IV – L’Afrique du Haut – Empire
p. 89-110
Texte intégral
1Comme d’habitude, nous renouons avec l’abondance avec ce chapitre tant en raison de la documentation que des commentaires. Les lecteurs sont aussi invités à se reporter aux Généralités pour y trouver des références aux ouvrages et aux articles plus généraux et aux bibliographies relatives à l’Empire et au christianisme.
Sources
2La littérature ne peut faire l’économie de Virgile. (515) Virgilio, Eneida. 2, Libros IV-VI, texte latin, trad. et notes Rivero García L. et alii, Madrid, 2011, XXVIII-179 p. en partie doubles. L’entreprise d’une nouvelle édition du texte latin de l’Énéide assortie d’une traduction espagnole, dont le premier volume (livres I-III) avait été publié en 2009, se poursuit avec la publication du volume 2, qui contient les livres IV à VI. Le texte latin est accompagné d’un riche apparat critique et la traduction espagnole d’abondantes notes infra-paginales. Silius Italicus a aussi ses fidèles. (516) Littlewood R.J., A commentary on Silius Italicus’ Punica 7, introduction et commentaire, Oxford-New York, 2011, XCIX- 276 p., 6 fig., 2 cartes, index. Dans une longue introduction, p. XV-XCVI, l’auteur évoque tout d’abord la personnalité de Silius Italicus, puis ses sources historiques (Polybe et Tite-Live), ses références littéraires (Homère, Ennius, Virgile, Ovide, Lucain, Stace et Valerius Flaccus), avant d’étudier les principaux protagonistes que furent Q. Fabius Maximus et Hannibal, puis le style du poète. Il clôt cette introduction avec la transmission du texte. Le livre 7, p. 1-32, dont les premier et dernier vers mentionnent Fabius, qui est glorifié, est suivi d’un abondant commentaire. On ne trouvera pas une traduction en continu de l’œuvre, mais des passages sont traduits en anglais. (517) Chiu A.C., Generata e sanguine : the motivations of Anna Perenna in Silius Italicus, Punica 8, dans New England Classical Journal, XXXVIII, 1, 2011, p. 3-23. Les encouragements d’Anna Perenna à Hannibal chez Silius Italicus, Pun., VIII, constituent un passage complexe. Anna dérive des Fastes d’Ovide, où elle est une princesse punique devenue une divinité romanisée, mais Silius la présente comme une protectrice d’Hannibal l’encourageant contre Rome. (518) Giazzon S., Ira e ultio nei Punica di Silio Italico, dans Le Parole della passione. Studi sul lessico poetico latino, édit. Mantovanelli P. et Berno F.R., Bologne (Testi e manuali per l’insegnamento universitario del latino, n. s. 120), 2011, p. 265-294, est une relecture des Punica à partir des deux termes ira et ultio selon une grille d’analyse opposant passion et raison. Il en résulte que, dans la première phase du conflit, les généraux romains sont dominés par les passions et ressemblent à Hannibal. Lui succède une seconde période dominée par la ratio et la uirtus, incarnées par Q. Fabius Maximus et Scipion l’Africain. (519) Lebrancón P., Geopolitica en Silio : la indefinicion territorial en la batalla de Trasimeno (Pun. V), dans Estudios Clássicos, 140, 2011, p. 35-56, rés. angl., examine la conception de l’Empire que reflète Silius Italicus à travers la représentation géographique et l’interaction entre les personnages : les limites géographiques qui séparent le monde menaçant de la civilisation romaine sont celles de la péninsule italienne. Apulée reste une source inépuisable d’inspiration et nous ouvrons cette rubrique avec une traduction des œuvres les moins étudiées, (520) Apuleyo, Obra filosofica, introd., trad. et notes Macías Villalobos C., Madrid, 2011 (Biblioteca clásica Gredos, 397), 286 p., 2 index. Ont été traduites sans offrir la version latine comme c’est la coutume dans ces éditions, les œuvres suivantes : De deo Socratis, De Platone, De mundo et De interpretatione. Les introductions sont intéressantes et insistent sur l’influence de ces ouvrages d’Apulée à l’époque médiévale et pendant la Renaissance. Plusieurs savants suggèrent des améliorations relatives aux textes d’Apulée. (521) Ammannati G., Il Laurenziano 68, 2 (F) e il finale delle Metamorfosi di Apuleio, dans Materiali e discussioni per l’analisi dei testi classici, LXVII, 2011, p. 229-241. Les Florides sont transmises en même temps que l’Apologie et les Métamorphoses depuis l’Antiquité tardive. La lacune présente dans le ms. Firenze, Bibl. Medicea Laurenziana, 68, 2, entre les Métamorphoses et les Florides a affecté les deux oeuvres en même temps. (522) Martos Fernández J.J., Notes on Apuleius’ Florida, dans Mnemosyne, LXIV, 4, 2011, p. 104-109, s’est intéressé à trois passages des Florides : en 2, 10, indefessa remigia est amendé en indefessa remigio ; en 20, 4, commentam en commendatam, au sens de gratam, et en 9, 13, l’auteur propose nec saltem mutare au lieu de nec autem mutare. (523) Piccioni F., Un manoscritto recenziore del De magia di Apuleio : il cod. Ambrosiano N 180 sup., dans Segno e texto, IX, 2011, p. 165-210, rés. angl. Les investigations sur ce manuscrit datant du XIIIe siècle, notamment l’analyse des marginalia, la typologie des erreurs et le bilan des variantes présentes dans le codex conduisent à le préférer au texte du principal témoignage, celui de Florence, BML, Plut. 68.2, du XIe siècle (F). (524) Zimmerman M., Age and merit : the importance of recentiores and incunabula for the text of Apuleius’ Metamorphoses, ibidem, p. 131-163. Une étude des étapes de la transmission des manuscrits d’Apulée montre la nécessité d’une révision générale du stemma codicum et l’importance des codex recentiores et des incunables pour la reconstitution des textes. (525) Magnaldi G., Antiche glosse e correzioni nel De deo Socratis di Apuleio, dans Rivista di filologia e di istruzione classica, 139, 1, 2011, p. 101- 117, propose des corrections de lecture du De deo Socratis et des marginalia à partir de l’étude du manuscrit B, Bruxelles, Bibliothèque Royale 10054-10056 (en particulier pour les paragraphes 121, 137, 138, 155, 167, 177). (526) Magnaldi G., Antiche note di lettura in Apul., Plat. 193, 223, 242, 248, 253, 256 e Socr. 120, dans Rivista di filologia e di istruzione classica, 139, 2, 2011, p. 394-412, offre une étude des marginalia du De Platone et du De deo Socratis à partir du manuscrit B, Bruxelles, Bibliothèque Royale 10054- 10056 : sont corrigées les gloses Socr. 117, 119-120, 133, 138, 165 et Plat. 193-194, 223, 241-242, 248, 253, 255-256. Quant aux œuvres, les Métamorphoses ont largement mobilisé l’attention des chercheurs cette année. (527) Puccini-Delbey G., La vertu de silence dans les Métamorphoses d’Apulée, dans Présence du roman grec et latin, p. 225-236, rés. angl. p. 791. L’auteur s’intéresse à deux longs passages du roman d’Apulée où la vertu de silence est à l’honneur : l’histoire de Psyché et Cupidon et le livre XI, dans lequel Lucius accepte de se taire. Le silence s’impose dans la vie de Psyché et de Lucius à partir du moment où ces deux personnages rencontrent le divin. Dans le cas de Lucius, la figure de Pythagore joue un rôle important. Le silence est une règle pythagoricienne qui permet à la fois la contemplation du divin et la non-divulgation des mystères - en l’occurrence ceux du culte isiaque - auxquels Lucius est initié. (528) Bouquet M., Les Métamorphoses d’Apulée ou la voix dans l’écriture, dans Présence du roman grec et latin, p. 207-223, rés. angl. p. 772-773. Dans un passage du prologue, Apulée évoque comme un écho le dessein du locuteur-auteur soucieux du plaisir qu’il désire procurer à l’auditeur-lecteur. D’autres passages mettent en avant le caractère sonore et rythmique de la voix, dont les changements stimulent le roman. (529) Échalier L., Un âne au pays des bandits (Apulée, Métamorphoses, IV, 6-8), ibidem, p. 303-322, rés. angl. p. 779. Pour décrire la vie des bandits, Apulée s’est inspiré de son modèle grec, mais il l’a profondément modifié. Alors que celui-ci les décrivait comme des hommes du commun, Apulée en fait des êtres pétris de contradictions, où raffinement alterne avec sauvagerie. Le ridicule porte également sur des conventions sociales : de jeunes nobles peuvent semer la terreur une fois sortis d’un banquet. (530) Ducos M., Les criminels dans les Métamorphoses d’Apulée, ibidem, p. 323- 337, rés. angl. p. 778. La construction du portrait des criminels par Apulée est replacée dans la tradition littéraire et les données juridiques. En s’appuyant sur celles-ci et sur la rhétorique judiciaire combinée aux thèmes de la tragédie, Apulée montre un univers de violence où le furor des criminels est exacerbé. (531) Facchini B., Giurisprudenza da favola : note sul lessico giuridico delle Metamorfosi di Apuleio, dans Lexis, XXIX, 2011, p. 301-323, rés. angl. Les Métamorphoses d’Apulée font un usage abondant d’expressions empruntées au domaine juridique. L’emploi de ce vocabulaire renvoie non seulement à la tradition institutionnelle romaine, mais constitue également pour Apulée une sorte d’expérimentation linguistique dans une stratégie de romanisation des modèles hérités de la culture grecque. (532) Frangoulidis S., From impulsiveness to self-restraint : Lucius’ stance in Apuleius’ Metamorphoses, dans Trends in Classics, III, 1, 2011, p. 113-125. Le changement d’attitude de Lucius se modifie au cours du roman. Il devient de plus en plus réfléchi et cela se marque par ses hésitations à s’engager dans des aventures hasardeuses. Cette mutation anticipe la transformation physique au L. XI et montre qu’il a appris de ses mésaventures. (533) Kirichenko A., Becoming a book : divination and fictionality in Apuleius’Metamorphoses, dans Museum Helveticum, LXVIII, 2, 2011, p. 182-202. L’auteur analyse les procédés narratifs d’Apulée sur la divination dans L’Âne d’or en comparant le roman à d’autres récits (De divinatione de Cicéron notamment). (534) May R., The function of verse quotations in Apuleius’ speeches : making the case with Plato, dans Form and function in Roman oratory, édit. Berry D.H. et Erskine A., Cambridge-New York, 2010, p. 175-192. Les citations poétiques d’Apulée ne sont pas de simples ornements stylistiques, elles servent à inclure son discours dans la philosophie, notamment celle de Platon. La méthode varie en fonction des œuvres, ce qui explique la variation de ces citations. Dans l’Apologie et les Florides, l’utilisation de la poésie épique répond à une volonté de marquer son platonisme, élément qui explique le nombre disproportionné de ces citations. (535) Vial H., In noua mutatas formas corpora, figuras in alias imagines conuersas : l’influence d’Ovide dans l’écriture apuléenne de la métamorphose, dans Présence du roman grec et latin, p. 121-145, rés. angl. p. 794. À partir d’une comparaison sur les deux prologues d’Ovide et d’Apulée, l’analyse conduit l’auteur à s’interroger