IV – L’Afrique du Haut-Empire
p. 77-102
Texte intégral
1De même que pour les années précédentes, ce chapitre offre une abondance d’études, liées à la fois à la richesse de la documentation et aux commentaires qui en découlent. Elles complètent les références aux ouvrages et aux articles plus généraux ainsi qu’aux bibliographies relatives à l’Empire et au christianisme, que le lecteur est invité à consulter dans les Généralités.
2La moisson est également très mince pour ce paragraphe. (505) Frasson F., Numidi in Liguria, Liguri in Numidia. A proposito di alcuni episodi bellici del II secolo d.C., dans L’Africa romana, XIX, 2, p. 1343-1361. Cet article très érudit montre comment, en 193 av. J.-C., le consul Thermus utilise des Numides quand il attaque les Ligures. Des Ligures ont également servi dans l’armée romaine contre Jugurtha. Tite-Live, Frontin et Salluste permettent de mieux comprendre les tactiques des uns et des autres. (506) Lapyrionok R., Der Kampf um die Lex Sempronia Agraria, vom Zensus 125/124 v. Chr. bis zum Agrarprogramm des Gaius Gracchus, Bonn, 2012, 160 p., distingue avec raison les programmes des deux Gracques, mais sans apporter de grande nouveauté. L’activité de Caius Gracchus en Afrique en 122 est abordée aux p. 97-99, surtout les conséquences qu’a générées cette installation de colons dans la province.
Sources
3L’intérêt pour la géographie africaine chez Juba II, mais aussi la perception de l’Afrique chez les auteurs de la fin de la République et du début de l’Empire, ne cessent de questionner. (507) Totelin L.M.V., Botanizing rulers and their herbal subjects : plants and political power in Greek and Roman Literature, dans Phoenix, LXVI, 1-2, 2012, p. 122- 144. L’auteur fait porter une partie de son développement sur l’œuvre de Juba en matière de botanique, spécialité à laquelle le roi avait consacré l’intégralité d’un traité portant sur l’euphorbe, poussant dans l’Atlas. Cette plante africaine aurait été découverte à l’occasion d’une expédition ordonnée par Juba, selon le témoignage de Pline l’Ancien. L’attention particulière portée par le roi à cette plante qu’il compare dans son traité à l’encens produit en Arabie s’expliquerait par volonté de proposer une nouvelle orientation aux intérêts de Rome, qui venait d’échouer dans ses expéditions en Arabie. (508) Papaioannou S., Landscape architecture on pastoral topography in Lucan’s Bellum Civile, dans Trends in Classics, IV, 1, 2012, p. 73-110, rés. p. 73, étudie le lien entre politique et paysage pastoral dans l’Énéide et le Bellum ciuile de Lucain, avec notamment l’influence de l’une sur l’autre : le discours de Caton au livre IX, l’attaque des serpents, la lutte entre l’éléphant et le python. Chez les deux auteurs, l’Afrique est un pays étranger et dangereux. (509) Ferrer Albelda E., Un fenicio apócrifo de época romana : Pomponio Mela, dans Etapa (La -) neopúnica, p. 59-74, critique la thèse de R. Batty (Journal of Roman Studies, XC, 2000), pour qui Méla était d’origine phénicienne et la Chorographia une vision phénicienne du monde : l’un des principaux arguments de Batty est que Méla s’occupe particulièrement de l’Afrique (41 sections) et de l’Espagne (38 sections). Une référence a trait à Virgile : (510) Totola G., Donne e follia nell’Eneide di Virgilio : tre invasamenti per l’azione epica, dans Medicina nei secoli, XXIV, 3, 2012, p. 689-703, rés. angl. L’auteur s’intéresse notamment au personnage de Didon. Dans le récit de Virgile qui fait de Didon une héroïne tragique, ses réactions qui traduisent la folie sont caractéristiques d’une Ménade. Subissant la puissance divine, elle est elle-même présentée comme la victime d’un sacrifice qui la conduit à la mort. L’œuvre d’Apulée, à commencer par les Métamorphoses, a davantage suscité l’intérêt et nourri les discussions. Commençons par une publication générale, (511) Bradley K.R., Apuleius and Antonine Rome : historical essays, Toronto, 2012, XVI-397 p., ill., index. Le volume réunit douze articles de l’auteur, dont huit ont déjà été publiés entre 1997 et 2008, les quatre autres sont inédits ; l’objectif est de montrer que l’œuvre d’Apulée est un document historique sur la société africaine. Nous présentons dans cette B.A.A.A. les textes inédits et tout d’abord l’annexe qui porte sur le romancier et son milieu. (512) Id., Appendix, ibidem, p. 257-263, aborde les quelques éléments connus de la vie d’Apulée à la lumière de la documentation épigraphique et juridique : son origine africaine et son nom, le contexte social de sa famille, le préfet Urbicus (cité dans l’Apologie, 2, 11-3, 1) originaire de la confédération cirtéenne. (513) Apulei Metamorphoseon libri XI, édit. Zimmerman M., Oxford, 2012, LIX-289 p., index, est une édition savante du libre XI, sans traduction ni commentaire, qui intéressera les philologues. Les trois articles suivants portent sur des corrections antiques ou plus tardives effectuées sur des manuscrits d’Apulée. (514) Magnaldi G., Antiche tracce di « apparato » nel testo tràdito di Apuleio filosofo, dans Lexis, XXX, 2012, p. 478-492, rés. angl. (515) Ead., Il De Platone di Apuleio : lezioni e correzioni tràdite, dans Bollettino di studi latini, XLII, 2, 2012, p. 570-577, rés. angl. (516) Ead., Vsus di copisti ed emendatio nel De Platone di Apuleio, dans Materiali e discussioni per l’analisi dei testi classici, LXVIII, 2012, p. 153-172. En matière de linguistique, on consultera également (517) Joffre M.-D., La concurrence hic/iste dans les Métamorphoses d’Apulée : réflexions sur leurs emplois exophoriques, dans Latin vulgaire - latin tardif IX, p. 335-346, rés. angl. De nombreux dialogues du roman d’Apulée remplacent le déictique hic par iste, un fait de langue qui devient la norme en latin tardif. L’a. s’interroge sur la valeurs des deux mots et la raison de cette concurrence alors que les emplois d’origine étaient bien différents. (518) Graverini, L., Literature and identity in the Golden Ass of Apuleius, Colombus (Ohio), 2012, XVI-239 p., 2 index, est la traduction anglaise, par Lee B.T., de l’ouvrage italien paru en 2007 (B.A.A.A., XLI (2007), 2013, n° 454). Le roman d’Apulée pose par ailleurs la question du lien entre le genre théâtral et la littérature : (519) Robert F., La représentation de la pantomime dans les romans grecs et latins : les exemples de Longus et d’Apulée, dans Dialogues d’histoire ancienne, XXXVIII, 1, 2012, p. 87-110, rés. angl. p. 277. Les récits de pantomime sont rares dans les romans et les deux cas étudiés ici montrent que le récit romanesque en adapte et transforme les realia connus par les autres sources. Ils sont donc moins des témoignages historiques du genre que des éléments nécessaires au langage romanesque. L’influence d’Ovide sur l’œuvre d’Apulée est par ailleurs questionnée par (520) Nicolini L., Falsi miti e fabulae vere : Apuleio, met. 6, 29 e un insegnamento ovidiano, dans Materiali e discussioni per l’analisi dei testi classici, LXIX, 2012, p. 217-222. L’auteur s’intéresse à un passage du roman d’Apulée qui manifeste un esprit explicitement ovidien. La place des mythes chez Apulée reste un sujet d’étude privilégié : (521) Reinhardt U., Mythen-Sagen-Märche. Eine Einführung mit exemplarischen Motivreihen, Fribourg-en-Brisgau-Vienne (Autr.), 2012, 592 p., 5 index, concerne la genèse des mythes antiques et leur transfert dans les contes et légendes modernes : le conte d’Amour et Psyché d’Apulée et sa réception occupent une place centrale (p. 53- 137). (522) Scarsi Garbugino M., Nostalgie et déclin du mythe dans « la fable » d’Amour et Psyché, dans Hommes (Les -) et les dieux dans l’ancien roman, p. 225-236. La mythologie traditionnelle dans l’histoire d’Éros et de Psyché est plus proche d’une pièce de théâtre que d’un mythe. En revanche, Apulée introduit une nouvelle mythologie qui tient à la fois du mythe eschatologique (Platon) et du mythe gnostique. (523) Idalgo M.J., Libertad, esclavitud y género : el mito apuleyano de Cupido y Psique (Met. 4.28-6.24), dans Dipendenza ed emarginazione nel mondo antico e moderno. Atti del XXXIII Convegno internazionale GIREA dedicati alla memoria di Franco Salerno, Naples, 2012, p. 353-368. Le conte entre en résonance avec le destin de Lucius, mais aussi avec un destin féminin, celui d’une jeune femme, Psyché, à la fois sombre et lumineux. (524) Dowden K., Apulée et le culte, dans Hommes (Les -) et les dieux dans l’ancien roman, p. 213-224. Le roman d’Apulée s’intéresse peu aux dieux et à leur culte (hormis le conte d’Amour et de Psyché) ; l’initiation à Isis est une solution apportée à la pluralité absurde des dieux, mais l’œuvre oriente surtout le lecteur vers la philosophie. (525) Frangoulidis S.A., Double dreams in Apuleius’ Metamorphoses, dans Trends in Classics, IV, 2, 2012, p. 363-376. Le premier et le dernier livres du roman comportent chacun une expérience de rêve double (épisode des sorcières et d’Isis), qui n’ont ni la même fonction narrative, ni la même signification : ils distinguent avec force la magie noire des sorcières et la religion d’Isis, et le second épisode prépare l’initiation de Lucius. (526) Baker A.J.E., Doing things with words : the force of law and magic in Apuleius’ Metamorphoses, ibidem, p. 352-362. La thèse de l’auteur est que, pour le romancier, la loi et la magie représentent des forces en conflit : la loi est une force capricieuse et incontrôlable, tout autant que la magie, ce qui met en cause la légitimité de l’arsenal légal romain. (527) Harrison S.J., Interpreting the Anteludia (Apuleius, Metamorphoses 11.8), ibidem, p. 377-387. Ce passage, qui est situé au début du livre 11, rappelle les périls traversés par Lucius au moment où il doit retrouver sa forme humaine et obtenir le salut par le culte d’Isis : il a pour fonction de souligner la continuité narrative du roman, qui lui a souvent été niée. À propos d’Isis dans l’œuvre d’Apulée, on dispose désormais d’une étude collective avec (528) Aspects of Apuleius’ Golden ass. Volume III : The Isis book. A collection of original papers, édit. Keulen W.H. et Egelhaaf-Gaiser U., Leiden-Boston (Mass.), 2012, XVI-255 p., 4 ill., 2 index. La majorité des textes présents dans ce volume sont issus d’un colloque sur le livre XI des Métamorphoses, qui s’est tenu à l’université de Rostock en 2008, et qui était destiné à préparer une recherche collective devant déboucher sur un commentaire du livre en question (publication en 2013). Les contributeurs ont introduit des questions nouvelles, permettant de sortir de la dichotomie traditionnelle (initiation réelle au culte d’Isis ou bien comédie, fiction en continuité avec l’atmosphère du roman). Les analyses proposent ainsi des approches variées, mais, à notre avis, surtout littéraires. (529) Keulen W. et Egelhaaf-Gaiser U., Preface, ibidem, p. VII-XVI, présentent chaque communication ; la