Les Officiers princiers et le pouvoir de l’écrit
Pour une histoire documentaire de la principauté savoyarde (xiiie-xve siècle)
p. 17-46
Texte intégral
1« Tous les actes vertueux et dignes de mémoire doivent être mis par écrit » : ainsi s’expriment, en 1421, les représentants des États provençaux1. Moins d’un demi-siècle plus tard, c’est un officier savoyard qui insiste, au nom de son prince, sur les fondements mêmes de toute bonne « policie » : bonae leges et optimi magistrati, c’est-à-dire une législation écrite et d’excellents officiers2. Lieux d’une mémoire financière, féodale ou dynastique ; objets de bien des attentions administratives ; indicateurs privilégiés des rapports de force entre le prince, ses officiers et la société politique territoriale : au xve siècle, les écritures pragmatiques3 sont devenues de véritables acteurs, au quotidien, de l’administration et de la politique savoyardes. Leur production, leur conservation et leur contrôle apparaissent ainsi comme autant d’enjeux de pouvoir.
2Ces constatations peuvent paraître évidentes à plus d’un titre. Elles correspondent au foisonnement quantitatif et à l’affinement qualitatif d’une documentation princière mieux organisée et attentivement archivée ; elles rappellent le rôle accru des officiers en tant que protagonistes culturels ; elles inscrivent le cas savoyard dans une géographie bien plus vaste qui comprend, de part et d’autre des Alpes, principautés et royaumes, républiques et Papauté. La genèse de l’État moderne – si j’ose encore utiliser cette formule – passe, indiscutablement, par l’essor des écritures pratiques. Les prémices d’une culture exacerbée de l’écrit renforcent les moyens du contrôle princier (féodal, administratif, territorial) ; elles favorisent aussi une première prise de conscience identitaire de ses spécialistes : je parle des juristes, des notaires secrétaires et des autres officiers scripturaires au service du prince. Dans le même temps, le recours systématique à l’écrit modifie les paramètres de l’administration princière (classements et hiérarchies documentaires ; promotion des secrétaires ; adaptation des réseaux administratifs) tout en permettant de mieux éclairer ce qui distingue les normes prévues par les « bonnes lois » de l’action pratique des « excellents magistrats ».
3Les grandes lignes de ce tableau seront vérifiées au xve siècle, nous le verrons. Mais alors, comment s’est créé ce lien préférentiel entre des officiers en cours de professionalisation et un ensemble complexe d’écritures pratiques en voie de construction ? En vérité, étudier, même de manière synthétique, l’essor typologique et fonctionnel de cette pragmatische Schriftlichkeit savoyarde signifie reparcourir les grandes étapes de la formation médiévale de la principauté en choisissant, simplement, un point de vue aussi essentiel que rarement détaillé : l’appréciation des sources écrites. Je laisserai en arrière-plan les aspects désormais mieux connus de cette histoire, à savoir la construction géopolitique de la principauté4, les profils de son administration5 ou la lente mise en place d’une société politique fondée sur la triade seigneurs, officiers et notables urbains6. À leur place, je privilégierai les apports et les spécificités de la documentation pratique.
4Du milieu du xiiie à la fin du xve siècle, l’histoire documentaire de la principauté savoyarde peut être subdivisée en trois grandes phases qui correspondent à autant d’étapes d’un recours toujours plus systématique aux pouvoirs de l’écrit.
5La première étape va du milieu du xiiie siècle aux années 1320-1330 environ. Ce sont là les prémices de la principauté savoyarde : prémices politiques, tout d’abord, dès lors que les princes de Savoie élargissent leur sphère d’action des vallées montagnardes aux plaines fluviales ou lacustres (Pays de Vaud, Bresse, Piémont), qu’ils recourent aux liens féodaux pour assurer leur pouvoir sur le terrain tout en ne dominant pas encore un territoire réellement cohérent (présence de nombreuses seigneuries autonomes, ecclésiastiques et laïques ; formation de plus récents apanages dynastiques)7 ; prémices administratives, ensuite, par le biais d’une première organisation des offices territoriaux (châtelains, juges, baillis) ainsi que par la mise en place de l’embryon d’une administration centrale distincte de l’hôtel du prince et qui se stabilise après 1295 grâce à l’acquisition du château chambérien, véritable pierre de touche de l’invention de Chambéry capitale8 ; prémices scripturaires, enfin, grâce à la production de comptes de châtellenie annuels, à la mise en chantier de divers cartulaires princiers, à l’apparition des premières extentes (ou terriers comtaux) et des plus anciennes reconnaissances de fiefs9 ainsi qu’à la promulgation des plus anciens statuts de la principauté. Dans ce contexte, le recours aux écritures pratiques permet, avant tout, de poser les bases durables d’une autoconscience princière.
6La deuxième étape couvre une bonne partie du xive siècle. Elle correspond à une certaine maturité de la principauté savoyarde, tant dans ses perspectives politiques que du point de vue administratif. D’une part, nous assistons à l’accroissement de la cohérence territoriale comme l’atteste, entre autres, l’échange, de 1355, entre le Viennois savoyard passé aux Dauphins de France et le Faucigny acquis par les comtes de Savoie10 ; d’autre part, les offices centraux, désormais stabilisés à Chambéry, se renforcent, de la fondation d’un Conseil judiciaire en 132911 à l’institutionnalisation de la Chambre des comptes au milieu du siècle. Le panorama de l’écrit pragmatique s’enrichit, quant à lui, de nouvelles typologies documentaires, telles les dizaines de minutiers des notaires secrétaires princiers ; dans le même temps, la présentation formelle de la comptabilité annuelle – de la châtellenie à la trésorerie – se clarifie, se rationalise et commence à être soumise à un contrôle central à postériori de la part des maîtres auditeurs de la Chambre des comptes. Qui plus est, c’est alors que se met en place un premier système d’archivage centralisé, toujours à Chambéry, autour des doubles archives princières constituées par le trésor des chartes et par les archives de la Chambre des comptes. Dans ce contexte, nous pouvons parler d’une spécialisation accrue des écritures pragmatiques et des officiers qui leur sont préposés, ainsi que d’une attention nouvelle à la conservation et à la certification documentaires. Dès lors, le recours aux pouvoirs de l’écrit renforce l’autoconscience géopolitique d’une principauté qui se construit autour de l’emploi constant des liens féodaux, de l’apparition de nouveaux paramètres territoriaux et de l’activité d’officiers professionnels.
7La troisième et dernière étape s’ouvre sous le règne d’Amédée VIII et se clôt, du moins en théorie, en 1536, lors de la dislocation du duché savoyard médiéval. Au cours de ce long xve siècle, la principauté passe de ses plus grandes réussites politiques et culturelles à une période de difficultés diplomatiques et financières presque insurmontables. Le siècle commence avec le règne d’Amédée VIII (1391-1434, puis 1451 en tant que Pape du concile de Bâle)12, un règne que l’on a souvent considéré tel le faîte de l’État savoyard et de sa cour ; les dernières acquisitions territoriales (comté du Genevois, apanage piémontais des Savoie-Achaïe, Verceil) assurent la cohésion géo-politique de la principauté, tandis que son prince, devenu duc d’Empire en 1416, joue un rôle diplomatique important13 et qu’il favorise l’éclosion d’une cour presque aussi brillante, en fastes et en artistes, que son homologue bourguignonne14. Cela dit, dès les années 1440, la Savoie commence à être en proie à des vicissitudes militaires, financières et politiques bien périlleuses : à une désastreuse guerre de Milan pour la succession des Visconti (1448-1450) qui plonge les finances ducales dans un gouffre sans fond15, s’ajoutent de fortes tensions sociales tant au sein de la cour qu’entre les élites des deux versants alpins16 ; en outre, à partir du milieu du siècle, nous assistons à une mise sous tutelle politique du duché en faveur de la Bourgogne et, surtout, de la France, voire des cantons suisses. Du point de vue des institutions, les nouveaux équilibres géopolitiques de la principauté et ses croissants besoins fiscaux et financiers conduisent tout d’abord au dédoublement des offices centraux entre Chambéry et Turin. Dans l’ancienne cité épiscopale devenue chef-lieu du Piémont savoyard s’installent, entre 1405 et 1450, tout à la fois un conseil judiciaire et de gouvernement, la seule université princière, ainsi qu’un receveur des finances qui fait jeu égal avec le trésorier chambérien17. De plus, les déconfitures budgétaires rehaussent le rôle des États provinciaux, qui, surtout au sud des Alpes, deviennent de précieux dispensateurs d’aides et de subsides18. Enfin, offices et officiers modifient certains de leurs principaux caractères sociaux et fonctionnels : face à l’essor des pratiques de prêt administratif (les mutua super officiis qui livrent bien des offices aux plus riches, si ce n’est aux plus offrants), face aussi à une généralisation de la vénalité privée, les princes et leur entourage s’escriment à mieux définir les contours de leur administration19. De là, une volonté certaine de normalisation législative : c’est, en 1430, la promulgation des premiers statuts généraux du duché ; c’est, plus en général, une croissance exponentielle des lettres de nomination princières. De là, aussi, une multiplication bien réelle des offices, des gages et autres pensions, tant au sein de l’administration centrale qu’à la cour ou sur le terrain. De là, enfin, une rénovation des classements et des hiérarchies du service princier qui propulse sur les devants de la scène les officiers mieux à même de manier les différents types d’écritures pratiques, de la comptabilité à la correspondance, du notariat aux conseils juridiques. Gens du droit, gens des comptes et secrétaires de chancellerie utilisent ainsi leurs compétences professionnelles et scripturales comme autant de sources d’un pouvoir politique, financier et social. Or, c’est bien dans ce contexte à double-face, entre splendeur et déroute, que les pouvoirs de l’écrit montrent toute leur influence et leurs capacités d’action. La restructuration de la société politique princière se reconnaît à la lecture des nouveaux inventaires d’archives fondés sur des critères plus territoriaux ; la croissance professionnalisante des offices se discerne tout à la fois dans la multiplication de registres spécialisés et dans l’éclosion des lettres de nomination ; les difficultés budgétaires et l’attention exacerbée aux rentrées fiscales se vérifient dans les progrès de la documentation comptable ainsi que dans l’apparition des premiers mémoriaux des officiers, tous dus à des gens de finances ; et encore, la prise de parole individuelle contenue dans ces mémoriaux nous offre un indice probant de l’essor du dialogue entre le prince et ses officiers ; enfin, la production de diverses chroniques dynastiques renvoie au rôle croissant de la cour et de ses modèles chevaleresques20. Dans ces conditions, le recours aux pouvoirs de l’écrit favorise l’émergence d’une autoconscience administrative des officiers, désormais perçus comme autant de médiateurs sociaux et professionnels.
8Approfondissons, maintenant, certaines caractéristiques documentaires propres à chacune de ces étapes, en insistant tout particulièrement sur le profil changeant des principales écritures pratiques savoyardes : les rouleaux comptables, les cartulaires princiers, les cahiers des notaires-secrétaires, les inventaires d’archives, les mémoriaux administratifs.
9Privés, jusqu’au début du xiiie siècle, de toute mémoire écrite autonome, qu’elle soit dynastique ou administrative21, les comtes de Savoie s’efforcent dès lors de mettre en œuvre une stratégie complexe de contrôle documentaire, en vue d’affirmer leur action aussi bien comme pouvoir territorial que comme promoteur d’écritures pratiques diversifiées. La principauté savoyarde se trouve, par ailleurs, à l’intersection entre deux grandes traditions culturelles et scripturales : au nord des Alpes, l’univers de la chancellerie et de la seigneurie de type français ; plus au sud, le modèle italien de la commune et de son notariat public22. Sur cette rencontre entre deux archétypes divergents se greffe, en outre, le premier essor d’un réseau administratif qui recourt à l’écrit en vue d’améliorer ses capacités de gestion financière, judiciaire et comptable. Administration, notariat et chancellerie concourent dès lors à promouvoir une culture scripturale qui joue sur des registres complémentaires.
