Introduction
p. 1-15
Texte intégral
Et quae tanta fuit Romam tibi causa videndi ?1
1L’objet du présent travail est de tenter, au sujet de Rome, une lecture des enjeux de modernisation de la ville qui prenne en considération tant la complexité des processus décisionnels, que la dimension spatiale des rivalités entre institutions. Pour une ville sur laquelle des centaines de milliers de pages ont déjà été écrites, il ne s’agit en aucun cas de prétendre refaire ce qui a déjà été fait, ni forcément parcourir de nouveau des chemins de recherche abondamment balisés. L’essence de la recherche n’est pas forcément dans la redondance, et la masse de publications disponibles a parfois de quoi intimider. Cela ne signifie pas pour autant qu’il faille abandonner les terrains les plus parcourus, ni qu’un questionnement soit plus pertinent dans une matrice vierge. De Rome entre 1870 et la période fasciste, on connaît bien désormais l’histoire des transformations physiques de la forme urbaine, l’histoire des institutions politiques, de même que l’histoire de l’investissement symbolique et idéologique dans les monuments urbains. Selon ces différentes lignes directrices, qui correspondent aussi à différentes conceptions de l’histoire en tant que méthode, est généralement scandée l’histoire d’une Rome capitale vue comme terrain d’affrontement entre des idéologies fortement contrastées. Ce qu’il m’est apparu intéressant de présenter ici, c’est une histoire de la ville, qui, tout en empruntant à chacune de ces dimensions et en tentant de les croiser entre elles, parvienne à se départir de ce que chacune implique d’interprétations fermées des rivalités entre État et municipalité ou entre monde catholique et Italie laïque, des conflits au sein de la bureaucratie technique ou des évolutions de la morphologie urbaine. Il fallait pour cela choisir un objet d’étude qui soit, en quelque sorte, à l’abri du symbole, de son imposante prégnance, et une échelle d’examen qui permette une lecture de la prise de décision qui ne se contente pas du résultat, mais tienne compte de la manière avec laquelle on y est arrivé. Il fallait ainsi lire les processus décisionnels relatifs à certains grands chantiers de modernisation technique de la ville à la lumière de ce qui peut se rapprocher d’une micro-histoire de la décision, fondée sur des dossiers d’archives inédits, et surtout analyser l’évolution de la forme de la ville dans une finalité qui dépasse les seuls enjeux morphologiques, pour participer en fin de compte à une histoire politique de l’espace urbain, et, en miroir, à une histoire spatialisée de la bureaucratie urbaine, de la vie politique municipale et des enjeux qui s’y rattachent. C’est ainsi que j’ai été amené à porter mon attention sur la modernisation des réseaux techniques urbains. Il n’est donc pas question de faire ici une histoire de la technique, mais bien plutôt, au travers d’une attention aux choix en matière de modernisation technique de la ville, de parvenir à une lecture des transformations urbaines et de la société dans laquelle les différentes forces en présence puissent apparaître sous un jour éclairé, autant que possible, de la connaissance des processus sociaux de décision. Le but n’est en rien de contredire forcément ce que l’on sait pour d’autres domaines, mais au contraire de tenter d’apporter nuances et ouvertures à partir d’un angle de vue alternatif. Si la ville des chantiers peut parfois dire le contraire de ce que celle des statues ou des symboles monumentaux dit, le but n’est ici en rien de faire de cette démarche un contre-pied systématique. Il est surtout de mettre en œuvre une lecture de l’histoire de la ville dans laquelle dimensions politique et spatiale soient mêlées par une démarche d’analyse qui consente de lier l’une à l’autre, et non seulement par une superposition qui ne permet pas toujours de révéler les tensions à l’œuvre.
2La méthode choisie repose sur un examen des archives relatives à quelques grands chantiers de modernisation urbaine, qui mettent en jeu la rivalité entre institutions concurrentes : essentiellement la canalisation du cours du Tibre et la construction des collecteurs des égouts, entre 1870, les lendemains de la Première Guerre mondiale et le moment où le gouvernement fasciste, en 1925, réforme radicalement l’administration locale en remplaçant la municipalité par un gouvernorat. Il s’agit de lire les modalités de fixation d’une emprise étatique sur le territoire urbain, et d’analyser l’influence de la volonté gouvernementale de prendre en main le destin de la ville sur les rapports entre monde catholique et monde laïc. Il s’agit en miroir de décrypter les stratégies de la municipalité romaine pour contrer ces velléités de l’État central d’empiéter sur son territoire et surtout de contester la domination de la notabilité qui la compose. Les enjeux sont ainsi d’abord politiques et institutionnels, dans une capitale où la mairie devient rapidement la place forte de la représentation politique catholique, et, en général, la caisse de résonance des intérêts de la notabilité capitoline. Dans une ville où le suffrage censitaire rend presque caricaturale la sociologie de la représentation municipale, tant la propriété urbaine est concentrée dans les mains de quelques grandes familles, et où les tensions idéologiques sont exacerbées par les lendemains de la conquête italienne, il s’agit de tenter de lire la manière avec laquelle les enjeux de modernisation ont servi de terrain de conflit, et parfois de médiation, dans la définition des aires physiques de compétence des institutions et des domaines d’intervention de celles-ci.
