Administrateurs équestres de l’annone à Ostie
p. 27-36
Résumés
À côté des procurateurs « de l’annone » (ad annonam), d’autres administrateurs équestres intervinrent à Ostie. Ils eurent des missions dites « extraordinaires », liées au ravitaillement en huile, sous Marc Aurèle. Les formulations originales, utilisées pour décrire leurs activités, aident à comprendre les activités des procurateurs établis de manière permanente depuis Trajan. Elles mettent en évidence les deux extrémités du segment reliant Ostie et Portus au quartier de l’Emporion, et l’importance des horrea portuaires et urbains dans la logistique annonaire.
Besides the procurators ad annonam, other equestrian administrators intervened at Ostia. They were vested with so-called « extraordinary » missions, in relation with the supply of oil, under Marcus Aurelius. The uncommon phrases used for the description of their tasks help to understand those of the procurators permanently established since Trajan. They highlight both extremities of the segment linking Ostia and Portus to the district of the Emporion in Rome, as well as the importance of port and urban horrea in the logistic for the annona.
Entrées d’index
Mots-clés : Horrea Galbana, horrea Ostiensia et Portuensia, Sex. Iulius Possessor, Ti. Plautius Felix Ferruntianus, C. Pomponius Turpilianus, procurateurs « de l’annone » (ad annonam)
Keywords : Horrea Galbana, horrea Ostiensia et Portuensia, Sex. Iulius Possessor, Ti. Plautius Felix Ferruntianus, C. Pomponius Turpilianus, procurators ad annonam
Texte intégral
1Pour retrouver les composantes de l’administration procuratorienne les documents épigraphiques sont essentiels. Mais à propos de chacun, ancien ou nouveau, se posent les questions suivantes : quelle signification accorder aux mots qui décrivent les fonctions, quelle signification attribuer à la localisation du document ? Les travaux d’O. Hirschfeld, de H.-G. Pflaum et de G. Boulvert, qui avaient une portée générale, sont allés dans ce sens. En ce qui concerne l’annone, ceux de H. Pavis d’Escurac, de P. Herz et de quelques autres se sont ajoutés. Un lieu s’impose : Ostie. Les témoignages font de la ville un point d’ancrage administratif, ils aident à comprendre les formes que revêtit en ce lieu la réalisation de cette mission : assurer le ravitaillement de Rome, tel qu’Auguste l’avait envisagé, en tenant compte que, s’il y avait des contraintes récurrentes – les distributions de blé – se surimposaient des obligations plus générales, en vue d’assurer pour certains produits – initialement il s’agissait du blé – un approvisionnement régulier. Cet objectif, connu surtout par les décisions prises en temps de crise1, impliquait de ne pas gérer seulement l’arrivée des seules denrées destinées aux frumentationes : il fallait une vision plus large, même si les pratiques étaient différenciées. Un peu plus tard s’ajouta le ravitaillement en huile.
2La documentation a fait envisager l’existence de deux structures administratives complémentaires : un service dépendant directement du préfet de l’annone, une sorte de projection de la préfecture dans les lieux de rupture de charge, un autre service lié à la gestion des ports, c’est-à-dire une responsabilité plus localisée, comparable à une « capitainerie ». Mais l’acheminement des denrées jusqu’à la ville consommatrice n’imposait-il pas d’ajouter, nécessairement, tout ce qui par le Tibre reliait les ports à la grande ville sise à l’arrière-plan ?
3La structure la plus apparente concerne les procurateurs de l’annone : procurator annonae /ad annonam Ostiae/Ostis le plus souvent. Après Hirschfeld, Pflaum a bien identifié leur fonction, puis H. Pavis d’Escurac a précisé le rôle qu’ils détenaient, alors que P. Herz adoptait une position difficile à admettre2. Dirigé par des chevaliers dès le début du IIe siècle, le service avait été antérieurement dans les mains d’affranchis impériaux, mal connus. Mais aux côtés du procurateur équestre fut maintenu un affranchi selon le principe de la « pseudo-collégialité »3. La première définition de la fonction, dans le cursus de Vettius Latro, indique qu’il agissait Ostiae et in Portu, mais c’est un unicum. Même si les tonnages débarqués au Portus s’accrurent tendanciellement, l’effacement du lieu surprend dans l’évolution de la nomenclature au IIe s. Mais il faut l’interpréter par la valeur de référence qu’avait conservée la ville d’Ostie : on avait privilégié le siège des responsables, en passant sous silence la diversité des sites où se déroulaient les activités du quotidien. L’enracinement ostien explique de même que le préfet de l’annone apparaisse parfois dans cette ville comme « autorité » supérieure4.
