De la catholicité post-tridentine à la République romaine
Splendeurs et misères des intellectuels courtisans
p. 171-208
Texte intégral
1L’un des paradoxes de Rome, dans l’histoire moderne, regarde le rapport, sans doute assez original en Italie, entre l’abondance des sources – la richesse des fonds romains finit même par constituer un véritable handicap – et la faiblesse du nombre des travaux qui lui ont été consacrés.
2Pour nombre de questions qui nous concernent ici, peu d’études sont, en effet, disponibles. La dernière décennie a cependant été marquée par d’importantes mutations du paysage historiographique, qui ont déjà porté leurs premiers fruits à propos des structures étatiques tant à l’échelle centrale que du point de vue de la bureaucratie, à propos de la noblesse, du patronage, des rapports entre politique et religion, des formes des rituels et des liturgies politiques1. En fait, dans les dernières années, on a assisté à l’éclosion d’une production notable qui a permis de « défier » le silence historiographique relatif à Rome, et de prendre des distances vis-à-vis des préjugés d’origine libérale et « post-risorgimentale » comme de l’apologétique catholique. Ces nouvelles recherches se sont en outre nourries des résultats des récents débats sur la nature et la complexe formation de l’État moderne, qui ont mis en œuvre de nouvelles approches méthodologiques et des catégories conceptuelles empruntées aux sciences sociales (sociologie et anthropologie principalement), contribuant ainsi à la mise en question des typologies et modèles déjà consolidés2.
3Pris entre l’abondance des sources et les lacunes de l’historiographie, le groupe de recherche sur Rome3 a fait le choix d’une approche analytique des milieux intellectuels, susceptible de rendre compte des caractères propres de la romanité tout en essayant de répondre aux exigences d’une démarche comparative. Si l’accent a volontairement été mis sur la question des rapports entre milieux intellectuels et pouvoirs, c’est à partir de deux constats qui fondent sans doute la spécificité de Rome par rapport à d’autres villes italiennes :
le caractère déterminant du cadre politique – l’État pontifical – non seulement en termes institutionnels (besoins de personnels aux compétences particulières dans les différents types de postes liés à la double gestion temporelle et spirituelle d’un état dont la place sur l’échiquier politique européen se transforme profondément entre la fin du xvie et la fin du xviiie siècle), mais aussi à cause des rapports spécifiques entre intellectuels et pouvoir que peut induire la nature même du pouvoir pontifical. De fait, une première spécificité du cadre romain réside dans le poids numérique des clercs, au cœur de ce milieu intellectuel, ainsi que dans son caractère très fortement international, ou du moins, suprarégional et supranational.
le polycentrisme culturel lié à la présence des cours cardinalices comme à celle de grosses ambassades et/ou de princes étrangers4, ainsi qu’aux sièges des ordres religieux, d’où la surconcentration des salons, cabinets, bibliothèques, qui dérivent de ce mode polycentrique d’organisation des pouvoirs. Gérer concrètement ce polycentrisme aurait signifié nous lancer dans un fichage des agrégations intellectuelles que la multiplicité des sources rend impossible dans le cadre de ce projet5. Au-delà de ces contingences matérielles, notre choix, dans l’élaboration du dossier collectif, a été de travailler de manière plus sélective, en interrogeant la forme académique en tant que lieu privilégié d’appréhension des milieux intellectuels, dans quelques moments clé et à travers quelques situations précises. En concentrant la recherche sur les académies, on a aussi cherché à engager la réflexion sur la complexité des rapports entre individus et institutions : d’une part, en tant que structure organisée, codifiée par des règles, l’académie procure aux individus qui la composent les moyens d’intégrer une identité collective, susceptible d’ouvrir un conflit entre la représentation que les intellectuels se font de cette identité collective et les contraintes émanant des normes imposées par la structure. D’autre part, chaque individu mobilise les ressources de l’institution, voire celles du polycentrisme institutionnel6, selon des stratégies individuelles, au risque d’un affaiblissement, voire au détriment, de l’identité collective. De ce point de vue, une approche de type micro-historique, mise en œuvre dans les études de cas qui jalonnent ce texte7, permet d’éclairer la complexité du jeu de l’échange qui se construit entre l’individu et l’institution.
4Dans cette démarche analytique que nous avons choisie, la question du traitement de la longue durée n’a pas été sans poser problème : il est clair que la Rome du xviiie siècle n’est plus celle d’Urbain VIII, qui déjà ne ressemble plus à celle de Grégoire XIII. Au cours de ces deux siècles, les mutations qui affectent l’espace urbain accompagnent celles qui concernent la société. La formule « État pontifical » à laquelle nous avons recours, pour être très commode, n’en recouvre pas moins des réalités politiques extrêmement diverses et nuancées, que ce travail prend en compte, notamment par le biais du va-et-vient entre approche globale et études de cas.
5En outre la position de l’État pontifical sur l’échiquier européen a subi d’importantes mutations au cours de ces deux siècles. Incontestablement, de grandes césures chronologiques qui correspondent à une histoire très largement européenne – de ce point de vue, la nature même de la ville, capitale politique et spirituelle, est totalement déterminante – jouent un rôle majeur dans la structuration, la position et le fonctionnement des milieux intellectuels romains. Scandant cette période, on devra au moins distinguer le Concile de Trente, qui constitue le terminus a quo de ce travail, puis la césure du milieu du xviie siècle, à la suite du traité de Westphalie, qui consacre la perte du rôle politique international de la papauté et la mise en place d’une stratégie tendant à la valorisation de sa fonction spirituelle et universaliste, enfin l’ère des révolutions et de la République Romaine.
6Entre l’entrée dans l’ère de la catholicité post-tridentine et la fin de l’Ancien Régime, les milieux intellectuels romains ne sont plus les mêmes et on cherchera ici à proposer des modèles interprétatifs des structurations conjoncturelles de leurs identités.
DÉMOGRAPHIE ET STRUCTURES SOCIALES
7L’analyse des milieux intellectuels romains doit être comprise à l’intérieur d’un espace urbain qui se caractérise en premier lieu par sa topographie, par ses formes, par ses couleurs : il ne s’agit pas simplement ici de dresser le décor, mais, dans le sillage des témoignages de l’époque moderne, de prendre acte des caractéristiques d’un tissu urbain en profonde mutation entre xvie et xviiie siècle, marqué par la présence massive du substrat architectural et monumental de la Rome antique et par les grandes opérations d’aménagement urbain du baroque8, aussi bien dans l’habitat individuel que dans les espaces collectifs ou dans les monuments. C’est dans ce tissu urbain qu’il faut dessiner la carte qui donne une visibilité, non uniquement métaphorique, à ces milieux intellectuels ainsi qu’à leur structuration.
8Sur le plan démographique, on dispose d’éléments qui, soit repris directement des sources, soit empruntés aux différents travaux disponibles sur le sujet, doivent être maniés avec précaution notamment à cause des variations de population pendant les années saintes. Le nombre total d’habitants de la ville croît régulièrement pendant la période étudiée : d’environ 109 000 dans les années 1600-1619, la population passe à 116 000 dans les années 1640-1659, 136 000 pour les années 1700-1719, 152 000 dans les années 1740-1759, 163 000 dans les années 1780-1799. Certes, la population ne cesse de croître, mais le taux de croissance est non seulement modeste mais en diminution au cours de la période, passant de 0,4 % par an pour les années 1599-1699, à 0,28 % dans les années 1703-1749, finalement à 0,18 % pour les années 1753-1796, taux probablement inférieur à la moyenne italienne, ainsi qu’à celui des provinces pontificales9.
9Le sex ratio est particulièrement déséquilibré avec une sur-représentation masculine, en nette diminution tout au long de notre période : si, dans les années 1600-1619, on compte à Rome 60,8 femmes pour 100 hommes, dans les années 1640-1659, le rapport monte à 69,8, puis à 72,4 dans les années 1700-1719, 78,9 pour les années 1740-1759, et 82,5 dans les années 1780-179910. Dans les autres villes italiennes – Bologne, Turin, Milan, Naples –, la prévalence numérique est au contraire féminine. Cette caractéristique de la structure démographique romaine explique que le taux de natalité reste inférieur à celui des autres villes italiennes, à l’exception de Venise11.
10À cette spécificité s’ajoutent celles liées aux fonctions religieuses d’une ville qui accueille régulièrement des flux de pèlerins12. Ajoutés aux voyageurs des « tours », ils accroissent de manière considérable la population de la ville : le nombre annuel d’étrangers oscille entre 1 000 et 2 000 au xviiie siècle13.
11En outre, la présence constante et continue, dans la cité, de non catholiques et de juifs, ces derniers concentrés dans l’un des ghettos les plus anciens et les plus peuplés de toute l’Italie, constitue une donnée non négligeable, non seulement au plan démographique, mais aussi au plan culturel14.
12En termes de composition sociale, le statut de capitale religieuse explique une double caractérisation de la ville : cléricale (importance des couvents, des collèges religieux, des maisons mères des anciens et nouveaux ordres de la contre-réforme)15 et masculine (domesticités des cours16, immigration des travailleurs saisonniers17, poids du célibat des laïcs, afflux de touristes hommes). L’image d’une ville de curés, soulignée par de nombreux voyageurs, avec sans doute beaucoup d’excès, – qu’on pense à De Brosses qui estimait qu’un quart de la population était composé de membres du clergé18 –, se fonde aussi sur un usage, répandu parmi de nombreux laïcs, curiaux, employés, avocats, médecins, notaires, hommes de lettres, de porter un habit ecclésiastique du fait de la plus grande considération sociale offerte par le statut clérical. « I cittadini che non sono preti, non sanno resistere alla tentazione di vestir da preti », écrivait un observateur de la fin du xviiie siècle19, siècle qui a sans doute vu une amplification de ce phénomène par rapport à la période précédent. En tout état de cause, la question reste posée de savoir si, et de quelle manière, le choix vestimentaire a pu influer sur la perception de soi et l’autoreprésentation des intellectuels et si il a contribué au processus de « curialisation » du savoir au cours de la période étudiée. Face à cette impression d’une forte « cléricalité » de Rome provenant de ce « piège optique » lié à l’habit, les données démographiques soulignent un pourcentage de clercs (réguliers et séculiers) oscillant entre 6,7 et 7,5 % de la population entre 1696 et 1740, soit un clerc pour 15-16 habitants. Ce pourcentage recule ensuite régulièrement jusqu’à la fin du siècle, pour atteindre 3,5 % en 1796. On est donc assurément confronté à un poids élevé par rapport à celui des autres villes italiennes, mais dont il faut souligner la nette tendance au déclin tout au long du xviiie siècle comme partout ailleurs, ce qui contribue ainsi à rapprocher la réalité romaine de celle des autres villes. Le rapport entre clergé régulier et séculier tend à se rééquilibrer au profit du second. Quant aux religieuses, leur nombre est lui aussi en baisse, tout en restant faible par rapport à la population féminine totale (2-3 %)20.
13Enfin, troisième caractéristique sociale de Rome : le poids des familles aristocratiques, baronniales ou issues du patriciat urbain, dont certaines donnent des papes à Rome et qui, quoi qu’il en soit, ont toujours des parents dans la prélature ou au Sacré Collège, tirant des rapports de parentèle avec la hiérarchie ecclésiastique non seulement prestige et influence, mais aussi richesses et ressources financières : d’où la force du lien entre milieu curial et aristocratie, qui se reflète fortement sur l’organisation et la composition sociale des groupes intellectuels. Bien que la définition même de l’aristocratie, et en particulier de l’aristocratie urbaine, soit, pour Rome, assez problématique, d’après la liste établie par Teodoro Amayden sur la base de critères assez larges, en 1640, on compte 215 familles romaines nobles, parmi lesquelles 116 sont présentes dans la ville depuis plus d’un siècle, et 17 appartiennent à l’aristocratie baronniale et papale21. Un siècle plus tard, en 1746, à la suite de la redéfinition de la noblesse romaine imposée par Benoît XIV, 187 familles inscrites dans le Libro d’oro, qui ne comprend pas pourtant la haute aristocratie des princes et des ducs, sont classées dans la catégorie des « nobiles romani » et 60, dans la catégorie beaucoup plus exclusive des « nobiles romani conscripti a Pontifice designati »22.
14Parmi ces 60 constituant l’élite, presque tous sont marquis, les autres, comtes. Tous ont un palais, certains deux, des propriétés à l’intérieur des murs, beaucoup des terres et des villas hors de la cité. Mais c’est évidemment la haute aristocratie, celle qui ne figure pas sur la liste du pape, qui concentre, outre la majeure partie des richesses, les palais de la ville, ceux qui sont d’une importance capitale du point de vue architectural et culturel, avec leurs bibliothèques, leurs galeries, leurs collections artistiques, leurs cabinets scientifiques.
INFRASTRUCTURES INTELLECTUELLES ET CULTURELLES
15L’Urbs peut aussi être appréhendée à partir de ses « infrastructures intellectuelles et culturelles » dont les caractéristiques dépendent largement de la structure sociale et de l’organisation des pouvoirs. Le poids des structures d’enseignement, la variété des lieux de sociabilité ne seront que suggérés dans les pages qui suivent et si l’on n’a pas réservé une place spécifique aux académies dans l’établissement de cette liste, c’est principalement parce qu’elles font l’objet de notre réflexion tout au long de ce texte23. Chacun des espaces évoqués ici mériterait des études propres qui n’existent encore que trop rarement pour Rome. C’est le cas du système postal, indispensable à une circulation rapide des informations. Certes, on peut dire que, capitale de l’État pontifical, Rome jouit d’un réseau d’une grande efficacité, dont poste et relais d’ambassades sont les deux principaux éléments, ce qui fait affluer l’information et circuler les idées avec une grande célérité. Mais pour mesurer plus précisément cette efficacité, il serait nécessaire d’organiser de nouvelles recherches24.
L’Université
16Rome n’hérite pas d’une grande tradition universitaire médiévale, même si l’Université de la Sapienza25 fait régulièrement, à l’époque moderne, l’objet de l’attention pontificale26.
