II – L’Afrique, de la protohistoire au début du IIIe siècle
p. 66-76
Texte intégral
1Ce chapitre se révèle un peu plus volumineux que les années précédentes, ce dont nous nous félicitons.
Sources
2Il est toujours possible d’améliorer les connaissances disponibles en prêtant attention et en posant de nouvelles questions aux textes anciens et, pour commencer, honneur à la fondatrice de Carthage avec (378) Bonnet C., Le destin féminin de Carthage, dans La femme, la parenté et le politique. Parcours sensible d’une historienne : hommage à Claudine Leduc, édit. Bodiou L., Pallas, LXXXV, 2011, p. 19-29, qui rappelle la partialité des sources, dont aucune n’est carthaginoise, et la particularité de mettre en scène une femme comme fondatrice d’une ville. Le destin de la ville serait compromis parce que lié à cette fondation et, selon plusieurs auteurs classiques, il s’oppose à celui, masculin et antithétique, de Rome. (379) Acquaro E., Mediterranean Carthages : rereading Justin, dans Byrsa, XIX-XX, 2011 [2013], p. 31-33. Un passage de Justin, XVIII, conduit l’auteur à proposer une hypothèse : Carthage aurait peut-être été une refondation analogue à celles de Carthago Nova ou d’Ibiza. (380) Khelifi L., Lire et représenter la ville punique d’Utique d’après la tradition littéraire antique, dans Perceptions de l’espace au Maghreb et ailleurs, édit. Lotfi A., Tunis, 2011, p. 61-81. Les textes anciens (Strabon, Tite-Live, Pline l’Ancien et Plutarque), plus nombreux qu’on ne pourrait le croire, permettent de compléter et de préciser les données de l’archéologie sur la situation de la ville et du port, sur le rempart et sur les temples. Il y avait bien un modèle punique, mais il n’est connu qu’à travers les sources gréco-romaines. (381) Gruen E.S., Rethinking the other in antiquity, Princeton-Oxford, 2011, XIV-415 p., ill., 2 index. Dans cet ouvrage divisé en deux parties, où la première s’intitule « Impressions de l’autre », un chapitre est dédié à la fides punica. À l’inverse des Grecs qui n’ont pas adopté une attitude particulièrement hostile envers les Phéniciens, les Romains ont créé un stéréotype d’une grande hostilité « dans l’ombre des guerres puniques ». En réalité, cette vision est apparue tardivement, après la destruction de Carthage et, même alors, l’image négative de la cité n’a pas dominé entièrement les écrits. Plusieurs textes montrent que, en parallèle, il existait une estime réelle et que la vision systématiquement hostile aux Carthaginois n’était pas unanime. (382) Ribichini S., Mythes et rites de la tradition phénicienne en Algérie, dans Les Phéniciens en Algérie, p. 178-187, 3 fig., mentionne les mythes de fondation, le rôle de Salluste, qui a attribué aux Africains la paternité du récit, Procope qui a, encore à son époque, évoqué le mythe herculéen. Mais d’autres divinités qu’Hercule sont présentes, ainsi Abaddir, peut-être Astarté (ce n’est qu’une hypothèse), Vénus Érycine. Si les nouveautés sont rares en épigraphie, relectures et établissement de corpus se révèlent d’une grande utilité. (383) Schmitz P. C., An Unrecognized Punic Attestation from Carthage of the Nabatean Frit Trade, dans Carthage Studies, V, 2011, p. 71-76, étudie un fragment d’une inscription punique gravée sur une stèle, publié au n° CIS I, 3889. Selon l’auteur, les trois lettres ptr’ de la première ligne désignent la ville de Pétra en Nabatène, au cœur d’un important commerce, et reflèteraient plutôt un nom latin que sémitique. Il existe quatre autres mentions de ces lettres. La deuxième ligne signifierait « vendeur de production de fritte » et serait un agent commercial chargé de la diffusion des producteurs nabatéens. (384) Xella P., La langue, l’onomastique et la toponymie, dans Les Phéniciens en Algérie, p. 136-140, 2 fig. La comparaison entre le matériel en langue punique et celui en néo-punique montre une simplification, un affaiblissement des laryngales (ou gutturales) et des pharyngales qui cessent d’être prononcées. Mais des problèmes de lecture subsistent encore en raison de la ressemblance entre plusieurs caractères. Le corpus des inscriptions dénote un vocabulaire stéréotypé destiné à des vœux ou à des funéraires. (385) Ramon J. et alii, Deux nouvelles inscriptions puniques découvertes à Ibiza, dans Carthage et les autochtones de son empire du temps de Zama. Hommage à Mhamed Hassine Fantar, édit. Ferjaoui, Tunis, 2010, p. 231-236, 7 fig. Il s’agit de deux inscriptions religieuses, trouvées en remploi dans des constructions tardives d’Ibiza. La première, datée de l’époque archaïque, est adressée à Esmun et à Astarté, l’autre, datée du IIIe ou du IIe s. av. J.