V – L’Afrique à l’époque tardive
p. 87-109
Texte intégral
1Les sources littéraires demeurent cette année encore abondantes sur cette période, dominées de façon compréhensible par l’œuvre d’Augustin, alors que les Passions restent, comme dans la précédente livraison de la B.A.A.A., peu représentées. Il convient de rappeler aux lecteurs que la B.A.A.A. ne recense pas, ou rarement, les travaux de théologie.
A – L’Afrique romaine
Sources
2Une étude générale constitue le préambule à cette section. (482) Pelttari A., The Space that Remains. Reading Latin Poetry in Late Antiquity, Ithaca (New York)-Londres, 2014, XI-190 p., 2 index, interroge trois grands poètes de la fin de l’Antiquité latine, Ausone, Claudien et Prudence, pour définir leurs spécificités, en les confrontant à leurs contemporains (Augustin, Jérôme, Macrobe, Fulgence, le genre des centons) et en s’intéressant à la réception de la culture classique et aux questions d’intertextualité. Les travaux mentionnés à la suite traitent plus spécifiquement d’auteurs païens, ou du moins dont l’œuvre ne dénote aucun caractère chrétien. Martianus Capella est d’abord évoqué, en commençant par ses sources d’inspiration avec (483) De Nonno M., “Manuali brevi” di metrica latina e caratteristiche d’autore : con anticipazioni sul De arte metrica di Marziano Capella, dans Scholae discimus. Pratiques scolaires dans l’Antiquité Tardive et le Haut Moyen Âge, édit. Longobardi C., Nicolas C. et Squillante Saccone M., Paris, 2014, p. 67-92. La Tétrarchie a enclenché un mouvement de retour aux traditions, y compris culturelles. L’enseignement tardo-antique intègre alors des traités dédiés au bien dire, au bien écrire et à la métrique. L’a. évoque ici quatre opuscules qui ont précédé et inspiré Martianus Capella. Ils sont brefs et s’affichent comme des manuels de notions de prosodie et des répertoires plus ou moins riches de vers. Il s’agit du De metris Horatianus du grammairien Atilius Fortunatianus, du De metris de Mallius Theodorus, du Centimeter de Servius et du De arte metrica d’un anonyme nommé Sergius. (484) Martianus Capella, Les noces de Philologie et de Mercure, Tome I, Livre I, texte établi et traduit par Chevalier J.-F., Paris (Collection des universités de France. Série latine, 407), 2014, CXIV-183p. Le premier tome de cette œuvre originale datée des années 429-430 vient après d’autres tomes parus depuis 2003 dans la même collection. L’introduction renseigne sur l’œuvre et surtout sur le livre I de manière alerte et non moins scientifique, puis sur la tradition manuscrite. Le texte latin et sa traduction sont suivis, comme à l’habitude dans cette collection, de notes complémentaires nourries. (485) Romano Martín S., El tópico del senatus deorum en Marciano Capela, dans Manipulus studiorum : en recuerdo de la profesora Ana María Aldama Roy, édit. Callejas Berdonés M.T. et alii, Madrid, 2014, p. 871-878. Martianus Capella a eu recours au topos du senatus deorum, qui était habituel à l’encyclopédisme du Ve s. (486) Lecerf A., Une énigme arithmologique de Martianus Capella (VII, 729), dans Revue des Études latines, XCII, 2014, p. 6-9, propose le nom de Diespiter pour correspondre au chiffre 717 avec lequel Arithmétique salue Jupiter (VII, 729). (487) Huh M.-J. et Comella J.P., Pour un index des références latines aux Oracles. Les exemples de Marius Victorinus et de Martianus Capella, dans Oracles chaldaïques : fragments et philosophie, édit. Lecerf A., Saudelli L. et Seng H., Heidelberg, 2014, p. 195-230. Cette étude est une introduction à un recensement futur des références aux oracles chaldaïques dans la littérature latine. Deux cas différents de cette réception sont examinés ici, seul celui de Martianus Capella (p. 218-230) nous retiendra. Le philosophe païen s’y intéresse surtout dans les deux premiers livres de son traité : les auteurs procèdent à un relevé précis des références chaldaïques et concluent que Martianus présente la littérature et la philosophie païennes comme une vérité révélée : les Noces sont à leur tour des oracles. Il est ensuite question de Macrobe avec (488) Cardigni J., Rasgos didácticos e identidad romana en los Commentarii in Somnium Scipionis de Macrobio, Auster, XIX, 2014, p. 57-69, rés. angl. L’analyse des aspects didactiques de l’œuvre permet de préciser la façon dont Macrobe construit son autorité comme magister. Sont également précisés les contenus de cet enseignement et la transmission d’éléments culturels en relation avec l’identité romaine dans une période de crise. (489) Deroux C., Buvait-on de la « polenta » ? (Macrobe, Sat. 7, 15, 10), dans Latomus, LXXIII, 3, 2014, p. 790-793, démontre que cette polenta était un breuvage composite, à base d’eau aromatisée et de polenta (bouillie d’orge), et c’est cette dernière qui lui a donné son nom, par métonymie. L’œuvre de Caelius Aurelianus est évoquée par (490) Hamar T., On terminology of disease in the work of Caelius Aurelianus, dans Graeco-Latina Brunensia, XIX, 1, 2014, p. 51-59, rés. slovaque. Le traité de Caelius Aurelianus, intitulé De morbis acutis et chronicis libri VIII, est la traduction d’un traité perdu de Soranos. Les termes latins relatifs au champ de la pathologie apparaissent presque toujours avec les termes grecs, ce qui permet d’avoir une très bonne base pour étudier le développement de la terminologie médicale. (491) Humar M., Et quid ultra ? Rhetorische und sprachliche Techniken bei Caelius Aurelianus : zur Vermittlung medizinischen Wissens in der Antike, dans Philologus, 158, 1, 2014, p. 166-182, rés. angl. La dimension rhétorique et littéraire du traité de Caelius Aurelianus De morbis acutis n’a pas encore été étudiée, alors qu’elle est reconnue pour d’autres textes médicaux. Ces techniques de communication faisaient partie de la relation médecins/patients, et les médecins se livraient même à des compétitions oratoires pour convaincre de la qualité de leur art. Les études se rapportant aux auteurs chrétiens écrivant en prose sont citées à la suite, en commençant par Lactance. (492) Kaltio O., Valuing Oracles and Prophecies: Lactantius and the Pagan Seers, dans Studies in ancient oracles and divination, édit. Kajava M., Rome, 2013, p. 199-213. Dans son traité apologétique Institutiones diuinae, Lactance utilise souvent les oracles sibyllins et ceux d’Apollon, les traités hermétiques et les prophéties d’Hystaspes afin de convaincre les lecteurs païens que le christianisme est la uera sapientia. L’auteur examine la hiérarchie qu’il introduit entre témoignages humains et témoignages divins, puis la validité qu’il leur accorde : le critère est leur proximité avec les prophéties bibliques. (493) Coleman A.P., Lactantius and “Ressourcement” : Going to the Sources of Religious Liberty in the Civic Order, dans Vox Patrum, XXXIV, n° 61, 2014, p. 209-219, rés. polonais, examine, en comparant avec les débats dans l’Église catholique et les mesures récentes prises par les conciles depuis le pape Jean XXIII, les arguments en faveur de la liberté religieuse avancés par Lactance, et montre l’influence qu’il eut sur le magistère chrétien concernant ce thème. Le principal argument est la dignitas humana. Lactance reprend les arguments de Tertullien, mais en les adaptant au contexte des persécutions de son temps. Évoquons Parménien avec (494) Wilhite D.E., True Church or True Basilica? The Song of Songs and Parmenian’s Ecclesiology Revisited, dans Journal of Early Christian Studies, 22, 3, 2014, p. 399-436. L’œuvre de Parménien, évêque donatiste de Carthage, est essentiellement connue à travers le prisme déformant qu’en propose Optat de Milève dans son Traité contre les donatistes, qui est destiné à réfuter le traité en cinq livres de Parménien contre « l’Église des traditeurs ». L’a., bien conscient de ce biais, propose une relecture critique d’un motif de cette œuvre : celui de l’Église – épouse du Christ décrite comme telle dans le Cantique des Cantiques – qui a reçu six dotes, c’est-à-dire six présents. Si pour Optat, l’image renvoie uniquement à son Église, c’est-à-dire à l’Église catholique, le terme d’Église désignant ici la communauté des fidèles et non un bâtiment cultuel, Parménien aurait eu, d’après l’auteur de l’article, une autre idée en tête. L’évêque donatiste de Carthage aurait en effet compris ce motif comme s’appliquant à son église entendue au sens matériel du terme, autrement dit à la basilique dans laquelle il officiait. Dans ce contexte, les dotes doivent donc être comprises non comme des qualités abstraites mais comme des éléments très concrets du mobilier liturgique de cette basilique. Une présentation du thème de l’Église épouse du Christ dans le Cantique des cantiques chez les auteurs chrétiens du IVe siècle puis du dossier archéologique des basiliques chrétiennes de Carthage au IVe siècle précède la démonstration proprement dite. Nous en venons à l’évocation des travaux consacrés aux passions, dont le dernier est dédié aux passions donatistes. (495) Sales-Carbonell J., Roman Spectacle Buildings as a Setting for Martyrdom and its consequences in the Christian Architecture, dans Journal of Ancient History and Archaeology, I, 3, 2014, p. 8-21, commente divers passages de deux traités de Tertullien (l’Ad martyros et l’Apologeticum) pour illustrer l’impact « idéologique » du martyre chrétien : certains lieux sont marqués par des passions, comme celle de Perpétue et Félicité dans l’amphithéâtre de Carthage, celle de Maxima, Secunda et Donatilla dans l’amphithéâtre d’une ciuitas turbitana non identifiée (Thuburbo Maius ou Thuburbo Minus). (496) Id., Implantación de iglesias en edificios de espectáculos romanos : orígenes de un proceso de medievalización de la ciudad antigua, dans Studi Romani, LXII, n. 1-4, 2014, p. 71-102, s’intéresse aux deux mêmes passions qui se sont déroulées, comme bien d’autres, dans des lieux consacrés aux ludi. (497) Ménard H., Violences polysémiques et construction mémorielle : la Passion de sainte Salsa de Tipasa, dans Antiquité tardive, XXII, 2014, p. 235-243, rés. angl. La narration est centrée sur trois épisodes de violence : la destruction de l’idole par Salsa et la comparaison avec Judith, le lynchage de Salsa, enfin son intercession post mortem qui entraîne la défaite de Firmus. Le but est de légitimer le martyre et la sainteté, de contribuer à élaborer un processus de mémoire et de construire une communauté autour d’actes violents. (498) Fialon S., Images de guerre dans quelques passions donatistes africaines, dans Guerre (La -) dans l’Afrique romaine, p. 229-243. Voici une étude des Passions donatistes, dont les martyrs sont les soldats de Dieu et le langage triomphal l’une des marques identitaires du donatisme : la persécution est représentée comme le déclenchement d’une guerre, toutes les violences y sont réunies, le pouvoir est oppresseur et la communauté agressée est la militia Christi. Ce passage en revue des sources chrétiennes s’achève avec une publication consacrée aux conciles africains. (499) I canoni dei concili della chiesa antica, II. I concili latini, 4. I concili africani, édit. Di Berardino A., Pilara G. et Conti M., Rome (Studia Ephemeridis Augustinianum, 141), 2014, 295 p. Après une introduction et une bibliographie générale (p. 23-26), ce sont onze conciles africains, de celui de Carthage en 345-348 à un autre concile carthaginois de 536, qui sont présentés : pour chacun, on a une courte introduction, le texte latin et une traduction en italien.
