Chapitre I. Orientations
p. 13-34
Texte intégral
« Jetons un regard sur la contrée qui a exercé plus d’influence qu’aucune autre sur les destinées de l’ancien monde ».
Th. Mommsen, Histoire romaine, traduction De Guerle, 1, Paris, 1891, p. 41.
1« Ce serait être injuste envers ces sites délicieux que de les décrire en moins de vingt pages » : dans cette formule non dénuée d’ironie, qui était bien entendu une manière élégante d’épargner à son lecteur toute description, avec une discrétion qu’on voudra bien nous excuser de ne pas suivre ici, l’auteur1 de Rome, Naples et Florence retrouvait le sentiment qui avait poussé, à la Renaissance, les patriciens romains à disséminer leurs somptueuses villas çà et là sur les pentes des monts Albains où, bien avant déjà, leurs lointains prédécesseurs, les Cicéron, Pompée, César, Sylla, Caton d’Utique et tant d’autres encore jusqu’à Néron, Galba et Domitien, aimaient, eux aussi, venir oublier les tumultes d’une Ville qu’ils pouvaient apercevoir du haut de leurs terrasses ombragées2.
2Quelque précise qu’elle puisse être, une telle description resterait pourtant inutile si elle n’impliquait pas, autant que l’analyse classique3 des contraintes du cadre géographique sur l’infinie diversité de l’histoire humaine, la mise en évidence des modifications apportées par l’homme à l’espace où il vit, cet espace qui n’est que dans et par le temps. Enquête nécessaire, dans la mesure où nombre de légendes latines des primordia entretiennent avec le cadre géographique où elles sont censées se dérouler un rapport étroit qu’il importe d’apprécier le plus exactement possible : c’est évidemment le cas, au premier chef, des récits qui concernent le lac Albain ainsi que son emissarium, des mythes sur les rois primitifs du Latium, ces Silvii au nom évocateur, ou encore des traditions liant un personnage à un rite, par exemple Latinus (ou Énée) et les Vinalia. Parallèlement, le déroulement des Féries Latines sur le Monte Cavo oblige à une évaluation d’ensemble du système orographique auquel appartient ce haut lieu du Latium.
3« Milieu naturel » : pour courante qu’elle soit, l’expression désigne quelque chose qui, à la lettre, n’existe pas. Il n’y a pas de milieu naturel, dans la mesure où il n’y a pas de milieu habité par l’homme qui n’ait été de ce fait soumis à une action souvent puissamment modificatrice. Notre siècle est sans doute plus sensible que ceux qui l’ont précédé à l’historicité de tout paysage : si on se plaisait hier à parler de la « géographie de l’histoire », à bon droit d’ailleurs, on aurait plutôt tendance aujourd’hui à insister, à l’inverse, sur ce qu’il y a d’histoire dans la géographie, autrement dit sur le rôle du temps dans la structuration de tout espace. Sols, lacs, forêts, montagnes, faune, flore, pureté de l’air : nous savons désormais que tout cela peut changer, s’altérer, disparaître même. S’il est vrai que le milieu agit sur l’homme, vieille vérité rebaptisée par le xviiie siècle sous le nom de « théorie des climats »4, nous découvrons chaque jour davantage que le milieu est aussi le produit de l’activité humaine et que, bien souvent, certaines de ses caractéristiques majeures ne s’expliquent que par là, même si leur ancienneté a fait oublier leur origine : c’est là une « histoire » qui, en effet, a commencé il y a bien longtemps, avec les techniques de l’agriculture dont les spécialistes s’accordent aujourd’hui à situer l’apparition durant le néolithique5, c’est-à-dire bien avant même la fin de l’âge du Bronze, où apparaissent les premières manifestations d’une « identité » latiale. Ainsi ne peut-on plus, comme le faisait Bonstetten, dire que « cette nature, ce majestueux mont Albane [...], ce ciel, enfin, cette terre et ces mers sont les mêmes encore et tandis que tout ce qui est de l’homme a croulé, le grand théâtre des événements est resté tout entier. L’étude de cette scène immuable peut répandre quelque jour sur l’histoire et la poésie des anciens »6. Certes, mais à condition de savoir que la scène, loin d’être immuable, a subi des changements de décor qui, pour avoir, la plupart du temps, échappé aux spectateurs de chaque représentation, car se déroulant à un rythme qui n’était pas le leur, n’en sont pas moins réels.
4Sur les monts Albains, des phénomènes saisissables dans la longue durée, comme par exemple la déforestation7, ou de véritables événements comme la construction d’émissaires pour les lacs d’Albano et de Nemi, illustrent particulièrement le rôle de l’homme, de l’histoire, sur l’espace et sur la géographie. Le temps lui-même n’est pas un donné qui échapperait à cette interdépendance complexe : du point de vue de la plus ou moins grande rapidité des communications, les économistes d’aujourd’hui connaissent bien son importance dans ce qu’il est convenu d’appeler l’aménagement du territoire. Pour ce qui nous intéresse, cela veut dire que l’habitant de la fin de l’âge du Bronze qui, pour se déplacer, doit franchir des forêts encore épaisses et aux rares éclaircies, en suivant des itinéraires qui ne sont encore que de simples tracés souvent incertains, en rencontrant nombre d’obstacles, notamment des ravins parfois profonds ou des étendues d’eau alors très nombreuses, n’a pas la même perception du Latium que celle qu’aura, plusieurs siècles plus tard, l’habitant d’un pays soumis aux influences étrusques, et riche de chemins savamment aménagés, pourvus, lorsqu’il le faut, de ponts et de passages, tandis que des canaux innombrables, dont les traces subsistent aujourd’hui, évacuent les eaux stagnantes. Et que dire des routes romaines qui, à l’instar de la via Appia8, coupant droit à travers un espace dont elles négligent intentionnellement les dynamiques antérieures, inaugureront une révolution historique qui est d’abord d’ordre géographique ? D’une époque à l’autre, le Latium, changeant ainsi de forme, de grandeur, dans son tout comme dans ses parties, subit un véritable étrécissement qui entraîne une modification dans l’équilibre du binôme espace-temps. Ce qui veut dire que ce qui était centre peut devenir périphérie, comme cela se produira pour les monts Albains, point vital du Latium de la fin de l’âge du Bronze, ensuite réduits peu à peu au rôle de simple satellite du nouvel astre qui, surgi sur les bords du Tibre, attire progressivement à lui toutes les forces vives des contrées qui l’entourent.
5La fausse immobilité de ces paysages ne doit donc point abuser : pour déchiffrer, sans trop sacrifier aux nécessaires simplifications, les véritables palimpsestes qu’ils constituent, il ne faut jamais oublier qu’ils sont autant le produit de l’histoire que celui de la géographie9. Le regard géographique aide de cette manière l’histoire à aller au-delà d’elle-même, en lui montrant que ces paysages qu’elle croit fixés depuis toujours, ces horizons qu’elle imagine éternels, n’en sont pas moins soumis, comme l’activité humaine mais à une échelle différente, à l’action du temps. Inversement, l’histoire, relue à la lumière des indications de longue durée que fournit l’analyse géographique, révèle, au-delà du désordre et de la prolifération des événements contingents, des lignes de force, des « nécessités » qui, parfois, à des siècles de distance, font apparaître, à l’intérieur d’un espace donné, toujours identique et toujours différent, des structures et des dynamiques récurrentes. Il en va ainsi de la transformation, évoquée plus haut, des monts Albains en espace suburbain de sociabilité et de loisir, qui s’observe aussi bien dans la Rome républicaine et impériale que du temps de la Renaissance, où les Colli Albani, par un changement significatif, reçoivent alors le nom de Castelli Romani.
6À vrai dire, il est un peu vain de chercher, dans une analyse comme celle que nous tenterons ici, à délimiter exactement ce qui appartient à la géographie et ce qui revient à l’histoire. Car, à la relation simplement univoque de jadis, construite sur le modèle de la cause (la géographie) et de l’effet (l’histoire), l’évolution de la recherche substitue aujourd’hui la théorie d’une interaction permanente et réciproque de l’une sur l’autre, voire d’une véritable fusion des deux composantes dont la séparation de principe n’est plus reconnue comme légitime. C’est pourquoi, si nous devions désigner d’un mot notre démarche, nous nous rallierions volontiers au concept de « géohistoire » mis en avant et illustré par Fernand Braudel.
7Il va de soi que ces considérations délimitent un possibilisme qui est le contraire d’un déterminisme, et qui peut même être qualifié, dans la lignée des travaux de l’école de Vidal de La Blache, comme un antidéterminisme10. C’est ainsi que la même cause peut, suivant les contextes, produire des effets fort différents : aux temps de la protohistoire, l’abondance en eau de la région des monts Albains apparaît, aux yeux des spécialistes actuels11, comme l’une des causes majeures qui ont favorisé l’affirmation et l’épanouissement en ces lieux d’une civilisation de plus en plus distincte de ses voisines et à laquelle, à partir du xe siècle av. n. è. au moins, on peut appliquer le qualificatif de « latiale » ; aux temps de l’Empire, cette même abondance hydrographique sera le facteur le plus sûr de la totale sujétion de la région aux intérêts d’un autre « espace », celui de Rome, ce qui se marquera notamment par la construction d’aqueducs, comme l’aqua Virgo12 qui viendra chercher jusqu’aux ultimes contreforts des monts Albains le précieux liquide pour en faire bénéficier la métropole. Avant l’Empire, l’emissarium Albanum avait déjà été construit pour apporter les eaux du lac Albain à des terres proches de l’Vrbs. C’est que, dès les temps de l’archaïsme orientalisant, des gravitations nouvelles s’observent qui voient les plaines littorales bénéficier d’une intensification des échanges, tout en révélant, pour le développement concomitant de l’agriculture et d’une organisation politique et sociale fondée sur la cité, des atouts décisifs. D’ailleurs, dans cet entrelacs complexe de phénomènes agissant les uns sur les autres, et dont le tout constitue, pour chaque moment donné, la géographie d’une histoire et l’histoire d’une géographie, les rôles ne sont jamais figés, si bien que lorsqu’on croit constater, par exemple, sinon un dépeuplement, du moins une dévitalisation progressive de la zone des monts Albains au profit des communautés de la plaine13, on ne saurait, tant ces phénomènes paraissent interdépendants, décider sans peine ce qui est l’effet et ce qui est la cause.
