Précédent Suivant

III – L’Afrique et le monde punique, du IIIe s. à la fin de la République

p. 55-62


Texte intégral

1Ce chapitre, comme le précédent, est traditionnellement l’un des plus réduits de la B.A.A.A. Il doit néanmoins être complété par les titres référencés dans les Généralités et au chapitre précédent.

A - Guerres puniques

Sources

2Dans le champ des sources littéraires, il faut noter l’absence de travaux dédiés à Ennius, et la présence d’une seule étude consacrée au texte de Polybe. (294) Wiater N., Polybius on speeches in Timaeus : syntax and structure in Histories 12.25A, dans Classical Quarterly, LXIV, 1, n.s., 2014, p. 121-135, propose une analyse philologique d’un passage des Histoires de Polybe (XII, 25a, 4-5) consacré au récit, connu par Timée, du taureau de Phalaris transféré d’Agrigente à Carthage. Il propose en guise de conclusion une nouvelle traduction du passage en question. Naevius, Plaute, Salluste et Tite-Live ont davantage retenu l’attention cette année. (295) Flores E., Commentario a Cn. Naeui Bellum Poenicum, Naples (Forme, materiali e ideologie del mondo antico, 46), 2014, XXV-189 p., fournit le commentaire des fragments de Naevius, précédé d’une introduction, après avoir publié l’édition critique du texte et la traduction en italien (Cn. Naeui Bellum Poenicum. Introduzione, edizione critica e versione italiana, Naples, 2011, XLIX-115 p.). Les deux volumes sont un peu redondants. (296) Manganaro G., Cn. Naevius poeta e annalista della Prima Guerra Punica e il suo mito troiano, dans Epigraphica, LXXVI, 2014, p. 554-558. L’auteur revient sur la nature annalistique du poème de Naevius, et s’intéresse à son usage du mythe d’Énée pour évoquer la confrontation entre Rome et Carthage. (297) Skwara E., Hannibal ante oculos! A comic image of an enemy, dans Attitudes towards the past in antiquity. Creating identities, Proceedings of an international conference held at Stockholm University, 15-17 May 2009, édit. Alroth B. et Scheffer C., Stockholm, 2014, p. 267-272, rés. angl. Le « petit Punique » de Plaute porte le nom d’Hannon, qui suggérait inévitablement le souvenir récent de la deuxième guerre punique, notamment Hannon le général pro-romain et Hannibal, son adversaire. Le personnage est traité à partir de stéréotypes bien établis (à travers son langage et son vêtement), ce qui permettait à Plaute de tracer avec humour la distinction entre les Romains qui avaient les « bons » codes et les autres, en l’occurrence les Carthaginois. (298) Li Puma E., Bisulci lingua (Plauto Poen. 1034) : la doppiezza cartaginese, dans Pan, II, 2013, p. 35-47, rés. it. et angl. L’auteur revient sur les motifs littéraires faisant du Poenulus de Plaute, avec sa représentation du senex Hannon, l’un des témoignages les plus importants sur les préjugés anti-puniques en cours à Rome, durant les guerres contre Carthage. (299) Moreno A., Los cartagineses en la reflexión político moral del Bellum Iugurthinum, dans Ágora, XVI, 2014, p. 41-60. La principale source d’inspiration de Salluste, concernant les Carthaginois, est Polybe. (300) Cimolino-Brebion E., Scipion l’Africain chez Tite-Live : remarques sur le portrait d’un jeune général exceptionnel, dans Vita Latina, 189-190, 2014, p. 104-121, rés. angl. Scipion occupe une place considérable dans l’œuvre de Tite-Live, qui s’explique par sa longévité sur la scène politique. Le rappel de son jeune âge est constant, mis aussi en évidence chez Polybe et Silius Italicus. Cette association de la jeunesse au pouvoir permet soit de formuler des critiques soit de les désamorcer. Scipion incarne l’idéal d’un dirigeant apte à réunir toutes les vertus de l’identité romaine. (301) Clark J.H., Roman optimism before Cannae : the vow of the uer sacrum (Livy 22.10), dans Mnemosyne, série 4, LXVII, 3, 2014, p. 405-422, examine les conséquences de l’émendation proposée par Juste Lipse, au XVIIe s., dans la dernière phrase du vœu du uer sacrum mentionné par Tite-Live, XXII, 10, 6, après la défaite romaine au lac Trasimène en 217. Le mot anteidea doit être gardé tel quel et non corrigé. Si on l’accepte ainsi, le propos devient simple et clair. Il s’est produit un affrontement entre les dirigeants, certains irréfléchis, les autres prudents. Le Sénat et le peuple romain ont exprimé par la mesure du uer sacrum une vision optimiste : ils pensaient alors à une fin rapide de la guerre contre Hannibal.

