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« L’ordre des corporati »

Un mode d’organisation et de représentation des associations de métier à Ostie et dans l’Italie des IIe et IIIe siècles

p. 51-60

Résumés

Deux fragments d’une plaque de marbre, restés inédits, appartiennent à un album gravé en 192 par une association de bateliers d’Ostie. Le document présentait l’ordo corporatorum lenunculariorum pleromariorum auxiliariorum Ostiensium et incite donc à examiner l’emploi que les associations de métier faisaient de la notion d’ordo. Elle s’appliquait le plus souvent à l’ensemble de la communauté et non à son élite dirigeante. Un ordo collegii ne correspondait tout à fait ni au collège lui-même, ni à l’assemblée du collège, mais à la synthèse des deux : le collège solennellement réuni, selon son organisation formelle et hiérarchique, de manière à pouvoir prendre des décisions légitimes.

Two unpublished fragments of a marble slab belong to an album engraved in 192 by an association of boatmen from Ostia. This document presented the ordo corporatorum lenunculariorum pleromariorum auxiliariorum Ostiensium and therefore prompts us to study how professional associations used the notion of ordo. Most of the time, it referred to the whole community, and not only to its ruling elite. An ordo collegii did not correspond exactly to the collegium itself or to its assembly, but to a synthesis of both: the collegium solemnly and hierarchically gathered, in order to be able to make proper decisions.

Entrées d’index

Mots-clés : Ostie, associations, métiers, bateliers, ordo

Keywords : Ostia, associations, occupations, boatmen, ordo


Texte intégral

1Comme beaucoup d’apprentis historiens de ma génération, j’ai eu la chance de rencontrer Mireille Cébeillac-Gervasoni pendant la préparation de ma thèse. J’ai alors beaucoup profité de son aide et de ses conseils : lors des réunions de la Société française d’études épigraphiques sur Rome et le monde romain (SFER), lors des journées d’études organisées par les antiquisants clermontois et, bien sûr, à l’École française de Rome. Alors que j’étais boursier, en septembre 2001, sa recommandation auprès d’Anna Gallina Zevi me permit de visiter pour la première fois les réserves épigraphiques d’Ostie. À ce moment, Mireille Cébeillac-Gervasoni eut la mansuétude de me cacher la grande perplexité que lui inspirait mon sujet de recherche. Il lui paraissait démesuré dans ses contours, mais à peu près vide dans son contenu, à l’image de l’énorme masse de noms, portés par de parfaits inconnus, que fournissent les albums de collèges d’Ostie. Me confiant ses doutes initiaux lors de ma soutenance, en novembre 2003, elle me reconnut le mérite d’avoir su faire « quelque chose » de ces interminables listes, ce que je pris comme un beau compliment. Je tente depuis de suivre sa leçon : ne pas décourager les jeunes, les aider à tracer leur propre chemin. Par la suite, Mireille Cébeillac-Gervasoni m’introduisit auprès de professeurs que mes travaux pouvaient intéresser, en particulier Catherine Virlouvet et Fausto Zevi. En février 2013, j’eus la chance de me rendre à nouveau à Ostie en compagnie de ce dernier. Il eut la gentillesse de me montrer des fragments restés inédits depuis des décennies. C’est en souvenir de Mireille Cébeillac-Gervasoni que je souhaiterais évoquer un de ces documents et l’interprétation historique qu’il peut susciter.

2La gravure d’un album, c’est-à-dire d’un registre de membres, par les associations professionnelles du monde romain était une pratique fréquente, à Ostie, en particulier1. Quelques-unes de ces listes ont traversé les siècles dans leur intégralité ou presque2. Le plus souvent, elles prennent la forme de tables de marbre, parfois élégamment moulurées. Elles étaient affichées dans le local de la communauté, où elles contribuaient à sa décoration. D’autres ne subsistent qu’en partie3, parfois à travers de modestes fragments4. Les listes conservées sont nettement plus nombreuses que les rares fragments de règlements associatifs5. Leur nombre doit aussi être rapproché de celui des inscriptions sacrées et des monuments honorifiques, installés dans les bâtiments dont les associations avaient la jouissance. Ces comparaisons montrent à quel point la réalisation d’albums était conçue comme essentielle.

3D’une certaine manière, une association volontaire de droit privé – un corpus pour utiliser le terme latin le plus fréquent à Ostie – existait par sa capacité à dresser de telles listes. En effet, deux caractéristiques majeures entraient dans la définition de tels groupements : le caractère fermé, circonscrit, de l’effectif et le contrôle de l’accès au statut de membre, exercé de manière autonome. Les textes et la composition graphique des albums visaient à donner l’image de communautés ordonnées : protégées par des patrons, dirigées par des magistrats élus et constituées d’une plebs corporis, dont les membres étaient classés selon l’ancienneté de leur adhésion. L’intégration de nouveaux corporati était enregistrée au fur et à mesure, jusqu’à ce qu’un changement d’album soit nécessaire.

