III – L’Afrique et le monde punique, du IIIe s. à la fin de la République
p. 76-88
Texte intégral
1Pour une fois la tradition qui veut que ce chapitre soit nettement plus réduit que les autres ne se vérifie pas entièrement, et il faut penser en outre à se reporter aux Généralités.
A - Guerres puniques
2La parution d’un gros volume sur ce sujet a nourri ce chapitre où la deuxième guerre punique et la personnalité d’Hannibal occupent, comme toujours, la première place.
Sources
3La littérature a abondamment contribué à documenter les guerres puniques, surtout la deuxième. (437) Mineo B., Principal Literary Sources for the Punic Wars (apart from Polybius), dans Companion (A-) to the Punic wars, p. 111-127, a étudié les sources autres que Polybe en quatre paragraphes qui suivent la chronologie des auteurs anciens. Le premier annaliste de Rome est Q. Fabius Pictor qui compose sans doute son ouvrage après la bataille de Cannes et dont l’objectif est de maintenir la loyauté au sein des cités de Grande Grèce et de Sicile. Le second paragraphe s’attache à Caton. Puis sont mentionnés les annalistes de la fin de la République, Q. Claudius Quadrigarius et Valerius Antias, qui précédent Diodore de Sicile et Cicéron. Sont rapidement évoqués, pour finir, les auteurs de l’ère julio-claudienne, Tite-Live, puis ceux qui vécurent entre les Flaviens et le Ve siècle, dont Plutarque, Appien et Dion Cassius. (438) Malye J., La véritable histoire d’Hannibal, Paris, 2011, 208 p., 7 cartes. Il s’agit d’un recueil de textes traduits de quatre auteurs antiques, Appien, Cornélius Népos, Polybe et Tite-Live, réunis et commentés par J. Malye autour de la figure d’Hannibal et, principalement, de son action au cours de la seconde guerre punique. L’ouvrage est complété par une chronologie et la biographie des auteurs antiques. (439) Adler E., Valorizing the Barbarians : enemy speeches in Roman historiography, Austin (Tex.) (Ashley and Peter Larkin series in Greek and Roman culture), 2011, X-269 p., index. Intéressant nos études, l’enquête de l’auteur sur des discours célèbres s’est focalisée, aux p. 59-116, sur deux séries rapportées respectivement par Polybe et Tite-Live. La première se situe avant la bataille du Tessin (Polybe, III, 62-64, Tite-Live, XXI, 40-44) la seconde avant celle de Zama (Polybe, XV, 6-8, Tite-Live, XXX, 30-31). Dans les deux cas, Hannibal est concerné, mais les généraux romains sont différents, P. Cornelius Scipion lors du premier engagement, Scipion l’Africain dans le second. La question de l’impérialisme romain est abordée par les deux auteurs et, si Tite-Live donne indéniablement un portrait plus sévère d’Hannibal que Polybe, les discours apparaissent chez lui avec plus de force. Plus insolite, l’étude de (440) Flohr M. et Wilson A., The Economy of Ordure, dans Roman toilets, p. 147-156, qui s’intéressent à l’usage des excréments humains comme engrais. A. Wilson déduit d’un passage de Varron, qui cite Cassius Dionysius d’Utique, le traducteur du traité d’agriculture de Magon le Carthaginois, qu’il devait s’agir d’une pratique punique du IIe s. av. J.-C. (p. 147).
Bibliographie
4Une abondante mise au point qui porte sur les trois guerres a été dépouillée : (441) Companion (A-) to the Punic wars, édit. Hoyos D., Malden-Oxford, 2011, 576 p., 4 tableaux, 5 cartes. Elle est divisée en quatre sections qui suivent un ordre à la fois chronologique et thématique. La première comprend neuf chapitres et concerne les antécédents, avec (442) Serrati J., The Rise of Rome to 264, ibidem, p. 9-27, qui résume les sources légendaires de l’histoire de Rome, notamment la légende troyenne, les premiers siècles de la conquête et l’expansion en Italie. La deuxième section, composée de cinq articles, concerne le premier conflit ; la troisième est la plus fournie avec neuf chapitres, dont deux concernent plus spécifiquement l’Italie, car ils s’attachent aux conséquences des conflits dans cette région. Nous les signalons ici : (443) Ñaco del Hoyo T., Roman Economy, Finance and Politics in the Second Punic War, ibidem, p. 376- 392, et (444) Rosenstein N.S., Italy : Economy and Demography after Hannibal’s War, ibidem, p. 412-429. Trois chapitres traitent de la période qui va de la fin de la deuxième guerre punique à la destruction de Carthage. Les chapitres conclusifs, considérés comme une section, envisagent les traces laissées par celle-ci après sa disparition. (445) Brizzi G., Metus punicus, Studi e ricerche su Annibale e Roma, Imola, 2011, 183 p. Ce recueil d’articles déjà publiés ailleurs intéresse plus souvent Rome que l’Afrique. Mais on y retrouvera deux études sur les origines des guerres puniques : « Cartagine e Roma : dall’intesa al confronto », et « Di nuovo sulle origini della seconda guerra punica », ainsi qu’un texte sur les rapports difficiles entre Africains et Celtes « Celti e Africani : un’alleanza difficile ». Si l’ordre chronologique s’impose, il faut aussi faire place à des thèmes précis. (446) Hoyos B.D., The Outbreak of War, dans Companion (A-) to the Punic wars, p. 131-148. Cette étude sur le déclenchement du premier conflit entre Rome et Carthage en 264 av. J.