3La mention de nouvelles éditions de l’œuvre de l’évêque d’Hippone introduit les études augustiennes. (500) Augustine, Confessions. Volume I, Books 1-8, édit. Hammond C. (Loeb Classical Library, 26), Cambridge-Londres, 2014, 413 p. Ce volume correspond à la première partie d’une nouvelle édition/traduction (en anglais) des Confessions d’Augustin. Une introduction, une bibliographie et une chronologie ouvrent le volume, qui contient les huit premiers livres des Confessions. Le volume II, qui contient les autres livres, est paru en 2016. (501) Augustinus Opera Werke. Band 30, Ad Cresconium, édit. Sieben H.J., Paderborn, 2014, 537 p., 7 index. Cette édition s’attelle au Contre Cresconius, ce traité d’Augustin (405-406) qui fournit la synthèse de la controverse antidonatiste : Augustin y répond point par point, en quatre livres, à une lettre que le grammairien donatiste Cresconius lui a envoyée. Ainsi la restitution de cette lettre est-elle possible à partir des informations et des citations que fournit Augustin (p. 19-32). L’éditeur réunit aussi les citations issues des sources historiques auxquelles Augustin a eu recours dans son argumentation. En revanche, la traduction n’est pas assortie d’un commentaire. (502) Il De magistro di Agostino. Introduzione, testo, traduzione e commento, édit. Bisogno A., Rome, 2014, 241 p., index. Cette édition/traduction (en italien) du De magistro d’Augustin – dialogue qui met en scène Augustin lui-même et son fils Adéodat – est précédée d’une riche introduction. De nombreux éléments de commentaire figurent dans les notes infrapaginales. Plusieurs index (index des noms, index biblique, index thématique) complètent l’ensemble. (503) Augustin, De peccatorum meritis et remissione (Salaire et pardon des péchés), texte du CSEL, trad. Moreau M. et Ingremeau C., introduction et notes Delaroche B., (Bibliothèque augustinienne, 19), Paris, 2013, 650 p. La Bibliothèque augustinienne s’enrichit d’un nouveau volume avec cette édition bilingue du De peccatorum meritis et remissione, première œuvre anti-pélagienne qu’Augustin aurait composée en deux phases entre la fin de l’automne 411 et le printemps 412. Le texte latin et la traduction française sont accompagnés de notes infraginales et précédés d’une solide introduction. S’y ajoutent des notes complémentaires très détaillées, une bibliographie et des tables des références. (504) Augustin, Les commentaires des psaumes = Enarrationes in psalmos : Ps 32-36, édit. Dulaey M., collab. Bochet I, Bouton-Touboulic A.-I., Hombert P.-M. et Perrin M.-Y., Paris (Bibliothèque augustinienne, 58 B), 2014, 632 p. Le volume regroupe les différentes prédications consacrées par Augustin aux Psaumes 32 à 36, datables des années 403-407, dans lesquelles la thématique anti-donatiste occupe une place importante. Le texte latin (qui correspond fondamentalement à celui établi par C. Weidmann pour les Enarrationes, 32, 1, 32, 2 et 36, 6 et à celui établi par D.E. Dekkers et J. Fraipont pour les autres Enarrationes) et la traduction française de chaque Enarratio sont précédés d’une introduction parfois assez importante (en particulier celle qui est consacrée à l’Enarratio sur le Psaume 36, dont la première partie constitue une mise au point récente sur la crise donatiste) et accompagnés de notes infrapaginales. Des notes complémentaires plus détaillées sont regroupées en fin de volume. Un avant-propos, des éléments de bibliographie et deux index complètent l’ensemble.
4Le volume des études consacrées aux sources augustiennes ne faiblit pas, et doit particulièrement cette année à un volume collectif consacré aux Confessions. Nous faisons mention, avant de l’évoquer, de deux travaux portant sur la place de l’héritage classique et la rhétorique dans les écrits d’Augustin. (505) Pucci J., Augustine’s Virgilian retreat : reading the auctores at Cassiciacum, Toronto (Ont.), 2014, XVI-192 p., index, suit, à travers l’œuvre d’Augustin, depuis Cassiciacum jusqu’aux soliloquia et au De doctrina christiana, comment Augustin a fait de l’héritage classique, notamment de Virgile, une base de sa méthode pédagogique et philosophique. (506) Aubin J., Augustin et la rhétorique à la fin du IVe siècle : quelques liens entre le De doctrina christiana et de De rhetorica, dans Revue d’études augustiniennes et patristiques, LX, 1, 2014, p. 91-110. L’a. revient sur la question de l’authenticité du traité pseudo-augustinien De rhetorica, en le comparant au De doctrina christiana, qui est le seul traité dans lequel l’évêque d’Hippone présente des notions rhétoriques de façon théorique. Les deux textes utilisent notamment la notion d’intellectio, une notion assez rare qui n’apparaît qu’au IVe siècle. Tout comme l’auteur du De rhetorica, Augustin semble avoir été influencé par les méthodes rhétoriques néoplatoniciennes. Il n’est donc pas uniquement tributaire de Cicéron. (507) Augustine’s Confessions : Philosophy in Autobiography, édit. Mann W.E., Oxford-New York, 2014, XI-223 p., index. Les huit contributions contenues dans ce livre examinent les grands thèmes philosophiques qui traversent l’une des œuvres maîtresses d’Augustin : elles insèrent l’auteur dans le vaste patrimoine philosophique. (508) King P., Augustine’s Anti-Platonist Ascents, ibidem, p. 6-27. Augustin a rompu avec le platonisme quand il a compris que la progression en matière philosophique exigeait, dans la tradition platonicienne, une expérience érotique. Or, pour lui, la finalité de la philosophie est de permettre l’union avec Dieu en tant que guide. Pour P. K., cette conception de l’ascension philosophique serait inspirée d’Ambroise. (509) Eckenberg T., Practical Rationality and the Wills of Confessions 8, ibidem, p. 28-45, se concentre sur le rôle que la volonté a joué dans la conversion d’Augustin. Il s’oppose à la thèse portée par la tradition sur le sujet, notamment A. Dihle : à son avis, la volonté n’est pas une puissance d’action. L’expérience d’Augustin dans les jardins de Milan serait plutôt une « failure of rationality ». (510) Wolterstorff N., Happiness in Augustine’s Confessions, ibidem, p. 46-70, distingue la « béatitude » d’Augustin de celle des péripatéticiens et des stoïciens. Augustin reste malheureux même après sa conversion car il cède à la tentation de désirer autre chose que Dieu. Or, la seule joie possible est transcendantale. (511) Menn S., The Desire for God and the Aporetic Method in Augustine’s Confessions, ibidem, p. 71-107, examine la méthode aporétique d’Augustin : celui-ci échappe à l’aporie selon laquelle on ne peut chercher ce que l’on ne connaît pas en considérant que l’homme cherche le bonheur dans la vérité et que Dieu est la seule Vérité. (512) Mann W.E., The Life of the Mind in Dramas and Dream, ibidem, p. 108-134, s’intéresse à la condamnation du théâtre et à la lecture que fait Augustin de ses rêves érotiques, dans les deux cas des productions fictives de l’imagination. Augustin se sentait responsable de ses rêves. (513) Helm P., Thinking Eternally, ibidem, p. 135-154, porte sur la conception augustinienne du temps, en particulier celle de l’éternité. (514) Dutton B.D., The Privacy of the Mind and the Fully Approvable Reading of Scripture. Augustine on Genesis 1 :1, ibidem, p. 155-180, porte sur la lecture de Genèse 1.1 dont Augustin sait qu’elle n’est pas conventionnelle. (515) Tornau C., Intelligible Matter and the Genesis of Intellect. The Metamorphosis of a Plotinian Theme in Confessions 12-13, ibidem, p. 181-218, étudie comment, aux livres 12 et 13, la notion plotinienne de matière intelligible est transformée par Augustin, au service de sa lecture de la Genèse. (516) Nicolae F., The conversion of Saint Augustine : rhetoric, biblical erudition and artistic talent, dans Classica et Christiana, IX, 1, 2014, p. 185-193, rés angl. et roum., étudie les subtilités de la langue latine, associées au style biblique, qui font des passages dédiés à la conversion d’Augustin (L. VIII des Confessions) un modèle d’éloquence patristique, un véritable poème en prose au service de sa ferveur spirituelle. (517) Bruhat M.