Chapitre I. Deux ouvrages à l’authenticité douteuse
Les Flores dietarum et le Regimen iter agentium vel peregrinantium
p. 35-59
Texte intégral
1Les Flores dietarum et le Regimen iter agentium vel peregrinantium figurent, si l’on en croit la tradition historiographique sur le sujet, parmi les deux plus anciens traités diététiques occidentaux qui nous soient parvenus. Attribués respectivement à Jean de Saint-Paul, cardinal de Sabine au début du xiiie siècle1, et à Adam de Crémone, médecin (?) de la cour de Frédéric II2, ils auraient été composés entre la fin du xiie et le premier tiers du xiiie siècle dans des milieux qui virent éclore à cette même époque une importante production scientifique. Ces deux ouvrages ont fait l’objet au début du siècle de dissertations soutenues à l’Institut pour l’Histoire de la médecine de l’Université de Leipzig et dirigées par Karl Sudhoff auquel on doit la grande revue d’histoire de la médecine, Archiv für Geschichte der Medizin3. Depuis ces premiers travaux, rien n’est venu déranger le « sommeil » de ces deux œuvres ; les historiens et historiens des sciences4 se sont contentés, depuis lors, de reprendre les conclusions respectivement proposées par Hermann Johannes Ostermuth et par Fritz Hönger, qui avaient établi une édition des textes, enrichie d’une introduction plus ou moins détaillée. Mais leur travail ne repose que sur l’examen de manuscrits conservés en Allemagne et dans l’Europe de l’Est. Pourtant, l’étude de la transmission textuelle et du contenu même de ces traités suscite plus d’interrogations qu’elle ne propose de réponses et remet même en question les quelques assurances que l’on pouvait avoir à leur propos.
LES FLORES DIETARUM DE JEAN DE SAINT-PAUL
2Si l’on admet la précocité de leur composition, les Flores dietarum sont d’un intérêt majeur pour la datation du renouveau de la production diététique médiévale. L’attribution de l’ouvrage à Jean de Saint-Paul, cardinal de Sabine de 1205 à sa mort en 12145, situe donc cet intérêt pour la discipline au début du xiiie, voire dans les dernières années du xiie siècle. Cependant, bien des incertitudes demeurent sur cette attribution et l’examen de la tradition manuscrite suscite en outre des doutes sur la structure même du texte. Hermann Johannes Ostermuth n’a utilisé pour son édition qu’un nombre réduit de témoins6, ignorant ainsi quelques vingt-cinq autres manuscrits7, parmi lesquels deux datent de la seconde moitié du xiie siècle8, les autres n’étant pas antérieurs au xiiie siècle.
La tradition manuscrite
3Les Flores dietarum se composent de deux parties distinctes : la première, introduite par la phrase Corpus humanum ex quatuor humoribus constat..., décrit brièvement les différentes humeurs, le moment de l’année où, dans le corps, domine chacune d’entre elles ainsi que les caractères qu’elles induisent. La seconde partie consiste en un plus ou moins long catalogue d’aliments, organisé par espèces (céréales, racines, fruits...).
4Parmi les manuscrits consultés, deux familles se dessinent. La première, représentée par les manuscrits parisiens les plus anciens et par deux autres témoins plus tardifs (Londres, Wellcome Library, ms 547 et Munich, Bayerische Staatsbibliothek, Clm 4583) ne porte ni titre ni nom d’auteur. Le texte, très bref, ne fournit que le discours humoral initial9. Toutefois quelques variantes individualisent certains de ces témoins. Le B.n.F., lat. 15114 débute par Homo ex iiiior humoribus constat10 et omet quelques passages, notamment la localisation des humeurs dans le corps ainsi que leur rythme annuel. Le manuscrit, rédigé par différentes mains des xiie et xiiie siècles11, a toutefois été relié assez tôt ; la foliotation y est ancienne et des exlibris d’une main du xve siècle provenant de l’abbaye de Saint-Victor12 apparaissent dans les différents cahiers. Le lat. 7099 provient du nord de l’Angleterre. Il s’agit d’un manuscrit composite de médecine, copié vers la fin du xie ou au début du xiie siècle13. Il est constitué de textes qui représentent le fondement des connaissances médicales du Haut Moyen Âge14.
5La seconde famille, plus représentée, comporte les deux parties du texte, l’une humorale, l’autre alimentaire. Ici aussi, les variantes sont nombreuses ; certains manuscrits proposent des versions abrégées, d’autres allongées. Hermann Johannes Ostermuth, sur la base des manuscrits conservés à Erfurt, achève l’édition des Flores sur le chapitre consacré à l’eau15. Mais dans d’autres manuscrits, tel le B.A.V., Pal. lat. 1304, ce chapitre est agrémenté de considérations sur la composition de l’eau et d’un de procuratione aque16. La structure très lâche des Flores dietarum, constituées d’une succession de chapitres indépendants les uns des autres, rend le texte ouvert et sujet à de nombreuses réécritures que j’examinerai plus avant.
6Il ne s’agit pas ici de proposer une nouvelle édition de ces Flores dietarum, mais de tenter de reconstituer l’histoire de ce texte. La structure composite associant des considérations humorales à des aspects diététiques est à première vue assez étrange pour susciter des interrogations ; cette bicéphalie est-elle originale ou est-ce le résultat d’un amalgame de deux entités originellement distinctes ?
7Dans les manuscrits étudiés, les deux parties paraissent autonomes ; on passe de l’une à l’autre sans lien logique ou rhétorique. Les passages alimentaires débutent in medias res, sans aucune phrase introductive, ne serait-ce que de portée générale, rappelant par exemple le rôle des aliments dans la complexion humaine. Seul le copiste du Clm 14851 annonce : Ideoque dicendum est de cibis et potibus, et herbis...17 alors que le copiste du Pal. lat. 1304 a jugé utile d’ajouter aux Flores un rapide prologue (qui n’apparaît dans aucun des autres manuscrits que j’ai consultés) et une table des matières. Cette introduction a pour finalité de centrer le propos du texte autour de ces deux axes, l’humoral et l’alimentaire18. Car le titre de Flores dietarum, le plus répandu dans les manuscrits, ne renvoie objectivement qu’à la seconde partie du traité ; le scribe d’Erfurt (Cod. Ampl. Q. 185) en est manifestement conscient lorsqu’il souligne cette insuffisance en écrivant : Incipit liber qui dicitur flores dietarum et de quatuor humoribus19.
Deux textes pour un ouvrage
8Les témoins des xie-xiie siècles rendent compte d’un premier état du texte, alors sans titre et réduit à ses théories humorales20. Le contenu est représentatif de la littérature médicale de cette période et n’est pas sans rappeler d’autres traités consacrés au même sujet comme le De quatuor humoribus d’origine salernitaine attribué à l’évêque Alfanus21 ou encore l’Epistola ad Pentadium de quatuor humoribus de Vindicianus22 qui a circulé en de nombreux manuscrits23, voire des textes anonymes consacrés à la description des humeurs24. Ce noyau originel ne mentionne aucune autorité. Tourné vers la pratique, il résume rapidement l’un des fondements des conceptions médicales du Haut Moyen Âge, héritées d’Hippocrate et surtout de Galien, théoricien des complexions. Il est plausible de croire qu’autour de cet opuscule des passages alimentaires aient été ajoutés. Il est d’ailleurs fréquent que les traités humoraux du Haut Moyen Âge soient copiés à la suite de calendriers diététiques, de l’Epistola d’Anthime ou de la Dieta de Théodore25. Le manuscrit d’origine française, B.n.F., lat. 14935, daté des xie-xiie siècles, contient par exemple un passage sur les humeurs, suivi de la lettre de Vindicianus, du traité d’Anthime et de différents conseils diététiques26 ; le B.n.F., n.a.lat. 229, sans doute copié vers la fin du xie ou au début du xiie siècle, est constitué entre autres des textes de Vindicianus (f. 3v), d’Anthime (ff. 1r-2r) et d’un calendrier diététique (f. 2r)27.
9Le plus ancien témoin de ce qui serait alors un second état du texte, a été transcrit dans la seconde moitié du xiie siècle. Il s’agit du manuscrit de Bratislava, Stadtsbibliothek, ms 1302. Les deux premières parties (ff. 1-112 et ff. 112-206)28 ont été copiées par deux mains contemporaines, dans la décennie 1160-7029. Karl Sudhoff qualifie ce manuscrit de salernitain en raison de sa composition30. Le texte des Flores dietarum apparaît ici incomplet : les parties alimentaires s’interrompent après le chapitre intitulé Ptisanum31. L’éditeur des Flores, Hermann Johannes Ostermuth, utilise ce témoin pour invalider les thèses erronées qui faisaient de Bernard de Gordon ou d’Arnaud de Villeneuve les auteurs potentiels de ce texte32. Mais le manuscrit de Bratislava signale surtout que, dès la seconde moitié du xiie siècle, le texte humoral a subi des transformations. Déterminer l’origine de ces ajouts permettra de résoudre plus facilement le problème posé par l’authenticité des Flores dietarum.
