1) Médiévalisme dans la chanson de variété française : l’apport d’Yvette Guilbert
Texte intégral
1À bien des égards, la musique médiévale, inouïe depuis des siècles, est une invention contemporaine. Si les éditions musicologiques fournissent les bases des interprétations historiquement informées, d’autres approches s’ancrent résolument dans la modernité et fleurettent avec la chanson populaire. Dès la fin du XIXe siècle, Yvette Guilbert, célèbre chanteuse de cabaret de La Belle Époque, se tourne vers un répertoire à la fois plus élevé et plus ancien, mettant son talent de diseuse au service des « vieilles chansons françaises ». Le Moyen Âge devient rapidement sa période de prédilection. Commençant par des Légendes dorées, dont l’origine médiévale est fallacieuse, et des chansons populaires aux thèmes « moyenâgeux » (La complainte du Roi Renaud, Les anneaux de Marianson), elle parvient finalement aux véritables chansons de troubadours et de trouvères. Elle publie alors diverses partitions dont la plus célèbre est une anthologie rassemblant quarante Chanteries du Moyen Âge (1926). Toutes fournissent d’authentiques mélodies – il ne s’agit donc pas de pastiches –, cependant Yvette Guilbert adapte ces chansons médiévales aux pratiques de la scène musicale contemporaine : modernisation du texte, additions de paroles, ajout d’un accompagnement de piano, etc. Lors de ses concerts, elle s’habille en costumes d’époque mais use des mimiques qu’elle pratiquait au cabaret. Ce faisant, elle crée un répertoire étrangement hybride qui s’accommode des plus flagrants anachronismes. L’héritage pseudo-médiéval d’Yvette Guilbert trouve ensuite une légitimité dans la variété française. Ainsi, ses arrangements pour voix et piano sont repris par des interprètes tels que Nana Mouskouri et Mouloudji à partir des années 1960. Cette communication présentera tout d’abord les facettes musicales et visuelles du médiévalisme d’Yvette Guilbert puis sa pérennité dans la chanson de variété française à partir des années 1960.
Bibliographie
2Guilbert 1926
Auteur
Sorbonne Université
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