-O., L’extravagance dans le débat entre Augustin et les manichéens : écart et norme dans l’Écriture, dans Extravagances, p. 235-263. Augustin a retenu la leçon de son passé manichéen et il cherche constamment à préserver ses auditeurs d’une mauvaise interprétation des Écritures. Il défend l’Ancien Testament pour contredire les fictions jugées extravagantes des manichéens. Sa définition d’une exégèse juste implique la critique de celle prônée par les manichéens. L’étude s’appuie sur plusieurs passages des Confessions, dont les chapitres 10-21 du Livre III, mais aussi sur le Contre Faustus. (518) Marin M., Ironia irrisione sarcasmo : forme della polemica nell’omiletica agostiniana, dans Auctores nostri, p. 355-374. La présence de l’ironie dans l’œuvre d’Augustin n’a pas été examinée en détail. L’auteur analyse certains sermons où Augustin est particulièrement mordant, contre les superstitieux par exemple. (519) Drobner H.R., La Passio de san Vicente de Zaragoza según las prédicas de Agustín en el día de la fiesta (sermones 4 ; 274-277A ; 359B), dans Augustinus, LIX, 2014, 232-233, p. 17-45, considère qu’Augustin utilise la passio Vincentii dans certains de ses sermons. (520) Colantunono G., Quid faciunt hirci in grege Dei ? Parenetica, polemica e storia sociale in Aug., serm. 47, dans Auctores nostri, p. 435-458. Le sermon 47 d’Augustin explique Ézéchiel 34, 17, 31 : la communauté chrétienne y est présentée comme oues Dei, et Augustin mentionne les autres animaux évoqués par Ézéchiel, comme les caprins, dans le cadre de la polémique avec les donastistes. Le sermon complète notre connaissance des progrès de la christianisation et ses limites en Afrique du Nord au début du Ve siècle. (521) Van Neer J., Structure and Argument in Augustine’s Nativity Sermon 188, dans Augustinianum, LIV, 2, 2014, p. 467-495, propose une analyse de la structure du sermon 188 sur la Nativité, dont il montre qu’il s’agit d’un texte bien construit et élaboré avec soin. Il suggère une nouvelle division de ce sermon, dont la division traditionelle en trois chapitres et quatre sections proposée par les Mauristes ne rend pas justice à son bel équilibre rhétorique. Pour l’a., on doit distinguer une première partie qui s’intéresse à la distinction entre la divinité du Christ et son humanité ; une deuxième partie qui établit un contraste entre l’humilité de Dieu et l’orgueil de l’homme ; et une troisième partie qui se focalise sur une analogie entre la virginité de Marie et la virginité de l’Église. (522) Isetta S., Virtus invicta, si non sit caritas ficta (Aug., serm., 303, 5, 4) : la celebrazione del martire Lorenzo e la polemica contro i falsi cristiani, dans Auctores nostri, p. 419-435, rés. angl. p. 8, analyse le sermon d’Augustin consacré au martyre de Laurent et polémiquant sur les détracteurs de Cyprien. (523) Lamberigts M., Agustín sobre el matrimonio : una comparación del De bono coniugali y De nuptiis et concupiscentia, dans Augustinus, LIX, n° 234-235, 2014, p. 369-389, démontre que la position d’Augustin, depuis l’époque du De bono coniugali (en 401) à celle du De nuptiis et concupiscentia (en 418/419) est essentiellement la même : le mariage est un bien en soi. Dans le second traité, qui paraît en pleine controverse pélagienne, Augustin fait un recours bien plus large aux Écritures pour fonder sa vision du mariage et de la concupiscence en relation avec le péché originel. (524) Lagouanère J., Le schème de l’hebdomade dans les premiers écrits de saint Augustin, dans Revue d’études augustiniennes et patristiques, LX, 1, 2014, p. 33-65. Augustin utilise très fréquemment le schème de l’hebdomade dans ses œuvres. Mais si on s’accorde généralement à attribuer une origine biblique à ce schème dans les œuvres de la maturité, il n’en va pas de même pour les premiers écrits d’Augustin, où il apparaît dans une perspective philosophique : dans le De ordine, il sert à décrire l’échelle des sept disciplines qui permettent le déploiement de la raison et la saisie de l’Un, dans le De quantitate animae, les sept degrés de l’âme. Dans les deux cas, Augustin a probablement été inspiré par Porphyre. (525) Kenyon E., Platonic pedagogy in Augustine’s Dialogues, dans Ancient Philosophy, XXXIV, 1, 2014, p. 151-168, aborde les dialogues d’Augustin d’une manière inhabituelle – mais logique – c’est-à-dire comme des textes littéraires et des textes philosophiques. Il examine la méthode d’Augustin, d’abord dans le Contra academicos, puis dans les autres œuvres : chaque dialogue se déroule en trois étapes, et commence par un échange libre ; il est en quelque sorte une scène où se déroule la pièce (le drama) de l’enquête. (526) Steinhauser K.B., 2013 NAPS Presidential Address. From Russia with Love : Deciphering Augustine’s Code, dans Journal of Early Christian Studies, XXII, 1, 2014, p. 1-20, propose une étude sur le manuscrit Q. v. I. 3 de la Bibliothèque Nationale de Russie à Saint-Pétersbourg. Ce manuscrit, qui est le seul à transmettre la version primitive du De doctrina christiana d’Augustin, aurait été réalisé entre 397 et 427 en Afrique, sous la supervision directe de l’évêque d’Hippone. Il était destiné à l’évêque de Milan Simplicien, comme le suggère l’Epistula 37 d’Augustin adressée à ce dernier. Cette lettre se trouve d’ailleurs au début du manuscrit qui contient, outre le De doctrina christiana, trois autres œuvres d’Augustin : le De diuersis questionibus ad Simplicianum, le Contra epistulam Fundamenti et le De agone christiano. Composé en Afrique et envoyé en Italie, le manuscrit intégra à une date inconnue la bibliothèque du monastère de Corbie puis celle du monastère de Saint-Germain-des-Prés, avant d’achever son périple à Saint-Pétersbourg.
5L’épigraphie a également fourni quelque matière à réflexion. (527) Griffe M., L’évolution des formes métriques tardives dans les inscriptions d’Afrique romaine, dans Ἐν καλοῖς κοινοπραγία, p. 265-288, rés. angl. La documentation poétique africaine témoigne qu’à l’époque tardive la poésie classique connaissait encore une grande faveur en dépit de l’évolution de la langue qui avait altéré la longueur des voyelles, si importante pour la métrique. D’autres aspects de la création ont compensé cet affaiblissement du rythme : l’euphonie, le choix du vocabulaire, les figures de style. Une autre poésie naissait. De façon plus prosaïque, (528) Camodeca G. Un nuovo consularis Byzacenae di tardo IV secolo e i Tannonii di Puteoli, dans Arctos, XLVIII, 2014, p. 93-107, étudie des inscriptions de Puteoli (Pouzzoles) qui permettent de préciser l’histoire de la famille des Tannonii au IVe siècle. Tannonius Boionus Chrysantius est mentionné par une inscription gravée sur le socle d’une statue découverte sur le forum d’époque impériale : il aurait été proconsul de Byzacène dans une période comprise entre 375 et 390. L’a. complète la liste des gouverneurs de la province qu’avait établie A. Chastagnol en 1967, dans Antiquités africaines, p. 122-126. S’y ajoutent (---) Agricola, M. Aelius Candidianus en 323-326 ( ?), (---) Volusianus, que l’a. identifie hypothétiquement à C. Ceionius Rufus Volusianus, préfet du prétoire d’Italie en 354-355 ; (---) Priscus, en poste entre 350 et 425 et Manlius Crepereius Scipio Vincentius en 402-408. (529) Mackensen M. et Ziegler S., Spätantike Ostraka aus Gheriat el-Garbia (al-Qaryāt al-Garbīyah) in der Provinz Tripolitana (Libyen). Belege für eine regionale Variante des Punischen, dans Mitteilungen des Deutschen Archäologischen Instituts, Römische Abteilung, 120, 2014, p. 313-340, 18 fig. Des fouilles ont été faites en 2009 autour de la porta praetoria du fort de Gheriat el-Gharbia, en Tripolitaine orientale. Elles permettent de prouver qu’une unité, sans doute de limitanei, a occupé le fort entre les environs de 360/380 et 430/455. Neuf ostraca portant un texte ont été trouvés ; ils font connaître des variantes par rapport au néo-punique actuellement connu ; elles définissent une langue populaire qui devrait être appelée « sud-punique ». (530) Cook J.G., Maxentius’s Crosses : CIL VIII, 18261, dans Vigiliae Christianae, LXVIII, 2, 2014, p. 192-205. Cette inscription de Lambèse apporte un élément au débat sur Constantin et la fin de la crucifixion en Occident. Le texte semble bien s’adresser à l’empereur, qui est loué pour avoir mis fin aux crucifixions (cruces) et aux supplices, expression qui rappelle, semble-t-il, les atrocités commises par Maxence. L’a. pense que cruces désigne la peine de la crucifixion et souligne que les deux empereurs usaient de cette peine différemment. [Nous signalons une étude de l’ensemble du document dans Parure monumentale et paysage dans la poésie épigraphique de l’Afrique romaine. Recueil de Carmina latina epigraphica, édit. Hamdoune C., Bordeaux, 2016, p. 134-137]. (531) Hamidane M. et Hamdoune C., Deux inscriptions inédites de la nécropole tardive de l’école du docteur Saadane à Théveste, dans Aouras, VIII, 2014, p. 195-198, 2 fig. Les deux épitaphes chrétiennes appartiennent à une nécropole caractérisée par deux types de tombes : tombes sous tuiles et sarcophages recouverts d’une dalle parfois gravée. Nous rattachons à cette section une étude importante de numismatique : (532) Baldus H.-R. et Khanoussi M., Der spätantike Münzschatz von Simitthus/Chimtou, Simitthus, IV, Wiesbaden, 2014, 272 p., 84 pl. Ce trésor, découvert en 1993, en excellent état, comprend 1647 pièces d’or et une d’argent. C’est le plus important trésor de pièces d’or trouvé à ce jour. Il se compose de deux groupes bien distincts. 102 solidi datent de l’époque de Valentinien Ier et Valens, et ils ont été émis à Antioche. Le second groupe, plus abondant, correspond aux règnes des empereurs Honorius (876 pièces) et Arcadius (400) et provient d’ateliers situés en Occident, très majoritairement en Italie et à Sirmium, émissions qui sont à mettre en relation avec les opérations militaires en Europe. Le hiatus entre les deux périodes s’explique difficilement, comme les raisons de l’enfouissement, qui date de 423-425.