Bibliographie

3Les deux premières guerres puniques sont évoquées successivement au sein de cette courte rubrique, introduite par une étude générale. (302) Lazenby J.F., Rome and Carthage, dans The Cambridge Companion to the Roman Republic, édit. Flower H.I., Cambridge-New York, 2014 (2e édition), p. 225-241, dresse le bilan des trois guerres puniques et considère qu’Hannibal était un stratège supérieur à Scipion. (303) Heftner H., Die Intervention einer karthagischen Flotte in Tarent im Jahre 272 v. Chr. Ein Beitrag zur Vorgeschichte des Ersten Punischen Krieges, dans Gymnasium, 121, 4, 2014, p. 329-354, reprend le dossier très débattu de l’intervention de la flotte carthaginoise à Tarente qui aurait, selon les Romains, légitimé leur déclaration de guerre en 264 (première guerre punique). L’auteur insiste particulièrement sur la situation antérieure au retrait de Pyrrhus de la Sicile, et conclut qu’en 272, il n’y eut pas d’affrontement entre Romains et Puniques, alors alliés. (304) Hernández Prieto E., Capturados vivos : hispanos, púnicos, mercenarios y rebeldes en las primeras décadas de la conquista romana de la Península Ibérica (218-201 a. C.), dans Conquistadores y conquistados, p. 377-396. Au cours de la deuxième guerre punique en Espagne, les Romains ont dû constamment augmenter le nombre de leurs troupes, et pour cela ont eu recours à divers systèmes : enrôlement forcé de troupes indigènes comme auxiliaires, mercenaires, prisonniers de guerre (africains et ibères), esclavage massif (comme ce fut le cas des habitants de Carthago Nova) pour la logistique (intendants, palefreniers, fourrageurs). (305) Charles M.B., Carthage and the Indian elephant, dans L’Antiquité classique, LXXXIII, 2014, p. 115-127, rés. fr. p. 626, examine les documents littéraires et numismatiques qui pourraient laisser supposer la présence d’éléphants indiens dans l’armée de Carthage au cours de la deuxième guerre punique, et conclut que cette hypothèse est improbable. Il est enfin question de la bataille de Zama à travers deux études, dont celle de (306) Belkhodja A., Hannibal Barca. L’histoire véritable et le mensonge de Zama, Tunis, 2014, 230 p. L’auteur reprend en la résumant l’histoire de la deuxième guerre punique, pour aboutir à une thèse surprenante : Hannibal a été le vainqueur de Zama. (307) Billot F., Representing the Battle of Zama to Create an Iconic Event, dans Antichthon, XLVIII, 2014, p. 55-76, compare la présentation de la bataille de Zama chez trois auteurs qui ont en commun d’avoir considéré cet affrontement comme un tournant emblématique, fondamental dans l’histoire des deux puissances. Pour Polybe, Zama signifie la lutte des Romains pour l’hégémonie en Méditerranée, tandis que les Carthaginois combattaient pour leur survie et le contrôle de l’Afrique. Tite-Live interprète la bataille comme une lutte entre deux aspirations hégémoniques. Silius Italicus, plus tardif et poète, présente l’issue de la bataille comme étant à l’origine d’un changement à l’intérieur même de Rome, qui s’oriente progressivement vers le gouvernement d’un seul et le Principat. Les autres auteurs ne sont guère évoqués.

