V – L’Afrique à l’époque tardive
p. 88-108
Texte intégral
1L’une des caractéristiques de cette période est la remarquable abondance de sa littérature, surtout chrétienne, qui a bénéficié d’une longue réception dans les siècles ultérieurs, ce qui l’a mieux préservée de la destruction que la littérature des siècles précédents. Augustin est, bien sûr, la grande référence, cette année encore, contrairement aux Passions qui sont peu représentées, chose vraiment inhabituelle. Nous rappelons à nos lecteurs que la B.A.A.A. ne recense pas, ou rarement, les travaux de théologie.
A. L’Afrique romaine
Sources
2Une étude générale peut servir d’introduction à la période. (492) Moreno Resano E., El elogio del emperador Constantino en la literatura cristiana de su época, dans Anuario de Historia de la Iglesia, XXII, 2013, p. 83-109, présente les sources littéraires sur Constantin, entre autres le rhéteur Lactance, De mortibus persecutorum et Diuinae institutiones, p. 86- 89. Les deux premiers auteurs, Macrobe et Martianus Capella, sont païens ou du moins leur œuvre n’a rien de chrétien. Ils sont des « passeurs » de la culture classique dans un monde qui s’ouvre de plus en plus à de nouveaux genres et où s’imposent les références chrétiennes. (493) Cardigni J., El comentario como género tardoantiguo : Commentarii in somnium Scipionis de Macrobio, Buenos Aires, 2013, 473 p., suit deux idées directrices : la notion de genre littéraire entendu de manière générale et son insertion dans la production contemporaine. L’œuvre de Macrobe est un projet pédagogique qui aborde la totalité des arts libéraux inscrits dans la culture classique ; elle est comparée à d’autres commentaires d’œuvres célèbres, en particulier au commentaire de l’Énéide par Servius. (494) Goldlust B., Entre souvenirs platoniciens et savoir antiquaire : l’image de la danse dans les Saturnales de Macrobe, dans Présence de la danse dans l’Antiquité. Actes du colloque tenu à Clermont-Ferrand, 11-13 décembre 2008, édit. Poignault R., Clermont-Ferrand, Caesarodunum, XLII-XLIII bis, 2013, p. 209-217. L’a. souligne l’absence de la danse dans le banquet de Macrobe. Celui-ci oppose au banquet dansant traditionnel, platonicien, une ambiance sérieuse et pudique où la danse n’aurait plus sa place. Ce nouveau cadre, où l’on ne boit pas non plus, serait plus propice aux discussions philosophiques. Macrobe adopte une perspective antiquaire autour du thème de la danse dans le livre 3, chap. 4, car il fait ressortir l’évolution des idées et du regard sur cet art dans l’Antiquité : d’abord louée et pratiquée dans les milieux sociaux les plus élevés, la danse a ensuite été considérée comme une pratique indécente et à ce titre vigoureusement condamnée par la haute société romaine. (495) Bakhouche B., Les métamorphoses de Philologie dans les Noces de Philologie et Mercure de Martianus Capella, dans Revue des Études Latines, XCI, 2013, p. 211-230, rés. angl. Les interprétations des différentes métamorphoses de Philologie, d’abord à travers le récit des noces puis dans sa réception, dépendent du sens que l’on accorde au terme « logos », le nom de son fiancé. Martianus Capella utilise les nombres 3 et 4 pour arriver à 7, qui est le nombre de Minerve. L’œuvre se distribue en 2 + 3 + 4, soit 9 livres, qui est le nombre des Muses, mais aussi le carré de 3 qui est le nombre de Mercure. En outre, dans un texte opaque et saturé d’allusions cryptées, la fonction du rire sert peut-être à désamorcer ou à masquer l’audace de cet Africain du Ve siècle. (496) Guillaumin J.-B., Quelques emplois du grec chez Martianus Capella, dans Polyphonia Romana, p. 383-397. Martianus Capella voulait transmettre en latin les principes et la terminologie de notions grecques, ce qui explique l’abondance et la pertinence des termes grecs dans son œuvre, bien que la liste des citations grecques soit réduite à huit. L’auteur donne une liste de termes grecs latinisés et constate un important bilinguisme technique, appartenant surtout aux sciences mathématiques. Martianus Capella est donc un des derniers témoins de l’ancien bilinguisme littéraire, philosophique et scientifique. Les auteurs chrétiens écrivant en prose sont examinés par ordre chronologique avant la poésie et les passions ; Augustin a droit à une rubrique spécialisée. (497) Massa F., Confrontare per distruggere. Firmico Materno e l’origine diabolica dei culti orientali, dans Studi e materiali di storia delle religioni, LXXIX, 2, 2013, p. 493-509. Dans son ouvrage De errore profanarum religionum, Firmicus Maternus se situe chronologiquement à un moment important de l’évolution des relations entre le polythéisme et le christianisme. La nécessité de définir une nouvelle identité religieuse conduit en effet les auteurs chrétiens à construire une catégorie destinée à englober l’ensemble des cultes gréco-romains. Dans cette perspective Firmicus Maternus utilise l’expression religio profana en l’appliquant notamment aux cultes issus de la partie orientale de l’empire et son originalité tient à ce qu’en voulant en démontrer l’origine diabolique, il met les Écritures au service de ce projet. Deux éditions sont parues. (498) C. Marius Victorinus, Commenta in Ciceronis Rhetorica : accedit incerti auctoris tractatus de attributis personae et negotio, édit. Riesenweber T., Berlin-Boston, 2013 (Bibliotheca scriptorum Graecorum et Romanorum Teubneriana), XXVIII-264 p., index. Ce commentaire d’un ouvrage de Cicéron, De inuentione, par Marius Victorinus, rhéteur africain qui enseigna dans la capitale au milieu du IVe s., est connu par une soixantaine de manuscrits. Il montre l’influence importante de cet ouvrage sur la culture de cette époque et cette édition comble une lacune : un siècle et demi s’est écoulé depuis la précédente. (499) Vercruysse J.-M., Herméneutique et exégèse chez Tyconius, dans Connaissance des Pères de l’Église, 131, 2013, p. 30-40. L’a. présente l’herméneutique et l’exégèse de l’auteur africain Tyconius en s’appuyant sur deux de ses œuvres : le Liber regularum - manuel d’herméneutique biblique composé entre 370 et 380 - et le Commentaire sur l’Apocalypse, texte perdu qui a pu être reconstitué par R. Gryson. D’après l’a., le fait que l’oeuvre de Tyconius place l’Église au coeur de ses préoccupations s’explique par l’importance que revêt en Afrique la question ecclésiologique dans le contexte du conflit entre catholiques et donatistes. À compléter avec (500) Bochet I., Le De spiritu et littera d’Augustin et la Règle III, De promissis et lege de Tyconius, dans Amicorum societas, p. 51-68. (501) Optat de Milev, Contra Parmenianum Donatistam (Gegen den Donatisten Parmenianus), introduction et traduction Sieben H.J., Friburg-en-Brisgau (Fontes Christiani, 56), 2013, 395 p., 4 index. Relégué souvent dans l’ombre de l’évêque d’Hippone, Optat de Milev est un témoin important de la foi chrétienne. Il est intervenu en matière d’ecclésiologie et sur le baptême. Il est aussi une source fondamentale pour la connaissance du donatisme. L’ouvrage, composé entre 364 et 375, fait l’objet de la première traduction en allemand. (502) Petraccia M.F., Il ruolo dell’esercito in occasione dello scisma donatista e il trattato Contro i donatisti di Optatus Milevitanus, dans Egitto, dai Faraoni agli Arabi, édit. Bussi S., Milan, 2013, p. 211-227. La violence et la cruauté des soldats expriment l’action diabolique dans la description des martyres jusqu’à Dioclétien. La perception se modifie quand ils deviennent les instruments du pouvoir pour rétablir l’unité de l’Église et assistent les envoyés de l’empereur dans leur mission. Dans les textes donatistes deux facteurs interviennent : d’un côté les donatistes ont conscience des changements politiques survenus, de l’autre, il existait des soldats qui avaient des sympathies donatistes. Orose, qui a séjourné quelque temps à Carthage, a rédigé un traité à la demande d’Augustin : c’est uniquement à ce titre que nous le mentionnons car son oeuvre n’intéresse pas particulièrement l’Afrique. (503) Meier M., Alarico - Le tragedie di Roma e del conquistatore. Riflessioni sulle Historiae di Orosio, dans Sack (The -) of Rome, p. 311-322. Dans les Historiae, achevées en 417-418, Orose tente de relativiser la portée historique de l’événement en considérant que ce malheur est moindre