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IV – L’Afrique du Haut-Empire

p. 62-87


Texte intégral

1Cette année encore, cette rubrique est richement documentée, et comme à l’accoutumée, les études consacrées à Apulée dominent largement les travaux dédiés aux sources.

A – Sources

2Concernant la littérature, les auteurs païens sont présentés traditionnellement dans la B.A.A.A. avant les chrétiens. Les travaux qui leur sont dédiés demeurent en moindre nombre, à l’exception d’Apulée, qui est traité dans un paragraphe spécifique. Il faut néanmoins remarquer que l’intérêt porté à l’œuvre de Virgile ne se dément pas. (339) Roman J., Vénus et Énée dans l’Énéide : lorsque la mère ne paraît pas, dans Aphrodite-Vénus et ses enfants, p. 77-91, rés. angl. Au chant I de l’Énéide, v. 407-410, le héros se plaint du manque d’amour filial de sa mère et même de sa cruauté, puisqu’elle le trompe avec de fausses apparences. La difficulté à communiquer entre eux vient du fait qu’il ignore la véritable mission qui lui a été dévolue. Pourtant, Vénus est la divinité Genetrix, celle qui lui permet de remporter la victoire. (340) Jolivet J.-C., La faute champêtre de Didon, héroïne tragique, dans L’Héroïque et le Champêtre, 1. Les catégories stylistiques dans le discours critique sur les arts, édit. Cojannot-Le Blanc M., Pouzadoux C. et Prioux E., Nanterre, 2014, p. 77-86. Au chant IV de l’Énéide, Virgile introduit un motif tragique : Didon commet une faute irrémédiable en s’unissant à Énée contre toutes les règles de la pudicitia. L’acte a lieu hors de la ville, dans une grotte, qui est le lieu des unions illégitimes d’avant la civilisation. (341) Fratantuono L.M., Recens a vulnere : Dido, Ajax, and the hierarchy of heroines, dans Quaderni Urbinati di Cultura Classica, n.s. 106, 2014, p. 185-196, rés. angl. La rencontre d’Énée et de Didon aux Enfers (Aen., VI, 450-476) rappelle celle d’Ajax et d’Achille dans l’Odyssée, et la jeune Volsque Camille est présentée comme étant un nouvel Achille. Ainsi Didon est-elle placée derrière Camille dans le cadre d’une hiérarchie des héroïnes qui a pour sens de placer l’origine de Rome en Italie et non pas en Grèce. La figure de Didon permet de faire le lien avec l’œuvre de Sénèque, (342) Berno F.R., Il saggio destino di Didone : Aen. IV 653 in Seneca (Vit. b. 19, 1 ; Benef. 5, 17, 5 ; Ep. 12, 9), dans Maia, LXVI, 1, 2014, p. 123-136, rés. angl. Sénèque introduit trois fois ce vers dans ses écrits. Dans la première occurrence, il compare le suicide de Didon avec celui d’un philosophe épicurien ; dans la deuxième, le thème, qui signifie l’acceptation de la fin de sa vie, est relié à une satire d’Horace ; dans le dernier, Didon devient un exemple pour avoir assumé pleinement sa vie et sa mort. C’est cette idée qui, d’une façon générale, ressort des contextes dans lesquels Sénèque a situé le suicide de la reine. Il est également question de Didon dans les études consacrées à Lucain. (343) Sisul A.C., Dido en Pompeyo (Phars., VIII, 843-845) : motivaciones de la intertextualidad, dans Auster, XIX, 2014, p. 45-55. Lucain utilise la figure de Didon comme métaphore de la faiblesse inhérente à la cité de Carthage en dépit de sa puissance. (344) Barrière F., Landscapes in the Bellum civile: from negation to subversion of the locus amoenus, dans Acta Antiqua Scientiarum Hungaricae, LIII, 2-3, 2013, p. 275-285. Lucain utilise des éléments bucoliques pour décrire deux paysages, le bois sacré de Marseille et le désert de Libye, non pour évoquer un locus amoenus, mais pour suggérer un locus horridus. Les paysages décrits par Lucain peuvent être définis comme une inversion ou une subversion du thème bucolique. Considérant d’autres sources, (345) Montero Cartelle E., Los nombres de hernia : de Celso a Berengario da Carpi, dans Helmantica, LXV, 194, 2014, p. 235-245, examine l’influence de Celse, de Martial et de Juvénal sur le lexique de la médecine latine. Nous passons à l’œuvre de Fronton avec (346) Fronto : Selected letters, édit. Davenport C. et Manley J., New York-London, 2014, XI-225 p., ill., carte, 2 index. L’ouvrage s’adresse à un public d’étudiants en proposant une sélection de lettres de Fronton, traduites (sans le texte latin) et brièvement commentées. Elles sont réparties en huit chapitres thématiques et précédées d’une introduction sur la vie et la correspondance de Fronton. (347) Poignault R., La lettre dans la lettre. Affleurements de remarques sur l’épistolaire dans la correspondance de Fronton, dans La lettre gréco-latine, un genre littéraire ?, édit. Schneider J., Lyon, 2014, p. 135-163, rés. fr. et esp., recense et étudie les différents passages de la correspondance de Fronton dans lesquels l’auteur laisse percevoir sa conception de la lettre : information, recommandation, lettres officielles, qualité littéraire, bon usage de la lettre. (348) Valette E., « Le vêtement bigarré des danseurs de pyrrhique » : pratiques du bilinguisme dans la correspondance de Fronton et Marc Aurèle, dans Three Centuries of Greek Culture under the Roman Empire, édit. Mestre F. et Gómez P., Barcelone, 2014, p. 101-123. Fronton déplore les faiblesses de son grec qui est, prétend-il, un signe de son origine africaine, mais il a écrit quelques lettres en grec et il introduit des mots ou des expressions en grec dans ses lettres latines. L’article considère que ce mélange des langues est dû au lien que Fronton introduit entre la langue grecque et la pratique philosophique : il dessine les contours d’une culture grecque idéalisée, mais propose aussi une nouvelle manière de construire la romanité. Deux études s’intéressent conjointement à Fronton et Apulée, ainsi (349) Keulen W., Fronto and Apuleius : two African careers in the Roman empire, dans Apuleius and Africa, p. 129-153. Après avoir brièvement rappelé ce qui lie historiquement et géographiquement les deux écrivains, l’a. établit quelques points particuliers de comparaison : les animaux africains comme symbole de leur personnalité, l’utilisation du vocable « barbare », leur influence dans leur cité d’origine. Par contre, leurs carrières présentent des contrastes, l’un étant devenu sénateur et précepteur de l’empereur, l’autre un « self made man ». (350) Méthy N., Le patriotisme des auteurs africains de langue latine au IIe s. p.C., dans Autour de Pline le Jeune, en hommage à Nicole Méthy, édit. Devillers O., Bordeaux, 2014, p. 75-88. Les auteurs africains, tels Apulée et Fronton, se sentent pleinement romains, et pourtant Apulée mentionne rarement Rome et les correspondants de Fronton ne sont en général pas des Romains. Leur patriotisme est provincial plus que civique, et la province est, pour eux, le lieu où il fait bon de vivre à la romaine. [L’attention que porte cette étude à l’attachement pour la province rappelle l’idée d’une « identité provinciale » définie naguère par Y. Modéran (B.A.A.A., XLV [2011], 2017, n° 330)]. Fait suite une étude consacrée à Hosidius Geta, avec (351) Gouvêa Júnior M.M., Medea Carthaginis : el centón de Hosidio Gueta, dans Revista de Estudios Clásicos, XLI, 2014, p. 111-126. Le poète carthaginois Hosidius Geta (fin IIe/début IIIe s.) a écrit sa tragédie de Médée à partir de vers virgiliens selon la technique littéraire des centons. Cette tragédie (reprise dans l’Anthologie latine) célébrait peut-être sa cité de Carthage et la dynastie des Sévères. Deux études sont consacrées à l’Histoire Auguste. (352) Kommentar zur Vita Heliogabali der Historia Augusta, édit. Zinsli S.C., Bonn (Antiquitas. Reihe 4, Beiträge zur Historia-Augusta-Forschung. Serie 3, Kommentare, 5), 2014, LXII-923 p., 2 index. Nous citons cet énorme commentaire de la Vie d’Héliogabal en raison des mentions assez fréquentes de réalités africaines auxquelles on a accès par les index. (353) Histoire Auguste. III, 2, Vie d’Alexandre Sévère, introd., texte, trad. et commentaire par Bertrand-Dagenbach C., apparat critique Molinier-Arbo A. et Bertrand-Dagenbach C., Paris (Collection des universités de France. Série latine, 406), 2014, XCVIII-185 p. en partie doubles, index nominum. L’armée d’Alexandre conduite en Germanie par Maximin (61, 8) comprenait aussi des Maures, mentionnés dans la Vita Maximi (11, 7) et dans le récit d’Hérodien (7, 2, 1-2) qui est sans doute la source de l’HA. Cette première revue des sources s’achève avec Justin. (354) Álvarez Martí-Aguilar M., Hijos de Melqart : Justino (44.5) y la “koiné” tiria entre los siglos IV y III a. C., dans Archivo Español de Arqueología, LXXXVII, 2014, p. 21-40, rés. angl., propose une nouvelle interprétation du passage de Justin, 44, 5 : il ne s’agirait pas de la fondation de Gadès par Carthage dans le second quart du IVe s., mais de celle d’une colonie gaditaine sous la protection du Melqart tyrien. Cette lecture rend compte de l’existence d’un réseau de cités reconnaissant Tyr comme leur métropole et liées entre elles par des relations de parenté symbolique. Ce qui amène à dater de la seconde moitié du IVe s. les explorations de l’Atlantique, comme celles d’Hannon et d’Himilcon.


