le cardinal Otton de Waldburg4, prince auquel, d’ailleurs, – comme nous le verrons – il avait dédié, en 1548, son ouvrage sur les ambassades. Aux diètes de l’Empire d’Augsbourg en 1555 et 1559 et de Ratisbonne en 1556, il défendit les positions intransigeantes de son seigneur et, en 1563, à l’invitation de l’empereur Ferdinand Ier, il soutint le point de vue du Saint-Siège avec Pierre Canisius devant une commission de théologiens réunie à Innsbruck5.
4L’œuvre de Braun est constituée d’une bonne vingtaine de publications parues entre 1539 et 1572 pour une continuation d’un ouvrage imprimé de son vivant6. Si la plupart de ses ouvrages n’a pas été rééditée, sa traduction du livre de Thomas a Kempis sur l’imitation du Christ de 1555 a connu de nombreuses rééditions jusqu’au XVIIe siècle, la dernière datant de 1618. D’autres textes de Braun ont été réédités dans le Tractatus universi iuris publié sous les auspices de Grégoire XIII à Venise en 1584 et dans l’Histoire de la guerre de Smalcalde publiée par Friedrich Hortleder en 16457.
5Cette œuvre reflète les préoccupations personnelles de Braun : la jurisprudence, la politique et la théologie sont ses chevaux de bataille. Cette bataille l’oppose au protestantisme. C’est pourquoi les divergences confessionnelles marquent la plupart de ses ouvrages, qu’ils soient historiques, politiques, juridiques ou bien théologiques. Ses œuvres manuscrites tournent autour de la même problématique. Sa profession de juriste fait que nous y trouvons de nombreuses expertises et sentences, mais les mémoires relatifs aux questions religieuses, par exemple la visitation des monastères, ne manquent pas non plus8.
Le traité sur les ambassades : la structure de l’ouvrage et la méthode de Braun
6En 1548, Conrad Braun publia son ouvrage sur les ambassades en même temps que deux autres traités. Les trois textes furent publiés en un seul volume. Outre le De Legationibus Libri Quinque, ce volume unique contient un traité sur les usages (liturgiques) de l’Église de Rome destiné à « montrer la voie pour aller vers la vraie piété et le culte de Dieu, et s’opposer aux erreurs et aux abus », texte qui était intitulé De Cæremoniis Libri Sex9 ; à ces deux textes, l’auteur ajouta encore un traité De Imaginibus Liber unus, qui abordait le thème de la licéité des représentations et des images qui était remise en cause par les théologiens protestants très critiques à l’égard du culte des images de l’Église catholique10. « Les Cinq Livres sur les ambassades » étaient donc joints à deux traités reprenant les controverses théologiques du milieu du XVIe siècle et l’ouvrage concernant les ambassades ne reste pas non plus insensible à ces questions religieuses.
7Cependant, malgré un frontispice commun, les trois traités étaient aussi vendus séparément. L’imprimeur et les libraires pouvaient donc réagir de manière flexible à la demande du public en vendant soit les trois œuvres, soit les différents traités à part. D’ailleurs, une édition isolée contenant les chapitres IX à XI du livre second du traité de Braun sur les ambassadeurs parut à Mayence la même année11. Les chapitres concernés traitent de la justice des ambassadeurs, de leur vaillance et constance ainsi que de leur continence (c’est-à-dire de leur chasteté et sobriété)12. L’extrait, qui comprenait également la table des matières de l’œuvre intégrale et la liste des auteurs utilisés par Braun, était dédié par l’imprimeur à Johann von Maltiz, évêque de Meissen, et destiné à faire connaître la nouvelle publication à la foire de Francfort, au printemps 154813. L’ouvrage intégral était censé paraître à la foire d’automne. 417 exemplaires de ce tiré à part (43 fol. in-8°) et un chiffre légèrement supérieur d’extraits de deux autres traités de Braun (De haereticis, De caeremoniis), c’est-à-dire les trois quarts environ des éditions partielles furent débités, dont un tiers fut acquis par les seuls libraires de Cologne, la plus importante ville du livre catholique en Allemagne ; le reste fut acheté par les libraires des principales villes catholiques allemandes, mais aussi de certaines villes protestantes comme Strasbourg et Heidelberg, voire par des libraires étrangers d’Anvers, d’Amsterdam, de Paris et d’Angleterre14. Un libraire parisien acheta douze exemplaires de chaque traité (Johanni Roigni ad S. Maternum). L’œuvre intégrale fut imprimée à la fin de l’été 1548. Son tirage n’est pas connu.
8Conrad Braun a divisé son ouvrage sur les ambassades en cinq livres. Les livres premier et cinquième traitent des personnes qui envoient ou qui reçoivent les ambassadeurs. En effet, il prête à ces deux types de personnes la même attention qu’aux ambassadeurs. Cela explique pourquoi Braun n’a pas nommé son ouvrage « Les Cinq Livres sur l’ambassadeur », mais « Les Cinq Livres sur les ambassades ». Le premier livre, au début duquel l’auteur évoque certaines généralités relatives aux ambassades et à leur rôle dans la conservation de la société humaine, est intitulé : De Personis Eorum Qvi Mittvnt Legatos, deque ; Mandatis & rebus Legationum15, en français : « Premier Livre […] au sujet des personnes de ceux qui envoient des ambassadeurs, des missions et des affaires des ambassades »16. Le dernier livre de son traité s’intitule : De Personis Eorvm Ad Qvos Mittvntvr Legati, & de officio eorum in suscipiendis dimittendisq ; Legationibus17, c’est-à-dire : « Des personnes de ceux auxquels sont envoyés les ambassadeurs et de leur devoir en recevant et congédiant les ambassades »18.
9Les livres second à quatrième concernent l’ambassadeur proprement dit. Dans le deuxième livre, Braun étudie d’une manière générale « les personnes de ceux qui sont envoyés comme ambassadeurs » ainsi que « la science et les vertus des ambassadeurs »19, en latin : De Personis Eorvm Qvi Legati Mittvntur, deque ; scientia & uirtutibus Legatorum20. Le troisième livre est consacré plus particulièrement aux « devoirs des ambassadeurs »21, De Officiis Legatorvm22. Enfin, dans le quatrième livre, Braun parle De Privilegiis Et Immvnitatibvs Legatorum23, « Des privilèges et des immunités des ambassadeurs »24.
10Au début de son ouvrage, Braun propose à son lecteur une table des matières et un résumé (« sommaire ») des différents livres25 ; le volume comporte également un index alphabétique établi par Johannes Cochlaeus26. L’œuvre est dédiée à Otton de Waldburg, évêque d’Augsbourg, qui tint cet évêché de 1543 à 1573. Cet évêque est connu pour ses positions intransigeantes envers les protestants et surtout pour sa protestation contre la paix de religion d’Augsbourg de 1555. Étant données ses propres convictions religieuses et politiques, le choix de Braun de dédier son ouvrage à Otton de Waldburg paraît logique.