4Une question en suspens concerne l’évolution du service au IIIe siècle lorsque s’accrut davantage l’importance du Portus. Nous avons supposé qu’il fallait envisager une réforme, déplaçant le siège du délégué du préfet, remodelant ses responsabilités en s’adaptant à la configuration des trafics qui valorisaient les ports voisins d’Ostie. Le réexamen de deux dossiers y contribue : celui du procurateur Sallustius Saturninus, associé à l’affranchi Orfitus, puis celui du procurateur « des deux ports », L. Mussius Aemilianus, gratifié d’un salaire très supérieur aux 60 000 sesterces du procurateur « de l’annone ». Jusqu’à Sévère Alexandre le personnage appelé « procurateur des deux ports » était un affranchi impérial, sans supérieur équestre. C’est pourquoi l’inscription qui paraissait soutenir l’existence d’un procurateur équestre « des deux ports » en 202, mais qui est avant tout un témoignage de la « pseudo-collégialité », se rapporterait en réalité à un procurateur dit « de l’annone », le seul chevalier romain attesté sur les lieux. Quant au rôle de L. Mussius Aemilianus, doté un peu plus tard d’un salaire ducénaire, il conviendrait de déduire de cette situation nouvelle que le titre de procurateur « des deux ports » signifierait alors plus qu’un simple transfert de la « capitainerie » à des membres de l’ordre équestre : ce serait le signe d’une réforme comportant transfert du siège au Portus et unification des services5.
5Il existe d’autres administrateurs équestres liés au ravitaillement de Rome. Ils sont peu nombreux, comparativement aux procurateurs dits « de l’annone », mais pour l’instant deux certainement, trois vraisemblablement, ont agi à Ostie et au Portus. L’un, Sextus Iulius Possessor, est mieux connu depuis qu’une inscription de Mactar a été pleinement dévoilée, mais son dossier contient une bibliographie abondante, comme s’il était difficile d’expliquer un cas supposé « exceptionnel » ou « extraordinaire ». Un autre, C. Pomponius Turpilianus, explicitement qualifié de procurator, est le grand absent des travaux sur la préfecture de l’annone, même si l’inscription provient d’Ostie. Chacun de ces personnages doit être situé à l’intérieur de ce service. Il importe aussi de voir si, en dépit du caractère « exceptionnel » ou « extraordinaire » que l’on attribue aux fonctions mentionnées, les inscriptions n’apporteraient pas des informations sur le fonctionnement d’ensemble du service annonaire. Dans le cas de Possessor, il convient moins de reprendre une argumentation sur le lieu de ses activités, que d’exploiter les inscriptions pour mieux comprendre quelles étaient à Ostie les activités des procurateurs.
6Ce procurateur fut d’abord connu par une inscription d’Hispalis6 :
Sex(to) Iulio Sex(ti) f(ilio) Quir(ina) Possessori (…) adlecto in decurias ab optimis maximisque Imp(eratoribus duobus) Antonino et Vero Aug(ustis duobus), adiutori Ulpi Saturnini praef(ecti) annon(ae) ad oleum Afrum et Hispanum recensendum, item solaminia transferenda item uecturas nauiculariis exsoluendas, proc(uratori) Aug(ustorum duorum) ad ripam Baetis scapharii Hispalenses ob innocentiam iustitiamque eius singularem.
7Dans le cursus l’ultime étape offrait une nomenclature usuelle pour un administrateur équestre. Mais pour définir la fonction précédente, située entre 164 et 166, les rédacteurs ont choisi une énumération : Possessor aurait été adiutor Ulpi(i) Saturnini praefecti annonae ad oleum Afrum et Hispanum recensendum item solamina transferenda item uecturas nauiculariis exsoluendas. Ils ont fait le tour de ses responsabilités, comme s’il y avait des séquences bien distinctes. Sur le lieu d’activité, il n’y a plus à hésiter depuis qu’une inscription de Mactar, signalée dès 1963, publiée en 1968, entrée seulement en 1983 dans l’AE7, indiqua que Possessor avait été adiutor du préfet là où convergeaient les trafics annonaires8 : adiutor praefecti annonae ad horrea Ostensia (!) et Portuensia.
8Chaque élément de la description est riche d’informations. La fonction d’adiutor associe directement ce personnage au préfet : son action ne se place pas sous l’autorité du procurateur établi à Ostie. En quelque sorte se mettait en place avec lui, et pendant sa mission que le terme d’adiutor incite à considérer comme temporaire, un service singulier, lié à l’acheminement de l’huile. Il voisinait avec le service déjà établi pour s’occuper du blé du prince. Ce voisinage était apparu comme une anomalie à H. Pavis d’Escurac, d’autant qu’elle avait – et selon nous à juste titre – estimé que le préfet de l’annone avait à s’occuper, mais d’une manière très générale, de l’approvisionnement en huile : aussi avait-elle avancé in fine un argument qui, s’il faut le récuser dans le cas présent, doit être quand même examiné avec soin9. En effet, argumentait-elle, s’il y avait déjà un procurateur de l’annone à Ostie et au Portus, représentant du préfet, pourquoi établir dans ces lieux un autre fonctionnaire, paraissant agir dans le même but et, de surcroît, indépendant du procurateur en place ?
