Chapitre XI. « L’univers des possesseurs »
Circulation et diffusion du livre diététique
p. 529-596
Texte intégral
1Les travaux relatifs au livre dans la société médiévale, à présent nombreux1, ont permis d’éclairer, à travers l’étude d’inventaires de bibliothèques, les niveaux de culture atteints par diverses catégories socio-professionnelles, mais aussi les modalités de diffusion des ouvrages, les lieux de leur conservation ou encore les évolutions des goûts et des modes2. Les articles de Danielle Iancu-Dagou et, plus récemment, de Tiziana Pesenti et Donatella Nebbiai-Dalla Guarda ont plus particulièrement mis en lumière certaines caractéristiques des bibliothèques de médecins3 : le premier souligne les centres d’intérêts de praticiens juifs4 ; le deuxième met l’accent sur la très forte présence de textes de l’enseignement médical chez les professeurs de facultés5, tandis que le dernier s’attache surtout à montrer la diversité des goûts des médecins italiens pour des sujets étrangers à leur spécialité6. Les livres de médecine y sont de fait traités dans leur globalité, comme s’ils constituaient un ensemble homogène, puisque l’auteur cherche d’abord à montrer la diversification progressive de ces « librairies » spécialisées.
2Mon approche sera résolument partielle. Il n’est en effet guère question d’aborder dans leur ensemble les constructions intellectuelles que donnent à voir les inventaires de bibliothèques, mais plus modestement de chercher l’identité individuelle et sociale des possesseurs de traités diététiques. Le livre d’hygiène ne peut occuper qu’une place réduite dans une « librairie » médiévale, quelle que soit son ampleur et quelle que soit la personnalité de son propriétaire. Toutefois, la présence de ce type de littérature n’est pas sans révéler des goûts, d’éventuels besoins, des centres d’intérêts ou encore de simples curiosités, pour peu qu’on puisse aussi déterminer les conditions d’acquisition de ces ouvrages. Cette investigation consacrée aux possesseurs a partie liée avec la nature même du livre diététique : traité ancien ou arabe traduit, production médiévale, livre en latin ou en langue vernaculaire, autant de spécificités qui peuvent expliciter les raisons de son acquisition, voire l’utilisation que le possesseur pouvait en faire. Tenter de saisir l’univers social et intellectuel dans lequel l’ouvrage diététique s’insère implique de le traiter comme un objet unique. On pourra alors, lorsque les indices retrouvés seront suffisants, tracer l’histoire d’un livre, son parcours une fois quittés les ateliers de copistes, ses conditions d’achat et de diffusion, car ces informations permettent de mieux saisir l’horizon d’attente des lecteurs de régimes.
3Pour autant, l’enquête ne peut qu’être empirique et limitée. Fondée sur un ensemble discontinu et hétéroclite d’inventaires édités7, elle est guidée par les résultats obtenus dans les pages précédentes : puisque le livre diététique a souvent vu le jour dans un milieu de cour, il paraissait logique d’enquêter sur les bibliothèques princières, hypothèse confortée d’ailleurs par certains ex-libris. Si l’écriture de l’ars diaetae est avant tout affaire de professionnels (des auteurs qui, pour certains, se sont inspirés de leurs prédécesseurs), si ces derniers ont parfois copié ou fait transcrire pour leur usage personnel des traités d’hygiène, il était nécessaire de chercher des indices dans les inventaires de bibliothèques de médecins. Se sont greffés à ces deux voies principales d’enquête d’autres inventaires de « librairies » privées et publiques, individuelles et institutionnelles, qui permettaient, soit de vérifier des indices de possession fournis par les manuscrits, soit d’élargir le champ de la recherche. Dans ce domaine plus que dans les précédents, le hasard a parfois guidé l’exploration8.
BIBLIOTHÈQUES PRIVÉES, BIBLIOTHÈQUES PUBLIQUES
4Sans délimitations géographiques précises, l’ébauche d’enquête sociale ne saurait au mieux que dresser quelques portraits schématiques de ceux qui furent des possesseurs de traités d’hygiène, sans pouvoir prétendre à de trop hasardeuses généralités. Aussi me contenterai-je, en rassemblant des sources diverses, de partir à la recherche d’ouvrages diététiques en parcourant différents milieux – de ceux pour lesquels le livre était un objet familier à ceux qui le fréquentèrent plus épisodiquement.
Le corpus utilisé
5Les possesseurs de ce type de littérature ne se laissent pas facilement appréhender. Les indices sont rares et ont été collectés à partir de trois fonds principaux : les manuscrits porteurs d’un ou plusieurs ex-libris ; les catalogues de bibliothèques médiévales, privées ou publiques ; les testaments et les inventaires après décès, souvent très fragmentaires et plutôt soucieux d’établir la valeur marchande d’une bibliothèque. La précision et l’intérêt de ces sources sont variables. Le possesseur médiéval d’un livre qui appose son nom sur le premier feuillet ou sur un plat intérieur n’a souvent pas jugé utile de faire suivre son patronyme d’autres informations sur sa qualité, son lieu de résidence, ou son activité. Les inventaires après décès sont eux aussi lapidaires, soit qu’ils négligent de recenser une partie du fonds, soit qu’ils se contentent de décrire l’aspect matériel du livre sans en fournir le contenu – rendant impossible toute tentative d’identification –, soit encore qu’ils n’énumèrent que le premier texte du codex, oubliant les autres traités qui le composent9. Rédigés après la mort du possesseur, ils le sont par un notaire souvent ignorant des textes médicaux, ce qui favorise les interpolations, les erreurs de relevés dans les titres ou les noms d’auteurs, d’où peut résulter la mention de l’ouvrage sans aucune précision : au mieux liber/libri de medicina, au pire, item liber. Les catalogues de bibliothèques privées ou publiques, enfin, qui ont leur propre histoire, largement influencée par les pratiques de classification en vigueur au moment de leur établissement, peuvent fournir des indices : d’abord géographiques (par armoire ou pupitre), ils deviennent alphabétiques, organisés par matières, selon les disciplines scientifiques reconnues, ou selon la langue utilisée dans les livres. Cependant, malgré cette apparente organisation, les catalogues n’en sont pas moins parfois aussi incomplets10. La faiblesse des descriptions ou des identifications n’est que l’une des lacunes de ces inventaires, testaments, catalogues et autres ex-libris. Au mieux, ils ne fournissent qu’un « instantané » de bibliothèque, sans restituer les phases de sa constitution et de son enrichissement. Les conditions dans lesquelles les livres sont entrés dans un fonds – acquisition en vertu d’un choix raisonné, d’une donation ou d’un achat – nous échappent, comme leur postérité.
6Les inventaires utilisés ici sont loin de constituer un ensemble géographiquement ou chronologiquement homogène. Les disparités sont au contraire caractéristiques de l’histoire de ces documents, plus abondants au xve siècle (notamment pour les « librairies » privées), rares aux xie-xiiie siècles, à l’exception des bibliothèques ecclésiastiques, généralement les premières à avoir inventorié leurs fonds, au moment où la copie de manuscrits dans les scriptoria monastiques était à son apogée. Le corpus est aussi plus riche pour le monde italien, qui connaît au xve siècle une forte croissance du nombre de catalogues11. Ce déséquilibre géographique est enfin le résultat d’un choix lié aux conditions mêmes de production des ouvrages diététiques. Les résultats de cette enquête sont livrés sous forme de notices récapitulatives dans l’annexe 3.
Étude sociologique
7Les ex-libris et autres marques de possession ont livré cent dix noms dont on écartera les propriétaires d’époques post médiévales. Les critères d’acquisition de livres dans les périodes plus récentes répondent en effet souvent à des stratégies qui s’apparentent plus au désir de collectionner qu’à l’achat pour l’usage ; le livre intéresse certes par son sujet, mais plus encore par son prix, sa rareté, son originalité, son ancienneté ou encore ses qualités esthétiques. Plusieurs fonds où figurent en nombre des traités diététiques résultent ainsi du patient travail du collectionneur bibliophile, comme les manuscrits Sloane, Arundel et Harley de la British Library, respectivement propriétés de Hans Sloane (1660-1753), médecin de la reine Anne12, de Thomas Howard, second comte d’Arundel (1586-1646)13 et de Robert Harley, second duc du Devonshire (1672-1729) et de ses héritiers, ou les manuscrits Bodley, Digby et Rawlinson14 de la Bodleian Library à Oxford. On pourrait encore citer les collections du jésuite vénitien Luigi Matteo Canonici (1727-1805)15, celle de Colbert qui comporte sept traités d’hygiène16 ou encore celle de Mazarin. L’exclusion des possesseurs « modernes » ramène le chiffre des propriétaires à quatre-vingt noms médiévaux, certains d’entre eux possédant plus d’un manuscrit diététique. Dans leur grande majorité, les mentions d’ex-libris et les inventaires de bibliothèques datent plutôt du xve siècle, période de diffusion plus large du livre, sous une forme manuscrite sur papier puis imprimée, et de développement du nombre des bibliothèques privées. Mais dresser un tableau sociologique complet de ces possesseurs est impossible parce que nombre d’entre eux demeurent de parfaits inconnus n’ayant laissé pour toute information qu’un nom au bas d’une page, accompagné au mieux d’une localisation17.
Bibliothèques princières et aristocratiques
8Nombreux sont les membres de la noblesse qui eurent en leur possession un codex où figurait au moins une œuvre diététique, surtout dans la haute aristocratie où le médecin était un personnage familier, souvent employé à demeure. Sans doute le manuscrit fut-il considéré comme l’équivalent médical des livres de raison ou de gouvernement de soi. L’éducation du corps n’était-elle pas aussi inscrite au programme de l’éducation du prince dans les manuels de Christine de Pizan18 ? Mieux, les « pédagogues » italiens du xve siècle, les Pier Paolo Vergerio, Guarino de Vérone ou encore Vittorino de Feltre, ont tous mis l’accent sur l’importance d’une hygiène corporelle et d’exercices physiques dans l’éducation et la formation du bon citoyen19. Enfin il ne faudrait pas négliger le rôle de bibliothèque « publique » ou de bibliothèque de prêt que pouvait jouer la « librairie » du prince, ouverte à ses proches, aux familiers de la cour et, parmi ces derniers, à son médecin. Elle était alors amenée à accueillir des ouvrages qui ne se destinaient pas tant au noble qu’à son entourage20. Elle préfigure en quelque sorte le nouveau type de « librairie » ouverte qui se développera ultérieurement, la bibliothèque « publique », dont Côme de Médicis crée, dans la Florence du xve siècle, le premier modèle : installée dans le couvent dominicain de San Marco, cette bibliothèque, où se trouve rassemblé tout le savoir disponible du temps, devient un véritable lieu de travail pour les érudits, lettrés et autres artistes21.
9Possesseur d’un exemplaire du Livre de Physique d’Aldebrandin de Sienne22, John Falstof aurait pu représenter une aristocratie guerrière plutôt étrangère au monde des lettres, s’il n’en était pas une figure atypique, lui qui confia souvent à son secrétaire, William Worcester, le soin de copier des ouvrages, parmi lesquels de nombreux titres en langue française. Marguerite d’Autriche23, Louis XI mais aussi les ducs d’Orléans24, de Berry25, de Milan26 ou de Ferrare27, sans oublier les rois aragonais de Naples ou Humphrey de Gloucester28, qui disposèrent tous de manuels de diététique, incarnent les plus hautes sphères du pouvoir. Ils furent souvent aussi des mécènes, amateurs d’art ou bibliophiles comme Jean de Berry, et leurs bibliothèques ne connurent guère de limites à leur extension, puisqu’elles n’étaient pas le résultat de leurs seules acquisitions mais s’enrichissaient grâce à des dons. Il ne faut cependant pas s’attendre à y trouver beaucoup d’ouvrages sur l’hygiène ; au mieux, un ou deux exemplaires viennent enrichir un faible fonds scientifique29. Parfois, le régime est l’unique livre médical répertorié. En revanche, la bibliothèque des Visconti à Milan se singularise peut-être en raison d’une forte présence médicale à la cour, déjà à la fin du xive siècle30 : en 1426, elle affichait six ouvrages diététiques31. Celle des rois aragonais de Naples contenait des volumes de consilia, un Secret des secrets et l’édition par Jean-Philippe de Lignamine du régime de Benedetto Reguardati32.
10D’après les titres, les résultats de ces investigations, pour l’essentiel centrées sur les cours princières italiennes et françaises, livrent des caractéristiques assez constantes, pour ce qui concerne les types d’ouvrages diététiques possédés. L’accent est généralement mis sur les ouvrages vulgarisateurs d’assez faible niveau technique et scientifique33. Parfois enrichi d’illustrations, le Tacuinum sanitatis, qui fut l’objet d’abréviations visant à le simplifier, est ainsi l’un des traités les plus fréquemment rencontrés34, de même que le Secret des secrets35 qui présente l’avantage de combiner dans sa version longue considérations diététiques et conseils politiques et moraux dont les princes se montraient friands. Il n’est qu’à voir le succès que connurent le De regimine principium de Gilles de Rome36 ou les divers miroirs des princes de Christine de Pizan pour en juger. En outre, les Secret des secrets attribué à Aristote ne dépareillait pas au milieu d’exemplaires de la Politique, de l’Éthique à Nicomaque, ou d’autres œuvres politiques et morales du philosophe grec qui jouaient un grand rôle dans l’éducation des puissants. Marguerite d’Autriche (1480-1530), fille de l’archiduc Maximilien d’Autriche et de Marie de Bourgogne, racheta en 1511 l’exemplaire d’une traduction française de ce texte que Philippe de Croy avait commandée auprès d’un atelier37. À la mort de son époux, Philibert de Savoie, elle rentra aux Pays-Bas en emportant trente manuscrits de la collection ducale, parmi lesquels le Régime pour garder santé d’un certain Héronchel, qui serait en réalité la traduction en français du Regimen sanitatis d’Arnaud de Villeneuve38. Elle possédait par ailleurs deux autres ouvrages de médecine conservatoire39.
11Aux côtés de ces traductions, figure aussi en bonne place le Livre de Physique d’Aldebrandin de Sienne, qui fut une sorte de « bestseller » de la littérature diététique : sur les douze ex-libris rencontrés, cinq proviennent de bibliothèques de nobles anglais des xve et xvie siècles40 qui, pour certains, vécurent sur le continent où ils eurent le loisir de faire copier le texte. La langue vernaculaire n’est sans doute pas étrangère à l’intérêt que le public manifesta pour ce traité41. Le succès qu’Aldebrandin connut outre-Manche semble cependant se vérifier ailleurs en Occident42, surtout en Italie, car on en trouve deux exemplaires dans la bibliothèque des ducs de Milan au xve siècle (qui, en 1426, recensait par ailleurs quatre-vingt-dix volumes en français43), ainsi que dans celle des Gonzague de Mantoue44.
12Les Diètes d’Isaac Israëli, sans qu’il soit toujours précisé s’il s’agit des Diètes universelles et/ou particulières, reviennent souvent parmi les autorités ; ce premier ouvrage entièrement dédié à l’alimentation traduit en Occident est un traité théorique, trop complexe pour être utilisé par des lecteurs néophytes. Sans doute était-il plutôt consulté par les médecins des princes que par ces derniers. Deux volumes, respectivement propriétés de Charles V et de Charles d’Orléans, appartinrent d’ailleurs dans un premier temps à leurs physiciens, Jean de Marigny45 et Jean Cailleau46. Les mentions d’ouvrages diététiques médiévaux sont en revanche plus rares dans ces bibliothèques princières, à l’exception des exemplaires de dédicace qui nous sont parvenus, comme le régime de Bernardo Torni adressé à Jean de Médicis47 ou la Summa lacticiniorum de Pantaleone da Confienza envoyée à Sixte IV48. On connaît aussi le Libellus de sanitate conservanda que Guido Parato fit parvenir au duc de Bourgogne, Philippe le Bon (par l’intermédiaire de deux de ses émissaires envoyés à Mantoue, Jean de Croy et Jean de Clèves) et sa traduction française : le manuscrit latin, actuellement conservé à la Bibliothèque royale de Bruxelles, porte les armes du duc de Bourgogne, tandis que la version vernaculaire, conservée à la bibliothèque de Saint-Péterbourg49, se trouvait encore à Bruxelles en 1487, d’après l’inventaire dressé le 15 novembre de cette année là50. Outre les armes et la devise du duc de Bourgogne, le manuscrit comporte aussi, au deuxième feuillet, une miniature qui représente le médecin remettant au duc son ouvrage ; ce dernier y est représenté avec la reliure de damas vert qui est encore la sienne aujourd’hui51. La cour de France possédait aussi des régimes de santé, à l’image de cet exemplaire du Libellus de conservatione sanitatis de Benedetto Reguardati dont Louis XI fit don à son chapelain Jean Boucart en 146952. Ce roi, qui se montra intéressé par les ouvrages médicaux, s’en fit transcrire plusieurs, mais, d’après un catalogue publié par Léopold Delisle, il ne possédait qu’une trentaine d’ouvrages, parmi lesquels (selon l’incipit), le De honesta voluptate ac valetudine de Platine53. Les comptes de l’Hôtel font état des rémunérations à verser à un certain Regnault Fullole (ou Feulode) de Tours qui copia, enlumina et relia pour Louis XI un livre de Rhazès (d’après un exemplaire prêté par la faculté de médecine de Paris54) et « un petit traictié Du Régime, pour la personne du dit seigneur ». Ces volumes datent des années 1480-148255.
13Les bibliothèques des princes disposaient généralement des productions de leurs propres médecins : ainsi les ducs de Ferrare possédaient un ou plusieurs exemplaires (les inventaires sont trop imprécis pour le déterminer) du Libreto de tutte le cosse che se magnano de Michel Savonarole. La « librairie » conventuelle de San Marco à Florence abritait un manuscrit du De triplici vita de Marsile Ficin56. À Milan, l’inventaire de 1426 qui répertorie les livres des Visconti fait état de deux ouvrages de Maino de Maineri qui, vers la fin de sa vie, servit Luchino Visconti : d’une part le long régime adressé à l’évêque d’Arras, de l’autre, l’Opusculum de saporibus, extrait de cette somme. Dans le catalogue de 1469, figure la version italienne du Libellus de conservatione sanitatis du médecin de Francesco Sforza, Benedetto Reguardati57. Sans doute ce dernier, qui venait peut-être de faire traduire son ouvrage, en fit-il don à son maître.
Lettrés, étudiants, clercs et « commun peuple »
14Nobles et princes ne forment qu’une partie de ceux qui eurent en leur possession des régimes de santé ; les professionnels de l’ars medica et les ecclésiastiques, des simples clercs aux prélats de la Curie, sont également représentés58. Le livre diététique recrutait encore ses lecteurs parmi les « intellectuels », des professeurs d’université et des étudiants, familiers de l’écrit. Au début du xive siècle, la bibliothèque de la Sorbonne s’enrichissait de plus de cent-vingt volumes ayant appartenu à Pierre de Limoges (ca. 1230-1306), maître ès arts et bachelier en théologie. Parmi les soixante-sept manuscrits de sa donation qui furent conservés, le B.n.F., lat. 15362, partiellement copié de sa main, contient, au sein d’un ensemble de textes hétérogènes, un noyau médical où figure une très belle copie du Tacuinum sanitatis d’Ibn Buṭlān. Du côté italien, le manuscrit Vat. lat. 4462 de la Bibliothèque Vaticane, qui contient entre autres les traités de Filippo d’Arezzo, porte les armes de Taddeo Pepoli, seigneur de Bologne, de 1337 à 134759. Mais, plus peut-être que ses fonctions politiques, est-ce la carrière antérieure de juriste, diplômé en grande pompe le 1er mai 1320 aux frais de la commune, qui explique un intérêt personnel de Taddeo pour des œuvres de médecine et la commande passée de la copie auprès d’un atelier bolonais.
15Sans appartenir toujours aux élites universitaires60, les possesseurs de manuscrits diététiques se recrutent également parmi des familiers des lettres plus modestes, comme ce Jean Cherizier, maître d’école et bachelier de la faculté des arts, qui détenait une copie du traité d’Aldebrandin de Sienne61. Deux autres bacheliers de Cracovie, Johannes de Oswiecim62 et Johannes de Michálow63, ont eu un exemplaire du régime d’Arnold de Bamberg qui bénéficia, durant tout le Moyen Âge, d’une grande diffusion dans l’est de l’Europe64. Les ex-libris et inventaires fournissent aussi trois noms de gens de robe : Simon de Plumetot, Jean Budé et Pierre Cantet. En réalité, Simon de Plumetot (1371-1443) ne possédait qu’une partie du manuscrit B.n.F., lat. 1492765. Avocat du roi en 1412, devenu successivement conseiller aux Enquêtes en 1423 et à la Grand-Chambre66, il ne copia qu’une partie du codex, qui fut enrichi de nouveaux cahiers (contenant notamment le régime de l’École de Salerne), après son entrée dans le fonds de Saint-Victor67. De noblesse récente et fortuné68, issu d’une famille de serviteurs de l’État sous Charles V et Charles VI, Jean Budé (1430-1502) occupa les charges de grand audiencier et de trésorier des chartes. Formé à la médecine – d’après son fils, le célèbre helléniste Guillaume Budé69 –, il commanda au moins trois manuscrits à vocation pratique groupant des traités diététiques, reliés à ses armes. Le premier (Paris, Bibliothèque de l’Arsenal, ms 972) contient le régime d’Arnaud de Villeneuve, accompagné d’un recueil d’aphorismes70. Dans le deuxième (Leyde, Bibliothek der Rijksuniversiteit, Voss. Chym. Q.28), pour l’essentiel formé de conseils thérapeutiques du médecin catalan, on trouve aussi le De esu carnium du même auteur, un traité pour partie de spiritualité, pour partie de diététique71. Le troisième (Paris, Paris, B.n.F., lat. 6931) comporte le Flos Salernitani. Le codex de Leyde fut copié en 1484 par Jean de Bailleul, également responsable du B.n.F., lat. 6926, du lat. 6971 (qui contient notamment le De conservatione sanitatis de Bernard de Gordon72) et de bien d’autres manuscrits pour l’essentiel médicaux73. La bibliothèque de Jean Budé, pour ce qu’on peut en connaître d’après les trente-neuf manuscrits conservés, témoigne d’une curiosité variée. Elle abritait des traités politiques et religieux, ainsi que onze ouvrages médicaux74. Les choix relatifs à l’ars medica montrent, aux côtés des œuvres des autorités pour l’essentiel arabes75, une attention à la production contemporaine représentée par des passages du commentaire de Jacques Des-pars au Canon d’Avicenne76. Quant à Pierre Cantet, possesseur d’un exemplaire d’Aldebrandin de Sienne, il demeure un parfait inconnu malgré ses titres de procureur en Parlement ; rien n’autorise en effet à en faire un membre permanent du Parlement de Paris. Son nom ne figure d’ailleurs pas dans les listes prosopographiques des officiers des diverses chambres. Peut-être était-il le représentant de quelque provincial influent ou d’une institution religieuse. Le fait qu’il précise avoir acheté son livre au Palais royal à Paris, sans doute dans la Grand-Salle où se vendait nombre d’ouvrages en français, attesterait plutôt une présence occasionnelle dans la capitale. Sans qu’on connaisse la place qu’occupait le Livre de Physique dans sa bibliothèque, il illustre cependant l’ouverture des gens de robe à la culture vernaculaire que souligne Geneviève Hasenohr pour le premier xve siècle77. À l’exception de ces cas, je n’ai guère trouvé d’autres occurrences d’officiers royaux ; les testaments enregistrés par le Parlement de Paris sous Charles VI par exemple n’ont livré que deux mentions d’un ouvrage médical78. Le livre diététique ne semble guère non plus avoir touché le milieu des humanistes, à l’exception bien sûr de Platine ; le manuscrit 187 de la Wellcome Library appartint ainsi à Ludovico Cendrata de Vérone († ca. 1497-1499), ami et parent de Guarino de Vérone, fut aussi un homme politique de la cité, à plusieurs reprises « provveditore », conseiller et membre de la Curie podestarile dans la seconde moitié du xve siècle79.
16Enfin, dans la catégorie du « commun peuple » (pour reprendre la terminologie de Geniève Hasenohr empruntée à Christine de Pizan), où le livre est un bien rare, figurent deux bourgeois de Paris, un « citoyen de Châlon » et un dénommé Denis Briet, boulanger à Dijon80. Tous disposaient d’un exemplaire du Livre de Physique d’Aldebrandin de Sienne, qui occupe une place à part dans l’univers littéraire diététique, puisqu’à l’exception de traductions du Secret des secrets, du régime en vers de Thomas de Thonon et d’une version française du régime d’Arnaud de Villeneuve, il s’agit de la seule œuvre en français sur le sujet : ce monopole culturel lui a assuré un succès auquel pratiquement aucune autre œuvre médiévale ne peut être comparée, à l’exception du Régime d’Arnaud de Villeneuve. Les bourgeois parisiens dont on ignore l’activité font partie de cette « classe moyenne » qui s’est progressivement familiarisée avec la culture écrite, surtout vernaculaire, grâce à des rudiments de formation scolaire. L’un d’eux, Hugues de Salve, commanda son Livre de physique à un écolier parisien, Jean Quatredens81. Denis Briet, en revanche, représente une profession peu touchée par le livre, comme le furent marchands et artisans dans leur ensemble, du moins dans le royaume de France. L’enquête menée par Pierre Aquilon pour les années 1480-1530 montre en effet que si ces catégories professionnelles formaient 7,6 % des inventaires après décès collationnés à Paris et 10,3 % de ceux de province, elles ne possédaient respectivement que 0,3 % et 0,98 % des livres répertoriés82. La présence d’ouvrages y est l’exception, plus encore s’il s’agit d’un livre technique ou scientifique. Jean Forestier, marchand pelletier d’Amiens, échappe cependant à ces caractéristiques, lui qui, en 1519, possédait vingt-un ouvrages dont deux traités de sciences naturelles et médicales de faible envergure scientifique, le Livre des propriétés des choses, traduction du titre de Barthélémy l’Anglais par Jean Corbechon, et un régime de santé83. Le métier des peaux n’était toutefois pas l’un des plus pauvres. À Florence, en revanche, l’enquête menée par Christian Bec a montré qu’au xve siècle, la culture du livre avait pénétré non seulement le milieu marchand, les arts et plus généralement le « popolo grasso », mais que s’y était aussi progressivement ouverte la bourgeoisie moyenne ou petite, comme si « prospérité économique et richesse en livres [allaient] de pair84 ».