11Outre la dédicace, l’ouvrage reproduit quatre lettres qui recommandent le livre et son auteur aux lecteurs potentiels. La première lettre est adressée par Johannes Cochlaeus « au lecteur »27. Le théologien catholique Cochlaeus, qui après avoir étudié le droit à Bologne, avait été promu docteur en théologie à Ferrare en 1517 puis ordonné prêtre à Rome en 1518 ou en 151928, ne manque pas de critiquer les « sectes maudites » (c’est-à-dire les protestants) qui, à son avis, rendent incertain l’avenir de l’Allemagne et oppose à leurs protagonistes (tels que Luther et Melanchthon), que Cochlaeus qualifie d’« ennemis de l’Eglise » et d’auteurs d’écrits « pestilentiels », la « saine doctrine » de Braun ainsi que sa « piété » et son « honnêteté »29. Cochlaeus et Braun se connaissaient personnellement ; ils s’étaient rencontrés probablement en 1540/1541, à l’occasion d’un débat sur les questions religieuses à Worms30. En outre, il existait des liens de parentèle entre Cochlaeus et l’imprimeur-éditeur Franz Behem qui publia les œuvres de Braun à Mayence31.
12Cette lettre de Cochlaeus est suivie de trois autres lettres datées de 1548 et qui lui ont été envoyées par deux théologiens et un ancien vice-chancelier de l’Empire. Les théologiens sont l’Italien Ambrosius Catharinus, dont le vrai nom était Lancelot Politi (1463–1553) et qui fut évêque de Minori, dans le royaume de Naples, à partir de 154732, et l’Allemand Johannes Gropper (1503–1559), docteur en droit canon et archidiacre à Cologne. Ce fut le pape Paul IV en personne qui prononça l’oraison funèbre de Gropper, qui, en Allemagne, peut passer pour le théologien catholique le plus important au XVIe siècle33. La troisième lettre est due à Matthias Held, qui se dit conseiller de l’empereur34. Il s’agit du « Reichsvizekanzler » (vice-chancelier de l’Empire), mort en 1563 à Cologne. Déjà comme assesseur au « Reichskammergericht », fonction qu’il occupa depuis 1527, il s’était appliqué à combattre juridiquement la Réforme. Depuis la mort de son prédécesseur, en 1531, il s’acquit l’estime de Charles Quint comme vice-chancelier et devint l’un de ses plus influents conseillers en matière de politique allemande. Cependant, en 1541, il dut démissionner, car la ligne dure qu’il proposait à l’égard des protestants n’était pas approuvée par ses collègues et concurrents dans l’entourage de Charles Quint qui travaillèrent avec succès à son éviction35.
13Ces lettres sont donc dues à quatre champions de la défense du catholicisme dans l’Empire qui présentent Braun comme l’un de leurs confrères et chantent les louanges de cet auteur appartenant lui aussi au monde intellectuel de la Contre-Réforme naissante. Très certainement, M. B. Rößner a raison de souligner que Braun avait besoin de cet appui, surtout du soutien public et financier de Cochlaeus, car, à la différence de ce dernier, il n’était pas encore, en 1548, un personnage de premier rang, et ne disposait pas des fonds nécessaires pour financer la publication de ses livres. En revanche, dans les années 1540, Cochlaeus conçut justement le projet d’un programme d’édition d’ouvrages catholiques en opposition à la prédominance de Luther et des autres réformateurs dans le domaine des livres imprimés. Pour atteindre un public plus large, Cochlaeus décida de faire imprimer les ouvrages de Braun à Mayence plutôt qu’en Allemagne du sud36. D’ailleurs, nous savons que, pour acquérir une certaine renommée indispensable à la réalisation de ses projets de publication, Braun contacta plusieurs personnages politiques et ecclésiastiques afin d’obtenir de leur part une recommandation de ses écrits ; c’est ainsi que, dès 1546, il prit contact avec le conseiller de l’empereur Viglius van Aytta et lui demanda son avis sur son ouvrage De legationibvs37. Mais, apparemment, l’accueil réservé à Braun fut plutôt mitigé. M. B. Rößner estime que, Held étant un ami de Braun, Catharinus et Gropper n’acceptèrent de recommander son œuvre que pour faire plaisir à Cochlaeus ; il est certain que, pour sa part, Catharinus répondait à une demande expresse de Cochlaeus38, puisque cette lettre nous est connue39.
14Or, dans l’« Épître dédicatoire » de son œuvre, Braun expose déjà d’une manière détaillée son sujet et sa méthode. Braun y définit les domaines qu’il estime « propres aux ambassadeurs » et qui, selon lui, les distinguent des autres conseillers, avec lesquels ils partagent cependant de nombreuses attributions et tâches. Les fonctions réservées plus particulièrement aux ambassadeurs sont les suivantes : « réunir les princes les plus puissants par les liens d’alliance, d’amitié et des traités, mettre fin aux guerres, arranger la paix, et toutes choses de même espèce »40. Par la suite, Braun définit d’une manière plus précise les compétences et les charges d’un ambassadeur, en explicitant qu’elles « s’étendent vraiment et largement à ce qu’il n’y ait aucune chose qui ne soit faite, soit publique, soit privée, à laquelle ne prenne part aussi l’ambassade », et d’ajouter qu’en fait, « l’ambassadeur prête son ministère aux choses sacrées et profanes, il délibère, convoque, juge, discute, conclut, donne et reçoit les présents ; il achète, vend, conclut les mariages, noue des liens, présente ses compliments et congratule ; il connaît de la guerre, la déclare, en assume la charge, fait des reconnaissances, espionne ; il met fin à la guerre, négocie la paix, conclut les traités ; en bref, une ambassade vient à bout de toutes les missions, tant celles qui intéressent la paix que celles qui concernent la guerre »41.
15Si l’ambassadeur ne se confond donc pas avec les autres conseillers du prince, en ce qui concerne les qualités propres de l’ambassadeur, la première vertu que l’on doit exiger de sa part, selon Braun, est « d’être vraie, non fardée »42. Pour Braun, les qualités de l’ambassadeur revêtent une importance particulière, parce qu’il estime que la charge des ambassadeurs « n’est pas seulement affectée aux besoins humains, mais elle est aussi consacrée aux besoins divins ». Certes, il faut prendre en considération le fait qu’au temps de Braun, les envoyés aux diètes et aux assemblées de l’Empire avaient la charge de négocier sur les problèmes confessionnels qui résultaient de la Réforme initiée par Luther en 1517 et qui, dans l’Empire, constituaient en même temps des problèmes politiques dans la mesure où, d’un côté, depuis la diète de Worms de 1521, Charles Quint avait impliqué l’autorité de l’Empire pour régler les différends religieux en faveur des catholiques et que, de l’autre, une grande partie des États territoriaux et la majorité des villes impériales avaient adopté la confession protestante. Ce processus de confessionnalisation du politique marqua tout particulièrement les années 1540, décennie au cours de laquelle l’empereur tenta de vaincre militairement les protestants dans la guerre de Smalkalde ; malgré sa victoire, in fine l’intérim promulgué à la diète d’Augsbourg, en 1548, l’année même de la publication du traité de Braun, et qui accorda temporairement aux protestants vaincus certains privilèges, n’aboutit pas à la réunion des différentes confessions au sein d’une seule et même Église. Mais, pour Braun, la mission (quasi) divine de l’ambassadeur n’est pas une particularité de son époque. En effet, il adopte une vision très vaste du champ d’activité de l’ambassadeur élargissant sa charge aux personnages qui figurent dans les Saintes Écritures. C’est ainsi qu’il considère les prophètes et les anges comme les envoyés et les messagers de Dieu par le truchement desquels ce dernier montra à l’humanité « son assistance et sa volonté ». Braun ne se limite pas à mettre l’ange Gabriel au rang des ambassadeurs divins, puisqu’il annonça à la Vierge Marie sa maternité, mais il va plus loin en faisant de Jésus même un envoyé de Dieu43.