10Les écritures administratives sont en premier lieu autant d’écritures comptables ; elles prennent leur essor sur le terrain à partir des années 1240 avant d’investir l’administration centrale dans les dernières décennies du xiiie siècle. Il s’agit de rouleaux de comptes, rapidement annualisés, que les châtelains princiers, hommes à tout faire pétris d’une culture orale, préparent dans leur circonscription avant de les exhiber, munis de leurs pièces d’appui, au-devant des officiers vérificateurs. Ces derniers, pour l’heure itinérants, sont eux-mêmes à l’origine des services des comptes, institutionnalisés dans le courant du xive siècle23. Les plus anciens comptes de châtellenie dévoilent une structure encore frustre, fondée sur la simple distinction entre recettes et dépenses, toutes deux présentées sur une seule colonne et sans tableaux récapitulatifs24. Cela dit, cette comptabilité écrite renvoie bel et bien aux débuts du châtelain en tant qu’officier modèle qui, par le truchement de l’écrit, devient un médiateur reconnu entre les besoins du prince, les demandes des communautés locales et les requêtes d’une administration centrale en construction25. Celle-ci se pourvoira, peu après, de ses propres rouleaux comptables, des comptes de l’hôtel princier à partir de 1261 aux ancêtres des rouleaux de la trésorerie dès les années 128026.
11Véritables professionnels de l’écrit, les notaires entrent, eux aussi, au service des comtes de Savoie qui entreprennent de mieux contrôler leur activité. Au début des années 1260, Pierre II promulgue ainsi les premiers statuts princiers, une législation tout particulièrement dédiée à la figure du notaire27 ; quelques temps plus tard, les plus anciens registres papier tenus par des notaires au service du prince comprennent aussi bien des actes comtaux que des minutes disons privées. La production de ces cahiers, appelés en Savoie protocoles, prend son essor aux alentours de 1300 dans l’apanage piémontais des Savoie-Achaïe, avant de se généraliser à l’ensemble des terres savoyardes à partir de 1320 environ28. En vérité, ces protocoles à forte empreinte notariale demeurent longtemps plus proches de la transmission d’une profession que de la mémoire d’un service, fût-il princier. Cela dit, et peu à peu, les notaires acquis au service comtal, bientôt qualifiés de secrétaires princiers, participent à un autre genre de médiation, celle qui voit d’abord se confronter, et ensuite se connecter, deux cultures différentes de l’écrit, le notariat public et la chancellerie seigneuriale.
12Justement, la production documentaire issue du moule de la chancellerie apparaît, encore à l’aube du xive siècle et surtout au nord des Alpes, comme le paradigme même de l’écrit princier. Bernard Andenmatten, qui a finement étudié prémisses et essor des liens préférentiels entre une aristocratie territoriale, la noblesse vaudoise, et une dynastie princière, les comtes savoyards, a recensé, entre 1260 et 1340 environ, sept cartulaires issus des chancelleries de la Maison de Savoie et des barons de Vaud29. Résumons ici ses propos et remarquons de suite le dynamisme du modèle de la chancellerie de type seigneurial, si fortement ancré au nord des Alpes30. Certaines caractéristiques de ces cartulaires permettent tout d’abord d’insister sur les premiers pas d’une culture écrite princière. Il s’agit d’une culture récente (la chronologie, si ramassée, des actes retranscrits met en exergue l’absence de toute mémoire savoyarde écrite avant le xiiie siècle), d’une culture encore limitée du point de vue géopolitique (sont prises en compte, essentiellement, les terres de droit coutumier sises au nord des Alpes), mais aussi d’un profil documentaire en évolution constante. En effet, dès que l’on se penche sur la structure interne des cartulaires, on remarque aussitôt trois différents paliers : le cartulaire dynastique, le cartulaire seigneurial, le cartulaire princier. Les plus anciens cartulaires avaient pour but de légitimer, à l’écrit, le nouveau pouvoir lignager des comtes de Savoie ; leur noyau dur était donc constitué par de nombreuses copies d’actes dynastiques. Peu à peu, ce type de cartulaires du seigneur va laisser le devant de la scène à des cartulaires rénovés. Il s’agira, d’une part, de cartulaires princiers dont la fonction primordiale est bien de rappeler la suprématie de la branche aînée, celle des comtes de Savoie, face aux apanages de leurs cadets ainsi qu’aux princes voisins (les cartulaires d’Amédée V)31 ; il s’agira, d’autre part, de cartulaires seigneuriaux et de fiefs, tels le second cartulaire de Louis II de Vaud qui tendra à se structurer selon une logique toujours plus territoriale, renvoyant ainsi à l’organisation simultanée d’une administration châtelaine et balivale au service des princes savoyards et de leurs parents32.
13Des rouleaux de comptes aux cartulaires du prince en passant par les plus anciens statuts comtaux et par les premiers protocoles notariaux, les années 1240-1330 sont en Savoie une période essentielle, qui pose les jalons d’un écrit princier « globalisant » en mesure d’assurer à ses comtes un contrôle politique mieux façonné. Voilà qui passe tout à la fois par la mémoire d’une diplomatie princière convoyée par les cartulaires, par le recours aux écritures féodales en vue de domestiquer l’aristocratie seigneuriale33, par l’essor de réseaux administratifs territoriaux attesté par l’éclosion des rouleaux comptables.
14Cette pluralité d’écritures pratiques aux buts convergents s’organise et s’affine tout au long du xive siècle. Du coup, sous la houlette du prince, les relations entre la carrière des officiers et leur capacité à manier une culture documentaire se renforcent et s’accroissent. C’est ce que j’ai appelé tantôt la mise en place d’une autoconscience géopolitique liée à l’essor des écritures pratiques. Plusieurs indices concordants sont là pour nous le rappeler. Dans ce contexte, trois exemples complémentaires illustrent au mieux la rationalisation graduelle des écritures pragmatiques sub specie Sabaudiae : ce sont les ajustements formels des sources comptables ; les renouveaux de la typologie documentaire ; l’attention accrue à la conservation des écritures administratives.
15Tout d’abord, des châtellenies à la trésorerie, la structure des rouleaux comptables subit un aggiornamento décisif dont les maîtres mots sont rationalisation et classification. Quels sont les moyens mis en place pour ce faire ? Le souci d’une meilleure lisibilité va de pair avec une écriture toujours plus soignée : ces rouleaux des comptes qui s’amoncellent dans les bureaux du château de Chambéry concourent à renforcer le contrôle, politique avant même que technique, que les auditeurs et autres maîtres des comptes s’attribuent sur toutes les écritures comptables. Dans le même temps, la présentation de chaque compte, dont nous ne possédons maintenant que la version définitive, consignée auprès des officiers vérificateurs et le plus souvent privée de ses pièces d’appui, est simplifiée et améliorée34. Ainsi, de nombreuses rubriques fixes et sérielles apparaissent au fil des parchemins comptables. Qui plus est, au sein de tout compte, le poste des dépenses est scindé en deux : les expensae, ou dépenses proprement dites, côtoient les libratae ou payements, par exemple les salaires des châtelains. Les recettes, quant à elles, sont bien souvent présentées en double colonne et munies de tableaux de synthèse35. Or, ces renouveaux formels vont de pair avec la stabilisation et la codification des structures administratives, au centre comme sur le terrain, des châtellenies à la chambre des comptes.
16En vérité, l’exemple des rouleaux comptables met en exergue à quel point des innovations à l’apparence purement techniques participent d’une transformation profonde d’offices et d’officiers. Dans le cas présent, ces modifications renvoient indiscutablement à une volonté de rationalisation administrative qui permet une meilleure connaissance des rouages comptables de la principauté ainsi qu’une réelle harmonisation de ses différents offices financiers. Voilà qui favorise l’essor d’une administration de contrôle spécialisée : les premiers statuts de la Chambre des comptes savoyarde datent, justement, de 1351, alors que la codification institutionnelle de l’office produira, dès 1389, une seconde mouture statutaire, plus attentive aux hiérarchies et aux compétences internes des gens des comptes36.
17Dans le courant de ce même xive siècle, le renouveau des typologies documentaires correspond avant tout au passage des cartulaires de chancellerie aux protocoles des secrétaires. Alors qu’après 1340 aucun nouveau cartulaire n’est produit pour les princes savoyards, le xive siècle est bien le siècle des registres protocoles dus aux notaires secrétaires princiers. Plutôt qu’une simple « victoire » de la typologie notariale sur les modèles de chancellerie, l’essor des protocoles correspond à la mise sur le marché des écritures pratiques d’une offre documentaire rénovée en mesure de répondre à de nouveaux besoins politiques, administratifs et scripturaires. Sous la dénomination de protocoles, les archives d’État de Turin conservent une série d’environ trois cents registres du xive au xvie siècle37. Il s’agit de registres papier fort classiques constitués de minutes levées par des notaires en faveur des princes de Savoie qui les récupérèrent et les sauvegardèrent dans leurs archives38. Or, dès que l’on se penche sur la structure interne des protocoles du xive siècle, deux caractéristiques se révèlent au grand jour : il existe, d’une part, deux types de protocoles ; d’autre part, chaque cahier peut lui-même se présenter dédoublé.
18La typologie documentaire permet tout d’abord de distinguer les registres « immédiats » des protocoles réélaborés. Le protocole « immédiat », qui correspond souvent aux registres les plus anciens, est confectionné au jour le jour par un rédacteur qui suit l’itinérance de son prince ; il tend, donc, à photographier l’activité quotidienne de son auteur. Les registres réélaborés sont, eux, plus cohérents car leur rédacteur a eu tout loisir de réorganiser leur chronologie, leur géographie, voire leur thématique. En outre, une petite minorité de protocoles « immédiats » fait l’objet d’une présentation dédoublée qui met en exergue aussi bien les prémices d’un classement typologique de la documentation, que la double qualité du rédacteur, tout à la fois secrétaire princier et notaire public. En effet, grâce à un simple procédé technique, des notaires secrétaires, tels Antoine Beczon, présentent sur un même cahier deux séries distinctes d’actes, les instrumenta tangentes dominum et les actes non tangentes dominum ; les uns correspondent à leur action en tant qu’officiers comtaux, les autres renvoient à leur activité professionnelle de notaires publics. L’artifice en mesure de distinguer les deux groupes d’actes, et de commandes, est alors le suivant : sur un côté du cahier, le secrétaire retranscrit les actes concernant le comte ; sur son autre côté, à registre inversé et renversé, le notaire dispose à sa guise les minutes rédigées pour ses clients privés39. Tout en maintenant des contacts étroits avec la clientèle professionnelle du notaire, cet expédient permet, en outre, de ne pas aller à l’encontre des futures prescriptions statutaires savoyardes qui enjoindront à ces mêmes notaires de garder mémoire de leurs actes dans deux registres différents, unus de negociis domini, aliud de alienis40. À ce propos, remarquons que, dans les faits, la distance entre les actes tangentes et les documents non tangentes dominum est facilement comblée : leur géographie tend à se recouper, vu que le notaire suit les itinéraires comtaux, alors que bénéficiaires et souscripteurs participent bien souvent d’un même milieu, constitué par l’entourage seigneurial et administratif du prince41.
19Les protocoles réélaborés se concentrent, eux, sur les comtes de Savoie, leurs pouvoirs et leurs proches, leurs vassaux et leurs officiers. Au xive siècle, alors que la plupart des registres tangentes dominum conserve un profil peu spécialisé – on peut, alors se référer à des cahiers contenant des instrumenta concernant le comte de manière directe vel indirecte, mediate vel immediate42 – une minorité d’entre eux est pleinement réorganisée, selon des modalités plus thématiques que purement chronologiques43. Nous disposons alors d’un bon exemple de la restructuration de la société politique savoyarde sous la houlette de ses comtes devenus princes territoriaux. Voici l’un des cas les plus précoces. Il s’agit d’un registre dû au notaire secrétaire Jean Reynaud qui, en parallèle, continuait son activité notariale au quotidien. Le protocole caméral 153, de 1329-1330, constitue en effet une ample collectio et collatio des hommages prêtés au nouveau prince de Savoie, le comte Aymon44. À partir de minutes levées en prise directe, lors des différentes étapes de la tournée d’hommage comtale45, Jean Reynaud organise un registre cohérent, réélaboré et d’une grande lisibilité. Les listes d’hommages sont ainsi présentées selon des paramètres territoriaux et non simplement chronologiques, regroupées par bailliage et indexées par châtellenie46. Voilà pourquoi le notaire secrétaire rejette en fin de cahier les reconnaissances féodales qu’il n’est pas en mesure d’intégrer à sa grille de lecture : il s’agit des hommages prêtés par les vassaux établis dans des terres qui ne font pas encore partie de la géopolitique savoyarde, tels ceux des vassaux provenant du comté de Genevois47. Ce protocole, ainsi que les autres parmi les registres de Jean Reynaud qui utilisent une présentation à double entrée pour mieux distinguer les homagia et investitura d’autres documents comtaux voire seigneuriaux48, sont autant d’indices de poids d’une transformation en cours de la souveraineté princière : à la suzeraineté féodale s’ajoute le contrôle administratif et territorial.
