III – L’Afrique et le monde punique, du IIIe s. à la fin de la république
p. 58-67
Texte intégral
1Nous abordons l’un des chapitres traditionnellement les plus réduits de la B.A.A.A., mais il doit être complété par les titres référencés dans les Généralités et au chapitre précédent.
A. Guerres puniques
Sources
2Si Polybe et Ennius occupent largement le champ des sources littéraires, ils n’ont fait l’objet cette année d’aucune édition ni traduction, mais notons qu’il y a place aussi pour Sosylos, un auteur uniquement connu par des fragments et rarement utilisé. Nous avons suivi l’ordre chronologique des trois guerres. (316) Gibson B.J., Polybius and Xenophon : the mercenary war, dans Polybius and his world. Essays in Memory of F.W. Walbank, édit. Gibson B.J., Harrison Th., Oxford-New York, 2013, p. 159-179, analyse le récit de la guerre des mercenaires par Polybe en le comparant au traitement du thème du mercenaire par Xénophon dans l’Anabase. Une étude générale porte sur l’œuvre de Silius Italicus, consacrée à la deuxième guerre punique. (317) Calahorro López I., La guerra y la paz en Silio Itálico, dans En Grecia y Roma. IV, p. 155-172, analyse comment Silius Italicus évoque dans son œuvre, les Punica, l’opposition entre le temps de guerre et le temps de paix. (318) Ruiz López I.D., Protagonismo de la Península Ibérica en la Segunda Guerra Púnica según las “Historias” de Polibio, ibidem, p. 385-402, analyse assez superficiellement les faits que décrit Polybe, particulièrement dans les livres II et III. (319) Steiner D., Elephants crossing : Livy 21.28.5-29 and its intertexts, dans Materiali e discussioni per l’analisi dei testi classici, LXXI, 2013, p. 75-101. Cette étude sur la méthodologie suivie par Tite-Live, comparée à celle de Polybe, s’attache au passage du Rhône par les éléphants, anticipation des difficultés qui surgirent ultérieurement lors de la traversée des Alpes. En particulier, le traitement de la panique chez ces animaux par les deux auteurs se révèle différent. Ces différences et ces ajouts de Tite-Live par rapport au texte de Polybe s’expliquent en partie par les destinataires de l’œuvre. En appendice, les deux textes de Tite-Live et de Polybe. (320) Schepens G., Il frammento de Sosilo sulla battaglia dell’Ebro (217 a.C.), dans Parole in movimento : linguaggio politico e lessico storiografico nel mondo ellenistico. Atti del Convegno internazionale, Roma, 21-23 febbraio 2011, édit. Mari M. et Thornton J., Pise, 2013, p. 386-409. L’a. revient, à propos d’un fragment de Sosylos, sur les circonstances de la bataille qui se déroula au début de la deuxième guerre punique sur l’Èbre. Il montre que, pour l’historien grec, l’intervention des Massaliotes fut déterminante dans la défaite carthaginoise, alors que Polybe a amplifié, au contraire, le rôle des Romains. Pour Sosylos, qui a suivi Hannibal dans la lutte de celui-ci contre Rome et qui le considérait comme de culture grecque, les Massaliotes représentaient la tradition grecque, qui était alors menacée par le pouvoir grandissant de Rome. (321) Manchón Gómez R., La arenga de Aníbal en la batalla de Tesino (Liu. XXI 43-44) como ejemplo del munus oratoris de Tito Livio, dans Florentia Iliberritana, XXIV, 2013, p. 87-109, analyse la structure, le contenu et les topiques propres à l’art oratoire du discours d’Hannibal à ses troupes avant la bataille du Tessin à l’automne 218 av. J.