17En termes d’effectifs, on dispose de peu de travaux, ce qui rend les données chiffrées difficilement accessibles : le nombre de docteurs in utroque jure passe de 40 à 185 en 1633, pour retomber à 100 dans les années suivantes. Au total et malgré les différentes entreprises de modernisation et la bonne réputation de la faculté de médecine27, le nombre des inscrits est resté parmi les plus bas de toute l’Europe (101 étudiants en jurisprudence, 21 en médecine, 18 pour les autres disciplines). En 1773-74, le total des étudiants est de 184, parmi lesquels 125 en jurisprudence et 19 en médecine. L’attractivité de la filière juridique doit être mise en corrélation avec les possibilités de carrières dans l’administration de l’État et en Curie, de même qu’à l’obligation, imposée par Benoît XIV aux prélats, aux avocats, aux curialistes de la Rota, d’être bacheliers. À différentes reprises, on a tenté d’étendre cette obligation à tous les curialistes et prélats domestiques. Ainsi ce grade universitaire apparaissait non seulement indispensable pour tous ceux qui s’engageaient dans la carrière juridique28, mais aussi pour tous ceux qui choisissaient la voie de l’érudition et de l’antiquaria29.
18Au total, la Sapienza représente une tradition intellectuelle qui n’a pas le caractère glorieux de Padoue ou Bologne, mais qui est importante à l’époque moderne, pour la formation théologique et juridique. La dépendance à l’égard du politique, ici comme dans les autres universités européennes, y est marquée : elle interdit à cette institution de jouer un rôle culturel autonome et en fait un des lieux d’expression d’une identité intellectuelle tendue vers la carrière curiale.
Les collèges
19Les collèges complètent avantageusement la Sapienza, conférant à la ville un dispositif d’enseignement dont l’analyse d’ensemble reste à faire, mais qui se présente comme particulièrement riche. Outre les collèges pour étudiants, fondés au xve siècle, dans une tradition très largement européenne30, il faut surtout noter ceux des différents ordres réguliers ou séculiers.
20Le plus important est assurément le prestigieux Collegio Romano31 de la Compagnie de Jésus, qui accueille plus de mille étudiants dans les dernières années du xvie siècle, et qui se pose rapidement en concurrent direct de la Sapienza, du fait de son privilège de collation des grades en théologie et philosophie. Lieu principal d’élaboration de l’ambitieux programme des études, la Ratio studiorum, qui non seulement servira de modèle à tous les autres collèges de l’ordre, mais inspirera aussi toutes les institutions éducatives de l’Europe moderne, vitrine de l’activité intellectuelle de la Compagnie, le Collegio Romano, implanté au cœur de la Rome baroque, compte parmi ses professeurs, depuis C. Clavius entre 1560 et 1610, jusqu’à R. Boscovich, au siècle des Lumières, les représentants les plus illustres d’une culture jésuite productive et inscrite de plain-pied dans les différents réseaux de la sociabilité intellectuelle romaine32. C’est aussi l’établissement dans lequel se forment les plus importants représentants de l’aristocratie et des élites romaines jusqu’au milieu du xviie siècle. Dans sa capacité à attirer les élites sociales, le Collegio Clementino, fondé par Clément VIII en 1596, joue lui aussi un rôle notable sinon majeur tout au long du siècle suivant.
21Les autres ordres religieux offrent aussi à l’Urbs des collèges pour les jeunes laïcs ou pour les leurs, dont une étude d’ensemble reste à faire33. Le fait que nombre de ces collèges sont spécifiquement destinés à des « nations étrangères » (question de la formation des clergés nationaux, notamment ceux des marges de la catholicité et des terres de missions34), fait de ces établissements un des éléments les plus importants des infrastructures intellectuelles de la cité. À Rome, la présence d’étudiants, de professeurs étrangers est moins le fait de l’université (comme c’est plus généralement le cas ailleurs) que de ces établissements tenus par les jésuites, les oratoriens, les scolopes, les minimes. Incontestablement, la présence de ces établissements et de ces étudiants étrangers contribue à la circulation et à l’échange des idées et des livres tant au niveau de la péninsule qu’à l’échelle européenne35.
Les bibliothèques
22Autre dimension sans doute essentielle de ces équipements intellectuels romains : les bibliothèques, « publiques » et « privées »36, d’une richesse exceptionnelle, et en premier lieu, la bibliothèque Vaticane, dont il ne s’agit pas de faire l’histoire, ni du point de vue de la constitution des collections, ni en termes d’histoire du livre37. L’importance de la Vaticane, dans l’analyse de l’outillage intellectuel de Rome, ne se décline pas seulement en termes classiques (nombre d’ouvrages, de manuscrits, éditions rares, lecteurs, etc.), mais aussi à partir de son caractère dynamisant sur la constitution d’autres bibliothèques, sur la formation de la figure du letterato, dans sa double dimension de professionnel (le bibliothécaire) et de dilettante (le bibliophile). Sur le premier point, il est intéressant de constater que tous ceux qui ont joué un rôle dans l’administration et la gestion de la Vaticane au moins jusqu’à la fin du xviie siècle38 sont eux-mêmes possesseurs d’importantes bibliothèques. Et inversement, deviennent custodi de la Vaticane, des personnages déjà responsables de grosses bibliothèques « privées »39.
23Sur le second point, la charge de bibliothécaire a en général permis de renforcer, voire d’asseoir, l’autorité de certains intellectuels, – c’est le cas des custodi vaticani comme L. Allacci40 ou L. Olstenius –, et celle du cardinal en charge de la bibliothèque renforce l’image de l’aristocrate lettré : ces nominations, correspondant souvent, au xviie siècle, à celles du cardinal-neveu, constituent l’un des éléments de la politique culturelle d’un pontificat, comme en témoigne l’exemple de Francesco Barberini41.
24Outre la Vaticane, les bibliothèques de certains collèges abritent d’importantes collections d’ouvrages ou de manuscrits : bibliothèque de la Sapienza42, du Collegio Romano, Angelica et Vallicelliana, pour ne citer que les plus importantes. Celles-ci regroupent des fonds numériquement importants, continuent à se développer tout au long de la période qui nous concerne, grâce, en particulier, aux dons de certains gros bienfaiteurs : c’est le cas d’Alexandre VII pour la Sapienza43.
25À ces bibliothèques universitaires s’ajoute la forêt des bibliothèques des particuliers, dont l’importance est loin d’avoir été totalement explorée44 : à partir des descriptions éditées aux xviie et xviiie siècles45, on peut dénombrer un total de plus de 150 bibliothèques dont l’existence est attestée au moins une partie du siècle46.
26Dans les ouvrages de l’époque, les descriptions assez sommaires des bibliothèques présentées sont parfois accompagnées de données chiffrées qui constituent un bon indicateur de la valeur de cet équipement culturel de la Rome moderne : on parle des plus de 40 000 volumes de Francesco Barberini, ou des 8 000 volumes de Felice Contelori, en droit et sciences notamment. Dans la description de Rome de 166447, il est question des 7 000 livres de Ciampini et, dans l’Eusevologio de 169848, on cite les 24 000 volumes du cardinal Giuseppe Renato Imperiali, dans son palais de Piazza Colonna (le catalogue en fut rédigé ultérieurement par G. Fontanini49). Au xviiie siècle, les bibliothèques « privées » les plus riches sont encore celles des cardinaux : la Corsiniana, imposante avec ses plus de 40 000 volumes, ouverte au public en 1754 ; celle de D. Passionei, reversée ultérieurement dans le fonds de l’Angelica ; celle d’Alessandro Albani, dont Winckelmann fut le bibliothécaire ; celle du cardinal Garampi, avec environ 40 000 volumes, dont le catalogue partiel compte cinq volumes. Toutes ces bibliothèques sont riches en manuscrits, incunables, etc. Par le capital intellectuel et symbolique qu’elles représentent, elles contribuent à de complexes processus sociaux au sein de la communauté intellectuelle et elles imposent progressivement la figure du bibliothécaire comme professionnel50. Parallèlement, leur concentration dans la ville pontificale constitue un élément de forte attraction à l’échelle européenne, comme en témoignent les récits des voyageurs.
27L’analyse quantitative doit aussi s’accompagner d’une analyse qualitative, essentielle pour notre époque : nombre de ces bibliothèques sont signalées pour les manuscrits qu’elles abritent, les éditions rares, etc. À l’époque où la circulation du livre imprimé est loin d’avoir remplacé toutes les autres formes de circulation d’écrits, cette donnée est essentielle et explique toujours l’attraction qu’elles exercent sur les lecteurs étrangers. Faut-il le rappeler, l’intérêt de ces bibliothèques est d’autant plus grand que, pour la majorité d’entre elles, elles sont accessibles aux lecteurs qui ne se réduisent pas au cercle étroit des seuls amis du Prince ou des seuls élèves des couvents.
28À partir des descriptions sommaires de l’époque moderne, il est assez difficile d’évaluer avec précision la structure de ces bibliothèques, même si la grande tendance qui se dégage des différentes allusions est celle de l’érudition sacrée et du droit. Il serait pourtant faux de considérer que la Rome pontificale est seule intéressée par les matières religieuses ou le droit ecclésiastique ou l’histoire de l’Église. À cet égard, les mentions de fonds scientifiques ne manquent pas d’intérêt51.
29Une étude systématique des catalogues de bibliothèques du xviiie siècle, en particulier des bibliothèques de cardinaux, serait à mener (on pourrait s’appuyer aisément sur les catalogues édités, souvent réalisés en vue de ventes) : on y ferait sans doute un certain nombre de découvertes. Ces catalogues portent la mémoire du passage d’une culture de l’âge de la contre-réforme à celle de l’âge des Lumières, caractérisée par l’intérêt d’une part pour la science, et d’autre part pour l’érudition et la critique historique52. Ainsi, le catalogue en 5 volumes de la bibliothèque du cardinal Garampi (1725-1792), publié par De Romanis en 1795-9653, et qui rend compte de la moitié des livres de Garampi, révèle une classification selon 5 catégories : théologie, jurisprudence, philosophie, littérature et sciences, parmi lesquelles le plus riche fonds était celui de l’histoire. On y retrouvait aussi des auteurs protestants comme la plupart des grands auteurs français des Lumières54.
30La présence dans Rome de ces grandes bibliothèques correspond aux caractéristiques de la ville qui ont été notées plus haut : les concentrations religieuse et aristocratique, toutes deux liées à l’État pontifical. Donc un niveau de richesse qui permet aussi l’accumulation de ces biens culturels et qui explique les autres : collections artistiques, antiquités, cabinets de curiosités, collections d’instruments scientifiques. Mais les livres et l’édition en général répondent, à Rome, à une finalité plus large par rapport aux intérêts individuels d’érudition et de bibliographie, voire de carrière : ceux-ci occupent une place centrale dans la stratégie politique des hiérarchies au pouvoir, qui se sont servies avec beaucoup d’efficacité aussi bien de la circulation imprimée que du système d’organisation institutionnelle des intellectuels pour la propagande philo-romaine et l’apologétique catholique. Surtout, au cours du xviiie siècle, dans la phase la plus aiguë de crise internationale de la papauté et de l’État pontifical, la stimulation de la production imprimée, y compris financée ou du moins impulsée par le haut, des traductions et de la presse, semble avoir été dirigée en vue de la constitution d’une « république des lettres » de sensibilité « zelante », mise au service du Saint Siège et de la défense du primat du pape55. La culture et son organisation ont donc une fonction militante d’instruments centraux de la propagande catholique romaine.
Autres équipements culturels et scientifiques
31Aussi déterminantes que les bibliothèques pour comprendre l’importance intellectuelle et culturelle de la Rome moderne, les collections ont fait l’objet de nombreux travaux notamment de la part des historiens de l’art56. Les enquêtes ont autant porté sur la nature et l’histoire des collections que sur les rapports de patronage ou l’émergence de nouvelles identités professionnelles57. Les spécificités historiques (capitale de l’Empire romain) et sociales (présence massive de princes de l’Église susceptibles de constituer d’importantes collections58) de Rome, déjà évoquées ici, expliquent l’importance numérique des musées, spécialisés dans l’art : G. P. Bellori en dénombre plus de cent cinquante au milieu du xviie siècle dont l’écrasante majorité se compose de tableaux, d’antiques, de médailles et de camées59. Ce chiffre permet de prendre la mesure de ce qui doit sans doute encore être considéré comme une spécificité romaine ou qui, du moins dans une perspective comparative, permet de préciser l’échelle à laquelle on se situe.
32S’inscrivant d’abord dans les logiques du collectionnisme, certains musées appartenant à des particuliers ou à des institutions, abritent aussi curiosités, plantes ou pierres, instruments scientifiques, comme le fameux musée du Collegio Romano, sous la responsabilité d’A. Kircher60. L’histoire reste encore à écrire de la transformation de ces lieux en espaces de travail, du passage du musée au laboratoire. Il est moins question ici de le faire que de souligner de quelle manière les collections scientifiques, jardins botaniques ou observatoires complètent, dans le dispositif matériel romain, les bibliothèques ou d’autres lieux de sociabilité comme les académies61 ou les collèges. On pourra formuler l’hypothèse que la position de Rome comme Caput Mundi offre à ces collections scientifiques des espaces de prospections d’envergure planétaire : c’est ce que dit le musée de Kircher, dont les contacts dépassent largement les frontières de l’Europe, c’est ce que rappellent les collections conservées au Collegio de Propaganda Fide, en cours d’étude62.
L’édition
33Autre facteur de dynamisme culturel et intellectuel, l’édition et la présence d’éditeurs particulièrement nombreux à Rome. S’il est impossible à ce jour de s’appuyer sur une synthèse sur cette question, on peut, à partir de l’ouvrage de S. Franchi63, tenter une première approche. En plus des torchi les plus célèbres, comme ceux des Pagliarini, des De Rossi, des Fulgoni, des Puccinelli, des Giunchi, des Barbiellini, des Lazzarini, des Salvioni, de Zempel, de Antonio De Rossi, de la dynastie des Chracas, les petites typographies prolifèrent, en particulier dans le quartier spécialisé de Parione64.
34D’autre part, il faut compter avec le rôle de l’imprimerie polyglotte de la Propaganda65, ou avec les liens entre la Sapienza ou le Collegio Romano66 et l’édition spécialisée. Le dynamisme de l’édition doit en particulier à l’existence d’institutions religieuses spécifiquement attachées à l’évangélisation ou à la conversion, au sein d’une Église dont la vocation se définit comme universelle, ce qui donne lieu à une circulation du livre liée à des réalités culturelles et linguistiques différentes, ainsi qu’à à la mise en place de la formation professionnelle de spécialistes et techniciens, venant le plus souvent de communautés non catholiques, et nouvellement convertis67.