8L’histoire même de la connaissance est, elle aussi, partie prenante dans la vision que l’on peut se faire de la physionomie du Latium des origines : histoire des développements des sciences géographiques (entendues au sens large) d’abord, comme le montre, de façon particulièrement éclairante, le curieux dialogue de sourds qui, de la fin du xviiie siècle à la fin du xixe, marque, pour notre sujet, les rapports de la géologie et de la paléontologie avec l’interprétation historique. L’exploration géologique du Latium, et particulièrement celle des monts Albains, est liée aux noms de G. B. Brocchi puis de Breislak14, qui, sur la base des travaux de W. Smith (1799), posèrent les premières pierres d’une géologie associant, dans ce but, données paléontologiques et stratigraphiques ; c’est ainsi qu’à côté de celle du Vésuve et de l’Etna (observés respectivement dès 1631 et dès 1669), l’étude des monts Albains et leur identification comme anciens volcans jouèrent, dans la constitution des sciences de la terre, un rôle non négligeable.
9Quel rapport, pourra-t-on se demander, tout cela peut-il avoir avec le Latium archaïque ? Un rapport qui, malgré les apparences, est direct : car ceux qui, à partir de 1816, trouvèrent les urnes-cabanes albaines – les premières du genre jamais mises au jour, sous réserve de trouvailles antérieures demeurées dans l’ombre –, interprétèrent la présence de la couche de terre durcie et particulièrement compacte qui les recouvrait comme la trace d’éruptions volcaniques postérieures à leur dépose15. Du même coup, ces vestiges se trouvaient relégués dans la plus lointaine préhistoire, selon une optique qui laissait aux seuls paléontologues et préhistoriens le soin d’éclairer des témoignages qu’on croyait devoir situer aux origines mêmes de l’espèce humaine, creusant ainsi entre ces trouvailles et la possibilité d’une interprétation en termes historiques un fossé demeuré longtemps infranchissable. Voilà ce qui explique que c’est surtout dans des organes scientifiques comme le Bullettino di Paletnologia Italiana ou le Bullettino del Vulcanismo Italiano16, que seront publiées des études, d’ailleurs peu nombreuses, sur les « vases funéraires albains » : dans les années 1860-1870, au moment où la découverte de la civilisation villanovienne permettrait enfin d’insérer la question des urnes albaines dans un contexte proprement historique, M. S. De Rossi, fidèle à l’interprétation vulcanologique, y réaffirme leur caractère préhistorique. Toute l’autorité de Schliemann, venu en 1875, au cours d’un entracte entre ses explorations troyennes et mycéniennes17, à la recherche de la métropole perdue des Latins, cette Albe que certainement il avait dans un premier temps imaginée sur le modèle de la Troie homérique, ne sera pas de trop pour mettre fin à cette erreur d’appréciation, sans doute due au prestige de cette science alors nouvelle qu’est la vulcanologie. L’archéologue allemand s’était rendu compte, en effet, très vite, grâce à un sondage pratiqué près de Marino, que la compacité de la terre observable en surface sur le sol des Castelli Romani ne pouvait en aucune façon être interprétée comme un dépôt volcanique : c’était, du même coup, rendre à l’histoire (ou tout au moins à ce qu’on appelle aujourd’hui la protohistoire) ce qu’on ôtait à la géologie et à la paléontologie. Or, sur le moment, la démonstration du découvreur de Troie ne fut pas sans susciter des réserves, et elle trouva même en M. S. De Rossi, qui s’était fait, avec G. Ponzi, le continuateur des recherches de Brocchi (et de Breislak), un contradicteur vigoureux18. Pressé, comme on sait, par d’autres urgences, et attiré vers d’autres horizons, Schliemann laissa là son adversaire à ses dénégations et ne poursuivit pas la discussion, continuée après lui par Pigorini, qui allait peu à peu imposer une chronologie exacte pour les urnes albaines.
10Si on avait ainsi tant de mal à renoncer à ce fascinant mirage d’une métropole ensevelie sous les laves, c’est sans doute que la science archéologique elle-même, qui commençait alors à s’affirmer comme une discipline à part entière, paraissait lui apporter la caution d’un modèle incontestable : en ce xixe siècle, n’était-on pas en train de mettre au jour, d’une manière de plus en plus méthodique19, à Pompéi et à Herculanum, les restes de deux villes qui avaient dû au Vésuve tout à la fois leur perte et leur conservation ? Et n’avait-on pas, précisément, avec le Monte Cavo tout proche, un volcan qui apparaissait comme un véritable « Vésuve romain », pour reprendre une expression révélatrice due au grand géographe Elisée Reclus ?20 D’un double point de vue, géologique et historique, il semblait donc tout à fait plausible d’imaginer que, conformément au schéma reconnu sur les rivages de Campanie, l’antique métropole du Latium, telle une « Pompéi préhistorique » (autre appellation significative alors fréquemment usitée)21, avait été submergée et détruite sous les effets d’une éruption volcanique22 : aussi est-ce avec toute l’assurance d’une science affermie par ses nouvelles conquêtes que le même Reclus pouvait affirmer que « des silex travaillés et des vases de terre cuite, que l’on a trouvés sous les masses épaisses du peperino volcanique, prouvent que le pays était habité lors des dernières éruptions par des populations civilisées : quelques-uns de ces vases sont même doublement prodigieux, parce qu’ils figurent des maisons de ces temps antérieurs à l’histoire »23. Rappelons qu’un des prédécesseurs de Reclus (il s’agit de Breislak) avait même été jusqu’à voir dans le Forum romain un ancien cratère, et ç’avait été par exemple, depuis la fin du xviiie siècle, une idée longtemps répandue que de voir dans l’Aventin les restes d’un volcan, en interprétant sous cet angle la légende de Cacus vomissant des flammes24. Séjournant dans les monts Albains en 1819, soit à peine deux ans après les découvertes de Carnevali, l’Anglaise Marie Graham se faisait l’écho presque immédiat de ces convictions vulcanologiques : « On est bien plus certain de l’existence de cratères dans les collines d’Albe, depuis la fondation des villes voisines [...]. Ces vases funéraires trouvés sous un lit de tuf volcanique, entre Marino et Castel Gandolfo, sont une preuve incontestable de la réalité de la chute de pierres et de sable, depuis le temps où le pays a été peuplé et civilisé ; car parmi les choses contenues dans les urnes étaient des instruments d’écriture »25.
11Pour échapper à des conclusions qui s’imposaient alors comme difficilement évitables, il devenait donc tentant de nier l’intérêt – pourtant incontestable – des découvertes de Visconti, et c’est ce qui explique une réaction comme celle dont fait état, dès 1828, L. Simond dans son Voyage en Italie et en Sicile : « La prétendue découverte de vases étrusques, qui a eu lieu récemment entre deux lits de ces rochers volcaniques du mont Albano, aurait fait croire que ces vases étaient antérieurs à leur formation, et qu’il existait alors des hommes et des hommes civilisés ; mais, après avoir fait grand éclat, la découverte a perdu tout crédit » (p. 86). Rien ne saurait mieux illustrer le poids de modèles venus d’ailleurs (la géomorphologie d’une part, l’archéologie campanienne d’autre part), qui conduisaient ainsi à une alternative doublement récusable : renvoyer, au mépris de toute vraisemblance, les mythes albains dans les ténèbres de la plus lointaine préhistoire ou, au contraire, refuser, au mépris des faits archéologiques, l’examen de trouvailles pourtant exceptionnelles. Dans les deux cas, de toute façon, le temps des initia s’éloignait bien au-delà de l’horizon de l’analyse historique, pour retomber dans le silence et l’oubli : de 1817, date de la première publication de la fameuse Lettera del Signor Dottore Alessandro Visconti al Signor Giuseppe Carnevali di Albano sopra alcuni vasi sepolcrali rinvenuti nelle vicinanze della antica Alba Longa, aux années 1870, qui virent les recherches de M. S. De Rossi, qui partait lui aussi d’un point de vue géomorphologique, s’ouvre ainsi un vide de près d’un demi-siècle dans la recherche savante sur les monts Albains. D’ordinaire inaperçue, une pareille faille n’est, notons-le en passant, pourtant pas sans conséquences pour l’état actuel de nos connaissances : lorsque l’intérêt pour le Latium préromain reviendra, bien des lieux de fouille auront dans l’intervalle perdu leur signalement, bien des témoignages n’auront pas été recueillis à temps, bien des collections auront été dispersées, perdues ou détruites ; la localisation exacte des découvertes de 1816 et 1817 a été longtemps discutée26 ; les objets trouvés lors de la fouille de la Vigna Tomassetti en 1817 ne peuvent pas être identifiés27 ; beaucoup de trouvailles eurent lieu avant l’arrivée sur place des archéologues (exemples de M. S. De Rossi à la Vigna Meluzzi28 ou de Lanciani à la Vigna Batocchi29) ; la collection rassemblée par Carnevali, le destinataire de la lettre de Visconti, fut dispersée après sa mort ; d’Augsburg à Stockholm, en passant par Berlin, Berne, Cambridge, Copenhague, Grottaferrata, Londres, Munich, Oxford, Parme, Philadelphie, Rome, la diversité des musées où l’on trouve du matériel albain est éloquente, et d’ailleurs bénéfique, si l’on songe que les collections des musées locaux de Lanuvio, Marino, Velletri ont, elles, disparu en grande partie sous les bombes de la Seconde Guerre mondiale.