-C., concerne Melqart (fragment d’un piédestal de statue) (complète B.A.A.A., XLIV, 2010 [2016], n° 537). (386) Belfaida A. et alii, Religion et sacré chez les Imazighen d’après les sources épigraphiques, Rabat, 2011, 144 p., 4 cartes, 1 tableau, 5 graphiques, ont établi un corpus d’inscriptions latines d’Afrique du Nord qui font allusion aux divinités considérées comme amazighes, avec une traduction des textes en arabe. Les dieux considérés sont Bacax, Ifru/Ieru, Temi, Aenon, Auzius, Iocolon, Cillenus, Haos, Chalimax, Charon, Damio, Montius, Motmanius, Monna, Mathamotis, Maragua, Maragzu, Sesax/Sesas, Tanant, Vannamon, Aulisua, Abbadir, Baliddir, Lilleus, Draco, Iesdan, Suggan, Fudina, Vacurtum, Varsis, Iunam, Bonchor, Vihinam, Varsissima, Matilam, Macurgum, Dii ingirozoglezim, Dii mauri, Caelestis, Dea Africa. Noms théophores : Iemsal, Masgava, Juba. Divinités latines avec des épithètes locales : Pluton Varricala, Hercule Irsiti, [Saturnus ?] Bellensi, Mars Cannaphar. La numismatique n’est guère généreuse cette année avec un seul titre dû à (387) Soltani A., Les monnayages préromains des musées nationaux algériens, dans Les Phéniciens en Algérie, p. 106-111, 3 fig. L’auteur fournit un rapide bilan des collections présentes dans les grands musées algériens. Celles d’Alger sont malheureusement souvent de provenance inconnue, à l’inverse de celles du musée de Cirta, pour lesquelles la provenance est identifiée. Elle note la pauvreté relative du musée d’Oran. Plus que la quantité, la qualité et la rareté des monnaies soulignent la dimension nationale et internationale des médaillers.
3L’archéologie apporte des précisions sur l’habitat, l’hygiène et les pratiques funéraires. (388) Fantar M., La topographie artisanale dans la cité punique de Kerkouane, dans La ville au quotidien, p. 73-81, 5 fig. Plusieurs activités ont laissé des traces archéologiques. L’artisanat polluant (fours à chaux et fours de potiers) se situe extra-muros. Dans le temple existait un atelier de coroplastie, et d’autres activités s’inséraient dans le tissu urbain, notamment un atelier de verrier et un bijoutier qui produisaient pour une clientèle locale et donc restreinte. (389) Tekki A., Réflexion sur l’évolution des quartiers d’artisanat et d’habitat à Carthage à l’époque punique : l’exemple des ateliers de métallurgie, ibidem, p. 17-23, 3 fig. Les fouilles effectuées depuis une trentaine d’années dans la ville ont permis de mieux comprendre l’évolution de la cité entre le VIIe s. et le IIe s. av. J.-C. en distinguant les espaces dédiés à l’artisanat de ceux dévolus à l’habitat. Les activités, même dangereuses, telle la métallurgie de réduction, se situaient à la limite des habitations. La poussée urbaine les repoussa peu à peu vers la périphérie. (390) Maraoui Telmini B., Découverte de latrines puniques du 5ème siècle av. J.-C. à Carthage (Bir Massouda), dans Bulletin antieke beschaving, LXXXVI, 2011, p. 53-70, 20 fig., catalogue de la céramique p. 63-66. Les fouilles tuniso-belges conduites de 2002 à 2006 au sud-est de Byrsa ont permis la découverte inédite de latrines puniques datables de la fin du Ve ou du début du IVe s. av. J.-C., période qui marque la transformation de ce quartier littoral dédié à l’artisanat métallurgique en zone résidentielle : deux toilettes sont en contexte domestique (une amphore récupérée et une fosse maçonnée), la troisième en contexte public (une structure maçonnée adossée au mur d’un bastion). L’intérieur n’est pas oublié avec (391) Kallala N., Ramón Torres J., Sanmartí Greco J. et alii, Sobre los orígenes de la civilización númida y su relación con la colonización fenicia, dans Mainake, XXXII, 2010 [2011], p. 279-299, décrivent les principales découvertes archéologiques de l’équipe de l’Université de Barcelone et de l’Institut National du Patrimoine (Tunis) qui fouille à Althiburos depuis 2006. Il existait au moins depuis les Xe-IXe siècles av. J.-C. une implantation pleinement sédentaire et, depuis le VIIIe siècle av. J.