9S’il est devenu impossible d’écarter d’Ostie les activités de Possessor, le meilleur moyen de dépasser la contradiction ainsi posée, et par là-même de donner raison à H.-G. Pflaum, était de considérer qu’en ce qui concernait l’huile l’inscription de Possessor relatait une mission de caractère extraordinaire, et que cette tâche nouvelle, mais surtout temporaire, revenait à un fonctionnaire désigné ad hoc10. Autrement dit : Possessor avait accompli une tâche que l’on n’avait pas souhaité surajouter à celles qu’exerçait ordinairement le procurateur de l’annone à Ostie.
10Mais l’inscription d’Hispalis témoignait ainsi d’un nouveau pas dans le rapport de la préfecture de l’annone avec l’approvisionnement en huile. En effet H. Pavis d’Escurac a justement mis en valeur qu’il existait au IIe siècle après J.-C. des signes montrant que l’approvisionnement en huile se trouvait sous l’attention du préfet de l’annone, sans que cette responsabilité soit aussi contraignante que l’approvisionnement en céréales. On a pu envisager11 qu’il se serait agi d’un trafic laissé dans les mains des marchands, le préfet faisant tout pour que la population urbaine disposât d’un approvisionnement suffisant, donc abordable quant au prix. Mais on peut aussi suggérer que les activités ad hoc de Possessor comme représentant du préfet auraient décalqué celles qu’exerçait dans son domaine le procurateur de l’annone d’Ostie pour assurer la réception du blé annonaire qui relevait de sa compétence, c’est-à-dire le blé du prince des distributions gratuites, distinct du blé qui assurait un approvisionnement régulier à un prix modéré. La description des tâches attribuées à Possessor ferait ainsi entrevoir celles qui s’imposaient, dans un domaine voisin, au procurateur de l’annone et aux personnels qui l’aidaient.
11Il fallait d’abord recensere, c’est-à-dire effectuer un dénombrement de contrôle, un inventaire de vérification12. Pour Possessor, c’était de l’huile qu’il s’agissait, celle que le prince voulait distribuer. Pour le procurateur « de l’annone », c’était le blé des distributions récurrentes et des congiaires. Ensuite, il s’agissait de faire procéder au transfert des denrées, de la rupture de charge aux « docks » de Rome : solamin(i)a transferre. Pour Possessor c’était, dans le prolongement de la première partie de la phrase, de l’huile d’Afrique et de péninsule ibérique qu’il était question : les solamina apparaissent par souci de variation stylistique, en empruntant au vocabulaire de l’assistance impériale d’une manière métonymique13. Selon l’interprétation que nous avons déjà envisagée, il était nécessaire aussi de mettre en place pour l’huile du prince le transport des quantités inventoriées vers les entrepôts de l’Vrbs, afin qu’elle soit disponible pour la distribution14 : c’était d’elle qu’il s’agissait tout au long du processus administratif contrôlé par ce chevalier romain. Il en allait de même pour le procurateur « de l’annone » : il devait, par extrapolation fondée sur le cas de Possessor, s’occuper du transport des denrées frumentaires jusqu’aux greniers romains. Telle est l’information qui se déduit de l’inscription d’Hispalis. Enfin, en fonction des informations fournies par les transporteurs, il convenait de rémunérer leur participation : uecturas nauiculariis exsoluere, c’est-à-dire acquitter le paiement du transport par mer15 ; il était à la charge de l’État puisqu’il s’agissait d’un transport de denrées dont il s’était attribué le contrôle. Les procédures administratives relatives au transfert de l’huile du prince jusqu’à Rome informeraient sur ce qui se produisait plus couramment pour le transfert des denrées frumentaires. L’inscription d’Hispalis offrirait une sorte de « lettre de mission », aisément transposable, laissant entendre qu’il n’y avait pas eu de véritable innovation pour fixer les opérations essentielles confiées à Possessor, et que derrière la situation exceptionnelle on devrait découvrir le quotidien des tâches du procurateur ad annonam.