12On voit donc que les aléas du savoir lui-même, tant du point de vue archéologique stricto sensu que sous le rapport d’autres sciences, influent directement sur l’image que l’on peut se faire du passé géographique d’une région comme les monts Albains. À propos, toujours, de cette impasse géomorphologique (ou vulcanologique) qui caractérise la discussion sur les monts Albains au xixe siècle, observons simplement que son « désenclavement épistémologique », si l’on veut bien nous permettre cette expression, viendra finalement de la découverte, à partir de 1854, de la nécropole de Villanova, qui fournira enfin un premier terme de comparaison et de datation pour les urnes-cabanes albaines, que M. S. De Rossi continuera cependant à considérer comme préhistoriques. Ensuite, l’identification, par Giacomo Boni30, sur le site du Forum romain, d’une nécropole de type « albain », donnera définitivement aux urnes-cabanes des monts Albains une place qui leur avait été longtemps contestée : trois ans plus tard, la monographie de Pinza31 consacrera cette réhabilitation en présentant en un tout chronologiquement ordonné les vestiges albains et romains du Latium primitif. À partir de là, il ne sera plus besoin de reculer dans la nuit des temps l’époque des urnes-cabanes de Visconti ou, symétriquement, de descendre exagérément bas celle des dernières éruptions du Volcan Latial. Mais les résurgences de ce long malentendu scientifique, qui est un peu l’équivalent pour les monts Albains de ce que fut, pour Rome même, le « roman des Terramares »32, seront perceptibles pendant longtemps : si l’énergie cinétique propre à toute théorie – fût-elle, comme c’est le cas en l’occurrence, devenue entre-temps obsolète –, une fois qu’elle a reçu l’appui majoritaire de la communauté des savants, peut suffire à expliquer qu’en 1902, dans sa monographie consacrée à l’Italie, le géographe T. Fischer déclare qu’« è probabile che il vulcano laziale sia stato attivo ancora nei tempi storici o protostorici. A Castel Gandolfo fu trovata sotto i tufi una necropoli preromana, ed in altri punti si rinvennero monumenti riferibili ai primi secoli di Roma coperti da tufi e materiali projettati »33, parlant d’« attività storica », on comprend moins, sinon à la lumière du principe d’inertie (et de répétition) auquel le discours scientifique n’échappe assurément pas toujours, qu’en 1931 encore, C. Romero, dans son étude sur le Latium34, ait cru devoir faire place à cette idée, fondée sur les fameuses urnes-cabanes de 1816, d’un volcanisme latial historique et post-albain.
13Ce détour, autant épistémologique que géomorphologique, aura permis de constater que, pour dresser le tableau géographique du Latium des primordia, on ne saurait se contenter d’un amas d’observations brutes, dont l’ensemble coordonné serait censé donner, de lui-même, un résultat cohérent et satisfaisant. L’exemple, exposé ci-dessus, des urnes-cabanes de 1816-1817 et des implications géographiques qu’on avait cru à tort devoir en tirer, illustre, de manière frappante, qu’il ne suffit pas de regarder, autrement dit de décrire une situation qui serait à elle seule la réalité, mais qu’il faut aussi analyser les éléments mêmes utilisés pour la description, cette description que Stendhal appelait de ses vœux tout en la récusant, ce qui était sans doute une manière d’en dénoncer l’impossibilité, bref, qu’il faut « regarder le regard », ou du moins le tenter.
14Pour ce faire, il conviendra de recourir à toutes les données disponibles. Au premier plan, bien sûr, celles que fournit l’archéologie, qui est évidemment le premier moyen pour connaître la chronologie et la répartition, sur le territoire des monts Albains, des différents sites d’habitats et de nécropoles35 ; de ce point de vue, les développements récents de ce qu’on appelle la prospection de surface36 ont apporté nombre d’éléments nouveaux et ont conduit à une augmentation notable de nos connaissances. Mais on ne saurait oublier les données les plus classiques, autrement dit les sources anciennes dont, contrairement à ce qu’on pourrait croire, l’enseignement est loin d’être épuisé. Les textes antiques, qu’il s’agisse d’indications fugitives, de notices érudites ou de développements plus substantiels, contiennent de multiples indications, Pline l’Ancien et Strabon étant, pour le Latium, les deux auteurs les plus précieux. Il reste que la discrétion des Anciens sur nombre de points est indéniable et ne doit jamais être oubliée, si l’on ne veut pas courir le risque de tirer de l’argument e silentio des conclusions abusives. Rien, chez les auteurs anciens, n’est dit sur l’assèchement du lac d’Aricie, qui semble pourtant avoir été effectué au début de l’Empire37 ; il n’y a rien non plus sur le lac de Castiglione, dont les fouilles dirigées par A. M. Bietti Sestieri ont révélé l’importance dans le Latium protohistorique et archaïque et dans l’histoire de Gabies38 ; pourquoi, enfin (mais il y aurait d’autres exemples), les textes, si bavards sur l’émissaire du lac d’Albe, ne disent-ils rien (à l’exception de Strabon) sur celui du lac de Nemi, qui apparaît pourtant à peu près contemporain du premier et d’égale importance ?
15Parce que les sources antiques sont ainsi lacunaires, de fait (il y a des œuvres perdues, comme le traité De situ urbium Italicarum d’Hygin)39 ou d’intention (dans les exemples précités), on ne saurait donc s’en contenter comme le firent en général les anciens ouvrages40 de géographie historique du xixe siècle, ceux de Mannert, de Nissen ou de Forbiger, qui reste à notre avis le modèle du genre de ce point de vue.
16L’historicité même du fait géographique rend nécessaire le recours à d’autres types de sources : en premier lieu, bien sûr, les travaux des cartographes qui, à partir de la Renaissance, ont œuvré pour donner du Latium, qui fut un des terrains de prédilection de la naissante géographie historique (celle-ci étant elle-même en partie à l’origine de la géographie moderne)41, une image de plus en plus précise. Noms de lieux autrement oubliés, marais et lacs asséchés, forêts déboisées, chemins effacés42, c’est tout cela qui apparaît sur quelques-unes des cartes que A. P. Frutaz a rassemblées dans un recueil qui rend leur consultation aussi aisée qu’elle est indispensable43.
17Comme il arrive toujours lorsque, dans un sujet d’étude, les sources directes sont trop rares, la comparaison peut à l’occasion s’avérer un précieux instrument d’investigation. Plus qu’avec les données recueillies par les statisticiens du xixe siècle44, dont l’un des plus connus est l’ancien préfet napoléonien Tournon45, à l’ouvrage duquel Bachofen46 et Beloch avaient fait appel, données quelque peu sujettes à caution étant donné leur date et les transformations techniques qui les avaient précédées, c’est vers une confrontation avec les résultats d’une enquête dans les sociétés du Moyen Âge que s’est orientée la recherche récente47, sur la base fournie par la monographie fondamentale de Pierre Toubert sur Les Structures du Latium médiéval48. Confrontation tout à fait légitime, si l’on n’oublie pas qu’elle aboutit autant à délimiter les caractères propres à chaque période qu’à retrouver des continuités dans la très longue durée, tant furent profondes les transformations49 qui s’illustrèrent dans le phénomène structurel de l’« incastellamento » mis en lumière par P. Toubert : défrichements à partir du viiie et surtout du xe siècle50, et conséquemment abandon pour les périodes antérieures, nette intensification de la polyculture vivrière au xiiie siècle51, récession aux xive et xve siècles52, voilà des évolutions marquantes dont les effets furent certainement considérables – en termes notamment de production agricole – et qui interdisent une utilisation comparative directe qui ne tiendrait pas compte d’indéniables spécificités diachroniques.
18À côté de ces voies de recherche aujourd’hui bien explorées, il en est une autre qui n’a pas reçu l’attention que, nous semble-t-il, elle mériterait, et qui est même restée jusqu’à ce jour presque entièrement infréquentée. Il s’agit de ce que Louis Robert, qui n’a cessé de prouver dans ses études sur l’Asie Mineure combien elle était utile pour la connaissance des sites antiques, appelait « l’histoire de l’exploration ».