-C., les habitants connaissaient la métallurgie du fer, de caractère probablement endogène. Des liens se sont forgés avec d’autres régions, qu’ils aient revêtu des aspects économiques ou qu’ils aient sanctionné une histoire et une culture des origines communes. (392) Lontcho F., Dolmens de Tunisie, dans L’Archéologue, 111, décembre 2010-janvier 2011, p. 42-51. Les grandes nécropoles mégalithiques de plusieurs sites du Haut Tell tunisien (région de Makhtar) sont présentées avec une riche illustration et l’architecture de plusieurs monuments est décrite : Hammam Zoukra (une centaine de tombes), Ellès (74 monuments), Makhtar (deux monuments intégrés dans la ville romaine, 20 dans les faubourgs), Mididi (292 tombes). (393) Jornet R., Fadrique T. et Sanmartí J., collab. Chérif S., La fouille dans la zone 3, dans Althiburos I, p. 393-410, 30 fig., 2 pl., inclut (394) Ben Moussa M. et alii, Catalogue du mobilier, p. 407-410. L’exploration de la nécropole sud-est de cette ville a consisté en la fouille de cinq sépultures : une tombe protohistorique (premier millénaire av. J.-C.) qui confirme la limite de la ville numide, une tombe romaine sous tuiles en bâtière et trois inhumations, l’une probablement du Ier siècle ap. J.-C. L’étude des petits objets et l’iconographie fournissent d’utiles informations et suggèrent des hypothèses, ainsi à propos de stèles : (395) Fariselli A.C., Il « trionfo sulla morte » e il mestiere delle armi nella simbologia delle stele votive cartaginesi, dans Byrsa, XIX-XX, 2011 [2013], p. 61-77, 6 fig. Des armes sont représentées sur des stèles du tofet, et les inscriptions correspondantes ne semblent pas, en général, faire allusion à une fonction guerrière du dédicant ou à des faits d’armes. Elles paraissent entrer dans le champ de la gestualité rituelle propre à l’idéologie funéraire. (396) Acquaro E., Cretule e sigilli di Cartagine punica, ibidem, p. 3-30, 85 fig. Il s’agit d’une étude sur l’iconographie dans la glyptique sur pierre dure carthaginoise. Parmi les thèmes figurent Isis et le crocodile, Bès et le lion, les sujets marins, Hercule. L’auteur en profite pour proposer une réflexion sur le répertoire symbolique punique, sur la répartition et sur la fonction politique qu’ont revêtue ces sceaux en forme de scarabées. (397) Bergeron M.E., Small by nature : Death, gender, and sea shells in Carthage, dans Pallas, LXXXVI, 2011, 3, p. 169-189. Les mollusques et leurs coquilles servaient à de multiples usages à Carthage. Ils étaient utilisés pour la teinture, la pourpre avec le murex, mais aussi comme objets décoratifs, tels les pendants de colliers, ou étaient utilisés comme objets à usage funéraire. Pour les coquillages décorés, on constate une influence égyptienne marquée et certains coquillages venaient de loin, par exemple de la Mer Rouge. Les coquilles broyées pouvaient entrer dans la composition de stucs ou d’alliages. (398) Redissi T., Les petits objets de Bir Massouda à Carthage Dermech, dans Carthage Studies, V, 2011, p. 29-70, 19 fig. Les sondages qui se déroulèrent entre 2002 et 2005 ont livré 25 petits objets d’époque punique. La fritte ou pâte en « bleu égyptien » a donné huit objets (six bulles, une amulette en forme d’œil oudjat et un scarabée), ce qui met en évidence l’apport égyptien. Le verre a fourni un nombre identique d’objets, dont quatre perles, qui proviennent d’un atelier local. Cinq objets en pierre et deux perles de terre cuite ont aussi été trouvés. Deux objets n’ont pu être identifiés. Toutes ces découvertes font l’objet d’une étude détaillée et sont mises en parallèle avec d’autres, issues de diverses régions. (399) Secci R., Da Nimrud a Cartagine. Rilettura iconografica di un rasoio punico al Museo del Bardo, dans Byrsa, XIX-XX, 2011 [2013], p. 129-152, 24 fig. Une figure masculine représentée sur un rasoir est rapprochée d’ivoires découverts à Nimrud et l’auteur suppose une connexion avec le mythe de Gilgamesh, qu’il faut peut-être réinterpréter à la lumière du mythe de Melqart. (400) Manfredi L.