Les établissements religieux et les bibliothèques « publiques »
17À côté de ces possesseurs « privés », les ex-libris livrent aussi les noms de collèges et d’institutions religieuses, dont les collections furent pour partie formées grâce aux dons d’anciens membres ou de frères décédés. À l’exception des établissements pour étudiants pauvres se destinant à la médecine, fondées à l’initiative de praticiens comme Guido da Bagnolo85 à Bologne (qui généralement songeaient à les doter d’une « librairie »), les bibliothèques des collèges ne contenaient que peu d’ouvrages d’ars medica86. La Sorbonne fait exception puisqu’elle comptait de nombreux titres dans ce domaine87, en partie grâce à la donation, qui transita par Gérard d’Abbeville88, de Richard de Fournival († ca. 1260), médecin et chancelier de la cathédrale d’Amiens89. À un degré moindre, la bibliothèque de Saint-Victor, qui autorisait le prêt de livres90, possédait aussi une petite réserve de traités médicaux91 : le catalogue de Claude de Grandrue de 1514 présente, sous la cote T, vingt-un ouvrages sur le sujet pour un total de 1081, soit 1,94 % de l’ensemble. Mais, en fonction des compositions des codices, certains opuscules furent inventoriés sous d’autres cotes, notamment en FFF, arts et techniques. La bibliothèque possédait le Flos Salernitani en deux exemplaires (B.n.F., lat. 14927 et lat. 15171), deux copies des Diètes universelles et particulières d’Isaac Israëli (l’une est actuellement à la Bibliothèque de l’Arsenal, ms 865, l’autre à la B.n.F., lat. 14390) et le régime d’Arnaud de Villeneuve accompagné du Speculum medicinale (B.n.F., lat. 14732)92. Ces informations confirment l’impression d’une bibliothèque ouverte aux études séculières93. Pour consulter un ouvrage médical, les étudiants en médecine de Paris pouvaient aussi se rendre au collège de Navarre94 ou à la faculté qui ne comptait toutefois que quinze volumes en 1395, dont aucun ne concernait la science conservatoire de la santé95. En revanche, le collège des Douze-Médecins à Montpellier, fondé par Urbain V en 1369, disposait d’un fonds médical, puisque l’institution avait pour vocation d’accueillir les futurs praticiens96. On ne connaît qu’un inventaire du xvie siècle, édité dans le Cartulaire de l’université97. Essentiellement constituée d’ouvrages universitaires, parmi lesquels plusieurs commentaires du livre I du Canon d’Avicenne, la bibliothèque est riche de quelques livres de diététique : les Diètes d’Isaac Israëli, bien sûr, mais aussi le De facultatibus alimentorum de Galien, et surtout le Regimen sanitatis Arnaldi de Villanova dont la présence s’explique sûrement par la réputation de son auteur et sa carrière montpelliéraine98.
18La bibliothèque de la faculté de médecine d’Heidelberg, elle, bénéficia non seulement des dons de ses anciens professeurs99 mais aussi de celui de Louis III, prince-électeur palatin (1410-1436)100. Dans son testament daté de 1436, ce dernier léguait ses livres à l’université dont, fait plutôt exceptionnel pour une bibliothèque princière, cinquante-cinq volumes de médecine101. Cette « librairie » à la fois pratique et théorique contenait un seul ouvrage diététique, qui n’était toutefois pas une traduction mais une production allemande : d’après l’incipit, il s’agit de la partie alimentaire du régime de Konrad de Eichstätt102. Sa présence vient confirmer un phénomène déjà constaté pour le traité d’Arnold de Bamberg, à savoir une aire de diffusion plutôt est-européenne de ces ouvrages allemands. En revanche, la bibliothèque de la faculté de médecine de Montpellier ne nous est connue que par un inventaire tardif, qui fait état de la reconstitution du fonds, après la destruction dont elle fut l’objet en 1494, à la suite d’émeutes contre les étudiants103. S’y mêlent, sans distinction, ouvrages imprimés et manuscrits, sans qu’on sache si les exemplaires répertoriés en 1506 reflètent un état antérieur de la bibliothèque, ou des acquisitions profondemment renouvelées. Toutefois, il faut y noter la forte présence de Montpelliérains, mais aussi d’Italiens, parmi lesquels des médecins du xve siècle. Et si parmi eux, figurent des auteurs de manuels d’hygiène (tels Michel Savonarole, Gérard de Solo, Ugo Benzi ou encore Bernard de Gordon), aucune de leurs productions sur le sujet n’y est mentionnée. La seule œuvre diététique est représentée par un texte éminemment universitaire, les Diètes d’Isaac Israëli, sans plus de précision104.
19Les inventaires de bibliothèques religieuses mentionnent d’autres titres et noms de possesseurs, comme ce frère Jérôme du monastère Saint-Augustin de Bergame qui possédait pour son usage le régime d’Arnaud de Villeneuve105. Ils confirment que le livre médical, certes minoritaire, est cependant régulièrement présent et que les ouvrages diététiques ont souvent la préférence par rapport à bien d’autres genres – à l’exception des textes fondamentaux du savoir théorique, le Canon d’Avicenne et les traités galéniques. Sur les deux mille trois cent dix-huit ouvrages inventoriés à Clairvaux en 1472, vingt-deux seulement concernent la médecine (soit 0,94 % du total) ; l’hygiène y est représentée par trois exemplaires des Diètes universelles et particulières106. Les bibliothèques de monastères cisterciens et prémontrés britanniques ont révélé, elles aussi, d’autres manuscrits diététiques, pour l’essentiel cinq volumes des Diètes107, mais aussi un Secret des secrets (conservé à Titchfield sous le numéro 116n) et l’un des régimes de Maino de Maineri (à Monk Bretto, no 131a)108. De même, la « librairie » du couvent franciscain de Sienne témoigne de la présence de quelques traités médicaux ; dans la partie où les livres étaient enchaînés et à l’usage des seuls frères, l’inventaire de 1481 énumère quinze titres médicaux sur cinq cents volumes, parmi lesquels deux Tacuina sanitatis. Dans la partie publique, seuls vingt-un livres sur huit cent cinquante concernent cette discipline, parmi lesquels un exemplaire des Diètes universelles sine copertis cum maculis in principio109.
20De leur côté, les ex-libris des manuscrits diététiques conservés ont confirmé qu’un nombre assez important de bibliothèques conventuelles, en Angleterre, en Allemagne, en Flandre ou dans le royaume de France110, possédait des manuels d’hygiène. La plupart du temps légués par les frères à leur mort, certains d’entre eux furent copiés dans l’enceinte de l’abbaye comme le Libellus de conservatione sanitatis de Jean de Tolède (dans le ms 50 de la bibliothèque de Namur), transcrit au monastère du Jardinet près de Walcourt en 1444, ou comme l’un des manuscrits du régime de Sigismond Albicus, copié par le prieur et chapelain du monastère de Buben à Breslau en 1437111.
21Quel que soit l’ordre religieux concerné et quel que soit le pays, les résultats obtenus sont pratiquement les mêmes : les livres diététiques sont peu nombreux mais généralement représentés, souvent par un texte plutôt ancien (traduction d’un original arabe, ou production latine), au sein d’un ensemble médical plus ou moins étoffé.
22Si ce tour d’horizon social témoigne d’une présence fort minoritaire du livre médical et plus encore diététique au regard de la composition des bibliothèques étudiées, il souligne aussi que le discours sur la conservation de la santé est souvent indissociable de la possession d’ouvrages fondamentaux de la médecine : tantôt incarné par l’un des rares traités de l’enseignement diététique médiéval, les Diètes universelles et particulières d’Isaac Israëli, tantôt par des livres à caractère pratique comme le De preparandis cibis infirmis du maître du xiie siècle, Petrus Musandinus (souvent diffusé dans des collections de textes salernitains), ou par des régimes à vocation généraliste, l’ouvrage diététique s’inscrit au sein d’un petit fonds médical. Dans quelques cas cependant, et les inventaires ecclésiastiques en fourniront quelques exemples, il représente le seul traité à vocation médicale d’une bibliothèque. Les études universitaires séculières, la médecine en particulier, n’y étant guère prisées, la connaissance du divin l’emporte largement sur la science des actions humaines.
23Les ex-libris et les inventaires suggèrent aussi une diffusion assez large de ce type d’ouvrage, avec une spécialisation linguistique et sociale de plus en plus marquée : si les traités en latin circulent indifféremment dans les milieux de cour, parmi les « intellectuels » et dans les établissements religieux et scolaires, la production en vernaculaire touche un plus vaste public : les princes d’une part qui, de moins en moins familiers de la langue savante, laissent à leurs médecins les ouvrages en latin ; d’autre part des groupes sociaux a priori plus étrangers à la culture écrite ou, du moins, plus récemment conquis et qui, non contents le plus souvent de posséder un bréviaire ou tout autre livre de dévotion, voire un roman, s’enquièrent de leur sanitas corporis112.
24Ces caractéristiques démarquent le texte diététique du reste de la littérature médicale pratique qui s’est dans l’ensemble plutôt cantonnée à des bibliothèques spécialisées. Mais si le régime a su dépasser le cadre de son milieu d’origine, que sait-on de sa présence dans les « librairies des professionnels de la santé » ?
LES BIBLIOTHÈQUES SPÉCIALISÉES : ECCLÉSIASTIQUES ET MÉDECINS
25D’autres groupes sociaux ont montré, en certaines occasions, un intérêt pour l’hygiène : d’un côté les membres de l’Église, notamment le clergé séculier qui fut très tôt ouvert à la production scientifique, par la médiation de la cour pontificale, et manifestement attaché à la question de la prévention ; de l’autre, bien sûr, les « professionnels de la santé », principaux agents de la mise en pratique des préceptes diététiques. Profondément marqués par le livre et par l’écrit, ces milieux disposèrent en outre souvent de bibliothèques de grande envergure.
Les bibliothèques ecclésiastiques et pontificales
26L’intense mobilité des manuscrits « des bibliothèques pontificales » (surtout du temps de la résidence avignonnaise) rend difficile une étude quantitative de la présence du livre diététique dans les différents catalogues conservés. Mais l’enquête est possible à partir d’inventaires de bibliothèques ecclésiastiques privées113. L’échantillon retenu se limite aux biens des clercs non français morts au temps du Grand Schisme, inventoriés au nom du droit de dépouille114.
Le droit de dépouille
27Parmi les rapports des saisies faites par les agents de la Chambre Apostolique au nom du droit de dépouille115, cent neuf documents ont été retenus : inventaires après décès d’un clerc, testaments, quittances, titres de vente ou encore actes de propriétés, dont certains se rapportent à une même personne. Si chaque source restitue un image cohérente de la collection à un moment donné de son histoire, elles n’en sont pas moins lacunaires et souvent disparates116. Aussi, tout recensement du nombre de textes mentionnés est-il rendu difficile du fait de l’inégale valeur descriptive des sources. J’ai donc préféré opter pour le décompte des volumes et, lorsqu’ils comportaient plusieurs traités, ces derniers n’ont été recensés qu’une fois117. Les résultats obtenus n’ont au mieux qu’une valeur indicative de la présence du livre diététique dans un groupe de personnes culturellement, voire intellectuellement proches, de par leurs fonctions ou leur formation.
28Cinq paramètres ont été retenus pour l’analyse de ce corpus : 1 – le nombre total de livres cités par document (de un à plus de cent, pour une moyenne de trente-cinq) ; 2 – les codices non médicaux (les ouvrages de philosophie, de théologie, de morale, de droit, d’astrologie, les romans, les livres en latin et en langue vernaculaire) n’ont donc pas fait l’objet d’indexation spécifique ; 3 – les ouvrages médicaux à l’exclusion des traités d’hygiène ; 4 – les textes diététiques ; 5 – les ouvrages non identifiés118, parce que décrits trop succinctement dans l’inventaire par leur simple incipit ou par un trop vague item unum librum.
29Les deux cent cinquante-neuf documents inventorient dix mille cent quatre-vingt-quinze articles, dont neuf mille sept cent sept dans la catégorie groupant les sujets non médicaux, auxquels s’ajoutent trois cent soixante-cinq livres non identifiés et respectivement quatre-vingt quinze et vingt-huit ouvrages pour les champs « médecine » et « diététique » (graphique 13). Le livre médical et plus xve siècle119. En outre, les livres de diététiques sont ici largement ouvert aux traductions latines de traités grecs et arabes, ainsi qu’à des ouvrages qui, à l’image du Secret des secrets, dépassent la seule dimension médicale.
30Le livre diététique ou médical ne concerne qu’un faible nombre de bibliothèques : seulement quarante-huit documents sur deux cent cinquante-neuf mentionnent la présence d’au moins un ouvrage médical, soit à peine plus de 18 % des inventaires, alors que pour les traités diététiques, la part tombe à 8,1 % (vingt-une sources citent au moins un manuscrit d’hygiène). Si les livres médicaux apparaissent aussi bien dans de petites bibliothèques (« B » de moins de cinq items, quoiqu’en faible nombre) que dans les très grandes (à plus de cent entrées)120, les régimes sont absents des premières mais leur présence s’affirme au gré de l’accroissement de la bibliothèque considérée (graphique 14).
31Dans l’ensemble les ouvrages médicaux et a fortiori diététiques sont des éléments isolés. En effet, si vingt-huit bibliothèques abritent un seul traité médical, treize en recensent entre deux et cinq, et seulement quatre plus de cinq. Les résultats obtenus pour les traités d’hygiène sont encore plus tranchés : alors que vingt-un inventaires n’ont qu’un item diététique, un seul en rassemble trois121. Ce cas particulier, où dix-neuf articles sur les vingt-cinq répertoriés relèvent de l’ars medica, ne saurait étonner puisqu’il s’agit de l’énumération des biens de Johannes Amici de Florence, qui fut médecin de Clément VI122. En général, la possession d’un traité préventif témoigne sans doute plus d’une curiosité pour le sujet que d’un intérêt profond, puisqu’il apparaît particulièrement isolé dans une collection dévolue à d’autres disciplines.
32L’ensemble de ces résultats peut sembler maigre d’un point de vue quantitatif, mais ce n’est guère étonnant pour des possesseurs a priori étrangers à cette science, de par leurs fonctions. Le régime représente cependant plus d’un cinquième (22,8 %) des traités médicaux (au sens large)123 recensés. Dans certains cas, il constitue même le seul ouvrage médical répertorié. Quatorze évêques ou archevêques dont les biens furent inventoriés au nom du droit de dépouille ne possédèrent ainsi pour tout livre médical qu’un régime124. Enfin n’oublions pas que trois cent soixante-cinq items sont restés non identifiés, quoiqu’ils ne semblent pas relever pour autant de cette discipline.
33D’un point de vue qualitatif, le dépouillement de ces inventaires s’est révélé plus intéressant, puisqu’il a livré de nouveaux noms de possesseurs de traités diététiques. Dans sept cas, il est possible par l’incipit ou par les noms d’auteurs d’identifier l’œuvre avec assurance : outre le Libellus de conservatione sanitatis de Barnabas Riatinis da Reggio et le régime d’Arnaud de Villeneuve, deux exemplaires des Diètes universelles d’Isaac Israëli sont mentionnés – respectivement parmi les biens de Bernardus, évêque de Rapolla († 1330) et de Matteo della Porta, professeur de théologie et archevêque de Palerme († 1377)125 –, ainsi que plusieurs exemplaires du Secret des secrets126. En revanche, à sa mort, Andrea Ghini Malpigli, n’avait pas conservé le regimen que Maino de Maineri lui avait adressé127 ; de même, en 1348, Hugues Aimery, évêque de Saint-Paul-trois-châteaux, ne possédait plus le régime que quatre médecins montpelliérains lui avaient envoyé quelques années plus tôt, en 1335128. Ces absences doivent engager à la plus grande prudence dans l’interprétation des dédicaces qui figurent dans les œuvres, même à propos de celles qui ne paraissent pourtant pas relever de la simple captatio benevolentiae129.
34Deux autres grandes bibliothèques ecclésiastiques qui échappèrent au droit de dépouille révèlent elles aussi une assez forte présence du livre médical et plus encore du traité diététique. Dans sa « librairie » riche de trois cent cinq volumes, Nicolas de Cues (1401-1464), légat apostolique, cardinal de Saint-Pierre-aux-liens et grand lettré, avait ainsi rassemblé vingt-un ouvrages de médecine (soit 6,9 % de l’ensemble), parmi lesquels plusieurs De facultatibus alimentorum de Galien, des Dietas utiles (qui, copiées dans un manuscrit qui contient déjà le traité sur les urines d’Isaac Israëli, peuvent assuremment être identifiées comme les Diètes universelles et particulières du même auteur) et un De dietendis infirmis, autrement dit l’ouvrage de Petrus Musandinus130. Ses anciennes études de médecine, une amitié entretenue de longues années durant avec le médecin et mathématicien Paolo Toscanelli, ou les diverses affections dont Nicolas de Cues souffrait (goutte, ophtalmie, colite...), expliquent l’ampleur d’une telle collection. Près d’un siècle plus tôt, John Erghome, un chanoine augustinien de York, qui fut aussi magister en théologie à Bologne puis à Naples, manifestait un intérêt tout aussi éclectique, puisque sa bibliothèque, comprenant trois cent six ouvrages, contenait seize traités médicaux : outre le premier livre du Canon d’Avicenne, on y trouvait le De conservatione vite humane de Bernard de Gordon, un De conservatione sanitatis anonyme, les Secrets des secrets et peut-être l’opuscule diététique de Petrus Musandinus (décrit sous le titre de Liber medicinalis de regimine infirmi)131. Enfin, dans un article récent, Marie-Henriette Jullien de Pommerol notait à propos de prélats méridionaux, l’exemple plutôt rare de Thibaud de Castillon, évêque de Lisbonne mort en 1356, qui détenait vingt ouvrages médicaux au sein d’une bibliothèque riche de cent trente-deux articles132.
35Pourtant ces cas se révèlent dans l’ensemble plutôt exceptionnels, et d’autres études ponctuelles, telle celle de Matthieu Desachy à propos des chanoines de Rodez, viennent confirmer la très faible présence, dans l’ensemble, du livre médical dans les bibliothèques du clergé, plus encore s’il est de basse condition133.
« Les bibliothèques pontificales »
36Grâce à l’exercice du droit de dépouille, la papauté put récupérer nombre d’ouvrages et les verser dans ses propres fonds. Les catalogues de la bibliothèque pontificale, de Boniface VIII à Sixte IV134, ne mentionnent cependant pas beaucoup de traités d’hygiène, preuve que bien souvent les livres signalés dans les inventaires après décès des évêques et autres cardinaux furent plutôt mis en vente que conservés. Ainsi, aucun des cinq ouvrages diététiques répertoriés en 1353 (dans un inventaire qui recense des livres provenant du droit de dépouille), ne figure dans le catalogue du palais pontifical sous Urbain V135. Parmi les rares titres, signalons un exemplaire du Tacuinum sanitatis parmi les six ouvrages médicaux de la bibliothèque portative de Benoît XIII136. On le retrouve dans la liste des livres qui devaient être envoyés à Peñiscola, quand la papauté décida d’abandonner Avignon en 1409137. Quelques décennies plus tôt, au palais pontifical, figurait le Secret des secrets parmi les livres de la Chambre du Cerf (ou studium), inventoriés à la mort de l’antipape Clément VII138. Peut-être s’agissait-il de l’exemplaire répertorié dans le catalogue de 1369139 ?
37Ces mentions sont bien peu nombreuses et rares sont les ouvrages diététiques recensés dans les inventaires pontificaux publiés du xive siècle. Le régime de Niccolò Dominici de Pérouse, professeur et médecin de Jean XXII, dédié à ce dernier, est un cas isolé ; il apparaît parmi les livres d’Urbain V et se retrouve parmi ceux de Grégoire XI140. Le volume disparut des catalogues postérieurs et aucun manuscrit à ma connaissance ne conserve la trace de ce texte. Il faut attendre Grégoire XI141, mais plus encore Benoît XIII, pour que la bibliothèque pontificale se dote d’un vrai fonds médical, classé par disciplines, comme pour les autres champs du savoir, ce dont témoigne le catalogue de la grande « librairie » d’Avignon en 1407142. Dans la bibliothèque du château de Peñiscola, sous le pontificat de Benoît XIII, les livres médicaux, au nombre de vingt-trois, sont plus nombreux qu’auparavant et comprennent aussi deux textes d’hygiène, parmi lesquels le régime d’Arnaud de Villeneuve et le De gradibus du même auteur ainsi qu’un Regimen sanitatis magistri Bernardi, titre qui désigne sans doute l’ouvrage de Bernard de Gordon143. Ces traités furent peut-être donnés à la bibliothèque par le pape lui-même, qui aurait pu se familiariser avec les œuvres des maîtres montpelliérains en 1370, quand il enseigna dans l’université languedocienne144.
38Le schisme ne fut pas sans conséquence pour une bibliothèque que les papes du xve siècle durent reconstituer presqu’entièrement145. Eugène IV puis Nicolas V146 participèrent à cette reconstruction qui est notamment marquée par l’entrée d’ouvrages médicaux et de deux volumes des Diètes d’Isaac Israëli147. Mais c’est seulement avec Sixte IV et son premier custode, Platine, que la bibliothèque connaît une véritable expansion148 et qu’elle s’ouvre à la littérature scientifique, en grande partie représentée par des ouvrages anciens, traduits, pour certains, dans le milieu pontifical, comme le De facultatibus alimentorum de Galien, mais aussi par des traités récemment « redécouverts » comme le De medicina de Celse. Le Tacuinum sanitatis figure aussi dans le catalogue de 1475149. À côté de ces auteurs classiques, on trouve quelques médiévaux comme Gentile da Foligno, Dino del Garbo, Pietro d’Abano, Marsilio Santasofia, voire des auteurs plus récents comme Niccolò Falcucci, sans qu’il soit possible de savoir si y figurent les sept volumes de ses Sermones medicinales150. Dans le domaine diététique, l’inventaire rédigé en 1481 par Pietro Demetrio Guazzelli151, premier custode aux ordres de Platine, mentionne deux items : le régime d’Arnaud de Villeneuve (appelé Rainaldus d’Espagne)152 et un volume anonyme qui contient plusieurs textes :
De conservatione sanitatis. De modo et ratione flobotomandi. De electione dierum ad medendum per chirurgiam. De egritudinibus a capite usque ad pedes. Et Quadripartitus figurarum moralium Bonjoannis Messanensis ord[inis] predicatorum ex membranis in rubeo. (In eodem volumine)153.
39Mentionné dans les inventaires successifs, l’auteur des traités médicaux n’est identifié que dans celui de 1518 sous le pontificat de Léon X : le régime, les conseils sur la saignée et la Practica sont attribués à Filippo Bandini d’Arezzo154. Ce codex, entré dans les fonds de la Bibliothèque Vaticane sous Sixte IV, peut être identifié avec le manuscrit actuellement coté Vat. lat. 4462155 : il contient, outre les deux traités du médecin siennois (le régime et son ouvrage d’ophtalmologie), la plus ancienne copie conservée du Liber quadripartitus figurarum moralium du dominicain Bongiovanni da Messina156. Dans le catalogue de 1518, apparaissent aussi les premières mentions de l’opuscule de Petrus Musandinus157 et du commentaire de Petrus Hispanus aux Diètes d’Isaac Israëli158. En revanche, la Summa lacticiniorum que Pantaleone da Confienza adressa au pape Sixte IV n’est inventoriée que sous Paul III (1534-1585), sans que l’on sache les raisons d’une si longue occultation159.
Les bibliothèques médicales
40Pour mieux traquer le livre diététique dans les bibliothèques privées de médecins, une étude quantitative, fondée sur des éditions d’inventaires italiens, recensées pour partie dans les travaux d’Alcide Garosi160, Tiziana Pesenti et Donatella Nebbiai-Dalla Guarda était nécessaire161. Les soixante-trois documents répertoriés162 sembleront peut-être un éventail réduit ; il était toutefois plus logique, pour la cohérence de l’étude, de le limiter à ses bornes italiennes plutôt que de l’enrichir par de nouveaux documents empruntés à d’autres aires géographiques163.
41Ces inventaires et autres catalogues ne correspondent pas à une unique profession médicale : aux côtés des médecins majoritaires, figurent aussi trois chirurgiens164. Six praticiens exercent auprès de rois, de princes et de ducs165, dix enseignent dans des facultés de médecine et quelques-uns sont entrés au service de communes italiennes. Selon le type d’activité, les rétributions n’étaient pas équivalentes ce qui ne fut pas sans influence sur la richesse des bibliothèques. Un Guido da Bagnolo (ca. 1320/1325-1370) possédait ainsi de nombreuses propriétés foncières et soixante livres166. Son contemporain, Guglielmo da Treviso, simple chirurgien communal, n’avait que de vingt-six ouvrages et au début du xvie siècle, Berengario da Carpi, chirurgien également, ne semble avoir eu à sa disposition que quatorze traités167.
42Les documents utilisés couvrent une aire géographiquement limitée où les régions du nord et du centre de l’Italie sont toutefois plus favorablement représentées ; une seule source respectivement pour les Marches, pour Rome et pour la Calabre, trois inventaires napolitains et cinq siciliens fournissent un éclairage pour le sud, alors qu’on dispose de cinq documents bolonais, de six florentins et padouans. Les autres villes mentionnées sont, soit des cités universitaires comme Pavie (2), Sienne (2), Pérouse (1) ou Pistoia (2), soit des centres urbains importants comme Gênes (1), Vérone (1), Venise (2), Milan (3), Lucques (2), Rimini (1), Trévise (2) ou encore Modène (2). Le testament de Guido da Bagnolo a été retenu parmi les inventaires italiens, bien que son auteur ait été médecin du roi de Chypre ; en effet, en 1362, ce praticien originaire d’Émilie céda ses biens au collège qu’il fonda pour les étudiants pauvres à Bologne, ville où il avait été formé. Ces inventaires établis entre 1270 et 1582 révèlent des périodes plus riches en documents que d’autres, essentiellement le xve siècle et notamment sa seconde moitié (graphique 15).
43Les écarts sont donc tres marqués, y compris entre la seconde moitié du xive siècle – ou les inventaires ont déjà commencé a croître – et la fin du xve, avec une augmentation de un a trois. Les testaments, et plus encore les inventaires après décès, accentuent les décalages entre la période d’activité du possesseur et le moment ou le recensement de ses biens a été établi. Parfois il atteint le demi-siècle, voire plus, comme dans le cas de Pierleone de Spolète (1445-1492) dont l’inventaire fut rédigé par Bracceschi pres d’un siècle après sa mort, en 1582; d’après les études qui ont été conduites, y sont recensés des ouvrages qui n’appartinrent pas au médecin de Laurent de Médicis168. Aussi, plutôt que de choisir une périodisation par demi-siècle qui faisait basculer des inventaires des années 1401-1410 dans la première moitié du xve siècle (alors que l’activité de ces médecins s’était centrée sur le demi-siècle précédent), ai-je préféré opter pour une chronologie fondée, non sur la datation précise du document, mais sur la période d’activité du praticien, quoiqu’elle demeure parfois assez vague169. Ainsi un premier xive siècle, avec cinq documents, s’étend jusqu’en 1375, et la seconde moitié du siècle s’achève en 1425 ; elle rassemble dix-sept sources. La première moitié du xve siècle débute avec l’inventaire d’Antonio Cermisone (ca. 1368-1441)170 et s’achève avec le procès relatif aux biens de Lanzilao da Pisinis171 (en 1477) ; elle est riche de vingt-deux inventaires ; la seconde, forte de quinze catalogues, se termine dans le premier quart du xvie siècle. Elle regroupe une période d’activité centrée sur la seconde moitié du xve et le début du xvie siècle. Cette nouvelle périodisation (graphique 16) estompe légèrement certains décalages révélés par la précédente.