19Pour le Latium, comme pour la Carie, la lecture des anciens récits de voyages restitue fréquemment des éléments irremplaçables et qui demeureraient inconnus autrement. Car, qu’ils fussent à pied, à cheval ou en « voiture », ces voyageurs ont parcouru le pays dans les conditions qui étaient celles des Anciens eux-mêmes : « Ils avaient l’avantage, souvent durement payé, d’observer avec des yeux de piéton et, le plus souvent, de cavalier, comme voyageaient et regardaient les Anciens »53. Ils nous restituent ainsi, d’un espace dont ils ont par eux-mêmes pris la mesure, une perception, une vision qu’il serait désormais souvent impossible d’avoir sans eux. Cela l’est même d’autant plus que l’histoire récente a fait subir à la géographie du Latium des transformations souvent irréversibles. Des sites, restés jusque-là intacts, ont alors purement et simplement disparu, pour ainsi dire rayés de la carte archéologique, scientifique (et aussi écologique) du Latium. Comme ils l’étaient déjà pour Pline l’Ancien, mais d’une manière cette fois irrémédiable, puisque effacés et devenus inaccessibles à l’archéologue, bien des lieux, liés aux traditions les plus anciennes de Rome, ne sont plus pour nous que des noms. Le béton a recouvert l’emplacement de ce qui fut Ficana, Nomentum, Anzio, Fidènes, Bovilles ; il rôde autour de Lavinium et de Gabies ; les acropoles d’Ardée et de Satricum ont été éventrées ou abaissées (par comblement des vallées qui les entouraient) et la Solfatare, l’Albunea de Virgile, que Carcopino pouvait encore voir et décrire, l’Enéide à la main, n’est plus54. La zone entière des monts Albains tend à n’être désormais qu’une banlieue de Rome. Il était assurément plus aisé de conserver des vestiges dans un Latium que, pendant des siècles, la malaria avait réduit à n’être qu’un « désert », selon le mot qui revient constamment sous la plume des anciens voyageurs, et ce phénomène de déprédations ne date pas d’hier. Ce qui est nouveau, toutefois, c’est son ampleur, l’accélération qui le caractérise depuis les années 1950 et surtout 1960, au moment même où les progrès de l’archéologie eussent consenti une lecture chronologiquement rigoureuse du « matériel » mis au jour et, presque toujours, aussitôt dispersé ou détruit55. Au siècle des autoroutes et des voies rapides, des paysages aplanis et transformés par la pratique des labours profonds ou par l’installation de carrières, quand ils ne sont pas définitivement absorbés, anéantis par une urbanisation en croissance constante, où pourrait-on, par conséquent, retrouver les vallons ombreux, les mille et un cours d’eau, les marais grouillants de vie, les forêts immenses qui caractérisaient le Latium d’avant l’ère industrielle, si ce n’est dans ces chroniques d’un temps perdu, mais retrouvé grâce à elles ? Écrits par leurs auteurs pour être d’abord des voyages dans l’espace, le premier intérêt des anciens récits de voyage est d’être devenus pour nous, « entre-temps », les véhicules irremplaçables d’un fascinant et immobile voyage dans le temps : situés ainsi dans un ailleurs qui est devenu un avant et qui, aujourd’hui, ne se situe plus nulle part, ils décrivent, sur le mode de l’observation vécue, avec (dans les meilleurs des cas) un souci du détail vrai et concret que dédaignait, à l’époque, la grande littérature, un présent qui est maintenant pour nous le plus évocateur des passés.
20Pour le Latium, l’enquête est à faire presque entièrement : indispensables instruments d’exploration, la précieuse Bibliographie italico-française universelle des voyages, de Joseph Blanc, ainsi que, pour les xviie et xviiie siècles, le « guide des guides » que constitue la synthèse de L. Schudt, Italienreisen im xvii und xviii Jahrhundert, et maintenant, inventoriée par V. Castiglione Minischetti, G. Dotoli et R. Musnik, la Bibliographie du voyage français en Italie, du Moyen Âge à 191456. On trouvera ici les éléments les plus significatifs que nous avons recueillis pour les monts Albains. Sur le modèle fourni par Louis Robert, nous avons choisi de donner des citations assez étendues de nos auteurs, considérant que la justification apportée par l’illustre épigraphiste à ce procédé demeurait, dans le cas du Latium, pleinement valable : « Certains des voyageurs dont je réunis les textes pour tel ou tel site, écrivait en effet l’auteur de l’étude sur La Déesse de Hiérapolis Castabale (Cilicie)57, ne sont certes pas toujours faciles à consulter, et pour le commun des lecteurs et parfois même dans les bibliothèques d’une grande capitale, et le cas n’est pas rare où ce serait comme une mauvaise plaisanterie que de donner un simple renvoi à une publication inaccessible – même s’ils la voulaient rechercher – à 99 % des lecteurs. D’autre part, c’est une question de justice envers la mémoire de tant d’anciens voyageurs très méritants que de leur assurer le bénéfice et la priorité de leurs observations ». Cependant, plutôt que d’exposer d’un seul tenant, comme l’avait fait Louis Robert, par exemple dans son volume sur Le Plateau de Tabai et ses environs58, l’apport de ces différents voyageurs à la connaissance du pays, nous avons jugé mieux adapté aux objectifs de notre étude comme au grand nombre des voyageurs en question, de répartir à l’occasion de chacun des sujets étudiés, les indications qu’ils donnent. Qu’ils aient été des ecclésiastiques férus d’antiquité comme Capmartin de Chaupy ou les abbés Barthélémy et Richard, des administrateurs comme le préfet Tournon, des architectes comme Piranèse, des agronomes comme Lullin de Châteauvieux, des amateurs distingués comme Bonstetten ou des « touristes » comme la téméraire Miss Graham, on verra que ces voyageurs fournissent un matériau d’observation que les contributions ultérieures des spécialistes, quelle que soit leur qualité (qui est très grande), ne remplacent pas. Avant même l’avènement de la topographie et de l’archéologie scientifiques, bien des choses, en effet, avaient déjà commencé à changer irrémédiablement dans le Latium et les monts Albains, sans compter que le point de vue non spécialisé de ces observateurs les rend souvent sensibles à des détails en apparence insignifiants mais qui se révèlent aujourd’hui précieux. De ces anciens voyageurs, seuls quelques-uns comme Tournon, ou Bonstetten, en raison de l’inspiration virgilienne très marquée de son enquête et que traduit bien son titre, ont été parfois étudiés çà et là, le cas de Stendhal étant évidemment à part ; le premier exemple, à notre connaissance, d’une utilisation systématique est fourni par la relecture de Bonstetten qu’on trouve dans le travail de Jérôme Carcopino sur Virgile et les origines d’Ostie59.
21Il reste que, depuis le début de ce siècle, par rapport aux travaux de Louis Robert, l’optique de lecture a nécessairement changé du tout au tout : s’il s’agissait alors de retrouver dans d’anciennes descriptions la preuve de la permanence de paysages dont la pérennité séculaire se trouvait ainsi mise en lumière60, le recours à cette littérature de voyages aboutira plutôt aujourd’hui à mettre en évidence les métamorphoses subies par la région latiale. On peut se demander du reste pourquoi, dans les travaux sur la géographie du Latium, ce fonds documentaire, pourtant précieux, a été en général délaissé. C’est que, contrairement aux plateaux perdus de l’Asie Mineure qu’étudiait Louis Robert, les monts Albains, tout proches comme ils sont de Rome, ne semblaient pas a priori pouvoir faire figure de terra incognita. Proximité et facilités d’accès – d’ailleurs toutes relatives avant la construction du chemin de fer61 – pourtant trompeuses, d’autant plus que, bien souvent, les seuls lieux visités ou évoqués dans la région des monts Albains par ces voyageurs étaient ceux qui pouvaient leur servir d’étapes sur l’Appia en direction de Naples ; le Monte Cavo, par conséquent, situé à l’écart des grands itinéraires, est demeuré souvent sans visiteurs62. Ajoutons qu’on s’aperçoit en les lisant que l’intérêt pour l’Antiquité et ses vestiges l’a longtemps cédé, chez ces auteurs, à un autre, à visée presque sociologique, pour les mœurs et coutumes en usage auprès des habitants des contrées qu’ils traversaient. De plus, la vision directe et en principe personnelle des faits relatés, la diversité des expériences ne s’opposent pas toujours, bien au contraire, à l’uniformité, voire à la répétition terme à terme des descriptions... Toutes ces réserves n’empêchent pas que le voyage dans cette source documentaire bien peu explorée puisse et doive être tenté.
22À vrai dire, ce qui a pu en dissuader, c’était l’existence, à partir du tout début du xixe siècle, de toute une littérature spécialisée, due à des « antiquaires » et archéologues dont l’œuvre, orientée de façon prédominante vers des problèmes d’identification topographique, est, elle, bien connue63 et toujours riche de suggestions. Ici, les noms d’Antonio Nibby64, de Carlo Fea65, de William Gell66, de Luigi Canina67, de Thomas Ashby68, de Giuseppe Tomassetti69, de Rodolfo Lanciani70, inaugurèrent une riche tradition d’études continuée récemment avec les publications de Lorenzo et Stefania Quilici71. Il serait injuste d’omettre les précurseurs trop souvent méconnus que furent l’auteur des trois volumes de la Découverte de la maison d’Horace72, où il est question de bien autre chose que de la seule localisation de la demeure du poète des Épîtres, et Ricco Volpi, qui publia à partir de 1726 un monumental Vetus Latium dont les dix volumes s’échelonnent jusqu’en 1745, sans oublier naturellement les ouvrages fondateurs de Cluver et de Kircher73.