cohérence du volume tient à la récurrence du thème de la continuité et du changement. Les deux premiers textes sont centrés sur la critique textuelle, le langage et le style : (530) Zimmerman M., Text and Interpretation. Interpretation and Text, ibidem, p. 1-27 ; (531) Nicolini L., In spite of Isis : Wordplay in Metamorphoses XI (an answer to Wytse Keulen), ibidem, p. 28-41. Les articles suivants concernent des aspects culturels. (532) Egelhaaf-Gaiser U., The Gleaming Pate of the Pastophorus : Masquerade or Embodied Lifestyle ?, ibidem, p. 42-72, montre que Lucius, à la fin du livre, apparaît comme une figure grotesque et chauve, l’acteur d’un culte bizarre, dont l’apparence évoque des statuettes isiaques (fig. 3 et 4). (533) Harrison S.J., Narrative Subversion and Religious Satire in Metamorphoses 11, ibidem, p. 73-85, insiste sur l’interprétation satirique du livre isiaque à partir du commentaire de quelques scènes. L’approche est ensuite plus philosophique, centrée sur les relations entre Isis, la Providence et le destin : (534) Graverini L., Prudentia and Prouidentia. Book XI in Context, ibidem, p. 86-106, met l’accent sur l’influence du stoïcisme et sur la prouidentia impériale, tout en insistant sur la rupture entre les livres I-X et le livre XI. (535) Drews F., Asinus philosophans : Allegory’s Fate and Isis’Providence in the Metamorphoses, ibidem, p. 107- 131, s’intéresse à la présence du platonisme dans le thème de la Providence. Les deux auteurs suivants ont prêté attention au mouvement et à la topographie, le premier à travers une approche intertextuelle, le second dans une étude plus philosophique, le trajet d’une âme à travers les éléments naturels qui sont divins : (536) Tilg S., Aspects of a Literary Rationale of Metamorphoses 11, ibidem, p. 132-155 ; (537) Dowden K., Geography and Direction in Metamorphoses 11, ibidem, p. 156-167. Puis vient la relation, souvent évoquée, avec Plutarque : (538) Van der Stockt L., Plutarch and Apuleius. Laborious Routes to Isis, ibidem, p. 168-182, est centré sur l’intertextualité ; (539) Finkerpearl E., Egyptian religion in Met. 11 and Plutarch’s DIO : Culture, Philosophy and the Ineffable, ibidem, p. 183-201, compare les points de vue des deux auteurs sur l’expérience religieuse et la conversion. La dernière contribution, avec (540) Smith W., An Author Intrudes into ‘His’ Narrative : Lucius ‘Becomes’ Apuleius, ibidem, p. 202-219, pose la question de la présence d’Apulée à l’extrême fin du roman (11, 27, 9), introduit la comparaison avec les romans grecs et ouvre sur la littérature après l’Antiquité. (541) Soler J., La déesse syrienne, dea peregrina : la mise en récit de l’altérité religieuse dans les Métamorphoses d’Apulée, dans Les représentations des dieux des autres, édit. Bonnet C., Declercq A. et Slobodzianek I., Caltanissetta, 2012, p. 17-30, rés. fr. et angl. Apulée exagère les traits exotiques de la déesse dont les prêtres achètent Lucius alors transformé en âne (Mét., VIII, 24-IX, 10) : elle est l’exemple même de la divinité barbare, alors qu’Isis s’inscrit au contraire dans les normes admises. Deux aspects d’ordre social ont par ailleurs retenu l’attention. (542) Mccullough A., Gender Transformation in Apuleius’ Metamorphoses, dans Narrating Desire. Eros, Sex and Gender in the Ancient Novel, édit. Futre Pinheiro M., Skinner M.B. et Zeitlin F.I., Berlin-Boston (Mass.), 2012, p. 235-247, rés. angl. Les échanges de vêtements sont nombreux dans le roman, mais ils ne sont pas identiques : tandis que les femmes, en revêtant un habit masculin, adoptent aussi la uirtus masculine, les hommes changent uniquement leur vêtement, sans altérer leur identité de genre. Cette situation obéit à une tradition ancienne à Rome, celle de la matrone virile. (543) Garbugino G., La fête du dieu Rire dans les Métamorphoses d’Apulée, dans Hommes (Les -) et les dieux dans l’ancien roman, p. 143-158. Apulée a non pas inventé, mais profondément transformé cette fête d’origine grecque (III, 1-8) : elle souligne dans son roman la double fonction du rire, à la fois instrument de correction et regard ironique de l’auteur qui renvoie à des sens plus profonds que les scènes comiques. Les autres œuvres d’Apulée furent également sujettes à commentaires. (544) De la Cruz Palma O., Apuleyo divulgador científico, dans Myrtia, XXVII, 2012, p. 159-175, rés. angl. Les Florides d’Apulée réunissent un ensemble de « conférences » aux thèmes divers et aux contenus scientifiques variés. De même, les Métamorphoses, l’Apologie, le De deo Socratis et les œuvres attribuées à cet auteur constituent une source intéressante pour l’étude de la science antique. (545) Pellecchi L., Innocentia eloquentia est. Analisi giuridica dell’Apologia di Apuleio, Côme (Biblioteca di Athenaeum 57), 2012, 307 p., mène une enquête minutieuse sur un texte difficile mais important, l’Apologie d’Apulée, afin de comprendre la nature même de ce procès, à commencer par l’objet de l’accusation. Il se propose à la fois de faire une palingénésie du discours et de l’inscrire dans une réflexion plus générale sur les règles de procédure qui encadrent un procès de ce type à l’époque impériale. L’ouvrage complète une recherche menée dans le cadre d’un projet PRIN (Progetto di Ricerca di Interesse Nazionale), sur l’exercice de la juridiction criminelle dans les provinces romaines : sa 1ère partie développe une étude parue ailleurs, (546) Id., Delator, patronus e curator nell’accusa contre Apuleio, dans Carmina iuris. Mélanges en l’honneur de M. Humbert, édit. Chevreau E., Kremer D. et Laquerrière-Lacroix A., Paris, 2012, p. 619-643 ; la 2e partie reprend et précise une étude parue en 2010, (547) Id., L’accusa contro Apuleio : linee retoriche e giuridiche, dans Eparcheia, autonomia e civitas Romana. Studi sulla giurisdizione criminale dei governatori di provincia (II sec. a. C. – II d. C.), édit. Mantovani D. et Pellechi L., Pavie, 2010, p. 171-334 (= B.A.A.A., XLIV (2010), 2016, n° 582). Deux études, d’intérêts différents, terminent ce passage en revue des sources classiques. (548) Fleury P., Lettre amicale, lettre officielle et histoire, dans La Présence de l’histoire dans l’épistolaire, édit. Guillaumont F. et Laurence P., Tours, 2012, p. 19-119. Les trois lettres ici examinées n’ont rien d’africain, pas plus que le reste de la correspondance de Fronton (d’origine cirtéenne), mais elles sont les seules à avoir un contenu historique (sur la guerre contre les Parthes sous Marc Aurèle et Lucius Verus). (549) Nosarti L., Nemesiano, Cyn. 67-68, dans Aevum, LXXXVI, 1, 2012, p. 265-280, rés. angl., propose de remplacer bibunt par ignotum au v. 68 du poème Cynegetica écrit par Némésien, un auteur du IIIe s., en se fondant sur des passages proches d’Ovide et de Lucain.
4Le dossier des sources chrétiennes est copieux. Il le doit à l’attention particulière accordée à la Passion de Perpétue et Félicité. (550) The Passion of Perpetua and Felicity, édit. Heffernan T.J., Oxford-New York, 2012, XXV-557 p., ill., carte, 3 index, est une réédition du texte, avec traduction et commentaire. Une introduction importante (p. 3-99) dresse le bilan de ce qui est connu sur ce texte majeur (les personnages, la date de rédaction, les registres de la langue). À la suite du texte latin et du commentaire viennent deux annexes : l’une porte sur les manuscrits et les éditions, l’autre fournit le texte grec. (551) Perpetua’s Passions. Multidisciplinary Approaches to the Passio Perpetuae et Felicitatis, édit. Bremmer J.N. et Formisano M., Oxford, 2012, X-383 p. Ce livre propose les actes d’un colloque consacré aux deux saintes et, surtout, au texte qui les fait connaître. Si le texte, les femmes et le pouvoir y ont été étudiés, l’Afrique y est évidemment présente, dans une moindre mesure cependant. Les approches sont multiples, parfois un peu étonnantes, mais l’ensemble (surtout à dimension littéraire) donne une bonne idée de la richesse de cet ancien témoignage. Certaines contributions concernent plus directement le texte et son statut. (552) Den Boeft J., The Editor’s Prime Objective : Haec in Aedificationem Ecclesiae Legere, ibidem, p. 150-166, examine et critique certaines affirmations présentes dans l’editio maior de van Beeks, publiée en 1936. (553) Farrell J., The Canonization of Perpetua, ibidem, p. 300-320. Le texte de la Passion n’est pas un « texte classique » au sens strict du terme, en dépit de sa date précoce de rédaction : il est hybride et son influence ne fut réelle qu’à l’époque tardive et au Moyen Âge ; les deux saintes échappent aussi à la norme de la sainteté chrétienne qui concernait surtout des vierges, des figures institutionnelles ou des femmes en relation avec Rome. (554) Formisano M., Perpetua’s Prisons : Notes on the Margins of Literature, ibidem, p. 329-347, souligne lui aussi la marginalité fondamentale du texte : en tant que texte chrétien, en tant que texte littéraire, mais aussi en termes de genre et en raison de sa résistance à l’interprétation. En somme la Passio est rebelle à toute classification. Plusieurs articles mettent en valeur les interactions avec d’autres œuvres, d’autres traditions, sa réception aussi. (555) Van Henten J.W., The Passio Perpetuae and Jewish Martyrdom : the Motif of Motherly Love, ibidem, p. 119-133. Cet article s’insère dans un programme sur l’interaction entre les martyrologies juives et protochrétiennes. Ce type de recherches a été critiqué par certains chercheurs, mais l’auteur soutient l’existence de déformations et de multiples interactions entre les deux traditions. Il souligne en particulier les échos, notamment le motif de l’amour maternel, entre la Passion de Perpétue et Macchabées 2 et 4. L’amour maternel est également au centre de (556) Weitbrecht J., Maternity and Sainthood in the Medieval Perpetua Legend, ibidem, p. 150-166, qui s’intéresse à la réception du texte et aux modifications apportées à la représentation de Perpétue en tant que mère dans la légende médiévale. (557) Weigel S., trad. Golb J., Exemplum and Sacrifice, Blood Testimony and Written Testimony : Lucretia and Perpetua as Transitional Figures in the Cultural History of Martyrdom, ibidem, p. 180-200, propose une étude comparative originale, entre le martyre de Perpétue et la mort de Lucrèce, racontée par Tite-Live. (558) Waldner K., Visions, Prophecy, and Authority in the Passio Perpetuae, ibidem, p. 201-219. La Passio Perpetuae présente une variation sur le thème associant la prophétie et la persécution connu depuis le Ier s. La vision est aussi une réalité propre à l’expérience du divin chez les païens, le rêve étant un facteur de légitimité. (559) Sissa J., Socrates’ Passion, ibidem, p. 244-253. La mort de Socrate servit de grand modèle aux suicides héroïques de l’Antiquité et, même si Perpétue propose une noua mors, elle ne se détache pas entièrement