3La production très dense relative à Apulée s’ouvre avec l’étude générale de (355) Lévi N., La chronologie de la vie et de l’œuvre d’Apulée : essai de synthèse et nouvelles hypothèses, dans Latomus, LXXIII, 3, 2014, p. 693-720. Plusieurs éléments de la vie d’Apulée peuvent être situés dans le temps, d’autres se révèlent plus difficiles à dater, mais l’a. tente d’établir une chronologie des œuvres. Il distingue un premier groupe qui réunit trois œuvres, l’Apologie, le De deo Socratis et les Florides, qu’il date des années comprises entre 158 et c. 163. Puis il situe la rédaction des Métamorphoses peu après, au terme d’une argumentation convaincante, avant d’aborder les singularités du De Platone et du De mundo, qu’il choisit de situer après 167. (356) Martos Fernández J., Traducciones ibéricas de la obra retórica de Apuleyo, dans Euphrosyne, n. s. XLII, 2014, p. 197-204, rés. angl., fait quelques remarques sur les traductions espagnoles et portugaises des œuvres rhétoriques d’Apulée dans le but de déterminer leur fiabilité et leurs sources. (357) Fletcher R., Apuleius’ platonism : the impersonation of philosophy, Cambridge-New York, 2014, XI-319 p., index, explore la marque de la philosophie platonicienne dans les œuvres d’Apulée. L’ouvrage les examine les unes après les autres, les traités philosophiques avant l’Apologie et les Florides, tandis que la conclusion s’intéresse aux Métamorphoses. L’ensemble révèle un adepte de cette philosophie, et ce que l’a. nomme « l’impersonation » de la philosophie : c’est un outil méthodologique qui permet à Apulée de parler de Platon et de sa philosophie à travers l’ensemble du corpus. (358) Apuleius and Africa, édit. Lee B.T., Finkelpearl E. et Graverini L., Londres, 2014, XVI-344 p. Comme l’explique l’introduction rédigée par les trois éditeurs, p. 1-19, l’ouvrage explore la question complexe des différentes identités d’Apulée et ses connexions avec la production littéraire. Ils insistent sur l’héritage africain qui a été largement sous-estimé, voire regretté, dans des études précédentes. L’ouvrage se décline en trois parties, en commençant par le contexte historique, qui est suivi du contexte culturel et il se termine par les approches théoriques. (359) Mattiaci S., Apuleius and Africitas, ibidem, p. 87-111. Après avoir posé la question de ce qu’est l’africitas dans le domaine linguistique et évoqué le passage dans lequel Apulée assume son origine (Ap., 24, 1), l’a. rappelle le caractère commun du bilinguisme dans l’empire et du trilinguisme en Afrique. L’africitas de style et de langue d’Apulée consiste à attribuer des significations différentes aux mots, à chercher l’euphonie et la couleur poétique, à exprimer une exubérance qui se justifie peut-être, en réalité, par le désir de prouver son intégration au monde culturel dans lequel il vit. (360) Graverini L., The negotiation of provincial identity through literature : Apuleius and Vergil, ibidem, p. 112-128, compare plusieurs passages de l’Apologie et des Métamorphoses avec des vers de l’Énéide et des Fastes d’Ovide, à propos de Carthage comparée à la ville d’Hypata, et de Junon. Pour cette divinité, les vers de l’En., I, 16-20 et des Fasti, VI, 45-48, paraissent avoir largement inspiré Apulée, Met., VI, 4, 1-3. (361) Stone D.L., Identity and identification in Apuleius’ Apology, Florida, and Metamorphoses, ididem, p. 154-173, 1 fig. La clef de la définition identitaire d’Apulée n’est pas dans l’origine géographique mais dans le modus vivendi. Dans l’Apologie, il revendique sa qualité de philosophe ; dans les Florides il insiste sur le statut social dont il jouit ; dans les Métamorphoses, il introduit la richesse, l’éducation, la moralité, l’intelligence comme critères d’identification – plus que d’identité –, l’origine ethnique n’est pas prise en compte. (362) Selden D.L., Apuleius and Afroasiatic poetics, ibidem, p. 205-270, 42 fig. Dans ce long article, l’a. établit une série de parallèles entre Apulée et, non seulement, des éléments locaux mais aussi les cultures orientales (phénicienne, égyptienne et hébraïque). Pour sa démonstration, il convoque les langues, en particulier les inscriptions bilingues, l’architecture numide, la religion. Il insiste sur son « déracinement » par rapport à Rome qui servait aux intellectuels africains de point d’ancrage culturel, et il s’intéresse aussi à la poésie et au style d’Apulée, mis en relation avec des textes orientaux. Certains points de la démonstration sont convaincants, d’autres un peu moins. La question de la réception de l’œuvre d’Apulée est abordée par (363) Gaisser J.H., How Apuleius survived : the African connection, ibidem, p. 52-65. L’a. reprend en les développant certaines des conclusions de son ouvrage paru en 2008 (B.A.A.A., XLII [2008], 2014, n° 783), notamment la réception des œuvres d’Apulée par les auteurs africains postérieurs, surtout chrétiens, dont Martianus Capella et Augustin, et insiste sur le sort particulièrement heureux qui leur a été fait. (364) Farrell J., Apuleius and the classical canon, ibidem, p. 66-84, pose la question de savoir pourquoi Apulée a tardé à être classé parmi les auteurs « classiques » et si son origine africaine a joué dans l’exclusion dont il a été victime dans les études latines qui arrêtaient traditionnellement le classicisme à Tacite. Pour les historiens et les archéologues, habitués à œuvrer dans un monde varié, la question a cessé plus rapidement de se poser. La notion de “post colonialisme” reçoit une acception très particulière avec les deux études suivantes. (365) Lee B.T., A sociological reading of “A.V.” (Africae Viri): Apuleius and the logic of post-colonialism, ibidem, p. 313-326, 1 fig. Les deux lettres A.V., qui se trouvent dans le manuscrit F, Laurentianus 68.2 (regroupant l’Apologie, les Métamorphoses et les Florides), doivent être lues dans une logique « postcoloniale » selon l’a., c’est-à-dire que le centre implicite du lecteur était non pas Rome, mais la province elle-même ; en outre la graphie de ces lettres sur le manuscrit est la preuve que l’original était d’origine africaine. Ces abréviations, qui n’avaient aucun sens pour un lecteur italien, étaient destinées à des Africains. Par ailleurs, l’expression, dans l’Histoire Auguste, de Milesias Punicas suggère qu’Apulée était considéré à Rome comme un auteur ayant des relatons étroites avec la punicité. (366) Sabnis S., Procul a nobis : Apuleius and India, ibidem, p. 271-296, applique à deux passages des Florides des réflexions inspirées, paraît-il, des études « post-coloniales ». Florides, XII, met en scène le perroquet indien, déjà décrit par Pline l’Ancien, dont la description suggère à l’auteur un « mimétisme colonial ». L’autre passage, dans Florides, VII, est consacré aux gymnosophistes. Les remarques d’Apulée prouvent qu’il a de réelles connaissances sur des réalités géographiques et sociales de l’Inde. Ce travail fait la transition avec les références érudites consacrées au texte des Florides. (367) Piccioni F., Sulla tradizione manoscritta dei Florida di Apuleio : il ruolo dell’Ambrosiano N 180 sup., dans Revue d’Histoire des textes, n. s. IX, 2014, p. 143-156, rés. angl. et fr. Ce manuscrit (A), en tant que témoin des Florides, montre des uariae lectiones, qui sont souvent des conjectures qui corrigent les erreurs ou imperfections graphiques du ms de Florence, Bibl. Medicea Laurenziana, Plut. 68, 2 (F). Il présente aussi des erreurs qui permettent de le relier à F, ce qui confirme que ce dernier est la source de toute la tradition manuscrite connue. (368) Magnaldi G., Antichi “marginalia” nei Florida di Apuleio, dans Rivista di Filologia e di Istruzione Classica, 142, 2, 2014, p. 376-407, rés. angl. L’analyse des marges présentes dans le manuscrit Florence Bibl. Medicea Laurenziana, Plut. 68.2 (ms F), qui date du XIe s., permet d’élucider plusieurs points particuliers et d’arriver à une nouvelle constitutio textus, ainsi, par exemple, dans Florides, IX, 14, et XII, 1, et pour des passages de Florides, XVI. Nous passons à l’Apologie avec (369) Norena C.F., Authority and subjectivity in the Apology, dans Apuleius and Africa, p. 35-51. Depuis une vingtaine d’années, un consensus s’est instauré pour considérer cette œuvre comme un exemple de la seconde Sophistique. Elle se divise en deux parties, la première, littéraire, scientifique et philosophique, la seconde plus politique et juridique. L’a. insiste sur la première en considérant Apulée comme un interprète de textes (lettres, tabellae), ce qui constitue une stratégie pour la seconde partie de la plaidoirie, dont l’enjeu, on le sait, était grave. C’est là que la première partie prend tout son sens, Apulée se conformant aux principes intellectuels de la loi et de la justice romaines. (370) Bradley K.R., Apuleius’ Apology : text and context, ibidem, p. 23-34, rappelle le contexte historique du procès au cours duquel Apulée a prononcé sa plaidoirie, l’importance des accusations portées contre lui, passibles de lourdes peines. Les références citées dans le plaidoyer montrent qu’Apulée est un produit de l’Afrique romaine. (371) Bianco M.M., La questione de patria nell’ Apologia di Apuleio, dans Pan, n. s. II, 2013, p. 97-112, rés. ital. et angl. Au paragraphe XXIV de l’Apologie, Apulée répond à l’accusation d’être « semi-numide semi-gétule ». Ce passage semble sous-entendre qu’il a conscience que l’accusation de magie, qui est l’accusation principale, pourrait dériver d’un préjugé ethnique lié à son origine « barbare ». Le même passage est étudié par (372) Fletcher R., Prosthetic origins : Apuleius the Afro-Platonist, dans Apuleius and Africa, p. 297-312. En survolant les époques et à l’aide de références tirées des auteurs arabes, anglo-saxons et chez J. Derrida, l’a. revient sur la question des origines revendiquées par Apulée, et conclut qu’il est un « afro-platonicien ». (373) Sans B., La ‘malédiction’ d’Apulée : une interprétation pragmatique et rhétorique, dans Argumentation et Analyse du Discours (online), XIII, 2014, non paginé, étudie un passage de l’Apologie, LXIV, 1, dans lequel Apulée lance une imprécation contre son adversaire et prouve ainsi sa connaissance des arts obscurs, ce qui semble à première vue une maladresse dans ce procès. Plusieurs indices laissent penser à une forme de defixio, mais il s’agit davantage d’un souhait malveillant à l’encontre de son ennemi. Pour l’a., ce passage s’inscrit dans la stratégie globale d’Apulée, qui ne nie pas les faits qui lui sont reprochés, mais en détourne le sens pour écarter tout soupçon et jouer sur l’émotion que suscitera l’imprécation. (374) Martos J., La pobreza en Apuleyo, Apología 18 : nota textual, dans Maia, LXVI, 1, 2014, p. 137-145, rés. angl. L’a. discute le passage aduersum diuitias possessa, qui est inclus dans le paragraphe indiqué, dédié à l’éloge de la pauvreté. Il semble au final que ce soit une variation sur un passage de Lucrèce, De natura rerum, v. 1118-1119, et il convient de garder ce passage tel quel. Les Métamorphoses ont suscité un intérêt égal, motivant, parmi les études générales, une nouvelle réflexion sur le titre même de l’œuvre proposée par (375) Roskam G., Once again on the title of Apuleius’Asinus aureus, dans Hermes, 142, 2, 2014, p. 255-257. L’épithète aureus doit être entendue comme une allusion au mot grec χρυσοῦς qui peut être utilisé de façon ironique pour noter un homme qui se comporte de manière stupide. Cela s’applique bien à Lucius, qui se montre lui-même comme tel à travers le roman. (376) Tilg S., Apuleius’ Metamorphoses: a study in Roman fiction, Oxford-New York, 2014, X-190 p., 2 index. L’objectif principal de cette étude est de montrer comment l’ouvrage est une œuvre de littérature véritable, d’explorer sa poésie et d’offrir une lecture à peu de chose près linéaire avec des passages-clefs en relation avec le modèle grec, tout en étant distincts de lui, depuis le prologue jusqu’aux dernières phrases du roman. Apulée fut un auteur ambitieux, guidé