-C. revient sur les relations antérieures nouées entre les deux puissances, en particulier sur les traités. L’auteur rejette l’historicité de celui dit de Philinos et étudie plus précisément les années qui ont immédiatement précédé le conflit, notamment la guerre contre Pyrrhus, les relations avec la Sicile et le problème des Mamertins. (447) Militärsiedlungen und Territorialherrschaft in der Antike, édit. Daubner F., Berlin-New York (Topoi. Berlin studies of the ancient world, 3), 2011, VIII-158 p., ill., cartes, index. Il est seulement fait mention de la 1re guerre punique et de Carthage dans le cadre d’un article sur les colonies phéniciennes en Sicile, (448) Nuss A., Dionysos I und die Gründung von Tyndaris. Ein Beleg für die Etablierung der Territorialherrschaft auf Sizilien im 4. Jahrhundert vor Christus, ibidem, p. 19-40. (449) Rankov N.B., A war of Phases : Strategies and Stalemates 264-241, dans Companion (A-) to the Punic wars, p. 149-166. Quand on envisage les stratégies à l’œuvre durant la première guerre punique, les opérations terrestres et maritimes doivent être examinées comme un tout. Les Romains ont appris à user du pouvoir maritime en adaptant le schéma mental des routes terrestres aux itinéraires maritimes : le Sénat avait compris que les bases carthaginoises en Sicile ne pouvaient être prises qu’en coupant les routes maritimes de Carthage. (450) Bleckmann B., Roman politics in the First Punic War, ibidem, p. 167-183. Du point de vue politique, la période qui entoure le premier conflit apparaît rétrospectivement aux contemporains de la fin de la République comme une période de paix et de concorde relative entre les catégories sociales. Néanmoins des compétitions existent entre les grandes familles, qui ne sont pas sans rappeler celles de la fin de la République. L’auteur insiste sur le prestige acquis par le consul Duilius après la première grande victoire navale de Rome à Mylae en 260 av. J.-C., et sur l’opposition des Cornelii Scipiones, ainsi que sur le traité de Lutatius Catulus. (451) Hoyos B.D., Carthage in Africa and Spain, 241-218, ibidem, p. 204-222, traite de la documentation barcide en Espagne et en Afrique où la défaite de 241 imposa à Carthage un changement dans ses priorités géopolitiques. Jusque là centrée sur la Sicile et la Sardaigne, elle a dû se tourner alors vers l’Afrique et l’Espagne. Concernant l’Hispanie, (452) Barceló P. et Ferrer J.J., Historia de la Hispania romana, Madrid, 2011, 635 p., est la seconde édition révisée d’un livre de 2007. Conçu comme un manuel universitaire, l’ouvrage est sans doute la meilleure synthèse sur l’Hispanie romaine, et les guerres puniques dans cette région y font tout naturellement l’objet de passages détaillés (p. 23-76). (453) Loreto L., Roman politics and expansion, 241-219, dans Companion (A-) to the Punic wars, p. 184-203, traite de l’entre deux guerres, période pendant laquelle Rome se tourne à nouveau vers les régions du nord de l’Italie et vers l’Illyrie et, plus proche de nos études, il aborde l’épisode de Sagonte et le nord de l’Espagne, où l’on assiste à un changement de stratégie dans les années 227-225 av. J.-C. Ce que confirme (454) Beck H., The Reasons for the War, ibidem, p. 225-241. Sur les événements qui ont entraîné le déclenchement de la deuxième guerre punique, il faut particulièrement prendre en compte les possessions carthaginoises en Espagne sous le contrôle des Barcides, la prise de Sagonte et le « traité » de l’Èbre. (455) Zimmermann K., Roman strategy and aims in the Second Punic War, ibidem, p. 280-298, insiste sur l’attitude de Rome, du Sénat en particulier, dans plusieurs conflits. Rome ne fit rien pour secourir les habitants de Sagonte, mais se servit de sa destruction comme d’un prétexte idéal pour un nouveau conflit. Les ambitions personnelles des généraux romains jouèrent sans doute un rôle déterminant dans les modalités des différentes phases du conflit, qui permit à Rome d’accroître son autorité sur ses alliés. (456) Barceló P.A., Punic politics, Economy and Alliances, 218-201, ibidem, p. 357-375. La controverse sans fin sur les responsabilités peut être enrichie par une étude du leadership carthaginois et du système d’alliances qu’elle élabora au cours de la deuxième guerre punique. Les Carthaginois étaient partagés entre partisans d’une république s’appuyant sur la terre et l’intérieur, et partisans des Barcides, favorables aux expéditions maritimes, à la conquête en Espagne et proches des monarchies hellénistiques, la conquête enrichissant non seulement les locaux mais aussi la cité-mère. Les Barcides eurent finalement le soutien des autorités carthaginoises, qui assurèrent la coordination des opérations et une partie de la logistique. (457) Erdkamp P., Manpower and Food Supply in the First and Second Punic Wars, ibidem, p. 58-76. Les populations des vainqueurs comme celles des vaincus ont souffert et les chiffres du census à Rome donnent une idée de ce qu’ont coûté les conflits au point de vue démographique. La seconde partie du chapitre s’intéresse au côté logistique, particulièrement au ravitaillement des armées, aussi bien pour les hommes que pour les chevaux. Le parcours suivi par le général carthaginois pour envahir l’Italie suscite toujours des interrogations. (458) Hannibal et les Alpes : une traversée, un mythe, édit. Jospin J.