que certains précédents ; mais il échoue, selon l’auteur, à offrir une explication cohérente. (504) Mclynn N., Orosius, Jerome and the Goths, ibidem, p. 323-333, veut montrer que les deux réponses d’Orose et de Jérôme au choc de 410 ne sont pas aussi éloignées qu’il y paraît. La poésie à présent, avec deux articles, l’un consacré à une œuvre anonyme, l’autre à Claudien, très faiblement présent cette année. (505) Lapini W., Due note sull’Aegritudo Perdicae (276, 284), dans Rivista di cultura classica e medioevale, LV, 1, 2013, p. 207-211, propose deux corrections à propos de ces vers : pour le vers 276, o demens adeo au lieu de o demens gladio et, pour le vers 284, lire tenebis (?) au lieu de tenebris. (506) Broganelli L., Ne consanguineis certetur comminus armis : la rappresentazione artistica della guerra civile (e la figura dei Dioscuri) nell’In Gildonem di Claudiano, ibidem, p. 95-115, rés. angl, note l’importance des guerres civiles dans l’œuvre de Claudien, et la Thébaïde de Stace est une source d’inspiration pour l’auteur de l’In Gildonem. Claudien semble assimiler le monde africain à Thèbes, ainsi le qualificatif tyrannus pour Gildon, assimilé à un tyran grec, tandis que la figure des Dioscures représente l’entente et la concorde entre les deux empereurs, Honorius et Arcadius. Nous achevons cette revue de la littérature chrétienne avec les passions, deux catholiques et une donatiste. (507) Fialon S., L’imprégnation virgilienne dans l’imaginaire marin de deux passions africaines : la Passio sanctae Salsae et la Passio sancti Fabii, dans Latomus, LXXII, 1, 2013, p. 208-220. Ces deux passions, rédigées au cours du Ve s., sont fortement teintées de réminiscences virgiliennes, que l’a. étudie. Les citations portent sur les thèmes de la mer, de la destruction des corps, des saints/héros, des paysages, de la tempête et révèlent une connaissance précise des œuvres de Virgile. Cela montre aussi qu’existait à Césarée un cercle de lettrés à cette époque tardive. (508) Chapot F., Visées pastorales et polémiques d’un texte donatiste : remarques sur la Passio sancti Donati, dans Amicorum societas, p. 119-130. Le rédacteur de la Passion, qui décrit les souffrances des donatistes en raison de l’édit de Constantin de 316-317, assume une fonction commémorative légitime qu’iI présente comme nouvelle. Or le début du texte offre des similitudes avec la Passion de Perpétue et Félicité et des parallèles avec Cyprien. Mais il introduit une distinction entre une attaque frontale, franche et directe, et une offensive insidieuse et voilée. Le dernier groupe de publications s’intéresse à la législation impériale antihérétique, où les évêques africains ont joué un rôle déterminant. (509) Escribano Paño M.V., Religio et lex : legationes episcopales y leges imperiales en África tardorromana : la Sirmondiana 14 (409), dans Lex et religio, p. 293- 316, analyse une loi d’Honorius connue par deux mentions dans le Code Théodosien (XVI, 2, 31 et XVI, 5, 46). Ce document permet de comprendre les interactions entre évêques, empereurs et juges dans le cadre des lois liées aux conflits religieux. En 408 en Afrique, des évêques eurent recours au prince devant la passivité des juges locaux face aux donatistes et aux païens. (510) Marcos M., Anti-pelagian Legislation in Context, ibidem, p. 317-344, s’intéresse au dossier des décrets anti-pélagiens émis par la cour de Ravenne entre 418 et 425 : il se propose d’étudier ces textes législatifs - absents du Codex Theodosianus et conservés pour la plupart dans la Collectio Quesnelliana - en les replaçant dans leur contexte. Il présente clairement le rôle de l’épiscopat africain dans la désignation de Pélage et de Caelestius comme hérétiques, avant même que ces derniers ne soient condamnés par Honorius et Théodose II en vertu d’une loi datée du 30 avril 418, puis son rôle comme relais du pouvoir impérial pour mettre en oeuvre cette condamnation. L’un des textes étudiés est d’ailleurs une lettre d’Honorius et de Théodose II datée du 9 juin 419 et adressée à l’évêque Aurelius de Carthage. (511) Dunn G.D., Did Zosimus pardon Caelestius ?, ibidem, p. 647-656. La lettre Magnum pondus de l’évêque de Rome Zosime, écrite en août ou en septembre 417, est adressée aux évêques africains : Zosime leur déclare qu’il a l’intention d’accorder son pardon au disciple de Pélage, Caelestius, à moins que les Africains ne prouvent dans les deux mois que la condamnation émise par son prédécesseur, le pape Innocentius, mérite d’être maintenue. Pour l’a., il apparaît que Zosime n’a pas pardonné à Caelestius mais qu’il l’a en réalité acquitté, en raison notamment d’erreurs importantes dans la procédure des procès qui avaient eu lieu en Afrique en 411 et 416.
3Nous en venons à présent au cas d’Augustin, qui exige une rubrique à lui seul, et à juste titre. Pas d’introduction vraiment intéressante cette année, avec deux titres qui n’apporteront rien de neuf pour nous. (512) Sieben H.J., Augustinus : Studien zu Werk und Wirkgeschichte, Münster (Frankfurter theologische Studien, 69), 2013, VIII-496 p., index, contient treize articles déjà publiés, largement théologiques. (513) Hollingworth M., Saint Augustine of Hippo : an intellectual biography, Oxford-New York, 2013, XIX- 312 p., index. Cette nouvelle biographie d’Augustin exprime surtout la fascination de l’auteur pour l’évêque d’Hippone, dont il décline la vie en une dizaine de chapitres. Les quatre premiers traitent du milieu et de l’enfance, les quatre suivants des années de maturité qui ont précédé la conversion et les derniers de la période épiscopale. Les références sont difficiles à trouver et la bibliographie autre qu’en anglais squelettique. Les approches thématiques sont plus enrichissantes, et d’abord celles qui concernent sa culture. (514) Bonniard M., Sur la notion de latin tardif à la lumière des systèmes langagiers d’Augustin, dans Amicorum Societas, p. 27-36. Dans cette courte étude, l’auteur détecte chez Augustin cinq niveaux de langue différents, allant d’un latin rhétorique de haute tenue [niveau I (acrolecte)] à un latin familier proche de la langue parlée [niveau V (basilecte)], ce dernier niveau de langue étant cependant présent de manière fort limitée. (515) Bochet I., Le De spiritu et littera d’Augustin et la Règle III, De promissis et lege de Tyconius, ibidem, p. 51-68. L’évêque d’Hippone estime le travail de Tyconius, en matière d’herméneutique biblique, juste, bien qu’incomplet, et les analogies précises entre la Règle III et le De spiritu et littera montrent qu’Augustin a relu attentivement ce texte afin de rédiger son traité. (516) Bouton-Touboulic A.-I., Virgile au prisme d’Augustin (Cité de Dieu, livre 3), dans Poésie augustéenne et mémoires du passé de Rome. En hommage au professeur Lucienne Deschamps, édit. Devillers O. et Flamerie de Lachapelle G., Bordeaux (Collection Scripta antica, 50), 2013, p. 163-176. Pour Augustin, Virgile représente l’interprète principal de l’esprit national romain et le principal objet de sa critique. Les allusions au poète ou les citations de l’Énéide sont nombreuses, plus que les autres auteurs classiques. L’évêque a choisi des passages qui critiquent le polythéisme en les distordant et en insistant sur la violence qui baigne les origines de Rome. Un tableau des citations figure à la fin de l’article. (517) Byers S.C., Perception, sensibility, and moral motivation in Augustine : a Stoic-Platonic synthesis, Cambridge-New York, 2013, XVIII- 248 p., index. L’auteur prend comme point de départ le passage des Confessions, VIII, 11, 26-27, qui lui semble avoir été négligé ou éludé par les études en raison d’une sorte d’inconfort exprimé par Augustin. Les chapitres 1-4 de l’ouvrage insistent surtout sur le stoïcisme selon les thèmes suivants : la perception et le langage de l’esprit, les motivations, les émotions, les passions ; le chapitre 5 évoque Philon d’Alexandrie et les deux derniers sont plus théoriques. La grande figure de Cyprien a elle aussi influencé Augustin, comme l’indique ce dialogue attribué à l’évêque d’Hippone. (518) Ribreau M., Quand deux allégories débattent devant les censeurs : fonctionnement rhétorique et argumentatif de l’Altercatio Ecclesiae et Synagogae, dans Les dialogues Adversus Iudaeos. Permanences et mutations d’une tradition