20Plus en général, l’essor des protocoles renvoie au pouvoir accru de leurs notaires devenus aussi officiers49 ainsi qu’à l’importance nouvelle d’une mémoire courante et territoriale qui commence dès lors à accompagner la plus ancienne mémoire seigneuriale et dynastique. Qui plus est, à partir du milieu du siècle, l’administration savoyarde voue une attention spécifique à la conservation de ces protocoles. La mise en œuvre de la chambre des comptes et l’organisation de ses propres archives favorisent le contrôle central sur la production scripturaire et notariale. Ainsi, en 1379, les statuts d’Amédée VI voudraient faire en sorte que tout notaire secrétaire rende, chaque année, le registre de ses instrumenta aux archives princières50. Que ces obligations demeurent largement théoriques jusqu’au moins à l’époque moderne, raison pour laquelle, par exemple, les cahiers d’Antoine Beczon ne rejoignirent définitivement les archives princières qu’au moins un siècle après leur rédaction51, voilà qui n’entache en rien la portée du lien qui se scelle alors entre administration, documentation et conservation. Nous touchons, ici, au dernier aspect des mutations documentaires du xive siècle : la formation d’archives princières codifiées.
21En 1336-1337, le trésorier général de Savoie enregistre les dépenses passées à l’occasion de l’ameublement de la crotta noviter facta pro computis domini ibidem custodendis52. Dix ans plus tard, le chancelier Giorgio di Solerio s’occupe, lui, de payer les frais de construction des marches et de la serrurerie de la camera clericorum apud Chambariacum preparanda53. Nous voici, entre autres, au-devant de la genèse savoyarde des archives comptables. En vérité, dès le xive siècle, les archives princières se présentent à double-face ; les crottae domini se déclinent, en effet, au pluriel. Plus tardifs, mais fort éclairants, les statuts généraux de 1430 sont à l’apparence très clairs à ce sujet, tout comme l’est, en 1442, une liste des salaires que l’on devrait verser aux officiers princiers. D’une part, nous trouvons les archives de prestige, à savoir le trésor des chartes, les crota seu archiva nostra, in quibus lictere, instrumenta et informaciones nostre reponuntur ; pour garder cette crota domini ou thesauri, le secrétaire archiviste Henri de Clairvaux sera bientôt payé quatre-vingt florins. D’autre part, se trouvent les archives comptables, l’altera vero archiva seu armaria, in quibus originalia computorum nostrorum servantur ; la garde de ces clavaria computorum, confiée au même Henri de Clairvaux aidé par un autre archiviste, Aymon Lambert, ne vaudra à ces officiers que 10 florins annuels54. Ce binôme archivistique, encore présent aujourd’hui au sein des Archives d’État de Turin55, est attesté en Savoie dès le xive siècle, bien que sa rigide distinction normative ne semble guère s’appliquer aussi rigoureusement dans la pratique : ainsi, une partie des registres protocoles notariés sera longtemps conservée dans les armaria comptables alors que d’autres cahiers des secrétaires rejoignaient rapidement le trésor des chartes56. Il n’en reste pas moins qu’il s’agit dans les deux cas d’archives vivantes, comme le rappellent les premiers statuts de la chambre des comptes de 1351 dès lors que la rubrique vingt-huit oblige explicitement les maîtres des comptes à « feire registrer en on papier touz les comptes qui se troueront lay ou on les tient deus xxx anz encza, por ce que nul ne sen puisse perdre et que lon puisse scavoir ceans qui foudront »57. Il est vrai que les documents de la crota domini semblent avoir été plus souvent annotés, et donc lus et utilisés, que la documentation empilée dans les clavaria computorum dont les rouleaux étaient rarement pourvus de gloses. Toutefois, les documents conservés dans les deux crottae sont rapidement jugés dignes d’être inventoriés. L’existence même d’une rubrique archivistique au sein des statuts des comptes en est un parfait exemple et mérite quelques réflexions ultérieures. Dès le milieu du xive siècle, les officiers savoyards considèrent les archives centralisées comme l’un des lieux privilégiés de la mémoire et du pouvoir princiers ; c’est de là que découle le droit de vérification comptable et de contrôle scripturaire conféré aux officiers de la chancellerie et de la chambre des comptes. Cela est d’autant plus vrai que les liens entre le contrôle administratif et la conservation documentaire se renforcent, tout particulièrement en ce qui concerne les écritures pratiques et les archives courantes. On parle, alors, aussi bien du custos crote domini existentis in Chamberiaco, en 1379, que, dix ans plus tard, des deux « clercs, qui gardent les clés des comptes »58. Voilà qui favorise, à son tour, de nouvelles demandes techniques, en mesure d’affiner les modalités et les méthodes de conservation ; formellement accueillies dans la production statutaire, ces demandes encouragent l’essor d’inventaires qui concourent à offrir de nouveaux instruments de médiation documentaire au sein d’un univers scriptural qui commence à se conjuguer au temps du papier et de l’archive59. Pour ce qui est des archives, en vérité, la typologie des inventaires savoyards se décline au pluriel, nous y reviendrons : le trésor des chartes aura droit, au xve siècle, à des inventaires ’globaux’ ; les archives courantes, elles, continueront à n’être pourvues que d’inventaires partiels qui ne concernent que les registres des différents notaires secrétaires (tel Antoine Beczon), à l’exclusion des rouleaux comptables qui constituent, pourtant, la grande majorité des documents entreposés dans la clavaria computorum60.
22Cela dit, à la fin du xive siècle et en l’absence, pour l’heure presque complète, de chroniques princières, la culture écrite savoyarde apparaît fondamentalement comme un ensemble d’écritures pratiques vouées à mieux connaître et contrôler les différentes caractéristiques des sociétés politiques ainsi que les diverses disponibilités financières des territoires progressivement appelés à construire la principauté de Savoie. Voilà qui permet de comprendre les raisons de la juxtaposition, voire de l’enchevêtrement, de critères d’identification politique et de reconnaissance documentaire déclinés au pluriel et capables d’embrasser les liens personnels et féodaux, les dispositions financières et fiscales, les structures administratives et territoriales.
23Nous en arrivons, ainsi, au xve siècle et à ses transformations politiques, institutionnelles et documentaires. L’octroi du titre ducal par l’empereur Sigismond, en 1416, la récupération, en 1418, du vaste apanage piémontais des princes de Savoie-Achaïe, le rôle croissant joué au niveau diplomatique et culturel par Amédée VIII – comte, duc et pape – ainsi que les aléas militaires et les difficultés financières de la seconde moitié du siècle eurent un impact profond sur les protagonistes scripturaires de la principauté savoyarde. Encore une fois, contentons-nous de sélectionner quelques exemples en mesure d’illustrer au mieux les nouveaux besoins administratifs (statutaires, fiscaux, archivistiques) tout comme les nouvelles offres princières (législatives, idéologiques, historiographiques) ainsi que les modalités rénovées du dialogue (professionnel, politique, documentaire) qui se noue entre les ducs et leurs officiers.
24Pour ce faire, examinons trois pistes qui correspondent bien à certaines évolutions documentaires du xve siècle savoyard : l’essor de l’écrit prescriptif, des statuts aux lettres patentes ; l’aggiornamento des écritures de conservation, des protocoles aux inventaires ; l’apparition de nouveaux modèles de communication écrite, des mémoriaux aux chroniques.
25Moyens et marqueurs de classements sociaux-professionnels, les lettres patentes princières se généralisent dans le courant du siècle. C’est ainsi que les ducs de Savoie nomment leurs officiers, en rappelant aussi bien les qualités requises pour chaque poste que les salaires correspondants61 ; la diffusion des lettres de nomination renvoie, dès lors, à une spécialisation accrue d’offices et d’officiers. Dans le même temps, les progrès des lettres d’armoiries, de noblesse et de rémission62 renforcent la majesté d’un prince63 qui entend contrôler l’ensemble de ses sujets et de sa société politique et ce, tout particulièrement après l’accession du nouveau duché de Savoie au rang de principauté d’Empire64.
26La législation statutaire s’affermit elle aussi : entre 1403 et 1430, trois rédactions statutaires se suivent qui culminent avec la promulgation des Decreta Sabaudiae ducalia, de véritables statuts généraux du duché voués à unifier, tant que faire se peut, les particularismes juridiques régionaux65 ainsi qu’à modifier la hiérarchie des sources du droit dans en sens toujours plus princier66. Dans ce contexte, le cinquième livre des statuts de 1430, dédié aux lois somptuaires, présente une lecture qui se voudrait cohérente et mise à jour des classements sociaux qui devraient être, ou entrer, en vigueur dans la principauté67. C’est un kit complet de normes administratives, documentaires et sociales qui est ainsi proposé par le biais de hiérarchies vestimentaires fort complexes. En vérité, cette législation atteste la coexistence de différents modèles de reconnaissance identitaire ainsi que l’expression d’un classement social fondé avant tout, et dans l’ordre, sur des critères seigneuriaux et féodaux, chevaleresques et universitaires68. De prime abord, le monde de l’office et de la cour demeure, en tant que tel, absent, ce qui contribue à nier toute conscience de groupe aux officiers et aux courtisans princiers69. Et pourtant, les officiers sont bien là, ou pour le moins certains d’entre eux : président et maîtres des comptes, trésorier et secrétaires. Il est vrai que leur rang vestimentaire ne semble guère correspondre à un quelconque classement professionnel ; c’est cela que nous rappelle l’exemple du président de la chambre des comptes dont le statut ne dépend que « du rang et de la qualité de sa propre personne »70. Notons, toutefois, que seuls certains officiers non universitaires sont pris en compte au sein de ces lois somptuaires ; il s’agit d’autant d’officiers centraux, tous spécialisés dans la production, le contrôle ou la conservation de l’écrit. On en viendrait à penser que, malgré certaines exceptions notables dont celle du chancelier, les prémices d’une autoconscience administrative soient étroitement liées aux pratiques documentaires favorisant, ainsi, les thuriféraires de l’écrit princier.
27Il est, en revanche, certain que la structure des registres des notaires secrétaires ducaux se modifie dans le courant du xve siècle, alors même qu’un intérêt accru pour la conservation documentaire produit, pour la première fois, un véritable enchaînement d’inventaires archivistiques.
