Présences
Deuxième partie
p. 283-355
Texte intégral
« Ma che cosa resterà da fare, quando un giorno tutte le miniere del suolo italico saranno esauste ? »
E. Braun, Bull. Inst., 1844, p. 198.
LES DÉCOUVERTES DE 1816-1817
1Épisode fondateur de l’archéologie, non seulement albaine mais latiale, et, peut-on dire, protohistorique (encore que cette dernière dimension ne soit pas apparue tout de suite), la trouvaille fortuite, sur les bords d’une route des Colli, en 1816, des premières urnes-cabanes identifiées comme telles, et leur publication, dès 1817, par A. Visconti, restent enveloppées d’incertitudes, d’obscurités et d’ambiguïtés. Pourquoi, après tout, chercher à dissiper un mystère qui ne pourra sans doute jamais être complètement levé, et ne pas abandonner à la petite histoire des amateurs d’anecdotes le détail de circonstances bientôt vieilles de deux siècles ? C’est que, derrière les discussions, les controverses, les polémiques même, qui n’ont pas cessé depuis ce temps à propos du lieu et de la nature de ces découvertes, se dissimule un enjeu fondamental pour notre propos, même s’il reste souvent implicite : la possibilité ou non de la localisation et de la datation d’un éventuel site d’Albe dépendrait en effet de la détermination préalable et précise de l’origine et des caractéristiques des objets venus alors au jour sur les pentes occidentales du lac Albain. C’est dire que le philologue comme l’historien ne peuvent, malgré qu’ils en aient, se désintéresser des conditions exactes qui permirent, pour la première fois, à la question albaine de passer du domaine de la légende à celui de l’histoire. Ce d’autant moins que les apprentis archéologues de ces années lointaines étaient eux-mêmes guidés, parfois sans le savoir, par des conceptions philologiques et historiques sur le problème d’Albe, qui rendent très délicate l’évaluation de leurs descriptions, considérées trop souvent aujourd’hui comme des faits primaires et utilisées en conséquence, alors qu’il ne s’agit que d’interprétations fondées sur des présupposés qui restent dans l’ombre. À certains on fait dire ce qu’ils n’ont pas dit ; pour d’autres, on isole abusivement une partie de leurs déclarations, en passant le reste sous silence. Surtout, on ne distingue d’ordinaire pas assez, nous semble-t-il, entre ce qui provient des acteurs et témoins plus ou moins directs des découvertes, et ce qui appartient à une glose postérieure et secondaire : cette démarcation éminemment philologique est pourtant indispensable pour une juste appréciation de la part respective du certain et de l’incertain dans une bibliographie dont les différents titres ne sauraient être tous mis sur le même plan.
2Les protagonistes de l’affaire sont bien connus : d’un côté, Alessandro Visconti (1757-1835), l’auteur de la Dissertation1 qui va faire connaître, quelques mois après leur découverte, les premiers « vases cinéraires » au public ; dans la coulisse, l’antiquaire (au sens moderne du terme) d’Albano, Carnevali, qui cherchera à les acheter et qui est le propriétaire, plus ou moins légitime, des poteries décrites par Visconti. En face, l’érudit Carlo Fea (1753-1836)2, qui revendique dès avril 1817 la propriété de ces objets pour le duc Torlonia, alors propriétaire de la villa Barberini de Castel Gandolfo et commanditaire de la nouvelle route dont l’ouverture avait occasionné les premières découvertes répertoriées. Dans l’ombre, l’entrepreneur indélicat, B. Pasqualucci, qui revendra à Carnevali les poteries exhumées par ses terrassiers. Les spécialistes modernes – principalement Pinza hier, Gierow naguère, G. Colonna et G. Bartoloni aujourd’hui3 – se sont surtout demandé si le matériel décrit et dessiné par Visconti dans une des illustrations de son opuscule était authentique ou s’il résultait d’une recomposition arbitraire : en filigrane de ces discussions, la possibilité d’identifier la grande nécropole albaine dont l’emplacement révélerait de facto celui de la ville mythique des Latins.
3Les recherches menées depuis plus d’un siècle, notamment par Pinza et Gierow4, éclairent, au moins en partie, le débat né en ces années 1816-1817 dans des écrits où il y a beaucoup d’arrière-pensées, de silences, de faux problèmes. L’illusion d’optique serait ici de considérer comme autant de contributions de pure érudition des travaux qui sont, pour une bonne part, des écrits de circonstance. Pour l’éviter, il faut se demander qui a signé ces notes et ces descriptions qui aujourd’hui ont rejoint l’intemporelle neutralité des bibliothèques. Ainsi pour Visconti : il suffit d’une lecture attentive de sa Dissertation pour constater qu’elle a été écrite à la demande de l’antiquaire Carnevali, et peut-être, à notre avis, payée par lui, Visconti apparaissant vis-à-vis du négociant dans une position visiblement subordonnée5. Tout dans ces trente pages, au demeurant de fort bonne tenue, est significatif, à commencer par la date – 1817 – qui suit de près celle des premières trouvailles, intervenues en octobre-novembre 1816 ; il est, selon nous, évident que l’opuscule, tel qu’il est alors diffusé parmi les amateurs cultivés de Rome, les dilettantes comme on dit alors, a pour objet de faire connaître et faire vendre les « vases funéraires albains » recueillis par Carnevali. Avant donc d’être un écrit scientifique – ce qu’il ne deviendra vraiment que quelques années plus tard (en 1823) par son insertion dans la série des Dissertations de l’Académie Pontificale6 –, c’est un écrit publicitaire. Gierow a, par ailleurs, bien montré que Carnevali avait tout intérêt à rester discret sur la provenance de ses vases, puisque leur possession était revendiquée au même moment par le duc Torlonia, propriétaire dépossédé du produit des découvertes faites sur ses propres terres.
4Faudra-t-il pour autant, ainsi qu’on l’a souvent fait, donner raison à celui qui apparaît comme le porte-parole du duc, Carlo Fea, dont les Variétés sont du reste dédiées à un des hommes de confiance du noble romain ?7 On voit bien que l’un (Visconti) avait intérêt à laisser dans le vague, comme il le fait effectivement, la question de la localisation des découvertes, et l’autre (Fea), à être au contraire très précis sur ce point puisqu’il s’agissait de prouver que les vases récupérés par Carnevali auraient dû en réalité appartenir au duc Torlonia. La précision du second n’est donc pas, contrairement à ce que beaucoup croient8, nécessairement plus scientifique que l’imprécision du premier. Quant à l’adéquation de la description de Fea aux objets dessinés par Visconti, elle n’a sans doute pas valeur de preuve décisive, contrairement à un argument avancé par Pinza et repris récemment par G. Bartoloni9 pour la localisation proposée par le défenseur des droits de la maison Torlonia, étant donné que Fea, comme Gierow l’avait affirmé et comme on peut le prouver10, avait lu l’écrit de Visconti publié, il ne faut pas l’oublier11, dès 1817. Il est vrai qu’il est possible que Visconti lui-même ait utilisé une description anonyme et préliminaire dont l’auteur pourrait bien être Fea !12
5Dans ces conditions, plutôt que de chercher des démonstrations qui n’en sont pas, car résultant de rapports chronologiques incertains, on sera attentif aux convergences qui peuvent se dessiner entre deux thèses qu’on oppose peut-être trop schématiquement. Remarquons d’abord que chez Visconti comme chez Fea, la question de la localisation, qui a tant d’importance pour l’érudition moderne, n’est sans doute que seconde par rapport au grand débat historico-géologique qui préoccupe alors les esprits, et pour longtemps13 : les vases albains gisent-ils sous ou sur le pépérin ? Pour Visconti, qui pose les bases de la comparaison avec Pompéi à laquelle De Rossi donnera, un demi-siècle plus tard, tant d’ampleur, la couche de pépérin recouvre les urnes-cabanes, sans qu’il soit nécessaire de supposer qu’elles furent placées là à la suite d’un pénible travail de creusement, le pépérin résultant selon lui de la pétrification de ce qui était à l’origine un sable pulvérulent14 ; pour Fea, au contraire, qui refuse explicitement l’analogie avec Pompéi, ces « terres cuites bien médiocres » ne sauraient avoir précédé une quelconque éruption et datent donc des temps « de la République Romaine »15, ce qui fait, on le voit, une conclusion fausse pour des prémisses justes. Dans les deux cas, les urnes-cabanes se trouvaient dissociées de la question albaine, et situées bien « avant la fondation d’Alba Longa », avec Visconti16, bien après avec Fea, et encore davantage avec leur contemporain Tambroni qui, arguant de la diffusion continentale des champs d’urnes, les rapportait à la fin de l’Antiquité et aux invasions barbares17 ; dans ces conditions, la question de la localisation exacte des trouvailles de 1816-1817 perdait, pour les deux savants duellistes et tous leurs contemporains, beaucoup de son intérêt, et cela peut expliquer, outre la négligence usuelle à l’époque en la matière, le manque d’informations précises quant à l’origine topographique des objets mis alors au jour. C’est à cette déficience qu’était sans doute sensible George Dennis, l’auteur de l’inoubliable The Cities and Cemeteries of Etruria (1848), lorsqu’il y qualifiait (p. 432) la lettre de Visconti de « a strange farrago of facts, quotations, fancies, fallacies, and leaps at conclusions », lui qui était alors le seul à dire des urnes-cabanes de 1817 que « the ashes they contain are probably those of the inhabitants of Alba Longa », tout en récusant la thèse volcaniste.
6Toujours cités mais très peu relus en réalité, les écrits de Visconti et de Fea livrent cependant peut-être quelques indications précieuses bien qu’inaperçues : remarquons tout d’abord que Visconti parle des « urne antiche rinvenute in Albano » avant d’évoquer, à une page de distance, l’endroit où elles ont été trouvées, « in un colle alle vicinanze dell’antichissima città di Albano ». Dans la première mention du nom d’Albano, le toponyme désigne évidemment la cité « moderne » qui s’étend le long de l’Appia ; dans la seconde, il faut bien voir qu’il s’agit toujours du même lieu, mais désigné par allusion avec la localisation d’Albe La Longue (dite couramment, chez les antiquaires, Albano) à... Albano précisément, Visconti ne faisant pas autre chose que de reprendre ici une théorie, fondée sur l’apparente, et évidemment trompeuse, homonymie entre les toponymes moderne et antique, qui concluait à leur identité, théorie classique qui était déjà celle de Montfaucon18 et que venait encore de défendre le dernier auteur à avoir parlé de la question albaine, Riccy, dans ses Memorie storiche dell’antichissima città di Alba-Longa e dell’Albano moderno publiées en 1787. On voit donc qu’on ne saurait en aucune façon faire dire à Visconti19 que les découvertes de 1816 devaient être mises en relation avec le site de Castel Gandolfo assimilable à Albe : il ignore cette hypothèse, de son temps beaucoup moins répandue qu’aujourd’hui et, davantage, s’il cite un lieu c’est Albano, tandis qu’il met nettement la question d’Albe à l’écart. Quant à Fea, dont nous avons vu qu’il entendait revendiquer pour le duc Torlonia les poteries trouvées en 1816, il livre une information, une concession si l’on veut, qui, compte tenu de sa préoccupation majeure, est d’autant plus précieuse : spécifiant bien que son enquête, faite, il convient de le souligner, après coup, n’avait de toute façon pas pour objet la localisation exacte des trouvailles, il admet que l’ensemble constitué par Carnevali comprenait aussi des pièces de provenance autre que celles qui venaient, d’après lui, du terrain Torlonia, précisant que la collection de l’antiquaire avait été « in seguito [donc entre 1816 et 1820, date à laquelle il publie ses Variétés] accresciuta lodevolmente anche da altre parti ». Bien plus, évoquant les terres cuites litigieuses, il parle, dans une formule où chaque mot serait à souligner, de « queste, ed altre uguali, che sane o rotte si sono trovate quà, e là nelle vigne, e altri contorni di Marino e d’Albano » (o.c., p. 15).
7Entre les deux adversaires, le désaccord n’est donc pas aussi grand qu’on le dit généralement ; il y a même accord sur un point dont on admettra qu’il n’est pas négligeable : dans les poteries de 1816-1817, une partie, au moins, provenait, non du terrain de la route des Due Santi, près de Castel Gandolfo, mais des collines, non autrement précisées, de Marino et d’Albano. En ce qui concerne ce dernier site, une recherche récente de P. Chiarucci20 est venue apporter un indice nouveau : en consultant les fiches de provenance du matériel albain vendu au xixe siècle au British Museum, il a pu établir qu’une vingtaine d’objets – dont un vase qui était associé avec une urne-cabane aujourd’hui perdue – provenaient d’Albano même.
8Au chapitre des nouveautés que peut révéler la relecture de ces incunables de l’archéologie albaine, ajoutons un correctif à propos de la date des premières découvertes : comme il appert de deux des témoignages sous serment rapportés à la fin de la dissertation de Visconti, on pourrait dire que celles-ci eurent lieu, non en 1816, mais en 1813 et 1814, au Valmarciana d’une part et près du Monte Cucco d’autre part21. En réalité, nous avons vu que, très probablement, des tessons de céramique latiale, voire des pièces entières, avaient été trouvés de tout temps par les paysans, mais ignorés et détruits. C’est toute la rumeur née en 1816 qui conduisit les cultivateurs à se souvenir de leurs trouvailles les plus récentes et à devenir attentifs, au demeurant sans excès, à ce qu’auparavant ils ne remarquaient sans doute pas. Il est du reste particulièrement frappant de constater que si Carnevali n’avait pas été présent lors du percement de la route des Due Santi, les urnes-cabanes et les vases qui allaient marquer la naissance de l’archéologie albaine et latiale seraient vraisemblablement restés totalement inconnus. Les terrassiers en avaient déjà brisé une bonne partie, espérant y trouver de l’or. On peut d’autant plus l’affirmer que le rôle salvateur de Carnevali est indiqué par Fea en personne, qui lui contestait pourtant la légitimité de la possession de ces vases22. Combien de fois, antérieurement, en l’absence d’un Carnevali qui eût pu les signaler, des « vases funéraires albains » ont dû immédiatement rejoindre le néant d’où ils n’étaient sortis que pour un instant, leur destruction suivant sans tarder leur découverte !
9Autre cause, restée inaperçue, de la soudaineté et de l’abondance si curieuses des découvertes albaines en ces années 1816 et 1817 : c’est le moment de la réouverture de l’Académie Romaine d’Archéologie23 après deux années de silence, et les communications présentées devant ce docte cénacle, à l’instar de la lettre de Visconti, permettent de faire connaître des découvertes qui ont pu s’étaler sur plusieurs années.
10À la barre des témoins possibles de cette affaire de 1816, on doit citer une contribution qui, sans être stricto sensu de première main, mériterait cependant d’être placée avant toute la « littérature secondaire » sur le sujet, celle qui est constituée notamment par les commentaires de Pinza, qu’on utilise abusivement comme s’il s’agissait de sources primaires : il s’agit des recherches menées par De Rossi, qui, à la différence de ses prédécesseurs, accordait un intérêt prioritaire à la localisation des découvertes de 1816, puisqu’il entendait vérifier sa théorie d’une Albe vue comme une « Pompéi préhistorique ». Or ses investigations ne paraissent pas avoir été seulement livresques, vu que, dans un cas au moins, pour Rocca di Papa, il avait fait parler les propriétaires de vignes sur les poteries exhumées par « leurs ancêtres ».24 Il situe constamment, en tout état de cause, le lieu de provenance du matériel de Carnevali sur les monts Cucco et Crescenzio25, évoquant même en 1871 « mie indagini sui luoghi frugati dal Carnevali » (« Quarto Rapporto... », p. 246). Il est vrai que l’épicentre de ses propres fouilles se trouvait, comme nous l’avons vu, entre Marino et Grottaferrata, si bien qu’il pouvait être tenté d’annexer à l’ensemble qu’il identifiait les découvertes de 1816, ce qui eût été beaucoup moins aisé s’il les avait placées toutes à Castel Gandolfo ; il est vrai également que c’était pour lui une manière de donner un prestigieux précédent à la vérification qu’il tentait sur ce même mont Crescenzio dans le cadre de la polémique géologique qui l’opposait à Pigorini et qui allait provoquer, nous l’avons vu aussi, la contre-épreuve éclair de Schliemann26 ; mais en fait, le choix de ce lieu dépendait d’abord de sa localisation des découvertes de 1816. Enfin, il est visible qu’il a surévalué les indications fournies par deux des témoignages annexés à la Dissertation de Visconti, où il était question de trouvailles faites dans deux vignes du Valmarciana, en leur donnant une portée certainement exagérée27. Il reste que son insistance sur ce point de topographie est telle qu’elle mérite d’être soulignée : De Rossi s’est souvent trompé sur l’interprétation des faits archéologiques qu’il relevait, mais il n’est pas d’exemple qu’il ait jamais inventé ces faits. Dans ces conditions, on ne peut que regretter qu’il n’ait pas achevé son projet de dresser une carte des trouvailles de 1817, qu’il annonçait, en janvier 1878, dans une séance de l’Institut de Correspondance Archéologique, comme en témoigne une note (Bull. Inst., 1878, p. 8) non mentionnée par Gierow.
11En tout état de cause, il est acquis et reconnu par tous qu’une partie, dont la proportion est, elle, sujette à discussion, des objets acquis par Carnevali en 1816 et 1817 provenait d’autres lieux que de la route des Due Santi : les vignes Marini près du lac Savelli, et Tomassetti sur le mont Crescenzio sont des provenances sûres28. Peut-on dire pour autant, comme Pinza29 en 1900, que la fouille sur la vigne Tomassetti, effectuée, après des sondages préliminaires, en présence de témoins convoqués pour l’occasion, avait pour seul but de légitimer les acquisitions récentes faites par Carnevali auprès des terrassiers travaillant sur les terres Torlonia ? Ce serait vrai si Visconti avait par ailleurs dissimulé, par un mensonge explicite ou par omission, que Carnevali avait trouvé ailleurs la plupart des vases qu’il détenait : or ce n’est nullement le cas, car, même s’il n’y insiste pas, l’auteur de la Lettera de 1817 fut, sinon le premier, du moins l’un des tout premiers à révéler le lieu et l’importance du gisement archéologique Torlonia dans la collection Carnevali30. Il apparaît donc que l’interprétation moderne de toute cette affaire n’est parfois pas exempte d’inexactitudes ou de simplifications. En réalité, ce qui apparaît aussi, à notre avis, c’est que, comme Pinza et Gierow l’avaient déjà montré, et malgré ce qu’on a pu dire récemment en sens contraire, la route des Due Santi ne fut pas, en ces années 1816 et 1817, la seule « miniera di tanto estranie cose », pour reprendre la formule imagée de Fea (Varietà..., p. 15). Les révélations des témoins – assermentés, il ne faut pas l’oublier – cités par Visconti, tout comme les indications concordantes qu’on peut relever chez les deux adversaires le montrent, même si c’est bien insuffisamment : la récolte de « vases funéraires albains » se produisit sans nul doute, non seulement près de Castel Gandolfo, et en 1816, mais également avant, après et ailleurs. À cet égard la publicité faite dans toute la contrée sur l’intérêt des trouvailles archéologiques à l’instigation du duc Torlonia a dû jouer un grand rôle31 : son résultat le plus vraisemblable est que, plutôt que de les apporter au gouverneur de Castel Gandolfo comme il le leur était demandé, les cultivateurs des alentours se seront empressés de vendre en sous-main à Carnevali les trouvailles analogues qu’ils avaient faites, sans beaucoup s’inquiéter – est-il besoin de le dire ? – de leur localisation exacte et de leur intégrité (nous parlons des vases...). Il est du reste frappant de constater que celui des contremaîtres (« caporale di strada ») préposés à la réalisation de la route Torlonia, dont Visconti cite le témoignage – qui n’est pas B. Pasqualucci mais un certain Loreto Santucci, portant curieusement le même nom qu’un abbé membre de l’Académie Pontificale – ne fait aucunement état de poteries, ni a fortiori d’urnes-cabanes, mais seulement d’un grand nombre de « clous de fer travaillés » qu’il s’était empressé de réutiliser pour renforcer les pics et pioches dont se servaient ses ouvriers. Il est tentant de reconnaître (avec De Rossi)32 dans ces « clous » les lances miniaturisées si fréquentes dans les tombes latiales des premières périodes.
12Les considérations qui précèdent autorisent donc, nous semble-t-il, les déductions suivantes : une partie appréciable du fonds Carnevali provenait de la route des Due Santi, ce que reconnaît explicitement Visconti ; c’est pourquoi nous serions plus affirmatif sur ce point que Gierow qui concluait, lui, à l’absence de preuve dans un sens ou dans un autre33. Mais il est non moins sûr qu’une autre partie avait une autre provenance : non pas seulement les vignes Tomassetti et Marini34, mais également les monts Cucco, Crescenzio et d’autres sites, tant du côté de Marino que d’Albano, comme le reconnaît explicitement Fea, mais dont il n’est pas possible de préciser davantage l’emplacement. Ainsi, les aveux croisés, si on peut dire, des protagonistes éclairent, en la rendant moins sûre, la composition de la collection Carnevali, dont la part qu’y occupe le gisement Torlonia se réduit d’autant que s’élargit l’éventail des autres provenances possibles. Si donc « l’Albano » de Visconti n’exclut pas Castel Gandolfo, il est non moins certain que le Castel Gandolfo de Fea n’exclut pas non plus Albano, Marino et autres lieux. Bref, la conclusion selon laquelle la totalité du matériel Carnevali proviendrait du seul Pascolaro de Castel Gandolfo35 est sans doute excessive, et en tout cas non démontrable. Carnevali étant mort en 1837, on pourrait admettre d’autre part que sa collection, telle qu’elle fut vendue à tous les collectionneurs et musées d’Europe par Depoletti, s’est constituée tout au long des vingt ans qui suivirent l’affaire de la route des Due Santi. Cependant, le chiffre de 150 vases indiqué par Fea, qui semble correspondre à peu près au nombre final de pièces, même s’il y eut sans doute beaucoup de pertes au moment de la dispersion, et surtout la très rapide décote dont furent l’objet les vases albains, qui cessèrent donc rapidement d’être recherchés, nous feraient penser que le gros de la collection fut constitué en peu de temps36.
13Reste le problème de l’authenticité de la tombe dessinée et décrite par Visconti, sur lequel s’est focalisée la recherche moderne, dans la pensée qu’une réponse positive accroîtrait d’autant le poids du site de Castel Gandolfo et conséquemment la valeur de son identification avec Albe. Contre Gierow qui arguait d’incompatibilités stylistiques au regard de la classification typologique qu’il avait établie, G. Bartoloni a montré, de façon selon nous convaincante, et en se fondant sur de nombreux parallèles, la plausibilité, la cohérence et, partant, la probable unicité de la sépulture illustrée dans la Dissertation de 1817. Pour autant, nous ne lui donnerions pas entièrement raison : les observations que fit un jour Pinza37 sur le caractère tout de même quelque peu clandestin et illégitime de l’achat par Carnevali des vases à Pasqualucci gardent en effet toute leur force, et la récupération des poteries a dû se faire le plus discrètement possible et, comme le présumait Pinza, dans le plus grand désordre, ce qui exclut sans doute que la composition originelle des sépultures ait pu être rigoureusement préservée. Nous l’exclurions d’autant plus que, même dans des circonstances normales où les fouilleurs avaient tout le loisir de faire au mieux, ils sont restés indifférents à l’exacte composition des sépultures, comme nous l’avons vu jusqu’ici par tant d’exemples éloquents et consternants. D’où vient alors que le tableau dressé par Visconti soit si vraisemblable ? C’est qu’il s’agit, selon nous, d’une espèce de modèle idéal de sépulture à urne-cabane, recomposée à partir de l’observation juste de détails récurrents : pour chaque objet type, dont Carnevali et Visconti avaient remarqué l’habituelle présence dans les tombes albaines, ne peut-on pas penser qu’ils ont été prendre le plus bel exemplaire disponible, constituant ainsi un ensemble à la fois authentique (les analyses de G. Bartoloni le prouvent) et artificiel ? Bien sûr, nous ne pouvons pas prouver ce qui reste plus une impression qu’un fait établi : on peut au contraire décider de célébrer en Visconti un génial précurseur des exigences les plus raffinées de l’archéologie moderne, mais c’est là en fin de compte, à notre avis, se fourvoyer sur le caractère de cette archéologie ancienne tel qu’il nous est apparu tout au long de notre enquête. Visconti n’a certes pas démérité, mais sa description peut très bien être ce qu’on appelait alors une « restitution », aussi juste que fausse38. Pour tout dire, il nous semble déceler, dans son entreprise, des canons plus esthétiques (au regard de nos exigences actuelles, du moins) que scientifiques. Pour peindre un personnage, les artistes de l’époque n’hésitaient pas, en effet, à s’inspirer de plusieurs modèles vivants à la fois : ainsi atteignait-on mieux, pensait-on, le beau. Nous nous demandons si la même conception ne prévalait pas, au même moment, en archéologie où, là aussi, tout est affaire de dessin : pour atteindre le vrai, n’était-il pas préférable de réunir, de « restituer » sur une seule tombe, des éléments de provenance très différente ? C’est ce qui explique fondamentalement, à notre avis, que les exemples de tombes dont le mobilier a été recomposé après coup soient légion à cette époque, et l’on sait assez combien cette pratique des restitutions occasionna d’erreurs et de fausses attributions39.
14De tout cela, il s’ensuit que la richesse de la tombe Visconti, même si elle correspond à des éléments réels, peut difficilement être considérée, puisque la localisation des trouvailles est finalement beaucoup moins limitée qu’on ne l’a dit, comme le signe de la richesse d’un site unique qui serait celui de Castel Gandolfo, et de Castel Gandolfo seulement, cette richesse valant elle-même comme preuve de l’existence d’un centre nommé Albe40. Du reste, dans la tombe que Lanciani entrevit sur le Monte Crescenzio, et dont on ne sait si elle était à incinération ou à inhumation, n’y avait-il pas un bracelet d’or, resté longtemps sans équivalent dans les Colli ?41
15Ce n’est pas à dire que le site qui allait devenir celui de la villa impériale n’ait pas été habité au Bronze et au Fer : la simple vraisemblance topographique veut qu’il l’ait été. Mais les trouvailles qui s’y rapportent, on l’a vu, ne sont peut-être pas si consistantes ni si groupées qu’on l’a dit, et on doit supposer que les hauteurs voisines et moins voisines étaient également occupées. Dans ces conditions, il n’est même pas sûr qu’on puisse attribuer, comme on le fait d’ordinaire, sur la base du nombre d’urnes-cabanes conservées, et de la conviction que le matériel rassemblé par Carnevali provient dans son entier ou sa très grande majorité d’un seul site, une douzaine de tombes à urne-cabane à la nécropole de l’habitat de Castel Gandolfo42. D’ailleurs, quand cela serait (et nous ne le pensons pas), cela n’en ferait pas pour autant, comme nous allons le voir, la plus grande nécropole des monts Albains.
16La tendance récente à lire à la lettre (c’est le cas de le dire...) la description de Visconti doit donc être considérée avec la prudence qui s’impose, car l’on ne saurait oublier que le matériel archéologique venu au jour en ce début du xixe siècle sur les monts Albains et dispersé aujourd’hui dans les musées du monde entier43 forme un ensemble mélangé et hétérogène, de telle sorte que sa provenance en reste en partie anonyme, sa chronologie mal assurée et sa signification, au regard de l’histoire et de la légende, grevée de persistantes ambiguïtés.
17Dans ces conditions, les conclusions que l’on peut tirer à l’examen de l’inventaire dressé par Gierow44 ne peuvent qu’être modestes.
18Ce que l’on peut dire, c’est que, des cent cinquante vases recueillis par Carnevali, il n’en reste aujourd’hui que quatre-vingt-deux, à l’exclusion des supports et des urnes-cabanes qui porteraient ce total à la centaine, mais en incluant les simples tasses. Sans donner à de tels dénombrements une valeur autre que de simple approximation, on peut distinguer : onze urnes-cabanes, quatre couvercles en forme de toits, une jarre à couvercle-toit, dix supports et deux vases à support, quatre statuettes, un « candélabre », trois « vases-barquettes », quatorze fibules, cinq pointes miniatures de lances, neuf vases du type askos, deux doliums, à quoi s’ajoutent quatre amphores, dix-sept vases à filet et neuf tasses à anse bilobée. En tout, à peu près cent soixante-neuf objets, en comptant les plus infimes, telles les fusaïoles. Sans préjuger non plus des datations exactes, de toute façon très difficiles à établir en l’absence de contexte précis, on peut se demander s’il n’y a pas, entre le nombre des urnes-cabanes et des couvercles, ceux des supports, des fibules et des askoi, une correspondance qui suggérerait la présence d’une dizaine de tombes, dont, encore une fois, rien ne prouve absolument qu’elles aient été toutes groupées au même endroit. Quant au nombre très réduit des dolia, il pourrait s’expliquer, même en tenant compte des destructions éventuelles, par l’aménagement, suggéré par Fea et Tambroni, des tombes en « tholos », selon ce qui a été bien observé à Velletri.
19Sans conteste, les objets les plus marquants de cet ensemble restent, comme en 1817, les urnes-cabanes, auxquelles est accolé traditionnellement, mais à tort, le nom de Monte Cucco45. À en juger par une notation de Fea, mise en lumière par G. Bartoloni46, une grande quantité de perles d’ambre et de verre, perdues depuis, fut trouvée avec les urnes-cabanes : l’information étant, au même moment, donnée aussi par Visconti et Tambroni47, on peut la tenir pour sûre. Par contre, il n’en va pas de même du nombre des vases accompagnant chaque urne-cabane : douze chez Fea, cinq ou six chez Tambroni, ce qui correspondrait mieux à ce qui s’observe ailleurs, notamment à Rome48. Quoi qu’on ait pu dire, l’authenticité de l’ensemble présenté par Visconti reste donc sujette à caution49 ; il nous paraîtrait, en tout cas, bien hasardeux de l’identifier avec celui décrit un demi-siècle plus tard par Blacas, une précision donnée par ce dernier fournissant même un indice clair en sens contraire50. C’est pourquoi les problèmes posés par la composition du mobilier décrit par Visconti, où figurent aussi bien des objets caractérisés comme masculins (rasoir) que féminins (statuette et fibule), à propos d’une urne où n’ont été identifiés que les restes d’un seul individu51, n’en sont peut-être pas, s’il s’agit, comme nous le pensons, d’une « restitution ». Au total, l’élément le moins incertain de cet ensemble52 est sa datation en II A, qui fait des « Albains » dont il garde la trace, des contemporains des morts de l’Osteria dell’Osa et du temple d’Antonin et de Faustine à Rome.