par la tradition littéraire, rhétorique et philosophique de son époque, mais il créa aussi une nouvelle à la fois sérieuse et comique. (377) Winkle J.T., “Necessary roughness” : Plato’s Phaedrus and Apuleius’ Metamorphoses, dans Ancient Narrative, XI, 2014, p. 93-131, cherche à prouver qu’Apulée a délibérément usé du Phèdre de Platon comme d’une pierre de touche dans la construction de son roman. Sans entrer dans chaque détail des péripéties, l’allégorie de l’âme tripartite inspirerait la conduite de Lucius et, compte tenu du nombre des allusions au Phèdre, il serait intéressant de relire le texte à la lumière de ces considérations. (378) May R., Medicine and the Novel: Apuleius’ Bonding with the Educated Reader, dans The Ancient Novel and the Frontiers of Genre, édit. Pinheiro M.P.F., Schmeling G.L. et Cueva E.P., Eelde (Ancient narrative. Supplementum, 18), Barkhuis, 2014, p. 105-124. Apulée possédait quelques connaissances médicales, comme le prouvent plusieurs passages des Métamorphoses (V, 10 ; IX, 3 ; X, 2 et 9) comparés à des passages de Soranos. Il s’adresse à des hommes instruits et, à cet égard, il présente des similitudes avec le Pétrone du Satiricon. (379) James P., Apuleius the Golden ass. The Nature of the Beast, dans Companion (A -) to the Ancient Novel, p. 119-132. Après avoir résumé l’œuvre, l’a. considère qu’il n’existe pas de satire dans le livre d’Isis. Peut-être est-il préférable de lire le texte au premier degré et de penser que la conversion de Lucius/Apulée s’inscrit dans un courant spirituel. L’a. évoque aussi des adaptations contemporaines du roman. Une position assez semblable de la part de (380) Id., Apuleius’ Metamorphoses : a Hybrid Text ?, ibidem, p. 317-329, qui distingue deux sortes de lectures : celle des savants qui décortiquent l’Âne d’or, ce qui est nécessaire aux débats entre spécialistes ; et celle des lecteurs qui abordent l’œuvre pour la première fois et vont simplement de chapitre en chapitre pour connaître la fin. Ce n’est pas vraiment spécial à ce roman... (381) Fernández Corte J.C., ¿Por qué la bruja Meroe elude nombrar a Sócrates ? Un apunte de poética de los nombres en las Met. de Apuleyo, dans Agalma. Ofrenda desde la Filología clásica a Manuel García Teijeiro, édit. Martínez Fernández Á., Valladolid, 2014, p. 675-680, s’intéresse à l’ironie, un élément essentiel dans les contes de genre grotesque, tel le roman d’Apulée. (382) Jundzill J., Metamorfosa stosunku do mężczyzn : Apulejusz o mężczyznach odpowiedzialnych za patologiczne sytuacje w rodzinie = Metamorphosis attitude towards man : Apuleius about men responsible for pathological situation in family, dans Vox Patrum, XXXIV, n° 62, 2014, p. 197-212, en pol., rés. angl. L’a. veut montrer que, dans le roman d’Apulée, le père ou le mari décide de la forme des relations familiales et qu’il peut ainsi amener la femme à commettre des crimes. Il analyse aussi les sermons des Pères de l’Église sur la responsabilité de l’homme dans la cellule familiale. (383) Egelhaaf-Gaiser U., Des Mysten neue Kleider : gewande(l)te Identität im Isisbuch des Apuleius, dans Kleidung und Identität in religiösen Kontexten der römischen Kaiserzeit. Altertumswissenschaftliches Kolloquium in Verbindung mit der Arbeitsgruppe “Kleidung und Religion”, Projekt DressID, Rheinische Friedrich-Wilhelms-Universität, Bonn, 30. und 31. Oktober 2009, édit. Schrenk S., Vössing K. et Tellenbach M., Regensburg, 2012, p. 149-161, rés. angl. p. 274. Les modifications vestimentaires et capillaires du héros sont constitutives de la narration. Elles interviennent à chaque moment des aventures, en particulier lors des métamorphoses de Lucius. Ainsi le statut religieux, le vêtement et l’identité du personnage sont-ils étroitement corrélés. Au livre XI, la robe de lin, le vêtement multicolore dans lequel Lucius se présente à la cérémonie ou la tête chauve sont des signes religieux, qui scandent la transformation identitaire du héros. (384) Sánchez Mañas C., La redención de Lucio en la Metamorfosis de Apuleyo, dans Otium cum dignitate. Estudios en homenaje al profesor José Javier Iso Echegoyen, édit. Beltrán J.A. et alii, Saragosse (Monografías de filología latina, 16), 2013, p. 357-365, pense que la rédemption de Lucius est fausse et qu’il s’agit d’un passage ironique du roman. D’autres travaux portent plus spécifiquement sur certains livres des Métarmophoses : commençons avec (385) Kenney E.J., Apuleiana : textual notes on Book I of the Metamorphoses, dans Cambridge Classical Journal, LX, 2014, p. 59-60, qui reprend plusieurs passages du livre I des Métamorphoses méritant attention, même après l’édition de cette œuvre par M. Zimmerman, notamment les passages L. I, 7, 3 ; 9, 3 ; 10, 1 ; 14, 2 ; 18, 1 ; 19, 7 ; 26, 6. (386) Nicolini L., Per una rilettura di due passi apuleiani (Met. II 4,1 e XI 24,4), dans Eikasmos, XXV, 2014, p. 193-198, rés. angl. Dans Met., II, 4, 1, on lit attollerabant, delibantes, inhaerent et iam (ainsi qu’il est noté dans la version de la Collection des universités de France) ; dans Met., XI, 24, 4, il faut ajouter meum entre aspectum et populus. (387) Plantade E. et Plantade N., Libyca Psyche : Apuleius’ narrative and Berber folktales, dans Apuleius and Africa, p. 174-202. Pour imaginer le conte de Psyché, Apulée aurait utilisé une source orale que l’on peut retrouver dans les contes berbères. Cette hypothèse, déjà ancienne, est réactualisée par les auteurs qui procèdent à des comparaisons thématiques avec plusieurs récits, telles les caractéristiques des personnages (e.g. le mari divin), les aventures vécues (le mariage, la rupture de l’interdit, la recherche du mari et sa rencontre avec l’héroïne). Les ressemblances peuvent difficilement avoir comme origine le texte latin chez les populations berbères et les a. optent pour le cheminement inverse, le conte local aurait inspiré Apulée. (388) Tilg S., The Poetics of Old Wives’ Tales, or Apuleius and the Philosophical Novel, dans Companion (A -) to the Ancient Novel, p. 627-705. Le narrateur du conte Amour et Psyché est une vieille femme anonyme, gardienne de la maison des voleurs qui séquestrent Charité. Peu d’études se sont intéressées à elle, et l’a. examine ici trois aspects : l’incongruité entre elle et l’histoire qu’elle raconte ; les similitudes entre son introduction et celle des Métamorphoses ; le topos des contes de vieilles femmes. (389) Haskins S.L., A Gendered Reading for the Character of Psyche in Apuleius’ Metamorphoses, dans Mnemosyne, ser. 4, LXVII, 2, 2014, p. 247-269. Concernant le conte de Psyché, les études se sont focalisées sur l’idée d’expliquer la présence de l’héroïne : un personnage qui serait le miroir du héros, un voyage initiatique ou une allégorie du voyage de l’âme vers Isis. Cela fait de Psyché un symbole et soustrait son personnage à une étude pour elle-même. Relire le mythe dans une perspective du « genre », les relations qu’elle entretient avec sa famille ou le mariage ouvre des pistes d’interprétation vers d’autres aspects du roman. (390) Puccini G., Vénus et Cupidon dans les Métamorphoses d’Apulée (IV, 28-VI, 24) : de la relation conflictuelle à la construction identitaire du fils, dans Aphrodite-Vénus et ses enfants, p. 67-76, rés. angl. Dans le conte de Psyché, Vénus apparaît comme une figure double, alternant grandeur et bassesse et exerçant un ascendant puissant sur son fils Cupidon. Celui-ci se révolte contre sa mère, d’abord en secret, puis de plus en plus ouvertement, ce qui se traduit par une double dénomination, Cupidon et Amor. Il conquiert enfin sa propre identité et devient un époux vertueux. (391) Pasetti L., L’avarizia del padre Dite (Apul. met. 6.18.6), dans Lexis, XXII, 2014, p. 368-373, rés. angl. On doit lire nec Charon <nec> ille Ditis [et] pater, pater remplaçant exactor. (392) Schmitz C., Metamorphose einer Ehebruchgeschichte in Apuleius’ Metamorphosen, dans Hermes, 142, 4, 2014, p. 461-473, rés. angl. Le récit de l’adultère conté par Apulée, Met., IX, 5-7, relève de la farce. Il est permis d’y reconnaître une version de l’adultère commis par Vénus avec Mars, Apulée transposant ses caractéristiques dans le monde ordinaire. Bien que les caractères du roman diffèrent beaucoup des prototypes du mythe repris de façon récurrente dans la littérature, sa structure narrative reste néanmoins reconnaissable. (393) Vannini G., Apuleius, Metamorphoses 10.25.1, dans The Classical Quaterly, n. s. LXIV, 2, 2014, p. 865-866. Dans ce passage transmis par le Florentinus MS (F.), la majorité des éditeurs ont choisi de rapporter et quae à mortem. L’auteur propose à la place utque ; la position de que, qui unit alors miseram et inlatam, est ordinaire et se retrouve dans les manuscrits. (394) Watson N., Dreams and Superstition : a Reinterpretation of Satire in Apuleius, Metamorphoses 11, dans Ancient Narrative, XI, 2014, p. 133-158. La question de savoir si le L. XI des Métamorphoses est une évocation sincère de la religion d’Apulée ou une parodie a fait l’objet d’interprétations contradictoires, et cela continue. L’a. défend ici l’idée que la relation de l’âne Lucius avec les dieux à travers les rêves révèle un manque de perspicacité, notamment dans les rêves complémentaires de Lucius en tant qu’âne et du prêtre d’Isis. Il ne faut pas confondre l’âne, crédule, et Apulée. À la fin du roman, Lucius trouve le succès dans les tribunaux et sa promotion au rang de pastophore. C’est une vue pessimiste d’un monde où l’argent peut procurer des avantages même aux yeux des dieux. (395) Jones C.P., Apuleius, Corinth, and Two Epigrams from Nemea, dans Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, 192, 2014, p. 115-120, revient sur le onzième livre des Métamorphoses d’Apulée, qui introduit les changements les plus importants par rapport à son modèle grec. Il s’interroge sur les raisons qui ont conduit l’auteur africain à choisir la région de Corinthe comme lieu d’origine de son héros, et suggère l’influence d’histoires familiales locales connues grâce à des épigrammes. (396) Gianotti G.F., Tra Platone e Iside : per una rilettura dell’undecimo libro delle Metamorfosi di Apuleio, dans Atti della Academia delle Scienze di Torino, 148, 2014, p. 51-103, rés. angl. Dans ce roman d’un homme devenu âne, l’auteur a vulgarisé un programme néo-platonicien à travers un habillage narratif populaire et le symbolisme des cultes égyptiens, surtout celui d’Isis, qui s’était largement diffusé dans le monde romain. L’idée d’une ascension depuis le chaos du monde sensible vers la proximité du monde divin était ainsi transmise à un public peu au fait des spéculations religieuses. Le De Platone est évoqué par (397) Magnaldi G., Loci vexati nel De Platone di Apuleio (190, 194, 206, 219, 229, 230, 241, 247, 252), dans Exemplaria Classica, XVIII, 2014, p. 55-71, rés. angl. L’étude du texte du De Platone d’Apulée permet d’avancer de nouvelles propositions sur la constitutio textus pour les quelques loci uexati mentionnés dans le titre. C’est aux quelques vers conservés de l’œuvre poétique d’Apulée qu’a trait enfin (398) Barbara S., Le dentifrice d’Apulée (Ludicra, fr. 2) : déviance coupable ou banalité frivole ?, dans Extravagances, p. 133-170. L’auteur s’attache d’abord à définir ce que recouvre la notion de « frivolité » qui est attachée à Apulée. Compte tenu de la polysémie du sens en français, il faut penser avant tout à une forme d’espièglerie mêlée de douceur et de charme, qui se rapproche de l’hilaritas. Suit une étude sur la question des ludicra attribués ou non à Apulée avant qu’on aborde les dentifrices. Cette habitude qui a été reprochée à Apulée par ses ennemis n’est pas aussi anodine qu’il y paraît au lecteur contemporain. Les dentifrices pouvaient sembler à la limite de pratiques magiques, car dans la composition des pâtes entraient diverses substances. L’a. recense différentes attestations sur ce produit et rappelle que la cosmétique caractérisait le débauché et encourait donc une forte désapprobation.