-C. (322) Littlewood R.J., Patterns of Darkness : Chthonic illusion, Gigantomachy, and Sacrificial Ritual in the Punica, dans Ritual and religion in Flavian Epic, p. 199-215. Selon l’a., Hercule symbolise le courage, la force, l’endurance et le caractère imprévisible de l’homme et il est un modèle héroïque pour Q. Fabius Maximus contre Hannibal. Dans le mythe herculéen, le héros se bat contre Cacus, le fils du dieu du feu, qui aimait l’obscurité, et celui-ci est associé à Hannibal : la perfidie carthaginoise le lie à des activités nocturnes et au culte de puissances chtoniennes. Silius Italicus magnifie le combat et loue les défenseurs de Rome, tandis qu’il diabolise Hannibal dans une antithèse manichéenne. (323) Degl’Innocenti Pierini R., Ennio, Scipione e la patria : interpretazione e fortuna (Virgilio, Orazio, Claudiano) di Ennio Var. 6-8 V.2 (= VI op. inc. Sk.), dans Sileno, XXXIX, 1-2, 2013, p. 115-132, rés. lat. Le point de départ est la traduction par Cicéron de trois courts fragments d’Ennius où sont mentionnés Scipion et la défense de la patrie. Ces fragments auraient été tirés d’un discours prononcé par Scipion, où ce dernier aurait associé la patrie à la guerre contre Hannibal alors qu’il était accusé à Rome de corruption. Les auteurs ultérieurs, cités dans le titre de l’article, ont imité Ennius. (324) Caliri E., Il pianto di Scipione Emiliano, dans Hormos, n. s., V, 2013, p. 26-43, rés. angl. Le dialogue entre Scipion Émilien et Polybe devant Carthage en flammes (Polybe, 38, 21, 1-3) est relaté aussi par Diodore (32, 24) et Appien (Libyca, 132), qui font mention des larmes de Scipion. Dans l’histoire pragmatique de Polybe, celles-ci contribuent à l’édification morale des lecteurs à travers la connaissance du vécu humain et de l’expérience. Et l’on terminera par l’archéologie militaire. (325) Aït-Amara O., L’aménagement militaire du port de Carthage, dans Ikosim, II, 2013, p. 77-84, ill. Pendant longtemps on a cru que la marine punique avait tout emprunté aux Grecs ou aux Phéniciens. Les découvertes faites dans les « galères » de Marsala et les fouilles effectuées au port de Carthage (qui n’existe pas avant le IIIe s.) montrent au contraire que les architectes puniques avaient su innover. (326) Gerdingh., Carthage, dans Shipsheds of the ancient Mediterranean, édit. Blackman D.J., Rankov B. et alii, Cambridge-New York, 2013, p. 307-318, 6 fig., consacre un chapitre aux deux secteurs du port de la ville - l’îlot de l’Amirauté et le périmètre du port circulaire - qui comportaient en tout 170 hangars, et rappelle que deux auteurs anciens, Strabon, XVII, 3, 14 et Appien, Pun., 96 les ont évoqués. (327) Blánquez Pérez J., Arquitectura y poder : las fortalezas bárquidas en Hispania, dans Fragor Hannibalis, p. 209- 253, fait un exposé détaillé et complet sur les fortifications puniques de l’époque barcide en Espagne (murailles, tours, portes). Un point de vue plus rare achève cette rubrique. (328) Bellón J.P., Molinos M., Gómez F., Ruiz A. et Rueda C., La batalla de Baecula : tras los pasos de Escipión el Africano, ibidem, p. 313-333, décrivent la méthode suivie dans le projet “Baecula” pour l’étude archéologique de cette bataille qui a opposé Hasdrubal et Scipion l’Africain en 208.