sur le statut du « je » dans le roman et l’identité multiple de Lucius, notamment sa métamorphose réversible. Elle s’intéresse plus particulièrement à la figure de Lucius et voit en lui à la fois une figuration du lecteur des Métamorphoses d’Ovide, un nouveau personnage de ce poème et une métaphore de la métamorphose elle-même. (536) Soler J., Magie et antidote : le statut du texte de fiction d’après les Métamorphoses d’Apulée, ibidem, p. 193-205, rés. angl. p. 793. Après un rapide panorama d’Apulée et des différents talents de cet auteur décrit comme caractéristique de la seconde sophistique, J.S. montre comment le natif de Madaure se présente dans le prologue des Métamorphoses sous les tratis d’un puissant magicien du langage et utilise la métaphore magique pour renvoyer à la fiction. L’auteur insiste ensuite sur le lien intellectuel et les ressemblances entre Apulée et Plutarque : ce dernier compare clairement la poésie à un charme magique dans son De audientis poetis tout en soulignant que l’antidote à ce charme se trouve bien souvent dans les poèmes eux-mêmes. On peut faire le même constat à propos du roman d’Apulée, qui dépose des leurres et en neutralise les effets. Plus proche de nos études, (537) Méthy N., Un regard africain sur l’Empire ? Le monde romain dans les Métamorphoses d’Apulée, dans Latomus, LXX, 1, 2011, p. 154-165. Dans cet ouvrage écrit au milieu du IIe siècle, on peut discerner une mutation idéologique de l’attitude des provinciaux vis-à-vis de Rome et de l’Empire. La Ville n’y apparaît qu’en toile de fond et les structures institutionnelles évoquées dans le roman correspondent à un changement dans l’action. L’ensemble témoigne d’une prise de conscience nouvelle du rôle de la province et permet de déceler un idéal plus personnel d’Apulée, celui d’un Empire culturellement homogène. Fronton n’est présent que par deux titres, ce qui n’a rien d’inhabituel. (538) Fleury P., L’orateur oracle : une image sophistique, dans Perceptions of the Second Sophistic and its times = Regards sur la Seconde Sophistique et son époque, édit. Schmidt T. et Fleury P., Toronto (Phoenix, Supplementary volume, 49), 2011, p. 65-75. Les lettres de Fronton révèlent une interprétation étonnante de la rhétorique qu’il faut décrypter à partir des métaphores. Pour lui, elle est une entité d’origine divine, viscérale à l’homme, et il lui confère un rôle ordonnateur et créateur du monde. L’auteur compare ensuite avec les approches de Philostrate, Aelius Aristide et Dion de Pruse sur la conception de la parole. (539) Galimberti Biffino G., L’elegantia chez Fronton : raffinement de l’architecture de la phrase et du choix des mots, dans Stylus : la parole dans ses formes. Mélanges en l’honneur du professeur Jacqueline Dangel, édit. Baratin M. et alii, Paris, 2010, p. 215-226. Cette élégance se manifeste dans le choix du lexique, la recherche de l’harmonie en tant qu’euphonie, la modération. Elle a connu une retombée féconde en la personne de Marc Aurèle.
3Cette chronique se poursuit avec les auteurs chrétiens où, cette année, brille surtout Tertullien et, pour commencer, une étude qui associe cet auteur à un contemporain (540) Ames C., Minucio Félix y Tertuliano : el discurso cristiano de los primeros apologistas latinos, dans Discurso y sociedad en la Antigüedad grecolatina, édit. Ames C. et Carmignani M., Cordoue, 2010, p. 39-63, examine la question de l’utilisation de la littérature classique par ces deux auteurs, respectivement dans l’Apologétique et le Dialogue, pour préciser sa réception dans la construction et la diffusion du discours chrétien. Plusieurs œuvres ont fait l’objet de nouvelles éditions. (541) Tertullien, Apologeticum, trad. et commentaire Georges T., Freiburg-en-Breisgau-Bâle (Kommentar zu frühchristlichen Apologeten, 11), 2011, XI-787 p., 6 index. L’auteur propose une traduction en langue allemande et un commentaire très détaillé de l’Apologeticum de Tertullien. La traduction commentée est précédée d’une introduction d’une cinquantaine de pages. Cinq excursus, une bibliographie et un index complètent le volume. (542) Tertulliano, Opere montaniste. Esortazione alla castità, édit. Schipani C. ; La corona, édit. Ruggieri F. ; L’antidoto contro gli sorpioni, La fuga in tempo di persecuzioni, édit. Azzali Bernardelli G. ; L’idolatria, édit. Sanzi E., Rome (Scittori cristiani dell’Africa romana, 4, 1), 2011, 406 p. Il convient de souligner la qualité de ces éditions critiques avec traduction et commentaire en italien des œuvres qui datent de l’époque montaniste de Tertullien. Signalons d’ores et déjà la parution d’un second volume en 2012. (543) Tertulliano, Il battesimo, introd., trad. et notes Carpin A., Bologne (I Talenti, 8), 2011, 245 p. et (544) La penitenza, introd., trad. et notes Carpin A., Bologne (I Talenti, 9), 2011, 210 p. Le texte latin est celui du Corpus Christianorum Series Latina 1. (545) Tertulliano, La penitencia. La puditicia, introd., trad. et notes en espagnol Vicastillo S., Madrid, 2011, 391 p., est une version bilingue avec un apparat critique très riche et intéressant. Avant d’évoquer les thèmes traités cette année, mentionnons une biographie avec (546) Henne P., Tertullien, l’Africain, 2011, 322 p. Cette présentation de la vie et de l’œuvre de Tertullien se décline en plusieurs thèmes, qui s’ordonnent selon un classement des ouvrages depuis les apologies jusqu’à ceux qui traitent des sacrements. Destiné à un public curieux, l’ouvrage n’évite pas toujours un aspect engagé dont il convient de s’affranchir. (547) Daniel-Hughes C., The salvation of the flesh in Tertullian of Carthage : Dressing for the resurrection, New York, 2011, XV-176 p., ill. Traditionnellement les savants séparent la théologie de Tertullien de ses exhortations sur le vêtement qu’ils considèrent comme le résultat d’une position de masculinité. L’auteur tend à unir les deux, théologie et pratique, et à montrer que le vêtement participait à la conception de la création et du salut et à la contestation. (548) Gil Tamayo J.A., De unitate Patris et Filii et Spiritus sancti plebs adunata (De oratione dominica, 23) : la unidad trinitaria como fundamento de la unidad eclesial en Tertuliano y Cipriano de Cartago, dans Scripta theologica, XLIII, 1, 2011, p. 9-29, rés. angl., expose comment se développe dans l’Afrique chrétienne au long des IIe et IIIe siècles toute une théologie de l’unité de l’Église. Celle-ci est vue comme une communio enracinée et fondée dans la même unité que l’unité divine. Tertullien et Cyprien sont les deux grands représentants de cette ecclésiologie de la communion. (549) Heyne T., Tertullian and Medicine, dans Studia patristica L, p. 141-174. Un examen attentif de l’œuvre de Tertullien montre que ce dernier avait un grand respect pour les médecins et une bonne compréhension de la science médicale. Il faisait également preuve de créativité dans son utilisation des métaphores médicales. Le savoir médical de Tertullien, qui dérivait principalement de Soranos d’Éphèse et de Pline l’Ancien, était plus profond que celui des auteurs chrétiens qui écrivirent avant lui et il semble même s’être approfondi au cours de son existence. Ce savoir avait cependant des limites puisque Tertullien ignorait apparemment l’œuvre de Galien. (550) Leal J., L’inrationale comme explication du mal moral chez Tertullien (De Anima, XVI), dans Les Forces du bien et du mal, p. 49-63. Dans cette œuvre insolite où chaque chapitre peut être analysé séparément, le chapitre XVI contient deux notions importantes pour Tertullien : la dégradation de la nature par le péché et la réalité des affections en Dieu et le christianisme. Il use d’une terminologie platonicienne. Le mal se superpose à la nature et le diable est dit interpolator. (551) Rizzi M., Rectum quodcunque primum : la regola di Tertulliano in Melantone e nella controversistica del XVI secolo, dans Temi e forme della polemica, p. 727-742, rés. angl. p. 13-14, s’intéresse à la postérité de l’œuvre de Tertullien à l’époque de la Réforme protestante et en particulier à celle de son idée, développée notamment dans le De praescriptione haereticorum et dans l’Adversus Praxean, selon laquelle la Vérité transmise par les apôtres précède l’hérésie. Il examine en particulier l’emploi qu’en fait le réformateur allemand Mélanchthon dans le De ecclesia et auctoritate verbi Dei, qui est dirigé contre les auteurs catholiques de son époque. Il ne saurait y avoir de chronique africaine sans les passions, mais elles ont suscité moins d’intérêt cette année. (552) Starowieyski M., Les éléments autobiographiques dans les trois passions africaines du IIIe s., dans Eos, XCVIII, 2, 2011, p. 287-297. Les fragments autobiographiques contenus dans les Passions de Perpétue et Félicité, Montan et Lucius, et Jacques et Marien, qui dépendent en partie de la première, constituent un ensemble probablement unique dans la littérature hagiographique de l’Antiquité chrétienne qu’on ne retrouve pas dans les Passions d’autres régions. Ils contiennent aussi bien des éléments narratifs sur la vie des prisonniers que des descriptions de leurs visions qui caractérisent le monde spirituel des futurs martyrs. Autre grande figure chrétienne, Cyprien n’est présent qu’avec deux titres. (553) Noormann R., Secundum euangelii legem : die biblische Begründung des Bussverfahrens zur Wiederaufnahme abgefallener Christen bei Cyprian von Karthago, dans Römische Quartalschrift für christliche Altertumskunde und für Kirchengeschichte, 105, 2010, 3-4, p. 169-191. Cyprien comprend le passage de l’Évangile Mat., 16, 18f, en relation avec Joh., 20, 21-23, comme une institution liée à la fonction épiscopale depuis les apôtres, et la pénitence de ceux qui ont chuté dans leur foi est la transposition de la mise en demeure biblique pour le retour au sein de l’Église et le repentir. (554) Mentxaka R., Cipriano de Cartago y las vírgenes consagradas : observaciones histórico-jurídicas a la carta cuarta de sus Epistulae, Lecce, 2010, 192 p., 2 index. Dans cette lettre, où est discuté l’établissement de sanctions à l’encontre des vierges qui ont fauté avec des hommes, qu’ils aient été membres du clergé ou non, Cyprien utilise une terminologie juridique romaine et il semble bien au fait des institutions du droit pénal romain. Ceci pose la question de savoir s’il avait reçu une formation de juriste. Le chapitre central, p. 61-94, discute de la datation, de la nature juridique de la réunion qui s’est tenue avec les évêques et de l’origine de la sanction imposée aux vierges. Leur faute peut être assimilée à un adultère, ce qui est puni par la loi romaine. La dernière partie décrit les mesures ultérieures jusqu’à Justinien (e.g. concile d’Elvire, de Chalcédoine).