B - Monde punique

Sources

4Si aucune référence n’a trait aux sources littéraires, il faut mentionner une étude consacrée à l’épigraphie avec (308) Röllig W., A Punic Votive Inscription from Pantelleria-Cossyra, dans Rivista di Studi Fenici, XLII, 1, 2014, p. 9-16, 3 fig. Cet article évoque une inscription gravée sur le rebord d’un autel de marbre, découverte en 2011 lors des fouilles italo-allemandes à Pantelleria, sur la voie processionnelle conduisant au sanctuaire, au sommet de l’île. Le texte, en langue punique, tient en une ligne : il s’agit d’une dédicace en l’honneur d’un certain Bensadiq, adressée par deux personnes répondant aux noms de ‘Abdmilqart et ’Adoniba‘al. L’étude paléographique conduit à dater l’inscription entre la fin du IIIe siècle et le Ier siècle av. J.-C. La présence d’études consacrées à la numismatique est notable, commençons avec (309) Šešelj L. et Ilkić M., Money circulation in Liburnia in the preimperial period : Preliminary report, dans Akten des 5. Österreichischen Numismatikertages. Enns, 21-22. Juni 2012, édit. Alram M., Emmerig H. et Harreither R., Enns, 2014, p. 43-53, 20 fig. et cartes. Les monnaies républicaines trouvées dans le nord-est de l’Adriatique, entre le IVe/IIIe s. et le début de l’époque impériale, n’ont encore jamais fait l’objet d’une étude systématique. Le lot examiné compte 300 monnaies provenant de 30 sites, surtout du nord de la Dalmatie, une zone densément peuplée dans l’Antiquité. Les plus nombreuses sont attribuées à Carthage et à la Numidie, suivies des monnaies républicaines, et, en plus petites quantités, de monnaies lagides, de cités grecques, d’Italie et de Sicile. Les types les plus communs sont les monnaies puniques datées de la seconde moitié du IIIe s./première moitié du IIe (Tanit/cheval), recueillies sur 11 sites ; les monnaies numides sont celles de Massinissa et de ses successeurs (tête barbue laurée/cheval cabré), datées de fin IIIe/IIe s. (6 sites). La prédominance des monnaies africaines n’est pas encore expliquée, mais il est clair qu’elles étaient utilisées dans les transactions quotidiennes, comme en témoignent les trouvailles faites dans un sanctuaire dédié à Diomède au cap Ploča, ce qui pourrait attester l’existence d’une route maritime avec l’Afrique à moins que les monnaies n’aient transité par l’Italie. (310) López Sánchez F., The pro-Carthaginian and pro-Roman Hispanorum Coin Issues of Sicily (214-210 BC), dans Potestas, VII, 2014, p. 51-75, ill., cartes, rés. esp. et angl. La moitié des séries monéraires siciliennes portant la légende HISPANORVM semble liée à la Ve démocratie syracusaine, pro-carthaginoise, d’Epicydes et d’Hippocrates (214-212). Ces monnaies furent frappées en petite quantité à Leontini, Syracuse, Messine et Agrigente, à destination, semble-t-il, de troupes hispaniques et numides qui servirent de garde rapprochée aux deux généraux carthaginois. Puis Marcellus et Laevinus employèrent à leur propre service ces unités dans les années 211 et 210 dans la plupart des places siciliennes qui avaient été tenues par Carthage. (311) Jiménez A., Punic after Punic times ? The case of the so-called Libyphoenician coins of southern Iberia, dans Voyages, déplacements et migrations, p. 219-242, 4 fig., fait le point sur les monnaies de plusieurs cités d’Espagne méridionale qui portent des caractères néo-puniques Elles apparaissent au milieu du IIe s. av. J.