10Les chapitres diététiques, structurés en catégories alimentaires, commencent par les végétaux (céréales, herbes, fruits, racines, légumes), suivis des animaux, des laitages, œufs et fromages, des poissons, du vin et de l’eau. Cette organisation n’est pas sans rappeler le principal ouvrage diététique disponible aux xiie-xiiie siècles, plus particulièrement consacré à l’alimentation, les Diètes particulières d’Isaac Israëli33, même si l’ordre des Flores ne suit pas toujours rigoureusement celui des Diètes. Cette première ressemblance n’est pas la seule, car des passages entiers paraissent avoir été empruntés à l’ouvrage du médecin de Kairouan. Ainsi, le chapitre De frumento des Flores est constitué d’excerpta des chapitres De genere tritici, De diversitate tritici secundum naturam terre, De diversitate secundum tempus extraits des Diètes. On y trouve la même structure grammaticale et l’on y repère des erreurs de lecture34. Les Flores dietarum se présentent en fait comme un abrégé du texte d’Isaac Israëli. Dans le De frumento, l’auteur des Flores résume un passage d’Isaac35. Il omet les explications fournies par le médecin juif dans le chapitre De diversitate tritici secundum naturam terre, à propos de la nature des sols, conditionnée en partie par les végétaux qui y poussent. Ailleurs, comme dans les chapitres sur l’orge et le mil, les citations de Rufus, Galien et Dioscoride fournies par Isaac Israëli ont été oblitérées. Le chapitre sur le vin des Flores se structure autour des couleurs ; ici encore l’héritage d’Isaac est manifeste36. Ces emprunts expliqueraient le choix du titre : flores dietarum37. Ce florilège rend bien compte de l’idée d’excerpta des Diètes38. Le manuscrit conservé à Bruxelles évoque d’ailleurs l’idée d’une version abrégée dans son titre : Secuntur breves diete et utiles39. Quant au terme de dietarum, il renvoie bien sûr aux Diètes universelles et particulières d’Isaac Israëli. Et deux témoins confirment l’utilisation de ce texte pour la composition des Flores. Le Cod. Ampl. F. 237 conclut de façon éclairante : Expliciunt flores dietarum. Excerpta ex dietis ysaac (sic)40, alors que le rubricateur (qui n’est pas le copiste) du Pal. lat. 1304 est encore plus évocateur (d’autant que le manuscrit contient le chapitre sur les vins extrait du traité d’Isaac)41 lorsqu’il écrit Diete particulares seu dietarum novi flores42. Ce codex, qui regroupe d’autres textes à vocation pratique dont certains sont salernitains43, se distingue également par sa longueur et par de nombreuses citations d’autorités (Galien, Constantin44, Dioscoride...).
11Si les considérations diététiques des Flores dietarum reposent en grande partie sur le traité d’Isaac Israëli, il n’en demeure pas moins vrai que d’autres passages paraissent originaux. Les chapitres sur les fruits ou sur les viandes, par exemple, très courts, rappellent par la présentation de la complexion, des qualités et des nocivités de chaque produit la structure du Tacuinum sanitatis mais le contenu en est différent. Les passages qui ne sont manifestement pas empruntés aux Diètes d’Isaac Israëli semblent être les témoins de nouveaux états du texte, conséquence de remaniements ou d’ajouts que la structure même et la fonction pratique du traité facilitaient. Le nombre variable de notices, selon les témoins, le confirme. Le copiste du manuscrit de Bruxelles n’intègre-t-il pas au milieu d’une séquence consacrée aux céréales un chapitre de grosiliis45 qu’on ne trouve pas dans les Diètes d’Isaac Israëli ? Mais il n’est pas possible ici de rendre compte de tous les emprunts et remaniements que ce texte a connus, travail qui nécessiterait une étude philologique et codicologique poussée.
12L’extrême variabilité du texte permet en partie de définir sa nature. Il peut être considéré comme un florilège qui, pour reprendre l’expression de Birger Munk Olsen, « cueille » pour l’essentiel dans un seul pré, en l’occurrence dans les Diètes d’Isaac Israëli qui, au xiie et dans la première moitié du xiiie siècle, constituent le seul livre disponible en latin dont l’entreprise soit totalement axée sur l’alimentation46. À ce titre, et peut-être plus que le Pantegni d’Haly Abbas, elles apparaissent comme l’ouvrage de référence sur le sujet. Toutefois les Flores dietarum ne se contentent manifestement pas des seules Diètes, même si l’on n’a pas ici déterminé plus précisément l’origine des autres emprunts. L’auteur de ces extraits révèle également ses intentions, non dans l’organisation d’ensemble qui ne fait que suivre l’ordonnancement du traité traduit par Constantin, mais par le choix déjà des seules Diètes particulières, et par les passages écartés. La suppression, par exemple, des citations et des mentions d’autorités autres que celle d’Isaac Israëli souligne le caractère éminemment pratique et vulgarisateur de cet ouvrage.
13Ces Flores dietarum sont donc un texte hétérogène, formé à partir d’un noyau consacré aux humeurs, sujet à des ajouts peut-être constants, majoritairement empruntés aux Diètes particulières d’Isaac, dont il est peut-être difficile d’attribuer la paternité à un unique compilateur. Pourtant, quoiqu’un seul témoin des Flores (B.A.V., Pal. lat. 1304) mentionne le nom de Jean de Saint-Paul, les catalogues de manuscrits et l’historiographie continuent de faire cet auteur du Liber de simplicum medicinarum virtutibus47 (une sorte de bréviaire consacré aux médicaments et aux aliments, qui est accompagné dans nombre de manuscrits d’un Breviarium ou Practica de signis morborum48) le rédacteur de ces extraits. Les médecins du Moyen Âge, en revanche, le connaissent plutôt comme auteur du livre sur les vertus des simples médecines. Ancien bénédictin, il aurait, d’après Karl Sudhoff, étudié la médecine à Salerne49. Hermann Johannes Ostermuth, à la lumière du codex de Bratislava, conclut de son côté à une origine salernitaine vraisemblable du traité50. Diaconus cardinalis à partir de 119351, devenu cardinal de Sabine52 et personnage important de la Curie sous Célestin III (1191-1198) et Innocent III (1298-1216), Jean de Saint-Paul eut peut-être le loisir, dans ses jeunes années, de remanier un texte composé au plus tard entre 1160 et 1170 (si le manuscrit de Brastislava constitue le plus ancien témoin). Sinon, il reste à croire à quelque fausse attribution d’un copiste du xiiie ou xive siècle.
LE REGIMEN ITER AGENTIUM VEL PEREGRINANTIUM D’ADAM DE CRÉMONE
14S’il est régulièrement cité par les historiens qui étudient le milieu intellectuel à la cour de Frédéric II53, le Regimen iter agentium vel peregrinantium, qualifié par son auteur de « régime » de voyage ou de pèlerinage, n’en est pas moins très mal connu. Il ne reste qu’un seul manuscrit de cet ouvrage diététique, conservé à la Bibliothèque universitaire de Marburg54.
La santé des voyageurs
15Composé par un certain Adam de Crémone55, le Regimen iter agentium vel peregrinantium se distingue par son ampleur, malgré les dénégations de son auteur qui se targue régulièrement de composer un ouvrage bref56 ; il occupe dans le manuscrit de Marburg les folios 107 verso à 131 recto sur deux colonnes. Il est constitué de trois livres : le premier comporte 196 chapitres, le deuxième 23 et le dernier trois seulement. Outre ces grandes variétés de longueur, l’ouvrage offre des spécificités structurelles étonnantes dont l’auteur veut s’expliquer dès l’introduction57. Si le premier livre apparaît comme un véritable régime, organisé autour des « choses non naturelles », le second est consacré aux remèdes. Par sa structure, le traité s’apparente à une catégorie d’ouvrages diététiques du xiiie siècle, que je qualifierai volontiers de regimina-practicae, en ce qu’ils se préoccupent non seulement de conservation de la santé, mais aussi de thérapie. Toutefois, la partie practica n’est guère traditionnelle ; il ne s’agit pas en effet d’énumérer ici tous les remèdes pour lutter contre les maladies énoncées selon l’ordre classique a capite ad calcem, mais seulement de répondre aux incommoda des pèlerins, causés pour l’essentiel par la fatigue ainsi que par tout ce qui touche à la nourriture58.
16La dernière partie du Regimen iter agentium vel peregrinantium dépasse les simples enjeux médicaux pour se tourner vers des aspects plus spirituels ou religieux. Ce Liber tertius de via, tel que l’intitule le copiste, se veut une sorte d’aboutissement de l’ouvrage ; l’auteur a conduit son lecteur vers la « perfection de la doctrine » (ad perfectionem doctrine). Il l’invite ainsi à réfléchir sur les objectifs de ce pèlerinage qui ne sont peut-être pas tant ceux de la Jérusalem terrestre que ceux de la Jérusalem céleste59. Adam de Crémone semble proposer tout au long de son ouvrage une réflexion doctrinale (doctrina est le terme qu’il emploie pour désigner son traité) dont les étapes, de matérielles, deviennent spirituelles, comme si, du soin du corps, provenait le soin de l’âme ou, du moins, comme si les deux étaient intrinsèquement liés. Cette coordination entre le matériel et le spirituel est également affirmée dans la définition de l’exercitium. Si l’exercice était jusqu’alors essentiellement entendu comme un déploiement de force physique60, Adam de Crémone élargit son acception :
Imaginer, raisonner, réfléchir et faire des choses du même genre sont des exercices de l’âme, lorsque le corps se repose. Faire de l’équitation, courir et faire des choses similaires sont des exercices du corps, l’âme étant au repos. Lire, écrire, enseigner et autres exercices semblables sont des exercices pour les deux, lorsque l’un implique le travail de l’autre61.
17L’exercice est donc triple. Outre le physique, mieux connu, qui s’effectue lorsque l’âme est au repos, le médecin prend en compte deux formes d’exercice intellectuel. L’un est entendu comme celui de l’âme au travail, qui imagine, raisonne, pense. L’autre, s’il a le même siège, l’âme, est à la fois intellectuel et physique, puisque lire, écrire, enseigner ou tout exercice similaire relèvent autant de l’âme que du corps. La définition de l’exercice qu’Adam de Crémone nous livre est en quelque sorte la synecdoque du Regimen tout entier. L’écriture diététique n’est-elle pas elle-même, dans le cas de ce traité, un exercice qui passe d’un registre corporel à un domaine spirituel ? La santé du corps n’est qu’un prélude à la santé de l’âme.
18Les enjeux sont clairs dans ce projet composé pour Frédéric II et pour ses fidèles, entendons les autres « pèlerins » de la croisade de 1228-122962. Les constantes références aux besoins des voyageurs ou aux dangers encourus rappellent le point de vue bien particulier qui a été adopté. Il s’agira d’énumérer, par exemple, tous les périls spécifiques à ces voyages dans des contrées lointaines, serpents, scorpions, puces ou autres mouches, sans oublier les poisons, et de proposer des remèdes. Le propos devient laconique lorsque l’aliment est déconseillé et se termine le plus souvent par un simple : peregrinis non est utilis ou encore itinere laborantibus inutilis63. Il se fait tout aussi silencieux lorsque l’objet d’étude n’intéresse pas les pèlerins, comme les bains dont ils bénéficient rarement64.