16En ce qui concerne la méthode de son traité, Braun explique que, en règle générale, les parties concernant les différents aspects particuliers du problème « commencent par des définitions », qu’ensuite il établit les « divisions » convenables, et « qu’enfin, les principes sont déduits des parties singulières ». L’objectif de cette méthode inductive est de montrer plus clairement « ce qui doit être suivi et évité par ceux qui envoient, ceux qui sont envoyés et ceux auxquels sont envoyées des ambassades »44.
17Braun s’explique lui-même sur les sources qu’il a utilisées :
Je confirme toutes ces choses [qu’il a écrites], en partie par les témoignages des Écritures Saintes, en partie par des arguments philosophiques, en partie aussi par les sanctions des lois tant ecclésiastiques que civiles, par des exemples de l’histoire, tantôt ancienne, tantôt plus récente. Bien plus, je recourrai aux exemples, non pas tant pour les choses réalisées elles-mêmes que pour les résolutions dans les façons de faire, et j’observerai la prudence des anciens, averti par Cicéron qui enseignait qu’il fallait expliquer, non en recherchant l’exemple des ancêtres, mais plutôt leur résolution de laquelle ces exemples étaient nés. C’est pourquoi, parmi tous les historiens, je m’en tiendrai volontiers aux exemples de Tite-Live, parce qu’ils sont rarement fortuits, mais généralement pensés et tirés du véritable trésor de la sagesse romaine. Ce même Tite-Live dit aussi justement, au sujet de la République romaine, qu’il n’y en eut aucune de plus grande, de plus sainte et de plus riche en bons exemples45.
18Le recours fréquent aux auteurs romains, surtout à l’Histoire de Rome de Tite-Live – recours qui, parfois, peut paraître excessif – est en effet caractéristique de l’approche de Braun, alors que les exemples qu’il a tirés de l’histoire récente sont rares. Braun étudie d’une manière très détaillée ces exemples fournis par Tite-Live et par l’histoire romaine. De longs passages de son traité sont consacrés à leur présentation minutieuse. Il n’est pas rare que plusieurs pages résumant des faits extraits de Tite-Live servent à illustrer quelques lignes consacrées à l’ambassadeur au XVIe siècle. Si ce procédé est conforme à la manière d’argumenter des juristes du XVIe et encore du XVIIe siècle, il est à noter que Braun emploie ces exemples de manière à en tirer des conséquences directes sur la diplomatie contemporaine. Qu’il cite Tite-Live ou la Bible, les exemples que ces textes lui fournissent intéressent directement son sujet. Braun n’oppose pas les ambassades de son temps à celles du temps passé. Pour lui, les ambassades d’Hannibal revêtent la même importance que celles du règne de Charles Quint.
19Braun a ajouté à son ouvrage une liste des auteurs qu’il a consultés46. Elle comporte cent dix-neuf noms d’auteurs, dont dix théologiens, seize philosophes, trente-huit juristes, quarante-neuf historiens et six poètes, selon la distinction qu’il a lui-même établie. Chronologiquement, on constate une très nette préférence pour les auteurs antiques grecs et romains en ce qui concerne les philosophes, les historiens et les poètes. Ce dernier groupe est exclusivement constitué d’auteurs de l’Antiquité : Homère, Virgile, Plaute, Térence, Ovide et Horace. Parmi les philosophes, les anciens sont largement majoritaires : on y repère, entre autres, Platon, Aristote, Xénophon, Cicéron, Plutarque, Sénèque, Strabon, Hippocrate, Galien et Pline [l’Ancien], mais aussi des auteurs modernes comme Érasme et Guillaume Budé. Certes, aujourd’hui, nous ne qualifierions pas tous ces auteurs de philosophes, mais nous suivons ici la répartition de Braun. En ce qui concerne les théologiens et les historiens, les auteurs cités sont soit antiques, soit médiévaux, et on ne relève pas de contemporains de Braun. Parmi les théologiens, on note les noms d’Origène, d’Augustin ou encore le pape Grégoire Ier, par exemple, mais aussi Jean Gerson, et parmi les historiens, Hérodote, Thucydide, Eusèbe, César, Flavius Josèphe, Pline [le Jeune], Suétone, des auteurs médiévaux tels qu’Otton de Freising et Burchard von Ursberg du temps des Hohenstaufen, mais aussi un historien plus proche de Conrad Braun comme Platina, de même que, parmi les juristes, à titre d’exemples, Paulus de Castro du début du XVe siècle et Antonio Corseti qui nous mène au début du XVIe siècle. Mais les véritables contemporains de Braun sont rares dans cette liste, voire en sont absents dans certaines catégories.
20Or, dans ce contexte, M. B. Rößner rappelle à juste titre que « Les Cinq Livres sur les ambassades » sont l’une des premières publications de Conrad Braun. Pour acquérir lui-même une certaine notoriété, il s’agissait donc de prouver son érudition, sa bonne connaissance des sources et des autorités47 devant être considérée comme une marque de qualité. Si les auteurs que Braun allègue représentent un catalogue d’autorités censées rendre plus crédible son traité plutôt qu’une bibliographie au sens moderne, cela ne veut pas dire que les questions d’actualité sont absentes de l’ouvrage. Au contraire, force est de constater que Braun y prête une attention particulière.
L’ambassadeur : ses qualités, ses devoirs et ses privilèges selon Braun
21En ce qui concerne les ambassadeurs, Braun examine d’abord, au deuxième livre, les raisons qui doivent guider leur choix et précise les raisons (en particulier relatives à leur statut et à leur condition ou bien à leur âge et à leur sexe) qui excluent certaines personnes de la charge d’ambassadeur ou du moins de certaines ambassades. D’ailleurs, selon Braun, certaines missions doivent être confiées à plusieurs ambassadeurs au lieu d’un seul envoyé. Il évoque ensuite leurs qualités : science, prudence (qui, stricto sensu, fait partie de la science)48, expérience, éloquence, sagacité, justice, retenue, modestie, etc., ainsi que leur personnel et, particulièrement, leurs interprètes. Braun rappelle que les Romains préféraient parler latin à leurs interlocuteurs étrangers même si cela les obligeait à recourir à des interprètes, puisqu’ils considéraient l’usage de leur propre langue comme un point d’honneur alors qu’ils maîtrisaient souvent parfaitement le grec. Pour sa part, Braun met son lecteur en garde contre le recours aux interprètes dont les services peuvent changer le sens de ce qu’on a dit et mettre en cause la confidentialité des pourparlers49.
22Braun définit ainsi le terme d’« ambassadeur » : « Ils [les ambassadeurs] sont ceux qui sont envoyés pour traiter de toutes affaires par ceux qui sont en charge d’administrer les affaires publiques. Ils sont ainsi dénommés, au témoignage de Marcus Varron, parce qu’ils sont nommés pour être officiellement envoyés pour être à l’étranger les magistrats à l’activité et au conseil desquels on recourt »50.