4Ces documents ont été publiés en nombre dans les deux volumes successifs du CIL XIV : celui paru en 1887, par les soins de H. Dessau, et son supplément de 1930-1933, dû à L. Wickert. Très peu de listes ou de fragments de listes ont été édités par la suite, si ce n’est par H. Bloch, en 1953, parmi les inscriptions exhumées entre 1930 et 1939. Pourtant, les découvertes n’ont pas cessé dans les décennies suivantes. Du début au milieu des années 1960, chacune a été méthodiquement enregistrée, par le biais d’une fiche rédigée, mais sans donner lieu à une publication systématique6. Pour en comprendre les raisons, il faut comparer l’extraordinaire richesse du site d’Ostie et la modestie des fragments d’albums. Ils se résument le plus souvent à l’énumération des noms de quelques inconnus. Dans certains cas, l’association dont l’effectif a été recensé reste indéterminée. Déjà occupés par une documentation moins aride, les chercheurs n’y ont guère prêté attention jusqu’à présent. Toutefois, un lot se détache au sein de cet ensemble. Il peut être attribué, avec certitude ou au moins une certaine vraisemblance, aux différents corps de lénunculaires d’Ostie. Ces documents permettent donc de progresser dans la connaissance de la batellerie portuaire, dite « de servitude » aux époques préindustrielles.

5Un grand nombre d’inscriptions d’Ostie concerne un métier portuaire particulier : la profession des lenuncularii et/ou des scapharii7. Ces utilisateurs de barques (nommées lenunculi ou scaphae) jouaient un rôle important à Ostie et à Portus8. De Claude à Commode, l’imagerie monétaire les met en scène comme des éléments typiques du paysage portuaire9. Une partie de ces lénunculaires étaient qualifiés d’auxiliarii, car ils venaient en aide aux navires de haute mer. Ils procédaient à des remorquages et à des transbordements de marchandises, visant à alléger les grosses embarcations10. Dans les deux cas, ils facilitaient l’accès aux bassins portuaires. L’iconographie met en évidence ces deux fonctions. Ainsi, une mosaïque du Piazzale delle corporazioni représente un déchargement en mer11. Sur une autre, provenant du port de Rimini, apparaît une barque mue par des rameurs et probablement pourvue d’un mât de remorquage12.

6D’autres bateliers se définissaient, non pas comme « auxiliaires », mais comme attachés à un traiectus particulier : probablement à un embarcadère précis13. Aussi les lénunculaires d’Ostie ont-ils formé plusieurs corpora différents. Trois inscriptions du IIIe siècle (datées de 217, de 247 ou 248 et de 251) évoquent l’existence de cinq corps14. Cependant, six communautés sont attestées dans le cours des IIe et IIIe siècles : le corpus lenunculariorum tabulariorum auxiliariorum, le corpus lenunculariorum pleromariorum auxiliariorum, le corpus scaphariorum et lenunculariorum traiectus Luculli, le corpus scaphariorum traiectus Rusticeli, le corpus traiectus Togatensium et le corpus traiectus marmorariorum. Il n’est pas impossible que le nom d’un traiectus ait changé au fil des décennies, ni qu’une collectivité ait disparu, fusionné avec une autre ou changé de nom.

Un nouvel album du corpus lenunculariorum pleromariorum auxiliariorum (inv. 6636)

Fig. 1 – Le nouvel album fragmentaire du corpus lenunculariorum pleromariorum auxiliarorum (Inv. 6336a et b, cliché F. Marini Recchia, avec l’autorisation du Parco Archeologico di Ostia Antica).

Image

7Deux fragments de marbre blanc, inédits, proviennent de la partie supérieure d’un album du corpus lenunculariorum pleromariorum auxiliariorum. Les bords gauche et supérieur du premier fragment correspondent à l’angle supérieur gauche de la plaque. Le bord supérieur du second correspond à son sommet. Les deux pierres ne sont pas jointives, mais la lacune qui les sépare est étroite. La gravure est assez soignée. Aux première et deuxième lignes, la pierre a subi un martelage sur une ligne et demie, avant d’être regravée sur une ligne seulement. À la troisième ligne, la mise en page centrée se traduit par un uacat sur le premier fragment. À la dernière ligne de la première colonne deux sommets de lettres rondes sont surmontés d’une uirgula. Sur la deuxième colonne, le R de ADIVTOR (à la quatrième ligne) et le O de LVCRIO (à la sixième) sont décalés pour aligner la liste. Pour ce même motif, les lettres finales de la dernière ligne conservée sont resserrées.

8À l’origine, l’album portait une date consulaire correspondant à l’année 192, sous la forme Imp(eratore) Caes(are) L(ucio) Aelio Aurelio Commodo Aug(usto) VII, P(ublio) Heluio Pertinace II co(n)s(ulibus). Entre les assassinats de Commode et de Pertinax, entre le 1er janvier et le 28 mars 193, la damnatio memoriae de Commode a été appliquée et, dès lors, l’en-tête de l’album ne mentionna plus que le second consul ordinaire, affublé de ses noms impériaux. Il faut donc restituer sur une ligne Imp(eratore) Ca[es(are) Au]g(usto) [P(ublio) Heluio Pertinace II co(n)s(ule)]. Le document est contemporain de l’un des albums de l’ordo corporatorum lenunculariorum tabulariorum auxiliariorum, où le même type de martelage et de regravure est observable15. Le nom d’un corpus était ensuite indiqué sur deux lignes. Comme plusieurs autres registres établis par des associations ostiennes des IIe et IIIe siècles, l’album présentait un ordo cor[poratorum ---]16. À la ligne inférieure, +LIARIOR est encore lisible et la lacune qui précède suppose la perte d’un petit nombre de lettres seulement. Aussi peut-on restituer ordo cor[poratorum lenuncularior(um) pleromarior(um) / aux]iliarior(um) [Ostiens(ium)], sans certitude toutefois sur l’abréviation des mots perdus. Le centrage de la troisième ligne tend à indiquer que l’album comportait, ou était conçu pour comporter à terme, trois colonnes.