3Analyser l’évolution de l’espace urbain romain au travers du destin de certains de ces projets permet également de faire la part entre technique et politique, ou plutôt de montrer combien, souvent, il est difficile de trouver entre ces deux dimensions une solution de continuité, tant les acteurs eux-mêmes de ce jeu subtil sont pris dans une rhétorique qui mêle, parfois avec la plus technicienne mauvaise foi politique, ou la plus politique mauvaise foi technicienne, deux dimensions qui, à Rome et pour le Tibre, ne peuvent être vraiment séparées dans l’analyse. Il est possible, au travers du chantier du Tibre et de ses plus ou moins virtuels rebondissements techniques, de suivre la lutte entre institutions pour l’acquisition d’une compétence technique durable sur le territoire urbain. Il est intéressant à ce sujet de montrer comment rivalités de corps, de personnes et de camp politique se conjuguent, et comment, à chaque tournant de la vie parlementaire et municipale, entre 1870 et le début du xxe siècle, les cartes sont redistribuées. Le chantier du Tibre suit ainsi chaque changement du cours de la vie institutionnelle. Peu importe ce que l’on décide, l’important est de savoir qui décide. Il sera toujours temps, ensuite, de faire des choses raisonnables.
4L’objet de ce travail est donc de tenter, à partir de l’exemple romain, une histoire sociale, spatiale et politique des institutions et de la décision, autour des enjeux de modernisation technique de la ville2. Il s’agit aussi de confronter l’histoire urbaine à la française à la tradition italienne de l’urbanistica, sur un terrain neutre au premier abord (pas du tout en fait), celui du réseau souterrain et du chantier technique. Il s’agit de plus de proposer, dans le panorama du renouvellement des études politiques et institutionnelles sur les municipalités en Italie, un point de vue décalé, dans lequel c’est le fonctionnement quotidien des services techniques qui sert de révélateur des grandes tendances de l’histoire politique locale3. Le but est également de revenir à ce qui constitue un des points nodaux de l’historiographie urbaine romaine et italienne, les procédures de planification urbaine, après un détour par ce qui leur est extérieur, dans l’intention méthodologique d’en relativiser la prégnance et de complexifier les ressorts de leur analyse. La ville a tellement été lue au prisme de la planification urbaine que le but de la présente étude est de contourner ce domaine, pour précisément n’y revenir qu’après en avoir discuté l’importance. D’un point de vue d’histoire politique enfin, il s’agit de tenter de lire sous un autre angle la rivalité entre État italien et monde catholique, et les trajectoires plus ou moins précoces de conciliation. Il s’agit aussi d’intervenir dans les débats locaux sur l’histoire de Rome capitale à partir d’un point de vue différent, fondé sur l’étude d’un certain nombre de dossiers d’archives inédits. Chacun des chapitres de ce livre, après les présentations initiales de l’histoire de Rome capitale et de l’histoire institutionnelle et politique municipale (chapitres 1 à 3), repose en effet sur l’exploitation d’une source nouvelle.
5La démarche repose également sur une riche tradition historiographique, renforcée récemment, tant en Italie qu’en France ou que dans les horizons anglo-saxons, des nouvelles tendances de l’histoire urbaine. L’histoire sociale des techniques a ainsi bénéficié, depuis les années 1980, des importants apports de la sociologie américaine4. L’histoire des réseaux techniques en est aussi venue à constituer un angle d’analyse de l’évolution des villes. En France, elle a donné lieu à un important renouvellement historiographique depuis les années 1980. Dans le sillage de Gabriel Dupuy, de nombreuses études ont été consacrées à ce domaine, et, peu à peu, l’histoire de la technique urbaine s’est étoffée d’une dimension sociale5. L’analyse de ce que l’on nomme désormais la gouvernance des systèmes techniques constitue de plus un des fronts pionniers actuels de la recherche6. Quant à la perception par les historiens de la ville de l’importance des enjeux liés à l’eau, elle doit beaucoup à André Guillerme, et à la manière avec laquelle cet historien a donné corps à une vision binaire du monde urbain, de la prospérité de la putréfaction à celle de l’assainissement7. Pour l’Italie, les études sont également nombreuses8. Dans ce pays, cependant, c’est plus l’urbanistica, sous la conduite des architectes, et non des ingénieurs ou des historiens, autour principalement de l’étude des plans régulateurs, qui concentre l’essentiel des énergies. Pour l’exemple romain, l’étude d’histoire de l’hygiène urbaine la plus utile, pour la période moderne, est sans doute celle de Renato Sanza, consacrée à la propreté des rues9. Mais en Italie, c’est autour du rapport de la ville aux déchets que se concentrent les recherches les plus innovantes10.
6L’histoire des réseaux sociaux et des organisations a par ailleurs considérablement bénéficié, au cours des dernières décennies, de l’apport de la sociologie des organisations11. Sous l’influence, en France, des travaux de Michel Crozier sur la bureaucratie et son interprétation par l’individu12, un accent particulier a ainsi été mis sur les notions de conflit, de médiation ou de motivation, ainsi que sur l’étude des comportements humains dans un système bureaucratique. Dans un tel contexte, de nombreuses études ont tenté de cerner les contours de la décision, entre fonctionnement bureaucratique d’un système social organisé et interférences psychologiques et personnelles de l’individu13. Dans le contexte historiographique italien, une récente étude d’Emanuele Arielli et Giovanni Scotto est en outre venue faire le point sur les recherches en matière de conflits14. Dans leur essai de théorisation, les auteurs introduisent une réflexion autour de l’articulation entre conflits micro et macro, qui pour l’historien peut assurément se révéler des plus utiles. Le contexte historiographique italien a également suscité la mise en œuvre d’études sur la décision15. Mais le plus souvent, c’est à une échelle qui ne permet pas d’entrer dans le processus lui-même, et de comprendre le moment et le mécanisme de la décision. Autour de Luigi Bobbio s’est cependant dessiné dernièrement un sillage historiographique séduisant, avec comme point de ralliement l’étude des processus décisionnels à l’occasion de grands travaux16.