44Révélatrice de l’essor des bibliothèques privées et d’un accès plus aisé au livre pour un plus grand nombre de lecteurs, l’augmentation des documents disponibles pour le xve siècle suggère aussi une structuration plus marquée de la profession médicale. Elle n’en révèle pas moins de fortes disparités internes d’un inventaire à l’autre. Toutes les échelles de bibliothèques (graphique 17) apparaissent représentées, de celle qui ne dispose que d’un unique exemplaire172 (qui peut toutefois ne pas être représentatif de l’ensemble de la bibliothèque décrite), aux catalogues qui inventorient plus d’une centaine d’items, dignes en cela de bibliothèques cardinalices, voire princières. Sur les soixante-trois documents de départ, sept sont trop lacunaires pour pouvoir se prêter à des décomptes. Pour l’ensemble des cinquante-six documents restants, on obtient une moyenne d’un peu plus de soixante-quinze articles par bibliothèque, un chiffre supérieur à ce que donnaient les calculs établis à partir des inventaires ecclésiastiques.
45Quelle que soit la taille des bibliothèques, on constate qu’un saut quantitatif s’amorce des la seconde moitié du xive et s’étend sur un long xve siècle. Si les moyennes et les grandes bibliothèques (entre vingt et cent livres) étaient les plus nombreuses au xive siècle, ce sont surtout les secondes qui, au xve, connaissent la plus forte marge de progression, avant de diminuer au profit de plus petites ou au contraire encore de plus grandes (de plus de cent titres)173. L’augmentation des « librairies » moyennes de plus de vingt titres est aussi le signe, pour la fin du xve siècle, d’un essor général de la lecture, ou plus précisément de l’accès au livre.
46S’il faut donc conclure, sur la base de ces cinquante-six inventaires restants, à un essor significatif et du nombre de bibliothèques de médecins (à la réserve toutefois des sources lacunaires des époques précédentes) et de la quantité de livres généralement possédés par cette catégorie professionnelle (du moins, sur la base de l’exemple italien), que dire de la place qu’y occupe le texte diététique ? Les sources documentaires utilisées jusqu’à présent montrent ici leurs limites, puisque certaines ne permettent guère de déterminer avec précision le nombre de traités médicaux qui y figuraient et a fortiori d’ouvrages consacrés à l’hygiène. L’échantillon de départ se trouve ainsi amputé de quatre documents trop peu détaillés pour être retenus. Sur le nombre restant, quatre permettent seulement de connaître le total d’ouvrages médicaux par rapport à l’ensemble du catalogue. Ces inventaires livrent quatre mille deux cent dix-huit items dont deux mille trente appartiennent au champ médical, soit un peu moins de la moitié du total (48,1 %). Ce résultat, qui illustre les remarques de Donatella Nebbiai-Dalla Guarda174, en soulignant la variété des centres d’intérêts des praticiens, n’est guère étonnant pour une discipline scientifique qui touchait déjà, par elle-même, à d’autres champs du savoir. Il s’explique aussi par le fait que l’ouvrage n’est pas seulement un outil professionnel.
47La part du livre médical s’érode, passant de plus des deux tiers des ouvrages de la bibliothèque à moins de la moitié (moins de 45 %) en l’espace de deux siècles et demi (mi-xiiie/xvie siècles) quoique, pour le xiiie et le xvie siècles, on dispose de peu de documents175. À partir de la seconde moitié du xive, les évolutions les plus brutales se produisent, avec une chute de plus de trente points (de plus de 72 % des livres à moins de 40 %). Le second xve siècle voit une augmentation importante du nombre d’ouvrages médicaux, qui s’explique pour partie par la présence d’imprimés sur le sujet (comptabilisés ici avec les manuscrits) dans nombre de bibliothèques, mais aussi par le plus faible échantillon de documents recensés et par l’essor des bibliothèques de moins de cinquante ouvrages, souvent plus spécialisées (graphique 18).
48Les taux de présence du livre scientifique rapportés a la taille des bibliothèques font apparaître une tres forte spécialisation médicale qui affecte essentiellement les plus petites d’entre elles (de moins de vingt items), c’est-a-dire celles qui ont une vocation manifestement pratique (graphique 19). Tournées vers l’exercice professionnel, elles ne sont que peu ouvertes aux autres disciplines, scientifiques, théologiques ou philosophiques, si ce n’est au tournant des xive-xve siècles ou toutes les «librairies», quelle que soit leur taille, semblent touchées par un phénomène de diversification. Les catégories intermédiaires de vingt a cinquante ouvrages et des cinquante a cent offrent des profils plutôt constants, autour de 50% de titres médicaux voire supérieurs a ce chiffre, avec cependant une érosion plus forte de la présence médicale dans les plus petits inventaires. La encore, l’usage et la pratique de l’ars medica influencent fortement les stratégie d’achats. Enfin, par leur ampleur, les tres riches bibliothèques ne pouvaient que refléter un éventail tres large de disciplines, qui rend le livre médical parfois presque marginal. Dans le second xve siècle, le chiffre de livres spécialisés, supérieur a 60%, résulte d’un déséquilibre que produit l’inventaire des livres de Gerardo Boldieri (ca. 1405-1485), un médecin de Padoue, dont les ouvrages professionnels formaient presque les deux tiers d’une « librairie » forte de deux cent trente-sept ouvrages176.
49Reste encore à définir la place du livre diététique dans ce panorama général des bibliothèques de praticiens italiens de la fin du Moyen Âge. Seuls trente documents ont livré des noms et des titres de traités d’hygiène. Notons encore la part que représentent les items non identifiés ou trop imprécis pour être rangés dans cette catégorie : soixante-onze articles, soit plus de 1,68 % du total. Les inventaires et autres testaments ont donc fourni cinquante-six ouvrages à teneur plus ou moins diététique, mais la diversité des titres ne permet guère de les traiter de façon globale. En effet, aux ouvrages occidentaux et médiévaux, qui relèvent de la catégorie des régimes de santé, se mêlent des livres plus généraux, traductions latines de textes grecs ou arabes où la diététique ne constitue que l’une des composantes générales. Aussi la possession du livre I du Canon d’Avicenne pouvait-elle remplacer avec profit nombre de traités plus strictement consacrés à l’hygiène corporelle. Dans la catégorie des livres diététiques, le De regimine sanitatis de Galien côtoie les Diètes d’Isaac Israëli ou le Tacuinum sanitatis d’Ibn Buṭlān. Enfin, comment caractériser aussi un traité comme la Summa conservationis et curationis de Guillaume de Salicet dont un chapitre seulement est diététique ?
50Pour ne pas trop fausser les décomptes et parce que nous intéresse ici la possession d’ouvrages diététiques occidentaux, les traductions ont été exclues, à l’exception du Tacuinum sanitatis que la présentation simplifiée, sous forme de tableau (et raccourcie selon les versions), pouvait rendre proche des intentions de nombre d’ouvrages médiévaux sur le sujet, et du Secret des secrets qui fit longtemps figure de modèle de composition pour la littérature médiévale. Le total des livres diététiques est alors de quarante-deux. Si l’on ôte de ce chiffre les sept exemplaires du Tacuinum sanitatis et les cinq mentions du Secret des secrets, restent vingt-huit ouvrages composés au Moyen Âge dont on connaît au moins un possesseur médecin. Ils se répartissent comme suit :
51Le succès de la Summa conservationis et curationis et, à un degré moindre, du premier livre des Sermones de Niccolò Falcucci s’explique par le caractère très général de ces ouvrages qui ont pour ambition de traiter non seulement de la conservation de la santé, mais plus encore des aspects thérapeutiques. Sur les quatre occurrences du premier volume des Sermones, l’une d’entre elles mentionne la présence des sept tomes. Les textes très récents comme la Florida corona d’Antonio Gazio ou le De triplici vita de Marsile Ficin sont évidemment peu représentés ; il est en revanche plus étonnant que le régime d’Arnaud de Villeneuve ou celui de Salerne soient si peu mentionnés, au vu de leur utilisation dans les traités diététiques. Peut-être leur discours volontiers simplificateur explique-il une destination moins professionnelle et sans doute vulgarisatrice. Toutefois, l’examen des ex-libris, où sont conservés ces ouvrages, vient cependant démentir ces hypothèses. La présence au xve siècle encore du Libellus de conservatione sanitatis de Jean de Tolède se fait l’écho du succès continu que le nombre de manuscrits copiés à la fin du Moyen Âge laissait présager. À ces ouvrages occidentaux, il faut ajouter les deux occurrences du régime que Maïmonide adressa au fils du sultan Saladin et surtout les onze exemplaires, commentés ou non177, des Diètes universelles et/ou particulières d’Isaac Israëli. Mais la lecture qu’un praticien pouvait en faire n’est pas comparable aux ouvrages précédemment mentionnés, à l’exception des Sermones de Niccolò Falcucci. La dimension théorique, notamment des Diètes universelles, rapproche les usages de ce livre de ceux du Canon d’Avicenne, par exemple, plutôt que des utilisations d’un simple régime personnalisé178.
52La répartition par siècle des traités diététiques occidentaux (graphique 20) dessine une évolution, marquée par une augmentation de ces textes plus forte à partir de la fin du xive siècle ; au tournant des xive-xve siècles, leur nombre devient même prépondérant, et dépasse le chiffre des livres d’autorités anciens qui furent traduits en latin au Moyen Âge.
53Quoique globale, l’augmentation du nombre de livres diététiques dans les bibliothèques de médecins n’affecte pas la totalité du corpus examiné. Plus exactement, sur plus de deux siècles, seuls trente des soixante-trois inventaires retenus mentionnent un ouvrage d’hygiène, soit moins de la moitié. Le plus souvent, la médecine conservatoire n’est représentée que par un ou deux titres, rarement par plus de trois. La bibliothèque de Pierleone de Spolète fait exception, avec cinq manuscrits sur le sujet : le Secret des secrets pseudo-aristotélicien, la Summa conservationis et curationis de Guillaume de Salicet, les Sermones de Niccolò Falcucci (avec les réserves d’usages pour ces deux derniers textes) et deux traités anonymes s’ajoutent aux Diètes particulières. Mais il faut surtout distinguer celle de Lorenzo da Bisticci dont les volumes diététiques sont entièrement consacrés à la conservation ; sa « librairie » se composait en effet des Diètes universelles, du Libellus de Jean de Tolède, du premier livre des Sermones, du Tacuinum sanitatis, du De honesta voluptate de Platine et du premier livre du Canon d’Avicenne179. En dehors de ces deux bibliothèques du xve siècle, les documents des époques précédentes mentionnent tout au plus deux items diététiques, que l’on trouve aussi bien dans de petits inventaires que dans les plus riches.
54Reste à savoir si les résultats suggérés par l’examen de cet échantillon de « librairies » médicales italiennes confirment ou non les informations relevées dans les manuscrits de notre corpus. L’ensemble des codices répertoriés a fourni presque trente noms de praticiens qui, soit ont laissé un ex-libris, soit ont eux-mêmes copié le volume180. Dans l’ensemble, ces possesseurs (pour la plupart du xve siècle181) ont des origines plutôt septentrionales ; peu d’Italiens y figurent à part Pierleone182, Pietro de Cararia183 et Théodore Guainerio184. On n’y trouve que quelques Français, Jean Budé185, Joseph Roussel, Jean Cailleau, Jean de Marigny, Jean Costa ou encore Jean Lemercier186, et peut-être Pierre Pylatre187. Les autres sont d’origine anglaise, allemande ou viennent d’Europe centrale. Ce déséquilibre géographique s’explique en partie par l’importance numérique des manuscrits d’origine allemande ou anglaise dans le fonds répertorié.
55Tous les possesseurs attestés dans les codices ou presque peuvent être identifiés par leur carrière ou leur matricule universitaire188. Ainsi, Jean Costa, qui passa commande d’un ouvrage en 1404 auprès d’un étudiant artien de Toulouse189, travaillait selon toute probabilité dans cette cité ; sans doute s’agit-il de Jean La Coste qui exerça la médecine entre 1370 et 1421190. Certains firent carrière à l’université, comme Martinus Rentz, Gilbert Kymer, Hartmann Schedel ou Erhard Knab, ou se formèrent à d’autres savoirs, sans pour autant renier leur profession première, comme Jean Spenlin († ca. 1456-1459), étudiant à Paris en médecine et théologie, et enseignant à Heidelberg cette dernière discipline191. D’autres exercèrent leurs talents dans des cours princières192 comme Jean Cailleau auprès de Charles d’Orléans, le même Jean Spenlin, auprès du comte Ulrich V de Wurtemberg, Sigismund Gotzkircher (ca. 1410-1475), d’abord praticien de l’empereur Sigismond lors de son couronnement à Rome en 1438, puis du duc de Bavière193, ou encore Hartmann Schedel (1440-1514) qui, après avoir été pendant de nombreuses années salarié de villes allemandes comme Nördlingen et Amberg, entra en 1477 au service du comte palatin Philippe194. De même Arnoul de la Palu, copiste du manuscrit 709 de la Bibliothèque de l’Arsenal195 mais sans doute aussi possesseur de ce volume (au vu des nombreuses notes marginales tout au long du Collectorium medicine de Niccolò Bertruccio), exerça ses talents (non de médecin, quoiqu’il ait fait des études à Louvain) mais d’astrologue dans les cours de Charles VII et de Louis XI196. Thomas Deynman, qui possédait le ms 95 de Peterhouse College de Cambridge (contenant notamment un régime anonyme), est presqu’inclassable197 : aussi bien médecin hospitalier que praticien de cour, il travailla à Bethlehem Hospital en 1494, fut au service du roi Henri VII et de la reine Margaret et devint maître à Peterhouse College où il avait été étudiant198. Matthias de Miechów († 1523), médecin formé à l’université de Cracovie et astrologue réputé, fut un mécène pour sa cité, où il fonda un collège de médecine et des écoles, restaura l’hôpital et fit construire une bibliothèque et une horloge199.
56On sait aussi que certains de ces professionnels comme les Schedel (Hartmann et Hermann étaient cousins)200, Amplonius Ratinck201, Pier Leone202 voire Gilbert Kymer, Petrus Gaszoviecz de Losmyerza203 ou Johannes Dobra possédaient leurs propres bibliothèques. Ce dernier, recteur de la faculté des arts de Cracovie en 1440 et docteur en médecine, avait au moins sept manuscrits médicaux actuellement conservés à Cracovie, parmi lesquels le régime d’Arnaud de Villeneuve204. Les Schedel, praticiens de Nuremberg, disposaient de l’une des plus importantes collections de livres diététiques à ma connaissance205 : le De facultatibus alimentorum de Galien (Munich, Bayerische Staatsbibliothek, Clm 35), le Tacuinum d’Ibn Buṭlān (Clm 39), la Practica de Guillaume de Salicet (Clm 206), les Diètes d’Isaac Israëli (Clm 238, Clm 922), un conseil préventif pour voyageur (accompagné de nombreux consilia dans le Clm 441)206, le Sermo de conservatione sanitatis de Filippo d’Arezzo (Clm 28)207, le Secret des secrets et le traité de Petrus Hispanus (Clm 615)208, le Dietarium d’Étienne Arlandi (Clm 251)209 et les régimes d’Arnaud de Villeneuve et Jean de Tolède (Clm 480)210 figuraient dans l’inventaire de leur bibliothèque. Le De honesta voluptate ac valetudine de Platine et le premier livre des Sermones medicinales de Niccolò Bertruccio qui s’y trouvaient aussi ont été perdus211. La bibliothèque d’Amplonius Ratinck (1363-1435), forte de presque six cent quarante ouvrages en 1412, fait figure de géante pour son époque212. Elle fut cédée au Collegium Amplonianum, fondé par le praticien d’Erfurt. Par son éclectisme (puisque seulement cent un livres concernent la matière médicale213), elle est presque en avance sur les évolutions que notait Donatella Nebbiai-Dalla Guarda à propos de la diversification des intérêts manifestée par les praticiens italiens au xve siècle. En effet, elle suggère un goût pour les matières non médicales plus souligné que ce que révèlent d’autres inventaires. Une quinzaine d’ouvrages concerne la pratique diététique, représentée aussi bien par des commentaires (notamment par les gloses aux Diètes d’Isaac Israëli de Matheus F., peut-être un maître salernitain de la seconde moitié du xiie ou du début du xiiie siècle)214, que par des productions occidentales des xiie et xiiie siècles (Petrus Musandinus215, le pseudo-Jean de Saint-Paul216 et deux exemplaires de Jean de Tolède217) et montpelliéraines du xive siècle (Arnaud de Villeneuve218, Bernard de Gordon219 et le conseil des quatre maîtres de la faculté220).
57Si, dans leur majorité, ces ex-libris proviennent de l’élite de la profession médicale médiévale, praticiens au service de rois et de princes et/ou enseignants dans les facultés, ils laissent parfois apparaître des décalages sociaux, ce qu’on notait déjà dans les inventaires strictement italiens, lorsqu’ils révèlent par exemple la présence d’un ouvrage diététique chez des médecins de moindre notoriété, voire chez des barbiers ou des apothicaires221.
58Ces études, à la fois quantitative et qualitatives, ne prétendent pas à la généralisation ; elles sont au mieux représentatives de certaines tendances culturelles à des moments donnés et pour certains milieux plus ou moins intellectuellement voire culturellement définis. Encore faut-il rester prudent : car si dans l’ensemble les clercs, dont les biens furent récupérés par l’Église au nom du droit de dépouille, occupaient de hautes fonctions (Avignon ne revendiquait pas l’héritage de simples chanoines), la diversité sociale prédomine chez les praticiens italiens, ce qui constitue un important critère discriminant pour l’accès au livre. Il n’en demeure pas moins vrai que le traité diététique n’est pas étranger à ces groupes sociaux, dans l’un et l’autre cas sans doute minoritaire au regard des « spécialisations » plus ou moins marquées des bibliothèques étudiées. Restant une curiosité dans les « librairies » cléricales (héritage d’un intérêt pour les sciences ou expression d’un désir de disposer de règles de vie), il apparaît chez les « physiciens » plus fortement lié, soit à la connaissance théorique de la science de la conservation, soit à l’exercice même de la pratique médicale. Ce panorama ne permet toutefois que de juger d’une présence ou d’une absence qui, à aucun moment, ne prend en compte la façon dont une bibliothèque s’est constituée, un élément à ne pas négliger si l’on veut saisir l’importance ou le rôle que jouait un régime pour ses utilisateurs.
ACQUISITION ET CIRCULATION DES LIVRES
59Inventaires de bibliothèques, testaments et ex-libris renseignent peu en général sur les conditions et les raisons d’acquisition d’un livre. Or, entre posséder un volume et le lire, il existe un fossé que la connaissance des modalités d’obtention de l’ouvrage pourrait permettre de réduire. Se procurer, acheter, fabriquer soi-même un ouvrage signifie bien plus quant à ses possibles usages que l’obtenir par donation. Le manuscrit est une denrée rare, précieuse, coûteuse, et peut-être plus encore le livre de médecine si l’on en croit ce que Johannes Finck, qui séjourna aussi bien à Vienne qu’à Padoue, en disait222. Les menaces d’anathème qui figurent dans nombre d’exlibris de manuscrits de Saint-Victor à l’encontre des voleurs ne sont pas simples figures rhétoriques : elles rappellent que l’ouvrage est un objet de convoitise qu’il faut protéger223. Le faible nombre d’exemplaires n’est pas le seul critère d’évaluation de son prix et l’ornementation, la qualité du support ou de la copie, ou encore l’épaisseur du volume et la reliure étaient tout aussi déterminants. Peut-être plus encore, ce prix était-il fixé par la demande, dans un marché où la production était pour l’essentiel conditionnée par la commande224.
Prix et commerce du livre diététique
60Hors des jeux « gratuits » du don ou de l’échange, le livre circule dans le cadre d’un marché monétarisé où il fait l’objet d’une prisée, qui est fonction de critères internes (copie, support, décoration, format, reliure, etc.) et externes, relatifs à la plus ou moins grande rareté du texte et à la demande225. Toutefois, face à des prix souvent prohibitifs, nombre de lecteurs se contentent de copies personnelles. Encore faut-il se procurer un modèle ; or, les possesseurs ne prêtent pas volontiers leurs livres226. Qui le peut passe commande auprès d’ateliers de copistes et achète parfois plusieurs livres au cours d’une même année, comme le fit Jean Budé. Les autres ont recours aux exemplaires usagés, de seconde main, moins chers que les livres neufs227. C’est ce que choisit un dénommé Antonio, fils de maître Frusino, pour se procurer à bon prix un codex d’Aldebrandin de Sienne : « ce livre est si noble et de si bonne [qualité] qu’il vaut trois florins larges et s’[il] avait dû se le faire faire, il n’aurait pu trouver personne capable de le faire228 », déclare-t-il sur la page de garde. C’est plus sûrement pour des raisons liées à la rareté de l’ouvrage que le médecin Joseph Rousseli racheta en 1520 à Auguste Heingarter la copie du régime que le père de ce dernier, Conrad, avait adressée à Jean II, duc de Bourbon229. Ce manuscrit (B.n.F., lat. 11232), peut-être transcrit par l’auteur lui-même, ne fut sans doute jamais remis à son destinataire, même s’il en porte les armes, puisque Auguste Heingarter en hérita à la mort de son père. À côté de ces transactions occasionnelles, le rachat par Marguerite d’Autriche de la collection de la famille de Croy, en août 1511, est exceptionnel230 : soixante-dix-huit volumes acquis pour la somme de 5000 livres, plus de soixante-quatre livres par ouvrage. On connaît aussi des acquisitions partielles ou complètes de « librairies » ayant appartenu à des professionnels de la santé : ainsi les soixante-cinq volumes du médecin vénitien Élias furent en partie mis en vente le 22 juin 1328 ; une note précise le nom des acquéreurs, tous des praticiens ou des étudiants en médecine231. Les dix livres que possédait Baldassare di Vemenia, un médecin de Pavie († 1475), furent repris par Giacomo Cacia pour son fils, qui se destinait sans doute à l’apprentissage de la médecine. Et si la petite bibliothèque de Marco da Pistoia (ca. 1411-1476) fut dans un premier temps léguée à la fabrique de San Jacopo de Pistoia (à laquelle adhérait le donateur), qui en fit l’inventaire, elle fut ensuite en partie mise en vente et rachetée par Giovanni di Ser Tommaso Franchi, un médecin de la ville232. Ces transactions soulignent avant tout une circulation des livres médicaux à l’intérieur de la profession concernée.
61Les mentions rares de valeur ou de prix de vente233 sont géographiquement et chronologiquement dispersées, entre les xive et xve siècles234. Il est bien hasardeux d’établir quelque comparaison que ce soit entre des évaluations effectuées à Venise, en Angleterre, en Allemagne ou encore à Paris (puisqu’il faudrait ici convertir les prix en poids de métal précieux), et il est tout aussi difficile de rendre compte des évolutions du marché, si ce n’est bien sûr entre les productions sur parchemin qui restent chères et les livres de papier qui introduisent, comme le notait Henri Bresc à propos de la Sicile, une « démocratisation » du produit au xve siècle235.
62Les informations dont nous disposons se rapportent le plus souvent à un prix de vente ou à une valeur marchande estimée pour le manuscrit, plus rarement, comme dans le cas d’un codex d’Erfurt, au salaire qui a été convenu entre le commanditaire et le scribe236.
63Ce prix varie selon la qualité de la copie, le format et la nature du texte transcrit. Aussi peut-on lire sur la marge inférieure d’un codex de médecine (qui contient notamment l’Opusculum de saporibus de Maino de Maineri), la valeur de l’ouvrage indiquée par le copiste, légèrement supérieure au prix du marché à Brunswick au milieu du xve siècle237. Deux sous par sénion, c’est le prix en vigueur dans la cité allemande, comme le confirme un autre manuscrit contemporain238, lui-même copié et relié en Lombardie239. Composé de cinquante-cinq sénions, ce second volume (qui reproduit également le traité de Maino) coûtait entre dix et douze florins, ce qui met le florin approximativement à dix sous de Brunswick. Dans sa version de 552 folios, le manuscrit 12.4. Aug. fol. était donc prisé à plus de treize florins, soit quatre de plus que le prix du marché. La raison de cette surestimation est liée, d’après le scribe, au travail supplémentaire qu’il dut fournir en choisissant, parmi un grand nombre de consilia, ceux qui méritaient de figurer dans sa copie.
64En dehors de ces prisées contemporaines du nord de l’Allemagne, on connaît aussi la valeur d’un Tacuinum thérapeutique, seul texte d’un codex d’assez grandes dimensions sur papier, qui a été acheté à Venise pour un ducat d’or en 1498240. L’étude de Susan Connell sur les livres vénitiens ne fournit pas, hélas, d’indication de prix pour la dernière décennie du xve siècle. Toutefois l’inventaire des biens de Bartolomeo Bragadino, membre d’une ancienne famille vénitienne, offre l’exemple le plus proche chronologiquement241 : treize livres lui appartenant furent mis en vente en juillet et août 1480 pour une valeur totale de seize ducats trois lires et six sous, soit un prix moyen par ouvrage de un ducat une lire et onze sous. Le traité d’Ibn Buṭlān est donc légèrement moins cher que le prix moyen du livre d’occasion en 1480 (du moins d’après cet échantillon), la comparaison étant rendue possible par une longue période de stabilité monétaire242. Notons cependant que d’après l’inventaire de vente, Bartolomeo Bragadino ne possédait aucun livre médical et que le Tacuinum équivalait au prix d’un Virgile in bona carta ou d’un « Valère Maxime » copié sur un papier de qualité. Ces volumes sur papier sont ainsi plus chers qu’un ouvrage sur parchemin contenant les Tables du roi Alphonse (vendu à moins d’un ducat) et qu’ » un Pétrarque » imprimé évalué à quatre lires et douze sous, mais moins élevés que la valeur moyenne des livres que possédait Giovanni di Marco da Rimini, médecin de Malatesta Novello : sa bibliothèque, constituée de cent-vingt livres, fut estimée à sa mort en 1474 à trois cent vingt-six ducats, soit un peu moins de trois ducats par ouvrage243. Par rapport à des prix romains ou florentins244, le volume vénitien paraît également bon marché : un De medicina de Celse copié en 1478 (et constitué de cinq quinions, volume équivalent au Tacuinum) coûtait en effet trois ducats de la Chambre, soit six carlins le quinion (prix manifestement courant)245, ce qui représente presque trois fois le prix du livre de Venise. Ce rapport est bien entendu purement indicatif du fait du nombre d’inconnues qui demeurent quant à la décoration, le support, le format ou la qualité de copie du traité de Celse, qui n’a pu être identifié. En outre, ces valeurs restent bien modestes, aussi bien par rapport au prix moyen du livre d’occasion dans la fin du xve siècle (estimé à deux ducats – un peu plus de 3 gr. d’or – par Catarina Tristano)246, que par rapport au prix moyen d’un livre neuf sur parchemin (compte tenu de la reliure et des décorations) : pour un volume de vingt quinions avec trente lignes par feuillet, on obtient un total de vingt-cinq ducats et soixante-huit bolognini247. Comparés aux salaires en vigueur dans certaines activités manuelles, ces prix (et même le Tacuinum à un ducat) restent très élevés : ainsi, un demi-siècle plus tard, au milieu du xvie siècle, un ouvrier de l’Arsenal de Venise gagnait en moyenne entre huit et dix sous par jour, soit seize à vingt ducats à l’année (pour deux cent cinquante jours de travail par an), alors qu’un ouvrier plus spécialisé obtenait jusqu’à cinquante ducats248. Le livre, au prix moyen d’un ducat, représentait donc entre cinq et plus de quinze jours de travail. Pour une époque contemporaine à l’achat du Tacuinum, on connaît le salaire que touchait un rameur sur les galères249 ; il était alors de douze lires par mois. Le livre équivalait pour lui aussi à un peu plus qu’un demi-mois de paye.