23Ainsi combinés entre eux, ces travaux de nature et de date différentes, auxquels il faudrait pouvoir ajouter l’apport de ce qu’on pourrait appeler les « sciences auxiliaires de l’archéologie » (qui elle-même était encore définie naguère en tant que « science auxiliaire de l’histoire »), comme la paléobotanique ou la paléoclimatologie74, d’abord utilisées par les préhistoriens mais de plus en plus présentes aujourd’hui dans l’étude des périodes plus récentes, peuvent-ils permettre de mieux évaluer l’interaction entre cadre naturel et activité humaine dans la constitution d’un espace comme les monts Albains afin d’œuvrer à la reconstruction d’un passé géo-historique ? Bien sûr, il ne saurait être question, pour l’historien, comme le note P. Toubert, de « former le projet puéril de tenir au pied levé le rôle du géographe défaillant »75, tâche qui excéderait d’ailleurs de beaucoup nos propres compétences. À tout le moins peut-il contribuer, par son travail spécifique, à mettre en lumière, à partir des différents types de sources que nous venons d’indiquer, une dimension « phénoménologique »76 et culturelle trop souvent oubliée par une géographie dont les évolutions récentes se fondent surtout sur les progrès des technologies informatiques. Faisant de nécessité vertu, l’historien de l’Antiquité, lui, ne peut que prendre acte, pour les périodes qu’il étudie, de l’absence presque totale de toute base statistique, et ce n’est pas le moindre paradoxe qu’il s’aperçoive, chemin faisant, que certains aspects de sa démarche, notamment le recours à tous les types de documents « littéraires », se retrouvent aujourd’hui dans les préoccupations actuelles d’une géographie qui, pour en avoir peut-être trop usé, semble avoir perdu la foi dans les révélations nées du chiffre et de l’algorithme77. Sans doute, certains signes laissent-ils pressentir, dans les perspectives ouvertes par cette « géohistoire » qui vient prendre la succession de la traditionnelle géographie historique, une direction de recherche d’avenir78.
24C’est pourquoi, autant et plus qu’un bilan des éléments déjà acquis, les pages qui suivent n’ont pas l’ambition d’être autre chose qu’un inventaire des lacunes, des obscurités, mais aussi des possibilités d’un territoire scientifique dont l’exploration systématique serait, à n’en pas douter, du plus haut intérêt pour une meilleure connaissance de l’histoire du Latium archaïque, dans ses origines comme dans ses développements ultérieurs79.
Notes de bas de page
1 Stendhal, Rome, Naples et Florence (1826), éd. Del Litto, Paris, 1973, p. 582 : « Je suis établi depuis un mois à Castel Gandolfo ; je passe ma vie sur les bords du lac Albano et à Frascati. Ce serait être injuste... ». Ce passage est daté fictivement du premier octobre 1817, à Castel Gandolfo ; en réalité, Stendhal est à Rome en décembre 1816 et janvier 1817, et il n’y revient qu’en 1823 : voir, in Stendhal, Roma, l’Italia, M. Colesanti et alii éd., Rome, 1985, les « tavole cronologiche », sous la dir. de L. Norci Cagiano, p. 554 et s. S. se trouvait donc à Rome au moment où l’on parlait des urnes-cabanes albaines, connues au moins depuis le mois de février 1817, date des fouilles de Carnevali, le destinataire de la lettre d’A. Visconti parue dès la même année et republiée en 1823 dans les Atti dell’Accademia Romana di Archeologia, 1, 2, p. 319 et s. Or S., qui lisait les travaux de C. Fea, ainsi que ceux de G. Tambroni, protagonistes scientifiques de l’affaire, et qui cite à plusieurs reprises les Voyages de Miss Graham et de L. Simond, où l’on trouve mention de ces fouilles, garde constamment le silence, que ce soit dans ses Promenades dans Rome comme dans les éditions successives de son Rome, Naples et Florence, sur des découvertes qui avaient pourtant fait un certain bruit. Que faut-il en penser ? Sans doute les vives batailles entre érudits, à propos d’objets que les uns (C. Fea) plaçaient aux temps des origines de Rome, les autres (les plus nombreux) dans la plus lointaine préhistoire, et d’autres encore (Giuseppe Tambroni, « un homme très fin de ce pays-ci », que S. appréciait fort) à l’époque des Huns (cf. la communication à l’Académie de Rome, recueillie dans les Memorie romane di antichità e di belle arti, 1, Rome, 1824, p. 167 et s.) devaient-elles l’agacer. L’auteur des Promenades dans Rome reviendra, en 1827, dans les « délicieux coteaux d’Albano » : « Un français fort obligeant, établi à Rome, nous a fait avoir une belle maison de campagne près du lac d’Albano. [...] De ma fenêtre, je pourrais jeter une pierre dans le lac de Castel Gandolfo, et de l’autre côté, à travers les arbres, nous voyons la mer. [...] Pour tout dire en un mot, ceci est comparable aux rives du lac de Como, mais d’un genre de beauté bien plus sombre et majestueux » (éd. citée supra des Voyages en Italie, p. 626 et 627).
2 Voir la description de Strabon, 5, 239, 12 ; sur ce sujet, voir les travaux classiques de G. Lugli, notamment ses articles : « Le antiche ville dei Colli Albani prima della occupazione domizianea », in BCAR, 42, 1914, p. 251-316, ceux concernant la villa de Domitien parus ib., dans les numéros 45 à 48 de 1917 à 1920, ainsi que sa note « Avanzi di antiche ville sui Colli Albani », in NSA, 1921, p. 263-273. On s’accorde aujourd’hui à reconnaître à ces villas une fonction non seulement résidentielle, mais aussi économique. Voir F. Coarelli, Dintorni di R., p. 72-85 et p. 115-126. Pour les découvertes récentes, se référer aux colloques parus de 1978 à 1995 sous le titre Archeologia Laziale (continués maintenant par la série Lazio e Sabina) : voir par ex., dans le vol. 8 (1987) d’Arch. Laz., G. Ghini sur « La villa dei Quintili a Monteporzio » (p. 227-238) et, dans le vol. 10 (1990), P. Chiarucci et T. Gizzi, « Villa di età romana ai ‘Cavallacci’ in Albano » (p. 201-204). Sur les villas de la Renaissance, cf. la bibliographie donnée par G. Ghini, o.c., p. 229, n. 6. Sur Domitien, en dernier lieu : H. von Hesberg, « Il potere dell’otium. La villa di Domiziano a Castel Gandolfo », in Arch Class, 57, 2006, p. 221-244.
3 Outre le propos général de L. Febvre, La Terre et l’évolution humaine. Introduction géographique à l’histoire, Paris, 1922, on verra l’ouvrage de P. Brunhes et C. Vallaux, La Géographie de l’histoire, Paris, 1921, partic. p. 33 et s., sans oublier W. G. East, The Geography behind History, Londres, 1938, ni, surtout, M. Cary, The Geographic Background of Greek and Roman History, Oxford, 1949, p. 128 et s. ; cf. aussi C. T. Smith, An Historical Geography of Western Europe before 1800, Londres, 1967, p. 3-56 et p. 62-66, et id., Western Mediterranean Europe : a Historical Geography of Italy, Spain and Southern France since the Neolithic, Londres, 1979.
4 Cf. M. Pinna, « Ippocrate fondatore della teoria dei climi », in Riv. Geogr. Ital., 1988, 95, p. 3-19 (à propos d’Hipp. , De aeribus, 12, et d’Aristote, Pol., 1327 b, 23-33) ; voir aussi P. Fedeli, La natura violata. Ecologia e mondo romano, Palerme, 1990, p. 23 et s.
5 Pour l’Italie centrale, voir les travaux de G. Barker, notamment Landscape and Society. Prehistoric Central Italy, Londres, 1981, trad. italienne Ambiente e società nella preistoria dell’Italia centrale, Rome, 1984, p. 143 et p. 201, ainsi que Prehistoric Farming in Europa, Cambridge, 1985 ; cf. aussi R. Peroni, Protostoria dell’Italia continentale. La penisola italiana nelle età del bronzo e del ferro, Rome, 1989, p. 100 et p. 113, qui rappelle que les charrues les plus anciennement attestées en Italie proviennent de la plaine du Pô (à Ledro près de Trente et à Lavagnone près de Brescia) : il s’agit d’instruments en bois, datant du Bronze Ancien (avant le xvie s. av. n. è.). Pour les sources littéraires, cf. F. De Martino, Nuovi studi di economia e diritto romano, Rome, 1988, p. 53, n. 2 et p. 153, n. 31.
6 Charles Victor de Bonstetten, Voyage sur la scène des six derniers livres de l’Énéide, an XIII (1804), Genève. Sur Bonstetten, ami de Mme de Staël, voir Italiam ! Italiam ! C.v. de B. redécouvert, édité et commenté par D. et P. Walser-Wilhelm, Bern-Paris, 1996. À noter que le recenseur du Voyage pour Le Globe (26 mars 1825) ne sera autre que le jeune Ampère (voir Sainte-Beuve, Nouveaux Lundis, 13, Paris, 1870, p. 201) qui, plus tard, parcourra lui-même la Campagne romaine en compagnie de P. Rosa. L’an XIII, c’est aussi la date à laquelle paraît la fameuse « Lettre sur la Campagne romaine » de Chateaubriand qui, dans les Mémoires d’outre-tombe, tient à souligner sa priorité, parlant du « Voyage de M. Bonstetten, publié à Genève en 1804, un an après ma lettre à M. de Fontanes (imprimée dans le Mercure à la fin de l’année 1803) » (3e Partie, 2, l. 8, chap. 9) ; mais la date de publication étant en réalité le 3 mars 1804 (cf. éd. M. Levaillant, ad loc.), les deux écrits sont contemporains, ce qui n’empêchera pas évidemment de reconnaître à Chateaubriand, qui parle de « la voie d’admiration que j’ai eu le bonheur d’ouvrir », le premier rôle...