9Les fragments appartenaient à un album des lenuncularii pleromarii auxiliarii, et non des lenuncularii tabularii auxiliarii. Les seconds apparaissent, sur leurs deux tables complètes de 152 et 192, sous la protection de nombreux patrons17. À l’inverse, un album presque complet des lenuncularii pleromarii auxiliarii ne répertorie que deux patrons18. Il s’ouvre par la mention des consuls de 200. Le nom d’un seul protecteur était inscrit sur l’album de 192, au-dessus d’un espace vide, séparant les rubriques des patr(oni) et des q(uin)q(uennales). Une telle mise en page implique l’appartenance des personnages de la deuxième colonne à la plebs. Outre l’album de 200, une liste fragmentaire contenant les noms de six lenuncularii pleromarii auxiliarii, assurément postérieure, était déjà connue19. Les pierres examinées apportent donc un troisième témoignage épigraphique sur ce corpus. Comme nous l’avons vu, les lenuncularii auxiliarii étaient des patrons de barques (lenunculi) qui venaient en aide aux navires. L’adjectif pleromarius découle, lui, du grec πλήρωμα qui peut désigner un navire, une cargaison ou un équipage complets. Ainsi, les lenuncularii pleromarii utilisaient sans doute de grandes barques, peut-être munies de gréements, quand d’autres ne disposaient que de rames20.

10Le rapprochement entre les fragments examinés et l’album qui était déjà connu permet de restituer les deux noms de [L. Vei]us Adiutor et de [Q. Ati]lius Lucrio, respectivement q(uin)q(uennalis) et au deuxième rang de la plèbe en 200. L’évolution des deux personnages dans le registre du corpus est conforme à la chronologie relative des deux listes et donc à l’attribution des fragments à l’année 192. En revanche, [---]ius Philetus et [---]ius Amandus iun(ior) n’apparaissent pas sur l’album de 200, car ils ont dû mourir ou quitter le corpus entre la rédaction des deux tables. Le cas de M. Cipius Ostiensis est assez énigmatique. Ce même nom apparaît en 192 et en 200, mais dans deux rubriques différentes. Il faut transcrire « Patr(oni) : / M(arcus) Cipius Ostie[nsis] », sur le premier fragment, et « Plebs : / M(arcus) Cipius Ostiensis… », sur l’album de 200. Il ne s’agit probablement pas du même personnage, mais plutôt d’un père et de son fils homonyme. La perte du rang de patron et une rétrogradation parmi les simples plébéiens sont, en effet, très improbables, tandis que d’autres lignées de corporati d’Ostie offrent de bons parallèles21. Au total, le texte peut être établi de la manière suivante.

<< Imp(eratore) Ca[es(are) Au]g(usto) P(ublio) [Heluio Pertinace II co(n)s(ule)], >>

[[---]] ordo cor[poratorum lenuncularior(um) pleromarior(um)]

[aux]iliarior(um) [Ostiens(ium)]

11Col. I

Patr(oni) :
M(arcus) Cipius Ostie[nsis]

Q(uin)[q(uennales)] :
------

12Col. II

[L(ucius) Vei]us Adiutor
[---]ius Philetus
[Q(uintus) Atil]ius Lucrio
[---]ius Amandus iu[n(ior)]
------

13Col. III

------ ?

14Voilà en somme le type d’inscriptions inédites d’Ostie, concernant les associations professionnelles, qui restent à publier. Étant donné la modestie et l’aridité de ces documents, on peut se lancer dans leur étude par sens du devoir : les historiens de l’Antiquité se plaignent trop souvent du manque de sources, pour se permettre de dédaigner les plus modestes, voire les plus rébarbatives. Les spécialistes d’Ostie peuvent aussi les regarder comme de petites touches, qui viennent compléter le tableau d’ensemble du port de la Rome impériale. Cependant, même ces documents « pauvres », peuvent aussi contribuer à une réflexion plus générale sur les structures sociales du monde romain, aux IIe et IIIe siècles. Ainsi, la nouvelle occurrence de l’expression « ordo corporatorum » est digne d’intérêt.

