Introduction
p. 125-128
Texte intégral
« S’il y a en Algérie beaucoup de restes de thermes romains, peu nombreux sont ceux qui méritent une description détaillée ».
S. Gsell, Monuments antiques, I, p. 212.
1Ce catalogue des thermes romains d’Afrique du Nord est fondé sur un faisceau de choix.
2Choix chronologique. Les notices concernent essentiellement les monuments d’époque impériale. Nous avons, dans la deuxième partie, analysé les quelques données disponibles pour l’époque hellénistique. Sauf rares exceptions, les édifices présentés ici ont été construits dans le cadre du système politique romain. De fait, peu de bâtiments postérieurs ont été suffisamment étudiés pour pouvoir être l’objet d’une notice. L’analyse du catalogue fournira l’occasion de prolonger chronologiquement la réflexion.
3Choix géographique. Dans l’état actuel de la documentation, il nous semble extrêmement difficile de tenter une synthèse sur l’architecture thermale à l’échelle de l’Empire. C’est se condamner à trop d’approximations découlant d’une insuffisante connaissance directe des constructions. Nous avons donc préféré analyser un ensemble régional afin de prendre en compte, autant que faire se peut, les réalités du terrain. Dans cette optique, nous avons choisi l’Afrique car on peut attendre d’une des régions essentielles de l’Empire, qui offre au demeurant nombre de variations internes, qu’elle nous fournisse des éléments de réflexion particulièrement pertinents. L’enquête est donc limitée à l’Afrique du Nord, autrement dit aux régions maghrébines qui firent partie de l’Empire romain. Nous prenons le concept de Maghreb au sens restreint qui prévalait encore il y a quelques années, à savoir à une époque où la Libye n’en faisait toujours pas partie. Cette option est historiquement défendable, dans la mesure où les grandes cités qui s’échelonnent sur la côte entre la Tunisie et l’Égypte présentent des spécificités. Il n’en reste pas moins que nous serons conduit, lorsque nous devrons nous tourner vers l’extérieur pour mieux analyser les données maghrébines, à jeter un regard privilégié sur les régions libyennes, et en particulier sur la Tripolitaine qui, durant le Haut-Empire, fit partie d’une province d’Afrique proconsulaire alors fort étendue. Au total, la projection des frontières politiques actuelles sur les réalités antiques ne s’avère pas aberrante. Outre que ces dernières parlent plus à notre esprit que des limites provinciales antiques fluctuantes, les entités marocaine, algérienne et tunisienne correspondent, en en reflétant relativement bien la diversité, à ce que furent, au Bas-Empire, les provinces des Maurétanies tingitane, césarienne et sitifienne, de Numidie, de Proconsulaire et de Byzacène. Parmi les sites que nous prenons en considération, il n’y a que ceux de Gigthis et de Ras-el-aïn-Tlalet, autrefois en Tripolitaine, qui se trouvent hors de cet ensemble.
4Choix de monuments. Bien évidemment, nous n’avons pu étudier réellement, en y pratiquant des fouilles et en y réalisant des relevés, qu’une partie dérisoire des édifices qui sont l’objet d’une notice. À vrai dire, seuls trois bâtiments, situés à Bulla Regia, entrent dans cette catégorie. Question de temps disponible et problème d’autorisation de travail se combinent pour interdire de donner à une enquête à l’échelle du Maghreb toute l’assise concrète que l’on souhaiterait lui assurer. Il a donc fallu se résoudre à ne rédiger une notice que sur les constructions déjà suffisamment tombées dans le domaine public pour ne pas heurter les intérêts des chercheurs actuellement au travail et pour nous offrir une base de réflexion suffisante. Il n’en reste pas moins qu’une telle étude aurait peu de portée si elle ne consistait qu’en une compilation de données déjà publiées. C’est pourquoi nous nous sommes attaché à acquérir une connaissance directe des monuments ici analysés : il en est peu que nous n’ayons pu visiter, souvent à plusieurs reprises et de façon prolongée. Toutefois, si ce catalogue rassemble beaucoup plus d’édifices africains que les études antérieures, il est cependant loin de refléter quantitativement la richesse de l’équipement thermal de ces provinces. Dans les parties analytiques, le recours à des constructions qui, pour diverses raisons, n’ont pu faire l’objet d’une notice permettra de résorber quelque peu cette distorsion. Elle n’en restera pas moins considérable. Nous pouvons cependant estimer que l’échantillon sur lequel nous devons raisonner n’est pas dépourvu de valeur.