4La moisson qui concerne la littérature chrétienne est, cette année encore, réduite. (399) Soler J., Voyage réel et voyage spirituel dans la première littérature chrétienne de langue latine : la « Passion de Marien, Jacques et leurs compagnons », dans Rivista di storia del cristianesimo, XI, 1, 2014, p. 43-60, rés. ital. et angl. La première littérature chrétienne a surtout traité le thème du voyage sur un mode métaphorique ; la Passion ici étudiée est l’un des rares écrits à entrelacer voyage réel et voyage figuré. L’auteur est très probablement un rhéteur africain, étant donné la forte influence de Cyprien et de la Passion de Perpétue et de Félicité, et il connaissait bien aussi Apulée : la première partie du texte ressemble, dans sa structure, à celle des Métamorphoses, et d’autres éléments rapprochent les deux œuvres. Tertullien a intéressé (400) Mattei P., Christianisme et philosophie dans le De pallio. Notes cursives sur deux thèmes majeurs du traité : la foi comme melior philosophia ; nature, coutume et changement, dans Vita Latina, 189-190, 2014, p. 149-157, rés. angl. Des parallèles thématiques entre le De pallio d’une part et le De anima et le De uirginibus uelandis d’autre part incitent à supposer une proximité chronologique entre ces trois traités. (401) Lagouanère J., Les usages du stoïcisme dans le De spectaculis et le De pallio de Tertullien, ibidem, p. 122-148, rés. angl., veut montrer le lien intime qui existait entre le stoïcisme et la pensée de Tertullien qui n’hésita pas à qualifier cette philosophie de melior philosophia. La notion stoïcienne de prouidentia lui permet notamment de penser l’articulation entre le Dieu des chrétiens et l’histoire des païens. Les concepts stoïciens rendent ainsi compte de la tension propre aux processus de conversion de la culture antique au christianisme. (402) Molinier Arbo A., Le costume en Afrique à l’époque sévérienne et le De Pallio de Tertullien : réalités et symboles, ibidem, p. 158-180, ill., rés. angl., fait le bilan des informations contenues dans le De pallio sur les vêtements féminins et masculins qui avaient cours en Afrique (les mêmes que dans le monde romain). Si le pallium, d’origine grecque, était d’un usage courant, la toge s’imposait dans les circonstances officielles quand on était un citoyen romain, et en cela le choix de Tertullien faisait scandale. On assiste ainsi à l’émergence de nouvelles normes vestimentaires, liées aux préoccupations éthiques et politiques des chrétiens. (403) Peró A., La statua di Era argiva nel De corona di Tertulliano, dans Studi e Materiali di Storia delle Religioni, LXXX, 2, 2014, p. 694-726, rés. it. et angl. On sait par Tertullien que des couronnes étaient offertes à Héra dans les sanctuaires de Samos et d’Argos et que la déesse y était en relation avec Héraklès et Dionysos. Nous passons à Minucius Felix avec (404) Minucius Felix, Octavius, traduction et commentaire Schubert C., Fribourg-en-Brisgau-Bâle (Kommentar zu frühchristlichen Apologeten, 12), 2014, XIII-766 p., 3 index. Le texte sur lequel se fondent la traduction et le commentaire en allemand de l’œuvre de Minucius Felix est celui de la collection Teubner (1992), mais l’auteur s’en distingue pour 52 passages (liste p. 8-10) : il est d’autant plus dommage que le texte latin ne soit pas donné en regard de la traduction. Le commentaire est nourri, l’introduction aborde la transmission du texte, les liens de l’auteur avec l’Afrique, les personnages du dialogue et aborde brièvement les thèmes où dominent les relations avec le cercle païen ; une section est consacrée à la langue et au style. Enfin, deux études consacrées à Cyprien concluent cette section. (405) Cipriano di Cartagine, Quando l’uomo diventa istrice : la gelosia e l’invidia, édit. Coco L., Cinisello Balsamo (Vetera sed nova, 5), 2014, 61 p., présente une édition bilingue (latin/italien) de ce traité sur la jalousie, la première œuvre chrétienne à avoir proposé une réflexion sur ce péché capital. (406) Esteban Cruzado J.M., La virginidad cristiana en Cipriano de Cartago, dans Anuario de Historia de la Iglesia, XXIII, 2014, p. 540-546. L’article étudie les influences de Tertullien (De cultu feminarum, De uirginibus uelandis) sur le traité de Cyprien (De habitu uirginum) qui porte sur la virginité chrétienne : il observe chez celui-ci un ton positif à propos de la condition des femmes, absent chez Tertullien.


5L’épigraphie demeure une source capitale pour la connaissance de l’Afrique durant le Haut-Empire, comme le confirme l’attention privilégiée dont elle est l’objet encore cette année. De nouvelles réflexions sur le territoire administratif de la Numidie sont proposées par (407) Christol M., L’horizon spatial des activités administratives des légats de l’empereur dans la province d’Afrique, dans Aouras, VIII, 2014, p. 85-112. L’analyse se fonde sur la documentation épigraphique. Il faut se plier à la chronologie et ne pas projeter aux Ier et IIe s. des réalités administratives apparues progressivement, qui sont issues de la création de la province de Numidie et de la regio Hipponensis comme subdivision de la province proconsulaire. Cette dernière ne se met sans doute en place qu’à la fin du IIe s. (408) Dupuis X., D’un espace administratif à l’autre : aux origines de la Numidie ecclésiastique, dans Centres de pouvoir, p. 577-586, 2 fig. Il est difficile de délimiter la Numidie, nom qui peut recouvrir des réalités différentes suivant les domaines concernés, selon qu’il s’agit de la province administrative ou de la région ecclésiastique ; la présence de domaines impériaux a joué un rôle dans ces délimitations. L’auteur commente l’inscription d’Hippone, 1955, n° 149 : elle atteste l’existence d’un légat du diocèse d’Hippone et curateur de plusieurs cités de Numidie (entre 180 et 260-270), indice d’un second district dont il aurait eu la responsabilité. Il est ensuite question des inscriptions honorifiques impériales avec (409) Sears G., A new era ? Severan inscriptions in Africa, dans Written Space in the Latin West, 200 BC to AD 300, édit. Sears G., Keegan P. et Laurence R., Londres, 2013, p. 201-216, fig. Le nombre d’inscriptions et d’édifices en l’honneur de la dynastie sévérienne est largement supérieur, en Afrique proconsulaire, à celui qui concerne les autres empereurs. Les liens de la famille avec l’Afrique, notamment avec Lepcis Magna, et la longévité de la dynastie n’expliquent pas tout. Le développement de l’urbanisme et des usages de l’écrit s’enracine dans un processus ancien, en relation avec la prospérité de la région, la création de nouvelles cités et la monumentalisation des espaces urbains. L’auteur examine aussi les cas particuliers de Lepcis Magna, de Cuicul et de Thamugadi au prisme de cette lecture ; il observe que, au moins dans ces trois cités, des espaces spécifiquement dédiés aux Sévères ont été construits, créant ainsi une prédominance de cette famille sur le long terme. (410) Dupuis X., L’empereur Numérien Germanicus maximus Gothicus maximus sur un milliaire du Sud tunisien, dans Cahiers du Centre Gustave-Glotz, XXV, 2014, p. 263-279. Une borne milliaire découverte en 1904 dans le Sud tunisien et retrouvée en 2002 n’a guère attiré l’attention. D’abord dédiée à Carus Auguste et Carin César en 282, elle fut ensuite actualisée par l’ajout du nom de Numérien fin 283 ou début 284. Son intérêt réside dans la mention des épithètes Germanicus maximus et Gothicus maximus attribuées à Numérien, car la seconde, en apparence nouvelle, semble aussi apparaître pour son frère Carin sur deux inscriptions de Lambèse. Confrontée aux documents littéraires et numismatiques, elle montre l’importance des opérations militaires en Europe centrale à cette époque. Par ailleurs, l’absence de l’épithète Persicus maximus, attribuée aux deux frères par des textes plus tardifs, suggère que Numérien remporta peu après une victoire persique, comme le dit d’ailleurs le poète Némésien, contemporain des événements. Dans ce contexte militaire favorable pour Rome, on comprend mieux que, d’une façon inhabituelle pour l’époque, une borne milliaire ait exalté les victoires impériales. Le tarif de Zaraï bénéficie de nouveaux éclairages, avec (411) France J., Normes douanières et réglementation des échanges. Trois questions simples sur le tarif de Zaraï (Numidie), dans Antiquités africaines, L, 2014, p. 93-110, 7 fig. Ce tarif (CIL, VIII, 4508 et 18643), daté de 202, est un des rares tarifs à être conservés dans le monde romain. L’a. étudie ici les informations qu’il donne sur la réglementation et les procédures douanières. À la première question, celle de la nature du document, il pense au règlement principal de la douane d’Afrique. La deuxième concerne l’autorité émettrice : il s’agit de la douane impériale faisant partie des quattuor publica d’Afrique. Quant à la raison pour laquelle ce texte a été rédigé, l’a. suggère une modification de la situation locale, provoquée par le départ de l’unité qui stationnait à Zaraï. Dans une annexe, figurent quatre tarifs douaniers, ceux de Zaraï, Lambèse, Palmyre et Coptos. Concernant le même document, (412) Guédon S., La lex uestis peregrinae dans le tarif de Zaraï, ibidem, p. 111-123. Ce passage, qui figure dans le tarif de Zaraï (voir France J., supra), présente la particularité par rapport aux autres stipulations, d’indiquer la provenance des marchandises, désignée par peregrinus ou afer. L’a. examine la taxation qui pesait sur les produits, propose une identification de ces derniers et fait le point sur la question de leur origine. Cette mention doit être mise en relation, selon toute probabilité, avec la zone frontière au voisinage de Zaraï. Concernant la mise en valeur des terres, (413) France J., La lex Hadriana et les incitations publiques à la mise en valeur de terres dans l’Empire romain au IIe siècle p.C., dans Les affaires de Monsieur Andreau, p. 89-96, 1 fig., s’intéresse à l’une des pièces de ce très volumineux dossier africain : la décision émanant de procurateurs, intitulée sermo procuratorum, qui est relative à la mise en culture, par les colons, des terres incultes (y compris les bonnes terres) situées dans les domaines impériaux. Il en donne une traduction nouvelle, la confronte à un autre texte du dossier, la lex Manciana, examine l’objectif poursuivi par les procurateurs, enfin s’interroge sur sa portée en la comparant – ce qui est inhabituel et d’un grand intérêt – à d’autres interventions d’Hadrien dans le monde grec. (414) Baroni A.