L’ordo corporatorum comme effectif d’un collège

15L’album des lenuncularii pleromarii auxiliarii de 192 prend place dans une petite série documentaire, fondée sur l’emploi de la notion d’ordo par des associations professionnelles. Elle est constituée, pour une bonne part, d’albums de lénunculaires d’Ostie. Ainsi, les lenununcularii pleromarii auxiliarii présentent leur ordo corporatorum sur leur album daté de 200. Les lenuncularii tabularii auxiliarii ont agi de la même manière sur leurs albums datés de 152 et 19222. Un troisième corps de bateliers peut leur être associés, car l’ordo corporatorum qui pecuniam ad ampliandum templum contulerunt (qui s’étaient cotisés pour agrandir un temple) doit être identifié au corpus lenunculariorum traiectus Luculli23. Cinq corporati mentionnés sur le registre mis à jour entre 140 et 172 sont connus par ailleurs comme des responsables du corpus traiectus Luculli. En outre, comme le montre un album fragmentaire plus ancien, l’ordo corporatorum qui pecuniam ad ampliandum templum contulerunt eut pour patron Cn. Sentius Felix24. Or l’épitaphe de ce riche homme d’affaires, devenu notable d’Ostie sur le tard, dresse une liste impressionnante, et vraisemblablement exhaustive, de ses patronats25. Le corpus scaphariorum et lenunculariorum traiectus Luculli y figure, à la différence de l’ordo corporatorum qui pecuniam ad ampliandum templum contulerunt, probablement parce que les deux collectivités se confondaient. Le nom de la seconde doit être restitué sur un autre album, portant les dates consulaires de 179 et de 18726. Enfin, le mot o[rdo] est restitué, sans certitude, sur un dernier fragment de liste associative d’Ostie, daté de 22827. En dehors de l’avant-port de Rome, le terme n’apparaît qu’une seule fois en tête d’un album d’association professionnelle, dans la cité latiale de Bouillae. En 169, des artistes qualifiés d’adlecti scaenici se cotisèrent pour élever une statue à une vedette : l’archimime L. Acilius Eutyches28. Sur les faces latérales de la base furent gravés les noms de soixante hommes, formant l’ordo adlectorum. Comme à Ostie, il ne fait donc pas de doute que cet ordo se composait de tous les membres de la communauté considérée.

16Une seule inscription conservée incite à se demander si ce mot ne pouvait pas désigner le groupe dirigeant d’un collège. Ainsi, une épitaphe découverte à Tusculum décrit la longue carrière de l’affranchi T. Flavius Hilario au sein du collegium fabrum tignuariorum de Rome : la principale association d’entrepreneurs du bâtiment de la capitale impériale29. Après bien d’autres fonctions, Hilario tint le rôle de juge de paix de 99 à 103, en qualité de iudex inter elect(os) XII ab ordine. Ce collège de Rome devait rassembler environ 1200 fabri tignuarii, ce qui constituait un effectif pléthorique par rapport aux autres associations30. Cela justifiait son organisation en soixante décuries. Or les décurions et les honorati du collège – probablement ses anciens magistrats – semblent avoir été habilités à adopter des décrets, qui engageaient toute la communauté31. Ils devaient en former l’instance dirigeante, sur le modèle de l’ordre des décurions, dans les cités de l’empire. Toutefois, une telle organisation était probablement l’exception plutôt que la règle. En 206, le corps des pêcheurs et des plongeurs du Tibre honora Ti. Claudius Severus, son président et patron, en remerciement de multiples bienfaits32. L’hommage fut rendu ex decreto ordinis corporis piscatorum et urinatorum totius alu(ei) Tiber(is). Rien n’indique que la décision fut prise par une instance restreinte et non par l’ensemble de corporati. D’autant qu’un dernier ensemble de textes, de nature réglementaire, plaident plutôt en faveur de la seconde solution.

17Il est plusieurs fois question d’ordines sur des inscriptions communément définies comme des lois de collège. Sous le principat d’Hadrien, des ivoiriers et des ébénistes de Rome (des negotiantes eborarii et citrarii) gravèrent leur ius dans le marbre et installèrent cette table inscrite dans leur schola33. Leur salle de réunion se situait dans le quartier actuel du Trastevere. Comme la plupart des règlements conservés, le texte s’apparente pour l’essentiel à un calendrier de fêtes et de distributions de sportules. La première clause porte toutefois sur l’admission potentiellement frauduleuse de nouveaux membres. Si les curatores venaient à faire admettre dans le collège un individu n’exerçant pas véritablement le métier de negotiator eborarius aut citrarius, alors ces responsables devaient être rayés de l’album par l’ordo. Une telle disposition fait écho à des martelages observés sur plusieurs albums, mais elle est trop allusive pour indiquer ce qu’était précisément cet ordo34.

18La lex collegii Aesculapi et Hygiae, rédigée en 153 et affichée dans un local qui se trouvait entre le premier et le deuxième mille de la uia Appia, en dit un peu plus35. Constitués de cultores de deux divinités liées à la santé, ce collège célébrait la mémoire de ses membres défunts, qui partageaient une sépulture commune. Il bénéficiait surtout des largesses d’une femme nommée Salvia Marcellina et de son beau-frère, l’affranchi impérial P. Aelius Zeno. Les deux bienfaiteurs instituèrent deux fondations, à hauteur de 50 000 et 10 000 sesterces, qui devaient financer plusieurs fêtes annuelles. Pour indiquer que le collège avait accepté les clauses de ces fondations et donc l’emploi précis des intérêts perçus, le règlement évoque « eos usus qui s(upra) s(cripti) s(unt), quos ordo collegi n(ostri) decreuit » (à la ligne 20). Un peu plus loin, aux lignes 23-24, la fin du texte se réfère à la lex collegii en ces termes : « hoc decretum ordini n(ostro) placuit in conuentu pleno, quod gestum est in templo diuorum in aede diui Titi, (ante diem) V Id(us) Mart(ias), C(aio) Bruttio Praesente, A(ulo) Iunio Rufino co(n)s(ulibus). » Le conuentus plenus dont il est question n’est autre que l’assemblée générale fondatrice du collège. Et le décret pris par l’ordo se confond avec le « decretum uniuersorum, quod gestum est in templo diuorum in aede diui Titi, conuentu pleno qui dies fuit (ante diem) V Id(us) Mart(ias), Bruttio Praesente et Iunio Rufino co(n)s(ulibus) » (mentionné aux lignes 8-9). En somme, dans cette communauté, l’ordo collegi rassemblait l’ensemble des membres.