-P. et Dalaine L., Gollion (Suisse)-Grenoble, 2011, 142 p., ill., cartes. Plusieurs spécialistes français et italiens ont collaboré à ce catalogue de l’exposition présentée au Musée dauphinois de Grenoble d’avril 2011 à juin 2012. (459) Brizzi G., Hannibal, ibidem, p. 13-19, 9 fig, 1 tab., évoque quelques traits de la personnalité du grand général carthaginois, qui fut non seulement un génie militaire mais aussi un homme politique avisé, un érudit, un écrivain et un amateur d’art. (460) Id., La Deuxième Guerre punique, ibidem, p. 20-33, 11 fig., 1 carte, rappelle les principales phases de cet affrontement. (461) Id., L’armée d’Hannibal, ibidem, p. 34-40, 3 fig., 1 carte. Hamilcar, père d’Hannibal, et Hannibal lui-même ont apporté de notables changements à l’armée carthaginoise, qui était inspirée auparavant de modèles grecs. Hannibal a compris que l’efficacité de cette armée, composée de nombreux contingents non carthaginois, reposait sur une bonne utilisation des spécialités des différentes ethnies. (462) Tarpin M., Hannibal, les sources antiques et la construction d’un mythe, ibidem, p. 41-56, 13 fig. Les sources sur la traversée des Alpes sont assez rares. Les textes des auteurs contemporains de l’expédition sont perdus, et ce sont surtout des auteurs postérieurs qui l’ont transformée en un épisode mythique. Le texte de Polybe laisse penser que la légende s’est formée assez tôt, mais il n’est pas exempt lui-même de contradictions. Tite-Live insiste davantage sur les faiblesses de l’armée carthaginoise. Le mythe d’Hannibal ouvreur de routes nouvelles s’est construit dès le Ier siècle av. J.-C. et s’est amplifié au Moyen Âge et à la Renaissance. (463) Revil Baudard M., Polybe et Tite-Live, ibidem, p. 57-58, évoque brièvement ces deux historiens. (464) Gambari F.M. et Rubat Borel F., Les Gaulois des deux versants des Alpes, ibidem, p. 50-67, 11 fig. Quelques objets d’origine carthaginoise ont été retrouvés près d’Avigliana, future station d’Ad fines à l’époque romaine, et dans une tombe située dans le canton de Vaud, datée du IVe siècle av. J.-C. Ils témoignent de l’existence de circuits commerciaux transportant des produits carthaginois dans les Alpes dès cette époque. (465) Rubat Borel F., Poininos / Poeninus : un faux ami entre la langue celtique et Poeni, le nom latin des Carthaginois, ibidem, p. 90-93, 4 fig., rappelle l’épiclèse Poeninus attribué à Jupiter au col du Grand Saint-Bernard, ainsi que les deux références à Poeninus découvertes dans des inscriptions rupestres en alphabet de Lugano. (466) Leveau P. et Mercalli L., Hannibal et les Alpes : l’identification du col franchi et son contexte environnemental, ibidem, p. 94- 106, 10 fig., 1 carte. L’itinéraire suivi par Hannibal dans les Alpes suscite toujours de nombreuses conjectures et des recherches se poursuivent avec des moyens de plus en plus modernes. Les récits de Polybe et de Tite-Live procèdent de deux traditions inconciliables et il est impossible en l’état actuel de préciser le trajet. Trois possibilités émergent plus particulièrement : les cols du Petit-Saint-Bernard et, surtout, ceux de la Traversette et du Clapier. (467) Jospin J.-P. et Vendittelli L., Les « blindés » d’Hannibal : quels éléphants ?, ibidem, p. 107-114, 8 fig. Ce furent les Grecs qui utilisèrent les premiers les éléphants comme armes de guerre. Les Carthaginois adoptèrent ce moyen et utilisèrent ces pachydermes dès la Première guerre punique. Après des épisodes difficiles, ceux d’Hannibal périrent presque tous lors de la bataille de la Trébie. Mais les éléphants furent, au final, de peu d’utilité car ils pouvaient se retourner contre leur propre camp et les Romains apprirent à parer leurs attaques. (468) Vlad P., Hannibal, archétype de l’imaginaire héroïque, ibidem, p. 115-125, 11 fig. Hannibal figure dans les récits historiographiques depuis l’Antiquité, mais son iconographie ne prend vraiment son essor qu’avec la Renaissance, notamment sous les rois François Ier puis (et non avant) Henri II. On note aussi un certain nombre de représentations ultérieures, dont une de l’armée carthaginoise dans une tempête de neige par Turner. En guise de conclusion, (469) Dalaine L., Par quel col Hannibal est-il passé ? Une littérature sans fin..., ibidem, p. 126-135, 10 fig., 1 carte. Des centaines de publications et de représentations iconographiques ont été consacrées à la traversée des Alpes par Hannibal. Il n’en reste pas moins vrai que l’itinéraire reste sujet à débats et les études s’orientent davantage désormais sur la construction du mythe. (470) Barceló P., Zur karthagischen Strategie im 2. römisch-karthagischen Krieg, dans Klio, XCIII, 1, 2011, p. 84-103, rés. angl., porte sur le rôle d’Hannibal et celui de l’élite carthaginoise au pouvoir dans la stratégie militaire mise en place face à Rome. Selon l’a., l’objectif premier était d’éviter des combats sur le sol africain ou son littoral et leurs préoccupations étaient tournées en priorité vers l’alimentation des troupes en Italie et la recherche de nouveaux alliés. (471) Koon S., Phalanx and Legion : the « Face » of Punic War Battle, dans Companion (A-) to the Punic wars, p. 77-94. Bien que non décisives dans le schéma général du conflit, les techniques de combat au niveau des individus et des petits groupes ressortissent à différentes formes, ainsi l’engagement, l’intervention des éléphants ou les charges de cavalerie. Carthage et Rome les ont étudiées pour obtenir une meilleure compréhension de l’expérience du combat en les