19Seul le premier livre est donc véritablement destiné à la conservation de la santé et repose sur l’examen des « choses non naturelles », sans que soient pour autant oubliées certaines composantes naturelles ainsi que des préparations pharmacologiques, quand le besoin s’en fait sentir. Cependant, la volonté diététique est clairement affirmée lorsque l’auteur avoue négliger ce qui relève plutôt de la médecine curative. Ainsi, le chapitre consacré au petit-lait se résume à une phrase puisqu’il sert non pas à la conservation de la santé mais à la thérapie65. De même les mûres, et plus globalement les fruits et les légumes, sont quasiment ignorés car ils sont essentiellement utilisés pour des soins66. L’ensemble de ce premier livre n’est pas sans rappeler les deux parties des Diètes d’Isaac Israëli, qui n’est cependant cité comme autorité qu’à une seule reprise. Après quelques chapitres consacrés à la diète dans son ensemble, l’auteur passe à une énumération des différents aliments organisés par familles67. Mais c’est surtout au Canon d’Avicenne que le Regimen est redevable, empruntant au livre I de nombreux passages, parmi lesquels une conception nouvelle de la phlébotomie comme acte médical destiné à l’évacuation des humeurs68 et l’idée de la corruption de l’air69.
20L’œuvre dans son ensemble se veut pratique et l’auteur ne s’encombre guère de citations d’autorités. Avicenne, Galien ou encore Hippocrate, Dioscoride, Isaac Israëli et Rhazès pour le Liber ad Almansorem (sans oublier Sénèque ou Boèce) sont très rarement évoqués, et de façon allusive. Seul Aristote mérite que l’œuvre dont est extraite la référence soit mentionnée. Il s’agit des Météorologiques. Plus que tout prime ici la préoccupation essentiellement didactique ; lorsque Adam de Crémone évoque les symptômes de certains dysfonctionnements mineurs de l’organisme (généralement liés à la réplétion), c’est afin de permettre à son lecteur de pratiquer une sorte d’automédication. Les signa sont en effet immédiatement suivis d’un remedium, sans qu’aucune réflexion spéculative ne vienne interrompre cette logique70. De même, l’auteur explique à son lecteur comment reconnaître une indigestion71.
21Le discours s’interrompt manifestement dès lors que le médecin devient un recours indispensable. Ainsi, Adam de Crémone propose quelques solutions afin de remédier à la fatigue due à la marche, mais avoue ne rien pouvoir proposer contre certaines maladies occasionnées par le voyage et qui impliquent l’intervention du praticien72. L’auteur reconnaît explicitement ici les limites de son entreprise et, plus simplement, du pouvoir opérant de la diététique.
Des interrogations persistantes
22Daté de 1227 par Fritz Hönger, proposition retenue depuis lors par tous ceux qui ont mentionné le traité, le texte aurait été composé, selon l’historien allemand, peu de temps avant la sixième croisade à laquelle participe l’empereur Frédéric II en 1228-122973. Le prologue et les nombreuses réflexions consacrées au pèlerinage et à la croisade nous invitent à abonder dans ce sens, de même que les informations que livrent le seul manuscrit conservé de cet ouvrage : il rassemble en effet d’autres textes de la même époque (ff. 64-166) : le Secret des secrets, la lettre qu’al-Kindī adressa à Théodore, physicien et astrologue de l’empereur74, l’Epistola Theodori que ce dernier dédia à Frédéric II75, une recette médicale adressée au pape Grégoire IX qui précède le traité d’Adam de Crémone, ainsi que deux traductions pseudo-aristotéliciennes commandées par Manfred de Sicile à Bartolomeo da Messina. Malgré cette unité temporelle, il nous faut rappeler que le manuscrit de Marburg est unique et constitue un témoin somme toute tardif, puisqu’il date du début du xve siècle. S’il n’y a pas lieu ici de proposer une autre datation, il est cependant possible de mettre en lumière quelques interrogations légitimées par l’étude plus fine du texte lui-même. Car le Regimen iter agentium vel peregrinantium laisse planer des doutes quant aux circonstances de sa composition, à l’auteur, ou encore à sa destination.
23L’auteur de ce texte demeure un parfait inconnu. Cet Adam dit être de Crémone et chantre d’église (cantor ecclesie). L’absence de toute référence à l’exercice de la médecine et la revendication d’une « profession » étrangère à ce milieu peut inciter à croire à une datation assez ancienne. Au xiiie siècle, il n’est pas rare en effet que des médecins exercent d’autres professions et détiennent notamment des prébendes ecclésiastiques (ce qui est encore vrai au siècle suivant, mais les auteurs revendiquent alors fortement dans leurs écrits leur spécialisation scientifique). Qu’un chantre d’église se révèle également médecin n’a donc rien d’étonnant. La structure formelle du Regimen, certes assez novatrice mais où sont mêlés aspects préventifs et thérapeutiques, la dominante pratique qui occulte presque les références et citations d’autorités, jouent également en faveur d’une datation ancienne. Mais c’est évidemment sur la dédicace que Fritz Hönger a bâti son argumentation. L’incipit et l’explicit du texte sont sans équivoque. Frédéric II et ses « fidèles », lancés dans la lutte contre les impies, sont les destinataires de cette œuvre76. Le surnom même de Roger porté par Frédéric et utilisé dans les diplômes impériaux du début du règne, renforce l’hypothèse de 1227.
Le temps du soupçon
24Les quelques éléments que je voudrais à présent souligner, s’ils ne remettent pas totalement en cause cette datation, soulèvent cependant des interrogations et peuvent conduire à deux propositions contradictoires : rendre caduque la datation de 1227 ou, au contraire, souligner la précocité et le caractère novateur d’un tel texte en terme de composition, de traitement du sujet et de contenu ; mais cette seconde hypothèse suppose aussi de remettre en cause certains faits jusqu’alors acceptés par les historiens de la médecine.
25Je ne reviendrai pas sur la copie tardive qui sert de fondement à l’analyse de Fritz Hönger, n’ayant pu examiner le manuscrit, mais je m’attarderai sur la dédicace à Frédéric II. Elle n’apparaît qu’au début et à la fin du texte. Ailleurs, toute référence à l’empereur est absente. Le discours fait constamment état de toutes les complexions possibles sans jamais s’attarder sur une seule, peut-être parce que l’ouvrage s’adresse en priorité aux pèlerins et voyageurs. Certes, la dédicace a pour fonction de promouvoir l’œuvre et on peut penser qu’Adam de Crémone l’a adressée à Frédéric II sans pour autant construire son régime autour de la personne physique de l’empereur. Mais la mention d’une dédicace à Frédéric II paraît plus fréquemment un « argument de vente » postiche qu’une dédicace réelle77. Nombreuses sont en effet les œuvres qui lui furent prétendument destinées, le nom de l’empereur ne servant en fait qu’à faciliter la diffusion du livre78. L’hypothèse d’une introduction factice est renforcée par le titre même de l’œuvre : le terme de regimen n’est attesté nulle part à la même date en tant que titre, et il faut attendre Arnaud de Villeneuve dans les premières années du xive siècle pour que ce vocable soit utilisé pour désigner un type d’ouvrage médical particulier destiné à la conservation de la santé. L’utilisation du mot, assez étonnante, peut aussi provenir d’un ajout du copiste qui travaille à une époque où le terme est en usage pour désigner la littérature diététique. Il peut aussi paraître surprenant qu’écrivant lui-même quelques années plus tard une lettre de santé pour Frédéric II, le physicien et astrologue Théodore ne fasse aucunement mention de cet ouvrage.
26La tonalité du Regimen iter agentium vel peregrinantium, qui navigue entre le traité diététique et la réflexion spirituelle sur les enjeux de la croisade, ouvre des perspectives contradictoires. Si la double fonction de l’auteur (homme d’Église, même s’il s’agit des ordres mineurs, et médecin ?) explique ces imbrications, elle ne constitue pas pour autant un argument décisif. Les ouvrages diététiques contemporains, même lorsqu’ils sont écrits par des ecclésiastiques comme Petrus Hispanus ou Jean de Tolède, ne se font jamais l’écho de préoccupations spirituelles. En revanche les liens entre diététique et opérations militaires liées à la croisade font résolument penser à des traités postérieurs, datés du xive siècle : le Regimen Almarie d’Arnaud de Villeneuve, le traité de poliorcétique de Guy de Vigevano, ou encore l’ouvrage composé par un certain Jean de Bologne, bachelier de Montpellier, et adressé au roi Charles-Robert de Hongrie79. L’argument de la similitude d’objet n’est bien sûr pas totalement convaincant, et rien n’empêche Adam de Crémone d’avoir fait preuve d’innovation80.
27La citation extraite du livre IV des Météorologiques d’Aristote81 ne peut nous fournir aucun argument. Ce livre, où il n’est pas question de météorologie mais plutôt des propriétés de diverses opérations telles l’ébullition, les coctions, la putréfaction ou encore la dessiccation, fut souvent considéré comme un traité particulier, et sa traduction ne saurait nous être utile pour la datation du Regimen iter agentium vel peregrinantium. En effet, avant la traduction arabolatine de Gérard de Crémone en 1162, circulait une version grécolatine du livre IV due à Henri Aristippe82, qu’Adam de Crémone, s’il est bien l’auteur du texte et s’il a composé son ouvrage dans les années 1220, pouvait s’être procurée, d’autant qu’Aristippe, originaire de Catane, avait travaillé à la cour normande de Sicile.