5Choix d’une méthode d’élaboration des notices. Chacune est présentée selon une grille uniforme donnant, dans le même ordre, les mêmes informations, du moins celles qui ont pu être rassemblées. Il nous paraît indispensable de préciser ici ce que l’on peut attendre de ces notices, et ce qu’il est vain d’y chercher.
6Les numéros des inscriptions sont ceux du catalogue placé à la fin de cet ouvrage.
7Dans la bibliographie, nous ne visons pas à faire l’inventaire complet des études ou mentions concernant le monument, mais seulement de celles qui constituent réellement une étape dans la connaissance de l’édifice. Quelques références portant sur des questions précises peuvent n’être données que dans la suite du texte. Nous éliminons donc systématiquement les publications qui ne font que reprendre des données déjà connues ou qui, inversement, s’avèrent dépassées par rapport à une étude ultérieure1. Entre autres, ce choix explique l’absence de renvoi à des livres plus ou moins récents, tels ceux d’E. Brödner, I. Nielsen ou F. Yegül qui, sur des monuments africains précis, n’apportent le plus souvent rien de nouveau dans la mesure où ils reposent essentiellement ou uniquement sur des publications antérieures. Ces ouvrages nous paraissent valoir avant tout par leur effort de synthèse : nous nous y sommes référé dans les parties précédant ce catalogue, nous aurons l’occasion de les retrouver par la suite.
8Les autres rubriques de la notice sont organisées de façon à permettre un repérage aisé des données.
9Typologie. Les bâtiments ont été classés en petits (jusqu’à 1 000 m2), moyens (de 1 000 à 3 000 m2) et grands thermes (plus de 3 000 m2). Ce classement comporte certes une part d’arbitraire, mais l’expérience nous a montré que cette première ventilation des édifices s’avérait efficace. Elle pourra être affinée dans la suite de l’analyse. Ces superficies ne concernent que le secteur proprement balnéaire, dans ses composantes froide et chaude, en excluant des annexes telles que citernes et, surtout, éventuelles palestres. L’étude ultérieure des monuments devra, évidemment, prendre en compte ces installations sportives, mais il nous a semblé plus efficace de les exclure pour le moment, dans la mesure où nous ignorons souvent la superficie exacte ou même l’existence de tels aménagements. Il faut également préciser que la surface du frigidarium, que nous donnons fréquemment afin que le lecteur puisse se faire une meilleure idée de l’édifice, est calculée en excluant les bassins.
10Salles froides. Hormis le frigidarium et la palestre, l’identification de ces salles apparaît souvent fort hasardeuse. Nous nous efforçons donc essentiellement de repérer des locaux dont l’équipement, l’emplacement, le plan permettent de proposer une lecture certaine ou probable : il s’agit surtout des latrines, des vestiaires ou encore des salles d’exercices couvertes.
11Salles chauffées. La présentation de ce secteur vital des bâtiments thermaux est faite d’une manière qui correspond à une interprétation. Conformément à la grille mise au point dans le chapitre II de la deuxième partie, les pièces sont en effet désignées par des chiffres romains qui correspondent à une proposition d’identification :
I : tepidarium d’entrée.
II : destrictarium.
III : étuve.
IV : caldarium.
V : tepidarium de sortie.
12Il est essentiel de préciser que si une information n’est pas fournie (par exemple présence d’un foyer, d’une paroi chauffante, d’un bassin...), cela ne signifie pas que cet élément était forcément absent, mais seulement qu’il n’en reste nul témoin que nous ayons pu repérer2. Dans certains cas, nous avons précisé l’absence d’un tel aménagement lorsque les données disponibles le permettaient.
13Ces notices sont indissociables des planches. Dans celles-ci, nous nous sommes efforcé de réunir les relevés les plus pertinents. Ils sont complétés par un schéma centré sur les parties essentielles du monument et pour lequel il est précisé s’il a été conçu uniquement d’après les études antérieures ou également d’après les informations que nous avons recueillies sur le terrain. Il ne s’agit pas d’un relevé, puisqu’il repose sur les plans antérieurs, mais d’un simple schéma qui permet d’apporter plusieurs types d’informations :
- Circulations. Le schéma est réalisé au niveau des sols, et ne comporte donc ni les baies ouvertes dans les parties hautes, ni celles situées sous le niveau sur lequel déambule le baigneur, par exemple les passages de chaleur entre les hypocaustes.