35Il est clair aussi que toute analyse du marché éditorial romain doit tenir compte de la fonction de la censure exercée par la Congrégation de l’Index68, du rôle de la Congrégation du Saint-Office et de figures institutionnelles aussi centrales que celle du Maestro del Sacro Palazzo. La double présence à Rome de la Congrégation de l’Index et de celle de l’Inquisition69 a largement contribué au mythe de la Rome obscurantiste, notamment après l’affaire Galilée. Il faut cependant aussi considérer de quelle manière ces institutions de contrôle intellectuel ont pu s’appuyer sur la présence, dans l’Urbs, d’hommes compétents et susceptibles d’accroître leur efficacité : la fonction de consulteur mobilise massivement des hommes qui sont professeurs à l’Université ou qui enseignent dans les collèges, c’est-à-dire des individus qui sont aussi partie prenante dans la vie culturelle de Rome, des acteurs souvent de premier plan. Ce qui, à l’inverse, invite à considérer les limites qu’eux-mêmes peuvent poser au fonctionnement de ces institutions. Autant d’éléments qui suggèrent un autre type d’approche de ces institutions, qui en soulignerait moins le caractère exceptionnel et singulier en tant qu’agents de répression, que leur pleine inscription dans un système culturel fondé sur une logique de contrôle et de contournement.
36Reste que seule une étude précise de la production permettra de faire le point sur cette question, qui doit aussi prendre en compte celle de la diffusion des livres dans la ville pontificale70. Le caractère international de la ville, sur lequel on a déjà insisté, facilite la circulation des livres, à travers les ambassades, les touristes étrangers, les courriers diplomatiques, qui font aussi passer les titres interdits entre les filets tendus par la censure et la douane. En outre, la Congrégation de l’Index peut elle-même devenir, involontairement, une propagatrice des livres dangereux, alors que les autorisations de lecture des livres interdits, délivrées par le Maestro del Sacro Palazzo, sont fréquentes pour les aristocrates et les intellectuels. À Rome, donc, on publie beaucoup et les livres circulent, même si le lectorat reste numériquement faible et socialement limité : le public laïc, aristocratique ou bourgeois, est peu nombreux tout au long de la période qui nous occupe.
Presse et périodiques
37Dernier élément à appréhender dans cette approche globale des infrastructures, élément décisif à partir de la seconde moitié du xviie siècle, la presse71 : depuis la précoce et riche expérience du Giornale de’ Letterati, on assiste à une relative vitalité de la vie journalistique qui se traduit dans la multiplication des titres72. On retiendra, outre la précocité de la naissance à Rome même du premier journal littéraire italien, Il Giornale de’ Letterati en 1668, le chiffre élevé de titres qui se concentre dans la ville entre la fin du xviie et la fin du xviiie siècle – aboutissant dans les trente dernières années du xviiie siècle à leur publication simultanée –, la longévité, sur parfois plus de deux décennies, de certains titres. La production journalistique romaine traverse les dernières décennies de la contre-réforme, toute la période des Lumières et de la Révolution, en se montrant perméable aux grandes transformations culturelles, religieuses et politiques des 150 ans écoulés. Un phénomène significatif de la tentative opérée à travers les périodiques de réinsérer la culture romaine au cœur d’une république les lettres d’envergure européenne, réside dans la valorisation de la science. Le débat central sur science et technique modernes et sur leur utilité dans l’optique d’une « pubblica felicità » permet notamment de reconsidérer le stéréotype, hérité de la polémique des Lumières et amplifié par l’anticléricalisme du xixe siècle, sur le caractère retardataire du débat scientifique à Rome et invite à poser dans des termes plus subtils la question du complexe équilibre entre science, politique et foi. D’autre part, l’importance accordée à la science par le journalisme romain renvoie à un aspect significatif du rapport de dépendance réciproque entre culture et pouvoir politique (qui nous intéresse particulièrement ici), selon deux directions : à la fois en termes de relations étroites qui se nouent entre les érudits rédacteurs des périodiques et les différents centres du pouvoir romain, et en termes d’utilisation à des fins apologétiques et politiques, par les institutions ecclésiastiques, de la « science » en tant que ressource idéologique clairement destinée à la reconquête catholique. Enfin, la science, et avec elle, plus tard et plus nettement encore, l’économie, représentent les champs du savoir dans lesquels peuvent naître de nouvelles identités professionnelles et sociales, (se percevant comme) plus autonomes, (auto) légitimées par la spécialisation des compétences, mais aussi par la force et la notoriété issues de l’appartenance des journalistes à d’autres réseaux institutionnels et formels de l’organisation culturelle, comme les académies et les universités.
38Au total, de ce qui précède, ressortent plusieurs éléments importants : si l’image de Rome s’est dégradée entre xvie et xviiie siècle (et il nous faudra essayer de comprendre pourquoi), si son attractivité à l’échelle européenne a sans doute décru, l’Urbs constitue cependant un cadre particulièrement bien pourvu pour l’accueil et le travail des intellectuels, du moins pour un certain type de travail intellectuel.
LES RAPPORTS DES MILIEUX INTELLECTUELS AVEC LES POUVOIRS
39À la lumière des analyses sur les « infrastructures intellectuelles » de l’Urbs, la question du rapport entre intellectuels et pouvoirs s’impose par sa centralité, dans la mesure où non seulement elle conditionne les modalités d’exercice de la fonction d’intellectuel, mais l’existence même de ceux-ci. Le discours produit par les intellectuels eux-mêmes sur cette question tend, tout au long de notre période, mais sans doute de manière plus forte à partir de la seconde moitié du xviie siècle, à promouvoir l’image assez consensuelle (mais au total sans doute illusoire et fausse) de l’autonomie vis-à-vis du pouvoir. Cette image se fonde, au xviiie siècle, de plus en plus nettement sur un autre topos, celui de l’utilité de l’intellectuel et de son savoir pour la société civile.
40Au-delà de ce discours, qui n’a rien de spécifiquement romain, mais qu’il est aussi nécessaire de rappeler tant il permet de souligner en creux la fragilité de la situation de ces hommes, l’importance du rapport avec les pouvoirs est renforcée, pour Rome, par la spécificité de l’État pontifical et de sa cour et l’existence d’une série de lieux qui définissent un deuxième niveau d’articulation du rapport entre intellectuels et pouvoir, correspondant aux cours cardinalices et aristocratiques. Au polycentrisme évoqué plus haut correspond la pluralité des acteurs institutionnels qui occupent le champ intellectuel et c’est sans doute pourquoi les approches sociologiques du patronage proposées jusqu’à présent sont peu pertinentes pour Rome73.
41Ici encore, il n’est pas question de développer une analyse de type institutionnel sur ce milieu, mais de tirer des travaux qui lui ont été récemment consacrés quelques éléments de réflexion74. Le premier concerne le poids objectif des cours dans la population romaine : si on ne peut chiffrer le phénomène pour l’ensemble de la période qui nous occupe, du moins peut-on indiquer l’ordre de grandeur dans lequel on se situe à la fin du xvie siècle, où le phénomène curial, tel que le définit G. Fragnito, concerne 7 % de la population totale75.
42Avec un nombre de cardinaux qui est stabilisé à 70 pour l’ensemble de notre période76, le phénomène des cours cardinalices est d’autant plus intéressant que c’est en leur sein ou dans leur sillage qu’il faut chercher les intellectuels romains. Non pas de manière exclusive (au double sens où il existe aussi à Rome des cours aristocratiques qui ne sont pas cardinalices d’une part, et où tous les intellectuels ne sont pas des intellectuels de cour d’autre part), mais il est clair que dans les stratégies que développent certains des cardinaux, et en particulier ceux des grandes familles princières77, compter dans sa cour érudits, bibliothécaires, antiquaires, artistes, philosophes, etc. renvoie non seulement à une série de valeurs nobiliaires comme le prestige et la prodigalité, mais apparaît aussi comme le point fort d’une politique culturelle, qui peut elle-même constituer l’un des volets d’un programme politique plus ample. Il faut cependant ajouter que la typologie – et les dimensions – de la cour cardinalice change tout au long de notre période, sous le double effet de l’affaiblissement de l’origine aristocratique des cardinaux (phénomène déjà perceptible dans le courant du xviie siècle), et du renforcement progressif, entre xviie et xixe siècle, de l’origine bureaucratique et curiale des cardinaux eux-mêmes78.
43Ce polycentrisme de cour implique qu’à l’échelle des individus, aucun acte, aucune prise de position, aucune production n’est possible de manière autonome : l’intellectuel est dans le sillage d’un patron. Tout au long de l’époque moderne, les exemples de cette dépendance abondent : au début du xviie siècle, des hommes comme B. Castelli sont représentatifs de la force du lien entre carrière intellectuelle, position professionnelle et protection d’un grand79. Plus tard, le trio Michelangelo Ricci (1619-1682)80, Francesco Nazari (1638-1714)81, Giovanni Giustino Ciampini (1633-1698)82 correspond à la mise en œuvre du tournant officiel de la politique culturelle romaine inaugurée par le nouveau pontife, Clément IX83. Pour le xviiie siècle, on pourrait reprendre les exemples de Garampi, Tolomei, ou Passionei, qui seront développés dans la troisième partie. La mise en lumière de ces mécanismes n’exclut pas la reconnaissance de l’existence de marges de manœuvres subtiles laissées à l’initiative de chaque individu, comme en particulier celle qui consiste à se constituer différentes identités intellectuelles84.
44Pourtant, du point de vue de l’analyse, il importe d’articuler la réflexion entre échelle individuelle et échelle collective, dans la mesure où le polycentrisme romain est générateur d’un pluriel d’agrégations intellectuelles dans lesquelles se jouent aussi des relations de patronage. Aussi, parmi les formes de la sociabilité intellectuelle présentes à Rome, les académies apparaissent comme les structures les plus représentatives de l’importance de ce lien. Nombre d’entre elles se définissent comme relevant d’une clientèle, d’une initiative, comme académies d’un cardinal, d’un prince, voire du pape. Avec une grande diversité dans les formes, dans les objectifs ou les degrés de formalisation, aucun des cercles intellectuels, aussi minimalement organisé fût-il, n’existe en dehors de sa filiation à un puissant. L’histoire de l’Accademia dei Lincei est très largement celle des rapports qui unissent son fondateur aux Barberini85. On peut aussi se référer à l’Accademia degli Umoristi86. Pour le xviiie siècle, les académies fondées par Benoît XIV sont exemplaires de la perpétuation et du renouvellement de ces liens87.
45Aussi la déclinaison du rapport entre académie et patron est-elle multiple, allant du patronage symbolique à la mise au service du patron de la production intellectuelle de l’académie88, ou à l’intégration des objectifs culturels de l’académie dans un programme culturel plus vaste qui est mis en œuvre par le protecteur – c’est particulièrement vrai quand le protecteur est le Pape lui-même.
46À travers tous les types de liens qu’autorise la situation romaine, ce sont aussi toutes les limites de l’autonomie des milieux intellectuels organisés qui s’expriment. Les règles d’intégration de nouveaux adhérents ou les cas de dissolution de ces cercles académiques explicitent ce phénomène encore plus nettement : on pourrait prendre l’exemple de la fin de l’Accademia fisico-matematica de Ciampini, et la mettre en rapport avec la nouvelle politique culturelle mise en œuvre par le nouveau pape Ottoboni sur le double terrain de la science et du quiétisme89.
47Si ces phénomènes sont identifiables dans toutes les sociétés de cour, il faut en revanche s’interroger sur la manière dont le polycentrisme romain interfère sur les rapports intellectuels/pouvoir. Certaines études de cas permettraient de démontrer que les luttes d’influence qui s’exercent au sein de la Curie, et qui trouvent aussi à s’exprimer dans le polycentrisme romain (qui ne se réduit pas aux pôles pape/cardinaux, mais qui doit aussi se décliner en prenant en compte notamment les représentants des grands ordres religieux), facilitent, voire dans certains cas suscitent, la production et l’expression d’une grande diversité d’opinions, ce que l’historiographie n’a que trop peu souligné jusqu’à une date récente.
48En d’autres termes, la complexité de l’exercice du pouvoir, liée à la nécessité de composer avec un grand nombre d’acteurs, trouve un relais dans la pluralité des opinions qui s’expriment au plan intellectuel, artistique, culturel, etc. Ici encore, c’est dans le domaine des sciences (mathématiques, physiques ou naturelles) qu’on trouverait les exemples les plus probants. Ainsi, par exemple, les choix épistémologiques opérés par la Compagnie de Jésus90, productrice, tout au long de la période qui nous intéresse, de certaines des grandes figures scientifiques de la Rome pontificale, s’opposent radicalement à ceux que défend l’ordre des scolopes, principal soutien, tout au long du xviie siècle de l’école galiléenne91, ou encore à ceux des dominicains, rivés à un thomisme orthodoxe92. Cette pluralité de positions face à la science nouvelle explique assurément le caractère éclectique de la production scientifique romaine de la période. Mais, réciproquement, la position politique de chacun des trois acteurs institutionnels que l’on vient d’évoquer explique la nature des choix épistémologiques décrits.
49Comment alors ce pluralisme, corollaire du polycentrisme, se traduit-il sur le plan académique ? Si la traduction de ces rivalités profondes est prise dans les règles de la civilité, la sociabilité académique tolérant certaines formes d’expression des différends, il n’en demeure pas moins que d’autres espaces de sociabilité intellectuelle, comme les bibliothèques des collèges dépendant de ces ordres religieux, ont aussi pu assumer l’existence de ces clivages comme les catalogues des bibliothèques peuvent en garder le témoignage.
50À titre d’exemple, dans la seconde moitié du xviie siècle, l’académie de Ciampini, qui accueille des personnalités diverses, constitue un lieu de formulation possible de ces oppositions, même si celles-ci ne se donnent pas comme telles93. Autour des années 1770, l’Arcadia elle-même est le siège d’un conflit politico-culturel et d’une tentative de redéfinition de ses fonctions, qui permet à un « rebelle » comme l’abbé G. C. Amaduzzi de la choisir pour publier son « manifeste » sur les devoirs civiques des académies et des intellectuels94.