4Nous en venons à l’épigraphie, pour laquelle nous irons d’est en ouest, après avoir mentionné deux travaux généraux. (555) Dupuis X., De la Bétique à l’Afrique. Les curies électorales à la lumière du nouveau fragment de la loi d’Urso, dans Corolla epigraphica, p. 449-461. La publication d’un important fragment de la loi d’Urso, en Bétique, permet de renouveler le dossier du nombre de curies qui pouvait exister dans une cité et de reconsidérer la question d’un cens limitant le corps civique. Une comparaison entre la situation à la fin de la République et celle qui prévaut à partir de l’époque flavienne suggère qu’il fut décidé de limiter le nombre des curies : de 24 ou 23, il ne dépassa plus 11, notamment en Afrique (Althiburos, Thuburbo Maius). Dans cette loi, rien n’indique l’exclusion d’une partie des citoyens (chap. XV), mais le corps de ces derniers est étroitement défini par un cens civique (chap. XIV). (556) Aït-Yghil F., L’huile et la pratique du sport en Afrique à l’époque romaine, dans Olivier (L’-) en Méditerranée, T. II, p. 187-222, 17 fig., s’est intéressée à l’utilisation de l’huile dans la pratique du sport. Le bilan iconographique est complété par une réflexion sur les inscriptions mentionnant le don d’un gymnasium/gymnasia. Dans cette question controversée, l’auteur propose d’opérer une distinction dans l’emploi de ces termes qui désigneraient tantôt l’édition de jeux dans un nombre restreint de textes, tantôt une distribution d’huile, selon le contexte dans lequel ils sont mentionnés. (557) Haensch R., Das severische Vexillationkastell Myd (---) und die spätantike Besiedlung in Gheriat el-Garbia (Libyen). Bericht über die Kampagne im Frühjahr 2010, dans Mitteilungen des Deutschen Archäologischen Instituts, Römische Abteilung, 117, 2011, p. 336-343, photo, dessin. Le rapprochement avec AÉ, 1967, 539 provenant du même site permet d’identifier un fragment des titulatures impériales de Septime Sévère et Caracalla, sans doute dans une dédicace faite par le légat, Anicius Faustus, pour un monument important du camp, comme le montrent les exemples similaires de Castellum Dimmidi. Il s’agit peut-être de la groma, repérée lors des fouilles de 2010 (voir le rapport de M. Mackensen, p. 247-374, qui présente les résultats) axées sur l’étude des fortifications du camp, sur l’évolution de l’occupation du site dans l’Antiquité tardive et sur l’identification de la groma. (558) Haensch R. et Mackensen M., Das tripolitanische Kastell Ghjeriat el-Gharbia im Licht einer neuen spätantiken Inschrift : Am Tag, als der Regen kam, dans Chiron, XLI, 2011, p. 263-287, rés. angl. et franç. p. 543-544. Une inscription très endommagée est étudiée par les deux auteurs. Ils y voient une mention d’eaux abondantes, de lieux multiples et d’un marécage. À propos d’un illustre Lepcitain, (559) Caldelli M.L., La titolatura di Plauziano : una messa a punto, dans Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, 178, 2011, p. 261-272, ill., souligne, à partir d’une inscription italienne, non seulement la complexité de la titulature du personnage, mais aussi l’accumulation des titres en même temps qu’il consolidait, du moins en apparence, sa position institutionnelle et familiale. (560) Forti S., Nomi, soprannomi, professioni sulle lucerne di Leptis Magna : Lucernarius e Lucernius, dans Sylloge Epigraphica Barcinonensis, IX, 2011, p. 85-122. L’auteur étudie un ensemble de lampes, trouvées à Leptis Magna et provenant probablement de Tripolitaine, portant les mots Lucernarius et Lucernius. Elle propose d’abord un catalogue de dix-huit pièces, bien illustré par des photographies, où l’on trouve des inscriptions. La forme Lucernarius, accompagnée de noms de personne, est un agnomen dérivé de la profession du fabricant. Quant à Lucernius, également accompagné par des noms d’homme, c’est un cognomen, désignant le propriétaire ou le gérant de l’atelier ; mais il ne faut pas exclure l’hypothèse d’un signum. Dans les deux cas, on se trouve face à un jeu de mots entre le nom du personnage et sa profession. (561) Graham S., A brick stamp of Agathobulus, dans Leptiminus (Lamta), 3. The field survey, p. 481-484. La lampe provient des figlinae Domitianae, localisées en Italie centrale. Agathobulus, esclave de Cn. Domitius Tullus, qui exerça le proconsulat en Afrique durant le règne de Domitien, fut affranchi en 115, mais poursuivit son activité pendant au moins une dizaine d’années. La lampe date donc de la fin du Ier siècle ou du début du IIe siècle ap. J.-C. (562) Stone D.L., Mattingly D.J. et Opaiţ A., Stamped amphoras, ibidem, p. 353-386, 5 tabl., 14 fig. Dans ce répertoire et cette étude des 145 timbres amphoriques trouvés à Lemta, quatre-vingt-dix-huit sont épigraphes, huit proviennent de l’extérieur. Leur chronologie s’établit entre le IIe siècle, peut-être un peu avant, et la fin du IIIe siècle ap. J.-C. L’apogée se situe probablement au milieu du IIIe s. et peu après, avec une majorité d’amphores du type Africaine III. S’y ajoute un tableau des 96 timbres de Leptiminus trouvés dans d’autres cités, principalement Ostie, Rome et la partie occidentale de l’Empire. On écrit aussi sur des tablettes : (563) Németh G., Sequences of charakteres in some circus defixiones in Latin from Hadrumetum, dans Acta Classica uniuersitatis scientarum Debreciensis, LXVII, 2011, p. 95-110, a étudié une série de tablettes d’Hadrumète concernant exclusivement les courses de chars, différentes par la taille et l’apparence. Elles contiennent des séquences récurrentes de caractères magiques, qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Après avoir mis en parallèle les diverses séquences, il en conclut qu’il existait dans cette cité, aux Ier et IIe siècles ap. J.-C., un cercle de magiciens, usant d’une même source, spécialisés dans les courses de char. (564) Lavagne H., Un fragment inédit de l’arc de triomphe du forum de Carthage, dans Comptes-rendus de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 2011, 4, p. 1819-1820. Cette notice fait état de la découverte, dans le cadre de l’inventaire pour l’édition du Nouvel Espérandieu, d’un haut-relief acquis par le général Dumuy au début du XIXe siècle et conservé dans une collection privée près d’Aix-en-Provence. Ce fragment, figurant le sacrifice d’un taureau et une scène relative à l’empereur Commode, proviendrait d’un arc triomphal restitué sur le forum de Carthage. R. Turcan observe à la suite que l’arc serait attribuable à Commode et non à Lucius Verus, comme le pensait G.-Ch. Picard. (565) Le Bohec Y., La tribu de Carthage et C. Marius, C.f., Arnensis, Extricatus, dans Corolla Epigraphica, p. 537-548, dresse des tableaux de la répartition chronologique et géographique de la tribu Arnensis dans les inscriptions d’Afrique. Ils montrent que l’usage de la mentionner ne dépasse pas l’époque sévérienne. Si, très logiquement, elle est particulièrement présente à Carthage et dans les cités de sa pertica, elle a été attribuée à davantage de cités qu’on ne l’a dit jusqu’à présent (liste p. 545). Arnensis est un adjectif qui s’accorde avec le cas du nom porté par le citoyen. (566) Christol M., A propos d’inscriptions latines d’Uthina (Oudhna, Tunisie), dans Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, 178, 2011, p. 285-299, revient sur quelques inscriptions de cette cité. Il met la dédicace de la statue d’Aequitas par l’édile C. Marius en relation avec les compétences de l’édile, qui a la responsabilité des poids et mesures. D’autres textes montrent en effet que l’activité de ces magistrats est placée sous l’égide de cette abstraction divinisée. L’inscription serait donc une initiative locale et non la manifestation de la mise en valeur de la politique augustéenne dans l’arrière-pays de Carthage. Il propose aussi à partir de trois fragments, dont deux jointifs, trouvés dans les grands thermes, publiés par Z. Ben Abdallah, H. Ben Hassen et L. Maurin, dans Oudhna (Uthina). La redécouverte d’une ville antique de Tunisie, 1998, n° 17, p. 54-55 (B.A.A.A., XXXII, 1998 [2003], n° 424), d’identifier C. Pomponius Rufus Acilius [Tu ?]scus ou [Pri ?]scus Coelius Sparsus, futur proconsul d’Afrique en 113, qui serait ici un légat du proconsul. (567) Schmidt M.G., Walking in Mustis. Monumentale Versinschriften einer afrikanischen Stadt im urbanen Kontext, dans Literatura epigráfica. Estudios dedicados a Gabriel Sanders, édit. Gomez Font X., Fernandez Martinez C. et Gómez Pallarès J., Saragosse, 2009, p. 309-321, commente divers fragments d’une inscription métrique monumentale célébrant les beautés de la ville de Mustis, notamment le forum et des fresques. Le texte doit être mis en relation avec l’aménagement du forum transitorium inauguré sans doute en 351, et il est peut-être contemporain de la réfection du forum en 364. (568) Benzina Ben Abdallah Z., Inscriptions de Haïdra et des environs (Ammaedara et vicinia) publiées (CIL, ILAfr, ILTun) et retrouvées, Tunis, 2011, 211 p. L’auteur a rassemblé les 248 inscriptions, sur 430 publiées dans les trois corpus successivement dépouillés, qui ont été retrouvées en divers lieux du site. Il s’agit essentiellement d’épitaphes (215) et de quelques dédicaces religieuses et honorifiques. Index des noms. Des lectures ont été améliorées, notamment pour les noms (voir p. 25-26, n° 17 = AÉ, 2009, 1731a-d = CIL, VIII, 323-324 ; p. 34, n° 28 = AÉ, 2009, 1738 a-d = CIL, VIII, 340 = 11505 ; p. 134, n° 173 = AÉ, 1997, 1623). Les quelques fautes d’impression seront aisément corrigées par les lecteurs. (569) Castillo C., Una enigmática inscripción africana (CIL, VIII, 7070 = 19428), dans Corolla epigraphica, p. 401-405. L’inscription trouvée à Cirta et perdue depuis pose de nombreux problèmes, en particulier celui de la longueur des lignes. Des restitutions partielles avaient été suggérées par Mommsen, puis par Pflaum (cette dernière n’a pas été consultée, semble-t-il). L’auteur propose de dater ce texte de la seconde moitié du IIe siècle ap. J.