de l’exemple socratique. (560) Konstan D., Perpetua’s Martyrdom and the Metamorphosis of Narrative, ibidem, p. 291-299, revisite la question de la proximité entre les héros païens et les héros chrétiens : il perçoit des analogies entre le récit de Perpétue et certains épisodes des romans grecs, notamment les Ephesiaca de Xénophon (les rêves, la séparation d’un être aimé, le courage, la loyauté, l’endurance). (561) Warnerm., Memories of the Martyrs : Reflections from a Catholic Girlhood, ibidem, p. 348-365. Le récit de Perpétue a ouvert une longue tradition littéraire dans laquelle la souffrance des femmes occupe une place de choix. Quant à l’approche du genre, qui a motivé la première section de l’ouvrage, elle est particulièrement présente dans les titres suivants. (562) Bremmer J.N., The Martyrdom of a Young African Woman, ibidem, p. 35-53, se concentre sur Félicité qui a reçu moins d’attention que son illustre compagne et sur les Acta, moins étudiés que la Passion. (563) Williams C., Perpetua’s Gender. A Latinist Reads the Passio Perpetuae et Felicitatis, ibidem, p. 54-77, s’intéresse au 4e et dernier rêve de Perpétue en soumettant les traditions culturelles et littéraires du texte à la lecture « genrée » : la martyre et son exécution sont décrites à l’aide des paradigmes masculins (exempla, uirtutes, qualificatifs au masculin). (564) Ameling W., Femina Liberaliter Instituta - Some Thoughts on a Martyr’s Liberal Education, ibidem, p. 78-102. Le journal de Perpétue est l’unique document littéraire dû à une femme qui nous soit parvenu avant la peregrinatio Aetheriae à la fin du Ve s. Il est le seul témoignage direct de leur éducation. (565) Sigismund-Nielsen H., Vivia Perpetua - an indecent Woman, ibidem, p. 103-117. Deux questions orientent l’étude : comment Perpétue se percevait elle-même et était perçue dans sa famille, et comment elle a rompu avec les normes sociales de son temps, ce qui permit à Augustin de voir en elle une uirgo casta et une vierge « masculine » idéale [voir aussi supra, n° 563]. Cette image de Perpétue, discernable dans les sermons d’Augustin, correspondrait au dédain dans lequel la première Église tenait les femmes. (566) Bal M., Perpetual Contest, ibidem, p. 134-149, veut souligner la radicalité protoféministe du texte de la Passion. Les questions plus religieuses sont également présentes avec (567) Bagetto L., Noua exempla. The New testament of the Passio Perpetuae, ibidem, p. 254-273, qui propose d’examiner la Passio comme un récit se situant au carrefour de la loi et du témoignage, de l’ordre, de la politique et de la transcendance. (568) Markschiesc., The Passio Sanctarum Perpetuae et Felicitatis and Montanism ?, ibidem, p. 277-290, veut aborder la question de l’influence montaniste sur le texte « d’une façon sérieuse », c’est-à-dire en proposant, de manière très classique d’ailleurs, un bilan de la recherche et une présentation du montanisme africain avant de poser la question de la fameuse influence : la réponse est encore à construire ! Enfin, deux auteurs abordent des terrains plus périphériques à nos yeux. (569) Böhme H., trad. Riou J., The Conquest of the Real by the Imaginair : On the Passio Perpetuae, ibidem, p. 220-243, soumet le texte à des analyses psychoanalytiques et psychohistoriques. (570) Mesnard P., The Power of Uncertainty : Interpreting the Passion of Perpetua and Felicitas, ibidem, p. 321-328, rapproche la Passion des témoignages sur le ghetto de Varsovie : c’est le statut de témoin qui l’intéresse. (571) Mentxaka R., Género y violencia(s) en la Pasión de Perpetua y Felicidad, dans Index, XL, 2012, p. 447-474, rés. angl. p. 906. Cette description très détaillée et érudite de la Passion se conclut sur l’attitude de Perpétue qui vise à délégitimer la société patriarcale de son temps : on n’y perçoit aucune critique sur la condamnation à mort des chrétiens, si ce n’est le cas de Félicité alors enceinte, dont l’exécution est reportée après l’accouchement. (572) Baslez M.-F., Entre Carthage, Delphes, Jérusalem et Alexandrie : les interactions culturelles dans la Passion de Perpétue et le premier christianisme africain, dans Visions de l’Occident romain, p. 11-22. Les références littéraires et théologiques dans les récits autobiographiques de visions conservés dans la Passion de Perpétue confirment le pluralisme du premier christianisme africain, à l’intérieur même de l’Église de Carthage. Ils témoignent des contacts entre les communautés d’Afrique et d’Égypte, ainsi que des influences orientales sur l’Église de Carthage. Les études consacrées à Tertullien et Cyprien suivent naturellement. (573) Tertulliano, Opere montaniste 4/2, édit. Capone A., Isetta S., Matteoli S. et alii, Rome (Scittori cristiani dell’Africa romana, 4, 2), 2012, 456 p., textes en latin avec traduction italienne en regard, introduction, commentaire, notes et index, poursuit avec toujours la même qualité l’édition des textes montanistes : il contient Il velo delle vergini, Le uniche nozze, Il digiuno, Contro gil psichici, La pudicizia, Il pallio. (574) Georges T., Das Gemeindemahl bei Tertullian in Apologeticum 39 : eine nichtsakramentale Agapefeier ?, dans Zeitschrift für antikes Christentum/Journal of ancient christianity, XVI, 2, 2012, p. 279-291, rés. angl. L’article examine la réalité du repas communautaire dans la première Église chrétienne, à partir de Tertullien, Apologeticum, 39, 14-19, qui donne à ce repas le nom d’agapè. L’auteur s’oppose à l’opinion traditionnelle, selon laquelle ce texte prouve qu’agapè et eucharistie doivent être distinguées dans le christianisme ancien : d’après la description fournie par Tertullien, l’agapè est un repas du soir collectif. (575) López Montero R., Las referencias a Homero en las obras de Tertuliano, dans Augustinianum, LII, 1, 2012, p. 135-153, rés. angl., montre que Tertullien connaissait bien Homère, ce dont personne ne doute. (576) Binder S., Tertullian On idolatry and Mishnah ‘Avodah Zarah : questioning the parting of the ways between Christians and Jews, Leyden-Boston (Mass.), 2012, IX-258 p., 2 index, se compose de trois parties allant du général au particulier : d’abord un tableau d’ensemble de la présence chrétienne et juive à Carthage ; puis une présentation de Tertullien ; enfin le cœur du sujet. L’auteur compare le De Idolatria de Tertullien et le traité ‘Avodah Zarah de la Mishna, appartenant tous deux au début du IIIe s., les replace chacun dans leur contexte historique et social, et en tire un certain nombre de conclusions sur les contacts culturels entre juifs et chrétiens en Afrique du Nord à cette époque. L’auteur s’appuie sur l’idée d’une étroite dépendance de la communauté juive de Carthage vis-à-vis des enseignements rabbiniques de Palestine pour analyser les nombreuses similitudes entre les deux œuvres, notamment dans les références scripturaires utilisées et les questions traitées. Selon S. Binder, Tertullien aurait écrit son traité en réaction à l’attitude des rabbins. (577) Wedekind K., Religiöse Experten im lokalen Kontext : Kommunikationsmodelle in christlichen Quellen des 1.-3. Jhs. n. Chr., Gutenberg, 2012, 189 p., 4 index. L’étude a pour objet les Évangiles, les Actes des Apôtres, canoniques et apocryphes, les lettres enfin, c’est-à-dire les modèles de communication mis en œuvre par les « experts » des communautés chrétiennes, du Ier au IIIe s. : l’auteur entend par « experts » ceux qui avaient un savoir spécialisé et des compétences reconnues. La communauté de Carthage est appréhendée, pour le début du IIIe s., à travers notamment Tertullien et Cyprien. (578) Cyprien de Carthage, Ceux qui sont tombés (De Lapsis), texte critique du CCL 3, Bévenot M., introd. Clarke G. et Poirier M., trad. Poirier M., apparat, notes et index Clarke G., Paris, 2012, 262 p., 3 index (Sources chrétiennes, 547). Il s’agit de la traduction du texte de Cyprien établi à partir du CCL 3 (1972), accompagnée d’un apparat critique et de notes complémentaires qui viennent utilement le compléter. Le lecteur y trouvera notamment de courtes synthèses sur des aspects remarquables tels que le contexte rhétorique du De lapsis, le public visé par le texte, l’allusion à la vengeance divine et la date de composition du traité, le baiser rituel chrétien, l’ordo des vierges à Carthage, le pouvoir en question des martyrs, le régime de la pénitence chez Cyprien ou encore les œuvres de charité. (579) Engberg J., The Education and (Self-) Affirmation of (Recent or Potential) Converts : The Case of Cyprian and the Ad Donatum, dans Zeitschrift für antikes Christentum/Journal of ancient christianity, XVI, 1, 2012, p. 129- 144, rés. all. Pour l’auteur, le récit de la conversion de Cyprien reflète d’abord les motivations et les idéaux que Cyprien et ses contemporains engagés dans la même expérience associaient à l’idée de conversion. En ce sens l’auteur propose de comprendre le récit de Cyprien comme une source normative imposant une certaine réalité, et non pas une simple description. (580) Ferreres L., Texto y tradición textual en el De laude martyrii, dans Lessico, argomentazioni e strutture retoriche nella polemica di età cristiana (III-V sec.), édit. Capone A., Turnhout, 2012, p. 215-222, rés. angl. et fr., analyse la manière, assez libre, avec laquelle le traité du ps.-Cyprien cite et utilise le De mortalitate de Cyprien et les modèles païens : il n’y a pas de citation littérale, mais certains passages du texte de Cyprien constituent un hypotexte à partir duquel l’auteur élabore son discours.