12Il s’agissait de responsabilités d’exécution, subordonnées à l’instance supérieure établie à Rome, des tâches essentiellement pratiques. On pourrait dire les choses autrement : ces administrateurs équestres avaient, l’un habituellement, l’autre occasionnellement, la responsabilité de la mise en œuvre administrative et logistique de décisions prises ailleurs. Le procurateur ad annonam Ostis jouait à ce premier niveau un rôle essentiel, car son siège coïncidait avec le lieu d’accueil des arrivages, ce qui assurait le contrôle des tonnages constituant le blé du prince avant de l’adresser aux greniers urbains. C’était une fonction qui avait des aspects administratifs, d’inventaire et de vérification (la recensio), des aspects d’exécution financière (la gestion d’une caisse pour le règlement des uecturae), et des aspects d’organisation logistique, avec le transport vers Rome. Ces dernières tâches, constituant le prolongement de la rupture de charge, pouvaient s’accompagner d’un temps de stockage dans les entrepôts d’Ostie et du Portus, ce qui éclairerait l’autre définition de la tâche de Possessor dans l’inscription de Mactar : procurator ad horrea Ost(i)ensia et Portuensia.
13Ces remarques sont renforcées par l’inscription d’un autre procurateur, C. Pomponius Turpilianus, dont l’inscription provient d’Ostie (CIL XIV, 20 = ILS 372)16. Elle est un peu plus tardive que celles de Possessor, puisqu’elle se placerait en 175-176, sans dépasser le printemps de 176 (mort de Faustine)17 :
Pro salute et / reditu Imp(eratoris) Anto/nini Aug(usti), Faustinae / Aug(ustae) liberorumque / eorum aram Sanctae / Isdi (!) numini Sarapis / Sancto Silvano Larib(us) / C(aius) Pomponius / Turpilianus / proc(urator) ad oleum in Galbae / Ostiae portus utriusque d(e)d(icauit).
14Longtemps le personnage n’a pas suscité grand intérêt : une maigre bibliographie, de très brefs commentaires18. Il n’apparaît pas dans l’appendice prosopographique du livre de H. Pavis d’Escurac, ni dans l’index des personnages ayant appartenu au service. Pourtant, au passage, celle-ci fournit à son propos un commentaire, mais rapide, pour éclairer une formulation qu’il faut considérer comme passablement elliptique19 : elle estimait qu’il aurait eu la responsabilité de « contrôler le passage par les ports de l’huile destinée ensuite à être amassée aux horrea Galbae bien connus à Rome ». Mais elle se contentait d’ajouter qu’au IIe siècle la préfecture de l’annone n’avait pas reçu d’« armature administrative nouvelle particulièrement destinée au soin du ravitaillement en huile, si ce n’est celle de proc. ad oleum in Galbae Ostiae portus utriusque », interprétation minimisante qui reprenait ce qu’elle avait écrit précédemment dans une note20. Dans ses travaux les plus importants, H.-G. Pflaum n’avait pas davantage prêté attention au personnage. Toutefois, lorsqu’il examina avec une critique acérée la publication de Pavis d’Escurac, il avait remis en honneur ce document21, mais dans une perspective peu convaincante22, puisqu’il estimait que l’on aurait pu trouver en lui un prédécesseur au procurateur équestre dénommé procurator utriusque portus, dont le seul témoignage explicite est du milieu du IIIe siècle23.
15Turpilianus, qui agit à Ostie, avait été procurator ad oleum in Galbae Ostiae portus utriusque. Avec Dessau et Wickert il fallait comprendre qu’il était établi à Ostie et aux deux ports, et qu’il avait la responsabilité du transfert de l’huile jusqu’aux entrepôts de Galba, à Rome dans le quartier de l’Emporium. On sera surpris de ne pas trouver une trace marquante de l’inscription et du personnage dans les travaux sur le commerce de l’huile de Bétique24. Le meilleur commentaire des termes décrivant ses fonctions est de R. Étienne25. Il est certes bref, comme les autres, mais il va plus avant dans la compréhension, d’abord en reliant le texte aux fonctions de ce quartier essentiel pour l’alimentation de Rome, car il était le réceptacle des productions du monde entier ayant transité par les ports d’Ostie, ensuite parce qu’il illustre la vocation marchande de la zone au pied de l’Aventin, notamment avec le dépôt des amphores du Testaccio26, enfin parce qu’il commente les responsabilités administratives du personnage en concordance avec ce qu’apprend l’inscription d’Hispalis sur les activités de Sex(tus) Iulius Possessor : « Il s’agit, écrivait-il, d’un fonctionnaire spécial qui réceptionne à Ostie et à Portus l’huile que l’on stocke ensuite dans les magasins de Rome », auprès desquels se trouvait au IVe siècle l’arca olearia27.
16Antérieurement à la publication de l’inscription de Mactar sur Possessor, Dessau et Wickert avaient relevé que l’ellipse de rédaction ne pouvait que se référer aux horrea, ceux du lieu de rupture de charge, ceux où se préparait le transfert vers les entrepôts de l’Emporium. À présent, tout ce que l’on apprend par cette inscription de Mactar sur les tâches de Possessor établit encore plus l’accomplissement de la mission de C. Pomponius Turpilianus dans des structures essentielles du ravitaillement de Rome, les horrea, qu’il s’agisse de ceux d’Ostie et du Portus, ou de ceux du quartier de l’Emporion. On retrouve avec ce texte les deux extrémités du parcours qu’implique l’emploi du verbe transferre dans l’inscription d’Hispalis.