-C. et situe cette intervention, soit lors de l’attaque des Maures en Bétique sous Marc Aurèle, soit pendant la lutte contre les partisans de Clodius Albinus. (570) Cuomo S., A Roman engineer’s tales, dans Journal of Roman studies, 101, 2011, p. 143-165. Dans cet exposé sur les techniques romaines, l’auteur commente l’inscription de Nonius datus (CIL, VIII, 2728, de Lambèse) et la construction de l’aqueduc de Saldae. Il étudie d’abord l’aqueduc dans l’histoire de l’ingéniérie, puis considère le texte en tant que témoignage dans le débat sur l’impérialisme et la technologie tandis que la troisième partie s’intéresse au message que Nonius Datus a voulu transmettre. (571) Eck W., Neue Zeugnisse zu zwei bekannten kaiserlichen Bürgerrechtskonstitutionen, dans Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, 177, 2011, p. 263-271, 8 fig., publie deux fragments de deux diplômes déjà connus, qui appartiennent à une collection américaine. Il s’agit, d’une part, d’un texte d’Hadrien destiné à des troupes de l’armée d’Afrique en octobre 127, qui ont opéré sous les ordres du légat Fabius Catullinus ; d’autre part, d’un soldat de la Ière cohorte des Pannoniens, qui était stationnée en Maurétanie Césarienne, datant du règne d’Antonin le Pieux, en l’année 152. (572) Salcedo de Prado I., De la curia romana a la curia local : una mirada respectiva en el caso africano : los Maevii-Aelii y los Pompei-Mevii, dans Del municipio a la corte. La renovación de las élites romanas, édit. Caballos Rufino A.F., Séville, 2011, p. 227-241, étudie deux familles africaines, les Maevii-Aelii de Lambèse et leurs descendants, les Pompei-Mevii de Carthage. (573) Santos Yanguas N.V., Soldados legionarios sin graduación de origen galaico en el ejército romano, dans Hispania Antiqua, XXXV, 2011, p. 113-152, commente deux inscriptions funéraires de Lambèse, celle de T. Riburrinius Fuscus (CIL, VIII, 3226) et celle de L. Valerius Rufinus (CIL, VIII, 3268). (574) Pena M.J., Deux carmina de Caesarea (Cherchel) et la péninsule Ibérique (n° 170 et 162), dans Vie, mort et poésie dans l’Afrique romaine, p. 285-298, a repris l’étude de deux poèmes de Césarée qui doivent être mis en relation avec l’Espagne. Le premier (CIL, VIII, 21031), épitaphe d’un certain M. Furius Herennus, originaire d’Astigi en Bétique, est constitué d’un praescriptum et d’un poème, qui ne peuvent dater de la même époque. Le praescriptum remonterait à la première moitié du Ier siècle ap. J.-C. ; le poème a sans doute été gravé sur la stèle plus tard. Le second (CIL, VIII, 21275) ne comporte qu’un carmen et date du Ier siècle ap. J.-C. Pour l’auteur Hesperia ne désignerait pas la péninsule Ibérique mais l’Italie, où le défunt était né. (575) Morizot P., De Mommsen à Google Earth. Les avatars de l’inscription d’El Agueneb (CIL, VIII, 21567), dans Corolla epigraphica, p. 572-588, propose une nouvelle lecture de ce texte grâce à la redécouverte de la pierre, qui n’était connue jusque-là que par des estampages. Elle est conservée à Aflou et sa photo est désormais très accessible sur le site : http: ||afrique-antique.e-monsite.com. Si le sens général de l’inscription, des vœux prononcés après une expédition militaire pendant la légation d’Aemilius Macer au cours du printemps 174, ne fait plus aucun doute, l’usure de la pierre rend la lecture difficile et bien des points restent obscurs. Pour l’auteur, cette expédition loin de ses bases a dû répondre à un soulèvement des Maures dans la région du Djebel Amour pendant le règne de Marc Aurèle. L’auteur supprime notamment le sacrifice de lions, laeones, et voit à cet endroit le nom d’un personnage appelé Laeonides. Il pense que plusieurs centaines de soldats ont participé à cette entreprise. Notons d’ores et déjà que d’autres lectures de cette inscription ont été proposées depuis. (576) Boube J., Sala, le municipe claudien, dans Bulletin d’Archéologie marocaine, XXI, 2009, p. 184-187, reprend le dossier des tribus attestées à Sala pour conclure que le municipe était claudien et non pas dû à Trajan : en effet, tous les habitants de Sala dont la tribu est connue sont inscrits dans la Claudia. Sala fut donc, comme Volubilis et probablement pour les mêmes raisons, gratifiée par Claude du statut municipal à la suite de la guerre d’Aedemon. (577) Id., Les tribulations d’un faux décurion de cinq ans, ibidem, p. 188-193, 2 pl., a corrigé la lecture de ce texte en établissant la présence d’un ET à la fin de la 6e ligne (Volubilitani et/Salenses…) : par conséquent, l’enfant n’était pas décurion de Volubilis, mais il a été honoré par les décurions de Volubilis et de Sala, en raison de son appartenance à une grande famille de ces deux cités, la gens Antonia. La numismatique est peu généreuse cette année avec un seul titre : (578) Moreno Pulido E. et Quiñones Flores V.A., La amonedación de Cayo y Lucio Césares en Iulia Traducta y el Mediterráneo. Un problema cronológico, dans Numisma, 255, 2011, p. 9-63, font une étude détaillée des différentes séries de monnaies dédiées aux petits-fils d’Auguste pour pouvoir dater les premières émissions monétaires de la cité de Iulia Traducta, dont la date de fondation est inconnue. Les auteurs concluent que la première frappe de Iulia Traducta a été émise en 12 av. J.-C. et dédiée seulement à Auguste en l’honneur de son pontificat. La deuxième série se place après 6 av. J.-C., à un moment postérieur à la présentation au Sénat des deux frères. L’iconographie de cette émission peut avoir été inspirée par celle qui avait été réalisée en Afrique proconsulaire peu d’années auparavant, à Acholla, Hippo Regius et Hadrumète.
5Pour l’archéologie, il faut largement se référer aux Généralités, mais cette rubrique est également bien fournie. Après la mention d’un article sur un sujet rarement traité, nous aborderons les sites d’est en ouest. (579) Wilson A., Toilets, dans Roman toilets, section 7. Urination and Defecation Roman-Style, p. 99-105, examine des aspects pragmatiques comme la signalisation des lieux d’aisance, la protection des usagers des regards extérieurs, l’existence possible d’accès payants qui inclurait un service d’entretien et la mise à disposition d’articles de toilette (p. 101, inscription de Cirta, CIL VIII, 6982), la forme des sièges, la façon de se nettoyer, le système d’écoulement et de chasses, la présence de lavabos ou encore l’atmosphère de ces lieux, à travers les exemple de Lepcis Magna, Sabratha, Dougga et Carthage. L’auteur illustre cette partie de deux dossiers : Case Study : The Latrines by the Forum at Timgad (p. 106-108) et Case Study : The Latrines of the Baths of the Cyclops at Thugga (p. 109). (580) Mackensen M., Am Rand der Wüste : Das römische Kastell Gheriat el-Garbia am limes Tripolitanus, Antike Welt, 2011, 42, 1, p. 77-84, 10 fig. (dont carte). La citadelle en pierre construite sur un plateau calcaire dans le désert du Fezzan, fouillée par des équipes allemandes et anglaises au XIXe siècle et au milieu du XXe siècle, a été réétudiée dans le cadre des prospections du projet UNESCO Libyan Valleys Archaeological Survey (ULVS), puis en 2009 et 2010 dans le cadre d’un projet sur le limes Tripolitanus. L’auteur présente les caractéristiques architecturales de l’ouvrage et le replace dans le système défensif des IIe-IVe s. du limes tripolitanus dans le sud tunisien et le nord-ouest libyen, avec le support d’une carte des ouvrages fortifiés. La question de l’occupation tardo-antique ultérieure est enfin abordée. Plus détaillé, (581) Mackensenm., collab. Eingartnerj. et alii, Das Severische Vexillationskastell Myd (---) und die spätantike Besiedlung in Gheriat el-Garbia (Libyen). Bericht über die Kampagne im Frühjahr 2010, dans Mitteilungen des Deutschen Archäologischen Instituts (Römische Abteilung), 117, 2011, p. 247-375, 86 fig., livrent les résultats des travaux effectués sur ce fort romain situé à 280 km au sud de Tripoli, sur le limes tripolitain, et occupé par différentes unités entre 198/201 et 275/280. À la suite de prospections géophysiques, la fouille et l’étude du bâti ont porté sur les quatre portes d’accès, leurs tours et leurs abords, une partie des principia ainsi que, à l’extérieur, sur des citernes et une zone funéraire. Une inscription monumentale du début du IIIe siècle, retrouvée en remploi, et des éléments architecturaux font suggérer l’existence de l’édifice de la groma. Des bâtiments tardo-antiques associés à des restaurations du fort sont attribués au déploiement d’une unité de limitanei entre 360/380 et 430/455. Une troisième phase, entre la seconde moitié du Ve siècle et 540, pourrait se rapporter à l’occupation du camp par un chef libyen et sa tribu. Les études de spécialistes complètent ce volumineux rapport (céramique, catalogue du matériel architectural, épigraphie, listes des découvertes monétaires, étude anthropologique). (582) Golvin J.-Cl., Comment expliquer la forme non elliptique de l’amphithéâtre de Leptis Magna (Al Khums/Lybie [sic]) ?, dans Theatra et spectacula : les grands monuments des jeux dans l’Antiquité, Études de lettres, 2011, 1-2, édit. Fuchs M. et Dubosson M., Lausanne, 2011, p. 307-323, 7 fig. La forme composée de deux demi-cercles très rapprochés de l’amphithéâtre de Leptis Magna, inauguré en 56 ap. J.-C., correspond à celui de deux théâtres accolés l’un à l’autre par leurs bâtiments de scène. L’auteur l’explique par la fonction polyvalente qui a dû lui être assignée pour servir aux neronia. Ces jeux, qui associaient aux munera et aux uenationes des compétitions athlétiques et hippiques, des danses et des concours musicaux, selon la tradition grecque, furent promus par Néron, le temps de son règne. Cette forme peu courante offrait en particulier les qualités acoustiques nécessaires. Fort de ce rapprochement, l’auteur propose une restitution de l’amphithéâtre de bois construit par Néron sur le Champ de Mars en 57 ap. J.