-F., Les propriétés foncières sénatoriales en Numidie sous le Haut-Empire, dans Epigrafia e ordine senatorio, p. 387-404. En recensant les inscriptions trouvées en Numidie relatives à des domaines, l’a. constate que dix se rapportent à des sénateurs, parmi lesquels Q. Lollius Urbicus, les Arrii Antonini pour lesquels l’a. propose un arbre généalogique, les Antistii, dont un membre est entré dans la famille impériale. Cela confirme ce que l’on sait par ailleurs, que l’ascension sociale des Africains était liée à leur fortune foncière et à leur rôle dans l’approvisionnement de Rome. Dans le domaine de la religion, (415) Miatto M., Modelli del contatto culturale nell’Africa romana : per una riflessione sulle “teologie” africane, dans Sacrum facere. Atti del II seminario di Archeologia del Sacro, II, Trieste, 19-20 aprile 2013, Trieste, 2014, p. 231-241, rés. fr. p. 331-332, s’interroge sur les associations de divinités inédites à l’intérieur des lieux de culte afin de comprendre les « théologies africaines ». L’examen, assez rapide, de la question aborde le sanctuaire de Thinissut et le panthéon de Thugga, sans rien apporter de bien nouveau. S’ouvre ensuite un riche dossier consacré à l’armée, avec (416) Matei-Popescu F., Zwei Militärdiplome hadrianischer Zeit, dans Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, 190, 2014, p. 297-304. Le premier de ces diplômes, très endommagé, concerne l’armée d’Afrique et il date du début de l’année 129 (p. 297-300). On y trouve la mention du légat Catullinus et d’un officier qui est identifié par l’auteur au préfet Cornelianus connu par un des discours prononcés par Hadrien en Afrique. L’unité concernée serait l’ala I Flauia Felix Numidica. (417) Mihailescu-Bîrliba L., Mobilität und Politik der Rekrutierung in der römischen Armee : der Fall der Soldaten und der Veteranen der Legio I Italica, dans Classica et Christiana, VIII, 2, 2013, p. 527-533, rés. angl. et roum, procède à une étude prosopographique, basée sur les inscriptions, pour déterminer quel était le recrutement de la legio I Italica : les soldats venaient des provinces du Danube et peut-être aussi d’Afrique. La légion a participé aux guerres civiles à l’époque de Septime Sévère. (418) Morizot P., L’aile des Thraces en Afrique, dans Guerre (La -) dans l’Afrique romaine, p. 207-211, 3 fig., propose une nouvelle lecture de la dédicace d’un autel aux dii Campestres par un préfet d’aile grâce à une photographie trouvée dans les archives de J. Baradez au Centre des archives d’outre-mer à Aix-en-Provence. Il convient, selon lui, de retenir la lecture de J. Baradez, al(ae) T(hracum) P(ia) F(elix) et non pas celle de P. Trousset, al(ae) I P(annoniorum). Normalement cantonnée en Césarienne, cette unité, qui est ici attestée à Gemellae, est peut-être intervenue en Numidie à un moment où la dissolution de la légion III Auguste avait laissé le sud de la province dégarni. [Les arguments avancés ne sont pas entièrement convaincants et ceux de P. Trousset, qui privilégiait l’aile Ière des Pannoniens, méritent d’être encore considérés. D’une part, ce serait la seule attestation d’une aile des Thraces à Gemellae mais également plus largement en Numidie. D’autre part, l’aile Ière des Pannoniens y est bien attestée et on trouve sur le site la même abréviation (voir , 2014, n° 1456)]. (419) Dana D., Notices épigraphiques et onomastiques I, dans Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, 188, 2014, p. 181-198. Parmi les différentes inscriptions sur lesquelles revient l’auteur, celle qui est rangée au n° 12 est une inscription funéraire provenant d’Ammaedara, aujourd’hui conservée au musée du Bardo. Elle se rapporte à un cavalier auxiliaire d’origine thrace. L’inscription, dont l’auteur propose une nouvelle lecture, fait écho au lot important d’épitaphes de militaires auxiliaires thraces qui sont en service au Ier siècle apr. J.-C. dans les provinces occidentales. (420) Morizot P., collab. Ploton-Nicollet F., El Agueneb : le commandant de l’expédition organisée par M. Aemilius Macer célèbre le renfort que lui a apporté la IIe cohorte des Africains, dans Revue des Études latines, XCII, 2014, p. 221-244, 9 fig., rés. fr. et all., se penche de nouveau sur la lecture et l’interprétation de la fameuse inscription d’El Agueneb, datée des premières années du règne de Septime Sévère. Elle rappelle, selon lui, une expédition de caractère militaire en pays insoumis, et serait destinée à célébrer la jonction de troupes de différentes origines : P. Morizot suggère, à partir d’une nouvelle lecture du texte, le renfort de la cohors Afrorum venue d’Égypte. (421) Le Bohec Y., Un centurion tueur et voyeur, dans Dans le secret des archives. Justice, ville et culture au Moyen Âge, Sources et commentaires offerts à Nicole Gonthier, édit. Billoré M. et Picot J., Rennes, 2014, p. 305-316. Le personnage, mentionné par une inscription d’Aquae Flavianae, a commencé sa carrière comme centurion ; il a participé à la guerre contre les Daces au temps de Trajan et aux triomphes qui l’ont accompagnée. Il a aussi connu la paix, pris sa retraite et il a certainement vu les Nymphes nues (toutes les religions se fondent en partie sur des miracles). (422) Le Roux P., Un vétéran Bagaiensis à Mérida de Lusitanie : questions et éclairages, dans Aouras, VIII, 2014, p. 113-124, 2 fig. Un nouveau fragment permet de réexaminer ce poème épigraphique, sans doute du début de l’époque sévérienne, relatif à un vétéran d’une aile milliaire (AE, 2009, 519). Originaire de Bagaï en Numidie, il est décédé à l’âge de 61 ans après avoir pris sa retraite en Lusitanie. Les travaux mentionnés ensuite apportent de nouveaux éléments de connaissances sur des sites présentés par ordre géographique, de la Libye au Maroc. En Libye, Lepcis Magna reste sans surprise le lieu privilégié de nouvelles investigations. (423) De Simone R. et Tomasello F., Dalla cava al monumento. Nuove considerazioni sui contrassegni punici di Leptis Magna, dans Arqueología de la construcción, IV. Las canteras en el mundo antiguo : sistemas de explotación y procesos productivos. Actas del congreso de Padova, 22-24 de noviembre de 2012, Mérida, 2014, p. 351-365, 5 fig., rés. it. et angl. Les auteurs présentent les premiers résultats d’une étude en cours sur les marques de carriers répertoriées tant sur les monuments lepcitains que dans les carrières de calcaire blanc de Ras el Hammam, situées à 4 km du site. L’enquête croise ces données avec les documents épigraphiques et archéologiques lepcitains et met en évidence la continuité des pratiques de construction et de l’utilisation du punique jusqu’au début de l’époque impériale au moins. (424) Cenerini F., Il doppio del doppio. Il caso dell’iscrizione dedicatoria del teatro di Leptis Magna, dans L’iscrizione e il suo doppio, édit. Donati A., Faenza (Epigrafia e Antichità, 35), 2014, p. 79-90, ill., reprend les trois inscriptions installées par Annobal Tapapius Rufus dans le théâtre de Lepcis Magna (IRT, 321-323) lors de la dédicace en 1-2 apr. J.-C. et les rapproche de celle du marché inauguré en 9-8 av. J.-C., financé par le même personnage (IRT, 319). Elle note quelques différences dans l’énoncé des charges et l’association du latin à un texte néo-punique dans deux textes (IRT, 321-322) : la traduction à partir du texte latin est partielle puisque l’empereur n’est pas mentionné. Selon l’a., dans IRT, 322, la titulature impériale est séparée du nom du dédicant par la représentation centrale d’une poignée de mains qui associe deux mots identiques aux l. 2-3 (patria) [Notons cependant que la photographie ne montre pas cette disposition]. (425) Marmouri K., L’inscription lepcitaine IRT 560 : une relecture, dans L’epigrafia dei Porti. Atti della XVIIe Rencontre sur l’épigraphie du monde romain, édit. Zaccaria C., Antichità Altoadriatiche, LXXIX, 2014, p. 323-334, 3 fig., tabl. L’a. propose une nouvelle lecture d’une inscription gravée sur un socle de statue, conservée in situ à Lepcis Magna et provenant de la zone du Forum vetus. Ce texte mentionne une communauté de citoyens romains pratiquant le commerce à Lepcis Magna au Ier s. apr. J.-C. (426) Trillmich W., Die Inschrift-Basis des Quadriga-Monuments für Germanicus und Drusus vor dem Augustus-Roma-Tempel in Lepcis Magna, dans Jahrbuch des Deutschen Archäologischen Instituts, 129, 2 014, p. 211-267, 1 f. de dépl., 29 fig., rés. all. et angl., améliore la lecture de l’inscription IRT, 334 a-b, et restitue la base du monument dressé en l’honneur de Germanicus, après sa mort, et de Drusus le Jeune (donc entre 19 et 23), dans le temple d’Auguste et de Rome à Lepcis Magna : il s’agissait d’un quadrige en bronze, dont le char était peut-être vide puisque les statues en marbre des deux princes étaient installées dans le temple. En Tunisie, deux études reviennent sur le tracé de la Fossa Regia, en commençant par (427) Abid H., Le tracé de la Fossa Regia dans la vallée de l’oued Siliana. Précisions et réflexions, dans Centres de pouvoir, p. 401-418, 17 fig. Une nouvelle borne s’ajoute à celles qui étaient déjà connues. L’auteur en profite pour rappeler la liste des textes relatifs à ce tracé (p. 406-407). L’épi rocheux qu’on a attribué à cette limite est en réalité naturel et il n’a rien à voir avec elle. La zone des domaines privés doit être placée à l’extérieur de la Fossa Regia, et les petites localités qui existaient à l’ouest du plateau de Haddadia, à l’intérieur. (428) Christol M., La cité et le domaine impérial : à propos de Thugga, ibidem, p. 333-348, se penche sur le dossier de la Fossa Regia à la latitude de Dougga. Il propose de développer l’abréviation S.F.R.G., gravée sur une borne, en s(ecundum) f(ormam) R(utili) G(allici), du nom d’un sénateur consulaire sous Vespasien : il suppose que le travail de bornage de deux domaines, un domaine impérial et celui de la ciuitas thuggensis, s’appuyait sur un document plus ancien, mais aussi d’époque flavienne, qui servait de point de référence. L’examen des inscriptions l’amène à soupçonner un conflit entre les paysans qui travaillaient sur les domaines impériaux et les notables municipaux. Ces bornes auraient eu pour but de régler l’affaire en précisant ce qui revient aux uns et aux autres. Il est également question de domaines impériaux avec (429) Chaouali M., Une épitaphe inédite de Mustis sur l’administration des domaines impériaux en Afrique du Nord au début du IIe siècle apr. J.-C., dans Cahiers du Centre Gustave Glotz, XXV, 2014, p. 81-88, 3 fig. En 2011, la nécropole de Mustis a livré l’épitaphe d’un dénommé M. Ulpius Fortunatus, un affranchi procurateur de l’empereur Trajan. Plusieurs domaines impériaux sont connus dans la région et l’a. suppose que la ville a pu abriter un service administratif : il aurait dépendu initialement d’un procurateur établi à Carthage, et serait issu du démembrement de l’administration domaniale au début du IIe s. apr. J.