5Avant d’évoquer la liste très riche des études d’épigraphie latine, mentionnons un article très éclairant, (581) Wilson A., Neo-Punic and Latin inscriptions in Roman North Africa : function and display, dans Multilingualism in the Graeco-Roman worlds, édit. Mullen A. et James P., Cambridge-New York, 2012, p. 265-316, 18 fig. L’auteur examine les fonctions des inscriptions néopuniques et des bilingues latin/punique et latin/néopunique en Afrique, surtout en Tripolitaine et à Lepcis Magna. Il fournit une étude détaillée des processus de contacts et d’échanges entre les deux langues (avec le grec aussi, représenté par deux trilingues, IRT, 481 et IRT, 655) : le punique a été utilisé au début de l’époque romaine pour la célébration de l’évergétisme monumental en même temps que le latin, et des échanges ont eu lieu entre les deux pratiques épigraphiques ; le déséquilibre au profit du latin se produit au cours du Ier s. apr. J.-C. Deux titres intéressent l’épigraphie impériale. (582) Dupuis X., Hadrien « parent » de Sévère Alexandre, dans Société (La -) romaine et ses élites, p. 165-171, 1 carte. Les successeurs de Commode ont abandonné la généalogie antonine, sauf dans quelques cas : cinq inscriptions africaines, deux de Cuicul et trois autres proches de Sétif, donnent à Sévère Alexandre et à Élagabal une généalogie complète jusqu’à Trajan ou Nerva. Les situations sont variables : sur les milliaires d’avènement, la parenté est complète ; sur les dédicaces religieuses, on note des omissions et des contradictions, et l’absence de Nerva à Cuicul pourrait confirmer que Trajan était bien le fondateur de la colonie. (583) Mayer M., La presencia de los Antoninos en la epigrafía de las ciudades africanas. Una primera aproximación, dans L’Africa romana, XIX, 1, p. 807-818. C’est sous Antonin le Pieux que les inscriptions se modifient le plus, et l’époque de Marc Aurèle confirme cette évolution : l’empereur et sa famille ne sont plus uniquement présents dans les manifestations du culte impérial. Les exemples sont pris à Sabratha, Lambèse, Cuicul, Lepcis Magna, Volubilis et, surtout, Uchi Maius. Poursuivons dans le domaine de la religion avec des études qui portent uniquement sur l’Algérie. (584) Benseddik N., Hercule en Numidie. Une image méconnue, dans Ikosim, I, 2012, p. 119-124, 3 fig., rappelle les témoignages du culte d’un Hercule africain, puis s’intéresse à une gravure rupestre du dieu nu (à Aïn Reggada, dans le Sud-Est constantinois), avec son texte latin, dont l’a. confirme la lecture proposée par H.G. Pflaum (ILAlg, II/2, 4388 = AÉ, 1975, 886) et surtout la publication fournit la photographie (malheureusement de mauvaise qualité) de l’image divine (fig. 1) et celle du texte latin (fig. 2). La datation est indéterminée. (585) Bertrandy F., L’évocation du Genius dans les inscriptions de la « confédération cirtéenne » et au-delà de sa dissolution (Ier-IVe siècles p. C.), dans Visions de l’Occident romain, p. 37-75, ill. Le territoire de la « confédération cirtéenne » a livré 29 inscriptions évoquant le terme genius. La majorité des inscriptions et des monuments auxquels celles-ci se rapportent sont offerts par des particuliers ou des communautés. La dévotion qui est attestée par ces témoignages semble se rattacher à une tradition préromaine. Un catalogue, p. 43-64, complète le commentaire. (586) Groslambert A., Les Dieux africains à Lambèse, dans Visions de l’Occident romain, p. 185-196, a rassemblé les inscriptions mentionnant les dieux africains présents à Lambèse, soit vingt-trois textes, qui ne représentent que 8 % des dédicaces religieuses. Saturne est le plus souvent nommé avec douze occurrences. Il est suivi par les dii Mauri, avec six mentions venant surtout de militaires, puis par Caelestis, Nutrix, deux mentions chacune, et Motmanius (une mention), dont il n’est pas certain qu’il soit un dieu local. La vie municipale a davantage mobilisé les recherches. (587) Dupuis X., De Lambèse à Lepcis Magna. Nom des curies et histoire civique, dans Visions de l’Occident romain, p. 168-183, revient sur les noms de curies des cités d’Afrique. L’inscription AÉ, 1913, 119, attribuée à Timgad, provient probablement de Lambèse et donne peut-être une nouvelle attestation de la curie [Hadr] iana et non [Tra]iana Felix des vétérans de la IIIe Légion Auguste. De façon générale, il ne semble pas que les noms des curies aient été modifiés, ni qu’on en ait créé de nouvelles. Les quelques exceptions que l’on relève correspondent à des situations particulières : à Lepcis Magna, une seule curie a peut-être été créée au début du règne de Septime Sévère (la Pia Seueriana ou Seuera Pia), à moins qu’il ne s’agisse d’une simple modification de son nom. À Lambèse, l’ajout de trois curies sous Marc Aurèle s’explique par la promotion de la cité au statut de municipe et, à Timgad, la création de la curie Commodiana se justifie par l’essor démographique de la cité, et donc de son corps civique. (588) Ferchiou N., Nouvelles données sur la cité d’Aïn Rchine (Tunisie) : monuments, dédicace à Pluton par des sufètes, bas-relief, dans Antiquités Africaines, XLVI-XLVIII, 2010- 2012, p. 147-161, ill. Dans les ruines de cette petite ville, qui se trouvait à l’est de la Fossa regia, sur l’oued Kebir, au nord-est de Furnos Maius, on a retrouvé des éléments d’architecture (arc, sacellum), un bas-relief et une inscription. Celle-ci est une dédicace à Pluton Auguste, faite par un Baric, Honorati [filius] et par un Chi[…]. Ils ont été sufètes de leur cité et ils lui ont offert un portique avec sa colonnade. La sculpture montre un char en pleine course. (589) M’Charek A., Une communauté-double (pagus et castellum fédéré) organisée par les Flaviens à Thala (en Afrique proconsulaire), dans Visions de l’Occident romain, p. 271-294, 6 fig. Deux bornes de délimitation de Thala datent de 75-76 apr. J.-C., date à laquelle fut organisée la colonie de vétérans d’Ammaedara, et les deux bornes ont sans doute été dressées par les autorités du castellum de Thala. L’une mentionne les socii de Thala (ILAfr, 180), l’autre, nouvellement découverte, atteste les liens entre un domaine impérial, le saltus Massipianus, et les Thalenses. Celle-ci suggère en outre l’existence, à Thala, d’une communauté double (un castellum bénéficiant d’un foedus et un pagus de citoyens romains dépendant de la colonie d’Ammaedara). Trois domaines sont donc désormais connus, situés à l’intérieur de l’ancienne zone de mouvance des Musulames : le saltus Massipianus, domaine impérial déjà sous les Flaviens, le domaine des colons, citoyens romains du pagus de Thala, et celui qui a été laissé aux socii Thalenses, sans doute liés à Rome par un foedus depuis Auguste ou Tibère. La pertica d’Ammaedara comptait au moins trois pagi, celui de Thala, celui de Mahjouba et celui de Henchir Bouibet. Une nouvelle épitaphe complète l’article. Certaines études concernent de façon plus spécifique les magistratures. (590) Pérez Zurita A.D., Magistrados e imposición de multas en las ciudades del occidente romano : la documentación epigráfica, dans Studia Historica. Historia Antigua, XXX, 2012, p. 293-323. La documentation épigraphique non juridique ne fournit que très peu de données sur les nombreuses amendes infligées par l’ordo des cités en Occident. L’épigraphie juridique est plus riche et plus détaillée. L’a. commente les inscriptions suivantes : CIL, VIII, 12445 (Henchir Djemelihia, Proconsulaire) ; IRT, 597 (Lepcis Magna, Tripolitaine) ; CIL, VIII, 972 et 973 (Neapolis, Proconsulaire) ; AÉ, 2003, 1902 (= IRT, 294, Lepcis Magna, Tripolitaine). (591) Belkahia Karoui T., À propos des édiles de Giufi (Bir Mcherga) en Afrique proconsulaire, dans Agoranomes et édiles : institutions des marchés antiques, édit. Capdetrey L. et Hasenohr C., Bordeaux-Paris, 2012, p. 175-190, examine l’important dossier épigraphique qui mentionne les édiles de la cité de Giufi : 23 édiles sont attestés par plus du tiers des inscriptions de la cité. Leur fonction semble apparaître au moment de sa promotion au rang de municipe sous Sévère Alexandre, et s’inscrit dans le cadre d’un cursus honorum local similaire à celui des autres cités, incluant des questeurs et des duumvirs. Il est question de fonctions religieuses avec (592) Morales Rodríguez E.M., Riflessioni sull’augustalità in Mauritania Tingitana. Le dediche ob honorem seuiratus, dans L’Africa romana, XIX, 2, p. 2061-2071. Onze inscriptions de Tingitane portent la mention ob honorem seuiratus. L’auteur y voit une preuve de l’importance des affranchis dans cette région. Mais, s’ils étaient si nombreux, pourquoi se sont-ils bornés à un sévirat ? Pourquoi n’ont-ils pas institué un collège d’augustales ? Concernant également la présence des affranchis, (593) Şahin S., Marmor Numidicum in Perge unter Domitian, dans Gephyra, IX, 2012, p. 41-50, ill., rés. angl. et turc, s’intéresse à une inscription gravée sous la base d’une statue de marbre blanc à Pergé : le Primus dont il est question est identifié par l’auteur à l’affranchi impérial (PIR2 945), également connu à Simitthus (Chemtou, CIL, VIII, 14552) en tant que procurateur des carrières de marbre. Le texte date de Domitien. La couleur blanche du marbre suggère que la pierre viendrait d’Hippo Regius. Nous en venons naturellement à évoquer d’autres études d’épigraphie portant sur les élites africaines. (594) Salcedo de Prado I., De la curia romana a la curia local : una mirada retrospectiva en el caso africano. Los Meuii-Aelii y los Pompeii-Meuii, dans Del municipio a la corte. La renovación de las élites romanas, édit. Caballos Rufino A., 2012, Séville, p. 227-241, a été référencé dans la B.A.A.A., XLV (2011), 2017, n° 572. (595) Pompejano P., Donne protagoniste nello spazio pubblico urbano : l’evergetismo femminile nelle province africane e in Gallia Narbonese, dans L’Africa romana, XIX, 2, p. 1431-1446, examine le rôle bien connu des femmes dans la pratique de l’évergétisme. Il semble que l’Afrique et la Narbonnaise n’aient pas obéi aux mêmes comportements, par exemple en ce qui concerne la somme honoraire plus souvent indiquée au sud de la Méditerranée. (596) Khanoussi M. et Mastino A., D’Uchi Maius à Rome… en passant par Pouzzoles. À propos de nouvelles découvertes épigraphiques à Henchir Douamis en Tunisie, dans Colons et colonies dans le monde romain, édit. Demougin S. et Scheid J., Paris-Rome, 2012, p. 147-177, présentent les découvertes épigraphiques issues des campagnes de fouilles du quartier du forum, notamment deux bases de statues dédiées à des membres de la famille des Pullaienii qui occupait une position éminente dans la société d’Uchi Maius ; ils étudient ensuite la carrière de Q. Marcius Macrinus que nous fait connaître une base de statue fragmentaire, laquelle mentionne en particulier la procuratèle sexagénaire Puteoli ad annonam item [per Afr]icam at / frum[enta fusa ?]