28Pourtant, à l’échelle plus réduite du contenu textuel, d’autres observations rappellent des modes d’écritures propres au xive siècle : la place importante occupée par l’alimentation dans l’ouvrage, qui supplante largement les autres « choses non naturelles », l’attention constante portée à la cuisine, à la préparation des plats (au point d’en faire mention à la suite des considérations plus strictement diététiques, voire d’y consacrer un chapitre entier, comme dans le cas de la préparation des poissons). Les références culinaires, les accommodements, les divers types de cuisson caractérisent les régimes de santé du xive siècle, alors que ceux du siècle précédent se montrent généralement peu diserts sur ce genre de considérations83. Ces éléments sont cependant encore trop imprécis pour permettre de conclure sur le caractère novateur ou la date erronée du Regimen iter agentium vel peregrinantium.
Deux arguments en faveur d’une datation tardive
29Afin d’éclairer quelque peu la datation du Regimen, il faut évoquer deux éléments qui caractérisent le contenu même de l’ouvrage et qui plaident pour une composition plus tardive. Le premier est d’ordre alimentaire et linguistique. Dans le chapitre consacré aux nourritures difficiles à digérer car grossières, mais de grande valeur nutritive, l’auteur évoque un type de pâtes qui apparaît de temps en temps dans les traités du xive siècle :
Les aliments grossiers, bons, [qui sont] de grandes qualités nutritives et de longue conservation, mais difficiles à digérer sont : le pain azyme de semoule, surtout sans sel, la viande bovine, de bouc, de cerf, d’oie, de canard, de paon et les semblables, mais aussi les aliments à base de grain, ou bien en pâtes, ou bien en farine, comme les haricots, le panic, l’orge, les vermicelles, les bouillies et choses du même genre84.
30Le terme de vermicelli annoncé par la formulation plus générique de pasta désigne donc un type de pâtes fabriquées à partir de farine de blé dur et destinées à une longue conservation après avoir été séchées au soleil. De forme longue, elles sont très proches de cette catégorie alimentaire qu’Avicenne désigne sous le terme d’ « iṭriyya » (tria dans la traduction latine de Gérard de Crémone)85.
31Ces pâtes de longue conservation, héritières de modèles musulmans, sont d’une consommation commune en Toscane et en Italie du Sud86. Mais ces pâtes étaient-elles déjà consommées au xiiie siècle ? Oui, si l’on en croit le géographe Idrīsī qui, au milieu du xiie siècle, évoque pour la ville sicilienne de Trabia « une sorte de vermicelle (« iṭriyya ») que l’on exporte en grande quantité vers le reste du monde, en Calabre, dans les provinces musulmanes et dans les pays chrétiens87 ». Mais ces pâtes sèches et longues, apportées par les Musulmans, étaient-elles déjà appelées vermicelles par les Italiens ? Aucun autre régime italien de cette époque n’en fait mention et il faut attendre le xive siècle pour que les consilia médicaux, les practicae, les régimes88 mais aussi les livres de cuisine en parlent sous le nom de vermicelles89. Faut-il donc penser qu’Adam de Crémone, sans doute originaire d’Italie du Nord, a adapté son discours à des habitudes de consommation méridionales ou, au contraire, doit-on déduire de cette mention une rédaction plus tardive, lorsque les vermicelles ou, du moins, cette dénomination de pâtes étaient d’un usage courant dans les cuisines médiévales italiennes ?
32La seconde remarque soulève également plus de questions qu’elle n’apporte de réponses. Elle se fonde d’une part sur l’absence de référence au Secret des secrets et, d’autre part, sur la mention du Tacuinum sanitatis. Si on garde l’hypothèse de la datation approximative de 1227, le Secret des secrets n’était encore connu que dans sa version écourtée, œuvre de Jean de Séville. Or cette première traduction, comme celle de Philippe de Tripoli90, disponible seulement quelques années plus tard en Occident, eut une grande influence sur la composition diététique du xiiie siècle, alors qu’on perçoit nettement son déclin dans la production ultérieure. Tandis que ce texte apocryphe constituait le traité diététique par excellence de la première moitié du xiiie siècle, Adam de Crémone aurait préféré suivre le Canon, texte de l’enseignement médical, plus difficile à adapter pour un ouvrage à tonalité vulgarisatrice91. Si tel est le cas, l’argument a une double valeur : il permet de renforcer l’idée d’une précoce influence des théories avicenniennes dans la pensée médicale, autour du premier tiers du xiiie siècle, et suggère aussi une nouvelle datation dans la généalogie des modes d’écritures diététiques à cette même époque.
33Le Regimen iter agentium vel peregrinantium fait également référence au Tacuinum sanitatis, dans le chapitre consacré au lait, pour signaler qu’il est chaud et humide, quasi tempéré selon la source arabe92. Cet ouvrage diététique de langue arabe, constitué de tables synoptiques sur un côté de la page et d’un texte analytique en regard, fut composé par un médecin chrétien du xie siècle, Ibn Buṭlān93. Sans m’attarder ici sur les caractéristiques de cette œuvre ni sur les difficultés que pose la datation de sa traduction, je voudrais simplement signaler quelques points. Les circonstances de la rédaction latine du texte demeurent encore obscures ; après avoir longtemps penché pour une traduction dans les dernières années du xiiie siècle à la cour d’Anjou, sur la base d’un manuscrit de la bibliothèque de Vendôme, les historiens proposent aujourd’hui, sur la foi d’un codex de Venise (Biblioteca nazionale San Marco, Z 315), une datation plus récente, dans les années 1254-1266, traduction effectuée à la cour du roi Manfred de Sicile. Les plus anciens témoins manuscrits du Tacuinum datent du xive siècle. En dépit des incertitudes quant à la rédaction latine, le Tacuinum n’est de toute façon jamais cité comme source diététique avant le xive siècle, du moins dans les régimes de santé. En tout état de cause l’hypothèse retenue de l’année 1227 pour la rédaction du traité paraît peu vraisemblable, à moins de remettre en cause la datation du Tacuinum latin ou de suggérer que le ut ait Tacuinus soit un ajout ultérieur, mais rien ne nous permet de le penser. Il semblerait possible, en reprenant l’ensemble des arguments présentés ci-dessus, d’envisager une composition plus tardive du Regimen, vers la fin du xiiie ou plus certainement au xive siècle, à une époque où l’ouvrage d’Ibn Buṭlān fait partie des manuels de diététique fort appréciés des vulgarisateurs du savoir médical, lorsque la littérature diététique se désigne communément comme « régime de santé » et fait une large place à la cuisine et à l’alimentation, et quand les « vermicelles » font pleinement partie de l’univers alimentaire italien.
34Toutefois, aucun de ces arguments n’est à lui seul décisif, d’autant que l’étude du Regimen iter agentium vel peregrinantium repose sur un unique témoin qui pourrait très bien s’avérer une copie corrompue. L’œuvre de ce parfait inconnu, malgré sa recommandation de prestige, n’a guère été diffusée, si l’on en juge par le seul manuscrit de Marburg ou par l’absence de mention de ce Regimen dans les traités diététiques ultérieurs, y compris dans ceux que l’on sait avoir été composés à la cour de Frédéric II et dans ceux qui furent destinés aux troupes militaires ou aux voyageurs en Terre sainte94.
CONCLUSION
35Si les Flores dietarum semblent véritablement constituer un texte apocryphe et hétéroclite, rassemblant un noyau originel constitué par un texte pratique consacré aux humeurs et des extraits empruntés dans leur majorité aux Diètes particulières d’Isaac Israëli (plus ou moins longs selon les manuscrits), le Regimen iter agentium vel peregrinantium reste à mon sens encore obscur. Alors que l’attribution du premier à Jean de Saint-Paul, homme puissant de la Curie du début du xiiie siècle, confère à ce qui n’est qu’un florilège diététique sans grande originalité un prestige et une renommée que confirme la survie du traité, la dédicace du second à Frédéric II n’a pas été couronnée de succès, semble-t-il. Si la datation de 1227 était confirmée, et la destination impériale assurée, cet ouvrage constituerait le premier ouvrage diététique original composé dans l’Occident médiéval, précédant de quelques années la lettre de Théodore adressée au même Frédéric II et celle de Petrus Hispanus.
Notes de bas de page
1 Les catalogues de bibliothèques n’hésitent pas à attribuer l’œuvre à Jean de Saint-Paul même lorsque le texte est anonyme dans le manuscrit.
2 Sur ces deux auteurs, voir leurs notices biographiques respectives dans l’annexe 1, p. 709 et 699.
3 H. J. Ostermuth, « Flores Diaetarum », eine salernitanische Nahrungsmitteldiätetik aus dem XII. Jahrhundert, verfasst vermutlich von Johannes de Sancto Paulo, Leipzig, Med. Diss., 1919 et F. Hönger, Ärztliche Verhaltungsmassregeln auf dem Heerzug ins Heilige Land für Kaiser Friedrich II, geschrieben von Adam v. Cremona (ca. 1227), Borna-Leipzig, 1913.
4 Par exemple, K. Sudhoff, « Salerno, Montpellier und Paris um 1200. Ein Handschriftenfund », A.G.M., 20 (1928), p. 51-62 ; P. O. Kristeller, Studi sulla scuola medica salernitana, Naples, 1986, p. 495-555 ; G. Sarton, Introduction to the History of Science, vol. 2/1, Baltimore, 1931, p. 439 ; T. C. Van Cleve, The Emperor Frederic II of Hohenstaufen. « Immutator Mundi », Oxford, 1972, p. 317 ou encore E. Kantorowicz, L’Empereur Frédéric II, trad. fr., Paris, 1987, p. 329 (Bibliothèque des histoires). Plus récemment, A. Paravicini Bagliani et M. R. McVaugh ont repris quelques éléments des dossiers « Jean de Saint-Paul » et « Adam de Crémone » et y ont apporté des compléments d’informations : A. Paravicini Bagliani, « Medici e ricette mediche alla corte papale del Duecento », dans Medicina e Scienze della Natura alla Corte dei papi del Duecento, Spolète, 1991, p. 1-51 et plus particulièrement les pages consacrées à « Giovanni da San Paolo » (p. 11-12) ; id., « Federico II e la Curia romana : rapporti culturali e scientifici », dans Federico II e le Scienze... cit., p. 439-458 ; M. R. McVaugh, « Conoscenze mediche », art. cit.