combinant de différentes manières. L’étude est conduite en adaptant les propositions de J. Keegan, The Face of the Battle, Londres, 1976. (472) Fronda M.P., Hannibal : tactics, strategy and geostrategy, ibidem, p. 242-259. Les qualités de tacticien et de stratège d’Hannibal ont fait et font encore l’objet de discussions, mais il est difficile d’étudier dans le détail ce qui les constituait. Il savait planifier les batailles, comme le prouvent les grandes victoires du début, mais on ne peut rien dire sur la flexibilité de la tactique après l’engagement. Au final, ses deux qualités fondamentales étaient sans doute son sens du commandement et sa connaissance des hommes. (473) Miles R., Hannibal and Propaganda, ibidem, p. 260- 279. Hannibal voulut apparaître comme une alternative à la volonté hégémonique de Rome et il imita Alexandre. L’exemple de la Sicile illustre le développement de la propagande militaire dans le monde hellénistique et l’auteur souligne les liens d’Hannibal avec Melqart/Héraklès/Hercule. Il convient aussi de prendre en compte la crainte suscitée à Rome par Hannibal pour comprendre les rites religieux romains qui scandèrent cette période et l’acharnement avec lequel la Ville s’attacha à détruire son ennemi, même après la défaite. (474) Crouzet S., L’incendie du camp de Syphax ou comment la ruse vint aux Romains, dans Pratiques et identités culturelles des armées hellénistiques, p. 337- 356. Les événements, négociations et incendie, sont connus par cinq récits qui présentent une trame identique, et deux aspects ont retenu l’attention ici : la moralité des principaux acteurs, Syphax et Scipion, et l’incendie du camp carthaginois. Deux modèles se dégagent sans surprise : le Numide perfide et/ou lascif et le Romain qui respecte les règles. Scipion, en utilisant la ruse, n’a pas fait preuve d’un comportement romain idéal selon le discours officiel qui se met en place au cours du IIe siècle av. J.-C., mais il a adapté des méthodes extérieures. L’épisode de l’incendie offre un exemple de la transformation de faits historiques par l’annalistique officielle. La guerre sur le sol italien provoqua de profondes mutations dans la politique romaine, au sein des peuples italiens et dans diverses régions du bassin méditerranéen, certaines concernent nos études. (475) Fronda M.F., Privata hospitia, beneficia publica ? Consul (ar) s local elite and Roman rule in Italy, dans Consuls and res publica : holding high office in the Roman Republic, édit. Beck H. et alii, Cambridge-New York, 2011, p. 232-255. L’article traite des modifications induites par la deuxième guerre punique dans les comportements aristocratiques et, bien évidemment, le cas de Scipion l’Africain est évoqué. (476) Roller M.B., The consul (ar) as exemplum : Fabius Cunctator’s paradoxal glory, ibidem, p. 182-210. Depuis Ennius, le premier à avoir écrit sur Fabius Cunctator, s’est développé un mythe qui a occulté l’essentiel de la carrière du personnage pour ne conserver que son attitude de temporisateur face à Hannibal. Alors qu’il fut cinq fois consul, qu’il se vit décerner le triomphe deux fois, c’est son attitude, qui rompait avec celle des aristocrates, ses contemporains, et qui se fondait sur une interprétation particulière des valeurs fondamentales de l’action militaire, qui a suscité le mythe. Lors de ses autres consulats, il suivit les formes habituelles de la politique et de la gloire militaire romaines. (477) Rawlings L., The War in Italy, 218-203, dans Companion (A-) to the Punic wars, p. 299-319. Le conflit obligea tous les peuples d’Italie à choisir et en ce sens ce fut une guerre totale. D’après l’auteur, la défaite du général carthaginois s’explique en partie par son attitude vis-à-vis des populations italiennes ralliées et du ravitaillement de ses troupes ; les Romains ont vaincu davantage par une approche différente de la conduite de la guerre que par leurs victoires militaires. (478) Lomas K., Rome, Latins and Italians in the Second Punic War, ibidem, p. 339-356. Beaucoup de cités italiennes ne se sont pas remises complètement des conséquences sociales, économiques et civiques de la guerre et ne retrouvèrent jamais leur prospérité antérieure. Pour beaucoup d’entre elles, ce sont avant tout des options et des rivalités internes qui ont déterminé le choix de soutenir Hannibal ou Rome. (479) Edwell P., War abroad : Spain, Sicily, Macedon, Africa, ibidem, p. 320-338. Autant qu’une lutte pour la survie de Rome en Italie, du moins pendant les premières années, la seconde guerre punique fut un conflit pour l’hégémonie en Méditerranée occidentale. Il est impossible de comprendre la guerre en Italie sans faire référence aux luttes qui se déroulaient dans les autres régions, surtout en Espagne, en Sicile, en Macédoine et en Afrique. En offrant à Rome l’opportunité de porter le conflit à l’extérieur, ce conflit lui donna l’occasion de franchir une étape importante vers le développement de son Empire. (480) Brizzi G., Carthage and Hannibal in Roman and Greek memory, ibidem, p. 483-498, étudie la représentation de la figure d’Hannibal et de Carthage pendant la période barcide dans les sources tardives grecques et romaines, surtout de nature historique : il souligne l’importance des thèmes de la cruauté et de la perfidie et la « légende noire » qui s’est attachée à la