17Les acquis de ces commentaires, avec d’autres arguments qui reposent sur les similitudes de vocabulaire, fondent l’interprétation d’un dernier document qui, peut-être moins explicite par les informations topographiques qu’il contient, a été parfois ajouté au dossier et doit y demeurer. Il s’agit d’une autre inscription de Mactar dans le texte de laquelle on a relevé la présence simultanée du terme horrea et du terme solamin(i)a, ce dernier étant caractéristique de l’inscription de Possessor en provenance d’Hispalis28 :
Apollini Patrio Aug(usto) sacr(um). Ti(berius) Plautius Ti(beri) f(ilius) Papiria Felix Ferruntianus, praef(ectus) alae I Thracum ueteranorum sagittariorum, proc(urator) ad solaminia (!) et horrea, trib(unus) milit(um) leg(ionis) I Italicae, (…).
18Tout autant que H.-G. Pflaum, H. Pavis d’Escurac s’est orientée vers une interprétation qu’il est difficile de retenir. Tous deux ont considéré que ce chevalier romain aurait été chargé de vérifier les stocks de denrées frumentaires en vue d’une distribution au peuple romain dans une occasion remarquable : « Sa mission, écrivait plus particulièrement H. Pavis d’Escurac en pensant aux denrées frumentaires, a pour cadre les horrea de Rome et sans doute également ceux d’Ostie et de Portus Trajani »29. On opposera à son propos l’argument qu’elle avait utilisé pour interpréter les indications contenues dans l’inscription d’Hispalis30, car il semble ici pertinent pour trouver une issue, c’est-à-dire une explication satisfaisante. Pourquoi donc, s’il y avait un procurateur de l’annone à Ostie et au Portus, représentant direct du préfet et s’occupant de ce qui concernait le blé, ajouter dans ces mêmes lieux un autre fonctionnaire, paraissant agir dans le même but ? Si l’on peut définir les tâches du procurateur ad annonam établi depuis Trajan à partir de ce qu’apprend l’inscription d’Hispalis, tout ce que l’on peut dégager sur les aspects concrets de l’action de Ti. Plautius Felix Ferruntianus, montre qu’il aurait eu exactement les mêmes activités, s’il s’était occupé de blé du prince. Aussi envisagera-t-on qu’il s’occupa comme les deux personnages que l’on vient d’évoquer avant lui, de l’huile du prince. Même si l’on n’a point d’indication topographique précise, il conviendrait, comme on l’admet en général, de placer cette responsabilité à Ostie et à Rome, sous l’autorité directe du préfet de l’annone.
19Il semble donc nécessaire d’examiner conjointement ces trois documents qui appartiennent aux décennies 160-190.
20C’est peut-être la nature exceptionnelle de ces responsabilités qui explique le recours à des formulations caractérisées par une variation dans le choix des mots, ce qui contraste avec la récurrence de l’expression procurator ad annonam (annonae) Ostiae (Ostis), qui sert à définir la fonction, permanente depuis Trajan, de l’administrateur équestre agissant à Ostie et au Portus pour le compte de la préfecture de l’annone, mais en s’occupant du blé. Pour lui la formulation non seulement s’était figée, mais encore elle s’était simplifiée, puisqu’avait rapidement disparu l’adjonction in Portu. En revanche c’est peut-être parce que la nomination d’un responsable des arrivages d’huile pour le prince avait un caractère discontinu, qu’apparurent toutes les variations que l’on a relevées pour donner à lire la définition de cette charge. Pourtant des mots communs, parfois à restituer pour que la formulation paraisse moins elliptique, parfois absents mais qu’un second témoignage sur le même personnage impose de ne pas omettre, relient entre eux ces documents : ils ont servi à insérer dans le dossier le cas de Ti. Plautius Felix Ferruntianus qui n’a pour l’instant aucun rapport direct avec la ville d’Ostie en ce qui concerne la localisation documentaire ou les indications explicites du texte. Le mot le plus régulièrement utilisé, qui donne une évidence sur la nature de la fonction exercée, c’est le terme horrea : il caractérise les responsabilités de chacun des trois personnages. Bien présente aussi est la référence à l’huile : elle vient à deux reprises. Le prince la place, peut-être encore dans des circonstances exceptionnelles, au même rang que le blé, ce qui permet de considérer que cette denrée entre pleinement dans les « secours », dans les « soutiens », dans les « apaisements » apportés au peuple romain dans son quotidien, comme l’exprime le terme solamina. Dans un emploi métonymique, les solamina viennent se substituer à l’expression oleum Afrum et Hispanum au sein de l’inscription d’Hispalis. Ce n’est pas le signe d’une inclusion du blé, à côté de l’huile, dans les tâches qu’exécuta Sex. Iulius Possessor, c’est l’indication que l’on exprime par un autre mot ce qui avait été clairement exprimé dès le début de l’énumération. Mais ne peut-on pas relever que le brusque relèvement de la fréquence de ces mots montrerait peut-être que l’huile serait en train d’entrer plus nettement que par le passé dans l’annona Urbis ? Ceci n’annoncerait-il pas la décision de Septime Sévère relative à son inclusion dans le système des distributions gratuites, à côté du frumentum publicum, mais selon des modalités propres ?