19Une démonstration semblable peut s’appliquer au collège des dendrophores de Lauinium, c’est-à-dire à une collectivité de cultores de la Grande Mère installée dans une petite cité du Latium36. Le document en cause correspond à une base de statue sur laquelle pas moins de cinq textes ont été gravés. La face principale sert de support à l’hommage d’Egnatia Salviana à son mari : le chevalier originaire de Djerba C. Servilius Diodorus s’était vu honoré du sacerdoce de Laurens Lauinas. Sur la face gauche, se trouve d’abord la copie d’une lettre d’octobre 227, adressée par C. Servilius Diodorus à un certain Pontius Fuscus Pontianus. Sans doute était-il le curateur de la cité. Diodorus lui fit part de sa volonté de donner 20 000 sesterces au collège des dendrophores de Lauinium, pour qu’ils célèbrent chaque année son anniversaire. Pontius Fuscus Pontianus devait se mettre en relation avec les préteurs de la cité, pour organiser le versement des 20 000 sesterces à la res publica de Lauinium. Il incombait donc à la cité de gérer la fondation : le collège percevait seulement des intérêts calculés à un taux de 5 %, soit 1 000 sesterces par an. Encore sur la face gauche de la base, viennent ensuite deux courtes reproductions de lettres, attestant que Pontius Fuscus Pontianus et les autorités civiques jouèrent bien leur rôle. Le collège des dendrophores entre en scène sur le côté droit de la base, par le biais d’un décret adopté en août 228. S’est alors tenue une réunion de l’ordo collegii dendrophorum. Ses quinquennales commencèrent par rendre grâce à Diodorus. Puis le collège décida de décerner le titre de patron à son bienfaiteur, ainsi que celui de mater collegii à son épouse. L’ensemble s’achève par la lettre de remerciement de Diodorus. Dans le texte du décret, il semble clair que les expressions « ordini n(ostro) maxime placere… » (à la ligne 16) et « placet itaq(ue) uniuersis… » (à la ligne 18) renvoient toutes deux à un vote unanime de l’assemblée générale. Telle est, en effet, la procédure attestée, sans aucune ambiguïté, par les tables de patronat de collège conservées37. Ainsi, le decretum nostrum des dendrophores de Lauinium a sûrement été adopté par tous les membres, et non par une fraction restreinte de dignitaires. Au total, sauf exception, les expressions « ordo corporatorum » et « ordo collegii » devaient renvoyer à l’ensemble d’une communauté. Dès lors, quelle signification leur donner ?

L’ordo corporatorum : essai d’interprétation

20L’idée d’une synonymie ou d’une redondance entre ordo corporatorum et corporati, comme entre ordo collegii et collegium, est insatisfaisante. En effet, la notion romaine d’ordo était associée à des réalités sociales si prégnantes qu’il est peu plausible que les membres des associations l’aient maniée à la légère, qui plus est, en des occasions solennelles. Toutefois, la polysémie du mot latin et l’élasticité de la notion d’ordo compliquent notre compréhension de l’épigraphie des collèges38. Ces facteurs de complexité indiquent plusieurs pistes d’interprétation, qui ne s’excluent pas : aucune ne se suffit à elle-même, mais toutes portent en elles une partie de la solution.

21Tout d’abord, le mot ordo pouvait revêtir un sens concret et désigner une rangée ou une ligne de choses ou d’êtres humains. Il s’appliquait alors aussi bien à des plantations d’arbres, à des rangées de sièges de théâtre, qu’à des soldats en formation de combat. Face aux albums d’Ostie, on peut se demander si les ordines corporatorum ne se confondaient pas, tout simplement, avec la liste des membres d’une association. D’autres albums d’Ostie s’ouvrent par l’expression « nomina corporatorum » et se trouvent ainsi définis comme de simples listes de nom. Néanmoins, « nomina corporatorum » n’est pas l’équivalent d’« ordo corporatorum » qui, dans l’hypothèse d’une acception concrète, assimile les registres exposés à des listes ordonnées. Une telle connotation – même s’il ne s’agissait pas que de cela – ne doit pas être négligée. Dans sa loi, le célèbre collegium Dianae et Antinoi de Lanuuium parle d’ordo dans un sens très concret39. Les présidents des banquets (magistri cenarum) doivent être désignés dans l’ordre de l’album, ex ordine albi40, c’est-à-dire selon la hiérarchie définie par la combinaison des responsabilités assumées et de l’ancienneté dans le collège : en fait selon la liste établie en fonction de ces critères. Face aux albums d’Ostie, il ne semble donc pas erroné de poser un signe égal entre « ordo corporatorum » et ce qui suit : une liste d’individus s’ouvrant par les patrons et les dignitaires du collège, suivis des plébéiens classés selon leur ancienneté. Toutefois, cette solution ne règle pas l’ensemble du problème, ne serait-ce qu’en raison de l’emploi d’ordo sur d’autres types d’inscriptions.