. (597) Christol M., Une famille de notables de Furnos Maius et la lettre 1 de la correspondance de Cyprien de Carthage, dans Hommes, cultures et paysages de l’Antiquité à nos jours, p. 93-102, rés. fr. p. 434. Où donc s’est déroulée la cognitio de l’évêque qui concernait un frère et un prêtre, tous deux des Geminii ? L’hypothèse habituelle la situe à Furnos Minus, dans la pertica de Carthage, mais d’autres (P. Salama, Y. Duval) préféraient Furnos Maius. M.C. s’appuie sur une inscription de Furnos Maius (N. Ferchiou, dans L’Africa romana, 1985, p. 184, n° 3), qui fait état d’une famille dirigeante, la gens Geminia, pour renforcer la seconde hypothèse. (598) Benzina Ben Abdallah Z., Dédicace à un citoyen d’Ammaedara : C. Marius Fidus « emeritensis », dans Antiquités Africaines, XLVI-XLVIII, 2010- 2012, p. 163-168, 4 fig. En réalité, cet article fait connaître non pas une mais deux inscriptions. La première, la plus intéressante, est une dédicace à un personnage qui a suivi la carrière municipale jusqu’au flaminat et qui a offert à ses compatriotes une fondation perpétuelle pour organiser des banquets ; pour l’en remercier, le peuple lui a offert une statue sur un char attelé de deux chevaux ; il a aprés son décès, fait élever des statues équestres pour ses fils et une statue en pied pour lui. Elle date sans doute, à notre avis, du IIe s. Le qualificatif d’emeritensis, désignant ici le peuple, rappelle l’un des titres de la colonie, fondée par des vétérans, des emeriti. Le deuxième texte est un fragment de dédicace à une divinité inconnue. (599) Benzina Ben Abdallah Z. et Naddari L., Omnium litterarum scientissimus… : à propos d’une famille de lettrés des environs d’Ammaedara, dans L’Africa romana, XIX, 2, p. 2113-2134. Les auteurs présentent deux épitaphes provenant de Hr bir Taïeb, également appelé Hr Dhraâ el-Harafedh, dans les environs d’Ammaedara. Elles font connaître deux amoureux des lettres qui y ont vécu, le père et le fils homonyme, Q. Caecilius Vitalis. Derrière ces deux personnages se tient une vaste élite cultivée qui a vécu non seulement dans la région d’Ammaedara mais encore dans toute cette partie occidentale de la Proconsulaire. (600) Lefebvre S., Un exemple de don et de contre-don : la bibliothèque de Timgad et M. Iulius Quintianus Flauius Rogatianus, dans Aouras, VII, 2012, p. 259-270, a redécouvert un petit texte qui a été négligé par ses prédécesseurs et qui permet de comprendre le titre de cet article : les deux inscriptions se répondent pour éclairer l’acte de don et l’acte de contre-don. (601) Lehchilli E. et Nouarra A., Nouvelles inscriptions de Mila, dans Société (La -) romaine et ses élites, p. 185-192, présentent treize épitaphes, la plupart inédites, provenant de la cité. Elles ont été trouvées au cours d’investigations menées depuis 2006, mais le lieu exact de la provenance de ces pierres n’est pas établi. La plupart d’entre elles peuvent être datées de la période comprise entre la seconde moitié du Ier s. et le IIIe s. (602) Sblendorio Cugusi M.T., Carme epigrafico mauretanico di recente acquisizione, dans Epigraphica, LXXIV, 1-2, 2012, p. 229-242, rés. angl., commente un carmen épigraphique, fin Ier-IIe s., trouvé à Caesarea (AÉ, 1995, 1793), rédigé en vers septénaires trochaïques. C’est l’épitaphe de Festa, peut-être flaminique, qui a donné naissance à dix fils, dont cinq ont survécu et qu’elle allaita elle-même, ce qui est rare dans le milieu aristocratique. (603) Lefebvre S., Les élites de Volubilis. Quand l’onomastique aide à l’analyse d’un groupe socio-politique, dans Société (La -) romaine et ses élites, p. 193-214, 11 stemmata, 4 tableaux. La question posée est de savoir si les membres de la société politique locale ont élaboré des stratégies pour se maintenir au pouvoir. La réponse est oui, bien sûr, et le mariage, ici comme ailleurs, est pour cela le meilleur vecteur. L’a. retient la liste des magistrats, décurions et prêtres connus, soit 21 personnes, ce qui est assez peu, et centre son étude sur l’onomastique. Ceux qui se sont maintenus au pouvoir appartenaient aux familles (dont certaines en place à la période préromaine) fidèles à la puissance conquérante. Une étude se rapporte enfin à la vie économique. (604) Ast R.L, Bagnall R.S, Drine A. et Várhelyi Z., Two Latin Accounts on Amphora Walls from Gigthi, dans Analecta papyrologica, XXIII-XXIV, 2011-2012, p. 205-236, ill., carte, plan. Les a. étudient deux ostraca découverts lors de travaux d’aménagement sur la route qui relie Médenine à Bou Grara (Gigthi). Ils sont formés d’une pâte rouge brune et poreuse, caractéristique de la Tripolitaine. Les amphores contenaient des reçus et des paiements de plusieurs marchandises : orge, blé, artichauts, vin, pain. Les noms apparaissent en début de ligne et ils sont suivis d’un montant. Pour autant que l’on puisse déchiffrer les noms, ces documents révèlent une onomastique mixte, punico-libyque et romaine, et datent sans doute du IIe s. Les ressemblances paléographiques avec les ostraca de Bu Njem ont conduit les auteurs à se référer fréquemment aux propositions de R. Marichal, 1992 (B.A.A.A., XXVI (1992), 1996, n° 325). Nous achevons le passage en revue des sources épigraphiques avec les études qui concernent l’armée. (605) Le Bohec Y., Le recrutement de trois centurions de l’armée d’Afrique, dans Aouras, VII, 2012, p. 173-179. L’examen de trois inscriptions ouvre la voie à une hypothèse : peu de centurions sortaient du rang, contrairement à ce qui a été souvent écrit ; peu étaient issus de l’ordre équestre. Normalement, ils étaient pris parmi les fils de notables. (606) Baratta G., I soldati interpreti nell’esercito romano, dans Métier (Le -) de soldat dans le monde romain, p. 479-490, 10 fig. Le métier d’interprète n’a pas existé dans l’armée [pas plus que dans l’univers civil d’ailleurs] : la nécessité de communiquer avec les populations non latinophones (en Occident) passait par des soldats qui parlaient plus ou moins d’autres langues, et c’est pourquoi les témoignages de soldats interprètes (Ier-IIIe s.) sont si rares. Mais cette fonction pouvait être comprise dans la mission des a libellis, et, selon l’auteur, ce pourrait être le cas du curator equitum connu à Zaraï (CIL, VIII, 4510). (607) Rankov B., Trajan and the peregrini : the career of Q. Geminius Sabinus, dans Visions de l’Occident romain, p. 581-594. L’a. formule de nouvelles propositions pour les inscriptions concernant cet officier (ILT, 778-779). Les lettres PP des l. 8 (ILT, 778) et 7 (ILT, 779) auraient été gravées par erreur à la place de PF, les cursives F et P étant proches, de même qu’il s’est produit une confusion entre le C et le T pour Marc (ia) écrit à la place de Mart (ia) Gem (ina) Victr (ix). Sabinus fut le premier princeps peregrinorum, et devint le patron influent du uicus Annaeus. (608) Faure J.-P., À propos d’une inscription de Besseriani, dans Aouras, VII, 2012, p. 271-275. Un fragment d’inscription permet d’approcher les civils qui vivaient autour du camp (Ad Maiores). (609) Christol M., Une fondation funéraire à Lambèse : collège ou curie ?, ibidem, 2012, p. 207-219. Sous un titre curieux, l’auteur propose des restitutions pour un texte très fragmentaire (CIL, VIII, 3284 = 18175). Elles l’incitent à affirmer qu’il s’agit d’une fondation funéraire. Mais le défunt a pu disparaître avant d’être libéré : les soldats avaient depuis longtemps le ius testamenti, dérivé du testamentum in procinctu (Vendrand-Voyer J., Normes civiques, et métier militaire, 1983, p. 212-247). Pour les collèges militaires, on ajoutera Perea Yébenes S., Collegia militaria, Madrid, 1999, 600 p., utile au moins pour des comparaisons et des références. (610) Hamdoune C., Soldats de l’armée d’Afrique en mission : à propos de CIL VIII, 21567, Agueneb, Djebel Amour, dans Aouras, VII, 2012, p. 181-205, donne le texte et la traduction de ce texte, avec un commentaire. Pour les unités auxiliaires de l’armée d’Afrique, il convient maintenant de prendre en compte des diplômes militaires les confirmant, notamment RMD, V, 368 et 372. Cette mission est bien connue par ailleurs : voir à ce sujet le livre relativement récent d’Austin et Rankov, Exploratio, 1995, notamment p. 189 (où el-Agueneb est curieusement orthographié Agneb). Les soldats avaient dont été envoyés dans le djebel pour faire du renseignement, ce qui n’impose pas d’imaginer qu’ils étaient très nombreux, bien au contraire. (611) Pons Pujol L., Marcus Sulpicius Felix (Sala)¿ ciudadano o militar ?, dans L’Africa romana, XIX, 3, p. 2247-2259. Ce personnage bien connu (IAMlat, 307) était soit un militaire qui s’est occupé des affaires des civils, soit un civil qui a dû se charger de tâches policières. L’étude des mots disciplina et annona incite à voir en lui un officier de l’armée romaine. Deux études évoquent les connexions entre l’Afrique et d’autres régions de l’Empire en matière de circulation militaire. (612) Speidel M., Legio III Augusta in the East. Evidence from Zeugma on the Euphrates, dans Visions de l’Occident romain, p. 603-619, ill. Cette contribution est consacrée à la présence de détachements de la IIIe légion Auguste à Zeugma, attestée par des fragments de tuiles estampillées, au cours des IIe et IIIe s. (613) Bérard F., Deux frères bataves en service dans l’armée romaine au début du IIIe siècle, à la lumière de deux inscriptions de Lyon et de Gemellae, ibidem, p. 381-397, ill. L’auteur présente le dossier épigraphique relatif à deux frères, l’un officier équestre et l’autre simple sous-officier au début du IIIe s., qui permet de reconstituer le réseau d’échanges entre le pays batave, la légion de Xanten, la garnison de Lyon, les unités de cavalerie de Numidie ainsi que le corps des equites singulares Augusti.
6Les sources numismatiques offrent également une petite série d’études intéressant la période. (614) Draycott J., The symbol of Cleopatra Selene : Reading crocodiles on coins in the Late Republic and Early Principate, dans Volume dedicated to Denis Bain Saddington, Acta Classica, LV, 2012, p. 43-56, 2 fig., aborde in fine la question des crocodiles que l’on peut voir sur des monnaies de Juba II ; ce symbole a été utilisé pour Cléopâtre Séléné et il renvoie à un événement qui est inconnu [à notre avis, simplement à l’iconographie lagide, ce qu’indiquent des travaux déjà parus sur la question]. (615) Martin J.-P., À propos des monnaies d’Afrique proconsulaire sous Auguste et Tibère, dans Visions de l’Occident romain, p. 261-270. Certaines cités d’Afrique sont à l’initiative de séries monétaires qualifiées de « civiques », frappées sous les règnes d’Auguste et de Tibère. Il s’agit de monnaies de bronze qui expriment officiellement l’entente de ces cités africaines avec le pouvoir romain sous le principat des deux premiers empereurs, avant que ce genre d’émissions ne cesse ensuite, comme dans les autres provinces occidentales. (616) Vitale M., Personifikationen von provinciae auf den Münzprägungen unter Hadrian : auf den ikonographischen Spuren von « Statthalterprovinzen » und « Teilprovinzen », dans Klio, XCIV, 1, 2012, p. 56-174, ill., rés. angl. L’auteur revient sur la mention d’un certain nombre de régions figurées sur des monnaies d’Hadrien, et interprétées comme des unités administratives. Ainsi évoque-t-il la légende Libya, dans laquelle il voit la mention du ressort géographique d’une procuratèle. (617) Ben Hadj Naceur-Loum Z., Le trésor de diuo Claudio d’El Jem, dans L’Africa romana, XIX, 1, 2012, p. 441-450, ill. Ce dépôt, découvert dans une jarre en 1973, a livré 40 416 pièces et il date de l’époque de Valérien/Probus. Il illustre la situation de l’Afrique et de tout l’Occident, qui a souffert de la dépréciation monétaire : mauvaises imitations, flancs réduits et poids allégés. (618) Deloum S., Étude historique et monétaire d’un trésor de monnaies du Haut-Empire du Musée de Cirta, ibidem, p. 727-746, ill. Ce dépôt, trouvé à Annaba (Bône ou Hippone) est composé de 41 bronzes du Haut-Empire, frappés à Rome, les derniers datant d’Antonin le Pieux. Il est difficile de dire s’il correspondait à quelque événement historique.