Bibliographie
3Cette rubrique est représentée par trois thèmes, la diplomatie, la deuxième guerre punique, Hannibal. (329) Canali de Rossi F., Le relazioni diplomatiche di Roma. 3, Dalla resistenza di Fabio fino alla vittoria di Scipione (215-201 a.C.), Rome, 2013, X-214 p., 5 index, poursuit une enquête qui a commencé avec l’époque archaïque. Le principe est le même que dans les ouvrages précédents. Pour les six chapitres présents ici, l’auteur indique les sources disponibles sur le thème indiqué dans le titre après un commentaire qui intègre les numéros de référence de ces sources, numérotées de 521 à 777 dans le volume. Pour cette période, s’y trouvent naturellement Tite-Live, Polybe, Appien et quelques autres historiens plus tardifs. (330) Tréguier E., Pourquoi Hannibal n’a pas pris Rome, Paris, 2013, 111 p. Cet essai, rédigé par un journaliste, relate en réalité les différentes étapes de la deuxième guerre punique. Si Polybe et Tite-Live sont mis à contribution, la bibliographie contemporaine n’est guère mentionnée, et l’on prendra garde à de nombreuses maladresses. (331) Hoyos D., The Second Punic War, dans The Oxford Handbook of Warfare in Classical World, édit. Campbell B. et Trittle L.A., Oxford-New York, 2013, p. 688-707, 3 fig. L’a. revient sur le conflit en rappelant les contingents à disposition pour chacun des adversaires, leurs objectifs et leurs stratégies. Il met en regard deux figures principales du conflit, les généraux Hannibal et Scipion l’Africain, avant d’analyser les erreurs commises par les deux partis (le refus de négocier, l’envoi des renforts, le choix des chefs de guerre) et les répercussions de cette guerre sur le plan démographique et économique en Italie, de façon générale sur le plan territorial pour Rome, et pour Carthage, sur sa population. (332) Guittard C., Les crises religieuses et les changements d’année dans l’Histoire romaine de Tite-Live : l’exemple des années 218- 217, dans Temps (Le -) dans l’Antiquité, p. 111-130. L’a. s’intéresse aux problèmes de chronologie dans l’oeuvre de Tite-Live à travers l’exemple des deux premières années de la deuxième guerre punique, marquées à Rome par des crises religieuses. Ces problèmes de chronologie sont liés à la difficile harmonisation entre le calendrier politique et le calendrier religieux : notamment les listes de prodiges annuels n’étaient pas exemptes de doublets et d’erreurs. (333) Bendala Galán M., Aníbal y los Barca : el proyecto político cartaginés de Hispania, dans Fragor Hannibalis, p. 49-81, est une synthèse des motifs connus qui ont suscité l’expansion carthaginoise dans la péninsule Ibérique après la première guerre punique et des intentions des Barcides d’y créer une « monarchie » de type hellénistique en utilisant comme base les principautés ibériques. (334) Quesada Sanz F., Aníbal, strategos carismático, y los ejércitos de Cartago, ibidem, p. 255-281. Le charisme du général, dont peu de militaires étaient pourvus, est fondamental pour comprendre la dévotion que ses soldats avaient à son égard. (335) Ruiz Zapatero G. et Álvarez Sanchís J., Vacceos, vettones y carpetanos ante el ataque de Aníbal, ibidem, p. 335-355, est une description succincte des peuples conquis par Hannibal avant qu’il se dirige vers l’Italie. (336) Domínguez Monedero A., La estrategia militar de Aníbal antes de la marcha a Italia : el ataque a los pueblos de la Meseta castellana, ibidem, p. 285-311, décrit les motifs, déjà connus, de la conquête par Hannibal des peuples indigènes du centre de la péninsule Ibérique : l’imitatio Alexandri et le souci d’assurer ses ressources pour la conquête de l’Italie. (337) Ribichini S., Annibale e i suoi dèi, tradotti in Magna Grecia : un approccio comparativo, dans La Calabria nel Mediterraneo. Flussi di persone, idee e risorse. Atti del convegno di studi (Rende, 3-5 giugno 2013), édit. De Sensi Sestito G., Soveria Mannelli, 2013, p. 13-41, procède à une comparaison inédite entre la confrontation des conquistadores avec les dieux des Indiens, et la circulation de divinités et de rituels multiples dans le sud de l’Italie à l’occasion de la IIe guerre punique, pour souligner la différence profonde des situations : c’est parce que les systèmes religieux antiques étaient similaires que les « traductions » étaient aisées et qu’il est désormais très difficile de retrouver les réalités puniques dans les évocations qu’en font les historiens anciens.
B. Monde punique
4Cette section est très réduite, et presque dépourvue de Bibliographie, mais il convient de se reporter aux Généralités et à la section précédente qui offrent des titres intéressants, en particulier sur la ville de Carthage et sur Maktar.