personne d’Hannibal. Elle a rejailli sur les Carthaginois, ce qui n’est guère surprenant. Est évoqué un passage rarement commenté, consacré à un fait peu crédible, le pont fait de cadavres (Liv., 23, 5, 12). Quant à la religion d’Hannibal, il est difficile de démêler ce qu’il tient de ses origines sémitiques et ce qu’il a acquis de son étroite connaissance de la Grèce, notamment par l’intermédiaire de son précepteur. Il est certain qu’Hercule (Héraklès/ Melqart) l’accompagna dès sa jeunesse. Il trouva peut-être chez Evhémère une forme de rationalité qui le séduisit et un moyen d’unifier des troupes d’origines disparates. (481) Kunze C., Carthage and Numidia, 201-149 B.C., ibidem, p. 395-411. Après avoir rappelé le rôle important de Massinissa et les principaux épisodes qui ont accompagné l’émergence des Numides pendant la deuxième guerre punique, l’a. évoque quelques données archéologiques et les relations numido-carthaginoises. L’ambition du roi, figure centrale dans les événements qui ont abouti à la destruction de Carthage, conduit l’auteur à rappeler l’hypothèse que Carthage devait être détruite pour arrêter la croissance du royaume numide, et la figue de Caton serait numide. Il fallut à Rome un dernier conflit pour en finir avec la Carthage punique : (482) Le Bohec Y., The « Third Punic War » : the siege of Carthage, 148-146 B.C., ibidem, p. 430-445. Ce qu’on nomme traditionnellement la troisième guerre punique ne fut qu’un long siège d’une ville destinée à la destruction. Le regard de Polybe n’est pas neutre, car il veut justifier que Rome ait vaincu la Grèce et Appien semble plus crédible. L’auteur mentionne les trois séries d’explications avancées pour comprendre la décision de Rome : la thèse politique (changement d’attitude à Rome vis-à-vis de l’expansion et montée des populares dans les régions conquises), les causes économiques (rivalité commerciale), la thèse psychologique (crainte collective inspirée par Carthage depuis Hannibal). Puis il reprend le déroulement du conflit, avec « le temps des consuls » et celui de Scipion Émilien.
B - Monde punique
5Cette section, alimentée surtout par la numismatique, est singulièrement succincte cette année.
6Plaute permettra cependant d’élargir la perspective. (483) T. Macio Plauto, El ladino cartaginés, introd., trad., notes et commentaire Lopez Gregoris R., Madrid, 2010, 319 p. Il s’agit d’une nouvelle édition bilingue (latin-espagnol) de l’œuvre de Plaute, le Poenulus, dans laquelle le Carthaginois Hannon parcourt le monde à la recherche des ses deux filles, qui ont été enlevées longtemps auparavant. (484) Hallett J.P., Ballio’s brothel, Phoenicium’s letter, and the literary education of Greco-Roman prostitutes, dans Greek prostitutes in the ancient Mediterranean, 800 BCE-200 CE, édit. Glazebrook A. et Henry M.M., Madison (Wisc.)-Londres, 2011, p. 172-196. L’article étudie les différents niveaux de langage des protagonistes de la comédie de Plaute, le Pseudolus. L’esclave Phoenicium y apparaît plus cultivée que son maître et l’auteur établit quelques comparaisons entre Plaute et des écrivains grecs, tel Aristophane. (485) Callegarin L., Coinages with Punic and Neo-Punic legends of Western Mauretania. Attribution, Chronology and Currency Circulation, dans Money, Trade and Trade Routes in Pre-Islamic North Africa, édit. Dowler A. et Galvin E.R., Londres, 2011, p. 42-48. L’auteur propose de nouvelles attributions (cas de la légende BB’L). Ce sont surtout les cités de Volubilis, Sala et Lixus qui ont livré des pièces, et elles permettent peut-être d’identifier un Baal de Lixus, cité dont le dossier numismatique est revu. Au total, cela confirme que le littoral atlantique et le sud de la Péninsule Ibérique étaient bien reliés. (486) Moreno Pulido E., Carteia y el mar. Iconografía monetaria de una relación intrínseca, dans Iconografía y sociedad en el Mediterráneo antiguo. Homenaje a la Profesora Pilar González Serrano, édit. Fernández Uriel P. et Rodríguez López I., Madrid-Salamanque, 2011, p. 411-421, ill., examine, à travers l’iconographie de ses émissions monétaires, comment la cité est passée de l’influence politico-économique punique (nord-africaine) à l’influence romaine (italique). (487) Moreno Pulido E., Representaciones zoomórficas en la moneda antigua del Círculo del Estrecho, dans Los animales en la historia y en la cultura, édit. Morgado García A. et Rodríguez Moreno J.J., Cadix, 2011, p. 69-80, décrit sans analyser en profondeur les formes zoomorphes qui sont figurées sur les monnaies trouvées dans le contexte géographique appelé « Cercle du Détroit ». Il mentionne que, à Lixus (p. 73), l’iconographie de deux thons horizontaux signale une influence gaditaine. Pour l’archéologie, on note (488) Khelifi L., Quelques réflexions sur les autochtones de Mateur durant l’époque punique, dans La Carthage punique. Diffusion et permanence de sa culture en Afrique antique, édit. Ferjaoui A., Tunis, 2011, p. 225-269. Le site archéologique de Mateur a été peu fouillé. L’auteur propose un historique des travaux qui y ont été effectués, puis elle présente le mobilier funéraire sous la forme d’un long catalogue qui privilégie les céramiques. Elle distingue trois phases : première moitié du IIIe siècle avant J.-C., deuxième moitié de ce même siècle, et première moitié du IIe siècle avant J.-C.