5 Sur le personnage, voir l’étude consacrée aux papes et à la Curie pontificale à cette époque par W. Maleczek, Papst und Kardinalskollege von 1191 bis 1216, Vienne, 1984, p. 114-117 et les travaux antérieurs de B. Altaner, « Zur Biographie des Kardinal Johannes von S.P. », Historisches Jahrbuch, 49 (1929), p. 304-306 et É. Littré, « Jean de Saint Paul », dans Histoire Littéraire de la France, vol. 21, Paris, 1847, p. 408-411.
6 Il s’agit de manuscrits conservés pour la plupart en Allemagne ou en Europe de l’Est : Berne, Burgerbibliothek, ms 702 (xiie-xive s.)* ; Bratislava, Stadtbibliothek, ms 1312* ; Erfurt, Wissenschaftliche Allgemeinbibliothek, Q. 185 (xiiie-xive s.)*, F. 237 (xive s.)*, F. 275 (xiiie-xive s.)*, F. 289 (déb. xive s.)* ; Munich, Bayerische Staatsbibliothek, Clm 14851 (xiiie s.) ; enfin Berne, Burgerbibliothek, ms 702 (xiie-xive s.)*. Il cite également l’existence du manuscrit suivant : Bayerische Staatsbibliothek, Clm 4583 (xiiie s.). Sont marqués d’un * les manuscrits que je n’ai pu consulter. Notons que P. Cantalupo, ignorant l’édition de H. J. Ostermuth, en a récemment proposé une édition sur la base d’un unique manuscrit madrilène (P. Cantalupo, Un trattatello medioevale salernitano sull’alimentazione : il flore dietarum (la fonte, testo e traduzione, index, neologismi medievali, varianti grafiche), Acciaroli, 1992 (Quaderno di Annali Cilentini, 2). L’auteur de l’édition remet en cause l’attribution de l’œuvre à Constantin l’Africain, qu’il présente d’ailleurs plus comme un auteur d’ouvrages médicaux que comme un traducteur.
7 Bruxelles, Bibliothèque royale Albert Ier, ms 5097-99 (xive s.) ; Cambridge, Corpus Christi College, ms 441 (xiiie s.) ; Cité du Vatican, B.A.V., Pal. lat. 1304 (xiiie s.) ; Fermo, Biblioteca comunale, ms 5 (xve s.)* ; Florence, Biblioteca Medicea Laurenziana, Gaddi Reliq. 201 (xive s.) ; Londres, B.L., Arundel 323 (xiiie s.)* ; Harley 5228 (xve s.) ; Royal 12 B III (xiiie-xive s.) ; Royal 12 E V (fin xive s.) ; Sloane 144 (xiiie s.)* ; Sloane 382 (xve s.) ; Sloane 390 (xve s.) ; Sloane 420 (xiiie-xive s.) ; Sloane 568 (fin xive s.) ; Sloane 3149 (xve s.)* ; Wellcome Library, ms 536 (fin xiiie s.) ; ms 547 (xive s.) ; Madrid, Biblioteca della Universitad Complutense, ms 116 (116-Z-31) ; Manchester, Chetham Library, ms 11380 (Mun. A. 4. 91)* ; Munich, Bayerische Staatsbibliothek, Clm 267 (xive s.) ; Paris, B.n.F., lat. 7099 (xiie s. ?) ; lat. 7121 (xiiie-xive s.) ; lat. 15114 (fin xiie s.) ; Oxford, Bodleian Library, Digby 197 (xiiie s.) ; Wolfenbüttel, Herzog August Bibliothek, 912 Helmst (xve s.).
8 Il s’agit des mss de la B.n.F., lat. 7099 et lat. 15114. Cf. inventaire 1 no 317 et 332.
9 Le Clm 4583 s’intitule d’ailleurs Fragmentum de corpore humano, ce qui donne l’idée d’un texte tronqué (H. J. Ostermuth, « Flores Diaetarum »... cit., p. 10). Pour des notices détaillées, voir inventaire 1 respectivement les no 208 et 254.
10 B.n.F., lat. 15114, f. 158r.
11 Le folio 158 où apparaît le texte très abrégé de Jean de Saint-Paul fait partie des deux derniers cahiers du manuscrit, copié par une même main, de la seconde moitié du xiie siècle.
12 Ainsi peut-on lire au début et à la fin du manuscrit : Hic liber est sancti Victoris parisiensis ; inveniens quis, ei reddat amore Dei (f. 1r) ; Iste liber est sancti Victoris parisiensis. Quicumque eum etc... (f. 170v). Il portait la cote 316. Voir L. Delisle, Inventaire des manuscrits latins de Saint-Victor, Paris, 1863-1871, p. 73. L. Delisle date le codex du xiiie siècle.
13 Le « Catalogus codicum manuscriptorum Bibliothecae Regiae » (Paris, 1744) le datait à tort du xiiie siècle (Pars 3a, t. IV, p. 313). Seule la dernière partie (ff. 41-48v), un ensemble étranger à la médecine, ainsi que des recettes ajoutées au no 6 (f. 40r-v) sont d’une main du xiiie siècle. Pour la datation des xie-xiie siècles, voir E. Wickersheimer, Les manuscrits latins de médecine du haut Moyen Âge dans les Bibliothèques de France, Paris, 1966, p. 86-87. La première partie du manuscrit (ff. 1r-24v), copiée par au moins deux mains différentes, date plutôt de la première moitié du xiie siècle. Ce manuscrit a appartenu au fonds Colbert. Cf. L. Delisle, Le cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale, t. I, Paris, 1868.
14 Y ont été copiés les Aphorismes et les Pronostics d’Hippocrate, le livre IV consacré à la médecine des Étymologies d’Isidore de Séville, des extraits de recettes et le Liber medicinalis de Quintus Serenus Sammonicus.
15 Une partie des manuscrits donne pour explicit : autem ventrem solvit.
16 Voir inventaire 1 no 74.
17 Au f. 18r (d’après H. J. Ostermuth, « Flores Diaetarum »... cit., p. 10). Voir inventaire 1 no 263.
18 Circa ea que ipsum [corpus] componunt ut elementa et humores et que ipsum immutant ut dieta et multa talia eius scilicet artis fere tota versatur intentio (B.A.V., Pal. lat. 1304, f. 60ra).
19 Au f. 46r. Cité d’après H. J. Ostermuth, « Flores Diaetarum »... cit., p. 5.
20 H. J. Ostermuth évacue trop simplement le problème en déclarant à propos du Clm 4583 : « Der erstere hat nichts mit unserer Abhandlung zu tun » (ibid., p. 10).
21 Édité par P. Capparoni, Il « De quattuor humoribus corporis humani » di Alfano, Arcivescovo di Salerno (sec. xi), Rome, 1928. Il ne s’agit pas de notre texte bien qu’il commence par le même incipit dans certains manuscrits (cf. Th-K., 269).
22 Édition de V. Rose, « Euporiston libri III, accedunt Vindicinani afri quae feruntur reliquiae », Leipzig, 1894, p. 484-492 et K. Sudhoff, « Die Salernitaner Handschrift in Breslau », A.G.M., 12 (1920), p. 101-148. Notre texte humoral ne peut être confondu avec ce traité même s’il y a similitude, parfois, d’incipit (Corpus hominis ex quatuor constat humoribus... pour les manuscrits de Cambridge, Corpus Christi College, ms 466, de la B.n.F., lat. 6837, ou encore de Herten, Bibliothek des Grafen Nesserrode-Reichenstein, ms 192. Cf. Th.-K., ibid.) ; le traité de Vindicianus débute généralement par Omnes menses humores patiuntur per diem et noctem... (comme dans le manuscrit B.n.F., n.a.lat. 229, f. 3v) ou plus fréquemment par l’adresse de l’auteur à son neveu, licet te scire, karissime nepos, litteris grecis erudite... (comme dans le B.n.F., lat. 14935, f. 98v, par exemple).
23 Voir A. Beccaria, I Codici della medicina del periodo presalernitana (secoli ix, x e xi), Rome, 1956, et E. Wickersheimer, Les manuscrits latins de médecine... cit.
24 Ainsi le texte qui débute par in principio creavit Deus celum et terram... copié dans le manuscrit B.n.F., lat. 14935, f. 98r.
25 Il s’agit d’un texte du haut Moyen Âge à ne pas confondre avec l’Epistola Theodori de l’astrologue et médecin du même nom qui servit l’empereur Frédéric II. Cette première Diaeta a été éditée par K. Sudhoff, « Diaeta Theodori », A.G.M., 8 (1915), p. 376-403.
26 A. Beccaria, I Codici della medicina... cit., p. 177-179.
27 Ibid., p. 179-180. On peut encore citer, pour exemple, le manuscrit conservé à Montpellier, Bibliothèque de la Faculté de Médecine, ms 185 (H. 185), daté du xie siècle, dans lequel Vindicianus a pour textes voisins deux calendriers diététiques (ibid., p. 135-137), tout comme dans B.A.V., Reg. lat. 1143 (ibid., p. 319 suiv.), Saint-Gall, Stiftsbibliothek, ms 44 (ibid., p. 364 et suiv.) et ms 762, où il apparaît avec l’Epistola d’Anthime (ibid., p. 388 et suiv.).
28 Les Flores appartiennent à la deuxième partie : f. 202r. On y trouve aussi une copie du Liber de simplicium medicine également attribué à Jean de Saint-Paul (ff. 191v-196r). Voir inventaire 1 no 34.
29 Dr. Henschel, « Die salernitanische Handschrift », Janus, 1 (1846), [rééd. Leipzig, 1929], p. 41-84. Ce manuscrit a fait l’objet d’une description de K. Sudhoff, « Die Salernitaner Handschrift in Breslau », art. cit.