-C., par ailleurs décrit par plusieurs auteurs contemporains. (583) Lontcho F., Leptis Magna, dans L’Archéologue, 117, décembre 2011-janvier 2012, p. 32-33. Dans le cadre d’un dossier sur « Temples romains restitués », l’urbanisme de la ville et trois édifices cultuels du vieux forum sont évoqués : le temple d’Hercule, le temple d’Auguste et de Rome et celui de Liber Pater. (584) Mahler K.-U., Die severische Restaurierung des Macellums von Lepcis Magna, Mitteilungen des Deutschen Archäologischen Instituts (Römische Abteilung), 117, 2011, p. 221-246, 23 fig., rés. angl. En s’appuyant sur l’étude des bases et des chapiteaux de la tholos sud du macellum, l’auteur montre que le décor architectural de ces restaurations est datable de l’époque sévérienne même si le style renvoie à des formes anciennes, qui sont héritées de pratiques artisanales locales. Il faut saluer la troisième publication des importantes recherches menées sur le site portuaire de Leptiminus. (585) Leptiminus (Lamta). Report no. 3. The Field Survey, édit. Stone D.L., Mattingly D.J. et Ben Lazreg N., contrib. Allen T.J. et alii, Portsmouth (Journal of Roman Archaeology. Supplementary series, 87), 2011, 493 p., ill., cartes, 2 dépl., 1 DVD. L’ouvrage se compose de trois parties : la première est constituée de chapitres de synthèse sur la cité, les conditions historiques et environnementales de son développement, son économie. La seconde réunit des rapports spécialisés sur les productions - en particulier les lampes, la vaisselle, les amphores -, et sur les techniques de construction, mortiers, matériaux, pierres décoratives. Un DVD contient la troisième partie, composée de deux catalogues des sites découverts lors des prospections urbaines et rurales : (586) Wilson A.I. et alii, Gazetteer of sites in the urban survey, p. 495-628, et (587) Stone D.L. et Carr K.E., contrib. Wilson A.I., Gazetteer of sites and catalogue of pottery from the rural survey, p. 629-659. (588) Stone D.L., Mattingly D.J. et Ben Lazreg N., Introduction : background and context for the investigations at Leptiminus, ibidem, p. 10-28, 8 fig., 2 tabl. Les travaux ont combiné prospections de surface, fouilles, analyses du bâti, prospections géophysiques, études environnementale et céramologique ainsi qu’une attention particulière aux activités économiques, liées notamment à la fonction portuaire de Leptiminus. Une brève synthèse historique et historiographique est suivie d’une présentation des limites chronologiques et géographiques de l’étude. Un tableau dresse la liste des explorations menées dans le cadre du projet depuis 1992, accompagné de la cartographie des secteurs fouillés. (589) Brown A.G., Sherriff B. et Butler S., contrib. Keen D., Johnson S., Roy M., Environment, ibidem, p. 29-47, 10 fig. Des travaux de terrain en géoarchéologie et des analyses en laboratoire ont été menés pour insérer dans son contexte environnemental Leptiminus, ville portuaire et important centre de production céramique. La présentation de la géologie et de la stratigraphie sédimentaire est suivie d’une étude hydrographique et géomorphologique du secteur (oueds Bou Hajar et Al-Mansoura, delta, littoral, sbekha Mta Moknine). (590) Stone D.L., Mattingly D.J. et Dore J.N., Methodology and field-walking data, ibidem, p. 49-89, 26 fig. Les auteurs présentent en détail la méthodologie mise en place au fur et à mesure de l’avancée des prospections, les méthodes de reconnaissance des sites (les fiches de terrain utilisées) et de traitement du matériel, avant de proposer une analyse préliminaire des données de prospection, agrémentées de nombreuses cartes de répartition des artefacts. (591) Clarke S. et Robinson D., Geophysical survey, ibidem, p. 91-120, 3 tabl., 20 fig. (dont couleurs). Des prospections de résistivité électrique ont été menées sur 20 ha (15 % de l’espace urbain et suburbain) et la méthode électro-magnétique a été appliquée sur 12 ha (9 %). La méthodologie et l’équipement utilisés sont présentés ainsi que les problèmes rencontrés et les six secteurs prospectés : les zones industrielles orientale et occidentale, le port, le centre monumental, les thermes de l’Est, l’enceinte byzantine. (592) Ghazouani M., L’oléiculture dans la région de Fernana, dans Olivier (L’-) en Méditerranée, T. II, p. 9-15, 9 fig., présente de nouvelles données archéologiques sur cette région située dans le nord-ouest tunisien entre Jendouba au sud et Tabarka au nord. Onze huileries ont pu être déterminées grâce à la découverte d’une soixantaine de contrepoids répartis sur l’ensemble du territoire. La technique des jumelles y est absente. (593) Amraoui T., Le « quartier industriel » de Timgad : un état de la question, dans La ville au quotidien, p. 223-232, 5 fig. L’artisanat le mieux représenté archéologiquement est celui des foulons, qui occupe le quartier nord-est. Signalés par un puits et des cuves en terre cuite, les ateliers occupent une partie des îlots d’habitation, sauf deux dans le nord-ouest. Quant au quartier en triangle identifié jadis comme un « quartier industriel », il comprend une fonderie. Cependant, ce qui avait été jugé être un atelier de potier résulte d’une erreur d’interprétation : la vocation principale de ce quartier n’était pas artisanale, mais commerciale. (594) Laporte J.-P., Routes antiques de la Kabylie du Djurdjura (Algérie), Les dossiers d’archéologie, n° 343, 2011, p. 68-71, 7 fig., 2 cartes. La région très accidentée située entre Saldae et Auzia est parcourue par trois voies principales d’orientation est-ouest : l’une suit le littoral, une autre la vallée de la Soummm au sud du Djurdjura (relief atteignant 2308 m d’altitude) et la troisième la vallée de l’oued Sebaou au nord du massif. Deux tronçons reliant les colonies de Tubusuctu, au sud-est, et de Rusazus, sur le littoral nord, sont considérés comme fortifiés. L’auteur se fonde sur la présence de deux fortins (Ksar Chebel et Ksar Kebbouch) datés du IIe siècle d’après la fondation des trois colonies de la région et la stèle d’un centurion, et d’une tour, dont la restauration est datée du IIIe s. d’après une dédicace. Un article intéresse les deux Maurétanies, (595) Pichot A., Théatres et amphithéatres : outils de romanisation en Maurétanie ?, dans Theatra et spectacula : les grands monuments des jeux dans l’Antiquité, Études de Lettres, édit. Fuchs M. et Dubosson M., Lausanne, 2011, 1-2, p. 171-192, ill., plans. Après une rapide présentation des provinces de Maurétanie, la Césarienne et la Tingitane, l’auteur rappelle que trois théâtres et six amphithéâtres sont actuellement connus dans ces provinces. Le théâtre et l’amphithéâtre de Sitifis sont uniquement attestés par l’épigraphie et l’amphithéâtre de Tigaua Castra n’a jamais été fouillé. On connaît mieux en revanche les théâtres et les amphithéâtres de Caesarea et de Tipasa, ainsi que les monuments de Lixus et de Zilil : tous ces édifices ont fait l’objet de recherches sur le terrain, ce qui permet à A.P. d’en proposer une description. Pour l’auteur, l’interprétation du monument de Lixus comme un théâtre-amphithéâtre, très présente dans la bibliographie, est à revoir : l’édifice en question correspond plutôt à un simple amphithéâtre. L’auteur souligne pour finir que les édifices de spectacle constituent assurément des marqueurs d’intégratim des populations à la culture romaine. (596) Campos J.M. et alii, El castellum de Tamuda. Análisis arqueoarquitectónico, dans Arqueología y Turismo en el Círculo del Estrecho, p. 507-527. Il s’agit d’une description archéologique du castellum qui date du début du principat de Claude. (597) Bermejo Meléndez et alii, Anastylosis virtual de la puerta occidental del castellum de Tamuda (Tetuan, Marruecos), dans Virtual archaeology Review, II, 3, avril 2011, p. 145-149, 6 fig. Les six auteurs de ce texte ont rédigé une description des résultats de la campagne archéologique de 2009 dans une porte du castellum de la ville. Ils ont effectué aussi une proposition de reconstitution. (598) Ammar H. et Ansali M., Données préliminaires sur le quartier à vocation industrielle de Sala, dans La ville au quotidien, p. 203-211, 8 fig, rendent compte des études en cours sur ce quartier dégagé par J. Boube dans les années 1960. Il comporte trois huileries, des éléments de boulangerie ou de meunerie et des boutiques. (599) Alaioud M., L’huile à Banasa : témoignages archéologiques, dans Olivier (L’-) en Méditerranée, T. II, p. 77-87, note onze contrepoids parallélépipédiques et un cylindrique. Leur présence est liée à l’époque romaine et à l’augmentation de la production d’huile à cette époque. Mais cette présence est, au final, assez peu importante à Banasa, et la ville importait de l’huile pendant le Haut-Empire. (600) Limane H. et Rebuffat R., L’atelier de Sraïma, dans Bulletin d’Archéologie marocaine, XXI, 2009, p. 202-223, 10 pl. Le petit site de Sraïma, sur la rive gauche du Sebou, découvert en 1990, était occupé par un atelier de production de tuiles, dont trois grands fours sont encore visibles, ainsi que des tuiles, plaques, céramiques fines et ratés de cuisson en très grand nombre. L’article donne un premier aperçu de ce site, sans doute en activité vers les Ier-IIIe siècles. (601) Leduc M., L’artisanat au cœur de la ville : l’exemple des pistrina de Volubilis, dans La ville au quotidien, p. 181-189, 7 fig. L’étude de la répartition des boulangeries dans la ville montre que celle-ci est homogène et qu’elles sont indépendantes des habitations dans lesquelles elles sont situées. L’espace domestique et l’espace artisanal sont donc dissociés, ce qui laisse