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I – Généralités

p. 7-47


Texte intégral

1Ce chapitre, toujours très fourni, doit être complété par les études présentées pour chacune des périodes considérées.

A – Sources

2Les sources littéraires se rapportant à une période précise seront évoquées à leur emplacement chronologique. Selon l’usage de la B.A.A.A., la présente rubrique est ouverte par la recension des études dédiées à la géographie historique. (1) Lefebvre S., L’autel des frères Philènes, un monumentum de confins, dans Monumenta. Du centre du pouvoir aux confins de l’Empire, édit. Lefebvre S., 2014, p. 115-148, 2 fig., rés. fr et angl., retrace l’histoire de cette limite géo-politique : autel (ou autels ?) lié à un mythe de confins séparant les territoires cyrénéen et carthaginois, marqueur de la province d’Afrique à partir de César, possible érection de quatre colonnes dans un petit fort de frontière sous Dioclétien, avant l’arc mussolinien de 1937. (2) Crawley Quinn J., A Carthaginian perspective on the Altars of the Philaeni, dans Punic Mediterranean, p. 169-179, 1 fig. Salluste est le premier auteur à avoir rapporté l’épisode des frères Philènes (Jug., 79) mais d’autres avant lui ont cité les autels. Le Ps. Scylax connaissait un port nommé Autel de Philaenus, et il fut suivi par d’autres géographes. L’a. tente d’élucider la raison pour laquelle l’Autel de Philaenus est devenu celui des frères Philènes et pense que l’origine du mythe est carthaginoise, ce qui permet de comprendre son élaboration. Plusieurs arguments vont dans ce sens, dont le nom même de Philaeni, qui rappelle, selon l’a., celui de Phéniciens. La modification serait intervenue après la seconde guerre punique, lorsque Carthage cherchait à défendre son territoire contre les empiètements de Massinissa. (3) M’Charek A., De Tacite à Ibn Khaldun. À la recherche de deux tribus berbères : Masofi (Masufa) et Vsinazi (Banu Sinag/San hadja), dans Colloque de Sbeïtla VII, p. 239-262, 7 fig., rés. arabe, cherche à identifier ces deux tribus à partir des sources antiques et médiévales. (4) Mrabet A., Le territoire de Tacapes : essai de délimitation, dans Centres de pouvoir, p. 169-178, 3 fig. La géographie, les itinéraires antiques et les bornes milliaires permettent de dessiner les frontières de cette cité, l’actuelle Gabès, qui contrôlait un vaste espace de 3500 km2, à l’ouest de la mer. (5) Guittard C., L’Aurès dans la littérature latine classique : une région aux contours mal définis. Dénominations et délimitations, dans Aouras, VIII, 2014, p. 1-13. De tous les auteurs anciens, Procope est le seul à mentionner l’Aurès. Cette montagne n’était pas connue des autres écrivains, y compris des auteurs latins qui ont écrit sur l’Afrique. Salluste et Tacite ne s’y intéressaient qu’en fonction de la vie politique romaine, et la description de Pline l’Ancien ignore l’intérieur des terres. (6) Laporte J.-P., Le Cosmographe de Ravenne et les Maurétanies Césarienne et Sitifienne, dans Voyages, déplacements et migrations, p. 47-88. Ce travail attire l’attention sur l’intérêt que représente le Cosmographe de Ravenne, dont la fiabilité fut régulièrement dénoncée pour l’étude géographique des Maurétanies césarienne et sitifienne. L’auteur insiste notamment sur le fait que cette source fournit un certain nombre de données uniques, et juge globalement la description de la Césarienne par le Cosmographe assez satisfaisante. Suivent le texte, sa traduction, et des cartes pour se repérer. (7) Vismara C., Le Rif oriental côtier dans les pages de voyageurs, explorateurs, historiens, archéologues, géographes : de Jean-Léon l’Africain à nos jours, dans Antiquités africaines, L, 2014, p. 141-199, ill. Ce petit mémoire retrace l’histoire des études et de l’exploration du Rif oriental en se fondant sur des récits de voyageurs, des études historiques et géographiques, des publications sur l’histoire des protectorats. Elle envisage ensuite les recherches et les politiques de sauvegarde mises en place après l’indépendance. Deux appendices complètent l’article. L’Appendice 1, p. 177-189, La cartographie historique, se décline en six paragraphes : 1, Le Moyen Âge : El Idrîsî, les portulans. 2, Les débuts de la cartographie moderne : Ortelius, la carte de Livio Sanuto. 3, La cartographie scientifique : la Description nautique de C.A. Vincendon-Dumoulin et de C.P. de Kerhallet, les Instructions nautiques, René de Flotte de Roquevaire. 4, L’époque des protectorats : la cartographie espagnole, la cartographie française, la cartographie allemande. 5, Les cartes annexes aux ouvrages de voyageurs, chercheurs, érudits : Jacopo Gråberg di Hemsö, Henri Duveyrier, Auguste Mouliéran, Henri Poisson de la Martinière, Gabriel Delbrel, Ricardo Donoso Cortès. 6, Les cartes archéologiques. L’Appendice 2 rappelle Les sources classiques et médiévales, p. 190-191. (8) Bernard G., Les colonnes d’Hercule pendant l’Empire romain : lieu commun géographique, monument introuvable ?, dans Monumenta. Du centre du pouvoir aux confins de l’Empire, édit. Lefebvre S., 2014, p. 97-114, 3 fig., rés. fr. et esp. Les colonnes d’Hercule n’ont constitué un lieu commun des limites infranchissables du monde connu qu’à partir de 1515 quand le jeune Charles Quint prétendit dominer au-delà des bornes du monde. Pour les auteurs antérieurs à l’Empire romain, leur localisation était loin d’être évidente et elles ont longtemps gardé une dimension mystérieuse. Strabon est le témoin d’un changement de perspective : désormais, les colonnes ne sont plus des monuments introuvables, mais des montagnes établies de part et d’autre du détroit passé sous contrôle romain. (9) Gozalbez Cravioto E., El supuesto Periplo de Ophelas en el Africa Atlántica, dans Latomus, LXXIII, 1, 2014, p. 32-44, propose d’identifier ce périple (uniquement connu par Strabon, XVII, 3, 3, et par Marcien d’Héraclée, I, 2, 6) au texte d’Hannon de Carthage : pour l’a., Strabon se trompe en attribuant le périple à Ophélas au lieu d’Hannon. (10) Fernández Camacho P., Antiquius Gatidano : Lixo, espejo de Gades en Plin. 5.2-4 y 19.63, dans Estudios Clásicos, II, 2014, p. 195-202. Les informations que Pline l’Ancien réunit sur Lixus et son sanctuaire sont une reprise de ce que l’on savait sur Gades : Lixus et Gades étaient en effet unies par une relation de symétrie. En outre, les sources considèrent Lixus supérieure à Carthage. L’exaltation locale de Lixus s’est construite à partir de l’émulation qui existait entre les principales colonies phéniciennes d’Occident.