51Sur un plan différent, le poids des étrangers constitue un autre élément d’expression de la diversité que le polycentrisme stimule quand il ne le génère pas, et qui joue un rôle déterminant dans l’analyse du rapport entre intellectuels et pouvoirs, aussi bien en termes de sociologie, que du point de vue de la hiérarchisation des agrégations d’intellectuels, que des possibilités d’ouverture à la République des lettres95. Dans le cas de Rome, on peut être étranger à la ville, aux États pontificaux, à l’Italie. Ici encore, Rome jouit d’une position privilégiée à différentes échelles : le phénomène d’attraction des élites intellectuelles de toute l’Europe se maintient tout au long de l’époque moderne96. La question des étrangers est alors liée à l’iter italicum, au fonctionnement de Rome comme capitale internationale97 et à l’attraction exercée par les fonctions religieuses de la ville. Il ne faut pas non plus oublier le caractère international des ordres religieux, qui justifie des échanges d’hommes et d’idées, à cette échelle et qui dépasse le cadre européen comme le rappelle l’activité missionnaire. D’autre part, dans le cadre romain, il faut rappeler que les cardinaux ne sont pas tous, loin s’en faut, d’origine romaine. À ce titre, ils emmènent dans leur déplacement vers Rome des hommes venus de toute la péninsule98. On doit alors poser la question du fort degré d’italianisation des milieux intellectuels romains par rapport à Florence ou Naples, notamment autour de la question de la formation et de l’essor de tout ce monde de la bureaucratie pontificale99. Il faudrait alors approfondir l’analyse de la tentative/ tentation romaine d’être la capitale intellectuelle et culturelle de l’Italie et de la participation des intellectuels romains à ce processus, le rôle des journaux devenant déterminant, de ce point de vue, à partir de la seconde moitié du xviie siècle, comme le souligne l’expérience du Giornale de’ Letterati.
52Au seuil du xviiie siècle, au sein d’une tendance pluri-séculaire à l’affaiblissement du pouvoir pontifical et à la laïcisation de la vie politique et culturelle, on observe un processus récurrent : l’académie romaine apparaît comme le lieu privilégié de l’expression, de la mise en œuvre, de l’évaluation de ce qu’on pourrait appeler le nouveau « pacte culturel catholique », celui dont la gigantesque crise intellectuelle – provoquée par la rupture de l’universalité chrétienne d’une part, l’émergence et la diffusion de l’humanisme (qui n’est pas spécifiquement romain et intégré dans le champ culturel de l’Urbs avec l’installation des jésuites principalement) d’autre part –, a imposé la nécessité100. Si cette crise n’est pas spécifiquement romaine, ses enjeux semblent pourtant centraux pour elle : il s’agit de savoir jusqu’où et comment Rome pourra continuer à jouer le rôle de capitale intellectuelle de l’Europe catholique, centre de production et de diffusion, espace d’arbitrage et de constitution de l’orthodoxie en matière culturelle.
53Dans ce contexte, le problème majeur des milieux intellectuels de la Rome post-tridentine est celui de la formulation des nouvelles données correspondant à la réalisation de ce projet : celles-ci concernent le type de travail intellectuel à faire (baliser les nouveaux champs du savoir ouverts notamment par le développement des méthodes humanistes : de ce point de vue, la structure académique se prête particulièrement à l’essor des disciplines comme l’érudition ecclésiastique ou l’antiquaria) ; la définition de leur propre rôle et celui de l’autorité politico-spirituelle dans cette formulation ; les conditions de la mise en œuvre de ce travail.
54Au-delà du profil « spécialisé » par lequel elles s’imposent et tendent à s’auto-définir (travail sur les sciences de la nature, sur l’histoire religieuse, l’agriculture et l’économie...), chacune des académies, à travers ses règlements, textes de ses membres fondateurs, sujets abordés dans les séances, développe des réflexions plus larges sur le statut de la culture, la nécessité de réformer un état de choses qui, indépendamment de leurs diversités, engage l’autorité pontificale à intégrer la modernité aux valeurs chrétiennes les plus classiques.
55Quelle modernité ? Dans quelle optique politique ? Du fait de ces questions, les académies romaines, du moins les plus importantes d’entre elles, apparaissent comme le lieu privilégié de l’expression des tensions à l’œuvre dans le processus d’élaboration de ce nouveau pacte. C’est sans doute en quoi elles se distinguent des autres formes d’agrégation intellectuelle, dans la mesure où non seulement ses membres sont conscients d’avoir à affronter cette contradiction, mais considèrent aussi qu’il s’agit d’une responsabilité qu’en tant qu’intellectuels, ils doivent assumer101. On peut donc tenter de lire ces entreprises académiques comme autant de tentatives d’élaboration conjoncturelle d’un consensus susceptible de dépasser les contradictions inhérentes à un tel projet.
56Si cette hypothèse était pertinente, on pourrait alors relire la structuration des milieux intellectuels romains et le poids des académies dans cette structuration comme la réponse la plus adéquate en vue de la gestion des tensions inhérentes à ce projet. Et c’est alors à la lumière de cette spécificité qu’on tenterait de dresser le bilan de deux siècles d’intense activité intellectuelle développée par les académies romaines.
57Cette hypothèse laisse cependant une question en suspens : une histoire sociale et culturelle du milieu intellectuel romain reste-t-elle totalement identique entre xviie et xviiie siècle, c’est-à-dire principalement centrée sur l’élaboration de ce nouveau « pacte culturel catholique » dont la nécessité dépend si fortement des rapports organiques existant entre intellectuels et pouvoir, du système de patronage et des réseaux de clientèles ? Ces données sont assurément pesantes pour toute l’époque moderne et susceptibles « d’informer » non seulement toute expression de dissensions, mais aussi le processus d’acquisition d’autonomie, la transformation de l’identité même et de l’auto-représentation des letterati. Il est donc nécessaire de se demander si l’indéniable évolution/transformation de l’identité des milieux intellectuels tout au long du xviiie siècle, qui s’est en particulier jouée avec l’émergence du topos de « l’intellectuel utile » ne s’est pas traduite, en définitive, par un nouveau modèle d’intégration et d’organicité par rapport aux systèmes de pouvoir. Le xviiie siècle serait-il celui de la mise en place d’un nouveau « système intégré » des milieux intellectuels romains102 ?
58Pour la période antérieure, et sans la voir comme un stade préparatoire à la mise en place d’un « système intégré », on préférera évoquer un fort degré d’interpénétration entre deux types d’acteurs, les représentants du pouvoir politique et les milieux intellectuels : la forte homogénéité sociale de la classe politique et ses caractéristiques massivement aristocratiques expliquent l’importance des liens avec les milieux intellectuels, le plus souvent issus eux-mêmes de ce milieu. Lorsqu’ils n’en font pas partie, la légitimité de leur présence dans ces réseaux se fonde sur l’occupation de charges curiales – c’est sans doute de ce point de vue que la logique d’intégration est la plus signifiante –, le plus souvent obtenues par l’entrée dans des réseaux de patronage qui engagent de grandes figures de la hiérarchie ecclésiastique, à commencer par le Pape et ses cardinaux. Ainsi, en termes sociologiques, le poids des clercs, réguliers ou séculiers, est sans doute plus marqué à Rome qu’ailleurs, tout au long du xviie siècle : la carrière ecclésiastique apparaît comme l’élément majeur de la structuration du milieu intellectuel, celui qui garantit et renforce l’homogénéité sociale du milieu. Celle-ci assure le partage de valeurs communes, qui constituent le socle d’une sociabilité dont les codes sont partagés et investis dans le cadre de l’académie. En outre, le caractère quasi-organique de ces liens conditionne aussi tous les autres thèmes de l’analyse des milieux intellectuels103.
59Cohésion politique et homogénéité sociale sont les deux premières conditions de la réalisation du consensus évoqué ci-dessus. Ainsi, non seulement les rapports entretenus par les milieux intellectuels avec le pouvoir politique sont de renforcement de ce dernier, mais les académies deviennent de plus en plus nettement les lieux de la formation professionnelle du personnel politique de l’État pontifical. L’académie comme élément du renforcement de l’État – et à ce titre favorisée par ce dernier –, comme partie intégrante du dispositif de formation des élites et de contrôle culturel, est aussi la structure susceptible d’introduire, au cœur de l’orthodoxie culturelle, et parallèlement à sa fonction officielle ou organique, des objets nouveaux de réflexion en s’appuyant notamment sur ses liens avec des réseaux qui dépassent largement les frontières politiques des États du Pape. De ce point de vue, la connexion entre académie et journaux devient déterminante dans la seconde moitié du xviie siècle, comme est déterminant, sur la longue durée, l’accueil de correspondants étrangers.
60C’est ainsi que ce que, faute de mieux, on peut appeler le « nouveau pacte culturel catholique » se polarise, au xviie siècle, sur la science nouvelle et les débats qu’elle ouvre dans le monde savant. Ces débats sont en effet parfaitement emblématiques du défi qui est posé à la culture catholique et qui touche, dans ses dimensions techniques, tous les autres champs de la culture : quel que soit le niveau auquel on aborde la question de la science nouvelle, c’est toujours le rapport à la foi, à la théologie comme mère des sciences, à l’orthodoxie des Écritures qui est touché104. On en prendra pour exemple le grand débat (et ses diverses mises en pratique dans le cadre des structures académiques) sur la « science expérimentale » qui touche au critères de certification et à la construction sociale de la « vérité » ; on pourrait choisir celui sur l’astronomie qui croise la question de la mesure du temps, c’est-à-dire du calendrier, et pose la question de la « chronologie », renvoyant ainsi à la discipline de l’érudition sacrée, sans parler des questions sur la nature du mouvement ou des atomes105. Dans quelle mesure les académies constituent-elles le lieu d’une intégration progressive des nouveaux paradigmes scientifiques à la culture catholique ? On peut formuler l’hypothèse que c’est le grand échec de ces structures romaines que de n’y être pas parvenues, précisément parce que ces nouveaux paradigmes menaçaient le consensus nécessaire à l’épanouissement des structures académiques : ils sont explicitement porteurs d’enjeux politiques ne serait-ce que parce qu’ils tendent à renforcer une pensée du pouvoir conçu comme laïc. À ce titre l’académie ne peut être le lieu où se fait la science nouvelle, mais celui où se développent des pratiques de sociabilité aristocratiques qui se contentent du « spectacle » offert par les nouvelles techniques d’observation de la nature106.
UNE NOUVELLE AUTOREPRÉSENTATION DES INTELLECTUELS : LE LETTERATO/CITTADINO
61Tout au long du xviiie siècle, et particulièrement dans sa seconde moitié, on peut identifier un nouveau type de « système intégré » des milieux intellectuels romains, cimenté autour de relations, de solidarités, de réseaux culturels, politiques et de patronages. Ce « système », qui correspond à un projet précis, inspiré et dirigé par le centre, et le plus souvent irradiant en direction des provinces, informe une stratégie culturelle et politique qui, dans les dernières décennies du siècle, se construit autour d’instruments, d’institutions et de pôles stratégiques précis de la sociabilité intellectuelle, reliés entre eux par certaines personnes et certains objectifs : académies, journaux, université, fondations économiques et d’assistance. À la base de ce processus ou trouve des groupes unis et homogènes, étendus entre Rome et la province, inscrits dans de puissants rapports de réciprocité et d’échange, et qui jouissent d’importantes protections et de référents politico-culturels auprès des niveaux les plus élevés de la hiérarchie ecclésiastique. Ce système, qui tente de penser et de mettre en acte une idéologie catholique en mesure de faire face aux profondes mutations de l’Europe des années 1780 et à l’idéologie des Lumières, est articulé de manière particulière autour des académies, dans lesquelles se développent d’évidents processus de professionnalisation (exemple du rôle des mathématiciens comme Pessuti, ou des juristes comme Bartolucci), de laïcisation, voire de démocratisation des accès et des inscriptions, qui transforment profondément la physionomie sociale de ces groupes intellectuels (plus provinciaux, moins ecclésiastiques, moins aristocratiques). C’est pourquoi les académies, comme en outre les autres structures indiquées ci-dessus, deviennent aussi des lieux d’agrégation et en quelque sorte d’apprentissage de la politique, ainsi que des espaces d’émergence d’un groupe intellectuel nouveau et, d’un point de vue sociologique, différent de celui de l’époque antérieure. Il s’agit d’un système qui finit par avoir une incidence réelle moins sur la réalité concrète des réformes étatiques mises en œuvre dans le cadre de l’État pontifical (qui ont été le plus souvent des échecs), que sur la construction progressive d’une mentalité, d’une culture et d’une politique neuves, sans pour autant être révolutionnaires. Toutes choses qui trouveront à s’exprimer dans les choix « continuistes », y compris sur le plan des rapports avec le pouvoir, faits, pendant la période jacobine et napoléonienne, par nombre d’hommes qui avaient activement participé à de tels systèmes d’agrégation intellectuelle et de patronages politiques. Quels sont les éléments qui autorisent la formulation d’un tel modèle interprétatif pour la seconde moitié du xviiie siècle ?
Vers la figure de l’intellectuel « utile »
62À partir de l’analyse du rôle des périodiques romains, et tout particulièrement des Efemeridi letterarie, fondés en 1772107, on peut suivre l’émergence d’un engagement commun des « journalistes » en vue de la diffusion de l’idée d’un savoir « utile », à la double fonction civile et sociale. Parallèlement se développe une propagande et une légitimation des instances réformatrices et de leur action, émanant des cercles politiques qui œuvraient à l’application de ces réformes et qu’eux-mêmes, en tant qu’intellectuels, appuyaient ou stimulaient. La présence, dans le même temps à Rome, à la fin du xviiie siècle, de nombreux périodiques et l’évolution du métier de journaliste dans un sens toujours moins érudit, plus engagé sur le plan social et civil, toujours plus professionnel, confirment a posteriori l’existence d’un projet conscient, tourné vers l’utilisation « politique », au sens large, des journaux et des institutions culturelles comme les académies. Cette hypothèse permet en outre de ramener à sa juste mesure l’idée couramment exprimée d’une collaboration manquée, voire même d’un conflit souterrain, mais explicite, entre ces groupes intellectuels, porteurs d’objectifs modérément innovants, et la tradition conservatrice et immobiliste du pouvoir papal et curial, conflit qui aurait finalement trouvé à exploser dans les mouvements de la fin du siècle108.