21En effet, par leur date, ces trois témoignages, joints à ce qu’apporte le juriste Scaevola sur la législation impériale dès Marc Aurèle31, montreraient un changement d’attitude de l’autorité impériale à propos du ravitaillement en huile de la Ville. L’entrée de l’huile dans les préoccupations évergétiques, la bienfaisance impériale prenant, comme il se doit, l’aspect d’un secours apporté aux citoyens, ici les ayant-droit de Rome, annonce bien, en effet, les distributions sévériennes32.
22De plus, quoiqu’il soit toujours nécessaire de distinguer l’huile du blé, de dissocier ce qui concerne l’huile et ce qui concerne le blé, les éléments constitutifs de ce dossier épigraphique ne s’éclairent bien, si l’on s’intéresse à la répartition des tâches et à la description des responsabilités, qu’à partir de rapprochements avec la fonction la plus récurrente, exercée par le procurateur de l’annone. Comme pour Sex. Iulius Possessor, comme pour C. Pomponius Turpilianus, comme pour Ti. Plautius Felix Ferruntianus, les tâches de ce responsable se situaient à Ostie et au Portus (Ostiae et in Portu). Mais surtout, les renseignements qu’apportent des formulaires moins stéréotypés aident à comprendre quel était le quotidien administratif de ce chevalier romain, représentant du préfet, attesté depuis l’époque de Trajan. Ses tâches n’étaient pas détachées des horrea, à l’arrivée des cargaisons dont le prince souhaitait avoir la maîtrise et la disposition : il fallait décharger puis stocker avant un nouveau transport à organiser vers le quartier de l’Emporium. C’était l’ensemble de ces processus de logistique que devait organiser ce procurateur. Il lui fallait aussi vérifier l’exécution des engagements pris par les naviculaires et par les marchands, et pour les transporteurs parachever le contrat par le règlement des frais de transport : n’était-il pas le premier responsable à faire le constat des arrivages ? C’est pour cette raison que l’inscription d’Hispalis de Sex. Iulius Possessor, qui se rapporte au transport de l’huile, a tout naturellement pris tant de place dans des travaux relatifs au ravitaillement de Rome considéré dans son cadre le plus général, où le ravitaillement en blé était primordial. Si sont acceptables les rapprochements que l’on vient de proposer, en définissant cette inscription comme le révélateur d’un décalque de pratiques déjà bien établies, on ajoutera qu’elle permet de prendre la mesure de la distance qui séparait les tâches romaines du préfet, désormais assisté du sous-préfet, et les tâches « portuaires » de son représentant à Ostie et au Portus. D’un côté les grandes décisions, la juridiction dans ce champ d’activité (la cognitio), la haute responsabilité administrative, la participation aux affaires qu’implique la présence dans le conseil impérial ; de l’autre des tâches plus matérielles de contrôle et de gestion, tournées vers l’accueil des arrivages, en utilisant les horrea portuaires, et vers les transferts jusqu’à d’autres horrea, en étant aussi au contact des associations responsables du mesurage et du transport.
23Les inscriptions d’Ostie relatives aux procurateurs « de l’annone » apportent aussi des compléments d’information sur les relations entretenues avec les associations ou corporations établies à Ostie ou dans les deux ports. Celles-ci, au IIe et au début du IIIe siècle, se tournèrent certes vers les préfets, personnages de grande puissance, mais elles s’attachèrent aussi à ceux qui devaient apparaître comme leurs représentants directs, ou des intermédiaires privilégiés, côtoyés jour après jour33. Le nombre des attestations est élevé, impliquant plusieurs fois les fabri tignuarii34, plusieurs fois aussi les mensores frumentarii35. En revanche il est impossible de déterminer quelle corporation honora C(aius) Valerius Fuscus36. Enfin on trouve une association de bateliers, la corporation des lyntrarii, établie à Ostie puisque l’hommage est validé decreto decurionum37. Recensere et transferre : deux des responsabilités assumées par Sex. Iulius Possessor que l’on est en droit d’étendre aux procurateurs « de l’annone » sont mises en valeur par l’émergence des mensores frumentarii et des lyntrarii. C’est aussi ce que vient éclairer l’éloge très soutenu que les codicarii nauicularii et les quinq(ue) corp(orum) nauigantes, étroitement mêlés aux activités de transport du Portus et à celles du Tibre, adressèrent vers le milieu du IIIe s. à L. Mussius Aemilianus : ob insignem eius erga se beniuolentiam ac singularem abstinentiam. Les codicarii avaient un rôle important qui au-delà du portus uterque les amenait sur le Tibre38. Quant aux nauigantes quinque corporum, dont la définition ne va pas de soi39, leur rôle dans les transports destinés aux horrea urbains est admis40.