polémique. Actes du colloque de Paris-Sorbonne (7-8 décembre 2011), édit. Morlet S., Munnich O. et Pouderon B., Paris, 2013, p. 175-197. Ce dialogue allégorique, souvent attribué à Augustin, parce qu’il présente des similitudes avec ses écrits, comprend cependant des testimonia empruntés à Cyprien. Inspiré aussi par la comédie latine, il aurait une dimension antipaïenne autant qu’antijuive et serait destiné à la communauté chrétienne. (519) Texier R., Le temps pour saint Augustin, dans Temps (Le-) dans l’Antiquité, p. 79-92, envisage, dans une perspective essentiellement philosophique, la conception du temps chez saint Augustin : le rapport du temps à l’éternité, la nature du passé et du futur, et la mesure du temps. Il aborde pour finir la question du temps historique qui se caractérise par l’entremêlement du temps des décadences et du temps des remontées. La revue des œuvres d’Augustin commencera par les traités, et d’abord les œuvres qui n’ont pas de visée explicitement chrétienne, et qui (de ce fait ?) font l’objet de soupçons d’inauthenticité. (520) Abrégé de la grammaire de Saint Augustin, texte établi, traduit et commenté par Bonnet G. et Bermon E., Paris, 2013, LII-96 p. en partie doubles, index. Cette première traduction française de l’ouvrage balaie les doutes qu’on pourrait avoir sur son authenticité : voir le compte-rendu de (521) Ratti S., Revue des Études Anciennes, 115, 2, 2013, p. 653-663. Il paraît avoir été destiné à un lectorat africain, comme tend à le prouver l’utilisation de mots puniques. Autre traité sur la langue également mis en doute, mais réévalué par (522) Aubin J., Le De rhetorica du Pseudo-Augustin : réexamen des objections contre l’authenticité augustinienne, dans Revue d’Études augustiniennes et patristiques, LIX, 1, 2013, p. 117-134. L’authenticité augustinienne du traité De rhetorica est mise en doute par la critique moderne, qui associe fréquemment cette oeuvre à un Pseudo-Augustin. Or, l’a. propose un réexamen de ces objections, et plus particulièrement de celle qui a toujours été présentée comme l’objection majeure : l’utilisation fréquente de la terminologie technique grecque par l’auteur du traité, qui accorde une place particulièrement importante au penseur hellénistique Hermagoras de Temnos. L’a. montre notamment que le niveau de grec requis pour écrire le De Rhetorica n’avait pas besoin d’être très élevé et qu’Augustin introduit des termes grecs de la même manière que Cicéron dans son De Rhetorica, selon une tradition bien attestée dans les manuels latins de rhétorique. Il reste en revanche à prouver cette authenticité en recherchant dans le De Rhetorica des éléments qui rendraient évidente la paternité d’Augustin. Les traités dont la thématique est chrétienne sont évidemment bien plus nombreux. (523) Opera, L, De mendacio (Die Lüge) ; Contra mendacium (Gegen die Lüge) ; Contra Priscillianistas et Origenistas (Gegen die Priszillianisten und Origenisten), édit. Brachtendorf J. et alii, introduction, traduction et commentaire Stadele A. et alii, Paderborn, 2013, 385 p., 4 index. (524) Rose P.J., A Commentary on Augustine’s De cura pro mortuis gerenda. Rhetoric in Practice, Leyde (Amsterdam studies in classical philology, 20), 2013, XXI- 622 p. Ce commentaire comprend une étude narratologique éclairant la structure du traité, rédigé entre 421 et 424 sans qu’on puisse en déterminer la date exacte. C’est un écrit pastoral dédié à Paulin de Nole, en tant que collègue dans l’épiscopat. Augustin envisage la mort et le sens de l’inhumation des défunts dans son propre cercle. Il énonce des conceptions générales sur ce qui suit la mort, la commémoration et le rôle particulier des martyrs. (525) Bochet I., Les règles pour l’interprétation de l’Écriture : le De doctrina christiana d’Augustin, dans Connaissance des Pères de l’Église, 131, 2013, p. 41-51, s’intéresse aux trois premiers livres du De doctrina christiana d’Augustin, qui constituent un traité d’herméneutique biblique. L’article présente brièvement le fondement de l’herméneutique scripturaire selon Augustin, revient sur la manière dont il convient de déterminer si un passage de l’Écriture doit être compris au sens littéral ou au sens figuré, puis présente dans un troisième temps les règles d’interprétation des expressions figurées de l’Écriture fournies par Augustin, qui reprend notamment, en les transformant, les règles du Liber regularum de Tyconius. Et à présent les « grands traités » d’Augustin. Les Confessions ont donné lieu seulement à deux ouvrages, tous deux en allemand, un florilège et une traduction. (526) Bekenntnisse : eine Auswahl, édit. Mojsisch B., Stuttgart, 2013, 103 p. (527) Bekenntnisse = Confessiones, traduction Lachmann O.F., et introduction Kern B., Wiesbaden, 2013, 416 p. La Cité de Dieu a à peine mieux inspiré. (528) San Agustín. La ciudad de Dios. 3, Libros VI-VIII, édition critique, traduction et notes Pérez Vega A. et Toribio Pérez P., Madrid, 2013, IX-142 p. en partie doubles, est le troisième volume de l’édition de cette oeuvre dans la collection Alma Mater du Consejo Superior de Investigaciones Cientificas, cinquante-cinq ans après la parution du volume II en 1958. (529) Marafioti D., Come leggere il de Civitate Dei, dans Augustinianum, LIII, 2, p. 441- 467, est une réponse à la note de V. Grossi consacrée à l’introduction et à la nouvelle traduction italienne du de Civitate Dei par D. Marafioti, note publiée dans le volume LII de la revue Augustinianum. Il s’intéresse en particulier aux divergences d’interprétation de l’oeuvre d’Augustin. (530) Cipriani N., I Dialogi di Agostino : guida alla lettura, Rome, 2013, 274 p., 3 index. L’auteur analyse les Dialogues d’Augustin, cinq étant datés d’avant le baptême, les cinq autres étant postérieurs, et propose une analyse doctrinale autour de l’influence néoplatonicienne, de la doctrine trinitaire et de la foi dans le Christ. (531) Drobner H.R., Neu identifizierte Textzeugen zu den Predigten Augustins, Francfort-sur-le Main, 2013, 378 p., ill., index, est un ouvrage pour les spécialistes des manuscrits et de philologie. L’auteur a dépouillé le catalogue autrichien des manuscrits pour chercher ceux qui n’avaient pas été référencés. Il en a trouvé 43, dont des extraits des Sermons. Mais le résultat se révèle parfois décevant, car la plupart d’entre eux n’apportent guère de nouveautés. (532) Predigten zu den alttestamentlichen Propheten : Sermones 42-50, introduction, traduction et commentaire Drobner H.R, Francfort-sur-le Main, 2013, 615 p., ill., 5 index. (533) Boodts S., Augustine’s sermo 180 on Iac. 5, 12 : Ante omnia nolite iurare. A new critical edition with introduction, dans Recherches augustiniennes et patristiques, XXXVII, 2013, p. 1-50. L’article propose une nouvelle édition critique (sans traduction) du sermon 180 d’Augustin, dotée d’un très riche apparat critique et précédée d’une introduction. Cette introduction envisage tout d’abord la question de la datation du sermon – qu’il est impossible de préciser –, propose un résumé de son contenu et souligne les parallèles existant entre le sermo 180 et trois autres textes augustiniens. Elle s’intéresse ensuite à la transmission directe du sermon, puis à sa transmission indirecte, avant de présenter la méthode suvie pour l’édition du texte. (534) Enarrationes in Psalmos. Ps. 108-117, édit. critique, traduction et notes Dulaey M. et Hombert P.-M., Paris, 2013, 485 p., avec le texte latin. Les hasards de la numérotation du psautier font que le volume est quelque peu hétéroclite, car il regroupe une Enarratio qui n’a jamais été prêchée, mais dictée (Ps. 108), une prédication (Ps. 109), et un groupe homogène de commentaires qui ont fait l’objet d’enseignements à un public plus restreint (Ps. 110-117). Ils sont aussi d’époque différente, entre 404 et 420. (535) Gori F., Le Enarrationes in psalmos 110-118 di Agostino : questioni di critica testuale, dans Gregi Christi ministrantes, p. 81-100. Les Sermons 100-117 n’ont pas, selon de nombreux spécialistes, les caractéristiques de sermons prêchés en public, car ils sont élaborés, médités, soignés. L’auteur pense toutefois que ce fut le cas, puisqu’ils furent relus et amendés par l’évêque. Il faut signaler la particularité du Sermon 118, pour lequel Augustin a rédigé une introduction.