penser que l’activité professionnelle n’était pas concurrencée par la fabrication domestique. (602) Pensabene P., Tradizioni punico-ellenistiche a Volubilis : i capitelli corinzi e compositi, dans Archeologia Classica, n. s., I, 2011, p. 203-278, 87 fig., plans, rés. angl. L’auteur s’intéresse à la persistance de traditions pré-romaines à Volubilis au cours de la période impériale dans le domaine de la décoration architectonique. Le maintien ou la reprise de ces traditions, à la fois puniques et hellénistiques, peut être mis en évidence à travers l’étude de différents chapiteaux retrouvés sur le site de Volubilis. Le corpus pris en considération provient surtout, pour les monuments publics, de la basilique, du Capitole et du portique sur la place attenante, qui constituent une sorte de forum adiectum d’époque sévérienne, et, pour les constructions privées, des maisons du quartier nord-est. Après avoir présenté les différents chapiteaux en fonction de leur lieu de provenance, l’auteur en dresse une typologie. Cette rubrique se terminera avec trois études sur les mosaïques. Thysdrus en a livré de beaux exemplaires dont (603) Melmoth F., Un calendrier illustré : Thysdrus / El Jem (Tunisie), dans L’Archéologue, 111, décembre 2010-janvier 2011, p. 26-29, rappelle l’existence dans le cadre d’un dossier sur « Le temps et les saisons ». Cette mosaïque découverte par L. Foucher (1961) dans la salle (5 × 4m) d’une domus située en face des grands thermes est décrite : datée du début du IIIe siècle, elle est composée de 24 tableaux, dont seize figurés : des allégories des quatre saisons sont représentées au début de chacune des rangées ; la légende du mois et une fête traditionnelle correspondante figurent sur douze des tableaux. Les quatre génies et les scènes des mois sont successivement décrits et illustrés. (604) Boussaada A., Rome : l’Olivier et le Sacré, dans Olivier (L’-) en Méditerranée, T. II, p. 353-363, 11 fig., évoque la documentation sur l’olivier présente dans la mythologie et cite le texte qui surmonte la mosaïque d’El-Haouaria représentant la dispute d’Athéna et de Poséidon à propos de l’Attique (CIL, VIII, 23131). (605) Malek A.-A., Nouvelles découvertes à Lambèse (Tazoult, Algérie), dans Les Dossiers d’archéologie, n° 346, 2011, p. 26-31, 10 fig. Les fouilles de la mission archéologique franco-algérienne à Lambèse ont mis au jour, en 2006, une domus dont la salle d’apparat est ornée de panneaux géométriques et d’un tableau figuré unique représentant le sacrifice manqué de Phrixos et Hellé. Ce tableau figuré est comparé à la mosaïque d’Aspasiou Kètè, retrouvée en 1905 dans une autre domus du site. Un autre pavement figuré a été retrouvé dans la maison dite de la Tigresse. Il est composé d’un tableau représentant la délivrance d’Andromède par Persée et d’un autre figurant Ariane abandonnée par Thésée et découverte par Dionysos sur l’île de Naxos.
Bibliographie
6Pas d’histoire événementielle cette année pour introduire cette rubrique, mais des études sur la politique administrative et la présence militaire. (606) Lichtenberger A., Severus Pius Augustus : Studien zur sakralen Repräsentation und Rezeption der Herrschaft des Septimius Severus und seiner Familie (193-211 n. Chr.), Leyde – Boston (Impact of empire, 14), 2011, X-478 p., 3 annexes, 102 p. de pl., 319 fig., 5 index. Cet ouvrage en sept chapitres (dont l’introduction et la conclusion), très abondamment illustré, étudie le processus de provincialisation des membres de l’administration centrale sous les Sévères à travers la diffusion des divinités non-italiennes par l’iconographie impériale. Les sources littéraires, épigraphiques, numismatiques (p. 37-74), la sculpture monumentale (p. 75-78 sur Lepcis Magna) et la glyptique sont mobilisées pour présenter les Di patrii (chapitre II), notamment Hercule, Liber Pater à Lepcis Magna (p. 27-36), le Saeculum Frugiferum (sur l’Afrique, p. 100-104), Caelestis (p. 104-108), Sérapis (p. 113-121). Sont vues en détail les villes natales des empereurs, parmi lesquelles Lepcis Magna pour Septime Sévère (p. 137-145), Hadrumetum pour Clodius Albinus (p. 145-146) et Caesarea de Maurétanie pour Macrin (p. 146-147). Dans le chapitre III, Conservator Augusti, l’auteur discute de la relation entretenue par Septime Sévère avec les dieux protecteurs de Rome, Jupiter et Junon (p. 202-205, 210-213). Dans le chapitre IV, Aeternitas Imperii, on notera le dossier sur le Septizodium (p. 250-266 pour l’Afrique, notamment Cincari). Le chapitre VI, Domus Divina, traite du culte impérial (p. 317- 355) et des représentations des membres de la famille impériale. Enfin, au chapitre VII, l’auteur clôt son étude sur la question des deux patries de l’empereur (p. 381-386 pour l’Afrique). (607) Rebuffat R., Rome vue d’Afrique. Le triple État, dans Mélanges Pierre Senay, p. 231-244. Dans le Panégyrique de Trajan prononcé par Pline le Jeune au Sénat lors de la formulation des vœux pour l’empereur, les militaires sont cités avant les civils. Comme dans d’autres textes, cette disposition reflète le protocole et souligne les structures de l’État. Sont cités à l’appui de cette démonstration plusieurs documents de Maurétanie, dont le texte de Sala pour M. Sulpicius Felix (IAMLat, 307) et la remise d’impôts effectuée par Caracalla (IAMLat, 100). (608) Hilali A., Recherche sur les frontières de l’Afrique romaine : espaces mobiles et représentations, dans Frontiers in the Roman World : Proceedings of the Ninth Workshop of the International Network Impact of Empire (Durham, 16-19 April 2009). Impact of Empire, 13, édit. Hekster O. et Kaizer T., Leyde-Boston, 2011, p. 97-111. Lieu d’échanges et de surveillance à caractère à la fois militaire et administratif, la zone du limes, mot sujet à caution, est un espace plus ou moins intégré au territoire de l’Empire. Rappelons que la présence militaire romaine fut effective jusqu’à une date tardive. (609) Magioncalda A., Principes gentis, dans Identità e autonomie nel mondo romano occidentale. Iberia-Italia/Italia-Iberia, III convengo internazionle di epigrafia e storia antica, Gargnano 12-15 maggio 2010, Faenza, 2011, p. 79-95, passe en revue les rares principes connus de Proconsulaire, Numidie et Maurétanie Césarienne, des Ier s.-IIe s. ap. J.-C. et peut-être encore au IIIe s., mais laisse de côté la Tingitane. Le terme gens définit dans ce cas, selon J. Desanges, une « notion ambiguë », à entendre dans le sens de « tribu ». Chefs administratifs, ils appartiennent à l’aristocratie locale et sont choisis peut-être avec l’assentiment de Rome ou sur son intervention directe. Ils ne se confondent pas avec les praefecti gentis, agents du pouvoir central de rang équestre, choisis eux aussi parmi les Africains et chargés de contrôler les tribus qui leur sont assignées. Certains principes sont pérégrins, surtout au début de la conquête, d’autres sont citoyens romains. (610) Rebuffat R., Les peuples du nord du Maroc, dans Provinces et identités provinciales en Afrique romaine, p. 63- 86, a posé la question de savoir si la répartition des peuples indigènes, envisagée essentiellement d’après Ptolémée, eut une conséquence sur les modalités de l’abandon d’une partie des territoires de la province à la fin du IIIe siècle. Après Ptolémée, seule l’épigraphie renseigne sur les relations avec quelques-unes des gentes au cours des IIe et IIIe siècles. Il semble qu’une conscience précise de ce qui pouvait être gardé a présidé à la réorganisation et à la délimitation au moment de réduire la province. (611) Santos Yanguas N.V., La cohorte III de caballería de ciudadanos romanos astures en el ejército de Mauritania Tingitana, dans Akros, IX, 2010, p. 37-42, retrace l’histoire de cette unité d’auxiliaires depuis son recrutement au temps de Tibère ou de ses successeurs immédiats jusqu’à sa disparition à la fin du IIIe ou au début du IVe s. Son histoire connue se limite au nord de l’Afrique. On ignore où se trouvaient ses quartiers aux Ier et IIe siècles, son campement à Tabernae correspond au IIIe siècle. (612) Detalle M.-P., Piraterie maure en Hispanie romaine : qu’en est-il ?, dans Latomus, LXX, 1, 2011, p. 140-153, fait le point sur la documentation littéraire et épigraphique concernant les incursions de tribus africaines vers l’Hispanie, qu’il faut mettre en relation avec les rébellions en Afrique. Le dossier est, au final, peu concluant, car il est difficile de mesurer leur ampleur et leur impact. [On sera réservé sur l’affirmation que les guerres ont beaucoup réduit le peuple maure dans l’Afrique antique, car les preuves font défaut]. (613) Faust S., Zur Repräsentation des severischen Kaiserhauses im Bildschmuck des Quadrifrons von Lepcis Magna, dans Repräsentationsformen in severischer Zeit, édit. Faust S. et Leitmeir F., Berlin, 2011, p. 111-145, 13 fig. Les scènes figurées sur l’arc sévérien de Lepcis Magna (sacrifices, aduentus, siège) forment un véritable panégyrique et véhiculent plusieurs concepts. Tantôt, elles mettent en valeur la dimension divine de la famille impériale, notamment avec la présence des dieux associés aux princes et à Iulia Domna, tantôt elles insistent sur le caractère civique ou la fonction militaire de Septime Sévère. En même temps, elles délivrent un message local à l’adresse de la ville natale de l’empereur. (614) Edzard Popkes E., Die Tauftheologie Cyprians. Beobachtungen zu ihrer Entwiklungsgeschichte und Schrifthermeneutischen Begründung, dans Ablution, initiation, and baptism, p. 1051-1070, Dans son étude de la crise qui a suivi la persécution de Dèce, l’auteur s’intéresse surtout à deux textes, le traité À Donat et la lettre 73 à Jubaianus. Dans son argumentation en faveur d’une conception rigoureuse des lapsi et dans son opposition au pape Étienne, Cyprien se réfère abondamment aux textes bibliques.