-C. et disparaissent au milieu du Ier s. av. J.-C., et semblent liées à des régions du nord de l’Afrique, d’où leur appellation, ou à Gadès plutôt qu’à Carthage. L’archéologie est également plus fournie que dans la précédente livraison de la B.A.A.A. Y a trait l’étude menée par (312) Fantar M., La tombe punique d’Hermaea (Cap Bon) : un nouveau document d’architecture funéraire, dans Phéniciens d’Orient et d’Occident, p. 446-458, 6 fig. Dans une tombe punique tripartite, datant des IIIe-IIe s. av. J.-C., découverte dans le Jbel El Haouaria, proche de la cité antique d’Hermaea, la chambre funéraire, quadrangulaire, avec deux auges-banquettes, présentait un décor peint remarquable. Elle abritait sept défunts (six inhumés, un incinéré). Face à l’entrée étaient représentées une rosace à six pétales dans deux cercles (peut-être un bouclier ?) et, de part et d’autre, les faces principales de deux mausolées s’apparentant aux mausolées turriformes de type numido-punique. Ils possèdent des portes à vantaux à demi peints et à demi taillés, suggérant une porte ouverte et une autre entrouverte qui semble se refermer, peut-être l’expression des croyances relatives à la mort des défunts. (313) Id., Note d’information : découverte d’une tombe punique à el-Haouaria, dans Colloque de Sbeïtla VII, p. 61-63, rés. arabe, 2 fig., présente brièvement la même tombe. (314) Benichou-Safar H., Coupe rituelle des cheveux et de la barbe à Carthage, dans Antiquités africaines, L, 2014, p. 61-71, 22 fig. Sur les stèles carthaginoises, les figures masculines présentent la même coupe de cheveux alors que les traits de leurs visages sont variés. Cette particularité peut aller de pair avec la taille de la barbe lorsqu’il y en a une. Il existe des équivalents dans le monde phénico-punique. Cela pourrait s’expliquer par certaines pratiques en usage dans le monde sémitique, auxquelles il faudrait peut-être reconnaître un caractère religieux. Toutefois, il n’existe pas de représentations de Carthaginois ou de Phéniciens dans des circonstances profanes. (315) Németh G., Curses in the box, dans Revista Internacional de Investigación sobre Magia y Astrología Antiguas, XIII, 2013, p. 201-206, rés. esp. À Athènes et dans la région de la mer Noire, il était de tradition aux Ve-IVe s. de placer une figurine, représentant la personne visée par une malédiction, dans une caissette en bronze. Cet usage existerait aussi en Occident d’après quelques pièces découvertes à Rome et en Tunisie dans des contextes des IIIe et IIe s. av. J.-C. Une boîte de ce type conservée au musée Bargoin de Clermont-Ferrand, dont la provenance avait été attribuée à Carthage par Auguste Audollent, provient en réalité du cimetière d’Hadrumète : elle aurait été découverte par le lieutenant Icard puis transmise au Dr. Carton pour qu’il déchiffre la tablette placée dans la boîte avec le stylet, mais sans poupée, à l’inverse de la tradition orientale. (316) Niveau-de-Villedary y Mariñas A.M. et López Rosendo E., Imitaciones de formas rituales tardopúnicas en el ámbito de la campiña gaditana, dans As produções cerâmicas de imitação, p. 95-107, publient un brûle-parfum rituel figurant une tête féminine du Musée municipal d’El Puerto de Santa María (Cadix), de fabrication locale, daté du Ier s. av. J.-C., et qui dénote clairement une influence punique.