7 Perceptible, on le verra, assez nettement à l’époque moderne, ne serait-ce qu’à travers la confrontation des différents témoignages de voyageurs qui se sont succédé dans la région. D’un point de vue plus général, le rythme d’alluvionnement du Tibre fournit peut-être un indice objectif et quantifiable d’une déforestation assez nette du Latium à l’époque romaine, même si d’autres causes tenant à la morphologie fluviale proprement dite ont joué : voir à ce sujet la synthèse d’A. G. Segre dans les Actes du colloque, Il Tevere e le altre vie d’acqua del Lazio antico, S. Quilici-Gigli éd., Rome, 1986, p. 9-17. Il semblerait en effet qu’à partir du règne de Claude, on assiste à une « maggiore deposizione dei materiali asportati dalle sponde tiberine » (p. 16). Pour la protohistoire, G. Barker, citant notamment les travaux de C. Vita-Einzi (The Mediterranean Valleys, Londres, 1969), souligne les traces d’un accroissement des alluvionnements vers le milieu du premier millénaire av. J.-C., en relation probable avec la déforestation : cf. Ambiente..., o.c., p. 202.
8 Cf. La Via Appia, S. Quilici-Gigli éd., Arch. Laz., 10, 1, 1990, et particulièrement la contribution de G. Uggeri, « La Via Appia nella politica espansionistica di Roma » (p. 21-28). L’Appia néglige ainsi Velletri et Cora, même si jusqu’à Aricie elle correspond, à notre avis, à un parcours protohistorique : cf. notre contribution aux Mél. C. Moussy, Louvain-Paris, 1998, p. 201-206. De même, la V. Latina sera « détournée » du mons Albanus et dirigée vers le sud-est : cf. infra p. 626.
9 La référence classique à ce sujet est évidemment l’ouvrage d’E. Sereni, Storia del paesaggio agrario italiano, Bari, 1962, trad. française par Louise Gross publiée en 1964 (Paris) sous le titre Histoire du paysage rural italien, p. 19-22 et p. 27-55. Voir aussi L. Gambi, « I valori storici dei quadri ambientali », in Storia d’Italia, R. Romano, C. Vivanti et alii éd., Turin, 1, I caratteri originali, 1972, p. 5-60.
10 On lira à ce sujet les réflexions de P. Claval, « Les géographes français et le monde méditerranéen », in Annales de Géographie, 97, 1988, p. 385-403.
11 Voir le dense bilan collectif publié dans le colloque sur Il Tevere e le altre vie d’acqua del Lazio antico, (cité supra n. 7), sous le titre : « Preistoria e Protostoria nel territorio di Roma. Modelli di insediamento e vie di comunicazione », p. 30-70, partic. p. 63.
12 Sur la continuité d’usage de l’aqua Virgo, qui alimente encore aujourd’hui les fontaines de Trevi et de la place Navone, voir L. Quilici, in Il trionfo dell’acqua. Acque e Acquedotti a Roma, iv sec. a. C. – xx sec., catalogue d’exposition, Rome, 1986, p. 65. L’aqueduc, long d’une vingtaine de kilomètres, prend naissance à un endroit qui est peut-être le même que celui des sources de l’Appia (cf. Frontin, 5, 4 et commentaire de P. Grimal dans son édition de cet auteur, Paris, 1944, p. 68, n. 8). Auparavant, Agrippa avait déjà, reprenant sans doute un projet de César, construit l’aqua Iulia, dont Ashby a situé la source près du Ponte degli Squarciarelli, non loin de Grottaferrata (cf. The Aqueducts of Ancient Rome, Oxford, 1935, p. 161-166 et p. 167-182 pour la Virgo), tout près aussi de la source de l’aqua Tepula, dont la Iulia n’était qu’un « remaniement » (P. Grimal, o.c., p. 68, n. 7) : cf. Frontin 8, 9 et 68 et, a contrario, pour illustrer la sujétion hydrographique des monts Albains à l’égard de Rome durant l’Empire, l’anecdote révélatrice des habitants de Tusculum à qui Frontin laisse l’usage d’un cours d’eau : Exclusa ergo est Crabra et totam iussu imperatoris reddidi Tusculanis qui nunc forsitan non sine admiratione eam sumunt, ignari cui causae insolitam abundantiam debeant (9, 7, avec n. 27, p. 72 de l’éd. Grimal).
13 Sur ce problème, cf. infra p. 489 et s.
14 Cf. M. Gortani, in Enciclopedia Italiana, Rome, 1950, vol. 16, article « Geologia », p. 620-621 et vol. 35, art. « Vulcanologia », p. 617. Leur successeur direct fut Giuseppe Ponzi, titulaire d’une chaire d’« anatomie comparée » à l’Université de Rome, et dont il sera question plus loin. Pour d’autres noms, cf. G. Tomassetti, La Campagna Romana antica, medioevale e moderna, 1, Rome, 1919 (abrégée désormais : Tomassetti, C.R. ; cf. réf. complète infra, n. 69), p. 6, n. 1, et, d’un point de vue plus général, G. Gohau, Histoire de la géologie, Paris, 1987, p. 133 et s.
15 Sur tout ceci, voir P. G. Gierow, IAL 2, p. 310-352, et infra p. 286 et s.
16 C’est au BVI, dès son premier numéro (1874), que M. S. De Rossi confiait la description d’une « Terra cotta primitiva rinvenuta entro la massa del peperino vulcanico nei colli tusculani » (voir aussi les numéros de 1876, 1877, 1878 et 1880) et c’est dans le BPI qu’en 1924 et 1931 encore, V. Antonielli livrait le résultat de ses travaux de « paletnologia laziale ».
17 Sur cet épisode, révélateur dans l’optique de la quaestio uexata qu’est la localisation d’Albe, voir la correspondance de Schliemann pour l’année 1875 : E. Meyer, H. Schliemann’s Briefwechsel, 1, Munich, 1953, p. 290-296 ; cf. infra p. 235 et s.
18 Voir le titre de ses articles (cf. aussi supra n. 16) : « Nuove scoperte nella necropoli arcaica albana d’aes grave fra le rocche vulcaniche laziali. Quarto rapporto paleoetnologico », in Ann. Inst., 43, 1871 et « Sepolcreto arcaico in Grottaferrata, e schiarimenti sul seppellimento vulcanico delle stoviglie primitive laziali », BVI, 4, 1876-1877, sans omettre : « Sugli studi e sugli scavi fatti dallo Schliemann nella necropoli arcaica Albana », BPI, 1, 1875. A l’arrière-plan, il y a sans doute la naissance de la préhistoire, au croisement de « l’anatomie comparée » et de la géologie stratigraphique, avec le grand débat autour de l’idée de « l’homme antédiluvien » défendue par Boucher de Perthes : voir C. Cohen et J. J. Hublin, B. de P. Les origines romantiques de la préhistoire, Paris, 1989). Sur M. S. De Rossi (1834-1898), cf. le Diz. Biogr. It., 39, 1991, p. 230-235 (P. Corsi). Pour les interventions de Pigorini, voir les discussions résumées in Bull. Inst., années 1871 et suiv.
19 Cf., à cet égard, le catalogue de l’exposition, Pompei, i tempi della documentazione, Naples, 1984 : à partir de la nomination de G. Fiorelli (qui deviendra ensuite Directeur des Antiquités et des Beaux-arts du nouveau Royaume d’Italie), une étape décisive est franchie avec la cartographie du site de Pompéi, ainsi que le catalogage systématique des fouilles déjà faites.
20 Nouvelle Géographie universelle, Paris, 1876, p. 440. L’assimilation avait déjà été formulée antérieurement, par exemple dans le « Mémoire sur la zone volcanique de l’Italie », par « Joseph Ponzi, Professeur d’anatomie comparée à l’Université de Rome », publié dans le Bulletin de la Société Géologique de France, 2e série, t. 7, 1850, p. 6. Il n’est pas question, bien sûr, de mettre ici en doute sa pertinence géologique, mais simplement son utilisation dans le domaine historique, qui, elle, n’est pas fondée.
21 M. S. De Rossi dans son « Rapporto » de 1867 (in Ann. Inst.), parle du « cratere alba-no che sepellì questa Pompei primitiva » (p. 43), ou encore d’une « Pompei laziale » (p. 45), devenue « Pompei preistorica » dans le « Secondo rapporto » de 1868 (in Giorn. Arc.).
22 La comparaison avec Pompéi figure aussi dans le Mémoire du duc de Blacas, daté de 1865 (Mém. Soc. Imp. des Ant. de France, 28, 3 s., t. 8, p. 92-110), qui se présente comme une tentative de conciliation entre les thèses antagonistes de Rosa (partisan d’une datation récente des « vases funéraires ») et de Visconti (qui les considérait au contraire comme « prévulcaniques »). Après avoir repris le parallèle Monte Cavo-Vésuve (p. 100 et 101), le duc conclut « avec Visconti que la nécropole de Marino a été recouverte par un torrent de peperino » (p. 207), et avec Rosa « que, si les vases d’Albano ne sont pas contemporains de l’origine de Rome, ils ne l’ont précédée que de quelques années seulement : en un mot, nous pensons que ces urnes renferment les cendres des populations de ces montagnes à l’époque où florissait Albe-la-Longue » (p. 108).
23 O.c., p. 442. On peut s’étonner de la mention de « silex travaillés » faite par Reclus, alors que les trouvailles de 1816-1817 n’en comprenaient nullement, et pour cause, les urnes-cabanes étant bien postérieures aux temps néolithiques. C’est l’« appendice ostéologique » dû à Ponzi et ajouté par De Rossi à son rapport de 1867 qui semble responsable de cette méprise. Du fait même de ses convictions « vulcanologiques », De Rossi fit en effet ajouter une liste, fort utile au demeurant, de toutes les trouvailles préhistoriques latiales alors connues. Cette confusion de Reclus s’explique aussi à notre avis par l’autorité acquise désormais, à partir des années 1860, par l’archéologie préhistorique, dans la constitution de laquelle le problème des silex avait précisément joué un rôle essentiel (voir le livre de C. Cohen et J. J. Hublin cité supra n. 18).