23Et de préciser au sujet de l’usage moderne du mot : « Les jurisconsultes plus récents ont coutume d’appeler légats ceux qui ont été envoyés par le siège apostolique ; les autres les appellent ambassadeurs, d’un mot (comme je le pense) traduit pour notre usage de la langue latine »51 (ex Italorum lingua). En latin, il distingue ambasiatores et legatos52, mais quand il n’est pas indispensable de faire la différence entre légats et ambassadeurs, Braun rend ce dernier terme par legati53.
24Quant à l’exclusion de certaines personnes auxquelles ne peut être confiée aucune ambassade, en général, Braun estime que seule une personne qui a la jouissance de ses droits peut en être chargée, et considère en particulier cinq aspects : le statut, l’âge, le sexe, la circonstance et la turpitude. Son penchant pour les auteurs anciens et son esprit de juriste systématique le mènent à examiner des cas peu courants au XVIe siècle, comme la question de savoir si un affranchi peut prétendre à une ambassade. Braun pense que les affranchis de même que les plébéiens et les bâtards peuvent être choisis comme ambassadeurs si l’on ne peut trouver aucune personne plus convenable ou plus digne54. Il exclut des ambassadeurs potentiels les mineurs de dix-sept ans, les sourds et, d’une manière moins catégorique, les infirmes et les femmes55.
25De même, Braun exclut « les personnes notables pour leur turpitude », les condamnés, « tous les infâmes », les débiteurs et « ceux qui sont efféminés »56. À ces catégories, il ajoute encore « les séditieux, les hérétiques, les incendiaires, les ravisseurs de vierges consacrées, les pilleurs d’églises et autres sacrilèges »57. C’est-à-dire que Braun met sur le même plan ceux qui ne respectent pas l’orthodoxie et les criminels. Sans évoquer, à cet endroit, les protestants, Braun précise que les païens, les Juifs, les Sarrasins ne peuvent être envoyés comme ambassadeurs par les princes chrétiens58.
26D’après Braun, les ambassadeurs doivent être choisis en fonction de leurs capacités et de leur expérience ; selon les cas, on doit donc faire preuve d’une bonne connaissance du droit canon ou du droit civil59.
27Le livre troisième est consacré à leurs devoirs et à leurs obligations envers leurs seigneurs aussi bien qu’envers les personnes ou les corps qui les reçoivent. Braun aborde les problèmes de juridiction (si une certaine juridiction sacrée ou profane a été accordée à l’ambassadeur) et leur rôle pendant la guerre et la paix. Quant à la paix, il évoque les devoirs des ambassadeurs pendant la négociation des traités, leur conclusion et leur exécution. Enfin, sont rappelés les devoirs de l’ambassadeur quand il s’agit de négocier et de conclure des mariages ou des fiançailles.
28Les recommandations que Braun donne aux ambassadeurs sont parfois assez concrètes. C’est ainsi qu’il les invite, par exemple, à porter des habits décents et propres et à veiller comme des musiciens à leur harmonie quand ils sont plusieurs à négocier une même affaire60. Étant donnée la sensibilité de Braun aux problèmes religieux, l’on ne sera pas étonné d’entendre qu’il appartient aux devoirs de l’ambassadeur ou du légat de s’opposer, si une telle affaire se présente, aux « hérétiques qui étudieront les moyens de détourner le peuple du chemin de la vérité » et de « de repousser leurs principes et leurs erreurs »61.
29Le livre quatrième prête une attention toute particulière à l’immunité des ambassadeurs s’acquittant honorablement de leur charge et auxquels, en vertu du droit des gens, on ne peut faire aucune violence62. Le droit des ambassades étant, selon Braun, « un droit très sacré », il serait même garanti « par le droit divin »63. Or, à cet égard, l’auteur fait encore part de la problématique confessionnelle, puisqu’il prétend qu’il « est tout à fait particulier aux hérétiques d’outrager, contre le droit des gens, les ambassadeurs envoyés à eux »64. Certes, les exemples allégués sont empruntés à l’histoire ancienne ou médiévale, mais il est évident que l’auteur envisage le temps présent.
30À la fin du livre, Braun aborde deux questions pratiques extrêmement intéressantes : premièrement la question de savoir si les ambassadeurs ont le droit de recevoir des missions de la part des princes et républiques où ils ont été envoyés65, et deuxièmement le problème de leur rémunération. En effet, les ambassadeurs ont droit à un traitement de la part du prince qui les envoie, mais ils peuvent aussi recevoir des honneurs et des présents de la part de ceux auxquels ils sont envoyés, à condition qu’il s’agisse d’une cause honnête66.
Les princes (et les corps) qui envoient ou qui reçoivent les ambassadeurs
31Quant aux personnes qui envoient des ambassades, Braun considère leur condition et leur qualité, c’est-à-dire, en particulier, leur appartenance à l’état ecclésiastique ou leur condition laïque. Il fait la différence entre individus, collèges et corps qui peuvent envoyer des ambassades. Les ambassades concernent les choses sacrées aussi bien que les choses profanes, la guerre aussi bien que la paix.
32En ce qui concerne les légations sacrées ou ecclésiastiques, Braun estime que le pape, les archevêques ainsi que les synodes universels et provinciaux ont le droit d’envoyer des légats. Pour les ambassades profanes, Braun accorde le droit d’ambassade à l’empereur, aux rois, aux ducs, aux marquis, aux comtes et même aux cités67. On est donc loin d’une restriction aux seuls souverains. Parmi les personnes qui peuvent recevoir des ambassades, il place même les jurisconsultes, les médecins, les marchands ou bien les artisans68. Mais, au sujet des états de l’Empire, Braun se hasarde à comparer les États territoriaux (duchés, comtés, marquisats, etc.) aux provinces de l’Empire romain, à la seule différence près que les proconsuls des provinces avaient reçu un mandat temporel de la part du Sénat, alors que les ordres du Saint-Empire jouissent d’un mandat perpétuel de l’empereur69.
33Dans les négociations des traités et de la paix, les ambassadeurs doivent veiller au respect de l’honnêteté. Braun poursuit :
Agissent contre ce devoir, ceux qui contractent des traités avec des personnes avec lesquelles ne peut exister aucune association honnête. A ce titre, sont condamnés ces traités qui sont faits par les chrétiens catholiques avec les hérétiques et les schismatiques ; car on ne peut, non seulement nouer aucune amitié avec les personnes de ce type, mais encore il ne peut y avoir aucune communion avec elles, de sorte qu’il nous est interdit de prendre même un repas avec elles […], et que nous ne devons pas même leur donner le salut […].
Ensuite, faillissent à cette règle ceux qui concluent une paix et une association au sujet d’affaires honteuses. Tels sont les traités que contractent entre eux les bandits pour perpétrer des homicides, les infidèles, les hérétiques et les schismatiques pour combattre à outrance les chrétiens et les catholiques. Ajoutons que ceux qui accordent ou acceptent des conditions honteuses commettent une faute, de cette façon : comme ceux qui font la paix entre catholiques et hérétiques, à ces conditions que les catholiques entrent en relation avec les hérétiques dans la foi et le culte70.
34Et d’ajouter :
Tous les traités que les hérétiques et les schismatiques ont conclus contre le Souverain Pontife, l’Église Romaine et Catholique, sont déshonorants, abominables et impies. De même, ceux qui sont entrepris par les séditieux contre les maîtres au pouvoir desquels ils sont soumis71.