7L’ambition du présent travail n’est en aucun cas de proposer une théorie, ni des conflits, ni de la décision, ni des organisations ou du fonctionnement des institutions. Il ne s’agit pas non plus de tenter de valider ou d’invalider telle ou telle théorie existante. Il s’agit plutôt de tenter, avec les instruments de l’historien, d’introduire quelques nuances, à partir de l’exemple romain du processus de modernisation de la ville, grâce à une analyse fine du moment de la décision, en évitant de considérer cette dernière dans une dichotomie trop affirmée. Le présent travail entend également s’inscrire dans la veine d’une histoire des institutions, et surtout de leur inscription spatiale, à la suite par exemple des travaux de Jacques Lévy17. La démarche que j’entends présenter ici voudrait pour partie être une lecture spatiale des enjeux politiques urbains. C’est aussi dans le domaine des études municipales que je voudrais tenter de m’inscrire. L’histoire des institutions locales et de la conscience municipale a été en effet alimentée depuis une vingtaine d’années, en Italie et en France notamment, par une riche veine historiographique, tant pour l’histoire des institutions, que de la bureaucratie et des appareils techniques18.
8Dans le sillage de Raffaele Romanelli, qui a étudié aussi bien le processus de formation de l’appareil d’État unitaire que la sociologie du personnel municipal en Italie, de nombreuses études ont ainsi vu le jour depuis le début des années 199019. Un des principaux apports de Romanelli réside en l’étude de la diffusion d’une norme, et dans l’analyse des limites de ce processus, entre force de la notabilité, médiations issues d’un autre système, ascension des professionnels et des experts dans l’administration et stratégies politiques20.
9À partir de l’exemple de Bologne, Aurelio Alaimo a par ailleurs étudié la manière avec laquelle, depuis l’Unité, est organisé le système administratif urbain21. L’auteur s’intéresse particulièrement aux conflits ayant marqué l’évolution du milieu de la bourgeoisie municipale, et aux voies de modernisation de l’administration. Dans une perspective comparable, on trouve aussi les travaux réunis par Roberto Balzani et Peter Hertner, consacrés au cas de Forlì22. Roberto Balzani mène ainsi, pour une petite ville, une analyse des réseaux de clientèle d’une élite municipale dont les membres sont, pour lui, les « grands médiateurs » de la vie locale23.
10Une des contributions les plus intéressantes à cette veine italienne de l’historiographie des institutions locales réside également dans les travaux de Raffaela Gherardi. Dans l’arte del compromesso cette chercheuse est parvenue à mener une étude fine de sociologie et anthropologie historique des institutions, autour des notions de négociation et de compromis24. L’apport principal de ce type d’approche, pour une compréhension de la période de l’Italie libérale de la fin du xixe siècle, réside dans l’abandon partiel des paradigmes issus de la dichotomie risorgimentale entre laïcs et cléricaux, au profit d’une lecture fondée sur l’analyse des terrains d’entente. La lecture du trasformismo, nom donné dans l’historiographie italienne à la fusion de la gauche garibaldienne dans le moule laissé par la droite dite historique des héritiers de Cavour, en est renouvelée. Ce type de travaux invite à appliquer la méthode à d’autres terrains que le seul discours politique, ou même que la vie politique en général. L’objet du présent travail est ainsi de tenter de mettre en évidence certaines modalités d’un précoce compromis à Rome, sur le terrain de la modernisation de la ville et des enjeux fonciers et institutionnels qu’elle implique, entre forces nationales laïques et élites municipales catholiques (intransigeantes ou ralliées). C’est également à une réflexion sur le destin de la ville capitale que ces travaux invitent.
11Les études sur les villes capitales ont ainsi connu, au cours de la dernière décennie du xxe siècle, un profond renouvellement. Avec l’ouvrage de Thomas Hall, l’histoire de la planification dans les villes capitales a connu une avancée importante, même si la comparaison à partir de la compilation de connaissances réunies selon des modalités différentes demeure un exercice difficile25. Il est délicat de comparer un terrain que l’on connaît par des recherches personnelles à d’autres cas que l’on connaît par des lectures, fussent-elles bien choisies. Dans ce cas, la recherche collective, fondée sur une méthode partagée et des questionnements communs, serait assurément plus pertinente et le comparatisme plus percutant.
12Une étude importante concerne par ailleurs le cas d’Athènes. Eleni Bastéa a ainsi étudié la manière avec laquelle la Grèce nouvellement indépendante s’est confrontée à la ville d’Athènes, capitale choisie pour son aura historique, mais qui était devenue, à la période précédente, une petite ville périphérique de l’Empire ottoman26. L’analyse, malheureusement, se limite à la dimension de planning history, et manque encore une étude qui ferait le lien entre choix dans l’évolution de la forme urbaine et histoire des institutions et de la société urbaine. Pour Rome, qui se rapproche en 1870 par certains aspects de ce qu’a connu Athènes, l’intention est ici partiellement de tenter d’avancer dans cette direction : comment transformer en capitale européenne moderne une ville au passé glorieux et investie de toute la force du symbole, mais devenue largement périphérique ? Pour le cas londonien et la formation de l’espace physique et institutionnel de la capitale britannique, Gloria Clifton est parvenue, avec son principal ouvrage, à étudier, au travers du fonctionnement du service technique municipal, l’évolution des structures des métiers de la technique urbaine, ainsi que du contexte politique et institutionnel de leur exercice27. La méthode est intéressante, et influence assurément la démarche ici présentée.