24 Voir l’allusion d’Ampère dans son Histoire romaine à Rome, 1, Paris, 1862, p. 9.
25 M. Graham, Séjour de trois mois dans les montagnes de Rome pendant l’année 1819, Paris, 1822, p. 92 (sur l’auteur, cf. infra p. 56). La précision sur la provenance correspond aux indications de Visconti ; quant à la mention d’« instruments d’écriture », il doit s’agir, à notre avis, d’une de ces petites épées miniatures en bronze, dont plusieurs exemplaires furent découverts en 1816 et 1817 (cf. IAL 2, p. 351, n° 32 et 33) et qui ont pu assez facilement être confondues avec de rudimentaires stylets. « Le style » dont le duc de Blacas mentionne la présence dans les objets qu’il avait acquis et qui provenaient des trouvailles de 1816-1817 s’explique par la même confusion.
26 Cf. IAL 2, p. 311et infra p. 283 et s.
27 Ib., p. 312-320.
28 Ib., p. 123.
29 Ib., p. 112 ; autres ex. p. 135 et 246.
30 A partir de 1902 (cf. NSA, 1902, -3, -5, -6 et -11). Cette même année 1902 voit la publication, par Colini et Mengarelli, de la nécropole de la Villa Cavalletti à Grottaferrata (NSA, p. 135 et s.).
31 Monumenti primitivi di Roma e del Lazio antico (= MonAntLinc, 15), Rome, 1905.
32 Nous empruntons cette expression à Pierre Grimal, L’Italie retrouvée, Paris, 1979, p. 322. Sur cette affaire, cf. aussi A. Grandazzi, Fondation de Rome, p. 140-141.
33 La Penisola Italiana, Turin, 1902, p. 61. On remarquera la localisation à Castel Gandolfo des découvertes de 1816-1817, qui concernent tout autant Marino. La raison en est sans doute qu’en 1901, T. Ashby avait, on le sait, proposé de situer à Castel Gandolfo le site d’Albe. La boucle était ainsi bouclée, selon un raisonnement qui n’a pas peu contribué à la popularité de cette hypothèse : le site de l’antique métropole latine se situait, disait la critique topographique, à Castel Gandolfo ; or c’est précisément à ce lieu qu’on rapportait les découvertes de Carnevali...
34 Caputo Romero, Il Lazio, Rome, 1931, p. 380. Quelques années auparavant (1926), Francesco Tomassetti pouvait écrire, à propos d’un lieu près de Marino, avec renvoi à De Rossi : « Vi si scoprirono avanzi di abitazioni primitivi e di necropoli distrutte dalle eruzioni del vulcano laziale al tempo romano » (C.R., 4, p. 189) ; dans son Traité de géologie, Paris, 1883, A. de Lapparent laissait transparaître un certain scepticisme, parlant, au conditionnel, du tuf de la Campagne romaine qui « contiendrait des restes de l’âge du bronze » (p. 1156).
35 Cf. infra p. 181 et s.
36 Voir notamment les travaux de P. Chiarucci, directeur du Musée d’Albano et de la revue Documenta Albana qu’il a créée, et animateur infatigable d’une intense activité archéologique locale. Sur la prospection de surface sur le territoire de la Surintendance Archéologique de Rome, cf. R. Sebastiani, « La ricognizione di superficie come esperienza di indagine archeologica », in DdA, 1986, p. 209 et s., ainsi que l’étude collective indiquée supra n. 11.
37 Cf. infra p. 65.
38 On se contentera ici de renvoyer à la publication collective, dirigée par A. M. Bietti Sestieri, La necropoli laziale di Osteria dell’Osa, Rome, 1992, 3 vol. (abrégée désormais Necropoli Osa). La remarque sur le silence des sources anciennes est due à A. Forbiger, Handbuch der alten Geographie aus den Quellen bearbeitet, 3, Europa, Leipzig, 1848, p. 523, n. 65.
39 Cité par Servius, ad Aen., 3, 553 : cf. H. Diehl, in R.E., 10, 1919, s.v. Iulius (Hyginus), col. 634, qui étudie le problème posé par les titres différents qui en ont été transmis.
40 K. Mannert, Geographie der Griechen und Römer aus den Quellen bearbeitet, 2e éd., vol. 9, 1, Leipzig, 1823, p. 547-690 ; W. Abeken, Mittelitalien vor den Zeiten römischer Herrschaft nach seinen Denkmalen dargestellt, Stuttgart, 1843 (cf. p. 60-71), n’est qu’une compilation sans grande valeur ; H. Nissen, Italische Landeskunde, 2 vol. , Berlin, 1883 et 1902 ; A. Forbiger, Handbuch..., 3, Leipzig, 1848. Signalons aussi la qualité de l’article Latium, dû à E. Herbert Bunbury, dans le Dictionary of Greek and Roman Geography de W. Smith, publié à Londres en 1856 (vol. 1) et 1857, 2 (p. 131-143) ; cf. aussi ib., 1, p. 91, s.v. Albanus mons.
41 La transition apparaît bien dans l’exemple fourni, entre beaucoup d’autres, par l’ouvrage d’un certain G. Mentelle, Géographie comparée ou analyse de la géographie ancienne et moderne des peuples de tous les pays et de tous les âges, vol. 1, Italie ancienne, Paris, 1779 ; cf. aussi Ph. de Prétot, Tablettes géographiques pour l’intelligence des historiens et des poètes latins, Paris, 1755.
42 C’est ainsi que Lullin de Chateauvieux (o.c. infra p. 60) pouvait écrire, à propos de l’une de ses excursions : « Nous avons tourné à l’occident, en nous éloignant du mont Albane, pour nous diriger vers le port de Netuno, sur un chemin dont les traces étaient à peine empreintes dans le gazon » (p. 183).
43 Le Carte del Lazio, Rome, 1966-70-72, 3 vol. (abrégé désormais Carte...) ; cf. aussi Tomassetti, C.R., 1, p. 247-260, ainsi que G. Tabak, Il territorio dei Colli Albani in piante e disegni dal xvii al xix secolo, Rome, 1995.
44 Au premier rang de ce genre d’ouvrages figure la grande enquête de Nicola Maria Nicolai, Memorie, leggi ed osservazioni sulle campagne e sull’annona di Roma, Rome, 1803, 3 vol. (citée plusieurs fois par Chateaubriand et Stendhal, utilisée par Dureau de La Malle, Nibby et Niebuhr).
45 Philippe-Camille-Casimir-Marcellin, Comte de Tournon, Études statistiques sur Rome et la partie occidentale des états romains, contenant une description topographique et des recherches sur la population, l’agriculture, les manufactures, le commerce, le gouvernement, les établissements publics, et une notice sur les travaux exécutés par l’administration française, Paris, 1831, 2 vol. ; une seconde édition parut en 3 vol. à la date de 1855. Sur Tournon, fondamental : J. Moulard, Le Comte C. de Tournon, Paris, 1929, 3 vol. ; sur les aspects archéologiques de son action à Rome, quelques indications in R. T. Ridley, The Eagle and the Spade. Archaeology in Rome during the Napoleonic Era, Cambridge/New York, 1992, p. 63 et s.
46 Cf. C. Ampolo, « Rome archaïque, une société pastorale? », in Pastoral Economies in Classical Antiquities, éd. par C. R. Whittaker, Cambridge, 1988, p. 120-133, partic. p. 130, n. 5.
47 Voir par exemple les recherches publiées in DdA, 1980, sur le thème « La formazione della città nel Lazio ».
48 Paris-Rome, 1973 (BEFAR, 221), 2 vol. (2e éd. 1993).
49 Cf. les vigoureuses mises en garde de F. De Martino, in PP, 1979, p. 241 et s., maintenant in Nuovi studi di economia e diritto romano, Rome, 1988, p. 144 et p. 147, selon qui la comparaison entre l’agriculture latiale protohistorique et celle des temps médiévaux est méthodologiquement infondée : « A parer mio, nessuna tesi storiografica è più debole di quella che vuole argumentare dal Medioevo per l’antichità e il Lazio in particolare ».
50 Cf. P. Toubert, o.c., 1, p. 341.
51 Ib., p. 348.
52 Ib., p. 350.
53 Louis Robert, À travers l’Asie Mineure. Poètes et prosateurs, monnaies grecques, voyageurs et géographes, Paris, 1980, p. 3. Les dangers qui guettaient les voyageurs étaient essentiellement ceux liés aux problèmes d’hygiène et de sécurité. C’est ainsi que J. H. Westphal, auteur d’une étude intitulée Die römische Kampagne in topographischer und antiquarischer Hinsicht dargestellt, publiée à Berlin en 1829, devait mourir quelques années plus tard en Sicile (cf. notice in ASNP, 14, 1984, p. 83, par G. Salmeri) ; quant aux risques liés au brigandage, ils étaient bien réels, même dans les monts Albains : cf. infra p. 31.