20Un point, enfin, doit être souligné : le corpus archéologique des années 1816-1817 contient aussi une jarre cannelée, typique de la période IV A, et plus précisément de la seconde moitié du viie siècle53, qui atteste au moins la fréquentation du territoire à une époque où fleurissent les habitats de Lavinium, de Castel di Decima et de Rome, mais sans que l’on puisse savoir s’il y avait ou non ici (un ici qu’on ne sait où situer exactement...) continuité, aussi bien du point de vue chronologique que topographique.
CASTEL GANDOLFO (voir planche 10)
21Au milieu de terres renommées depuis l’Antiquité pour leur fertilité, l’acropole de Castel Gandolfo, à une vingtaine de km de Rome, élève jusqu’à 426 m sa célèbre silhouette longiligne qui appartient, sur à peu près un kilomètre, à la ligne de crête des hauteurs enserrant le lac Albain : dominant, de l’autre côté, la via Appia, le site fut, on le sait, une villégiature chère aux Empereurs, notamment à Domitien qui y fit procéder (mais il ne fut sans doute pas le seul) à des aménagements grandioses. Mais, de Tibère à Constantin, nombreux furent les maîtres de Rome qui séjournèrent en ce lieu où, avant eux, Pompée, et peut-être Clodius, avaient eu leur villa54. Transformé au Moyen Âge en carrière, le palais se trouva alors dépouillé de ses marbres qui allèrent orner la cathédrale d’Orvieto. Après une longue période d’abandon, les collines furent peu à peu réoccupées à partir de 1100, et il n’est pas sans intérêt de voir que, à en croire du moins Tomassetti55, c’est le Monte Cucco voisin qui fut d’abord réhabité, Castel Gandolfo ne l’ayant été qu’un bon siècle plus tard. Les Gandolfi, qui lui donnèrent leur nom, étaient originaires de Gênes, puis, au xiiie siècle, ils durent céder la place aux Savelli, omniprésents dans toute la contrée. Après une longue rivalité avec le pouvoir romain, dont l’épisode culminant fut l’assaut donné par les troupes pontificales en 1436, les lieux furent achetés par la Chambre Apostolique en 1596 et la nouvelle et récurrente métamorphose de la forteresse en villégiature intervint, à partir de 1623, par les soins d’Urbain VIII.
22Dans le cas de Castel Gandolfo, comme dans ceux que nous avons déjà rencontrés, une dénomination unique, celle d’une commune dont le territoire, comme toujours en Italie, est très étendu, recouvre une grande diversité de sites. Le phénomène est habituel, mais il a ici des incidences scientifiques non négligeables, d’autant plus qu’elles passent souvent inaperçues. Car, de part et d’autre du village même de Castel Gandolfo, se trouvent nombre de hauteurs sur les pentes desquelles furent exhumées des poteries latiales qui furent ensuite, pour des raisons parfois plus administratives et onomastiques que topographiques et archéologiques, référées à un habitat qu’on plaçait sur le site de la résidence pontificale. Or de ce point de vue, nous ne pouvons que répéter l’observation faite récemment par l’archéologue Franco Arietti : « Attualmente non disponiamo di alcuna documentazione archeologica pertinente ad abitato o necropoli direttamente riconducibile al sito di Castel Gandolfo »56.
Monte Cucco (pl. 9)
23Distant d’un peu plus de deux cents mètres de la pointe extrême de l’acropole de Castel Gandolfo et séparé de lui par une nette dépression, le Monte Cucco (jadis dit Cuccu) fut le lieu de découvertes archéologiques qui restent mal connues. C’est près de là que se trouvait, d’après l’affirmation explicite du propriétaire lui-même, la vigne Tomassetti où Carnevali fit effectuer, en février 1817, et devant témoins, une fouille qui ne donna pas de bien grands résultats. Est-ce parce que la vigne se trouvait sur le territoire de la commune de Marino qu’elle a été traitée sous cette rubrique par Gierow ?57 C’est probable, mais on comprend mal que le Monte Cucco lui-même apparaisse, cent cinquante pages plus loin, dans les notices sur Castel Gandolfo58. On aimerait savoir sur quels critères s’est fondé l’auteur d’Iron Age Culture of Latium, pour proposer une localisation (vol. 2, fig. 55, p. 111, n° 17) qui nous paraît un peu inexacte. La seule indication sûre et précise sur cette vigne, en effet, est, à notre connaissance du moins, celle que fournit le relevé annexé au témoignage de Tomassetti qui figure dans la Lettera de Visconti : il en ressort que la vigne était à 571 « cannes romaines » du lieu où Carnevali avait récupéré les vases mis au jour « nel Pascolare di Castel Gandolfo »59, c’est-à-dire au fameux point 13 situé par Valadier et Fea à un tournant de la route des Due Santi60. Or cette distance équivaut, comme l’indique Pinza61, à 1142 m, et nous nous demandons s’il ne faut pas rapprocher un peu du Monte Cucco lui-même l’emplacement de la vigne Tomassetti.
24Pour autant, cela ne permet pas, à notre avis, d’identifier62 le lieu où furent trouvés, en 1898, deux ou trois jarres latiales, avec celui de la vigne de 1817. L’emplacement exact de la seconde découverte n’est guère plus assuré que celui de la première ! Pinza indique seulement qu’elle fut faite « dans la villa Monteverde »63 : or, à cette date, le nouveau propriétaire de la villa, qui lui donna son nom actuel, y fit faire d’importants travaux64. Ne peut-on pas penser que c’est à cette occasion et en ce lieu que furent trouvés les vases décrits par Pinza ?
25Quoi qu’il en soit, le matériel sûrement identifiable pour le Monte Cucco reste peu consistant ; il est vrai que selon une interprétation (car c’est toujours de cela qu’il s’agit...) qui fut jadis celle de Pinza, la fouille Monteverde, la vigne Tomassetti et l’urne-cabane illustrée par Visconti en 1817 se rapporteraient à un seul et même gisement. Nous venons de voir que la première des équivalences (Tomassetti = Monteverde) qui fonde cette équation n’est sans doute pas justifiée. La théorie a été pourtant récemment mentionnée par G. Bartoloni65, qui rappelle que le mobilier publié par Visconti était attribué par Pinza à la vigne Tomassetti et qui propose d’y joindre l’urne-cabane, aujourd’hui conservée au British Museum et provenant de la collection du duc de Blacas. Dans son fameux Mémoire sur une découverte de vases funéraires près d’Albano prononcé en 1864 devant les membres de la Société Impériale des Antiquaires de France66, un savant de ce nom donnait, en effet, sur le lieu où avait été trouvée l’urne-cabane qu’il présentait, des précisions topographiques dont la convergence, davantage, l’identité parfaite avec celles fournies un demi-siècle plus tôt par Visconti ont paru à la spécialiste italienne des urnes-cabanes la plus éclatante des confirmations, et la preuve sans appel que l’urne Blacas provenait bien du Monte Cucco et qu’elle ne faisait sans doute qu’une avec celle qu’avait déjà présentée et dessinée Visconti. Précisant que « il duca di Blacas, allora diplomatico presso la Sante Sede, poté acquistare questo corredo direttamente dal Carnevali »67, elle entendait visiblement souligner le sérieux et la fiabilité des indications de provenance qu’il avait données dans son Mémoire. Au milieu de tant d’incertitudes, une chose est néanmoins sûre : Blacas n’a pas pu acquérir lui-même ce vase de Carnevali, pour la bonne et simple raison qu’au moment des faits... il n’avait pas plus de deux ans ! Tombant dans un piège que connaissent bien les épigraphistes et les spécialistes de prosopographie, Mme Bartoloni, il est vrai à la suite de Gierow, a pris le fils pour le père, qui fut effectivement ambassadeur à Rome ces années-là, mais qui mourut en 183968. Ainsi, et pour cause, l’information de notre Blacas n’était ni directe ni contemporaine : on peut certes supposer que l’urne-cabane qu’il présenta en 1865 faisait partie du cabinet de curiosités qu’il avait hérité de son père69, mais on doit, de toute façon, exclure formellement une tradition de première main. Il dit très clairement lui-même qu’il a suivi les indications de « la lettre de Visconti, qui est, au fait, le seul document que nous ayons sur ce sujet », ajoutant : « Nous donnons ce récit tel qu’il est rapporté par Visconti »70. De la sorte, l’identité de sa description avec celle de l’antiquaire romain ne prouve plus rien.
26Pour en savoir plus, c’est donc l’ensemble de l’affaire des découvertes de 1816 et 1817 qu’il nous a fallu étudier de plus près : nous y avons vu que le mont Cucco ne saurait être considéré comme le lieu des trouvailles spectaculaires faites alors, même s’il est probable qu’il livra également du matériel, comme l’indique du reste très clairement Visconti à propos de la vigne Tomassetti. Et si De Rossi71 mentionne le lieu comme l’un des gisements de 1816, c’est très vraisemblablement à partir de ce même rapport de Visconti, sans qu’on puisse tirer de cette mention des conclusions qu’elle n’autorise pas.
27Cela étant, où était situé l’habitat correspondant aux tombes, peu nombreuses on le voit, retrouvées sur le Monte Cucco ? Le site de Castel Gandolfo, auquel on les rapporte d’ordinaire, est une hypothèse plausible, mais elle n’est pas la seule possible72.
Via dei due Santi (pl. 9)
28Ce nom, qui trouve son origine dans la présence de deux images pieuses jadis placées à un carrefour de la voie Appienne73, est celui de la route que fit ouvrir, à partir de l’automne 1816, Giovanni Torlonia, duc de Bracciano, afin d’améliorer l’accès à la villa qu’il faisait reconstruire au même moment par Valadier sur les hauteurs de Castel Gandolfo : l’objectif était de remplacer l’ancienne route dite Ercolano, fort pentue, par un nouvel itinéraire, partant plus en amont de l’Appia et plus facile à gravir74. Comme nous l’avons vu, et comme Gierow l’avait déjà établi, il ne paraît pas contestable que c’est le long de cette route que furent faites par hasard, en octobre et novembre 1816, les premières découvertes archéologiques de matériel latial. Le débat porte donc moins sur l’emplacement du gisement initial que sur son importance relative dans le corpus archéologique constitué en 1816 et 1817 : tous les objets mis alors au jour furent-ils, suivant une thèse qui continue d’avoir des adeptes, trouvés là, ou seulement une partie, et dans quelle proportion ? Sans nous dissimuler, bien au contraire, l’incertitude qui entoure ce roman vrai de l’archéologie, nous pensons pouvoir conclure que la part provenant des Due Santi fut notable, mais non exclusive, les autres provenances étant difficilement identifiables et sans doute assez nombreuses.
29Grâce aux indications données par Fea et Valadier, l’emplacement exact où apparurent les premières urnes-cabanes connues peut être précisément identifié. Comme nous venons également de le voir, et contrairement à ce qui est parfois suggéré, il est très peu probable qu’il s’agisse du Monte Cucco. Il est vrai que ce lieu est celui où Pinza plaçait les découvertes de 1816, mais Pinza ayant, en la matière, beaucoup changé d’avis75, il ne saurait en aucun cas servir de témoin direct, et nous venons de voir que les précisions de Blacas sur lesquelles il s’appuyait n’ont, sur ce point, pas de valeur, malgré ce qu’on a pu en dire. En dernier ressort, il faut bien voir que l’hypothèse que faisait Pinza de localiser sur le Monte Cucco les découvertes publiées par Visconti résultait d’abord de sa conviction que le matériel mis au jour en hâte et subrepticement sur la route des Due Santi ne pouvait avoir été si bien conservé qu’il l’était au vu de la Lettera de Visconti. Dans ces conditions, la localisation de toutes les trouvailles de 1816 et 1817 sur la vigne Tomassetti, seule fouille régulière de ces années, lui permettait de concilier des exigences contradictoires. Gierow – et Pinza lui-même à d’autres moments ! – ayant démontré l’impossibilité de cette théorie (il suffit de lire Visconti, dont le commanditaire Carnevali aurait pourtant eu tout intérêt à grossir le butin fait dans la vigne Tomassetti), elle doit être abandonnée sans que, pour autant, on doive conclure à l’exclusivité du site des Due Santi.
30Pour la délimitation de ce dernier, il faut se fonder sur le plan dressé par Valadier et reproduit par Fea76 : on y voit que le fameux point 13 se trouvait dans l’angle du second tournant à partir de la villa Torlonia et, soulignons-le, du côté de l’Appia. Or, la localisation proposée par Gierow77 le sépare curieusement de la regina uiarum au moyen de la route nationale 140, qui a succédé à celle des Due Santi, mais dont le tracé correspond mal à celui qu’indiquait Valadier. Celui-ci n’est exact que si l’on prend en considération une route intermédiaire, visiblement plus ancienne que la S.S. 140, évitant, par un raccourci qui prend son départ un kilomètre après le carrefour des Due Santi, la grande courbe que fait cette dernière au lieu-dit le Vignole. Bref, nous nous demandons s’il ne s’agit pas là du tracé originel de la voie ouverte par Valadier, dont le schéma, dans cette hypothèse, retrouverait toute sa pertinence78. Si notre remarque est juste, il faut donc déplacer d’à peu près 260 m vers l’ouest le lieu des découvertes de 1816, c’est-à-dire un peu plus loin de Castel Gandolfo et un peu plus près du Monte Cucco.
31Quoi qu’il en soit de l’emplacement exact de cette route, un élément intéressant mérite d’être souligné : publiant, moins de vingt ans après les premières découvertes des Due Santi, un guide du Latium, l’Anglais W. Gell79, dont l’acribie ne saurait être sous-estimée, écrivait que les traces d’une route visiblement, par son niveau comme par son tracé, contemporaine des urnes-cabanes, avaient été identifiées par les terrassiers en 1816. Si elle pouvait être vérifiée un jour, l’information prouverait et l’existence d’un habitat sur le site même de Castel Gandolfo – qu’il n’est pas nécessaire pour autant d’identifier avec celui d’Albe –, et la chronologie latiale d’une voirie artificielle en Latium, conclusion moins improbable qu’il n’y paraît car corroborée par un fait du même genre observé à San Sebastiano.
32Quant à la composition des trouvailles faites alors, elle est évidemment, pour les raisons que nous avons développées, à peu près impossible à déterminer précisément. Tout au plus peut-on remarquer qu’à en croire Fea, furent aussi exhumés, non loin de là, des vestiges qu’on peut interpréter comme une tombe à fosse ou, plutôt, un dépôt votif de date haute80. Une lecture intéressante du rapport de Visconti, due à De Rossi, voudrait que les fouilleurs de 1816 aient aussi trouvé des tombes à dolmen, du type de celles qui furent mises au jour cinquante ans plus tard à Campofattore par le même De Rossi81. Nous avons déjà mentionné (supra p. 292) son hypothèse, non moins suggestive, selon laquelle les clous vus par les terrassiers de Pasqualucci étaient en fait des lances miniatures de bronze. Quant à l’idée selon laquelle n’auraient été trouvées aux Due Santi que des urnes-cabanes, elle peut n’être qu’une illusion d’optique due à l’intérêt exclusif de Fea et de ses contemporains pour ce type d’objet si nouveau, mais elle peut aussi correspondre à la réalité82.
33Au total, cette nécropole peut être estimée, en l’état actuel de nos connaissances, à une dizaine de sépultures83, et, plus proche du Monte Cucco (250 m) qu’elle ne l’est de Castel Gandolfo (1000 m), elle a pu dépendre d’un habitat qui se trouvait sur la première plutôt que sur la seconde de ces hauteurs.
Le Vignole (pl. 10)
34En ce lieu, que les cartes indiquent84 le long de la fameuse route des Due Santi, apparurent, dans les années 1860, quelques vases. Gierow met en relation cette découverte avec la mention faite par De Rossi de cinq vases « latiaux » trouvés vers S. Sebastiano : l’hypothèse est tout à fait convaincante, mais elle implique, nous semble-t-il, un certain déplacement pour la localisation proposée par ce même savant. De Rossi, en effet, aurait-il écrit85 que ces vases avaient été trouvés « près » de ceux des vignes Cittadini et Evangelisti s’ils en avaient été distants de près de six cents mètres, comme c’est le cas avec l’emplacement suggéré par Gierow ? Or les toponymes sont souvent indiqués sur les cartes IGM avec une marge d’imprécision, ou plutôt d’extension, qui, en l’occurrence, nous inclinerait à rapprocher nettement de l’Appia ces découvertes qui peuvent n’avoir été que les prodromes de celles faites, vingt ans plus tard, à San Sebastiano.
Vigna Mora (pl. 10)
35Au bord du lac et au pied du sommet de l’acropole de Castel Gandolfo, avec lequel il est évidemment en relation topographique étroite, le site de la vigna Mora n’est connu que par une indication rapide de Lugli qui donna lieu quelques années plus tard à la publication d’une note où Antonielli, tout juste sorti de sa fouille à la Riserva del Truglio, essaya de sauver ce qui pouvait encore l’être86. Lugli avait mentionné trois tombes à inhumation, dont deux étaient déjà détruites ; il énumérait également une dizaine d’objets où se mêlaient curieusement impasto, céramique étrusco-campanienne, protocorinthien et fragment de ceinturon de bronze. Le tout ayant été trouvé aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur des sépultures, on interprétera avec Gierow cette hétérogénéité comme le signe de la présence sur place d’une nécropole, en usage depuis les temps du Fer jusqu’à l’époque médio-républicaine, et sans interruption durant l’ère archaïque. Non sans emphase, Lugli, qui devait, quelques années plus tard, reprendre la thèse d’Ashby sur la localisation d’Albe à Castel Gandolfo, soulignait l’importance de ces vestiges « per l’ubicazione di Albalonga »87. C’était peut-être beaucoup dire pour des trouvailles si modestes88 qui, malgré le souhait d’Antonielli, ne donnèrent malheureusement pas lieu à une fouille ultérieure, et l’observation faite par ce dernier allait en fin de compte plus loin. Remarquant que « la continuità di vita attorno ad Albalonga, con i tempi romani, è pertanto archeologicamente provata » (o.c., p. 414), il soulignait, presque sans le vouloir, que la validation de la tradition par la seule archéologie n’était, une fois de plus, qu’un leurre.
Villa Cibo (pl. 10)
36Seule une notation rapide faite par De Rossi89 permet aujourd’hui de savoir que la céramique abondait dans le sol de la villa Cibo (ou Cybo) située sur les pentes de l’acropole de Castel Gandolfo, sans que l’on puisse déterminer s’il s’agissait de traces d’habitats ou de sépultures, ni en connaître, a fortiori, la chronologie.
San Sebastiano (pl. 10)
37Plus bas, le long de l’Appia, à la hauteur de la chapelle de SaintSébastien90, apparurent, durant l’hiver 1881-1882, à l’occasion de la plantation d’une vigne, un assez grand nombre de vases funéraires, dont seule la présence, fortuite, de M.S. De Rossi, empêcha la destruction complète. Une soixantaine de pièces, parmi lesquelles une urne-cabane, furent sauvegardées par lui et acquises par la Commission archéologique communale91. Il semblerait que les tombes étaient disposées à la droite d’une route, dont l’orientation N.O./S.E. était à peu près celle de l’Appia. La description faite par De Rossi (o.c., p. 272) est en effet sans équivoque : « Alla profondità di circa un metro e mezzo fu incontrata in un punto una zona di terreno, battuto artificialmente e reso solidissimo, che parve ai lavoratori senza dubbio un’antica strada, diretta da NNO al SSE ». Autrement dit, il s’agissait là, à notre avis, de la trace de la route à laquelle Tite-Live fait allusion par la formule ad lapidem octauum uiae quae nunc Appia est (7, 39, 16). Avant de devenir l’Appia, il faut bien que cette route latiale ait eu un autre nom : en fonction de son orientation qui la dirige droit vers le sanctuaire de Diane au bord du lac de Nemi, et vu le parallèle qu’il nous paraît nécessaire d’établir avec la via Latina, dont le point d’aboutissement premier fut, à notre avis, le Latiar, nous avons proposé92 le nom de Diania, ou, mieux, celui, synonyme, de nemorensis, attesté par le rex nemorensis du sanctuaire de Diane. Quoi qu’il en soit, il reste que l’observation rapportée par De Rossi apporte un indice très important en faveur de l’existence de routes aménagées dès la période latiale. C’est une conclusion nouvelle par rapport aux chronologies avancées jusqu’ici, sixième siècle la plupart du temps, huitième depuis les fouilles réalisées par A. Bedini93, et, comme nous venons de le voir, il se pourrait que le site proche des Due Santi apporte également un indice en ce sens.
38Quels furent les objets trouvés le long de cette route ? Il s’agissait de tombes à puits, creusées directement dans la roche, et à dolium ; ce dernier manquait dans certaines d’entre elles, dont les parois avaient été alors doublées par un appareil de dalles et de pierres : l’urne-cabane se trouvait dans une sépulture de ce type, résultant donc d’un aménagement plus élaboré que pour les autres94. Une dalle de pépérin recouvrait chaque tombe, à un niveau qui ne devait pas, malgré ce qu’en dit De Rossi, être celui du sol antique, Gierow ayant réfuté cette hypothèse par des objections et des parallèles convaincants.
39Le rapport détaillé et les dessins promis par De Rossi ne virent jamais le jour, et les circonstances de la découverte ont empêché la préservation de la composition du mobilier de chaque sépulture. Tout au plus peut-on souligner la prévalence du rite de l’incinération, avec ce que cela implique éventuellement du point de vue chronologique. Mélangés, les quelque quatre-vingt-cinq objets sauvés par De Rossi sont évidemment difficilement datables : la période II A est celle qui est généralement proposée95. On se trouverait donc face à un ensemble à peu près contemporain de la nécropole de la Villa Cavalletti aussi bien que de celle d’une bonne partie des tombes trouvées à Rome près du temple d’Antonin et de Faustine, ou encore à l’Osteria dell’Osa. Ce dernier exemple, tout comme les précisions données par De Rossi sur le saccage dont avait été victime le site, laissent présumer que la nécropole de San Sebastiano fut sans doute plus importante qu’on ne le jugerait au vu des seuls objets sauvés du désastre : De Rossi chiffrait les tombes retrouvées à une trentaine, sans mentionner ni les découvertes des Vignole, ni celles des vignes Evangelisti et Cittadini dont il avait lui-même fait état quinze ans auparavant, et qui doivent y être jointes. Il est probable que l’on a donc affaire à la nécropole « majeure » de ce versant du massif albain ; doit-on, pour autant, penser qu’elle ait pu atteindre l’importance de celle de l’Osteria dell’Osa, même en tenant compte de la part, assurément grande, de destructions, et de tout ce qui n’a pas été découvert ?
40Quant à l’habitat, dont elle est la trace indirecte, on considère très généralement qu’il s’agit du site de Castel Gandolfo96, et il est frappant de constater que c’est précisément autour de la chapelle que s’est établi, depuis le début du xxe siècle, le nouveau cimetière de la commune. Dans une note publiée un an après sa lettre à Fiorelli, et qu’a oubliée Gierow, De Rossi préférait pourtant renoncer à cette hypothèse et dissocier les trouvailles de S. Sebastiano de celles faites, presque un siècle auparavant, au « pascolare di Castel Gandolfo »97. Historiographique-ment, on notera enfin que ces découvertes donnèrent l’occasion à Pigorini d’affiner sa théorie de l’origine terramaricole des Anciens Latins98.
Vigna Evangelisti – Vigna Cittadini (pl. 10)
41À deux cents mètres de la chapelle99, en descendant vers Albano, et du côté gauche de l’Appia, furent trouvés en 1868 au lieu-dit Ercolano, du nom d’un cardinal qui l’avait fait aménager, et à un emplacement qui devait déjà être celui d’un carrefour antique100, des vases et tessons que seules quelques lignes dues à De Rossi ont sauvés de l’oubli. Accaparé alors par sa préoccupation majeure, qui était de démontrer qu’une fois de plus, ces vases avaient été trouvés sous le pépérin101, l’archéologue-vulcanologue ne s’est guère soucié de les décrire précisément : tout au plus peut-on voir qu’il s’agissait de tombes à incinération, comme pour la nécropole de San Sebastiano à laquelle celles-ci appartenaient également, et qu’une quarantaine de vases latiaux avec « beaucoup de fibules » et un couteau, le tout en bronze, furent identifiés dans la vigne Evangelisti. De cet ensemble, De Rossi sauva « un vase et demi » (sic), et l’antiquaire Ceselli, six, qui allèrent rejoindre sa collection, où ils ne sont plus repérables aujourd’hui102.
42Dans le sol du terrain voisin dit Cittadini furent retrouvés, également à l’occasion de l’implantation de plants de vigne, une vingtaine de vases, dont une partie, au témoignage de l’auteur du « Secondo Rapporto »103, étaient « étrusques », c’est-à-dire d’époque archaïque comme on peut le vérifier par la demi-douzaine de pièces conservées : parmi celles-ci, un calice « caréné », une tasse à anses relevées (kantharos), une coupe décorée extérieurement en pointillé, un bol « italogéométrique » pourvu d’un motif de chiens courant, ensemble qu’on peut dater de la période IV A, soit le viie siècle104. D’après Pinza, ce matériel provenait de tombes à fosse, dont l’une était pourvue d’un loculus, à moins qu’il ne s’agisse d’une tombe à chambre, ce qui en ferait presque un hapax dans les monts Albains, mais ce que Gierow considère, à juste titre, comme très possible. Tout se passe donc comme si nous avions affaire au prolongement archaïque de la nécropole de San Sebastiano, mais à un prolongement qui n’aurait nullement la consistance de ce qui peut être observé pour les phases antérieures105.
Vigna Marini (pl. 10)
43Plutôt qu’à Castel Gandolfo, nous préférons rattacher ce site au territoire d’Albano où ont été faites, ces dernières années, de nombreuses découvertes qui en éclairent la signification topographique106.
Incognita
44Au chapitre, toujours fourni, des provenances inconnues107, figurent une urne-cabane, un vase à filet et un couvercle-toit exhumés d’une tombe que son premier éditeur, Pinza108, situait, sans pouvoir préciser davantage, « dans le territoire de Castel Gandolfo » : si la présence de ces objets dans le Musée Pigorini révélait, comme c’est le cas ailleurs, une appartenance originelle à la collection De Rossi, on pourrait penser que cette urne-cabane109, d’une rusticité assez marquée, pourrait venir de la nécropole de San Sebastiano. Mais sa chronologie, et surtout sa possible provenance, nous feraient plutôt penser aux trouvailles du Monte Crescenzio, même si tout cela reste, bien entendu, totalement hypothétique. Par ailleurs, un couvercle en forme de toit de cabane pourrait indiquer l’existence d’une autre sépulture.
ALBANO (voir planche 10)
45Sous ce nom, Gierow110 ne répertoriait en 1964 que la seule trouvaille de quelques tombes faite à Valle Ariccia à la fin du xixe siècle ; aujourd’hui, grâce à un intense travail de prospection réalisé depuis plusieurs décennies par Pino Chiarucci, à qui l’on doit également la création d’un musée à Albano, le panorama s’est considérablement enrichi, jusqu’à faire de cette commune le lieu où les découvertes ont été les plus fréquentes ces dernières années dans toute la région albaine. Preuve, une fois de plus, que la densité archéologique d’un sol, dans le cas d’une contrée aussi fréquentée par l’homme que l’est la Campagne romaine, dépend aussi, sinon d’abord, du zèle avec lequel il est exploré... Un des autres grands mérites de ces recherches récentes, c’est qu’elles ont très rapidement fait l’objet d’une publication, satisfaisant, autant que possible, aux exigences modernes de la science : ainsi le moindre tesson peut-il venir prendre place dans l’espace et dans le temps, grâce à des indications précises qui permettent de connaître aussi bien l’emplacement exact où il a été trouvé que ses caractéristiques typologiques.
46À vingt-cinq kilomètres de Rome et à trois cents mètres d’altitude, Albano, dit Laziale depuis 1872, est aujourd’hui l’un des principaux centres des monts Albains. Son origine111, longtemps controversée, semble bien liée à l’existence du camp militaire castra Albana112, installé le long de l’Appia par Septime Sévère pour la Seconde légion Parthique, mais abandonné dès la fin du iiie siècle. Significativement, il n’est question de ciuitas et d’urbs Albanensis qu’à partir du ive siècle113 : le camp et les thermes désertés par les soldats deviennent alors l’asile d’une population dont la consistance exacte est difficile à évaluer. À partir de Constantin, la via Appia apparaît comme la véritable colonne vertébrale de l’imposant patrimoine ecclésiastique constitué dans cette partie du suburbium romain114. Plus tard, les Byzantins de Bélisaire feront du site l’un des points fortifiés des environs de la Ville, dans la lutte qui les oppose aux Goths115. Ravagée aux ixe et xe siècles par les Sarrazins, la contrée, où la vigne est attestée à cette époque, passe sous le contrôle du monastère bénédictin de Subiaco. En 1168, les Albains, adversaires des Romains, sont contraints de démolir leur cité, épisode mémorable au sens plein du terme, puisque deux siècles après, il semble encore servir de point de repère chronologique. Détruite de nouveau en 1436 et en 1482, la cité, avec son territoire, reste, du xiie au xviie siècle, le domaine d’élection des Savelli116.
47Sa fertilité, son accessibilité en font un site de première importance, où les vestiges de la romanité abondent. Tombeaux117 : celui attribué, traditionnellement et peut-être justement, à Pompée, dont la villa se trouvait non loin de là118 (à l’emplacement de la villa Doria), mais aussi celui auquel les anciens voyageurs se plaisaient jadis à donner le nom des Horaces et des Curiaces, monument que Canina et F. Coarelli rapportent à une famille de la fin de la République ou du début du Principat, soucieuse d’affirmer ses liens avec un lointain passé119 ; dans ce cas, à notre avis, l’emplacement du monument pourrait correspondre à celui du combat entre les Etrusques d’Arruns et les Latins alliés aux Cumains d’Aristodème.