C - Les royaumes africains
7Cette section se révèle un peu plus étoffée que la précédente, sans que ce soit l’abondance.
Sources
8Un seul titre pour les sources littéraires, (489) Ibáñez Chacón A., Glafira (de Capadocia, Judea y Mauritania), dans Cudas, IX-X, 2008-2009, p. 15-28, rés. angl., qui fait une brève analyse des sources littéraires et épigraphiques sur Glafira, fille du roi Archélaos de Cappadoce, dans une publication consacrée à l’étude des épouses royales dans l’Antiquité classique. On poursuit avec l’épigraphie, d’abord libyque, puis punique. (490) Ghaki M., Une nouvelle inscription libyque « officielle » à Dougga, dans Parcours berbères, p. 39-44, 3 photos, décrit une nouvelle stèle (L. 62 × l. 32 × 27 cm, H. des lettres : 2 cm) découverte au nord de Dougga par M. Khanoussi lors du dégagement et de la mise en valeur d’un monument appelé « monument à niches » et propose l’analyse d’une partie du texte. On peut identifier plusieurs titres : GLD et GLDT, roi, prince ou magistrat éponyme ; MWSNT « chef des cent » ; GLDMSKT, « chef des 50 » et quelques éléments d’onomastique. Le qualificatif « officiel » est appliqué à une série de texte libyques en écriture horizontale découverts exclusivement à Dougga (RIL 2-5, 7, 10 et celle-ci). (491) López Castro J.L., Bocchus y la anthroponimia fenicio-púnica, dans Lucius Cornelius Bocchus, escritor Lusitano da Idade de Prata da Literatura latina (Colóquio Internacional de Tróia, 6-8 de Outubro de 2010), édit. Cardoso J.L. et Almagro Gorbea M., Lisbonne-Madrid, 2011, p. 113-122, analyse brièvement les différentes possibilités d’interpréter le nom de Bocchus à partir de l’anthroponymie phénico-punique du nord de l’Afrique et de la Péninsule Ibérique. (492) El Khayari A., L’inscription punique IAM 3 de Volubilis : nouvelle lecture, dans Bulletin d’Archéologie marocaine, XXI, 2009, p. 115-125, 6 fig., propose, pour cette stèle trouvée près du tumulus, une lecture différente de celle de J.-G. Février qui y voyait une stèle votive : en réalité, il s’agirait de la dédicace funéraire de Šaphot le suffète, originaire de QPGWD. (493) Id., Graffites néopuniques provenant de la nécropole de Sala, dans Bulletin d’Archéologie marocaine, XXI, 2009, p. 126-134, 11 fig., réédite cinq inscriptions gravées sur des vases trouvés dans cinq incinérations et publiées par M. Sznycer (en 1980) puis par J. Boube (en 1999) : il apporte des corrections à la lecture de M. Sznycer et un commentaire historique. Il s’agit des seuls textes connus à Sala ; les céramiques proviennent d’Italie, elles sont datées de la première moitié du Ier s. ap. J.-C. (494) Id., Nouvelles remarques épigraphiques et chronologiques sur l’inscription des Azibs n’Ikkis (Haut Atlas, Maroc), dans Bulletin d’Archéologie marocaine, XXI, 2009, p. 135-139, 5 fig., reprend la description et la lecture de ce document bien connu, publié par Malhomme en 1960, puis étudié par L. Galand en l’année suivante. La pierre a, depuis lors, été gravement détériorée, mais s’est fondé sur les six bonnes photographies publiées en 1960 pour proposer une nouvelle lecture. L. Galand s’était montré très prudent sur la datation très haute du texte, proposée par Malhomme (Bronze final) et A.E. conclut qu’on ne saurait le situer avant le IIe/Ier s. av. J.-C., donc à une époque bien postérieure à la gravure du personnage et en rapport avec les témoins épigraphiques du libyque actuellement connus. En numismatique, on note un seul article, (495) Alexandropoulos J., Aux origines du monnayage numide, dans Barter, money and coinage in the ancient Mediterranean (10th-1st centuries BC). Actas del IV Encuentro Peninsular de Numismatica Antigua (EPNA), Madrid 2010, édit. García-Bellido M.-G., Callegarin L. et Jiménez Díaz A., Madrid (Anejos de Archivo Español de Arqueología, 58), 2011, p. 111-120, rés. angl. p. 381. Les premières émissions monétaires numides ont deux origines. Les unes, royales, sont issues de la politique de Syphax ; les autres sont émises par la cité de Iol et il faut récuser, selon l’auteur, l’hypothèse de G. Camps qui évoquait une émission de Capussa. Ces émissions sont liées au contexte militaire : la deuxième guerre punique et les relations avec l’Espagne barcide. Ces monnayages, peu abondants et caractérisés par leur pauvreté, ne dépassent guère la fin du conflit et ses suites immédiates. Il faut attendre Juba Ier pour voir la situation évoluer. Se pose toujours la question des émissions anépigraphes et de celles qui portent les lettres avec MN, que l’auteur attribue une nouvelle fois à Massinissa. Du côté de l’archéologie, quelques titres, d’est en ouest. (496) Gilhaus L., Ländliches Leben im tunesischen Hinterland der hellenistischen Zeit, Klio, XCXIII-2, 2011, p. 337-349, rés. angl., étudie le mode d’occupation de la population libyque installée dans l’Atlas tellien et sur le littoral. Il est progressivement passé d’une forme de semi-nomadisme et d’un habitat dispersé à un mode de vie sédentaire, qui, selon l’auteur, se caractérisait, aux IIIe-IIe siècles av. J.