7L’histoire municipale suscite toujours beaucoup d’intérêt. (615) Obiang Nnang N. C.-B., Les empereurs romains et les cités d’Afrique du IIe au IIIe siècle ap. J.-C., Paris, 2011, 273 p., 5 fig., traite, en deux parties et quatre chapitres, des rapports réciproques, directs et indirects, entretenus par le pouvoir impérial et les cités, à partir des sources littéraires et épigraphiques. L’auteur étudie l’action de l’empereur envers les cités africaines et leurs habitants (promotions juridiques, octroi de la citoyenneté, aménagement à différentes échelles par les lois agraires, construction d’édifices et du réseau routier…) et, en réponse, les marques de reconnaissance et les hommages des cités et des citoyens. (616) Musso L., Leptis Magna unter Augustus und Tiberius : Romanisierung und Umgestaltung einer punischen Stadt, dans Imperium - Varus und seine Zeit : Beiträge zum internationalen Kolloquium des LWL-Römermuseums am 28. und 29. April 2008 in Münster, édit. Aßkamp R. et Esch T., Münster (Veröffentlichungen der Altertumskommission für Westfalen, Landschaftsverband Westfalen-Lippe, 18), 2010, p. 115-133, 19 fig. (plans). L’auteur étudie les étapes du développement urbain, économique et religieux (notamment le culte impérial) de la ville aux Ier-IIe s. ap. J.-C. et les autres signes de romanité montrant l’adoption progressive des éléments culturels de la civilisation romaine qui côtoient toutefois les traditions puniques locales, en particulier sur le plan linguistique. (617) Kolendo J., Zita, une ville oubliée de Tripolitaine, dans Classica Orientalia, Essays presented to Wiktor Andrzej Daszewski on his 75th Birthday, édit. Meya H. et Zych I., Varsovie, 2011, p. 267-275, propose une synthèse sur cette cité punique, qui est devenue municipe sous l’Empire, mieux connu depuis une étude de F. Queyrel consacrée à un groupe de statues (B.A.A.A., XXVII, 1993, n° 328). Un forum fut construit à l’époque julio-claudienne et l’auteur revient notamment sur deux inscriptions (CIL., VIII, 11002 et 11006), surtout la seconde. C’est sans doute un évergète qui a terminé la construction. L’a. reproduit un peu d’iconographie, en particulier un plan du forum avec son capitole, et il donne une bibliographie, courte mais essentielle. (618) Ben Akacha W., L’évolution juridico-urbaine de Mactaris sous le Haut-Empire, dans Latomus, LXX, 2, 2011, p. 422- 436. L’auteur tente de concilier les différentes étapes des aménagements urbains de la cité avec ce qu’il est possible de connaître de son évolution juridique. Les accélérations dans l’aménagement coïncideraient avec les promotions au rang de municipe par Hadrien puis au statut colonial sous Marc Aurèle, avant un épanouissement sous les Sévères. À propos d’une institution spécifique, (619) Goffaux B., Cultores, basilica et horrea à Mactar (Afrique proconsulaire), dans Horrea d’Hispanie et de la Méditerranée romaine, Madrid, 2011, p. 97-116, propose une nouvelle interprétation de la mention de la Iuuentus de la cité. Rédigé sous Domitien, ce texte associe la construction sur le sol public d’une basilique et de deux horrea par les cultores de Mars. L’auteur récuse l’hypothèse de G.-Ch. Picard selon laquelle cette construction serait liée à l’annone, et celle de H.-G. Pflaum, qui établissait un lien avec le cursus publicus. Il propose d’y voir une construction unitaire qui serait la schola du collège des Iuuenes, les horrea étant des pièces annexes de la basilique. L’auteur s’appuie sur d’autres documents, dont une inscription de Madaure, ILALg., I, 1987, et deux extraits d’Apulée, Met., 3, 28 et 4, 18. (620) Menulis F., Les grands sites de l’Antiquité : Sbeïtla / Sufetula (Tunisie), ville romaine et chrétienne, dans L’Archéologue, 115, août-septembre 2011, p. 60-69. L’histoire de la ville, le plan d’urbanisme et les principaux monuments romains et tardo-antiques sont successivement présentés et suivis d’un rapide historique des fouilles. (621) Beschaouch A., Recherches récentes sur l’histoire municipale de Thugga, ville à double communauté civique, en Numidie proconsulaire (Dougga en Tunisie), dans Comptes rendus de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 2011, 4, p. 1803-1818, étudie plusieurs inscriptions de la cité. Le formulaire d’une dédicace à Tibère (CIL, VIII, 26641) et l’absence de patrons connus avant cet empereur incite à voir dans ce dernier le fondateur du pagus. Le second point concerne l’expression pago patriae présente dans deux textes, que l’auteur propose de traduire par « le pagus de sa patrie ». En appendice, dans deux dédicaces mentionnant Vénus et Concordia, il suggère que Concordia est associée à Vénus et ne représente pas une entité séparée. (622) Ben Akacha W., Statut institutionnel, évergétisme et urbanisme à Thugga, dans Mélanges de l’École française de Rome. Antiquité, 123, 2, 2011, p. 616-627. L’évolution de la ville est envisagée surtout du point de vue des populations elles-mêmes, ou du moins de leurs représentants les plus autorisés, notamment à travers leurs évergésies, en particulier le capitole, les temples ou les constructions liées à l’eau. Celles-ci constituent des marqueurs de l’évolution des mentalités et rythment ce que l’on nomme communément aujourd’hui la réception des décisions institutionnelles et juridiques, en structurant le centre urbain selon des modèles à la fois souples et rigoureux. (623) Menulis F., Les grands sites de l’Antiquité : Dougga / Thugga (Tunisie). Ville punique, numide et romaine, dans L’Archéologue, 112, février-mars 2011, p. 56-65, présente de façon synthétique et chronologique les monuments de la ville et donne un rapide historique des fouilles. (624) Ben Akacha W., Promotion coloniale, frénésie évergétique et aménagement urbanistique à Thuburbo Maius, dans Dialogues d’histoire ancienne, XXXVII, 2, 2011, p. 89-118, 4 fig. L’auteur met en parallèle les promotions dont a bénéficié la ville, devenue municipe sous Hadrien puis colonie sous Commode, avec les différentes étapes de l’évolution urbanistique. Ainsi, le temple de Mercure, daté de 211, constituerait le point d’achèvement du secteur du forum, avant une évolution que l’auteur définit comme un « transfert de convergence », vers le secteur occidental de la ville où sont construits les thermes.
8L’économie et la société ont peu intéressé cette année. (625) Broekaert W., Partners in business. Roman merchants and the potential avantages of being a collegiatus, dans Ancient Society, XLI, 2011, p. 221-256. Un passage d’Apulée, Met., I, 5, illustre les difficultés du marchand pauvre. Celui-ci espère vendre du fromage frais dans la ville voisine et se rend au marché. À son arrivée il constate que tous les fromages ont été vendus la veille à un gros négociant et donc, au lieu de gagner de l’argent, il en a perdu, d’où l’intérêt de se regrouper en collège. (626) Lassère J.-M., Onomastica Africana XXI. L’onomastique des citoyens des municipes africains, dans Corolla Epigraphica, p. 526-536. L’auteur part des inscriptions datées de certains municipes de droit latin (Sala, Lepcis Magna, Capsa, Thuburbo Maius, Calama, Auzia et Gigthis) promus, sauf Sala, colonies avant 212, pour dresser la liste des décurions connus et en étudier l’onomastique. Il en conclut que les tria nomina étaient déjà très répandus parmi les Latins et que les citoyens romains ne cherchaient pas à affirmer leur intégration dans une tribu (notons cependant que Calama n’est pas encore colonie en 212). (627) Bertrandy F., Familles de Thubursicu Numidarum (Afrique Proconsulaire) aux deux premiers siècles de l’Empire romain, dans Corolla epigraphica, p. 353-364, reconstitue les liens de parenté de neuf familles de la cité au Haut-Empire (les Aemilii, Auilli, Falcii, Farsulei, Gellii, Iulii, Iunii, Postumii et Sillii) et donne la liste des gentilices présents dans la cité. Avillius avec deux l n’apparaît, en Afrique, que dans cette cité. Pour beaucoup d’épitaphes, l’absence d’invocation aux dieux Mânes indique probablement une datation précoce du Ier iècle. Les changements de statut ne semblent pas avoir affecté le peuplement. Deux femmes de caractère ont inspiré quelques réflexions, (628) Hidalgo de la Vega M.J., El sophista Apuleyo de Madaura y la memoria : construcción de la imagen de su esposa Emilia Pudentila, una aristócrata africana, dans Studia historica. Historia antigua : El narrador como hombre del acción : la constuccion de la memoriza colectiva en el mundo grecorromano, XXIX, 2011, p. 197-221, analyse l’image que le sophiste Apulée construit, à travers la mémoire de son épouse Aemila Pudentilla, une aristocrate africaine, ainsi que les relations de pouvoir entre les diverses familles de la cité d’Oea ; (629) Cooper K., A Father, a Daughter and a Procurator : Authority and Resistance in the Prison Memoir of Perpetua of Carthage, dans Gender and History, XXIII, 3, 2011, p. 685-702. Au cours de son séjour en prison, Perpétue s’affranchit de l’autorité de son père, ce qui donne lieu à des scènes dramatiques lors de leurs rencontres. L’article examine ici les liens entre l’autorité paternelle et celle du procurateur Hilarianus. Les espaces civiques, forum et amphithéâtre, deviennent les lieux de la désobéissance envers l’autorité paternelle et civile.