30 Ce manuscrit se compose entre autres des textes suivants : un traité sur les fièvres de Ferrarius, les Cure de Johannes Afflacius, diverses recettes éparpillées dans le codex, un traité sur les fièvres de la fin de l’Antiquité, un traité sur les herbes, l’antidotaire de Mattheus Platearius, le De urinis de Maurus, un De oleis conficiendis, un De modus medendi, un De urinis, un ouvrage commençant par ut salus tibi contingat, une pharmacopée, le Liber Alexandri de agnoscendis febribus, un autre De urina, un De observatione minutionis, une Demonstratio anatomica corporis animalis, un De aquis medicinalibus, un lexique des termes de pharmacie et de maladies, un De adventu medici, le Liber de corporibus purgandis d’Archimattheus, le De saporibus d’Urso de Salerne, un De clisteribus, un De supositoriis, un opuscule sur les sirops, un Quae medicinae pro quibus morbis donandae sunt, un Liber de confectione medicinarum, le De qualitatibus et eorum effectibus, le De effectibus qualitatum accidentalibus d’Urso et un Liber de pulsibus.
31 Il semble en fait que le scribe a laissé une page blanche, mais n’ait pas repris sa copie.
32 L’édition de 1574 du Lilium medicinae de Bernard de Gordon inclut les Flores dans l’œuvre du médecin montpelliérain ; W. Schum, dans son catalogue des manuscrits d’Erfurt, attribue tous les témoins anonymes des Flores à Arnaud de Villeneuve, à savoir F. 237, F. 275, F. 289 et Q. 185 (W. Schum, Beschreibendes Verzeichnis der Amplonianischen Handschriften-Sammlung zu Erfurt, Berlin, 1887, p. 148-149, 184, 198, 442).
33 Il sera désormais désigné sous son nom latin, Isaac Israëli.
34 Granum, quod est leve et facile frangi, furfur et cortex exuperat et medullae huiusmodi rei grati (« Diaetarum particularium », dans « Opera omnia Ysaaci »..., Lyon, in officina Johannis de Platea, 1515, f. ciii ra). L’édition de H. J. Ostermuth (« Flores Diaetarum »... cit., p. 17) propose : Granum, quod est leve et facile frangi, furfur(-e) et cortex(-ice) expuberant(-erat) et medullae huius rei. Les erreurs de lecture sont en caractères romains.
35 Le texte des Flores donne : Frumentum vero aliud nascitur in terra grossa et pingui atque putribili, quod gravius et pinguius est in pondere et nutribilius existit. Aliud in macra et sicca, quod siccius et levius quam in pondere est et minus nutrit (H. J. Ostermuth, ibid.). Et celui des Diètes : Diversitas grani secundum terram ubi nascitur tri farinam dividitur. Est enim terra crassa et pinguis atque putribilis. Est macra et sicca naturaliter sive accidentaliter propter herbarum multitudinem unde a sua humiditate dessicatur et pinguedine destituitur, est et naturaliter sicca et macra. Hic quidem ustione herbarum exiccatur dupliciter et macrescit, unde nitrosa sit et salinaria. Quod in crassa igitur et pingui nascitur granum, crassum est et pingue, gravemque in pondere, nutribilemque existit. Quod in macra et sicca naturaliter sive accidentaliter, est macrum et siccum sit, levemque in pondere minusque nutrit (« Diaetarum particularium... » cit., f. ciiii ra-b).
36 Le médecin de Kairouan déclare : Sunt et alii colores inter hos duos et inter extremitates suas. Id est glaucus et roseus, qui sunt inter rubeum et album et pal-meus et subalbidus qui sunt inter aureum et citrinum (« Diaetarum particularium... » cit., f. cli vb).
37 Le terme de flos, très largement répandu au Moyen Âge, était, à l’image de ceux d’excerpta, exempla ou encore de sententiae, considéré comme synonymes d’extraits. Cf. M. A. Rouse et R. H. Rouse, « Florilegia of Patristic Texts », dans Les genres littéraires dans les sources théologiques et philosophiques médiévales. Définition, critique et exploitation. Actes du colloque international de Louvain-la-Neuve. 25-27 mai 1981, Louvain-la-Neuve, 1982, p. 165-180 (2e série : Textes, Études, Congrès, vol. 5). Voir également pour les titres donnés aux florilèges, J. Hamesse, « Il vocabulario dei florilegi medievali », Civis Studi et Testi, 15 (1991), n. 45, p. 165-186. Sur les florilèges et la compilation, voir M. B. Parkes, « The Influence of the Concepts of Ordinatio and Compilatio on the Development of the Book », dans Medieval Learning and Literature. Essays presented to Richard William Hunt, éd. J. J. G. Alexander et M. T. Gibson, Oxford, 1976, p. 115-141 ; A. J. Minnis, « Late Medieval Discussion of Compilatio and the Role of the Compilator », Beiträge zur Geschichte der deutschen Sprache und Literatur, 101 (1979), p. 385-421 ; N. Hathaway, « Compilatio : from plagiarims to compiling », Viator, 20 (1989), p. 19-44 ; J. Hamesse, « Les florilèges philosophiques du xiiie au xve siècles », dans Les genres littéraires... cit., p. 181-191 ; ead., « Parafrasi, Florilegi e Compendi », dans Lo Spazio letterario del Medioevo, vol. 3 : La ricezione del testo, sous la dir. G. Cavallo, C. Leonardi e E. Menesto, Rome, 1995, p. 197-220.
38 Peut-on toutefois qualifier ce texte de florilège ? Cette question est posée par B. Munk Olsen à propos des textes qui ne sont que des versions abrégées. « Il serait peut-être légitime d’exiger que les flores soient cueillies parmi toute la flore du pré (pour rester dans une image bien médiévale), et non pas dans une seule plate-bande » (B. Munk Olsen, « Les florilèges d’auteurs classiques », dans Les genres littéraires... cit., p. 151-164). J. Hamesse en propose une autre définition : « le florilège est un recueil de citations dans lequel les extraits cités se réclament d’une autorité et ne contiennent pas de remarques personnelles du compilateur ; le travail du compilateur se limite au choix et à l’organisation des différentes citations » (J. Hamesse, « Les florilèges philosophiques... », art. cit., p. 181-191).
39 Bruxelles, Bibliothèque royale Albert Ier, ms 5097-99, f. 18r.
40 F. 74r. Cité d’après H. J. Ostermuth, « Flores Diaetarum »... cit., p. 5.
41 Cet extrait date de la fin du xiie siècle, alors que le traité attribué à Jean de Saint-Paul est d’une main du xiiie siècle.
42 Les parties diététiques sont attribuées à Jean de Saint-Paul : Expliciunt diete particulares vel dietarum novi flores a magistro Iohanne de Sancto Paulo composite (B.A.V., Pal. lat. 1304, f. 65vb).
43 On y trouve notamment une Chirurgia salernitana, un traité de Trotula, le De quatuor humoribus d’Alfanus, le De urinis de Bartholomeus. Les trois derniers traités cités ont été copiés au xiiie siècle.
44 Ainsi dans le dernier chapitre consacré à l’eau, on peut lire : Constantinus autem docet aquam bonam sanam et levem sic probare... (B.A.V., Pal. lat. 1304, f. 65vb).
45 Grosilie vel fructus rampui (Bibliothèque royale Albert Ier, ms 5097-99, f. 18v). On pourrait également citer la longueur très variable d’un manuscrit à l’autre du chapitre consacré aux pommes, par exemple.
46 Rappelons que le De facultatibus alimentorum de Galien ne fut traduit pour la première fois qu’en 1277 par Guillaume de Moerbecke.
47 Le plus ancien témoin de la fin du xiie siècle (Wrocław [Breslau], Bibliotheka Uniwersytecka, M. 1302) est anonyme ; mais des manuscrits du xiiie siècle (Munich, Bayerische Staatsbibliothek, Clm 376 ; Erfurt, Wissenschaftliche Allgemeinbibliothek, Q. 204), et du xive (Erfurt, Wissenschaftliche Allgemeinbibliothek, F. 303 ; Évreux, Bibliothèque municipale, ms 114) lui attribuent la paternité de l’œuvre. L’éditeur du texte, G. H. Krœmer, suggère une attribution postérieure, comme sans doute dans le cas des Flores dietarum (G. H. Krœmer, Johannes von Sancto Paulo « Liber de simplicium medicinarum virtutibus » und ein anderer Salernitaner Traktat, Leipzig, 1920, p. 56-57).
48 Un manuscrit de Boston fait également mention d’un De carnibus écrit par Jean de Saint-Paul. Le traité commence par une adresse : Suo patri et domino Winoaldo... dans ce manuscrit de Boston Mass., Medical Library, ms 15, ff. 115r-120r, daté du xiiie siècle (cf. Th.-K., 1543).
49 K. Sudhoff appuie sa démonstration sur le manuscrit 178 de la bibliothèque de Pommersfelden, copié au début du xive siècle, qui propose à la suite des Carmina de urinarum iudiciis de Gilles de Corbeil, une longue note consacrée à l’École de Salerne dans laquelle le nom d’un Johannes de Sancto Paulo, cardinalis et episcopus Albanus est mentionné. Voir K. Sudhoff, « Salerno, Montpellier und Paris um 1200... », art. cit., p. 52-53.
50 Le manuscrit de la Biblioteca Medicea Laurenziana, Gaddi. reliq. 201, a lui aussi un contenu salernitain. Outre les Flores dietarum anonymes, on y trouve notamment le De cibis et potibus preparandis in acutis egritudinibus de Petrus Musandinus, les Regule urinarum de Maurus, les Tables salernitaines, les Cure de Mattheus Platearius, un Compendium magistri Salerni, ainsi que des recettes d’une main plus tardive. Les traités de Musandinus et de Maurus, les Flores et les Tabule sont écrits par la même main du xiiie siècle et sont copiés sur des cahiers à la suite les uns des autres. Les rubriques ont été faites par une même main. Voir au sujet du texte de Mattheus Platearius dans ce manuscrit, M. Pasca, La Scuola Medica Salernitana, Naples, 1988, p. 86.