7L’archéologie bénéficie d’une publication collective avec (619) Interdisciplinary Studies on Ancient Stone : Interdisciplinary Studies on Ancient Stone. Proceedings of the IX ASMOSIA Conference (Tarragona, 2009), édit Gutiérrez García-Moreno A., Lapuente Mercadal M.P. et Rodà I., Tarrragone (Institut Català d’arqueologia Clàssica, Documenta, XXIII), 2012, 800 p., ill. Cet ouvrage publie les actes du IXe colloque de l’Association for the Study of Marbles and Other Stones in Antiquity (ASMOSIA) tenu à Tarragone en 2009. Les contributions suivantes présentent spécifiquement des données africaines. (620) Younes A., Gaied M.E. et Gallala W., Stones blocks used for the building of the Thysdrus and Thapsus amphitheatres in Tunisia, ibidem, p. 452-462, ill., présentent les conclusions issues des analyses pétrographiques et géotechniques des blocs en opus quadratum utilisés dans la construction des amphithéâtres de Thysdrus et de Thapsus. (621) Dessandier D., Antonelli F., Lazzarini L. et alii, An introductory study to the ornamental and building stones of the Djemila (Algeria) archaeological site, ibidem, p. 68-74, ill. Ce travail expose les premiers résultats obtenus en termes d’identification des pierres d’ornement et de construction conservées sur le site archéologique de Cuicul (Djemila). Leur provenance semble notamment attester des relations entre l’Afrique et la Méditerranée orientale. (622) Herrmann J.J.Jr., Van den Hoek A., Tykot R.H., Alabastro a pecorella, Aïn Tekbalet, and Bou Hanifia, Algeria : a preliminary report, ibidem, p. 463-470, offrent une étude comparée qui confirme l’existence du gisement d’alabastro a pecorella de Bou Hanifia, et démontrent que ce matériau n’était pas extrait des carrières d’Aïn Tekbalet. L’étude d’un savoir-faire technologique majeur est à l’honneur avec (623) Lewit T., Oil and wine press technology in its economic context : screw presses, the rural economy and trade in late antiquity, dans Antiquité tardive, XX, 2012, p. 137-149, rés. fr. L’utilisation de la vis, qui constitue la principale innovation concernant la technologie du pressoir à vin et à huile, introduite entre le Ier s. av. J.-C. et le Ier s. apr. J.-C., fut peu diffusée en Afrique du Nord. Cette étude revient sur les raisons, tenant aux formes d’habitat et à l’organisation sociale du monde rural dans la région, qui peuvent expliquer cette absence notable de changement technique par rapport à d’autres contextes en Occident et en Orient. Mentionnons également, au rang des travaux généraux, une étude qui porte sur une forme de céramique originale. (624) Baratta G., De breuissimis loculis patrimonium grande profertur (Tert., Cult. fem., 1, 91, 19) : i salvadanai, dans Sylloge epigraphica Barcinonensis, X, 2012, p. 169-193, ill., étudie – ce qui n’est pas courant – des tirelires, c’est-à-dire des pots en céramique qui ne possèdent qu’un orifice pour insérer des pièces de monnaies et qu’il fallait briser pour accéder au contenu. Elles sont destinées à un usage domestique et quelques exemplaires inscrits ont permis d’établir un petit catalogue. Passons maintenant aux études archéologiques régionales, en commençons par la Libye où le site de Lepcis Magna reste le plus étudié. (625) Bruno M. et Bianchi F., Uso e distribuzione dei marmi policromi nell’architettura pubblica di età imperiale a Leptis Magna, dans L’Africa romana, XIX, 1, p. 295-310. Des études menées à Lepcis Magna depuis 2001 ont permis de mieux connaître les marbres qui y ont été utilisés ; ils devaient tous être importés, en raison de l’absence de carrières sur place. On constate un essor progressif de ce commerce au cours du IIe s., avec une grande variété qualitative. L’apogée quantitatif de l’époque sévérienne correspond à une moindre diversité qualitative. (626) Livadiotti M. et Rocco G., La Curia del Foro Vecchio di Leptis Magna : risultati preliminari di un nuovo studio architettonico, ibidem, p. 325-344. Cette curie se présente sous l’aspect d’un temple à portique avec propylée monumental. Il peut être daté du Ier s. apr. J.-C., et il n’est pas sans rappeler la curia Iulia de Rome. (627) Dolcetti A.M., Il complesso templare della gens Flavia a Leptis Magna (Libia). Tra scenografia, funzionalità e colorismo, dans Vespasiano e l’impero dei Flavi. Atti del convegno, Roma, Palazzo Massimo, 18-20 novembre 2009, édit. Capogrossi Colognesi L. et Tassi Scandone E., Rome, 2012, p. 263-272, ill. Le temple flavien est un complexe situé entre le vieux forum et le port, dédié à Vespasien et Titus diui, par Domitien, en 93-94. L’article décrit le monument, les éléments architectoniques, enfin le modèle architectural. Le temple et son voisin, celui de Jupiter Dolichenus, formaient un ensemble déjà impressionnant, avant la monumentale Via colonnata sévérienne. (628) Mazzilli G., La polisemia degli archi onorari nordafricani tra urbanistica e propaganda imperiale : l’arco di Traiano a Leptis Magna, dans L’Africa romana, XIX, 1, p. 241-256, ill. L’abondance des arcs honorifiques en Afrique s’explique par l’exceptionnelle urbanisation de cette région. Mais chaque arc a une ou plusieurs significations : politique, idéologie, religion, commémoration ou propagande. L’arc de Lepcis Magna est lié à la concession du statut colonial par Trajan. Une étude concerne Sabratha. (629) Bonacas Carra R.M. et Scirè F., Sabratha : le fasi dell’edificio termale a NO del Teatro attraverso l’analisi delle strutture, ibidem, p. 365-382, ill. On peut distinguer deux phases successives dans la construction de cet édifice, la seconde étant elle-même divisée en deux sous-périodes. La première période correspond à l’époque la plus ancienne. La première partie de la seconde époque, le IIe s., est caractérisée par le recours au pied romain de 29,6 cm : c’est ce que les auteurs appellent « le projet » ; enfin, au cours du IIIe s., des agrandissements et modifications correspondent à la mise en place de deux rues adjacentes. En Tunisie, évoquons tout d’abord Thysdrus et Thapsus avec (630) Younes A., Gaied M.E. et Gallala W., Identification of stone blocks used for the building of the Thysdrus and Thapsus amphitheatres in Tunisia, dans Interdisciplinary Studies on Ancient Stone, LIV, 2, 2012, p. 213-229, ill. Deux amphithéâtres de Thysdrus et celui qui est connu à Thapsus ont été construits en opus quadratum. Les analyses pétrographiques et géotechniques montrent que les blocs utilisés appartiennent aux époques tyrrhénienne et mio-pliocène. Des carrières tyrrhéniennes ont été trouvées à quelque 30 kilomètres de Thysdrus, entre Hiboun et Al Alya. Quant aux pierres remontant au Mio-Pliocène, elles proviennent de la colline de Ksour Essaf. La coudée punique (50 cm) a été utilisée pour les blocs de Thysdrus et pour ceux qui sont connus à Thapsus, peut-être conjointement à la coudée romaine (45 cm) dans ce dernier cas. Concernant également Thysdrus, (631) Stirling L.M., A new portrait of Livia from Thysdrus (El Jem, Tunisia), dans American Journal of Archaeology, 116, 4, 2012, p. 625-647, ill. et plans, rés. angl., s’intéresse à une tête de Livie et à un ensemble de sculptures conservées au musée d’El Jem et dont certaines sont inédites. À partir de cet ensemble statuaire découvert dans un monument probablement construit au cours du IIe s. apr. J.-C. et dédié au culte impérial, l’auteur revient sur le développement urbain, le statut juridique et la prospérité de Thysdrus à l’époque augustéenne, et montre l’implantation précoce de l’image du pouvoir impérial dans une agglomération secondaire. Le portrait de Livie permet également d’évoquer la résonnance particulière à Thysdrus du lien établi dans le discours impérial entre Cérès et l’impératrice. En annexe, Pike S., ibidem, p. 644-646, présente les résultats d’une analyse isotopique de deux des sculptures étudiées, permettant d’identifier la provenance des marbres. (632) Lund J., A North African lamp showing a woman with a transport amphora, dans Luminaire (Le -) antique, p. 229-235, 3 fig. La lampe dont il est question est entrée au Musée national du Danemark en 1928, mais n’a jamais fait l’objet d’une publication. Elle présente un motif original (une femme portant une amphore) et elle est signée d’un important manufacturier de lampes situé en Afrique du Nord, Caius Iunius Draco. Ce motif apparaît surtout sur des lampes datées de la fin IIe s./première moitié du IIIe s., mais l’activité de l’atelier commence plus tôt, fin Ier s. ; il pourrait être localisé dans les environs d’El Jem. (633) Rocca E., Le rôle de la IIIe Légion Auguste dans l’aménagement du territoire et de la colonie d’Ammaedara (Haïdra), dans L’Africa romana, XIX, 1, p. 565-579. Les voies menant depuis Haïdra jusqu’à Carthage et Tacapae prolongeaient sans doute les axes principaux de la ville (cardo et decumanus). La découverte de sigillée du Ier s. dans un fossé incite à proposer un plan du camp différent de celui qu’avait envisagé M. Mackensen. Le camp avait attiré des canabae qui ont servi de base à la future colonie ; mais c’est le camp lui-même qui a été à l’origine de la ville. Passons en Algérie avec (634) Bahloul Guerbabi F.-Z., Restitution de deux grands thermes de type impérial, les grands thermes de Lambèse et les grands thermes du Nord de Timgad, dans L’Africa romana, XIX, 3, p. 2381-2428. Ce gros mémoire étudie les grands thermes de Lambèse connus sous le nom erroné de Palais du légat, et les grands thermes du nord à Timgad. Ils sont caractérisés par leur plan rectangulaire, symétrique, leur riche décoration et leur monumentalité. Un examen détaillé des résultats de fouilles antérieures permet de mieux comprendre leur organisation et leur fonctionnement. Rappelons qu’il existe désormais, sur Lambèse, un livre récent avec un plan plus moderne que celui qu’a laissé S. Gsell (voir A. Groslambert, Lambèse, 2010 = B.A.A.A., XLIV (2010), 2016, n° 675). (635) Dumont-Heusers M.-F., La mosaïque géométrique, parfois une question de bouts de ficelles [titre courant : Mosaïque géométrique de Timgad], dans Aouras, VII, 2012, p. 229- 237, ill., revient sur une grande mosaïque de Timgad, de 3,40 m de côté. Utilisant une enquête de B. Parzysz, elle montre comment cette œuvre a été conçue : l’artisan construisait un grand carré initial, qu’il découpait en sous-unités avec des ficelles (d’où le titre de l’article). La méthode de ce mathématicien est appelée à rendre de grands services aux archéologues. (636) Laporte J.-P., La vie quotidienne du soldat à Rapidum, dans Métier (Le -) de soldat dans le monde romain, p. 157-174, 19 fig., invite à suivre un jeune soldat visitant ce camp, affecté à la Seconde cohorte des Sardes, entre 122 et 198/201. Au Maroc, avant d’évoquer les études les plus nombreuses consacrées à Volubilis, mentionnons (637) Bernal Casasola D. et alii, Los atunes de la Tingitana. Un contexto excepcional de las factorías salazoneras de Septem Fratres, dans L’Africa romana, XIX, 3, p. 2507-2533, ill. Les auteurs présentent les résultats d’une fouille effectuée près d’un grand hôtel, le Puerta Califal, de Ceuta. Elle a permis de dégager un millier de restes attribuables à la fin du Ier s. apr. J.-C. Grâce à cette entreprise, il est possible de mieux savoir quelles espèces de thons étaient utilisées pour la fabrication du garum (liste p. 2529) ; il faut évidemment rapprocher cette enquête des autres travaux effectués en Tingitane. (638) Qninba Z., La mosaïque d’Hélios de Lixus, dans Bulletin d’archéologie marocaine, XXII, 2012, p. 214-226, 4 fig., décrit cette belle mosaïque conservée au musée de Tétouan, puis la replace d’abord dans le cadre de la diffusion du mythe et du culte d’Hélios, ensuite dans le cadre des mosaïques où ce dieu paraît. Le mosaïste de Lixus semble avoir conçu une œuvre originale. [Nous ajoutons que M. Lenoir, dans Lixus, 1992, p. 276, la date des IIe-IIIe s.]. (639) Domingo Magaña J.Á., Los costes de la arquitectura romana : el capitolio de Volúbilis (Mauretania Tingitana), dans Archeologia classica, n.s. II, 2012, p. 381-418, propose une reconstitution hypothétique du coût global du Capitole de Volubilis (matériaux, transport, salaire des ouvriers), pour conclure que le prix était au minimum de 400 000 sesterces : donc pour l’inscription IAM, II, 355, il faudrait restituer à la l. 5 : … ex his c[ccc]… . (640) zurutuzah.a.et Kuz C.E., Una mirada histórico-antropológica sobre Volubilis, dans L’Africa romana, XIX, 3, p. 2497-2506, ill. Le point de vue historico-anthropologique est assurément nouveau. L’arc de Caracalla, dit ici « arc de triomphe », est important car il réunit toute la famille impériale dans un lieu central. (641) Benhaddou M., Une nouvelle interprétation de la mosaïque des Amours aux oiseaux de Volubilis, dans Bulletin d’archéologie marocaine, XXII, 2012, p. 227-241, 10 fig., s’intéresse à l’une des plus riches demeures de Volubilis, située près du palais dit de Gordien. L’œuvre est décrite en détail et est comparée à d’autres mosaïques qui exploitent les mêmes figures depuis le IVe s. av. J.-C. Elle s’inscrit dans la série des mosaïques de cette maison dont le propriétaire aimait les sujets amusants.