3La littérature classique s’ouvre sur plusieurs études générales. (11) Companion (A -) to the Ancient Novel, édit. Cueva E.P. et Byrne S., Malden-Oxford, 2014, XIII-612 p. Dans ce gros volume consacré aux nouvelles et romans, la première partie est dédiée aux auteurs grecs et latins. Les trois parties suivantes sont thématiques et déclinent successivement le genre et ses approches, les influences et l’intertextualité, les différents thèmes et topoï. Plusieurs articles s’intéressent naturellement à Apulée, soit exclusivement soit dans le cadre des thèmes traités. Les premiers font ici l’objet d’une notice. (12) Laurens P., Histoire critique de la littérature latine, de Virgile à Huysmans, Paris, 2014, 652 p. L’introduction, fort intéressante, s’attache à la longue histoire de la conservation et de la perte des œuvres anciennes, au travail des traducteurs et des critiques pendant des siècles (d’où la référence à Huysmans). Le panorama s’organise ensuite en quatre parties au cours desquelles apparaissent les auteurs africains : la première partie (« La Bella scuola ») réunit ceux qui n’ont jamais disparu (Virgile, Cicéron, Horace, Ovide), et la deuxième partie les représentants de la philosophie, de l’histoire, du roman, des genres poétiques, les épistoliers et les orateurs, enfin les théoriciens de l’éloquence ; la troisième partie est consacrée à la littérature technique et érudite, la quatrième partie à la littérature inconnue. C’est au genre épistolaire que s’intéresse la référence suivante : (13) Zeiner-Carmichael N.K., Roman Letters : An Anthology, Chichester, 2014, XVIII-199 p., ill., index, réunit et traduit une anthologie de lettres romaines, connues par la tradition littéraire ou par l’épigraphie, et considérées comme des œuvres littéraires. Les lettres de Fronton et de Marc Aurèle sont aux pages 156-169, n° 169-194. Les études qui suivent proposent des éditions, des commentaires et des études générales, à partir de thèmes variés, sur les textes classiques qui sont abordés par ordre chronologique des auteurs. (14) Wenghofer R., Sexual Promiscuity of Non-Greeks in Herodotus’ Histories, dans Classical World, vol. 107, n° 4, 2014, p. 515-534, s’intéresse à la description par Hérodote des pratiques sexuelles des non-Grecs, qu’il présente généralement comme débridées, y compris dans le cadre de leurs relations maritales, qui constituent une sorte de μοιχεία (adultère/corruption). Or, dans l’imaginaire grec, le μοιχός est perçu comme quelqu’un d’efféminé. Parmi les peuples « barbares » dont Hérodote décrit les mœurs sexuelles figurent notamment plusieurs tribus libyennes : les Nasamons, les Gindanes et les Auses. Hérodote insiste à chaque fois sur la disponibilité sexuelle des femmes, qui auraient eu de multiples partenaires. (15) Diodoro de Sicilia, Biblioteca histórica, Libros XVIII-XX, édit. Sánchez J.P., Madrid (Biblioteca clásica Gredos, 411), 2014, 477 p. Le livre XX est le dernier livre de Diodore à être intégralement conservé : il contient notamment l’invasion du territoire de Carthage par Agathocle en 310/307. Une autre édition porte sur les derniers fragments de l’œuvre, (16) Diodore de Sicile, Bibliothèque historique. Fragments. 4, Livres XXXIII-XL, édit. Goukowski P., Paris (Collection des universités de France, Série grecque, 502), 2014, XLII-380 p. en partie doubles. Nous intéresseront le livre XXXV (de 128 à 105, guerre de Jugurtha) et le livre XXXVIII (années 80, notamment la fuite de Marius en Afrique, fr. 2, et le meurtre du gouverneur d’Afrique, fr. 16). (17) Strabon, Géographie, t. XV, l. XVII, 2e partie. L’Afrique, de l’Atlantique au golfe de Soloum, édit. Laudenbach B. et Desanges J., Paris (Collection des universités de France, Série grecque, 504), 2014, XXVIII-263 p., 2 index, 2 cartes, poursuit l’édition de Strabon aux Belles Lettres. Ce volume constitue le dernier tome de la Géographie de Strabon, que l’auteur grec qualifie lui-même d’œuvre « colossale ». L’introduction, assez brève, met l’accent sur les sources que Strabon a utilisées pour ce panorama final de l’Afrique, mais les commentaires des notes sont extrêmement volumineux, fruit d’un travail de longue haleine entrepris par J. Desanges et somme de ses connaissances en matière de géographie historique. Ce volume sera un livre fondamental pour les africanistes, comme le sont déjà le livre V, 1-146 de Pline, édité par le même auteur (1980) et la première partie du livre XVII de Strabon, traduite et éditée par B. Laudenbach (2015). (18) Mariotta G., Geografia e geopolitica nelle Storie Filippiche, dans Studi sull’epitome di Giustino. I : Dagli Assiri a Filippo II di Macedonia, édit. Bearzot C. et Landucci F., Milan, 2014, p. 45-56, rés. angl. L’auteur analyse la façon dont Trogue Pompée tente de concilier la théorie d’une succession d’empires universaux (translatio imperii), et le constat d’une division du monde (diuisio orbis) à l’époque augustéenne entre deux grandes puissances, le monde romain et les Parthes. Trogue Pompée lie celle-ci à une division géographique entre un Est asiatique, et un Ouest associant l’Europe et l’Afrique. (19) Bexley E., Lucan’s Catalogues and the Landscape of War, dans Geography, Topography, Landscape. Configurations of Space in Greek and Roman Epic, édit. Skempis M. et Ziogas I., Berlin-Boston, 2014, p. 373-403. Les deux catalogues de peuples qui se trouvent au livre I (Gaule) et au livre III (Afrique) de la Pharsale échappent aux conventions du genre : ils sont organisés pour donner l’impression de la confusion qui régnait lors des guerres civiles. Le catalogue des forces alliées de Pompée (v. 169-197) rappelle ainsi à la fois le cortège triomphal et le cortège funéraire. Le franchissement de l’eau, de fleuves ou de mer, est aussi présenté comme un élément de transgression. (20) Busetto A., Linguistic Adaptation as Cultural Adjustment: Treatment of Celtic, Iberian, and Latin Terminology in Arrian’s Tactica, dans Journal of Ancient History, I, 2, 2013, p. 230-241. Arrien indique que le vocabulaire de la cavalerie romaine est emprunté aux Celtes et aux Ibères. Il rend compte par ailleurs des difficultés à traduire en grec les titres et distinctions militaires de l’armée romaine. L’a. suggère que le discours d’Hadrien à Lambèse a pu l’inspirer, en particulier pour la fin de son ouvrage (Tactica, 44, 1-2). (21) Lévi N., La révélation finale à Rome. Cicéron, Ovide, Apulée. Étude sur le « Songe de Scipion » (De republica, VI), le discours de Pythagore (Métamorphoses, XV) et la théophanie d’Isis (Métamorphoses, XI), Paris, 2014, 537 p. Cet ouvrage étudie à la fois une manière de penser et un motif esthétique présent dans ces trois monuments de la littérature latine : celui de la révélation finale, qui trouve des précédents dans le procédé du deus ex machina de la tragédie grecque, dans celui du mythe eschatologique final chez Platon et qui fait également penser à l’Apocalypse. Les trois œuvres se terminent par la mise en scène d’une expérience qui ouvre un accès aux secrets de l’univers. L’a. cherche à montrer comment les conceptions philosophiques et religieuses se moulent dans un dispositif apocalyptique fictionnel, comment ces textes s’intègrent dans l’univers créateur de leurs auteurs respectifs. Ces révélations permettent d’élucider le sens de l’œuvre et cette élucidation atteint chez Apulée une grande virtuosité au service du triomphe de la vérité sur les apparences trompeuses du monde. (22) Benoist S., Pline le Jeune et Fronton, deux protagonistes d’un discours impérial en actes, dans Autour de Pline le Jeune, en hommage à Nicole Méthy, édit. Devillers O., Bordeaux (Ausonius, Scripta antiqua, 74), 2014, p. 37-48, étudie les données concernant la dénomination des princes et de leurs vertus pour définir les composantes d’une « idéologie » impériale. La proximité de Fronton avec les empereurs Marc Aurèle et Lucius Verus le rend moins utile que Pline le Jeune dans ce propos. Néanmoins, il recommande pour l’exercice du pouvoir justice, piété et éloquence (De Eloquentia, 2, 9). En ce qui concerne les sources bibliques et la littérature chrétienne, (23) Vetus Latina. Die Reste der altlateinischen Bibel. 