63De manière analogue à ce qui se produit pour les périodiques, on peut noter, pour les académies, un processus équivalent qui vise autant à construire un groupe uni et « organique » d’intellectuels réformateurs modérés qu’à proposer un modèle différent et nouveau d’engagement culturel susceptible de s’accomplir, y compris à travers une nouvelle utilisation d’instruments anciens, comme l’étaient en fait ces espaces de sociabilité. Le rôle de telles institutions devient, dès lors, essentiel, au même titre que le rapport de soutien réciproque qu’elles entretiennent avec les nouveaux journaux – tous deux se présentent alors comme des lieux privilégiés de l’agrégation des groupes intellectuels, voire de l’apprentissage politique109. En ce sens, le « champ intellectuel »110 de la seconde moitié du xviiie siècle se donne à lire comme un champ intégré, dans lequel rivalités et conflits internes ne cachent ni filiations ni ressemblances.
64À ce propos, il peut être intéressant de regarder de plus près les rapports entretenus par les Efemeridi letterarie avec l’Arcadia, et l’évolution parallèle de celle-ci qui la conduit à rompre avec la tradition idylico-évasivo-pastorale, dont elle avait été le principal emblème, et à affirmer, au contraire, des contenus « forts », liés aux nouveaux intérêts, philosophiques et scientifiques, de ces décennies111.
65À partir du milieu des années 1770, à Rome comme dans l’État pontifical, G. C. Amaduzzi devient le principal théoricien de la fonction civile et culturelle des académies en général, et l’élément d’agrégation autour d’un projet, tout à la fois politique et culturel, centré sur la nécessité du rôle public des intellectuels et de leur engagement dans la société civile, ainsi que sur la proposition de nouvelles formes d’autoreprésentation et de légitimation des académies. C’est un accueil hostile qui a été fait à l’un de ses essais, lu en Arcadia, le Discorso filosofico sul fine ed utilità delle Accademie, discours publié en 1777 et qui faisait écho à certaines propositions déjà formulées par Luigi Gonzaga, prince de Castiglione, l’année précédente112.
66Comme dans le texte de Gonzaga, ce qui frappe ici est l’explicitation claire du lien letterato/citoyen. À travers ce lien, Amaduzzi assignait au letterato un rôle actif et moteur, qui lui conférait une fonction désormais toute politique de défense des droits et des libertés individuels contre toute forme d’arbitraire despotique et absolutiste. Cette fonction ne différait en rien de celle que les intellectuels du xviiie siècle prétendaient assumer dans les différents États européens plus ou moins engagés dans les Lumières.
67Si on laisse de côté d’autres éléments de la réflexion sur le thème de la fonction civile/civique du letterato113, ce qui émerge en définitive est la reprise, à la fin des années 1770, de la discussion sur la fonction et sur les modèles culturels des académies et des intellectuels ainsi que la proposition de nouvelles modalités d’autoreprésentation et d’autolégitimation des structures académiques et de leur rôle public, ou « politique ».
68Ceci se traduit par une floraison de traités qui demanderaient à être analysés plus précisément, ainsi que le lexique dans lequel ils puisent. « Sociabilità », « incivilimento », « stato socievole », « pubblica felicità », « benevolenza », « patriottismo », « cittadinanza », « nazione », « società civile », « progresso » sont les termes que l’on rencontre de plus en plus fréquemment, dans ces discours de l’académie sur elle-même : un registre lexical qui, s’il apparaît là pour la première fois, deviendra ensuite commun et usuel dans le langage révolutionnaire, soulignant ainsi une certaine continuité (dont les modalités resteraient à préciser) entre Ancien Régime et Révolution, du point de vue des thèmes et des hommes.
De la professionnalisation à la politisation des intellectuels
69Cette abondante production semble confirmer que l’académie, en tant que corps, produit elle aussi des identités socioprofessionnelles toujours plus autonomes, parce que soutenues et légitimées par la corporation elle-même, ainsi que par le pouvoir politique ; elle tend à multiplier les formes d’expression, de présence et de sociabilité scientifique – journaux, chaires universitaires, réseaux relationnels variés –, qui fonctionnent comme autant de facteurs supplémentaires de crédibilité de ses membres et de renforcement réciproque114. Faut-il rappeler que nombre des membres de l’Arcadia, outre qu’ils collaborent à certains périodiques comme les Efemeridi letterarie, occupent aussi d’importants postes d’enseignement à la Sapienza, au Collegio Romano et dans d’autres institutions culturelles prestigieuses. Parallèlement, les journaux se faisaient l’écho de demandes de création de chaires universitaires, nouvelles et plus utiles, à déployer sur l’ensemble du territoire de l’état115.
70Le pouvoir romain, dans sa vigilance et sa compréhension de la situation, prêt à utiliser les instruments et les idées de la modernité à des fins propres de reconquête d’une hégémonie, y compris culturelle, a cherché à intégrer le nouveau modèle des académies à l’intérieur du vaste plan de réforme économique mis en œuvre dans ces années, en en faisant l’instrument premier d’un rapport nouveau et mieux structuré entre centre et périphéries, dans lequel celles-ci semblent pouvoir jouir d’un statut autre que de subordination. C’est pourquoi le gouvernement romain a montré un grand intérêt pour les académies d’agriculture, comme celle de Montecchio (l’Accademia georgica di Montecchio, est née en 1778 des cendres de celle des anciens Sollevati, cette typique académie du xviie siècle), dont certains des personnages évoqués ici étaient membres (Amaduzzi et Pessuti, par exemple)116.
71Si l’académie en tant que corps cherche à multiplier ses formes d’expression et de présence à l’extérieur, elle tend en premier lieu à se multiplier elle-même : c’est ce que montre le réseau de sociétés « sœurs », ou plus exactement « filles », qui s’est développé dans tout l’État, à partir de l’institut de Montecchio, par le biais de la fondation des sociétés agricoles de Corinaldo, Urbania, Macerata, Foligno, Corneto (les deux dernières en 1784), toutes sous la protection des hauts représentants de la curie romaine. C’est à partir de leur analyse qu’on peut parler d’un véritable projet unitaire, centré sur le rôle des académies et leurs rapports serrés avec le centre, rapports maintenus aussi par le biais des autorités ecclésiastiques locales.
72Une autre preuve de l’existence de ce projet unitaire réside dans la naissance, à Rome, d’une nouvelle académie qui, jusque dans le choix de son nom – Congresso – et les particularités de ses statuts, témoigne aussi bien d’une volonté de rupture avec la tradition des anciens groupes érudits que de l’arrivée, à Rome aussi, du processus d’institutionnalisation des académies : c’est le Congresso accademico di agricoltura, manifatture e commercio117.
73Parmi les hommes liés au Congresso comme chez ceux de l’Accademia di Montecchio, c’est bien la démocratisation des accès aux lieux de la gestion du pouvoir qui en jeu118. Ce qui souligne la facilité avec laquelle le mouvement intellectuel et réformateur centré sur les académies et sur leurs nouvelles fonctions peut glisser du terrain strictement culturel à celui de la politique, en commençant à mettre sérieusement en discussion les fondements d’une société de privilèges, qui négligeait les mérites et l’utilité sociale. Mais, à aucun moment ce glissement n’a ouvert la réflexion sur le thème du rapport entre nouveaux intellectuels et pouvoir. À travers ce débat, c’est la formation d’une nouvelle élite provinciale, consciente d’elle-même, de sa propre histoire et de ses propres mérites qui se profile et s’épanouit avec la transformation du rôle des intellectuels119.
74Ainsi, précisément à la fin des années 1780 lorsque, passé le temps des réformes, commence à souffler le vent des révolutions, la transformation de l’image et de la fonction – sociale et « utile à l’État » – des académies, de leur composition interne et de leurs rapports avec le tissu de la société civile et des formes du gouvernement, reflète, sans doute aussi en l’influençant, l’affirmation progressive de l’idée d’un rôle plus « engagé » et actif, sur le plan civil et politique, du nouveau groupe des intellectuels et de la nécessité d’une idéologie nouvelle, capable d’affronter et gérer les changements. Idée qui trouvera à s’exprimer pleinement dans le cadre de l’expérience jacobine et napoléonienne, mais qui ne met pas fondamentalement en question la stabilité du rapport organique entre culture romaine et pouvoir, pas plus que le discours sur la démocratisation produit par les intellectuels n’a cherché à s’appliquer au peuple. Une fois posée la non assimilation des clubs et des sociétés patriotiques de la période républicaine avec les académies, dont les clubs ne constituent pas le prolongement politique, ce qui reste est la profonde continuité entre Ancien Régime et Révolution : la survivance garantie par le nouveau gouvernement aux académies, anciennes et nouvelles120, n’exprime pas d’importants écarts par rapport au modèle traditionnel de relations entre centres du pouvoir et intellectuels, même si on en cherche la traduction dans le langage révolutionnaire121.
75On peut donc conclure, et sans surprise, que la culture romaine, et sans doute italienne, modelée sur et par l’Église, suit, entre xviie et xviiie siècle, des processus divers d’intégration et d’organicité qui ne prévoient pas une réelle autonomie vis-à-vis du pouvoir, qu’il soit ecclésiastique ou non, tout en permettant à ces milieux de construire un discours sur cette autonomie. Ainsi, ce qui se trouve au cœur d’une interrogation sur le degré d’autonomie des milieux intellectuels par rapport au pouvoir, c’est moins le constat d’une impossible indépendance que la leçon de méthode qui en découle : le travail de l’historien consiste à résister à ses propres projections sur son statut d’intellectuel, et à élaborer, assurément collectivement, les outils d’une analyse conjointe des formes de sociabilité intellectuelles, de l’évolution des identités intellectuelles et des productions intellectuelles dans leurs rapports historiques aux pouvoirs politiques.
Notes de bas de page
1 Pour la bibliographie générale sur Rome, voir L. Fiorani et A. Prosperi (éds.), Storia d’Italia. Annali 16. Roma la città del papa. Vita civile e religiosa dal Giubileo di Bonifacio VIII al Giubileo di papa Wojtila, Turin, 2000 ; G. Ciucci (dir.), Storia di Roma. IV. Roma moderna, Rome-Bari, 2002. Sur l’État, nous renvoyons à C. Weber, Kardinäle und Prälaten in der letzten Jahrzehnten des Kirchenstaates. Elite-Rekrutierung, Karriere-Muster und soziale Zusammensetzung der kurialen Führungsschicht zu Zeit Pius IX (1846-1878), Stuttgart, 1978 ; pour la bureaucratie et le patronage, R. Ago, Carriere e clientele nella Roma barocca, Rome-Bari, 1990 ; A. Gnavi, Carriere e curia romana : l’uditorato di Rota (1472-1870), dans MEFRIM, 106, 1994, 1, p. 161-202 ; M. A. Visceglia, Burocrazia, mobilità sociale e patronage alla corte di Roma tra cinque e seicento. Alcuni aspetti del recente dibattito storiografico e prospettive di ricerca, dans RMC, III, 1995, 1, p. 11-55 ; G. Signorotto et M. A. Visceglia (dir.), La Corte di Roma tra Cinque e Seicento. « Teatro » della politica europea, Rome, 1998 ; I. Fosi, All’ombra dei Barberini. Fedeltà e servizio nella Roma barocca, Rome, 1997 ; I. Fosi (dir.), Amici, creature, parenti : la corte romana osservata da storici tedeschi, dans Dimensioni e problemi della ricerca storica, 2001, 2, numéro thématique ; M. A. Visceglia (dir.), La nobiltà romana in età moderna. Profili istituzionali e pratiche sociali, Rome, 2001 et à leurs bibliographies. Pour les rapports entre politique et religion, voir A. Prosperi, Tribunali della coscienza. Inquisitori, confessori, missionari, Turin, 1996 ; pour les rituels du pouvoir M. A. Visceglia et C. Brice (dir.), Cérémonial et rituel à Rome (xvie-xixe siècles), Rome, 1997 (Collection de l’École française de Rome, 231) ; M. A. Visceglia, La città rituale. Roma e le sue cerimonie in età moderna, Rome, 2002 (La corte dei papi, 8).
2 C’est notamment autour de la trilogie de P. Prodi, Il sovrano pontefice. Un corpo e due anime : la monarchia papale nella prima età moderna, Bologne, 1982 ; Il sacramento del potere : il giuramento politico nella storia costituzionale dell’Occidente, Bologne, 1992 ; Una storia della giustizia : dal pluralismo dei fori al moderno dualismo tra coscienza e diritto, Bologne, 2000, et plus généralement autour des travaux sur la genèse de la modernité, que ces questionnaires ont évolué. Voir notamment M. A. Visceglia, Burocrazia, mobilità sociale e patronage cit. et M. Caffiero, Religione, politica e disciplinamento a Roma. Riflessioni in margine ad un volume recente, dans RMC, IV, 1996, 2, p. 495-505 et Id., Religione e modernità in Italia (sec. xvii-xix), Rome-Pisa, 2000. Pour une analyse plus précise de l’historiographie sur l’histoire intellectuelle et sociale des pratiques culturelles, voir supra, J. Boutier, B. Marin et A. Romano, Les milieux intellectuels italiens comme problème historiographique : une enquête collective, p. 1-31.
3 Structuré autour de Marina Caffiero, Maria Pia Donato et Antonella Romano, ce groupe a bénéficié des apports et des contributions de Marina Formica, Daniela Gallo et Françoise Waquet, ainsi que des collaborations, ponctuelles, de Sabine Du Crest, Élisabeth Garms et Sylvia Grassi.
4 Voir infra les commentaires plus développés sur les académies.
5 Les travaux de M. P. Donato permettent, à cet égard, de prendre la mesure du problème, pour la période 1670-1800 : on renverra tout particulièrement à Accademie e accademismo in una capitale particolare. Il caso di Roma, secoli xviii-xix, dans MEFRIM, 111, 1999, 1, p. 415-430 ; Id., Accademie romane. Una storia sociale (1671-1824), Naples, 2000.