6Les données de l’archéologie sont présentées par sites suivant un ordre géographique, en commençant par la Tunisie. (533) Le Bohec Y., Les maisons de la cachette, dans Chrétiens persécuteurs, p. 395-402, fig., revient sur une découverte ancienne, faite par Paul Gauckler à la fin du XIXe siècle, à Carthage. Cet archéologue avait découvert une pièce, datée du IVe s., sans porte ni fenêtre, dans laquelle avaient été cachées des statues de dieux païens. Le même phénomène a été observé à Athènes et en Phrygie, à Afyonkarahisar. Cette concomitance prouve que les païens ont été victimes de persécutions (la destruction de leurs objets sacrés). En Algérie, (534) Laporte J.-P., Petits thermes tardifs de Sétif et jeux de l’amphithéâtre, dans Ikosim, III, 2014, p. 55-66, 15 fig. Cet établissement a livré des mosaïques et plusieurs d’entre elles portent des inscriptions (surtout CIL, VIII, 8510a). La pièce la plus intéressante est constituée par une scène d’amphithéâtre, montrant un homme qui s’abrite de l’agression d’un ours derrière une cochlea, un tourniquet. Cet établissement privé (et privé de bassin dans le frigidarium) date peut-être de la fin du IVe siècle ; il a aussi été attribué à l’époque vandale, mais ces Germains très chrétiens avaient interdit les thermes. (535) Id., Une maison-forte du IVe siècle : le Ksar el-Kaoua (Ammi-Moussa, Algérie), dans Centres de pouvoir, p. 467-508, 24 fig., retrace l’historique des recherches sur ce site et il en donne une description précise (plan général, différents éléments et mobilier). Une iconographie abondante accompagne le texte. Le Ksar aurait été construit au IVe siècle, et peut-être détruit vers 373. Cette enquête incite à « démilitariser » un certain nombre de sites qui l’avaient été abusivement au XXe siècle ; il faut tourner nos regards vers les fermes fortifiées, bien attestées dans d’autres parties de l’Afrique. [Cette remise en question avait déjà été entreprise par Grimal P., Les maisons à tour hellénistiques et romaines, dans Mélanges de l’École Française de Rome, LVI, 1939, p. 28-59, et plus tard à travers différents travaux de N. Benseddik]. Deux études, l’une sur la céramique, l’autre sur la mosaïque, achèvent ce paragraphe. (536) Mackensen M., Die Tierhetze (venatio) des Spielgebers Rufius Festus auf spätantiken nordafrikanischen Sigillataplaten mit Reliefdekor, dans Kölner Jahrbuch, XLVII, 2014, p. 237-260, ill. La vaisselle dite Haynes 56 provient du site de Sidi Marzouk Tounsi, vers El-Ala, à quelque 60 kilomètres au sud-ouest de Kairouan ; elle est datée en général du IVe et du début du Ve siècle. L’auteur commente plusieurs pièces. 1. Un plat représente deux bustes féminins séparés par un palmier, qui symbolisent la Maurétanie et l’Afrique. 2. Sur un autre, on voit le consul de 408, Anicius Auchenius Bassus. 3. Une représentation de chasse dans l’amphithéâtre à laquelle M. Mackensen attache plus d’importance : au centre, un uenator est agenouillé, face à un léopard. Tout autour, une frise porte des gladiateurs et des fauves. (537) Balmelle C., Les ateliers de mosaïstes à l’époque romaine : principaux acquis et questions en suspens, dans Centro y periferia, p. 1279-1288, 4 fig. L’a. fait un bilan des témoignages, surtout épigraphiques, dans l’Antiquité tardive, sur l’organisation du travail dans les ateliers de mosaïstes. Dans ce tableau d’ensemble, deux sites africains sont plus particulièrement évoqués, Kenchela et Hr El Errich. Le travail était divisé entre le pictor et le poseur de tesselles. Rares sont les images représentant un mosaïste, et la documentation doit s’appuyer sur les traces archéologiques de chantiers. Des mosaïstes pouvaient se déplacer pour exercer dans des provinces différentes.
Bibliographie
7En matière d’histoire événementielle, (538) Laporte J.-P., Les révoltés dans la guerre de Firmus en Maurétanie Césarienne (370-375), dans Guerre (La -) dans l’Afrique romaine, p. 121-242, 7 fig., s’intéresse à un conflit d’une grande violence, la révolte de Firmus et la campagne menée contre lui par Théodose, de 373 à 375, bien documentée par Ammien Marcellin. Il définit l’extension géographique de la révolte, puis il établit les groupes qui s’allièrent à Firmus (treize tribus, des cités, des notables qui devaient être des principes gentium, des donatistes, des troupes romaines dissidentes). Une annexe, p. 136-140, présente les trois domaines ruraux connus, à la fois résidence et castrum, propriétés de ces élites romano-libyques qui maintenaient un contrôle traditionnel sur les tribus : le praedium Sammacis, le Ksar el-Kaoua et un domaine au nom libyque (castra Sene ou Seneg) près d’Ammi Moussa. Le même sujet est abordé par (539) Id., La révolte de Firmus, dans Hommage à Kadria Fatima Kadra, p. 61-87, 2 fig. Abordant les épisodes religieux, (540) Romanacce F.-X., Étude de la catégorisation dans la répression religieuse : le donatisme, parti, schisme, hérésie, dans Chrétiens persécuteurs, p. 91-138, observe que la distinction schisme-hérésie n’entrait pas dans les catégories de pensée de l’Antiquité. Il rappelle aussi que le donatisme est né de la désignation du diacre Caecilianus comme évêque au siège de Carthage, en 311. Le mouvement donatiste refusa cette désignation, la jugeant illégitime. Il n’apparaît d’abord, dans les sources, ni comme une hérésie ni comme un schisme. Il est plutôt un parti et la désignation de « donatistes » vise à le discréditer. La législation de 405 constitue un tournant dans la répression de ce mouvement qui devient aux yeux de ses adversaires, et pour la première fois, une hérésie, et non pas un schisme. Puis l’affaire de Crispinus, qui couvrit de son autorité l’auteur d’un guet-apens contre un catholique, rendit possible ce tournant. Il y eut répression violente, parce que les donatistes étaient accusés à la fois de schisme et d’hérésie, l’hérésie n’étant qu’un élément aggravant du schisme. (541) González Salinero R., Quodvultdeus y la resistencia católica a la conquista vándala del norte de África, dans Conquistadores y conquistados, p. 325-335. Quodvultdeus ne pouvait pas abandonner ses fonctions car il a exercé son ministère pendant la conquête vandale ; il est intervenu dans tous les domaines où on l’attendait. Les deux études suivantes font la transition entre la fin de l’Antiquité, et le début de l’époque médiévale. (542) Le Maroc médiéval. Un empire de l’Afrique à l’Espagne, édit. Lintz Y., Delery C. et Tuil-Leonetti B., Paris, 2014, 612 p., ill. en couleurs, cartes, plans. Cet ouvrage d’art destiné à accompagner une exposition au Musée du Louvre (17 octobre 2014-19 janvier 2015) aborde rapidement le Maroc antique dans un chapitre intitulé De l’Antiquité tardive au Maghreb al-Aqsa : le Maroc idrisside, p. 100-141 : les pages 100-104 exposent les problématiques liées à la romanisation en Afrique du Nord, puis la situation connue à Volubilis, après le retrait des Romains, par les fouilles et quelques inscriptions. Trois objets trouvés à Volubilis sont présentés : fig. 20, la stèle funéraire de Joseph, fils de Rabbi, en hébreu (IVe s. ?) ; fig. 21, une lampe à huile (IVe-Ve s.) ; et, fig. 22, un encensoir importé du Proche-Orient (VIe-VIIe s.). (543) Hassab S., La Maurétanie Tingitane de Dioclétien à Justinien : l’exemple de Ceuta, dans Centres de pouvoir, p. 315-330, 5 fig., 1 annexe (Tableau chronologique de Septem Fratres/Septon/Sabta/Ceuta). L’étude de cette ville pendant « les siècles obscurs », du IIIe au VIe siècle, permet de mieux comprendre l’histoire de cette cité. Le destin politico-économique de la région où elle se trouvait est singulier : une partie du territoire est restée entre les mains des autorités vandales, byzantines ou wisigothiques, l’autre partie a été prise par les tribus africaines. [Nous conseillons au lecteur de se reporter aussi à l’ouvrage de N. Villaverde Vega, cité B.A.A.A., XXXV [2001], 2007, n° 666].