11/2, Sirach (Ecclesiasticus). Pars altera, Fascicle 1, Sir. 25, 1-28, 24, édit. Forte A.J., Fribourg-en-Brisgau, 2014, 80 p., continue l’édition du Siracide. (24) Vetus Latina. Die Reste der altlateinischen Bibel. 17, Evangelium secundum Marcum. 3, Mc 1,44-4,15, édit. Haelewyck J.-C., Fribourg-en-Breisgau, 2014, p. 161-240, concerne l’Évangile de saint Marc. Cette entreprise érudite confronte le texte grec aux fragments des premières Bibles latines. (25) Mateo Donet M.A., Las Actas de los Mártires. Una actualización de los documentos sobre los primeros cristianos, dans Augustinianum, LIV, 2, 2014, p. 375-400. L’a. propose une mise à jour de la documentation relative aux Actes de martyrs et fournit pour chaque texte, identifié par son numéro dans la BHL ou la BHG, une courte notice ainsi qu’une liste des meilleures éditions disponibles. Les Actes et Passions de martyrs africains font chacun l’objet d’une notice. (26) Fialon S., Y a-t-il une Africitas ? Une analyse statistique et quantitative de trois passions de Maurétanie Césarienne, dans Les Études classiques, LXXXII, 1-2, 2014, p. 125-181, 45 fig., trace d’abord l’évolution de l’historiographie relative à l’africitas, notion née au XVIe s., et propose de renouveler la question en adoptant une approche comparative interne et externe. Le corpus de base est celui des trente passions et actes de passions connus entre le IIe et le VIe s. : l’a. applique une étude statistique aux faits lexicaux et grammaticaux. Certaines particularités sont mises en lumière (maniérisme, richesse du vocabulaire), mais elles semblent parler plus en faveur de spécificités chronologiques que géographiques, ce qui explique la proximité avec les productions napolitaines tardives. L’auteur conclut que, pour prendre position dans le débat, il est nécessaire de faire porter l’étude sur un corpus bien plus large. (27) Lecocq F., Y a-t-il un phénix dans la Bible ? À propos de Job 29, 18, de Tertullien (De resurrectione carnis 13, 2-3) et d’Ambroise (De excessu fratris 2, 59), dans Kentron, XXX, 2014, p. 55-82, rés. angl. À partir des écrits de Tertullien, pour qui le phénix est le meilleur exemple de résurrection des corps et qu’il cite à partir des Écritures, et d’Ambroise, l’auteur cherche à savoir si les références chrétiennes et juives au phénix ont une caution scripturaire ou empruntent à la mythologie gréco-romaine. Après avoir exposé les différents problèmes de traduction et d’interprétation que posent les textes, l’auteur conclut à l’impossibilité de prouver que ce phénix correspond au phénix gréco-romain ; mais en même temps, l’apologie et l’exégèse du phénix chez les chrétiens se développent de façon indépendante de la caution des Écritures. (28) Murray J., Dracontius (LD 3.279-95) and the source of the Thermopylae Nyktomachia, dans Classical Quaterly, n. s. LXIV, 1, 2014, p. 399-401. Le récit de la bataille des Thermopyles connu par la tradition (Diodore de Sicile/Justin/Plutarque) provient bien de Ctésias (transmis par Éphore). L’a. appuie cette thèse sur l’examen d’un passage de Dracontius et le témoignage de Tertullien (Apol., 9, 16). (29) Murphy E., “As far as my poor memory suggested” : Cyprian’s compilation of Ad Demetrium, dans Vetera Christianorum, LXVIII, 5, 2014, p. 533-550, réfute la thèse de C.A. Bobertz selon laquelle le traité Ad Demetrianum serait dû à Cyprien ; ce pourquoi Pontius ne l’a pas inséré dans la liste des traités cyprianiques. (30) Auctores nostri. Studi e testi di letteratura cristiana antica. XIV. Forme della polemica nell’omiletica latina di IV-VI secolo. Convegno internazionale di Studio, Foggia 11-13 settembre 2013, édit. Marin M. et Catarinella F.M, Bari, 2014, 642 p., ill., portr. Une section entière porte sur Augustin, elle est ici dépouillée.


4Comme les années précédentes, le domaine de la numismatique reste faiblement documenté. Il convient d’abord de souligner la publication d’un ouvrage important, qui a échappé à la B.A.A.A. : (31) Viola M.R., Corpus nummorum Punicorum, Pavie, 2010, IV-960 p., cartes, 24 planches, texte bilingue italien-anglais, 2 index. Ce corpus volumineux et complexe a pour ambition de contribuer à la connaissance du monnayage punique et de faciliter son étude, notamment aux collectionneurs. La bibliographie est à l’image du corpus, puisqu’elle réunit toutes les publications parues entre 1806 et 2009 sur le sujet (p. 865-913) et sélectionne quelque 75 catalogues (p. 914-920). Le CNP comporte 951 entrées classées selon des critères iconographiques : pour utiliser le livre, il faut donc commencer par repérer le type de la monnaie étudiée dans la liste des 290 types proposés p. 853-857. Chaque entrée fournit toutes les informations souhaitables (provenance, atelier, date, métal, dénomination, etc). Il est dommage que les monnaies figurant dans les illustrations ne soient pas indiquées dans les entrées, mais cette publication rendra d’immenses services aux spécialistes. (32) López Sánchez F., Tibère à Capri et la flotte impériale de Misène, dans Neronia, IX, La villégiature dans le monde romain de Tibère à Hadrien. Actes du IXe congrès de la SIEN, édit. Devillers O., Paris-Bordeaux (Ausonius, Scripta Antiqua, 62), 2014, p. 259-270 et 333-351, 10 fig. L’auteur étudie notamment, à partir de monnaies, la présence d’éléments de la flotte de Misène en Afrique sous Auguste et Tibère. Pour l’a., l’exil de Tibère à Capri, plutôt qu’en un autre lieu, s’expliquerait par son désir de contrôler la flotte de Misène et, au-delà, l’Afrique (p. 266-270). On reste dubitatif. (33) Ben Hadj Naceur-Loum Z., Monnaies et circulation monétaire en Afrique romaine entre le règne de Gallien et de Théodose (253-395), Tunis, 2011, 322 p., ill. Dans cet ouvrage issu de sa thèse, l’a. dresse un catalogue des monnaies, après avoir évoqué le cadre géo-historique des lieux de trouvailles (Carthage, Sousse et Thina), et tente une synthèse sur la circulation monétaire et l’économie africaine à l’est de l’Afrique du Nord pendant les IIIe et IVe siècles. 1812 monnaies ont été répertoriées, 979 provenant de Carthage (monnaies isolées) et 834 formant les trésors de Thina et de Sousse. Le choix d’un matériel datant de la période comprise entre le règne de Gallien et celui de Théodose s’explique par l’importance de la période. Il s’agit d’une phase à la fois de crise et de transition entre deux régimes monétaires, celui du Haut-Empire caractérisé par la circulation de sesterces et de deniers et celui du Bas-Empire dominé plutôt par le monnayage de billon. L’a. tente d’évaluer les changements de l’économie monétaire africaine pendant cette période critique et leur impact. L’analyse de ces éléments l’amène à étudier les exportations africaines de céramique sigillée et d’amphores et leur effet sur l’évolution des circuits d’échange en Méditerranée. En confrontant les résultats des études numismatiques et archéologiques (mobilier), on remarque que l’Afrique s’ouvre sur les deux bassins méditerranéens. Les résultats de l’investigation se révèlent encourageants dans la mesure où le profil monétaire décrit s’applique à beaucoup d’autres sites de la Méditerranée occidentale ; une étude à l’échelle de la Méditerranée occidentale offrirait sans doute beaucoup d’analogies.