4Les autres sources font pâle figure cette année : deux titres pour l’épigraphie, rien en numismatique et peu d’archéologie, à compléter bien sûr avec les Généralités. (536) Beschaouch A., De apaiona à apona : sur l’expression en latin d’une acclamation grecque dans le milieu des sodalités africo-romaines, dans Comptes rendus de l’Académie des Inscriptions et Belles-lettres, 2013, 4, p. 1799-1808. Après avoir rappelé les principes qui guident l’identification des sodalités, l’a. reprend la lecture d’un texte sur une mosaïque d’Althiburos : apaeona Liburni. Le mot apaeona en grec signifie « pour toujours, à jamais », un souhait sans doute adressé au propriétaire, Liburnus. L’a. établit ensuite un parallèle avec deux autres mosaïques, une de Thysdrus qui mentionne quatre fois isaona dans des médaillons où figurent les noms de quatre sodalités et une à Sicca Veneria, qui associe apeona au roseau (canna), ce dernier étant ce qu’il est convenu d’appeler une « tige de millet ». Le jeu étymologique invite à retenir la relation entre la figure et le nom de la sodalité, et permet de préciser la signification du mot apona sur un pavement de Thugga, avec un roseau identique. L’image renvoyait donc à la sodalité des Cannei. (537) Leitch V., Reconstructing history trough pottery : the contribution of North African cookwares, dans Journal of Roman Archaeology, XXVI, 2013, p. 281-306. Un polissoir de potier inscrit, dont l’origine était inconnue, a pu être attribué au grand centre de production de sigillée africaine de Sidi Marzouk Tounsi. L’identification de l’officine mentionnée est sujette à débat. L’a. propose une nouvelle interprétation du texte, qui lui a été suggérée par A. Wilson et J. Adams. Selon ces derniers, le mot tzacunis serait une variante orthographique de diaconis. L’identification de Quodvultdeus comme diacre conduit à l’hypothèse d’une officine ecclésiastique, ce qui serait tout à fait probable compte tenu de l’implication de l’Église dans la production céramique à l’époque tardive. L’archéologie, cette fois, ne propose rien sur la Tunisie, mais privilégie l’Algérie. (538) Lochin C., Aiôn. Des saisons et des jeux (à propos d’une mosaïque d’Hippone), dans Temps (Le -) dans l’Antiquité, p. 59-77, ill., s’intéresse à une mosaïque retrouvée à Hippone dans la maison de la chasse et de la pêche et qui représente Aiôn entouré de deux musiciennes, d’une sportive et de masques de théâtre. Elle propose un commentaire détaillé des différents éléments de cette mosaïque assignable à la fin du IIIe siècle ou à la première moitié du IVe siècle, en s’appuyant notamment sur de nombreux autres exemples de mosaïques africaines. La mosaïque lui semble mêler l’image des Saisons et celle de jeux qui devaient être destinés à assurer la fertilité de la terre ou la pérennité de l’Empire ou de la ville. Les titres suivants nous entraînent d’abord en Kabylie, grâce à un infatigable voyageur qui sillonne la région. (539) Laporte J.-P., Mausolées antiques de la Kabylie du Djurjura et de l’est du Titteri (Algérie), dans Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, XXXVII, 2013, p. 159, est le bref résumé d’une communication présentée devant la section Antiquité de ce comité. Une vingtaine de mausolées antiques ont été identifiés dans cette région et la plupart des formes sont représentées. La plus répandue semble être les mausolées cubiques sur gradins qui, selon l’auteur, datent probablement du IVe s. Cependant, le seul à être bien connu est un mausolée de plan tréflé situé à Taksebt, l’antique Rusippisir. (540) Id., Le mausolée tardif de Blad Guitoun (wilaya de Boumerdès), dans Ikosim, II, 2013, p. 91-108. Ce mausolée, qui a été détruit dans les années 1980, peut être connu grâce à des publications anciennes, et grâce à la correspondance du fouilleur bénévole (Camille Viré) avec sa famille. Il appartient à l’architecture libyco-romaine tardive (Ve siècle ?). L’auteur publie également deux inscriptions relativement banales. Ce dossier pourrait illustrer l’émergence, dans une Maurétanie césarienne indépendante depuis environ 429, de chefs autochtones qui ont réalisé la synthèse de leur culture traditionnelle et de la romanité. (541) Grossmann P., Überlegungen zum ursprünglichen Grundriss der Kirche von Orléansville (Chlef, Algeria) und ein Beitrag zur Entstehung der christlichen Basilika, dans Antiquité tardive, XXI, 2013, p. 313-320, 2 fig., rés. angl., a réexaminé le plan de la basilique à deux absides de Castellum Tingitanum (el-Asnam, Orléansville), datée de 324. En comparant l’édifice avec l’église paléochrétienne du monastère pacômien de Pbow en Haute Égypte, l’a. restitue un plan d’origine sans les deux absides. À leur place, les colonnes formaient une colonnade transversale à chaque extrémité de l’édifice, ce qui créait un déambulatoire le long des quatre côtés. Et l’on termine avec le Maroc par Tamuda, bien illustré par le colloque déjà mentionné (voir n° 135), ici une coupe trouvée sur le site, pour laquelle nous avons réuni les études qui la concernent. (542) Millán Chapagoyén M.A. et Benéitez Moremo P., Datación por termoluminiscencia del olpe cerámico, dans Tamuda, p. 381-383. Les analyses confirment la datation tardive, du Bas-Empire, de l’objet, et d’autres indiquent qu’elle contenait de l’huile de ricin, ainsi (543) Pecci A., Análisis de residuos orgánicos y determinación del contenido del olpe de Tamuda, ibidem, p. 385-391. (544) Bernal Casasola D., García Giménez R., Bustamante Álvarez et alii, El olpe de Tamuda. Un singular vaso cerámico grafitado de época bajoimperial, ibidem, p. 351-380, est l’étude iconographique (rongeur, voiles de bateau, pénis, cheval) et archéométrique de l’objet. (545) Pascual Barea J., Interpretación de los epígrafes y de la marca del caballo de una jarra de Tamuda, ibidem, p. 393-401, étudie les inscriptions tingitani et na/ma sur cette jarre du IVe s.
Bibliographie
5Les thèmes, largement dominés par la documentation augustinienne et par les questions religieuses, n’ont permis de recenser qu’un seul titre sur l’économie et un autre sur l’éducation (compléter avec les Généralités). (546) Panella C., Roma e gli altri. La cultura materiale al tempo del sacco di Alarico, dans Sack (The -) of Rome, p. 365-402. Cette étude sur la culture matérielle à Rome à la fin du IVe et au début du Ve siècle met en évidence le rôle prépondérant de l’Afrique dans l’approvisionnement de la Ville en produits alimentaires (huile d’olive, conserves de poissons, vin) et en biens de consommation d’usage courant (vaisselle de table, lampes à huile, etc). Ce rôle s’accroît après le sac de Rome, même si d’autres zones d’approvisionnement existent (Égypte et Proche-Orient, Italie et Sicile) et ont pris davantage d’importance par la suite, notamment pour le vin. (547) Gerth M., Bildungsvorstellungen im 5. Jahrhundert n. Chr. Macrobius, Martianus Capella und Sidonius Apollinaris, Berlin-New York, 2013, VIII-269 p., 2 index, porte sur la conception de l’éducation dans l’Antiquité tardive et sur la façon dont elle est représentée et mise en application, à travers les écrits de trois auteurs latins, dont deux sont africains : Macrobe, Martianus Capella et Sidoine Apollinaire. Outre l’introduction et la conclusion, l’ouvrage est divisé en trois parties correspondant à chacun de ces auteurs. La partie II, p. 8-113, est consacrée aux Saturnalia, ouvrage que Macrobe a dédié à son fils et dont la visée éducative est explicite. La partie III, p. 114-156, porte sur le De nuptiis Philologiae et Mercurii que Martianus Capella a également dédié à son fils. La partie IV, p. 157-223, concerne la correspondance de Sidoine Apollinaire. L’analyse porte sur les thèmes et les figures choisis par les auteurs et la forme littéraire de ces écrits. Le rôle des évêques structure désormais la société. (548) Grossi V., Sulla nota dimensione agostiniana di un vescovo del tardoantico, dans Gregi Christi ministrantes, p. 101-112, rappelle les diverses fonctions qu’exerçait un évêque : s’occuper du sanctuaire, prêcher l’Évangile et l’expliquer, assumer des charges publiques et des fonctions judiciaires, contrôler la vie familiale de ses ouailles. (549) Weber D., Medicorum pueri - Zu einer Metapher bei Augustinus, dans Zeitschrift für antikes Christentum, XVII, 1, 2013, p. 125-142, s’intéresse à la manière dont Augustin utilise la métaphore du « Christ médecin » (Christus medicus). Il analyse plusieurs passages tirés de différents sermons (175, 176, 286, 345, 114B, 340A et 32) dans lesquels l’évêque d’Hippone accorde une attention toute particulière au rôle assigné aux personnes qui participent au processus de guérison. Augustin n’utilise que rarement la métaphore du prêtre comme assistant du médecin et il insiste plutôt sur le fait que le prêtre a lui aussi besoin d’être soigné par le Christ, parfois même avec l’aide de la communauté dont il a la charge. (550) Kahlos M., Pacifiers and instigators - Bishops and Interreligious Conflicts in Late Antiquity, dans Role (The -) of the Bishop in Late Antiquity, p. 63-82. La documentation africaine et Augustin en particulier mettent bien en évidence le rôle des évêques dans les conflits interreligieux. Ce sont eux qui requièrent régulièrement les autorités politiques. Ils constituent des groupes de pression contre les païens et d’autres chrétiens, et sont souvent les instigateurs de violence contre des lieux de culte. En même temps, ils jouent le rôle de pacificateurs lorsqu’ils estiment que les violences vont trop loin. Les limites de leurs pouvoirs tiennent plus aux grands propriétaires terriens qu’à l’administration. Le manichéisme est une religion connue en grande partie grâce au témoignage d’Augustin, mais la législation impériale antérieure donne aussi des informations, comme le met en valeur cette intéressante étude, (551) Minale V.M., Legislazione imperiale e manicheismo da Diocleziano a Costantino : genesi di un’eresia, Naples, 2013, XIX-279 p., 2 index. L’a. se consacre à la législation de Dioclétien et de Constantin relative au manichéisme et à son influence sur d’autres aspects de la législation religieuse de ces empereurs (la législation anti-chrétienne du fondateur du régime tétrarchique et la législation anti-hérétique du premier empereur dit chrétien). Le cadre chronologique choisi pour l’étude fait que la documentation africaine, liée pour l’essentiel au témoignage d’Augustin d’Hippone, n’est présente que de manière marginale. (552) Beduhn J.D., Augustine’s Manichaean dilemma. 