8Cette année commes les précédentes, les études thématiques ont largement trait à la religion chrétienne, à travers la personnalité et l’œuvre d’Augustin. Avant de considérer cet aspect, il faut faire mention de deux travaux liés à la vie administrative provinciale et à la vie des cités à la fin de l’Antiquité. (544) Tantillo I., Praesides, comites duces. La Tripolitania e l’amministrazione dell’Africa tardo-romana, dans Antiquité tardive, XXII, 2014, p. 177-194, rés. angl., envisage l’administration de la Tripolitaine depuis sa création, à l’époque tétrarchique, jusqu’aux dernières mentions de la présence romaine. La province est à la fois emblématique de l’évolution générale de l’empire, et spécifique. Elle permet d’appréhender la manière dont le gouvernement central a traité les districts frontaliers, la répartition des pouvoirs entre civils et militaires, les relations interprovinciales entre les autorités. Sont aussi évoqués les liens entre celles-ci et l’assemblée provinciale, les cités et leurs élites. (545) Curchin L.A., El fin de los magistrados locales en el Imperio romano, dans Gerión, XXXII, 2014, p. 271-287, estime que les études consacrées aux magistratures locales au Bas-Empire ne sont pas satisfaisantes puisqu’elles n’expliquent ni quand ni pourquoi ces charges ont disparu. L’auteur s’appuie sur les sources juridiques, papyrologiques et littéraires pour examiner à frais nouveau le cas des magistrats réguliers et des quasi-magistrats, tels le curator, le defensor et le pater ciuitatis (non attesté en Afrique). La raison principale de cette disparition est, pour l’a., le fait que les magistrats n’ont pas réussi à restreindre leurs dépenses ni à proteger les plébéiens. Quelques inscriptions africaines y trouvent place : ILAlg, II/2, 4636 (Thibilis), CIL, VIII, 17824 (Thamugadi), ILAlg, I, 2107-2108 (Madauros). (546) Baratte F., Villes et campagnes : quelques remarques à propos de l’Afrique, dans Centro y periferia, p. 1779-1789, 5 fig., exploite le dossier d’Antonius de Fussala et d’Augustin pour introduire la question des relations villes-campagnes à l’époque tardive et celle de l’organisation de l’Église. Puis il souligne la diversité des situations que révèlent les rapports archéologiques ou les Tablettes Albertini. L’impact de la conquête vandale est difficile à déterminer et l’on constate l’irruption de la campagne dans les villes avec l’installation d’huileries ou de fours de potiers, alors que subsiste l’idéal urbain jusque dans la période byzantine. Passons au domaine de la religion avec une étude sur le polythéisme proposée par (547) Pereira da Silva D., Lactâncio e a Polêmica sobre o surgimento do politeísmo, dans Praesentia, XV, 2014, p. 1-14, rés. angl. Lactance né en Césarienne, mais qui a effectué sa carrière à Nicomédie puis auprès de Constantin, a écrit sur la genèse du polythéisme, thème qu’examine cet article (n.u.). Plusieurs travaux envisagent sous différents aspects, notamment celui de la langue, la littérature juive et chrétienne, à l’exemple de (548) Eskhult J., The primeval language and Hebrew ethnicity in ancient Jewish and Christian thought until Augustine, dans Revue d’études augustiniennes et patristiques, LX, 2, 2014, p. 297-347. L’a. s’intéresse au thème de la langue originelle et de l’ethnicité hébraïque chez les auteurs juifs et chrétiens de l’Antiquité. Il montre notamment de quelle manière la langue originelle fut identifiée à l’hébreu par le judaïsme hellénistique et pourquoi cette conception a été reprise par la patristique grecque et latine. L’analyse des conceptions d’Augustin occupe une place importante dans cet article, qui consacre par ailleurs deux pages au témoignage de l’évêque d’Hippone sur la proximité existant entre le punique et l’hébreu. (549) Denecker T., Heber or Habraham? Ambrosiaster and Augustine on Language History, ibidem, LX, 1, 2014, p. 1-32. L’a. cherche à évaluer l’influence du modèle de l’histoire de la langue, établi à la fin du IVe siècle par l’Ambrosiaster, sur la vie intellectuelle de l’Église latine. Pour ce faire, il compare ce modèle à celui établi ensuite par saint Augustin : ces deux modèles ont en commun d’accorder une importance toute particulière au mot « hébreu », qui est à la fois un nom de langue et un nom de peuple. Pour l’a., il apparaît qu’Augustin connaissait l’idée de l’Ambrosiaster selon laquelle le mot « hébreu » dériverait du nom « Habraham » et qu’il l’a suivie au départ, avant de s’en écarter par la suite, en particulier dans le Livre XVI du De civitate Dei : il y privilégie une autre origine, le nom d’Heber, qui vécut plusieurs générations avant Abraham, au moment de la multiplication des langues (tour de Babel), et dont la maison conserva le privilège de parler la langue originelle. L’a. en conclut que, dans le domaine de l’histoire de la langue comme sur beaucoup d’autres sujets, l’Ambrosiaster eut une certaine influence sur la vie intellectuelle de l’Église latine. (550) Duley M., L’histoire de David lue par les écrivains des premiers siècles chrétiens. (1) Le roi caché, dans Revue d’études augustiniennes et patristiques, LX, 1, 2014, p. 175-212. L’exégèse des premiers auteurs chrétiens s’est engagée dans la voie tracée par la Bible où le roi est non seulement un prophète (et le Christ issu de sa descendance), mais où il est également considéré en général comme la figure du roi Messie. Cet article s’intéresse aux débuts du roi et, parmi les auteurs considérés, juge qu’Augustin a pris une part importante dans la mise en relief de la figure de David. La situation du judaïsme, et les relations entre juifs et chrétiens, sont envisagées par (551) Lanfranchi P., Des paroles aux actes. La destruction des synagogues et leur transformation en églises, dans Chrétiens persécuteurs, p. 311-335. Les destructions de synagogues sont attestées par des sources littéraires chrétiennes, par la législation et par l’archéologie. Cette violence n’est pas isolée : les sanctuaires des hérétiques et les temples des païens durent également les subir. Dans tous les cas, l’objectif était de « purifier » l’espace urbain. La Passion de sainte Salsa et les Acta Marcianae figurent dans la documentation utilisée. Suivant la même démarche, (552) Villey T., Juifs et judaïsme dans les passions de martyrs en Maurétanie Césarienne, dans Centres de pouvoir, p. 587-604, utilise les passions chrétiennes comme témoignages sur la situation du judaïsme. La Passion de sainte Salsa est à cet égard riche d’enseignement : la ville aurait abrité une synagogue, tout comme Carthage, édifices qui auraient été détruits à des dates difficiles à établir. Les Acta Marcianae montrent aussi l’hostilité qui a existé entre juifs et chrétiens, les premiers étant en partie responsables du martyre de Marciana. La passion de Victor de Césarée est aussi à voir pour éclairer ce contexte. Il y avait donc des juifs à Césarée et à Tipasa, et leurs rapports avec les chrétiens étaient « tendus », ce qui est pour le moins un euphémisme. Quant au pouvoir impérial, il n’a pas pris avec ardeur la défense de cette communauté. La reconnaissance officielle du christianisme est abordée par (553) Ramelli I.L.E., Constantine and the Legal Recognition of Christianity. El reconocimiento legal del cristianismo y sus antecedentes, dans Vox Populi, XXXIV, 61, 2014, p. 55-72, rés. angl. et esp. En se fondant sur un sénatus-consulte de 35, Constantin transforme le christianisme, alors superstitio illicita, en une religio licita. L’auteur étudie quel était l’objet de ce SC, connu par Tertullien, Apol., V, 2, et Porphyre, et le replace dans le contexte du règne de Tibère qui avait tenté de légaliser cette religion ; à sa suite plusieurs autres empereurs ont également eu ce projet. C’est à la question de l’identité chrétienne que s’intéresse (554) Rebillard É., Les chrétiens de l’Antiquité tardive et leurs identités multiples. Afrique du Nord, 200-450 après J.-C., traduit de l’anglais par Hasnaoui A., Paris, 2014, 240 p. Pendant longtemps, l’étude de la vie religieuse dans l’Antiquité tardive s’est appuyée sur l’idée que juifs, païens et chrétiens étaient en grande partie des groupes distincts, séparés par des marqueurs explicites en matière de croyances, de rites et de pratiques sociales. Cependant, depuis quelques années, des études ont révélé à quel point les identités dans le monde romain tardif étaient multiples et brouillées par les différences ethniques, sociales et sexuelles. Pour les chrétiens de cette période, la christianité n’était ainsi que l’une des identités disponibles parmi de nombreuses autres. Dans cet ouvrage, É. R. explore la manière dont les chrétiens d’Afrique du Nord, entre le IIe et le milieu du Ve siècle, choisissaient les moments et les contextes dans lesquels ils s’identifiaient comme chrétiens. La question du baptême est analysée par (555) Ployd A.D., The Power of Baptism: Augustine’s Pro-Nicene Response to the Donatists, dans Journal of Early Christian Studies, XXII, 4, 2014, p. 519-540. Dans Tract. eu. Io. 5, Augustin défend une conception du baptême qui n’était pas celle de la tradition africaine, reprise par les donatistes, mais la conception nicéenne, liée au dogme trinitaire : la potestas du baptême vient non pas de l’évêque, mais du Christ et de l’Esprit Saint, elle ne peut donc être contestée. (556) García Mac Gaw C., Tradition et transmission. Augustin, Cyprien et la question du baptême dans le contexte du schisme donatiste, dans Dialogues d’histoire ancienne, XL, 1, 2014, p. 109-123, montre comment Augustin, dans le De baptismo, a exploité les écrits de Cyprien pour les mettre en adéquation avec la théologie catholique du IVe s. Il récupère ainsi la figure de « héros » qu’est devenue Cyprien dans une perspective absolument anhistorique. La perception du monde et de la société d’un point de vue chrétien est étudiée à partir des écrits d’Augustin par (557) Cambronne P., Saint Augustin, un voyage au cœur du temps. 3, Du temps des promesses aux temps des fins. Une introduction à La Cité de Dieu, XVI, XII-XXII, Pessac, 2013, 429 p., 3 index. L’a. continue son voyage au cœur de la Cité de Dieu et de ses différentes temporalités. Après deux tomes consacrés aux dix premiers livres du traité (sur l’Histoire de Rome : B.A.A.A., XLIV [2010], 2016, n° 737), et au « temps des commencements » (la Création du monde, B.A.A.A., XLV [2011], 2017, n° 666), ce volume établit des parallèles entre le temps des hommes et le temps de Dieu. (558) Bruno M.J.S., Political Augustinianism : Modern Interpretations of Augustine’s Political Thought, Minneapolis (Minn.), 2014, XVI- 347 p. (n. u.) est une étude sur les interprétations de la pensée politique d’Augustin depuis les années 1920. La vision d’Augustin sur les désordres que connaît l’empire est analysée par (559) Clarck G., Fragile Brilliance – Augustine, decadence, and “other antiquity”, dans Décadence. “Decline and Fall” or “Other Antiquity”?, édit. Formisano M. et Fuhrer T., collab. Stock A.