5L’épigraphie a fourni une importante moisson. Introduisons l’épigraphie libyque et punique avec (34) Bron F., Toponymes et ethniques du Maghreb dans les inscriptions et sur les monnaies puniques, dans Phéniciens d’Orient et d’Occident, p. 437-445. L’a. a établi la liste complète de ces noms et les a classés selon les trois pays du Maghreb. La grande majorité d’entre eux est bien identifiée, d’autres sont plus incertains. La Tunisie, pays où les inscriptions puniques ont été le mieux étudiées, a fourni 31 noms ; le même nombre a été recensé en Algérie, mais avec plus d’incertitudes. Quant au Maroc, les monnaies permettent d’identifier sept noms. (35) Delanoy A., Épigraphie ibère et épigraphie punique, anthroponymie ibère et anthroponymie « africaine », dans Res Antiquae, XI, 2014, p. 81-90, rés. angl. Les relations entre langue ibère (ou ce que l’on en sait étant donné que ces parlers restent largement obscurs) et langue basque sont très hypothétiques. Il est peut-être plus fructueux de suivre une autre voie, trop souvent délaissée, celle de la comparaison entre l’épigraphie ibère et les épigraphies africaines (libyque et phénicien/punique), en particulier pour l’anthroponymie : les phénomènes d’homonymie, de transferts et de contacts permettraient d’explorer de nouvelles voies. L’article s’achève par deux listes de mots africains (des anthroponymes puis des formations diverses) associées à des équivalents ibères. (36) Galand L., Retour aux îles Canaries, dans Épigraphie libyco-berbère, XX, 2014, p. 1-2, maintient sa thèse : la langue parlée aux Canaries avant le XVe siècle avait des affinités avec le berbère ; mais il serait prématuré d’en faire un dialecte berbère à part entière. (37) Prag J.R.W., Phoinix and Poenus : usage in Antiquity, dans Punic Mediterranean, p. 11-23. Poenus est la forme latine d’un mot qui se disait phoinix en grec. La translittération latine phoenix apparaît au Ier s. av. J.-C. et ces adjectifs qualifient à l’origine les Phéniciens en général. La première attestation épigraphique se trouve dans la lex agraria de 111 av. J.-C. (bellum poenicum). La distinction poenus/phoenix est postérieure à la chute de Carthage : phoenix est directement associé à la Phénicie, tandis que poenus, puis punicus à l’époque impériale, désignent l’Occident, mais sont curieusement absents de l’épigraphie. On ne trouve que deux mentions de punicus, dont la lecture n’est pas bien assurée (CIL, III, 4910 et , 1972, n° 14). (38) Ghaki M., La question de la datation du « libyque épigraphique ». L’apport du décor, dans Épigraphie libyco-berbère, XX, 2014, p. 3-4. Cette étude surtout méthodologique montre que le décor peut aider à la datation ; mais il peut aussi compliquer le problème. (39) Xella P. et Tahar M., Les inscriptions puniques et néopuniques d’Althiburos. Présentation préliminaire, dans Rivista di Studi Fenici, XLII, 1, 2014, p. 123-126, 3 fig. Cette contribution fait état des découvertes épigraphiques réalisées sur le site d’Althiburos au cours des campagnes archéologiques menées depuis 2009. Elles ont permis d’ajouter 11 inscriptions aux 4 en langue punique déjà mises au jour, la plupart dans l’aire du tophet. Sur ces 11 inscriptions votives, 2 sont en langue punique, 3 sont des inscriptions puniques avec quelques lettres néopuniques, et 6 sont des inscriptions en caractères néopuniques. Elles sont datées entre le IIe siècle av. J.-C. et le Ier siècle apr. J.-C. Elles confirment que Baal Hammon, le dieu poliade d’Althiburos, était le seul destinataire des sacrifices et la divinité tutélaire du sanctuaire. L’unique formule sacrificielle employée est celle de mlk ’dm. Parmi les caractéristiques remarquables, deux inscriptions font mention de rois numides dans les formules de datation, que les auteurs proposent d’identifier à Juba Ier et Gauda. Les inscriptions nouvellement découvertes emploient par ailleurs des noms de mois qui se rapportent au calendrier carthaginois. Il faut également souligner la mention, sur ces stèles, d’anthroponymes – Warusan (wrwsn) et Gagam (ggm) – déjà connus à Althiburos et qui renvoient à des membres de l’aristocratie locale. Nous passons à l’épigraphie latine avec (40) Epigrafia e ordine senatorio. 30 anni dopo, édit. Caldelli M.L. et Gregori G.L., Rome, 2014, vol. I, VIII-421 p. ; vol. II, VIII-776 p. Cette rencontre a fait suite aux deux ouvrages publiés en 1982. Elle a constitué à la fois un aggiornamento sur les acquis des dernières recherches et a procédé à de nouveaux bilans, tout en étant ouverte à l’Antiquité tardive, contrairement à la précédente rencontre. Trois articles intéressent l’Afrique (Baroni A.-F., Mastino A. et Ibba A., Naddari L.). (41) Mastino A. et Ibba A., I senatori africani : aggiornamenti, dans Epigrafia e ordine senatorio, p. 353-385. Il est difficile de donner un compte-rendu de ce gros mémoire très érudit. Deux objectifs ont guidé les a. Le premier consistait à mettre à jour les listes de M. Corbier et M. Le Glay, publiées en 1982, qui concernaient le Haut-Empire ; le second consistait à prendre en compte les familles sénatoriales de l’Antiquité tardive, au nombre de 47. Le corps du mémoire est constitué par un catalogue de familles et de personnages. Au total, 77 familles nouvelles ont été identifiées (64 pour la Proconsulaire, 10 pour la Numidie et 3 pour la Césarienne). L’Antiquité tardive en compte 47. Par contre, dix familles recensées en 1982 ont disparu. Une copieuse bibliographie clôt cet essai bien réussi. (42) Cugusi P., Carmina Latina Epigraphica Africanarum provinciarum post Buechelerianam collectionem editam reperta cognita (CLEAfr), collab. Sblendorio Cugusi M.T., Faenza (Epigrafia e antichità, 34), 2014, 376 p., 1 carte, réunit les carmina africains antérieurs au milieu du VIe s. apr. J.