Bibliographie

5Les deux volumes collectifs présentés aux nos 280 et 281 ont founi une partie de la matière de cette rubrique. (317) Bonnet C., Phoenicians identities in Hellenistic times : strategies and negotiations, dans Punic Mediterranean, p. 282-298, envisage trois facettes des identités phéniciennes dans la période considérée : 1) ce qui change après 332 ; 2) ce qui se passe dans les aires phéniciennes et puniques en relation avec l’hellénisation ; 3) les stratégies impliquées dans le processus d’hellénisation. (318) Ead., Greeks and Phoenicians in the Western Mediterranean, dans A Companion to Ethnicity in the Ancient Mediterranean, édit. McInerney J., Chichester, 2014, p. 325-340. Cette synthèse brève, mais dense, porte sur les relations entre Grecs et Phéniciens de l’ouest en Sicile : l’a. définit d’abord les deux acteurs, notamment les notions de phénicien et de phénico-punique, puis s’intéresse aux pratiques cultuelles à Sélinonte, aux apports de l’archéologie à la question de l’identité ethnique, qui permet de contrebalancer le point de vue des sources littéraires, surtout sensibles aux clivages ; le ch. se termine sur la question des relations avec les populations indigènes (exemples de Pithécusses et de Pyrgi). (319) Van Dommelen P., Punic identities and modern perceptions in the western Mediterranean, dans Punic Mediterranean, p. 42-57, 4 fig., choisit d’évoquer les Puniques en Occident plutôt que les Phéniciens, bien que la distinction ne soit pas toujours facile à établir. Le discours dit « classique » a prévalu dans les études occidentales avec son alter ego, l’orientalisme. En prenant surtout l’exemple de la Sardaigne, l’a. émet l’idée que l’identité est ancrée dans la vie locale et quotidienne avant de s’élargir à un niveau politique et régional. (320) Ben Younès H. et Krandel-Ben Younès A., Punic identity in North Africa: the funerary world, ibidem, p. 148-168, 18 fig. Les a. ont procédé à deux études de cas, le premier dans le Byzacium, le second dans le Tell numide en s’interrogeant sur les relations entre une identité punique et une identité libyenne. Les deux exemples montrent une grande variété de pratiques culturelles (un des a. évoque de multiples « punicités ») et combien il est difficile de définir une identité culturelle dans une région située à la périphérie ou à l’extérieur de la domination carthaginoise. (321) Acquaro E., Il culto di Isi nella comunità punica di Cartagine, dans Phéniciens d’Orient et d’Occident, p. 429-436. L’a. s’attache à montrer la réception du culte d’Isis à Carthage, dont les rasoirs votifs en bronze constituent un témoignage pertinent. Les relations avec l’Égypte et la tradition hellénistique sont aussi soulignées par un passage de l’Anthologie Palatine (VI, 231, Filippo). Puis l’a. évoque la vocation marine de la déesse et la glyptique. (322) Bellia A., Contextes et fonctions rituelles de la musique dans l’Occident punique, dans Architecture domestique, p. 75-82. Personne ne conteste l’importance de la musique dans le monde punique, d’après l’auteur. Malgré la rareté des sources, il est évident qu’elle intervenait dans la religion et dans le culte des morts. (323) Bridoux V., Numidia and the Punic World, dans Punic Mediterranean, p. 180-201, 3 fig. Les constatations archéologiques et ce qu’elles apportent à la compréhension des interconnexions commerciales permettent de mieux caractériser le « monde punique » dans une large acception et dans ses relations avec la Numidie. Il est une koiné commerciale et culturelle, qui relie des régions variées en Méditerranée occidentale, sous contrôle de Carthage ou sur lesquelles s’exerce son influence, en particulier dans les domaines funéraires, religieux et linguistiques. La Numidie appartient à cette sphère, différemment selon les parties orientale et occidentale. Ces connexions, qui se sont poursuivies après 146 av. J.-C., laissent supposer que des influences sont arrivées aussi par d’autres voies que Carthage. (324) Papi E., Punic Mauretania ?, ibidem, p. 202-218, 3 fig. En Maurétanie tingitane, aucun site ne témoigne de l’installation d’une communauté carthaginoise et aucun ne peut être caractérisé comme « punique ». De plus, la monnaie carthaginoise est rare, certainement plus qu’en Andalousie, et on ne constate pas de bâtiments ou de techniques en relation avec Carthage. Les traces de la culture punique sont faibles dans les nécropoles, sanctuaires et autres établissements.