-L., Heidelberg, 2014, p. 35-52. Augustin, dans Ep., 169, 1, évoque en 415 une métaphore qui n’est pas celle du déclin, mais une chute brutale, dévastatrice, qui brise le fragile éclat du verre. C’est ainsi qu’il mentionne le sac de Rome, l’occupation de l’Espagne par les Vandales et les menaces qui pèsent sur l’Afrique. Ce n’est pourtant pas une image du déclin de l’empire, mais celle qui évoque la chute de l’âme qui se détourne de Dieu. La véritable histoire n’est pas celle de Rome, c’est celle de l’Écriture. (560) Lomiento V., Le argomentazioni antipagane nei Discorsi di Agostino sulla caduta di Roma, dans Auctores nostri, p. 397-418, rés. angl. p. 8. L’auteur analyse deux sermons qui évoquent la chute de Rome de manière différente : l’un déplace la responsabilité du dieu chrétien aux dieux païens, l’autre utilise plutôt la dialectique et des faits historiques. (561) Teissier H., Augustin. Sa résistance aux désordres de l’empire romain, dans Hommage à Kadria Fatima Kadra, p. 89-96. En s’appuyant sur des extraits des écrits de l’évêque, l’ancien archevêque d’Alger défend l’idée que celui-ci était lucide face aux désordres de l’empire et qu’il est possible de trouver dans l’œuvre d’Augustin les premiers éléments d’une réflexion de croyant sur les droits de l’homme et des gens et que tout doit conduire à la paix. Sous un autre angle d’approche de la société de son temps vue par Augustin, (562) Børresen K.E., Modelli di genere in Agostino, dans Le donne nello sguardo degli antichi autori cristiani. L’uso dei testi biblici nella costruzione dei modelli femminili e la riflessione teologica dal I al VII secolo, édit. Børresen K.E. et Prinzivalli E., Trapani (Esegesi, cultura e storia, 5, 1), 2013, p. 191-207, s’intéresse au modèle du genre transmis par Augustin, et qui prend forme principalement dans son exégèse de Gen. 1-3, combinée à des textes du Nouveau Testament. Il est ici étudié à travers les thèmes suivants : un Dieu et deux sexes, la Création, la chute primitive, la rédemption, la résurrection des femmes. Il faut souligner ce que la tradition catholique doit à Augustin : l’égalité des femmes et des hommes sur le plan du Salut est comprise comme un élément de l’infériorité de la femme. La faiblesse des hommes est perçue à travers la question du péché, analysée par (563) Squires S., Augustine’s changing Thought on Sinlessness, dans Augustinianum, LIV, 2, 2014, p. 447-466. L’a. montre que la pensée d’Augustin sur la possibilité d’être sans péché a évolué dans le cadre de sa controverse avec les Pélagiens. L’évêque adopte pour finir la position, exprimée notamment lors du concile de Carthage de 418, selon laquelle tous les hommes ont déjà péché. L’intérêt porté par Augustin à ses congénères n’en est pas moindre comme l’évoque plusieurs études telle que celle de (564) Eguiarte B.E.A., San Agustín y los pobres de su tiempo, dans Augustinus, LIX, 232-233, 2014, p. 47-76. Après un panorama général de la situation sociale à l’époque d’Augustin, l’auteur expose les motivations sprirituelles de l’évêque qui l’amenèrent à exercer son œuvre caritative. Puis il fournit une série d’exemples tirés de sa vie, illustrant l’attention qu’il portait aux pauvres. (565) Lagouanère J., L’amour du prochain dans les premiers commentaires pauliniens d’Augustin d’Hippone, dans Augustinianum, LIV, 1, 2014, p. 137-172, s’intéresse à la manière dont les épîtres de Paul – en particulier l’Épître aux Romains et l’Épître aux Galates – ont influencé Augustin dans sa tentative de définir l’amour du prochain. En analysant ses commentaires exégétiques dédiés aux épîtres de Paul et en les comparant à ceux de Marius Victorinus, de l’Ambrosiaster et de Jérôme, il met en évidence l’originalité de la pensée d’Augustin en la matière. Pour celui-ci, l’amour du prochain réside dans la capacité à reconnaître dans l’autre une image du Christ en raison de sa vulnérabilité même et à reconnaître qu’autrui est autant sujet d’espérance que soi-même. Cette conception de l’amour du prochain a été élaborée par Augustin alors qu’il menait une réflexion sur les conditions de réalisation de l’idéal cénobitique, réflexion qui aboutit à la rédaction de sa Regula. Ce dernier aspect conduit à évoquer la question de la renonciation aux biens matériels, étudiée dans le cas de Mélanie la Jeune par (566) Dunn G.D., The Poverty of Melania the Younger and Pinianus, dans Revue d’études augustiniennes et patristiques, LX, 1, 2014, p. 93-115. En s’appuyant sur une lecture attentive de l’Histoire lausiaque de Pallade, de la Vita Melaniae de Gerontius et des passages de l’œuvre d’Augustin relatifs au séjour de Mélanie la Jeune et de Pinianus en Afrique, l’a. remet en cause l’idée, défendue notamment par Peter Brown, selon laquelle Mélanie et Pinianus auraient entièrement renoncé à leurs richesses. Il montre que leur générosité exceptionnelle n’était pas la conséquence de la liquidation totale de leur patrimoine mais s’exerçait au contraire au moyen des revenus annuels générés précisément par ce patrimoine, dont une partie seulement, située dans les régions menacées par les peuples germaniques (Italie, Gaule, Espagne), fut vendue. En réalité, Mélanie et Pinianus sont toujours restés des gens riches, et c’est essentiellement afin de profiter de leur générosité que le peuple chrétien d’Hippone tenta de s’attacher la personne de Pinianus en cherchant – mais sans succès – à le faire ordonner prêtre. (567) Lançon B., Libanios et Augustin malades. Les confidences nosologiques de deux autobiographes dans le dernier tiers du IVe siècle, dans Ἐν καλοῖς κοινοπραγία, p. 289-304, rés. angl. Le premier discours de Libanios et les Confessions d’Augustin évoquent les maladies dont leurs auteurs ont souffert durant leur vie et dont ils ont parlé dans des termes très différents. Libanios est sans espoir et il se tourne vers les dieux, qui le soulagent un peu (son agoraphobie notamment). Le second fait un usage de la maladie et de la médecine dans un sens figuré, comme les autres auteurs chrétiens, et y recherche un sens. Ce qui les unit, c’est l’évocation de la souffrance individuelle dans des textes à caractère autobiographique : peut-être un élément de la porosité entre comportement chrétien et comportement païen ? Différents travaux se sont intéressés à l’idôlatrie, ainsi (568) Caseau B., Le sort de la statuaire à la fin de l’Antiquité, dans Technè, XL, 2014, p. 106-113, rés. angl. Les sources littéraires de l’Antiquité tardive et du haut Moyen Âge, notamment Minucius Felix (Octavius, 14, 6 et 24, 5), critiquent l’attrait pour les sculptures antiques, divines ou profanes, l’emploi de matériaux précieux et les artifices de l’art qui rendent trop réalistes les statues. Elles dénoncent aussi la dévotion qu’elles suscitent et rappellent qu’elles sont inanimées (Augustin, Ep., 47). Les récits hagiographiques dénoncent la présence de démons dans ces statues et prônent leur destruction. (569) Monno O., L’idolatria nella polemica antipagana dei Sermones di Agostino, dans Auctores nostri, p. 375-396. Les Sermons d’Augustin présentent les païens comme des idolâtres, dont certaines pratiques survivent dans la communauté chrétienne. (570) Saudelli L., « Dieu » ou « démon » de Socrate ? Augustin contre Apulée, dans Revue d’études augustiniennes et patristiques, LX, 1, 2014, p. 67-90, s’intéresse à la polémique d’Augustin contre Apulée à propos du démon de Socrate, que le philosophe de Madaure qualifie de dieu dans le titre de son opuscule De deo Socratis. Elle examine l’argumentation de l’évêque d’Hippone (contenue pour l’essentiel dans les livres VIII et IX du De ciuitate Dei) qui vise à discréditer la conférence démonologique d’Apulée. L’a. s’intéresse ensuite au thème de la médiation démonique évoquée par Apulée, à laquelle Augustin oppose la médiation christique, qui est la seule à même de sauver les hommes. L. S. revient, pour finir, sur l’opinion qu’Augustin avait de Socrate, notamment pour souligner que l’évêque d’Hippone attribuait au philosophe athénien une doctrine monothéiste. Nous en venons au donatisme avec (571) Zocca E., La voce della dissidenza : omiletica donatista fra testo, contesto e metatesto, dans Auctores nostri, p. 337-354, rés. angl. p. 7. Les donatistes utilisent les mêmes textes sacrés que les catholiques pour valoriser leur Église et discréditer leurs rivaux. (572) Rossi A., Muscae moriturae donatistae circumvolant. La costruzione di identità “plurali” nel cristianesimo dell’Africa romana, Milan, 2014, 426 p. Nous n’avons pa vu ce livre dédié aux donatistes, non diffusé en France. (573) Tringall A., …multos falsos deos non diuisi colunt (Aug., util. ieiun. 7, 9) : un “exemplum” paradossale in Agostino, dans Auctores nostri, p. 459-475, rés. angl. p. 8, analyse l’attitude d’Augustin contre les païens et les donatistes dans plusieurs sermons : pour lui, les erreurs des donastistes sont pires que celles des païens, car ils abandonnent leur Église. (574) Van Geest P., Agustín y el uso de la fuerza para reintegrar en la Católica a los herejes, dans Augustinus, LIX, 234-235, 2014, p. 417-466, aborde le problème de la violence dirigée contre les hérétiques en s’efforçant de répondre à trois questions : qu’est-ce qui conduisit Augustin à légitimer cette violence contre les donatistes ? quelle place tenait-elle dans le retour des hérétiques au sein de l’Église ? quels principes essentiels fondaient la conception de la violence chez Augustin ? (575) Id., Quid dicam de vindicando vel non vidicando? (Ep. 95, 3). Augustine’s Legitimation of Coercion in the Light of His Roles of Mediator, Judge, Teacher and Mystagogue, dans Violence in Ancient Christianity: Victims and Perpetrators, édit. Geljon C. et Roukema R., Leyde-Boston, 2014, p. 151-184. Augustin n’était pas opposé à l’usage de la violence, mais il n’a jamais explicité ce qu’il entendait par « violence ». L’a. propose d’étudier l’évolution d’Augustin en la matière ainsi que les différents rôles qu’il joua vis-à-vis des donatistes (juge, enseignant, mystagogue). Cette section s’achève sur un dernier aspect, organisation et vie de l’Église africaine. (576) Eguiarte B.E.A., La ep. 84 de san Agustín, ¿ un diácono que habla púnico o latín ?, dans Augustinus, LIX, 2014, 234-235, p. 255-263, s’intéresse au rôle des diacres en Afrique au temps d’Augustin, en s’appuyant sur le témoignage de l’évêque d’Hippone dans plusieurs de ses écrits : ils jouaient un rôle d’assistance aux plus pauvres, dirigeaient la prière commune du peuple, ou encore faisaient office de lecteurs. Ils pouvaient également exercer la fonction de tabellarius, qui les amenait à apporter les lettres d’Augustin à ses différents correspondants. L’a. se penche ensuite plus en détail sur l’Epistula 84, qui évoque l’un de ces tabellarii, le diacre Lucilus, qui aurait eu notamment pour fonction de prêcher la parole de Dieu en « langue punique » (c’est-à-dire la langue africaine locale). De fait, les diacres qui maîtrisaient le punique semblent avoir été peu nombreux dans l’Église d’Hippone, d’où l’importance de Lucilus pour Augustin. (577) Guédon S., Saint Augustin et les relations entre l’Afrique et l’Égypte de son temps, dans Voyages, déplacements et migrations, p. 109-132. Le témoignage d’Augustin décrit différents réseaux de relations et de niveaux d’échanges entre les deux régions. Lui-même ne s’est jamais rendu en Orient et ses informations sur l’Égypte sont issues de sources indirectes. Cependant, la crise arienne et les suites du concile de Nicée avaient déjà rapproché les sièges épiscopaux d’Afrique et d’Alexandrie et l’ensemble des échanges avec l’Égypte témoigne de préoccupations constantes : les crises qui secouent les communautés, les noms des titulaires des sièges épiscopaux, les normes énoncées pour la bonne marche des communautés. Sur ces sujets, Augustin a entretenu des relations épistolaires avec certains de ses homologues orientaux, et il a noué des contacts personnels avec Cyrille d’Alexandrie, en particulier à l’occasion de la crise pélagienne. Il s’est aussi intéressé aux pratiques chrétiennes en terre égyptienne et au monachisme. L’a. évoque le rôle des « prélats-légats » qui assuraient les liaisons entre les différents sièges épiscopaux. D’autres courants semblent avoir bénéficié de ces circulations, tel le courant hermétique.