2 Making a « Catholic » self, 388-401 C.E., Philadelphie, 2013, X-538 p., index. L’auteur poursuit son étude sur les relations qu’Augustin a entretenues avec le manichéisme (pour le premier volume qui étudiait les années de formation, voir B.A.A.A., XLIV (2010), 2016, n° 861). L’auteur part de la conversion d’Augustin et tente de déterminer ce qui, dans la compréhension intellectuelle de la foi et dans la formation des concepts, appartient au manichéisme et quelle interprétation en a donnée Augustin qui adopte de plus en plus le christianisme nicéen. Il insiste tout à fait normalement sur la place de la volonté humaine dans l’œuvre d’Augustin et son évolution dans la pensée augustinienne. (553) Augustine and Manichaean Christianity. Selected papers from the first South African conference on Augustine of Hippo, University of Pretoria, 24-26 April 2012, édit. Van Oort J., Leyde, 2013, XVIII-236 p., index. Dans ces actes d’un colloque dédié au manichéisme, plusieurs articles de théologie ne concernent pas les études africanistes, et nous signalons seulement celles qui peuvent présenter un intérêt historique. Dans la préface, l’éditeur du colloque (554) Van Oort J., ibidem, p. IX-XV, évoque l’évolution des recherches sur le manichéisme depuis la première publication du Cologne Mani Codex en 1970, et les liens qu’Augustin a entretenus avec cette religion. (555) Pedersen N.A., Manichean self-designation in the Western tradition, ibidem, p. 177- 196. L’auteur procède à un examen des termes par lesquels les manichéens se désignent : il distingue entre exonymes (noms donnés par ceux qui sont extérieurs au groupe) et autonymes (ceux qui appartiennent au groupe mentionné), avec un préambule sur l’apparition du mot « hérésie » dans les écrits chrétiens. Il remarque que des manichéens se désignent aussi comme chrétiens. Il étudie plus précisément les cas de Secundinus, Fortunatus, Felix et Faustus. (556) Beduhn J.D., « Not to Depart from Christ » : Augustine between « Manichean » and catholic « Christianity », ibidem, p. 1-18. Avec Augustin, nous possédons un cas unique d’exemple de conversion de l’une à l’autre religion et, dans les deux, il occupa une position éminente. Ce cheminement se produisit durant les années 380. Un premier paragraphe résume sa dette à l’égard du manichéisme (voir aussi la notice de l’ouvrage supra) et les L. III-V des Confessions sont mobilisés ; le second s’intéresse à la situation de l’évêque entre ces deux religions : il avait des amis manichéens et ses efforts pour les convaincre ne furent guère couronnés de succès. Au fil des années, il durcit sa position. Et toujours sur sa conversion, mais vue sous un autre angle, (557) Koet B.J., La conversión de Jerónimo y de Agustín a la Escritura, a través del pórtico de los sueños (Ep. 22 y Conf. 3 y 8), dans Augustinus, LVIII, n° 228-229, 2013, p. 89-118, compare les récits oniriques de Jérôme dans sa lettre 22 et d’Augustin dans Conf., III, 19 et 8, 29, pour souligner que, probablement, les deux songes se sont produits la même année et qu’ils ont contribué à la conversion des deux Pères de l’Église. Ils sont passés de leur amour de la littérature latine classique à celui de l’Écriture Sainte, Parole écrite de Dieu. (558) Van Oort J., God, Memory and Beauty : A Manichean Analysis of Augustine’s Confessions, Book 10, 1-38, dans Augustine and Manichaean Christianity, p. 155-175. De manière quelque peu provocatrice, le premier paragraphe énonce l’idée que les Confessions étaient un ouvrage composé pour des lecteurs manichéens et l’auteur justifie cette assertion avec une analyse de la première partie du livre X, 1-38. Lorsque l’évêque écrit ce livre, après 400, il a déjà une expérience de ses coreligionnaires ; il est clair que les conceptions sur les trois thèmes énoncés dans le titre ont été influencées par les manichéens et qu’il en a lu des ouvrages, ce qui n’est pas sans conséquence pour le futur. (559) Fuhrer T., Augustine’s Moulding of the Manichean Idea of God in the Confessions, dans Vigiliae Christianae, LXVII, 2013, p. 531-547. L’a. s’intéresse à la manière dont Augustin présente et façonne la conception manichéenne de Dieu dans les Confessions. Il propose tout d’abord un aperçu des éléments les plus importants de la doctrine manichéenne, puis évoque la connaissance qu’Augustin avait de cette doctrine. Enfin, il analyse la critique du manichéisme par Augustin dans les Confessions (en particulier III, 10-11). Cette critique porte notamment sur la conception matérialiste de Dieu qu’il attribue aux manichéens et sur leurs pratiques religieuses liées à cette conception. Augustin les accuse de diffuser des mythes et des illusions, et il leur oppose sa propre conception de la manière dont Dieu peut être compris et connu. La violence est désormais un thème de réflexion à part entière, violence sociale, institutionnelle ou religieuse, à la suite notamment du livre de B.D. Shaw (B.A.A.A., XLV (2011), 2017, n° 749) qui a donné lieu à un débat nourri. (560) Book Forum : Shaw B.D., Sacred Violence : African Christians and Sectarian Hatred in the Age of Augustine, 2011, dans Journal of Early Christian Studies, XXXI, 2, 2013, p. 291-309, réunit les remarques successives de Tilley M.A., Frankfurter D. et Fredriksen P., suivis d’une réponse de l’auteur. (561) The Journal of late Antiquity, VI, 2, 2013, p. 197-263, consacre, lui aussi, une partie de ce volume à des discussions à propos du livre de B.D. Shaw, avec les interventions suivantes. (562) Conybeare C., Making space for violence, ibidem, p. 203-215, s’interroge sur la théorisation de la violence quotidienne, qui est le sujet de B.D. Shaw, à travers une relecture de quelques actes de violence utilisés par ce dernier dans son ouvrage. Avec des références à H. Arendt, il s’intéresse spécialement au moment où se produit la violence, quand l’espace du paraître devient l’espace de la violence, et à la vulnérabilité des individus impliqués. Il cherche une explication au fait que les paroles et les écrits d’Augustin à propos des martyrs éludent la violence pour se contenter de platitudes. (563) Drake H.A., Monotheism and violence, ibidem, p. 251-263. Comme les chercheurs travaillant sur les périodes les plus récentes, B.D. Shaw se fonde sur des descriptions serrées des événements afin d’isoler les conditions qui conduisent aux rencontres violentes. L’abondance des détails donne aux conflits une dimension sociale et culturelle pour laquelle il est possible d’établir des comparaisons avec d’autres périodes et d’autres lieux. (564) Grey C., Shock, Horror, or Same Old Same Old ? Everyday Violence in Augustine’s Africa, ibidem, p. 216-232. Les études récentes sur la violence se sont multipliées et le traitement par les modernes a modifié l’approche pour l’Antiquité. L’a. se pose la question du caractère quantitatif de celle-ci à partir de deux passages de l’œuvre d’Augustin : l’Ep. 9 * pour la violence privée, le Sermon 302 pour la violence institutionnelle. (565) Webb M., On Lucretia who slew herself : rape and consolation in Augustine’s De ciuitate Dei, dans Augustinian Studies, XLIV, 1, 2013, p. 37-58. Augustin est le premier à avoir considéré le viol comme un thème digne d’une consolation. L’a. compare le viol aux souffrances endurées par Regulus et fait aussi appel à la Consolation à Marcia de Sénèque. Le suicide de Lucrèce est toutefois condamné par Augustin car il s’apparente à un assassinat, mais la consolation veut inciter les élites à ne plus regarder les victimes avec suspicion au lieu de les aider. Le conflit entre catholiques et donatistes fut une facette de cette violence. (566) Fernández Ubiña J., The Donatist Conflict as Seen by Constantine and the Bishops, dans Role (The -) of the Bishop in Late Antiquity, p. 31-46, reconstitute la chronologie et le contenu des mesures prises par Constantin contre les donatistes. On n’y décèle pas de motivations de nature ethnique, culturelle ou sociale et il ne convient pas de considérer le donatisme comme un mouvement de « pauvres » à ses débuts. Le problème s’est compliqué parce que Caecilianus était l’évêque de la métropole et qu’il n’a pas renoncé à ses méthodes brutales au cours de son épiscopat. Le donatisme s’est développé dans les années 320-330 et les donatistes, majoritaires, se sentaient en droit d’administrer les richesses accumulées par les églises, dispensatrices de fonds. Le fragile équilibre voulu par Constantin fut remis en question par ses successeurs sous la pression des catholiques. (567) Gaumier M.A., Augustine’s feud with the Donatists and Pelagians : a problem of interpreting Paul ?, dans Annali di