35Braun met en garde de manière catégorique l’ambassadeur « de composer sur la controverse de la religion »72. Au contraire, l’ambassadeur doit refuser toute entrevue avec les protestants (« hérétiques ») touchant à la foi et aux dogmes, et Braun se refuse à cautionner une paix non catholique confirmant « la mauvaise foi des hérétiques sous prétexte de paix »73. En particulier, il est formel sur le caractère inacceptable des décisions de la diète de Ratisbonne de 1541 en matière de foi et de religion que Paul III a raison de refuser, comme notre auteur le dit explicitement74, refusant généralement les décisions majoritaires prises au détriment des catholiques fidèles75. En revanche, face à la résistance des protestants, il recommande ouvertement la répression, seul moyen, selon lui, d’empêcher que ces derniers ne s’emparent totalement de l’Empire76.
36En ce qui concerne les personnes recevant des ambassades, Braun considère leur charge et leur autorité. En particulier, il examine la réception des ambassadeurs, les audiences qui leur sont accordées et finalement le congé donné aux ambassadeurs, en prêtant une attention singulière à la forme et au contenu des réponses qui sont données aux ambassadeurs, soit par écrit, soit de vive voix. Quant aux personnes qui reçoivent des ambassades, il peut s’agir soit d’un individu, soit d’une collectivité ou d’un corps. Elles sont ecclésiastiques ou laïques, publiques ou – il faut souligner cette particularité – privées. Cela veut dire que, chez Braun, le droit de recevoir des ambassades est moins limité que chez certains auteurs (postérieurs) qui ne l’accordent qu’aux républiques et aux princes souverains ou jouissant du moins d’une certaine reconnaissance sur le plan international, comme les Électeurs du Saint-Empire.
37Selon Braun, seules les personnes qui envoient des ambassadeurs doivent revêtir un caractère public77. En revanche, même les personnes ou les corps jouissant du droit d’envoyer des ambassadeurs ne sont pas nécessairement souverains, comme nous l’avons déjà signalé78. Or, Braun tire de cette définition des conséquences importantes au sujet du droit d’ambassade des personnes ou des corps non catholiques.
Ceux qui n’exercent et ne peuvent exercer aucune administration publique, sont dans cette situation qu’ils ne peuvent envoyer d’ambassades ; s’ils en envoient, ceux qui sont envoyés ne sont cependant pas honorés en tant que légats, mais il[s] sont reçus ou repoussés en tant que messagers privés. Par conséquent, les hérétiques, les schismatiques, les bannis et autres infâmes, du fait qu’ils sont tenus éloignés absolument de tous les honneurs et des charges publiques, ne peuvent non plus envoyer des ambassades ; leurs légats, s’ils en envoient, ne doivent pas être entendus, du fait qu’ils sont envoyés par des personnes indignes79.
38Même si Braun n’évoque pas les protestants ses contemporains dans les exemples qu’il cite par la suite, il est évident que ses propos s’appliquent à tous ceux qu’il considère comme hérétiques. Avec ces derniers, les catholiques n’ont le droit de négocier que quand le bien de l’État est en cause80.
39Ce genre d’assertions sert à comprendre pourquoi les textes de Conrad Braun, du moins si l’on considère les tirés à part vendus à la foire de printemps de Francfort, aient été vendus essentiellement à des libraires dans les villes catholiques. Ce problème nous conduit à la dernière partie de cet article, à savoir la réception de l’œuvre de Braun. Vu l’état des connaissances, cette dernière partie doit se limiter à une esquisse.
La réception de l’œuvre de Braun
40En tant qu’auteur, le succès de Conrad Braun fut limité. Certes, ses Opera tria de 1548, dont fait partie l’ouvrage sur les ambassades, ont rencontré, dans une certaine mesure, la faveur du public, comme on peut le voir par les nombreux exemplaires qui, de nos jours, en sont conservés dans les bibliothèques. Cette œuvre et son livre sur les hérésies paru en 1549 resteront comme ses publications majeures. Mais sa carrière d’auteur s’arrêta brusquement quand son « mécène » Cochlaeus tomba malade, en 1550, et mourut, en 1552. Si l’édition du De seditionibus de Braun, entamée dès 1549, put être terminée en 1550, dans les années qui suivirent, Braun ne publia aucun ouvrage, et aucun de ses livres ne fut réédité81.
41Est-ce un signe de ses capacités limitées ? Au contraire, M. B. Rößner soutient la thèse selon laquelle Conrad Braun était en avance sur son temps, puisque la plupart de ses contemporains catholiques ne s’étaient pas encore rendus compte de la nécessité de réformer leur Église et d’un renouveau intellectuel du catholicisme82. D’ailleurs, très certainement, Conrad Braun put servir de référence dans le monde catholique, puisque, quand en 1560 Stéphane Agricola d’Augsbourg dédia la traduction d’un livre sur les conciles à l’archevêque de Mayence, Daniel Brendel d’Hombourg, il renvoya dans cette dédicace aux travaux bien connus de Braun pour la discussion contemporaine au sujet du concile83.
42Il n’en reste pas moins que le personnage de Braun fut longtemps extrêmement contesté, du fait de ses prises de position drastiques à l’égard des hérétiques (c’est-à-dire les protestants), de sorte que même à la fin du XIXe siècle un historien du droit international lui reprocha son fanatisme84. C’est également par les divisions religieuses de son temps et le caractère de catholique convaincu et fervent qu’a été Braun que Gaurier explique que cet auteur ait pu passer « purement et simplement aux oubliettes de l’histoire »85. En effet, comme Gaurier ne manque pas de le souligner, Michael Stolleis attribue à Alberico Gentili (1522-1608) et à ses De legationibus libri tres (Londres 1585, Hanau 1604), à côté de Félix de La Mothe Le Vayer (1547-1625, Legatus, seu de legatione, Paris 1579, réimpression Hanau 1596), d’avoir donné le point de départ, dans le Saint-Empire, à cette littérature sur l’ambassadeur et le droit d’ambassade86.
Conclusion
43En conclusion, le peu d’écho que Braun reçut s’expliquerait-il par ses seules tirades contre les protestants ? Effectivement, cette particularité devait constituer un handicap très lourd dans un Empire encore largement dominé par les éditeurs protestants et leur culture du livre.
44Certes, Braun puise largement dans les sources antiques, mais Gaurier relève à juste titre la même particularité chez Hugo Grotius, un auteur qui connut un succès fulgurant au siècle suivant. Or, Grotius – comme l’a relevé, au milieu du XIXe siècle, l’historien américain du droit, Henry Wheaton87 – ne cite nulle part Conrad Braun. En revanche, il faut reconnaître que, à la différence de Gentili, les véritables démonstrations juridiques sont presque absentes de l’ouvrage de Braun. S’il traite les mêmes sujets que ses successeurs auteurs eux aussi de livres sur l’ambassadeur à l’époque moderne, Braun privilégie souvent des considérations morales sur une approche purement juridique, par exemple quand il définit les qualités requises de la part d’un ambassadeur88. De plus, dans son traité, Braun se consacra plus à la théorie des ambassades qu’à leur pratique, de sorte que Behrens estime que cet ouvrage ne constitue nullement un manuel pour les ambassadeurs89. On pourrait également reprocher à notre auteur « un latin qui n’est pas toujours de facture très cicéronienne », voire quelquefois « raboteux »90, mais à elles seules, ces questions de style ne pourraient pas expliquer son manque de succès, d’autant plus qu’une bonne partie des juristes allemands se souciaient fort peu d’écrire un latin cicéronien. D’ailleurs, certaines critiques ne nous semblent guère expliquer le sort de son traité91. Par exemple, si l’on peut constater que notre auteur brosse de l’ambassadeur une image idéale difficile, voire impossible à atteindre92, le même reproche pourrait être adressé à Ottaviano Maggi. En particulier, malgré sa conception du monde marqué par l’idéal d’une christianitas unie, on peut s’interroger sur la pertinence de l’opinion de Behrens qui prend Braun pour un auteur essentiellement médiéval93, puisque notre auteur observe bien certaines particularités de la diplomatie moderne comme les ambassades permanentes.