22Une autre piste peut se fonder sur ce que Claude Nicolet a défini comme des emplois métaphoriques, pour ne pas dire impropres, de la notion d’ordo. « Mais, si j’ose dire, tous les ordines ne sont pas vraiment des ordines : il est des emplois trompeurs, ou abusifs, de ce mot », écrivait-il en 198441. Selon une telle vision, les vrais ordres étaient nécessairement définis par la puissance publique. Cela valait, à Rome, pour l’ordre sénatorial, l’ordre équestre, les ordres d’appariteurs ; dans les cités de l’empire, pour les ordres de décurions et les ordres d’Augustales, puisque l’augustalité était conférée par décret des décurions. Certes, les occurrences d’ordo dans les textes latins, telles que B. Cohen en a dressé la liste, s’étendent bien au-delà de ces catégories42. Toutefois, ce constat n’importerait guère. Au-delà des facilités de langage des écrivains, les groupes auto-proclamés ordines auraient voulu imiter les ordres prestigieux, car supérieurs, de la société romaine.

23Les collèges de gens de métier ou de cultores étaient des associations volontaires de droit privé, dont les membres étaient recrutés par cooptation, à la suite d’une demande d’adhésion individuelle. Ces communautés auraient donc prétendu être ce qu’elles n’étaient pas, de même que leurs magistri ne cessaient pas d’être, du point de vue du droit public, de simples priuati43. Mais il est vrai que leur création était soumise à une procédure d’autorisation par le sénat romain et que le statut d’association autorisée constituait une qualification institutionnelle qui a dû aider des corporati à se présenter comme un ordo. En réalité, les corporati s’appliquaient à singer les élites civiques de la manière la plus intense, car ils voyaient dans ce mimétisme un moyen de gagner en respectabilité. Se nommer comme un ordo corporatorum serait la quintessence d’un phénomène que O. van Nijf a justement qualifié d’ordo-making, en évoquant « a form of collective self representation as a respected status group in society, that adopted the form of self-representation of the Roman elites »44. En somme, les associations imitaient des groupes, dont la nature juridique et la position sociale étaient différentes des leurs, et cela expliquerait en partie leur recours à la notion d’ordo.

24Il est vrai que la gravure de listes nominales était inspirée aux collèges professionnels par les pratiques des ordres supérieurs. La réalisation d’un album était un rituel civique auquel se conformaient les décurions. Il s’agissait même d’une obligation légale, sur laquelle Ulpien s’est penchée, en insistant sur la nécessité d’un classement hiérarchique en fonction de la plus haute magistrature assumée45. Les préséances ainsi établies déterminaient l’ordre de parole au moment des délibérations. Paradoxalement – puisque l’on répète à l’envi que les élites sont mieux connues que les Romains « ordinaires » – les listes de collèges ont mieux traversé les siècles que les registres de décurions. En dépit de ce manque de sources, l’album de Canusium, daté de 223, suggère tout de même quel genre de modèles suivaient les corporati des IIe et IIIe siècles46.

25Cependant, cette explication, par un mimétisme abusif, n’est pas dépourvue d’angles morts. L’épigraphie des associations ne se réduisait pas à des monuments sur lequel les corporati pouvaient graver des textes saugrenus, au seul prétexte de flatter leur ego, dans le huis-clos de leur schola. L’hommage rendu à C. Servilius Diodorus montre que le collège des dendrophores de Lauinium était en contact avec les autorités civiques et qu’un décret émanant de l’ordo collegii pouvait être affiché dans l’espace public. En outre, il arrivait aux corporati de recevoir leurs patrons dans les salles où leurs albums étaient affichés. Les sénateurs et les chevaliers qui protégeaient l’ordo corporatorum lenunculariorum tabulariorum auxiliariorum ou l’ordo qui pecuniam ad ampliandum templum contulerunt ne pouvaient donc pas considérer ces appellations comme étrangères à toute réalité. Elles auraient, sinon, été inconvenantes, en confinant à l’usurpation d’un titre. Ainsi, les sociétés dans lesquelles s’inséraient les collèges devaient estimer que les corporati formaient bien, à leur manière, des ordines.

26L’idée de langage métaphorique soulève des difficultés, car les comparaisons imaginaires faisaient naître des comportements et des modes d’organisation bien réels, qui légitimaient l’assimilation des corpora à des ordines. Les albums mis un instant de côté, force est de constater la forte corrélation entre le recours à la notion d’ordo et la tenue d’assemblées plénières, délibératives et, à ce titre, habilitées à prendre des décrets. Celui par lequel les dendrophores firent de C. Servilius Diodorus leur patron s’ouvre en ces termes : « In Caesareum quod est in foro cum ordo collegi dendrophororum L(aurentium) L(auinatium) conuenisset… ». Le verbe conuenire fait ici écho au conuentus plenus du collegium Aesculapi et Hygiae. Dans la loi des ivoiriers et des ébénistes, la radiation de curatores est envisagée par la formule « ex albo raderentur ab ordine ». Elle sous-entend que seule l’assemblée du collège était habilitée à prendre une décision aussi grave, par un vote formel. Enfin, les expressions du type de « ordini n(ostro) placuit » supposent que les corporati aient exprimé leurs suffrages, d’une manière ou d’une autre. En somme, l’ordo collegii ne correspondait tout à fait ni au collège lui-même, ni à l’assemblée du collège, mais à la synthèse des deux : le collège régulièrement assemblé, selon son organisation formelle et hiérarchique.