-C. (430) Guédon S., Hospitium dare et copias deferre dans une inscription de Sidi Amara (Tunisie), dans Se déplacer dans l’Empire romain. Approches épigraphiques, édit. Demougin S. et Navarro Caballero M., Bordeaux (Ausonius, Collection Scripta antiqua, LIX), 2014, p. 55-68, 1 fig., examine une inscription fragmentaire trouvée en 1888 (publiée en 1928-1929) au lieu-dit Sidi Amara (Aïn Fouar, 15 km au sud-est d’Aradi), peut-être identifié à la station ad Aticille de la Table de Peutinger, dans ce qui était sans doute un domaine impérial. L’analyse du texte (IIe s. ?) permet de définir les fonctions dévolues aux populations rurales, peut-être un uicus, en matière d’approvisionnement et d’hospitalité en faveur d’un corps de troupe. Elle permet aussi de réfléchir aux différents motifs qui pouvaient entraîner la circulation des unités de l’armée, en dehors d’un contexte directement militaire. La documentation épigraphique de Sufetula (Sbeïtla) a été l’objet d’une attention particulière, notamment au sujet des opérations de bornage. (431) Naddari L., Sufetula et les Musunii, dans Voyages, déplacements et migrations, p. 21-32, ill. Neuf bornes délimitent le territoire des Musunii, et l’abréviation PMSM, une seule fois PVB MVNIC SVF MVS, pose problème. M. Khanoussi (, 2004, n° 1672) avait lu Sufetula Mus(uniorum), unique attestation connue de ce toponyme urbain. L. N. propose de restituer (adsignata) Mus(uniis), « les terres publiques assignées aux Musunii », et d’y voir une opération de bornage : les Musunii seraient les bénéficiaires d’une assignation de terres prises sur les publica de Sufetula. Interprétation qui peut être discutée. (432) Id., À propos des litterae singulares M.I.R.S.O.V. des bornes territoriales des environs de Sufetula (CIL, VIII, 23222-23225), dans Epigrafia e ordine senatorio, p. 735-744, ill. L’a. propose de corriger les lettres mentionnées dans le titre en M.I.R.S.C.V., qui seraient l’abréviation du nom de M. Iunius Rufinus Sabinianus c(larissiums) u(ir). Ce dernier, qui fut proconsul de la province d’Afrique en 173, aurait donc possédé un vaste domaine près de la ville. (433) Hamdoune C., À propos de l’expression épigraphique des actes d’évergétisme dans les inscriptions de Sbeitla, dans Colloque de Sbeïtla VII, p. 213-226, rés. arabe. L’étude part de l’épitaphe poétique d’un médecin évergète puis revisite les inscriptions de Sbeïtla, fondées sur les termes de munus et munerarius, qui expriment les générosités des évergètes. Nous passons à l’épigraphie routière, et au site d’Ammaedara, avec (434) Naddari L., La voie ex castris hibernis-Tacapes. Le tronçon Ammaedara-Thelepte : étude d’archéologie et d’épigraphie, dans Centres de pouvoir, p. 349-376, ill. L’auteur donne une liste des bornes milliaires repérées sur ce tronçon de voie. Elles avaient plusieurs formes, un étalon unique et des formulaires assez variés. Aucun document ne mentionne L. Nonius Asprenas, mais il faut peut-être incriminer la malchance des archéologues ; c’est regrettable car la datation du camp d’Ammaedara aurait pu en être facilitée. Ce segment de voie s’insérait dans un réseau viaire très dense. (435) Benzina Ben Abdallah Z., Blonce C. et Rocca E., Nouvelles inscriptions publiques inédites d’Haïdra, dans Antiquités africaines, L, 2014, p. 125-140, 14 fig. Les auteurs publient sept inscriptions inédites d’après des fiches conservées dans le fonds Poinssot à l’Institut national d’histoire de l’art à Paris. Elles ont été découvertes dans plusieurs monuments publics d’Ammaedara par le docteur G. Dolcemascolo entre 1925 et 1939, et trois sont conservées au musée du Bardo. Quatre d’entre elles sont particulièrement intéressantes. La première est une inscription impériale attribuable aux Flaviens, c’est la plus ancienne trouvée dans la cité ; la deuxième est une dédicace à Hadrien ; une troisième permet peut-être d’identifier un nouveau proconsul, M. Domitius Valerianus, c. 250 ( ?), et un texte fragmentaire rappelle sans doute un règlement sur des jeux donnés lors des Saturnales. (436) Naddari L., Une inscription d’Ammaedara reconstituée (AE, 1992, n° 1776, et AE, 2000, n° 1690), dans Colloque de Sbeïtla VII, p. 199-211, 7 fig., rés. arabe. Cet article rapproche deux fragments en considérant qu’il s’agit d’une seule et même dédicace, datée de 170-180 et honorant une divinité anonyme ; il étudie aussi les préfets des gentes Musulamiorum et Musuniorum. (437) Sblendorio Cugusi M.T., Nuovo carme epigrafico da Ammaedara (Haïdra), dans Epigraphica, LXXVI, 2014, p. 345-353. Cet article propose une nouvelle édition, accompagnée de son commentaire, d’un carmen épigraphique découvert à Ammaedara et daté du IIIe-IVe siècle apr. J.-C., édité par Z. Benzina Ben Abdallah dans Mourir à Ammaedara. Épitaphes latines païennes inédites d’Ammaedara (Haïdra) et de sa région, Ortacesus, 2013, n° 217. Cette épitaphe est l’un des plus anciens poèmes chrétiens découverts dans l’Afrique romaine. Nous nous rendons en Algérie avec (438) Hamdoune C., L’évergétisme dans deux inscriptions fragmentaires et perdues de Théveste, dans Aouras, VIII, 2014, p. 129-145, 6 fig. Deux inscriptions de la ville (ILAlg., I, 3066 et 3068) rappellent l’évergétisme de notables de la colonie. En dépit des lacunes, elles font connaître des liens entre des familles de notables dans la seconde moitié du IIe s. Dans un cas, la famille paternelle descendrait d’un affranchi d’Hadrien et serait moins prestigieuse que l’ascendance maternelle, dans l’autre, l’évergète descend d’un vétéran. L’a. reprend aussi la proposition de S. Gsell à propos de la statue d’Esculape : elle était recouverte d’argent. (439) Bertrandy F., À propos de quelques gentilices de la « Confédération cirtéenne » sous le Haut-Empire romain, dans Forgerons, élites et voyageurs d’Homère à nos jours : hommages en mémoire d’Isabelle Ratinaud-Lachkar, édit. Ferriès M.-C., Castiglioni M.P. et Létoublon F., Grenoble, 2013, p. 505-521. Cinq gentilices particuliers sont étudiés : Carvilius, rare, se rencontre onze fois, uniquement à Thibilis ; sept textes mentionnent un Dupidius, et Roccius apparaît dans deux inscriptions ; neuf textes citent un Salvidenius, dont sept à Cirta ; Satrius se retrouve dans dix inscriptions assez bien répandues dans la Confédération. Avec ces noms, on se trouve aux origines de celle-ci et le plus répandu, Satrius, indique peut-être une installation liée à des activités de négoce antérieures à la conquête. (440) Christol M., L’inscription d’un bénéficiaire à Sétif (Maurétanie Césarienne), dans L’Antiquité Classique, LXXXIII, 2014, p. 129-137, 2 fig., rés. angl. L’a. procède à un nouvel examen de l’inscription , 1993, n° 1777, dans laquelle un bénéficiaire restaure un autel pro salute des empereurs Septime Sévère et Caracalla, et il précise quelques points. La restauration de l’autel montre l’importance de Sétif au IIe s. La ville était devenue une étape importante entre les hautes plaines de l’Algérie orientale et la mer. Il faut écarter l’idée d’une éventuelle promotion de ce sous-officier, car des vœux de ce type sont bien attestés en dehors d’une telle circonstance. Lambèse n’est pas en reste, son corpus épigraphique a intéressé (441) Bertolazzi R., From the CIL Archives (II) : a New Statue Base from Lambaesis (Algeria), dans Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, 188, 2014, p. 284-286. Cette courte étude est consacrée à une inscription du lapidaire de Lambèse. Elle s’appuie sur une photographie du texte, prise par Hans-Georg Kolbe au cours de sa prospection épigraphique en Algérie et en Tunisie en 1966, et conservée dans les archives photographiques du CIL. L’inscription garde le souvenir de l’élévation d’une statue décidée par le conseil de la cité de Lambèse, en l’honneur d’un empereur qu’il n’est pas possible d’identifier avec précision : l’auteur suggère de reconnaître soit Maximien, soit son fils Maxence. (442) Dyczek P., Kolendo J., Łajtar A., Płóciennik T. et Rzepkowski K., Une inscription métrique de Lambaesis (CIL, VIII, 2581 ; F. Buecheler, Carmina Latina epigraphica, 1527) et la statue du dieu illyrien Médaure, dans Antiquités africaines, L, 2014, p. 73-84, 2 fig. Les auteurs donnent ici la version française de leur article publié en polonais en 2010 (B.A.A.A., XLIV [2010], 2016, n° 634), sur l’inscription métrique de Lambèse en l’honneur du dieu illyrien Médaure. Le texte décrit la statue équestre érigée par un légat de la IIIe Légion Auguste. Les auteurs proposent aussi une nouvelle correction du texte : à la l. 10, la lecture parus pourrait être corrigée en rarus, au sens de « remarquable », et non en carus comme ils l’avaient d’abord supposé.


6La numismatique reste faiblement documentée. Fait exception l’étude menée par (443) Alexandropoulos J., Les guerres d’Auguste et de Tibère en Afrique : le témoignage des monnaies, dans Guerre (La-) dans l’Afrique romaine, p. 35-52. Les guerres sont inégalement documentées par les monnayages, et au début du Haut-Empire, c’est la guerre de Tacfarinas, sous Tibère, qui a laissé une documentation intéressante grâce aux émissions de la province d’Afrique et à celles du royaume de Maurétanie. Cet article dense en donne un éclairage bien souvent neuf. Les monnaies de la colonia Iulia Pia Paterna (que l’auteur propose d’identifier à Ruspina, p. 41-42) sont les seules à établir une relation sur une certaine durée avec cette guerre, en mentionnant le nom de trois des proconsuls chargés des opérations : L. Apronius, Q. Iunius Blaesus et P. Cornelius Dolabella, entre 21 et 24. Le portrait de L. Apronius figure aussi sur une émission d’Hippo Regius qui pourrait avoir été concernée par un événement connu par Tacite, Ann., III, 74. La cité d’Oea, de son côté, a représenté Tibère et Livie vers 22/24 d’après le type des portraits. Ces monnayages qui devaient compléter le financement de la guerre, avaient surtout une fonction politique : renforcer l’autorité des proconsuls. Les émissions royales, très riches, sont ensuite examinées : J. A. établit une différence entre les émissions d’argent, qui célèbrent des victoires remportées avec les Romains contre les Musulames et les Gétules, et les bronzes (Victoire, trône) qui seraient uniquement en relation avec l’affirmation du pouvoir royal. Un bronze de Juba II, cependant, daté sans doute de 21, doit être rapproché des émissions de Paterna et d’Hippo Regius. Beaucoup reste à faire sur les aspects financiers de ces émissions. (444) Bonacasa Sáez S., La pervivencia de la iconografía de Ba’al Hammon en época romana : el caso de Saeculum Frugiferum, dans Centro y periferia, 2014, p. 455-457, 2 fig. Les émissions de Clodius Albinus avec la légende indiquée dans le titre présentent au revers un dieu assis, sans doute Baal Hammon : le monde romain absorbait, assimilait, mais n’éliminait pas les traces du passé non romain.