Bibliographie
8L’histoire événementielle est introduite par l’étude climatique proposée par (642) Leveau P., Phénomènes météorologiques extrêmes et stratégies d’adaptation urbaine au Maghreb durant les premiers siècles de l’ère, dans Variabilités environnementales, mutations sociales. Nature, intensités, échelles et temporalités des changements. XXXIIe rencontres internationales d’archéologie et d’histoire d’Antibes, édit. Bertoncello F. et Braemer F., Antibes, 2012, p. 221-232. Les paléoclimatologues ont étudié les effets de l’augmentation de l’aridité. Des villes et des ponts ont été construits dans des zones aujourd’hui livrées au désert. La sécheresse a été particulièrement dure de 125 à 128 dans le Maghreb oriental. L’article étudie notamment les cas de Carthage, Dougga et El-Jem. La raison de cette situation repose sur l’anticyclone saharien. Venons-en aux aspects politiques régionaux, en présentant les études qui suivent par ordre chronologique. (643) Guédon S., Sur les pas de César en Afrique ? La question de son influence sur l’exploration des confins africains sous Auguste, dans César sous Auguste, Bordeaux, 2012, édit. Devillers O. et Sion-Jenkins K., p. 93-105. Une tradition écrite attribue à César un vaste projet de mensuration à l’échelle du monde, qui se serait poursuivi sous Auguste, en relation avec l’œuvre géographique d’Agrippa. La mission dirigée par Cornelius Balbus chez les Garamantes, qui permit notamment à Agrippa de proposer une nouvelle évaluation de l’Afrique connue jusqu’alors, conduit à s’interroger sur une éventuelle continuité entre l’époque césarienne et le règne d’Auguste dans l’exploration des confins africains. (644) Christol M., « Voyages organisés » : les interventions des « autorités » et la géographie administrative de la province d’Afrique, dans Comptes rendus de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, 2012, 1, p. 653-678, conduit une réflexion sur l’organisation institutionnelle interne de la province à partir d’une documentation épigraphique parfois négligée. Les relations entre le proconsul et le prince évoluèrent au fil du temps, la sphère du premier se rétractant au cours du IIe s., tandis que s’élargissaient les responsabilités du légat impérial de l’armée d’Afrique. La tripartition administrative se fit probablement par étapes, comme le suggère le cursus d’A. Egnatius Proculus (CIL, VI, 1406 = ILS, 1167 = PIR2 E 30), rédigé vraisemblablement vers la fin du IIe s., premier texte à mentionner une dioecesis Numidiae. Cette évolution aurait conduit à définir les circonscriptions en les remodelant au détriment de l’ancienne Numidie royale. (645) Hassab S., Babba Iulia Campestris : l’énigme de la troisième colonie augustéenne, dans L’Africa romana, XIX, 1, p. 851-862. Cet article, qui n’est que l’annonce d’un projet plus vaste, propose l’identification de la ville romaine avec Azib Slaoui. (646) Perea Yébenes S., Insignias de una « aristocracia guerrera » : armas de lujo y ejercicios hípicos del jinete legionario y auxiliar romano, dans Aquila legionis, XV, 2012, p. 79-115, revient, aux p. 95-97, sur les discours d’Hadrien connus par la célèbre inscription de Lambèse, du moins sur ceux qui concernent des unités de cavaliers. Ils sont ainsi mis en relation avec d’autres textes (Arrien, Végèce, etc) et des documents archéologiques. (647) Piso I., Die Laufbahn des T. Flavius T. fil. Palatina Priscus Gallonius Fronto Q. Marcius Turbo und seine Aufgaben im dakischen und im mauretanischen Raum, dans The 15th International Conference of the Department of Ancient History and Archaeology : « Frontiers and Limits in Ancient Europe. The Roman Times » (4th-5th November 2011, Cluj-Napoca, Romania), Studia Universitatis Babeş-Bolyai, Historia, LVII, 1, 2012, p. 90- 100. Le dossier épigraphique, fondé sur trois inscriptions, montre que T. Flavius, T. filius, Palatina, Priscus Gallonius Fronto Q. Marcius Turbo et le célèbre Q. Marcius Turbo sont deux personnages différents. En effet, les carrières ne correspondent pas : T. Flavius Priscus Q. Marcius Turbo était le fils d’un préfet du prétoire bien connu, Q. Marcius Turbo Fronto Publicius Severus, et il a été adopté par un certain T. Flavius Priscus. Il est connu pour son action en Dacie et, ce qui est plus intéressant pour nous, en Maurétanie césarienne, où il fut procurateur, comme le montrent trois textes (deux de Cherchel et un de Rapidum). (648) Christol M., L’empereur et les cités : la construction de la « Via Nova » de Cirta vers Rusicade sous Hadrien, dans Epigraphica, LXXIV, 2012, p. 185-200. Trois inscriptions du règne d’Hadrien (CIL, VIII, 10296, 10322, 22370) font connaître l’œuvre routière (construction des ponts, empierrement de la voie de roulement, marquage des distances) réalisée sur cet axe, qualifiée de uia noua. Les travaux ont été entrepris à l’initiative de l’empereur avec le concours du légat de la IIIe légion Auguste, Sextus Iulius Maior, en 123. Pour réaliser cette opération qui suivit la réfection de la grande voie reliant Carthage à Théveste, les cités de la confédération cirtéenne furent mises à contribution. (649) Castillo C., Africanos cultos en la Roma antoniniana, dans Visions de l’Occident romain, p. 901-907. L’auteur offre une courte étude sur la présence à Rome des auteurs d’origine africaine Fronton et Aulu Gelle, et évoque notamment les liens qui les unissaient. (650) Okon D., septimivs severvs et senatores. Septimius Severus’ Personal Policy towards Senators in the Light of Prosopographic Research (193 - 211 A.D.), Szczecin, 2012, 147 p. Cet ouvrage permet de revenir sur le problème soulevé depuis quarante ans par le livre d’A. Birley, Septimius Severus, 1971, et de reposer une question sans grand intérêt : Septime Sévère fut-il un empereur africain ou un Africain empereur ? Très précieuses, en revanche, sont les listes établies par l’auteur : collaborateurs du prince, sénateurs persécutés, consuls, notamment. Elle arrive à une conclusion mesurée : les proches venaient d’Afrique, mais les hauts fonctionnaires des différentes parties de l’empire, notamment d’Italie. (651) Hidalgo de la Vega M.J., Las emperatrices romanas : sueños de púrpura y poder oculto, avec une préface de Placido D., Salamanque, 2012, 238 p., ill., index, étudie le rôle des impératrices et des autres membres féminins de la famille impériale à partir des Sévères. Sont africaines Paccia Marciana, première épouse de Septime Sévère, et, plus discutable, Julia Domna, qui, en dépit de son origine syrienne, est considérée comme africaine d’adoption en raison de son mariage avec Septime Sévère. Une annexe intéressante comprend des tableaux généalogiques et les portraits des femmes en question (monnaies, statues, bijoux, p. 197-225). Des index onomastique et toponymique auraient été les bienvenus. (652) Hamdoune C., L’expédition de Maximien en Afrique, dans Antiquités Africaines, XLVI-XLVIII, 2010-2012, p. 185-199, reprend l’ensemble du dossier, textes, inscriptions et monnaies. En 297, Maximien s’était rendu en Afrique pour vaincre la résistance des Quinquegentanei, une coalition de cinq peuples. Contre la thèse généralement admise d’une campagne militaire, elle pense que l’aspect politique l’emportait : le voyage de l’empereur visait à montrer la légitimité du pouvoir, qui apportait la paix et la prospérité.
9La bibliographie thématique offre un dossier sur la religion romaine, que nous ouvrons avec le lien entre la personne impériale et les choix religieux, avant d’aborder quelques études régionales. (653) Cesarano M., Dal paesaggio fisico al paesaggio ideologico. I cicli statuari dinastici giulio-claudii dell’Africa settentrionale, dans L’Africa romana, XIX, 1, p. 257-268. L’espace urbain est construit pour répondre aux demandes de la communauté urbaine. Les groupes de statues de la gens julio-claudienne y constituent l’aspect physique d’une idéologie liée au culte impérial. (654) Rowan C., Under divine auspices : divine ideology and the visualisation of imperial power in the Severan period, Cambridge-New York, 2012, XVI-303 p., ill., index. Ce livre étudie les divinités sur lesquelles le pouvoir impérial prenait appui à l’époque sévérienne, et le rôle joué par les provinces dans la formation et la réception de cette idéologie. La documentation numismatique est particulièrement à l’honneur, mais les monuments lepcitains sont examinés aussi. Il ne faut pas surestimer le caractère africain de Septime Sévère, uniquement affirmé dans l’Histoire Auguste, car les divinités lepcitaines, Liber Pater et Hercule, ont été insérées dans un panthéon bien plus large et se sont chargées d’une signification évolutive au cours du règne ; de même Baal Hammon, introduit par Albinus dans l’iconographie monétaire romaine : dans les deux cas, on assiste à l’intégration de la rhétorique provinciale dans le langage romain, un fait qui n’est pas propre au règne des Sévères. L’auteur place le voyage de Septime Sévère à Lepcis en 207 (p. 84). Le ch. 3, Septimius Severus, Liber Pater and Heracles (p. 32-110), nous intéressera particulièrement. (655) Cadotte A., Les anciennes divinités italiques dans l’épigraphie africaine, dans Visions de l’Occident romain, p. 123-135, fait le tour des inscriptions en l’honneur de cinq anciennes divinités italiques. Janus doit sa présence à des notables désireux de marquer le statut de leur cité ou leur attachement à l’empereur. Les quatre mentions de Vesta se rattachent sans doute à la popularité de la dynastie sévérienne. L’unique mention de Quirinus résulte probablement d’une volonté de marquer l’insertion de la ciuitas Giufitana dans la romanité. Ops, associée trois fois à Saturne dans cinq textes, indique, elle aussi, un effort de romanisation. Le cas de Bona Dea reste plus mystérieux. (656) Bailón García M., Reflejos e influencias de los atributos de las divinidades norteafricanas en las diosas latinas : el caso de Isis-Fortuna, dans L’Africa romana, XIX, 3, p. 2985-2990. Isis a attiré à elle de nombreuses déesses, par un phénomène de fusion ou « syncrétisme », notamment Fortuna. Elle lui a emprunté la corne d’Amalthée et le timon de navire. On ne voit pas très bien ce que les divinités africaines viennent faire dans ce dossier. (657) Benseddik N., Un autel à Neptune dans la région de Theueste (Tébessa, Algérie), dans Visions de l’Occident romain, p. 23-35, 4 photos. Un autel en calcaire (non daté) a été découvert dans les années 1950 près du captage de la source d’Aïn Rhilane, non loin de Tebessa. Un magister du pagus a procédé à une dédicace au dieu à frais public. Dans un arc en plein cintre, se tient le dieu nu à la facture naïve, portant une chlamyde, un poisson dans la main gauche et un trident dans la droite. La dévotion à Neptune est bien attestée dans la région, où il est une divinité des eaux en général, notamment des sources. (658) Brahmi N., Volubilis, de la cité maurétanienne au municipe romain : ruptures et continuités religieuses, dans Hommes, cultures et paysages de l’Antiquité à nos jours, p. 79-91, rés. fr. p. 434, aborde les mutations religieuses qui ont rapidement accompagné l’octroi du rang municipal à la cité maure : le langage épigraphique, la création des flaminats municipal et provincial, l’introduction de divinités romaines, des temples romains ; mais on observe aussi que plusieurs sanctuaires pré-romains continuent à être utilisés.