-I., Les métaux : de la mine à la production manufacturière, dans Les Phéniciens en Algérie, p. 100-105, 2 fig. La production, l’usage et la commercialisation des métaux étaient une des activités fondamentales des sociétés phéniciennes et puniques, en grande partie sans doute à l’origine de la colonisation aux VIIIe-VIe siècles. D’abord exploités sous une forme indirecte en contextes indigènes, les métaux ont incité les Phéniciens à fonder une colonie à proximité, au Ve siècle et au début du IVe, avec des centres d’exploitation directe. À la fin du IVe siècle et surtout au cours du siècle suivant, le système se complexifie avec, en parallèle, un contrôle direct sur des mines et la création de centres autonomes. En Algérie, il n’existe pas de témoignage archéologique se référant à des ateliers puniques. Seul un forgeron est cité à El-Hofra (nsk en punique) et il est difficile de dire si les objets en métal trouvés ont été produits localement en l’absence d’analyses. (401) Abdelouhab N., Deux objets puniques en bronze conservés au Musée National des Antiquités, ibidem, p. 112-115, 2 fig. Sont décrits un fragment de rasoir punique, daté du IVe siècle av. J.-C., et une clochette apotropaïque provenant de la nécropole de Gouraya, datée du IIIe siècle av. J.-C. Quant à la céramique, (402) Maraoui Telmini B. et Bouhlel S., Petrographic and Mineralogy Characterisation of Local Punic Plain Ware from Carthage and Utica, dans Ceramics of the Phoenician-Punic World : Collected Essays, édit. Sagona C., Louvain, 2011 (Anciens near eastern Studies. Supplement, 36), p. 327-348, 10 fig., livrent les résultats de l’analyse de douze échantillons de céramique commune de l’époque punique provenant des fours de Dermech à Carthage et des fours de Besbassia près d’Utique. (403) Bechtoldb. et Docter R.F., Two Forgotten Amphorae from the Hamburg Excavations at Carthage (Cyprus and the Iberian Peninsula) in their contexts, dans Carthage Studies, V, 2011, p. 91- 128, 10 fig. Ces deux amphores, trouvées lors d’une campagne de fouilles en 1998, n’ont pas été mentionnées pour des raisons diverses dans l’ouvrage qui traitait du bilan des fouilles effectuées sous la direction d’une équipe de Hambourg (B.A.A.A., XLI, 2007 [2013], n° 49), et n’ont pas fait l’objet d’une étude exhaustive. L’une d’elle, attribuée à Chypre, vient probablement de Kition, le centre de production principal. Sa date est comprise entre le VIIe siècle et le premier quart du Ve et elle pourrait être reliée au transport de vin. Ce serait la première attestation de l’existence de relations commerciales avec Chypre. En provenance du sud de l’Espagne, la seconde amphore a transporté des salaisons. Sa datation s’établit entre la fin VIIe siècle et la fin du Ve siècle. Sa présence serait liée à un rituel de reconstruction et de redéfinition des lieux. (404) Ben Jerbania I., Les amphores commerciales dites de type « Solocha II » trouvées en Tunisie et les circuits de diffusion, ibidem, p. 77-90, 2 fig., 2 pl. L’étude du matériel amphorique grec de tombes du Sahel a conduit l’auteur à proposer de classer deux amphores dans le type « Solocha II », dont la production est attestée dans l’antique Péparéthos. Ce matériel en provenance de la région nord-égéenne transitait sans doute par Athènes avant d’emprunter des voies maritimes à destination des régions occidentales. Les navires longeaient probablement les côtes de la Cyrénaïque et faisaient escale dans les ports de Tripolitaine ou de Byzacène. (405) Naso A., Manufatti etruschi e italici nell’Africa settentrionale (IX-II sec. a. C.), dans Corollari. Scritti di antichità etrusche e italiche in ommagio all’opera di Giovanni Colonna, édit. Maras D.F. et alii, Studia erudita, XIV, Pise-Rome, 2011, p. 75-83. Carthage a livré une épée et de la céramique. Mais l’étude porte sur toute l’Afrique, comme le montre surtout le catalogue qui clôt la synthèse ; on n’y trouve guère que 38 notices. (406) Wallace Hadrill A., Pompeian identities Between Oscan, Samnite, Greek, Roman and Punic, dans Cultural Identity, p. 415-427, 1 plan. Malgré le titre qui tend à mettre à égalité les peuples mentionnés à Pompéi durant l’époque archaïque et une partie des derniers siècles de la République, les contacts avec le monde punique sont très peu évoqués, sinon dans la conclusion. (407) Horn F., Ibères, Grecs et Puniques en Extrême-Occident : les terres cuites de l’espace ibérique du VIIIe au IIe siècle av. J.-C., Madrid (Bibliothèque de la Casa de Velázquez, 54), 2011, XI-388 p., ill., cartes, 1 CD-ROM. Les terres cuites permettent d’appréhender l’expression religieuse populaire et privée. Les chapitres I à III présentent le corpus : terres cuites anthropomorphes, brûle-parfums à figure féminine ou zoomorphe. Le chapitre V, p. 111-147, examine les sites phénico-puniques d’Andalousie. D’origine orientale jusqu’au VIe siècle av. J.