45Cependant, au sujet de la réception modeste de Braun chez ses contemporains, on pourrait aussi évoquer le fait que ce ne fut qu’au XVIe siècle et surtout vers sa fin que, dans le Saint-Empire, naquit la science du droit public d’Allemagne (la Reichspublicistik) en tant qu’objet d’études universitaires et qu’elle donna lieu aux premières grandes publications sur la Constitution du Saint-Empire. À la différence de Gentili, Braun avait publié son traité sur les ambassades presque un demi-siècle avant cette institutionnalisation universitaire de la science de l’État en Allemagne. Il nous paraît donc légitime de soutenir la thèse selon laquelle, comme à l’égard de la réforme de l’Église catholique, Conrad Braun fut en avance sur son temps avec ses réflexions sur les ambassades dans l’Allemagne des années 1540. Cela explique que ses contemporains aient prêté une plus grande attention aux remarques de Braun sur la situation politico-confessionnelle de son temps qu’à son exposé sur le droit d’ambassade proprement dit94.
Bibliographie
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Éditions des œuvres de Conrad Braun :
Pour une bibliographie des œuvres de C. Braun, cf. M. B. Rößner, Konrad Braun (voir Études), annexe 1, p. 343-349 (ouvrages imprimés) et p. 350-353 (manuscrits).
- Éditions du traité sur les ambassades :
Braun 15481 = C. Braun (D. Conradi Brvni), Ivreconsvlti opera tria, nvnc primvm ædita. De legationibvs libri qvinqve : cvnctis in repvb. versantibvs, avt qvolibet magistratv fungentibus perutiles, & lectu iucundi. De caeremoniis libri sex : ad veram pietatem Deiqve cvltvm, contra errores & abusus, uiam ostendentes. De imaginibvs liber vnvs : ex omni disciplinarvm genere copiose differens. Cvm tribvs indicibvs, in qvibvs magna uariarum rerum commemoratio breuissime lectori proponitur. Plura deinceps eiusdem authoris opera, in mercatu proximo, Deo propitio ædentur. Ecclesiastici XX & XLI. Sapientia abscondita, & thesaurus inuisus : quæ utilitas in utrisq ; ? Cum gratia & priuilegio Sacrarum Cæsaris ac Regis Rom. Maiestatem, ad septennium. In honorem & profectum totius Germaniae, præsertim Inferioris, quæ Dei cultu & Reipub. Statu florentissima est. Ex officina Francisci Behem Typographi, Mayence, apud S. Victorem, 1548, pagination multiple.
Braun 2008 = C. Braun, Les Cinq Livres sur les Ambassades, à destination de ceux qui sont totalement appliqués à la Chose publique, ou très utile à ceux qui remplissent une quelconque magistrature, et agréables à la lecture, éd. D. Gaurier, Limoges, 2008 (Cahiers de l’Institut d’Anthropologie juridique, 18).
Braun 15482 = C. Braun, De Legationibvs Capitvla Tria D. Conradi Brvni iureconsulti, Excerpta è libro eius secundo. Cap. IX. X. et XI. I. De iustitia legatorum. II. De fortitudine & constantia legatorum. III. De continentia legatorum, Mayence, Apvd S. Victorem, per Franciscum Behem typographum, 1548.
- Études :
Bäumer 1988 = R. Bäumer, Konrad Braun (1491-1563), dans Katholische Theologen der Reformationszeit, V, Münster, 1988 (Katholisches Leben und Kirchenreform im Zeitalter der Glaubensspaltung, 48), p. 117-136.
Behrens 1936 = B. Behrens, Treatises on the Ambassador Written in the Fifteenth and Early Sixteenth Centuries, dans The English Historical Review, 51, 1936, p. 616-627.
10.1093/ehr/LI.CCIV.616 :Braun 2010 = G. Braun, La connaissance du Saint-Empire en France du baroque aux Lumières (1643-1756), Munich, 2010 (Pariser Historische Studien, 91).
10.1524/9783486719376 :Buschbell 1909 = G. Buschbell, Ein unbekannter Brief von Cochläus, dans Historisches Jahrbuch, 30, 1909, p. 814-817.
Dziatzko 1896 = K. Dziatzko, Bibliographische Untersuchungen. 2. Der Absatz dreier Verlagsartikel Franz Behem’s von Mainz auf der Frankfurter Fastenmesse von 1548, dans Id. (dir.), Beiträge zur Kenntnis des Schrift-, Buch- und Bibliothekswesens, III, Leipzig, 1896 (Sammlung bibliothekswissenschaftlicher Arbeiten, 10), p. 65-72.
Freudenberger 1955 = T. Freudenberger, Braun, Konrad, dans Neue deutsche Biographie, II, Berlin, 1955, p. 556.
Grimm 1957 = H. Grimm, Cochlaeus, dans Neue deutsche Biographie, III, Berlin, 1957, p. 304-306.
Höss 1969 = I. Höss, Held, Matthias, dans Neue deutsche Biographie, VIII, Berlin, 1969, p. 465-466.
Iserloh 1958 = E. Iserloh, Braun, Konrad, dans Lexikon für Theologie und Kirche, II, Fribourg-en-Brisgau,1958², col. 655.
Lipgens 1953 = W. Lipgens, Kardinal Johannes Gropper 1503-1559 und die Anfänge der katholischen Reform in Deutschland, Münster, 1953 (Reformationsgeschichtliche Studien und Texte, 75).
Lipgens 1966 = W. Lipgens, Gropper, dans Neue deutsche Biographie, VII, Berlin, 1966, p. 133-136.
Mattingly 1955 = G. Mattingly, Renaissance Diplomacy, Londres, 1955.
Nys 1894 = E. Nys, Les origines du droit international, Harlem, 1894.
Rößner 1991 = M. B. Rößner, Konrad Braun (ca. 1495-1563) - ein katholischer Jurist, Politiker, Kontroverstheologe und Kirchenreformer im konfessionellen Zeitalter, Münster, 1991 (Reformationsgeschichtliche Studien und Texte, 130) [avec une bibliographie plus complète des études consacrées à C. Braun avant 1994, p. XVI-XXXIX].
Schottenloher 1953 = K. Schottenloher, Die Widmungsvorrede im Buch des 16. Jahrhunderts, Münster, 1953 (Reformationsgeschichtliche Studien und Texte, 76/77).
Steffenhagen 1876 = M. Steffenhagen, Braun, Konrad, dans Allgemeine Deutsche Biographie, III, Leipzig, 1876, p. 271.