28Commençons par les protocoles, autant de minutiers princiers rédigés par des notaires désormais considérés comme des officiers à part entière, dûment nommés et salariés par le duc et pourvus d’une hiérarchie interne au sommet de laquelle se trouve, dès le milieu du siècle, un premier secrétaire71. Ces protocoles nous apparaissent entièrement restructurés par rapport à leurs prédécesseurs du xive siècle. Finie, ou presque, l’intégration de tout acte concernant la vie quotidienne de l’entourage ducal, qu’il s’agisse de mariages, de testaments ou d’autres activités personnelles et lignagères de seigneurs ou d’officiers. Les registres produits par les secrétaires se révèlent, à présent, comme autant de documents pleinement administratifs. Leur aggiornamento passe avant tout par une spécialisation sans cesse accentuée que l’on pourrait rapprocher de la production documentaire d’un embryon de chancellerie « pontificale » aux ordres d’Amédée VIII devenu Félix V, le pape conciliaire72. Nous voici au-devant de registres véritablement construits, composés de séries homogènes de minutes et de copies qui concernent l’une ou l’autre branche de l’administration princière. Ainsi, le puissant secrétaire Antoine Bolomier rédige un protocole uniquement dédié aux sentences du Consilium cum domino residens et aux ordonnances ducales pouvant s’y référer, y compris un certain nombre de remises de peine sous la forme de lettres d’indult et de rémission princière ; cet ample registre de presque six-cents folios est organisé selon un ordre chronologique strict qui couvre les années 1419-143073. De même, un autre protocole se spécialise dans la politique italienne d’Amédée VIII : de 1431 à 1436 se suivent une série de correspondances diplomatiques avec Milan, des copies de délibérations concernant les différentes ligues italiennes, des ordonnances d’ambassade74. Certains cahiers, comme celui-ci, se présentent comme de véritables documents officiels ; il s’agit le plus souvent de protocoles d’une grande lisibilité – sauf dans les cas des minutiers de travail, sorte de collationes d’aide-mémoires en vue, peut-être, de la production d’un futur protocole spécialisé75 –, des registres qui portent uniquement sur certains domaines administratifs, fiscaux ou politiques76. Même les cahiers les moins précis, tels deux protocoles de Jean de Clauso qui traitent de différentes matières entre 1445 et 1450, demeurent des registres internes à l’univers princier ; dans l’un, De Clauso réunit une série de minutes concernant les offices centraux, les charges de cour, l’université princière et les officiers territoriaux77 ; dans l’autre, le secrétaire s’intéresse aussi, il est vrai, aux liens politiques entre le prince et les grands, mais uniquement sous leur aspect féodal ; se suivent, alors, les minutes des hommages dus au duc et des investitures qu’il a lui-même concédées à ses seigneurs78. Le regard du prince apparaît, maintenant, aussi exclusif qu’omniprésent, et il s’agit d’un regard multiple, tout à la fois administratif, féodal, urbain.
29Il y a plus encore. Comme nous l’avons entrevu, certains notaires secrétaires se spécialisent dans l’archivage documentaire, par le biais d’une gestion hiérarchisée des deux archives ducales79 et, surtout, au travers de la rédaction de séries systématiques d’inventaires princiers que Peter Rück a déjà finement étudiés80. Les deux principales séries du xve siècle sont appelées série Balay et série Clairvaux, du nom des secrétaires qui coordonnèrent le travail d’inventaire. La première date des années 1405-1437, la seconde suit presque en temps réel, de 1441 à 144581. Je voudrais, ici, m’arrêter uniquement sur la typologie des actes inventoriés ainsi que sur les modifications des principes du classement archivistique. Tout d’abord, et dans les deux cas, l’ensemble des matériaux soumis à inventaire provient de la crota domini82, à savoir du trésor des chartes dont la documentation concernait avant tout les rapports politiques, féodaux et ecclésiastiques de la dynastie. Du point de vue de l’idéologie ducale et dans la construction même de la principauté savoyarde, il s’agit là d’un indice ultérieur de la longue durée de la suprématie de principes politiques et seigneuriaux au détriment de critères administratifs et fiscaux83.
30Nous sommes encore loin, il est vrai, de la propagande scripturaire et de la rhétorique fleurie propres, dès le xive siècle, aux officiers de la chancellerie et du trésor des Valois84, et pourtant, de la série Balay aux treize volumes de l’inventaire élaboré par le claviger crote Henri de Clairvaux, archiviste à la fois des comptes et du trésor85, le classement des fonds archivistiques tend à se modifier. Jean Balay et son équipe avaient décidé de classer leurs fonds hiérarchiquement, en privilégiant encore, selon un modèle bien ancré – des cartulaires aux protocoles –, les attributions féodo-politiques par rapport aux critères administratifs et topographiques. Tel n’est plus le cas de l’inventaire Clairvaux qui choisit, au contraire, de placer les deux critères sur le même plan et, par conséquent, de leur donner une même dignité documentaire et idéologique : l’ensemble des actes et des fonds territoriaux, y compris les matériaux provenant des archives seigneuriales, y est organisé par bailliage et présenté châtellenie par châtellenie86. Seul résidu d’un certain conservatisme documentaire, l’agencement même des treize livres qui composent l’inventaire ; Henri rappelle ces critères de classement dès la première page de son grand’œuvre : les six premiers livres demeurent ’politiques’ alors que les sept autres sont présentés selon une logique territoriale87. Indiscutable autant que durable88, le succès de la série Clairvaux révèle les prémices d’un nouvel équilibre documentaire et politique qui se fonde sur le doublet de la seigneurie et de l’administration ; un véritable pendant scripturaire de la restructuration de la société politique princière voit ainsi le jour89. Qui plus est, les affinités sont évidentes entre ces nouveaux inventaires et le processus de redécoupage qu’entament alors les registres des secrétaires ducaux. Nous nous trouvons au-devant du renouvellement des modèles de la communication écrite qui relient le prince, son entourage et ses officiers. L’avènement des mémoriaux et des chroniques est là pour nous le prouver.
31En 1448-1449, un grand commis d’État qui subordonne, d’abord, sa nomination au poste de receveur général du Piémont et, ensuite, son acceptation de la charge de trésorier du duché à l’approbation princière d’une série de capitula voués à rééquilibrer les finances savoyardes90 ; en 1452, un trésorier général qui hésite à accepter sa nomination91 ; en 1462, les doléances d’un procureur fiscal que récompense une désignation au poste de commissaire réformateur92. Signés par Francesco Cerrati de Boves, Étienne Rosset de Chambéry et Giacomo Thomatis de Mondovì93, ce sont là les quatre plus anciens mémoriaux administratifs qui nous permettent de lire opinions et plaintes des officiers, à défaut d’entendre de vive voix leurs plaidoyers. Or ces mémoriaux trouvent leur place au sein des registres des secrétaires ducaux, et il ne s’agit pour l’heure presque jamais d’une place de choix94. Autant les éventuels rescrits et autres édits princiers sont attentivement recopiés dans les protocoles et ouvrent toujours le dossier, autant les propositions de leurs officiers sont levées à leur suite, si ce n’est dans l’urgence du moins à la hâte, de sorte à composer une hiérarchie inversée de l’ordonnancement et de la lisibilité scripturaires et politiques95. Il n’empêche que nous assistons, pour la première fois, à la prise de parole directe des spécialistes de l’administration. Ces gens des finances et de la documentation expriment leurs avis, leurs doutes et leurs attentes afin d’éviter que leur prince n’agisse à sa guise mettant ainsi en péril le bon fonctionnement de ses offices et de ses États. Leur but, pourrait-on penser, est d’empêcher aussi bien de « faillir et errer en ampliant folement la puissance royal ou préjudice du roy, de son royaume et de toute la chose publique »96 que de risquer ce que Philippe de Commynes décrira tantôt comme l’une des pires erreurs de Charles le Téméraire aux lendemains de la défaite de Grandson : « quel dommage luy advint ce jour, pour user de teste et mépriser conseil ? »97.
32L’avant-goût de ce dialogue scripturaire entre le prince et ses fonctionnaires correspond à l’essor d’une autoconscience identitaire des officiers liée au maniement, au contrôle, voire à la manipulation des écritures pratiques. Le dialogue ainsi noué coïncide parfaitement avec une nécessité nouvelle, qui concerne aussi les plus puissants lignages aristocratiques de souche : je parle de l’exigence de s’accointer avec les compétences administratives et les pouvoirs de l’écrit, de l’obligation (« il greve ») qu’ont les jeunes nobles laïques « d’estudier droictz et loys » comme le rappelle, à regret, la « Chronique » de la Maison de Challant, rédigée justement en 146098. Au milieu du xve siècle savoyard, il semble acquis que pour réussir une carrière ou maintenir son rang, disposer de connaissances et de compétences juridiques, administratives et, donc, scripturaires, devient un requis presque impératif et ce, malgré les silences aussi consacrés que convenus des chroniques princières99.
33Une ultime question reste cependant en suspens : la croissance de la production documentaire correspond-elle vraiment à l’essor global de son utilisation ?
34Rappelons, tout d’abord, que, malgré des demandes statutaires réitérées, les clavaria computorum ne demeurent que très partiellement inventoriées. Il est vrai que la taille même des rouleaux comptables simplifie leur conservation, voire leur classement100 ; toutefois, après leur mise au net devant les officiers des comptes et de la trésorerie, la consultation concrète des sources comptables semble bien réduite, comme l’indiquerait le manque de gloses en leurs marges. Comptes de châtellenie et de trésorerie, de chancellerie et de judicature vivraient donc comme autant de monuments à la mémoire financière et territoriale de la principauté. Le but premier de leur sauvegarde serait éminemment idéologique et marquerait tout autant une volonté princière de contrôle politique qu’une habitude administrative de conservation documentaire. Les sources comptables, une fois archivées, ne sont presque plus utilisées et en tout cas guère exposées à l’attention du public, fut-il spécialisé ; c’est bien de cela dont se plaint le chroniqueur Perrinet Dupin à la recherche de documents officiels pour rédiger une chronique d’Amédée VIII : « le residu seroit trouver et serchier ex registres de la Chambre des Comptes »101. Ce même Perrinet, qui écrit en 1476-1477 la troisième chronique princière du xve siècle, concourt à mieux replacer dans leur contexte les documents conservés au sein des archives savoyardes. En vérité, Perrinet Dupin n’est pas qu’un historiographe : il est qualifié tout à la fois de secretarius et chronicarum compositor de la duchesse Yolande102. Il dispose, donc, d’une double spécialisation scripturaire, littéraire autant que pratique. Du coup, cette double opportunité documentaire devrait l’aider à achever au mieux son projet historiographique. Perrinet devrait, en effet, pouvoir compter aussi bien sur les modèles littéraires et historiographiques offerts par les chroniqueurs princiers qui l’ont précédé103 que sur la consultation des documents officiels qu’il est censé connaître et, parfois, avoir lui-même rédigé en qualité de notaire secrétaire princier104. La réalité est tout autre. Perrinet Dupin adresse plusieurs requêtes au conseil ducal (pour compulser le trésor des chartes) ainsi qu’au président de la chambre des comptes (pour dépouiller les archives de cour et d’office) car il désire avoir le droit de consulter in extenso les archives officielles de la principauté. Pour ce faire, il rédige lui-même un mémorial – mot nouveau, mot significatif – sous forme d’un questionnaire détaillé en cinquante-six items, toujours dans l’espoir de recevoir des officiers préposés à la conservation scripturaire, et de leurs supérieurs, des réponses systématiques et circonstanciées. Ces dernières devraient à leur tour être réunies dans « ung memorial contennant tout ce, ou que soit, la plus-part de ce que Dupin demande »105. Une rencontre fructueuse entre les écritures pratiques et l’écrit de prestige semble dès lors possible, bien que difficile. Or cette rencontre n’eut point lieu. Les requêtes en vue d’accéder aux archives et d’utiliser leur documentation ne reçoivent aucune réponse ; Perrinet s’en inquiète vertement, comme il l’écrit à sa duchesse Yolande :
Se vostre plesir est que je procede oudit œuvre, que me soyez eydante a avoir les instruccions susdictes, car, se vous propre ne me eydez, je suis certain que nul ne me eydera, car ceulx qui eyder me pourroyent, doubtants que je ne dye verité, empeschent et me reculent106.
35Au final, Yolande elle-même ne semble pas avoir pu, ou voulu, épauler son secrétaire chroniqueur. Voilà qui montre à quel point, dans la Savoie du xve siècle, le pouvoir de l’écrit se mesure à l’aune du pouvoir sur l’écrit. Perrinet le chroniqueur ne sera point Dupin le practicien ; seul un changement de registre, et de personnalité, pourrait enfin permettre à l’officier secrétaire de devenir le chroniqueur officiel de la dynastie.
Notes de bas de page
1 M. Hébert, États de Provence et chancellerie royale aux xive et xve siècles, dans K. Fianu, D. J. Guth (éd), Écrit et pouvoir dans les chancelleries médiévales : espace français, espace anglais, Louvain-la-Neuve, 1997 (Textes et études du Moyen Âge, 6), p. 245-264, p. 232.
2 Policiam in duobus principaliter consistere (debeat), scilicet in bonis legibus et optimis magistratibus : F. Saraceno, Documenti inediti del regno di Ludovico duca di Savoia tratti dai protocolli dei segretari ducali, dans Miscellanea di Storia Italiana, 15, 1874, doc. IV, p. 422.