storia dell’esegesi, XXX, 2, 2013, p. 439-448, se propose de montrer comment Augustin, qui était arrivé à Hippone comme un prêtre timide et en ayant plutôt une lecture théologique de Paul, a réussi à rendre celle-ci assimilable à ses auditeurs. Bien qu’il ait été confronté à l’exégèse paulinienne de Cyprien et aux donatistes, il sut accorder les nécessités pastorales aux questions théologiques. (568) Buenacasa C. et Villegas R., Augustín, autor intelectual del texto del edicto de unión del 405, dans Lex et religio, p. 617-647. La division entre catholiques et donatistes, exacerbée sous le règne de Julien avec le retour des exilés et la dévolution des terres, conduit sous Honorius à une nouvelle guerre civile. Augustin considère la crise donatiste comme une hérésie et un sacrilège, et ses termes sont repris dans les lois antidonatistes de 405. (569) García Mac Gaw C., Ius et religio : The Conference of Carthage and the End of the Donatist Schism, dans Role (The -) of the Bishop in Late Antiquity, p. 47-62. Le processus engagé par les catholiques était destiné à obtenir un registre légal de l’authenticité des participants à la conférence pour ôter la possibilité aux donatistes de crier aux mauvaises pratiques, et avoir la garantie de publier les résultats, acquis d’avance, dans les lieux publics. Honorius accepta car il y vit un moyen pratique et rapide de sortir du conflit. L’origine et les positions donatistes ne furent pas examinées comme le montrent les Actes de la Conférence, III, 187 : il est clair que l’interprétation des textes bibliques par les donatistes était aussi légitime que celle des catholiques. Seule la coercition pouvait imposer la solution catholique. Un autre épisode de violence, un vrai traumatisme, fut la prise de Rome en 410. (570) Miranda Urbano C., Santo Agostinho e a queda de Roma, dans A queda de Roma e o alvorecer da Europa, édit. de Oliveira F., Brandão J.L., Gil Mantas V. et Sanz Serran R., Coimbra, 2013, p. 229-240. La chute de Rome en 410 laissa des traces dans les sermons de l’évêque d’Hippone. (571) De Oliveira F., A propósito do De excidio de Santo Agostinho, ibidem, p. 241-243. Augustin a employé toute sa culture classique pour expliquer le désastre de Rome en 410. (572) Führer T., Rom als Diskursort der Heterodoxie und Stadt der Apostel und Martyrer : Zur Semantik von Augustins Rombild-Konstruktionen, dans Fall (Der -) Roms, p. 53-75. Dans cette étude de la représentation de Rome par Augustin, l’auteur décline son propos en cinq étapes, dont les deux premières s’intéressent à la période italienne d’Augustin. Elle se poursuit avec la position de l’évêque après la catastrophe : Rome devient la ville des martyrs et des apôtres. (573) Wolff É., La prise de Rome de 410, une étape dans la christianisation de la ville, ibidem, p. 195-207. Ce drame raviva le conflit religieux et fut à l’origine de la Cité de Dieu d’Augustin et des Histoires d’Orose. Selon Sozomène, la Ville a renoué avec un des fondements culturels du christianisme, les persécutions. L’auteur conclut de son étude que l’événement, qui a semblé dans un premier temps, donner raison aux païens, renforça en réalité le christianisme grâce à l’effort apologétique des penseurs chrétiens. L’insuffisance du pouvoir impérial accrut l’influence des évêques de Rome et les souffrances de Rome la lavèrent de son passé idolâtre. Les derniers titres évoquent comment vit et pense le chrétien (ou du moins comment il devrait le faire), tel qu’il se dessine progressivement à cette époque. (574) Burns J.P., Marital fidelity as a remedium concupiscentiae : an Augustinian proposal, dans Augustinian Studies, XLIV, 1, 2013, p. 1-35. Pour Augustin, auteur notamment du De bono coniugali, le mariage, dans sa conception chrétienne, a trois principaux mérites : il implique la fidélité entre les époux, il permet l’engendrement des enfants et il crée un lien qui maintient l’union entre les époux jusqu’à la mort. Le mariage a aussi pour fonction de remédier à la concupiscence : pour Augustin, la fidélité entre les époux joue un rôle primordial dans la lutte contre ce vice, l’idéal à atteindre étant celui de l’abstinence sexuelle complète au sein du mariage. L’alimentation est aussi un enjeu. (575) Rodriguez Gervas M.J., El ayuno y el alimento en Agustín de Hipona : concideraciones históricas, dans Augustinianum, LIII, 1, 2013, p. 117- 138, rés. angl. Augustin souhaitait établir des différences dans la vie quotidienne entre les catholiques et les adeptes des autres religions. Dans la mesure où les chrétiens n’ont pas d’interdits alimentaires, jeûner signifie imiter le Christ et est inséparable de la prière. Il s’attache à réduire les abus de nourriture et de boisson : la modération doit guider le chrétien, ce qui est aussi un point de rencontre avec les donatistes. (576) Guédon S., Le chrétien à l’épreuve du voyage : le statut de peregrinus dans les communautés pastorales d’Afrique romaine, dans Veleia, XXX, 2013, p. 179-189, rés. angl. À partir des textes des auteurs chrétiens, en premier lieu Augustin, et de l’épigraphie chrétienne, l’a. observe l’évolution du statut de peregrinus à la fin de l’Antiquité : le terme, positif, peut renvoyer au voyageur chrétien se déplaçant dans les lieux saints, à celui qui suit un cheminement spirituel, ou encore au messager divin. En même temps, peregrinus continue à désigner celui qui est étranger à la communauté civique ; cependant, le peregrinus est aussi celui qui n’a pas reçu le baptême avant sa mort et qui est étranger à la communauté chrétienne, indépendamment de l’appartenance à la cité. Progressivement, la non appartenance à la communauté pastorale locale devient le critère distinctif pour définir le statut d’étranger.
B. L’Afrique vandale
6Ce chapitre est moins fourni qu’à l’habitude, faute de colloque ou de monographie dédiés aux Vandales.
Sources
7Parmi les sources littéraires, c’est souvent l’Anthologie latine qui a la place d’honneur, c’est le cas cette année aussi, et d’autant plus que deux ouvrages généraux portent sur la poésie tardive (nos 27 et 28). Nous signalons tout d’abord un florilège, (577) Anthologia Latina I. Blütenlese lateinischer Dichtung, trad. en allemand Schönberger O. et Schönberger E., Wurzburg, 2013, 223 p., qui utilise l’édition de l’Anthologia latina I : Carmina in codibus scripta, Fasc. 1 : libri Salmasiani aliorumque carmina, édit Shakleton Bailey D.R., Teubner, Stuttgart, 1982, XIII-382 p. L’un des poètes a bénéficié d’une édition commentée. (578) Dracontius, Orestis tragoedia, introd., texte critique et commentaire Grillone A., Bari, 2008, 219 p., 6 index. (579) Stoehr-Moniou A., Une ekphrasis tardive entre traditions poétique et iconographique : le char de Médée, symbole du mal (Dracontius, Romul., X, 556-569), dans Antiquités Africaines, XLIX, p. 161-176, 7 fig. Dracontius a composé le dernier poème latin sur Médée et clôt le récit sur une description du char attelé de serpents. Dracontius, qui serait selon A.S. le relais d’une version grecque du mythe, en amplifie les éléments négatifs ; les diverses approches conduisent à penser que le char est l’emblème du Mal incarné par la magicienne Médée. (580) Ead., Poétique de Dracontius dans le De mensibus : célébrer la nature dans une épigramme miniature du monde, dans Lierre (Le -) et la statue, p. 117-156. Ce poème de Dracontius célèbre la fécondité et la générosité de la nature, en adaptant la forme traditionnelle de l’épigramme calendaire. Luxorius est également bien présent. (581) Guipponi-Gineste M.-F., Entre nature et culture : le zoo épigrammatique chez Luxorius, ibidem, p. 61-82. L’a. a élaboré un corpus des motifs animaliers chez Luxorius dans l’Anthologie latine (une trentaine d’épigrammes sont concernées sur 90). Le thème, récurrent, de la domestication de l’animal sauvage est interprété comme un panégyrique du royaume vandale et de la paix retrouvée, à travers l’éloge de Fridamal, patron du poète et propriétaire vandale de haut rang, ou des constructions entreprises par les Vandales, notamment des édifices de spectacles (un amphithéâtre et un cirque, peut-être celui de Carthage). (582) Wolff É., Quelques poèmes de Luxorius sur les spectacles du cirque et de l’amphithéâtre (353-354, 293, 312-313, 334-335 Riese), dans Le voyage des légendes. Hommage à Pierre Chuvin, édit. Lauritzen D. et Tardieu M., Paris, 2013, p. 95-106. L’auteur analyse et traduit les poèmes mentionnés dans le titre, qui traitent des spectacles par paires, sauf le n° 293, qui est l’éloge d’un aurige égyptien. Les n° 354 et 355 s’écartent des autres paires car, s’il s’agit de la même personne, le thème est différent : le premier est l’éloge du chasseur Olympius, le second son épitaphe. Détail à noter, ce chasseur est vanté pour sa beauté alors qu’il est noir et « égyptien », c’est-à-dire sans doute éthiopien. Les autres poèmes décrivent des peintures sur le thème des spectacles, qui étaient appréciés dans la Carthage vandale. Doit-on mettre cela sur le compte de la culture « romaine » d’Hildéric, sous le règne duquel écrivait Luxorius, et des bonnes relations du roi avec l’empereur Justinien, se demande l’auteur. Quelques études portent sur le sentiment de la nature chez ces poètes tardifs, et un autre sur la réception de Virgile. (583) Id., La nature dans les épigrammes de l’Anthologie latine d’époque vandale, dans Lierre (Le -) et la statue, p. 51-60, s’intéresse aux évocations du monde végétal et animal dans le corpus de plus de 250 poèmes de l’époque vandale, principalement chez Luxorius et chez l’anonyme de la série 