C - Les royaumes africains

Sources

6Seules trois études nourrissent cette rubrique. (325) De Vivo A., Il Bellum Iugurthinum di Velleio Patercolo, dans Il miglior fabbro. Studi offerti a Giovanni Polara, édit De Vivo A. et Perrelli R., Amsterdam, 2014, p. 95-107, rés. angl. p. 107, insiste sur les similitudes qui existent entre le bref récit (2.11-12.1) de Velleius et celui de Salluste, sa source principale, à laquelle s’ajoute le récit livien. (326) Leveau P. et Rémy R., Ésus en Afrique : à propos d’une inscription fragmentaire de Caesarea Mauretaniae commémorant l’exécution d’une injonction d’Ésus, dans Antiquités africaines, L, 2014, p. 85-92, 6 fig. Une inscription votive de Cherchell (AE, 1985, n° 934), mentionne le nom de cette divinité. Le texte semble dater de la période royale. Ce dieu celtique, mentionné par Lucain (Pharsale, I, 1 v. 444-446) et Lactance (Inst. diu., I, 21, 3), est rarement présent dans les inscriptions. Le dédicant, Peregrinus, était probablement un mercenaire gaulois au service des rois de Maurétanie. (327) Visonà P., Out of Africa. The movement of coins of Massinissa and his successors across the Mediterranean, Part two, dans Rivista Italiana di Numismatica e Scienze Affini, 115, 2014, p. 107-138, rés. it., fr. et angl., fait suite à une étude préliminaire (B.A.A.A., XLII [2013], 2018, n° 349). La plus grande partie des monnaies trouvées hors d’Afrique se trouve en Méditerranée centre-occidentale, dans un contexte daté de la seconde moitié du IIe s. av. J.-C. L’auteur pense qu’elles furent introduites par l’intermédiaire des marchands plutôt que des soldats, mais qu’elles semblent rarement liées à des importations de produits africains. La concentration des monnaies puniques et numides dans le nord de l’Adriatique pourrait s’expliquer par la forte demande en bronze des Iapodes, qui les auraient acquises contre du bois.