-C., ils posent la question de la continuité du culte d’Astarté, car les objets étaient déposés dans des sanctuaires. On trouve des terres cuites phénico-puniques dans les nécropoles entre le VIIe et le IIe siècles av. J.-C., bien qu’en nombre assez faible, et l’a. note la proximité des objets avec ceux de Carthage, les masques en particulier. Et cette rubrique se termine avec une hypothèse : (408) Salazar-García D.C., Patrón de dieta en la población púnica de Can Marines (Ibiza) a través del análisis de isótopos estables (C y N) en colágeno óseo, dans Saguntum, XLIII, 2011, p. 95-102. Sur la base des analyses chimiques effectuées sur le collagène d’os humains provenant de cet établissement punique, l’auteur pense que le poisson n’entrait pas dans l’alimentation des habitants de l’Ibiza punique. Quand il suggère de généraliser cette conclusion à tous les établissements puniques occidentaux, des vérifications s’imposent !
Bibliographie
4Si les principaux thèmes habituels sont bien présents, l’exposition sur les Phéniciens entraîne la bibliographie à sortir de nos régions pour regarder vers l’ensemble du bassin méditerranéen. (409) Miles R., Carthage Must Be Destroyed. The Rise and Fall of an Ancient Mediterranean civilization, Londres, 2011, XVIII-520 p., 16 p. de pl. coul. (26 fig.), 16 cartes, index. L’auteur a pour objectif de retracer l’histoire de Carthage à partir des sources littéraires et archéologiques, en adoptant une vision moins critique de la puissance punique, moins « européanocentrée » et « romanocentrée ». Le chapitre 1 porte sur les Phéniciens et leurs rapports avec les Grecs. Le chapitre 2 suit l’évolution de Carthage : la fondation de la capitale, la constitution de sa puissance commerciale, son expansion en Afrique, les voyages le long du littoral atlantique, enfin son contrôle de la Méditerranée et les alliances tissées pour y parvenir. Le chapitre 3 s’intéresse à la figure d’Héraclès et à son héritage dans le monde phénico-punique, en particulier à travers ses liens avec le dieu Melqart. Les chapitres 4 et 5 portent sur la Sicile carthaginoise, les conflits avec Syracuse et les volontés de domination de la Méditerranée par Carthage. Le chapitre 6 traite des relations avec Rome et du déclenchement du conflit. Les chapitres 7 à 15 abordent les différentes étapes de leur affrontement jusqu’à la chute de Carthage, le chapitre 9 étant dédié à l’Hispanie barcide. Sur un instrument de la puissance carthaginoise, (410) Fariselli A.C., Cartagine et mistophoroi : riflessione sulla gestione delle armate puniche dalle guerre di Sicilia all’età di Annibale, dans Pratiques et identités culturelles des armées hellénistiques, p. 129-146, évoque l’utilisation de mercenaires, qui est attestée, semble-t-il, à partir de la bataille d’Himère. La participation des Libyens aux côtés des Carthaginois fut toujours importante bien qu’il soit difficile de déterminer les relations exactes qui unissaient ces populations à la cité. Les données numismatiques et archéologiques doivent être étudiées avec circonspection, car elles sont délicates à exploiter même pour les grandes îles, qui sont les mieux documentées. Il faut tenir compte de la multiplicité des interprétations possibles, entre la présence de garnisons et celles d’autres formes de contacts, commerciaux notamment. (411) Scardigli B., Early relations between Rome and Carthage, dans Companion (A-) to the Punic wars, p. 28-38. Les relations entre Carthage et Rome sont surtout connues à l’occasion des mentions de traités signés entre les deux cités, dont celui que mentionne Philinos et dont l’existence est niée par Polybe et une partie des chercheurs contemporains. Les rares informations dont on dispose indiquent que Carthage cherchait avant tout à maintenir son contrôle sur le commerce en Méditerranée occidentale, ce que pense aussi (412) Ameling W., The rise of Carthage to 264, ibidem, p. 39-57. Rien n’indique que Carthage ait envisagé une expansion en Italie. Elle s’intéressait aux grandes îles de Méditerranée occidentale, Sicile et Sardaigne, et c’étaient elles qui se trouvaient au cœur des préoccupations carthaginoises. L’auteur revient aussi sur l’existence controversée du « traité de Philinos ». (413) Bondi S.F., Les Phéniciens vers l’Occident, dans Les Phéniciens en Algérie, p. 6-16, 1 fig. Cette courte synthèse rappelle l’intérêt des Phéniciens pour l’Occident et les principales étapes de leurs installations. Celles-ci sont amorcées à la fin du IXe siècle et elles s’intensifient au VIIIe siècle et surtout au VIIe siècle, aussi bien en Afrique que dans les grandes îles de Méditerranée occidentale et en Espagne. (414) Mazza F., Phéniciens et Puniques dans l’Algérie antique. Considérations de géographie historique, ibidem, p. 18-29, 3 fig., rappelle l’importance de la mer dans les cultures grecque et phénicienne. La navigation le long des côtes a fait partie intégrante des voyages des Phéniciens et elle n’était pas toujours facile, surtout lorsque les navires approchaient du détroit de Gibraltar. (415) Manfredi L.