B – L’Afrique vandale
9Comme à l’accoutumée, les travaux relatifs à cette période apparaissent moindres. Il convient de rappeler l’utilité, pour le lecteur, de se reporter également à la rubrique des Généralités.
Sources
10Les études mentionnées dans cette rubrique concernent exclusivement les sources littéraires. (578) Delattre A., Genséric et les Vandales. Sources et méthodes de construction d’une image dans les Panégyriques de Sidoine Apollinaire, dans Présence de Sidoine Apollinaire. Actes du colloque international, Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand, 19-20 octobre 2010, édit. Poignault R. et Stoehr-Monjou A., Tours, 2014, p. 177-192, rés. fr. et angl. p. 553, montre comment Sidoine Apollinaire, dans ses trois panégyriques composés en 455, 456 et 458, emprunte des motifs de la tradition épique pour construire la figure des Vandales, ouvrant ainsi la voie à l’épopée historique ultérieure, telle celle de Corippe. L’Afrique y paraît sous deux aspects antinomiques, à la fois comme un ennemi héréditaire et comme une partie de l’Empire. (579) Adamik T., Vocabulary of the Mytologiae of Fulgentius, dans Latin vulgaire, latin tardif X, p. 499-517, étudie 28 mots de ce latin tardif, par ordre alphabétique. Ces formes se caractérisent par un suffixe ou un préfixe, et par de nombreux emprunts au grec. Tous sont tirés de la langue parlée à l’époque de Fulgence. (580) Brodka D., Priskos und der Feldzug des Basiliskos gegen Geiserich (468), dans Griechische Profanhistoriker des fünften nachchristlichen Jahrhunderts, édit. Bleckmann B. et Stickler T., Stuttgart (Historia. Einzelschriften, 228), 2014, p. 103-120. Priscos, auteur d’un ouvrage sur l’histoire de l’empire byzantin au milieu du Ve s., a évoqué l’expédition malheureuse menée par Basiliscos, le beau-frère de l’empereur Léon, contre les Vandales en 468. Préparée dès 467 et assurée grâce à quelques succès en mer, l’expédition se dirigea vers Carthage, la flotte se regroupant au large du cap Bon. Priscos raconte que Genséric eut alors recours à une ruse et à la corruption pour retarder l’attaque, ce qui lui permit de vaincre la flotte byzantine et il accuse Basiliscos d’avoir trahi par cupidité. Les récits de Procope et de Théophane, qui s’appuient tous deux sur Priscos, présentent néanmoins des divergences sur plusieurs points importants. (581) Prokopios, The wars of Justinian, nouvelle édition révisée, traduction Dewing H.B, introduction et notes Kaldellis A., Indianapolis-Cambridge, 2014, XXXII-643 p. Les livres III et IV, aux p. 144-259, qui traitent de l’Afrique, des Vandales et des Maures, avec le récit des campagnes de Bélisaire, intéressent particulièrement nos régions. (582) Giovini M., Terenzio, Ovidio, Lussorio e le “dita che parlano in silenzio” di un. poet. syll. 22 Z ( = 111 R = 00 SB), dans Maia, LXVI, 2, 2014, p. 374-389, rés. angl. p. 388, s’intéresse à deux poèmes de l’Anthologie latine, l’un de Luxorius, l’autre d’un poète anonyme, qui concernent chacun la figure d’un pantomime. Puis il procède à une analyse détaillée du second poème en mettant en évidence les modèles dont la parodie a pu s’inspirer (Ovide, Cicéron, Quintilien, Térence). (583) El Rapto de Helena de Blosio Emilio Draconcio, édit. Marrón G. et La Fico Guzzo M.L., dans Circe, XVIII, 2014, p. 147-169, est la traduction en espagnol du huitième poème des Romulea, accompagnée de notes et d’une introduction. Les auteurs ont suivi l’édition d’É. Wolff (1996). (584) Stoehr-Monjou A., Une épigramme étiologique et érotique de la latinité tardive : Dracontius, De origine rosarum, dans Aphrodite-Vénus et ses enfants, p. 153-171, rés. angl. Les poètes latins tardifs, en particulier ceux de l’Anthologie latine, ont composé plusieurs pièces sur la rose. Ici, Dracontius rivalise avec Ovide en faisant l’étiologie de la rose, qui naît du sang de Vénus blessée par une épine. Plusieurs indices, en particulier le choix d’un vocabulaire à double sens, invitent à une seconde lecture, érotique, du texte, ce que confirme un autre poème de Dracontius, l’Épithalame de Johannes et Vitula (Romulea VII). (585) Tizzoni M.L., Dracontius and the Wider World: Cultural and Intellectual Interconnectedness in Late Fifth-Century Vandal North Africa, dans Dracontius and the Wider World, Networks and Neighbours, II, 1, 2014, p. 96-117, revient sur la question de savoir si les Vandales étaient gentils ou méchants. Dracontius, catholique, sénateur et carthaginois, intellectuel de surcroît, incite à penser que vivaient parmi eux des intellectuels liés aux centres européens. Il suffit de relire avec un esprit critique la Satisfactio et le De Laudibus Dei. Après avoir pris connaissance de cet article, on ne sait pas trop bien si les Vandales étaient cultivés, mais on nous dit que Dracontius l’était, ce dont nous ne doutons pas. (586) Stoehr-Monjou A., Les comparaisons épiques dans le De raptu Helenae (Romul. 8) de Dracontius, dans Bollettino di Studi Latini, XLIV, 1, 2014, p. 83-106. Les quatre comparaisons homériques du poème se définissent par des critères formels et par le fait qu’elles interrompent la narration. Elles ont pour fonction de renouveler l’epos, entre esprit d’Homère et poètes alexandrins ; elles créent aussi une cohérence dans l’œuvre de Dracontius grâce aux effets d’échos entre les poèmes. (587) Marrón G., Resonancias del sintagma candida bucula en el De raptu Helenae de Draconcio, dans Maia, LXVI, 2, 2014, p. 390-398. Dracontius souhaitait insérer Pâris dans le genre élégiaque au lieu du genre épique traditionnel. (588) Wolff É., Quelques notes sur Dracontius, dans Ἐν καλοῖς κοινοπραγία, p. 513-523, rés. angl. Les cinq notes qui composent l’article mettent l’œuvre du poète africain en relation avec des œuvres contemporaines : un passage du pseudo-Alexander d’Aphrodisias, et un autre de Fulgence de Ruspe dans l’Ad Thrasamundum ; la relation entre Dracontius et les poèmes perdus de Lucain est ensuite examinée puis les réminiscences de son œuvre dans des inscriptions africaines.
Bibliographie
11Peu nombreuses sont cette année encore les études consacrées à la période vandale. (589) Merrills A. et Miles R., The Vandals, Chichester-Malden, 2014, XIV-351 p., est la réédition de l’ouvrage publié en 2010 (B.A.A.A., XLIV [2010], 2016, n° 894). Une place particulière doit être faite à (590) Modéran Y., édit. Perrin M.-Y., Les Vandales et l’empire romain, Paris, 2014, 304 p., ill., notes en fin d’ouvrage. Ce livre posthume s’inscrit dans l’intérêt renouvelé pour ce peuple et pour l’Afrique vandale et il tiendra une place majeure dans ce champ d’études en dépit de son inachèvement. Dans l’introduction, M.-Y. Perrin, qui s’est chargé de la publication du manuscrit que préparait Y. Modéran au moment de son décès brutal, le 1er juillet 2010, rappelle la longue genèse du livre qui est « un monument, une voix, une intelligence, une recherche » prématurément éteints. Du manuscrit original, seuls les six premiers chapitres qui constituaient une première partie, étaient proches de la publication et font l’objet de cet ouvrage ; de la seconde partie, seuls une section du ch. 7 et un appendice sur les « Rostres vandales » pouvaient être édités. M.-Y. Perrin a également joint le projet de plan pour la seconde partie (p. 13). Le livre est constitué de trois parties (I. Les Vandales avant l’Afrique, II. L’invasion de l’Afrique. Lacerata omni prouincia, III. La puissance vandale) et de sept chapitres. (591) Oppedisano F., L’impero d’Occidente negli anni di Maioriano, Rome (Saggi di storia antica, 36), 2013, 404 p., appendice, 3 index. Le règne bref de Majorien (457-461) a été marqué par l’ambition de renouer avec les empereurs du IVe s., notamment par une politique militaire affirmée (l’empereur conduit l’armée en personne), ayant l’objectif de rétablir l’autorité romaine dans des régions perdues, l’Afrique, ou contestées, la Gaule. Trois chapitres sont donc consacrés à la question vandale qui est centrale au cours de ces années (ch. III, IV et IX) : ils abordent le sac de Rome par les Vandales en 454-455, la pression vandale sur les côtes italiennes et siciliennes au cours de l’année 456 ainsi que le désastre vandale en Corse ; enfin, la guerre vandale (p. 249-273), qui a occupé Majorien jusqu’à la fin de son règne, voit, en mai 460 à Elce, le sabotage par les Vandales de la flotte impériale qui préparait un débarquement en Maurétanie et le traité de paix conclu en novembre 460. On en ignore les termes, mais ils n’étaient sans doute pas favorables à Rome. (592) Buenacasa Pérez C. et Sales Carbonell J., Baleari, dans Encyclopedia of Ancient Christianity, dir. Di Berardino A., vol. I, Downers Grove (IL, USA), 2014, p. 319-321. Le roi vandale Hunéric oblige trois évêques des Baléares (Helias de Majorque, Macarius de Minorque et Opilius d’Ibiza) à se présenter à Carthage en 484 pour participer à la résolution du conflit avec les évêques ariens. (593) Gelarda I., Geilamir : Strategie, errori e nevrosi dell’ultimo re dei Vandali, dans Jahrbuch der Österreichischen Byzantinistik, LXIV, 2014, p. 105-118, rés. angl., étudie la guerre qui vit s’affronter l’armée byzantine et celle des Vandales (533-534) d’un point de vue militaire, à la lumière du récit de Procope : la désorganisation du royaume, la disproportion des forces en faveur des Byzantins, les erreurs stratégiques des chefs vandales, mais aussi sans doute la personnalité perturbée du roi, sont à l’origine de la défaite vandale.