6 Le choix de cette démarche nous invitait en outre à écarter la question de l’Arcadia, qui, bien plus qu’un cas romain, constitue un phénomène étendu géographiquement (l’ensemble du territoire italien) et chronologiquement sur l’ensemble de la période étudiée : on peut donc considérer qu’elle a joué un rôle de modèle pour toute l’Italie. À ce titre, il ne nous a pas semblé opportun de l’intégrer dans une analyse des agrégations intellectuelles susceptibles de rendre compte, au mieux, des problèmes que nous souhaitons mettre en évidence. L’Arcadia reste cependant la toile de fond de notre réflexion et on y reviendra aussi dans la mesure où elle constitue la référence pour les autres « structures » académiques, au moment où s’opère une profonde mutation des contenus de l’activité académique. On y reviendra enfin parce que nombre de ses membres appartiennent aussi à une ou à plusieurs autres organisations académiques. Dans l’abondante bibliographie sur l’Arcadia, l’approche sociologique de A. Quondam reste incontournable : L’istituzione Arcadia. Sociologia e ideologia di un’accademia, dans Quaderni storici, VIII, 1973, 2, p. 389-438.
7 Des développements plus précis sont ainsi proposés dans les contributions qui accompagnent cette synthèse, comme dans celles qui sont regroupées dans la quatrième partie du volume, Propositions pour une confrontation, p. 547-650.
8 Voir notamment I. Insolera, Roma. Immagini e realtà dal decimo al ventesimo secolo, Rome-Bari, 1980 ; M. Bevilacqua, Roma nel secolo dei Lumi. Architettura, erudizione, scienza nella pianta di G. B. Nolli « celebre geometra », Naples, 1998.
9 E. Sonnino, Le anime dei romani : fonti religiose e demografia storica, dans Storia d’Italia. Annali 16 cit., p. 342-348.
10 Ivi, p. 343, tableau 3.
11 H. Gross, Roma nel Settecento, Rome-Bari, 1990, p. 69.
12 De passage dans la cité, particulièrement pendant les années saintes, ils correspondent à une masse importante : voir ASR, Archivio dell’Arciconfraternita della Trinità dei pellegrini, où on enregistre environ 180 000 pèlerins pour l’année 1625, accueillis par cette seule institution. Pour les jubilés suivants, on atteint des valeurs du même ordre : 1650 : 160 000 ; 1675 : 115 000 ; 1700 : environ 100 000 ; 1725 : 85 000 ; 1750 : 135 000 ; 1775 : 100 000. Source : Gli anni santi : dalla controriforma alla fine del potere temporale, dans M. Fagiolo et M. L. Madonna (dir.), Roma sancta. La città delle basiliche, Rome, 1985, p. 100-108. Voir aussi D. Julia, Gagner son jubilé à l’époque moderne : mesure des foules et récits de pèlerins, dans RMC, V, 1997, 2-3, p. 311-354.
13 Voir H. Gross, Roma nel Settecento cit., p. 70 sq.
14 Voir M. Caffiero, Tra Chiesa e Stato. Gli ebrei italiani dall’età dei Lumi agli anni della Rivoluzione, dans C. Vivanti (dir.), Storia d’Italia. Annali 11. Gli ebrei in Italia, t. 2, Dall’emancipazione ad oggi, Turin, 1997, p. 1089-1132 et maintenant Id., Battesimi forzati. Storie di ebrei, cristiani e convertiti nella Roma dei papi, Rome, 2004.
15 On compte en 1719, 100 couvents d’hommes et 53 couvents de femmes ; en 1750, ces chiffres sont respectivement de 118 et 54, en 1789 de 114 et 52, en 1798 de 127 et 54. Voir V. E. Giuntella, Roma nel Settecento, Bologne, 1970, p. 63.
16 Voir G. Fragnito, Le corti cardinalizie nella Roma del Cinquecento, dans Rivista storica italiana, CVI, 1994, 1, p. 5-41.
17 Voir A. Arru, Il servo. Storia di una carriera nel Settecento, Bologne, 1995.
18 Voir C. de Brosses, Lettres familières sur l’Italie, publiées d’après les manuscrits, avec une introduction et des notes par Y. Bezard, Paris, 1931, t. 2, p. 5.
19 Cité par V. E. Giuntella, Roma nel Settecento cit., p. 61.
20 Voir H. Gross, Roma nel Settecento cit., p. 75-78.
21 Voir L. Nussdorfer, Civic Politics in the Rome of Urban VIII, Princeton, 1992, p. 99.
22 Voir P. Boutry, Nobiltà romana e curia nell’età della Restaurazione. Riflessioni su un processo di arretramento, dans M. A. Visceglia (dir.), Signori, patrizi, cavalieri nell’età moderna, Rome-Bari, 1992, p. 390-422 et M. Piccialuti, Patriziato romano e cariche di Campidoglio nel Settecento, dans RMC, IV, 1996, 2, p. 403-421.
23 Pour une approche globale de celles-ci, voir infra, p. 681-682, l’annexe qui en donne une première liste.
24 Voir J. Delumeau, Vie économique et sociale de Rome dans la seconde moitié du xvie siècle, Paris, 1957, 2 vol., qui donne des indications pour le xvie siècle.
25 Pour la bibliographie, outre P. M. Renazzi, Storia dell’Università degli studi di Roma detta communemente La Sapienza, che contiene anche un saggio storico della letteratura romana dal principio del secolo xiii sino al declinare del secolo xviii, Rome, 1803-1806, 4 vol., on renverra au catalogue de P. Cherubini (dir.), Roma e lo Studium Urbis. Spazio urbano e cultura dal Quattro al Seicento, Rome, 1989 et plus généralement à l’ensemble du volume Roma e lo Studium Urbis. Spazio urbano e cultura dal Quattro al Seicento. Atti del convegno di Roma, 7-10 giugno 1989, Rome, 1992. Pour le xviiie siècle, voir M. R. Di Simone, La Sapienza romana nel Settecento. Organizzazione universitaria e insegnamento del diritto, Rome, 1980. Sur les professeurs, E. Conte, I maestri della Sapienza di Roma dal 1514 al 1787, Rome, 1991. Une première approche du corps professoral par champ disciplinaire, F. Favino, Matematiche e matematici alla « Sapienza » tra ’500 e ’600. Un’introduzione, dans RMC, VII, 1999, 3, p. 395-420 ; Id., Minimi in ‘Sapienza’. François Jacquier, Thomas Le Seur e il rinnovamento dell’insegnamento scientifico allo « Studium Urbis », dans MEFRIM, 117, 2005, 1, p. 159-187.
26 On retiendra, en particulier pour notre période, les importants aménagements architecturaux dus à Borromini, la création de la bibliothèque et du jardin botanique (1660) sur une initiative d’Alexandre VII, la politique de re-dynamisation de l’Université mise en œuvre par Innocent XII, qui se traduit par une importante réforme des enseignements et des salaires, les réformes de Benoît XIV, dans les années 1740 qui s’appliqueront à une modernisation des contenus et des méthodes d’enseignement, à travers la valorisation des disciplines scientifiques et la création de nouvelles chaires (mathématiques supérieures, chimie, botanique, autonomie retrouvée de la chaire de physique). Voir, plus généralement sur le patronage pontifical, P. J. A. N. Rietbergen, Papal patronage and Propaganda. Pope Alexander VII Chigi (1655-1667), the Biblioteca Alessandrina and the Sapienza-Complex, dans Mededeelinden van het Nederlands Instituut te Rome, XLVII, n.s. XII, 1987, p. 155-177 ; Id., La Biblioteca Alessandrina, la Sapienza e la politica universitaria di Alessandro VII (1655-1667), dans Roma e lo Studium Urbis cit., p. 498-508.
27 Sur la faculté de médecine de la Sapienza au xvie siècle, voir E. Andretta, Médecine et médecins à l’Université de Rome au xvie siècle, D.E.A. de l’École des hautes études en sciences sociales, mention « Histoire et civilisation », sous la direction de P. Corsi, juin 2004, ex. dactylographié.
28 On notera qu’après 1788, le nombre moyen des étudiants en médecine a presque triplé, passant de 24 à 73, avec une pointe de 82 pour l’année 1797-98 ; inversement, le nombre des inscrits en droit décroît, atteignant son minimum historique durant la brève période de la République romaine, avec 16 inscrits. Voir M. R. Di Simone, La Sapienza romana nel Settecento cit., p. 146 et 295. Voir en outre M. P. Donato, Alcune ipotesi sulla borghesia delle professioni e la Repubblica del 1798-99 : il caso dei medici del S. Spirito in Sassia, dans RMC, II, 1994, 1, p. 1130 ; Id., Il personale dell’ospedale di S. Spirito in Sassia (1798-99). Fonti e problemi per una storia dei medici tra Sette e Ottocento, dans E. Sonnino (dir.), Popolazione e società a Roma dal medioevo all’età contemporanea, Rome, 1998, p. 549-561.
29 Voir D. Vanysaker, Cardinal Giuseppe Garampi (1725-1792) : an Enlightened Ultramontane, Rome-Turnhout, 1995, p. 56.
30 On pourra citer notamment le Collegio Capranica ou le Collegio Nardini, le Collegio Umbro, le Collegio Fuccioli (puis Fusi), le Collegio Ghislieri, le Collegio di S. Agnese, le Collegio Piceno, le Collegio Mattei, le Collegio Bandinelli. Voir D. Barbalarga, I centri di cultura contemporanei : collegi, studi conventuali e biblioteche pubbliche e private, dans Roma e lo Studium Urbis cit., p. 17-27 et V. E. Giuntella, Roma nel Settecento cit., p. 121-122.
31 En attendant une monographie problématique, voir R. G. Villoslada, Storia del Collegio Romano dal suo inizio (1551) alla soppressione della Compagnia di Gesù (1773), Rome, 1954, et le numéro thématique de RMC, III, 1995, 3, F. Gurreri et L. Nussdorfer (dir.), consacré à l’établissement.
32 Voir A. Robinet, G. W. Leibniz. Iter Italicum, mars 1698-mars 1690, Florence, 1988 ; A. Romano, I problemi scientifici nel Giornale de’ Letterati (1668-1681), dans M. Caffiero e G. Monsagrati (dir.), Dall’erudizione alla politica. Giornali, giornalisti ed editori a Roma tra xvii e xx secolo, Milan, 1997, p. 17-38, pour la seconde moitié du xviie siècle et Id., La Contre-Réforme mathématique. Constitution et diffusion d’une culture mathématique jésuite à la Renaissance (1560-1640), Rome, 1999 (Bibliothèques des Écoles françaises d’Athènes et de Rome, 306), pour la fin du xvie siècle ; A. R. Capoccia, L’insegnamento della filosofia cartesiana nel Collegio romano agli inizi del xviii secolo, dans RMC, VII, 1999, 3, p. 499-535.
33 Parmi les plus importants, on retiendra le collège dominicain des Penitenzieri della Basilica di S. Maria Maggiore, le studium universitaire des Franciscains des SS. Apostoli, le collège franciscain des Penitenzieri de’ P. Francescani Minori Osservanti de la basilique de S. Giovanni Laterano, le couvent de S. Isidoro avec son collège des P. Ibernesi Riformati di S. Francesco, le collegio Nazareno des scolopes fondé en 1618, le Collegio Gregoriano, fondé par l’abbé Costantino Gaetano (1664). Sur le studium des Minimes de la Trinité-des-Monts, outre les notices du catalogue Y. Bruley (dir.), La Trinité-des-Monts redécouverte, Rome, 2002, voir le dossier La Trinité-des-Monts dans la république romaine des sciences et des arts, dans MEFRIM, 117, 2005, 1.
34 Voir le collège germanique-hongrois, le collège grec, le collège irlandais, le collège anglais, le collège écossais, le collège de Propaganda Fide, dont la typographie pouvait imprimer des livres dans dix-huit langues différentes et jouissait d’une réputation internationale pour ses fontes orientales.
35 De ce point de vue, le couvent des minimes à la Trinité-des-Monts constitue un exemple remarquable. C’est par les pères qui s’y trouvent, qui y enseignent ou qui y passent que circule, à l’échelle européenne, une large information sur la vie scientifique. C’est ce qu’indique dans les années 1640 le voyage de Mersenne, minime, à Rome où se trouve notamment E. Maignan. Même si l’établissement de la Trinité-des-Monts ne joue pas un rôle important en tant que pôle de formation, c’est, dans ces années, un des hauts lieux du débat romain sur le vide.
36 Nous recourons ici aux termes « public » ou « privé » pour distinguer bibliothèques des institutions et bibliothèques des particuliers, en mettant de côté le fait que les unes et les autres peuvent être ouvertes à des lecteurs.
37 Il existe une abondante bibliographie sur la Bibliothèque Vaticane et on ne fera ici qu’en signaler les principaux titres : J. Bignami Odier, La Bibliothèque Vaticane de Sixte IV à Pie XI. Recherches sur l’histoire des collections de manuscrits, Cité du Vatican, 1973 ; sur la Bibliothèque Vaticane pendant la contre-réforme, M. Rosa, I depositi del sapere : biblioteche, accademie, archivi, dans P. Rossi (dir.), La memoria del sapere. Forme di conservazione e strutture organizzative dall’antichità a oggi, Rome-Bari, 1988, p. 178-188. Plus général, A. Grafton (dir.), Rome reborn : the Vatican Library and Renaissance culture, Cité du Vatican, 1993. Peut-être cependant peut-on signaler que, parmi le petit nombre de travaux disponibles à ce sujet, l’édition récente de la liste des emprunteurs d’ouvrages de la Vaticane, pour la période 1563-1700, ouvre, pour nos travaux, une piste assurément riche sur la zone (géographique) et la sphère (intellectuelle) d’influence de cette bibliothèque. Voir C. M. Grafinger, Die Ausleihe Vatikanischer Handschriften und Druckwerke (1563-1700), Cité du Vatican, 1993. On pourra aussi se reporter à C. M. Grafinger, Studiosi nella Biblioteca Vaticana del Settecento, dans Archivum Historiae Pontificae, XXXV, 1997, p. 289-296.
38 Voir l’annexe sur les bibliothèques dans ce volume, p. 693-699.
39 On peut prendre les exemples de Giovanni Gaetano Bottari (par G. Pignatelli et A. Petrucci) et Pier Francesco Foggini (par M. Caffiero), dans DBI, vol. 13, 1971, p. 409-418, et vol. 48, 1997, p. 449-453.