-C., par un habitat fortifié de type castellum et oppidum, renvoyant à une société hiérarchisée, commandée par un chef tribal. (497) Benseddik N., Alexandrie et Carthage : l’architecture princière numide, dans Les Phéniciens en Algérie, p. 214-221, 5 fig., expose la typologie des monuments funéraires en relation avec les princes numides : mausolées cylindro-tronconiques comme le Medracen ou le tombeau de la Chrétienne, turriformes comme El-Khroub, hexagonaux recto-curvilignes, tel Beni Rhénane. Elle note l’étroite imbrication du substrat libyco-berbère avec des apports phénico-puniques et hellénistiques. Ces tombeaux sont le produit d’une société numide, dont l’élite fut sensible aux courants culturels contemporains. (498) Mezzolani A., La ville des morts, ibidem, p. 196-212, 6 fig., a recensé les nécropoles à caractère punique depuis Siga et Rachgoun, jusqu’à la région de Cirta, en passant par plusieurs sites côtiers, dont Les Andalouses, Portus Magnus, Tipasa. La nécropole de Gunugu est divisée en trois secteurs, dont un n’a jamais été étudié. Les différents types de sépultures sont précisés : par exemple à Chullu, elles semblent se caractériser par la présence d’un couloir d’accès et de deux chambres souterraines qui se succèdent. Quelques titres sont plus centrés sur l’Occident. (499) Bridoux V., Les importations italiennes en Maurétanie occidentale (IIIe-Ier s. av. n. è.), dans Bulletin d’Archéologie marocaine, XXI, 2009, p. 154-183, 8 fig., dresse un bilan détaillé des productions italiennes attestées en Maurétanie occidentale, plus nombreuses qu’on ne le pensait jusqu’à présent : vaisselle en céramique et en bronze, céramique commune, amphores. Ce panorama permet de proposer une nouvelle interprétation et une nouvelle chronologie sur l’intégration de la Maurétanie dans les flux commerciaux de l’Empire à partir du IIe s. Le règne de Bocchus I semble avoir été déterminant. (500) El Khayari A. et alii, Kitane et Koudia Talâa. Interventions archéologiques préventives des sites préromains du Nord du Maroc, dans Arqueología y Turismo en el Círculo del Estrecho, p. 335- 379, font le bilan des interventions archéologiques préventives réalisées dans deux sites préromains, Kitane et Koudia Talâa. Le premier, situé dans la vallée de l’oued Martil et dans la zone périurbaine de Tétouan, présente une séquence stratigraphique de plus de six mètres, caractérisée par plusieurs phases urbaines datées entre l’époque maurétanienne et le bas Moyen Âge. À Koudia Talâa, situé dans la vallée de l’oued Negro, a été identifié un oppidum daté de la fin du IIIe ou du début du IIe siècle av. J.-C., avec des indices d’occupations antérieures et postérieures à cette date. Ces deux sites importants contribueront d’une manière substantielle à comprendre l’occupation maurétanienne du nord du Maroc. (501) Arharbi R., À propos de la chronologie du monument funéraire de Sidi Slimane : le tumulus de Koudia el Hamra, dans Bulletin d’Archéologie marocaine, XXI, 2009, p. 246-249, 2 fig., rappelle surtout les principaux éléments de ce tombeau fouillé en 1937 et annonce une enquête générale sur les rituels funéraires liés aux tumuli. (502) Boube-Piccot C., Fragments d’un cratère de bronze des environs de 100 av. J.-C., découverts à Lixus, ibidem, p. 143-152, 6 pl. Une anse et deux fragments d’un cratère en calice, découvert dans les années 1920 dans le secteur préromain de Lixus, entre la muraille ouest et le forum, peuvent être datés en les confrontant à l’exemplaire que transportait le navire qui s’échoua au large de Mahdia dans les années 89/88-80. Ces années correspondent au règne de Bocchus I en Maurétanie, période à laquelle on peut attribuer une série d’objets de luxe utilisés par l’aristocratie locale, parmi lesquels ce cratère en calice.