5Pour les sources littéraires, nous mentionnons un article qui évoque largement Polybe. (338) Erkshine A., The view from the East, dans Hellenistic (The -) West, p. 14-34, résume en deux pages l’opinion de cet historien sur les Puniques. Abondante bibliographie, surtout en anglais, p. 391-459. Les monnaies sont bien présentes, ce qui est exceptionnel, grâce notamment à une entreprise espagnole. (339) Fragor Hannibalis. Anibal en Hispania. Museo arqueologico regional. Alcala de Henares, del 9 de Julio de 2013 al 12 de Enero de 2014, édit. Bendala Galán M., Madrid, 2013, 573 p., ill., est un catalogue non numéroté de 113 objets (monnaies, sculptures, armes) d’une exposition dédiée à la présense carthaginoise dans la péninsule Ibérique, et particulièrement aux Barcides. Quinze études complètent le catalogue. (340) Bendala Galán M., Fragor Hannibalis : discurso expositivo, ibidem, p. 17-45, éditeur de l’ouvrage et commissaire de l’exposition, expose les critères scientifiques et historiques qui ont présidé à l’organisation de celle-ci. (341) García Bellido M.P., El nacimiento del retrato monetario en Occidente : la familia Bárquida, ibidem, p. 175-207, ill., considère que l’apparition des portraits des Barcides dans les émissions monétaires ont une valeur apotropaïque comme celle qui leur était attribuée dans les monarchies hellénistiques. (342) Yarrow L.M., Heracles, coinage, and the West : three Hellenistic case-studies, dans Hellenistic (The -) West, p. 348-366, 7 fig., s’attache au monnayage siculo-punique représentant Hercule recouvert de la tête de lion à l’avers, associé à un cheval avec un palmier au revers, entre 305 et 295 av. J.-C. : l’émission est datée après le retour d’Agathocle, et doit être mise en parallèle avec les émissions carthaginoises représentant Tanit et un cheval. On constate, d’une façon générale semble-t-il, une imitation du monnayage des Diadoques. Le dernier paragraphe étudie la représentation du héros sur les monnaies émises par les mercenaires révoltés. Les séries sont complexes, avec des thèmes variés et des dénominations diverses ; l’utilisation du grec et d’un style dérivé de celui des monnaies d’Alexandre peut être significatif de la composition ethnique hétérogène des révoltés. L’archéologie a donné un unique titre qui nous entraîne hors d’Afrique. (343) Wallace-Hadrill A., Hellenistic Pompeii : between Oscan, Greek, Roman, and Punic, ibidem, p. 35-43. Aux IIIe-IIe s. av. J.-C., Pompéi n’était pas une cité « italique », car elle se trouvait au contact ou en relation avec les Grecs et les Samnites, ses voisins, avec la Sicile et par elle avec les Puniques. Les constructions domestiques en travertin ont largement utilisé la technique, propre à la Campanie, dite opus africanum, à cette époque. Ce fait est peut-être à mettre en relation avec les prisonniers de guerre.