-I., L’Algérie phénico-punique, ibidem, p. 31-42, 2 fig. Dans cette évocation de la présence carthaginoise sur la côte depuis la Moulouya jusqu’à la Tunisie actuelle, l’auteur distingue trois entités régionales : deux d’entre elles correspondent aux futures provinces romaines de Maurétanie Césarienne et de Numidie ; la troisième comprend les populations situées plus au sud. Est rapidement cité le royaume numide. (416) Laporte J.-P., La punicisation des territoires numides en Algérie, ibidem, p. 45-51, 4 fig. Le modèle proposé par Cintas doit être remis en question en raison de l’abondance du matériel d’origine ibérique, surtout dans la partie occidentale, et cela suggère un circuit par le nord. Ces contacts entraînent une punicisation des populations, qui n’occulte pas le fond libyque. (417) Bartoloni P., Carthage et le contrôle de la mer, ibidem, p. 52-66, 5 fig. Les méthodes de navigation varient selon les distances et les lieux de destination. Le petit cabotage est destiné aux destinations proches et la navigation hauturière semble avoir été préférée, car la navigation près des côtes est très exposée aux vents. Divers modèles d’embarcations sont reproduits. (418) Kheir Orfali M., Les ports phénico-puniques en Algérie, ibidem, p. 68-72, établit une typologie des sites : sites en relation avec des caps, où le port est situé latéralement, par exemple celui de Rusicade ; sites protégés par des ilots qui sont utilisés pour compléter la structure portuaire, ainsi à Iol, Ikosim ou Igilgili ; ports près de l’embouchure des fleuves, le meilleur exemple en Algérie étant Siga. (419) Secci R., Erodoto (IV, 196), Cartagine e l’oro africano : alcune riflessioni, dans Griseldaonline, XI, 2011 [non paginé]. Les différentes interprétations du troc muet, ou commerce par dépôts, sont examinées à partir du texte d’Hérodote. Au lieu d’être la description d’un fait épisodique, il faut sans doute y voir la matérialisation de relations fondées sur des règles convenues : la conduite carthaginoise s’expliquerait alors par la volonté de garder des partenaires dans un but avantageux pour les deux parties.
5Carthage reste le point focal, mais la civilisation phénico-punique s’étendait au bassin méditerranéen. (420) Domínguez Pérez J.C., El mundo fenicio occidental en el litoral norteafricano : inferencias de los primeros estados, dans Gadir y el Círculo del Estrecho revisados, p. 199-227, actualise les données provenant des centres du littoral nord-africain, en insistant sur l’importance externe (phénicienne) dans la création des premiers États de la zone considérée. (421) Arancibia Román A. et Mora Serrano B., Malaka, de enclave colonial en las puertas del Estrecho a polis fenicia occidental en el sur de Iberia, ibidem, p. 175-186, étudient l’évolution du peuplement phénicien de la baie de Malaga et ses relations avec Carthage à l’époque archaïque. (422) Bartoloni P., Il golfo d’Oristano tra Tiro e Cartagine, dans Oristano e il suo territorio.1. Dalla preistoria all’alto Medioevo, édit. Spanu P.G. et Zucca R., Rome, 2011, p. 263-295. La fondation de Carthage s’insère dans une série de fondations phéniciennes plus ou moins durables entre le milieu du VIIIe siècle et le milieu du VIIe siècle av. J.