13Quant à l’historiographie relative aux fleuves en milieu urbain, elle a récemment été enrichie de deux contributions très différentes entre elles : au sujet de la construction des quais de la Tamise à Londres, Dale H. Porter a ainsi étudié les conflits et choix techniques qui ont présidé à l’aménagement fluvial de la capitale28. Il s’est particulièrement intéressé à l’œuvre de l’ingénieur Bazalgette, et au contexte de la mise en application de ses idées. Chez Porter, l’histoire d’un chantier ouvre sur l’histoire des institutions. À partir du cas parisien, et pour une période légèrement antérieure, Isabelle Backouche propose une vision différente : pour elle, le fleuve est d’abord le support d’une étude sociale et anthropologique29. À partir du cas Milanais, Alice Ingold a proposé une lecture du passage de structures de médiation dans la gestion des infrastructures issues de l’ancien régime à une difficile et parfois ambiguë modernité municipale30.
14Dans ce contexte, le but du présent travail n’est pas de parcourir de nouveau des horizons désormais connus, mais bien de proposer une lecture historique des transformations de la ville, qui à la fois se situe dans le panorama romain et dans celui de l’histoire urbaine. Il n’est question de revenir sur les acquis ni de l’un ni de l’autre de ces domaines.
15L’historiographie urbaine sur Rome est riche de centaines de titres. Une importante contribution pour la période comprise entre Moyen Age et Unité a été donnée par Enrico Guidoni31. Pour la période qui précède immédiatement l’annexion au Royaume d’Italie, la contribution la plus précieuse est sans doute celle de Fabrizia Guerreri32.
16Pour la période qui nous concerne directement ici, c’est Alberto Caracciolo, qui, dès 1956, a donné, avec Roma capitale, la contribution la plus aboutie33. I suoli di Roma, de Piero Della Seta et Roberto Della Seta constitue un autre texte classique des études urbaines marxistes consacrées à Rome34. On y suit, comme chez Caracciolo, le parcours de la perpétuation du pouvoir de l’aristocratie propriétaire et, en général, de la notabilité municipale, autour des enjeux de la spéculation foncière. Les architectes Italo Insolera et Leonardo Benevolo représentent, quant à eux, la tradition de l’urbanistica progressiste, lecture des échecs de la planification urbaine entre 1870 et 1990. Mais c’est assurément Valter Vanelli, à la fin des années 1970, qui a donné le panorama le plus complet des transformations physiques de la ville entre 1870 et 192235. Cette saison marxiste a donné pour Rome le panorama d’une ville dans laquelle le contrôle des sols échappe à ceux qui voudraient planifier la croissance sur des bases plus justes, et dans laquelle la naissance de la démocratie municipale se fait dans la douleur, du fait de la formidable inertie des structures de propriété et de pouvoir héritées d’un ancien régime que la lenteur de passage du système censitaire au suffrage universel municipal contribue à perpétuer.
17Dans le présent travail, il n’est question ni de revenir sur les acquis de la lecture marxiste des mutations urbaines léguée par Caracciolo, ni sur ceux de l’expérience d’un architecte comme Vanelli, qui a fourni les instruments d’un examen tant des projets que de leur contexte. L’objet est ici plutôt, à partir d’un certain nombre de dossiers d’archives nouvellement disponibles, de proposer une interprétation renouvelée du rapport entre institutions dans la capitale, et surtout de l’évolution de l’emprise spatiale de ces institutions. Il s’agit aussi de tenter de construire un lien problématisé entre les analyses de l’évolution de la forme physique de la ville et leurs corollaires marxistes classiques (structures de la propriété et de la notabilité, mécanismes et échecs de la planification) et l’histoire de la politique municipale romaine telle que Fiorella Bartoccini puis Marco De Nicolò ou Andrea Ciampani ont pu la construire36. Entre 1870 et 1922, Rome passe de ville de second rang à métropole. Elle compte en effet 226 000 habitants en 1870, au moment où elle s’apprête à devenir capitale du royaume. En 1871, elle en a déjà 244 000 et est devenue la seconde ville de la péninsule (Naples 450 000, Palerme 219 000, Turin 212 000, Milan 200 000, Florence 167 000)37. Elle atteint les 300 000 habitants en 1881 (Naples 480 000, Milan 320 000, Turin 250 000, Palerme 245 000, Florence 165 000). En 1901 elle en compte 462 000 (Naples 550 000, Milan 490 000, Turin 330 000, Palerme 305 000, Florence 198 000). En trente ans, l’augmentation est de 150 %. En 1921, la ville compte 692 000 habitants. Dans ce contexte, les transformations physiques de l’espace urbain sont considérables. La construction des nouveaux quartiers, des logements et des monuments remarquables a déjà été étudiée abondamment. Ce qui paraît important de lire ici, c’est la mise en adéquation des structures techniques, et surtout la manière avec laquelle celle-ci reflète les ajustements du système institutionnel.