Bibliographie
6Commençons par deux articles de synthèses sur la capitale punique. (344) González Wagner C., Cartago. La ciudad de Aníbal, dans Fragor Hannibalis, p. 85-105, est un bilan historique et archéologique. (345) Ameling W., Carthage, dans The Oxford Handbook of the State in the Ancient Near East and Mediterranean, édit. Bang P.F. et Scheidel W., Oxford, 2013, p. 361-382, 1 fig. Comme l’indique le titre de l’ouvrage, l’article est centré sur l’État carthaginois, que l’on connaît mal puisque les sources se concentrent sur les conflits. Il ne semble pas que la structure de l’État ait été influencée par les guerres. Il faut penser que la constitution a évolué et qu’ont émergé de nouvelles institutions, tandis que d’autres étaient mises en sommeil ou disparaissaient. Ainsi les sufètes apparaissent vers 400 av. J.-C. dans les sources, mais ils existaient déjà. Carthage est restée une cité-État, même lorsqu’elle s’est constituée un empire, et les Carthaginois n’ont pas adapté leur régime aristocratique à cet empire qui manquait de continuité et d’unité linguistique. Les trois autres titres de la section nous emmènent parfois assez loin de l’Afrique. (346) Tahar M., De la prosternation des Carthaginois, dans Ritual, religion and reason, p. 543-551, mentionne et commente les occurrences textuelles de prosternation dans un cadre politique rapportées par les sources. Symbole d’humiliation et de douleur, expression de la reconnaissance d’une défaite, coutume orientale, elle suscitait le mépris, sélectif, des Grecs et des Romains. Les mentions servent à discréditer les Carthaginois, à diffuser l’image d’un peuple efféminé, lâche et servile. Une assertion de Polyen (Stratagèmes, 5, 11) met aux prises des Carthaginois entre eux et offre la seule occurrence positive. (347) Fentress E., Strangers in the city : élite communication in the Hellenistic central Mediterranean, dans Hellenistic (The -) West, p. 157-178, pl. XII-XIV. Alors que les sources littéraires invitent à voir les contacts entre étrangers et populations locales plutôt dans le cadre de conflits, il faut penser que s’effectuait régulièrement une circulation des hommes et des idées. C’est ce que tend à prouver l’attitude des élites, notamment les mariages, la présence de commerçants bilingues ou trilingues - comme l’étaient aussi les membres de la famille royale numide et leurs proches -, de soldats dans des pays qui n’étaient pas le leur. Cela se traduit par des échanges de formes stylistiques, de techniques agricoles, d’idées, qui furent perçus ultérieurement comme une koinè romaine. (348) Van Dommelen P. et López-Bertran M., Hellenism as subaltern practice : rural cults in the Punic world, ibidem, p. 273-299, 4 fig., étudient ce qu’ils définissent comme l’influence culturelle grecque en se focalisant sur le culte de Déméter dans les contextes ruraux du monde punique pris au sens large géographiquement, mais en excluant l’Afrique du Nord.
C. Les royaumes africains
7Cette dernière section est assez honnêtement représentée, avec un large éventail de sources, et d’abord la numismatique. (349) Visona P., Out of Africa. The movement of coins of Massinissa and his successors across the Mediterranean. 1, dans Rivista italiana di numismatica e scienze affini, 114, 2013, p. 119-149, 6 fig., rés. ital., angl. et fr. La recension des monnaies attribuées à Massinissa et à ses successeurs témoigne d’une circulation très large en Méditerranée centrale et occidentale, au moins jusqu’à la moitié du IIIe s. apr. J.-C. Ce premier travail présente la liste des sites de découverte, tandis qu’une étude à venir s’attachera à comprendre les fonctions du monnayage numide en Afrique et à l’extérieur. Bibliographie imposante p. 137-149. (350) Alexandropoulos J., L’apport de la numismatique à la connaissance des dynasties numido-maurétaniennes : le cas de Syphax et Verminad, dans Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, XXXVII, 2013, p. 157-158, ill., est le résumé d’une communication prononcée lors d’une séance tenue par la section « Histoire et archéologie » du Comité des travaux historiques et scientifiques, le 1er février 2010. On distingue deux séries de monnaies de Syphax et une de Verminad, proche de la série 2 de son père. Elles confortent les sources littéraires qui font régner Verminad quelques années après Syphax. (351) Amela Valverde L., Curioso bronce real del Norte de África, dans Varia nummorum, II, 2013, p. 169-170, ill. Cette nouvelle monnaie porte au droit une tête barbue à gauche avec la légende mmlkt ; au revers, on voit une grappe de raisin et des épis de blé et la légende mstns. Elle a été frappée par un monarque africain mystérieux, du Ier siècle av. J.