48Les traces les plus importantes sont, bien sûr, celles laissées par la présence, finalement assez brève, de la légion Secunda Parthica dont la nécropole a été retrouvée dans le parc Chigi120 : enceinte du camp, amphithéâtre, thermes et, dessinée par Piranèse, une grande citerne souterraine qu’accompagnait toute une installation hydraulique, remise en service à la fin du xixe siècle. Aux temps de l’Empire, Albano n’est qu’une partie de l’Albanum, mais la fixation tardive du toponyme sur ce seul lieu provoquera, entre le domaine et l’ancien campement devenu cité, une homonymie qui égarera ensuite121 bien des topographes partis à la recherche d’Albe La Longue !
49Longtemps, la richesse de la zone en vestiges classiques n’aura eu d’égal que le vide qui se constatait pour la période « albaine » proprement dite, celle qui va des débuts de la civilisation latiale jusqu’à l’Orientalisant. Avant de mentionner l’apport des découvertes récentes en la matière, rappelons les quelques tombes latiales qui étaient jusqu’en 1964 les seules présences attestées122. Il s’agissait de sépultures mises au jour à l’occasion de la construction de la voie ferrée Albano-Anzio, et aussitôt saccagées, si bien que l’on n’en connaît ni le nombre, ni la typologie, ni le lieu, désigné simplement par Fiorelli123 dans quelques lignes des Notizie degli scavi comme étant « sotto Albano », ce qui semble indiquer, comme Gierow le propose, la bordure nord-ouest de Valle Ariccia. En effet, l’identification, à quelques pas de là, d’autres tombes, au lieu-dit Crocefisso124, est venue étayer cette lecture en prouvant la présence d’une véritable nécropole sur les rives de ce qui était, à l’époque des prisci Latini, l’un des nombreux lacs de la région. Où se trouvait l’habitat correspondant à ces tombes ? Le Colle dei Cappuccini ou le quartier dit Tofetti, à Albano, ont été proposés, hypothèse que leur relatif éloignement rend peu vraisemblable ; le site de Paluzzi, sur les bords mêmes de l’ancien lac, convient sans doute mieux, dans la mesure où y ont été reconnues d’importantes traces de vie125.
50C’est là, en effet, la grande nouveauté des recherches récentes entreprises à l’initiative de P. Chiarucci : la surveillance systématique de tous les travaux d’édilité, la récolte patiente du moindre indice pouvant éclairer d’anciennes trouvailles, l’identification plusieurs fois réalisée de vestiges de fonds de cabanes, tout cela a permis de restituer au territoire d’Albano un ou plusieurs habitats, inconnus encore lors de la parution du recueil de Gierow. La prospection de surface a également montré que les lieux étaient fréquentés par l’homme dès la préhistoire126. Pour ce qui est de la protohistoire, il semblerait que deux villages principaux aient occupé l’aire qui, en réalité, correspond moins à celle de l’Albano moderne qu’aux rives du lac Albain : au Colle dei Cappuccini, des tessons répertoriés en 1978 attestent une présence qui va des débuts de la civilisation latiale jusqu’à l’archaïque ; à Tofetti, la découverte d’un fragment de céramique apenninique a reculé considérablement vers l’amont la chronologie archéologique127 ; ainsi, il a suffi d’un tesson pour déplacer de plusieurs siècles la fréquentation du lieu : illustration saisissante de la part d’ignorance que recèle tout savoir en la matière !
51Protégés par le soin avec lequel ils ont été enfouis, les vestiges funéraires restent, bien sûr, les plus nombreux. De ce point de vue, et par rapport à la grande question de l’identification du lieu des trouvailles de 1816, à propos de laquelle nous avons précédemment tenté un bilan, une hypothèse de P. Chiarucci mérite d’être mentionnée128 : arguant de la découverte plus ou moins récente de vestiges de poterie latiale à Albano sur les bords d’un terrain planté en vigne au début du xixe siècle, il a supposé qu’à cet endroit avait été trouvée une partie, voire la totalité, des objets venus au jour en 1816 et 1817. L’idée est intéressante, même si elle nous paraît à nuancer. En tout état de cause, des découvertes de tessons, étalées dans le temps (depuis le début du xxe siècle jusqu’à très récemment) mais très proches dans l’espace, paraissent délimiter, sur le Colle dei Cappuccini, aujourd’hui totalement urbanisé, l’aire d’extension probable d’une nécropole sans doute assez importante ; et si les traces actuelles en sont très réduites, c’est que, ici comme ailleurs, les vicissitudes de l’histoire et l’édification ultérieure de constructions auront fait disparaître la plupart des vestiges. Il est particulièrement significatif à cet égard que les murailles des castra de la Seconde légion Parthique soient visiblement venues se superposer à des tombes latiales129. Sans aucun doute, c’est là un phénomène auquel nous pouvons donner une portée plus générale, et c’est ce qui explique que les centres encore habités aujourd’hui et urbanisés apparaissent comme les sites les plus discrets archéologiquement parlant. À Albano, il semblerait que les poteries retrouvées sous les castra Albana soient datables du viiie au vie siècle ; une tombe de la période III a même été récemment retrouvée, à droite de l’Appia pour qui vient de Rome et à mi-distance entre la nécropole de San Sebastiano et les jardins Torlonia de Castel Gandolfo130. Au total, on peut donc, à la lumière des découvertes récentes, parler pour Albano de quinze nouvelles tombes et de cinq habitats, parmi lesquels ceux de Cappuccini et de Tofetti auraient été occupés dès la phase apenninique et, sans interruption, depuis le protovillanovien (xie siècle) jusqu’aux toutes dernières périodes latiales : ces présences ne sauraient toutefois suffire à prouver une localisation d’Albe, ou de l’arx Albana, sur ces deux hauteurs, selon une hypothèse proposée depuis trente ans par P. Chiarucci, et aujourd’hui suivie par A. Carandini (cf. infra p. 474).
Lacus Albanus (pl. 10)
52C’est autour et aux bords du lac Albain, voire dans ses eaux mêmes, qu’ont été identifiés récemment les vestiges dont l’apport est le plus novateur pour l’interprétation des légendes albaines. Ce n’est pas que des trouvailles en ces lieux fussent inconcevables : l’importance géographique du plus grand des lacs du massif albain rendait au contraire cette éventualité hautement probable131. Mais rien n’assurait que ces découvertes permissent d’approfondir d’un coup, comme elles l’ont fait, l’horizon chronologique de la civilisation latiale. Sur la rive orientale du lac, au lieu-dit Spiaggetta, à l’aval de la colline appelée Tofetti, à l’emplacement d’un petit promontoire, émergé depuis peu mais placé au-dessus du niveau protohistorique des eaux, a été identifié et partiellement sauvé de la rapacité des fouilleurs clandestins un site fréquenté au cours du Bronze moyen132. Des fragments de dolia, des haches qui évoquent celle trouvée aux Campi d’Annibale (cf. supra p. 265), des trous de pieux dans le sol, et de nombreux vestiges, attestent et datent une présence humaine allant du xviiie au xvie siècle avant notre ère, sans que l’on puisse déterminer encore, la fouille étant en cours, le détail des modalités d’occupation puis d’abandon du site. En tout état de cause, l’intérêt de cette exceptionnelle découverte, qui montre la présence de la facies archéologique dite de Grotta Nuova133 au sud du Tibre, mérite d’être ici souligné. Avec elle, et désormais avec quelques autres indices, identifiés ailleurs dans les monts Albains, à Lariano et Lanuvium, c’est tout l’arrière-plan de la civilisation latiale, ce qui la relie aux grandes cultures de la fin de la préhistoire tout en annonçant l’émergence d’une future spécificité régionale, qui commence à apparaître de plus en plus nettement. On notera également, entre les sites romain et albain, une coïncidence chronologique pour les débuts de leur fréquentation régulière, qui n’est peut-être pas fortuite, tant il est vrai que la nature des deux espaces fait que leur sort est intrinsèquement lié. Ailleurs, sur les hauteurs qui dominent le lac, les habitats protohistoriques apparaissent de plus en plus nombreux, bien davantage grâce aux prospections de surface que suite à des fouilles véritables : les trouvailles de Battiferro, Divin Maestro, Pescaccio, Le Mimose, Curvone, où ont été reconnues les empreintes caractéristiques de pieux de soutènement, datées du ixe au viie siècle, restituent ainsi l’image de cabanes disséminées sur les pentes du bassin134.
Lac Savello (pl. 10)
53Site originellement lacustre, elle aussi, la dépression qui, au sud-est d’Albano, porte aujourd’hui le simple nom de « Laghetto » et était encore connue au début du xviie siècle comme « lago di Turno », n’est autre, nous l’avons vu, que le lacus Turni du Liber Pontificalis et doit être, sinon identifiée au lieu de réunion de la ligue latine – le lucus et le caput aquae Ferentinae – que presque tout le xixe siècle érudit avait localisé à tort du côté de Marino, du moins rapprochée de lui135. Malgré son importance – historique et philologique – ce lieu restait encore, en 1964, vide de toute présence archéologique, à une exception près. En 1817, en effet, la plantation en vigne d’une terre située près du lieu-dit Le Mole, en souvenir de moulins dont l’existence est attestée dès le Moyen Âge136, provoqua, comme souvent, la découverte d’une vingtaine de vases « latiaux ». Plus que la trouvaille elle-même, ce sont les circonstances de sa publication qui attirent l’attention137. Il fallut attendre, en effet, près de soixante ans pour qu’elle fût connue, par hasard et approximativement, sur la base d’un témoignage du fils du vigneron de 1817 (G. Marini). Malgré ses lacunes et ses inexactitudes, cette révélation tardive n’est tout de même pas sans intérêt : elle donne la preuve que ni Visconti ni Fea ne mentaient lorsqu’ils mettaient, comme nous l’avons vu, le territoire d’Albano au nombre des lieux de provenance des découvertes de 1816 et 1817, et cette confirmation est d’autant mieux venue qu’il s’agit là d’un endroit situé déjà à un kilomètre de l’Appia et de San Sebastiano. Corollairement, cette vérification invite à accorder créance aux indications des « antiquaires » de 1816 mentionnant également Marino comme lieu de trouvaille. Ici, en tout cas, il s’agissait sans doute des traces d’une ou de plusieurs tombes de la première période latiale. Quant à l’habitat correspondant, il est à chercher à côté du Castel Savello lui-même, où, depuis peu, les traces d’occupation se multiplient.
54Sur la colline, dont le nom provient peut-être d’un nom antique devenu celui de la célèbre famille, qui trouva ici la base et l’instrument de sa longue domination sur toute la contrée environnante138 grâce au château fort qu’elle édifia à son sommet, au xiiie et peut-être déjà dès le xiie siècle (C.R., 2, 141), Tomassetti n’avait trouvé aucun vestige archaïque ou protohistorique. Mis au jour en 1930 mais identifié139 seulement au début des années 1980, avec un décalage qui est donc de la même ampleur que celui constaté pour la vigne Morini, un matériel, malheureusement résiduel, caractéristique des toutes premières phases de la civilisation latiale, a pu être reconnu comme celui de quatre tombes situées le long d’un sentier qui, du mont Savello, conduisait à la source de Secciano. La fréquentation des lieux s’est poursuivie jusqu’à la période archaïque : le montre la découverte, également due à P. Chiarucci140, en août 1984, sur la pente sud-orientale de la colline, d’un petit dépôt votif, dont la datation couvre les viie et vie siècles. Surtout, la présence d’un habitat stable peut être désormais prouvée : ce que n’avait pas vu Tomassetti, Lanciani le notait dans des relevés restés longtemps inédits, où il mentionnait la découverte, sur le sommet de la colline, d’une antéfixe de terre cuite à tête de Méduse et l’identification, à la base des murs de la forteresse médiévale, de restes d’opus quadratum archaïque141.
55Immédiatement après la parution de l’article de C. Ampolo (« Ricerche... », 1981) sur le lacus Turni, G. Colonna142 publiait une tête archaïque de terre cuite, partie d’antéfixe ou d’acrotère, comme provenant de Castel Savello. Un an plus tard, l’identification143 très probable, dans les magasins de l’Antiquarium du Celio, d’un autre fragment d’antéfixe du type satyre à moustaches, de même provenance et sans doute recueilli par Lanciani à l’intérieur de l’enceinte fortifiée, venait confirmer l’existence, sur l’éminence occupée au Moyen Âge par le château des Savelli, probablement dans sa partie sud-est, du seul temple archaïque sûrement attesté dans l’aire albaine, hormis ceux de Velletri et de Lanuvium déjà un peu excentrés. Relue à la lumière de ces découvertes récentes, la description laissée par Riccy des fouilles entreprises à l’instigation du prince Altieri à la fin du xviiie siècle démontre la richesse archéologique des lieux. La construction de maisons individuelles au pied du mont, en 1992, a fait apparaître des tessons archaïques144, restes possibles d’un habitat du viie siècle.
56Au total, la présence sur les pentes de la colline de tombes latiales des premières périodes, d’un (au minimum) dépôt votif, l’identification de divers fragments architectoniques archaïques font supposer l’existence à Castel Savello, du début à la fin de la civilisation latiale, d’un habitat de hauteur : à titre de comparaison, rappelons que le site abritait en 1350 environ un demi-millier de personnes et, selon certains, près du double à peine cinquante ans plus tard145, estimation, du reste, contestable. Dans ces conditions, on aimerait d’autant plus pouvoir identifier le nom antique de cette place forte qui, à l’époque augustéenne, n’était plus occupée, semble-t-il, que par une grande villa146 : les hypothèses anciennes ne manquent pas, bien qu’elles ne puissent être citées que pour mémoire tant sont fortes les objections auxquelles elles se heurtent. C’est le cas, bien sûr, de la proposition faite, en premier lieu, par le géographe humaniste Ortelius147 d’y placer Albe La Longue ! La théorie de Kircher qui voulait y situer la ville de Cameria ne peut pas davantage être retenue148, même si Tomassetti avait cru pouvoir la reprendre sur des bases onomastiques. Les modernes restent eux aussi dans l’incertitude : Giovanni De Rossi a pensé à Apiolae, et a, pour cette raison, donné ce titre au volume qu’il publiait, ce qui impliquerait que l’idée répandue selon laquelle ce toponyme ne serait que le doublet de la cité autrement connue sous le nom de Pometia serait fausse. À titre d’hypothèse, C. Ampolo a avancé les noms de Corioli et de Ferentinum, ce dernier cité par Denys d’Halicarnasse (notamment en A.R., 5, 50) à propos des réunions des Latins, mais qui peut fort bien résulter d’une erreur (par contamination avec l’autre cité connue sous ce nom) de l’auteur des Antiquités Romaines ou de sa source. G. Colonna validerait plutôt quant à lui le nom de Corilla tel qu’il apparaît dans le texte de Denys.
57Quoi qu’il en soit, nous pouvons présumer qu’à l’époque classique, Castel Savello appartenait au territoire d’Aricie ; ce qui le suggère, ce n’est pas seulement l’analogie avec la situation constatée durant tout le Moyen Âge et jusqu’à l’époque moderne, car elle ne saurait valoir que comme une simple vraisemblance ; il y a aussi les deux textes – Pline, N.H., 19, 41 et Columelle, 10, 138 – qui ont pu être invoqués à ce propos, même si, à notre avis, il n’est pas exclu qu’on puisse les référer à l’ancien lac dit Valle Ariccia ; le fait que Tite-Live149 fasse de Turnus un Aricinus apporte un dernier indice en ce sens.
ARICIE (voir planche 10)
58Dressant sa haute silhouette au-dessus de l’Appia, l’acropole décrite par Strabon150 porte toujours un nom que les siècles avaient à peine modifié lorsqu’il était appelé La Riccia avant de retrouver sa forme antique à l’époque moderne. Le splendide isolement du site a été définitivement rompu avec la construction, en 1851, du viaduc (reconstruit en 1946-1948) le reliant directement à Albano, lointain héritier de la puissante chaussée qu’emprunte en contrebas l’Appia et dont la construction est peut-être l’œuvre des Gracques151. La cité était protégée par un système complexe de fortifications, dont les vestiges subsistant sont de difficile datation : l’origine archaïque d’une petite partie d’entre eux semble assurée. C’est dire que ce haut lieu du Latium fournit à lui seul un fort indice de vraisemblance pour la tradition, revalorisée d’ordinaire sur des bases philologiques152, plaçant sous ses murs la grande bataille qui, en 504, vit la défaite du fils de Porsenna et dont Jacques Heurgon a pu dire qu’elle marquait « pour les Etrusques le commencement du déclin »153. Quant à la légende154 qui voulait qu’Aricie eût été fondée par le Sicule Archiloque (ou Archia), elle a sans doute ses origines quelque part dans les rapports entre la Sicile et le Latium. Quoi qu’il en soit, c’est sans doute dans la courte période qui sépare la défaite des armes de Porsenna du raffermissement romain obtenu à la bataille du lac Régille que se place l’apogée d’Aricie155 qui, aux côtés de Tusculum, paraît bien avoir mené le nomen Latinum contre l’Vrbs. N’est-il pas significatif, à cet égard, de constater que l’on retrouvera au Moyen Aˆ ge cette alliance des deux cités, qui, nous l’avons vu, constituent en quelque sorte les deux verrous du massif albain, lorsque, au xe siècle de notre ère, Aricie sera un castellum commandé par un dux ayant aussi, sous son pouvoir, Tusculum156 ? Ce parallèle peut, croyons-nous, contribuer à résoudre la difficulté157 que pose la diversité d’origine attribuée au dédicataire du bois sacré de Diane par deux sources dont tout porte à croire qu’elles se rapportent, malgré des différences somme toute légères, au même document et au même personnage158 : si l’Egerius Baebius que citait Caton159 est dit Tusculanus, comme l’était l’auteur des Origines lui-même, dont l’information mérite d’autant plus considération, alors que, chez Festus, c’est-à-dire Verrius Flaccus160, il n’est question, à propos d’un Manius Egerius, que d’Aricie161, n’est-ce pas, tout simplement, parce qu’à un millénaire et plus d’intervalle, les mêmes causes, géographiques et stratégiques, ont produit les mêmes effets ? L’absence de Rome dans la liste de Caton suggère qu’elle date du tout début du ve siècle, et c’est à cette époque aussi que nombre d’érudits placent, sans doute à juste titre, l’hellénisation du grand sanctuaire fédéral de Diane, qu’illustrent l’implantation de la légende d’Oreste et le relief trouvé en 1791 au pied du Colle Pardo : la déesse latine, dont le nom grec se retrouve sans doute dans celui du monte Artemisio162 qui la domine de toute sa masse, est alors le principal vecteur d’une influence dont, au même moment, l’aide apportée par les troupes d’Aristodème de Cumes est, sinon la cause directe, du moins la manifestation la plus visible. En 338 av. J.-C., Aricie sera l’une des premières cités à obtenir la ciuitas optimo iure163, tout en restant gouvernée par un dictator dans lequel nous verrions volontiers le successeur nominal de l’ancien dictator Latinus. Cependant, la ville républicaine, dont le territoire appartient sans doute à la tribu Horatia, se développe au carrefour de la route descendue de l’acropole avec l’Appia et elle n’est guère plus, sous l’Empire, pour les voyageurs descendant vers le sud, qu’une première étape, qu’a immortalisée Horace164. Il semble, mais sans que cela soit certain, que l’antique cité ait été pourvue d’un pomerium dont Varron fait état165. Comme on sait par ailleurs que la ville et son territoire furent colonisés par les vétérans de Sylla, qui remparèrent à cette occasion le vieil oppidum166, on pourrait supposer que ce pomerium, si c’est bien d’Aricie qu’il s’agit, fut aménagé à ce moment-là ; toutefois, ne peut-on pas penser que, dans le cas d’une origine si récente, Varron l’aurait indiquée et, surtout, aurait pris garde de le comparer avec celui de Rome, qui, quoi qu’on pense de la question de l’historicité éventuelle de la légende romuléenne, est de toute façon bien antérieur au premier siècle av. n. è. ? Au Moyen Âge, suivant un schéma que nous avons déjà maintes fois rencontré, la vie urbaine quitte la plaine et se replie sur l’arx de la protohistoire, ce qui, là encore, a dû contribuer à la destruction ou à l’occultation des vestiges antiques, même si, grâce à l’œuvre exemplaire de l’antiquaire Lucidi, continuée au xxe s. par R. Lefevre167, nombre d’informations précieuses, concernant il est vrai les périodes classiques, ont été sauvegardées. Récemment (1999), M. Lilli a identifié au nord-est de l’habitat actuel (Orto di Mezzo) des tessons archaïques (o.c., p. 52, p. 126 et s., p. 187), dont un fragment de cratère attique (o.c., p. 88).
59C’est dans le bois dit Selvotta, à l’emplacement de l’ancien parc Chigi, que furent trouvées, au siècle dernier, les épitaphes des soldats de la Seconde légion Parthique ; une dizaine d’années plus tard, la construction d’une chapelle pour le nouveau cimetière d’Aricie fut l’occasion, comme cela s’était produit aussi à Castel Gandolfo, de la découverte de quelques tombes à incinération et à dolia, aussitôt mises en pièces par des terrassiers fort désappointés de ne trouver que des cendres là où ils espéraient de l’or168. L’archéologue Nardoni169 ne put sauver que quelques objets dépareillés : un cratère, deux tasses, six fibules (et non quatre comme l’écrit Gierow), un bracelet de bronze et une pointe d’épée, comparée par Nardoni aux trouvailles des vignes Testa et Limiti ; ce savant recueillit plus tard sur place environ deux cents tessons, parmi lesquels un fragment à méandre ; tout cela était daté par Gierow de ses périodes III et IV, et est référé aujourd’hui170 plutôt à la période IV A. D’après Nardoni, la taille de la nécropole devait être restreinte, sans doute à un groupe familial, l’habitat correspondant se situant à proximité, et peut-être sur l’acropole elle-même, distante de quelques centaines de mètres.
60La dépression connue sous le nom de Vallericcia, où s’étendait durant l’ère latiale, nous l’avons vu, un lac asséché ensuite par un émissaire, est l’un des lieux les plus anciennement occupés dans le massif : une tombe de l’énéolithique a été identifiée au nord, et, au nord-ouest, de nombreux tessons permettent de placer au lieu-dit Paluzzi un village lacustre dont les traces remontent au subapenninique et se poursuivent pour les périodes suivantes171.
Galloro (pl. 10)
61Durant l’été 1872, furent découverts également fortuitement, au sortir du bourg et le long de la route qui mène à Genzano, un grand nombre de tessons, mêlés à des cendres et des ossements d’animaux, dont ceux d’un cheval : Nardoni, à qui l’on doit aussi d’avoir conservé le souvenir de cette trouvaille, pensait à une nécropole, mais on y verra plutôt, avec Gierow172, les restes d’un habitat situé non loin de l’arx et datable, semble-t-il, des phases III et IV A. La pièce la plus intéressante173 était un bord de vase portant une inscription mutilée, qui constitue, avec le monogramme trouvé à la Riserva del Truglio, la seconde attestation d’une connaissance de l’écriture dans les monts Albains au viie siècle. Une tombe fut trouvée aussi entre 1935 et 1938.
Colle Pardo (pl. 10)
62Il s’agit d’une hauteur, culminant à 458 m, située entre Aricie et Genzano174. C’est sur ses pentes occidentales, qui regardent le vallon d’Aricie, que furent menées, de 1789 à 1791, une partie des fouilles ordonnées par le cardinal Despuig, qui aboutirent notamment à la découverte d’un bas-relief archaïque175 datable des années 500, soit le moment exact où Aricie s’affirmait face à Rome. Vu l’endroit où elle a été trouvée, il est probable que cette œuvre n’est, d’une manière ou d’une autre, pas sans rapport avec l’emissarium du lac de Nemi, dont le débouché est tout proche, et donc avec le temple de Diane, s’il y a bien, comme nous l’avons supposé, une relation entre l’un et l’autre.
63Du même côté, mais près du sommet, fut trouvée par hasard, en 1924, une tombe que la mauvaise volonté de son découvreur n’a pas permis d’étudier comme il convient : d’après Ugolini, qui en assura la publication176, il s’agissait d’une inhumation à fosse, et, puisqu’on relève, parmi les objets identifiés, la présence de perles et de fusaïoles, on les attribuera à une sépulture de femme, que ses fibules faites de bronze, d’ambre et d’os permettent de dater des périodes III ou IV A.
Monte Gentile (pl. 10)
64Occupé dès le Bronze récent (M. Angle, in Lazio e Sabina, 2, 2004,p. 205), ce lieu doit être ajouté à la description de Gierow, puisque P. Chiarucci177 y a identifié des tessons latiaux. C’est là que passait le cliuus Albanus, la route menant d’Aricie au Monte Cavo.
Via della Capetta (pl. 10)
65Nous rajoutons aussi cette rubrique à l’inventaire de Gierow : en effet, De Rossi, dans son rapport de 1871178, mentionnait la découverte en ce lieu, situé au pied de l’acropole et à deux pas du viaduc moderne, d’une grande quantité de poteries latiales, « grande copia del solito vasellame latino grossolano e nerastro che andò tutta rotta e dispersa » ; l’absence de toute autre information ne permet malheureusement de déterminer ni la nature (tombe(s) ou habitat), ni la chronologie de ces vestiges.
NEMI (voir planche 11)
66Sur les bords du lac qui est le plus grand dans les monts Albains, après celui de Castel Gandolfo179, la présence humaine fut sans aucun doute précoce et importante. Le suggèrent les rites chargés d’ombre liés au rex Nemorensis, cher à James George Frazer ; le prouvent quelques vestiges du néolithique recueillis un peu partout sur ses bords180. Dans ces conditions, la question traditionnelle de la chronologie relative entre les sanctuaires consacrés à Diane ici et à Rome doit être nettement distinguée de la reconnaissance de l’évidente antiquité du lieu saint de Nemi, quelles que soient par ailleurs les interprétations qu’on puisse donner à un culte complexe et parfois plus obscurci qu’éclairé par la masse de commentaires dont il est recouvert. Cependant, les découvertes archéologiques anciennes à Nemi sont, pour la protohistoire, peu nombreuses et mal identifiables, aussi bien du point de vue de leur localisation exacte que de celui de leur chronologie : des dizaines d’objets mentionnés par Nardoni181 en 1880, aucun n’a été conservé, semble-t-il, et la description donnée par ce savant ne permet souvent même pas de savoir s’il s’agit de vestiges préhistoriques ou appartenant à la civilisation latiale. Au total, il semble bien que les présences les plus anciennes sont sur la petite plaine littorale et sur la ligne de crêtes qui la domine, c’est-à-dire là même où seront édifiées les terrasses du sanctuaire de Diane à l’époque classique.
Santa Maria (pl. 4b)
67Au nord-ouest du lac, et à gauche d’une route pour qui vient de Genzano, à l’emplacement d’une villa romaine, fut trouvée, en janvier 1874, une grande jarre, brisée lors de la découverte, qui contenait divers objets, dont deux vases miniatures et quatre petits cônes en forme de pyramides qui sont peut-être des contrepoids de métiers à tisser. La fonction de ce dépôt reste incertaine : funéraire ou votive, et à moins de dix mètres de la rive. Or des fouilles récentes ont permis de retrouver également trois fragments d’impasto datant du Bronze moyen, ainsi que des tessons des deux premières périodes latiales. Ainsi, là même où César aura un jour une villa, occupée peut-être aussi par Caligula, aura vécu, durant quelques siècles, une petite communauté à l’aube de la protohistoire latine182.
Giardino (pl. 11)
68Ce nom, en usage depuis la Renaissance, désigne la vaste esplanade, au terreau très fertile, née de l’allongement de l’ellipse que forment les hauteurs qui servent d’écrin au lac. C’est là que des fouilles anciennes183, entreprises dès le xvie siècle, et reprises plusieurs fois ensuite, notamment durant toute la seconde moitié du xixe siècle, ont permis d’identifier depuis longtemps le site du fameux sanctuaire de Diane qu’administrait la ville d’Aricie184. L’ouverture d’un chantier archéologique185 y a provoqué de nouvelles découvertes : dès maintenant, l’opération a permis de reconnaître la validité de la description des ruines qu’avait faite Capmartin de Chaupy, tout comme l’exactitude des relevés, longtemps inédits, de Rosa. Les phases principales de la vie du sanctuaire se laissent ainsi reconstituer : après une première période de culte à ciel ouvert186, allant du Bronze moyen jusqu’à l’époque latiale, un sanctuaire archaïque est peut-être installé sur la terrasse187 dominant l’esplanade ; quelles que soient les étapes intermédiaires, les substructures actuellement visibles remontent à un grandiose aménagement188 datant de la fin du second et du début du ier siècle av. n. è. Restauré encore sous Hadrien (cf. CIL, 14, 2216) et prospère à cette date, le temple, avec ses portiques, finira, après une longue période d’abandon, par s’écrouler vers la fin du xiie et le début du xiiie siècle. Au total, il s’agit là d’une évolution qui n’est pas sans analogie avec celle que nous avons pu restituer pour le sanctuaire du Monte Cavo, auquel celui-ci était du reste relié par une route directe189.
69Ici comme là, l’existence d’un lieu de culte à l’ère protohistorique et durant la civilisation latiale doit être considérée comme une hypothèse plausible, ne serait-ce qu’au regard des vestiges archéologiques exhumés190 : en février 1875, à l’occasion de la plantation de fraisiers, furent trouvées, concentrées sur une aire d’un mètre carré, une centaine de poteries et d’objets ornementaux, dont le format miniature indique une date haute et un probable caractère votif191 ; en décembre 1877 et janvier 1878, la même vigne De Santis livra de nouveau une dizaine de poteries de petite taille. À côté, et également devant les constructions du sanctuaire, dans la vigne De Angelis, et au lieu-dit La Valle, furent mis au jour, en septembre 1878, des fragments divers, dont la chronologie s’étale très largement dans le temps, s’il est vrai qu’on y trouva des pointes de flèches de pierre, divers débris attestant le travail sur ce matériau, à côté de tessons de bucchero, quelques autres poteries étant retrouvées encore en janvier 1879. Mais le vestige le plus suggestif est sans conteste le dépôt de haches192, conservé au British Museum.
70De l’ensemble de ces trouvailles, si fragmentaires soient-elles, et de leur concentration topographique, il appert que l’aire qui deviendra celle du sanctuaire de l’époque classique, est, dès l’époque de la civilisation latiale, voire antérieurement, en tout cas bien avant même la construction de l’emissarium du lac de Nemi, un lieu pourvu de valences religieuses fortes.