7Plus importante est, comme il faut s’y attendre, la section consacrée à l’archéologie, qui a trait à des domaines variés. Le contrôle romain établi sur le territoire des cités africaines par le biais de la centuriation est évoqué par (445) Grira M., Témoignages archéologiques et épigraphiques de « centuriation » romaine autour de Sufes (Sbiba, Tunisie), dans Centres de pouvoir, p. 37-400, 15 fig. Les cartes, la photographie aérienne et des contrôles au sol, confortés par un fragment d’inscription (proconsul de 159 apr. J.-C.), permettent d’identifier cette centuriation (environ 450 ha). C’est à l’économie que renvoie (446) Bernal-Casasola D. et alii, De la producción de púrpura getúlica. Arqueomalacología en la cetaria altoimperial de Metrouna, dans Purpureae vestes, I., Production and Trade of Textiles and Dyes in the Roman Empire and Neighbouring Regions. Producción y comercio de textiles y tintes en el imperio romano y regiones cercanas, édit. Alfaro C., Tellenbach M. et Ortiz J., Valence, 2014, p. 175-188, 11 fig., rés. angl. et esp. Cet atelier de fabrication de la pourpre est le seul à avoir été identifié et étudié sur le Détroit (à l’est de Septem fratres). Actif entre 75 et 150, il est situé dans l’embouchure du Martil et associait production de salaison et production de la pourpre : cette singularité n’était peut-être pas si rare qu’il y paraît, car les installations de salaisons sont en général très mal repérées. L’artisanat et la production de bronzes ont fait l’objet d’un intérêt particulier, en lien avec le volume collectif dédié au matériel archéologique de Volubilis : (447) Boube-Picot C., Les bronzes antiques du Maroc, dans Splendeurs de Volubilis, p. 32-37, ill. Les sites marocains ont livré un nombre impressionnant de bronzes, intacts ou fragmentaires (statues, vases, lits pour les banquets, etc.). La majorité d’entre eux a été importée entre le Ier s. av. J.-C. et le début du IIIe s., bien que la découverte de modèles d’atelier en plâtre laisse entrevoir la possibilité de fabrications locales. L’a. décrit quelques objets remarquables et établit des comparaisons avec des bronzes trouvés dans d’autres provinces. (448) Brouquier-Reddé V., L’apport de l’archéologie à la découverte des ateliers de fonderie des grands bronzes, ibidem, p. 48-51. Les grands bronzes de Volubilis ont été acheminés en pièces détachées, bien que la présence de quelques ateliers de travail du métal soit attestée en Tingitane, qui fabriquaient des objets de qualité moindre. Le constat est le même pour l’ensemble de l’Afrique antique. Les grands bronzes étaient fabriqués dans des installations spécifiques et, malgré le caractère éphémère de leur existence, ils sont de mieux en mieux identifiés par les archéologues. Les ateliers de moulage jouaient un rôle important dans le transfert des techniques. (449) Descamps-Lequime S., La polychromie des bronzes grecs et romains, ibidem, p. 52-53. Les bronzes parvenus jusqu’à nous n’ont pas leur teinte originelle. Au sortir de l’atelier ils avaient une couleur proche de celle de l’or et leur polychromie reposait surtout sur des ajouts de cuivre et d’argent. La corrosion naturelle était inéluctable malgré les soins pris pour la retarder, comme en témoignent quelques sources littéraires, dont Pline l’Ancien. Quelques siècles après leur fabrication, l’apparence des grands bronzes classiques s’était donc modifiée. D’un art à l’autre, c’est celui du portrait qui est documenté par (450) Baratte F., Un buste d’enfant provenant d’Oued Taga (Batna), dans Aouras, VIII, 2014, p. 247-255, 8 fig. Ce buste, daté de l’époque antonine, présente une intéressante particularité technique avec son piédouche en deux parties. Il donne l’occasion à l’a. de revenir sur plusieurs particularités du portrait romain, notamment en Afrique. (451) Buccino L., Ritratti di Leptis Magna : modelli, produzione, contesto tra la dinastia flavia e gli Antonini, dans Libyan studies, XLV, 2014, p. 19-47, 38 fig., fait un point sur les portraits aussi bien impériaux que privés d’un grand IIe siècle, période de prospérité économique de la Tripolitaine : l’intention est d’illustrer la relation avec des modèles romains et de mettre en évidence les techniques des sculpteurs locaux. L’auteur signale l’influence gréco-alexandrine, qui a joué un rôle significatif au début de la période impériale, mais qui semble moindre sous les Flaviens. Les ateliers locaux sont influencés par Rome mais aussi par Carthage et utilisent des marbres venus de la partie orientale de l’empire. À la croisée entre l’art du portrait et l’architecture, (452) Cassibry K., Honoring the Empress Julia Domna on Arch Monuments in Rome and North Africa, dans Roman in the Provinces, p. 75-90, 14 ill., propose une étude globale de tous les arcs sévériens sur lesquels paraît Julia Domna, jamais seule, toujours en compagnie de son époux ou de ses fils. Elle est l’impératrice la plus souvent représentée sur ce type de monuments, au nombre de onze, élevés entre 202 et 217, dont cinq en Afrique, un en Grèce, les autres à Rome. Les arcs africains (p. 78-84) sont à Lepcis Magna (2), Théveste, Cuicul et Volubilis ; un seul est qualifié de triomphal sur l’inscription, à Cuicul (CIL, VIII, 8321). L’a. présente leur forme (tétrapyles ou arcs simples), leur programme iconographique, la dédicace - si elle existe - indiquant les commanditaires, officiels ou individus, enfin la signification de la présence de l’impératrice, symbole de l’unité dynastique et de la transmission du pouvoir. Dans le domaine de la mosaïque, (453) Redaelli S., Il catalogo nautico del mosaico di Althiburos. Considerazioni sulle sue fonti testuali, dans Sylloge Epigraphica Barcinonensis, 2014, p. 105-144, 25 fig., recherche les sources textuelles et iconographiques à l’origine de cette mosaïque de pavement bien connue, découverte en 1895 à Althiburos, dans l’atrium tuscanicum de l’édifice des Asclepieia, et assignée à la fin du IIIe siècle ; (454) Ead., Il catalogo nautico del mosaico di Althiburos (Tunisia) : una preziosa risorsa per la storia della navigazione nell’antichità e per la letteratura latina, dans Centro y periferia, vol. 1, p. 781-783, rés. angl., 2 fig., propose plus précisément, toujours au sujet de la même mosaïque, soit l’encyclopédie perdue de Suétone (les Prata) soit plutôt un traité de Varron sur la navigation. Seules deux études viennent nourrir la recension par site, d’abord en Tunisie, (455) Gros P., La topographie fonctionnelle du centre monumental d’une colonie de province à la fin du IIe siècle après J.-C. : l’exemple de la Carthage antonine, dans Centres de pouvoir, p. 81-103, 9 fig., souligne les deux questions que pose encore l’implantation du centre administratif et religieux de Carthage, sur la colline de Byrsa : l’existence d’un ou de deux espaces d’accueil et d’échange proches de la mer et le rôle spécifique des monuments de Byrsa. La première question reste, à l’heure actuelle, insoluble en l’absence de donnée nouvelle. C’est donc au second problème que s’attache l’a. Les fouilles françaises de Carthage ont montré l’existence de trois places adjacentes ; elles devaient être consacrées à des organes institutionnels différents. Des comparaisons avec des cités d’autres parties de l’empire montrent que Carthage n’était pas, à cet égard, une exception. Ces places servaient l’une à l’administration municipale, l’autre aux organes provinciaux et la dernière au culte impérial. La seconde étude intéresse le Maroc avec (456) Boube-Piccot C., Décor insolite d’un puisoir de service à vin d’époque augustéenne à Lixus (Maroc), dans De Rome à Lugdunum des Convènes, p. 409-415, 3 fig. Plutôt que de puisoir, il serait préférable de parler de trulla. Ces trullae furent fabriquées au cours du premier tiers du Ier s. apr. J.-C. Celle-ci, mise au jour à Lixus et peut-être importée de Syrie, comporte à son extrémité deux poissons avec des têtes de canards. Au-dessus est représentée une grue, dont le duvet est noté par des encoches en obliques et, au registre supérieur, figure la tête de Thétis.

B – Bibliographie

8L’histoire événementielle est plus étoffée cette année grâce à la publication d’un ouvrage collectif sur la guerre. Avant de l’évoquer, il faut faire mention de deux études qui ont trait aux gouverneurs d’Afrique. (457) Christol M., « Voyages organisés » : les interventions des « autorités » impériales et la géographie administrative de la province d’Afrique, dans Voyages, déplacements et migrations, p. 133-157, 5 fig., reprend un texte publié en 2012 (B.A.A.A., XLVI [2012], 2018, n° 644 = CRAI, 2012, p. 653-674). (458) Id., Le proconsulat d’Afrique de L. Marius Maximus Perpetuus Aurelianus, dans Cahiers du Centre Gustave Glotz, XXV, 2014, p. 121-143. La carrière de ce personnage comporte une originalité qui a été régulièrement relevée : l’exercice consécutif des deux grands proconsulats d’Asie et d’Afrique. Mais leur place dans la carrière du personnage et dans les fastes provinciaux est objet de discussions. Il apparaît qu’il aurait exercé le proconsulat d’Asie de mi-213 à mi-215, puis celui d’Afrique de mi-216 à mi-217. Préfet de la Ville sous Macrin, il devient un responsable de premier plan en 217-218. On s’explique ainsi l’importance qu’il détenait au début du règne de Sévère Alexandre, qu’atteste un second consulat en 223. Évoquons maintenant l’ouvrage collectif dédié à (459) La Guerre dans l’Afrique romaine sous le Haut-Empire. Actes du CXXXVIe Congrès national des Sociétés historiques et scientifiques « Faire la guerre, faire la paix », Perpignan, 2011, édit. Coltelloni-Trannoy M. et Le Bohec Y., Paris, 2014, 256 p., ill. Sans avoir été un territoire particulièrement marqué par les guerres sous le Haut-Empire, l’Afrique du Nord antique a connu des conflits, c’était inévitable sur un aussi vaste espace et sur une chronologie aussi longue : ces événements nous en disent autant sur l’évolution de la situation politique ou sociale que sur les techniques de guerre, la diplomatie, les aspects démographiques, économiques et religieux. L’ouvrage est divisé en deux parties, l’une consacrée à la chronologie des faits, l’autre à des aspects thématiques, parmi lesquels on trouve aussi les conflits religieux, un peu décalés par rapport aux autres contributions. Notons que certains articles abordent aussi l’époque tardive. (460) Le Bohec Y., La guerre en Afrique sous le Haut-Empire : problématique, ibidem, p. 13-22, définit le territoire concerné par le colloque (des Syrtes à l’Atlantique) puis ce qu’il faut entendre ici par « guerre », un conflit entre deux armées et non pas la « guérilla » ou guerre asymétrique, puis il effectue le bilan historiographique de la question, depuis l’« histoire coloniale » jusqu’aux recherches actuelles. (461) Id., La guerre en Afrique sous le Haut-Empire : chronologie, ibidem, p. 23-33, rappelle tout d’abord des questions de méthode : il faut bien distinguer entre guerre et brigandage et il est parfois difficile de faire la part entre les « vraies » guerres » et de simples désordres. Il procède ensuite à une estimation de la gravité des troubles connus en Afrique par les sources littéraires ou épigraphiques : il faut attendre le IIIe s. pour que les indices de soulèvements graves soient probants en Césarienne et en Numidie, avec des coalitions de plusieurs peuples (entre 254 et 259). En résumé, on ne peut que constater la rareté des épisodes guerriers vraiment préoccupants sous le Haut-Empire, ce qui correspond d’ailleurs à la modestie des forces romaines présentes en Afrique et à la prospérité que Rome assurait aux Africains, visible dans le nombre des villes, leur richesse et celle des campagnes. Cette conclusion s’oppose à bien des descriptifs traditionnels. (462) Corbier M., Faire la guerre, faire la paix. Conclusion, ibidem, p. 245-252, procède à une analyse des diverses contributions (dont une, celle de C. Hamdoune, n’a pas trouvé sa place dans le volume) : la question des sources est naturellement au cœur des travaux, mais aussi la question des représentations, aussi bien celle qui est due au pouvoir romain (le seul à « dire la guerre ») que celles des historiens, depuis le XIXe s. jusqu’à nos jours. M. C. observe aussi que la guerre est plus présente que la paix dans ce colloque. (463) Wolff C., La guerre de Tacfarinas (17-24), ibidem, p. 53-67, établit un état de la documentation sur cette guerre (Tacite, Aurelius Victor et le pseudo Aurelius Victor), et insiste sur sa particularité. Elle passe en revue les acteurs qui y ont participé, les légions, les civils, Romains et Africains, qu’ils soient alliés de Tacfarinas ou alliés des Romains (y compris des Musulames), puis se demande pourquoi Tacite a indiqué que Tacfarinas était un auxiliaire déserteur, devenu chef de brigands : il s’agit d’un topos qui disqualifie un certain nombre de figures fameuses telles Spartacus, mais aussi Sertorius et Mithridate. (464) Aït Amara O., La conquête de la Maurétanie (39-42), ibidem, p. 69-83. La guerre d’annexion est mal documentée et donc mal connue. L’a. en récapitule les éléments les mieux attestés puis aborde la situation administrative qui résulta de cette conquête (création des deux provinces de Maurétanie et promotion d’une série de cités) : toute l’Afrique du Nord (sa partie septentrionale du moins) se trouvait désormais sous le contrôle direct des Romains. (465) Coltelloni-Trannoy M., Note sur la guerre d’Aedemon : système d’alliance et composition de l’armée royale, ibidem, p. 85-99, revient sur les systèmes d’alliances sur lesquels s’appuyaient les Romains et Aedemon, le chef de l’armée royale qui s’opposa à l’annexion. Les tribus de Maurétanie centrale et orientale n’ont pas bougé, et pas davantage celles qui étaient établies auprès des cités de Tingitane ralliées à Rome : il faut donc abandonner la thèse d’un « antagonisme culturel » à l’œuvre dans le conflit et l’idée qu’Aedemon avait réuni derrière lui tous les peuples de Maurétanie occidentale. En outre, les Romains se sont eux aussi appuyés sur des peuples locaux. La position d’Aedemon était, au final, fragile : seuls le soutenaient des peuples périphériques, que les Romains n’étaient pas en mesure d’approcher. C’est son système d’alliance qui était déficitaire et non pas les qualités techniques de son armée qui réunissait tout ou partie de l’armée royale. (466) Pons Pujol L., Umbonius Silo y el abastecimiento militar de la Tingitana (Dión Casio, LX, 24.5), ibidem, p. 167-176, met en cause certaines affirmations traditionnelles sur la destitution d’Umbonius Silo, proconsul de Bétique en 43/44, uniquement connu par un passage de Dion Cassius (LX, 24, 5) : à cette époque, la guerre d’annexion est achevée (en 42) de sorte que l’approvisionnement qu’Umbonius Silo devait acheminer en Tingitane concernait des troupes régulières et certainement pas les unités impliquées dans la conquête du royaume. L’accusation a pu être aggravée par le conflit qui l’opposait à certains affranchis impériaux, comme le suggère Dion. (467) Krimi H., Montagnards et semi-nomades dans le déclenchement de la guerre et l’instauration de la paix dans la zone du limes tripolitanus, ibidem, p. 177-192, définit d’abord l’espace gétulique que traversait le limes tripolitanus, à la fois mobile et structuré autour de noyaux de sédentarité. Il est le théâtre de troubles récurrents à l’époque augustéenne, quand les Romains commencent les premiers empiètements, puis c’est dans ces confins méridionaux que s’élabore le limes tripolitanus, de Trajan à Septime Sévère. À quoi servait cette entreprise, se demande l’auteur ? À affirmer « la domination universelle de Rome », est sa réponse. Plus concrètement, il faudrait rappeler la nécessité d’assurer la continuité entre les cités de Tripolitaine et le reste de la province, au nord et à l’ouest. (468) Groslambert A., Les situations de conflit en Afrique de 253 à 260, ibidem, p. 101-119, 2 cartes. Les conflits qui ont eu lieu sous Valérien ne présentent aucune cohérence selon l’a. : il semble s’agir de mouvements spontanés et limités dans le temps et dans l’espace. Cette analyse correspond à la thèse actuelle sur les conflits africains, tout à fait opposée à celle des historiographies coloniale et nationaliste qui y voyait un embrasement général (voir aussi les nos 460 et 461, Y. Le Bohec). L’auteure aborde d’abord les causes des conflits en rejetant les causes politiques : elle y voit plutôt des raisons socio-économiques. Elle présente ensuite les deux vagues de conflits, dont la première, en 254, n’est connue que par un seul texte, près d’Auzia en Césarienne (CIL, VIII, 20287) ; la seconde, qui a été très étudiée, a concerné l’Atlas tellien, en Césarienne et en Numidie, et se caractérisait par l’activité de ligues tribales. La fin de cette époque mouvementée est due à la capture du chef Faraxen (CIL, VIII, 9047 = 20736).