51 Cf. W. Maleczek, Papst und Kardinalskollege... cit.
52 Le nom de Jean de Saint-Paul a suscité bien des interrogations. P. Pansier en a fait un médecin de Montpellier, sans pour autant l’identifier avec le cardinal du même nom. Cf. P. Pansier, « Les maîtres de la Faculté de Médecine de Montpellier », Janus, 9 (1904), p. 443-451, 499-511, 537-545, 593-602 ; S. De Renzi l’a identifié avec un certain Johannes Castalius dont parle Gilles de Corbeil, à propos des maîtres salernitains (Liber de laudibus et virtutibus compositorum medicaminum). Il a également été confondu avec Johannes Platearius. C’est V. Rose (Egidii Corboliensis Viaticus, Leipzig, 1907) qui a proposé d’identifier le Johannes de Sancto Paulo medicus avec le cardinal du même nom qui fut bénédictin du monastère Saint-Paul hors-les-murs à Rome, puis cardinal-prêtre de Priscia en 1193 avant de devenir cardinal-évêque de Sabine en 1205. Cf. Wickersheimer, Dictionnaire, vol. 2, p. 480-481 ; W. Maleczek, Papst und Kardinalskollege... cit., p. 114-117.
53 Il fut encore cité dernièrement (mais non commenté) par P. Morpurgo dans le chapitre consacré au milieu scientifique sicilien lors de l’exposition Frédéric II tenue à Rome en 1996. Une reproduction photographique (qui était sans doute celle du manuscrit de Marburg) était exposée dans l’une des vitrines, sans aucun commentaire ni explication. Sur la culture à la cour de Frédéric II et sur l’empereur, voir A. Di Stefano, La cultura alla corte di Frederico II imperatore, Palerme, 1938, rééd. Parme, 1990 ; D. Abulafia, Frederick II. A Medieval Emperor, Londres, 1988 ; H. Niese, « Zur Geschichte des geistigen Lebens am Hofe Kaiser Friedrichs II. », Historische Zeitschrift, 108 (1912), p. 473-540 ; M. R. McVaugh, « Conoscenze mediche », art. cit., p. 109-121 ; A. Paravicini Bagliani, « Federico II e la Curia romana... », art. cit. ; Intellectual Life at the Court of Frederick II Hohenstaufen, éd. W. Tronzo, Washington, 1994 (Center for Advanced Study in the Visual Arts. Symposium Papers, 24).
54 N’ayant pu consulter ce témoin (Marburg, Universitätsbibliothek, ms 9, ff. 107v-130v), mon étude ne repose que sur l’examen de l’édition proposée par F. Hönger, Ärztliche Verhaltungsmassregeln... cit. Pour la description du manuscrit, voir Ch. B. Burnett, « An Apocryphal Letter from the Arabic Philosopher alKindı¯ to Theodore, Frederick II’s Astrologer, Concerning Gog and Magog, the Enclosed Nations and the Scourge of the Mongols », Viator, 15 (1984), p. 151-167. Le codex de Marburg est en fait constitué de deux manuscrits, le second (ff. 64-166) datant de ca. 1400 selon F. Hönger et plus largement du xive ou du xve siècle selon Ch. B. Burnett (ibid., p. 161-163). Le Regimen iter agentium vel peregrinantium est copié dans ce second ensemble, qui comporte également un Secret des secrets, l’Epistola prudenti viro d’al-Kindī, l’Epistola Theodori adressée à Frédéric II ou encore le De balneis puteolani de Pietro da Eboli (cf. K. F. Hermann, « Catalogus codicum manuscriptorum qui in Bibliotheca Academica Marburgensi asservantur latinorum », Marburg, 1838, p. 5-7).
55 Cf. annexe 1, p. 699.
56 Ainsi, il explique : Multa etiam de phlebotomia dicere negleximus, quia sub brevitate viatoribus consulere diligimus, ou encore breviter doceamus (F. Hönger, Ärztliche Verhaltungsmassregeln... cit., p. 81, 85).
57 ... de regimine iter agentium vel perigrinantium tractatum faciens, primo generale in rebus non naturalibus et que eas consequuntur faciam doctrinam, secundo speciale, deinde positis remediis, ponendo remedia contra incommoda que solent peregrinantibus evenire, assignando etiam viam, quam debeant ire et finem itineris, quam debent pervenire (ibid., p. 7).
58 Sed cum duo sint principaliter attendenda peregrinantibus, nutriens scilicet et lassitudo, de utroque prout nunc expedit disseramus, sed prius de nutriente vel cibo videamus (ibid., p. 8). Le second livre consacre de nombreux chapitres à la lassitudo : de lassitudine causa itineris, de lassitudine ulcerosa, si lassitudo cum raritate, de lassitudine ex materia et de lassitudine extensiva. Toutefois s’y ajoutent des chapitres consacrés aux abcès, aux choses desséchantes ou encore aux ulcères.
59 C’est ce que suggère la conclusion de l’ouvrage : Qui vero hac via incedit vel greditur, quia veram crucem defert et christum sequitur et reddit unicuique iuxta opera sua, non ambulat in tenebris, ut ipse dominus ait, sed transeundo mare vitiorum et cene cupiditatis, omnibus superatis inimicis spiritualibus et terrenis, perveniet ad celestem Ierusalem et ad visionem pacis aeternae, scilicet viventium ubi cum christo et angelis et sanctis omnibus vivet atque regnabit in aeternum (ibid., p. 96).
60 Les conversations entre amis, les réflexions intellectuelles ou encore la musique sont certes évoquées dans le Secret des secrets, mais elles apparaissent plus au titre de negotio / otio qu’à celui d’exercice.
61 Exercitium anime corpore quiescente est imaginari, rationari (sic), cogitare et huiusmodi facere. Exercitium tamen corporis est equitare, currere et similia facere anima quiescente. Exercitium vero utriusque est legere, scribere, docere et talia exercere, quorum unus indiget alterius ope (F. Hönger, Ärztliche Verhaltungsmassregeln... cit., p. 60).
62 Idcirco ego Adam Cremonensis, ecclesiae Cantor, affectans divino intuitu pro posse omnibus in regenda sanitate consulere, sed specialiter et proprie fideli ac debita devotione coactus, gloriosissimo et invictissimo triumphatori Friderico, Romanorum imperatori et semper augusto, suisque complicibus proposse praecavere in omnibus ac prodesse desidero... (ibid., p. 7).
63 Ainsi pour le pain d’orge (ibid., p. 25), la viande salée (p. 28), le poisson salé (p. 31) ou encore pour la cervoise (p. 44).
64 Post fricandi doctrinam iure balneandi doctrina sequitur [...], sed licet balneandi multiplices sint species et multis modis differentes eas tamen exequi negleximus, quia in regimine peregrinantium balneo raro est utendum (ibid., p. 69). Nous pourrions également citer un autre passage où Adam de Crémone insiste sur ce qui est nécessaire aux pèlerins : De cautela fricationis et unctionis modo et balneandi quantitate aquae frigidae nichil diximus, quia ad nil aliud intendimus, nisi ut peregrinantibus necessaria doceamus. Simili ratione pauca dicemus de minutione, quae est salubris causa vitii expletione, sed inutile fore semper omnibus se multum in itinere vel aliter exercentibus et laborandi inanitione (p. 71).
65 Serum non ad dietam, sed ad medicinam est sumendum (ibid., p. 33).
66 Mora celsi natura calida sunt et humida, immatura frigida et sicca, sed quia ad medicinam potius quam ad nutrimentum sunt necessaria, sicut reliqui fructus et olera, de eis in hoc opere doctrinam plenam facere negleximus (ibid., p. 36).
67 De regimine diete iter agentium generaliter diximus, nunc vero in quibusdam eis maxime necessariis specialem doctrinam superponamus (ibid., p. 24).
68 M. R. McVaugh a montré qu’Adam de Crémone faisait un grand usage du Canon dans les longs passages consacrés à la saignée, reprenant mot pour mot des extraits du livre I. Il a également souligné le rôle joué par Avicenne dans la nouvelle acception de la phlébotomie, non plus comme acte chirurgical mais médical (« Determinante per questo cambiamento era stata l’inclusione della flebotomia, operata da Avicenna, nella medicina dotta », cf. M. R. McVaugh, « Conoscence mediche », art. cit., p. 118). Il est intéressant de noter qu’à ce titre, Adam de Crémone serait le premier à inclure ce procédé d’évacuation des humeurs dans un traité diététique, alors que quelques années plus tard, ni Théodore, ni Petrus Hispanus, dans leurs opuscules sur l’hygiène, n’en font mention (sans doute parce qu’ils se montrent très proches, au moins pour le second, de son modèle de composition, le Secret des secrets). Il faut en effet attendre le Livre de Physique d’Aldebrandin de Sienne et le Libellus de conservatione sanitatis de Jean de Tolède (sans doute écrit au milieu du siècle) pour que la phlébotomie fasse partie des « choses non naturelles » destinées à la préservation de la santé.
69 J. Powell a montré que ce concept avicennien avait eu une résonance directe sur la mise en place d’une législation sanitaire par l’empereur et que le Canon avait sans doute constitué la source utilisée par Adam de Crémone dans son chapitre sur la corruption de l’air : J. Powell, « Greco-arabic Influences on the Public Health Legislation in the Constitutions of Melfi », Archivio storico pugliese, 31 (1978), p. 77-93. Cité par A. Paravicini Bagliani, dans « Federico II e la Curia romana », art. cit., p. 454-455 et par M. R. McVaugh, dans « Medical Knowledge at the time of Frederick II », dans Micrologus. Le Scienze alla corte di Federico II, 2 (1994), p. 12. Huit chapitres sont en effet consacrés à l’air dans le Regimen, dont trois évoquent plus particulièrement l’air malsain (de malo aere, de corrumpentibus aerem, quid sit faciendum contra malitiam aeris). La définition des lieux malsains liés à des endroits où l’air ne circule pas est largement tributaire du Canon, livre I, fen I, doc. 4, cap. 1. Adam déclare ainsi que [aer] si vero quietus, turbatus et grossus vel inter parietes conclusus fuerit vel vaporibus stagnorum vel lacuum, cadaverum seu numeralium locorum amixtus erit, omnino malus (F. Hönger, Ärztliche Verhaltungsmassregeln... cit., p. 54).