10Cette étude permet de faire le lien avec les aspects liés à la vie politique et civique provinciale. (659) Hilali A., L’image du pouvoir impérial dans le territoire de la ville : Auguste et les cités de l’Afrique Proconsulaire, dans L’Africa romana, XIX, 1, p. 227-240. L’auteur étudie l’emplacement des inscriptions et des reliefs qui font connaître Auguste et sa famille aux Carthaginois. Les Africains ont ainsi manifesté leur loyalisme à l’égard de l’empire (autel de la gens Augusta), mais les relations entre le centre et cette périphérie ont été complexes. (660) Gilhaus L., Equites and Senators as Agents of Change : Urban Culture and Elite Self-Representation in Thamagudi and Lepcis Magna (second-third Centuries A.D.), dans Theoretical Roman Archaeology Conference, 2012, p. 21-36. L’auteur s’interroge sur les pratiques sociales et politiques des deux ordres supérieurs durant le Haut-Empire, qui ont pu ouvrir la voie aux caractéristiques des siècles ultérieurs : Thamugadi et Lepcis Magna servent d’études de cas en raison d’une documentation étoffée. Si les chevaliers et les sénateurs sont souvent honorés, ils ne semblent pas avoir souvent agi en bienfaiteurs et certains restent à distance de la vie locale. Ces réalités sont plus précoces en Gaule méridionale et en Hispanie parce que ces régions ont fourni ces grandes élites plus tôt. (661) Cordovana O.D., Local Administration and Imperial Government in North African Cities, dans L’Africa romana, XIX, 1, p. 269-294. L’auteur se demande quand et comment les cités africaines ont reçu des promotions de statut. Elle pense que le remplacement du sufète par le duumvir est un bon indice pour indiquer une évolution de ce type [On peut lui suggérer d’utiliser davantage les livres de J. Gascou et Cl. Lepelley]. (662) Bermejo Tirado J., Arqueología biopolítica de la casa mediterránea : algunas notas sobre la implantación de la domus de peristilo en el interior del África Proconsular, ibidem, p. 581-600. L’auteur propose une nouvelle thèse sur l’implantation de maisons à péristyle dans l’intérieur de la Proconsulaire : ces demeures étaient un moyen idéologique de l’État romain pour établir un contrôle social sur les habitants de la région [On reste sceptique]. (663) Toscano S., Luoghi e forme della giustizia nella Cartagine di Cipriano, ibidem, p. 887-903. La lecture de la Vita Cypriani, de Pontius, et des Acta Cypriani montre (ou plutôt confirme) que la topographie avait une dimension symbolique et idéologique. Le forum, le capitole et le prétoire représentaient différents lieux et aspects du pouvoir. (664) Aounallah S. et Maurin L., Remarques sur la topographie rurale et urbaine du pagus et de la ciuitas de Thugga (Dougga, Tunisie), dans Hommes, cultures et paysages de l’Antiquité à nos jours, p. 27-55, 3 fig., rés. fr. p. 433, rappellent avec raison qu’à Thugga, comme dans les autres pagi de la pertica carthaginoise, il n’y a pas de territoire du pagus puisque les terres des pagani relevaient de Carthage. Les auteurs examinent comment la question des terres et celle du statut juridique des pagani se sont traduites sur le terrain. (665) Christol M., L’Équité, une composante de l’épigraphie du marché et de son décor : l’exemple africain, dans L’Africa romana, XIX, 2, p. 2135-2151. Les inscriptions de Dougga et d’Oudna, qui mentionnent l’Équité comme une divinité, ne se réfèrent pas, ainsi qu’on le croit souvent, au culte impérial. Elles renvoient à la pratique des marchés, comme le prouve l’intervention de Mercure. (666) Hidalgo de la Vega M.J., Aemilia Pudentilla : poder económico y estrategias ciudadanas de una aristócrata africana, dans L’Africa romana, XIX, 1, p. 747-759, revient sur un sujet bien connu (B.A.A.A., XXVI (1992), 1996, n° 249 ; XXIX (1995), 2000, n° 438 ; XLII (2008), 2014, n° 736). (667) Briand-Ponsart C., Le pouvoir et la Confédération cirtéenne : priorité au ravitaillement, ibidem, p. 623-635. De nombreuses inscriptions, placées sur la voie Cirta-Rusicade, mentionnent des légats. Cette route répondait en priorité à des exigences de l’annone : il fallait acheminer le blé des Hautes Plaines vers Rome. L’action de D. Fonteius Frontinianus à Cirta et la lettre de l’ordre des décurions à Fronton s’expliquent par le même contexte. (668) Coltelloni-Trannoy M., Encore les Icositani…, dans Visions de l’Occident romain, p. 137-152, revient sur la question débattue du statut d’Icosium et des Icositani, rattachés ou plutôt « contribués » à la colonie romaine d’Ilici en Tarraconaise, et sur les différents problèmes que pose l’interprétation de la contributio liant les deux communautés. À propos du monde rural, on se reportera à (669) Gebbia C., La politica agraria in Africa da Adriano a Settimio Severo, dans L’Africa romana, XIX, 1, p. 489-498. Après les grandes déductions de l’époque de Trajan, Hadrien s’est révélé comme un empereur éclairé, qui a réformé le régime foncier de l’Afrique. Il a permis la mise en valeur de terres négligées. Septime Sévère a ajouté de nouvelles étendues à l’empire ; l’huile et le vin y étaient privilégiés ; seuls les potentiores en ont profité. (670) Carrié J.-M., Nommer les structures rurales entre fin de l’Antiquité et haut Moyen Âge : le répertoire lexical gréco-latin et ses avatars modernes. 1, dans Antiquité tardive, XX, 2012, p. 25-46, rés. angl., étudie le vocabulaire des structures agraires, en particulier l’emploi des termes locus, saltus, fundus, praedium. Si la documentation est surtout juridique, il faut rappeler que l’Afrique a fourni la majorité des attestations du mot praedium/praedia et que l’expression in his praediis a succédé à in praediis au cours du IIIe s. apr. J.-C. L’a. évoque la villa du Nador et CIL, VIII, 20934.
11Nous regroupons dans un même paragraphe plusieurs études ayant trait à différents aspects de la société de son temps, dans l’œuvre d’Apulée. (671) Bradley K.R., Apuleius and the Sub-Saharan Slave Trade, dans Apuleius and Antonine Rome : historical essays, p. 164-180, étudie la signification qu’Apulée donne au proverbe latin dépréciatif « ignorer si quelqu’un est blanc ou noir », lors de son procès à Sabratha : l’auteur pense qu’il a à l’esprit les peuples de l’Afrique noire venant du Niger ou du Tchad, et qu’il a donné à l’expression latine une charge propre au contexte de la Tripolitaine. (672) Id., Apuleius and Jesus, ibidem, p. 181-204. L’accusation de magie a été portée par une quinzaine d’esclaves, témoins d’une scène lors de laquelle Apulée aurait jeté un sort sur un jeune garçon. Cette accusation était crédible si l’on considère les pouvoirs supposés des enfants dans l’Antiquité, et les miracles attribués à Jésus, quand il était enfant, en sont un exemple. (673) Id., Lucius and Isis : History in Apuleius’ Metamorphoses, ibidem, p. 205-228, considère que, dans une perspective historique, la fin du roman est chargée d’un sens profondément pessimiste, derrière son apparente « happy end » : il est exemplaire de « l’âge d’anxiété » définissant l’époque de Marc-Aurèle à celle de Constantin, selon E.R. Dodds. (674) Id., Apuleius and Adultry in the Age of the Antonines, ibidem, p. 229- 256. Ce roman où l’amour occupe une place importante, comprend plusieurs histoires d’adultère. L’auteur essaye de comprendre cet intérêt pour l’adultère à partir de la loi romaine et des comportements des empereurs et des impératrices. Enfin, (675) Sabnis S., Invisible slaves, visible lamps : a metaphor in Apuleius, dans Arethusa, XLV, 1, 2012, p. 79- 108, examine ce qui était un symbole de l’esclavage, de la magie et de l’érotisme, la lampe à huile, dans le roman d’Apulée.
12Les études traitant du christianisme concluent les travaux thématiques. (676) Hofmann J., Zentrale Aspekte der Alten Kirchengeschichte, Würzburg, 2012, XI- 216 p., ill., cartes. Cette introduction à l’histoire de la première Église est destinée aux étudiants allemands : l’Afrique apparaît dans la Partie I, consacrée à la diffusion du christianisme (p. 17) et l’Église de Carthage (p. 117-121) dans la section dévolue aux Ier-IIIe s. (677) Smith W.S., Apuleius Metamorphoses and Jewish/Christian literature, dans Ancient Narrative, X, 2012, p. 47-87, recense les passages du roman qui lui semblent témoigner d’une certaine connaissance des « questions chrétiennes » : accusations contre les juifs et les chrétiens, arguments de l’apologie chrétienne, ou bien encore motifs présents dans la littérature apocalyptique. (678) Hunink V., With the Taste of Something Sweet Still in my Mouth’ : Perpetua’s Visions, dans Dreams as Divine Communication in Christianity, p. 77-91. L’auteur revient sur le rôle central joué par les visions dans le récit de la Passion de Perpétue. Elles ont contribué à préparer Perpétue à son martyre et à son combat spirituel, de même que leur récit pouvait avoir valeur d’exemple et d’enseignement pour les générations futures ; elles suscitaient l’admiration des lecteurs pour la martyre, et pouvaient d’une certaine manière la faire apparaître sous les traits tragiques d’une héroïne grecque. (679) Ames C., Minucio Félix y Tertuliano : el discurso cristiano de los primeros apologistas latinos, dans Discurso y sociedad en la Antigüedad grecolatina, édit. Ames C. et Carmignani M., Cordoue (Argentine), 2012, p. 39-63. Quelle catégorie d’auteurs classiques fut utilisée par les premiers apologistes latins, Tertullien et Minucius Felix ? C’est toute la question du rôle joué par la réception classique dans la construction, la consolidation et la diffusion du christianisme. (680) Martín J.P., Tertuliano frente al César : monoteísmo y monarquía, dans Circe, XVI, 2012, p. 89-106, rés. angl., considère que l’Apologétique est le premier texte chrétien à fusionner théologie impériale et christianisme : Tertullien juge le christianisme plus à même de servir l’Empire que le polythéisme parce que Dieu seul peut établir l’empereur et donner à l’Empire sa stabilité. (681) Villani A., Nos ergo soli innocentes ! (Apologeticum, 45, 1) : innocence as a marker of Christian affiliation in Tertullian’s Apologeticum, dans Zeitschrift für antikes Christentum/Journal of ancient christianity, XVI, 1, 2012, p. 113-128, rés. all. L’auteur étudie les interrelations entre l’éducation et la conversion aux premiers temps de la chrétienté à partir du témoignage de Tertullien : il met en exergue l’importance du concept moral d’innocence, qui est au cœur de l’identité chrétienne. (682) De Brabander K., Tertullian’s Theory of Dreams (De anima 45-49) : Some Observations towards a Better Understanding, dans Dreams as Divine Communication in Christianity, p. 57-76. Tertullien est le premier auteur chrétien à avoir réfléchi de manière approfondie à la place des songes, phénomène auquel il consacre cinq chapitres du De anima. Si le rêve ne constitue pas un thème central dans la doctrine chrétienne, la fascination de Tertullien pour l’âme humaine explique son intérêt particulier pour le rêve. Ainsi a-t-il souhaité fournir une interprétation chrétienne contre les opinions qu’il jugeait erronées des philosophes et de leurs épigones, les hérétiques. (683) Alfaro Bech V., El arte de la magia en Tertuliano : Circulatoria secta, dans Mene, XII, 2012, p. 5-37. Comment les chrétiens de Carthage considéraient-ils, au IIIe s., le pouvoir des mages, des devins et des sorciers ? L’étude conclut qu’ils avaient les mêmes croyances et les mêmes pratiques que les païens contemporains. (684) Günther S., Zum Verwerfungsrecht eines Denunziationsberichts durch den Prokonsul in Tert. Scap. 4,3, dans Gymnasium, 119, 3, 2012, p. 281-283. Cette courte note vient en réponse à l’ouvrage publié par Stefano Giglio en 2009 (Il problema dell’iniziativa nella ‘cognitio’ criminale : normative e prassi da Augusto a Diocleziano) qui évoque l’Ad Scapulam, 4, 3, pour traiter des procès dont l’accusation est fournie par un magistrat subalterne envoyant un rapport de dénonciation au gouverneur de province. S. Giglio invoque à ce titre le Digeste (48, 3, 6, 1) qui expose les différentes réponses prescrites par Hadrien aux gouverneurs, en fonction de la qualité du rapport : le témoignage de Tertullien illustrerait le cas de la négligence qui avait permis au gouverneur Pudens de détruire le rapport. S. Günther s’oppose à cette interprétation afin d’en expliquer le caractère singulier et de comprendre la ruse dont le gouverneur avait fait preuve. (685) Lavalle D., Cipriano : il ruolo del vescovo e l’organizzazione delle comunità cristiane nell’Africa Proconsolare, dans L’Africa romana, XIX, 1, p. 875-885. L’importance de la communauté chrétienne de Carthage, riche et active malgré les persécutions, a fait de Cyprien un homme de pouvoir. (686) Szabó Á., The aftermath of Christian persecutions : lapsed and heretic bishops in the works of Cyprian, dans Acta antiqua Academiae scientiarum hungaricae, LII, 3, 2012, p. 213-222, étudie les arguments avancés par Cyprien contre les évêques lapsi et les évêques hérétiques : ces arguments sont similaires, ce qui montre que, dans l’esprit de Cyprien, ces deux catégories n’étaient pas très différentes. (687) Bartholeyns G., Le moment chrétien. Fondation antique de la culture vestimentaire médiévale, dans Vêtements antiques : s’habiller, se déshabiller dans les mondes antiques, édit. Gherchanoc F. et Huet V., Paris, 2012, p. 113-134, montre que la formulation à la fin du IIe s. d’une morale « chrétienne » des apparences a modifié le rapport au vêtement. Tertullien, Clément d’Alexandrie et Cyprien de Carthage développent à son sujet un discours original, diabolisant les artifices et les raffinements pour les hommes, qui contribue à fonder la culture vestimentaire médiévale.
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