40 DBI, vol. 2, 1960, p. 467-471 (par D. Musti).
41 DBI, vol. 6, 1964, p. 172-176 (par A. Merola).
42 Voir J. Connors, Delle biblioteche romane attorno all’Alessandrina, dans Roma e lo Studium Urbis cit., p. 486-497.
43 À ce niveau de l’analyse, il est clair que l’attitude pontificale face aux bibliothèques s’inscrit beaucoup plus globalement au cœur d’une politique culturelle prise dans son ensemble, au-delà des pratiques traditionnelles de mécénat culturel. On pourrait développer ici, à titre d’exemple, l’attitude de Grégoire XIII face au jeune Collegio Romano, à la fin du xvie siècle : en faisant notamment une importante dotation en matériel scientifique, le pape renfonçait la légitimité de l’établissement comme lieu d’expertise scientifique, tout en conférant symboliquement au professeur de mathématiques, C. Clavius, une autorité du fait de la reconnaissance pontificale.
44 En plongeant dans les papiers totalement inexplorés des archives notariales de Rome, on trouve des dizaines de mentions de bibliothèques privées dans les inventaires après décès.
45 On mentionnera, à titre d’exemple, Ritratto di Roma moderna, in Roma, per il Mascardi. Ad istanza di Pompilio Totti, 1638 ; Descrizione di Roma antica e moderna, in Roma, appresso Andrea Fei, 1643 ; Nota delli Musei, Librerie, Galerie et ornamenti di Statue e Pitture ne’ palazzi, nelle case e ne’ giardini di Roma, in Roma appresso Biagio Deversin e Felice Cesaretti, nella stamperia del Falco, 1664 ; Roma sacra antica e moderna figurata e divisa in tre parti, in Roma, per Giovanni Battista Molo, 1687 ; Eusevologio romano, overo delle Opere pie di Roma. Con due trattati delle Accademie e Librerie celebri di Roma. Dell’abate C. B. Piazza, Rome, a spese di Felice Cesaretti e Paribeni, 1698.
46 Un premier dénombrement donne le résultat suivant : 1638 : 15 ; 1664 : 89 ; 1698 : 74. Ces chiffres sont d’un usage d’autant plus délicat qu’ils posent le problème des critères de sélection des dites bibliothèques par les auteurs. Voir infra l’annexe sur les bibliothèques, p. 693-699.
47 Nota delli Musei, Librerie cit.
48 Eusevologio romano cit.
49 Voir F. Cancedda, Figure e fatti intorno alla Biblioteca del Cardinale Imperiali, mecenate del ’700, Rome, 1995.
50 Sur les bibliothèques privées romaines au xviiie s., voir M. I. Palazzolo et C. Ranieri (dir.), Le raccolte librarie private nel Settecento romano, dans RMC, IV, 1996, 3 ; sur les bibliothèques cardinalices, M. Rosa, I depositi del sapere cit., G. Montecchi, Cardinali e biblioteche, dans Società e storia, XII, 1989, n. 45, p. 729-739, A. Petrucci, I libri della porpora, dans G. Cavallo (dir.), I luoghi della memoria scritta, manoscritti, incunaboli, libri a stampa delle biblioteca statali italiane, Rome, 1994, p. 303-309.
51 La bibliothèque du cardinal Ottavio Acquaviva, évêque de Naples, est signalée, en 1664, pour ses ouvrages de mathématiques. Le galiléen Alfonso Borelli lègue sa bibliothèque aux scolopes de S. Pantaleone ainsi que ses instruments de mathématiques. On y trouve, en outre, en 1698, une belle collection de manuscrits et, parmi eux, la traduction de Lucrèce par Alessandro Marchetti, élève de Borelli et lecteur de mathématiques à Pise. La mention est d’autant plus intéressante que c’est ce texte qui sera mis à l’index quelques années plus tard, dans le cadre de la grande offensive anti-atomiste. La bibliothèque du cardinal Scipione Borghese, au Palais Borghese, du Campo di Marzio, est signalée en 1698 pour ses livres d’astronomie. La bibliothèque de Michelangelo Ricci, au Palais Ricci face à la maison des Sacchetti, est particulièrement riche en textes mathématiques.
52 Voir M. Rosa, I depositi del sapere cit.
53 Voir M. De Romanis, Bibliothecae Joannis Garampi cardinalis catalogus materiarum ordine digestus, Rome, 5 vol., 1895-96, et la notice Garampi, Giuseppe, par M. Caffiero, dans DBI, vol. 52, 1999, p. 224-229.
54 Il en va de même pour la très riche bibliothèque du cardinal Mario Compagnoni Marefoschi (1714-1780), qui comprend, en plus des textes théologiques et patristiques, des ouvrages philosophiques et scientifiques. Voir le Catalogo della maggior parte della biblioteca della chiara memoria dell’em.mo cardinale Mario Compagnoni Mariofoschi, Rome, presso Giuseppe Antonio Monaldini, 1787, et Compagnoni Marefoschi, Mario, par M. Caffiero, dans DBI, vol. 27, 1982, p. 665-668. Qu’on regarde aussi les acquisitions hollandaises, assez audacieuses, du cardinal Domenico Passionei (1682-1761), bibliophile fameux. Voir M. Caffiero, Lettere da Roma alla Chiesa di Utrecht, Rome, 1971. Plus traditionnelle, moins volumineuse, la bibliothèque du cardinal Emanuele De Gregorio (1758-1839), qui compte 1 500 volumes, révèle des intérêts en théologie, morale, histoire sacrée, mais aussi médecine, histoire naturelle, géographie, agriculture. Voir De Gregorio, Emanuele, par M. Caffiero, DBI, vol. 36, 1988, p. 212-215, et Catalogo della libreria già appartenuta all’em.o cardinale Emanuele De Gregorio che si venderà... il giorno 10 giugno 1840, Rome, 1840. Encore moins ouverte à la culture laïque moderne, la bibliothèque de l’évêque érudit Simone De Magistris (1728-1802) est remplie de livres de théologie, d’antiquaria, d’histoire ecclésiastique, et de traités antijansénistes et contre-révolutionnaires ; cf. art. De Magistris, Simone, par M. Caffiero, DBI, vol. 38, 1990, p. 428-431 et Catalogo di libri diversi già spettanti alla Biblioteca della ch. mem. di monsignor De Magistris, Rome, 1805. L’imposante bibliothèque des Chigi est décrite dans S. E. Assemani, Catalogo della biblioteca Chigiana giusta i cognomi degli autori e i titoli degli anonimi, Rome, 1764. Sur les bibliothèques Caetani et Chigi au xviiie siècle, voir D. Fioretti, Nobiltà e biblioteche tra Roma e le Marche nell’età dei Lumi, Ancône, 1996, qui présente et classe, pour la première, 1489 volumes et, pour la seconde, 1806 volumes, correspondant aux acquisitions du xviiie siècle.
55 Voir D. Vanysaker, Cardinal Giuseppe Garampi (1725-1792) cit.
56 On renverra, sans prétendre à l’exhaustivité, aux travaux de F. Haskell et en particulier à Il Museo Cartaceo di Cassiano del Pozzo : Cassiano naturalista, Milan, 1989 ; Mécènes et peintres : l’art et la société au temps du baroque italien, trad. française, Paris, 1991.
57 Pour l’antiquaria, on renverra à la contribution de D. Gallo dans ce volume, p. 257-275.
58 Voir par exemple l’exposition organisée, en décembre 1999, par la Villa Médicis, sur les collections du cardinal de Médicis, M. Hochmann (dir.), Villa Medici. Il sogno di un cardinale. Collezioni e artisti di Ferdinando de’ Medici, Rome, 1999, et, pour le xviiie siècle, celle dédiée à la collection Borgia, M. Nocca (dir.), Le quattro voci del mondo : arte, culture di saperi nella collezione di Stefano Borgia (1731-1804), Velletri, 2001, 2 vol.
59 Voir Nota delli Musei, Librerie cit.
60 Sur la constitution des collections naturalistes en Italie, on renverra à G. Olmi, L’inventario del mondo. Catalogazione della natura e luoghi del sapere nella prima età moderna, Bologne, 1992 ; P. Findlen, Possessing Nature : Museums, Collecting and Scientific Culture in Early Modern Italy, Berkeley, 1994. Sur l’encyclopédisme baroque et le musée Kircher, voir M. Casciato, M. G. Ianiello, M. Vitale (dir.), Enciclopedismo in Roma barocca : Athanasius Kircher e il museo del Collegio Romano tra Wunderkammer e museo scientifico, Venise, 1986. On renverra en outre aux catalogues E. Lo Sardo (dir.), Athanasius Kircher. Il museo del mondo, Rome, 2001, D. Stolzenberg (dir.), The Great Art of Knowing. The Baroque Encyclopedia of Atahnasius Kircher, Fiesole, 2001, et au volume de P. Findlen (dir.), Athanasius Kircher. The Last Man who Knew Everything, Londres, 2004.
61 On pense ici tout particulièrement à l’Accademia dei Lincei et au travail collectif qui a présidé à la publication du Tesoro messicano de l’Espagnol Francisco Hernandez. Cf. G. Gabrieli, Il cosidetto Tesoro Messicano edito dai primi Lincei, dans Rendiconti della R. Accademia nazionale dei Lincei. Classe di scienze morali, storiche e filologiche, s. VII, vol. I, fasc. 7-9, 1940, p. 100-121. Voir le catalogue A. Cadei (dir.), Il Trionfo sul Tempo. Manoscritti illustrati dell’Accademia Nazionale dei Lincei, Modena, 2002, et particulièrement, G. Olmi, « Libertà di filosofare » e « virtuose fatiche » : l’Accademia dei Lincei nell’Italia della Controriforma, p. 49-56 et M. P. Donato, Mecenatismo papale e mecenatismo cardinalizio a Roma tra Sei e Settecento e il ruolo della famiglia Corsini, p. 57-64.
62 Voir sur cette question G. Pizzorusso, Agli antipodi di Babele : Propaganda Fide tra immagine cosmopolita e orizzonti romani (xvii-xix secolo), dans Storia d’Italia. Annali 16 cit., p. 477-518.
63 Voir S. Franchi, Le impressioni sceniche : dizionario bio-bibliografico degli editori e stampatori romani e laziali di testi drammatici e libretti per musica dal 1759 al 1800, Rome, 1994. On renverra de manière complémentaire à RMC, IV, 1996, 3, Raccolte librarie cit., et tout particulièrement à M. I. Palazzolo, Banchi, botteghe, muriccioli. Luoghi e figure del commercio del libro a Roma nel Settecento, p. 419-444.
64 Voir S. Franchi, Le impressioni sceniche cit.
65 Voir J. Metzler, L’Accademia dei Concili nel collegio urbano di Propaganda Fide (1671-1756), dans Euntes Docete, 1983, p. 233-246.
66 Voir, pour le Collegio Romano, G. Castellani, La tipografia del Collegio Romano, dans AHSI, vol. 2, 1933, p. 11-16.
67 Voir en particulier la communauté juive et l’étude sur le rôle des convertis hébreux dans la culture romaine : F. Parente, La Chiesa e il Talmud. L’atteggiamento della Chiesa e del mondo cristiano nei confronti del Talmud e degli altri scritti rabbinici, con particolare riguardo all’Italia tra xv e xvi secolo, dans Storia d’Italia. Annali 11 cit., p. 521-643 ; M. Caffiero, I libri degli ebrei. Censura e norme di revisione in una fonte inedita, dans C. Stango (dir.), Censura ecclesiastica e cultura politica in Italia tra Cinquecento e Seicento, Florence, 2001, p. 203-223.
68 Sur ce terrain, les travaux récents ont apporté des éclairages nouveaux et intéressants : on retiendra notamment G. Fragnito, La Bibbia al rogo. La censura ecclesiastica e i volgarizzamenti della Scrittura (1471-1605), Bologne, 1997 ; Id. (dir.), Church, censorship and culture in early modern Italy, Cambridge, 2001 ; C. Stango (dir.), Censura ecclesiastica e cultura politica in Italia tra Cinquecento e Seicento, cit.
69 Voir J. Tedeschi, The Prosecution of Heresy. Collected Studies on the Inquisition in Early Modern Italy, Binghamton, New York, 1991 (trad. it. Il giudice e l’eretico. Studi sull’Inquisizione romana, Milan, 1997) ; Id., A new perspective on the Roman Inquisition, dans Le contrôle des idées à la Renaissance. Actes du colloque de la FISIER tenu à Montréal en septembre 1995, Genève, 1996, p. 15-30 ; F. Beretta, Galilée devant le tribunal de l’Inquisition, une relecture des sources, Fribourg, 1998. Une étude plus globale, A. Prosperi, Tribunali della coscienza cit.
70 On pourra notamment s’intéresser à l’enquête menée par la congrégation de l’Index auprès des ordres religieux en 1600 : voir M. Dykmans, Les bibliothèques des religieux d’Italie en l’an 1600, dans Archivum Historiae Pontificae, XXXV, 1986, p. 385-404 ; R. Rusconi, Le biblioteche degli ordini religiosi in Italia intorno all’anno 1600 attraverso l’inchiesta della Congregazione dell’Indice. Problemi e prospettive di una ricerca, dans E. Barbieri et D. Zardin (dir.), Libri, biblioteche e cultura nell’Italia del Cinque e Seicento, Milan, 2002, p. 63-84.
71 On renverra, pour cet aspect de la « centralité romaine », aux analyses de S. Bulgarelli, Il giornalismo a Roma nel Seicento. Avvisi a stampa e periodici italiani conservati nelle biblioteche romane, Rome, 1988.
72 Voir M. Caffiero e G. Monsagrati (dir.), Dall’erudizione alla politica cit.
73 On pense ici à la proposition de modélisation de M. Biagioli, construite en référence aux situations florentine, française et anglaise, et où le prince occupe une place différente dans les deux cas vis-à-vis de milieux académiques, mais en étant le seul représentant du pouvoir : M. Biagioli, Le prince et les savants. La civilité scientifique au xviie siècle, dans Annales. HSS, L, 1995, p. 1417-1453.