70 Parfois, l’auteur remarque que tous les auteurs ne concordent pas sur un point mais au lieu de développer les arguments respectifs des uns et des autres, il se contente d’évoquer la dissension. Ainsi au sujet des poulets : Galli temperate calidi sunt et sicci ; meliores sunt, quando plena voce cantare incipiunt. Quidam tamen dicunt, quod, qui nondum cantant, meliores sunt (ibid., p. 30).
71 Superfluitas vero ciborum cognoscitur ex eo, quod est magnitudo in pulsu et strictura in an(h)elitu et parvitas cum frequentia in urina, in quam etiam de nimia repletione saepe sit tremor, quando calor sicut in forti febre sequitur, cum assumptus calescit cibus. Est igitur utile per intervalla et non una vice cibum sibi necessarium sumere ea quantitate, ut possit illud detegere, quia haec accidentia quaerit fugere (ibid., p. 22).
72 De psillii [!] vel febribus laborare itineris accidentibus nihil diximus, quia a paucis talia curari non possunt et in his exercita(n)tibus medicus est necessarius. Il faut certainement entendre phtisi et non psillii (ibid., p. 68).
73 Sur la croisade, voir notamment J. Prawer, Histoire du royaume latin de Jérusalem, vol. 2, Paris, 1970 et T. C. Van Cleve, « The Crusade of Frederick II », dans A History of the Crusades, vol. 2 : The Latter Crusades, sous la dir. de K. Set-ton, Philadelphie, 1962.
74 Ch. B. Burnett, « An Apocryphal Letter... », art. cit.
75 Ch. B. Burnett a proposé, dans une étude consacrée à Théodore, une nouvelle édition de l’Epistola. Ch. B. Burnett, « Master Theodore, Frederick II’s Philosopher », dans Federico II e le nuove culture. Atti del XXXI Convegno storico internazionale (Todi, 9-12 ottobre 1994), Spolète, 1995, p. 225-285.
76 La conclusion est la suivante : quod ille excellentissimo et gloriosissimo Imperatori Romanorum / Friderico Rogerio / concedere dignetur suisque fidelibus, qui eum ab impiis et occursantibus mirabiliter liberavit pater scilicet misericordiarum dominus et largitor omnium bonorum, qui vivit et regnat per infinita saecula saeculorum. Amen (F. Hönger, Ärztliche Verhaltungsmassregeln... cit., p. 96).
77 Et j’y reviendrai encore au sujet d’Aldebrandin de Sienne.
78 Voir les pages suivantes consacrées aux dédicaces à Frédéric II de la Summa de conservanda sanitate de Petrus Hispanus et du Libellus de conservanda sanitate de Jean de Tolède.
79 Dans ce manuscrit du xive siècle dont le début est tronqué, on peut lire : magistri Johannis Bononiensis, Montis Pessulani baccalaurei, Tractatus de regimine sanitatis. Praemisso capitulo epistolari ad [Carolum Robertum] Regem Hungarie. Chaque mention du destinataire a été grattée sur le parchemin, mais le nom de Carolus est cependant parfois visible. Au folio 131ra, une main plus récente a proposé de restituer rex Bœmie pour ce qui a été effacé. En fait, cette leçon est sans doute erronée et le destinataire serait plutôt Charles-Robert, roi de Hongrie (1312-1342). Issu de la Maison d’Anjou, il fut proposé par le pape comme roi des Hongrois, qui ne le reconnurent qu’après l’abdication d’Otton, duc de Bavière. Le XXIIe chapitre est consacré au régime pour les camps militaires et comprend notamment un de modo metandi castra et un de transferrendi castra (Londres, B.L., Add. 15834, ff. 1ra-131vb).
80 Ces œuvres ultérieures n’ont manifestement pas été influencées par le traité d’Adam de Crémone.
81 Voir l’édition des livres III et IV par P. Louis, parue en 1982 aux Belles Lettres. Le texte d’Adam de Crémone dit : Citonia etiam comesta aquae salsae removet nocumentum, item lutum calidum cum ordeo fracto vel farina ordei aquae salsae misceatur et colata saepe praebeatur, item de cera facto vase et stricto eius capite aquae maris vel salsae submergatur et cum diu sic permanserit quod in vas resudando per ce<ram> transierit aqua dulcis erit ut Aristoteles in Meteoris docuit (F. Hönger, Ärztliche Verhaltungsmassregeln... cit., p. 42).
82 Albert le Grand, dans son De meteoris, a manifestement utilisé cette version (Albert le Grand, De Meteoris, éd. A. Borgnet, t. IV, p. 735-736). Je remercie Joëlle Ducos de m’avoir indiqué ce passage.
83 Voir chapitre suivant. On pourrait aussi évoquer les nombreux emprunts au Canon d’Avicenne. Utilisés jusqu’ici pour attester l’influence précoce à la cour de Frédéric II de la traduction de Gérard de Crémone, ils pourraient fournir un argument contradictoire, car rares sont tout de même les mentions d’Avicenne avant les années 1225-1230. D. Jacquart a ainsi montré que l’étude du Canon d’Avicenne commence à Paris dans les années 1230-1258. Le premier Montpelliérain à utiliser le Canon est Cardinalis, maître à la faculté en 1240 et auteur de nombreux commentaires. Sur l’utilisation précoce du Canon par Adam de Crémone, voir M. R. McVaugh, « Conoscenze mediche », art. cit., p. 114 et suiv. Sur l’introduction du Canon dans les curricula universitaires, consulter N. G. Siraisi, Avicenna in Renaissance Italy. The « Canon » and Medical Teaching in Italian Universities after 1500, Princeton, 1987, plus particulièrement p. 19-69 ; D. Jacquart, « La réception du Canon d’Avicenne : comparaison entre Montpellier et Paris aux xiiie et xive siècles », dans Histoire de l’École médicale de Montpellier, Actes du 110e Congrès national des sociétés savantes (Montpellier, 1985), Section d’histoire des sciences et des techniques, t. II, Paris, 1985, p. 69-77.
84 Cibi vero grossi, boni et multi nutrimenti et diu permanentis, sed non facilis digestionis sunt : panis azimus de similla, maxime sine sale, caro bovina, hircina, cervina, anserum, anatum, pavonum et similium, similiter cibi de grano vel pasta vel farina, ut faseoli, panicium, hordei, vermicelli, plutes (sic) et similia (F. Hönger, Ärztliche Verhaltungsmassregeln... cit., p. 10).
85 Sur l’ « iṭriyya » arabe, voir B. Rosenberger, « Les pâtes dans le monde musulman », Médiévales, 16-17 (1989), p. 77-98.
86 Cf. B. Laurioux, « Des lasagnes romaines aux vermicelles arabes : quelques réflexions sur les pâtes alimentaires au Moyen Âge », dans Campagnes médiévales : l’homme et son espace, Mélanges offerts à Robert Fossier, Paris, 1995, p. 199-215. L’auteur propose une carte des types de pâtes consommées dans l’Italie médiévale, dessinée à partir des mentions de ces variétés dans les réceptaires culinaires.
87 Idrīsī, La première géographie de l’Occident, présentation par H. Bresc et A. Nef, et trad. revue, Paris, 1999, p. 309.
88 Il convient de noter qu’avant Arnaud de Villeneuve et le régime qu’il adressa au roi d’Aragon, nul auteur occidental de traités diététiques n’avait mentionné les pâtes comme aliment de consommation courante. Le médecin catalan utilise le terme catalan d’ « alatria » pour les désigner.
89 Pour une étude des divers noms de pâtes, voir O. Redon et B. Laurioux, « La constitution d’une nouvelle catégorie culinaire ? Les pâtes dans les livres de cuisine italiens de la fin du Moyen Âge », Médiévales, 16-17 (1989), p. 51-75. Cf. aussi, à propos d’un exemple précis de dénomination de pâtes dans un texte diététique daté de 1337, M. Nicoud, « L’adaptation du discours diététique aux pratiques alimentaires : l’exemple de Barnabas de Reggio », M.E.F.R.M., 107 (1995), p. 207-231.
90 Voir notamment M. Grinaschi, « La diffusion du Secretum Secretorum (Sirr-al-’Asrar) dans l’Europe occidentale », Archives d’histoire doctrinale et littéraire du Moyen Âge, 47 (1980), p. 7-70 ; S. J. Williams, The Scholarly Career of the Pseudo-Aristotelian « Secretum secretorum » in the Thirteenth and early Fourteenth Century, Ph. D of Philosophy, Evanston, Illinois, June 1991, U.M.I. Dissertation services, 1994 ; id., « The Early Circulation of the Pseudo-Aristotelian Secret of Secrets in the West : the Papal and Imperial Courts », Micrologus. Le Scienze alla corte di Federico II, 2 (1994), p. 127-144 ; id., The Scholarly Career of the Pseudo-Aristotelian « Secretum secretorum » in the Latin Middle Ages, Ann Arbor, 2003.
91 C’est ce que firent au milieu du siècle Jean de Tolède et Aldebrandin de Sienne.
92 Lac calidum et humidum in primo vel, uti Tacuinus ait, temperatum, quod de feminino et caprino est intelligendum (F. Hönger, Ärztliche Verhaltungsmassregeln... cit., p. 31-32).
93 Cf. R. Arnaldez, « Ibn Buṭlān », dans le D.S.B., vol. 2, p. 619-620. Voir également les divers travaux de H. Elkhadem, Le Taqwīm aṣ-Siḥḥaḥ d’Ibn Buṭlān, un traité médical du xie siècle. Édition critique, traduction, commentaires, Thèse de l’Université Libre de Bruxelles, Faculté de Philosophie et de Lettres, 1981, 3 vol. et sa publication sous le titre Le Taqwīm aṣ-Siḥḥaḥ (Tacuini Sanitatis) d’Ibn Buṭlān : un traité médical du xie siècle. Histoire du texte, édition critique, traduction, commentaire, Louvain, 1990.
94 J’envisage essentiellement ici le Regimen Almarie d’Arnaud de Villeneuve et le Libellus de conservacione sanitatis senis de Guy de Vigevano.
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