18Les archives utilisées proviennent essentiellement des dépôts municipal et étatique. À la fin des années 1950, c’est l’historien Claudio Pavone qui a fait le premier panorama des archives disponibles pour l’étude de l’histoire de Rome après l’Unité. Dans un article qui demeure une référence, il dressait un inventaire des sources à la disposition des chercheurs au sujet de Rome capitale38. Les réformes du début des années 1960 en matière de gestion des archives (avec par exemple l’ouverture des archives nationales à l’E.U.R.) ont quelque peu changé le paysage décrit par Pavone, ainsi que l’évolution des problématiques et des méthodes de la recherche historique, mais le cadre reste précieux. Un point plus récent sur ce secteur est fourni par Paola Carucci39. Le principe de classement des archives italiennes depuis la loi de 1963 est le suivant : les archives centrales de l’État (Archivio Centrale dello Stato, A.C.S.) à Rome, dans le quartier de l’E.U.R. 1942, conservent la documentation émanant des organes centraux de l’État italien. Dans chaque province, un Archivio di Stato conserve les archives issues des États pré-unitaires, ainsi que des organes périphériques de l’État unitaire italien. Les archives municipales conservent la documentation municipale40. À Rome on a ainsi l’Archivio Storico Capitolino (A.S.C.). Pour l’histoire de Rome entre 1870 et la période fasciste, plusieurs types de fonds sont à disposition. À l’Archivio centrale dello Stato, ceux de la Présidence du Conseil des Ministres sont assurément les plus précieux. À l’Archivio di Stato di Roma, et plus précisément dans l’annexe de via Galla Placida, on trouve l’inégal fonds de la section romaine du Génie civil du Ministère des Travaux publics41. À l’Archivio Storico Capitolino, les fonds du plan régulateur et des services techniques municipaux, outre les délibérations du Conseil municipal et les archives du cabinet du maire, sont les plus utiles42. Le travail ici présenté a été préparé essentiellement dans les trois dépôts évoqués ci-dessus, ainsi qu’aux archives vaticanes (même si peu y a été trouvé en rapport direct avec les problématiques choisies)43 et, au sommet du Vittoriano, auprès du Museo Centrale del Risorgimento italiano, qui conserve la correspondance de plusieurs personnages importants dans l’histoire de la capitale.
19À l’Archivio centrale dello Stato, je me suis surtout intéressé aux papiers relatifs au contrôle de l’État sur la planification urbaine municipale. À l’Archivio di Stato di Roma ont été essentiellement consultés les papiers du bureau romain du Génie civil. Versées tardivement, et dans un état reflétant le passage préalable de plusieurs générations d’ingénieurs collectionneurs des plus belles pièces (lettres autographes de Garibaldi, plans...), ces archives sont néanmoins précieuses en ce qu’elles permettent de suivre le travail du Ministère des Travaux publics dans la capitale. À l’Archivio Storico Capitolino ont été consultés, en plus des délibérations du Conseil municipal et de la Giunta, les fonds du cabinet du maire, des services techniques municipaux, des travaux publics, des appels d’offres, du plan régulateur, de la commission archéologique municipale, ainsi que la riche bibliothèque d’opuscules, qui présente une immense variété de sources imprimées sur la ville (pamphlets, rapports, études et projets divers). Dans ce même dépôt ont été consultées les collections cartographiques. La grande richesse des archives municipales est aussi de présenter, au sujet des travaux de transformation de la ville, une palette presque complète de la documentation issue des autres administrations, puisque copie des principales pièces était envoyée à la mairie. Bien souvent dans ce travail, on trouvera donc référence à des pièces émanant des instances étatiques, mais conservées aux archives municipales. Les Archives vaticanes, pour une période où le Saint-Siège a perdu sa souveraineté sur la ville éternelle, n’apportent pas d’informations directes sur les transformations de la ville, mais de nombreuses indications sur la vie politique citadine après 1870. Le fonds de la Segreteria di Stato est sans doute à ce sujet le plus utile, en complément d’une consultation des archives municipales romaines, et permet de cerner les enjeux de conflits politiques dans lesquels le monde catholique est impliqué. Les archives disponibles au Vatican dans le fonds de la Segreteria di Stato renvoient surtout aux grandes affaires de la lutte entre cléricaux et anticléricaux pour le contrôle de la capitale et le jeu des symboles dans l’espace urbain : statue de Giordano Bruno entre 1876 et 1889, défilés cléricaux ou anticléricaux, anniversaires du 20 septembre 1870, présence d’Ernesto Nathan, juif et franc-maçon, à la tête de la municipalité romaine au début du xxe siècle, rôle de la noblesse dite « noire ». L’ensemble permet de se faire une idée de la richesse des réseaux d’information catholique dans la ville, mais sur les dossiers traités dans le présent travail, il a apporté peu d’éléments significatifs. Une autre piste, aux archives vaticanes, est celle des archives familiales44. Les familles Ruspoli, Rospigliosi et Borghese ont en effet versé leurs archives au Vatican au début des années 1930, suivies, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, des familles Della Valle et Boncompagni. Mais, dans l’état actuel de classement de ces fonds, les seules indications exploitables pour une recherche urbaine sont plus d’ordre foncier, architectural ou immobilier.
20Au Museo centrale del Risorgimento, j’ai lu la correspondance de certains des protagonistes des débats du milieu des années 1870 sur le Tibre. Cela m’a permis de mieux cerner les contours de la sphère garibaldienne et maçonnique dans la capitale.