9Le culte impérial introduira au paragraphe dévolu à la religion. (630) Smadja É., L’empereur dans le système religieux des cités africaines sous le Haut-Empire romain, dans La norme religieuse dans l’Antiquité, p. 219-232, examine deux aspects spécifiques dans les modalités du culte impérial : sa mise en place dans l’organisation civique et les diverses formes de rapport entre l’empereur et les cités. Ce processus est rarement observable en raison d’un manque d’informations. Elle ne l’est que pour deux cités, Lepcis Magna et Thugga. Ce n’est pas tant le contenu de la religion romaine qui est exporté qu’un certain concept de religion, publique et contrôlée par les élites locales. La raison pour laquelle le terme de flamine a prévalu en Afrique reste mal expliquée, même s’il est logique d’envisager un lien avec ceux de Rome. Trois textes provenant de Mustis, Timgad et d’un uicus près de Zama Regia ont été jugés représentatifs de l’évolution de la norme et d’un rapport de l’empereur au divin. En conclusion, la relation dieux-empereurs s’amplifie, mais elle ne va pas jusqu’à une identification. (631) Selmi S., Flamines provinciae Africae (Contribution à l’étude des prêtres provinciaux africains sous le Haut-Empire romain), dans Synergies Tunisie, III, 2011, p. 195-212. L’auteur propose une étude sur le rôle et les caractéristiques des prêtres provinciaux en Afrique. Seuls 19 d’entre eux sont connus : 18 par l’épigraphie, un autre grâce au témoignage d’Apulée. S. Selmi fournit notamment la liste complète de ces prêtres, ainsi que des informations sur leur carrière et sur leur origine géographique. Les dieux ont toujours la cote, ceux du polythéisme, par lesquels nous commencerons, et celui des chrétiens. Deux articles généraux posent de bonnes questions. (632) Sebaï M., Les dieux ancestraux d’Afrique proconsulaire. Une catégorie hors-norme ?, dans La norme religieuse dans l’Antiquité, p. 245-270. Après avoir défini ce qu’il faut appeler dieux ancestraux, au passé punique ou libyque, l’auteur se demande s’ils sont les représentants d’une identité différente de celle de Rome et porteurs d’une autre norme, en insistant sur les divinités présentes sur le relief de Béja. Ces dieux partagent des caractéristiques communes et sont souvent attachés à un lieu et vénérés sous une forme collective. Plusieurs hypothèses sur les noms, puniques ou libyques selon les cas, sont envisagées, mais il est difficile de trancher. L’iconographie tend à montrer que les dieux de Béja participent à un processus d’élaboration : ce relief doit s’analyser aussi à l’aune d’une culture hellénistique et romaine. (633) Vigourt A., Normes religieuses et piété privée vers le milieu du IIe siècle ap. J.-C., ibidem, p. 73-84, Dans son étude des relations entre norme et piété au milieu du IIe siècle ap. J.-C., l’auteur prend comme point de départ deux inscriptions africaines, l’une de Thuburbo Maius (ILAf, 225 = ILPB, 325), qui fait état de prescriptions rituelles en l’honneur d’Esculape ; l’autre de Mactar (CIL, VIII, 6220 = 11796 = ILPB, 98), qui concerne une statue de Diane. Ces textes ont en commun leur caractère normatif, avec des interdits et des obligations à respecter. L’absence de mesure de vérification ou de coercition en cas de transgression suggère une intériorisation des interdits par ceux qui désiraient consulter ou honorer la divinité. (634) Benseddik N., Berbères, phéniciens, romains, les dieux romano-africains, dans Les Phéniciens en Algérie, p. 188-195, 5 fig., fait une recension des divinités romaines attestées, en insistant sur Esculape, Koré, Mercure. Toutes ont connu une transformation par rapport à leur origine gréco-romaine, une adaptation fonctionnelle correspondant plus ou moins à leurs équivalents locaux. Les divinités seront citées par ordre alphabétique et Cérès a suscité deux articles. (635) Ferchiou N., Dédicace d’un temple consacré aux Cereres (environs de Seressi, Tunisie), dans Corolla epigraphica, p. 491-499, photos. Un linteau, en partie endommagé, porte la mention d’une dédicace, faite sous Septime Sévère, très probablement d’un temple consacré aux Cereres par deux prêtres, la mère et le fils, qui devaient posséder des terres à proximité de la cité. La fin du texte (l. 7-8) est obscure : soit le monument a été réalisé grâce à la participation des fidèles, soit quelque chose (?) a été ajouté pour les fidèles. Pour eux on aurait prélevé, sur certains revenus, une somme destinée à aménager un local servant de curie, qui serait ici le lieu de réunion d’un collège religieux plutôt que celui de l’ordre des décurions. (636) Gaspar V., Status and gender in the priesthood of Ceres in Roman North Africa, dans Priests and state in the Roman world, Stuttgart, 2011, p. 471- 500, envisage le statut et le genre des prêtres de Cérès à partir de 120 inscriptions. 57 concernent des femmes, en incluant 3 canistrariae et une lampadifera et 5 probables (toutefois, il convient d’être prudent sur le titre de sacerda en l’absence d’éléments décisifs : il n’implique pas obligatoirement une prêtrise de Cérès, même si la probabilité est grande pour certaines au vu de plusieurs parallèles). L’importante présence des hommes, avec 41 inscriptions, est une particularité africaine. L’origine ethnique est parfois délicate à préciser, mais il est certain que les habitants de souche africaine, portant des noms latinisés, sont nombreux. Socialement, presque tous, à l’exception des prêtres annuels des Cereres de Carthage, appartiennent à la classe moyenne et sont, semble-t-il, d’un rang inférieur à celui de leurs homologues italiens. Isis est représentée grâce à Apulée : (637) Assmann J. et Ebeling F., Apuleius, Die Mysterien der Isis erobern der griechische-römische Welt, dans Ägyptische Mysterien. Reisen in die Unterwelt in Aufklärung und Romantik : eine kommentierte Anthologie, Münich, 2011, p. 29-47. Après un résumé sur la personnalité d’Apulée, le chapitre insiste sur ses liens avec la philosophie, la magie et la déesse Isis, tout en donnant quelques références parmi les auteurs classiques. (638) Libby B.B., Moons, smoke, and mirrors in Apuleius’ portrayal of Isis, dans American Journal of Philology, 132, 2, 2011, p. 301-322, met en avant la critique de la déesse Isis et de ses prêtres par Apulée dans L’Âne d’or et dans ses travaux philosophiques et rhétoriques (De Deo Socratis, Apologia). (639) Popescu M., Jupiter Dolichenus, ses trois prêtres et les soldats du Danube, dans Médiateurs culturels et politiques dans l’Empire romain : voyages, conflits, identités, édit. Gangloff A., Paris, 2011, p. 167-181, 9 fig., Une étude sur ce dieu populaire dans l’armée donne l’occasion à l’auteur de rappeler que la première mention de dolichena dans les provinces occidentales se trouve à Lambèse et date de 125-126. (640) Ben Abid L., Nouveau point de vue à propos de Mercure et l’oléiculture en Afrique romaine, dans Olivier (L’-) en Méditerranée, T. II, p. 289-300, revient sur l’idée que Mercure était associé à l’oléiculture. L’examen des documents semble indiquer qu’il ne l’ait été qu’indirectement en tant que divinité protectrice des commerçants, y compris des marchands d’huile. Une étude des inscriptions où il est associé à Sylvain, de celles où son nom est au pluriel, ainsi que les représentations où il figure en compagnie du scorpion, un animal redouté, conduisent à penser que Mercure était une divinité très complexe. D’une part, il peut être le Mercure gréco-romain, sous la forme duquel il est d’ailleurs représenté, mais il a aussi été identifié à des divinités locales dont le nom reste inconnu, et il était le protecteur contre les morsures des scorpions. (641) Kallala N., À propos du relief rupestre de Neptune de Aïn Hajar au Nord-Ouest de la Tunisie, dans Mélanges Pierre Senay, p. 65-80, 11 fig. Situé à environ quatre kilomètres d’Althiburos, dans un monticule rocailleux d’où jaillit une source, ce relief mesure 1,20 m de haut sur 1,30 m de large. Neptune, dieu de l’élément liquide, nu, avec la barbe touffue, tenant le trident, se tient dans une architecture évoquant un temple, à côté de laquelle se trouvent deux serpents, identifiés comme les génies du lieu. Le relief peut être daté de la période comprise entre le milieu du Ier s. av. J.-C. et la fin du Ier siècle ap. J.-C. Le grand dieu africain a été quelque peu délaissé avec deux titres seulement. (642) Soltani A. et Abdelouhab N., Une nouvelle stèle à Saturne de Tiddis, dans Les Phéniciens en Algérie, p. 156-159, 1 fig. Cette stèle rectangulaire (47 l. x 44 h. x 16 cm d’épaisseur) anépigraphe comporte deux registres inégaux. Un personnage masculin debout tient un « gâteau couronne » et, au dessus, se trouvent le buste du soleil, un croissant de lune et un signe de Tanit. Il convient de dater cette stèle des IIe - IIIe s. (643) Groslambert A., Existe-t-il une norme dans le culte de Saturne africain ?, dans La norme religieuse dans l’Antiquité, p. 233-244. Après avoir rappelé la genèse de l’évolution du dieu à partir de Baal Hammon, l’a. revient sur diverses modalités liées au culte de Saturne à l’époque romaine. Il existe des règles quant à la localisation des sanctuaires et dans la disposition des structures ; il semble qu’il en ait aussi existé pour les représentations figurées (stèles) et dans le statut des prêtres et des fidèles. Quant au christianisme, signalons (644) Tabernee W., Initiation / Baptism in the montanist movement, dans Ablution, initiation, and baptism, p. 917-944, pour Cyprien et le montanisme, des inscriptions nord-africaines et le culte du martyr Montan. (645) Girardet K.M., Libertas religionis : Religionsfreiheit bei Tertullian und Laktanz : zwei Skizzen, dans Römische Jurisprudenz : Dogmatik, Überlieferung, Rezeption : Festschrift für Detlef Liebs zum 75. Geburtstag, édit. Muscheler K., Berlin, 2011, p. 205-226. Pour Tertullien, la religion polythéiste et l’hérésie ne sont pas des religiones. Par principe donc, elles ne peuvent prétendre à la liberté de religion. Pour Lactance, dans la cité chrétienne, c’est-à-dire l’âge d’or de l’humanité, il n’existera plus de païens, ni bien sûr d’hérétiques ou de juifs. Donc, là encore, la question de la tolérance n’aura plus lieu d’être. Par conséquent, aucun des deux auteurs ne peut être considéré comme un fondateur de la liberté religieuse. (646) Thomas N.L., Defending Christ : the Latin apologists before Augustine, Turnhout (Studia traditionis theologiae, 9), 2011, X-230 p., index. Cet ouvrage examine les points communs et les spécificités des apologistes chrétiens d’origine africaine et d’expression latine antérieurs à Augustin. Après une introduction présentant le genre apologétique, cinq chapitres – un par auteur – envisagent successivement les œuvres apologétiques de Minucius Felix, Tertullien, Cyprien, Arnobe de Sicca et Lactance.
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Bibliographie analytique de l’Afrique antique XLV (2011)
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