65Ces considérations sont valables sous d’autres cieux et à d’autres époques. Elles suggèrent cependant une baisse sensible du coût du livre par rapport aux salaires moyens à la fin du Moyen Âge. Même s’il est difficile de dater précisément la note qui ouvre le manuscrit B.n.F. lat. 15362, sans doute rédigée entre la mort du donateur, Pierre de Limoges, survenue en 1306, et la compilation du premier inventaire complet de la Sorbonne en 1338, elle se situe dans une période d’augmentation générale des prix industriels, dont l’effet fut toutefois atténué par des dévaluations monétaires. Le prix de ce gros volume de plus de deux cents folios250 est de cent-trente-six sous, un chiffre qui paraît très élevé, supérieur au prix moyen (pour des livres « religieux ») de cinq livres dix sous parisis, calculé par Carla Bozzolo et Ezio Ornato pour la France du Nord au xive siècle251. Les études de Gustave Charles Fagniez et de Bronislaw Geremek sur le salariat parisien permettent d’établir quelques rapports entre les gains à la journée d’un ouvrier et le prix d’un livre252. Ce dernier représente entre soixante-huit et cent-soixante-trois journées de travail d’un ouvrier du bâtiment en 1300, selon que ce dernier est maître d’œuvre ou simple valet253. Si acheter un tel ouvrage n’était guère envisageable pour ces professions, cela l’était tout aussi peu pour des médecins ; à cette période, les chirurgiens gagnaient en moyenne à Paris trois sous par jour et les médecins cinq (chiffre établi sur la base de leurs gages, mais ils disposaient sans doute d’autres revenus)254. Un tel ouvrage équivalait donc respectivement à quarante-cinq et vingt-sept jours de travail.
66Ces mentions éparses, glanées dans des aires géographiques et à des époques différentes, ne permettent guère de proposer une synthèse sur la circulation marchande du livre diététique. Toutefois, elles dessinent l’image d’un produit assez conforme aux caractéristiques du marché et à ses évolutions, entre le xiiie et le xve siècle. Mais sa participation à une économie monétarisée ne représente qu’un aspect de sa diffusion.
La circulation non marchande : le don ou l’échange de livre
67Plutôt rare et cher à la confection et à l’achat, le livre est destiné à survivre à son premier possesseur. Durable, il se transmet souvent de génération en génération et bénéficie généralement d’un temps d’utilisation très long. Précieux, il peut aussi se monnayer et entrer dans les circuits de l’échange, du vivant du possesseur ou à sa mort, si les héritiers s’en défont. Bien personnel, il se prête également au besoin de mémoire, lorsqu’en cédant ce à quoi il tient, un bienfaiteur cherche à perpétuer son nom auprès des lecteurs à venir. Bien de consommation enfin, il reste avant tout un produit artisanal, issu d’un atelier ou des mains de son premier lecteur : auto-production en vue d’une autoconsommation qui vise à réduire les coûts, commande ou achats de livres « d’occasion », sont quelques-uns des chemins empruntés par le livre pour atteindre ses lecteurs.
68Du fait de sa pérennité, il n’est guère étonnant de trouver sur un même manuscrit plusieurs marques de possession, signe de sa circulation, sans que l’on sache toujours par quel moyen il fut transmis. Sans doute est-ce par héritage que le n.a.fr. 6539, qui appartenait à un certain Pierre de Tongres, passa aux mains de Philippe de Tongres255. Quand il ne se monnaye pas, le livre reste un bien familial qu’un père donne à son fils256, à moins, lorsqu’il s’agit de bibliothèques spécialisées de praticiens, qu’une clause du testament ne prévoie une vente des ouvrages si l’ayant droit renonce à des études médicales257. En 1418, héritier des ouvrages de son frère, Richard, doyen de la faculté de médecine de Paris, Adam de Baudribosc, président des enquêtes au Parlement de Paris, cède à son tour ces volumes à Maître Adam son neveu, s’il venait à poursuivre lui-même une carrière médicale ; et il restitue à la faculté un livre (peut-être les Diètes particulières d’Isaac Israëli), afin qu’il reste la propriété du doyen et qu’il puisse servir à d’autres maîtres258. Parmi les testaments des praticiens italiens étudiés précédemment, nombreux sont ceux qui mentionnent les fils des défunts comme héritiers259. Dans certains cas, la vente des livres est même formellement interdite, du moins momentanément, sans doute pour protéger les droits d’un fils mineur260. Donatella Nebbiai-Dalla Guarda note cependant une évolution des pratiques testamentaires à la fin du Moyen Âge, le legs aux héritiers naturels se pratiquant plus couramment au xive qu’au xve siècle261. Peut-être ce changement s’explique-t-il par une accession plus facile au livre scientifique – qui ne nécessite plus une conservation familiale du patrimoine –, ou par des choix de carrière qui éloignent les enfants de la profession médicale, ce qui favorise la dispersion de la collection initiale.
69Les ex-libris témoignent souvent de la longue circulation d’un ouvrage, lorsqu’ils sont apposés sur des volumes anciens, comme cet exemplaire du régime d’Aldebrandin de Sienne, copié vers le milieu du xive siècle, et successivement propriété d’un habitant de Châlons-sur-Saône en 1464, puis d’un maître d’école vers la fin du siècle262. Ces multiples signatures incitent quelquefois le nouvel acquéreur à effacer toute marque antérieure afin de faire valoir son droit263.
70Le milieu universitaire fut généralement propice à la circulation du livre qui pouvait sans difficulté y trouver un nouveau propriétaire264. Ainsi une copie du Dietarium d’Étienne Arlandi passa des mains de Petrus de Landesberg, professeur à la faculté des arts de Cracovie vers la fin du xive siècle (il était d’ailleurs l’auteur de la copie), à celles d’un autre maître de la faculté en 1449, devenu professeur de théologie. Johannes de Oswiecim, qui n’a sans doute pas personnellement connu Petrus de Landesberg (puisque sa carrière s’étend plutôt sur la seconde moitié du siècle), en fit don à son tour à la bibliothèque de la faculté des arts265.
71Le livre peut donc être l’objet de dons, sans que l’on sache toujours s’il s’agit d’une cession à titre gratuit ou du paiement d’une dette, par exemple266. Dans un manuscrit médical conservé à Berlin (où figure notamment le régime d’Arnold de Bamberg), une note précise qu’un certain Petrus de Colberg fit cadeau du volume au monastère chartreux de Szczecin en Poméranie, une maison fondée dans les années 1354-1360. Manifestement, ce « bienfaiteur » n’en était pas à son premier don, puisque sont évoqués d’autres traités qui pourraient lui être restitués si ce dernier connaissait des difficultés financières267. Petrus de Colberg n’a sans doute pas cédé ses ouvrages au même moment, et peut-être ont-ils servi de monnaie d’échange ou de moyen de remboursement. En 1481, le roi de Naples Ferdinand Ier d’Aragon (1458-1494) s’acquittait auprès de Battista Pandolfini d’une dette pour le prêt de trente-huit milles ducats lors de la guerre menée contre les Turcs, en lui remettant deux cent soixante-six livres, parmi lesquels deux ouvrages médicaux : le De medicina de Celse, manuscrit, et un Philippe de Lignamine opusculum de sanitate, in stampa, c’est-à-dire l’édition romaine du Libellus de regimine sanitatis de Benedetto Reguardati établie par Jean-Philippe de Lignamine268.
72Dans quelques cas, on a vu aussi l’auteur d’un texte envoyer son ouvrage à ceux auprès de qui il cherchait à se recommander, certains se contentant toutefois d’en exprimer le désir sans que cela soit suivi d’effet. Ainsi Jean de Capoue, l’un des traducteurs du régime de santé de Maïmonide, souhaitait que son travail, dédicacé à Boniface VIII, fût versé au fond de la bibliothèque pontificale269. Dans l’inventaire de la « librairie » établi en 1295, le traité du traducteur, un juif converti, n’y apparaît pas, pas plus qu’on n’en trouve mention dans des catalogues ultérieurs, mais la bibliothèque de Boniface VIII fut dispersée270.
73Ces bibliothèques ecclésiastiques ou collégiales se sont souvent enrichies grâce aux très nombreuses donations effectuées par d’anciens membres des congrégations. Les codices entrés de la sorte dans la bibliothèque de Saint-Victor ou dans celle de la Sorbonne portent souvent, outre l’ex-libris de la bibliothèque, le nom du bienfaiteur. Toutefois l’essentiel des dons a consisté en ouvrages religieux dont la présence s’expliquait aisément chez des lecteurs qui avaient choisi la vie monastique. Cela n’empêche pas certains d’entre eux de s’être intéressés à titre personnel (ou parfois dans le cadre d’études universitaires) à la médecine, ou plus particulièrement à la diététique, comme ce fut sans doute le cas de Richard de Westgate qui céda quatre manuscrits à l’abbaye augustinienne de Cantorbéry : au milieu d’ouvrages de spiritualité (une bible, un commentaire aux Sentences de Pierre Lombard et deux traités de saint Augustin), on note la présence d’un manuscrit classique de l’enseignement de la médecine, puisqu’il contient l’Articella agrémentée des Diètes universelles et particulières d’Isaac Israëli271.
74Si la donation sert à glorifier et à pérenniser la mémoire du bienfaiteur, elle exprime souvent aussi, au moment où, la mort venant, les biens terrestres perdent toute valeur, la reconnaissance à l’égard du collège qui a abrité le jeune étudiant dans ses années de formation272. Elle se veut également un instrument utile aux boursiers à venir, qui pourront avoir accès aux outils du savoir. Cette fonction est parfois clairement affirmée dans une note marginale qui rappelle le nom de l’ancien possesseur et la destination qu’il propose au livre : c’est pour l’usage de la « pharmacie » du monastère Saint-Étienne de Bergame, que le donateur d’un manuscrit (actuellement à la Biblioteca Civica), un frère dominicain273, aurait abandonné son volume (et peut-être d’autres) à la « bibliothèque » conventuelle, quoique le texte de Benedetto Reguardati qu’il contient n’ait guère à faire avec la pharmacopée274. S’adressant à des établissements religieux, le don recouvrait généralement un sens spirituel275. Certes, céder un texte diététique avait a priori bien peu de rapport avec le sacré et il peut sembler difficile d’y voir une telle signification ; la diaeta salutis dont parlent certains textes religieux n’est pourtant pas toujours éloignée de la diaeta corporis des traités diététiques et, dans une théologie du salut, le soin du corps peut en être un préalable nécessaire. Toutefois, les livres légués à des monastères étaient le plus souvent indifférenciés quant au contenu, comme si le donateur n’en tenait pas compte, privilégiant leur valeur marchande ou, plus encore, leur valeur symbolique. Seul, au début du xvie siècle, un laïc du nom de Richard Smyth ne trouvait pas aberrant de céder un manuel d’hygiène à un sous-prieur pour prix de ses prières276. Quelques médecins firent aussi don de leurs bibliothèques à des monastères dont ils furent des familiers durant leur exercice ; Giorgio di Messina († 1472) confia ses ouvrages, parmi lesquels figuraient de nombreux livres de grammaire (puisqu’il enseigna aussi cette discipline à Modène), au couvent augustinien de la ville ; de même Giovanni Marcanova (ca. 1418-1467) fit don de ses biens aux chanoines de San Giovanni in Verdara à Padoue, ces derniers ne les mettant en vente qu’au xviie siècle (quatre-vingt-treize des cinq cent dix-sept volumes initiaux se sont retrouvés à la Biblioteca nazionale Marciana de Venise), tandis que Nanne d’Ughetto dell’Arme († ca. 1396), moins d’un siècle plus tôt, choisissait comme légataire le couvent des franciscains de Bologne. Le médecin florentin Simone di Cinozzo († 1481) préféra vendre ses livres de son vivant (le testament date de 1477) pour faire bénéficier l’église San Lorenzo de la somme obtenue277. En 1524, les ouvrages étaient rachetés par Andrea Turini da Pescia, qui fut successivement le médecin personnel de Clément VII, de Paul III, de Louis XII et de François Ier. Quant à Giovanni Michuletti, il léguait ses ouvrages à la cathédrale de Venzone dans le Frioul, tout en précisant que « cette église a les autres [livres] que maître Giovanni Michilutti a légué à ceux désireux d’étudier l’art de la médecine278 ».
75C’est sans doute l’idée de faire œuvre utile qui poussa certains praticiens à céder leurs collections à des institutions hospitalières dont la fonction était aussi (et de plus en plus, à partir du xve siècle) de prendre soin des malades dans un but thérapeutique et non plus seulement caritatif279. Giovanni Matteo Ferrari da Grado, professeur à Pavie, « physicien » de Francesco Sforza, et praticien impliqué dans le contrôle des conditions sanitaires de sa cité, choisissait en 1465-1466 de partager sa collection entre ses deux petits-fils et l’hôpital San Matteo de Pavie, qui revendit cependant immédiatement les livres280. À la même période, le romain Paolo di Nerola (1400-1462) prévoyait de céder ses biens à la confrérie de San Salvatore en cas de décès de son fils, ce qui provoqua un litige entre l’hôpital et la veuve du praticien au sujet de la gestion de l’héritage281. Quant au jeune florentin Lorenzo da Bisticci, il choisissait à sa mort, en 1478, de léguer sa bibliothèque à la « librairie » de San Marco que l’humaniste et bibliophile Niccolò Niccoli, avec l’aide de Côme de Médicis, avait contribué à fonder et que son oncle, le libraire et stationnaire Vespasiano, pourvoyait en livres282. Vingt-six des soixante-onze items cédés se retrouvent dans le catalogue de San Marco (établi vers 1499-1500), d’autres manuscrits portent la marque de Lorenzo mais n’apparaissent pas dans son testament283. Selon Berthold L. Ullman et Philip A. Stadter, les autres volumes furent sans doute cédés à la pharmacie du couvent284. Parmi ces livres, un Tacuinum sanitatis, actuellement à la Biblioteca nazionale centrale, et le premier volume des Sermones de Niccolò Falcucci. Le De triplici vita de Marsile Ficin, qui figure dans le catalogue, fut donné par un autre bienfaiteur de la « librairie », Giorgio Antonio Vespucci, professeur à Florence, devenu chanoine puis dominicain vers la fin de sa vie. Familier de Ficin, qui le mentionne à plusieurs reprises dans sa correspondance, il vécut ses dernières années au couvent285.
76Offrir un livre peut aussi être perçu comme un signe d’allégeance, de reconnaissance de l’autorité du seigneur, ou encore comme un remerciement pour ses bonnes grâces286. Pourquoi alors ne pas proposer aux princes, non pas un livre d’heures ou un bréviaire auxquels ils sont accoutumés, mais un traité diététique qui répondra aux exigences de santé corporelle à laquelle les puissants attachent une grande importance ? C’est peut-être ce que cherchait François de Russin lorsqu’il offrit à Louis Ier de Savoie (1440-1465) un « Regime pour garder santé de corps et d’ame et parvenir a belle et plaisant vieillesse en gardant les regles et commandemens dudit regime, extrait et translaté de la discipline de medecine ». Ce livre, qui apparaît dans l’inventaire du château ducal après la mort de Yolande, sœur de Louis IX et épouse d’Amédée IX, en 1479, resta propriété des ducs de Savoie, puisqu’il est mentionné dans le catalogue de la « librairie » du château de 1498287.
77La donation peut être aussi un acte d’affirmation de son pouvoir et une preuve de sa benevolentia, ou au contraire exprimer des remerciements ou de la gratitude. Sans doute faut-il voir des gages d’amitié dans la cession d’un manuscrit de Benedetto Reguardati que fit Louis XI à son chapelain Jean Boucart en 1469288. Au contraire, lorsqu’elle vient d’un homme de condition inférieure, elle est recherche de faveur : aussi le médecin des Sforza adressa-t-il son traité au pape Nicolas V afin d’obtenir du pontife l’autorisation de rentrer à Norcia, sa cité d’origine, d’où il avait été banni. De même est-ce en ces termes qu’il faut comprendre l’envoi par Pantaleone da Confienza d’une copie de sa Summa lacticiniorum au pape Sixte IV. Enfin, on ne saurait oublier des circulations a priori plus inattendues ou fortuites mais sans doute pas aussi rares que la pauvreté des mentions les concernant pourraient nous le laisser croire. C’est par exemple à la suite d’une partie d’échecs dont elles furent l’enjeu que les Diètes d’Isaac Israëli passèrent des mains du médecin Jean Cailleau à celle de son maître Charles d’Orléans289.
CONCLUSION
78De ces informations certes éparses, émerge l’image d’un livre diététique intégré aux circuits de l’échange, qui se diffusait aussi bien dans le cadre d’un marché monétarisé qu’au dehors, ce qui au demeurant n’a rien de propre à ce type de littérature. Sur la base des résultats obtenus à partir d’inventaires et d’ex-libris, il semblerait qu’il ait su toucher, du fait de sa diversité linguistique et textuelle, un public assez large socialement, certainement plus important que l’horizon d’attente espéré par nombre d’auteurs. Sans doute était-il plus facile au régime qu’à d’autres productions médicales d’échapper à la seule communauté des lecteurs professionnels de la médecine, une tendance qui, comme le soulignait Jacques Verger, ne fut pas propre au livre médical, mais caractéristique des bibliothèques des « gens de savoir290 ». L’utilisation du latin et plus encore les traductions ont favorisé une diffusion du livre dans tout l’Occident, de l’université à l’ombre du cloître, en passant par la bibliothèque du prince et les échoppes des marchands291. Sans doute ne perçoit-on ici qu’une amorce de « démocratisation » dans le domaine de la santé, qui n’est au reste perceptible que vers la fin du xve ou au début du xvie siècle. N’oublions cependant pas que la communauté des « possesseurs » est aussi réduite par deux paramètres fondamentaux : non seulement par la possibilité de s’acheter un livre, mais plus encore par la capacité de le lire. Quantitativement, le texte diététique demeure d’un usage et d’une circulation limitée, et reste un phénomène urbain.
79Il paraît peut-être plus significatif qu’il figure dans nombre de bibliothèques de médecins, quoique tous les ouvrages d’hygiène n’y soient pas représentés ; en outre, certains d’entre eux pouvaient aussi bien adhérer à la catégorie des ouvrages thérapeutiques qu’à celle des traités préventifs. S’ils ne bénéficièrent ni du rayonnement ni de la diffusion des consilia proprement thérapeutiques, leur présence prouve qu’ils se sont progressivement fait une place et un nom dans l’univers des productions scientifiques médiévales, même s’il reste à en saisir les usages, privés ou collectifs.
Notes de bas de page
1 On peut consulter l’article de H. Lülfing (« Libro e classi sociali nei secoli xiv e xv », dans Libri e lettori nel Medioevo. Guida storica e critica, éd. G. Cavallo, Rome-Bari, 1977, p. 169-230) qui pose un certain nombre de problèmes généraux relatifs aux modalités de reproduction du livre et à la diffusion de la culture écrite dans des strates assez larges du monde urbain à la fin du Moyen Âge.
2 Pour des études consacrées aux catalogues comme sources, voir notamment : A. Derolez, Les catalogues de bibliothèques, Turnhout, 1979 (Typologie des Sources du Moyen Âge occidental, fasc. 31) ; F. Bartoloni, « I cataloghi delle biblioteche medievali », dans Relazioni. I. Metodologia, Problemi generali. Scienze ausiliarie della storia. Atti del Congresso internazionale di Scienze Storiche, vol. 1, Rome, 1955, p. 422-423 ; J. De Ghellinck, « En marge des catalogues des bibliothèques médiévales », dans Miscellanea Francesco Ehrle. Scritti di storia e paleografia, vol. 4, Cité du Vatican, 1924, p. 331-363 (Studi e testi, 40) ; D. Nebbiai-Dalla Guarda, I documenti per la storia delle biblioteche medievali, Rome, 1992 ; ead., « Pour un répertoire des sources des bibliothèques médiévales italiennes », Gazette du livre médiéval, 10 (1987), p. 1-4 ; A. Petrucci, « Le biblioteche antiche », dans Letteratura italiana, vol. 2 : Produzione e consumo, Turin, 1983, p. 527-554 ; G. Ouy, « Bibliothèques », dans L’Histoire et ses méthodes, Paris, 1961, p. 1061-1106 (Encyclopédie de la Pléiade, vol. 11) ; G. Savino, « Per una raccolta dei cataloghi medievali delle biblioteche d’Italia », Studi medievali, 31 (1990), p. 789-803 ; A. Vernet, « Études et travaux sur les bibliothèques médiévales (1837-1947) », Revue d’histoire de l’Église de France, 34 (1948), p. 63-94, rééd. dans Études médiévales, Paris, 1981, p. 457-488. À Rome, en 1997, le colloque paru depuis sous le titre Libri, lettori e biblioteche dell’Italia medievale (secoli ix-xv). Fonti, testi, utilizzazione del libro. Atti della tavola rotonda italo-francese (Roma, 7-8 marzo 1997), éd. G. Lombardi et D. Nebbiai-Dalla Guarda (Rome-Paris, 2000, p. 165-177 [Istituto centrale per il Catalogo unico delle biblioteche italiane, Documents, études et répertoires, 64]) mettait l’accent, si nécessaire, sur l’utilité d’inventorier les catalogues conservés et de les étudier dans le cadre d’une histoire sociale et culturelle du livre et de la lecture.
3 Voir également des études générales sur la présence du livre : l’ouvrage collectif dirigé par G. Cavallo (Libri e lettori nel medioevo. Guida storica e critica, Rome-Bari, 1977), ou encore The Role of the Book in Medieval Culture, éd. P. Ganz, Turnhout, 1986 ; C. Bec, Les livres des Florentins (1413-1608), Florence, 1984 ; H. Bresc, Livre et société en Sicile (1299-1499), Palerme, 1971 ; J. Cerquiglini-Toulet, La Couleur de la mélancolie ; la fréquentation des livres au xive siècle, 1300-1415, Paris, 1993 ; S. Connell, « Books and their Owners in Venice, 1345-1480 », Journal of the Warburg and Courtauld Institute, 35 (1972), p. 163-186 ; J.-F. Genest, « Types de livres et de lecteurs en Occident », dans Le Livre au Moyen Âge, sous la dir. de J. Glénisson, Paris, 1988, p. 95-108 ; J. M. Hillgarth, Readers and Books in Majorca, 1229-1550, Paris, 1991 ; J. K. Hyde, Literacy and Its Uses. Studies on Late Medieval Italy, Manchester, 1994 ; N. R. Ker, Medieval Libraries of Great Britain. A List of Surviving Books, Londres, 1941, rééd. Londres, 1964 ; id., Medieval Libraries... Supplement to Second Edition, Londres, 1987 ; P. Kibre, « The Intellectual Interests Reflected in Libraries of the Fourteenth and Fifteenth Centuries », Journal of the History of Ideas, 7 (1947), p. 257-297 ; A. Mattone, « Biblioteche ed editoria universitaria nell’Italia medievale », Studi storici, 46 (2005), p. 877-922.
4 D. Iancu-Dagou, « Préoccupations intellectuelles des médecins juifs au Moyen Âge : inventaires de bibliothèques », Provence Historique, 26 (1976), p. 22-44. Voir aussi le chapitre qu’Henri Bresc consacre aux livres des juifs siciliens, même s’il ne concerne pas seulement les médecins. Cf. H. Bresc, Livre et société... cit., p. 63-69 et récemment, du même auteur, Arabes de langue, juifs de religion. L’évolution du judaïsme sicilien dans l’environnement latin, xiie-xve siècles, Paris, 2001, p. 55-59.
5 T. Pesenti, « Gli inventari delle biblioteche dei professori », dans La storia delle università italiane. Archivi, fonti, indirizzi di ricerca. Atti del Convegno (Padova, 27-29 ottobre 1994), Padoue, 1996, p. 251-269 (Centro per la Storia dell’Università di Padova).
6 D. Nebbiai-Dalla Guarda, « Livres, patrimoines, profession : les bibliothèques de quelques médecins en Italie (xive-xve siècles) », dans Les élites urbaines au Moyen Âge. XXVIIe Congrès de la Société des Historiens Médiévistes de l’Enseignement Supérieur Public, Paris-Rome, 1997, p. 385-441 (Publications de la Sorbonne, Série Histoire ancienne et médiévale, 46. Collection de l’École française de Rome, 238). Voir aussi A. Garosi, « Inter artium et medicinae doctores », Florence, 1963, p. 39-41, où l’auteur fournit une liste d’éditions d’inventaires.
7 Pour des recensements de bibliothèques médiévales, voir l’article déjà cité de P. Kibre ; F. De Mély et E. Bishop, Bibliographie générale des inventaires imprimés, 3 vol., Paris, 1892-1895. Pour les fonds anciens et actuels, P. O. Kristeller, Latin Manuscript Books before 1600. A List of the Printed Catalogues and Unpublished Inventories of Extant Collections, édité d’abord dans Traditio, 6 (1948), p. 227-317 et 9 (1953), p. 393-418 ; 4e éd. révisée par S. Krämer, Munich, 1993 (Monumenta Germaniae Historica. Hilfsmittel, 13). Pour l’Allemagne, T. Gottlieb, Ueber mittelalterliche Bibliotheken, Leipzig, 1890, rééd. Graz, 1955. Pour l’Italie, C. Frati, Dizionario bio-biografico dei bibliotecari e bibliofili italiani del sec. xiv al xix, Florence, 1933 ; G. Avanzi, Libri, librerie e biblioteche nell’Umanesimo e nella Rinascenza. Cataloghi e notizie, Rome, 1954-1955 ; A. Vernet, « Études et travaux sur les bibliothèques médiévales, 1937-1947 », Revue d’histoire de l’Église de France, 34 (1948), p. 63-94. Pour la France, A.-M. Genevois, J.-F. Genest et A. Chalandon, Bibliothèques de manuscrits médiévaux en France. Relevé des inventaires, Paris, 1987 ; A. Bondeelle-Souchier, Bibliothèques cisterciennes de la France médiévale. Répertoire des abbayes d’hommes, Paris, 1991 ; ead., « Les moniales cisterciennes et leurs livres manuscrits », Cîteaux. Commentarii cistercienses, 45 (1994), p. 193-337.
8 Sur les difficultés d’une histoire quantitative à partir des inventaires de bibliothèques, C. Bozzolo et E. Ornato, « Les inventaires médiévaux et leur exploitation quantitative », dans Libri, lettori e biblioteche... cit., p. 165-177.
9 D. Nebbiai-Dalla Guarda, « Les inventaires des bibliothèques médiévales », dans Le Livre au Moyen Âge... cit., p. 88-91.
10 Pour une histoire des catalogues, voir A. Derolez, Les catalogues de bibliothèques... cit.
11 Dans son article sur les inventaires de bibliothèques, P. Kibre reprenait les chiffres fournis par T. Gottlieb pour montrer la très forte augmentation du nombre de catalogues en Occident, entre xie et xve siècles. La péninsule italienne, qui accusait un retard sur l’Allemagne et sur la France aux xiiie et xive siècles, arrivait en tête pour le nombre d’inventaires au xve siècle. Les nouvelles découvertes de documents et les nombreuses publications de catalogues inédits depuis le début de ce siècle ont sans doute amplifié le phénomène (cf. P. Kibre, art. cit., p. 257).
12 Ce fonds compte 27 manuscrits comportant au moins un traité diététique occidental. Henri Sloane possédait plus de 4000 manuscrits et plus de 50 000 volumes imprimés.