-C., numide ou maure. L’épigraphie à présent. (352) Ferjaoui A., L’assemblée des citoyens dans les cités africaines aux époques punique et numide à travers les inscriptions néopuniques, dans Maktar, 2013, p. 249-254. Les inscriptions d’époque romaine permettent de penser que le peuple tenait des assemblées à l’époque punique. A.F. recherche le vocabulaire employé à cette époque et il commente surtout le mot b‘lm ; il désignait des assemblées chargées des affaires religieuses et civiles. Le vocable b‘l suivi d’un toponyme se traduit par l’expression « citoyens de telle ou telle ville ». (353) Hamdoune C., Les distiques élégiaques de Césarée et la familia des rois de Maurétanie, dans Antiquités Africaines, XLIX, 2013, p. 5-17, 10 fig. Parmi les stèles funéraires retrouvées à Caesarea figurent plusieurs textes remarquables par leur forme poétique. En quelques distiques élégiaques, ils présentent un sentiment de sérénité devant la mort, qui paraît inspiré par le modèle grec. Trois d’entre eux ont été composés pour des affranchis des rois de Maurétanie. La comparaison avec les épitaphes en prose des membres de la familia connus à ce jour permet de mieux éclairer la composition de celle-ci. (354) Tran N., Le cuisinier G. Iulius Niceros et la domesticité royale de Maurétanie, dans Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, 187, 2013, p. 310-316, 1 photo. Ce cuisinier vient enrichir notre connaissance de la domesticité de Juba II et est l’occasion pour l’auteur de revenir sur ce milieu. Les noms grecs sont fréquents, mais certains noms sont d’origine locale, comme Auniga, qui serait masculin et non féminin. Par ailleurs, un affranchi anonyme de Juba II exerçait sans doute la profession de ciseleur. L’archéologie, guère plus riche, est présentée d’est en ouest. (355) Krandel Ben Younès A., Les Numides, quelle identité ?, dans Africa, XXIII, 2013, p. 45-60, 43 fig., a étudié deux nécropoles, une à Vaga, utilisée du IIIe s. au IIe s. av. J.-C, l’autre à Thigibba Bure, en usage du milieu du IIIe s. av. J.-C. au Ier apr. J.-C., pour déterminer s’il est légitime de parler d’une identité libyque ou punique. Ces tombes sont différentes des haouanet, car elles sont creusées en profondeur, évoquant la tradition punique. S’y ajoute la position en decubitus dorsal allongé. Les dépôts de matériel funéraire à Thigibba Bure renferment des formes modelées portant un enduit rouge caractéristique des productions libyques, des monnaies de bronze, des bijoux. Parmi les céramiques, on note la présence de la poterie modelée, des formes inédites peut-être issues d’ateliers locaux, quand d’autres témoignent d’une influence punique. (356) Sáez Romero A.M., Bernal Casasola D., Raissouni B. et Lara Medina M., El sondeo 7 y la cronología de la casa mauritana : estratigrafía en la “casa de la Pilastra” del Barrio Septentrional, dans Tamuda, p. 139-233, ill., présentent les résultats du sondage stratigraphique réalisé en 2010 dans le quartier septentrional au nord du castellum. Les acquis sont les suivants : l’hypothèse de Tarradell selon laquelle la cité avait un plan hippodamien est confirmée, ceci dès le IIe s. av. J.-C. ; une poutre et un contrepoids de pressoir, d’une chronologie non précisée, ont été découverts ; est confirmée aussi l’hypothèse de Tarradell d’un premier abandon de la cité à la fin du IIe ou au début du Ier s. av. J.-C. (357) Bridoux V., Kbiri Alaoui M., Brahmi N. et alii, Kouass (Asilah, Maroc). Campagne 2012, Chronique des activités archéologiques de l’École française de Rome, Maghreb, dans Mélanges de l’École française de Rome. Antiquité, 125, 2013, non paginé (en ligne), 18 fig. Cette campagne a permis de préciser la trame urbaine précoce de la ville avec l’existence de structures monumentales et d’îlots comportant des activités artisanales. Des scories de fer sont attestées dans de nombreux secteurs et le nombre de foyers constitués de parois d’amphores ou alternant avec des rangées de pierres s’élève à près d’une dizaine. Des études ultérieures devraient permettre de préciser l’importance de cette ville.