21Il a de la sorte été possible de retracer dans le détail le parcours de la décision au sujet de quelques grands chantiers techniques de Rome capitale : la canalisation du cours du Tibre, la construction des collecteurs des égouts, la modernisation du réseau d’égouts, l’assainissement des environs de la ville en cours d’urbanisation. Mais le but de cette étude n’est pas uniquement de compléter notre connaissance factuelle de l’histoire de la ville sur des terrains insolites. Il s’agit surtout de tenter, à partir de ces terrains, de proposer une lecture alternative des enjeux de modernisation de la ville et d’avancer des pistes de réflexion à propos de certaines des thématiques essentielles de l’histoire urbaine : rapports entre État et municipalité dans une ville capitale, rapport entre monde catholique et laïcs dans une grande capitale religieuse, modalités et difficultés de passage d’une situation largement héritée de l’ancien régime à la démocratie municipale. Dans un contexte italien, il s’agit aussi de montrer comment la ville a été planifiée hors des procédures de planification et comment on ne peut se contenter de lire l’emprise d’une institution sur l’espace de la ville avec les seuls termes de la compétence territoriale théorique de chaque administration en matière de planification. À Rome, on a souvent fait de la ville par des détours administratifs, ce qui ne veut en rien dire que la ville n’a pas été planifiée.
22Le travail présenté ci-après s’articule donc en 10 chapitres : les trois premiers sont destinés à faire le point, factuel et historiographique, d’abord sur l’histoire de l’idéologie de Rome capitale de l’Italie unitaire (chapitre I), puis sur l’histoire institutionnelle et politique de la municipalité romaine tout au long de la période (chapitres II et III). Ces chapitres entendent fournir les données essentielles d’histoire politique locale et nationale, nécessaires à la mise en contexte des épisodes choisis dans ce qui suit. Le but était de ne pas encombrer la narration des épisodes de conflit choisis ensuite de la présentation du contexte politique. Les six chapitres suivants correspondent ainsi à six dossiers d’archives, et sont destinés à apporter six angles de vue et d’analyse sur l’évolution du rapport des institutions à l’espace urbain : le Tibre en 1870 et les conséquences de l’inondation de décembre, vues dans une optique d’histoire de la décision (chap. IV) ; le Tibre en 1875 et les répercussions de la campagne électorale garibaldienne pour un détournement de son cours (chapitre V) ; la décision pour la construction des collecteurs des égouts et les conflits que celle-ci suscite (chapitre VI) ; le destin des égouts municipaux face aux nouvelles infrastructures étatiques (chapitre VII) ; les conflits aux portes de la ville autour de l’interprétation des lois de modernisation de la campagne dans un contexte de plus en plus urbain (chapitre VIII) ; les enjeux techniques, institutionnels et politiques de l’assainissement de cette campagne romaine (chapitre IX). L’objet de ces chapitres est de suivre, grâce aux conflits, les détours de la délimitation des aires d’influence des institutions dans la ville, et les médiations auxquelles donne lieu ce processus. Le but est aussi de mettre en œuvre une lecture dynamique de la construction sociale des territoires urbains. Le dernier chapitre est conçu comme un retour interprétatif à ce qui constitue la veine principale de l’historiographie urbaine romaine, et que j’ai tenté de contourner dans les chapitres précédents, pour y revenir sous un jour différent : les procédures de planification urbaine et leurs enjeux (chapitre X). On peut, de la sorte, tenter de comprendre comment la ville modernisée est la résultante de la complexe interaction entre technique et fonctionnement institutionnel dans un cadre de grande concurrence, et non uniquement de l’application d’un schéma de planification, ni même de l’impossibilité à appliquer ce schéma. La ville modernisée fige dans sa forme des tensions sociales, politiques et institutionnelles, et, pour qui entend saisir les mécanismes qui font la ville, les chantiers de modernisation sont l’occasion de mettre en œuvre une lecture qui puisse mettre à jour la manière avec laquelle la décision technique est insérée dans un cadre complexe. Quant à la décision, les chapitres qui suivent entendent illustrer comment on ne peut se contenter d’en considérer l’aspect univoque final. Chaque phase du processus décisionnel est occasion de médiation ou de tension, et la décision finale contient bien plus que la somme que l’on pourrait croire nulle de toutes ces tensions.
Notes de bas de page
1 Virgile, Bucoliques, I. 26.
2 Sur ce type de démarche, voir : Ph. Minard, Faire l’histoire sociale des institutions : démarches et enjeux, dans Bulletin de la société d’histoire moderne et contemporaine, 2000, 3-4, p. 119-123. Pour une démarche comparable au présent travail, à partir de l’exemple de Paris, voir : K. Chatzis, La pluie, le métro et l’ingénieur : contribution à l’histoire de l’assainissement et des transports urbains xixe-xxe siècle, Paris, 2000.
3 En illustration du présent renouvellement des études urbaines municipales en Italie, voir particulièrement : S. Adorno, La produzione di uno spazio urbano. Siracusa tra Ottocento e Novecento, Venise, 2004 ; E. Colombo, Come si governava Milano. Politiche pubbliche nel secondo Ottocento, Milan, 2005 ; F. De Pieri, Il controllo improbabile. Progetti urbani, burocrazie, decisioni in una città capitale dell’Ottocento, Milan, 2005, p. 207 ; A. Ferraboschi, Borghesia e potere civico a Reggio Emilia nella seconda metà dell’Ottocento, Soveria Manelli ; F. Lucarini, Governare il Municipio. Poteri locali e dinamiche istituzionali a Prato da Depretis a Giolitti (1880-1901), Macerata, 2004.