13 Entrés à la British Library en 1831.
14 Le fonds Bodley est constitué par 1300 manuscrits, propriété du fondateur de la Bodleian Library, Thomas Bodley (1545-1613). Une partie seulement des codices de Kenelm Digby (1603-1665), soit 1634 volumes, est entrée à la Bodleian Library à sa mort. Enfin, un ensemble de 5700 manuscrits furent donnés par Richard Rawlinson (1690-1755), étudiant de St. John’s College et jeune frère d’un autre collectionneur éminent, Thomas (1681-1725), à la Bodleian Library. Sur les collectionneurs anglais, voir S. De Ricci, English Collectors of Books and Manuscripts (1530-1930), Cambridge, 1930.
15 La collection de 2047 manuscrits fut rachetée par la Bodleian Library en 1817.
16 Il s’agit des manuscrits suivants de la B.n.F. : lat. 2022, lat. 4120, lat. 6972A, lat. 7039, lat. 7099, lat. 7198 et lat. 11015. Sur la collection de Colbert, voir L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque Impériale, vol. 1, Paris, 1868, p. 439 et suiv.
17 Ainsi Jean Perrault, qui se dit citoyen de Châlon, ou encore Phelippot de Tongres, bourgeois de Paris, tout comme Hugues de Salve.
18 G. Hasenohr a souligné la place occupée par l’œuvre didactique de Christine de Pizan dans le cercle des grands officiers de la couronne, mais également son absence des bibliothèques nobiliaires provinciales (G. Hasenohr, « L’essor des bibliothèques privées aux xive et xve siècles », dans Histoire des bibliothèques françaises, vol. 1 : Les bibliothèques médiévales du vie siècle à 1530, sous la dir. d’A. Vernet, Paris, 1988, p. 215-263, plus spéc. p. 246).
19 Voir notamment E. Garin, L’éducation de l’homme moderne. La pédagogie de la Renaissance (1400-1600), Paris, 1968. Voir supra, chap. IX, p. 347-355.
20 G. Bertoni évoque à plusieurs reprises les livres qu’empruntaient les « courtisans » de la cour de Ferrare à la bibliothèque princière. Il cite les retraits effectués par un médecin, Girolamo da Castello, mais aussi ceux de son contemporain, Michel Savonarole qui, le 27 septembre 1457, emprunte « uno libro choperto de rosso de la generazione de zibi » et le 26 février 1458 « uno libro de medexina ». Cf. G. Bertoni, Guarino da Verona fra letterati e cortigiani a Ferrara (1429-1460), Genève, 1921, p. 82-83, 85 (Biblioteca dell’Archivum Romanicum, 1).
21 M. Luxuro, La Biblioteca di San Marco nella sua storia, Florence, 1954 ; B. L. Ullman et P. A. Stadter, The Public Library of Renaissance Florence. Niccolò Niccoli, Cosimo de’ Medici and the Library of San Marco, Padoue, 1972 (Medioevo e Umanesimo, 10). Pour un état antérieur, voir F. Pintor, La libreria di Cosimo de’ Medici nel 1418, Florence, 1902.
22 John Falstof (1377/8-1459) possédait le Bodl. 179 de la Bodleian Library. Homme de guerre devenu chevalier, il fut aussi un féru de littérature. Cf. Dictionary of National Biography, vol. 6, Londres, 1908, p. 1099-1104.
23 Cf. annexe 3 no 17, p. 729-730.
24 Ibid., no 7, p. 726.
25 H. De Beauvoir, La librairie de Jean, duc de Berry au château de Mehun sur Yèvre, Paris, 1860.
26 Cf. annexe 3 no 6, 11, p. 724-726 et 727.
27 Ibid., no 9, 10, 15, p. 727-728.
28 V. L. Bullough, « Duke Humphrey and His Medical Collections », Renaissance News, 14 (1961), p. 87-91. Il légua environ trois cents volumes à l’Université d’Oxford (B. L. Ullman, « Manuscripts of Duke Humphrey of Gloucester », The English Historical Review, 1937, p. 670-672).
29 Au sein des disciplines relevées dans les bibliothèques de princes et de princesses français par G. Hasenohr (« L’essor des bibliothèques privées... », art. cit., p. 249), le livre médical est comptabilisé dans une catégorie qui regroupe la littérature scientifique et technique. Les pourcentages représentés par ces disciplines sont dans certains cas nuls (pour le comte de Flandre, Gui de Dampierre, au début du xive siècle, pour Louis X ou Robert de Béthune, comte de Flandre, par exemple), et n’excèdent guère les 8 à 9 % du contenu d’ensemble de la bibliothèque : 7,6 % chez Philippe le Hardi (mais sans ouvrage diététique), 9,1 % pour celle de Jean sans Peur ou encore 8 % pour celle de Jean de Berry. Seule la bibliothèque du Louvre dépasse ces taux avec 29,7 % de traités en latin et en langues vernaculaires consacrés à la littérature scientifique et technique. À sa mort en 1530, Marguerite d’Autriche laissait en partie à sa nièce Marie de Hongrie une bibliothèque de trois cent quatre-vingt six livres parmi lesquels figurent cinq ouvrages diététiques, tous de langue française, sur un total de sept traités médicaux (un herbier et « ung aultre petit, qui se nomme Avysseinne, Wavrin », sans doute compilation du Canon d’Avicenne, sans autre précision, constituant les deux titres non diététiques). Cf. M. Debae, La bibliothèque de Marguerite d’Autriche. Essai de reconstitution d’après l’inventaire de 1523-1524, Louvain-Paris, 1995. Pour la bibliothèque de Philippe le Hardi, voir M. J. Hughes, « The library og Philip the Bold and Margaret of Flanders, first Valois duke and duchess of Burgundy », Journal of Medieval History, 4 (1978), p. 145-188 ; P. M. de Winter, La bibliothèque de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne (1364-1404), Paris, 1985 (Documents, études et répertoires, 10).
30 Voir notamment la récente étude de T. Pesenti, Marsilio Santasofia tra corti e università. La carriera di un « monarcha medicinae » del Trecento, Trévise, 2003 (Centro per la storia dell’università di Padova), consacrée à une médecin qui travailla entre autres, à la cour des Visconti à la fin du xive siècle.
31 L’inventaire de 1426 contient le De cibis preparandis infirmis de Petrus Musandinus (no 430), seulement identifiable par son incipit (et qu’É. Pellegrin attribue à tort soit à Arnaud de Villeneuve, soit à Jean de Gaddesden), un Tacuinum (no 482), ainsi que les Diètes particulières d’Isaac Israëli (no 431). Cf. É. Pellegrin, La bibliothèque des Visconti et des Sforza, ducs de Milan au xve siècle, Paris, 1955 et annexe 3 no 6, p. 724-726. Pour les autres inventaires du xve siècle, ead., La bibliothèque des Visconti et des Sforza, ducs de Milan au xve siècle. Supplément, Florence, 1969 et M. G. Albertini Ottolenghi, « La biblioteca dei Visconti e degli Sforza. Gli inventari del 1488 e del 1490 », Studi Petrarchesi, 8 (1991), p. 1-238. Pour des études complémentaires sur cette bibliothèque, voir S. Cerrini, « Libri dei Visconti Sforza : schede per una nuova edizione degli inventari », Studi Petrarcheschi, 8 (1991), p. 239-281 ; E. Fumagalli, « Appunti sulla biblioteca dei Visconti e degli Sforza nel castello di Pavia », Studi Petrarcheschi, 7 (1990), p. 93-211.
32 Cf. T. De Marinis, La biblioteca napoletana dei re d’Aragona, vol. 2, Milan, 1947.
33 À la notable exception de la très riche bibliothèque du duc d’Urbino, Frédéric de Montefeltro qui possédait de nombreux ouvrages médicaux, aussi bien d’auteurs anciens grecs, latins (Celse), arabes que d’auteurs médiévaux, et dans une certaine mesure aussi de la bibliothèque du roi de France, Charles V. Sur la bibliothèque d’Urbino, C. Guasti, « Inventario della libreria urbinate compilato nel secolo xv da Federigo Veterano bibliotecario di Federigo I da Montefeltro duca d’Urbino », Giornale storico degli archivi toscani, 6 (1862), p. 127-147 ; 7 (1863), p. 130-154 ; sur celle des rois de France, L. Delisle, Recherches sur la librairie de Charles VI, t. II : Inventaire des livres ayant appartenus aux rois Charles V et Charles VI et à Jean, duc de Berry, Paris, 1907, autour des no 795-852.
34 On retrouve l’ouvrage du médecin de Bagdad ainsi mentionné dans l’inventaire de la librairie de Charles V en 1373, dans celle de Charles d’Orléans (il s’agit du manuscrit de la B.n.F., lat. 6977 qui appartint dans un premier temps à Charles V), en trois exemplaires dans l’inventaire de la bibliothèque des ducs de Bourgogne à Bruges en 1467 ou encore dans celle des princes de Ferrare (le même exemplaire étant indexé dans le catalogue de 1436 et dans celui de 1467). Dans le catalogue de la « librairie » de Marguerite d’Autriche est mentionné un traité, Les vertus des phisiciens [et], herbes, viandes et aultres choses, décrit plus précisément dans des inventaires de la bibliothèque de Bourgogne des xvie et xviie siècles sous le titre La vertu de plusieurs fruictz et herbes, couvert de velours bleu a cloux et cloans dorez, escript en parchemin, a figures. Le discours fortement alimentaire et la présence de tableaux suggèrent d’identifier ce texte au Tacuinum sanitatis d’Ibn Buṭlān, sans qu’il soit possible de le vérifier car le manuscrit a disparu au xviiie siècle.
35 Le miroir des princes faussement attribué à Aristote apparaît par exemple en deux exemplaires dans le catalogue de la bibliothèque de Niccolò d’Este en 1436, et à nouveau en 1467 (cf. annexe 3 no 9-10, p. 727) ; Charles V en possédait aussi une version (ibid., no 1, p. 721-722). De même, dans l’inventaire de la bibliothèque royale de Blois en 1518, deux Secrets des secrets sont mentionnés (ibid. no 18, p. 730-731). Le registre de prêt de la bibliothèque du château La Ferté en Ponthieu, où une centaine de volumes était conservé, garde mention d’un Secret des secrets en français prêté à mademoiselle de la Ferté dans la première moitié du xive siècle (cité par G. Hasenohr, « L’essor des bibliothèques... », art. cit., p. 259 n. 109). Pour l’étude de sa diffusion dans les milieux dirigeants, S. J. Williams, « Giving Advice and Taking it : The Reception by Rulers of the Pseudo-Aristotelian Secretum secretorum as a Speculum principis, dans « Consilium ». Teorie e pratiche del consigliare nella cultura medievale, sous la dir. de C. Casagrande, C. Crisciani et S. Vecchio, Florence, 2004, p. 139-180 (Micrologus’ Library, 10). Il retrace notamment la présence de ce texte dans de très nombreuses bibliothèques princières, allant des couronnes d’Aragon et de Castille, au royaume de Hongrie, en passant par le Portugal, le royaume de France, de Naples ou encore l’Angleterre.
36 S. J. Williams, ibid., p. 157-180 où sont recensés les gouvernants médiévaux qui possédaient un exemplaire du Secret des secrets ou du De regimine principum de Gilles de Rome.
37 Bruxelles, Bibliothèque royale Albert Ier, ms 11104-11105 : les armoiries de Philippe de Croy sont peintes sur la bordure inférieure du f. 10r et son emblème apparaît sur les tranches dorées du volume. À la mort du duc en 1482, le livre passa dans les mains de son fils Charles qui y apposa son ex-libris au f. 90v : « c’est le livre du Roy Alixandre ou yl y a deux histoires. Lequel est a monseigneur Charles de Croy, comte de Chimay ». C’est en 1511 que Marguerite d’Autriche acheta le volume qui figure dans l’inventaire de 1516, puis dans celui de 1523-1524. Elle possédait un autre exemplaire en français de ce texte (qui ne figure pas dans le catalogue de 1516), qui passa dans la bibliothèque de Marie de Hongrie en 1530 avant d’être transporté par cette dernière en Espagne. Il entra alors dans la bibliothèque de l’Escorial en 1576 avant de disparaître dans l’incendie de 1671. Cf. M. Debae, La bibliothèque de Marguerite... cit., p. 168-169, 226.
38 C’est dans l’inventaire compilé en 1523-1524, qu’apparaît la mention du traité diététique d’un certain Héronchel. L’ouvrage adressé au duc de Savoie, sans doute Louis Ier (1440-1465), fut donné à celui-ci par François II de Russin, seigneur d’Allaman au pays de Vaud. Il s’agirait d’après M. Debae d’une traduction plus ou moins exacte du Regimen sanitatis ad inclytum regem Aragonum d’Arnaud de Villeneuve, traduction qui n’a manifestement susbsisté qu’en un unique exemplaire, actuellement conservé à Bruxelles dans la Bibliothèque royale Albert Ier (ms 1311). Notons cependant qu’il est présenté dans l’inventaire de 1523 comme un « Régime du corps et de l’âme » ce qui ressemblerait plutôt à l’une des versions du Livre de Physique.
39 « Ung aultre grant [livre], couvers de velours noir, a cloz dorez, qui ce nomme Le livre de santé » (no 139 dans M. Debae, annexe 3 no 17, p. 730), qui ne figure pas dans l’inventaire de 1516, mais passe en 1530 à Marie de Hongrie (il a disparu au xviiie siècle des catalogues de la bibliothèque de Bourgogne) ; le Livre de Physique d’Aldebrandin de Sienne, intitulé L’Entretenement du corps et de l’ame, actuellement ms 11130-11132 de Bruxelles (no 98 de l’inventaire de M. Debae).
40 Il s’agit de John Falstof, d’Henry Lovel, baron de Morley, de Charles Sommerset et de Richard Bridges, qu’il faut peut-être identifier à l’un des frères du premier baron de Chandos, John Brydges (1490 ?-1556). Fait chevalier lors du couronnement de la reine Marie en 1553, Richard Bridges était sheriff du Berkshire en 1555-1556 et mourut en 1558.
41 C’est aussi le cas de la diffusion des versions catalanes du régime d’Arnaud de Villeneuve. Voir L. Cifuentes, « Vernacularization as an Intellectual and Social Bridge. The Catalan Translations of Teodorico’s Chirurgia and of Arnaud de Vilanova’s Regimen Sanitatis », Early Science and Medicine, 4 (1999), p. 127-148.
42 Marguerite d’Autriche possédait un exemplaire remanié de ce texte. Il appartient à la version abrégée et moralisée à laquelle sont aussi rattachés les codices de Valenciennes (Bibliothèque municipale, ms 329) et du Vatican (B.A.V., Pal. lat. 1990). De même, le ms 329 où fut copié le traité d’Aldebrandin appartint à Adolphe de Clèves, seigneur de Ravestein et neveu de Philippe le Bon, qui y fit apposer ses armes. Cf. A. Le Glay, Correspondance de l’Empereur Maximilien Ier et de Marguerite d’Autriche, sa fille, gouvernante des Pays-Bas de 1507 à 1519, publiée d’après les manuscrits originaux, t. II, Paris, 1839, p. 477. M. Debae, La bibliothèque de Marguerite... cit., p. 158-159.
43 Il s’agit des numéros 306 et 307 de l’inventaire publié par É. Pellegrin.
44 Dans l’inventaire de 1407, l’ouvrage est ainsi décrit : « liber arborum et fructuum. Incipit : Dex che par sa grant poissance. Et finit : des denz et dou visage ». Il pourrait s’agir de l’actuel manuscrit 2511 de la Bibliothèque de l’Arsenal, d’origine italienne. Il comporte un ex-libris effacé (iste liber est...) au folio 87v. Cf. W. Braghirolli, P. Meyer et G. Paris, « Inventaire des manuscrits de langue française possédés par Francesco Gonzaga, capitaine de Mantoue », Romania, 9 (1880), p. 497-514. Cf. annexe 3 no 3, p. 722.
45 Le nombre important de livres de médecine présents dans la bibliothèque de Charles V provient en partie de la « librairie » de Jean de Marigny, physicien et astrologue, mort exécuté en 1377 « pour ses demerites » (L. Delisle, Recherches sur la librairie de Charles VI, t. I, Paris, 1907, p. 53 et n. 1 ; Wickersheimer, vol. 2, p. 444).
46 L’exemplaire de Jean Cailleau se trouve actuellement à la B.n.F., sous la cote lat. 6868. Le feuillet de garde conserve l’ex-libris apposé par Charles d’Orléans : iste liber pertinet magistro Johanne Cailleau scolario Parisius studenti in facultate medicine. Le livre apparaît dans l’inventaire daté de 1427 de la bibliothèque de Charles, en son château de Blois. Cf. P. Champion, La librairie de Charles d’Orléans, Paris, 1910, p. 5-114 et Wickersheimer, Dictionnaire, vol. 1, p. 376. Quant à Jean de Marigny, médecin et astrologue, il fut au service du duc de Bourgogne avant d’être emprisonné et exécuté en 1377. Sa bibliothèque fut confisquée et versée au Louvre. Cf. Wickersheimer, ibid., p. 444 et annexe 3 no 1-4, p. 721-722.
47 Florence, Biblioteca Medicea Laurenziana, ms. Plut. 20.53. Inventaire 1 no 129.
48 Cité du Vatican, B.A.V., Vat. lat. 4479. Inventaire 1 no 88.
49 Il s’agit respectivement des mss 10861 pour le texte latin et ms 173 pour la version française.
50 Le livre est mentionné dans l’inventaire de la bibliothèque ducale de Gand en 1485 : « ung autre beau livret couvert de drap damas vert, historié et intitulé : livre de médecine de Guy Parat, chevalier phisicien du duc de Millan ; commençant ou second feuillet Mesmement de vostro et finissant ou derrenier, que les dangiers en pevent venir ». Il apparaît encore dans l’inventaire de la librairie de Bruxelles de 1487. On trouve dans le même inventaire de 1485, au no 2089, le Livre de Physique d’Aldebrandin de Sienne (cf. J.-B. Barrois, Bibliothèque protypographique ou Librairies des fils du roi Jean, Charles V, Jean de Berri, Philippe de Bourgogne, et les siens, Paris, 1830, no 2069). Voir annexe 3, no 14, p. 728.
51 T. Voronova et A. Sterligov, Les Manuscrits enluminés occidentaux du viiie au xvie siècle, à la Bibliothèque nationale de Russie de Saint-Pétersbourg, Saint-Pétersbourg, 1996, p. 172-173.
52 Il s’agit du ms III Q 19 de la Bibliothèque universitaire de Varsovie. L. Delisle, dans son étude de l’histoire de la bibliothèque nationale, évoque le don d’une Bible par Louis XI à son confesseur, qui fut évêque d’Avranches. Voir L. Delisle, Le cabinet des manuscrits... cit., p. 75.
53 « Item ung autre petit livre en parchemin, commançant : De honnesta voluptate, couvert de damas cramoisi ». Le catalogue, qui décrit très succinctement les ouvrages, fait partie de l’inventaire du mobilier de la défunte reine Charlotte de Savoie, établi en 1484. Cf. L. Delisle, Le cabinet des manuscrits... cit., p. 77-78.
54 Sur ce prêt, voir l’acte de cession de la faculté édité par A. Chéreau, La bibliothèque d’un médecin au commencement du xve siècle, Paris, 1864, p. 7-8.
55 L. Douët d’Arcq, Comptes de l’hôtel des rois de France aux xive et xve siècles, Paris, 1865, p. 393 et 394.
56 De vita sana, longa et celitus in menbranis, no 7 de l’inventaire. Cf. E. Piccolomini, « Inventario della Libreria Medicea privata compilato nel 1495 », Archivio storico italiano, 20 (1874), p. 51-94. En revanche, Côme de Médicis ne possédait aucun traité de diététique, même pas un exemplaire du régime de Benedetto Reguardati dont il fut pourtant l’un des célèbres patients. Voir A. C. De La Mare, « Cosimo and his Books », dans Cosimo « il Vecchio » de’ Medici, 1389-1464. Essays in Commemoration of the 600th Anniversary of Cosimo de’ Medici’s Birth, éd. F. Ames-Lewis, Oxford, 1992, p. 115-156. La même remarque vaut pour son fils, Pierre qui, dans le domaine médical, se contente d’auteurs classiques : Pline et son Histoire naturelle, Celse et son De medicina récemment redécouvert. Cf. F. Ames-Lewis, The Library and Manuscripts of Piero di Cosimo de’ Medici, PhD. Thesis du Courtauld Institute of Art, 1977, New-York-Londres, 1984. On trouve aussi un exemplaire du De triplici vita dans la bibliothèque de Mathias Corvin, le manuscrit réalisé pour lui à Florence en 1488 (il s’agit du Plut. 73.39 de la Biblioteca Medicea Laurentiana). Le roi de Hongrie possédait sans doute aussi le Secret des secrets et le Canon d’Avicenne. Cf. C. Csapodi, The Corvinian Library. History and Stock, Budapest, 1973, no 260, p. 218.
57 Ce catalogue ne recense toutefois pas l’ensemble des ouvrages de la bibliothèque du château de Pavie. N’y sont répertoriés que les livres que le duc Galeazzo Maria Sforza fit apporter dans la bibliothèque le 1er octobre 1469 (cf. annexe 3 no 11, p. 727). Cf. M. Nicoud, « Les traductions vernaculaires d’ouvrages diététiques au Moyen Âge : recherches sur les versions italiennes du Libellus de conservatione sanitatis de Benedetto Reguardati », dans Les traducteurs au travail, leurs manuscrits et leurs méthodes. Actes du Colloque international organisé par le « Ettore Majorana Centre for Scientific Culture » (Erice, 30 septembre-6 octobre 1999), éd. J. Hamesse, Turnhout, 2001, p. 471-493 (Textes et Études du Moyen Âge, 18).
58 Ces groupes, qui ont fait l’objet de dépouillements particuliers, seront examinés ultérieurement.
59 Sur la carrière de Taddeo Pepoli, N. Rodolico, Dal comune alla signoria. Saggio sul governo di Taddeo Pepoli in Bologna, Bologne, 1898 et tout récemment G. Antonioli, « Conservator pacis et iustitie ». La signoria di Taddeo Pepoli a Bologna (1337-1347), Bologne, 2004 (Bologna medievale ieri e oggi, 3).
60 On pourrait encore citer ce Johannes Pastoris, qui se dit rector scolarum Basiliensium, et qui possédait notamment une version du Secret des secrets (Colmar, Bibliothèque municipale, ms 402, f. 94v).
61 Londres, Wellcome Library, ms 32.
62 Johannes de Oswiecim devint maître en 1449 et doyen en 1457 et 1467 « Statuta nec non Liber promotionum philosophorum ordinis in universitate studiorum Jagellonica, ab anno 1402 ad an. 1849 », éd. J. Muczkowski, vol. 1, Cracovie, 1849, p. 37-38, 40, 47-48, 62, 64, 67, 77, 86, 91).
63 Johannes de Michálow vécut dans la seconde moitié du xve siècle ; maître en 1484, il devint doyen en 1490 (ibid., p. 79, 90, 107, 152).
64 Il s’agit respectivement des manuscrits mss 775 et 774 de la bibliothèque Jagellone de Cracovie. Cf. inventaire 1 no 97 et 96.
65 Le manuscrit porte au folio 2r l’ex-libris de Saint-Victor. Le codex avait le no CCC5 (donc classé parmi les chroniques et non parmi les livres médicaux qui portaient le cote T) dans le catalogue de Claude de Grandrue compilé en 1514. Simon possédait les folios 112-120 et 121-158. Cf. G. Ouy, Le catalogue de la bibliothèque de l’abbaye de Saint-Victor de Claude de Grandrue, Paris, 1983, p. 299. Cf. inventaire 1 no 331.
66 Sur Simon de Plumetot, voir G. Ouy, « Simon de Plumetot (1371-1443) et sa bibliothèque », dans « Miscellanea codicologica F. Masai dicata », éd. par P. Gockshaw, P.-C. Garand et P. Jodogne, Gand, 1979, p. 353-381. Id., « Les premiers humanistes et leurs livres », dans Histoire des bibliothèques... cit., p. 266-283 et plus spéc. p. 279-282.
67 Boursier de Saint-Victor, Simon de Plumetot légua à l’abbaye une centaine de manuscrits.
68 Jean Budé († c. 1434), ancien boursier grammairien du collège de Navarre, fut anobli comme son frère Guillaume en 1399. Il possédait des seigneuries en Ile-de-France, à Yerres, Marey et Villiers-sur-Marne qu’il transmit à son fils. Les renseignements sont extraits de la notice rédigée par N. Gorochov dans l’ouvrage qu’elle consacre au Collège de Navarre. N. Gorochov, Le collège de Navarre de sa fondation (1305) au début du xve siècle (1418). Histoire de l’institution, de sa vie intellectuelle et de son recrutement, Paris, 1997, p. 601.
69 Cf. E. Wickersheimer, Dictionnaire, vol. 1, p. 373.
70 Inventaire 1 no 307.
71 Étude et édition du texte par M. D. Bazell, « De esu carnium », Barcelone, 1998 (Arnaldi de Villanova Opera medica omnia, XI).
72 Inventaire 1 no 313.
73 M.-C. Garand, « Les copistes de Jean Budé », Bulletin de l’Institut de recherche et d’histoire des textes, 15 (1967-1968), p. 293-332.
74 Ibid.
75 Jean Budé possédait un exemplaire de la chirurgie d’Henri de Mondeville, le Pantegni d’Haly Abbas, les Aphorismes de Maïmonide, un antidotaire, le Cantique d’Avicenne (avec les vers salernitains), le Colliget d’Averroès et le commentaire de Gentile da Foligno au quatrième livre du Canon (ainsi que la version du Secret des secrets de Philippe de Tripoli).
76 Sur ce médecin, voir les travaux de D. Jacquart, « Un médecin parisien du xve siècle : Jacques Despars (1380-1458) », dans École nationale des Chartes. Positions des thèses..., Paris, 1971, p. 107-113 ; ead., « La pratique médicale dans la région du Nord au xve siècle », dans Actes du 101e Congrès national des sociétés savantes (Lille, 1976), Section des sciences, t. III, Paris, 1976, p. 7-19 ; ead., « Le regard d’un médecin sur son temps : Jacques Despars (1380 ?-1458) », p. 35-86, rééd. dans ead., La science médicale occidentale entre deux renaissances (xiie s.-xve s.), Londres, 1997, plus spéc. p. 42. Du même auteur, La médecine médiévale dans le cadre parisien (xive-xve siècles), Paris, 1998 (Penser la médecine).
77 G. Hasenohr, « L’essor des bibliothèques... », art. cit., p. 239-241. Sur les intérêts culturels des gens de Parlement, voir aussi l’article de F. Autrand, « Les librairies des gens du Parlement au temps de Charles VI », Annales. E.S.C., 28 (1975), p. 1219-1245.
78 Il s’agit des testaments de Jean Salais, maître ès arts et en médecine, curé d’une paroisse en Anjou, daté du 10 novembre 1402, et d’Adam de Baudribosc, président des enquêtes au Parlement de Paris, chanoine de Rouen et de Bayeux (10 août 1418). Le frère d’Adam, Richard, était médecin. Cf. A. Tuetey, Testaments enregistrés au Parlement de Paris sous le règne de Charles VI. Mélanges historiques, collection de documents, t. III, Paris, 1880, p. 241-701, et plus spéc. doc. VIII. p. 280 et suiv. et doc. XLIII p. 349 et suiv.