Stolleis 1988 = M. Stolleis, Geschichte des öffentlichen Rechts in Deutschland. I. Reichspublizistik und Policeywissenschaft 1600-1800, Munich, 1988 (trad. française : Histoire du droit public en Allemagne. La théorie du droit public impérial et la science de la police 1600-1800, Paris, 1998).
10.17104/9783406704284 :Streber 1883 = H. Streber, Braun, Konrad, dans Wetzer und Welte’s Kirchenlexikon oder Encyklopädie der katholischen Theologie und ihrer Hülfswissenschaften, II, Fribourg-en-Brisgau et al., 1883², col. 1208-1209.
Wheaton 1865 = H. Wheaton, Histoire des progrès du droit des gens en Europe et en Amérique depuis la paix de Westphalie jusqu’à nos jours. Avec une introduction sur les progrès du droit des gens en Europe avant la paix de Westphalie, Leipzig, 18654.
Ziegler 2007 = K.-H. Ziegler, Völkerrechtsgeschichte. Ein Studienbuch, Munich, 20072 (Juristische Kurzlehrbücher).
Notes de bas de page
1 Braun 15481.
2 Ce n’est qu’en 2008 que l’historien français du droit Dominique Gaurier publia (Braun 2008) une version française du texte latin dont l’original est joint à cette traduction sous forme d’un cd-rom. Si la traduction nous paraît bonne, force est de constater que Gaurier, tout en maîtrisant l’allemand, ignore une grande partie de la bibliographie allemande. Surtout, cet auteur ignore totalement la thèse en histoire moderne que Maria Barbara Rößner a publiée en 1991 sur Conrad Braun (v. note suivante). D’ailleurs, certaines assertions de Gaurier sur la Constitution du Saint-Empire romain germanique sont erronées et le choix des auteurs qu’il cite à ce propos peut parfois paraître surprenant. Pour la vision française du Saint-Empire à l’epoque moderne, cf. Braun 2010.
3 Rößner 1991.
4 De son nom allemand complet Otto Truchseß von Waldburg.
5 Pour la vie de Braun, cf. en particulier Rößner 1991 ; pour un bref aperçu de sa carrière, voir Freudenberger 1955, p. 556.
6 Rößner 1991, annexe 1, p. 343-353, en particulier p. 343-349 (pour les ouvrages imprimés) et surtout p. 343 (pour la continuation de 1572 des Annotata de personis Iudicij Camerae Imperialis de 1557).
7 Ibid., p. 345 (entretiens entre un juriste et un théologien sur les controverses confessionnelles vers 1540, deux écrits réédités par Friedrich Hortleder, Von den Ursachen des Teutschen Krieges Kaiser Carl deß V. wider die Schmalkaldische Bundes=Oberste, 2 vol., Gotha, ici vol. 1), p. 346 et 349 (livres de Braun sur les séditions, sur les hérétiques en général et les donatistes en particulier, réédités dans le Tractatus universi iuris, édité par Franciscus Zilettus, 25 vol., ici vol. 11/2), p. 348 (De imitatione Christi).
8 Cf. Rößner 1991, p. 350-353 pour les manuscrits. Aperçu lacunaire des œuvres imprimées de Braun : Braun 2008, Préface, p. 9.
9 Titre et traduction française selon Braun 2008, Préface, p. 8. Pour une référence bibliographique plus précise, cf. Rößner 1991, p. 344 et 348.
10 Cf. Braun 2008, Préface, p. 8 ; Rößner 1991, p. 346 et 348.
11 Braun 15482. Cf. Rößner 1991, p. 347 et pour l’œuvre triple ibid., p. 348. Cette édition partielle a échappé à Gaurier. Johannes Cochlaeus évoque l’impression d’extraits des œuvres de Braun dans une lettre envoyée à Olaus Magnus archevêque d’Upsala le 14 janvier 1548, cf. Schottenloher 1953, p. 52.
12 Cf. Braun 2008, p. 142-143.
13 Cf. Rößner 1991, p. 178. La dédicace est datée du 9 mars 1548 (ibid., n. 115).
14 Ibid., p. 179 ; Dziatzko 1896, p. 66-67 (transcription de la copie contemporaine du document du Grande Archivio, Napoli, Carte Farnesiane 692) et l’analyse de ce document, p. 69-70. Selon Dziatzko, il s’agirait d’un rapport envoyé par l’imprimeur à Cochlaeus, p. 72.
15 Braun 15481, p. 1.
16 Braun 2008, p. [47].
17 Braun 15481, p. 169.
18 Braun 2008, p. [309].
19 Ibid., p. [89].
20 Braun 15481, p. 32.
21 Braun 2008, p. [169].
22 Braun 15481, p. 88.
23 Ibid., p. 150.
24 Braun 2008, p. [267].
25 Ibid., p. 29-32, 33-37.
26 Braun 15481, Index Qvinqve Librorvm D. Brvni De Legationibvs Per Ioannem Cochlæum, pièce de 12 p. non paginée placée avant la p. 1. L’index n’a pas été repris par Gaurier.
27 Braun 2008, p. 37 (citation) à 42. Afin de ne pas surcharger nos notes, en général, nous ne citerons ci-après que cette version française du traité de Braun. Comme l’éditeur ajoute systématiquement la pagination de l’original entre crochets, il est en effet très facile de remonter au texte latin.
28 Johannes Cochlaeus (de son vrai nom Dobneck) naquit en Franconie en 1479 et mourut en 1552 à Breslau. Il commença ses études à Cologne et acquit une grande renommée d’humaniste qui travailla sur la musicologie aussi bien que sur l’histoire et la géographie. Il collabora avec quasiment tous les nonces et légats envoyés en Allemagne de la fin de l’année 1520 à 1548. Après avoir affronté directement Luther à la diète de Worms en 1521, il fut l’un des opposants les plus farouches du réformateur durant toute sa vie. Il traduisit les écrits allemands de Luther et d’Ulrich von Hutten, ses traductions étant aujourd’hui conservées aux archives du Vatican. Cf. Grimm 1957, p. 304-306.
29 Braun 2008, p. 41.
30 Cf. Rößner 1991, p. 176 et n. 102.
31 Dans l’une de ses lettres, datée du 28 avril 1548, Cochlaeus dit au sujet de ce typographe : cui uxor est neptis mea, cf. Buschbell 1909, p. 815.
32 Sa lettre est éditée dans Braun 2008, p. 43. Pour le personnage, voir ibid., n. 12.
33 Cette lettre se trouve ibid., p. 44-45. Pour Gropper et son frère Kaspar (1519-1594), auditeur de la Sacra Romana Rota et nonce apostolique en Allemagne, voir Lipgens 1966, p. 133-136 ; et surtout Lipgens 1953. Les dates de naissance et de mort avancées par Gaurier au sujet de Johannes Gropper sont erronées.
34 Sa lettre est traduite par Braun 2008, p. 43-44.
35 Cf. Höss 1969, p. 465-466.
36 Cf. Rößner 1991, p. 176-182 (sur les éditions des œuvres de Braun et le soutien de Cochlaeus).
37 Ibid., p. 178 et n. 114.
38 Ibid., p. 179.
39 Elle a été publiée par Buschbell 1909, en particulier p. 816 (pour la recommandation de Braun).
40 Braun 2008, p. 24.
41 Ibid., p. 25.
42 Ibid., p. 26.
43 « Jésus lui-même a été envoyé par le Père au monde pour effacer notre péché en le prenant sur sa chair, péché que nous contractâmes par notre premier parent Adam, et pour nous réconcilier au Père par sa mort, nous qui étions les fils de la colère. Bien plus, il s’acquitta entièrement de sa fonction d’ambassade et lui-même envoya aussi ses apôtres, c’est-à-dire ses envoyés, dans le monde entier, prêcher l’Évangile à toute créature ; de cette légation provient celle que leurs successeurs, les évêques, les prêtres, accomplissent jusqu’à la fin des temps ». Ibid.