-C. et elle doit être mise en parallèle avec celle des cités considérées comme les plus anciennes en Afrique, Utique et Lixus. (423) Domínguez Pérez J.C., Gadir, el Círculo del Estrecho y los primeros estados del Extremo Occidente atlántico, dans Gadir y el Círculo del Estrecho revisados, p. 9-30. Il s’agit d’une description de l’évolution des populations habitant dans le sud de la Péninsule Ibérique, qui met particulièrement l’accent sur les contacts avec les Phéniciens. Se détache le chapitre intitulé « L’identité de Gadir entre nouvelle oligarchie locale et Carthage ». (424) Benelli E., Les rapports avec le monde étrusco-italique, dans Les Phéniciens en Algérie, p. 96-99, 2 fig., revient brièvement sur le disque de Gouraya où sont gravés des caractères étrusques. On ne saurait dire s’il est un témoignage isolé ou le signe de relations suivies entre les Étrusques et la région. Toutes les facettes de l’économie sont représentées, les productions, l’artisanat comme le commerce (425) Prados Martínez F., La producción vinícola en el mundo fenicio-púnico : apuntes sobre cultivo de la vid y consumo del vino a traves de las fuentes arqueológicas y literarias, dans Gerión, XXIX, 1, 2011, p. 9-35, ill., carte, rés. angl., expose les différents problèmes existant pour l’étude de la production de vin dans le monde phénico-punique : la disproportion évidente des sources documentaires (carthaginoises et gréco-latines, très abondantes), et les rares vestiges archéologiques attribuables sans équivoque à cette production, provoqués par les destructions dont ont souffert Carthage et ses environs immédiats après la troisième guerre punique ; d’un autre côté, le matériel amphorique constitue une grande aide en tant que reflet matériel du commerce à longue distance du vin carthaginois, mais que l’auteur considère comme résiduel. Sont aussi utiles les études d’anthracologie et de paléocarpologie. (426) Zeghal-Yazidi S., L’olivier dans l’Afrique punique : état de la question, dans Olivier (L’-) en Méditerranée, T. I, p. 13-29, 6 fig., dresse un état de la question à propos de la place de l’olivier dans l’Afrique punique. Les sources sont textuelles, avec les passages de l’œuvre de Magon et quelques récits d’opérations militaires, iconographiques, avec des représentations sur les stèles, et archéologiques, avec la villa de Gammarth, le contenu d’urnes funéraires. La seconde partie porte sur les techniques identifiées (greffe de l’oléastre), la géographie de l’oléiculture, les méthodes culturales, la production et les usages de l’huile et, pour finir, sur la symbolique de l’olivier, vu comme un symbole de fécondité. (427) Oggiano I., Les commerces dans la Méditerranée centre-orientale, dans Les Phéniciens en Algérie, p. 74-83, 3 fig. Les riches marchands orientaux ont mis en fonction des stratégies de contrôle sur les marchés de matières premières, surtout les métaux, et sur les circuits d’échanges, ceci en relation étroite avec les populations impliquées dans les processus de production. Des réseaux diversifiés se sont créés qui témoignaient d’un grand savoir faire au niveau des productions de produits finis précieux, par exemple des objets en or. (428) Botto M., Les commerces dans l’extrême Occident de la Méditerranée et dans l’Atlantique, ibidem, p. 84-95, 6 fig. Les villes et cités fondées dans l’extrême Occident, Gadir, puis Malaca en Ibérie, Lixus, l’ont été en parallèle avec l’établissement de sanctuaires à Melqart. Il existait une interaction avec les populations locales. L’approvisionnement en or et en ivoire semble avoir été à l’origine de la fondation de Mogador vers 650 av. J.-C., à plus de 900 km du détroit de Gibraltar, qui présentait sans doute un caractère saisonnier. Un article nous conduira à la religion et aux pratiques funéraires, qui suscite toujours de nombreuses questions, en particulier les tophet. (429) Crawley Quinn J., The culture of the Tophet : Identification and Identity in the Phoenician Diaspora, dans Cultural Identity, p. 388-413, 11 fig. L’auteur insiste sur l’évolution des formes et des représentations des stèles du tophet. Sont surtout mentionnés au début des magistrats et des prêtres, puis des professions artisanales et des producteurs font leur apparition, en parallèle avec l’évolution économique et sociale de la cité. Le tophet était un espace où étaient représentées les nouvelles directions prises par la communauté ; il signalait une rupture à côté de la continuité. Les autres tophets montrent un phénomène identique : ils témoignent de pratiques en relation avec les rituels carthaginois, tout en s’en démarquant et en consolidant l’identité des cités. (430) Bonnet C., De Carthage à Salvador de Bahia. Approche comparative des rites du tophet et du candomblé, lieux de mémoire rituels, dans Mélanges Philippe Borgeaud, p. 469-485, 2 fig. Depuis des lustres, les spécialistes se divisent sur les rites qui se