3 Voir les nombreux travaux des médiévistes de Münster, groupés autour de Hagen Keller, dont H. Keller, K. Grubmüller, N. Staubach (éd.), Pragmatische Schriftlichkeit im Mittelalter. Erscheinungsformen und Entwicklungsstufen, Akten des Internationales Kolloquiums, Mai 1989, Munich, 1992 (Münstersche Mittelalter-Schriften, 65).
4 B. Demotz, La géographie administrative médiévale : l’exemple du comté de Savoie. Début xiiie-début xve siècle, dans Le Moyen Âge, 80, 1974, p. 261-300 ; Id., La politique internationale du Comté de Savoie durant deux siècles environ (xiiie-xve), dans Cahiers d’Histoire, 19, 1974, p. 29-64 ; G. Castelnuovo, Principati regionali e organizzazione del territorio nelle Alpi occidentali : l’esempio sabaudo (metà xiii–metà xiv secolo), dans G. Chittolini, D. Willoweit (éd.), L’organizzazione del territorio in Italia e in Germania ; secoli xiii-xiv, Bologne, 1994, p. 81-92.
5 G. Castelnuovo, Ufficiali e gentiluomini. La società politica sabauda nel tardo medioevo, Milan, 1994 ; Id., Quels offices, quels officiers ? L’administration en Savoie au milieu du xve siècle, dans Études Savoisiennes, 2, 1993, p. 3-43 ; G. Castelnuovo, C. Guilleré, Les finances et l’administration de l’État savoyard au xiiie siècle, dans B. Andenmatten, A. Paravicini-Bagliani, E. Pibiri (éd.), Pierre II de Savoie, « le petit Charlemagne », Lausanne, 2000 (Cahiers lausannois d’Histoire médiévale, 27), p. 33-125 ; A. Barbero, Il ducato di Savoia. Amministrazione e corte di uno stato franco-italiano, Rome-Bari, 2002 ; G. Castelnuovo, Les officiers en action dans les États de Savoie à la fin du Moyen Âge (milieu xive-milieu xve siècle), dans Entre monts et rivages. Les contacts entre la Provence orientale et les régions voisines au Moyen Âge, P. Jansen (éd.), Antibes, 2006, p. 173-197.
6 A. Barbero, Un’oligarchia urbana. Politica ed economia a Torino fra Tre e Quattrocento, Rome, 1995 ; P. Lafargue, Bourgeois et crédit : les Bonivard et les comtes de Savoie, dans Crédit et Société : les sources, les techniques et les hommes, 39e rencontres du Centre Européen d’Études bourguignonnes, Asti-Chambéry, septembre 1998, Neuchâtel, 1999, p. 165-185 ; G. Castelnuovo, Physionomie administrative et statut social des officiers savoyards au bas Moyen Âge : entre le prince, la ville et la seigneurie, dans Les serviteurs de l’État au Moyen Âge. Formation, idéologie, carrière, xxixe Congrès de la S.H.M.E.S.P., Pau, mai 1998, Paris, 1999, p. 181-192 ; Id., Les élites urbaines et le prince dans les États de Savoie à la fin du Moyen Âge, dans Les élites ubaines au Moyen Âge, xxviie Congrès de la S.H.M.E.S.P, Rome, mai 1996, Paris, 1997, p. 257-268.
7 Cf., pour le Pays de Vaud, la somme de Bernard Andenmatten : B. Andenmatten, La Maison de Savoie et la noblesse vaudoise (xiiie-xive siècle). Supériorité féodale et autorité princière, Lausanne, 2005 (Mémoires et documents de la Société d’histoire de la Suisse romande, 4e série, 8).
8 Cf. R. Brondy, Chambéry. Histoire d’une capitale, Lyon, 1988 ; G. Castelnuovo, C. Guilleré, Les finances... cit.
9 N. Carrier, F. Mouthon, « Extentes » et « reconnaissances » de la principauté savoyarde. Une source sur les structures agraires des Alpes du Nord (fin xiiie-fin xve siècle), dans Terriers et plans-terriers. Actes du colloque de Paris, septembre 1998, Paris 2001 (Bibliothèque d’Histoire Rurale, 5 / Mémoires et documents de l’Ecole des Chartes, 62), p. 217-242. Les plus anciennes extentes savoyardes ont été publiées par M. Chiaudano, La finanza sabauda nel sec. XIII, III, Le « Extente » e altri rendiconti del Dominio (1205-1306), Turin, 1937 (Biblioteca della Società storica subalpina, 133). Sur les reconnaissances : C. Mottier, Les intérêts domaniaux de la Maison de Savoie dans les anciens Pays de l’Ain. Étude sur les reconnaissances de fief reçues au titre des châtellenies des bailliages de Bresse, Bugey et Gex (xive-xvie siècles), Bourg-en-Bresse, 2004.
10 J. Cordey, Les comtes de Savoie et les rois de France pendant la guerre de cent Ans (1329-1391), Paris, 1911 ; B. Demotz, La politique... cit. ; G. Castelnuovo, Le prince et ses élites dans l’État savoyard au XIVe siècle, dans P. Paravy, R. Verdier, (éd.), De la principauté à la province. Autour du 650e anniversaire du Transport du Dauphiné à la couronne de France, Grenoble, 2001, p. 271-290.
11 Ordonnance du comte Aymon éditée par C. Nani, Gli Statuti di Amedeo VI conte di Savoia. Documenti, dans Memorie della Reale Accademia delle Scienze di Torino, 34, 1883, doc. 3, p. 147.
12 Voir en dernier les différentes contributions réunies dans B. Andenmatten., A. Paravicini Bagliani, (éd.), Amédée VIII – Félix V, premier duc de Savoie et pape (1383-1451), actes du colloque de Ripaille 1990, Lausanne, 1992 (Bibliothèque historique vaudoise, 103).
13 Cf. H. Baud, Amédée VIII et la guerre de cent ans, dans Revue Savoisienne 109, 1969, p. 17-75.
14 G. Castelnuovo, M. A. Deragne, Peintres et ménétriers à la cour de Savoie sous Amédée VIII, dans N. Guidobaldi (éd.), Regards croisés. Musiques, musiciens, artistes et voyageurs entre France et Italie au xve siècle, Paris, 2002, p. 31-59. G. Castelnuovo, « À la court et au service de nostre prince » : l’hôtel de Savoie et ses métiers à la fin du Moyen Âge, dans L. C. Gentile, P. Bianchi (éd.), L’affermarsi della corte sabauda. Dinastie, poteri, élites in Piemonte e Savoie fra tardo medioevo e prima età moderna, Turin, 2006, p. 23-53 et, maintenant, un catalogue et une thèse, tous deux monumentaux : Corti e città. Arte del Quattrocento nelle Alpi occidentali, E. Castelnuovo, E. Pagella, E. Rossetti Brezzi (éd.), catalogue de l’exposition, Turin, février-mai 2006, Milan, 2006 ; E. Pibiri, Voyages et voyageurs à la cour des comtes et ducs de Savoie au Moyen Âge (xive-xve siècles), thèse dactyl., Université de Lausanne, 2006.
15 Cf. A. Barbero, L’organizzazione militare dello stato sabaudo durante la guerra di Milano (1449), dans Società e Storia, 71, 1996, p. 1-38, maintenant dans Id., Il ducato... cit., p. 68-97.
16 Conflits de cour : A. Barbero, Les ligues nobiliaires pendant les dernières années d’Amédée VIII, dans Amédée VIII... cit., p. 229-245, actualisé dans Id., Il ducato... cit., p. 163-183 ; G. Castelnuovo, Les étrangers du prince : cour, crédit et seigneurie en Savoie à la fin du Moyen Âge, dans B. Schnerb (éd.), Les étrangers à la cour de Bourgogne, Revue du Nord, 84, avril-septembre 2002, p. 429-452. Savoyards et piémontais : L. Marini, Savoiardi e Piemontesi nello stato sabaudo (1418-1601), Vol I (1418-1536), Rome, 1962 ; A. Barbero, Savoiardi e Piemontesi nel ducato sabaudo all’inizio del Cinquecento : un problema storiografico risolto ?, dans Bollettino Storico-Bibliografico Subalpino, 87, 1989, p. 591-638 ; G. Castelnuovo, Dynasties seigneuriales, lignages urbains et parentés d’officiers de part et d’autre des Alpes, dans Frontières, contacts, échanges. Mélanges offerts à André Pal-luel-Guillard, C. Sorrel (éd.), Chambéry, 2002, p. 49-60 (Mémoires et Documents de la SSHA, CIV ; Bibliothèque des Études Savoisiennes – Université de Savoie, X).
17 En plus des ouvrages cités supra, n. 6 : Storia di Torino, II, Il basso Medioevo e la prima età moderna, 1280-1536, R. Comba (dir.), Turin, 1997 ; G. Castelnuovo, Le prince, ses villes et le politique : pouvoirs urbains et pouvoir savoyard des deux côtés des Alpes (Chambéry et Turin, xive-xve siècles), dans Le politique et la ville (xve-xviiie siècles), Journées d’étude, Nanterre, avril 2001, Paris, 2004, p. 47-64. Les recherches sur les débuts de l’université de Turin sont actuellement l’objet d’un réel renouveau, à partir de E. Bellone, Il primo secolo di vita della Università di Torino (sec. XV-XVI), Turin, 1986 ; cf. à présent les différentes contributions réunies dans I. Naso (éd.), Alma felix universitas studii Taurinensiis. Lo studio generale dalle origini al primo Cinquecento, Turin, 2004, ainsi que P. Rosso, « Rotulis legere debentium ». Professori e cattedre all’Università di Torino nel Quattrocento, Turin, 2005 (Università di Torino, Centro studi per la storia dell’Università, studi e fonti, 14).
18 M. C. Daviso di Charvensod, Considerazioni intorno ai Tre Stati in Pie-monte, dans Bollettino Storico-Bibliografico Subalpino, 45, 1947, p. 13-41 ; H. G. Königsberger, The Parliament of Piedmont during the Renaissance, 1460-1560, dans Id., Estates and Revolutions, New York, 1971, p. 19-79 ; pour le nord des Alpes, D. Tappy, Les États de Vaud, Lausanne, 1988.
19 Voir G. Castelnuovo, C. Guilleré, Le crédit du prince : l’exemple savoyard au bas Moyen Âge, dans Crédit et Société... cit., p. 151-164 ; A. Barbero, Il ducato... cit., p. 48-67.
20 Cf. en dernier G. Castelnuovo, Nobles des champs ou nobles de cour ? Princes et noblesse dans les chroniques savoyardes du xve siècle, dans M. Gentile, P. Savy (éd.), Noblesse et États princiers en Italie et en France au xve siècle, journées d’études, École française de Rome, novembre 2004, à paraître dans la Collection de l’École française de Rome.
21 Sur les débuts de l’écrit princier en Savoie voir bientôt B. Andenmatten, G. Castelnuovo. Produzione e conservazione documentarie nel principato sabaudo, xiii-xv secolo, dans Bullettino dell’Istituto italiano per il Medio Evo e Archivio Muratoriano, 2007, sous presse.