24Quelle que soit la réponse apportée aux questions sur la situation de ce dernier personnage, un point commun réunit tous ces procurateurs : leur participation à l’activité du service dépendant du préfet de l’annone sur un segment du circuit des produits annonaires, d’Ostie et de ses ports à Rome, un segment dans lequel aurait pu s’inscrire le malentendu dont les naviculaires d’Arles au début de l’époque sévérienne ne voulaient point être les victimes. Ces administrateurs équestres sont impliqués, qu’il s’agisse du blé ou de l’huile du prince, dans les mêmes contraintes matérielles : assurer la rupture de charge, gérer le stockage et le transport des denrées, ces deux aspects étant liés pour fixer le rythme des acheminements. C’est ce qui ressort plus nettement de la description des cas exceptionnels relatifs à l’huile du prince à la fin du IIe s. Mais on doit profiter de ces informations pour mieux connaître les tâches qu’accomplissaient depuis longtemps les procurateurs annonae ou ad annonam.
Bibliographie
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10.4000/mefra.2057 :Notes de bas de page
1 Christol 2016, p. 50-56.
2 Herz 1988, p. 139-140.
3 Pflaum 1974, p. 65-66.
4 AE 1973, 126; Pflaum 1978, p. 69-70.
5 CIL XIV, 170 = CIL VI, 1624, d’où ILS 1433 ; Pflaum 1960-1961, p. 925-927, n° 349 ; Pavis d’Escurac 1976, p. 418-419 ; Christol 2018.
6 CIL II, 1180 (ILS 1403) = AE 1965, 237 (mise au point épigraphique : Le Roux 1988, p. 265, d’où AE 1987, 1026 ; compléter par Remesal Rodriguez 1991). Pour la bibliographie Christol 2003, passim.
7 AE 1983, 976 (Picard 1968, p. 297-298) ; une autre inscription à Mactar : CIL VIII, 620 = 11796 (ILS 4908).
8 Déjà Pflaum 1960-1961, p. 504-507, n° 185 ; Rickman 1980, p. 224-225 ; Le Roux 1988, p. 255 ; Herz 1988, p. 137-138 ; Zevi 1989, p. 5 ; Remesal Rodriguez 1991, p. 285 et 287 ; Sirks 1991, p. 30-31, 123. Position opposée dans Pavis d’Escurac 1976, p. 91, 128, 133, 190, p. 214-215, et surtout p. 384-385 : mais l’inscription de Mactar, considérée comme inédite (p. 137 n. 301 ; p. 384), n’est traitée que de façon partielle ; Pavis d’Escurac – Dardaine 1983, p. 313-315 ; Höbenreich 1997, p. 74 et 86, suit Pavis d’Escurac, comme De Salvo 1992, p. 122-126. Sur les horrea d’Ostie et du Portus, Rickman 1971, p. 15-86 et p. 123-132 ; Rickman 2002 ; Virlouvet 1995, p. 90–96, sans oublier les travaux plus récents (Bukowiecki – Monteix – Rousse 2008, p. 211-216).
9 Il n’apparaît pas dans Pavis d’Escurac 1976, mais dans Pavis d’Escurac – Dardaine 1983, p. 313-315 (d’où Herz 1988, p. 138).
10 Christol 2016, p. 45-48.
11 Christol 2003, p. 218-223.
12 Sur le sens de recensio Sirks 1991, p. 100, p. 122-126, 388 n. 4 ; Virlouvet 1995, p. 166-174 ; Christol 2003, p. 220-221.
13 Ce fut aussi un débat entre Pflaum 1960-1961, p. 506 et 540, et Pavis d’Escurac 1976, p. 127-128, 133, 191, 384 (qui estime qu’il s’agirait de blé) ; cette dernière interprétation aboutirait, à notre avis, à donner une représentation tronquée de la mission de Possessor.
14 Christol 2003, p. 223-225. L’interprétation du verbe transferre s’accorde avec les remarques de Virlouvet 2004, p. 335-339.