Bibliographie
8Plusieurs titres présentent des synthèses, et en premier lieu quelques biographies. (358) Kadra-Hadjadji H., Massinissa le Grand Africain, Paris, 2013, 192 p., ill. Ce petit ouvrage sympathique, avec très peu de notes de bas de page et une belle illustration, aborde la première guerre punique, les relations entre Massinissa et Syphax, la soi-disant « troisième guerre punique » et la monarchie de Massinissa. Il brosse un portrait élogieux du grand roi, un grand Africain ; on le recommandera au « grand public ». (359) Ead., Jugurtha, un Berbère contre Rome, Alger, 2e édit., 2013, 206 p., est la réédition d’un ouvrage paru en 2005 (B.A.A.A., XXXIX (2005), 2012, n° 317). (360) Puyadas Rupérez V., Cleopatra Selene, reina de Mauritania : la herencia de un mito, dans Política y género en la propaganda en la Antigüedad : antecedentes y legado = Gender and politics in propaganda during Antiquity : its precedents and legacy, édit. Domínguez Arranz M.A., Gijon, 2013, p. 191-204, propose une synthèse de ce que nous savons sur la vie de cette reine de Maurétanie. La bibliographie présente néanmoins des lacunes, car l’a. a négligé les publications en français, notamment l’ouvrage de M. Coltelloni-Trannoy (1997). (361) Bermejo Melendez J. et Verdugo Santos J., Tamuda y la Tingitana : de los reinos mauros a la provincia romana, dans Arquitectura militar, p. 37-45. Il s’agit d’une courte synthèse de l’histoire du royaume de Maurétanie jusqu’à la création de la province de Maurétanie tingitane en 43 apr. J.-C. On note des lacunes dans la bibliographie, particulièrement en ce qui concerne les rois Juba II et Ptolémée et la conquête. Les autres titres s’intéressent à l’organisation des royaumes. (362) Aït Amara O., Numides et Maures au combat. États et armées en Afrique du Nord jusqu’à l’époque de Juba Ier, Ortacesus, 2013, 258 p., 82 fig. L’auteur définit d’abord les peuples concernés, Libyens, Numides, Maures et Gétules. Puis elle étudie, dans l’ordre, les unités, le personnel et l’équipement (armement défensif et offensif), et montre ensuite les conditions du combat (exercice, renseignement, stratagèmes, logistique, enseignes et camp). Les trois grands types de tactique sont abordés (bataille, siège et guérilla). O.A. aboutit à des conclusions d’ordre historique : les Africains ont combattu contre Rome puis au service de Rome, comme on le savait ; ce qui est plus original, c’est que ce tableau prouve qu’ils avaient su créer des États de type hellénistique plus tôt qu’on ne l’avait dit. (363) Crawley Quinn J., Monumental power : « Numidian royal architecture » in context, dans Hellenistic (The -) West, p. 179-215, 23 fig., pl. XV-XVI. Le mausolée d’Atban de Thugga sert de point de départ à une réflexion sur la signification des importants monuments funéraires ou honorifiques construits en Numidie entre le IIIe et le Ier s. av. J.-C. Ils se trouvent tous en situation de visibilité près d’une ville en expansion et ne sont pas des marqueurs passifs d’une influence extérieure ou d’une tradition culturelle locale ou régionale mais, selon l’auteur, il est possible de les décrypter selon plusieurs grilles de lecture. Les commanditaires, rois ou membres de l’élite, les utilisaient pour renforcer leur pouvoir ; ils témoignent ainsi de la nouvelle organisation sociale et politique qui s’est mise en place à cette époque et des connections culturelles qui existaient en Méditerranée. Dans la légende de la carte, il faut remplacer le Khroub par Beni Rhenane. (364) Kuttner A., Representing Hellenistic Numidia, in Africa and at Rome, ibidem, p. 216-266, 25 fig., pl. XV-XVI. L’auteur traite en premier des banquets de vivants promis à la mort, celui de Petreius, cité par Appien, et celui de Sophonisbe, peint sur un mur de Pompéi. Une deuxième section traite des monuments royaux de Chemtou et du Kbor Klib, ornés de boucliers où sont sculptés un combat de lion, du laurier, la déesse Artémis, des armes. Sont évoqués ensuite les monuments figurant sur le monnayage de Juba Ier. Toutes ces représentations utilisent des références d’origine macédonienne. L’auteur étudie aussi le « monument de Bocchus » en discutant les hypothèses qui ont été émises à son sujet, photos à l’appui.