44 Ibid., p. 28.
45 Ibid.
46 Braun 15481, Avthores Qvibvs In His Libris De Legationibvs Vsi Svmvs, pièce de 2 p. non paginée placée après le résumé des cinq livres.
47 Cf. Rößner 1991, p. 230-231 : « Da der Traktat eines der Erstlingswerke Konrad Brauns war, mit dem er seinen Namen bekannt machen wollte, breitete er natürlich reiche Quellenkenntnis aus ». Pour une reconstitution de la bibliothèque que Braun posséda, cf. ibid., p. 318-338 et annexe 2, p. 353-421.
48 Par « science », Braun comprend « la prudence [à laquelle il accorde une importance particulière], l’application à mener les affaires, et l’habileté », Braun 2008, p. 109.
49 Ibid., p. 125-126. Si, à cet endroit, Braun n’emploie pas le terme d’« honneur », il précise ailleurs que la défense de l’honneur du propre prince constitue l’un des devoirs les plus importants de l’ambassadeur, et attire l’attention de son lecteur sur le problème des titres à accorder aux interlocuteurs, question qu’il juge aussi sensible dans la Grèce antique que dans le Saint-Empire du XVIe siècle, ibid., p. 178 et 180. Personnellement, Braun se moque des nouveaux titres inventés récemment dans l’Empire et qui, à son avis, devraient rester confinés à « la foule ignorante », ibid., p. 374 et 375 (citation).
50 Ibid., p. 91.
51 Ibid., p. 92.
52 Braun 15481, p. 33. Pour l’étymologie du mot « ambassadeur », cf. Ziegler 2007, p. 81.
53 Cf., par exemple, Braun 15481, p. 32 : legatos et legantur.
54 Braun 2008, p. 96-97.
55 Au sujet des femmes, Braun précise : « en raison du sexe, les femmes sont empêchées d’assumer la charge d’une ambassade, si ce n’est en cas de grande nécessité, auquel cas, les femmes sont admises. Autrefois, une telle ambassade a été commandée aux femmes du peuple des Sabins par les Romains pour solliciter la paix auprès de leurs compatriotes Sabins […] : elles s’acquittèrent heureusement de cette ambassade ». Ibid., p. 98.
56 Ibid., p. 99 (citations) et 100.
57 Ibid., p. 99.
58 Ibid., p. 100.
59 Ibid., p. 104-107.
60 Ibid., p. 176. Il leur donne aussi des recommandations très précises au sujet du rapport qu’ils sont tenus de rédiger à la fin de leur mission et qui doit comporter des descriptions exactes de chaque ville qu’ils ont visitée, etc., ibid., p. 402-407.
61 Ibid., p. 202.
62 En revanche, il exclut de cette immunité « les ambassadeurs mensongers », ibid., p. 283-285, citation p. 284.
63 Ibid., p. [269].
64 Ibid., p. 273.
65 Il aborde cette question déjà à la fin du livre troisième et y répond par la négative, ibid., p. 264 : « Car, ne sera pas à l’abri du soupçon celui qui s’applique à être sous la dépendance de deux maîtres qu’il ne convient pas de servir entre eux ».
66 Ibid., p. 296 ; pour les propriétaires des cadeaux officiels cf. aussi ibid., p. 299.
67 Ibid., p. 92.
68 Ibid., p. [311].
69 Ibid., p. 211. Cependant, l’empereur règne sur le Saint-Empire d’une manière moins absolue que ne l’ont fait les empereurs sur la Rome antique, ibid., p. 389-390. Pour une comparaison entre les diètes de l’Empire et les « Landtage » (diètes provinciales) dans les États territoriaux d’un côté, et les assises provinciales dans l’Empire romain de l’autre, cf. ibid., p. 262. Pour une description plus précise des droits qui reviennent respectivement à l’empereur et aux ordres du Saint-Empire, ibid., p. 329-330. Cf. également ibid., p. 70.
70 Ibid., p. 241-242.
71 Ibid., p. 243.
72 Ibid., p. 245.
73 Ibid., p. 246 (citations) à 248.
74 Ibid., p. 387.
75 Ibid., p. 386.
76 Ibid., p. 388-389.
77 Cela résulte clairement du quatrième chapitre de son livre premier : « Quant à ceux qui envoient, ils doivent être préposés aux affaires publiques […]. Quant à ceux qui sont envoyés, peu importe qu’ils soient des personnes publiques ou privées […]. De la même manière rien n’interdit que les personnes vers qui l’ambassadeur est envoyé, soient des personnes ou publiques ou privées ». Ibid., p. 60-61.
78 Ibid., p. 65.
79 Ibid.
80 Ibid., p. 66.
81 Cf. Rößner 1991, p. 180-182, en particulier p. 180 pour le « mécénat » (« Mäzenatentum ») de Cochlaeus.
82 Ibid., p. 180.
83 Cf. Schottenloher 1953, p. 77.
84 Cf. Nys 1894, p. 156 : « Conrad Braun, le fanatique chanoine d’Augsbourg, se montre impitoyable. Toute guerre faite aux ennemis de la foi est licite », alors que Gentili « ne veut point que la religion soit une cause de guerre », p. 157.
85 Braun 2008, Préface, p. 10-12, citation p. 11.
86 Cf. Stolleis 1988, p. 190 (trad. française, p. 283).
87 Cf. Wheaton 1865, I, p. 47-49, en particulier p. 47.
88 Nous suivons ici Braun 2008, Préface, p. 12-14.
89 Cf. Behrens 1936, p. 627 : « [Braun’s] attitude is that of the lawyer and the philosopher rather than that of the practical diplomatist, and the De Legationibus, though the most comprehensive treatise of the period which we possess, and in many respects, in spite of its defects of style and logic, the most illuminating, is in no sense a manual for ambassadors ».
90 Braun 2008, Préface, p. 15.
91 Pour une analyse nuancée et convaincante de la réception de Braun, cf. Rößner 1991, p. 230-233 (De legationibus) et ibid., p. 303-317 (œuvre intégrale).
92 Cf. Behrens 1936, p. 624-625.
93 Ibid., p. 619 : « the essentially medieval Braun ». Cf. aussi Mattingly 1955, p. 212, qui (suite au résumé de Behrens auquel il renvoie son lecteur p. 312, n. 3) qualifie l’ouvrage de l’érudit allemand de « pounderous, legalistic, rather backward-looking treatise ».
94 Rößner 1991, p. 232-233, avec les jugements de certains contemporains cités p. 233, n. 21. Cependant, certains auteurs postérieurs citent bien le nom de Braun (par exemple Jean Hotman, qui était protestant, dans son ouvrage sur l’ambassadeur) ou observent la même méthode que lui, cf. Mattingly 1955, p. 215, 220.
Auteur
Istituto Storico Germanico di Roma - gbraun@uni-bonn.de
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