27Cette troisième piste interprétative permet de faire converger les deux premières. D’un point de vue concret, l’ordo collegii prenait la forme d’une assemblée dont les participants devaient être répartis en rangées. Son agencement matériel et le déroulement des conuentus devaient mettre la hiérarchie de l’association en valeur. D’un point de vue symbolique, les collèges professionnels ne ressemblaient jamais autant à l’ordre des décurions des cités, ou au sénat de Rome, qu’en ces réunions solennelles – et pour ainsi dire théâtralisées – débouchant sur l’adoption de décrets. La construction de cette ressemblance était liée aux aspirations sociales des corporati et, en particulier, des plus riches d’entre eux. Les dignités associatives étaient en effet conçues comme des tremplins vers d’autres ordres : l’ordo Augustalium (pour les affranchis fortunés), l’ordo decurionum (pour les dignitaires eux-mêmes et surtout pour leurs fils), voire l’ordre équestre.

28En définitive, les corporati pouvaient partager avec leurs contemporains le sentiment que leur corpus constituait un véritable ordo, pour plusieurs raisons complémentaires. Leur corpus était :

  • un groupe formellement circonscrit, dont la liste des membres pouvait donc être précisément consignée,
  • un groupe dont on devenait membre à la suite d’une procédure codifiée, qui attribuait une ancienneté précise à chacun,
  • un groupe hiérarchisé dont les responsables exerçaient une autorité sur les membres ordinaires et, en particulier, un pouvoir de coercition en cas de fraude, de désordre ou de défaut de paiement,
  • un groupe capable de prendre des décisions collectives, par le biais de procédures formelles de délibération, de vote et d’archivage.

29Les albums de collège, en particulier les albums de lénunculaires d’Ostie, illustrent plus ou moins directement chacune de ces caractéristiques. La chose est évidente pour les deux premières. Pour la troisième, la loi des ivoiriers et des ébénistes révèle que le martelage de l’album matérialisait l’exclusion d’un membre. Or trois martelages figuraient sur l’album, aujourd’hui perdu, de l’ordo corporatorum qui pecuniam ad ampliandum templum contulerunt47. Un album de 262, qu’il faut considérer comme une possible liste des lenuncularii traiectus Rusticeli, présente une rasura du même type48. Enfin, derrière les titres cités par les albums se profilent des prises de décisions codifiées. Cette donnée est bien établie pour les patrons, grâce aux tables et décrets de patronats conservés. Mais un modeste fragment d’album étudié par F. Zevi49, qui devaient distinguer les quinquennales, des quinquennalicii (les anciens quinquennales) et des quinquennales perpetui (les anciens quinquennales à qui l’honneur de la perpetuitas avait été conféré), souligne aussi un goût prononcé de la procédure pour la procédure : c’est-à-dire pour la satisfaction de se voir constituer un ordo. Voilà pourquoi tous les fragments d’album, même les plus modestes, peuvent sembler intéressants à étudier.

Bibliographie

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Notes de bas de page

1 Waltzing 1895-1900, I, p. 362-368 ; Ausbüttel 1982, p. 37-40 ; Royden 1988, p. 17-18 ; Tran 2006, p. 409-449 et 474-500. Sur les collèges d’Ostie en particulier, voir Cébeillac-Gervasoni – Caldelli – Zevi, 2010, p. 259-280.

2 CIL XIV, 246, 250, 251, 256, 4569 ; Bloch 1953, n° 43, p. 282-285.

3 CIL XIV, 247, 252, 257, 281, 4564, 4565 ; Bloch 1953, n° 42, p. 278-282 ; n° 47, p. 287-288.

4 CIL XIV, 248, 253, 259-267, 272, 275, 283, 4566, 4571, 4572, 4579-4586.

5 Laubry – Zevi 2012.

6 Voir cependant les fragments présentés par Zevi 2001, p. 190-191 et 211, fig. 16 (d’où AE, 2001, 622) et Cicerchia – Marinucci 1992, p. 223-224, C112, fig. 152.

7 Sur les lénunculaires d’Ostie, voir en dernier lieu Tran 2012 et 2014.

8 Cn. Sentius Felix était le patron du corpus scaphariorum et lenunculariorum traiectus Luculli (CIL XIV, 409) qui, par ailleurs, pouvait être présenté uniquement comme le corpus lenunculariorum traiectus Luculli (CIL XIV, 5320 ; AE, 1987, 195). Sur une seule inscription conservée, le corpus traiectus Rusticeli semble désigné comme le corpus s[caphariorum] traiectus Rusticeli (CIL XIV, 5327). À Ostie, les termes de lenuncularii et de scapharii ne désignaient sans doute pas deux professions distinctes, mais constituaient des quasi synonymes.

9 RIC, I, 178, 181, 441, 514 ; Gnecchi 1912, n° 175.

10 Ces deux pratiques sont attestées par l’iconographie. Une scène de remorquage apparaît, par exemple, sur un relief funéraire de l’Isola Sacra (IPO, A 61).