Bibliographie

7L’histoire des royaumes africains et leurs relations avec Rome, leur organisation interne, la guerre et l’architecture constituent les thématiques principales abordées par les quelques études présentées ici. (328) Coltelloni-Trannoy M., Les rois de l’empire, entre 70 av. J.-C. et 73 apr. J.-C., dans Le monde romain de 70 av. J.-C. à 73 apr. J.-C., Pallas, XCIII, 2014, p. 91-109. Les « rois amis et alliés du peuple romain » ont été des acteurs essentiels de la domination romaine à travers les liens diplomatiques qu’ils entretenaient avec Rome et en raison de leur adhésion au modèle romain : ils faisaient partie de la géographie de l’empire. Les « affaires d’Afrique » sont prises en exemple, depuis Massinissa jusqu’à Juba II (p. 98, 103-105). (329) Gozalbes Cravioto E., Roma y los africanos. Imperialismo y relaciones de poder con las poblaciones norteafricanas (siglos II-I a. C.), dans Conquistadores y conquistados, p. 271-290, constate sans surprise que l’Afrique était diverse, et notamment que la Proconsulaire différait de l’ensemble Numidie-Maurétanies. Le modèle carthaginois a servi, et les rois africains de la période préromaine ont subi des influences à la fois puniques et latines. (330) Belda Puig S., Las amistades peligrosas : relaciones de dominio entre los Escipiones y la familia real númida, ibidem, 2014, p. 415-421. Les Scipions ont joué un rôle diplomatique au service de Rome, et les rois numides ont joué avec le feu. (331) Kadra-Hadjadji H., La résistance de Jugurtha, les raisons de son combat, dans Hommage à Kadria Fatima Kadra, p. 23-36, 1 carte, rappelle les grandes phases de l’affrontement entre Jugurtha et le pouvoir romain durant sept années. La conclusion, quelque peu désabusée, impute au chef numide le seul souci de conserver son trône. (332) Akerraz A., Le royaume de Maurétanie, dans Splendeurs de Volubilis, p. 38-42. Un premier paragraphe rappelle succinctement l’histoire du royaume devenu province de Maurétanie tingitane, puis l’a. s’attache à la cité de Volubilis, plus particulièrement aux découvertes, en insistant sur la rigueur dont il convient de faire preuve dans la chronologie et dans la répartition des œuvres. (333) Rebuffat R., La gestion du royaume en Afrique, dans Centres de pouvoir, p. 43-63, aborde le cas des royaumes non pas sous l’angle traditionnel du pouvoir royal, mais sous celui, plus inhabituel, de l’administration, en exploitant une documentation classique (grecque et latine), punique et néopunique, ainsi que l’épigraphie libyque. Dans les royaumes africains, le roi était aidé par un entourage important, civil et militaire. Il pouvait aussi compter sur sa famille, ses amis, son conseil et les « grands ». Les agglomérations diverses, notamment les villes, jouaient un grand rôle au sein de l’État. Une série de textes qui est proposée permet de voir l’évolution de ces institutions. Des inscriptions libyques sont commentées. Il est question de l’art de la guerre avec (334) Aït Amara O., La poliorcétique en Numidie au temps de l’indépendance, dans Ville (La-) et la campagne dans l’Algérie antique, p. 105-122. Les Numides ont connu et utilisé l’art du siège développé par les Grecs à l’époque hellénistique. Ils entouraient la ville assiégée d’un fossé et d’une clôture, installaient des tours garnies de corps de garde et ils construisaient des abris de peaux fraîches. Les sources (Appien, Salluste) montrent que Massinissa et Jugurtha ont largement utilisé cet art contre Carthage ou contre les villes de l’intérieur. Malheureusement, le peu de vestiges et la quasi-absence d’études archéologiques, même sur les fortifications, ne permettent guère de s’en faire une idée sur le terrain. (335) Ead., La logistique de l’armée numide jusqu’à la mort de Juba I, dans Rivista di Studi Militari, III, 2014, p. 29-46. Les soldats numides avaient peu de besoins. Mais, pour combattre, il leur fallait de la nourriture, des vêtements, de l’armement, du bois et des animaux. Ces biens étaient fournis par les domaines royaux, par les impôts et par le butin. Ils étaient stockés dans des endroits protégés. (336) Ead., Le cheval en Numidie : bilan des connaissances, dans Aquila legionis, XVII-XVIII, 2014-2015, p. 23-44. Les textes, l’archéologie et la numismatique apportent plus de renseignements qu’on ne l’a dit sur le cheval dans la Numidie préromaine. Le type normal était le barbe, docile et paisible. Élevé avec soin, il servait surtout à la chasse et à la guerre, et il pouvait aussi être engagé dans des courses. Ce paragraphe s’achève avec une étude consacrée à l’architecture. (337) Napoli J. et Boulinguez C., Rendons la Tour d’Odre à Caligula : des documents au monument, dans Revue du Nord, 408, 2014, p. 7-51, 31 fig. Les a. reprennent le dossier du phare de Gesoriacum, Boulogne-sur-Mer, appelé la Tour d’Odre, dont l’attribution à Caligula à partir d’un texte de Suétone avait été mise en cause. Le monument est comparé à d’autres phares romains, notamment celui de Caesarea de Maurétanie, situé sur l’îlot Joinville : de plan octogonal et caractérisé par un parement en opus reticulatum, il est daté du règne de Juba II (25 av.-23 ap. J.-C.) en raison de sa proximité avec le phare d’Alexandrie (partie supérieure octogonale et lanterne cylindrique restituée à Cherchell).

D - La province d’Afrique

8Cette section de la bibliographie, toujours particulièrement pauvre, se réduit cette année à un titre : (338) Peyras J., La loi agraire de 643 a.u.c. (111 av. J.-C.) et l’Afrique, dans Dialogues d’histoire ancienne, XL, 1, 2014, p. 188-209. La loi agraire de 111 permet de comprendre pourquoi la région entourant Carthage, si urbanisée à l’époque punique, n’a donné naissance à des cités que tardivement, pas avant l’époque antonine ou sévérienne : la loi ne reconnaît que sept communautés (libres), outre les sociétés de publicains ; tous les autres cas sont des individus (alliés de Rome, enfants royaux, citoyens romains, stipendiaires). Les communautés puniques ont disparu en 146 puis avec la colonie gracchienne et au plus tard en 111.

Précédent Suivant

Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.