-C., publiés depuis l’ouvrage de F. Bücheler, qui en comptait 336. Le livre, rédigé en latin, commence par une Praefatio, p. 3-25, qui constitue une présentation synthétique de l’ouvrage, mais il faut noter aussi que l’ouvrage publié en 2012 (B.A.A.A., LXVI [2012], 2018, n° 44) était lui-même une étude introductive détaillée à la présente publication ; suit une bibliographie sélective, p. 27-59, qui s’arrête en 2011. L’essentiel du volume est consacré à l’édition philologique des textes, p. 63-162, et à un commentaire littéraire détaillé, p. 165-304, et se termine avec des index et une table des concordances. Ce « supplément » compte 217 carmina, y compris des expressions idiomatiques entrées dans le langage courant, 50 incertains, un faux probable (, 1967, n° 546c = 1968, n° 553bis) et deux tablettes de défixion (Audollent, DT, 266 et 286). Les textes sont regroupés par province et, à l’intérieur de chacune d’elles, par cité, dans un ordre chronologique [à noter quelques confusions de localisation]. Les documents les plus anciens proviennent de Caesarea et de la Numidie cirtéenne ; cette expression littéraire s’est développée en Afrique depuis Septime Sévère jusqu’à l’époque byzantine, surtout dans la Numidie proconsulaire et en Byzacène. Mentionnons à la suite (43) Cugusi P., L’impiego dell’acrostico nelle epigrafi metriche delle province africane, dans Memoria poetica e poesia della memoria : la versificazione epigrafica dall’antichità all’umanesimo, édit. Pistellato A., Venise, 2014, p. 121-162. Dans ce long article de synthèse issu de ses recherches sur les poèmes épigraphiques africains, l’a. examine les techniques de base de l’acrostiche, puis les formes plus complexes de cette invitation à la lecture. L’acrostiche constitue un moyen destiné à conserver le nom du défunt et fait donc partie intégrante du message épigraphique en vers. (44) Biville F., Lettres de soldats romains, dans La lettre gréco-latine, un genre littéraire ?, édit. Schneider J., Lyon, 2014, p. 81-100. L’a. a reconstitué le corpus des textes littéraires et épigraphiques (ostraca, tablettes) de l’épistolaire militaire romain. Certains de ces documents ont été trouvés au fort de Bu Njem : il s’agit d’accusés de réception de fournitures livrées par des chameliers entre 254 et 259 (Document 3, texte et traduction, p. 96-97). (45) Hamdoune C., Les gentes dans l’espace provincial des Maurétanies, dans Centres de pouvoir, p. 419-442, revient sur un sujet connu et elle commence par les principes et les praefecti. Elle mentionne les interventions des procurateurs. Les inscriptions, les bas-reliefs et les mausolées témoignent de l’intégration de ces élites locales dans le système romain. Un gros dossier épigraphique est placé à la fin de l’article. Il est question de l’épigraphie monumentale avec (46) Witschel C., Epigraphische Monumente und städtische Öffentlichkeit im Westen des Imperium Romanum, dans Öffentlichkeit-Monument-Text, XIV Congressus Internationalis Epigraphiae Graecae et Latinae, 27.-31. Augusti MMXII, Akten, édit. Eck W., Funke P. et alii, Berlin-Boston, 2014, p. 104-133, ill. L’explosion épigraphique à l’époque augustéenne se comprend dans le cadre d’une vie civique qui se définit désormais par la monumentalisation du cadre urbain. Mais la diversité est forte d’une région à l’autre. L’a. s’intéresse plus précisément aux fora des villes occidentales en Hispanie, en Africa et en Gaule. En Afrique, l’acmé de la culture monumentale et épigraphique se situe aux époques antonine et sévérienne, et à Thamugadi à partir d’Antonin le Pieux. L’a. se pose ensuite la question de la lisibilité des inscriptions du point de vue d’un visiteur se promenant dans les fora. (47) Munzi M., Schirru G. et Tantillo I., Centenarium, dans Libyan studies, XLV, 2014, p. 49-64, 7 fig., analysent ce terme, qui apparaît dans une série de documents épigraphiques pour désigner un type particulier de monument. Pour les auteurs, le mot vient de centenum (une sorte de céréale) et évoquerait donc des greniers fortifiés. Les premiers étaient sans doute des structures militaires, créées au cours du IIIe siècle. Ils sont bien attestés en Afrique, et peut-être ailleurs, comme en Péninsule ibérique. Les structures militaires furent ensuite copiées par de grands propriétaires fonciers, qui utilisèrent le même mot pour les désigner. Ce travail inclut un catalogue épigraphique. (48) Rezkallah-Boussaid K., Les tables de mesure de capacité en Algérie antique, dans La mesure et ses usages dans l’Antiquité : la documentation archéologique. Journée d’études de la Société Française d’Archéologie Classique, 17 mars 2012, Dialogues d’histoire ancienne. Supplément, 12, édit. Saliou C., Besançon, 2014, p. 57-78, rés. angl. p. 254. L’a. décrit les douze tables de mesure qui ont été retrouvées et répertoriées sur le territoire de l’Algérie actuelle : huit comportent une inscription. (49) Harris W., Literacy and Epigraphy II, dans Les affaires de Monsieur Andreau, p. 289-299, aborde le cas des écoles de villages en s’opposant à la thèse de C. Laes (Acta Classica, L, 2007 = B.A.A.A., XLI [2007], 2013, n° 33) : si les écoles de villages sont attestées par quelques textes juridiques et littéraires, l’épigraphie occidentale n’en fournit pas d’exemples et les communautés qualifiées de villages en Afrique par C. Laes sont des villes : Iomnium (D. 7762) et Auzia (CIL, VIII, 9088) en Césarienne, un grammaticus dont on ignore où il enseignait (inscription trouvée près de Lepcis Magna, IRT, 850). En Orient, en revanche, ces écoles de villages sont bien attestées épigraphiquement. Ce qui pose la question de la faible diffusion de l’écrit, scolaire et épigraphique, dans les campagnes de l’Occident romain. Dans le domaine religieux, (50) Iglesias Gil J.M. et Saquete Chamizo J.C., Una placa votiva de bronce y el genio municipal de Regina (Hispania Baetica), dans Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, 192, 2014, p. 297-300, fig. 1, rappellent à propos de cette plaque votive, qu’en Afrique, les dédicaces au genius loci sont communes. (51) Hilali A., Le déplacement des Africains dans l’Empire romain : le témoignage des dédicaces religieuses, dans Voyages, déplacements et migrations, p. 1-20, 7 fig. Une documentation épigraphique provenant d’Afrique mais aussi de Rome, de Dacie et d’Espagne, conduit l’auteur à mettre en évidence la mobilité des Africains, civils comme militaires, ainsi que l’adaptation de leur religiosité aux milieux dans lesquels ils se sont trouvés. (52) Gavini A., I culti orientali nell’Africa romana : alcune considerazioni tra archeologia ed epigrafia, dans Alta formazione e ricerca in Sardegna. Atti del convegno di studi “Giovani ricercatori” (Sassari, 16 dicembre 2011), édit. Cicu E., Gavini A. et Sechi M., Raleigh, 2014, p. 151-165, rés. it. et fr., présente les principaux apports (historiographiques et scientifiques) d’un projet de recherche mené en 2010 et 2011 sur les cultes orientaux en Afrique ; il a succédé à un travail centré sur la Zeugitane, publié en 2008 (B.A.A.A., XLII [2008], 2014, n° 763). (53) Nagel S., The Cult of Isis and Sarapis in North Africa: Local shifts of an Egyptian Cult under the Influence of Different Cultural Traditions, dans Egyptian Gods in the Hellenistic and Roman Mediterranean: Image and Reality between Local and Global, Supplemento a Mythos, III, édit. Bricault L. et Versluys M.J., Palerme, 2012, p. 67-92, étudie les particularismes