71La consécration du lieu à Diane à l’époque archaïque est archéologiquement prouvée grâce à des éléments bien connus, au premier rang desquels figure l’identité, établie par P. J. Riis193, entre la tête de bronze jadis découverte par Despuig, sans doute au Valle Giardino, et le profil porté par le revers des deniers émis par P. Accoleius Lariscolus en 43 ap. J.-C. ; plus tard, la dédicace d’un vase Diana af louco en apporte, pour le iiie siècle av. n. è., la confirmation explicite194. Enfin, une hypothèse formulée à propos d’un Hermès double découvert par Lord S. Lumley dans le portique du temple mérite sans doute considération : dans ces deux figures de divinités aquatiques, Helbig proposait de reconnaître la personnification des lacs de Nemi et de Castel Gandolfo195.
Sonnemi196 (pl. 11)
72Sur la rive nord-orientale du lac, à l’aplomb du village de Nemi, furent trouvés, en novembre 1876, un petit vase et deux fragments de contrepoids pour filets de pêche, puis, au début de l’année suivante, deux autres exemplaires, une pointe de flèche et divers fragments en pierre, ainsi que des tessons et un vase miniature ; en août 1878, la vigne Pozzi (et non Pozzo) livra une demi-dizaine de vases de format réduit et deux coupelles, ainsi qu’un de ces petits disques de terre cuite munis de cavités, en lesquels on hésite à reconnaître, soit des représentations figurées de tourtes ou de pains, soit des porte-offrandes197.
Terrain Pesoli (pl. 11)
73Au pied de l’éperon rocheux qui porte le village de Nemi198, furent reconnues à partir de 1884 un certain nombre de cavernes aménagées par l’homme : elles abritaient des sépultures paléochrétiennes, dont l’une, selon le témoignage, il est vrai isolé, de son inventeur, recelait une jarre à cordon, où l’on reconnaîtra, avec Gierow, un modèle latial, qu’il date de sa troisième période (i.e. le viiie s.), et que nous proposerions plutôt, au vu du dessin de Barnabei, d’identifier comme une jarre ovoïde à anse verticale, typique de la période II A : elle contenait en effet trois bracelets en bronze et des perles d’ambre. On aurait donc là le cas, singulier, d’un remploi de matériel latial par les chrétiens qui l’auraient exhumé sans doute sur place, à l’occasion du creusement des sépultures où il fut retrouvé. Cependant, étant donné qu’une dizaine d’années plus tard, en 1895, fut acquis pour le Musée des Thermes un vase qui ressemblait trait pour trait à celui de 1884, mais dont il était dit, cette fois, qu’il avait été trouvé au-dessous du niveau des sépultures chrétiennes, on supposera plutôt, avec Gierow, qu’il s’agit d’un seul et même objet199, et que l’on a donc affaire à un cas, très classique, de superposition diachronique de matériels hétérogènes. S’agit-il de vestiges funéraires ou de traces d’habitats ? La solution proposée par Gierow en 1964 et, plus nettement, en 1966, concilie les deux hypothèses : la position de la sépulture à l’entrée même de la caverne indiquerait qu’il s’agit d’une de ces tombes d’enfants, suggrundaria, fréquentes en Latium sur le seuil des cabanes à partir de la phase II A, et révélerait donc, du même coup, la présence d’un habitat contemporain200. Quoi qu’il en soit, on peut aujourd’hui affirmer que les découvertes de 1884 et 1895 ne sont plus un unicum, puisque d’autres traces de grottes habitées – elles sont nombreuses, on le sait, autour des lacs albains201 – ont été identifiées depuis, avec des indices prouvant parfois que leur occupation remonte à la période latiale. C’est ainsi que dans la partie nord-orientale de la ligne de crête qui enserre le lac, du côté de Fontan Tempesta, P. Chiarucci202 a reconnu, en 1978, plusieurs grottes habitées : plus haut, dans le ravinement produit par l’importante source de Fontan Tempesta (aujourd’hui tarie), sont apparus quelques tessons, dont l’un au moins serait protovillanovien. Ailleurs, au sud-est du lac, le long de l’ancien sentier de crête devenu route, qui relie Nemi à Genzano, des témoignages oraux contemporains suggèrent la présence de plusieurs fonds de cabanes protohistoriques.
74En tout état de cause, l’ensemble de ces trouvailles, si lacunaires soient-elles, dessine l’image d’une population de pêcheurs, dispersée sur les bords du lac qui les rassemble et les nourrit, et honorant la ou les divinités du lieu par des offrandes dont le format uniformément miniature révèle le caractère votif.
Genzano203 (pl. 10)
75Quandoque dormitat Homerus : on chercherait en vain ce toponyme dans le recueil de Gierow, qui a oublié, probablement parce que L. Morpurgo l’avait précédemment omis elle aussi, de faire état d’une découverte qui y fut faite en 1882204 : les quelques vases latiaux alors exhumés ne sauraient être considérés comme représentatifs de l’importance réelle de cette nécropole, car, en raison de la présence d’une grande villa205, le site fut probablement bouleversé dès l’Antiquité. Il serait bien peu plausible en effet qu’il n’ait pas été occupé dans les temps insécures de la civilisation latiale : comme hauteur facilement défendable située près d’un lac, aussi bien que comme étape le long de l’itinéraire qui sera plus tard celui de la via Appia206, la position privilégiée de Genzano implique presque nécessairement une présence latiale qui, fort peu attestée par l’archéologie jusqu’à aujourd’hui, sera peut-être confirmée un jour par des découvertes futures.
AGRO ROMANO (voir planche 12)
Fontana di Papa (pl. 12)
76Sous la rubrique très générale « Agro Romano »207, Gierow n’a fait figurer que cette petite localité, limitant, comme nous le faisons ici, son enquête aux monts Albains et à leurs environs immédiats. Tout proche de la bourgade de Cecchina, au sud de Vallericcia, et éloigné d’à peu près un kilomètre de la hauteur appelée Monte Giove, où la présence d’un habitat est probable (voir infra), le sol de Fontana di Papa livra en 1864 une tombe, probablement à incinération, dont le mobilier, décrit et acheté par Ceselli, figure dans la collection de ce nom208. On observera que l’aménagement de cette sépulture constitué par des dalles de pépérin disposées en caisson209 n’est pas sans rappeler un dispositif qui se rencontre à plusieurs reprises dans les monts Albains, et notamment, nous a-t-il semblé, dans les premières découvertes des années 1816-1817. Gierow date cette tombe de l’âge du Fer et de sa troisième période, qui correspond au viiie siècle, mais la présence, dans le mobilier, d’un de ces couteaux de bronze dont la typologie a été bien étudiée par Vera Bianco Peroni210 et qui valent comme autant de marqueurs chronologiques, nous conduit à rehausser cette datation de près de deux siècles. C’est bien, en effet, à la fin du Bronze final, soit le xe siècle, que remonterait cette tombe : les dimensions réduites de l’ustensile en font un objet plus symbolique que fonctionnel et sa présence revêt sans nul doute une signification rituelle, peut-être votive, dont la signification est évidemment difficile à préciser, d’autant que l’on ne sait si la tombe était celle d’un homme ou d’une femme. De nouveaux exemplaires (une dizaine) ont été trouvés à la nécropole de l’Osteria dell’Osa et M. Torelli211 y reconnaît le couteau rituel, dit secespita (Fest., 472-473L), utilisé aussi bien par les flamines et pontifes que par les Vestales dans la religion romaine. Outre cette chronologie haute, deux autres faits nous semblent dignes d’intérêt : le couteau est d’un modèle dont l’aire centrale de fabrication paraît bien avoir été les monts Albains eux-mêmes, puisque trois autres exemplaires analogues furent trouvés dans les fouilles de 1816 et 1817 ; la présence d’un exemplaire dans les Abruzzes, près du lac Fucin, n’infirme pas cette hypothèse, tant il est vrai que les relations entre les deux régions sont bien attestées dès cette période, comme le sont également celles que l’analogie de leurs mobiliers fait apparaître entre certaines tombes albaines et des sépultures du site de Véies, qui a livré un couteau de même facture et de même datation que celui-ci212. Enfin, la situation topographique de cette tombe n’est pas moins intéressante que sa chronologie : Fontana di Papa sera, jusqu’à la construction du chemin de fer, une étape213 sur la route qui relie les monts Albains à la mer et à Antium, dont les découvertes encore récentes du site de Cavallo morto214 ont montré toute l’importance dès cette phase du Bronze final.
77Ainsi, aux marges mêmes du Volcan latial, la vitalité de la civilisation latiale dans les monts Albains s’affirme éloquemment dans le contraste entre l’absence totale de couteaux de bronze sur le site romain et leur concentration dans un massif qui apparaît bien alors comme le centre et le foyer de la région tout entière.
LANUVIO (voir planche 13)
78Devenue Civita Indivina ou Nevina au Moyen Âge215, la Lanuvium de l’Antiquité a longtemps été appelée Civita Lavinia, suite à une confusion avec Lavinium, que commettaient déjà les Anciens, s’il est vrai que le Lauinieis des Fastes Capitolins doive se lire, comme le proposait Dessau216, Laniuineis, et que le toponyme apparaisse dans les manuscrits de Strabon sous la forme erronée de Laouinion pour Lanouion217.
79Au carrefour de la pré-Appia reliant Aricie et Velletri et d’une route menant vers le lac de Nemi218, le site se compose de plusieurs collines qui marquent l’avancée extrême du massif albain vers les plaines littorales en direction d’Anzio219 : c’est dire qu’au plus fort de la poussée volsque, Lanuvium se trouvera directement sur la ligne de front qu’opposent Latins et Romains à l’envahisseur. La latinité de la cité, du reste, qu’indique d’abord son nom qui renvoie sans doute au commerce de la laine et aux activités qui lui étaient liées, dont les tombes latiales féminines attestent assez l’importance, ne fait pas de doute : Lanuvium participe au sacrifice commun des Féries Latines220 et apparaît comme « colonie albaine » dans la liste qu’en dresse Diodore221. Aussi bien son sanctuaire principal est-il bien latin : il s’agit bien sûr de celui de Iuno Seispes Mater Regina, dont la triple épiclèse était interprétée par Dumézil comme l’illustration de trois fonctions d’origine indo-européenne, « force guerrière », « fécondité » et « royauté sacrée », et où, malgré l’auteur de la Religion Romaine archaïque, il paraît possible de reconnaître des affinités assez étroites avec l’Hera d’Argos mycénienne, à partir du moment où une présence mycénienne ou de type égéen a été récemment reconnue222 non loin de là, à l’embouchure de l’Astura, dont la vallée dessine une route que contrôle directement Lanuvium : ainsi s’expliquerait que la déesse porte un bouclier bilobé qu’on retrouve aussi chez les saliens223. Une telle filiation laisserait bien sûr ouverte la possibilité d’une origine indo-européenne pour la déesse d’Argos, dont le type est du reste présent en Italie ailleurs qu’à Lanuvium. À l’époque archaïque, de splendides antéfixes, correspondant à celles trouvées à Lanuvium même, témoignent, à Satricum autant qu’à Rome, à Norba et à Segni, du rayonnement du temple et de sa divinité dans tout le Latium224. On n’est pas étonné, en fonction de sa situation géographique, de voir que Lanuvium figure aux côtés de ses voisines Aricie, Lavinium et Ardée dans la ligue dont la liste avait été dressée par Ca-ton, et qui correspond sans doute, nous l’avons vu, à celle que Rome combattit près du lac Régille225. Pour autant, lorsque Rome, en 338, après un premier épisode en 340, soumettra définitivement à son autorité Lanuvium, en lui donnant, comme à Aricie, une ciuitas optimo iure qui, comme l’a établi Michel Humbert226, était, non pas une récompense, mais bien une sanction, elle respectera les cultes du nouveau municipe : mais, par une espèce de communio sacrorum qui a son exact équivalent à Lavinium, les sacra de Lanuvium deviendront rites de l’État romain, et les prodiges, nombreux, dont le sanctuaire sera ensuite le théâtre, seront désormais interprétés en fonction des intérêts de la cité des bords du Tibre ; chaque année, les consuls de Rome viendront honorer la divinité latine, devenue romaine (Cic., Mur., 41, 90). Incorporée dans une nouvelle tribu, la Maecia, qui tire son nom d’un lieu-dit que Tomassetti plaçait au Monte due torri227, Lanuvium garde son système d’administration d’origine, constitué d’un dictateur et de deux édiles228 ; le jour où Milon, « pour son bonheur ou pour son malheur » (J. Carcopino), croisa Clodius sur la voie Appienne, il allait à Lanuvium remplir ses devoirs de dictator lanuuinus229. Nombreux seront les Romains qui auront en Lanuvium, selon un schéma très fréquent, une autre patrie, et l’on peut penser que c’est le cas du fameux Luscius, l’ennemi de Térence230, comme des Licinii Murenae, au premier rang desquels figure le consul de 62 av. J.-C., à qui sont dues, comme l’a montré F. Coarelli231, l’érection d’un monument équestre commémorant, selon un modèle alexandrin, sa victoire contre Mithridate, ainsi que la reconstruction du sanctuaire, alors réaménagé selon une scénographie grandiose où portiques et terrasses superposés utilisent à plein les possibilités du relief. Sous l’Empire, le territoire de Lanuvium est occupé par de riches villas, dont celle que nous avons mentionnée sous la rubrique « Genzano » : Commode, qui y était né, s’exhibera comme gladiateur dans l’amphithéâtre de la petite cité. Au Moyen Âge, la fréquence des toponymes « Dragone » et « Dragoncello » perpétue le souvenir, sinon des légendes liées au culte de la déesse au serpent (cf. Properce, 4, 8), du moins des réalités qui avaient pu en favoriser l’implantation ; plus tard, au xvie siècle notamment, les vicissitudes diverses que rencontrèrent les Colonna pour contrôler le site témoignent de la constance de son intérêt stratégique. Quant aux traditions mythographiques232 concernant Lanuvium, elles sont complexes puisqu’elles font de la cité, tantôt une colonie albaine, tantôt une fondation énéenne, tantôt une création de Diomède, selon une version dont la singularité traduit sans doute l’antériorité par rapport à la diffusion du cycle énéen.
Monte Giove (pl. 12)
80À trois kilomètres de Lanuvio, entre ce centre et Fontana di Papa, la colline dite Monte Giove, où l’on place traditionnellement la cité de Corioli, livra en 1883 deux scarabées égyptisants dont la présence impliquerait, selon Gierow, l’existence d’une ou de deux tombes archaïques, non autrement connues233.
« Station du tramway » (pl. 13)
81À l’emplacement des anciennes vignes Alessio et Tomassini, et d’un chantier de travaux publics réalisé au début du xxe siècle (1915), apparurent, à une centaine de mètres du village actuel et sur une hauteur plus basse que l’acropole qui le porte, quelques vases, aussitôt brisés comme à l’ordinaire par leurs inventeurs, avides de trésors cachés. Ce qui put être sauvé par l’archéologue Galieti, accouru sur les lieux, disparut, trente ans plus tard, sous les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. La description des NSA234permet néanmoins de restituer la présence de six ou sept poteries, parmi lesquelles deux cruches « à filet » et une tasse à anse bifore laissant supposer une datation dans la période latiale II A, soit le xe siècle. Galieti terminait son rapport en souhaitant une fouille, qui ne paraît pas avoir jamais été entreprise. Les circonstances de la découverte font qu’il n’est pas possible de déterminer s’il s’agissait d’une tombe isolée, vraisemblablement à puits, ou des traces d’une nécropole dont l’extension exacte resterait à préciser235. Quoi qu’il en soit, la proximité du lieu de trouvaille avec le site de Lanuvio, sans doute déjà habité au Bronze final, laisse supposer une relation de dépendance entre celui-ci et celui-là.
Colle San Lorenzo236 (pl. 13)
82Recherché en vain par Lord Savile de 1884 à 1892, trouvé et fouillé par Pasqui en 1914 et 1915 mais publié, après la mort prématurée de ce dernier, par Bendinelli237 qui l’interpréta comme un Capitolium, identifié par Galieti, le temple de Iuno Sospita238 se trouvait à coup sûr sur la colline qui domine le village actuel, même si une marge d’incertitude quant à l’interprétation définitive des restes découverts doit être maintenue, tant il est vrai que les terres cuites trouvées tout près en masse par Lord Savile ne représentent pas, étrangement, la déesse à la tête de chèvre, et que le seul argument véritable pour l’hypothèse de Galieti, que nous jugeons néanmoins la plus recevable, est la continuité cultuelle239. La chronologie de l’édifice découvert sur la colline comporte trois phases distinctes qu’on met d’ordinaire en relation avec les trois phases qui caractérisent également les terres cuites architecturales que recelait le site : celles-ci permettraient de dater la construction du premier temple au début du ve siècle, certains auteurs préférant parler de la fin du vie240. Par Tite-Live (8, 14, 2), on sait que le sanctuaire était, comme ceux du mons Albanus, de la Diane d’Aricie et de la Junon de Gabies, pourvu d’un bois sacré : aedes lucusque. Terrasses de soutènement, volées d’escaliers et portiques241 créaient les conditions d’une scénographie qui devait être saisissante les jours de grandes fêtes religieuses où affluait la foule des fidèles. Ce temple avait-il eu, comme nous l’avons supposé pour celui de Iuppiter Latiaris, un précédent dès la civilisation latiale ? Il ne semble pas, puisqu’on retrouva sur place deux fibules et une pointe de lance en bronze révélant la présence antérieure d’une tombe242 : l’habitat et les lieux de culte correspondants devaient donc se trouver ailleurs, peut-être à l’emplacement du village actuel, ou plutôt sur une autre partie de la colline243.
Terrain Diamanti (pl. 13)
83Le long de l’antique route reliant Lanuvium à Ardée et à Anzio, fut trouvé en 1950 un cuniculus, révélant un éboulement antique qui avait été contenu par une pile de jarres, consolidée par de la terre où apparaissaient des fragments de poterie archaïque, restes d’une tombe ou d’un dépôt votif probablement tout proche244.
Cimetière (pl. 13)
84Au nord-est du bourg, l’aire du cimetière moderne livra des restes, dont une fibule, trois fusaïoles et une coupe miniature, qui ne permettent pas de savoir s’il s’agissait d’un site d’habitat ou de nécropole : tout au plus prouvent-ils que le site de Lanuvium était habité dès le ixe siècle av. n. è. au moins245.
Ornarella
85De fait, des trouvailles faites en 1931, de l’autre côté du village, à l’occasion de travaux agricoles, permirent de mettre au jour un vase à pied conique ainsi qu’une pointe de lance en bronze, tandis que des découvertes plus récentes révèlent l’occupation du site dès le protoapenninique B (env. xvie-xve s. av. J.-C.)246.
Colle delle Crocette (pl. 12)
86À cette colline, située à deux kilomètres au sud-est de Lanuvium, Gierow247 rapporte le souvenir de la trouvaille de scarabées égyptisants, non autrement connus, trace probable de tombes datables sans doute du viie siècle, comme celles du Monte Giove, qui avaient révélé des objets analogues.
San Gennaro (pl. 13)
87Ajoutons cette rubrique au parcours tracé par Gierow, dans la mesure où cette colline, qui s’élève à 250 m d’altitude entre Lanuvio et Velletri, à gauche de l’Appia, n’est pas sans avoir joué un rôle dans l’historiographie de l’archéologie albaine. Après le rapprochement fait par Pigorini avec le matériel villanovien et la datation « récente » qui en résultait pour « les vases albains », c’est là, en effet, que De Rossi, soucieux de prouver la chronologie antévulcanique qu’il proposait, retrouva le souvenir d’une trouvaille monétaire, faite vers 1846 et qu’il mit en rapport avec quelques autres découvertes du même genre : l’adhérence de la pierre volcanique au métal lui apparaissait comme la meilleure preuve de sa thèse. Combien est-il curieux aujourd’hui de constater que, même à ses adversaires, cette découverte, qu’on jugerait minime de nos jours, parut alors « de la plus haute importance » ! Ce sont les mots du géologue Ponzi au cours d’une séance particulièrement animée de l’Institut de Correspondance Archéologique, dont deux notes du Bulletin, non mentionnées par Gierow, nous ont transmis l’écho248. La date nécessairement tardive de l’aes grave en question provoqua le scepticisme de Ponzi, qu’on voit alors se désolidariser de M. S. De Rossi auquel il avait, d’abord, apporté le renfort de sa compétence de géologue au temps du « Primo Rapporto » ; quant à ce dernier, il présente avec fougue une double riposte consistant à abaisser, en se fondant sur Tite-Live, jusqu’au ive siècle av. n. è. la date des dernières éruptions du Volcan Latial, tout en remontant jusqu’au vie celle des premières émissions monétaires romaines, avec le renfort de la notice bien connue de Pline, Servius Tullius primus signauit aes, aujourd’hui revalorisée sur des bases qu’on espère plus assurées. Marquée par un appel à la prudence formulé par Ceselli249, dont la collection de vases latiaux sera l’une des plus belles de son temps, et par des interventions plutôt bienveillantes d’Henzen et d’Helbig, ainsi que de Gian Battista De Rossi (p. 40), l’illustre frère de l’impétueux vulcanologue, valorisant dans le sens vulcanologique la toute récente étymologie du nom du Monte Cavo que venait de proposer Mommsen, la discussion reprendra brièvement l’année suivante250 : Ponzi soulignera alors le caractère récent et composite du tuf de S. Gennaro, M. S. De Rossi renverra à son « Quarto Rapporto », et Henzen réconciliera tout le monde en proposant une excursion sur place... Quant à De Rossi, poussé par son désir de souligner le caractère récent des ultimes éruptions albaines, il avait été jusqu’à écrire que celles-ci « dovettero avvenire assai dopo la distruzione di Alba, e ne coprirono forse le rovine invano finora da molti cercate, e che assai incertamente taluni hanno preteso poter riconoscere »251 – hypothèse ensuite reprise par Pinza en 1914. Le plus curieux, dans ce débat, est qu’aucun des éminents savants en présence ne mette en doute ce que nous avons appelé précédemment le « modèle pompéien » : pour tous, il paraît avéré que « la nécropole albaine », appellation générique par laquelle on désigne alors l’ensemble des découvertes faites dans le massif depuis 1816, a été ensevelie par un volcan252. Mais, au-delà de ces discussions d’un autre âge, dont l’intérêt est toutefois de marquer le début de la fin de l’alliance entre géologie et archéologie qui avait caractérisé jusque-là les études albaines, l’information la plus intéressante est finalement donnée, presque malgré lui, par De Rossi, lorsqu’il fait incidemment état de la découverte de nombreux vestiges de bronze dans le sous-sol de S. Gennaro253.
Vigna Galieti. Tombe du guerrier (pl. 12)
88C’est sans doute sa chronologie relativement tardive qui explique que la tombe exceptionnelle apparue en 1934 sur le site de la vigna Galieti, sur un terrain en forte pente situé près du site de la ville antique, n’ait pas été incluse par Gierow dans son étude du matériel albain. Toutefois, la confirmation récente par Fausto Zevi254 de sa datation au tout début du ve siècle, ainsi que son caractère véritablement exceptionnel, justifient que mention en soit faite ici. Il s’agissait d’une tombe à inhumation, à fosse plutôt qu’à chambre. À l’intérieur d’un sarcophage carré monolithe, d’inspiration grecque, et qui évoque une célèbre tombe de l’Esquilin255, furent retrouvés divers objets, tous de très grande qualité, évoquant complémentairement les valeurs « ludiques » et militaires256 : des strigiles et un disque257 incisé sur ses deux faces voisinaient en effet avec une panoplie comprenant une épée (de fer), un ceinturon et surtout une cuirasse anatomique ainsi qu’un casque de parade anthropomorphe. Le défunt paraît avoir été un jeune aristocrate (dont on a pu évaluer la taille à 1,66 m et l’âge à vingt-cinq ans), sans doute étranger à la communauté lanuvienne s’il faut en croire l’isolement topographique de la tombe, qui semble voulu. Était-il latin, étrusque ou originaire de Grande Grèce ? On peut hésiter, tant il est vrai que des influences provenant de ces différentes contrées sont visibles dans le style et l’agencement des objets retrouvés. D’après F. Zevi, cette diversité d’influence est la marque d’une région en crise, ouverte aux apports extérieurs. Le poids d’une Étrurie hellénisée semblerait l’emporter, tandis que l’absence de mobilier proprement dit s’expliquerait par le respect de la loi de discrétion funéraire analysée par G. Colonna258, à partir notamment de cet exemple. Galieti, son inventeur, évoquait à propos de cette tombe de guerrier la bataille du lac Régille, hypothèse aussi séduisante qu’invérifiable, qui orienterait alors plutôt du côté de la Grande Grèce. Et, de fait, le cavalier figuré sur l’une des faces du disque a été rapproché des Dioscures, de ces Castores qui sont l’élément clef de la mythe-histoire de la bataille de 494 comme ils l’avaient été, quelques années plus tôt, de celle de la Sagra pour Locres : une mythe-histoire dont la découverte de l’inscription des Dioscures de Lavinium259, tout comme, plus récemment, la fouille du temple romain des Castores et la confirmation de la chronologie livienne qu’elle a permise260 confirment qu’elle était bien contemporaine des événements et non pas postérieure et fabriquée. Lanuvium, d’ailleurs, ne faisait-elle pas partie, au témoignage de Caton (fg. 28P.), de la ligue aricienne, dont l’orientation anti-romaine est probable ? Mais, d’un autre côté, ce motif du cavalier descendant d’un cheval au galop était aussi représenté en Étrurie, à Véies, comme le remarque F. Zevi. De plus, il nous semble qu’aucun élément de fait ne s’opposerait à une datation à la toute fin du vie siècle. C’est pourquoi, bataille contre bataille, on pourrait tout aussi bien penser au siège de la toute proche Aricie par les troupes de Porsenna, hypothèse – cela va sans dire – tout aussi invérifiable que l’autre ! L’hellénisme de certains objets – essentiellement l’urne et le disque – pourrait être mis en parallèle avec cette tradition, attribuée par Alföldi à Fabius Pictor, et qui rapportait la fondation de Lanuvium à un compagnon d’Énée appelé Lanoios, tradition venue au jour avec la découverte de l’inscription du gymnase de Tauromenion261, tandis qu’une autre nouveauté épigraphique262 était auparavant venue éclairer une allusion jusque-là obscure de Cicéron (Verr., 2, 32, 83-84) sur les liens de Lanuvium avec la Sicile. Cela étant, l’identification, généralement admise, du guerrier de Lanuvium comme un cavalier, vient sur le fond donner raison à l’auteur d’Early Rome and the Latins quant à l’importance de la cavalerie dans l’histoire de la Rome et du Latium archaïques. On notera enfin que la découverte récente de « très nombreux » tessons de bucchero à l’est de l’acropole confirme la vitalité de la communauté lanuvienne à l’époque archaïque263.
VELLETRI (voir planche 11)
89Latine ou volsque ? On a beaucoup discuté sur l’identité et l’origine d’une cité qui, située comme elle l’est à l’extrême avancée des monts Albains, appartenait en réalité à une des marches du premier Latium. Cette position à la frontière d’un territoire convoité suffit à expliquer qu’elle ait été soumise à diverses influences selon les vicissitudes de l’histoire. À une quarantaine de kilomètres de Rome, elle s’élève à 400 m d’altitude à l’ombre du puissant massif de l’Artemisio, dominant de l’autre côté les terres de la plaine Pontine. Le sous-sol des environs de Velletri a révélé, nous l’avons vu, tout un système de canaux qui n’obéissent pas à la même orientation que ceux observés plus à l’ouest, et dont la datation fait l’objet de controverses264. La prospérité de la cité archaïque étant assez attestée par la richesse de ses sanctuaires, il est, nous semble-t-il, raisonnable de penser qu’elle était en relation avec une exploitation intensive du terroir environnant. Son occupation ultérieure par les Volsques ne fait pas de doute, prouvée qu’elle est par une inscription sur bronze, dans une langue dont ce document fournit l’attestation principale, même s’il ne date que du iiie siècle av. n. è.265 Partie prenante dans le conflit triangulaire qui voit s’opposer, durant tout le ive siècle, Romains, Latins et Volsques, les seconds s’alliant alternativement aux premiers et aux troisièmes suivant l’urgence du danger qui les menace, la cité est plusieurs fois prise et reprise par chacun des adversaires, avant de devenir définitivement municipe romain en 338266. Sa première prospérité, ce n’est pas à l’Appia, qui l’évitera, mais bien à la route reliant Préneste à la côte (Antium et Satricum) et passant par la colline de Lariano, que le Moyen Aˆ ge fortifiera, qu’elle la doit. Une inscription augustéenne fournit le nom, singulier, de cette route, via Mactorina, connu depuis 1918 et suggestivement expliqué par Nardini, son inventeur, en fonction d’une origine phénicienne267 : il est vrai que les amphores phéniciennes présentes en Latium ainsi que les tombes orientalisantes de Préneste, précisément, dont les coupes phénico-chypriotes sont l’un des plus beaux ornements, s’accorderaient bien avec cette hypothèse268. En tout cas, pour une cité située au midi du massif albain, l’alliance avec Préneste ainsi qu’avec les Campaniens dont font état les sources littéraires dans le récit des guerres contre Rome, apparaît comme tout à fait logique. Une fois soumise à Rome, on la voit pourvue de duouiri et de praetores dont Michel Humbert269 a démontré qu’ils étaient la continuation, au moins formelle, des meddices de l’ère volsque. Bien entendu, son principal titre de gloire à l’époque classique sera d’avoir été la patrie de la gens Octauia et, conséquemment, le lieu d’une villa impériale dont le toponyme S. Cesareo perpétue peut-être le souvenir270.
Monte Canino (pl. 11)
90Entre Aricie et Velletri, il s’agit d’une hauteur (467 m) dominant et contrôlant le carrefour où l’Appia oblique décisivement vers le sud, quittant l’itinéraire qui unit entre eux les principaux castelli du massif. Une seule poterie, un bol d’impasto à anse horizontale, que son intégrité incite à interpréter comme un vestige funéraire appartenant peut-être à la période II B, peut être aujourd’hui rattachée à ce site271.