79 Mcccclxxiiii codex Ludovici de Cendratis civis Veronensis qui nullum aliud novit imperium nisi Serenissimum venetorum Dominium cum turba natorum numero trigintaduorum ex unico matrimonio (Londres, Wellcome Library, ms 187, f. iv). Cf. D.B.I., vol. 23, p. 527-528.
80 « Mestre Denis Briet boulaingier demourant audit Dijon ». Il transmit sans doute ce livre à son fils (ou à un parent portant le même patronyme), puisqu’on peut lire aussi le nom de « Johannes Briet » (B.n.F., fr. 1288, f. 232v).
81 Il s’agit du ms 31 de la Wellcome Library de Londres.
82 P. Aquilon, « Petites et moyennes bibliothèques 1480-1530 », dans Histoire des bibliothèques... cit., p. 285-309.
83 Ibid., p. 286.
84 C. Bec, Les livres des Florentins... cit., p. 126.
85 Médecin du roi de Chypre, Guido da Bagnolo (ca. 1320/1325-1370), qui avait fait ses études médicales à Bologne, a fondé dans cette ville un collège pour les étudiants pauvres. Dans son testament, il prévoyait qu’à sa mort y soient envoyés ses ouvrages (au total soixante volumes). Cf. L. Livi, « Guido da Bagnolo, medico del re di Cipro », Atti e memorie della R[egia] deputazione di storia patria per le provincie modenesi, 11 (1918), p. 52-56 et 83-91 ; pour le Collegium Amplonianum fondé par Amplonius Ratinck à Erfurt en 1433, voir W. Schum, Beschreibendes Verzeichnis der Amplonianischen Handschriften-Sammlung zu Erfurt, Berlin, 1887 et P. Lehmann, Mittelalterliche Bibliothekskatalogue Deutschlands und der Schweiz, vol. 2, Munich, 1928, p. 7-95.
86 Il n’y a aucun livre de médecine dans les bibliothèques des collèges de Dormans-Beauvais et de Hubant à Paris (logique pour un collège destiné aux jeunes élèves suivant les écoles de grammaire), et seulement deux (un commentaire de médecine et un Liber de urinis) dans celle du collège de Fortet. Voir les trois publications d’É. Pellegrin, « La bibliothèque du collège de Fortet au xve siècle », dans Mélanges dédiés à la mémoire de Félix Grat, t. II, Paris, 1949, p. 293-316 ; « La bibliothèque de l’ancien collège de Dormans-Beauvais à Paris », Bulletin Philologique et Historique (jusqu’en 1715) du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques, Paris, 1947, p. 99-164 ; « La bibliothèque du Collège de Hubant dit de l’Ave Maria à Paris », B.E.C., 107 (1947-1948), p. 246-260. Voir également M.-H. Jullien De Pommerol, « Livres d’étudiants, bibliothèques de collèges et d’universités », dans Histoire des bibliothèques... cit., p. 93-111.
87 Voir R. H. Rouse, « The Early Library of the Sorbonne », Scriptorium, 21 (1967), p. 42-71, 227-251 ; R. H. Rouse et M. A. Rouse, « La bibliothèque du Collège de Sorbonne », dans Histoire des bibliothèques... cit., p. 112-123.
88 Le médecin Robert de Douai († 1259) légua aussi de l’argent et des livres au Collège mais son testament ne fait pas à proprement parler référence à des ouvrages de médecine. Cf. P. Glorieux, Aux origines de la Sorbonne, t. II : Le Cartulaire, Paris, 1965, p. 181-184.
89 Voir A. Birkenmajer, « La bibliothèque de Richard de Fournival », dans Études d’histoire des sciences et de la philosophie du Moyen Âge, Varsovie, 1970), p. 117-210 (Studia Copernica, 1) ; E. Seidler, « Die Medizin in der Biblionomia des Richard de Fournival », Sudhoffs Archiv, 51 (1967), p. 44-54 ; R. H. Rouse, « Manuscripts belonging to Richard de Fournival », Revue d’histoire des textes, 3 (1973), p. 253-269. En 1338, la Sorbonne possédait le Tacuinum sanitatis d’Ibn Buṭlān (B.n.F., lat. 15362), un Quedam de regimine sanitatis in omni statu (pour ce qui concerne la grande bibliothèque), les Diètes d’Isaac Israëli, universelles et particulières, dans la petite. Voir E. Seidler, « Die Heilkunde des Ausgehenden Mittelalters in Paris », Sudhoffs Archiv, 8 (1967), p. 43-77.
90 Ce registre est conservé à la Bibliothèque Mazarine sous la cote ms 3323. Voir G. Ouy, Le catalogue de la bibliothèque... cit., et id., Les manuscrits de l’abbaye de Saint-Victor : catalogue établi sur la base du répertoire de Claude de Grandrue, 2 tomes, Turnhout, 1999.
91 Cf. annexe 3 no 67, p. 748-749.
92 Cf. inventaire 1 no 330.
93 Pour une étude des catalogues des bibliothèques de Saint-Victor, Cîteaux et Clairvaux, voir V. Gerz von Büren et D. Nebbiai-Dalla Guarda, « Les catalogues de bibliothèque comme source pour l’histoire intellectuelle : le cas de trois bibliothèques monastiques françaises à la fin du xve siècle », dans La France de la fin du xve siècle. Renouveau et apogée. Économie – Pouvoirs – Arts – Culture et conscience nationales, Colloque international du Centre national de la Recherche scientifique, Tours, Centres d’Études Supérieures de la Renaissance, 3-6 octobre 1983, sous la dir. de B. Chevalier et Ph. Contamine, Paris, 1985, p. 283-299.
94 Sur les 260 notices biographiques de boursiers que propose N. Gorochov, seulement huit furent étudiants ou maîtres en médecine. Certains, comme Noël Avenel (boursier artien en 1352), Nicolas Houdoin d’Épernay (boursier théologien en 1342) ou Jean Ogier de Saint-Médard (boursier théologien en 1342-1349) avaient déjà la maîtrise avant d’entrer au collège. D’autres, comme Henri Carpentier (boursier artien en 1372), Étienne Garnier (boursier grammairien en 1376) ou Gui Guérin (maître des grammairiens en 1372) n’ont entamé qu’un cursus à la faculté des arts, qu’ils poursuivirent à la faculté de médecine durant leurs années au collège de Navarre ou par la suite. Les autres médecins qui passèrent par le collège de Navarre étaient Robert Hébert d’Alemaigne, qui devint physicien du duc de Bourgogne dans les années 1367-ca. 1387) et Galéran de Pendref († 1404), boursier théologien devenu médecin de Clément VII. Cf. N. Gorochov, Le collège de Navarre... cit., p. 585, 603-604, 628-629, 635-638, 644-645, 647-648, 685-686. Voir également Wickersheimer, Dictionnaire, vol. 1, p. 139, 164, 215-216 ; vol. 2, p. 582, 457-458, 712 et le Supplément de Jacquart, p. 116.
95 Cf. A. Franklin, Les anciennes bibliothèques de Paris, t. II, Paris, 1870, p. 16-26. À sa mort, Jacques Despars laissa son commentaire complet du Canon ‘Avicenne.
96 Sur ce collège, voir D. Le Blévec, « Le Livre des privilèges du collège des Douze-Médecins », dans L’Université de médecine de Montpellier et son rayonnement (xiiie-xve siècles), actes du colloque international de Montpellier (Université Paul-Valéry-Montpellier III, 17-19 mai 2001), sous la dir. de D. Le Blevec, Turnhout, 2004, p. 29-37 (De Diversis artibus, 71).
97 Cartulaire de l’université de Montpellier, t. II, Paris, 1912, p. cxviii-cxxii.
98 Ibid., p. cxx.
99 Pour la médecine, plus particulièrement, les legs de Gerhard von Hohenkirchen († 1448), Johannes von Schwenden († 1464), Erhard Knab († 1480), Martinus Rentz († 1503). Cf. L. Schuba, « Die medizinische Fakultät im 15. Jahrhundert », dans « Semper Apertus ». Sechshundert Jahre Ruprecht-Karls-Universität Heidelberg. 1386-1985, vol. 1 : Mittelalter und frühe Neuzeit. 1386-1803, sous la dir. de W. Doerr, Berlin-Heidelberg, 1985, p. 162-187.
100 Pour les bibliothèques universitaires anglaises, voir par exemple N. R. Ker, « Oxford College Libraries before 1500 », dans Les Universités à la fin du Moyen Âge, éd. J. Paquet et J. Ijsewijn, Louvain, 1978, p. 293-311. Cf. annexe 3 no 8, p. 726-727.
101 Le reste de la donation se composait de quatre-vingt-deux articles de théologie, onze livres de droit canon et civil et de six traités d’astronomie, soit un total de cent quarante-sept items.
102 Item compendium de regimine sanitatis M(agistri) Conradi de Eystetten in parvo volumine. Et incipit « Cerifolium est herba ». Le texte débute manifestement par les rubriques alimentaires. Cf. L. Schuba, « Die medizinischen Handschriften in den Heidelberger Büchereien bis 1622 », dans Die medizinischen Handschriften der Codices Palatini Latini in der Vatikanischen Bibliothek, Wiesbaden, 1981, p. XXII-XVII.
103 M.-H. Jullien de Pommerol, « La bibliothèque de l’Université de médecine de Montpellier en 1506 », B.E.C, 141 (1983), p. 344-347 ; J. Verger, « Les bibliothèques des universités et collèges du Midi », Cahiers de Fanjeaux, 31 (1996), p. 95-130.
104 35. Ysec De dietis (M.-H. Jullien de Pommerol, « La bibliothèque de l’Université de médecine... », art. cit.).
105 Sancti Augustini Creme ad usum fratris Hieronimi de Crema (Bergame, Biblioteca Civica A. Mai, MA 632, f. 1r), mention qui fut rédigée par une main plus récente que celle du copiste du codex, un dénommé Horatius, qui acheva son travail en 1458. Voir A. Azzoni, « I libri del Foresti e la biblioteca conventuale di S. Agostino », Bergomum, 53 (1959), p. 37-44 et inventaire 1 no 17.
106 Cf. A. Vernet, La bibliothèque de l’abbaye de Clairvaux du xiie au xviie siècle, Paris, 1979, no 1589, 1592 et 1593.22. Voir aussi V. Gerz von Büren et D. Nebbiai-Dalla Guarda, « Les catalogues de bibliothèque... », art. cit. et annexe 3 no 66, p. 747.
107 Les Diètes sont répertoriées dans les catalogues des abbayes suivantes : Bénédictins de Glastonbury (daté de 1247), no 277c ; Cisterciens de Monk Bretton (1558), no 135 ; Bénédictins de Ramsey (fin xive s.) no 93 ; Prémontrés de Bradsole (fin xiiie s.) no 91b et Prémontrés de Titchfield, catalogue Michaelmas (1400), no 109b. Cf. The British Academy. The British Library. Corpus of British Medieval Library Catalogues. Lists of Identifications, éd. R. Sharpe, L. O. Ayres et D. N. Bell, Londres, 1993.
108 Sur les « librairies » conventuelles anglaises, voir aussi le chapitre consacrés aux « Monastic Libraries » par D. Knowles, The Religious Orders in England, vol. 2 : The End of the Middle Ages, Cambridge, 1955, p. 331-353.
109 Cf. The Library of the Franciscans of Siena in the Late Fifteenth Century, éd. K. W. Humphrey, Amsterdam, 1978 (Studies in the History of the Libraries and Librarianship, 4) et annexe 3 no 70, p. 749-750.
110 En Angleterre, le couvent augustinien de Canterbury possédait par exemple le manuscrit D. 24 de la bibliothèque de St. John’s College de Cambridge. On pourrait encore citer l’abbaye de Winchester (voir N. R. Ker, Medieval Libraries... cit., p. 41). En Allemagne, des ex-libris proviennent par exemple des monastères bénédictins de S. Pantaleon de Cologne ou de Tegersee. Pour la Flandre et le royaume de France, on trouve les noms des cisterciens de Dunes, de Val Saint Lambert, le monastère bénédictin de Petit Jardin près de Walcourt, les monastères normands de Lyre, de Saint-Évroul, Saint-Martial de Limoges, les Célestins de Paris... Sur les abbayes normandes, voir G. Nortier, « Les bibliothèques médiévales des abbayes bénédictines de Normandie. cap. I. Fécamp », Revue Mabillon, 47 (1957), p. 1-33 ; « cap. II. La bibliothèque de l’abbaye du Bec », ibid., p. 57-83 ; « cap. III. La bibliothèque du Mont Saint-Michel », ibid., p. 135-168 ; « cap. IV. La bibliothèque de Saint-Évroul », ibid., p. 219-244 ; « cap. V. La bibliothèque de l’abbaye de Lyre », ibid., 48 (1958), p. 1-19, plus spéc. p. 16 ; « cap. VI. La bibliothèque de Jumièges », ibid., p. 99-127 ; « cap. VII. La bibliothèque de Saint-Wandrille », ibid., p. 165-175 ; « Œuvres ayant figuré dans les bibiothèques étudiées », ibid., 50 (1960), p. 229-243.
111 Londres, Wellcome Library, ms 16. Inventaire 1 no 199.
112 Ce fut le cas pour la diffusion des versions catalanes du régime de santé d’Arnaud de Villeneuve (cf. L. Cifuentes, « Vernacularization as an Intellectual and Social Bridge..., art. cit.).
113 Il s’agit du premier tome de la série Bibliothèques ecclésiastiques au temps de la Papauté d’Avignon, publié par D. Williman : t. I : Inventaires de bibliothèques et mentions de livres dans les Archives du Vatican (1287-1420). Inventaires de prélats et de clercs non français, Paris, 1980 (Documents, études et répertoires, 20), dont la seconde partie regroupe les éditions d’inventaires de prélats et de clercs non français. L’étude tient compte pour sa partie analytique des informations contenues dans le second volume, édité par M.-H. Jullien de Pommerol et J. Monfrin, t. II : Inventaires de prélats et de clecs français, Paris, 2001 (Documents, études et répertoires, 61), sauf pour ce qui concerne les graphiques 14 et 15 uniquement fondés sur les résultats du premier tome. Pour la période antérieure, voir A. Paravicini Bagliani, « Le biblioteche curiali duecentesche », dans Libri, lettori e biblioteche... cit., p. 263-275.
114 Voir l’annexe 3, p. 744-747.
115 Sur le sujet, je me contenterai de renvoyer à D. Williman, The Right of Spoil of the Popes of Avignon : 1316-1415, Philadelphie, 1988.
116 Ces inventaires peuvent ne décrire qu’un texte du codex et, au mieux, ne restituent qu’un état temporaire d’une collection donnée, suivant de plus ou moins près la date du décès du propriétaire. L’énumération linéaire des items rend impossible toute histoire d’une bibliothèque. Enfin les manuscrits peuvent aussi rassembler des textes de natures diverses quoique, dans le cas du livre médical, cela ne se produise guère.
117 Sur ces questions méthodologiques, voir notamment l’article collectif de C. Bianca, P. Cherubini, A. Esposito, A. Lanconelli, G. Lombardi, A. G. Luciani, M. Moli Frigola, F. Onofri, A. Torroncelli, « Materiali e ipotesi per le biblioteche cardinalizie », dans Scrittura, biblioteche e stampa a Roma nel Quattrocento. Aspetti e problemi : atti del Seminario, 1-2 giugno 1979, sous la dir. de C. Bianca, P. Farenga, G. Lombardi, A. G. Luciani et M. Miglio, Cité du Vatican, 1980, p. 73-84 (Littera antiqua, 1.1).
118 Précisons qu’il ne s’agissait pas ici de remettre un titre ou un nom d’auteur sur un item mais, plus simplement, de déterminer à quel type de discipline il appartenait.
119 À partir des inventaires des livres des cardinaux suivants (Giordano Orsini, Domenico Capranica, Bessarion, Jean Jouffroy, Guillaume d’Estouteville, Ferry de Clugny et Marco Balbo), les auteurs inventorient dix-huit ouvrages de médecine, qui ne représentent que 0,7 % des livres recensés, contre environ 1,44 % dans notre cas. Cf. C. Bianca et alii, « Materiali e ipotesi », art. cit, p. 83-84.
120 Les tailles des bibliothèques ont été groupées en cinq sous-ensembles : les « librairies » de moins de cinq ouvrages, celles qui en comptent entre cinq et dix-neuf, entre vingt et quarante-neuf, de cinquante à quatre-vingt-dix-neuf livres et celles qui dépassent la centaine.
121 Il faudrait aussi signaler le cas d’Ameil de Lautrec, évêque de Castres, mort en 1337 qui possédait quatre exemplaires du Secretum secretorum, mais l’ampleur du livre, dans la traduction de Philippe de Tripoli, empêche de le considérer uniquement comme un texte diététique, même s’il a été comptabilisé à ce titre dans les décomptes, en raison de son aspect modèle de vie.
122 Cf. annexe 3 no 22, p. 732. On pourrait ajouter ici la bibliothèque de Thibaud de Castillon, évêque de Lisbonne († avant 1356) qui abritait une grande proportion d’ouvrages médicaux (M.-H. Jullien de Pommerol et J. Monfrin, Bibliothèques ecclésiastiques... cit., t. II, no 356.1).
123 Ce total inclut les ouvrages diététiques.
124 Thedicius Aliotti fut évêque de Fiésole et l’un des inventaires de ses biens (1339) mentionne un seul livre diététique : libellum de regimine sanitatis qui inc. in 2 fol. « Liberius ingredi » (D. Williman, Bibliothèques ecclésiastiques... cit., no 335.5. B68). Il s’agit peut-être d’un ouvrage ajouté après sa mort. En 1342, l’inventaire de l’évêque de Florence Franciscus Sylvestri mentionne un De regimine sanitatis qui incipit « liberius » ; peut-être s’agit-il du même l’ouvrage. Johannes de Magnavia, qui fut non seulement nonce du pape dans les Marches et évêque d’Orvieto (1361-1364), mais aussi licencié en loi, eut en sa possession un liber in quo continetur de Regimine sanitatis magistri Barnabe de Regio item De cura oculorum ejusdem, et certe alie scripture in 1 volumine ext., dont le prix fut estimé à un florin d’or. Il s’agit donc d’un exemplaire du Libellus de conservatione sanitatis de Barnabas Riatinis, accompagné de son traité d’ophtalmologie. Quant à Pier Corsini, évêque de Volterra puis de Florence et cardinal-évêque de Porto, il possédait d’après un inventaire de 1405 le Regimen sanitatis d’Arnaud de Villeneuve. Même chose pour Barthélemy Gras, évêque de Fréjus († 1340). Cf. D. Williman, Bibliothèques ecclésiastiques... cit., t. I, no 364.8 article 147, et no 405.6, article 134 et M.-H. Jullien de Pommerol et J. Monfrin, Bibliothèques ecclésiastiques... cit., t. II, no 340.2, B 68. Cf. aussi annexe 3 respectivement no 56, 63, 65 et 58, p. 745-747.
125 Ibid., no 330.6 et 377.1. Cf. annexe 3 no 55 et 64, p. 745-746.
126 Le traité pseudo-aristotélicien, comme on l’a vu pour les bibliothèques princières, a constitué l’un des ouvrages les mieux diffusés dans le domaine. Il se trouve par exemple en trois exemplaires dans l’inventaire daté de 1337 de la bibliothèque d’Ameil de Leutrec, évêque de Castres et en un seul dans celui de Philippe d’Alençon, archevêque de Rouen (1368). Cf. L. Carolus Barré, « Bibliothèques médiévales inédites d’après les archives du Vatican », Mélanges d’archéologie et d’histoire, 53 (1936), p. 330-377 et M.-H. Jullien de Pommerol et J. Monfrin, Bibliothèques ecclésiastiques... cit., t. II, no 337.7. Voir également ibid., no 337.9. 36, 346.7. 2, 368.2. B43, 368.7. B38, 370.8. A6, 373.7 B8 et 390.9. B11 et dans le volume de D. Williman, Bibliothèques ecclésiastiques... cit., no 363.2 article 26 et no 378.4 article 14.
127 Ibid., no 343.4.
128 Cf. M.-H. Jullien de Pommerol et J. Monfrin (éd.), Bibliothèques ecclésiastiques... cit., t. II, no 348.61.
129 On notera, en revanche, que Pietro Donato, évêque de Padoue, possédait encore à sa mort le régime-conseil que lui adressa Bartolomeo Montagnana : libellus de conservanda sanitate per magistrum Bartholomeum de Montagnana mihi intitulatus. Il possédait trois cent cinquante-huit ouvrages, dont sept traités de médecine, parmi lesquels un Avicena completus in uno volumine, le Tacuinum d’Ibn Buṭlān, et deux régimes contre la peste, dont celui de Michel Savonarole. Cf. P. Sambin, « Ricerche per la storia della cultura nel secolo xv. La biblioteca di Pietro Donato (1380-1447) », Bollettino del Museo civico di Padova, 48 (1959), p. 53-98, p. 93 no 245.
130 F. X. Kraus, « Die Handschriften-Sammlung des Cardinals Nicolaus v. Cusa », Serapeum, 25 (1864), p. 353-365, 369-383 ; 26 (1865), p. 24-31, 33-42 ; 49-59 ; 65-76, 81-89, 97-104, et plus spéc. p. 69-74.
131 John Erghome (qui disparaît après 1385), fut maître-régent et prieur du monastère de York auquel il confia ses ouvrages sans doute de son vivant (avant de partir pour l’Italie au début des années 1380). Ces derniers se trouvent en effet mentionnés dans l’inventaire de la bibliothèque daté de 1372. Cf. The Friars’ Libraries, éd. K. W. Humphreys, Londres, 1990.
132 On y trouve notamment des auteurs montpelliérains et un Liber de conservanda sanitate : M.-H. Jullien de Pommerol, « Les livres dans les dépouilles des prélats méridionaux », Cahiers de Fanjeaux, 31 (1996), p. 285-314, plus spéc. p. 301 ; J. Verger, « Les bibliothèques des universités... », art. cit. Cf. annexe 3 no 61, p. 746.
133 M. Desachy, « Les livres et les bibliothèques des chanoines de Rodez aux xive et xve siècles », ibid., p. 157-184.
134 Sur l’histoire des bibliothèques, de Boniface VIII à la création de la Bibliothèque Vaticane par Sixte IV, voir notamment le premier chapitre du livre de J. Bignami Odier consacré à La Bibliothèque Vaticane de Sixte IV à Pie XI. Recherches sur l’histoire des collections de manuscrits, Cité du Vatican, 1973 (Studi e testi, 272). On consultera aussi M.-H. Jullien De Pommerol et J. Monfrin, « La bibliothèque pontificale à Avignon au xive siècle », dans Histoire des bibliothèques françaises... cit., p. 147-169. Voir aussi la dernière mise au point de M.-H. Jullien De Pommerol, « Les papes d’Avignon et leurs manuscrits », Cahiers de Fanjeaux, 31 (1996), p. 133-156 et ead., « La bibliothèque de Boniface VIII », dans Libri, lettori e biblioteche... cit., p. 487-505.
135 Ces ouvrages sont : un Regimen sanitatis identifié par F. Ehrle comme étant le régime d’Arnaud de Villeneuve provenant des biens d’un certain évêque d’Asti, peut-être Arnaldus (1327-1348), un Liber de conservanda sanitate, issu de la bibliothèque de l’évêque Bartholomeus de Forlì, un Liber de disputatione regendorum sanorum et les Diètes universelles et particulières d’Isaac Israëli qui furent la propriété de Johannes Amici, médecin de Clément VI. En revanche, ce n’est que plus tard qu’ont été ajoutés au manuscrit Borghes lat. 283 de la B.A.V. (qui contenait un Apparatus super Sexto libro decretalium), un manuscrit répertorié sous le no 1060 dans l’inventaire de 1369, deux feuillets médicaux, dont des notes diététiques. Cf. F. Ehrle, « Historia Bibliothecae Romanorum Pontificum tum Bonifatianae tum Avenionensis », t. I, Rome, 1890, respectivement p. 211 no 66, 225 no 68 et p.238 no10, 18 et 19.
136 B.A.V., Barb. lat 3180. L’inventaire des années 1405-1408 (qui fournit un deuxième état de la bibliothèque, incomplet comme le premier) mentionne un Tacuinum copertum de palido (no 540). Voir M.-H. Jullien De Pommerol et J. Monfrin, La bibliothèque pontificale à Avignon et à Peñiscola pendant le grand schisme d’Occident et sa dispersion. Inventaires et concordances, vol. 1, Rome, 1991, p. 245 (Collection de l’École française de Rome, 141).
137 Ibid., p. 281.
138 M. Faucon, La Librairie des papes d’Avignon, sa formation, sa composition, ses catalogues (1316-1420), vol. 2, Paris, 1886-1887, p. 40.
139 L’inventaire de 1369, fort de plus de deux mille ouvrages, contenait peu de livres médicaux (moins d’une dizaine), parmi lesquels un liber secreti secretorum, coopertus corio viridi, qui incipit in secundo folio : « tamen, et finit in penultimo folio : ro ». L’inventaire de Clément VII, trop imprécis (il ne parle que d’une couverture verte), n’autorise pas une identification certaine. Pour le catalogue d’Urbain V, voir F. Ehrle, « Historia Bibliothecae Romanorum Pontificum »... cit., p. 432 no 2047.
140 Item liber de regimine sanitatis, de naturis ancipitum et natura equorum, coopertus corio viridi, qui incipit in secundo folio « possit », et finit in ultimo folio « as ». Cf. F. Ehrle, ibid., p. 315, no 378 et p. 489 no 470 ; M. Faucon, La Librairie des papes d’Avignon... cit., vol. 1, p. 127 no 378. A. Thomas publia la lettre de remerciements du pape envoyée à Niccolò Dominici et datée du 25 août 1323 (A. Thomas, « Extraits des archives du Vatican pour servir l’histoire littéraire du Moyen Âge, 1290-1423 », M.E.F.R.M., 1882-1884, tiré à part, Rome, 1884, p. 49). Le père V. Bini, dans ses Memorie istoriche della Perugina Università’ degli studi e dei suoi professori (vol. 1, Pérouse, 1816), ne mentionne pas le nom de ce médecin, pas plus que G. Ermini, dans sa Storia della Università di Perugia (Bologne, 1947). Il semblerait que si Niccolò Dominici a pu suivre des études à la faculté de sa ville natale, il n’y a jamais enseigné.
141 Cf. F. Ehrle, « Historia Bibliothecae Romanorum Pontificum »... cit., p. 489-490 et p. 547.
142 Voir les principes d’organisation de la bibliothèque exposés dans l’inventaire d’Avignon de 1407. Pour l’édition, M.-H. Jullien De Pommerol et J. Monfrin, La bibliothèque pontificale à Avignon... cit., p. 113-125.
143 Le troisième ouvrage diététique est un Tacuinum sanitatis (M. Faucon, La Librairie des papes d’Avignon... cit., vol. 2, p. 125 no 744, 747, et p. 126 no 752).
144 M. Fournier, Les Statuts et privilèges des universités françaises depuis leur fondation jusqu’en 1789, vol. 2, Paris, 1890-1894, p. 132.
145 Le millier de livres restés à Avignon après le déménagement d’une partie des fonds à Peñiscola ne revint à Rome qu’au xvie siècle. Voir A. Maier, Der letzte Katalog der Päpstlichen Bibliothek von Avignon (1594), Rome, 1952 (Sussidi eruditi, 4).