11 Becatti 1961, p. 74, n° 106, tav. CLXXXI (statio 25).

12 Bollini 1980.

13 Sur le mot traiectus dans le sens de quai, voir Le Gall 1953, p. 180-181.

14 CIL XIV, 4144, 170, 352.

15 CIL XIV, 251, l. 1-2.

16 Voir aussi CIL XIV, 246, 251, 252, 4572, 5356.

17 CIL XIV, 250 (neuf, voire dix patrons, si M. Cornelius Secundus cumule le patronat et la quinquennalité) ; 251 (neuf patrons).

18 CIL XIV, 252.

19 CIL XIV, 253 : la liste s’ouvre par les mentions successives de [M(arcus) Cloeliu]s Ca[rus] et de [Q(uintus) Atilius] Maritimus. Le M. Cipius Fortis, cité entre les deux mêmes personnages en 200, a disparu entretemps. Sont ensuite mentionnés P. Cloelius Primus iun(ior) et P. Clylius Leona qui sont les deux derniers corporati cités en 200. Le fragment se clôt par les noms d’un [---] Felici[o] et d’un [---]us Crescens qui ont dû rejoindre le corpus après 200.

20 De Salvo 1992, p. 154-157.

21 Ainsi, sur l’album du corpus lenunculariorum tabulariorum auxiliariorum daté de 152 (CIL XIV, 250), L. Iulius Memor (col. I, l. 7) est classé parmi par les patrons et L. Iulius Memor f(ilius) dans la plebs (col. II, l. 9). Le patron M. Cipius Ostiensis, pater, a dû mourir entre 192 et 200, sans quoi il apparaîtrait sur CIL XIV, 252, et son fils homonyme n’avait donc nul besoin d’être qualifié de iunior sur ce document.

22 L’expression est restituée à bon droit, mais sans certitude absolue, sur leur album de 213 (Bloch 1953, n° 42, p. 278-282).

23 CIL XIV, 246. Voir Tran 2012.

24 CIL XIV, 5374.

25 CIL XIV, 409.

26 CIL XIV, 5356 + 5373 ; Cicerchia – Marinucci 1992, XI, C46. Voir Bruun 2016 : il est vrai que la grande différence entre les noms consignés par cet album et ceux présents sur CIL XIV, 246 pose un problème, mais la présente étude ne constitue pas un cadre approprié pour le traiter.

27 CIL XIV, 4572.

28 CIL XIV, 2408.

29 CIL XIV, 2630.

30 Tran 2017.

31 CIL VI, 3678 = 30872.

32 CIL VI, 1872.

33 CIL VI, 33885.

34 Tran 2007.

35 CIL VI, 10234.

36 Nonnis 1995-1996 (d’où AE, 1998, 282) ; Liu 2015.

37 CIL XI, 5748-5750 (Sentinum, a. 260-261) ; XI, 6335 (Pisaurum, a. 256) : « … collegae uniuersi conuenerunt. »

38 OLD, p. 1266-1267, ne recense pas moins de quinze sens différents.

39 CIL XIV, 2112.

40 L’expression elle-même pourrait avoir été empruntée à la langue des administrations municipales : voir Dig., 50, 4, 18, 11 (Jacques 1984, p. 325).

41 Nicolet 1984, p. 9, qui précise ainsi sa pensée : « Plus encore, il y avait précisément des cas douteux ou litigieux, des groupes dont certains pensaient qu’ils étaient bien des ordines, ou pouvaient être considérés comme tels, ce que d’autres niaient avec des arguments divers. En d’autres termes, l’emploi du mot ordo n’est pas seulement factuel, mais, selon les cas, instrumental, normatif ou même polémique. (…) Mais là encore les mots sont des masques. Le fait pour un individu de prendre le titre, je viens de le dire, ne prouve pas à soi tout seul qu’il y ait eu vraiment droit. »

42 Cohen 1975.

43 Les corporati d’Ostie des IIe et IIIe s. faisaient souvent référence à cette autorisation, en se disant « quibus ex s.c. coire licet » (ou à travers une expression équivalente) : CIL XIV, 10, 168, 4573, 4577 ; AE, 1955, 175, 177, 184.

44 Cette citation, qui provient d’une communication orale, synthétise bien l’emploi de la notion d’ordo-making dans Van Nijf 1997, passim.

45 Dig., 50, 3, 1, pr.-1 (Ulp., De off. procons, 3) : Decuriones in albo ita scriptos esse oportet, ut lege municipali praecipitur. Sed si lex cessat, tunc dignitates erunt spectandae, ut scribantur eo ordine, quo quisque eorum maximo honore in municipio functus est. Puta qui duumuiratum gesserunt, si hic honor praecellat, et inter duumuirales antiquissimus quisque prior. Deinde hi, qui secundo post duumuiratum honore in re publica functi sunt : post eos qui tertio et deinceps. Mox hi qui nullo honore functi sunt, prout quisque eorum in ordinem uenit. In sententiis quoque dicendis idem ordo spectandus est, quem in albo scribendo diximus. Voir Jacques 1984, p. 458-463.

46 CIL IX, 338.

47 CIL XIV, 246.

48 CIL XIV, 5357.

49 Voir supra n. 6.

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