22 Comparaisons françaises : K. Fianu, D. J. Guth (éd.), Écrit et pouvoir... cit. ; dans la longue durée : B. M. Tock, Une chancellerie épiscopale au xiie siècle : le cas d’Arras, Louvain-la-Neuve, 1991 ; S. Charton-Le-Clech, Chancellerie et culture au xvie siècle (les notaires et secrétaires du roi de 1515-1547), Toulouse, 1993 ; O. Guyotjeannin, La science des archives à Saint-Denis (fin xiiie-début xvie siècle), dans F. Autrand, C. Gauvard, J.-M. Moeglin (éd.), Saint-Denis et la royauté. Études offertes à Bernard Guenée, Paris, 1999 (Histoire ancienne et médiévale, 59), p. 339-353 ; Id., Écrire en chancellerie, dans M. Zimmermann (éd.), Auctor et auctoritas : invention et conformisme dans l’écriture médiévale, Paris, 2001 (Mémoires et documents, 59), p. 17-35 ; Id., La tradition de l’ombre : les actes sous le regard des archivistes médiévaux (Saint-Denis, xiie-xve siècle), dans Charters, Cartularies, and Archives : The Preservation and Transmission of Documents in the Medieval West, A. J. Kosto, A. Winroth (éd.), Toronto, 2002 (Papers in Medieval Studies, 17), p. 81-112. Perspectives italiennes : A. Bartoli Langeli, La documentazione degli Stati italiani nei secoli xiii-xv : forme, organizzazione, personale, dans Culture et idéologie dans la genèse de l’État moderne, Rome, 1985, p. 35-55 ; Civiltà comunale : libro, scrittura, documento, Atti del Convegno, Genova, novembre 1988, Gênes, 1989 ; P. Cammarosano, Italia medievale. Struttura e geografia delle fonti scritte, Rome, 1991 ; J.-C. Maire Vigueur, Révolution documentaire et révolution scripturaire : le cas de l’Italie médiévale, dans Bulletin de l’École des chartes, 153, 1995, p. 177-185 ; plus particulièrement A. Petrucci, Notarii. Documenti per la storia del notariato italiano, Milan, 1958 ; P. Cammarosano, Tradizione documentaria e storia cittadina. Introduzione al « Califfo vecchio » del Comune di Siena, Sienne, 1988 ; G. Tamba, Una corporazione per il potere : il notariato a Bologna in età comunale, Bologne, 1998 (Biblioteca di storia urbana medievale, 11) ; M. Giansante, Retorica e politica nel Duecento. I notai bolognesi e l’ideologia comunale, Rome, 1999 (Nuovi studi storici, 48) ; M. Zabbia, I notai e la cronachistica cittadina italiana nel Trecento, Rome, 1999 (Nuovi studi storici, 49), A. Bartoli Langeli, Notai : scrivere documenti nell’Italia medievale, Rome, 2006. Piémont et Savoie : G. G. Fissore, Autonomia notarile e organizzazione cancelleresca nel comune di Asti, Spolète, 1977 ; P. Cancian, Notai e cancellerie : circolazione di esperienze sui due versanti alpini dal secolo xii ad Amedeo VIII, dans La Frontière. Nécessité ou artifice ? Actes du xiie colloque franco-italien d’études alpines, Grenoble, 1987, p. 4351 ; G. G. Fissore, Notariato alpino. Un’introduzione alla discussione, dans Le Alpi medievali nello sviluppo delle regioni contermini, Actes du colloque du GISEM, Verona, novembre 1996, G. M. Varanini (éd.), Naples, 2004, p. 239-247.
23 C. Guilleré, Étude comparée des finances des maisons de Barcelone et de Savoie au début du xive siècle, dans Savoie et Région alpine, Actes du 116e Congrès national des sociétés savantes, Chambéry, mai 1991, Paris, 1994, p. 245-259 ; B. Demotz, Une clé de la réussite d’une principauté aux xiiie et xive siècles : naissance et développement de la Chambre des comptes de Savoie, dans P. Contamine, O. Mattéoni (éd.), La France des Principautés. Les Chambres des comptes xive et xve siècles, colloque de Moulin, avril 1995, Paris, 1996, p. 17-26 ; G. Castelnuovo, Service de l’État et identité sociale : les Chambres des comptes princières à la fin du Moyen Âge, dans Revue Historique, 303/2, 2000, p. 489-510.
24 Une partie des plus anciens comptes de châtellenie a été éditée par M. Chiaudano, La finanza sabauda nel sec. XIII, I, I rendiconti del dominio dal 1257 al 1285, Turin, 1933 (Biblioteca della Società storica subalpina, 131). Cf. G. Castelnuovo, C. Guilleré, Les finances et l’administration... cit., p. 42-55, 106-124. Le thème est approfondi dans C. Guilleré, G. Castelnuovo, De la comptabilité domaniale à la comptabilité d’État : les comptes de châtellenie savoyards, dans Écrire, compter, mesurer, N. Coquery, F. Menant, F. Weber (éd.), Paris, 2006, p. 213-230.
25 Sur l’administration territoriale, en dernier G. Castelnuovo, C. Guilleré, Les finances et l’administration... cit., part. p. 55-106 ; sur les châtelains voir à présent les contributions savoyardes parues dans G. Castelnuovo, O. Mattéoni (éd.), De part et d’autre des Alpes. Les châtelains des princes à la fin du Moyen Âge, table ronde, Chambéry, octobre 2001, Paris, 2006 (articles de B. Demotz, A. Barbero, B. Andenmatten, P. Lafargue, C. Guilleré, p. 153-250).
26 M. Chiaudano, La Finanza Sabauda nel sec. XIII, II, I « Rotuli » e i « Computi » della Corte di Filippo I conte di Savoia e di Borgogna dal 1269 al 1285, Turin, 1934 (Biblioteca della Società storica subalpina, 132) ; cf. G. Castelnuovo, C. Guilleré, Les finances et l’administration... cit., part. p. 38-42 ; les sources de la cour sont étudiées dans G. Castelnuovo, « À la court »... cit., et dans C. Guilleré, Le financement de la cour savoyarde du milieu du xiiie siècle au début du xve, tous deux dans L. C. Gentile, P. Bianchi (éd.), Corti, poteri ed élites... cit., respectivement p. 23-55 et 145-161.
27 P. Cancian, Gli statuti di Pietro II alla luce delle norme sul notariato, dans Pierre II de Savoie... cit., p. 5-18. Ces statuts sont édités, entre autres, par C. Nani, Gli statuti di Pietro II conte di Savoia, dans Memorie della Reale Accademia delle Scienze di Torino, 32, 1880, p. 5-56.
28 Archivio di Stato di Torino, Sezione I, Corte (= dorénavant AST, I), Protocolli ducali (= P. Duc.) 5-11, registres de Giovanni Rubeo Maoneri, notaire secrétaire des princes Jacques et Philippe de Savoie-Achaïe (actes à partir de 1301) ; les plus anciens protocoles comtaux sont dûs à Jean Reynaud dès les années 1313-1318 (P. Duc. 12-13). Sur les protocoles, cf. infra et bientôt B. Andenmatten, G. Castelnuovo, Produzione e conservazione... cit.
29 B. Andennmatten, La Maison de Savoie... cit., part. p. 123-137, 168-169, 191, 229-240. Il s’agit de deux cartulaires de Pierre de Savoie (1260-63 et 1267-68), d’un de Philippe (vers 1280-85), de deux autres d’Amédée V (1314/5-1318) et enfin de deux cartulaires du baron de Vaud Louis II (vers 1320 et 1339-1343). L’étude de ce dossier est approfondie dans B. Andenmatten, G. Castelnuovo, Produzione e conservazione... cit.
30 Cf. les différentes contributions réunies dans Landesherrliche Kanzleien im Spätmittelalter, Munich, 1986 (Münchener Beiträge zur Mediävistik und Renaissance-Forschung, 35).
31 « Ces cartulaires transmettent donc des documents établissant les rapports horizontaux du comte avec ses parents et voisins » : B. Andennmatten, La Maison de Savoie... cit., p. 169.
32 Ibid., p. 223-240. Voir les évolutions d’un cartulaire seigneurial, celui de l’abbaye de Saint-Denis, finement reconsidérées par O. Guyotjeannin, La science des archives... cit., part. p. 340-349. Sur les caractéristiques des cartulaires-registres voir aussi O. Guyotjeannin, Super omnes thesauros rerum temporalium : les fonctions du Trésor des chartes du roi de France (xive-xve siècle), dans Écrit et pouvoir... cit., p. 109-131, part. p. 119-120.
33 C’est l’un des thèmes porteurs de la thèse de Bernard Andenmatten et surtout le cœur même de son impressionnante édition de sources qui définit, pour la première fois, le corpus des liens féodaux entre une aristocratie régionale et une principauté en construction : B. Andenmatten, La Maison de Savoie... cit., p 445-626. Cf. aussi G. Castelnuovo, Omaggio, feudo e signoria in terra sabauda (metà ’200 – fine ’400), dans Poteri signorili e feudali nelle campagne dell’Italia settentrionale fra Tre e Quattrocento : fondamenti di legittimità e forme di esercizio, Atti del Convegno di studi, Milano, aprile 2003, F. Cengarle, G. Chittolini, G. M. Varanini (éd.), Reti Medievali – Rivista, V, 2004, p. 175-201.
34 Ce dossier, qui est l’un des thèmes clé d’un projet de recherche intitulé Écrits pragmatiques et communication au Moyen Âge (Laboratoire porteur : Université Lyon 2, UMR 5648 du CNRS), coordonné par Nicole Bériou (Université Lyon 2) en partenariat avec Christian Guilleré (Université de Savoie) et Marjorie Burghart (Université Lyon 2), est étudié dans C. Guilleré, G. Castelnuovo, De la comptabilité domaniale... cit., p. 215-218, 227-230. Cf. aussi J.-L. Gaulin, C. Guilleré, Des rouleaux et des hommes : premières recherches sur les comptes de châtellenies savoyards, dans Études Savoisiennes, 1, 1992, p. 49-108 ; G. Castelnuovo, C. Guilleré, Les finances... cit. Un parallèle provençal dans J.-L. Bonnaud, L’élaboration et la validation des comptes de clavaire en Provence au xive siècle, dans Écrit et pouvoir... cit., p. 241-253, part. p. 244-245 sur la structure même de ces comptes territoriaux, les clavaires étant les équivalents provençaux des châtelains savoyards.
35 Quelques éditions (souvent accompagnées de traductions) de comptes châtelains : en sus des travaux cités supra, n. 24 et 33, F. Mugnier, Comptes des châtellenies de la Balme, de Saint-Genix, Seyssel et Chaumont, dans Mémoires et documents de la Société Savoisienne d’histoire et d’archéologie, 30, 1891, p. 377-478 ; Billiat et sa région (Ain) au xive siècle d’après les comptes de châtellenie, éd. P. Cattin, Ambérieu-en-Bugey, 1997 (Cahiers René de Lucinges, IVe série, 32) ; J. G. Rivolin, Uomini e terre in una signoria alpina. La castellania di Bard nel Duecento, Aoste, 2002 (Bibliothèque de l’Archivium Augustanum, 28) ; A. Pession, Comptes de la châtellenie de Cly (1376-1385), Aoste, 2004 (Bibliothèque de l’Archivium Augustanum, 30) ; Id., Comptes de la châtellenie de Cly (1375-1390), Aoste, 2005 (Bibliothèque de l’Archivium Augustanum, 31) ; Les Comptes de la Châtellenie de Bonneville. Registre des comptes de 1385. Opera castri de 1355 à 1400, éd. C. Guilleré, Bonneville, 2005. Un regard vers les comptes urbains : C. Thévenaz, Écrire pour gérer. Les comptes de la commune de Villeneuve autour de 1300, Lausanne, 1999 (Cahiers lausannois d’Histoire médiévale, 34). Trois parallèles concernant les comptes centraux entre la fin du xiiie et la fin du xive siècle : M. Chiaudano, La Finanza Sabauda... cit., dont le deuxième tome concerne les rouleaux de l’hôtel princier ainsi que les plus anciens comptes des receveurs trésoriers ; Documenti sull’attività della cancelleria sabauda a metà del secolo xiv, éd. A. Barbaglia, A. Calzolari, R. Cosentino, Turin, 2001 (Biblioteca storica subalpina, 217), à propos de la chancellerie ; J. Jaccod, La comptabilité d’Amédée VI dit le ’Comte Vert’ 1377-1382, Turin, 1939 (comptes de la trésorerie générale).
36 Voir les travaux cités supra, n. 23. Les deux statuts des comptes sont édités par C. Nani, I primi Statuti sopra la camera dei conti nella monarchia di Savoia. Documenti, dans Memorie della Reale Accademia delle Scienze di Torino, 34, 1883, p. 199-211 ; ils ont été partiellement republiés dans B. Demotz, La chambre des comptes de Savoie, dans P. Contamine, O. Mattéoni (éd.), Les Chambres des Comptes en France aux xive et xve siècles, Textes et documents, Paris, 1998, p. 181-198, part. p. 188-198.
37 AST, I, Inventario 120 ; cf. supra, n. 28.
38 Une lecture critique d’un protocole du milieu du xive siècle dans A. Barbaglia, Un notaio comitale nella Savoia del Trecento, dans Bollettino storico-bibliografico subalpino, 93, 1995, p. 61-134. Ce registre, le protocole ducal 42, est à présent entièrement publié par Alessandra Barbaglia dans Documenti sull’attività della cancelleria... cit., p. 87-260.