54 Cf. G. M. De Rossi, Apiolae (Forma Italiae, 1, 9), Rome, 1970, p. 97.
55 Le lecteur qui croirait cette description exagérée, pourra se reporter aux listes dressées par S. Quilici-Gigli, in Civiltà del Lazio Primitivo (exposition, Rome, 1976), p. 377-381, et L. Quilici, Roma primitiva..., 1979, p. 15-18, ainsi qu’aux préfaces des volumes de la série Forma Italiae concernant la région albaine : Bovillae (1979), Apiolae (1970), et surtout Collatia (1974) par L. Quilici.
56 Joseph Blanc, Bibliographie italico-française universelle des voyages ou catalogue méthodique de tous les imprimés en langue française sur l’Italie ancienne et moderne, 1475-1885, Milan, 1886, 2 vol. , p. 883-908 et 932-944 ; L. Schudt, Italienreisen im xvii und xviii Jahrhundert, Bâle, 1959. Voir aussi G. Menichelli, Viaggiatori reali o immaginari nell’Italia dell’Ottocento, Rome, 1962. Certains des voyages inventoriés par V. Castiglione Minischetti et alii, o.c., Paris, 2002, peuvent être consultés sur la Toile grâce au site « Gallica » de la Bibliothèque Nationale de France. On se référera aussi aux sommaires de voyages anciens régulièrement publiés dans l’ASNP, sous la direction de G. Nenci, sous le titre Itineraria Archeologica Italica, mais qui concernent surtout l’Italie du sud et la Sicile, dans les numéros 11 à 17, de 1981 à 1987. Dans sa présentation, G. Nenci (1981, p. 675-678) soulignait que l’intérêt pour la littérature de voyages s’est certes développé depuis plusieurs années, mais d’un point de vue plus littéraire et esthétique qu’archéologique et « antiquaire ». En ce sens, cf. M. Martinet, Le Voyage d’Italie dans les littératures européennes, Paris, 1996.
57 Par A. Dupont-Sommer et L. Robert, Paris, 1964, p. 42.
58 La Carie, t. 2, Le Plateau de Tabai et ses environs, L. et J. Robert, Paris, 1954, p. 53-72 (partic. p. 53).
59 Paris, 1919, rééd. 1968 : cf. surtout le 2e chap. de la seconde partie, p. 288 et s.
60 Citons ainsi les lignes suggestives que Carcopino ajoute à sa propre description du site d’Ostie (Fiumicino) : « On se penche, anxieux, sur l’abîme des années, et l’on s’aperçoit qu’il est déjà franchi. Dans ce paysage millénaire, l’humanité à peine frôlée par l’aile du temps, a vu, depuis l’Empire romain, les siècles passer comme des heures » (Ostie, Paris, 1927, p. 8). Cf. aussi Nissen, It. Land., 1, 1883, p. 1 : « Es ist ja noch immer dasselbe Land, dessen Reize Vergil besungen, dessen Geschichte Livius erzählt hat ».
61 Car, jusqu’au début du xixe siècle, les brigands sont à craindre dans les forêts albaines. En 1774, une lettre de C. de Bonstetten (cf. Italiam !..., p. 118) montre le pape n’osant se promener dans les bois de Castel Gandolfo ; parlant des ruines du temple de l’Algide, Nibby déclare : « Io non ho potuto visitarli per essere quel luogo da parecchi anni infestato dai ladri » (Viaggio antiquario ne’ contorni di Roma, Rome, 1819, 2 vol. , p. 63). C’est ainsi qu’en cette même année 1819, le séjour de trois mois que fait l’intrépide Miss Graham « dans les montagnes de Rome », i.e. les monts Albains, apparaît comme un exploit qui justifie à lui seul la publication d’un livre... Ajoutons que la première liaison ferroviaire Rome-monts Albains fut la ligne Rome-Frascati, inaugurée le 7 juillet 1856, prolongée vers Albano peu après : cf. A. P. Frutaz, Carte..., 3, cartes 306 et 313.
62 Ainsi, F. Ch. L. Sickler, l’auteur du Plan topographique de la campagne de Rome considérée sous le rapport de la géologie et des antiquités, Rome, 1811 (utilisé par Stendhal), s’efforce-t-il de persuader ses lecteurs qu’il mérite le « détour » ; mais Tivoli, avec ses cascades et ses ruines, a toujours beaucoup plus attiré les voyageurs.
63 C’est ainsi que les monographies de la série Forma Italiae commencent en général par un examen des études anciennes (rubrique « storia degli studi » ou « studi e ricerche ») qui, tout en mentionnant les travaux de Kircher, de Cluver et de Volpi, confère à Nibby le statut de père fondateur d’un domaine scientifique alors nouveau et autonome : la topographie historique de la Campagne romaine.
64 Viaggio antiquario..., o.c. ; Analisi storico-topografico-antiquaria della carta de’dintorni di Roma, Rome, 1837, 18492, 3 vol. ; à noter aussi l’existence de notes inédites de Nibby, achetées par F. Ashby et conservées depuis la mort de ce dernier dans la Bibliothèque de la British School at Rome. Sur Nibby (1792-1839), qui mériterait une monographie, cf. Nouvelle Biographie générale (Hoefer), Paris, 1863 (rééd. 1968), t. 37, p. 913 et Biogr. universelle (Michaud), t. 30, p. 417. Voir également l’hommage que lui rend L. Quilici in Collatia, Rome, 1974, p. 19.
65 Varietà di notizie economiche, fisiche, antiquarie sopra Castel-Gandolfo, Albano, Ariccia, Nemi, loro laghi ed emissarii, sopra scavi recenti di antichità in Roma e nei contorni, Rome, 1820.
66 The Topography of Rome and its Vicinity, Londres, 1834. Sur cette œuvre, écrite en collaboration avec Nibby, cf. F. Prinzi in Bibliotheca Etrusca, catalogue d’exposition, Rome, 1986, p. 133-136.
67 Cf. La Prima parte della via Appia, dalla Porta Capena a Boville, descritta e dimostrata con i monumenti superstiti..., Rome, 1853, 2 vol. , ainsi que dans la Storia e topografia di Roma antica e sua campagna, le vol. Campagna romana, Rome, 1846.
68 Cf. la série d’articles, « The Classical Topography of the Roman Campagna », parus dans les PBSR de 1902 à 1910, ainsi que son ouvrage de synthèse, The Roman Campagna in Classical Times, Londres, 1927, que nous citerons dans sa trad. italienne (O. Joy), La Campagna Romana nell’età classica, Milan, 1970, avec préface de J. B. Ward-Perkins.
69 Giuseppe (avec la collaboration de son frère Francesco pour le vol. 4) Tomassetti, La Campagna Romana antica, medioevale e moderna, Rome, 1910 à 1926, 4 vol. (utilisée ici et abrégée désormais : Tomassetti, C.R.), rééd. augmentée par L. Chiumenti et F. Bilancia, Rome, 1973-1980, 7 vol.
70 Citons ici seulement son livre Wandering in the Roman Campagna, Londres, 1909 et Boston, 1924.
71 Voir notamment leurs volumes sur Collatia (1974), Crustumerium (1980), Artena (1982), Fidenae (1986).
72 Abbé Bertrand Capmartin de Chaupy, Découverte de la maison de campagne d’Horace, Rome, 1767-1769, 3 vol. Giuseppe Rocco Volpi, Vetus Latium profanum et sacrum [reprise d’un projet commencé (2 vol. ) par le Cardinal Corradini], 4 vol. (8 t.) publiés à Padoue, 1726-1745. Pour d’autres travaux (par ex. ceux d’Eschinardi et Venuti), voir le panorama dressé par G. Tomassetti, C.R., 1, p. 212-247.
73 Cluver, Italia antiqua, Lyon, 1624 ; L. Holstein, Annotationes in Geographiam sacram Caroli a S. Paulo, Italiam Antiquam Cluverii et Thesaurum geographicum Ortelii..., Rome, 1666 ; Athanase Kircher, Latium, id est nova et parallela Latii tum veteris tum novi descriptio, Amsterdam, 1671.
74 Cf. par ex. les réflexions de F. Audouze et J. L. Fiches, « L’archéologie française et les paléo-environnements », in Annales (ESC), 48, 1993, p. 17-41.
75 O.c., 1, p. 135.
76 Mot qui ne vaut nullement, cela va de soi, comme un synonyme de « psychologique » : il n’est donc nullement question, cela va sans dire, de revenir au propos d’un Michelet qui, dans son Tableau de la France, cherchait à définir les habitants de chacune des provinces par un caractère général qu’il déduisait de la physionomie géomorphologique de celle-ci. Il s’agit plutôt d’étudier, inversement, comment un espace – en l’occurrence les monts Albains – prend forme et éventuellement se modifie aux yeux de ceux qui y vivent, en fonction de leurs modes de vie, de leur organisation sociale, de leurs croyances et de leur histoire.
77 On lira sur ce point les réflexions de P. Claval, dans les Annales de Géographie, 93, 1984, p. 477 et s, « Problématiques de la géographie », avec un vigoureux plaidoyer pour le retour à une géographie « humaniste et phénoménologique ».
78 Cf. par ex. C. Grataloup, Lieux d’histoire. Essai de géohistoire systématique, Paris, 1996. Deux bibliographies géographiques doivent être ici mentionnées : E. Migliorini, Lazio, Naples, 1959, pour tous les ouvrages antérieurs à cette date, et, pour la période 1959-1990, la Bibliografia geografica ragionata del Lazio, F. Macchia éd., Rome, 1995, particulièrement attentive aux Castelli Romani.
79 Constatons que, pour l’instant, le Latium est absent des sept successifs Stuttgarter Kolloquium zur historischen Geographie des Altertums, publiés à Bonn de 1980 à 2002.
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