74 Cf., par exemple, G. Fragnito, Parenti e familiari nelle corti cardinalizie del Rinascimento, dans C. Mozzarelli (dir.), « Famiglia » del Principe e famiglia aristocratica, Rome, 1988, vol. 2, p. 565-587 ; Id., La trattatistica cinque-seicentesca sulla corte cardinalizia. « Il vero ritratto d’una bellissima e ben governata corte », dans Annali dell’Istituto italo-germanico in Trento, XVII, 1991, p. 160-180 ; Id., Le corti cardinalizie nella Roma del Cinquecento, dans Rivista storica italiana, CVI, 1994, p. 5-41.
75 Ivi. Dans le cas présent, le pourcentage englobe autant la cour pontificale que les cours cardinalices : la précision est d’autant plus importante que le vocabulaire reste souvent flou pour désigner les agrégations sociales de la Rome pontificale. La « curie », la « cour pontificale » demandent à être définies avec attention.
76 Si tous ne résident pas à Rome, ils tendent, tout au long de la période considérée, à venir de plus en plus d’Italie et des provinces pontificales, pour atteindre, à la fin du xviiie siècle, 80 % d’Italiens sur le total des cardinaux élus.
77 Dans certains cas, le nombre de bouches que compte une famiglia peut dépasser les 300. Pour le xvie siècle, G. Fragnito, Le corti cardinalizie cit., propose une moyenne de 170 environ.
78 Voir G. Fragnito, La trattatistica cinque-seicentesca cit. ; P. J. A. N. Rietbergen, Papal patronage and Propaganda cit. ; C. Weber, Kardinäle und Prälaten cit.
79 Voir Castelli Benedetto, par A. De Ferrari, dans DBI, vol. 21, 1978, p. 696-690.
80 Voir J. M. Gardair, Le Giornale de’ letterati de Rome (1668-1681), Florence, 1984, p. 58 et passim.
81 Ivi, p. 73-98 ; G. Panizza, Studi sui primordi del giornalismo letterario in Italia. Francesco Nazari, estensore del primo giornale romano, dans Studi secenteschi, XXIV, 1983, p. 155-171.
82 Voir J. M. Gardair, Le Giornale de’ letterati cit., p. 107-117 et Ciampini, Giovanni Giustino, par S. Grassi Fiorentino, dans DBI, vol. 25, 1981, p. 136-143.
83 Sans revenir sur leurs biographies, il convient de souligner les points communs entre leurs itinéraires intellectuels. Le premier d’entre eux concerne le caractère déterminant du lien avec le milieu curial et certaines figures ecclésiastiques de premier plan : pour Nazari, c’est la protection du cardinal Barbarigo qui a joué un rôle central et, pour M. Ricci, il s’agit du cardinal Léopold de Médicis. Quant à Ciampini, il incarne de manière exemplaire la figure du clerc savant, personnalité montante de la chancellerie apostolique et animateur, à plus d’un titre, de la République des Lettres. L’appartenance à ce milieu intervient de manière décisive sur l’évolution de la carrière de ces hommes : elle signifie qu’ils ont la possibilité ou non d’occuper des charges ou des fonctions qui leurs garantissent un revenu. Ainsi, avec le titre de « qualificateur » puis de « consulteur » du Saint Office, nommé à ces postes respectivement par Alexandre VII et Clément IX, M. Ricci est certes amené à déplacer ses centres d’intérêt des mathématiques vers la théologie, mais il est aussi mis dans la position de disposer d’une relative autonomie matérielle. Francesco Nazari, grâce à son protecteur, occupe la chaire de philosophie de l’Université de la Sapienza de 1670 à 1714, tout en se voyant confier, à partir de 1669, l’imprimerie polyglotte du Collège de Propaganda Fide. Ainsi, l’appartenance au milieu curial et l’inscription dans un réseau de patronage constituent la condition sine qua non de l’exercice de l’activité intellectuelle. Sur Clément IX, voir la notice de R. Meloncelli, dans DBI, vol. 26, 1986, p. 282-293 ; L. von Pastor, Storia dei Papi dalla fine del medio evo. 14. Storia dei Papi nel periodo dell’Assolutismo dall’elezione di Innocenzo X sino alla morte di Innocenzo XII (1644-1700), Rome, 1962 ; J. M. Gardair, I Lincei : i soggetti, i luoghi, le attività, dans P. Galluzzi, C. Poni et M. Torrini (dir.), Accademie scientifiche del ’600, numéro spécial des Quaderni storici, XVI, 1981, 48, III, p. 763-787 ; S. Rotta, L’accademia fisico-matematica Ciampiniana : un’iniziativa di Cristina ?, dans Cristina di Svezia. Scienza ed alchimia nella Roma barocca, Bari, 1990, p. 122.
84 Pour un développement plus précis, voir M. P. Donato, Le strane mutazioni di un’identità : il « letterato » a Roma, 1670-1750, dans B. Salvemini (dir.), Gruppi ed identità sociali nell’Italia di prima età moderna. Percorsi di ricerca, Bari, 1998, p. 275-314.
85 Voir, sur la question, J. M. Gardair, I Lincei cit. ; G. Olmi, « Un essercitio universale di contemplatione, e prattica » : Federico Cesi e i Lincei, dans L. Boehm et E. Raimondi (dir.), Università, Accademie e Società scientifiche in Italia e in Germania dal Cinquecento al Settecento. Atti della settimana di studio, 15-20 settembre 1980, Istituto storico italo-germanico di Trento, Bologne, 1981, p. 169-235 ; P. Redondi, Galilée hérétique, trad. française, Paris, 1985 ; S. Ricci, « Una filosofica milizia ». Tre studi sull’Accademia dei Lincei, Udine, 1994 ; catalogue Il Trionfo sul Tempo cit.
86 Voir L. Alemmano, L’Accademia degli Umoristi, dans RMC, III, 1995, 1, p. 97-120.
87 Voir la contribution de M. P. Donato dans ce volume p. 243-255, et plus généralement son livre, cité supra.
88 Le rôle des dédicaces est essentiel, comme la fonction des titres. Voir R. Chartier, Patronage et dédicace, dans Id., Culture écrite et société. L’ordre des livres (xive-xviiie siècle), Paris, 1996, p. 81-106.
89 Voir M. P. Donato, Accademie cit. ; A. Romano, infra, p. 209-242.
90 Voir A. Romano, La contre-réforme cit.
91 Voir M. Bucciantini, Eredità galileiana e politica culturale medicea : il caso degli scolopi, dans Studi storici, XXX, 1989, 2, p. 379-399.
92 Voir R. Feldhay, Galileo and the church, Cambridge, 1994.
93 Voir A. Romano, I problemi scientifici cit. ; Id., infra, p. 209-242.
94 Voir A. Cipriani, Contributo per una storia politica dell’Arcadia settecentesca, dans Arcadia. Atti e memorie, s. III, V, 1971, 2-3, p. 101-166 ; M. Caffiero, Centro e periferie. Reti culturali e patronati politici tra Roma e la Marca nella seconda metà del Settecento, dans La nobiltà della Marca nei secoli xvi-xviii : patrimoni, carriere, cultura. Atti del XXXII Convegno di Studi Maceratesi, abbadia di Fiastra (Tolentino), 24-25 novembre 1996, Macerata, 1998, p. 133-160.
95 Voir E. et J. Garms, Mito e realtà di Roma nella cultura europea. Viaggio e idea, immagine e immaginazione, dans C. De Seta (dir.), Storia d’Italia. Annali 5. Il paesaggio, Turin, 1982, p. 561-661 ; G. Labrot, Image de Rome : une arme pour la Contre-Réforme, Paris, 1987. Sur la dimension confessionnelle du rapport aux étrangers, I. Fosi, Roma e gli ‘ultramontani’. Conversioni, viaggi, identità, dans Quellen und Forschungen aus Italienischen Archiven und Bibliotheken, vol. 81, 2001, p. 351-396.
96 Voir, sur cette question, L. Barroero, « Il se rendit en Italie ». Artisti stranieri a Roma nel Seicento, dans RMC, I, 1993, 1, p. 13-34 ; D. Gallo, Rome, mythe et réalité pour le citoyen de la République des Lettres, dans H. Boots et F. Waquet (dir.), Commercium Litterarium : la communication dans la République des Lettres, 1600-1750, Amsterdam, 1994, p. 191-205.
97 Voir, notamment, A. Robinet, G. W. Leibniz. Iter Italicum cit.
98 Voir G. Fragnito, Le corti cardinalizie cit.
99 Voir sur cette question, dans sa double dimension sociologique et d’analyse de la constitution d’un milieu professionnel, S. Iucci, La trattatistica sul segretario tra la fine del Cinquecento e il primo ventennio del Seicento, dans RMC, III, 1995, 1, p. 81-96.
100 Voir les analyses de M. Rosa, Chiesa e stati regionali nell’età dell’assolutismo, dans A. Asor Rosa (dir.), Letteratura italiana. 1. Letteratura e potere, Turin, 1982, p. 342-359 ; R. Merolla, Lo stato della Chiesa, dans A. Asor Rosa (dir.), Letteratura italiana. 2. Storia e geografia, Turin, 1988, p. 1019-1109 ; Id., L’Accademia dei desiosi, dans RMC, III, 1995, 1, p. 121-155.
101 Ce qui n’est pas le cas de cet autre type de sociabilité qu’est la « conversation » dont S. Grassi a souligné, dans nos travaux, le caractère « privé », comme le « choix délibéré du caractère informel des rapports ».
102 Voir M. Caffiero, Centro e periferie cit.
103 Dans le travail d’équipe autour duquel s’est organisé ce volume, quelques séances de discussions ont été consacrées à l’élaboration d’une grille de lecture et d’analyse commune aux trois groupes : celle-ci prévoyait de privilégier cinq axes de recherche, sur la sociologie des groupes concernés, sur la professionnalisation, sur l’autoreprésentation et sur les rapports avec le pouvoir. Nous avons expliqué plus haut les raisons qui nous ont invitées à privilégier ce dernier axe.
104 Voir Sciences et religions de Copernic à Galilée (1540-1610). Actes du colloque de Rome (déc. 1996), Rome, 1999 (Collection de l’École française de Rome, 260).
105 Voir les contributions publiées dans Géométrie, atomes et vide dans l’école de Galilée, textes réunis par E. Festa, V. Jullien et M. Torrini, Paris, 1999.
106 Voir A. Romano, I problemi scientifici cit. ; Id., infra, p. 209-242.
107 Voir M. Caffiero, Le « Efemeridi letterarie » di Roma (1772-1798). Reti intellettuali, evoluzione professionale e apprendistato politico, dans M. Caffiero et G. Monsagrati (dir.), Dall’erudizione alla politica cit., p. 65-103 ; M. P. Donato, Accademie romane cit.
108 En réalité, dans la phase de réformisme pontifical des années 1780, ce qui se fait principalement jour n’est autre qu’une tentative de légitimation et de formation d’un consensus autour des choix politiques et culturels du gouvernement, ainsi qu’une forte harmonie d’objectifs entre intellectuels et hiérarchies au pouvoir, de manière à dépasser tensions et méfiances, même si celles-ci continuent à exister, comme les positions plus radicales de Amaduzzi le rappellent. Tout ceci est rendu possible par la séparation théorique opérée entre religion d’une part et science et choix culturels de l’autre, au nom d’une sorte de théorie de la double vérité, principalement diffusée dans le courant qui a été qualifié d’Aufklärung catholique des années 1770-1780. Cette harmonie est confirmée, pour ce qui concerne les milieux intellectuels, par leur fidélité à des choix fondamentalement modérés et réformateurs, fidélité maintenue jusque dans la période révolutionnaire : voir les cas de Bartolucci, Pessuti, Benigni. Pour une réflexion d’ensemble, voir M. Rosa, Chiesa e stati regionali cit. Pour le rôle politique des intellectuels dans la République romaine du 1798, voir M. Caffiero, La repubblica nella città del papa. Roma 1798, Rome, 2005.
109 Voir M. Caffiero, Le « Efemeridi letterarie » di Roma cit.
110 On renvoie ici aux usages du concept par P. Bourdieu, notamment dans Quelques propriétés des champs, dans Questions de sociologie, Paris, 1984, p. 113-120 ; Id., Le champ intellectuel : un monde à part, dans Choses dites, Paris, 1987, p. 167-177.
111 Voir L. Felici, Il giornalismo romano fra Arcadia e Neoclassicismo, dans Studi Romani, XIX, 1971, p. 264-273. Pour une analyse plus détaillée, voir la contribution de M. Caffiero dans ce volume, p. 277-292.
112 En effet, l’année précédente, Luigi Gonzaga, prince de Castiglione (1745-1819), curieux mélange de letterato et d’aventurier, avait publié à Rome un discours également prononcé à l’Arcadia, Il letterato buon cittadino. Discorso filosofico e politico. Sur Gonzaga et son rôle dans les affaires de Corilla Olimpica, voir A. Ademollo, Corilla Olimpica, Florence, 1887, p. 157-173 et 213 sq.
113 Pour une analyse détaillée, voir la contribution de M. Caffiero dans ce volume, p. 277-292.
114 Voir M. Biagioli, Le prince et les savants cit.
115 Voir les Efemeridi letterarie. Il est probable que l’impulsion donnée à la requête de création d’une chaire d’agriculture théorique et pratique, formulée par l’Accademia georgica di Montecchio, dont les fondateurs étaient très liés aux personnages romains dont il est question ici, soit née de l’idée de création d’un réseau culturel.
116 Pour plus de détails sur ce phénomène, voir M. Caffiero, infra, p. 277-292.
117 Sur le Congresso accademico de Ruffo, dont Luigi Riccomanni était le secrétaire, voir M. P. Donato, Accademie romane cit., p. 150 ; M. Morena, Il Congresso Accademico Romano e la redazione del Catalogo delle manifatture dello Stato Pontificio (1787), Rome, 1997. Voir en outre la contribution de M. Caffiero, infra, p. 277-292.
118 Voir, par exemple, Archivio dell’Accademia Georgica di Treia, b. 38 : Estemporanea rimostranza fatta il dì 26 marzo 1789 al Parlamento di Montecchio dal Sig. F. Benigni, uno de’ Parlamentari, Segretario, Istoriografo, sulla necessità di riformare le municipali Costituzioni Montecchiesi... formate nel 1739.
119 Voir M. Caffiero, infra.
120 Sur les académies de la période révolutionnaire et napoléonienne, M. P. Donato, Accademie romane cit., chap. 4.
121 Voir la contribution de M. Formica dans ce volume, infra.
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