régionaux de l’implantation du culte d’Isis dans les provinces africaines, de Cyrène à Caesarea. Cette publication nous avait échappé. (54) Urbanovà D., Die lateinischen tabella defixionum, der Usus und die Spezifika auf dem Gebiet des Imperium Romanum, dans Latin vulgaire, latin tardif X, p. 1047-1098, a étudié 309 tablettes de défixion : l’Afrique en fournit le plus grand nombre aux IIe et IIIe s., se rapportant à des thèmes divers, mais aucune ne concerne un procès. Plusieurs textes d’Hadrumète, de Carthage et de Thysdrus sont présentés et traduits en allemand. (55) Németh G., Audollentiana, dans Acta Classica Universitatis Scientiarum Debreceniensis, XVIII, 2012, p. 141-147, 11 fig., rés. angl. L’article porte sur les archives d’Auguste Audollent, qui comporte de nombreux dessins de defixiones désormais perdues ou illisibles, et sur des tablettes de défixion conservées au musée Bargoin de Clermont-Ferrand. L’a. présente 4 textes plus en détail. (56) Cenerini F., La rappresentazione epigrafica della bellezza femminile in età romana, dans Dadi, fratture e vecchi belletti tra storia antica e medicina moderna, édit. Petraccia M.F., Gênes, 2014, p. 93-103, utilise quelques exemples africains, qui prouvent que les habitants des provinces africaines n’étaient pas insensibles à la beauté féminine, ce qui n’est pas surprenant. Quelques sites sont mieux connus grâce à l’épigraphie, ainsi en Libye avec (57) Montali G., Munera a Sabratha, dans Sylloge epigraphica Barcinonensis, XII, 2014, p. 75-96, 6 fig., rés. angl. Dans le cadre d’une recherche doctorale sur l’amphithéâtre de Sabratha, dégagé en 1924-1926, l’a. a découvert dans les archives conservées à l’université de Macerata (journal de fouille et photographies) trois inscriptions désormais disparues mentionnant des munera : il s’agit de deux tituli picti inédits, relevés sur l’entrée principale orientale, et d’une inscription (IRT, 117) provenant des fauissae du capitole de Sabratha. (58) Ferchiou N., À propos de l’urbs Sarra (CIL, VIII, 23181), Tunisie, dans Colloque de Sbeïtla VII, p. 195-198, présente quelques variantes de ce toponyme. Selon l’a., la ville désignée par cette inscription n’est pas Vazi Sarra comme on le considère traditonnellement mais désignerait un site appelé El Char situé à moins de 70 km de Thelepte, où le document a été trouvé. (59) Khanoussi M., Les Musunii, un « peuple » méconnu et son territoire : sédentarisation, urbanisation et romanisation, ibidem, p. 227-238, 6 fig., rés. arabe. Le problème est bien illustré par la définition du castellum Sufetanum. Contre l’hypothèse traditionnelle qui le considère comme un établissement militaire né de la guerre contre Tacfarinas, il privilégie une origine pré-romaine, à l’initiative des Musunii, une tribu bien identifiée. L’auteur en recense les mentions et essaie de délimiter leur territoire (sur cette question et pour une autre interprétation, L. Naddari dans la présente B.A.A.A., n° 431).


6La somme des études consacrées à l’archéologie est plus riche, mais là encore la moisson est moindre que les années précédentes. Mentionnons pour commencer deux travaux traitant des périodes les plus anciennes. Il s’agit, pour le premier, de (60) Boussoffara R., Miniaoui S. et Mansouri N., Le paysage pré et protohistorique dans le Nord-Ouest tunisien, dans Colloque de Sbeïtla VII, p. 17-53, rés. arabe, 8 pl. Les auteurs ont compté huit sites préhistoriques, trois protohistoriques et plus de cinquante où l’on peut observer des bazinas, des dolmens et des haouanets. La seconde étude nous conduit en Algérie avec (61) Kadra K.F., Les mausolées royaux de l’Algérie antique, dans Hommage à Kadria Fatima Kadra, p. 135-146, 4 ph. Il s’agit d’un article posthume de K.F. Kadra, qui dressait un panorama, destiné à un public curieux, des grands monuments funéraires attestés depuis le Medracen jusqu’aux djeddars. À la croisée avec la période romaine, (62) Aiosa S., Nomina sunt consequentia rerum. Notes sur l’architecture domestique punique et hellénistique-romaine (projet APER), dans Architecture domestique, p. 65-74, propose une réflexion sur les bases théoriques qui ont amené la naissance des plans de maisons connus. Ils proviennent d’échanges entre le monde punique et la civilisation gréco-romaine. Mentionnons en suivant (63) A Companion to Roman Architecture, édit. Ulrich R.B. et Quenemoen C.K., Malden-Oxford, 2014, XXIV-589 p., ill., glossaire, index général. Aucun chapitre de ce panorama sur l’architecture romaine, à Rome, en Italie et dans les provinces, n’est consacré à l’Afrique, mais celle-ci est souvent citée, particulièrement dans (64) Thomas E.V., The Severan Period, ibidem, p. 82-105, 7 fig. : Lepcis Magna y est présente, bien sûr, mais aussi les bains de Mactar et de Bulla Regia, le temple de Caelestis à Thugga, les arcs d’Haïdra, Théveste, Cuicul, Volubilis. L’Afrique reste très dynamique en matière de constructions, contrairement aux autres provinces où l’on assiste à une relative décélération. (65) Feuser S., Überlegungen zur Gestaltung von Wegen und Räumen in kaiserzeitlichen Hafenstädten des Mittelmeerraumes, dans Architektur des Weges : gestaltete Bewegung im gebauten Raum. Internationales Kolloquium in Berlin vom 8.-11. Februar 2012, veranstaltet vom Architekturreferat des DAI, édit. Kurapkat D., Schneider P.I. et Wulf-Rheidt U., Regensburg, 2014, p. 66-82, 12 ill., examine comment les entrées des ports méditerranéens antiques étaient protégées et surveillées. Leptis Magna intervient dans l’exposé (part. p. 79). (66) Camporeale S., Le unità di misura nella progettazione architettonica in Mauretania Tingitana, dans La mesure et ses usages dans l’Antiquité : la documentation archéologique. Journée d'études de la Société Française d’Archéologie Classique, 17 mars 2012, Dialogues d’histoire Ancienne, Supplément 12, édit. Saliou C., 2014, p. 79-100 (rés. it., fr. et angl. p. 254-255). Les tables de mesure de Lepcis Magna, Thibilis et Cuicul semblent montrer l’utilisation combinée de la coudée punique et égyptienne et du pied romain dans la conception et la construction des édifices. L’étude de la planimétrie de quelques bâtiments de Maurétanie tingitane montre que les mesures locales et romaines étaient également intégrées dans le même système. L’introduction de nouvelles techniques de construction reflète la transformation de la société provinciale entre l’époque maure et la période romaine. (67) Guizani S., L’alimentation en eau des maisons antiques de Carthage, dans Ressources (Les-) naturelles au Maghreb, p. 129-146, 7 fig., passe en revue l’approvisionnement en eau des