39 A. Barbaglia, Un notaio... cit., p. 64, 72-75 ; Documenti sull’attività... cit., p. 90, 119, 207 ; P. Duc. 42, de 1347-1348, contient 54 actes tangentes dominum et 28 non tangentes. En fait, le secrétaire Beczon utilise ce même système dans bien d’autres registres, par exemple dans AST, I. Protocolli Camerali (= PC) 23 (73 folios à l’endroit suivis, à cahier renversé, de 10 folios de minutes non tangentes dominum) ou dans P. Duc. 48 (90 folios tangentes et quatre autres, inversés, qui ne le sont point). D’autres notaires secrétaires comtaux du xive siècle utilisent le même expédient, y compris lorsque leurs registres ne contiennent que des actes princiers, pour mieux distinguer, comme dans le cas de Jean Reynaud, les hommages dus au comte des autres documents présents dans le cahier (infra, n. 48). Un système analogue, toujours à « double entrée » (librate et receptae) est, enfin, utilisé dans les comptes de chancellerie de la fin du xive siècle : A. Calzolari, R. Cosentino, La prima attività contabile della cancelleria sabauda e l’organizzazione dell’ufficio a metà del secolo xiv, dans Bollettino storico-bibliografico subalpino, 92, 1994, p. 505-553, p. 509, n. 11.
40 Decreta Sabaudie Ducalia, réimpression de l’édition de 1477 (= dorénavant DSD), Glashütten-Taunus, 1973, fol. 10 (Mittelalteriche Gesetzbücher Europäischen Länder in Faksimiledrücken, VII), fol. 29-32v. Cf. P. Cancian, La cancelleria di Amedeo VIII, dans Amédée VIII-Félix V... cit., p. 148-149.
41 Cf. A. Barbaglia, Un notaio... cit., p. 88-104, l’exception est constituée par un long séjour de Beczon chez lui, à Yenne, entre août et décembre 1348, très probablement pour éviter une épidémie de peste, séjour durant lequel le secrétaire laisse les devants de la scène au notaire, vu qu’aucun acte retranscrit durant ce laps de temps n’est tangens dominum. Cela dit, de Tommasone Solerio à Pierre Ravais, à ses parents ou à leurs proches, une partie non négligeable des clients locaux de Beczon participe aussi du milieu princier, cf. Documenti sull’attività... cit., p. 113-118.
42 C’est ainsi que s’exprime, dans ses remarques préliminaires au premier inventaire princier des protocoles d’Antoine Beczon (entre 1373 et 1399), un autre notaire secrétaire savoyard, Guillaume Geneveys : A. Barbaglia, Un notaio... cit., p. 64.
43 Remarquons toutefois que, par exemple, l’un des documents du registre 42 de Beczon, du 6 septembre 1347, fut, si l’on peut dire, revu et corrigé, et en tout cas actualisé car il est complété par une note datée du 5 mai 1350 : Documenti sull’attività... cit., doc. 8, p. 137-138.
44 PC 153 ; cf. G. Castelnuovo, C. Guilleré, Les finances... cit., p. 81, 100.
45 Ce qui rappelle les liens entre les stratégies de l’itinérance princière et la mise en place de nouvelles références géopolitiques en terre savoyarde.
46 Dans l’ordre Savoie, Novalaise, Viennois, Bresse (qualifiée de baillivia Burgi, PC 153, fol. 38), Bugey, Chablais, Vallée d’Aoste, Vallée de Suse. Cf. G. Castelnuovo, C. Guilleré, Les finances... cit., p. 81, n. 176.
47 Ce sont les homagia in comitatu Gebennensii, PC 153, fol. 73-76. Cf. P. Du-parc, Le comté de Genève, xie-xve siècle, Genève, 1955 (Mémoires et documents publiés par la Société d’histoire et d’archéologie de Genève, 39).
48 C’est le cas du registre P. Duc. 18, qui ne comporte que des actes de 1330 ; le volume est inversé à partir du fol. 48v. ; jusqu’alors le cahier ne contient que des actes d’hommage et d’investiture concernant les terres savoyardes sises delà des Alpes (vallée de Suse, Piémont). Les derniers folios, eux (fol. 49v.-57), concernent aussi bien d’autres documents comtaux (copies d’actes de mariage, entre autre) que des minutes de provenance seigneuriale (actes d’émancipation, donations). Le volume se clot, de nouveau à l’endroit, par un registrum huius papiri qui dresse une liste d’hommages vassaliques et d’investitures territoriales contenue dans la première partie du registre (fol. 58-58v.) ; une copie complète du contrat de mariage entre Aymon de Savoie et Violante de Saluces est rajoutée, en pièce volante, au fol. 59, bien que le contrat lui-même ait été retranscrit aux fol. 53-51.
49 Sur l’essor socio-politique des secrétaires princiers, outre les travaux cités supra n. 23 (parallèles français), G. Castelnuovo, Cancellieri e segretari fra codificazione amministrativa e prassi di governo. Il caso sabaudo (metà Trecento-metà Quattrocento), dans Ricerche Storiche, 24/2, 1994, p. 291-303 ; l’évolution des xvie et xviie siècles est décrite par C. Rosso, Una burocrazia di antico regime : i segretari di stato dei duchi di Savoia, I (1559-1637), Turin, 1992.
50 C. Nani, Nuova edizione degli statuti di Amedeo VI dell’anno 1379, dans Miscellanea di Storia Italiana, 22, 1884, p. 288 ; cf. P. Rück, L’ordinamento degli archivi ducali di Savoia sotto Amedeo VIII, 1398-1451, éd. orig. 1971, Rome, 1977 (Quaderni della Rassegna degli Archivi di Stato, 48), p. 50-51.
51 A. Barbaglia, Un notaio... cit., p. 70-72.
52 A. Calzolari, R. Cosentino, La prima attività... cit., p. 549 avec renvoi aux documents.
53 Documenti sull’attività... cit., p. 56, 59, extraits du compte de chancellerie de 1346-1347. Sur les prémices de la chancellerie administrative des comtes de Savoie, voir bientôt G. Castelnuovo, Girard D’Estrées, chancelier de Savoie, et la chancellerie comtale dans la seconde moitié du xive siècle, dans Chancelleries et chanceliers des princes à la fin du Moyen Âge, table-ronde, Chambéry, octobre 2006, G. Castelnuovo, O. Mattéoni (éd.), en cours de publication. Sur les bâtiments qui abritent, au xive siècle, la chambre des comptes royale : P. Contamine, La mémoire de l’État : les archives de la chambre des comptes du roi de France à Paris au xve siècle, dans Media in Francia... Recueil de mélanges offerts à Karl Ferdinand Werner, Paris, 1989, p. 85-100, part. p. 93-95.
54 Les deux archives : DSD, fol. 109v. ; cf. P. Rück, L’ordinamento... cit., p. 50-56. La liste des salaires dans P.Duc. 3, éditée et discutée dans G. Castelnuovo, Quels offices... cit., p. 39. Cf. O. Guyotjeannin, Super omnes... cit.
55 P. Rück, L’ordinamento... cit., p. 19-42 ; Archivio di Stato di Torino, dans Guida generale degli Archivi di Stato Italiani, vol. IV, Rome, 1994, p. 362-642.
56 L’exemple des registres d’Antoine Beczon a été étudié par A. Barbaglia, Un notaio... cit., p. 70-72 ; plus en général, les remarques de P. Rück, L’ordinamento... cit., p. 47-56.
57 C. Nani, I primi Statuti... cit., rubrique XXVIII, p. 204.
58 C. Nani, Nuova edizione... cit., p. 288 (rubrique des statuts comtaux de 1379) ; C. Nani, I primi Statuti... cit., rubrique XXIII, p. 209 (statuts de Bonne de Bourbon pour la chambre des comptes, de 1389) ; la rubrique est reprise dans les Decreta de 1430 : De duobus clavigeris crote domini (DSD, fol. 109 v.). Cf. P. Rück, L’ordinamento... cit., p. 50-51.
59 Les dernières décennies du xive siècle voient le passage graduel du parchemin au papier, comme dans le cas du compte du chancelier – et archevêque de Tarentaise – Pierre Collomb (1393-1396), conservé en deux versions, l’une sur parchemin, l’autre sur papier : AST, Sezioni Riunite, Inventario 41, mazzo 8, 32. Si le support se modifie, tel n’est pas encore le cas de la langue des archives, qui demeure avant tout le latin, sauf dans la documentation liée à cour qui passe plus promptement au français, dès la fin du xive siècle : G. Castelnuovo, « À la court »... cit. À ce propos, voir bientôt les réflexions stimulantes de Bernard Andenmatten : B. Andenmatten, L’écrit administratif en Suisse romande, xiiie-xive s., dans Chancelleries et chanceliers... cit.
60 Cf. infra, n. 79-88.
61 Cf. G. Castelnuovo, Physionomie administrative... cit., p. 184-189 ; une comparaison frappante : O. Mattéoni, Servir le prince. Les officiers des ducs de Bourbon à la fin du Moyen Âge (1356-1523), Paris, 1998, part. p. 258-272 ; Id., Office, pouvoir ducal et société politique dans la principauté bourbonnaise à la fin du Moyen Âge, dans Le duché de Bourbon, des origines au connétable, Actes du colloque, Moulins, octobre 2000, Saint-Pourçain-sur-Sioule, 2001, p. 35-46.
62 De rares anoblissements par lettre et d’autres lettres d’armoiries apparaissent surtout après la création du duché, en 1416 : G. Castelnuovo, Nobili e nobiltà nel Vaud medievale (secoli x-xv). Ordinamenti politici, assetti documentari, tipologie lessicali, dans Annali dell’Istituto Storico Italo-Germanico in Trento, XVIII, 1992, p. 11-56 ; Id., Les noblesses et leurs pouvoirs dans les Pays de Savoie au Moyen Âge, dans L’Histoire en Savoie, 132-133, 1998, p. 9-82. Les lettres de rémission prennent elles aussi leur essor documentaire à partir des années 1420-1440, voir les différents cas recensés dans P. Duc. 91. Cf. C. Gauvard, « De Grace especial ». Crime, État et Société en France à la fin du Moyen Âge, Paris, 1991.
63 Cf. J. Chiffoleau, Amédée VIII ou la Majesté impossible ?, dans Amédée VIII-Félix V... cit., p. 19-49.
64 G. Tabacco, Lo stato sabaudo nel Sacro Romano Impero, Turin, 1939 ; B. Galland, La place de l’Empire dans la politique de la Maison de Savoie au xiiie et au xive siècle, dans La Suisse occidentale et l’Empire, actes du colloque, Neuchâtel, avril 2002, J. D. Morerod, D. Tappy, C. Thévenaz-Modestin, F. Vanotti (éd.), Lausanne, 2004, p. 267-287.
65 Les deux statuts de 1403 et de 1423 sont édités par G. C. Buraggi, Gli statuti di Amedeo VIII di Savoia del 31 luglio 1403, dans Memorie della Reale Accademia delle Scienze di Torino, 70, 1942, p. 1-38 et Id., Gli statuti di Amedeo VIII del 26 luglio 1423, dans Memorie della Reale Accademia delle Scienze di Torino, 57, 1907, p. 41-73. Sur les limites de la mise en pratique des Decreta, voir, pour le cas vaudois, J.-F. Poudret, Coutumes et coutumiers. Histoire comparative des droits des pays romands du xiiie à la fin du xvie siècle, Berne, 1998 ; plus schématiquement, G. Castelnuovo, Principati regionali e organizzazione del territorio... cit.
66 I. Soffietti, C. Montanari, Problemi relativi alle fonti del diritto negli stati sabaudi (secoli xv-xix), Turin, 1988, p. 5-49 ; I. Soffietti, Gli ordinamenti giuridici, dans Il tesoro del principe. Titoli, carte e memorie per il governo dello stato, catalogue de l’exposition, Turin, Archivio di Stato, mai-juin 1989, Turin, 1989, p. 79-81.
67 DSD, livre V. Cf. R. Comba, Les Decreta Sabaudiae d’Amédée VIII : un projet de société, et N. Bulst, La législation somptuaire d’Amedée VIII, tous deux dans Amédée VIII-Félix V... cit., p. 179-190, 191-200. Une comparaison plus urbaine et depuis peu disponible : La legislazione suntuaria. Secoli xiii-xvi. Umbria, M. G. Nico Ottaviani (éd.), Rome, 2005 (Pubblicazioni degli Archivi di Stato, 43).