Bibliographie
9Plusieurs articles de synthèse ont été publiés. (503) Brizzi G., L’apport des peuples de l’Algérie à l’armée de Carthage, dans Les Phéniciens en Algérie, p. 142-148, 3 fig., s’intéresse surtout à cette question à partir de la fin du IIIe siècle, date à laquelle les sources antiques deviennent plus abondantes. Il expose rapidement l’historique des Massyles, Masaesyles et Gétules, avant d’évoquer la technique de la cavalerie numide, qui pratiquait le harcèlement pour fatiguer l’ennemi. Cependant les peuples africains étaient déjà présents lors de la bataille d’Himère. (504) Coltelloni-Trannoy M., Guerre et circulation des savoirs : le cas des armées numides, dans Pratiques et identités culturelles des armées hellénistiques, p. 307-335, s’intéresse aux contacts entre les armées numides et les armées puniques ou romaines, dont elles étaient les alliées, et à leurs conséquences entre le IIIe s. et le Ier s. av. J.-C. Les royaumes numides intègrent la communauté méditerranéenne dès la fin du IVe siècle av. J.-C. Ces contacts témoignent de la mobilité des soldats et de leurs chefs qui font connaissance de régions nouvelles (Espagne, Italie) et trois thèmes ont retenu l’attention : la mobilité des princes et des soldats et les liens entre Numides et Carthaginois ; l’acquisition de savoirs complexes (langues, pratiques sociales et culturelles) ; les pratiques sociales, notamment lors des banquets. La participation aux conflits entre le IIIe et le Ier siècles av. J.-C. a permis l’acquisition de nouveaux savoirs et une intégration des Numides à un univers méditerranéen dominé par des modèles gréco-romains. (505) Manfredi L.-I., L’organisation administrative dans l’Algérie punique, dans Les Phéniciens en Algérie, p. 130-134, 1 fig., expose les principales caractéristiques de cette organisation, avec en tête de ces structures, le suffétat, puis l’assemblée du peuple, celle des b‘lm, les « seigneurs » qui, selon une hypothèse, auraient été l’équivalent des principes de l’époque romaine. On connaît aussi des scribes à Cirta et des interprètes, peut-être un préposé à la gestion de l’eau. (506) Coltelloni-Trannoy M., Les communautés grecques dans les cités africaines : les cas de Carthage, Cirta, Thuburnica, dans Revue des Études grecques, 124, 2, 2011, p. 549- 571. Les informations livrées par les sources anciennes sur l’intégration des étrangers hellénophones dans les cités africaines sont rares. Deux textes littéraires (Diodore, XIV, 77, 5 ; Strabon, XVII, 3, 13) et une dédicace (CIL, VIII, 25736) permettent d’approcher ce que fut leur situation, entre intégration et exclusion, dans trois cités d’Afrique, entre le IVe et le Ier s. av. J.-C. (507) Capriotti Vittozzi G., La culture magico-religieuse égyptienne en Algérie, dans Les Phéniciens en Algérie, p. 170-177, 1 fig., fait un tour d’horizon des aegyptiaca trouvés en Algérie. On note des statuettes de Ptah, des monnaies où Hator est associée à Isis et bien sûr, le rôle de Juba II et de Iol/Caesarea est souligné. (508) Marcotte D., La spedizione orientale di Gaio Cesare : per una nuova interpretazione di un epigramma dell’Antologia Palatina, dans Sileno, XXXVII, 1, 2011, p. 61-72, met en relation une épigramme de l’Anthologie palatine due à Antipater de Thessalonique, un proche des Calpurnii Pisones (IX, 297), avec le texte de Pline l’Ancien (VI, 141) : il y discerne une allusion à la présence du roi Juba parmi les scientifiques qui accompagnaient Gaius César lors de l’expédition contre les Parthes ; sa relation fit autorité, comme l’indique Pline. Sur la présence romaine dans le royaume de Maurétanie, (509) Gozalbes Cravioto E., Iulia Traducta y las colonias de Augusto en el Norte de Marruecos, dans Colonias de César y Augusto en la Andalucía romana, édit. González J. et Saquete J.C., Rome, 2011, p. 249-272, a rédigé une belle synthèse sur ce que nous savons des colonies augustéennes entre 33 et 25 av. J.-C., au point de vue archéologique, littéraire et épigraphique. Y sont traitées successivement Iulia Constantia Zilil (p. 254-259), Iulia Babba Campestris (p. 259-262), Iulia Valentia Banasa (p. 262-264) et la colonie Iulia Tingitana (p. 264-267). L’auteur commente en outre la fondation en Bétique de Iulia Traducta, dont les habitants sont venus de Tingi et Zilil (p. 264-267).
D - La province d’Afrique
10C’est l’indigence pour cette période.
Sources
11En littérature, deux titres sont à signaler. (510) Kapust D.J., Republicanism, Rhetoric, and Roman political Thought : Sallust, Livy, and Tacitus, Cambridge-New York, 2011, VIII-196 p., analyse en six chapitres la façon dont ces trois historiens pensent les questions de liberté et de rhétorique, en particulier dans le cadre des conflits sociaux et politiques. Le chapitre 2, An Ambiguous Republican : Sallust on Fear, Conflict, and Community, p. 27-52, étudie la position politique de Salluste et son appel à la peur collective pour unir le peuple de Rome. Sur Carthage en particulier, p. 30-31, 38, 46-50, et sur la guerre contre Jugurtha, p. 43-49. (511) Fucecchi M., Partisans in Civil War, dans Brill’s companion to Lucan, p. 237-256, évoque le personnage de Curion dans le Bellum Civile, IV, v. 581-737. Le scénario qui est mis en scène par Lucain n’est pas sans rappeler des épisodes relatés par Tite-Live pour la deuxième guerre punique et leur épilogue tragique. L’auteur fait aussi une comparaison entre Regulus, vaincu, supplicié lors de la première guerre, et Curion, vaincu, mort au combat. L’épigraphie est encore moins généreuse avec un seul article : (512) De Simone R., Il tempio di Serapide a Sabratha. Le iscrizioni, dans Mare internum, III, 2011, p. 101-102, publie trois inscriptions en caractères puniques qui figurent sur des céramiques, dont deux au moins datent du Ier siècle av. J.-C. Les noms sont mixtes, quatre sont typiquement puniques, un est latin. On retiendra surtout que c’est la première attestation du sufétat dans cette cité. Cette magistrature n’y était pas encore identifiée, sinon par une légende monétaire d’interprétation incertaine.
Bibliographie
12(513) Richardson J.S., Spain, Africa and Rome after Carthage, dans Companion (A-) to the Punic wars, p. 467-482. La création des provinces d’Espagne et d’Afrique est une des grandes conséquences des guerres Puniques, et l’auteur évoque la présence romaine en Espagne après la deuxième guerre punique et en Afrique après la destruction de la grande cité. (514) Dart C., The impact of the Gracchian land commission and the dandis power of the triumvirs, dans Hermes, 139, 3, 2011, p. 337-357. Dans un article qui traite surtout des assignations de terre en Italie, un paragraphe évoque la loi agraire de 111 av. J.-C.
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