maisons de Carthage, depuis les citernes de l’époque punique jusqu’à l’aqueduc romain qui exploitait les eaux du Zaghouan et auquel certaines maisons étaient raccordées ; mais l’approvisionnement privé est demeuré majoritaire durant toute l’antiquité. Il n’existe encore aucune étude exhaustive sur le sujet. (68) Leveau P., Archéologie d’un aqueduc africaine (sic), dans Journal of Roman Archaeology, XXVII, 2014, p. 808-818, propose un compte-rendu de l’ouvrage de M. De Vos Raaijmakers, M. Attoui et A. Battisti., Rus Africum, II, 2013 (B.A.A.A., XLVII [2013], 2019, n° 130bis) en insistant sur les questions de pente et sur les ouvrages d’art, en particulier les ponts. Cette fois, c’est la topographie qui éclaire l’épigraphie pour CIL, VIII, 27413 (, 1946, n° 233), notamment mais pas exclusivement. (69) Ferhi M., Nouvelles recherches sur l’approvisionnement en eau d’une ville romaine en Afrique Proconsulaire : le cas de Sufetula-Sbeitla, dans Colloque de Sbeïtla VII, p. 117-130, 9 fig., rés. arabe. Cette ville, qui comptait environ 10 000 habitants au IVe s., disposait de trois aqueducs, de citernes et de fontaines. Les fontaines et un aqueduc datent du IVe s. (70) Bahloul F.Z., Les thermes, frigidaria ou nouveaux fora, dans Ville (La-) et la campagne dans l’Algérie antique, p. 101-114, 9 fig. Timgad possède quatorze thermes publics et quinze thermes privés, Lambèse six, dont deux publics dans la ville basse et trois dans la ville haute. L’a. énumère aussi les thermes de plusieurs autres villes de l’Algérie actuelle, compare quelques frigidaria, et plaide pour de nouvelles études de ces vestiges et une meilleure prise en charge de la conservation des lieux. (71) Karoui K., Étude comparative de deux maisons africaines de l’époque romaine, dans Architecture domestique, p. 103-132. Ces deux demeures se trouvent à Dougga et El-Jem. Elles présentent des points communs et des différences. Mais les premiers l’emportent : ce sont des maisons à péristyle, espace occupé par un jardin. Nous abordons l’architecture religieuse avec l’étude de (72) Bockmann R., Märtyrer Karthagos. Ursprünge und Wandel ihrer Verehrung in den Kirchenbauten der Stadt, dans Mitteilungen des Deutschen Archäologischen Instituts. Römische Abteilung, 120, 2014, p. 341-375, 14 fig., rés. angl. L’a. examine la configuration des églises dédiées au culte des martyrs à Carthage. Construites à l’extérieur de la ville, érigées au IVe s., elles présentent une typologie spécifique. Le culte des martyrs s’est modifié en grande partie en raison de l’intervention des clercs. La période vandale et ses conflits ont influencé les pratiques et la topographie et, au VIe s., se met en place un pèlerinage vers le nord de la ville résultant de l’influence nicéenne. L’arrivée des Byzantins correspond à de nouvelles formes dans l’architecture basilicale, comme on peut le constater avec les églises de Bir Ftouha et de Damous el Karita. Selon la coutume de la B.A.A.A., les publications issues des missions archéologiques, qui sont citées à la suite, sont présentées dans un ordre géographique de direction est-ouest et nord-sud, et nous y ajouterons plusieurs bilans relatifs à des cités particulières. Deux études concernent la Libye, et plus particulièrement le sud. (73) Mattingly D.J., To south and north: Saharan trade in Antiquity, dans Living and working in the Roman World. Essays in honour of Michael Fulford on his 65th birthday, Journal of Roman History (Supplementary Series, 95), édit. Eckardt H. et Rippon S., p. 169-190, 9 fig., poursuit ses travaux sur les Garamantes en réexaminant ici le commerce de la céramique punique et romaine (céramique fine, lampes, amphores et autres contenants) dans la région centrale du Sahara, entre le Ier millénaire av. J.-C. et la première moitié du Ier millénaire apr. J.-C. : les deux sites étudiés sont un village et un cimetière. Le flot d’artefacts romains est particulièrement abondant à partir de l’époque flavienne, à mettre en relation avec les expéditions militaires des Romains ; les céramiques attestent un changement notable d’alimentation et l’usage de l’huile d’éclairage. (74) Mori L., Fortified Citadels and Castles in Garamantian Times: the Evidence from Southern Fazzan (Libyan Sahara), dans The power of walls: fortifications in ancient northeastern Africa. Proceedings of the international workshop held at the University of Cologne, 4th-7th August 2011, édit. Jesse F. et Vogel C., Cologne, 2014, p. 195-216, 17 fig. Cet article porte sur une région située à 400 km au sud-ouest de Garama, occupée par des villages protégés par des citadelles fortifiées et une série de forts (ksars) construits dans les premiers siècles de notre ère pour contrôler les routes caravanières. Les investigations de terrain ont porté en particulier sur la citadelle d’Aghram Nadharif et sur les forts d’Imassarajen et de Adad construits dans la région de l’Acacus. Passons en Tunisie avec (75) Drine A. et Jerray E., Exploitation et commercialisation des ressources maritimes de la Petite Syrte : témoignages archéologiques et spécificités régionales, dans Fish and ships, p. 103-114, 12 fig. Les prospections ont révélé une quarantaine de sites présentant des vestiges de bassins de salaisons antiques le long du littoral tunisien, dont dix entre le Golfe de Gabès et la frontière libyenne, une région encore peu connue. Deux centres principaux sont celui de Henchir Mdeine identifié au Zuchos de Strabon (XVII, 3, 17) et celui de Meninx, à Djerba, où l’activité halieutique semble plutôt consacrée à la pourpre, mais certaines structures ont pu servir à des salsamenta. Quant au site plus restreint de Naoura, il est en relation avec une villa agricole et maritime. L’article présente ensuite plus brièvement les sites localisés au nord et au sud de la Petite Syrte. Il demeure encore difficile d’associer à ces lieux de production un type de conteneur spécifique. (76) Broise H. et Curie J., L’étude de travertins carbonatés du sanctuaire de Jebel Oust (Tunisie) : une contribution à l’analyse diachronique, fonctionnelle et architecturale des thermes, dans 25 siècles de bain collectif en Orient, Proche-Orient, Égypte et péninsule arabique : βαλανεῖα, Thermae, Hammāmāt. Actes du 3e colloque international Balnéorient, organisé par l’Institut français du Proche-Orient et la Direction Générale des Antiquités et des Musées de Syrie (Damas-Syrie, 2-6 nov. 2009), édit. Boussac M.-F. et alii, Le Caire, 2014, p. 574-583, ill., plans, présentent des données archéologiques relatives aux thermes de Jebel Oust (Tunisie), dont la première occupation date du Ier siècle apr. J.