68 Le dossier qui suit (DSD, fol. 154v.-157v.) est examiné en détail dans G. Castelnuovo, Société, politique et administration dans une principauté du bas moyen-âge. Les officiers savoyards et le Cheshire Cat, dans Les noms que l’on se donne. Processus identitaire, expérience commune, inscription publique, Paris, 2001, p. 121-136 ; cf. aussi G. Castelnuovo, Ufficiali... cit., p. 345-9.
69 Sur l’univers de cour en dernier G. Castelnuovo, « À la court »... cit.
70 DSD, fol. 155.
71 G. Castelnuovo, Cancellieri e segretari... cit., p. 293-295, 299-302 ; sur les transformations du xvie siècle C. Rosso, Una burocrazia... cit.
72 E. Mongiano, La cancelleria di un antipapa. Il Bollario di Felice V (Amedeo VIII di Savoia), Turin, 1988, p. 18-30 sur le bullaire de Félix V ainsi que sur ses registres en tant que cardinal légat (1449-1451), p. 100-121 sur le personnel lié à la chancellerie.
73 P. Duc. 74.
74 P. Duc. 412. Le registre parut tellement spécialisé aux archivistes des xviie-xviiie siècle qu’il changa de cote : AST, I, Segreteria interna provvedimenti sovrani, 8. Notons, d’ailleurs, que la première ambassade permanente date du règne de Louis, en 1460 : sur les ambassades et leurs ambassadeurs voir à présent les recherches d’E. Pibiri, Voyages et voyageurs... cit.
75 PC 53, du secrétaire De Clauso, un registre où se suivent divers actes raturés ou biffés, accompagnés de billets présentés sur des feuillets intégrés au protocole de travers, voire à l’envers.
76 C’est le cas de P. Duc. 3, du notaire Tribù, le protocole qui contient la liste des salaires de 1442 que nous avons mentionnée supra, n. 54. Cette liste est d’ailleurs présentée en annexe, le secrétaire se référant à un quaternus superior et retro inseritus (fol. 42). Ce registre très ramassé (moins de cinquante folios), contient une série de documents de 1444 à 1450, avec un ajout de 1456, concernant uniquement le monde des offices et de leur fiscalité.
77 PC 92.
78 P.Duc. 91 : dans le même ordre d’idées, le registre contient aussi nombre de confirmations de franchises urbaines.
79 Cf. supra, n. 54-60.
80 P. Rück, L’ordinamento... cit., p. 71-139.
81 Peter Rück a réussi a reconstituer l’ensemble des volumes de l’inventaire Balay, bien qu’une partie ne soit plus disponible aux Archives turinoises (Ibid., p. 76). Le Liber V fut publié par Max Bruchet, qui ignorait l’existence d’une série Balay : M. Bruchet, Inventaire partiel du Trésor des Chartes de Chambéry à l’époque d’Amédée VIII, dans Mémoires de l’Académie des sciences, Belles-lettres et arts de Savoie, 39, 1900, p. 185-457. L’inventaire Clairvaux se trouve aux Archives turinoises sous la cote AST, I, Inventari Antichi, Archivio ducale sabaudo, I, inventario Henri de Clairvaux.
82 Comme Peter Rück l’avait déja remarqué : P. Rück, L’ordinamento... cit., p. 74.
83 Contrairement au Bourbonnais, où les archives des comptes sont attentivement inventoriées dès le xve siècle (O. Mattéoni, La conservation et le classement des archives dans les chambres des comptes de la principauté bourbonnaise à la fin du Moyen Âge, dans P. Contamine, O. Mattéoni (éd.), La France des Principautés... cit., p. 65-81), la Savoie continue à privilégier avant tout sa crota thesauri, comme cela arrive aussi dans le royaume de France : P. Contamine, La mémoire... cit., p. 95-96 ; O. Guyotjeannin, Super omnes... cit., p. 112-114.
84 O. Guyotjeannin, Super omnes... cit., p. 109-110.
85 Claviger crote : c’est ainsi qu’Henri se présente dès la première page de son inventaire. Sur le profil social des deux secrétaires archivistes, P. Rück, L’ordinamento... cit., p. 61-63, 68-69.
86 Comparaison entre les deux tableaux syntétiques : Ibid., p. 80-85 (Balay), 116-124 (Clairvaux).
87 AST, I, Inventari Antichi, Archivio ducale sabaudo, I, inventario Henri de Clairvaux, I, 1 : papes, conciles et prélats (vol. 1) ; abbés, prévôts, prieurs (vol. 2) ; empereurs, rois et Dauphins (vol. 3) ; ducs et comtés d’Italie et d’Allemagne – villes – (vol. 4) ; princes et lignage de Savoie (vol. 5) ; marquis, comtes, princes et barons (vol. 6). Les volumes suivants sont organisés territorialement, bailliage par bailliage : Savoie et Bugey (vol. 7), Bresse et seigneurie de Villars (vol. 8), Chablais, Vallée d’Aoste, vidomnat de Genève et terre de Gex (vol. 9), Pays de Vaud (vol. 10), Genevois (vol. 11), Faucigny (vol. 12), terres du Piémont et de Nice (vol. 13).
88 P. Rück, L’ordinamento... cit., p. 130-139. Le dossier est traité plus amplement dans B. Andenmatten, G. Castelnuovo. Produzione e conservazione... cit.
89 Une comparaison dynamique avec le Bourbonnais : O. Mattéoni, La conservation... cit.
90 Le premier mémorial dans P. Duc. 91, fol. 332-333 ; le second est inséré dans un registre bien spécial qui contient une ample correspondance entre Amédée VIII, devenu Félix V, et son fils Louis, qui régit le duché de Savoie, bien que « sous influence » : Recueil des pièces relatives à l’alliance entre le duc Louis de Savoie et les Milanais, Archives d’Etat de Genève, Ms Hist. 159, ici fol. 207-208 (voir aussi la traduction-résumé de E.-H. Gaullieur, Correspondance du pape Félix V et de son fils Louis duc de Savoie, dans Archiv für Schweizerische Geschichte, 8, 1851, p. 325-326). Pour l’ensemble du dossier : A. Barbero, Il ducato... cit., p. 98-120.
91 PC 47, fol. 199-200, publié et commenté par G. Castelnuovo, Quels offices... cit., p. 23-29, édition p. 40-41.
92 PC 53, fol. 309-314v. ; il a été édité par F. Saraceno, Documenti inediti... cit., doc. V, p. 427-442, qui inverse l’ordre des documents ; le protocole commence par annoncer la nomination de Thomatis au poste de commissaire enquêteur (fol. 309-310v.), continue avec la liste des doléances et des propositions de l’officier (fol. 311-312, y compris le rescrit ducal) et se termine par une donation pécunaire en faveur du même Thomatis (fol. 314-314v.).
93 Sur les carrières de ces trois officiers, L. Marini, Savoiardi e Piemontesi... cit, p. 24-25, 75 (lignage des Thomatis), 52, 60-63 (Cerrati) ; G. Castelnuovo, Ufficiali... cit., p. 175-176 (Thomatis) ; G. Castelnuovo, Quels offices... cit., p. 19-23 (Rosset et Cerrati).
94 Seule exception partielle, le second mémorial de Cerrati, situé dans un registre à vocation diplomatique, très probablement issu de la chancellerie d’Amédée VIII devenu Félix V (E. Mongiano, La cancelleria... cit., p. 19) – ce qui expliquerait sa conservation genevoise et non turinoise –, et qui est placé au milieu d’autres lettres et documents diplomatiques concernant la guerre entreprise par le duc Louis contre le Milanais : A. Barbero, Il ducato... cit., p. 279, n. 2.
95 C’est le cas, par exemple, du dossier de Thomatis dans PC 53, supra, n. 75, 92.
96 C’est ce qui est écrit, presque dans le même temps, entre 1463 et 1481, dans une sorte de questio disputata anonyme et fortement idéologique, publiée par P. Contamine, « An officiandi regis sint multiplicandi ». Une réflexion scolastique sur la nature et les limites de la puissance du roi de France à la fin du Moyen Âge, à propos des officiers de sa chambre des comptes, dans Les Chambres des Comptes... cit., p. 19-28, cit. p. 25.
97 Philippe de Commynes, Mémoires, éd. A. Pauphillet, Paris, 1952, p. 1163.
98 P. Du Bois, Chronique de la Maison de Challant, éd. O. Zanolli, dans Archivium Augustanum, 4, 1970, p. 1-136, cit. p. 19, 35. Cf. G. Castelnuovo, Un idéal nobiliaire dans la Savoie du xve siècle : la Chronique de la Maison de Challant, dans Mélanges de l’École française de Rome. Moyen Âge, 2006, p. 719-779, part. 764-773.
99 Sur ces silences administratifs et ’officiels’ des chroniqueurs princiers, A. Meynet, Princes et société dans les chroniques de Savoie (Cabaret, Servion, Dupin), mémoire de maîtrise, Université de Savoie, 1998-1999 ; G. Castelnuovo, Nobles des champs... cit.
100 Cf. B. Andenmatten, G. Castelnuovo. Produzione e conservazione... cit.
101 Ce mémorial fut publié en introduction à Perrinet Dupin, Chroniques de Savoie, éd. F. E. Bollati, Turin, 1893, p. 8-28 ; il a fait l’objet d’une édition plus récente : D. Chaubet, Une enquête historique en Savoie au xve siècle, dans Journal des Savants, 1984, p. 93-125, item 55, p. 121.
102 Documents publiés par F. Bollati dans son introduction à Jean Servion, Gestes et chroniques de la Maison de Savoye, éd. F. E. Bollati, Turin, 1870, p. XXXV-XXXVI et n. ; l’activité de Dupin est traitée dans A. Barbero, Il ducato... cit., p. 184-196 et 307-310 (notes) part. p. 186, 308 ; cf. aussi G. Castelnuovo, Nobles des champs... cit.
103 Sur l’historiographie savoyarde du bas Moyen Âge, outre les travaux cités supra, n. 99, 101, 102, A. Perret, Chroniqueurs et historiographes de la royale Maison de Savoie aux xve et xvie siècles, dans Culture et pouvoir au temps de l’Humanisme et de la Renaissance, Genève – Paris, 1978, p. 123-134 ; D. Chaubet, Amédée VIII et l’historiographie savoyarde des xve et xvie siècles, dans Amédée VIII-Félix V... cit., p. 63-70 ; A. Barbero, Corti e storiografia di corte nel Piemonte tardomedievale, in Piemonte medievale. Forme del potere e della società. Studi in onore di Giovanni Tabacco, Turin, 1985, p. 249-277 ; L. Ripart, Le mythe des origines saxonnes des princes de Savoie, dans Razo, Cahiers du Centre d’Études Médiévales de Nice, 12, 1992, p. 147-161 ; Id., L’anneau de saint Maurice, dans Héraldique et emblématique de la Maison de Savoie, B. Andenmatten, A. Vadon, A. Paravicini Bagliani (éd.), Lausanne, 1994, p. 45-91. D. Chaubet, L’historiographie savoyarde, Genève, 1995.
104 Sur la double question du droit de consultation et du niveau d’utilisation des actes de la pratique et des écritures administratives par les chroniqueurs princiers, la discussion historiographique ne fait en Savoie que commencer : A. Perret, Chroniqueurs... cit., p. 123 ; D. Chaubet, Une enquête... cit., p. 97-100 ; L. Ripart, L’anneau... cit., p. 123 ; A. Barbero, Il ducato... cit., p. 192-193 ; G. Castelnuovo, Nobles des champs... cit.
105 Il s’agit du « memorial des instruccions necessaires a Perrinet Dupin pour les Cronicquez de Savoye touchans les faiz notre Saint Pere » cité supra, n. 101 ; D. Chaubet, Une enquête... cit., p. 104, 121.
106 La lettre de Perrinet à sa patronne et mécène, Yolande de France, duchesse de Savoie, est publiée par Bollati dans Perrinet Dupin, Chroniques... cit., p. 3-7, cit. ; cf. A. Barbero, Il ducato... cit., p. 192-194.
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