Vigna d’Andrea (pl. 13)
91Au nord-est sur la colline de Velletri, fut trouvée à la fin du siècle dernier, à l’occasion habituelle de l’implantation d’un vignoble, une, et sans doute deux tombes à puits, dont une seule fut conservée et publiée272. À même le sol reposait, à deux mètres de profondeur, une urne-cabane circulaire, de forme conique et à ouverture rectangulaire surhaussée, révélant, malgré une incontestable rusticité d’exécution, cette attention aux détails de l’architecture qui se retrouve dans les autres urnes albaines. Le nombre des poteries retrouvées avec l’urne frappe par son caractère exceptionnel : ce ne sont, en effet, pas moins de treize pièces qui sont conservées aujourd’hui au Musée Pigorini de Rome. Indirectement, ce chiffre valide la description faite par Fea des découvertes de 1816, où il soulignait, on s’en souvient, la présence fréquente, avec chaque urne, d’une douzaine de petits vases. Ils sont ici presque tous appariés, ce qui a fait penser à une double déposition : dans ce cas, on ne peut que se demander si elle n’impliquait pas un sacrifice humain. La chronologie de cette tombe n’est pas moins remarquable que sa composition, puisqu’on la fixe aujourd’hui273 au xe siècle, soit la première phase latiale. Soulignons à ce propos l’importance de cette donnée qui montre, dès le début de la culture latiale, une présence humaine stable aux marges du massif albain. La vigne Andrea se trouvant juste au-dessous de l’acropole occupée par le bourg moderne, il est hautement probable, en effet, comme le souligne Gierow, qu’on doive situer en ce lieu l’habitat protohistorique, qui n’aurait pas laissé d’autre trace visible, pour la seule raison que les villages romain, volsque et médiéval se sont substitués à lui en le faisant disparaître. Enfin, l’architecture de cette sépulture mérite qu’on s’y arrête : il s’agissait en effet d’une tombe à fausse coupole, aux pierres soigneusement appareillées, et d’un type qui se retrouve ailleurs dans les monts Albains, notamment à la vigna Giusti de Grottaferrata ; Pinza274, et d’autres savants avec lui, mirent en relation cette typologie avec celle des tombes mycéniennes à tholos. Cette interprétation a été de nouveau défendue récemment275, fondant un comparatisme étendu à la Sardaigne et à l’Apulie sur le principe d’un diffusionisme précoce dont l’origine serait à identifier comme mycénienne : les nuraghi sardes, les tholoi étrusques, notamment ceux de Populonia, les trulli des Pouilles de l’Italie contemporaine, et, pouvons-nous ajouter, les pseudo-coupoles des tombes latiales seraient ainsi les témoignages d’une influence mycénienne initiale. L’interprétation a été contestée, mais la découverte récente d’une présence de type mycénien sur la côte latiale apporte une donnée à ne pas négliger : il est vrai que, à ce compte, comme vient de le montrer une recherche encore récente276, il faudrait étendre cette influence à l’Écosse et au Japon ! Il semble qu’on ait plutôt affaire à des développements séparés en fonction de contextes socio-économiques qui peuvent présenter des analogies : les coupoles de Populonia s’expliqueraient par l’architecture des fours, si nombreux dans la « Pittsburgh de l’Antiquité » (J. Heurgon), la chronologie des nuraghes sardes s’opposerait, contrairement à ce qui a été dit, à l’hypothèse d’une dérivation mycénienne, et la structure des trulli apuliens n’aurait que peu à voir avec celle des dômes mycéniens. Quant à la coupole de la Vigna d’Andrea, on y verra donc plutôt, en suivant les analyses de B.S. Frizell que nous venons de résumer, une variante locale de la tombe à puits.
Église SS. Stimmate277 (pl. 13)
92Au sud-ouest de la ville, l’église des Saints Stigmates, anciennement S. Maria della Neve, est le site où furent trouvées en 1784 les fameuses terres cuites « architectoniques » qui devinrent aussitôt l’un des fleurons de la collection Borgia, avant d’aboutir, via Murat, au Musée National de Naples. L’édifice archaïque auquel elles appartenaient avait été précédé par une présence humaine dont la nature est difficile à préciser. D’un des « puits votifs » de l’aire réexplorée en 1910 par G. Mancini émergèrent des tessons dont plusieurs remontent aux périodes latiales. À la suite d’un réexamen récent278, il s’avère que l’un d’eux est même datable de la première phase, tandis qu’une coupelle miniature de la période III correspondrait au début de la fauissa proprement dite, en relation sans doute avec d’autres tessons retrouvés dans des lieux voisins de la cité des temps historiques, qui commença peut-être à exister comme communauté stable et fortifiée279 à cette période-là, selon un schéma qui s’observe maintenant dans bien des oppida du Latium. Gierow, rapportant l’existence de ces tessons, mettait en garde contre une interprétation sacrale d’une présence précoce en un lieu considéré ensuite comme le siège d’un temple archaïque : si l’on prend en considération ce qu’on pourrait appeler le théorème de Torelli, qui a montré, à partir de l’exemple de Murlò280, que la présence de terres cuites architectoniques n’implique pas nécessairement celle d’un temple, on peut même dire qu’une telle conclusion serait doublement critiquable. Aussi bien certains savants281 voient-ils plutôt dans ces tessons la trace d’un habitat datable à la troisième phase latiale, la miniaturisation de la coupelle pouvant s’expliquer dans un contexte funéraire. Pour la période archaïque, les fouilles de 1910 ont mis au jour un matériel non négligeable282 : dolia d’impasto comparables à ceux du puits votif du temple romain de Vesta, tasses miniatures analogues à celles du dépôt romain de S. Maria della Vittoria, identifié aujourd’hui par certains283 comme le site de l’une des chapelles des Argées, pièces étrusco-corinthiennes, grecques et bronzes étrusques, sans doute votifs, le tout datable de la fin du viie à celle du vie siècle. Pour cette période au moins, une interprétation strictement « laïque » serait peu vraisemblable, même s’il est vrai que les premières terres cuites architectoniques sont plus récentes, ce qui avait précisément conduit Gierow à ne voir dans les vestiges « prétemplaires » des SS. Stimmate que des traces d’habitat. On peut penser que Giovanni Colonna a fourni la solution de cette aporie lorsqu’il a proposé de ne plus lier l’apparition des premières terres cuites et celle d’un premier temple284 : comme à Lanuvium, en effet, il a reconnu dans des bases de murs, d’orientation différente de ceux de l’édifice identifié comme un temple à trois cellae (dirigé n.-o./s.-e.), les traces d’un temple à cella unique et à pronaos, d’une chronologie « archaïque haute » ; l’édifice aux célèbres terres cuites ne serait venu qu’en second, vers -530, et serait à mettre en relation avec ce que dit la tradition annalistique des victoires de Tarquin le Superbe sur les Volsques285. En tout cas, et de l’avis unanime des exégètes, l’influence romaine est indéniable dans les frises de Velletri, révélant notamment de fortes analogies avec la décoration du temple de Sant’Omobono, notées pour la première fois par P. J. Riis et soulignées par la critique actuelle286, qui parle aussi de Caere. Quant aux scènes représentées sur ces frises, il est certain que ces défilés de cavaliers, ces courses et processions de chars, ces scènes de banquets conviendraient parfaitement à une thématique triomphale, exaltant les vertus et les pouvoirs d’une aristocratie toute puissante. À cet ensemble appartient également la célèbre scène de « Conseil », qui servit à Mazzarino de point de départ pour sa mémorable théorie de la collégialité du pouvoir à l’époque archaïque287 : on y voit des personnages, assis sur des sellae curules et tenant chacun un lituus ou un sceptre. S’agit-il de dieux ou de simples mortels ? Ni l’un ni l’autre, serions-nous tenté de dire : les interprétations de la scène comme une « assemblée divine », réunissant Hercule et Athéna, se sont imposées après Mazzarino, dont la démonstration a servi de modèle pour d’autres sites – Rome et Véies surtout – mais, à en juger par l’analyse de C. Bruun288, il semblerait aujourd’hui qu’Hercule doive quitter une scène où il n’a rien à faire... En d’autres termes, la signification que l’on doit donner à la frise de Velletri serait à la fois plus laïque et plus générale : c’est une assemblée de chefs, vus dans l’exercice même de leurs fonctions. Ni dieux ni hommes, ils sont des principes qui se prennent pour des dieux dans un monde où les dieux sont à l’image des rois : ainsi, à Rome, le Jupiter archaïque était-il très probablement rex, puisque sa parèdre est connue comme regina, et, lors du triomphe, le roi représentait le dieu. C’est dire que les frises de Velletri sont l’expression figurative d’une société qui vit l’histoire sur le mode du mythe et pense le mythe comme histoire et où, conséquemment, les frontières entre le sacré et le profane se franchissent aisément289.
93Le site des SS. Stimmate autorise encore, nous semble-t-il, d’autres conclusions, sous réserve du résultat de fouilles en cours290. S’il est vrai que l’archéologie prend son sens dans la constitution de séries, il n’est pas indifférent qu’à Lanuvium et Velletri, comme ailleurs à Gabies, Ardée et Satricum, un schéma récurrent apparaisse désormais : dans tous ces lieux, l’éventualité d’une sacralité pré-templaire peut être considérée, tandis que, parallèlement, la datation des premiers édifices sacrés doit être rehaussée et placée au milieu du vie siècle, une seconde phase, qu’on avait cru première, se situant vers 530. Dans ces conditions, il ne nous semble pas méthodologiquement infondé de considérer comme possible l’application de ce schéma au site du temple du Jupiter Latiaris.
Via Paolina (pl. 13)
94Sur le site même de la ville, au bord nord-ouest, fut trouvé en 1903, dans la cave d’un immeuble, un sarcophage du ier siècle av. n. è. contenant quatre poteries, dont deux jarres typiques de la période latiale, mais qu’il n’est guère possible de dater en raison de leur destruction lors des bombardements de la Seconde Guerre mondiale. L’hétérogénéité chronologique du contenu par rapport au contenant291 pose un problème qu’on résoudra, avec Gierow292, par l’hypothèse d’une tombe latiale antérieure, trouvée sur place par les fossoyeurs du ier siècle, et dont deux poteries furent remployées aussitôt dans la nouvelle sépulture : ce phénomène doit donc être distingué du mélange de mobiliers de tombes, séparées dans le temps mais superposées dans l’espace, qui se constate ailleurs, à la villa Mora de Castel Gandolfo, même si Antonielli, en publiant ce dernier site, se réclamait de l’exemple de Velletri pour défendre l’idée, bien peu vraisemblable, d’un usage de très longue durée de ces poteries latiales. Si exiguë soit-elle, cette découverte, qui montre qu’à l’époque latiale, l’acropole de Velletri est un lieu de sépultures autant qu’un lieu d’habitat (mais on n’a pas vérifié si la tombe était isolée ou non), a également l’intérêt de prouver ce que nous avons précédemment supposé : nombreuses, très nombreuses ont dû être, à l’époque classique, dans une région qui devint alors le lieu d’une activité édilitaire intense, les trouvailles de « vases funéraires albains », détruits aussitôt que trouvés. De cette perte de matériel, créatrice d’une zone irréductible de non-savoir, il serait grave de ne pas tenir compte dans toute tentative d’évaluation des présences albaines et des conséquences de toutes sortes qu’on en peut tirer.
Vallone293 (pl. 13)
95Sur les pentes orientales du massif de l’Artemisio294, longtemps protégées des fouilleurs clandestins par les bois de châtaigniers du parc communal, des habitants de Lariano apportèrent en 1933 à l’archéologue Nardini des bronzes provenant de tombes qu’ils venaient de mettre au jour dans leur recherche de matériaux de construction. Il ne s’agissait pas de deux tombes, mais de deux lots, et le nombre des sépultures (à inhumation et à fosse, renforcée par des dalles de calcaire), qui n’est pas connu, a pu être supérieur. Le premier lot peut être à la rigueur rapporté à une seule tombe, mais le second était beaucoup plus riche ; à côté d’une pointe de lance, de restes d’une hache et de deux casques qui semblent renvoyer à un contexte masculin et guerrier, d’autres vestiges comme ceux de deux coupes et d’un trépied de bronze, d’un couteau295 et de trois ceinturons d’un modèle villanovien sont généralement référés à des tombes féminines296. Dans ces conditions, l’interprétation exacte du vestige le plus remarquable de l’ensemble reste délicate : il s’agit des débris d’un cerclage de roues et de deux mors de chevaux297 attestant la présence d’un char298 : arme de combat d’un guerrier ou moyen de transport honorifique pour une matrone ? En tout cas, les spécialistes s’accordent à noter l’aspect « méridional » de ces pièces, qu’on peut dater du viiie et du début du viie siècle299. En ce sens, le site de Caracupa aurait pu servir de relais pour les influences grecques qu’illustrent les vases et trépieds300.
96Nardini soulignait la situation de cette nécropole à un carrefour de deux chemins venant chacun d’un point d’eau ; pour l’habitat correspondant à ces tombes, Gierow hésitait entre les hauteurs voisines : Colle Sante Lucia ou, un peu plus loin, Colle dell’Acero, toutes deux pourvues d’une source. On peut penser maintenant au très proche Colle della Fragola, où ont été identifiés301 des tessons allant du Bronze récent, et surtout de la phase I latiale, jusqu’à l’ère archaïque. On notera enfin que des découvertes récentes, notamment celles de porte-offrandes votives, laissent supposer que les tombes de Vallone ont été accompagnées d’un lieu de culte302.
Colle dell’Acero303 (pl. 13)
97Sur cette colline, qui porta longtemps une puissante forteresse des Colonna, des travaux réalisés en 1933 pour la pose d’un aqueducmirent au jour une tombe isolée, qui ne fut connue que lorsque ses inventeurs se mirent à vendre son mobilier au musée de Velletri : malgré sa modestie, il permet quelques observations non négligeables. Par sa chronologie comme par sa situation topographique, soulignée par G. Colonna304, cette tombe attire l’attention : elle peut, en effet, être datée aujourd’hui305 de la première période latiale, et non de la troisième comme le voulait Gierow (sur la base de tessons archaïques qui proviennent sans doute d’autres tombes), et elle se situe non loin du lieu où la uia Latina débouche hors du cercle que dessine l’ancien cratère externe du Volcan Latial. Ainsi, il apparaît que le parcours connu sous le nom de uia Latina est bordé par des gisements archéologiques qui sont parmi les plus anciens de la culture latiale, aussi bien ici qu’à la villa Cavaletti, ce qui n’est pas, bien sûr, sans signification.
Colle Mozzo (pl. 13)
98Cette nouvelle rubrique doit être ajoutée à l’inventaire de Gierow depuis qu’a été trouvée, en avril 1990, au-dessous du Maschio d’Ariano, et à un km de Vallone, une tombe à « pseudo-chambre », datable du début du viie s. (IV A2) et contenant, outre une quinzaine de vases d’impasto formant un service de banquet, une pointe de lance et une hache en fer, trois fibules dont l’une ornée d’or, les restes de coupes de bronze et ceux des roues cerclées de fer d’un char. On a supposé306 la présence de l’habitat correspondant sur le sommet du Maschio d’Ariano : cependant, la destruction systématique du castel médiéval en 1463 rend toute vérification délicate307.
99Au total, depuis la découverte, au même moment, d’une tombe « princière » non loin de là, à Rocca di Papa, on a vu apparaître une certaine cohérence topographique entre ces trouvailles dispersées. On avait naguère mis en relation la prospérité dont témoignaient des tombes comme celles de Vallone, et aujourd’hui celle de Colle Mozzo, avec la propriété de la terre et les surplus de richesses qu’elle était supposée permettre308. Il est certain qu’on voit, ici et là, s’affirmer une aristocratie soucieuse de faire montre de la possession d’objets de luxe et de prestige : mais la présence, à Vallone, d’armes de guerre – auxquelles nous pouvons ajouter, grâce à la monographie de V. Bianco Peroni, une épée, de type ombrien, conservée aujourd’hui au musée de Pérouse309 –, ne laisse guère de doute, à notre avis, sur la nature des activités pratiquées par cette aristocratie albaine du viiie siècle. Le Maschio d’Ariano est un relief puissant qui, durant tout le Moyen Âge, assurait à celui qui l’occupait le contrôle de toute la contrée avoisinante. Dominant l’Appia aussi bien que la Latina, et situé à peu près à mi-distance de ces deux artères essentielles, il permettait aux seigneurs du lieu d’exercer un droit de péage sur ceux qui les empruntaient. On les imagine facilement, réfugiés, sitôt leur coup fait, à l’abri de leur roc, comme le rapace dans son nid, inaccessible et inexpugnable. Ces pentes escarpées ont très longtemps gardé ce caractère : en 1516, Léon X déplorait ainsi que multa quotidie latrocinia, multasque caedes in Algidi sylua fieri310. Mais les protohistoriens ne doutent pas que, à l’époque de la civilisation latiale, ces rapines et ces trafics aient été un puissant facteur de « différenciation sociale » et de progrès ! En ce sens, la présence de mors de chevaux et de chars est révélatrice, la mobilité et la rapidité étant des conditions nécessaires à la réussite de ces expéditions.
Colle del Vescovo (pl. 13)311
100Les campagnes de prospection et de fouilles entreprises depuis 1999 par l’active équipe du Musée de Velletri ont permis d’identifier de nouveaux sites protohistoriques dans la chaîne de l’Artemisio et justifient l’ajout de quelques toponymes à la liste de Gierow. Plusieurs centaines de tessons et de fragments divers ont été recueillis sur les crêtes de tout le massif, attestant une présence humaine qui va du Bronze moyen (voire avant) jusqu’à l’époque médiévale.
101Le relief (783 m), situé au s.e. sous le Maschio et le Castello d’Ariano, et connu comme Colle del Vescovo – des documents du xe s. le nomment mons Episcopus – a montré finalement qu’il méritait bien son nom : on y a retrouvé, en effet, cachés sous une épaisse végétation, les vestiges arasés d’une église médiévale (xiie-xive s.). Or la fouille des fondations de ce monument a révélé l’existence d’une ou de plusieurs constructions archaïques (viie-vie s. av. J.-C.) – attestée par de nombreux tessons, un bracelet de bronze et des fragments de terre-cuite –, édifices qui avaient eux-mêmes dû succéder à un habitat antérieur, puisque des sondages, pratiqués tant à l’extérieur qu’à l’intérieur du bâtiment médiéval, ont livré nombre de tessons datant du Bronze et du Fer, et sans doute rassemblés pour être enterrés là. L. Drago Troccoli312 propose de mettre en relation la phase archaïque du site avec les restes d’un dépôt votif trouvé dans les parages avant la guerre : est-on, comme on l’a déjà suggéré, en présence de témoignages liés, d’une manière ou d’une autre, avec le fameux sanctuaire de la Diane de l’Algide chantée, entre autres, par Horace (Carm. saec., 69-72) ? Il paraît assuré désormais, en effet, que les toponymes antiques mons Algidus et Algidum servaient à désigner l’ensemble du massif appelé aujourd’hui du nom d’Artemisio313.
102Quoi qu’il en soit, on est là non loin d’une source pérenne, l’acqua Donzella, et le long d’un parcours reliant les monts Lepini, et le site de Préneste, à la mer. L’histoire du lieu illustre ainsi un schéma typique de l’archéologie albaine : continuité des présences, fussent-elles saisonnières, sur les crêtes, du Bronze jusqu’à l’Orientalisant, puis abandon durant la période romaine qui privilégie les emplacements à mi-pente pour ses villas, et, enfin, réoccupation des sommets au Moyen Âge. Ce schéma se retrouve d’ailleurs sur le sommet314 voisin (939 m) de l’Artemisio, entre les hauteurs appelées Peschio et Monte dei Ferrari : là aussi, entre les vestiges de bâtiments médiévaux (xie-xve s.), ont été identifiés (en 2002 et 2003) de nombreux tessons, qui vont du Bronze final jusqu’à l’Orientalisant, dont notamment un fragment de dolium datable en I ou II A. On a l’impression que ces hauteurs de l’Artemisio sont occupées, au moins de façon saisonnière, dès avant la période latiale315 : il s’agit de contrôler les parcours de transhumance qui relient les plaines littorales aux pâturages du massif albain, en particulier ceux de Vivaro ; il est très probable qu’à cette fonction utilitaire se soient ajoutés d’importants aspects cultuels, que la continuation des fouilles permettra peut-être de définir plus exactement.
Monte dei Ferrari (pl. 13)316
103Les mêmes caractéristiques se retrouvent, un peu plus au sud, sur le Monte dei Ferrari, dominant de ses 900 m la plaine de Velletri, et qui est sans doute l’un des plus intéressants parmi les nouveaux sites albains identifiés récemment. Le lieu est fréquenté dès l’énéolithique, comme l’ont d’abord montré les prospections de surface, avec notamment la trouvaille d’une hache317 de bronze. Mais l’élément le plus important est apparu lorsque les fouilles ont permis de mettre au jour sur près de 50 m (en 2003) les vestiges relativement bien conservés (et identifiés sur 300 m) d’une puissante enceinte, destinée, semble-t-il, plus à délimiter et à consolider le relief qu’à le fortifier véritablement, et aménagée dès l’âge du Bronze (moyen ou récent), comme le prouvent les tessons retrouvés dans ses assises. Il s’agit donc d’un site contemporain, tant du « Villaggio delle Macine » retrouvé sur la rive du lac d’Albano, que d’autres habitats aménagés voire fortifiés, comme le lieu dit Grotticelle près du Maschio delle Faete, non loin du Monte Cavo, ou le Colle della Mola, ou les hauteurs d’Albano, voire le Colle Mattia, peut-être plus ancien encore, à Colonna318. Ainsi se confirme l’occupation et la prise de contrôle précoces du massif albain, tandis que s’effrite désormais la limite, qui était autant épistémologique qu’archéologique, entre les dernières phases du Bronze et le début de la période latiale proprement dite, période qui – et ce n’est sans doute pas un hasard – aura son centre le plus actif, pour la phase I, précisément dans les monts Albains.
104Dans cette maturation de la civilisation latiale, il n’est pas impossible que des apports de type égéen aient, vers les xiiie-xiie s., joué le rôle de ferments, comme semblerait le montrer l’exemple même du Monte Ferrari : sous les vestiges divers de constructions, dont plusieurs sont médiévales (xiie-xive s.), ont été dégagés de multiples tessons allant du Bronze jusqu’à l’Orientalisant (fragments de coupes de bucchero et de dolium) ; or, parmi les tessons les plus anciens, il est notable que certains (appartenant à un dolium et à une tasse) sont d’une typologie319 qui n’a d’équivalent qu’en Italie du Sud et en Sicile : tout se passe donc comme si les produits – et les artisans ? – arrivés du sud de la péninsule au xiiie s. av. n. è., et eux-mêmes en contact avec le monde égéen, avaient remonté la vallée de l’Astura et de ses affluents pour parvenir jusqu’au massif albain. Quoi qu’il en soit, et compte tenu du caractère saisonnier des sources voisines, on pensera à une occupation non pas permanente, mais saisonnière du site, en liaison avec les activités d’une agriculture pastorale menées par une ou plusieurs communautés établies sur le territoire de l’actuelle Velletri, où se multiplient désormais les attestations de présence dès l’âge du Bronze.
PROVENANCE NON PRÉCISÉE320
105Vu les conditions dans lesquelles s’est faite la récolte des vestiges archéologiques dans les monts Albains, conditions que nous avons déjà largement décrites et commentées, on ne sera pas surpris de l’intitulé de cette rubrique : à vrai dire, ce qui est finalement surprenant, c’est qu’elle soit, somme toute, relativement très réduite. C’est que les dix pages que Gierow lui a consacrées ne concernent – et il ne pouvait en être autrement – que les objets dont on sait tout de même qu’ils proviennent des Colli Albani, mais sans en connaître exactement le lieu d’origine. Aussi parlera-t-on de « provenance non précisée » plutôt qu’« inconnue » (unknown). En réalité, les réserves des musées romains abondent en objets de type « albain », mais qui sont dépourvus de toute indication d’origine, même vague ; et puis, combien de pertes, de destructions restées ignorées ! Aussi bien ne s’agit-il ici, suivant l’expression consacrée, que de la partie émergée d’un iceberg.
106Parmi ces objets dépareillés, on remarque une urne-cabane à plan circulaire, et de forme sobre, publiée pour la première fois en 1925 et datée de sa seconde période par Gierow321 : conservée au Musée de l’Université de Pennsylvanie, elle est dite avoir été trouvée « entre Albano et Genzano ». C’est vague, et il n’est même pas sûr que la date d’acquisition de l’objet, soit 1897, indique sa date probable de découverte. Sans vouloir dépasser la part acceptable d’hypothèse, remarquons simplement que cette indication topographique a peut-être une valeur indicative : entre Albano et Genzano, il y a Ariccia, dont il n’est pourtant pas question. Sous toutes réserves, cela pourrait orienter vers des lieux situés plus en aval de l’Appia, du côté de Valle Ariccia.
Tombe Andreoli
107Au milieu de divers membra disiecta, on remarque la présence d’un ensemble homogène et concernant une seule tombe, appelée du nom de son donateur. L’emplacement n’en est malheureusement pas connu, même si Müller-Karpe, par une erreur qui n’est évidemment pas sans signification, la rapportait indûment au site de Castel Gandolfo322. Il devrait pourtant être possible d’identifier sa provenance, en retrouvant, grâce à des recherches dans le cadastre, l’emplacement des terrains possédés en 1894 par le donateur et sa famille, mais cette voie de recherche n’a pas été explorée. En tout état de cause, la pièce la plus remarquable du mobilier est une urne-cabane323 ; de plan circulaire, elle se caractérise par un rendu minutieux des structures portantes d’une vraie cabane : poutres de faîtage et corniche du toit, qui se trouve pourvu d’une espèce d’auvent, vantaux de la porte d’entrée, fenêtre ou porte latérale sont soulignés de lignes en pointillés, destinées à les rendre mieux visibles. Cinq poteries miniatures, deux anneaux et une fibule de bronze permettent d’identifier cette sépulture comme féminine ; Gierow la datait de sa troisième période, en raison de sa conception du groupe de Boschetto dans lequel il la rangeait, mais on la date aujourd’hui de la toute première période latiale, soit (au moins) le xe siècle. On y verra donc la représentation de la cabane – regia ? – d’une materfamilias, honorée dans son rôle spécifique de « maîtresse de maison ».
Alia324
108Nous avons vu M. S. De Rossi mener son exploration plutôt en direction de Monte Crescenzio, Marino et Grottaferrata : c’est donc plutôt de ce côté qu’on doit placer les lieux d’origine des quelques vases dépareillés conservés sous son nom, tant à Londres qu’à Rome, comme provenant du « Latium » ; leur typologie les assigne aux périodes III et IV et l’identité de leur inventeur rend probable qu’il s’agisse des monts Albains, mais sans qu’il soit possible de préciser davantage.
Notes de bas de page
1 Lettera del signor dottore Alessandro Visconti al signor Giuseppe Carnevali di Albano sopra alcuni vasi sepolcrali rinvenuti nelle vicinanze della antica Alba-Longa, Rome, 1817 (30 p. ; la lettre est datée du 9 avril, p. 3). L’auteur, médecin, et numismate à ses heures, était le frère de l’antiquaire Ennio Quirino, père de Ludovico Tullius Joachim, qui émigrera à Paris où il construira le Louvre de Napoléon III. Voir, dans le catalogue de l’exposition consacrée à cet architecte par la Ville de Paris en 1991 (F. Hamon, C. Mac Callum, éd.) l’étude de D. Gallo, « Les V. de Rome », p. 48-59 (p. 52).
2 Voir ses Varietà di notizie economiche fisiche antiquarie sopra Castel Gandolfo Albano Ariccia Nemi loro laghi ed emissarii, Rome, 1820, p. IV, p. 15 à 20 et p. 41 à 46 où sont reproduits les articles que l’auteur fit paraître dans les Notizie del giorno des 15 et 17 avril 1817.
3 Voir les références dans les notes suivantes.
4 De Pinza, voir surtout ses « Necropoli laziali... », in BCAR, 28, 1900, p. 147-219 (p. 148 et s.) et ses Mon. prim. de 1905 où l’on consultera les col. 333 et s. ; cf. aussi ses Materiali..., o.c., t. 1, 1915, p. 33-74. Gierow a traité la question des découvertes de 1816 dans un article paru d’abord in O. Rom., 4, 1962, p. 83-100 sous le titre « The first Iron Age discoveries in the Alban Hills » et repris, mais sous forme abrégée, in IAL 2, p. 310 et s. Dans sa première contribution, il renvoie à R. Merli, Elenco bibliografico delle più importanti pubblicazioni in cui trovasi fatta parola dei manufatti e specialmente delle terre cotte rinvenute nelle deiezioni vulcaniche del Lazio, Rome, 1890 (non vidi), qu’il n’indique pas dans IAL 2.
5 Qu’il nous suffise de citer ici la première phrase de son libelle, adressée à l’antiquaire : « Voi desiderate che io vi scriva il mio sentimento su queste urne antiche da voi poco fa rinvenute in Albano... » (p. 3), et la dernière : « Quante cose belle avete, quante forse ne avrete, ma il vostro cuore rifulge sopra tutte, e se la vostra modestia non mi strappasse la penna dalle mani, quanto dovrei scrivere sopra questo, attendo dunque altri vostri amabili comandamenti, perchè coi fatti possa dimostrarvi che sono Vostro Suo Amico Dott. A.V » (p. 29).
6 Atti Accad. Rom. di Arch., 1, 2, 1823, p. 317-354. A. Visconti était « socio ordinario » de l’Académie depuis 1810.
7 Il s’agit d’un certain Agostino Chiaveri, dont on voit (Préf., p. V) qu’il travaillait pour le duc Torlonia.
8 Voir les réf., indiquées par Gierow, O. Rom., 1962, p. 84, n. 2, aux œuvres de Pinza, Antonielli, F. von Duhn, Randall-Mac Iver, et Bryan. Ajouter G. Bartoloni : « Le urne a capanna : ancora sulle prime scoperte nei Colli Albani », Sixth British Museum Classical Colloquium, 1986, p. 235-248.