90-197. Il s’agit surtout de descriptions de plantes et d’animaux, mais aussi de l’évocation de la nature comme cadre pour les activités humaines ou encore des transformations opérées par les hommes sur la nature. (584) Vallat D., Entre érotisme, symbolisme et poétique des ruines : les ecphrasis de Vénus dans l’Anthologie Latine (AL 20, 34, 356 R), ibidem, p. 83-104, étudie trois poèmes de l’Anthologie Latine qui développent la thématique d’une plante poussant sur une statue de Vénus. Ces épigrammes ont probablement comme arrière-plan commun l’observation par leur auteur vandale d’anciens édifices romains de Carthage en ruine et envahis par les plantes. (585) Galli Milic L., Les thermes d’Alianae ou la nature apprivoisée ad maiorem Thrasamundi gloriam (AL 210-214 R = 201-205 Sh-B), ibidem, p. 105-115, analyse la place de la nature dans cinq poèmes de l’époque vandale de l’Anthologie Latine. Le poète Félix y fait l’éloge de thermes bâtis par Thrasamund près de Carthage : ils pourraient avoir été décorés d’un pavement de mosaïques accueillant ces vers qui louent l’évergétisme du roi vandale. (586) Mcgill S.C., The plagiarized Virgil in Donatus, Servius, and the Anthologia Latina, dans Harvard Studies in Classical Philology, 107, 2013, p. 365- 383, démontre que Virgile, qui aurait plagié certains auteurs selon une pratique courante dans l’Antiquité, a lui-même été victime de plagiat, comme cela apparaît notamment dans le commentaire des Bucoliques par Donatus et dans le Nocte pluit du Codex Salmasianus de l’Anthologie Latine (AL 250). Priscien est un autre lettré africain de l’époque vandale, mais exilé à Constantinople. (587) Priscien, Grammaire. Livres XIV, XV, XVI, Les invariables (préposition, adverbe et interjection, conjonction), édit. par le groupe Ars grammatica, Paris, 2013, 329 p., 5 index. Le groupe Ars grammatica poursuit son entreprise d’édition et de traduction commentée de l’Ars Prisciani, qui constitue l’un des textes grammaticaux latins les plus riches, mais aussi l’un des plus difficiles d’accès. L’introduction ne s’attarde guère sur Priscien et s’attache surtout à la présentation des trois livres édités et traduits, tous consacrés aux mots invariables. (588) Garcea A., Le traité de Figuris numerorum de Priscien, dans Polyphonia Romana, p. 769-779. Tel qu’il est transmis par le ms Paris BNF lat. 7530 (a. 779-796), l’ouvrage se compose de deux parties, la première, de figuris, la seconde, de ponderibus. L’importance de l’œuvre pour l’administration et le droit est due à l’attention portée par le grammairien aux sigles des chiffres et des monnaies. Pour établir ce traité, Priscien a utilisé des sources datant de la fin de la République et du début de l’Empire. Nous abordons à présent un groupe d’auteurs chrétiens plus engagés dans le monde politique africain, avec les deux Fulgence, l’évêque de Ruspe et le Mythographe, et entre les deux, Victor de Vita. Le premier Fulgence se situe à la charnière de l’Empire tardif et de l’époque vandale, et à ce titre son œuvre est précieuse. (589) Micaeli C., Augustinus non breviatus. Riflessioni su alcuni aspetti di originalità in Fulgenzio di Ruspe, dans Gregi Christi ministrantes, p. 187-206. Fulgence de Ruspe fut un fidèle d’Augustin, mais il possédait aussi une autonomie intellectuelle, qui fit de lui un théologien capable d’élaborer des développements neufs à propos de la doctrine de son maître, notamment sur la prédestination. (590) D’Auria I., Il ritratto dell’eretico in Vita Fulgentii 6, dans Auctores Nostri, XII, 2013, p. 61-80. Après une rapide présentation de la structure et du contenu de la Vita Fulgentii, l’a. analyse plus particulièrement le portrait du prêtre arien Felix qui figure au chapitre 6. Il montre que l’hagiographe s’attache à le décrire comme un barbare et un hérétique, conformément au stéréotype de l’« ennemi ». (591) Aiello V., Quando gli eretici perseguitavano i cattolici. Torture e supplizi nell’Africa vandala, dans Organizzare, sorvegliare, punire. Il controllo dei corpi e delle mente nel diritto della tarda antichità, in memoria de Marini Avonzo. Atti dell’Accademia Romanistica Costantiniana XIX (Perugia-Spello, 25-27 giugno 2009), édit. Giglio S., Rome, 2013, p. 567-591. Victor de Vita veut raconter la vie des catholiques depuis l’arrivée des Vandales et il décrit avec insistance les supplices infligés par ces derniers, véritable galerie des horreurs. Mais il faut refuser de considérer l’ouvrage comme une description réaliste : l’a. veut encourager la cour de Constantinople à intervenir en Afrique et la plupart des supplices décrits existaient dans le droit romain. (592) Fulgence, Mythologies, texte traduit, présenté et annoté par Wolff É. et Dain P., Villeneuve-d’Ascq, 2013, 203 p., 4 index. Cet ouvrage constitue la première traduction française des Mytologiae de Fulgence le mythographe. Ce recueil de 50 fables païennes expliquées par un auteur chrétien aurait été composé en Byzacène ou – plus probablement – en Proconsulaire durant le dernier quart du Ve siècle ou le premier quart du VIe siècle. Le texte latin adopté, qui figure à côté de la traduction, est celui de l’édition Helm. Une riche introduction et des notes abondantes complètent l’ouvrage. (593) Hays G., Fulgentius the Mythographer ?, dans Writing myth : mythography in the ancient world, édit. Smith R.S. et Trzaskoma S.M., Louvain, 2013, p. 309-333. L’a. s’intéresse au bien-fondé de l’épithète de mythographe. De fait, l’objectif de Fulgence n’était pas tant de raconter des mythes – ce qui est le propre du mythographe – que de fournir une interprétation allégorique de ces derniers. L’étude poursuit ensuite sur la réception de l’œuvre au Moyen Âge. La rubrique littéraire s’achève sur Hilarianus, un auteur rarement présent dans la B.A.A.A. (594) Conduché C., Guillaumin J.-B., Marquis É., Regnault-Larrieu J., Petitmengin P., Salamon A., Le De cursu temporum d’Hilarianus et sa réfutation (CPL 2280 et 2281). Une querelle chronologique à la fin de l’Antiquité, dans Recherches augustiniennes et patristiques, XXXVII, 2013, p. 131-267. Ce dossier réunit l’édition critique, la traduction et le commentaire du De cursu temporum, traité de chronographie composé en 397 par Hilarianus, qui pourrait être un clerc originaire d’Afrique proconsulaire. L’ensemble est précédé d’une riche introduction, et il est en outre suivi de l’édition d’un autre texte (p. 244-255), l’Expositio temporum a mundi inchoatione, texte anonyme composé aux alentours de 469, qui constitue une réfutation du De cursu temporum. Des pièces annexes (bibliographie, index et planches) achèvent ce travail remarquable.
8Les autres sources sont inexistantes puisque nous ne comptons cette année qu’un seul titre, pour l’épigraphie : il faut donc se reporter aux Généralités pour compléter la documentation. (595) Corcoran S., Tablettes Albertini, dans The Encyclopedia of Ancient History, XI, édit. Bagnall R.S. et alii, Malden (MA)-Oxford, 2013, p. 6499-6500, résume en une colonne et demie le contenu de ces tablettes. Le latin est généralement correct, mais les contractants sont souvent illettrés tandis que les témoins sont éduqués. Il n’y a aucune trace d’un peuplement vandale dans la région, même si la datation est donnée par les années de règne des rois vandales.
Bibliographie
9Là aussi la diète est sévère, deux titres sur le pouvoir vandale, dont un ouvrage important qui utilise prioritairement les sources archéologiques. (596) Bockmann R., Capital continuous. A study of Vandal Carthage and Central North Africa from an archaeological Perspective, Wiesbaden (Spätantike - frühes Christentum - Byzanz. Reihe B, 37), 2013, 284 p., 18 p. de pl. L’a. étudie l’administration de l’Afrique vandale, devenue un État autonome, dans une perspective archéologique, pour mettre en évidence la continuité du pouvoir dans la région et son impact sur la société locale et les différents groupes qui la composent. Le ch 2, p. 23-129, porte sur Carthage et son rôle dans l’idéologie royale vandale, avec la question des résidences royales, et la présence archéologique du christianisme dans la cité. Les chapitres 4 et 5, p. 150-247, s’intéressent au nord de la Proconsulaire, avec les sites de Thuburbo Maius, où est attestée une élite romano-africaine et vandale, puis Hippo Regius, « capitale » vandale de 431 à 439, Ammaedara, Théueste et Sufetula. D’après l’a., l’Afrique vandale n’aurait pas été contrôlée comme un État territorial aux frontières définies, mais plutôt comme un ensemble de zones d’influence dont les cités constituaient un relais majeur. [On notera une divergence avec ce point de vue dans Y. Modéran, Les Vandales et l’Empire romain, Paris, 2014]. (597) Steinacher R., Who is the Barbarian ? Considerations on the Vandal Royal Title, dans Post-Roman Transitions. Christian and Barbarian Identities in the Early Medieval West, édit. Pohl W. et Heydemann G., Turnhout (Cultural Encounters in Late Antiquity and the Middle Ages, 13), 2013, p. 437- 485. Le point de départ de l’analyse est le titre de Rex Vandalorum et Alanorum attesté par Victor de Vita et sur une coupe en argent. L’auteur se demande quelles étaient les raisons de mentionner les deux ethniques. Après des comparaisons avec d’autres royaumes, il considère que ces réaffirmations du caractère ethnique du pouvoir sont destinées à l’aristocratie vandale : les rois souhaitaient ainsi atténuer le lien qui s’etait renforcé avec l’Empire pour ne pas se couper de leurs soutiens dans l’aristocratie. Il semble donc qu’il existait deux langages du pouvoir à la cour vandale.