15 L’attestation est unique dans la documentation épigraphique : Rougé 1966, p. 467 n. 3, p. 472 n. 2 ; De Salvo 1992, p. 210 n. 136, p. 212 n. 137, p. 325-326 ; Sirks 1991, p. 30-31, 35 n. 2, p. 53-54, 126 ; rapprochée des textes juridiques, l’inscription d’Hispalis indique que le transport de l’huile s’effectuait dans un cadre contractuel liant l’administration annonaire et les transporteurs.
16 Cébeillac-Gervasoni – Caldelli – Zevi 2006, p. 271-272, n° 76.2 = Cébeillac-Gervasoni – Caldelli – Zevi 2010, p. 180-181, n° 44.2.
17 Christol – Drew-Bear 2012, p. 135-137, 145. Cébeillac-Gervasoni – Caldelli – Zevi 2006, p. 271-272 préféreraient le règne d’Antonin (aussi Rickman 1971, p. 180), mais ce point de vue est abandonné en 2010.
18 Meiggs 1973, p. 302 ; Pavolini 1996, p. 82 ; Bruun 2002, p. 167. Méconnu par Sirks 1991.
19 CIL, XIV, Suppl., p. 849–851 ; Pavis d’Escurac 1976, p. 191.
20 Pavis d’Escurac 1976, p. 127 n. 255 : « Le proc. ad oleum in Galbae (horreis) n’est pas un procurateur équestre ».
21 Pflaum 1978, p. 59 et 76.
22 Christol 2003, p. 224 n. 62.
23 CIL XIV, 170 = CIL VI, 1624 (ILS 1433) ; Pflaum 1960-1961, p. 925-927, n° 349 ; Pavis d’Escurac 1976, p. 418-419.
24 Voir Christol 2003, p. 223-224.
25 Étienne 1987, notamment p. 248 n. 92.
26 Rickman 1971, p. 97-106. Sur la relation entre l’aménagement du secteur et le stockage de l’huile, déjà Le Gall 1953, p. 258. En dernier lieu Coarelli 1996, p. 40-42.
27 Chastagnol 1960, p. 59, p. 297, 308, 345, suivi par Coarelli 1996.
28 CIL VIII, 619, cf. 11780 (ILS 1747) ; Pflaum 1960-1961, p. 539-541, n° 198 ; Pavis d’Escurac 1976, p. 127-129 et 429 ; Pflaum 1982, p. 53 : il serait le gendre de Possessor (Picard 1968, p. 299). Pour la proximité chronologique avec le cursus de L. Iulius Vehilius Iulianus, Rossignol 2007, p. 168 avec n. 194 ; il faut donc placer juste après celle de Turpilianus, la fonction ad solaminia et horrea de ce chevalier romain (vers 177-178).
29 Pavis d’Escurac 1976, p. 128.
30 Ci-dessus n. 9.
31 Christol 2016, p. 42-45.
32 SHA, Sev., 18, 3, à compléter par Sev., 23, 2 ; Christol 2016, p. 38-45.
33 Pavis d’Escurac 1976, p. 280-281 ; Houston 1980, p. 160-161. Un cas est à part, celui de l’affranchi P(ublius) Aelius Liberalis, procurator annonae Ostiensis (CIL XIV, 2045 [ILS 1534] cf. Pavis d’Escurac 1976, p. 398 ; Sirks 1991, p. 263). Il reçut de la cité d’Ostie les ornements de décurion. On n’est pas dans un contexte de rapport administratif direct.
34 CIL XIV, 5351 ; CIL XIV, 5352 ; CIL XIV, 5345 ; CIL XIV, 5334 ; CIL XIV, 160, cf. p. 481 (ILS 1428, cf. add., III, p. CLXXV).
35 CIL XIV, 172 (ILS 1429) ; CIL XIV, 161 (ILS 1427), cf. Sirks 1991, p. 398-399 ; CIL XIV, 154 (ILS 1431) ; Sirks 1991, p. 261.
36 CIL V, 1633 (ILS 1426) ; l’inscription a « de grandes chances d’avoir été copiée à Ostie » : Pavis d’Escurac 1976, p. 405 ; Pflaum 1960-1961, p. 738-741, n° 280.
37 CIL XIV, 4459 (ILS 1442) ; Le Gall 1953, p. 220.
38 Dès le milieu du Ier s. ap. J.-C., Sen., De brev. vit., 13, 4 (naues quae commeatus per Tiberim subuehunt).
39 Le Gall 1953, p. 223-225, à partir de CIL XIV, 4144 et 352, les rapprocherait des lenuncularii.
40 Le Gall 1953, p. 224-225, p. 226 (associant CIL XIV, 4144 et XIV 170) ; voir aussi Meiggs 1973, p. 296-298 ; Sirks 1991, p. 272, et en dernier Tran 2014. Rougé 1966, p. 194-198 associe aussi l’activité dans le port et l’activité sur le Tibre.
Auteur
Université de Paris-1 Panthéon-Sorbonne - christolmichel@yahoo.fr
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