9 Pinza, « Necr. laz... », in BCAR, 1900 p. 148 ; G. Bartoloni, o.c., p. 236.
10 Cf. Gierow, « The first discoveries... », o.c., p. 86 et IAL 2, p. 314, n. 6 ; Fea, qui ne cite jamais Visconti, l’avait pourtant lu (le procédé est fréquent, comme on sait, entre doctes !), ce que prouve à l’évidence sa charge contre « il detto sig. Carnevali salutato, ed acclamato fin ne’ pubblici fogli, d’Italia, e di Roma, e in libri particolari [souligné par nous], per invidiabile possessore, salvatore, e conservatore di tanti eruditi, e curiosi oggetti scoperti nel Pascolare di Castel Gandolfo, e nelle scavazioni del sig. Duca Torlonia ; senza neppur mentovarlo, o accennare il vero principio, e occasione della scoperta » (Varietà..., p. 45).
11 Nous ne comprenons pas comment G. Bartoloni peut parler ainsi de « L’excursus del Visconti sulle antichità di Albalonga, scritto nel 1817 e pubblicato nel 1823, che rivelò un mondo nuovo agli umanisti assorbiti nello studio dei classici » (Le urne a capanna..., p. 5), affirmation sur laquelle se fonde toute sa démonstration de la « supériorité » de Fea sur Visconti. En effet, 1823 n’est que la date de parution du premier tome des Atti dell’Accademia Romana di Archeologia où prend alors place la Dissertation, déjà publiée depuis six ans en volume séparé, comme on peut le vérifier, entre autres, dans l’exemplaire consultable à la Bibliothèque Nationale de France. Au demeurant, tout cela est bien connu et avait déjà été indiqué par Gierow dès la première page de son étude de 1962 (p. 83). Il est vrai que dans IAL 2 (p. 310), l’archéologue suédois s’est contenté de renvoyer à l’éd. de 1823, précisant en outre (ib., n. 2) que les lignes publiées sur la question par Fea en 1820 reprenaient un article de ce savant publié dès 1817 (cf. infra n. 83), ce qui explique sans doute que G. Bartoloni ait cru pouvoir conclure à l’antériorité de Fea sur Visconti.
12 Cf. infra n. 83.
13 C’est ainsi que sept des huit témoignages réunis par Visconti ont pour but de montrer que les objets furent trouvés dans et sous le pépérin ; quant à Fea, il reconnaît sans détour que le but de son enquête n’était pas de déterminer précisément l’origine des pièces de la collection Carnevali : « Ma questo non fu l’oggetto della mia ricerca sulla strada. Volli esaminare curiosamente, se poteva menarsi buona l’opinione di chi scrisse, che quelle terre cotte erano anteriori al vulcano » (o.c., p. 16).
14 O.c., p. 5 et 7.
15 O.c., p. 15 : « Riportiamo pure le terre cotte ben mediocri per la loro qualità di creta, impasto, cottura, forma, e rappresentazione, all’epoca al sommo della Repubblica Romana » (cf. aussi ib., p. 19).
16 O.c., p. 8 : « Dunque queste rozze e bene ideate urne chiudono le reliquie degli estinti Aborigeni abitatori di quelle parti, prima della fondazione di Alba Longa ».
17 G. Tambroni, « Intorno le urne cinerarie dissotterrate nel Pascolaro di Castel Gandolfo, Roma, 1817 », in Atti Accad. Rom. di Arch., 1, 2, 1823, p. 262 et s.
18 Diarium Italicum, Paris, 1702, p. 333.
19 Comme le fait G. Colonna, écrivant en 1974 que « la cultura laziale del Ferro è stata rivelata alla scienza dalla fortuita scoperta di un numeroso gruppo di tombe avvenuta presso Castel Gandolfo nel 1816-1817 e sollecitamente illustrata da Alessandro Visconti, che non esitò a porla in rapporto con l’antica Alba Longa » (in Colonna 1974, p. 283). En fait, loin « de ne pas hésiter » à mettre les découvertes de 1816 en relation avec Albe, Visconti s’y refusait bel et bien (cf. supra n. 16), malgré le titre donné à sa Dissertation.
20 In Alba Longa 1996, p. 24-27.
21 Voir, dans la Dissertation de 1817 : le témoignage d’un certain Alessandro Terribile, en date du 9 mars 1817, faisant état de la trouvaille de « diversi vasi rotti » réalisée « circa tre anni sono » (p. 37) ; celui de Pietro Giani, daté du 23 mars 1817, à propos d’un « scassato » intervenu « quattro anni sono », qui avait conduit à la découverte de « diversi frammenti di antiche terre cotte frammischiati entro quella terra » (ib.).
22 Fea, o.c., p. 41 : « E fu la cura del signor Carnevali d’Albano, che ne salvò ben 150 dall’ignoranza de’ lavoratori, i quali giù buona parte ne avevano spezzati per avidità di trovarvi per entro qualche tesoro ».
23 Cf. C. Pietrangeli, La Pontificia Accademia Romana di Archeologia, Rome, 1983, p. 8 et s.
24 Dans son « Secondo Rapporto... », il citait le témoignage oral, à propos du site de Pozzo Carpino, des propriétaires des vignes sur les découvertes faites « dai loro antenati e da loro medesimi nei passati tempi » (p. 125).
25 En 1868 (ib.), il évoque ainsi « i rinvenuti nelle terre ad occidente del lago Albano, cioé nel monte Crescenzio, nel monte Cucco e nel Pascolare di Castel Gandolfo » (p. 120) ; rapportant d’autre part des trouvailles de « vasi etruschi » faites sur l’aire de la « vetustissima necropoli » du Monte Crescenzio, il mentionne des découvertes antérieures, là aussi sur la foi de témoignages oraux : « Inoltre raccogliando le memorie dei trovamenti m’avveggo, che nella parte settentrionale della necropoli i dolii rinvenivansi pieni di molto vasellame con la capanna cineraria nel centro ; il tutto d’argilla e d’arte indigena » (p. 121). En 1866, il parle des découvertes de 1817 « sul monte Cucco e sul monte Crescenzio presso il lago di Castello » (« Rapporto... », p. 37) avant d’ajouter que : « Primeriamente raccolte le notizie dei trovamenti fatti nel 1817 e di poi e confrontatele tutte sui luoghi, ho conosciuto l’imbattersi nei cinerarii e nel ricco corredo, quando si rimuove il peperino, solere avvenire nella estensione d’una grande area ».
26 Cf. supra p. 235 et s.
27 Importante par contre est la précision selon laquelle il vérifia lui-même sur place les indications topographiques des témoignages cités par Visconti : la vigne Terribile d’une part, et une autre qui, en fonction de la date de 1814 indiquée par De Rossi, doit être celle du lieu-dit Intergo (Lettera..., p. 37), étaient situées au Valmarciana. De Rossi écrit en effet en 1867 : « Prima mia cura fu il confrontare sul luogo l’indicazione lasciata dal Visconti di due vigne presso Valle Marciana, donde erano sbucati da sotto il peperino vasi analoghi a quei di Monte Crescenzio. Riconobbi infatti le due vigne esser limitrofe ed ambedue situate sulla riva del lago di Valle Marciana [...] e infine vidi il terreno tutto sparso di frammenti del primitivo vassellame » (« Rapporto... », p. 41). On peut donc corriger, au moins en partie, l’affirmation de Gierow selon laquelle aucun des lieux indiqués par Visconti ne serait identifiable : IAL 2, p. 311, n. 3.
28 Pour la vigne Tomassetti, c’est ce qui ressort de la fouille du 4 février 1817 effectuée, suite à des trouvailles fortuites, à l’instigation de Carnevali et en présence de quatre témoins sur une superficie de 159,5 « cannes romaines » (soit à peu près 300 m2). Cela dit, n’y furent découverts que quelques vases, presque tous cassés. Sur la vigne Marini, cf. infra p. 317.
29 Cf. « Necr. laz... », p. 148.
30 Il résulte clairement du témoignage de Tomassetti que la fouille faite dans sa propre vigne ne donna que peu de résultats, et l’on y apprend que Carnevali avait « a poca distanza di detta vigna eseguito un scassato ove trovò un quantità di vasi cinerari tutt’ora presso di esso esistenti » (p. 32). C’est le même document, fourni par Visconti, qui indique la distance exacte, mesurée par un géomètre, entre la vigne et le « sito preciso, ove dal detto S. Carnevali in occasione di scassato fatto nel Pascolare di Castel Gandolfo, vi trovò una quantità di vasj cinerary... » (p. 36), distance égale à 570 cannes romaines, équivalant (Pinza, « Necr. laz... », p. 205) à 1142 m, ce qui correspond tout à fait au point 13 indiqué par Fea sur les routes des Due Santi (Varietà..., p. 47). Certes, Visconti tait le rôle de l’entrepreneur Pasqualucci et il ne mentionne pas, comme Fea le remarquait, le duc Torlonia, mais ces silences n’ont pas d’incidence archéologique majeure.
31 Le schéma des événements tel qu’il est retracé par Fea (Varietà..., p. 43-45), est le suivant : 1) découverte, à l’ouverture du chantier de la route des Due Santi, de trois petits vases (avec « quelques fragments de métal ») apportés par Pasqualucci au duc Torlonia ; 2) publication sur ordre du duc d’un avis du Gouverneur de Castel Gandolfo enjoignant à tout découvreur de vases de faire connaître et d’apporter ses trouvailles ; 3) rupture par le duc Torlonia du contrat conclu avec Pasqualucci pour cause de non-achèvement des travaux ; 4) poursuite des travaux ; 5) découverte par Fea du rôle de commanditaire joué par Carnevali, à l’occasion de la publication de sa Lettera... par Visconti. Il est curieux de constater que ce schéma diffère notablement de celui retracé dans un art. anonyme du Spettatore italiano, qui semble pourtant être du même Fea (cf. infra n. 47 et n. 83).
32 De Rossi, « Rapporto... », p. 40.
33 « The first discoveries... », p. 86. C’est pourquoi aussi l’attribution par P. Chiarucci (o.c., p. 27) de la majorité des trouvailles de 1817 au site de la ville d’Albano nous paraît excessive.
34 Cf. infra p. 317.
35 Formulée par G. Bartoloni, Le urne a capanna..., p. 200, n° 33 : « Quello che è certo tutti i materiali di questi recuperi dovrebbero provenire dal Pascolaro di Castel Gandolfo ». Dans le même sens, mais toutefois un peu moins affirmatif, Pinza, in Mon. prim., 1905, col. 335 (« probabile »).
36 Gierow a répertorié ces vases dans la rubrique des fouilles 1816-1817. Sur la décote qui les atteignit très rapidement, cf. Le urne a capanna..., p. 6, ainsi que le témoignage de L. Simond cité supra p. 22.
37 En 1915, dans ses Materiali..., 1, p. 35 ; il est vrai que sur l’ensemble de l’affaire, Pinza a beaucoup changé d’avis. En 1900 (BCAR, p. 152), par ex., il estimait au contraire que les dires de Blacas prouvaient l’authenticité de la tombe Visconti, à laquelle il n’hésita pas, pour cette raison, à donner un numéro séparé (191) dans ses Mon. prim. de 1905 (col. 335), argumentation qui est, aujourd’hui, celle de G. Bartoloni.
38 Comme Gierow l’a remarqué (« The first discoveries... », p. 87), Garrucci disait (en 1875) que la composition de sa planche I avait été « imaginée » par Visconti. Or, la même année, Helbig, à propos du mobilier illustré par Visconti, en parle comme d’« una tomba, la cui situazione non è precisamente conosciuta » : Ann. Inst., 1875, p. 240-241.
39 Ce que rappelle G. Colonna, in Les Etrusques et l’Europe, 1992, p. 335.
40 En ce sens, G. Bartoloni, in Class. Coll. B.M., o.c., p. 237 : « Tale differenza rispetto agli altri centri non deve stupire considerando l’identificazione certa di Castel Gandolfo con Albalonga ».
41 Cf. supra n. 244 p. 241.
42 Sur la base d’IAL 2, on peut compter au plus douze urnes-cabanes conservées. Dans Le urne a capanna..., est proposé pour les Due Santi un effectif de quinze tombes (p. 200) ; G. Colonna, en 1974, l’évaluait à dix ou douze tombes (p. 292) et, en 1988, parlait d’un total de « circa quaranta tombe intorno a Castelgandolfo » (p. 445). N’oublions pas que si Mme G. Bartoloni a raison dans son interprétation, la description de Visconti s’applique à une tombe et à une seule.
43 La liste complète en a été établie par Gierow : IAL 2, p. 317-320. Cf. aussi DdA, 1980, p. 51 et s.
44 O.c., p. 320-352.
45 Cf. infra, sous cette rubrique.
46 Cf. sa contribution (citée supra n. 8), p. 237, et Le urne a capanna..., p. 203. On ajoutera donc le matériel 1816-1817 aux ex. décrits in DdA, 1980, p. 56.
47 Voir son art. du Spettatore italiano, à la date du 2 juillet 1817, p. 471, parlant de l’« ambra gialla, della quale fornisce così frequente esempio la suppellettile dei monumenti sepolcrali di Castel Gandolfo », et sa Dissertation, in Atti Acc., 1, 2, 1823, p. 263 et 265. Sur la même question, on trouve aussi des indications chez Visconti : ib., 1, 1, p. 343. Actuellement, une seule urne conserve deux perles de verre (Le urne a capanna..., p. 100, n° 161 = IAL 2, fig. 198, n. 4). Une notation d’un art. anonyme du Spettat. it. (6 mars 1817), vol. 8, révèle aussi que des perles se trouvaient fréquemment à l’intérieur des vases miniatures accompagnant les urnes-cabanes (p. 79).
48 Du reste, la formulation de Fea montre le caractère exceptionnel de ce chiffre 12 : on la trouvera in Le urne a capanna..., p. 203, qui indique par ailleurs une moyenne de sept ou huit vases pour les tombes latiales.
49 Décrit comme un mobilier original et unique in DdA, 1980, p. 68 (n. 107) et in Le urne a capanna..., p. 97 (n° 156), sur une base qui n’est autre que le dessin fourni par Visconti. G. Bartoloni, un an auparavant, en 1986 (Class. Coll. B.M.), avait voulu voir dans l’adéquation de la description de Blacas avec les objets provenant de sa collection et conservés au British Museum, une preuve d’authenticité et, visiblement, un indice supplémentaire en faveur de l’unité de l’ensemble Visconti. À cela, on observera : que la notion d’authenticité mérite, comme on l’a vu, d’être nuancée ; que la tombe Blacas comprend huit vases, celle de Visconti, treize ; qu’il s’agit donc de deux ensembles différents, ce qui pourrait être vrai de l’un ne l’étant pas nécessairement de l’autre ; enfin, et surtout, que les détails donnés par Blacas ne prouvent rien, puisqu’ils dépendent entièrement de Visconti.
50 BSAF, 28, 1865, p. 93, n. 3, à propos de la figurine trouvée dans l’urne-cabane : « Il s’en est probablement trouvé de mieux conservées que celle que nous possédons, car celle qui est dessinée dans l’ouvrage de Visconti est représentée comme intacte ». Ce distinguo qui vaut pour la statuette peut valoir aussi pour l’urne-cabane et les objets y afférents.
51 Difficulté exposée in DdA, 1980, p. 63, par G. Bartoloni en 1986 (Class. Coll. B.M., p. 236) et in Le urne a capanna..., p. 203. De même, les deux supports attribués à l’urne 157 nous semblent très hypothétiques et nous préférons, avec Gierow, les inclure dans la rubrique « mixed find groups » (IAL 2, p. 327, n. 3).
52 Dont les onze urnes-cabanes sont répertoriées in Le urne a capanna... sous les n° 156 à 166 (p. 97 à 102), auxquels s’ajoutent : la jarre à couvercle-toit du Musée de Berne (p. 103, n° 167), longtemps ornée, de façon révélatrice, d’une superbe inscription « Alba-Longa », effacée aujourd’hui (IAL 2, p. 335, fig. 201, n. 14) ; deux portes (Le urne a capanna..., n° 168 et 169) et quatre couvercles-toits (ib., p. 259-260, n° 24 à 27). Toutes ces urnes-cabanes sont de forme circulaire ; trois d’entre elles (n° 157, 158, 163) étaient pourvues d’une décoration à lamelles métalliques, attestée en Etrurie (cf. Le urne a capanna..., p. 202, où est oublié le n° 158) ; les n° 157 et 164 avaient la corniche du toit décorée d’une rangée de trous ; le n° 162, de grande dimension, invaliderait l’hypothèse de Fea (Varietà..., p. 41) sur une relation éventuelle entre l’âge du défunt et la taille de l’urnecabane, si les cendres qu’il contenait étaient bien celles d’un enfant. Si le n° 156 se reconnaît dans la pl. I de Visconti, le n° 157 apparaît peut-être dans celle de Tambroni, le n° 158 étant sans doute ce que Visconti décrivait comme une « visière ». Enfin, le n° 165 est probablement l’exemplaire que, dans une note qui a échappé à Gierow et à G. Bartoloni, Gerhard présentait en 1846, année qui correspond à la mort de l’antiquaire Depoletti, aux membres de l’Institut de correspondance archéologique (cf. Bull. Inst., 1846, p. 94-95), en se demandant à propos de ce type d’objet « se aver si debbano in grande o piccolo pregio ». Sur l’activité muséologique de ce savant, voir G. Platz-Horster, « E. Gerhard und das Etrus kische Cabinet im Alten Museum », Jh Berl Mus, 34, 1992, p. 35-52.
53 Cf. IAL 2, fig. 207, p. 348, et DdA, 1980, p. 125 et p. 151 (1c).
54 Sur tout ceci, cf. les réf. aux textes anciens indiquées par Dessau dans sa notice sur l’ager albanus, in CIL, 14, p. 216-217, et la bibliographie rassemblée par S. Quilici-Gigli in BTCGI, 5, 1987, p. 83-94 : s.v. Castel Gandolfo ; des mentions explicites des sources, on peut déduire la présence, dans l’Albanum, de Tibère, Caligula, Néron, Domitien, Marc Aurèle, Commode, Septime Sévère, Constantin ; cela n’exclut évidemment pas que les autres empereurs y aient fait des séjours.
55 Cf. C.R., 2, p. 159 et s.
56 In Alba Longa 1996, p. 40.
57 IAL 2, p. 129, et supra p. 240.
58 IAL 2, p.285 et s.
59 Visconti, Lettera..., p. 35 ; ib., p. 32 et 36 pour la localisation de la vigne sur le mont Cucco.
60 Voir, in Fea, Varietà..., p. 47, le relevé fait par Valadier, à qui le duc Torlonia avait confié la reconstruction de sa villa (Tomassetti, C.R., 2, p. 190). Cf. infra p. 302 et pl. 14.
61 In BCAR, 28, 1900, p. 205.
62 Ce que proposait Pinza en 1914 selon Gierow, IAL 2, p. 287. Dans ses Materiali..., 1, 1915 (le vol. 2 ne fut jamais publié), Pinza étudiait le matériel présenté par Visconti, sous le titre : « Tre tombe scoperte a Montecucco ed i fittili rinvenuti nel Pascolare di Castello », p. 33 et s. ; p. 35 pour l’équivalence Visconti = Tomassetti.
63 Mon. ant., 1905, col. 337. Dans son article « Necr. laz... » de 1900 (p. 219), il précise que les tombes avaient été trouvées « sull’alto del Monte Cucco ».
64 Cf. Tomassetti, C.R., 2, p. 185. La villa s’appelait auparavant « di Pietro ».
65 Cf. son article de 1986 (cité supra n. 8), p. 235 et Le urne a capanna..., p. 200. Un dessin de L. Caracciolo, daté de 1837 et retrouvé il y a peu dans les papiers de Lanciani (Storia degli scavi di Roma, 7, Rome, 2002, p. 177) ne saurait non plus être utilisé en ce sens : il n’est qu’une copie exacte de la planche I de la Lettera... de Visconti, dont il reprend mot pour mot la première phrase dans sa légende manuscrite. En réalité, sa date, qui est celle de la mort de Carnevali, suggère qu’il s’agit d’un crayon réalisé lors de la vente de la collection de l’antiquaire, dont il dépend au point d’attribuer même à ce dernier la vigna de Tomassetti. Ainsi l’opuscule de Visconti et ses illustrations avaient-ils guidé Carnevali pour l’exposition de sa collection latiale : le fait est riche de significations du point de vue de l’histoire culturelle mais ôte à ce dessin toute valeur de preuve...
66 BSAF, 1865, 28, p. 90 et s., cité supra p. 181. Comme nous l’avons vu, de la date au lieu en passant par l’occasion de la découverte, tout est imprécis dans ces lignes. Pour une réaction de Garrucci, contestant que les vases aient été trouvés dans le pépérin, cf. ib., 1875, 36, p. 111.
67 Le urne a capanna..., p. 201, n. 34. Cf. déjà Gierow, IAL 2, p. 317 : « The specimens once belonging to de Blacas, ten in number, were acquired by him directly from Carnevali » (l’erreur est déjà chez Pinza).
68 Voir le Dictionnaire de Biographie française, 6, 1954, p. 548 et 549 (R. d’Amat) ; on distinguera donc bien : Pierre Louis Jean Casimir de Blacas d’Aulps (1771-1839), favori de Louis XVIII de 1810 à 1814, membre de l’Académie des Inscriptions et effectivement présent à Rome entre le 22 avril 1816 et le 11 juin 1817, mort à Prague, aux côtés de Charles X en exil, et sur lequel Chateaubriand tout comme Stendhal eurent des mots très durs ; c’est son fils, Louis Charles Pierre Casimir, né en 1815 et mort à Venise en 1866, qui fut l’initiateur de la traduction française de l’Histoire de la monnaie romaine de Mommsen, et l’auteur de la communication de 1865.
69 Cf. R. d’Amat, o.c., p. 548, n° 2 : après sa mort, ses collections, proposées à la France pour 800 000 F et refusées, furent acquises par le British Museum, en nov. 1866, pour 1 200 000 F.
70 O.c., p. 91, n. 1 et 2. Aussi la première phrase de son étude citée ici p. 181 provient-elle directement du témoignage de Tomassetti cité par Visconti, attestant, à la date du 5 fév. 1817, « che avendo egli aperto in una sua vigna posta nelle vicinanze di Marino presso la strada che conduce a Cast. Gand., in Vocabulo Montecucco, un cavo per farvi degli scassati... » (Lettera..., p. 32). Dans la formule de Blacas, le mot « document » est évidemment à prendre dans son acception la plus exacte et la plus archivistique. De fait, son Mémoire n’ajoute – et ne prétend ajouter – rien de nouveau par rapport à Visconti, puisque même la précision selon laquelle l’urne et les vases se trouvaient à l’intérieur d’un dolium vient directement de la Lettera... (p. 19). Finalement, la seule information nouvelle qui ne se trouve pas – et pour cause – chez Visconti est que les vases avaient été achetés à Carnevali (p. 92).
71 In « Secondo Rapporto... », 1868, p. 120. En 1869, dans un texte non cité par Gierow, le vulcanologue G. Ponzi situait la tombe Visconti « a destra della via che da Castel Gandolfo conduce a Marino, e precisamente sulle altitudine del Monte Cucco e Monte Crescenzio », Bull. Inst., 1869, p. 60.
72 Un exemple comme celui du Palatin montre en effet qu’une hauteur peut être à la fois le siège d’un habitat et d’une nécropole, au moins pour les premières phases.
73 Cf. Tomassetti, C.R., 2, p. 180.
74 Sur tout ceci, voir in Fea, Varietà..., p. 46-47, la « Relazione architettonica dalla nuova strada dai due Santi a Castello » par Valadier. Il s’agissait de remplacer l’ancienne route, avec une pente à 11 %, par une nouvelle à 5,8 %.
75 Résumons ses palinodies en ce qui concerne le problème de l’origine du matériel décrit par Visconti. En 1900 (« Necr. laz... ») et en 1905 (Mon. prim.), il pense que la similitude entre Visconti et Fea prouve l’exactitude de la localisation proposée par ce dernier : le corpus 1816-1817 proviendrait donc dans sa quasi-totalité des terrassements de Pasqualucci aux Due Santi, et la description de Visconti, dont il souligne la véracité, serait celle d’une seule tombe, le Mémoire de Blacas prouvant à son tour l’exactitude de Visconti. On reconnaît, à peu de choses près, la thèse défendue par G. Bartoloni aujourd’hui. En 1915 (Materiali...), il pense que la description de Visconti s’applique à trois tombes trouvées au Monte Cucco, sur un lieu qu’il identifie avec la vigne Tomassetti, la part laissée au fonds Pasqualucci étant encore majoritaire dans le corpus 1816-1817, mais non exclusive. Il est désormais beaucoup moins sévère avec Carnevali. En 1924, enfin (Storia della civiltà latina), il souligne que Visconti s’est trompé en plaçant les vases albains sous le pépérin, et déclare – ce qui est tout à son honneur – avoir désormais changé d’avis sur ce point.
76 Voir ses Varietà..., p. 47, et ici pl. 14.
77 IAL 2, p. 286, fig. 174. Dans le même sens, G. Colonna (1974) identifie la via dei Due Santi et la S.S. 140 (o.c., p. 327).
78 D’autant que la carte IGM indique des alignements d’arbres qui correspondraient bien aux plantations ordonnées par le duc Torlonia : cf. Fea, o.c., p. 48.
79 W. Gell, The Topography of Rome, 1, 1834, p. 30. Sur la route de S. Sebastiano, cf. infra p. 307.
80 O.c., p. 42, mentionnant pour janvier 1817 la découverte, à 500 « cannes » des Due Santi, d’« un’ara quadra, manufatta di minuta opera di sacco, non che molti altri frammenti di vasi, olle e vettine di varie forme, e della materia stessa de’già descritti ».
81 Cf. « Quarto Rapporto... », 1871, p. 245, n. 2 à propos de « vaghe parole del Visconti » non autrement précisées : il pourrait s’agir, nous semble-t-il, de la formule selon laquelle les urnes de Carnevali avaient été découvertes « coperte nella bocca dell’orcio da una pietra, e poi riempita la fossa di vaste e molte pietre » (Lettera..., p. 16) ; la suggestion est d’autant plus convaincante qu’elle concorderait fort bien avec une observation de Tambroni, qui appartient au premier cercle des commentateurs des découvertes de 1816 : dans sa Dissertation prononcée le 3 juillet 1817 et publiée dès la veille dans un numéro du Spettatore italiano, il parlait d’« urne riunite qualche volta entro una foggia di cella mortuaria rozzamente scavata nella terra, siccome fu visto nel Pascolare di Castello », dispositif qui peut impliquer, semble-t-il, un appareillage de pierres.
82 Suggestion en ce sens in Le urne a capanna..., p. 202, n° 41. Il est vrai que Visconti distinguait des urnes à forme de « visière » (Lettera..., p. 5), mais il s’agit probablement là aussi d’un type particulier d’urnes-cabanes : cf. o.c., n° 158 (et fig. 73).
83 Il ne faut pas oublier qu’un nombre notable de vases a dû être détruit avant que Carnevali ne soit informé des trouvailles. On en a la confirmation dans les lignes de Fea citées supra n. 22, et, plus encore, dans un article anonyme (« X.Z ») paru dans Lo Spettatore italiano à la date du 6 mars 1817, article dont la similitude avec celui de Fea (cf. supra n. 31) fait supposer qu’il est lui aussi de l’auteur des Varietà... Après un début identique, et à propos des terrassiers de la route des Due Santi, brisant les vases pour y trouver de l’or, l’auteur ajoute : « Quando l’esperienza convinse costoro, e Dio sa quanti ne profanarono, essere inutile questa rottura, si volsero a trarne miglior partito col venderli. Il sig. Carnevali d’Albano fu l’uomo fortunato che potè salvarne ben 150 dalla rovina e formare una collezione preziosa ed unica. Ma per diversa fatalità, ne’andarono perduti altri assai, perchè, a mano a mano ch’ei si scuoprivano, si trovavano molli e scorrevoli, così che presi si staccavano e disformavano non altrimenti che se fossero stati di fango » (8, 1817, p. 78, à comparer avec o.c. supra n. 21). Les urnes-cabanes étant munies soit d’une porte, soit d’un couvercle mobile, peut-on espérer qu’elles aient été à peu près épargnées par cette curiosité destructrice, ce qui pourrait conduire à ne relever que de peu le chiffre ici proposé ?
84 Cf. IAL 2, p. 286, fig. 174, et texte p. 287-288.
85 In « Secondo Rapporto... », p. 122. L’article de P. Liverani sur « l’antiquarium di villa Barberini », in MPAA, 61, 1988-9 (1990), p. 103-130, ne mentionne pas ces vases. Voir le dessin reproduit in IAL 2, p. 286, fig. 174 : les trois vases, dont deux à filet, qu’on y voit à côté d’une tasse étaient peut-être miniaturisés, car ils n’apparaissent guère plus grands que cette dernière.
86 « Antiche tombe di Vigna Mora », in NSA, 1925, p. 412-414 ; IAL 2, p. 288 et 289. L’indication de Lugli figurait in BCAR, 1919, p. 162.
87 Dans une lettre à Antonielli, citée par celui-ci. Lugli ayant publié son article en 1929, il est possible que l’origine de ce dernier soit à chercher dans ces découvertes.
88 Trois tombes à inhumation, dont l’une couverte d’une dalle de pépérin et que Lugli datait des ive-iiie siècles. En fonction des objets retrouvés, Gierow suppose que les deux autres tombes, détruites avant l’arrivée de Lugli, étaient des viie-vie siècles. Ajoutons que quelques fuseroles feraient penser à la présence d’une tombe féminine. On notera aussi qu’Antonielli déplorait (p. 414), et révélait du même coup, une grande activité des fouilleurs clandestins dans la zone.
89 IAL 2, p. 289 ; cf. « Secondo Rapporto... », p. 122 : « Il vasellame sbuca da sotto il peperino fin dopo Castel Gandolfo, cioè in villa Cibo nell’altura, e fin presso la via Appia nel basso ». Finalement, De Rossi abandonnera cette hypothèse d’une nécropole, et, partant, d’un habitat uniques (cf. infra pour S. Sebastiano). Tomassetti, C.R., 2, p. 190, place la « villetta Cybo », « fra la Galleria di sotto e il quartiere vicino al palazzo papale ».