C – De l’Afrique byzantine À l’Afrique musulmane
12Si ce dernier chapitre reste, comme pour les numéros précédents de la B.A.A.A., faiblement étoffé, il n’en témoigne pas moins de l’intérêt croissant pour cette époque de transition.
Sources
13Les sources littéraires sont concernées par quatre études. (594) Baratin M., À qui s’adresse Priscien ? Pédagogie et bilinguisme dans l’antiquité tardive, dans Scholae discimus. Pratiques scolaires dans l’antiquité tardive et le haut Moyen Âge, édit. Longobardi C., Nicolas C. et Squillante Saccone M., Paris, 2014, p. 35-56. Rédigé en 526-527, à Constantinople, l’ouvrage est une grammaire latine écrite en territoire hellénophone. Priscien se place délibérément dans le sillage grec en affirmant son allégeance à la grammaire alexandrine. C’est un enseignement destiné à des étudiants hellénophones d’un haut niveau, qui pratiquent le latin, car certains détails sont révélateurs des compétences en latin de ceux à qui il s’adresse. (595) Jakobi R., Das fünfte Buch der Iohannis, dans Würzburger Jahrbücher für die Altertumswissenschaft, n.s. XXXVIII, 2014, p. 59-63, s’intéresse à la place qu’occupe ce livre dans la composition de l’épopée. (596) Picard C., La Méditerranée centrale, un territoire de l’Islam, dans Dynamiques (Les-) de l’Islamisation en Méditerranée centrale et en Sicile, p. 37-43. Les récits de la conquête, à partir du VIIe s., qui émanent de lettrés de Bagdad, font du Maghreb, incluant Al-Andalus, une zone lointaine, mal connue et souvent caricaturée, précisément au moment où ce vaste territoire se détachait de la tutelle du calife de Bagdad. Sur ce territoire, les références aux dominations romaine et byzantine indiquent un choix destiné à souligner la substitution de l’Islam à un empire antérieur. (597) Moukraenta B., Qsar Ibn Sinan (Albulae), dans Ville (La-) et la campagne dans l’Algérie antique, p. 5-13, 3 fig., poursuit son enquête sur la connaissance de l’Algérie à travers les sources arabes du Moyen Âge. Une ville a dû se développer à côté de l’ancien camp connu sous le nom de Praesidium Sufative, établi par Hadrien en 112. Nommée Albulae par les Romains, elle prit alors le nom de Qsar Ibn Sinan. Praesidium Sufative est un des postes du limes qui passait par la vallée du Chélif. Les routes partent de Tlemcen (Tilimsan) pour se diriger vers Kairouan à l’est en passant par Ballene Praesidium, Al Dracones, Regia.
14Trois travaux sont dédiés à l’archéologie. (598) Laporte J.-P., Des chapiteaux de Tigava au Musée de Carthage (Tunisie), dans Ikosim, III, 2014, p. 187-188, 6 fig. Ces chapiteaux découverts au XIXe s. ont été offerts au Musée de Carthage. Ils datent de l’époque tardive (Ve-VIIe s.) et présentent une grande variété de sculptures, qui exprimeraient, selon l’a., des formes de synthèses opérées par les artistes africains entre leurs traditions et les traditions gréco-romaines. (599) Touhiri C., La transition urbaine de Byzance à l’Islam en Ifriqīya vue depuis l’archéologie. Quelques notes préliminaires, dans Dynamiques (Les-) de l’Islamisation en Méditerranée centrale et en Sicile, p. 131-140, 9 fig. L’article, qui est préliminaire à une thèse, présente tout d’abord l’évolution de l’espace urbain à l’époque tardive en soulignant la prospérité des villes, puis aborde les grands traits de l’évolution au début de l’époque islamique. Deux sites servent ensuite de base à l’analyse de la question, Zama Regia-Jama et Abthugni-Henchir es Souar : la conclusion affirme la continuité de l’occupation de l’espace urbain plutôt que la continuité urbaine à proprement parler. (600) Boube E., Deux colombes, un lion et une antilope. Décors tardifs sur deux plats estampés de Sala (Chella, Rabat) : contribution à la typologie de la sigillée africaine, dans De Rome à Lugdunum des Convènes, p. 395-407, 11 fig., 2 tab. Deux plats en céramique sont commentés, dont un décoré de colombes à collier au repos sur la moitié du décor. Ce motif peut être rapproché des colombes de Hayes 195-196 (Atlante 311-312), attribué à des ateliers d’Oudna et d’El Mahrine dans le nord-est de l’Afrique. Il doit être daté de la première moitié du Ve s. Un second plat présente un fond décoré d’un lion attaquant une gazelle ou une antilope, de style oriental, datable du VIe s. Ces objets témoignent d’échanges avec le reste de l’Afrique à une époque tardive et de l’activité du port de Sala.
15Ce bref passage en revue s’achève par la mention de deux études d’épigraphie. (601) Chalon M. et Hamdoune C., Nouvelle lecture de l’épitaphe de Constantina d’Annaba (Hippone) (AE, 1954, 142), dans Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, 188, 2014, p. 62-69. Le carmen d’époque très tardive, relu par les deux auteurs, est dédié à la jeune Constantina, morte à douze ans. Le poème, qui réutilise les mots de Virgile, atteste la survivance de la culture latine à Hippo Regius à la veille de l’invasion arabe, et l’intégration de son héritage dans la pensée chrétienne. (602) Aibeche Y., Une nouvelle trace de l’occupation byzantine au sud de la Maurétanie Sitifienne, dans Centres de pouvoir, p. 509-522, 8 fig., accorde toute son attention au Hodna et en particulier au site de Krachine où ont été trouvés un fortin byzantin ainsi qu’un fragment d’inscription. Ce texte est un formulaire officiel qui évoque la restauration de murs et des charges perpétuelles, et semble mentionner le nom de Gennadius, exarque du VIe s. : le cadre historique pourrait être celui du rétablissement du pouvoir byzantin dans la région du Hodna.
Bibliographie
16L’étude de cette période s’est enrichie cette année d’une publication collective. (603) Les dynamiques de l’Islamisation en Méditerranée centrale et en Sicile : nouvelles propositions et découvertes récentes, édit. Nef A. et Ardizzone F., Rome-Bari (Collection de l’École Française de Rome, 487), 422 p., s’inscrit dans le renouvellement des études sur les débuts de l’Islam, notamment en Sicile qui occupe la plupart des contributions. Les éditeurs, (604) Nef A. et Ardizzone F., présentent le projet du colloque, Les dynamiques de l’Islamisation en Méditerranée centrale et en Sicile : variations d’échelle, ibidem, p. 7-12, dont les travaux se sont répartis autour de trois espaces qui interagissaient continuellement (le territoire de la conquête, l’échelle régionale, enfin celle des prospections en milieu rural), et définissent ce qui est entendu par islamisation. (605) Dahmani S., Kasîla et Al Kâhina. Les débuts de l’entrée de l’Algérie dans l’aire musulmane, dans Hommage à Kadria Fatima Kadra, p. 97-104. De nombreuses sources musulmanes évoquent la conquête du nord de l’Afrique par des armées musulmanes au cours du VIIe s. Le conflit a d’abord opposé le chef local Kasîla (Aksil, Kasîl ou Koceila) à Okba Ibn Nafi, vers 663, qui cherchait à annexer les territoires du Maghreb au califat. Plus tard, vers 698, la reine berbère Kahina (Dihya de son vrai nom) réussit à vaincre Hassan Ibn Nu'uman et son armée dans les Aurès. Comme les sources sont postérieures d’au moins deux siècles aux événements, il faut tenir compte de l’interprétation qui a été donnée de ces derniers. Il est très probable que se sont alors affrontées au niveau du califat deux volontés politiques : celle d’une conquête par la force, l’autre d’entente avec les tribus locales, ce qui expliquerait l’alternance d’épisodes violents et de paix relative. (606) Hassen M., Genèse et évolution du système foncier en Ifriqīya du VIIIe au Xe siècle : les concessions foncières (Qaṭīʻa), dans Dynamiques (Les-) de l’Islamisation en Méditerranée centrale et en Sicile, p. 310-316, analyse les structures foncières après la conquête à partir de trois notions juridiques : les terres conquises par la force, les terres dont la conquête a été négociée, enfin les terres dont les habitants se sont convertis à l’islam. Sont ainsi évoquées les propriétés privées laissées entre les mains de leurs propriétaires d’une part, et les terres de l’État byzantin, de l’Église et des grands propriétaires qui ont fui le pays, d’autre part. Enfin, conduisant au-delà du cadre chronologique de la B.A.A.A., (607) Benhima Y. et Guichard P., Histoire d’un espace en mutation : la plaine d’Al-Marîj, Majjâna et les hauteurs environnantes au Haut Moyen Âge, dans Centres de pouvoir, p. 105-116, 4 fig., présentent des éléments de géographie historique relatifs au nord-ouest de l’actuelle wilaya de Tébessa (Algérie) : plusieurs bassins de la zone ont constitué jusqu’aux premiers siècles de l’Islam des zones bien identifiées géographiquement et historiquement, et les auteurs tentent de localiser la ville arabe disparue de Majjâna.
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Bibliographie analytique de l’Afrique antique XLVIII (2014)
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