9Les études thématiques évoquent de façon très ponctuelle la vie municipale et le cadre civique. (469) Gilhaus L., Senatoren, Ritter und Veränderungen im Repräsentationsverhalten der römischen Eliten am Beispiel der nordafrikanischen Städte Thamugadi und Lepcis Magna (2.-3. Jahrhundert n. Chr.), dans Hephaistos, XXXI, 2014, p. 185-205, rés. angl., semble être une traduction de l’article paru en anglais en 2013 (B.A.A.A., XLII [2013], 2018, n° 482). (470) Bernard G., Le lien de contributio entre colonies et communautés de citoyens romains dans les provinces africaines : réflexions sur les colonies de la Confédération cirtéenne et sur la contributio entre Icosium et Ilici, dans Centres de pouvoir, p. 65-80, 3 fig., aborde à travers ces deux cas la notion complexe de contributio, c’est-à-dire les relations juridiques entre cités romaines ou bien entre cités romaines et communautés infra civiques : le cas de Chullu, Mileu et Rusicade, au IIIe s., par rapport à Cirta, puis le cas d’Icosium, contribué à Ilici selon Pline, HN, III, 19 : l’auteur conforte l’hypothèse traditionnelle en considérant que la cité africaine était une agglomération secondaire, oppidum ou pagus, déjà dotée d’institutions pré-municipales à l’époque royale et subordonnée à une colonie ibérique en raison de la présence d’un fort noyau de citoyens romains (contra M. Coltelloni-Trannoy, 2012, voir B.A.A.A., XLVI [2012], 2018, n° 668). L’implication de l’armée dans la fondation et le développement de cités africaines est interrogée par (471) Le Bohec Y., La fondation de Timgad (100 après J.-C.), dans Trajan und seine Städte, Colloquium Cluj-Napoca, 29. September-2. Oktober 2013, édit. Piso I. et Varga R., Cluj-Napoca, 2014, p. 91-99. Un examen attentif du plan de la ville et des inscriptions les plus anciennes permet de proposer plusieurs conclusions. S’il est assuré que la fondation de la colonie date de l’année 100, le rôle exact de la légion n’est rien moins que clair ; a-t-elle construit toute la ville ? C’est peu probable. Elle a sans doute fourni le plan et les premiers bâtiments. De toute façon, son plan n’a rien à voir avec celui qui était dessiné pour un camp militaire. Parmi les habitants, on ne comptait que peu de vétérans. (472) Hilali A., Le camp romain créateur de son espace urbain : le cas de la IIIa Augusta en Numidie, dans Centres de pouvoir, p. 263-284, 1 fig., s’intéresse à un sujet aussi abordé par Y. Le Bohec (B.A.A.A., XLIV [2010], 2016, n° 676) : le rapport qui existait entre canabae, uicus et ciuitas en Afrique, et les liens qui ont pu unir Lambèse à Verecunda. Il est à noter qu’on ne connaît pas de canabae en Afrique ; en outre le statut de Verecunda n’est pas clair, il est sûr qu’elle n’a pas été une cité indépendante dès sa fondation. La religion est le dernier thème abordé, de façon plus conséquente en termes de nombre de références. (473) Michel D’Annoville C., Penser les images des dieux païens au tournant du IIIe siècle : les réflexions d’Arnobe sur les statues divines (Contre les Gentils VI, 8-26), dans Figures de dieux : construire le divin en images, édit. Estienne S. et alii, Rennes, 2014, p. 223-240. Dans ce passage, Arnobe s’interroge sur la représentation des dieux, la pertinence d’effigies à leur image et l’usage des statues dans les cultes traditionnels. Après s’être attaché à la conception de l’image, il en vient aux questions techniques, et sa façon de mener son raisonnement laisse penser qu’il a été initié aux rites d’animation des statues divines. L’a. note une filiation avec Clément d’Alexandrie, mais aussi une proximité avec des théories plus anciennes disqualifiant les images divines. (474) Ben Abid L., Y avait-il un Saturne italique en Afrique du Nord ?, dans Centres de pouvoir, p. 557-576. M. Le Glay avait bien vu le problème de la présence d’un Saturne italique en Afrique, mais il ne disposait pas des informations qu’ont apportées les progrès de la recherche. Le cas de Dougga illustre toute une politique locale à ce sujet. Aux abords nord-est de la ville existait un antique sanctuaire de Ba’al Hammon ; en 36-37, une aedes Saturni fut construite sur le forum. Une situation analogue se retrouve à Thuburbo Maius, Thubursicu Numidarum et Lambaesis. La coexistence du pagus et de la ciuitas explique cette évolution, chacun des deux groupes d’habitants souhaitant avoir son dieu et un sanctuaire conforme à ses traditions. Un autre cas tout à fait semblable est fourni par la coexistence de deux sanctuaires à Thignica. (475) Hilali A., La place de l’Aurès dans l’organisation de l’espace religieux en Afrique romaine, dans Aouras, VIII, 2014, p. 223-246, 2 fig. L’installation de la IIIe Légion Auguste a contribué à diffuser la culture romaine. Loin du stéréotype de la montagne rebelle, l’Aurès offre l’image d’un milieu marqué par la diversité et, dans cet espace, le phénomène religieux paraît lié à la présence de la légion (du moins celui qui est connu de nous). (476) Hamdoune C., Consecratio uel dedicatio : à propos d’une inscription de Banasa, dans Institutions, sociétés et cultes de la Méditerranée antique. Mélanges d’histoire ancienne rassemblés en l’honneur de Claude Vial, édit. Balandier C. et Chandezon C., Bordeaux, 2014 (Scripta Antiqua, 58), p. 97-107. Un texte de Banasa (IAM, 2, 87) a été interprété comme une dédicace à Iuno Regina dans le cadre du culte capitolin. Or, la formulation et le contexte invitent à revoir cette interprétation. Iuno est mentionnée aussi dans des inscriptions funéraires et renvoie à la conception d’une Iuno comme abstraction divinisée protégeant les femmes, équivalant au Genius pour les hommes. Le texte pourrait renvoyer à une attestation du culte de Junon, mais en relation avec le culte impérial en raison de l’épithète Augusta. (477) Brahmi N., Territorium, camps militaires et espace d’influence : les territoires du religieux à Volubilis, dans Centres de pouvoir, p. 543-556. La ville de Volubilis et son arrière-pays pratiquaient le culte impérial et d’autres religions. On distingue sept groupes de fidèles dans la ville : la familia, la communauté de la « maison à la Disciplina », les cultores domus Augustae, les dévots de Mithra, le collège funéraire des marchands de vêtements, les manaphiens et les juifs. Dans l’arrière-pays, ce sont les camps qui ont centralisé la piété. (478) González de Cardedal O., Unus christianus, nullus christianus = Un cristiano, ningún cristiano, dans Helmantica, LXV, 194, 2014, p. 167-179. La formule indiquée dans le titre et attribuée tantôt à Cyprien, tantôt à Tertullien, affirme la dimension communautaire du christianisme. (479) Mentxaka R., El edicto de Decio y su aplicación en Cartago con base en la correspondencia de Cipriano, Santiago de Compostelle, 2014, 371 p., examine, à partir des lettres de Cyprien, le déroulement de la persécution de Dèce à Carthage et diverses questions relatives à l’édit impérial. Sur les 81 Epistulae, nous savons que 16 n’ont pas été écrites par Cyprien, mais l’ensemble constitue tout de même un corpus important pour documenter le IIIe s. en Afrique du Nord. Plusieurs ont été rédigées dans un lieu que nous ne connaissons pas, à l’extérieur de Carthage : conclusion, la peine de prison n’existait pas au IIIe s. et si certains chrétiens devaient subir un long temps d’emprisonnement, ce n’était pas le résultat d’un processus pénal, mais c’était dû au désir de les amener à apostasier. Quant à la déportation, l’a. considère qu’il s’agissait d’une relégation (obligation de séjourner dans un lieu donné) qui n’entraînait pas la perte de la citoyenneté. Pour les obliger à apostasier, on condamnait les honestiores africains à la relégation, les humiliores étaient torturés, parfois jusqu’à la mort. Mais l’édit ne prévoyait pas une persécution générale contre les chrétiens. (480) Strobel K., Saint Cyprien et la paix des fidèles dans Carthage, centre ecclésiastique, économique et administratif de l’époque romaine, dans Guerre (La -) dans l’Afrique romaine, p. 213-227, souligne la violence qui a secoué l’Église d’Afrique pendant les persécutions de Dèce et de Valérien puis autour de la question des lapsi. Cyprien, qui se considérait comme l’équivalent d’un gouverneur (Epist., 27, 3, 1 ; 48, 3, 2), en fut l’un des acteurs essentiels. (481) Leonhard C., Morning salutationes and the Decline of Sympotic Eucharists in the Third Century, dans Zeitschrift für Antikes Christentum = Journal of Ancient Christianity, XVIII, 3, 2014, p. 420-442, rés. angl. Ce travail étudie l’évolution de la célébration de l’Eucharistie au IIIe siècle : les changements sont mis en lien avec la coutume romaine de la salutatio au cours de laquelle les patrons reçoivent leurs clients chaque matin. À Carthage, les chrétiens, considérés comme clients de leur évêque en tant que patron de l’église, venaient à lui lors de rencontres matinales qui étaient l’occasion de lui demander conseil et de recevoir le soutien de l’Église, et pour l’évêque de célébrer l’eucharistie par la distribution de pain et de vin, prenant dès lors la forme d’une sportule.

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