90 IAL 2, p. 290-306.
91 Cf. G. Fiorelli, « Nuova scoperta di tombe arcaiche laziali », in NSA, 1882, p. 272-273 (la note reproduit le texte d’une lettre de De Rossi) : « La massima parte del vasellame fu distrutto [sic] e gettato [...]. Io connobbi la scoperta per mezzo delle frequenti escursioni scientifiche, che faccio sui colli Albani e Tusculani, nello scopo appunto di studiare le antichità primitive laziali ; e potei così impedire la dispersione del vasellame conservato, e proporne l’acquisto alla Commissione archeologica comunale ». À noter que ce scénario est un peu différent de celui présenté par Pinza (in Mon. ant., 1905, col. 344 à 350), et repris par Gierow, qui font état du rôle d’intermédiaire joué par un antiquaire nommé Fausti. D’autre part, le même Pinza donne au lieu de la découverte le nom de Batocchi, à tort selon Gierow (IAL 2, p. 112, n. 4), qui a montré que la vigne ainsi appelée se situait (cf. supra p. 231) non loin de Valle Marciana, sur le territoire de Marino, à moins qu’il ne s’agisse d’une homonymie, possibilité non évoquée par l’auteur d’IAL. Contrairement à ce qu’indique Gierow, il n’y a rien sur le site dans l’article de Pinza, « Necr. laz... », in BCAR, 26, 1898, ni à la p. 182 ni ailleurs.
92 « La via Appia avant la via Appia... » : pour l’épithète Dianius, cf. Cat. 26 Ch. et Fest., 65L ; pour l’équivalence avec nemorensis, cf. Fest., 128L (et 503L). F. Arietti et B. Martellotta, La tomba principesca del Vivaro..., o.c., p. 132 et s., pensent plutôt à une transversale reliant Ardée au Monte Crescenzio.
93 À Tor de Cenci : cf. Arch. Laz., 10, 2, 1990, p. 121-133.
94 On peut se demander si l’on n’aurait pas dans ce cas un dispositif similaire à celui évoqué supra n. 81. Mais s’il avait été identique à celui observé à Campofattore, De Rossi, qui en avait été le découvreur, l’aurait peut-être dit. Pour l’urne-cabane, cf. Le urne a capanna..., p. 104, n° 171 : il s’agit d’un modèle circulaire à toit conique, porte à colonnettes fermée par un fil de bronze et décorations à svatiskas et à méandres (pas de date proposée). Des similitudes de décoration existant souvent entre ces deux types d’objets lorsqu’ils sont associés, on peut se demander si le vase à support reproduit in IAL 2, fig. 177, n. 18, ne doit pas être apparié avec l’urne-cabane. Le site a livré aussi deux couvercles-toits : cf. IAL 2, fig.181, n. 36 et 37 = Le urne a capanna..., p. 260-261, n° 29 et 30. À noter que Gierow les reproduit isolément, alors que Pinza les apparie avec deux des plus grandes amphores du site : cf. IAL 2, fig. 179, n. 8 et 9 = Mon. prim., n. 15 et 17.
95 Cf. DdA, 1980, p. 48 et 49, 63, 67 à 69, et G. Colonna, 1988, p. 428. Relevons : sept vases à filet, un dolium, une urne-cabane et deux couvercles-toits, treize tasses, huit ou neuf amphores, deux amphores à support, quatre jarres et une à support, huit fibules.
96 Ainsi G. Colonna, aussi bien en 1974 (p. 327) qu’en 1988, implicitement, en accordant quarante tombes (c.à.d. 30 + 10) à Castel Gandolfo (p. 445). Contre l’attribution au site de Castel Gandolfo, cf. cependant F. Arietti, B. Martellotta, La tomba principesca del Vivaro..., o.c., p. 132 et s.
97 Cf. Bull. Inst., 1883, p. 4-6 (à la date du 5/01/83) : « Il rinvenuto [sepolcreto] sulla via Appia dovrebbe far parte di un sepolcreto diverso dal conosciuto esistente nel pascolare di Castel Gandolfo » (p. 5). Il évalue d’autre part l’aire de la nécropole à « un miglio quadrato ».
98 Ib., p. 5 et p. 99-100. À vrai dire, c’est dès 1865 que Pigorini, alors âgé de 23 ans, avait proposé ce rapprochement, qui permettait de dater les poteries latiales à la « prima epoca del ferro » : voir son intervention du 23 mars 1866 dans le Bull. Inst., à propos d’« una bella serie di vasi provenienti in massima parte dal sepolcreto di Albano » (p. 98), ainsi que les textes de lui, réunis par E. Pellegrini : « Di alcune stoviglie ed altri oggetti di epoca arcaica rinvenuti a Roma. Terramaricoli e Prisci Latini nei materiali delle collezioni Nardoni e De Rossi al Museo L. Pigorini », in Etrusca et Italica, Scritti in ricordo di M. Pallottino, Pise/Rome, 1997, 2, p. 479-495.
99 Cf. IAL 2, p. 306-309. Le point 43 indiqué par Gierow sur son plan (fig. 174) ne semble pas correspondre à cette distance de 200 m qui, d’après ses propres dires (p. 306), séparait de la chapelle le lieu des trouvailles : ne faudrait-il pas le placer toujours sur le même côté de l’Appia, mais dans l’autre partie du carrefo ur de l’Ercolano ?
100 Cf. Tomassetti, C.R., 2, p. 179.
101 Cf. « Secondo Rapporto... », p. 29 ; cette préoccupation n’apparaîtra plus dans sa lettre de 1882 : cf. supra n. 91.
102 Cf. A. Guidi, La collezione Ceselli nel monasterio di S. Subiaco, 1980.
103 Voir ce qu’il dit notamment de Cittadini : « Nella proprietà del sign. A. Cittadini [...] si tagliava il peperino per scassare la vigna. Ma l’intelligente proprietario vedendo le antiche stoviglie diligentemente le raccoglieva colle proprie mani e cortesemente a me le donava perchè ne facessi oggetto di studio » (p. 122).
104 Cf. IAL 2, p. 308, fig. 186, n. 1 pour le calice, sur lequel on verra aussi DdA, 1980, p. 129 et 152 (3a) ; ib., fig. 187, n. 1 = DdA, p. 155 (17b), et fig. 187, n. 3 = DdA, p. 131 et 156 (26b).
105 Cf. DdA, 1980, p. 125.
106 Cf. IAL 2, p.309 et infra p. 317 ; la vigne se trouvait au Fosso dell’Orso, près du lieu-dit Le Mole, au bord de l’ancien lac Savello.
107 Ib., p. 309-310.
108 Mon. prim., col. 341-342, n° 194.
109 Cf. Le urne a capanna..., p. 104, n° 170 (forme circulaire) ; p. 260, n° 28 pour le couvercle, pourvu à sa base d’une rangée de trous. Datation des deux objets : II A.
110 IAL 2, p. 353, à comparer avec : A. Nanu, Comune di Albano Laziale. Analisi dei beni archeol. e storici del territorio, 1997.
111 Sur ce problème, voir l’ample bibliographie fournie par R. Martorelli, « Albano Laziale nell’alto Medioevo : la nascita del castellum albanense », in MEFR(M), 105, 1993, p. 7-22.
112 Cf. E. Tortorici, Castra Albana, Rome, 1975, et G. Ghini, in Arch. Laz., 6, 1984, p. 274-281, « C.A. : recenti scoperte in via del c. Pretorio », confirmant la datation du camp entre le début et la fin du iiie s. ap. J.-C. Sources anciennes : DC, 55, 24 ; Herod., 8, 5, 8 ; Hist. Aug., Max. M., 23, 6 et Carac., 2, 7-8.
113 Lib. Pont., p. 184 D ; autres réf. in CIL, 14, p. 216 et 217 (Dessau). Toutefois, dès le iiie s., les légionnaires sont appelés Albani : cf. IGR, 3, 865, citée par P. Chiarucci in Alba Longa 1996, p. 15.
114 Voir l’étude de F. Marazzi, « Il Patrimonium Appiae : beni fondiari della chiesa romana nel territorio suburbano della via Appia fra iv e ix secolo », in Arch. Laz., 10, 1989, p. 117-126.
115 Procope, BG, 1,14 et 2, 4 et7.
116 Sur tout cela, cf. Tomassetti, C.R., 2, p. 190-230.
117 Voir F. Coarelli, Dintorni di R., p. 82 et 93.
118 Cic., in Pis., 31, 77 ; Att., 4, 11 ; Phil., 13, 5 ; Plut., Pomp., 80, 6. Voir les fouilles de G. Lugli, in NSA, 1946, p. 60-83 et l’étude collective parue in Doc. Alb., 2, 1974, p. 49-72.
119 Voir J.-R. Jannot, « Encore la tombe de Porsenna », in MEFRA, 117, 2005, p. 633-649.
120 Cf. supra p. 42.
121 La remarque est de Dessau : CIL, 14, p. 217.
122 IAL 2, p. 353.
123 Et non, comme l’écrit Gierow, Schiaparelli, nom de l’auteur du rapport qui occupe l’essentiel de cet article, « Scarabei con iscrizioni geroglifiche e tombe laziali », NSA, 1883, p. 341.
124 Par P. Chiarucci : cf. Colli Albani, p. 76-78, et aussi son article : « In margine al popolamento in età protostorica dell’area urbana di Albano e dintorni », in Stips votiva. Papers Presented to C.M. Stibbe, éd. M. Gnade, Amsterdam, 1991, p. 41-47 (p. 41).
125 Pour Cappuccini et Tofetti, cf. P. Chiarucci, « Rinvenimenti protostorici nel comune di Albano Laziale », in Arch. Laz., 1, 1979, p. 94 ; il s’agirait d’un habitat attesté de l’Apenninique (I B) et du Subapenninique jusqu’à l’âge du Fer. Pour Paluzzi, cf. Chiarucci 1978, p. 169, et id., in Alba Longa 1996, p. 6 (Bronze récent).
126 Cf. P. Chiarucci in Alba Longa 1996 : néolithique aux Cappuccini et à Montagnano (p. 2) ; énéolithique à Vallericcia et à Paluzzi (p. 3).
127 Sur tout ceci, voir les réf. indiquées n. 124 et, du même auteur, « Nuovi materiali e recenti scoperte della civiltà laziale nell’area albana », in Arch. Laz., 8, 1987, p. 203-207.
128 Cf. Arch. Laz., 8, p. 205 et id., in Stips votiva, o.c., p. 41. Ce savant propose maintenant de rapporter à la zone de la via F.lli Cervi d’Albano la totalité des trouvailles de 1817 (in Alba Longa 1996, p. 24-27).
129 Cf. E. Tortorici, Castra Albana, p. 175 à propos de trois tasses d’impasto trouvées via del Castro Partico, ainsi que P. Chiarucci, in Stips votiva, p. 42, au sujet d’un fragment d’impasto, d’une fusaïole, d’un vase et d’une tasse dépareillés, trouvés quelque part à Albano et datables en I et II B (id., in Arch. Laz., 8, 1987, p. 203). Il semblerait qu’aujourd’hui, P. Chiarucci veuille rapporter ces vestiges, auxquels sont venus s’ajouter une dizaine de fragments (dont deux de la quatrième période latiale), à un habitat : observons toutefois que l’oenochoe qu’il publie à la suite ne peut, dans la mesure où elle est entière, provenir que d’une tombe : cf. Alba Longa 1996, p. 16-24.
130 Cf. P. Chiarucci, in Stips votiva, p. 42 : une tasse, une pointe de lance, un bracelet, une amphorette. La tombe était située « a metà strada tra la necropoli di S. Sebastiano e i ritrovamenti degli Orti Torlonia », c.à.d. près du carrefour dit Ercolano, où aboutit la route descendant des hauteurs de Castel Gandolfo, à laquelle Tomassetti (C.R., 2, p. 179) attribuait une haute antiquité, ce qui est peut-être confirmé par l’observation de W. Gell rapportée ci-dessus (p. 304).
131 Voir supra p.78 ets.
132 Cf. P. Chiarucci, « Materiali... », Arch. Laz., 7, p. 34-39, et id., « Il villaggio delle Macine sommerso nelle acque del Lago Albano », in Bull. di Arch. Subacquea, 1, 1994, p. 175-183. D’autre part, un tesson « subapenninique » a été trouvé sur les bords du lac, au pied de la colline des Cappuccini (« Materiali... », p. 35). Le lieu-dit Spiaggetta a aussi livré des restes d’époques diverses : une ancre datant peut-être de Domitien, des substructures archaïques, et les traces d’un lieu de culte avec autel datant de la République et d’une villa ; cf. id., in Alba Longa 1996, p. 326-329, et déjà F. Giorni, St. di Albano, Rome, 1842, p. 37. Voir aussi supra p. 130 et I. Angelini et alii, « Il Villaggio delle Macine », in Lazio e Sabina, 3, 2006, p. 157 s.
133 Sur le « protoapenninique B » latial, cf. A. Cardarelli, « Siti del passaggio alla media età del bronzo nel Lazio », in Arch. Laz., 2, 1979, p. 139-147 et A. Guidi, ib., 4, 1981, p. 47-53. Synthèse par R. Peroni, 1989, p. 52.
134 Cf. P. Chiarucci in Arch. Laz., 8, p. 206, in Stips votiva, p. 43, et in Alba Longa 1996, p. 3 et s.
135 Cf. supra p. 67 et s. pour une identification avec le débouché de l’émissaire albain et non avec la source de Secciano, hypothèse qui se heurte à de sérieuses objections, formulées par I. Della Giovampaola, « Giuturna o Ferentina ? Documenti per l’identificazione della fonte di Secciano presso Castel Savelli », in Orizzonti, 1, 2000, p. 183-196.
136 Dès 1165, cf. Tomassetti, C.R., 2, p. 141.
137 Cf. IAL 2, p. 309 et p. 314.
138 Ce schéma est celui de Tomassetti, C.R., 2, p. 138 et s., qui y situait aussi un uicus Sulpicius. Encore au xvie s., la plaine où s’étend Bovillae est dite Pian dei Savelli (ib., p. 133). Sur l’identification entre le toponyme Sabellum mentionné dans le Lib. Pont. (D, 1, 508) et Castel Savello, réserve prudente de F. Marazzi, o.c. (supra n. 114), p. 122.
139 Par P. Chiarucci, « Albano : nuove scoperte relative ai primi periodi della civiltà laziale », in Arch. Laz., 6, 1984, p. 29-34 : le site est celui de Valle Pozzo au pied du Monte Savello. Les tombes, trouvées en mauvais état, appartenaient sans doute à une nécropole bien plus grande : trois remontaient à la période latiale I, la t. 4 contenant même une tasse carénée à anse bifore qui constitue un unicum dans le Protovillanovien latial, datable de la fin du xie ou du début du xe s. ; la t. 3, à inhumation, était de la phase II A. À noter qu’un fragment protovillanovien avait déjà été signalé par le même auteur en 1978 (Colli Albani, p. 148). La source de Secciano, importante pour expliquer la vitalité du site, a été remise en état en 1896
140 . « Nuovi materiali... », o.c., p. 207 : cinq vases de taille miniature, ainsi qu’une quarantaine de perles et une petite fibule.
141 Voir G. M. De Rossi, Apiolae, 1970, p. 62-66 (p. 64 et fig. 115, p. 65), et G. Manca di Mores (infra n. 142), p. 187 ; cf. aussi G. Prosperi Valenti in Alba Longa 1996, p. 82.
142 « Una testina fittile arcaica del Museo Albano », in Doc. Alb., II, 4-5, 1982-1983, p. 35-44 et « Il lucus Ferentinae ritrovato ? » in Arch. Laz., 7, 1985, p. 40-43. Belle reproduction en couleurs donnée par cet auteur dans sa synthèse de 1988, p. 461, fig. 478. La tête, pourvue d’un casque de type chalcidien, est datable des années 490. Signalons toutefois après P. Chiarucci, cité par A. Barzanò in Aevum, 65, 1991, p. 49, n. 44, que la provenance de l’objet reste inconnue.
143 Cf. G. Manca di Mores, « Una testa fittile di satiro da Castel Savello », in AFLPer, 22, n.s. 8, 1984-1985, p. 181-189 : l’antéfixe complète représentait probablement un couple dansant, d’un modèle, datable à la fin vie-début ve s., qui se retrouve à Velletri, Lanuvium, Rome et Ardée, et qui, comme la tête de guerrier, évoque les terres cuites (2e phase) de Satricum.
144 Périodes IV et IV A (3 fg. en tout) : cf. P. Chiarucci in Alba Longa 1996, p. 21. Les résultats des fouilles Altieri sont décrits par I. Della Giovampaola, o.c., p. 193.
145 Cf. Tomassetti, C.R., 2, p. 142 et 143 ; contra, D. De Francesco, « Insediamenti a M. Savello presso Albano », St Rom, 39, 1991, p. 217-235 (p. 227).
146 Cf. De Rossi, Apiolae, p. 62 (n. 84).
147 Cité par C. Ampolo, « Ricerche... », in PP, 1981, p. 230 n. 34.
148 De Rossi, Apiolae, p. 64 (avec bibl.).
149 1, 51, 1. Cf. supra p. 67.
150 5, 239 : la précision des lignes de Strabon a fait penser que l’auteur grec connaissait personnellement les lieux (F. Coarelli, Strabone e l’Italia, G. Maddoli éd., 1988, p. 120). Sur le site, cf. Tomassetti, C.R., 2, p. 230-246 pour le Moyen Aˆ ge, et, pour l’Antiquité, F. Coarelli, Dintorni di R., p. 94-97. Les sources littéraires sont décrites in CIL, 14, p. 203-204 (Dessau) et in R.E., 2, 1895, col. 822-823 (Hülsen). Voir aussi M. Lilli, Ariccia..., o.c.
151 Coarelli, o.c., p. 97 à partir de Plut., C. Gracc., 8 ; M. Lilli, o.c., p. 253-274.
152 De Sanctis, St. dei Rom., 1, 19602, p. 457 ; A. Alföldi à propos de la « chronique de Cumes », ERL, p. 56 et s. ; sur les murs, M. Lilli, Aricia..., 2002, p. 57 et s.
153 Capoue préromaine, 1942 (1970), p. 71 ; voir aussi M. Torelli, Storia etrusca, p. 196, montrant (contre Heurgon) la réalité de la pression celte sur les Étrusques à haute époque, et M. Pallottino, Origini 1993, p. 311, pour le caractère international du conflit.
154 Cassius Hemina ad Solin., 2, 10.
155 Si on date de ces années-là, comme le font la majorité des savants, à juste titre croyons-nous, le fragment Caton, Or., 2, 28 Ch. Voir J.-C. Richard, Origines..., p. 439, n. 18. La précellence de Tusculum et d’Aricie dans cette ligue se déduit de leur place initiale dans la liste des peuples qui la composent. Beloch évaluait la superficie de la cité archaïque à 4,5 ha : cf. sa Röm. Gesch., p. 211.
156 Cf. Tomassetti, o.c., p. 239.
157 Mise en lumière par L. Morpurgo, « Nemus Aricinum », in Mon AL, 13, 1903, col. 299 et s. (partic. 342).
158 En ce sens, cf. C. Ampolo, « Ricerche... », 2, in PP, 38, 1983, p. 320-326 (p. 325) ; F. Coarelli, Santuari..., p. 165 et s.
159 Or., 2, fg. 28 Ch. (1986) = 58P : Lucum Dianium in nemore Aricino Egerius Baebius Tusculanus dedicauit dictator Latinus. Hi populi communiter : Tusculanus, Aricinus, Lanuuinus, Laurens, Coranus, Tiburtis, Pometinus, Ardeatis Rutulus.
160 Il n’y a pas lieu de remettre en cause cette attribution traditionnelle : cf. A. Grandazzi, in REL, 69, 1991, p. 101-123.
161 Fest., 128L : Manius Egeri <us lucum> Nemorensem Dianae consecrauit, a quo multi et clari uiri orti sunt, et per multos annos fuerunt, unde [et] prouerbium : ’Multi Mani Ariciae’.
162 Cf. Tomassetti, o.c., p. 263.
163 Cf. M. Humbert, Municipium et ciuitas sine suffragio, Rome, 1978, p. 178. Sur la continuité institutionnelle des titres locaux assurée par Rome, cf. p. 291 et s.
164 Sat., 1, 5 : egressum magna me excepit Aricia Roma hospitio modico. L’identification traditionnelle de la statio avec le bâtiment dit l’Osteriaccia, près duquel fut retrouvé le 16e milliaire, et qui avait encore une fonction postale au xviiie s., n’est pas certaine : cf. S. Crogiez, « Les stations du cursus publicus de Rome à Terracine », in Arch. Laz., 10, 1, p. 95 et s. (p. 98-100, avec bibl.), qui évoque l’hypothèse de Canina et de Rosa la plaçant 250 m plus au nord.
165 LL, 5, 143, 4 : Cippi pomeri stant et circum Ariciam et circum Romam ; cf. l’éd. J. Collart, 1954, p. 94 et 237. Le texte du Laurentianus étant incohérent, « Aricia » est une correction de Scioppius, et « Ardea » de Turnèbe, cette leçon étant aussi donnée par un recentior. De fait Ardée est pourvue d’une muraille archaïque et d’un imposant agger.
166 Lib. col., p. 230 : Aricia oppidum ; lege Sullana est munita ; iter populo non debetur ; ager eius in praecisuris est adsignatus. Pour des restes de murs du ier s. av. J.-C., cf. M. Lilli, o.c., p. 59.
167 Il s’agit des Memorie storiche dell’antichissimo Municipio ora terra dell’Ariccia e delle sue colonie Genzano e Nemi, Rome, 1796, d’E. Lucidi (rééd. en 1976), sur lequel on verra l’article de R. Lefevre, in Eruditi e Letterati del Lazio (id. éd.), Lunario Romano, 18, 1989, p. 145-163, et id., « St. degli scavi e ritrovamenti archeol. in territorio di A. », in Arch Soc R St Patr, 96, 1973, p. 79-163. L’ouvrage provoquera une double polémique : l’une, concernant Genzano, vaudra à Lucidi l’appui de Fea ; l’autre viendra de Riccy, reprochant à Lucidi d’avoir nié la continuité Alba Longa-Albano...
168 Cf. IAL 2, p. 354-357.
169 « Su di alcuni manufatti primitivi laziali scoperti presso Ariccia », in Bull. Inst., 1877, p. 14-17 ; la découverte, remontant à avril 1873, fut faite au nord-est de l’arx, à quelques centaines de mètres vers l’amont.
170 Cf. DdA, 1980, p. 125.
171 Cf. P. Chiarucci, in Alba Longa 1996, p. 3, 6 et 8, et M. Lilli, o.c., p. 350 et s. (pour la description de l’émissaire).
172 O.c., p. 357-359. Le site était appelé jadis Valle Lupara : cf. Tomassetti, C.R., 2, p. 231.
173 DdA, 1980, p. 98 et p. 148 pour l’inscription. Sur l’écriture dans les monts Albains, cf. supra p. 246. Sur la tombe, cf. Chiarucci 1978, p. 25.
174 IAL 2, p. 359-360 ; P. Chiarucci, o.c., p. 164-165 pour l’identification d’un fond de cabane.
175 Sur ce relief, voir H. Pairault in MEFRA, 1969, 81, p. 450 et s. (avec bibl.). Lucidi indique (ib., n. 1) que la pièce fut trouvée « près de la ‘mola’ de Genzano, à l’ouest du Monte Pardo », mais elle provenait du temple de Nemi, selon M. Lilli (o.c., p. 87). D’autre part, une fauissa du ive s. (étudiée par P. Carafa in Arch. Class., 48, 1996, p. 273-294) avait été trouvée vers 1920 dans un petit sanctuaire archaïque au lieu-dit Casaletto.
176 In BPI, 45, 1925, p. 132 et s. ; cf IAL 2, p. 359.
177 Cf. Chiarucci 1978, p. 25 et p. 93-98 ; cf. aussi M. Lilli, o.c., p. 116 et p. 335-338 pour les vestiges du cliuus.
178 Cf. « Quarto Rapporto... », p. 264. La découverte de ces « vasi laziali » (p. 266) aurait été de quelques années antérieure à celle d’aes rude faite en 1848 à proximité immédiate. Voir aussi M. Lilli, o.c., p. 51.
179 Cf. supra p. 105. Le colloque (1997) Nemi : Status Quo. Recent Research at Nemi and the Sanctuary of Diana, Rome, 2000, J. Rasmus Brandt, A. M. Leander Touati, J. Zahle éd., fait le point sur les questions évoquées ci-dessous.
180 Cf. IAL 2, p. 361 ; G. Lenzi, « Il territorio nemorense dalla preistoria al medioevo », in Nemi : Status Quo, p. 155-176.
181 « Sopra alcuni manufatti litici ed in terracotta rinvenuti sulle rive e nei dintorni del lago di N. », in Bull. Inst., 1880, p. 52-57 ; autres réf. ap. G. Lenzi, o.c., p. 175, n. 7.
182 À IAL 2, p. 362-363 pour 1874, ajouter : B. Poulsen, « A Roman Villa by Lake Ne-mi, loc. S. Maria. An overview of the finds (1998-2001) », AnRom, 30, 2004, p. 43-67 (p. 55).
183 Sur lesquelles on verra Tomassetti, C.R., 2, p. 260-277. L’identification du temple est due à Holstein, dans son commentaire à Cluver (p. 923). Les fouilles les plus importantes furent celles du cardinal Despuig, menées de 1791 à 1798, et, à partir de 1885, celles de Lord Savile Lumley, qui donnèrent lieu à la découverte d’un matériel abondant, dont une partie se retrouva à Copenhague suite à l’entremise d’Helbig (cf. Arch. Laz., 8, p. 218 et s.), une autre à Nottingham, où elle fait l’objet d’une nouvelle présentation.
184 Cf. Caton, o.c. : in nemore Aricino, et CIL, 14, p. 204 (Dessau).
185 Sur ces fouilles, commencées en 1989 et dirigées par G. Ghini, voir le bilan dressé par cette archéologue in Nemi : Status Quo : « Ricerche al santuario di Nemi : risultati e progetti » (p. 53-64).
186 L. Morpurgo le soulignait déjà en 1903 (o.c., col. 302, n. 3).
187 En effet, les restes de l’édifice situé sur la grande plate-forme ne correspondent pas à la description de Vitruve (4, 8, 4). L’hypothèse d’un sanctuaire archaïque situé à la terrasse supérieure, déjà formulée par Rosa, est peut-être confirmée par les découvertes les plus récentes : cf. supra p. 72.
188 La grande terrasse couvre 3,5 ha et l’ensemble du sanctuaire, si on y inclut le théâtre adjacent, près de 5 ha.
189 L. Morpurgo, o.c., col. 316, et G. Lenzi in Nemi : Status Quo, p. 158 et p. 171 pour le cliuus Virbii, qui reliait l’Appia au temple de Diane.
190 Pour ce qui suit, cf. L. Nardoni, Bull. Inst., 1880, p. 52-57.
191 A. Guidi date ce dépôt du viie s. : Arch. Laz., 3, p. 149.
192 Cf. C. Giardino, « Il ripostiglio di Nemi », in Doc. Alb., VII, 1985, p. 7-16 ; datation : Bronze moyen (c. xve s. av. n. è.). Mais sa localisation reste inconnue, comme le souligne G. Lenzi, in Nemi : Status Quo, p. 158.
193 « The Cult Image of Diana Nemorensis », in A.Arch, 37, 1966, p. 69 et s., prolongeant la découverte d’Alföldi qui avait montré que la triple silhouette de l’avers du denier représentait la statue cultuelle de la Trivia : cf. ERL, p. 47. On trouvera une belle reproduction de la tête Despuig in Colonna, 1988.
194 CIL, I2, 2444, à compléter par les réf. in I, 24, p. 866.
195 MDAI(R), 1, 1886, p. 61 ; L. Morpurgo (o.c., n. 4, p. 323) cite l’opinion contraire de Rossbach. Le catalogue récent d’H. Wrede, Die antike Herme, Mainz, 1986, p. 53, qui les date de Caligula, n’invalide pourtant pas cette hypothèse (cf. p. 27 et p. 30). L’attachement de cet empereur pour le vieux patrimoine latin est bien attesté : ainsi, certains l’appelaient Iuppiter Latiaris (Suet., Cal., 22, 3).
196 IAL 2, p. 364, à partir notamment de L. Nardoni in Bull. Inst., 1880, p. 52-57 ; sur quatre trouvailles, cet auteur omet de préciser l’emplacement précis d’une d’entre elles (et non de deux, comme le dit Gierow), celle de janv. 1877 (p. 54).
197 Cf. P. Chiarucci, « Scavi e scoperte. Albano Laziale (Roma) », in SE, 58, 1992, p. 478, pour la description de deux de ces objets trouvés récemment près de la source de Secciano à Monte Savello, et ib., pl. 79.
198 IAL 2, p. 364-366, et G. Lenzi, o.c., p. 162.
199 Et non d’une poterie néolithique comme le pensait F. Barnabei, « Di un fittile d’industria primitiva rinvenuto in una grotta presso il Lago di Nemi », in NSA, 1895, p. 436.
200 Cf. IAL 1, p. 11. Sur les suggrundaria, cf. S. Modica, « Sepolture infantili nel Lazio protostorico », in BCAR, 95, 1993, p. 7-18 (avec bibl.), qui ne mentionne pas ce cas. Rappelons que le terme latin est transmis par le grammairien Fabius Planciades Fulgentius (sur lequel cf. Skutsch in R.E., 7, c. 215-227) dans son Expositio sermonum antiquorum (7).
201 À Nemi, l’une d’elles devint au Moyen Aˆ ge une célèbre chapelle, consacrée à S. Michel : cf. Tomassetti, C.R., 2, p. 273, et G. Lenzi, o.c., p. 161-162.
202 Cf. Chiarucci 1978, p. 102, 165 et 166 pour d’autres ex. analogues à celui du terrain Pesoli ; p. 154 pour le tesson protovillanovien. Cf. aussi E. Fossile, « Osservazioni attorno all’area funeraria di S. Nicola presso il lago di Nemi », Lazio e Sabina, 1, 2003, p. 279-283. Sur les cabanes mentionnées infra, cf. aussi G. Lenzi, o.c., p. 164.
203 Les humanistes (notamment Pie II) se plaisaient à reconnaître dans ce nom celui de Diane-Cynthia ; il proviendrait plutôt d’un fundus Gentianus selon Tomassetti (C.R., 2, p. 246 et s.). Sur les vicissitudes du lieu, refuge contre les invasions barbares, puis occasion de litige entre les Gandolfi et les Cisterciens, les Orsini et les Colonna, cf. C. Bernardi Salvetti, « Medioevo a Genzano e Nemi », in Lunario Romano, 8, 1978, p. 141-154.