- Installations techniques. Le schéma permet de saisir rapidement les lieux où sont implantés bassins, foyers et chaudières.
- Identification des salles. Des lettres pour le secteur froid, des chiffres romains pour le secteur chauffé signalent les identifications qui nous paraissent certaines ou probables.
- Dimensions. Afin de permettre des comparaisons plus faciles et plus pertinentes entre les divers monuments, tous les schémas sont conçus en fonction d’un jeu d’échelles très simples, permettant des conversions aisées, le 1 :500 pour les bâtiments publics, le 1 :250 pour les bains privés. De même, pour faciliter la lecture du schéma, celui-ci est orienté en fonction du point de vue du baigneur, les salles froides en bas, les pièces chaudes en haut. Cette option nous a contraint, afin de faciliter la lecture de la planche, à disposer les relevés antérieurs en fonction d’une orientation qui n’était pas toujours la leur3.
- Données archéologiques. Les vérifications sur le terrain ont pu nous conduire à modifier quelques détails des plans antérieurs. Surtout, un ensemble de conventions permet de signaler les remaniements et de traduire l’état des vestiges, en nuançant le degré de certitude des données disponibles. Les conventions utilisées sont données par la planche XXXI. Sauf mention contraire, les renvois utilisés dans les notices pour désigner les divers locaux sont ceux qui sont portés sur les schémas.
14Les pays entre lesquels sont ventilés les notices sont considérés d’Est en Ouest, option qui présente l’avantage de mettre au premier plan le pôle essentiel du Maghreb antique, à savoir sa partie orientale. Au sein de chaque pays, les bâtiments sont classés par sites, et ces derniers par ordre alphabétique, sous leur nom antique lorsque celui-ci est connu.
15Les planches CXLIV-CXLV donnent l’emplacement des sites dont un ou plusieurs édifices thermaux font l’objet d’une notice.
Notes de bas de page
1 Ainsi, pour les thermes Est de Cuicul, nous ne citons ni Leschi, Rapport 1947, p. 227 ou Rapport 1948, p. 157158, ni Leglay, Rapport 1950-1953, p. 155, ni même Y. Allais, Les recherches exécutées de 1942 à 1949 à l’Est du forum des Sèvres (Cuicul), dans BAC, 1951-1952, p. 133-138, qui n’est qu’un résumé d’Y. Allais, Djemila. Le quartier à l’est du forum des Sévères, dans Rev. afric., 97, 1953, p. 6065, article qui contient, de manière originale, toutes les informations actuellement disponibles et qui est donc la seule référence utilisée.
De même, lorsqu’une étude systématique constitue le point d’aboutissement de recherches étalées dans le temps, nous nous contentons de sa seule citation. Par exemple, pour un bâtiment de Bulla Regia, ne sera mentionné que Broise, Thébert, Thermes memmiens, dans la mesure où cette publication signale toute la bibliographie antérieure et la prend en compte dans la réflexion qui est conduite.
2 Dans une salle chauffée, l’existence d’une double-paroi complètement détruite peut cependant être repérée grâce à la simple présence de clous de fer pris dans la maçonnerie des murs, clous qui étaient destinés à la fixation du rideau de briques. En effet, s’il s’était agi de maintenir un plaquis de marbre, les constructeurs auraient eu recours à des crampons de bronze.
3 Afin de limiter les inconvénients qui résultent du fait de renverser le sens de publication d’un relevé, et de rendre ainsi moins facilement lisibles les annotations qui l’accompagnent souvent, nous avons tenté d’appliquer ce principe avec une certaine souplesse. Par exemple, les thermes de la maison des Asclépéia, à Althiburos, s’insèrent dans une demeure au sein de laquelle prime l’orientation imposée par l’axe vestibule d’entrée-péristyle, orientation respectée par la publication et que nous avons conservée pour l’annexe thermale quoique la logique propre à celle-ci aurait commandé une rotation à 90 degrés.
D’une manière générale, il nous a cependant semble nécessaire de présenter les plans d’une manière qui en permette une lecture rationnelle, correspondant au mode d’utilisation de l’édifice. En particulier, le choix qui consiste a orienter systématiquement les relèves en plaçant le Nord en haut, choix qui prend tout son sens lorsqu’on considère un site dans son ensemble, nous parait dénue de signification lorsque l’on analyse un bâtiment particulier.
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