146 Pour un inventaire de la bibliothèque de Calixte III (1455-1458), voir F. Martorell, « Un inventario della biblioteca di Calisto III », dans Miscellanea Francesco Ehrle... cit., vol. 5, Rome, 1924, p. 166-191 (Studi e testi, 41).
147 E. Müntz et P. Fabre, La bibliothèque du Vatican au xve siècle, d’après des documents inédits, Paris, 1887, p. 23-24 (Bibliothèques des Écoles françaises de Rome et d’Athènes, 48).
148 Sur la fondation de la Bibliothèque Vaticane, voir J. Ruysschaert, « Sixte IV, fondateur de la Bibliothèque Vaticane (15 juin 1475) », Archivum Historiae Pontificiae, 7 (1969), p. 513-524 ; id., « La fondation de la Bibliothèque Vaticane en 1475 et les témoignages contemporains », dans Studi offerti a Roberto Ridolfi, Florence, 1973, p. 413-420 (Biblioteca di bibliografia italiana, 71).
149 B.A.V., Vat. lat. 3954, f. 49r. Voir aussi l’édition de ce catalogue par E. Müntz et P. Fabre, La Bibliothèque du Vatican... cit., p. 216.
150 L’inventaire de 1518 précise au moins la présence du premier volume consacré à la conservation de la santé (Vat. lat. 3948, f. 37r).
151 Un inventaire de sa propre bibliothèque fut publié par P. Guidi, « Pietro Demetrio Guazzelli da Lucca, il primo custode della Biblioteca Vaticana (1481-1511) e l’inventario dei suoi libri », dans Miscellanea Francesco Ehrle... cit., vol. 5, p. 193-218.
152 Ranaldus hispanus De regimine sanitatis ex membranis in rubeo (B.A.V., Vat. lat. 3947, f. 44v).
153 Ibid., f. 130r.
154 B.A.V., Vat. lat. 3948, f. 69v.
155 Cf. inventaire 1 no 88.
156 Voir la notice consacrée à ce manuscrit dans « & coquatur ponendo ». Cultura della cucina e della tavola in Europa tra medioevo ed età moderna (Prato, 1996, p. 87-88).
157 B.A.V., Vat. lat. 3948, f. 71r.
158 Petri Hispani scriptum super dictis (sic) Isaac (ibid., f. 70v).
159 No 587. Pantaleonis de Confluentia Summa lactitiniorum ex membr[ane] in nigro (B.A.V., Vat. lat. 3967, f. 40v. Il s’agit du BAV, Vat. lat. 4479, inventaire 1 no 88). Notons que le volume n’apparaît pas parmi les ouvrages trouvés à la mort de Sixte IV dans son cabinet de travail (cf. E. Müntz et P. Fabre, La bibliothèque du Vatican... cit., p. 265-268).
160 A. Garosi, « Inter artium et medicinae doctores »... cit., p. 39-41.
161 Voir l’annexe 3 pour un récapitulatif des résultats obtenus, p. 731-744.
162 En réalité, j’ai pu recenser, à partir des travaux cités, soixante-deux documents, mais cinq, trop lacunaires, ont été écartés. En outre, dans l’analyse, n’a pu être intégré l’inventaire des livres de Daniele Santasofia, médecin padouan, dont la bibliothèque, riche de 212 volumes (dont 141 livres de médecine), ne recèle aucun régime de santé. Voir annexe 3 no 27, p. 733-734. Sur cet inventaire, E. Fumagalli, « La biblioteca bolognese di Daniele Santasofia », Studi Petrarcheschi, 7 (1990), p. 30-49.
163 Les sources utilisées ici n’offrent pas toutes la même valeur documentaire ; de natures diverses, elles sont en majorité constituées d’inventaires après décès ou de testaments, auxquels s’ajoutent un catalogue établi par un possesseur, les pièces d’un procès entre les héritiers, relatifs aux biens du défunt, une liste de livres prêtés à un tiers et des titres d’ouvrages vendus. De par leur nature ou en raison du laps de temps qui s’est parfois s’écoulé entre la mort du propriétaire et l’établissement de l’inventaire, ces sources peuvent se révéler incomplètes. Dans le cas de la bibliothèque de Romelio da Brescia, par exemple, on ne dispose que de l’inventaire des biens de son fils qui fut son héritier. Voir S. Caroti, « La biblioteca di Romelio da Brescia, magister artium et medicine », Nuncius, 5 (1990), p. 228-248.
164 Il s’agit de Guglielmo da Treviso, chirurgien communal mort en 1351, de Giacomo di Console, un sicilien (inventaire de 1364), et de Berengario da Carpi, chirurgien communal de Bologne.
165 Guido da Bagnolo fut au xive siècle le médecin du roi de Chypre, Lanzilao de Pisinis († 1477), celui de Ferdinand de Calabre, Pierleone de Spolète († 1492), celui de Laurent de Médicis. Auprès des ducs de Milan, on trouve Antonio Bernareggio († entre 1465 et 1467) et Ambrogio Griffi († 1493), tandis que Giovanni di Marco da Rimini († 1474) servait Malatesta Novello, seigneur de Césène.
166 Cf. annexe 3 no 23, p. 732.
167 G. Martinotti, « Il testamento di Maestro Jacopo Barigazzi o Berengario, da Carpi, lettore di chirurgia nello Studio di Bologna », Rivista di storia delle scienze mediche e naturali, 14 (1923), p. 65-73. Cf. annexe 3 no 21 et 50, p. 732 et 743.
168 Voir L. Dorez, « Recherches sur la bibliothèque de Pierleone Leoni da Spoleto », Revue des bibliothèques, 4 (1894), p. 73-83 et 7 (1897), p. 81-92 et annexe 3 no 52, p. 744.
169 C’est cette nouvelle chronologie qui sera suivie dans les graphiques ultérieurs.
170 Cf. annexe 3 no 32, p. 736.
171 Originaire de Terpenna, Lanzilao de Pisinis fut praticien à Naples et Ferrare entre 1456 et 1477 (J. Hill Cotton, Name-List from a Medical Register of the Italian Renaissance, 1350-1550, Oxford, 1976, p. 95). Cf. annexe 3 no 39, p. 738.
172 Dans la mesure où le testament de Matteo Battiferri de’ Battiferri, médecin d’Urbino (actif en 1488), est très lacunaire (un seul ouvrage est précisé alors qu’une collection de livres en grec et qu’une caisse sont mentionnées sans aucun détail), il a été écarté des sources désormais utilisées.
173 Peut-être voit-on ici une légère anticipation sur les constats que fait Jacques Verger « à propos des bibliothèques de juristes qui, au début du xve siècle, étaient en moyenne constituées d’une trentaine de volumes. Les bibliothèques médicales seraient, dans le domaine italien, plus fournies pour la même époque. Cf. J. Verger, « Le livre dans les universités du Midi de la France à la fin du Moyen Âge », dans Pratiques de la culture écrite en France au xve siècle. Actes du Colloque international du C.N.R.S., Paris, 16-18 mai 1992, éd. par M. Ornato et N. Pons, Louvain-la-Neuve, 1995, p. 403-420 (Textes et Études du Moyen Âge, 2).
174 D. Nebbiai-Dalla Guarda, « Livres, patrimoines, profession... », art. cit. On retrouve aussi à certains égards quelques-unes de ces caractéristiques dans les bibliothèques de médecins de Majorque, étudiées par H. N. Hillgarth, Readers and Books in Majorca. 1229-1550, 2 vol., vol. 1, Paris, 1991, p. 89-96.
175 En effet, pour le xiiie siècle notamment, on ne dispose que du testament de maestro Urso d’Angleterre, médecin de Bologne, qui possédait neuf volumes, tous consacrés à l’ars medica. Cf. L. Frati, « I codici di un medico inglese del sec. xiii », Il libro e la stampa, 6 (1912), p. 1-4.
176 Pour l’inventaire de sa bibliothèque, voir G. Varanini et D. Zumiani, « Ricerche su Gerardo Boldieri di Verona (c. 1405-1485), docente di medicina a Padova, sua famiglia, l’inventario di libri e dei beni, la cappella », Quaderni dell’Università di Padova, 26-27 (1993-1994), p. 49-147 et annexe 3 no 44, p. 740.
177 Maître Élias, dans le premier tiers du xive siècle, possédait en effet un exemplaire du commentaire de Petrus Hispanus aux Diètes : relationes Petri Yspani super Dictis (sic) universalibus et particularibus (B. Cecchetti, Per la storia della medicina in Venezia. Spigolature d’archivio, Venise, 1886, p. 18-21).
178 Pour un exemple d’étude des lectures des Diètes universelles et particulières d’Isaac Israëli, sur la base des mentions marginales dans les manuscrits, voir M. Nicoud, « Les marginalia dans les manuscrits latins des Diètes d’Isaac Israëli conservés à Paris », dans « Scientia in margine ». Études sur les « marginalia » dans les manuscrits scientifiques du Moyen Âge à la Renaissance, étude réunies par D. Jacquart et C. Burnett, Genève, 2005, p. 191-215 (Hautes études médiévales et modernes, 88).
179 Cf. annexe 3 no 40, p. 738-739.
180 Déjà l’étude des scribes avait permis de recenser un certain nombre de praticiens fortement intéressés par la science préventive et conservatoire.
181 On citera Johannes Muntzler de Memmingen, médecin immatriculé à Heidelberg qui copia en 1454 le régime anonyme B.A.V., Pal. lat. 1134 (ff. 133v-134v), Heinrich Krauel von Münsingen, médecin de la même cité, possesseur du Pal. lat. 1180 et du Pal. lat. 1205. Cf. Die Matrikel der Universität Heidelberg von 1386 bis 1662, éd. G. Toepke, vol. 1, Heidelberg, 1884, respectivement p. 160 et p. 121.
182 Encore faut-il sans doute imaginer que, contrairement à l’hypothèse qu’avançait J. Nystedt (Michel Savonarole, Libretto de tutte le cose che se magnano... cit., p. 19), l’ex-libris repéré dans un manuscrit A. 370 de l’Archiginnasio de Bologne est un faux car le codex, daté du xvie siècle, est trop récent pour avoir appartenu à Pierleone, mort en 1492 dans des circonstances mystérieuses. Pour des informations biographiques sur ce médecin, voir L. Guerra-Coppioli, « Mo Pierleone da Spoleto, medico e filosofo. Note biografiche con documenti inediti », Bollettino della Regia deputazione di storia patria per l’Umbria, 21 (1915), p. 387-431 et récemment, M. Rotzoll, Pierleone da Spoleto. Vita e opere di un medico del Rinascimento, Florence, 2000 (Studi, 187).
183 Actif vers 1500 (J. Hill Cotton, Name-List from a Medical Register... cit., p. 29).
184 Fils d’Antonio Guaineri, célèbre médecin de Pavie, Théodore hérita de la bibliothèque de son père qui fut récupérée au xvie siècle par le monastère de la Trinité. De là, la collection fut versée au fonds de la bibliothèque municipale de Vendôme. Le manuscrit 233 de cette bibliothèque où figure le Tacuinum sanitatis d’Ibn Buṭlān porte les armes de Théodore, qui fut le médecin de Louis XII à Blois et son ex-libris : Theodori Guaynerii de Papia et amicorum (sur le feuillet de garde et f. 80v).
185 Père du célèbre helléniste Guillaume Budé, Jean Budé (1430-1502) aurait, selon les dires de son fils, entrepris par lui-même des études de médecine sur le tard, alors qu’il occupait les charges de grand audiencier et de trésorier des chartes. Cf. Wickersheimer, Dictionnaire, vol. 1, p. 373.
186 Au folio 102r du Leyde, Bibliothek der Rijksuniversiteit, Voss. Lat. Q. 93 contenant le Livre de Physique d’Aldebrandin de Sienne, Jean Lemercier a apposé son nom : « Jehan Lemercier barbier à Orléans ». Ce manuscrit appartint ensuite à la collection de Paul Petau. Cf. Jacquart, Supplément, p. 166 et K. A. de Meyier, Paul en Alexandre Petau en de Geschiedenis van hun Handschriften, Leyde, 1947, p. 74.
187 Cet étudiant de Paris qui devint docteur en médecine en 1444 copia une partie du manuscrit B.n.F., lat. 7066, qui contient notamment des passages de la somme préventive de Maino de Maineri.
188 Mais on ignore si le dénommé William Staunton, qui posséda le manuscrit actuellement conservé à la British Library (Royal 12 B III), où figurent notamment les Flores dietarum de Jean de Saint-Paul, fut médecin. Cet étudiant de Merton College à Oxford, dont le nom apparaît dans les matricules entre 1368 et 1386, se retira à cette date à l’hôpital de St. John à Basingstoke où il reçut jusqu’en 1401-1402 la somme de 5 £ par an que prévoyaient les statuts du collège en cas de maladie (voir G. C. Brodrick, Memorials of Merton College, Oxford, 1885, p. 213). De même, on ne connaît de Joseph Roussel que la mention manuscrite apposée dans le manuscrit de la B.n.F., lat. 11232 et qui précise qu’il était physicien. Voir Jacquart, Supplément, p. 194.
189 Ce magister in medicina commanda auprès d’un étudiant de Toulouse (qui était également clerc à Comminges) la copie du manuscrit lat. 6972A conservé à la B.n.F.
190 En effet, D. Jacquart (Supplément, p. 152) n’évoque qu’un Jean (de) Costa, attesté à partir de 1418 à Montpellier, trop tard sans doute pour être l’auteur de la commande. L. Dulieu, « Les chirurgiens-barbiers de Montpellier au xve siècle », Languedoc médical, 44 (1962), p. 17 no 6. Ph. Wolff, « Recherches sur les médecins de Toulouse aux xive et xve siècles », dans Actes du 97e Congrès national des Sociétés savantes (Nantes, 1972). Assistance et assistés jusqu’à 1610. Bulletin du C.T.H.S. Philologie et Histoire jusqu’à 1610, Paris, 1979, p. 531-549, spéc. p. 542.
191 E. Wickersheimer, Dictionnaire, vol. 2, p. 486-487.
192 On pourrait encore citer Jean de Heusden dont le nom apparaît à la fin d’une copie du Viaticum (ms 464, f. 76r, de la Bibliothèque publique de Bruges). Ce chanoine († 1401), devenu prévôt de l’église Notre-Dame de Bruges et médecin du comte de Flandre, Louis de Mâle, possédait en effet ce texte, mais peut-être pas l’ensemble du manuscrit qui contient également les Diètes universelles et particulières d’Isaac Israëli. En effet, le codex est composite et le nom de ce praticien n’apparaît qu’à la fin du premier ensemble. Pour une notice biographique, voir la Biographie nationale, t. X, Bruxelles, 1888-1889, p. 408-409, publiée par l’Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique.
193 Sigismond Gotzkircher possédait une importante bibliothèque au sein de laquelle le ms 784 Helmst de la bibliothèque de Wolfenbüttel qui contient un régime (inventaire 1 no 417). Le contenu a été publié par P. Lehmann dans « Haushaltungsaufzeichnungen eines Münchener Arztes aus dem XV. Jahrhundert », Sitzungsberichte der Königlichen Bayerischen Akademie der Wissenschaften. Philosophisch-philologische und historische Klasse, 5 (1909), p. 1-47, réédité dans id., Erforschung des Mittelalters, vol. 3, Stuttgart, 1960, p. 247-309.
194 Cf. E. Wickersheimer, Dictionnaire, vol. 1, p. 271-272 ; R. Stauber, Die Schedelsche Bibliothek : ein Beitrag zur Geschichte der Ausbreitung der italienischen Renaissance des deutschen Humanismus und der medizinischen Literatur, Freibourg en Brisgau, 1908. Sur la formation des Schedel à Padoue, voir E. Martellozzo Forin et E. Veronese, « Studenti e dottori tedeschi a Padova nei secoli xv e xvi », Quaderni per la storia dell’Università di Padova, 4 (1971), p. 49-102. Sur l’activité de Schedel à Nördlingen, K. Fischer, Hartmann Schedel in Nördlingen. Das pharmazeutisch-soziale Profil eines spätmittelalterlichen Stadtarztes (mit Edition von Hartmann Schedels Nördlinger Apotheken-Manual « receptarius »), München, Univ. Diss. der Medizinischen Fakultät der Ludwig-Maximilians-Universität München, 1995, Würzburg, 1996 (Würzburger medizinhistorische Forschungen, 58).
195 Cf. inventaire 1 no 304.
196 Wickersheimer, Dictionnaire, vol. 1, p. 52.
197 Cf. inventaire 1 no 49.
198 T. A. Walker, A Biographical Register of Peterhouse Men and Some of their Neighbours, from the Earliest Days (1284) to the Commencement (1616) of the First Admission Book of the College, vol. 1, Cambridge, 1927, p. 70-71. C. H. Talbot et E. A. Hammond, Medical Practitioners in Medieval England, Londres, 1965, p. 339-340 ; A. B. Emden, A Biographical Register of the University of Cambridge to 1500, Cambridge, 1963, p. 187.
199 « Statuta nec non Liber promotionum philosophorum ordinis in universitate studiorum Jagellonica, ab anno 1402 ad an. 1849 », éd. J. Muczkowski, vol. 1, Cracovie, 1849, p. 79-80 et 85.
200 Cf. annexe 3 no 49, p. 742-743.
201 Cf. ibid. no 28, p. 734-735.
202 Sur sa bibliothèque, voir L. Dorez, « La bibliothèque... », art. cit.
203 On connait au moins six manuscrits que ce médecin, professeur à la faculté de médecine de Cracovie, posséda dans la seconde moitié du xve siècle, dont un copié par ses soins. Tous sont actuellement conservés à la Bibliothèque Jagellone de Cracovie sous les cotes suivantes : mss 806, 808, 820, 830, 837 et 908. Il s’agit d’ouvrages médicaux. Pour d’autres informations concernant Petrus Gaszoviecz de Losmyerza, voir l’ » Album studiosorum universitatis Cracoviensis », t.I, « Ab anno MCCC ad annum MCCCCXC », Cracovie, 1887, p. 178-179, 198.
204 Il s’agit des manuscrits suivants de la Bibliothèque Jagellone : mss 778 (thérapeutique), 785 (copié par les soins du possesseur et contenant notamment des consilia), 788 (avec les œuvres de Niccolò Bertruccio), 802 (Chirurgie de Guy de Chauliac), 807 (chirurgie d’Albucasis), 821 (régime d’Arnaud de Villeneuve), 828 (Mésué et Rhazès) et 849 (consilia).
205 L’inventaire de 1507 est publié par R. Stauber dans Die Schedeliche Bibliothek... cit., Cf. annexe 3 no 49, p. 742-743.
206 Cf. inventaire 1 no 246.
207 Ibid., no 240.
208 Ces deux textes sont catalogués dans la partie des livres de philosophie (R. Stauber, Die Schedeliche Bibliothek... cit., p. 108) et inventaire 1 no 250.
209 Cf. inventaire 1 no 242.
210 Ibid., no 248.
211 R. Stauber, Die Schedeliche Bibliothek... cit., p. 122, 124 : Platina de Obsonijs (sic) vel De honesta voluptate. [...] Sermo primus Nicolai Nicoli florentini de subjecto medicine, eius conservatione. Voir aussi p. 126 et 244.
212 Amplonius Ratinck fut professeur à la faculté de médecine de Cologne, de 1399 à 1435. Sur son activité, voir F. Moritz, « Aus der medizinischen Fakultät der alten Universität Köln », dans Festschrift zur Erinnerung an die Gründung der alten Universität Köln im Jahre 1388, Cologne, 1938, p. 237-288. Pour la bibliothèque, voir W. Schum, Beschreibendes Verzeichnis... cit., et P. Lehmann, Mittelalterliche Bibliothekskatalogue Deutschland... cit.
213 Elle est aussi constituée de 36 livres de grammaire, 37 de poésie, 27 de logique, 12 de rhétorique, 73 de mathématique, 63 de philosophie naturelle, 15 de métaphysique, 35 de philosophie morale, 6 de droit civil, 16 de droit canonique et 213 de théologie. Près d’un siècle plus tard, les Schedel disposaient aussi d’une bibliothèque diversifiée avec des ouvrages de grammaire, de logique, de rhétorique, d’astronomie et de mathématique, de philosophie, d’ars humanitatis selon leur expression, d’histoire, sans oublier le droit, l’alchimie ou la théologie.
214 Erfurt, Wissenschaftliche Allgemeinbibliothek, ms Amplon. O 62.
215 Ibid., ms Amplon. Q 176.
216 Ibid., ms Amplon. F 237 et ms Amplon. F 275. Cf. inventaire 1 no 108 et 113.
217 Ibid., ms Amplon. F 288 et ms Amplon. Q 193. Cf. inventaire 1 no 114 et 119.
218 Ibid., ms Amplon. Q 194.
219 Ibid., ms Amplon. Q 227. Cf. inventaire no 122.
220 Ibid., ms Amplon. Q 225. Cf. ibid., no 121.
221 Deux manuscrits font mention de professions apparentées au monde médical : le premier, un codex d’Erfurt, fait état d’un apothicaire studiosus d’Erfurt qui céda un livre contenant notamment le Liber de conservatione vite humane de Bernard de Gordon à un destinataire resté anonyme (hunc tractatum dedit mihi Theodericus de Stuphania Ghelrie 1393. vigilia Innocencii apothecarius studiosus Erphordensis (Erfurt, Wissenschaftliche Allgemeinbibliothek, F. 267, f. 208v). Cf. inventaire no 111. Le second évoque un barbier d’Orléans, Jean Lemercier, possesseur du traité d’Aldebrandin de Sienne (Leyde, Bibliothek der Rijksunversiteit, Voss. Lat. Q. 93, f. 102r).
222 Hunc libellum totum ego Iohannes Finck manu propria scripsi atque successive collegi, partem Wienne anno lxj, aliam partem in patria lxiiij, reliquam partem Padue lxv annis. Libri tunc medicinales et maxime astronomia erant rari et magni pretii (Wolfenbüttel, Herzog August Bibliothek, 886 Helmst, f. 233v). Peut-être s’agit-il, comme le pensent les Bénédictins du Bouveret (III, no 11782) du scribe du manuscrit de l’Escorial (S.III 27) qui signe sa copie par : finis. Rome a. a. nativ. d. 1455 per me Ioannem Vynck clericum colonien. dioc. transcriptum feliciter. Les dates correspondent. Le recueil des colophons ne mentionne pas le manuscrit de Wolfenbüttel.
223 Voir par exemple le manuscrit B.n.F., lat. 14390 qui comporte cette mention au folio 1r : iste liber est Sancti Victoris parisiensis. Quicumque eum furatus fuerit vel celaverit vel titulum istum deleverit, anathema sit. Amen. Johannes Maria. S. Victor. S. Augustinus.
224 Cela n’empêchait peut-être pas certains libraires de posséder en réserve des ouvrages diététiques, comme dans ce catalogue d’un tourangeau du xve siècle qui ne mentionne qu’un seul livre médical : il s’agit d’un régime de santé manuscrit qu’A. Chéreau, auteur de l’édition, identifie comme étant une version française du Regimen sanitatis d’Arnaud de Villeneuve, sans autre preuve. Cf. A. Chéreau, Catalogue d’un marchand libraire du xve siècle tenant boutique à Tours, Paris, 1868, p. 25 no 59.
225 Cf. P. Cherubini, A. Esposito, A. Modigliani, P. Scarcia Piacentini, « Il costo del libro », dans Scrittura, biblioteche e stampa a Roma nel Quattrocento : atti del 2ndo Seminario, 6-8 mai 1982, sous la dir. de M. Miglio, P. Farenga et A. Modigliani, Cité du Vatican, 1983, p. 323-553 (Littera antiqua, 3) ; C. Tristano, « Economia del libro in Italia tra la fine del xv e l’inizio del xvi secolo : il prezzo del libro vecchio », Scrittura e civiltà, 14 (1990), p. 199-241.
226 Dans son travail sur la faculté de médecine de Paris, A. Franklin rapporte une anecdote : Louis XI, qui voulait disposer d’une copie d’un livre de Rhazès, demanda au doyen de la faculté de médecine de lui en prêter un exemplaire. « Le doyen et les docteurs n’y consentirent que contre une forte caution de vaisselle d’argent et sans doute d’argent ». Ils remirent le volume à maître Martin de la Driesche. Cf. A. Franklin, Recherches sur la bibliothèque de la Faculté de médecine de Paris, d’après des documents entièrement inédits, suivis d’une notice sur les manuscrits qui y sont conservés, Paris, 1864, p. 21.
227 Comme le raconte ce possesseur d’un manuscrit du Livre de Physique acheté à Bruges : « ce present livre est a Jhan Neriot de Myge, et l’a pris a Bruge en Flendre, en la messon a madame de Vandouze a pres Saint Jaques, Pries Dieu pour l’ame de Husson de la Faileque et de Lois sen faiz. A Bruge en Flendre l’an VC et un. La mere a Jaqueline le m’a baille la quelle se apelle Maris Jouris » (Paris, Bibliothèque de l’Arsenal, ms 2510, feuillet de garde). Sur le prix des livres vieux et neufs, C. Tristano, « Economia del libro... il prezzo del libro vecchio », art. cit. ; ead., « Economia del libro in Italia tra xv e xvi secolo : il costo del libro nuovo », Bulletin du bibliophile, 2 (1991), p. 273-298.
228 « Questo libro è d’Antonio di maestro Frusino e valle fiorini tre larghi tan-to è nobile e buono che se e s’avessi a fallo fare non si troverebbe paraghone di farlo. E basti e Dio mi sia in aiuto » (Florence, Biblioteca nazionale centrale, Magl. II.II.85, recto feuillet de garde). Ce florin large apparaît en 1445. Il est d’une valeur identique au précédent jusqu’en 1460, date à laquelle il commence à subir une dévaluation d’environ 0,5 %. Cf. C. M. Cipolla, « Studi di storia della moneta. I. I movimenti dei cambi in Italia dal secolo xiii al xv », Studi nelle scienze giuridiche e sociali, 29 (1948), p. 31-239 et plus spéc. p. 80.
229 Ego Josephus Rousselli phisicus emi ab magistro Augusto filio illustrissimi domini Conradi anno a Virginis partu 1520. Nosce te ipsum (Paris, B.n.F., lat. 11232, f. 55r). L. Thorndike a lu à tort eius à la place d’emi (cf. L. Thorndike, A History of Magic and Experimental Science, vol. 4, New York, 1934, p. 362 et n. 29). Cf. inventaire 1 no 325.
230 La collection était ancienne puisque commencée par Jean de Croy († 1473) ; elle fut enrichie par son fils Philippe († 1482) et par son petit-fils Charles († 1527). Cf. M. Debae, La bibliothèque... cit., p. XIII.
231 B. Cecchetti, Per la storia della medicina... cit., p. 18-21 et annexe 3 no 20, p. 731.
232 A. Chiappelli, « Medici e chirurghi in Pistoia nel Medioevo. Contributo alla storia delle arti mediche in Italia (con documenti) », Bullettino storico pistoiese, 8 (1906), p. 9-46, 121-152 ; 9 (1907), p. 186-236. Cité d’après les renseignements que fournit D. Nebbiai-Dalla Guarda (« Livres, patrimoines, profession... », art. cit., p. 433-434), car je n’ai pu me procurer cet article.