4 Voir, par exemple : W. Bijker, T. Hughes et T. Pinch (dir.), The Social Construction of Technological Systems. New directions in the Sociology and History of Technology, Cambridge (MA), 1987.
5 Voir G. Dupuy, L’urbanisme des réseaux. Théories et méthodes, Paris, 1991. Voir aussi : J. M. Offner et D. Pumain (dir.), Réseaux et territoires. Significations croisées, Paris, 1996.
6 Voir, par exemple : O. Coutard (dir.), The Governance of Large Technical Systems, Londres, 1999.
7 A. Guillerme, Les temps de l’eau. La cité, l’eau et les techniques, Seyssel, 1983.
8 Voir par exemple : V. Colombini et A. Cutini, Lo sviluppo della città e le infrastrutture a rete, Rome, 1990.
9 R. Sansa, La pulizia delle strade a Roma nel xvii secolo. Un problema di storia ambientale, dans Archivio della Società romana di storia patria, 1991, p. 127-160.
10 Voir, par exemple : E. Sori, La città e i rifiuti. Ecologia urbana dal Medioevo al primo Novecento, Bologne, 2001.
11 Pour une présentation générale, voir le manuel de C. Lafaye, La sociologie des organisations, Paris, 1996 ou J. G. March et H. A. Simon, Les organisations. Problèmes psycho-sociologiques, Paris, 1991.
12 M. Crozier, Le phénomène bureaucratique. Essai sur les tendances bureaucratiques des systèmes d’organisation modernes et sur leurs relations en France avec le système social et culturel, Paris, 1963 ou M. Crozier et E. Friedberg, L’acteur et le système. Les contraintes de l’action collective, Paris, 1981.
13 Voir aussi : M. Vianello, Contributo alla critica della teoria classica dell’organizzazione, Milan, 1973 ainsi que J. D. Reynaud, Les règles du jeu. L’action collective et la régulation sociale, Paris, 1997 et V. Lemieux, Les réseaux d’acteurs sociaux, Paris, 1999.
14 E. Arielli et G. Scotto, I conflitti. Introduzione a una teoria generale, Milan, 1998.
15 Par exemple : S. Lupo, La decisione politica nella storia d’Italia, dans Meridiana, 29, 1997, p. 21-53.
16 Voir, par exemple : L. Bobbio et A. Zeppetella (dir.), Perché proprio qui ? Grandi opere e opposizioni locali, Milan, 1999.
17 J. Lévy, L’espace légitime. Sur la dimension géographique de la fonction politique, Paris, 1994.
18 Voir, par exemple : L. Baldissara, Conflitti d’identità. Municipalismo, localismo e integrazione politica in area padana, dans Meridiana, 32, 1998, p. 63-95. Voir aussi : L. Baldissara, Tecnica e politica nell’amministrazione. Saggio sulle culture amministrative e di governo municipale fra anni trenta e cinquanta, Bologne, 1998. Pour une synthèse récente, voir : N. Lafi (dir.), Municipalités méditerranéennes, Berlin, 2005.
19 R. Romanelli, Il comando impossibile. Stato e società nell’Italia liberale, Bologne, 1995 et R. Romanelli, Sulle carte interminate. Un ceto di impiegati tra pubblico e privato : i segretari comunali in Italia. 1860-1915, Bologne, 1989.
20 Pour le cas de l’administration d’État, voir : S. Sepe, Amministrazione e ‘nazionalizzazione’. Il ruolo della burocrazia statale nella costruzione dello Stato unitario (1861-1900), dans M. Meriggi et P. Schiera (dir.), Dalla città alla nazione. Borghesie ottocentesche in Italia e in Germania, Bologne, 1993, p. 307-341.
21 A. Alaimo, L’organizzazione della città. Amministrazione e politica urbana a Bologna dopo l’Unità. 1859-1899, Bologne, 1990. Dans une optique comparable, voir, pour la période précédente : A. De Benedictis, Repubblica per contratto. Bologna : una città europea nello Stato della Chiesa, Bologne, 1995. Pour la période suivante, voir en revanche, toujours dans la même veine : L. Baldissara, Per una città più bella e più grande. Il governo municipale a Bologna negli anni della ricostruzione. (1945-1956), Bologne, 1994.
22 R. Balzani et P. Hertner (dir.), Una borghesia di provincia. Possidenti, imprenditori e amministratori a Forlì fra Ottocento e Novecento, Bologne, 1998.
23 R. Balzani, I grandi mediatori. Politica e società a Forlì nella seconda metà dell’Ottocento, dans R. Balzani et P. Hertner (dir.), op. cit., p. 269-379.
24 R. Gherardi, L’arte del compromesso. La politica della mediazione nell’Italia liberale, Bologne, 1993.
25 T. Hall, Planning Europe’s capital cities. Aspects of nineteenth century ur-ban development, Londres, 1997.
26 E. Bastéa, The creation of modern Athens. Planning the Myth, Cambridge, 2000.
27 G. Clifton, Professionalism, Patronage and Public Service in Victorian London. The Staff of the Metropolitan Board of Works 1856-1889, Londres, 1992.