pratiquaient dans les tophets. Uniquement attestés dans le monde punique (Afrique du Nord, Sicile et Sardaigne), les tophets ne peuvent avoir abrité les restes de tous les enfants morts, quelle que soit la manière dont le décès s’est produit. L’auteur fait un détour par le Brésil pour observer les constructions identitaires en rapport avec l’ancrage territorial d’une diaspora. Il s’agit alors d’inventer et de ritualiser une tradition, d’une élaboration qui se construit autour de la mémoire des origines, mais qui ne peut être vue comme un souvenir de ces origines, qui mettrait en jeu tout le corps social. On peut se demander si ce qu’on nomme « la chapelle Cintas » n’est pas le noyau du tophet, un premier « lieu de mémoire » de la fondation concentrant autour de lui les offrandes. Autre tophet, (431) Mccarty M.M., Representation and the “meaning” of ritual change : the case of Hadrumetum, dans Ritual Dynamics in the Ancient Mediterranean. Agency, Emotion, Gender, Representation, édit. Chaniotis A., Stuttgart, 2011, p. 203-234, 11 fig. L’auteur revient sur la documentation archéologique du tophet de Sousse, utilisé entre le VIIe-VIe s. et la fin du Ier s. ap. J.-C. Il identifie les archétypes et les modifications rituelles puis les interprète. Il observe qu’au niveau 6 (le plus tardif), les stèles continuent d’être érigées alors même que le dépôt sacrificiel a disparu, laissant la place à des offrandes d’unguentaria. (432) Mederos Martín A., Sacrificios de niños y sustitutorios de ovicápridos al dios Sol ŠMŠ en el litoral atlántico norteafricano, dans Byrsa, XIX-XX, 2011, p. 79-127. Ce travail, qui réunit les diverses sources épigraphiques, littéraires, numismatiques et archéologiques, propose l’hypothèse suivante : la date au cours de laquelle étaient sacrifiés les enfants à Carthage se situait au mois de juin [Rappelons toutefois que l’existence même de sacrifices d’enfants fait l’objet de nombreuses controverses, voir supra C. Bonnet]. (433) Xella P., Le tophet. De Baal Hammon à Saturne, dans Les Phéniciens en Algérie, p. 150-155, 2 fig., fait la distinction entre deux séries de tophet, qui sont tous attestés en Méditerranée occidentale. Les plus anciens se trouvent à Carthage, les autres, dans les cités de l’Afrique du Nord (Cirta, Tiddis, peut-être Calama, à Dellys, Gunugu et à Nicivibus), pourtant situées bien plus à l’intérieur des terres, correspondent à une expansion plus tardive. Il conclut en évoquant le caractère de Baal Hammon. (434) López-Beltran M., Where are the priests ? Ritual mastery in Punic shrines, dans Ritual Dynamics in the Ancient Mediterranean. Agency, Emotion, Gender, Representation, édit. Chaniotis A., Stuttgart, 2011, p. 43-60, 6 fig., rappelle la place qu’occupent les temples dans la colonisation phénicienne, et celle des prêtres et des prêtresses dans la légende de fondation de Carthage (p. 45-47 et fig. 1), avant d’étudier deux sanctuaires puniques des Baléares. Et sur une autre divinité, (435) Fantar M.H., Propos sur le dieu Eshmoun à Carthage, dans Mélanges Pierre Senay, p. 187-195. Ce dieu tenait un rôle éminent dans la métropole punique et l’auteur s’attache à mettre en évidence ses spécificités régionales et locales. Il est donc curieux de constater qu’il ne figure pas dans le serment d’Hannibal rapporté par Polybe (VII, 9, 12-13). L’auteur propose de l’identifier à Arès en tant que divinité protectrice des armées carthaginoises. Il revient aussi sur l’étymologie du nom Byrsa en le comparant avec des monnaie légendées B’SRT « be asroth » : il pourrait signifier « au pays ». On terminera cette section avec un questionnement sur les rites funéraires : (436) Fariselli A., Risparmi e talismani : l’uso della moneta nei rituali funerari punici, dans Griseldaonline, 2011, 11, non paginé, ill. Cet usage a été considéré comme un usage importé du monde grec, notamment avec la légende de Charon, mais c’est loin d’être prouvé et l’auteur envisage plusieurs hypothèses, notamment en établissant des comparaisons avec d’autres pratiques funéraires orientales. Il peut aussi exprimer un choix privé relié à une règle liturgique ou un geste de précaution pour être reçu dans le monde souterrain, comme le fait supposer un texte de Malte.
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Bibliographie analytique de l’Afrique antique XLV (2011)
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