D. La province d’Afrique
9Nous abordons ici une section de la bibliographie toujours particulièrement pauvre, avec cette année deux titres dédiés aux amphores et deux autres à la distribution des terres, mais il faut aussi se reporter aux Généralités. (365) Ben Jerbania I., Observations sur les amphores de tradition punique d’après une nouvelle découverte près de Tunis, dans Antiquités Africaines, XLIX, 2013, p. 179-192, 10 fig. Le matériel trouvé dans un dépôt d’amphores situé à proximité de Tunis comprend deux types de contenants (Maña C et « Tripolitaine ancienne »), et de la vaisselle commune : la fourchette chronologique est située entre le Ier s. av. J.-C. et le début du Ier s. apr. J.C. La présence de rebuts de cuisson et l’examen archéométrique suggèrent une production locale ou régionale. À compléter avec (366) Capelli C. et Piazza M., Analyses en microscopie optique d’amphores de types Maña C et « Tripolitaine ancienne » provenant du dépotoir de Mnihla, ibidem, p. 193-197, tab., 2 fig., qui ont analysé neuf fragments représentatifs de ce dépôt. Deux peuvent être considérés comme des rebuts, les autres appartiennent aux types cités dans le titre. (367) Bertrandy F., Les confiscations romaines en Afrique au lendemain de la chute de Carthage (146 a.C.) et de la bataille de Thapsus (46 a.C.), dans Spolier et confisquer dans les mondes grec et romain. Actes du colloque de Chambéry, 15-17 juin 2011, édit. Ferriès M.-C. et Delrieux F., Chambéry, 2013, p. 269-294, 2 cartes. Les opérations de confiscation sous l’empire sont bien identifiées, celles de l’époque républicaine beaucoup moins. La confiscation du territoire de Carthage en 146 est surtout connue par les sources littéraires, mais aussi par un document épigraphique majeur, la loi de 111 (CIL, I2, 585, l. 44-95). Devenu ager publicus, le territoire fut réparti en quatre catégories, dont deux concernaient des terres distribuées à des Romains (les colons ou les sénateurs et les chevaliers). L’a. examine trois exemples de contemporains de Cicéron, M. Caelius Rufus, L. Iulius Calidus et L. Aelius Lamia. Le premier pourrait avoir laissé son nom aux figlinae Caelianae attestées à Hadrumète et au site d’Horrea Caelia à proximité de cette ville. Il faut écarter un supposé descendant de L. Iulius Calidus. Quant au dernier, le saltus Lamianus évoqué par les textes, il doit plutôt se rapporter au proconsul d’Afrique de l’année 15-16 (ou 16-17 ?) apr. J.- C. qu’au préteur de 42 av. J.-C. La défaite de 46 av. J.-C. entraîna la confiscation des biens de Juba Ier. La transition est bien visible dans les carrières de marbre de Simitthus, ancien domaine royal, qui devint propriété du peuple romain, entra ensuite dans le patrimoine personnel d’Auguste avant de devenir domaine impérial. (368) Fishwick D., The career of M. Caelius Phileros again, dans Antiquités Africaines, XLIX, 2013, p. 211-213, photos. L’auteur revient sur la carrière de M. Caelius Phileros avec les deux inscriptions trouvées, l’une en Afrique à Uchi Maius (Henchir Douamis, CIL, VIII, 26274 = ILTun, 1370 = Uchi Maius, 2, 62), l’autre en Italie, à Formies (CIL, X, 6104 = ILS, 1945), pour remarquer que rien ne s’oppose à l’hypothèse que Carthage ait reçu sa pertica alors que Lépide était gouverneur de l’Africa.
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