28 D. H. Porter, The Thames embankment. Environment, technology and society in victorian London, Akron (Ohio), 1998. Dans un tout autre contexte, pour une autre étude d’histoire institutionnelle des transformations fluviales, voir : M. H. El-Atawy, Nilopolitics. A hydrological regime (1870-1990), Le Caire, 1996.
29 I. Backouche, La trace du fleuve. La Seine et Paris (1750-1850), Paris, 2000. Sur le cas romain, dans une optique comparable, voir : M. M. Sagarra Lagunes, Il Tevere e Roma. Storia di una simbiosi, Rome, 2004.
30 A. Ingold, Négocier la ville : projet urbain, société et fascisme à Milan, Rome, 2003 (Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome, 316).
31 E. Guidoni, L’urbanistica di Roma tra miti e progetti, Rome-Bari, 1990. Le cœur de l’ouvrage est consacré aux transformations urbaines sous Sixte V.
32 F. Guerreri, Roma moderna ; sviluppo ed espansione urbana nell’ultimo ventennio dell’amministrazione pontificia (1851-1870), dans Storia urbana, 47, 1989, p. 89-127.
33 A. Caracciolo, Roma capitale. Dal Risorgimento alla crisi dello Stato liberale, Rome, 1956.
34 P. Della Seta et R. Della Seta, I suoli di Roma. Uso e abuso del territorio nei cento anni della capitale, Rome, 1988.
35 V. Vannelli, Economia dell’architettura in Roma liberale, Rome, 1979.
36 Voir, par exemple : F. Bartoccini, Roma nell’Ottocento : il tramonto della città santa, nascita di una capitale, Bologne, 1985 ; E. Bartoloni et M. De Nicolò, Il Municipio anemico. Il Campidoglio nell’ultimo decennio pontificio, Rome, 2000 ; M. De Nicolò (dir.), L’amministrazione comunale di Roma. Legislazione, fonti archivistiche e documentarie, storiografia, Bologne, 1996 ; A. Ciampani, Cattolici e Liberali durante la trasformazione dei partiti. La questione di Roma tra politica nazionale e progetti vaticani (1876-1883), Rome, 2000.
37 Voir F. Bartoccini, op. cit., p. 551 et s. Pour une synthèse de démographie historique sur l’Italie, voir : L. Del Panta, M. Livi Bacci, G. Pinto et E. Sonnino, La popolazione italiana dal Medioevo a oggi, Rome-Bari, 1996. Voir aussi : A. Bellettini, La popolazione italiana. Un profilo storico, Turin, 1987.
38 C. Pavone, Fonti archivistiche per la storia del Lazio e di Roma dopo l’Unità, dans Archivio della Società romana di storia patria, 1958, vol. 81, p. 175-212.
39 P. Carucci, Le fonti archivistiche per la storia amministrativa di Roma dopo l’Unità, dans M. De Nicolò (dir.), op. cit., p. 225-257. Voir aussi : P. Ferrara, M. Gianneto et G. Tosatti, Guida alle fonti dell’Archivio centrale dello Stato per la storia di Roma nell’Ottocento, dans Storia urbana, 1988, no 42, p. 215-262.
40 Voir : L. Gallo, L’Archivio generale del comune di Roma e i suoi fondi documentari, dans Storia urbana, 1988, no 42, p. 197-214.
41 Sur les fonds de l’Archivio di Stato di Roma (ASR), mais avant les versements à Galla Placida, voir : R. Santoro, I fondi dell’Archivio di Stato di Roma per il periodo post-unitario, Storia urbana, 42, 1988, p. 189-197.
42 Sur les fonds disponibles dans cette institution, voir : L. Francescangeli, Fonti archivistiche per la storia dell’amministrazione comunale dopo il 1870 nell’Archivio storico capitolino, dans M. De Nicolò (dir.), op. cit., p. 259-323.
43 Sur l’apport de ce dépôt à l’histoire de la Rome contemporaine, voir : M. Sanfilippo, Le fonti dell’Archivio segreto vaticano, dans M. De Nicolò (dir.), op. cit., p. 325-341, ainsi que M. Sanfilippo et G. Pizzorusso, Gli archivi della Santa Sede come fonte per la storia moderna e contemporanea, Viterbe, 2001.
44 G. Gualdo, Archivi di famiglie romane nell’Archivio vaticano, dans Archivio della Società romana di storia patria, 1981, p. 147-158.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
De la « Cité de Dieu » au « Palais du Pape »
Les résidences pontificales dans la seconde moitié du XIIIe siècle (1254-1304)
Pierre-Yves Le Pogam
2005
L’« Incastellamento » en Italie centrale
Pouvoirs, territoire et peuplement dans la vallée du Turano au Moyen Âge
Étienne Hubert
2002
La Circulation des biens à Venise
Stratégies patrimoniales et marché immobilier (1600-1750)
Jean-François Chauvard
2005
La Curie romaine de Pie IX à Pie X
Le gouvernement central de l’Église et la fin des États pontificaux
François Jankowiak
2007
Rhétorique du pouvoir médiéval
Les Lettres de Pierre de la Vigne et la formation du langage politique européen (XIIIe-XVe siècles)
Benoît Grévin
2008
Les régimes de santé au Moyen Âge
Naissance et diffusion d’une écriture médicale en Italie et en France (XIIIe- XVe siècle)
Marilyn Nicoud
2007
Rome, ville technique (1870-1925)
Une modernisation conflictuelle de l’espace urbain
Denis Bocquet
2007