233 Souvent, dans le meilleur des cas, l’auteur de l’inventaire se contente de préciser qu’il s’agit d’un ouvrage de peu de valeur comme dans le cas des Diètes particulières d’Isaac Israëli mentionnées dans le catalogue de la bibliothèque des Visconti en 1426. Selon É. Pellegrin, ce volume correspond au manuscrit lat. 7038 de la B.n.F. Voir É. Pellegrin, La bibliothèque des Visconti... cit., p. 170 no 431.
234 Voir notamment l’ouvrage de G. Depeyrot, Histoire de la monnaie des origines au 18e siècle, vol. 2 : Du quatorzième au seizième siècle, Wetteren, 1996 (Collection Moneta, 3).
235 H. Bresc, Livre et société... cit., p. 70-76. Dans un article très intéressant sur le prix du livre à Rome, on trouve confirmation de cette grande différence apportée par l’usage du papier. Si le prix du quinion de parchemin valait selon sa qualité entre 2 et 23 bolognini, le quinion de papier coûtait en moyenne 3 bolognini, un prix resté fixe entre 1458 et 1483. Un bolognino vaut 16 deniers et il faut 74 et 72 bolognini pour obtenir respectivement un ducat ou florin d’or pontifical et un ducat ou florin d’or de la Chambre, deux des monnaies en vigueur à Rome à cette époque. Cf. P. Cherubini et alii, « Il costo del libro... », art. cit., p. 330-333 et p. 342-358. Notons cependant que le support n’est qu’un élément qui fixe le prix et la copie représentait une grande partie de la valeur du livre. Cf. J. Verger, Les gens de savoir en Europe à la fin du Moyen Âge, Paris, 1996, et plus part. le chapitre sur les livres, p. 85-105.
236 Conventum fuit de quolibet istorum foliorum debere 20 antiquos Hallenses pro scribendo (Erfurt, Wissenschaftliche Allgemeinbibliothek, F. 172, f. 107v). La mention clôt le dernier texte du codex. Notons aussi que dans les documents relatifs à la bibliothèque des rois de Naples, publiés par T. de Marinis, figure la mention d’un paiement effectué pour la copie de deux traités diététiques, le Tacuinum d’Ibn Buṭlān et le régime d’Arnaud de Villeneuve : « pro Joanne Macteu de Crapi scriptore del Senyor Rey in panno e altre robbe de la corte la valuta de ducati diciotto e sonno per lo scrivere ha facto de cinque quinterni et mezo de pergameno de forma reale che son uno libro intitulato Taruchino (sic), scripto de lictere negre russo et azullo et verde, consignato in la regia libraria compreso lo prezo de quactro quaterni de pergameno de forma reale de un altro libro intitulato Mastro Arvan de Vilanova (sic) de rigimine (sic) Sanitatis consignato in dicta libraria che fanno tucti ly duy libri li dicti XVIII ducati. Scripta a X de febraro 1481. El vestro Pasquel Diaz Garlon » (T. De Marinis, La biblioteca napoletana... cit., p. 272 doc. no 579, et sur ce copiste du roi, attesté dans les documents d’archives entre 1481 et 1488, ibid., vol. 1, p. 65).
237 Sunt in isto libro sexterni 46 et valet sexternus unus duos solidos antiquos Brunswicenses. Sed in consiliis valet sexternus unus tres solidos antiquos Brunswicenses, quia ista consilia sunt nucleus et fructus magnorum consiliorum cum expensis enucleatis (Wolfenbüttel, Herzog August Bibliothek, 12.4. Aug. fol., plat de couverture). Ce prix ne tient compte que de 552 folios, alors que le manuscrit actuel en fait 578.
238 Totus liber estimatur ut x florenos, diligitur ut xij florenos et cetera, vel ad minus sexternus unus ij solidos antiquos monete Brunswicensis (Wolfenbüttel, Herzog August Bibliothek, 18.1. Aug. fol., f. 330v). Ce manuscrit date de 1451.
239 In Lumberdia collecta et in uno volumine bene ligato (ibid.).
240 Hunc Tacuinum medicinalem gratia Dei acquisivi domini anno 1498 Venetiis valore ducatis I (Milan, Biblioteca Ambrosiana, P 161 SUP, f. 51r).
241 Cf. S. Connell, « Books and their Owners... », art. cit., plus spéc. p. 185-186.
242 Le ducat vaut 124 sous ou 6 lires et 4 sous. À partir de 1472 s’ouvre en effet une longue période de stabilité, la monnaie passant sous le contrôle du conseil des dix. Cf. U. Tucci, « Monete e banche nel secolo del ducato d’oro », dans Storia di Venezia, dalle origini alla caduta della Serenissima, vol. 5 : Il Rinascimento. Società ed economia, sous la dir. d’A. Tenenti et U. Tucci, Rome, 1996, p. 753-805 et plus spéc. p. 778-787.
243 A. Manfron, « La biblioteca di Giovanni di Marco da Rimini », dans La biblioteca di un medico del Quattrocento. I codici di Giovanni di Marco da Rimini nella Biblioteca Malatestiana, dir. d’A. Manfron, Turin, 1998, p. 69-96, spéc. p. 90 et annexe 3 no 37, p. 737-738.
244 Je pense ici au volume d’Aldebrandin, mentionné plus haut, payé trois florins larges, constitué de 56 folios (soit approximativement de même longueur). Le manuscrit est toutefois en parchemin.
245 Peut-être s’agit-il aussi d’un cas exceptionnel, car le De medicina de Celse était à cette époque un ouvrage encore rare. Le ducat pontifical a la même valeur que le florin large de Florence et que le ducat de Venise. En revanche, le ducat de la Chambre lui est légèrement inférieur. Cf. G. Garampi, Saggi di osservazioni sul valore delle antiche monete pontificie, Rome, 1776, p. 6-9. Pour ces prix à Rome, voir P. Cherubini et alii, « Il costo del libro... », art. cit., p. 380-384.
246 C. Tristano, « Economia del libro... il prezzo del libro vecchio », art. cit. L’auteur se fonde toutefois sur un seul exemple (l’inventaire de l’humaniste calabrais, Aulo Giano Parrasio) pour proposer son prix moyen.
247 P. Cherubini et alii, « Il costo del libro », art. cit., p. 399-401.
248 Pour ces éléments de comparaisons, voir F. C. Lane, Venice. A Maritime Republic, Baltimore, 1973, p. 385-387, trad. fr., Venise, une République maritime, Paris, 1985 ; B. Pullan, « Wage-Earners and Venetian Economy. 1550-1630 », dans Crisis and Change in the Venetian Economy, sous la dir. de B. Pullan, Londres, 1968, p. 146-174 ; P. Pavanini, « Abitazioni popolari e borghesi nella Venezia cinquecentesca », Studi veneziani, n.s. 6 (1983), p. 63-126.
249 Les salaires encore valables en 1499 furent réduits à partir du xvie siècle à huit lires pendant les quatre premiers mois, puis six pour les mois suivants. Cf. F. C. Lane, « Wages and Recruitment of Venetian Galeotti, 1470-1580 », Studi veneziani, n.s. 5 (1982), p. 15-43, rééd. dans F. C. Lane, Studies in Venetian Social and Economic History, Londres, 1987 (Variorum Reprints).
250 Le prix vaut pour l’ensemble du codex qui nous est parvenu. En effet, la mention précise que dans ce livre continentur et quilibet magistrum Jacobum de Viterbio ; item Tacuinus cum quibusdam suppositionibus et additionibus magistri Dudonis ; similiter Tacuinum. Item Tacuinus. Item Liber Serapionis ; item liber Avicenne de viribus et medicine cordis. Item flores similiter antidotarium a Johanne Sancto Amando. Item Practica geometrie. Item Johachim similiter opere. Item tabula super totam logicam (B.n.F., lat. 15362, f. 234v).
251 Les auteurs montrent une nette baisse de ces tarifs au siècle suivant, où le livre coûte en moyenne 2 livres et 16 sous. C. Bozzolo et E. Ornato, Pour une histoire du livre manuscrit au Moyen Âge. Trois essais de codicologie quantitative, Paris, 1980, p. 25-26.
252 G. C. Fagniez, Études sur l’industrie et la classe industrielle à Paris aux xiiie et xive siècles, Paris, 1877. B. Geremek, Le salariat dans l’artisanat parisien aux xiiie-xve siècles. Études sur le marché de la main-d’œuvre au Moyen Âge, Paris, 1968. En réalité, le versement monétaire ne constituait généralement qu’une partie du salaire.
253 B. Geremek fournit le montant du salaire quotidien des ouvriers du chantier du couvent des Augustins à Paris. Ils sont de 8 à 12 deniers (été et hiver) pour un valet ou un aide, de 18 à 22 pour un tailleur de pierre ou un maçon, et de 24 deniers pour le maître d’œuvre. Cf. B. Geremek, ibid., p. 89.
254 Un Henri de Mondeville perçevait 5 s. 3 d. et Guillaume de Baufet, futur évêque de Paris, touchait 6 s. 1 d. en 1301. Les chiffres proviennent de l’étude de D. Jacquart, Le milieu médical... cit., p. 178.
255 « Ce romans est Piarre de Tongres, bourgiois de Paris. amen. / Ce romans est Phelippot de Tongres bourgois de Paris » (Paris, B.n.F., n.a.fr. 6539, f. 89v). Cf. inventaire 2 no 79.
256 Ainsi l’un des deux manuscrits « diététiques » ayant appartenu à Jean Budé fut transmis à l’un de ses nombreux fils, Guillaume. Le Voss. Chym. Q.28 de la Bibliothek der Rijksuniversiteit de Leyde, qui contient notamment le De esu carnium d’Arnaud de Villeneuve, porte en effet l’ex-libris du célèbre helléniste.
257 Ainsi Jean Salais, maîtres ès arts et en médecine, lègue ses livres à Johannes Boulengerius si velit idem [...] studere in medicina, et hoc jures vel promittat in conscientia sua, videlicet quod faciet et apponet diligenciam quam poterit, lego sibi et do omnes libros meos, tam artium, philosophie quam etiam medicine et universaliter omnes alios libros quos Parisius possideo de presenti (A. Tuetey, Testaments enregistrés... cit., doc. VIII, p. 86-87).
258 Item lego facultati Medicine librum vocatum De utilitate particularum, ita tamen quod dictus liber maneat in manibus illius qui erit decanus Facultatis, et concedat magistris qui voluerint habere... (ibid., doc. XLIII, p. 270).
259 La bibliothèque de maître Élias († 1326), médecin de Venise, est divisée en deux : une partie va à ses quatre fils, le reste sert à rembourser une dette. Romelio da Brescia († à la fin xive siècle), Benedetto Greco de Salerne († 1401), Bartolomeo degli Avogari († 1409), Cristoforo Barzizza († 1445), ou encore Giovanni di Laveno († 1468), pour n’en citer que quelques-uns, transmirent leurs ouvrages à leurs fils. Ugolino Caccini da Montecatini († 1425), lui, les céda à son neveu qui était médecin, tandis que Bartolo di Tura Bandini (1391-1477), qui vécut longtemps, en fit bénéficier ses petits-fils. Pour maître Élias, voir B. Cecchetti, Per la storia della medicina... cit., pour Romelio da Brescia, S. Caroti, « La biblioteca di Romerio... », art. cit. ; pour Benedetto Greco da Salerno, voir M. C. Ganguzza Billanovich, « I libri di Benedetto Greco da Salerno, studente a Padova in medicina (1401) », Quaderni per la storia dell’Università di Padova, 7 (1974), p. 1-15 ; pour Cristoforo Barzizza, voir P. Sambin, « Cristoforo Barzizza e i suoi libri », Bollettino del Museo civico di Padova, 44 (1955), p. 145-164 ; pour Ugolino da Montecatini, D. Barduzzi, Ugolino da Montecatini, Florence, 1915 (Vite dei medici e naturalisti celebri, 3) ; M. Battistini, « Contributo alla vita di Ugolino di Montecatini », Rivista di storia delle scienze mediche e naturali, 14 (1923), p. 145-147 ; pour Bartolomeo degli Avogari, G. Biadego, « Medici veronesi e una libreria medica del secolo xiv », Atti del R. Istituto di lettere, scienze e arti, 75 (1915-1916), p. 565-585 ; M. Lecce, « Biblioteche e prezzi di libri a Verona alla fine del Medioevo », Economia e storia, 8 (1961), p. 161-178, plus part. p. 165-166 ; pour Giovanni di Laveno, E. Motta, Libri di caza Trivulzio nel secolo xv con notizie di altre librerie milanese del trecento e del quattrocento, Côme, 1890, p. 26 ; pour Bartolo di Tura, C. Mazzi, « Lo studio di un medico senese del XV », Rivista delle biblioteche e delle archivi, 5 (1894), p. 27-48 ; id., « La casa di maestro Bartolo di Tura », Bullettino senese di storia patria, 3 (1896), p. 142-176, 4 (1897), p. 107-114, 395-402, 5 (1898), p. 270-288, 6 (1899), p. 139-146, 7 (1900), p. 300-324. Cf. aussi annexe 3, no 43, p. 740.
260 Cette clause apparaît par exemple dans le testament du médecin de Bologne Ugo († 1294), originaire d’Angleterre. Les neuf livres qu’il possède (à l’exception du Canon d’Avicenne) sont légués à son fils à sa mort en 1294 avec une interdiction de les vendre avant vingt ans. Ce dernier en disposera à son quinzième anniversaire. Cf. L. Frati, « I codici di un medico inglese del secolo xiii », Il libro e la stampa, 6 (1912), p. 3-4 et annexe 3 no 19, p. 731.
261 D. Nebbiai-Dalla Guarda, « Livres, patrimoines, profession... », art. cit., p. 398-399.
262 Londres, Wellcome Library, ms 32, f. 123r. On pourrait encore citer les Flores dietarum copiées au xiiie siècle et propriété de l’abbaye de Lyre deux siècles plus tard (Paris, B.n.F., n.a.lat. 356).
263 Ainsi dans le manuscrit MA 593 de la Bibliotheca Civica A. Mai de Bergame où trois signatures successives apparaissent : les noms d’Ambrosius de Gafuris, de Stephanus de Osna, ce dernier barré par une troisième main qui écrit son nom : Marcialis de Garganis.
264 Ainsi seulement une partie du manuscrit Bodl. 355 de la Bodleian Library circula au sein d’un monastère mineur de Cambridge. La mention de deux changements de propriété successifs à l’intérieur du couvent ne concerne en effet que l’un des ensembles de ce codex composite, rassemblé au xvie siècle : istos 6 quaternos contulit frater Thomas Totyngton fratri Thome de Wynbotisham qui eos contulit postea fratri Johanni de Wynbotisham (Oxford, Bodleian Library, Bodl. 355, f. 158v). Pour une étude de la circulation du livre dans le milieu universitaire, voir R. H. Rouse et M. A. Rouse, « The Book Trade at the University of Paris, ca. 1250-ca. 1350 », dans La production du livre universitaire au Moyen Âge. Exempla et pecia, textes réunis par L. J. Bataillon, B. G. Guyot et R. H. Rouse, Paris, 1988, p. 41-144, rééd. dans M. A. Rouse et R. H. Rouse, Authentic Witnesses : Approaches to Medieval Texts and Manuscripts, Notre-Dame, 1991, p. 259-338 ; J. Verger, « Le livre dans les universités du Midi de la France... », art. cit.
265 Legatus per magistrum Iohannem de Osswyaczym, professorem in theologia pro Libraria Artistarum (Cracovie, Biblioteki Jagiellonskiej, Cod. 779, f. iiv). Cf. « Statuta nec non Liber promotionum philosophorum ordinis in universitate studiorum Jagellonica, ab anno 1402 ad an. 1489 », éd. J. Muczkowski, vol. 1, Cracovie, 1849, p. 37-38, 40, 47-48, 62, 64, 67, 77, 86, 91). « Album studiosorum Universitatis Cracoviensis », t. II, fasc. 2, « Ab anno 1490 ad annum 1515 », éd. A. Chmiel, Cracovie, 1892, p. 17.
266 Les testaments de médecins mentionnent parfois dans une clause que la vente des livres composant leur bibliothèque pourra servir à rembourser une dette. Ainsi dans le cas de maître Élias, ou de Jacopino de Cagnoli de Zancanis (actif de 1280-1345) qui, connaissant des difficultés financières, dépose ses livres chez un apothicaire. C’est à ce moment là qu’un inventaire de ses biens est dressé. Cf. G. Bertoni et E. P. Vicini, « I codici di un medico modenese del secolo xiv », Atti e memorie della R[egia] deputazione di storia patria per le provincie modenesi, 4 (1905), p. 125-141.
267 Liber d[omi]ni Petri de Colberg quem Carth. prope Stetin donavit ita tamen quod si ad paupertatem extremam, quod deus avertat, devenerit eidem cum aliis duobus libris videlicet G(u ?)pho de sanctis etc. et Geraldo de Solo super Rasim cum ceteris medicinalibus libris eidem restituamus ad depellendam suam miseriam (Berlin, Staatsbibliothek, Lat. Qu.24, f. 127v). Sur les maisons des chartreux, voir J.-P. Aniel, Les maisons de chartreux, des origines à la chartreuse de Pavie, Genève, 1983, p. 46 (Bibliothèque de la société française d’archéologie, 16).
268 Voir supra, chap. X, p. 518-523. Cf. T. De Marinis, La biblioteca napoletana... cit., p. 191 no 237.
269 Sanctissime igitur pater et domine hoc opusculum de manu novelle christi particule denominate licet indigne recipere digne mihi et illud mandetis in papali archiviorum aliorum librorum medicinalium congregari (B.A.V., Pal. lat. 1298, f. 189ra).
270 Édition de l’inventaire de 1295 dans A. Pelzer, « Addenda et emendanda ad Francesci Ehrle Historiae Bibliothecae Romanorum Pontificum tum Bonifatianae tum Avenionensis », t. I, Cité du Vatican, 1947, p. 4-24. Pour une étude de l’histoire de cette bibliothèque et de son contenu, M.-H. Jullien De Pommerol, « La bibliothèque de Boniface VIII », art. cit.
271 Cf. M. R. James, The Ancient Libraries of Cantorbery and Dover, Londres, 1903, no 16, 655, 814, 1199 et annexe 3 no 69, p. 749. On pourrait encore citer ce codex de médecine pratique intégré à la bibliothèque du couvent de chanoines réguliers de Zurich, légué par un chanoine, soit lui-même régulier et rattaché au couvent, soit séculier : Libri monasterii divi presulis in Monte Thuricensi Ord[inis] Canonicorum Sancti Augustini. Ex legatione honorabilis magistri Joh[anni] Steiner Cappellani maioris ecclesie Turicensis A[nn]o 1519 (Zurich, Zentralbibliothek, Car C.III, f. 1r).
272 Walter Stanton, ancien élève de Merton College à Oxford (1368-1386), fit don d’un ouvrage (Royal 12 B III de la B.L.) à la bibliothèque du collège, lorsqu’atteint d’une maladie incurable (peut-être la lèpre), il se retira à hôpital de St. John à Basingstoke pour y vivre ses dernières années. Il bénéficia jusqu’à sa mort, sans doute survenue en 1401-1402, d’une somme de cinq livres versée par le collège. Ce dernier reçut en héritage au moins un autre livre, le Liber de conservatione vite humane (ms 47 de Merton College), cédé par William Romsey, ancien étudiant du collège, mort en 1501. Il avait sans doute plus tôt fait don de trois autres ouvrages. Cf. inventaire 1 no 300 et F. M. Powicke, The Medieval Books of Merton College, Oxford, 1931, p. 61, 63, 67, 121, 187, no 572, 220 no 1102-1104. Sur Walter Staunton, voir C. H. Talbot et E. A. Hammond, Medical Practitioners... cit., p. 372 ; G. C. Brodrick, Memorials of Merton College, Oxford, 1885, p. 213.
273 Les dominicains s’installèrent en l’église Santo Stefano de Bergame en 1218.
274 Codex conventus Sancti Stephani Bergomi quem ex seculo ad monasterium detulit frater Joseph de Redrizatis (?) de Bergomo, qui eum concessit pro usu apothece. En réalité, cette note a été rédigée par une main plus récente (Bergame, Biblioteca Civica A. Mai, MA 487, f. 1r). Le traité diététique est suivi de cinq recettes, liées au coït, à l’urine, au prurit, aux cauchemards et aux hémorroïdes.
275 On pourrait encore citer cet exemple d’un manuscrit plutôt médical contenant notamment le Liber de conservatione sanitatis de Jean de Tolède qui, ayant appartenu à un chanoine de la cathédrale d’Emmerich, fut cédé par ce dernier aux frères de la maison de Saint-Grégoire. Une première main, peut-être celle du possesseur, écrivit : liber domini Bernardi canonici ecclesie embricensis. Une seconde ajouta : qui eundem legavit fratribus domus sancti Gregorii in Embrica (Berlin, Staatsbibliothek, Lat. fol. 115).
276 Hunc librum do et lego domino Arnulpho ap. Rice supperiori Sancti Johannis Exoniae ad orandum pro anima mea, videlicet Ricardi Smyzth, Anno Domini 1523 (Londres, B.L., Add. 27582, f. 2r). Cf. inventaire 1 no 161.
277 Cf. annexe 3 no 42, p. 739.
278 ... dicta ecclesia habet quos alios [libros] legavit magister Iohannes Michilutti alicui volenti studere in arte medicine (P. Mistruzzi-Freisinger, « Inventario della chiesa di S. Andrea di Venzone », Memorie storiche forogiuliesi, 8 [1912], p. 196-208) ; C. Scalon, Produzione e fruizione del libro nel basso Medioevo. Il caso Friuli, Padoue, 1995, p. 511-515, no 409.
279 Sur ces évolutions, voir notamment (la bibliographie n’est ici qu’indicative) G. Albini, Città e ospedali nella Lombardia medievale, Bologne, 1993 ; G. Cosmacini, Soigner et réformer. Médecine et santé en Italie de la grande peste à la Première Guerre mondiale, trad. fr., Paris, 1992, notamment le second chapitre intitulé « la réformation hospitalière au xve siècle ». Voir également les nombreuses contributions sur les hôpitaux médiévaux dans un colloque tenu à Pistoia, Città e servizi sociali nell’Italia dei secoli xii-xv. Dodicesimo convegno di Studi, Pistoia, 1990.
280 H.-M. Ferrari, Une chaire de médecine à l’université de Pavie au xve siècle, Paris, 1899, rééd. Genève, 1977, p. 83-99. T. Gasparini Leporace, « Due biblioteche mediche del Quattrocento », La Bibliofilia, 52 (1950), p. 208-214 et annexe 3 no 38, p. 738.
281 G. Severino Polica, « Libri e cultura scientifica a Roma nel Quattrocento », dans Aspetti della vita economica e culturale a Roma nel Quattrocento, Rome, 1981, p. 175-194.
282 Sur les étapes de la fondation et sur le premier catalogue de la bibliothèque, voir notamment B. L. Ullman et P. A. Stadter, The Public Library... cit., p. 3-15 et pour le catalogue de la librairie de San Marco, p. 125-267.
283 Sur le feuillet de garde, on trouve généralement la formule : magister Laurentius magistri Iacobi de Bisticiis medicus florentinus donavit, 1478, ibid., p. 29.
284 Ibid., p. 28-29.
285 Ibid., p. 38-39.
286 Simon Alligret, par exemple, médecin depuis les années 1397-1398 du duc Jean de Berry, lui offrit à plusieurs reprises des ouvrages précieux (cf. Wickersheimer, vol. 2, p. 797 et L. Delisle, Recherches sur la librairie de Charles VI, t. II : Inventaire des livres... cit.
287 « Item ung petit livre en papier appellé Heronchel (no 58) ». Il s’agit du seul traité diététique et même du seul traité médical parmi les soixante-quinze ouvrages qui composent la bibliothèque. Sur la librairie de Savoie, voir S. Edmunds, « The Medieval Library of Savoy », Scriptorium, 24 (1970), p. 318-327 ; 25 (1971), p. 253-284 ; 26 (1972), p. 269-293.
288 D’après P. O. Kristeller, il s’agit du codex actuellement conservé à Varsovie (Biblioteka Uniwersytecka) sous la cote ms III Q 19. Cf. P. O. Kristeller, Iter italicum, vol. 4, p. 424. Quelques années plus tard, le roi de France remettait à son chapelain une bible. À la fin du B.n.F., lat. 11935, ayant appartenu à Louis XI, on peut lire : « le roy de France Loys très crestien, xie de ce nom, à present regnant, donna ceste bible à Jehan Boucart, evesque d’Avrenches, son confesseur, à Saint-Florent, près Saulmur, le xiiiie jour de juing, en l’an m ccclxxii » (f. 512r). Le manuscrit porte aussi les armes de Jean Boucart. Cf. L. Delisle, Le cabinet des manuscrits... cit., vol. 1, p. 75 n. 2.
289 Ce manuscrit (B.n.F., lat. 6868) comporte en effet les deux ex-libris, l’un de Jean Cailleau, l’autre de Charles d’Orléans et une mention de la main du duc qui explique les circonstances de ce gain sur le verso du feuillet de garde : Iste liber pertinet mei Jo[hannei] Caillau et parisii studenti in facultate medicine. Jo[hannes] Cailleau. Iste liber postea lucratus fuit ad ludum Scacorum a dicto magistro Johanne Cailleau per me ducem Aurelianensem, etc. Karolus. D’autres ouvrages médicaux de Jean Cailleau sont également passés entre les mains du duc d’Orléans : le lat. 6964 qui fut vendu par le praticien au duc, le lat. 6897, mais aussi le Lilium medicine de Bernard de Gordon, un volume hippocratique qui se trouve à la bibliothèque de Berlin et les Épîtres de Sénèque. Cf. P. Arnauldet, « Inventaire de la librairie du Château de Blois en 1518 », Le bibliographe moderne, 8 (1904), p. 121-156 no 821-822 et 828 ; P. Champion, La librairie de Charles d’Orléans, Paris, 1910, rééd. Genève, 1975.
290 J. Verger, Les gens de savoir... cit., p. 94-100.
291 Si, comme l’a montré C. Bec (Les marchands écrivains. Affaires et humanisme à Florence, 1375-1434, Paris-La Haye, 1967), les marchands florentins furent des amateurs de livres, leurs collègues français ne manifestèrent pas un tel intérêt.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
De la « Cité de Dieu » au « Palais du Pape »
Les résidences pontificales dans la seconde moitié du XIIIe siècle (1254-1304)
Pierre-Yves Le Pogam
2005
L’« Incastellamento » en Italie centrale
Pouvoirs, territoire et peuplement dans la vallée du Turano au Moyen Âge
Étienne Hubert
2002
La Circulation des biens à Venise
Stratégies patrimoniales et marché immobilier (1600-1750)
Jean-François Chauvard
2005
La Curie romaine de Pie IX à Pie X
Le gouvernement central de l’Église et la fin des États pontificaux
François Jankowiak
2007
Rhétorique du pouvoir médiéval
Les Lettres de Pierre de la Vigne et la formation du langage politique européen (XIIIe-XVe siècles)
Benoît Grévin
2008
Les régimes de santé au Moyen Âge
Naissance et diffusion d’une écriture médicale en Italie et en France (XIIIe- XVe siècle)
Marilyn Nicoud
2007
Rome, ville technique (1870-1925)
Une modernisation conflictuelle de l’espace urbain
Denis Bocquet
2007