204 Cf. M. S. De Rossi, « Genzano di Roma – vasi di tipo arcaico laziale », in NSA, 1882, p. 273.
205 Il s’agit de la villa dite des Antonins, traditionnellement, et à bon droit semble-t-il, identifiée avec la propriété d’Aurelius Fulvius, lieu de naissance (d’après H.A., 1, 2 et 8) d’Antonin le Pieux et de Commode : cf. N. Cassieri et G. Ghini in Arch. Laz., 10, 2, 1990, p. 168-178.
206 Rappelons qu’au Moyen Aˆ ge, l’Appia demeurera en usage jusqu’au xiiie s. : l’« incastellamento » d’Aricie au xe s., celui de Castel Gandolfo et de Genzano au xiie (au plus tard) en sont le signe et la preuve. Après cette période, et jusqu’au xvie s., c’est la situation de Genzano, au point de départ d’une transversale passant par Lariano et aboutissant à l’Algide sur la Latina, qui lui vaudra de rester habitée et fréquentée : sur tout ceci, voir l’étude fondamentale de J. Coste, « La Via Appia nel Medio Evo e l’incastellamento », in Arch. Laz., 10, 1, p. 127-137.
207 O.c., p. 367.
208 Cf. IAL 2, p. 366-367 avec bibl. antérieure ; A. Guidi, La collezione Ceselli...
209 Cf. Pinza, Mon. prim., col. 322, qui assigne à cette tombe le n° 200 et qui y voit une sépulture à incinération, ce qui n’est que « probable » (Gierow).
210 Cf. I Coltelli nell’Italia continentale, p. 57, n. 250 et p. 98. Il s’agit d’un couteau à manche et à lame « serpentiforme ».
211 In Ostraka, 1996, p. 343. Cf. déjà A. Visconti, Lettera..., p. 30.
212 Cf. V. Bianco Peroni, o.c., n. 251, 253, 255 pour les exemplaires dits « de Castel Gandolfo », en réalité des objets recueillis en 1816 et 1817 et dessinés par Visconti, le troisième se trouvant au Musée de Berne (cf. IAL 2, fig. 191 et 209, n. 30) ; n. 254 pour l’ex. d’Ortucchio ; n. 252 et 256 pour ceux du Musée de Florence, qui pourraient provenir de Véies, dont vient le n° 246 (Casale del Fosso, tombe 838) attribuable à une tombe à incinération protovillanovienne contemporaine (phase Allumière – C.A.I). Le couteau de Fontana di Papa est celui qui donne son nom à la série dans cette classification.
213 C’est même pour cette raison que le pape Innocent XII qui, à la fin du xviie s., fit faire d’importants travaux dans le port d’Anzio, où il se rendait fréquemment, y fit aménager une fontaine d’où le relais tira son nom : cf. Tomassetti, C.R., 2, p. 301.
214 Voir par ex. Enea nel Lazio, p. 105.
215 Pour cette période, cf. Tomassetti, C.R., 2, p. 277-296. Pour l’Antiquité, la notice de Dessau, in CIL, 14, p. 191-192, reste inégalée et donne les réf. aux sources littéraires (en oubliant toutefois la définition de L. comme « colonie albaine » par Diod.) ; cf. aussi R.E., 12 (1924), col. 694-695 (Philipp).
216 CIL, 14, p. 187 ; accepté par Degrassi, Inscr. It., 13, 1, 1947, p. 69 pour le texte (il s’agit du triomphe du consul Maenius) et p. 541. Cela dit, il y a de bonnes raisons de penser que la leçon lauinieis est la bonne : cf. M. Humbert, Municipium..., p. 182, n. 99.
217 Lanouion est une correction de Cluver, Laouinion est la leçon des manuscrits de la famille w v, Labinion celle du manuscrit d’Eton (nc) : cf. l’éd. de F. Lasserre, 1967, p. 97.
218 Cf. F. Arietti in Alba Longa 1996, p. 41, n. 8.
219 Excellente description par L. Quilici, in La Grande Roma..., p. 196 et s.
220 Liv., 41, 16.
221 7, 5, 9.
222 Cf. M. Angle et alii, « Primi testimonianze micenee nel Latium Vetus », in PP, 48, 1993, p. 190-217.
223 Sur ce bouclier, cf. G. Colonna, « Gli scudi... », in Arch. Class., 43, 1991, p. 55 et s.
224 Cf. La Grande Roma..., p. 243, n. 71 (variantes aussi à Falerii et à Antemnae).
225 Cf. supra.
226 Municipium..., p. 172, 176 et s., 192 et s.
227 Près de Genzano : voir C.R., 2, p. 247-249. En effet, Festus permet de savoir que la nouvelle tribu tirait son nom d’un lieu (Maecia tribus a quodam castro sic appellatur, 121 L) ; Liv. (6, 2, 8) que ce lieu était proche de Lanuvium (nec procul a Lanuuio – ad Maecium is locus dicitur) ; Plut., Cam., 34, qu’il se présentait comme une hauteur (περὶ τò Mαίκιον ὄρος) ; Diodore (14, 117) que cette hauteur se trouvait à 200 stades de Rome.
228 Le municipe a par ailleurs un senatus ; son populus est divisé en curies. Ses cultes sont administrés par des flamines, des pontifes et un rex sacrorum. Cf. Dessau, o.c., (p. 191-192) pour les réf. épigraphiques et littéraires.
229 Consistant, en ce 18 janvier 52, à renouveler le flamine (Cic., Mil., 10,27 et 17, 45).
230 Cf. P. Grimal, « L’ennemi de Térence, Luscius de Lanuvium », in CRAI, 1970, repris in Rome. La littérature et l’histoire, 2, p. 739-746.
231 Dans L’Art décoratif à Rome à la fin de la République et au début du Principat, (Table ronde EFR, 1979), 1981, p. 229-284, résumé in Santuari..., p. 141 et s.
232 C’est l’épigraphie qui a permis de révéler ces traditions énéennes : voir le décret de Centurippe et l’inscription du gymnase de Tauromenion, tous deux publiés par G. Manganaro (réf. infra n. 261 et 262). Pour les traditions concernant Diomède, cf. A. Pasqualini, « Diomede nel Lazio e le tradizioni leggendarie sulla fondazione di Lanuvio », in MEFRA, 110, 1998, p. 663-679, et D. Briquel, « Les deux origines de Lanuvium », in Origines Gentium, V. Fromentin et S. Gotteland éd., Bordeaux, 2001, p. 297-308.
233 Sur le Monte Giove, voir la photographie in Tomassetti, C.R., 2, p. 281 (qui y plaçait à tort le temple de Junon). Les deux scarabées figurent sous les n° 632 et 633 dans le catalogue de G. Hölbl, Beziehungen..., 2, p. 161. Le revers de l’un représente un homme luttant contre un crocodile, l’autre un œil et un serpent (est-ce à mettre en rapport avec les serpents du culte de Junon ?).
234 IAL 2, p. 370-372 ; A. Galieti, « Vasellame di tipo laziale scoperto presso l’abitato », in NSA, 1917, p. 27. Au dire de Tomassetti, des « sepolcri di età molto antica » furent trouvés « nel terreno Campiotti, sotto Civita » (o.c., 2, p. 284) : s’agit-il de cela ?
235 G. Bergonzi et A. M. Bietti Sestieri, DdA, 1980, p. 48, semblent opter pour l’hypothèse d’une tombe isolée.
236 IAL 2, p. 372.
237 Cf. Mon. Ant., 27, 1922, p. 294-370.
238 Sur lequel on verra les notes de L. Crescenzi, Arch. Laz., 3, 1980, p. 180-182, et de G. Colonna, ib., 6, 1984, p. 401-408. Des fouilles nouvelles y ont lieu : cf. L. Attenni, « Lanuvio. Il santuario di Giunone Sospita. Osservazioni sulla fase arcaica e tardorepubblicana », Lazio e Sabina, 2, 2004, p. 221-226 et id. et D. F. Maras, « Materiali arcaici dalla collezione Dionigi di Lanuvio ed il più antico alfabetario latino », in SE, 70, 2004, p. 61-78, suggérant que le sanctuaire était, dès la fin du vie s., le siège d’une école de scribes.
239 En ce sens, voir les appels à la prudence d’H. Damgaard Andersen, « Archaic Architectural Terracottas and their Relation to Building Identification », in Deliciae Fictiles, Stockholm : E. Rystedt, C. et Ö. Wikander éd., 1993, p. 71 et s. (p. 75 et s.).
240 Ainsi L. Quilici, o.c., p. 197 (où l’on trouvera une suggestive mise au point sur le sanctuaire), à la suite de G. Colonna (o.c., p. 401), qui identifie un temple « alto-arcaico » en tuf pour une phase où il n’y aurait pas de terres cuites.
241 Une inscription trouvée après la parution du CIL 14 mentionne une porticus Iunonis (NSA, 1892, p. 235). C’est derrière le portique de la villa Sforza que se trouverait l’accès à l’antre de la déesse : cf. F. Coarelli, Dintorni di R., p. 109.
242 La pointe de lance n’étant pas de format réduit, on peut supposer une datation en II B. Faut-il penser toutefois à une origine gentilice du culte, sur le modèle de ce qu’a suggéré M. Torelli pour Lavinium, où une tombe féminine II B a été identifiée près de l’autel I, au sanctuaire de la Madonnella ? (cf. Arch. Laz., 6, 1984, p. 414).
243 Cf. infra n. 246.
244 IAL 2, p. 372-373 ; A. Galieti, NSA, 1953, p. 313, mentionnant des « frammenti di arcaici vasi laziali e di stile etrusco-campano » ainsi que « una testina votiva di terracotta color rosso-bruno, del ben noto tipo arcaico, alta cm. 10 ».
245 IAL 2, p. 373 ; datation en II B : DdA, 1980, p. 80, n. 5.
246 IAL 2, p. 374 ; A. Galieti, « Lanuvio. Vasellame di tipo laziale », in NSA, 1933, p. 178-179 ; pour l’habitat du Bronze moyen, cf. P. Chiarucci, « Preistoria e protostoria lanuvina, nuove scoperte », in Doc. Alb., s. II, 2, 1980, p. 5-7, et in Alba Longa 1996, p. 4.
247 IAL 2, p. 374-375 ; G. Hölbl, Beziehungen..., 2, p. 162, n. 634.
248 O.c., 1871, p. 34-40 et 42-53 (séances des 3, 10 et 24/02). Sur Pigorini, cf. supra p. 309.
249 Avertissant (o.c., p. 46) que « il desiderio del guadagno può indurre i contadini a queste strane narrazioni ».
250 Ib., 1872, p. 11.
251 O.c., 1871, p. 52.
252 Ainsi Ponzi réaffirme-t-il que « la necropoli albana debbi essere stata sepolta prima della fondazione di Roma » (p. 36) : cf. déjà id., Bull. Inst., 1869, p. 63.
253 Ann. Inst., 1871, p. 275 : « I lavoranti scarpellini di Genzano asserivano esser stata cosa piuttosto facile l’incontrare pezzi di bronzo ». Le lieu de la découverte de 1846 aurait été S. Martinella, près du fosso S. Gennaro ; des armes néolithiques semblent avoir aussi été trouvées. Le « Quarto Rapporto... » révèle également (p. 262) que le duc de Blacas, qui se trouvait sur place en 1865, était en rapport avec le nommé Garrucci et se préoccupait de vérifier l’authenticité des trouvailles faites près de Genzano : cette présence du duc et ses intérêts albains avérés obligent par conséquent à ne pas exclure qu’il ait pu lui-même, comme l’avait fait son père quarante ans auparavant, acheter quelques « vases funéraires albains », conclusion qui ne fait que compliquer encore davantage le dossier des fouilles de 1816 tel que nous l’avons étudié précédemment...
254 « La tomba del guerriero di Lanuvio », in Spectacles sportifs et scéniques dans le monde étrusco-italique (Table ronde 1991), 1993, p. 409-442 (avec bibl.). La description des objets de la tombe est donnée par le même auteur dans les catalogues de deux expositions présentées à Rome en 1990, Archeologia a Roma (R. di Mino et M. Bertinetti éd.), p. 166-170 et La Grande Roma..., p. 264-269.
255 Voir La Grande Roma..., p. 252.
256 Ces deux aspects étant évidemment liés : comme le souligne F. Zevi (o.c., p. 428), la tradition antique liait les ludi de 496 à la bataille du lac Régille. Cf. J. P. Thuillier, « Denys d’Halicarnasse et les Jeux Romains (Ant. Rom., 7, 72-73) », in MEFRA, 87, 1975, p. 563-581 et ib., 101, 1989, p. 229-242. Pour une mise en relation de la tombe avec la bataille du lac Régille, cf. aussi F. H. Massa-Pairault, in MEFRA, 107, 1995, p. 44-45.
257 Cf. J. P. Thuillier, Les Jeux athlétiques dans la civilisation étrusque, 1985, p. 106-108 et 349-351.
258 PP, 23, 1977, p. 150.
259 CIL, I, 24, 1986, n. 2833.
260 Voir The Temple of Castor and Pollux, 1, Nielsen et B. Poulsen éd., 1992, p. 46 et s.
261 G. Manganaro, « Una biblioteca storica... », in PP, 29, 1974, p. 389-409.
262 Id., in RAAN, 28, 1963, p. 23-38 = Bull. épigr. 1965, 499, p. 197 et s.
263 Cf. Chiarucci 1978, p. 174, et id., in EAA, Suppl. vol. 3, s.v. Lanuvio. Sur la place de la cavalerie dans la Rome archaïque, voir le colloque édité in MEFRA, 107, 1995, p. 1 et s.
264 Sur ce réseau, voir S. Judson, A. Kahane, « Underground Drainageways... », in PBSR, 31, 1963, p. 74 et s. (p. 83 et 89). Mais selon S. Quilici-Gigli, ces canaux ne sont pas antérieurs à l’Appia : voir son intervention au colloque organisé par elle : Uomo, Acqua e Paesaggio, Rome, 1997, p. 196 et s. Cf. aussi E. Strini et alii, Carta archeologica del territorio di Velletri, 2001 (non uidi).
265 Voir in I Volsci nel Lazio, Arch. Laz., 11, 1, 1992 : H. Rix (p. 37-52) qui interprète la tabula Veliterna (Vetter 222) comme la loi sacrée d’un lucus de la déesse Declona ; D. Musti (p. 25-32) souligne la part des présupposés qui encombrent l’historiographie moderne en la matière, tant à propos de l’origine de l’ethnos que de la chronologie, peut-être plus précoce qu’on ne le pense, de sa présence en Latium.
266 Sur ces vicissitudes, dont les principales se situent en 494, 403, 385 et 341 av. J.-C., on se référera à M. Humbert, Municipium..., notamment p. 154, 171, 185 et 291 (avec réf. aux sources), et à H. Solin, « Velitrae », in Suppl. Ital., 2, 1983, p. 11-29 : sur le problème du statut de Velletri après 338 (à partir de Liv., 8, 14), ce savant (p. 17), en se fondant sur la tab. Veliterna qui atteste l’usage du volsque en plein iiie s., en déduit que Velletri n’est devenue un municipe de droit romain que plus tard.
267 Sur cette viabilité archaïque, cf. F. Coarelli, Lazio, 1982, p. 249 et s. : le nom de Mactorina serait à rapprocher d’un toponyme Maktorion attesté en Sicile, près de Gela, c’est-à-dire en face de Carthage, et rappelant celui de Maktar en Tunisie. L’inscription publiée pour la première fois par Nardini (NSA, 1918, p. 138-141 ; cf. AE, 1919, 54) est reproduite et commentée in Suppl. Ital., 2, n° 13, p. 49-51, par R. Volpe, qui l’explique par un gentilice Mactorius ou Mactorinus. Sur la topographie, cf. aussi F. Melis et S. Quilici-Gigli, « Votivi e luoghi di culto nella campagna di V. », in Arch. Class., 35, 1983, p. 1-44 (p. 17, n. 41), qui rappellent l’existence à cet endroit d’une route déjà signalée par Desjardins et La Blanchère, et reliant Velletri à Astura ; cf. aussi F. Vinciotti, « Il territorio veliterno attraverso la ricerca topografica », Lazio e Sabina, 2, 2004, p. 245-250 (p. 247).
268 Sur l’influence phénicienne en Latium, cf. Gras 1985, p. 287 et s., et M. Botto, « Considerazioni sul commercio fenicio nel Tirreno nell’viii et nel vii secolo a.C. », in AION, Arch. St. Ant., 11, 1989, p. 233-252 et ib., 12, 1990, p. 199-215 : toutefois, l’hypothèse n’est pas mentionnée par ces auteurs.
269 CIL, 10, 6554 pour le titre de praetor, 6555 pour les duouiri : cf. Municipium..., p. 185, n. 114 et p. 291 et s. Le titre de meddix figure dans le texte de la tab. Velit. (4e l.).
270 Suet., Aug., 1, texte dont l’intérêt est aussi d’illustrer l’influence gentilice sur une toponymie urbaine et sur des usages rituels. Sur la villa, cf. G. Ghini, « La villa degli Ottavi a Velletri », in Augusto a Velletri, Velletri, 2001, L. Quilici éd.
271 IAL 2, p. 379-380.
272 IAL 2, p. 380-384 ; la tombe n° 195 chez Pinza, Mon. prim., col. 342 et 343. Une réplique de la tombe conservée est maintenant présentée au Musée de Velletri : cf. L. Drago Troccoli, « Considerazioni sul popolamento del settore orientale dei Colli Albani alla luce delle recenti ricerche nell’area dell’Artemisio », RPAA, 75, 2002-3, p. 33-104 (p. 46), avec riche bibl.
273 Cf. A. Guidi, Arch. Laz., 6, 1984, p. 97 ; Le urne a capanna..., p. 105-106 (n. 173), p. 129 et 203 (où la tombe est présentée à la fois comme féminine et comme double).
274 O.c., c. 711 et s., avec un large matériel comparatif.
275 Par M. Gras, 1985, p. 77-97. Pour les découvertes récentes de Casale Nuovo, cf. in fra n. 319.
276 Cf. B. S. Frizell, « The Autonomous Development of Dry Masonry Domes in the Mediterranean Area. Some Considerations », in O. Rom., 17, 1989, p. 143-161 (p. 154 sur le problème de la chronologie).
277 IAL 2, p. 384-385.
278 Fait par F. Romana Fortunati, auteur de la notice sur Velletri, in La Grande Roma..., p. 201 et s. (qui mentionne les lieux de Vigna d’Andrea, Vigna Lazzarini, Colle Palazzo et Campo sportivo pour l’identification de tessons du viiie s.) ; cf. aussi L. Drago Troccoli, « Considerazioni... », o.c., p. 50. Toutes ces découvertes parsemées sont les traces de nécropoles latiales disparues entourant un habitat central correspondant à la ville actuelle ; M. Angle (« Il popolamento del sistema montuoso... », Lazio e Sabina, 1, 2003, p. 143) signale des trouvailles récentes au Fosso S. Anatolia, dont un pot à riche décoration incisée datable en II B (ixe s.).
279 Pour des restes de fortifications, cf. NSA, 1885, p. 193.
280 Ainsi que d’Acquarossa, Castelnuovo Berardenga, Poggio Civitate. Cf. M. Torelli, in Santuari d’Etruria, 1985 (G. Colonna éd.), p. 1-32.
281 Par ex. A. Guidi, in Arch. Laz., 3, p. 151 et 153, et L. Drago Troccoli, « Considerazioni... », o.c., qui mentionne aussi la découverte récente de vestiges du Bronze final et de tessons archaïques à S. Clemente ; contra, L. Crescenzi et E. Tortorici, in Arch. Laz., 6, p. 347.
282 L. Crescenzi, o.c. ; c’est le matériel mentionné par Gierow, IAL 2, n° 6, p. 385.
283 Cf. L.T.U.R., 1, 1993, s.v. Argei, p. 122 (F. Coarelli).
284 In Arch. Laz., 6, 1984, p. 401 et s. (voir plan p. 402) : suivi par L. Crescenzi, o.c., et F. Romana-Fortunati, citée infra n. 286.
285 O.c., p. 405 à propos de Liv., 1, 53, 2 et D.H., 4, 50-52. Signalons par ailleurs l’intérêt, pour la question de l’architecture de ces temples, du modèle réduit votif trouvé à Colle Ottone, à 200 m de l’Appia, et daté fin vie/début ve s. : cf. F. Melis, S. Quilici-Gigli, o.c., et s., et La Grande Roma..., p. 206.
286 Voir la contribution de F. Romana-Fortunati au colloque Deliciae Fictiles, o.c., 255-266.
287 Dalla Monarchia allo stato repubblicano, 1945, rééd. 1992 (avec préf. d’A. Fraschetti), pour l’exemplaire description (chap. 4, p. 67 et s.), qu’il faut toujours relire, de ce relief.
288 In Deliciae Fictiles, o.c., p. 267-276.
289 Cf. M. Menichetti, Archeologia del potere. Re, immagini e miti a Roma e in Etruria in età arcaica, 1994, p. 96-101. En fait, ces frontières n’existent pas alors.
290 Pour une brève description de cette campagne de fouilles, cf. G. Ghini, in SE, 58, 1992(1993), p. 571-576, dans une notice qui correspond aux éléments déjà donnés dans La Grande Roma..., p. 199 ; voir aussi ead., s.v. Velletri, Enciclopedia Arte Antica, Sec. Suppl., 5, 1997, p. 974-978. Est soulignée, à partir de l’analyse des ex-voto retrouvés, la continuité cultuelle attestant la dévotion à une divinité « salutaire », de la volsque Decluna à la moderne Madonna della Neve, en passant par la déesse romaine dont on ignore l’identité.
291 Puisqu’on y trouva deux cruches (« ollette ») latiales à côté d’une tasse et d’un canthare campaniens : cf. O. Nardini, in NSA, 1903, p. 228.
292 IAL 2, p. 385-386.
293 Cf. O. Nardini, NSA, 1934, p. 169-175 ; IAL 2, p. 386-389.
294 C’est au pied de l’Artemisio qu’on peut situer l’Algide des sources antiques : cf. F. Arietti, B. Martellotta, La tomba principesca del Vivaro..., o.c., p. 114. L’emplacement exact du temple de Fortuna mentionné par Tite-Live (21, 62) n’est pas connu : pour une interprétation de l’épisode livien, cf. J. Champeaux, Fortuna. Le culte de la Fortune à Rome et dans le monde romain, 1, 1982, p. 184, et ib., 2, 1987, p. 75 (avec une localisation près de Tusculum). Des découvertes récentes montrent que le massif de l’Artemisio était fréquenté dès l’Apenninique (Bronze moyen) : cf. P. Chiarucci in Alba Longa 1996, p. 6. À Lariano furent trouvés par A. Guidi en 1981 les fragments d’une tasse à anse surélevée datant du Bronze moyen : cf. L. Drago Troccoli, « Considerazioni... », o.c., p. 43 ; l’absence de vestiges postérieurs fait conclure à une occupation du site limitée dans le temps.
295 N. 154 du catalogue de V. Bianco Peroni, o.c., p. 41 : fin viiie s., pièce à lame serpentine, manche plein, sobre décoration et d’un type présent à Caracupa ; s’agit-il d’une fabrication locale ou campanienne ? Cet instrument serait une allusion au rôle de la femme dans le sacrifice : cf. G. Colonna, 1988, p. 452.
296 Sur ces fragments de ceinturons, longtemps les seuls attestés dans les monts Albains (avant la découverte de la tombe de Vivaro), cf. G. Colonna, 1974, p. 306 : il s’agirait d’imitations locales de pièces villanoviennes.
297 N. 167 et 168 du catalogue de F. W. v. Hase, Die Treusen der Früheisenzeit in Italien, 1969, p. 29 : la typologie de ces objets (bipartites et à anneaux) permet de les classer dans une catégorie sans doute produite à Véies.
298 Sur ce char, cf. G. Colonna, 1988, p. 465. Sur la nécropole de Vallone, cf. L. Drago Troccoli, « Considerazioni... », o.c., p. 51-52, qui distingue deux groupes de tombes gentilices, à 300 m de distance, chacun avec au moins une sépulture pour un couple, et qui en souligne la proximité avec une autre tombe identifiée en 1923 au lieu-dit Valle près Lariano.
299 Cf. DdA, 1980, p. 112 (phases III-IV) ; Arch. Laz., 8, 1987, p. 212 ; SE, 58, 1992, p. 523 (seconde moitié du viiie s.). L’ensemble est conservé au Musée de Velletri : cf. Museo Civico di V., 1989, p. 29 et s. (L. Drago Troccoli).
300 Cf. DdA, o.c. L’absence de fouille véritable fragilise évidemment toute conclusion, le souhait de Nardini (« Un scavo sistematico, come quello che fu eseguito a Caracupa, si impone », p. 174) n’ayant pas été suivi d’effet.
301 Cf. L. Drago Troccoli, « Considerazioni... », o.c., p. 52.
302 Cf. F. Melis, S. Quilici-Gigli, o.c., où est cité (p. 23, n. 58) un document d’archive dû à Nardini. Depuis cet article, la provenance de la korè de bronze (cf. E. Richardson, Etruscan Votive Bronzes, 1983, p. 264, n. 8) pour laquelle les auteurs avançaient (p. 25, n. 63), à titre d’hypothèse, les pentes de l’Algide, est connue : il s’agit du site même de Velletri (cf. La Grande Roma..., p. 206).
303 O. Nardini, NSA, 1934, p. 109 ; IAL 2, p. 389-391. Voir aussi L. Drago Troccoli, « Considerazioni... », o.c., p. 46 et 52 : le site est à env. 500 m de Vallone et 250 m du Colle della Fragola.
304 1974, p. 294. Le mobilier se composait de deux jarres, une tasse, un askos, un fragment de four.
305 Cf. Arch. Laz., 8, 1987, p. 212.
306 In SE, 58, 1992, p. 522-523. La tombe était proche d’un chemin Velletri-Préneste : cf. F. Arietti in Alba Longa 1996, p. 31, et L. Drago Troccoli, « Considerazioni... », o.c., p. 5254, et, pour une description de la tombe : M. Angle, « Il popolamento... », o.c., p. 139 et s. (p. 144-146) : signalons deux amphorettes latiales, ornées de motifs incisés représentant pour l’une deux poissons, pour l’autre un héron. Par ailleurs, de nombreux « fragments votifs » archaïques, dont l’un est peut-être l’antéfixe d’un temple, proviennent de Lariano : cf. F. Melis, S. Quilici-Gigli, o.c., p. 21 (n. 450) : s’agit-il des traces du fameux sanctuaire de l’Algide attribué par les sources à Diane ou Fortuna ? Voir L. Drago Troccoli, « Considerazioni... », o.c., p. 55.
307 Sur cette destruction, opérée par les habitants de Velletri, cf. Tomassetti, C.R., 4, p. 557. Sur le nom de Lariano, ib., p. 547.
308 En ce sens, cf. DdA, 1980, p. 112 ; G. Colonna (o.c.) met la relative richesse de ces tombes en relation avec le contrôle des trafics routiers entre les habitats de l’intérieur et ceux de la côte.
309 Voir Le spade nell’Italia continentale, 1970, n° 250, p. 92 et pl. 37. Il s’agit d’une épée à robuste poignée et à lame effilée, de provenance ombrienne (Terni) et dont la chronologie se fixe au viiie s.
310 Voir Tomassetti, C.R., 4, p. 540 et s., p. 545, qui y localise l’Algide.
311 Voir L. Drago Troccoli, « Indagini nell’area del Monte Artemisio a Velletri », Lazio e Sabina, 1, 2003, p. 151-158 (p. 154 et s.) ; ead., « Considerazioni... », o.c., p. 64-85.
312 « Indagini... », p. 154 et « Considerazioni... », p. 55.
313 Cf. L. Drago Troccoli, « Indagini... », p. 153 et « Considerazioni... », p. 86-92.
314 Cf. id., « Indagini... », p. 152-153 et « Considerazioni... », p. 57-63 ; cette hauteur ne semble pas avoir de nom spécifique.
315 Cf. M. Angle, C. Belardelli, « Il Monte Artemisio durante l’Eneolitico », Roma, città del Lazio, 2002, p. 72-73.
316 Voir M. Angle, « Il popolamento... », o.c., p. 139-150 (p. 142) ; L. Drago Troccoli, « Indagini... », p. 152-153 et « Considerazioni... », p. 44 et s.
317 Reproduite in Roma, città del Lazio, p. 73.
318 Pour ces comparaisons, cf. L. Drago Troccoli, « Considerazioni... ».
319 Cf. M. Angle et alii, « La tarda età del Bronzo nel Latium vetus. Nuovi dati », Lazio e Sabina, 2, 2004, p. 203-214 (p. 205) et p. 206 et s. pour les découvertes de Casale Nuovo.
320 IAL 2, p. 392-401.
321 O.c., p. 393 et 394 (fig. 1) ; Le urne a capanna..., p. 105, n. 172.
322 Vom Anfang Roms, p. 104 ; contra, Gierow, o.c., p. 396, n. 1.
323 N° 195 chez Pinza, Mon. prim., c. 342-3 ; IAL 2, p. 396-397 ; Le urne a capanna..., n° 173, p. 105-106 et 203.
324 IAL 2, p. 398-401.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
De la « Cité de Dieu » au « Palais du Pape »
Les résidences pontificales dans la seconde moitié du XIIIe siècle (1254-1304)
Pierre-Yves Le Pogam
2005
L’« Incastellamento » en Italie centrale
Pouvoirs, territoire et peuplement dans la vallée du Turano au Moyen Âge
Étienne Hubert
2002
La Circulation des biens à Venise
Stratégies patrimoniales et marché immobilier (1600-1750)
Jean-François Chauvard
2005
La Curie romaine de Pie IX à Pie X
Le gouvernement central de l’Église et la fin des États pontificaux
François Jankowiak
2007
Rhétorique du pouvoir médiéval
Les Lettres de Pierre de la Vigne et la formation du langage politique européen (XIIIe-XVe siècles)
Benoît Grévin
2008
Les régimes de santé au Moyen Âge
Naissance et diffusion d’une écriture médicale en Italie et en France (XIIIe- XVe siècle)
Marilyn Nicoud
2007
Rome, ville technique (1870-1925)
Une modernisation conflictuelle de l’espace urbain
Denis Bocquet
2007