C – De l’Afrique byzantine à l’Afrique musulmane
10Ce dernier chapitre, toujours très mince, témoigne cependant de l’intérêt croissant pour cette époque de transition ; on voit aussi apparaître des études qui utilisent des œuvres rares, et même les sources arabes, un patrimoine encore peu exploité et riche de potentialités.
Sources
11Corippe est traditionnellement présent. (598) Polara G., Un nuovo contributo a Corippo, dans Koinonia, XXXVII, 2013, p. 375-382. Cet article constitue un compte rendu détaillé de l’édition critique, traduction et commentaire du livre VIII de la Johannide de Corippe due à Riedlberger P., Philologischer, historischer und liturgischer Kommentar zum 8. Buch der Johannis des Goripp nebst kritischer Edition und Übersetzung, Groningen, 2010 (B.A.A.A., XLIV (2010), 2016, n° 915). On a eu aussi recours à la littérature arabe. (599) Montali G., Da Sabratha a Tripoli Vecchio : l’identificazione dell’emporium tripolitano, la riscoperta dell’anfiteatro e le ragioni di un toponimo, dans Mare internum, V, 2013, p. 57-76, 13 fig. Le toponyme « Tripoli vecchio » dans la tradition médiévale occidentale désigne Sabratha. Un auteur arabe nous informe que la ville d’Oea, actuelle Tripoli, a été prise lors d’une expédition arabe en 642-643. Elle est nommée Benara et est devenue la cité principale de la région. De son côté, Sabratha a gardé jusqu’au VIIe s. un rôle de grand marché régional. L’épigraphie a donné un titre. (600) Dana D., Onomastique et recrutement de l’armée byzantine d’Afrique : l’épitaphe du soldat Buraido révisée (ILAlg., I, 81), dans Antiquités Africaines, XLIX, p. 151-160, 3 fig. Buraido/Buraides est à éliminer de la série des noms maures, nord-africains ou libyques (D. Pringle, K. Jongeling, G. Camps). Son attribution à un Thrace est indubitable et il n’est plus un unicum ; il a appartenu à un numerus basé à Hippo Regius, créé postérieurement à la conquête de Bélisaire. D’autres noms thraces, Zimarcus et Ziper, sont attestés. L’archéologie à présent. (601) Shebani R. et Smaida A., Discovery of a Byzantine cemetery at the Islamic arts and crafts school of Tripoli-Libya, dans Libya antiqua, VII, 2013-2014, p. 157-171. En 2010-2011, une nécropole a été découverte dans la cour de l’École d’art et d’artisanat islamiques de Tripoli, à la suite de travaux de restauration. Elle a livré une typologie variée de tombes (sarcophages, coffrages, amphores, tombes maçonnées...). Le matériel (vaisselle, lampes, monnaies, verre) a permis de dater les tombes des IVe-Ve s. (à noter une épitaphe sur une dalle avec une croix constantinienne). (602) Fenwick C., From Africa to Ifriqiya : Settlement and Society in Early Medieval North Africa (650-800), dans Al-Masaq, XXV, 1, 2013, p. 9-33. Les villes byzantines ont perduré aux débuts de l’époque arabe ; les preuves sont moins nettes pour les campagnes, mais des traces de permanence sont visibles. L’auteur étudie en particulier les exemples de Tocra, Sbeitla et Volubilis. (603) Járrega Domínguez R., Las ultimas importaciones romanas de cerámica en el este de Hispania Tarraconense : una aproximación, dans SPAL, Revista de Prehistoria y arqueologia, XXII, 2013, p. 143-172, 6 fig. Les amphores africaines occupent une place majeure dans ces flux d’importations aux VIe et VIIe s.
Bibliographie
12Si la conquête arabe est la grande affaire de l’époque, en tout cas pour la bibliographie, l’intérêt pour la situation complexe à l’époque byzantine n’est pas moindre cette année, et un ouvrage dédié à la mémoire d’Yves Modéran a fourni plusieurs articles, dont certains ont déjà été mentionnés supra. (604) Del Nilo al Guadalquivir. II Estudios sobre las fuentes de la conquista islámica. Homenaje al profesor Yves Modéran, édit. García Moreno L.A., Sánchez Medina E. et Fernández Fonfría L., Madrid, 2013, 432 p., ill. Dans ce volume qui prend comme thème l’évolution politique au cours des VIIe et VIIIe siècles, les articles sont classés selon trois espaces géographiques : l’Espagne, le nord de l’Afrique et l’Égypte. Cinq concernent directement ou indirectement nos études (García Moreno L.A., Gil Egea M.E., pour deux articles, Tommasi Moreschini C.O., Sánchez Medina E.). (605) Vallejo Girvés M., ¿El éxito de un desterrado arriano ? : la evangelización del obispo Sunna en Mauritania, dans Marginados sociales y religiosos en la Hispania tardorromana y visigoda, édit. González Salinero R., Madrid-Salamanque (Signifer Libros), 2013, p. 171- 191, propose une remarquable synthèse, autant sur les sources antiques, très hétérogènes sur le sujet étudié, que sur la bibliographie contemporaine, à propos de la vie de l’évêque arien Sunna qui s’est consacré à évangéliser la Maurétanie dans la foi arienne. L’auteur insiste sur l’extrême carence des sources du VIe s., déjà soulignée par G. Camps (1984) qui jugeait que l’historien de cette période ne pouvait que se limiter à des hypothèses. On espère que ce travail sera allé plus loin ! (606) Gil Egea M.E., África del Norte en vísperas de la conquista árabe. Les fuentes del siglo VI, dans Del Nilo al Guadalquivir, p. 191-210. Quand Justinien a recouvré l’Afrique, la propagande impériale a tenté de dissimuler la situation réelle. L’autorité impériale a rencontré de grandes difficultés en raison des conflits religieux, des guerres sur le territoire et de l’arrogance d’un pouvoir qui ne respectait pas ses promesses. Ces conflits sont connus grâce à des chroniques, celles de l’Espagnol Jean de Biclar, de Théophylacte Simocatta et de Théophane, tandis que le pape Grégoire le Grand fournit des informations très intéressantes pour les débuts de l’exarchat d’Afrique. (607) Id., Conflicto religioso y disidencia política en el África del siglo VII, ibidem, p. 239-265. En 655, la tour impériale de Constantinople ouvre un procès contre Maxime le Confesseur, qui est accusé de trahison et d’avoir, par haine de l’empereur, favorisé l’arrivée des Sarrasins en Égypte une vingtaine d’années auparavant. La vie de Maxime, qui a vécu en Afrique et a connu l’exarque Grégoire, est une des sources les plus fréquemment scrutées pour étudier les dernières années du règne d’Héraclius et les premières années de celui de son petit-fils Constant II. Elle apparaît particulièrement importante pour l’Afrique en raison de la pénurie des sources contemporaines. L’étude suivante renoue avec une problématique bien connue des époques antérieures. (608) Sánchez Medina E., La reinvención de la Barbarie Africana durante la Antiguedad Tardía : Africanos y Romanos en conflicto con el poder Bizantino, Grenade, 2013, 304 p., étudie le nord de l’Afrique à l’époque byzantine (première moitié du VIe s.), mais se désintéresse des deux Maurétanies, parce que, à son avis, ces régions ne se trouvaient plus sous le contrôle de Byzance (p. 53-54). Nous soulignons son examen du mot maurus, indiquant qu’il n’y a pas d’évolution depuis le Haut-Empire (p. 75-78) et son étude, abondante et détaillée, du terme barbarus, qui connaît une évolution : de personne sise à la frontière, le mot désigne ensuite quelqu’un qui n’accepte pas le credo imposé par le pouvoir byzantin (chap. 4, p. 105-151). (609) Ead., La poblacíon bereber de la Tripolitania durante la antigüedad tardía, dans Del Nilo al Guadalquivir, p. 267-295, 3 fig. Les sources littéraires ne sont guère prolixes sur la Tripolitaine entre la conquête justinienne et le début du VIIe s., au contraire de la Byzacène et de la Numidie. Il en est de même pour les sources archéologiques, qui ont négligé la documentation secondaire et l’intérieur de la Libye. L’a. tente donc de faire un bilan des connaissances sur les tribus de la région en prenant Corippe comme point départ (e. g. les Laguatan, les Austures, les Garamantes). Un paragraphe examine la révolte de l’exarque Héraclius en 608-610, et la participation de la population à cette révolte, dont la source principale est la chronique de Jean, évêque de Nikiu. Et nous en venons à la conquête arabe. (610) García Moreno L.A., Bizantinos, ceuties y la invasión islámica del 711, ibidem, p. 27-68. Ce gros article s’intéresse à la situation dans l’ouest de l’Afrique du Nord à la fin du VIIe s. et au début du VIIIe s., et plus spécialement aux relations entre les pouvoirs locaux et l’Empire byzantin ou le royaume wisigoth d’Espagne. La recherche s’appuie sur la chronique du Maure Rasis qui offre des informations sur ces relations et le rôle joué par Urbanus, ou comte Julien, et sur l’histoire légendaire de la conquête de l’Espagne par le califat omeyade.
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