-C. ; l’étude géo-archéologique des travertins anthropiques permet de préciser la nature des occupations successives du bâtiment. (77) Ghalia T. et Mazigh B., Le site de Demna Wadi Arremel et son complexe oléicole. Archéologie et essai de restitution, dans Architecture domestique, p. 93-102, ill. Cette villa servait à l’habitation, à la production et au stockage de l’huile. Le site était occupé depuis longtemps, et il abritait, à l’époque romaine, le centre d’un grand domaine. La reconstitution en trois dimensions aide à mieux comprendre son organisation. Un colloque annuel en est à sa septième édition. (78) Colloque de Sbeïtla VII. Actes du septième colloque international sur l’histoire des steppes tunisiennes, Sbeïtla, Session 2010, édit. Bejaoui F., Tunis, 2014, 270 p., ill., cartes, plans, résumés en arabe en fin de volume (p. 1-45). Le 7e colloque poursuit l’examen de ce territoire de Tunisie centrale, de la préhistoire à l’époque médiévale, à partir de documents archéologiques, épigraphiques, mais aussi arabes ; les articles concernent surtout des bilans, parfois rapides ; avec une présentation de (79) Louhichi A., Préface, ibidem, p. 5-6. (80) Khosrof S. et Louhichi A., Arguments métallurgiques pour une métallurgie du fer dans le site de Abbassya, ibidem, p. 263-270, fig. Des particules ont été recueillies à partir d’une collecte de surface sur le site d’Abbassya, près de Kairouan, et soumises à diverses analyses par le laboratoire de l’INP, montrant qu’une sidérurgie a existé dans la région. Le site d’Althiburos est particulièrement à l’honneur cette année. (81) Kallala N., Sanmartí J., Belarte M.C., Ramon J., Ben Moussa M. et Revilla V., L’occupation du territoire d’Althiburos, du temps des Numides à la fin de l’Antiquité, dans Centres de pouvoir, p. 179-204, 18 fig., présentent leur projet de recherche, déjà bien engagé, qui lie l’INP de Tunis et des universitaires catalans. La ville a connu une importante période numide avant de devenir une cité romaine ; l’habitat est marqué par la transformation du gros bourg des origines en une véritable ville dès au moins le IVe s. av. J.-C., ainsi que par une forte influence punique (rempart, tophet, céramiques, institution sufétale). L’époque vandale semble introduire une mutation importante dans la nature du site, encore à préciser. (82) Kallala N., Sanmartí J., Ramon J., Álvarez R., Maraoui Telmini B., Belarte M.C., La ville numide d’Althiburos et le monde de Carthage, dans Rivista di Studi Fenici, XLII, 1, 2014, p. 127-148, 15 fig. Cette étude s’appuie sur les recherches archéologiques menées entre 2006 et 2009 sur le site d’Althiburos, ainsi que sur la documentation auparavant disponible. Althiburos se situe au cœur du pays numide massyle. La prospection menée dans la vallée a montré l’existence autour de la ville de 216 monuments funéraires protohistoriques de types divers (dolmens, tumuli, bazinas et peut-être un hanout). Un monument dolménique fut l’objet de fouilles, qui ont permis de le dater du Ve siècle av. J.-C. (datation par C14 des ossements découverts), et attestent la pratique typiquement numide du rite de décharnement préalable des corps. Cinq sites d’habitat occupés de la période préromaine jusqu’à l’Antiquité tardive ont également été découverts dans les alentours d’Althiburos, ainsi que neuf inscriptions libyques (simplement mentionnées ici). Les auteurs concluent à une intense occupation numide dès la protohistoire et à une vie urbaine s’installant à partir du IVe siècle av. J.-C. mais peut-être plus ancienne. Au IVe siècle, la ville est ainsi entourée d’un important rempart (2, 20 m à 2, 60 m de largeur). Une inscription néopunique mentionne en outre trois suffètes. La ville s’est également fortement imprégnée de la culture punique, dès le IIIe siècle av. J.-C. comme en attestent un naïskos et une série de stèles votives à Baal Hammon. Les fouilles ont en outre révélé des traces matérielles d’échanges précoces avec Carthage, dès la fin du VIIIe siècle av. J.-C. Ainsi les auteurs estiment qu’entre la fin du VIIe siècle et le Ve siècle av. J.-C., 60 % de la vaisselle utilisée par les habitants d’Althiburos provenait du monde phénico-punique. Le matériel importé parmi les céramiques communes concernait aussi la consommation de vin, sur le mode phénicien. Les vases culinaires puniques font leur apparition, en petite quantité, à partir du IVe siècle, de même que sont attestées à partir de cette période les amphores et la vaisselle de Grande Grèce. Les auteurs reviennent ensuite sur certains aspects historiques et chronologiques de la ville d’Althiburos, notamment la question des fosses phéniciennes et de la Fossa Regia auprès desquelles la ville est traditionnellement située, mais en dehors du territoire punique. Les auteurs émettent alors l’hypothèse d’une dépendance directe d’Althiburos à Carthage, et la possibilité que la première ait servi de garnison avancée à la seconde. (83) Kallala N., Découverte du sanctuaire de Baal Hammon-Saturne d’Althiburos, ibidem, p. 73-88, 31 fig. L’auteur présente la découverte, accompagnée de photographies, de 11 inscriptions puniques et néopuniques (voir supra Xella et Tahar, n° 39), plusieurs fragments de stèles anépigraphes et une stèle à Saturne, une série de mensae et des urnes cinéraires, qui s’ajoutent à la documentation déjà connue sur ce site. L’ensemble des stèles et des objets cultuels trouvés de façon éparse conduit l’auteur à situer de façon précise le tophet, à la lisière de la ville. (84) Kallala N., Ribichini S., Ben Abid L., Botto M., Candelato F., Chérif S., Fabiani F., Garbati G., Ghizzani Marcia F., Jenen M., Khelifi L., Melchiorri V., Oggiano I., Tahar M., Torchani M., Xella P., Fouilles tuniso-italiennes du tophet-sanctuaire d’Altiburos. Premiers résultats (campagnes 2007-2008), ibidem, p. 89-108, 23 fig. La prospection réalisée en 2007 sur tout le plateau du sanctuaire a permis de faire connaître la présence dans le secteur oriental d’un édifice d’une certaine importance. Un sondage réalisé en 2008 afin de savoir s’il y avait un possible lien avec le sanctuaire a révélé des structures de murs et de sol allant du début de l’époque impériale jusqu’à l’époque tardo-antique, sans qu’il soit possible de savoir si le bâtiment originel était de nature privée ou publique. La couche stratigraphique considérée comme la plus ancienne se situe dans le secteur nord-est, où fut découverte une pièce pavée d’une mosaïque polychrome, qui est datée d’après le décor du IIIe siècle apr. J.-C. (85) Ben Abid L., Les stèles d’Althiburos et leur iconographie. Présentation préliminaire, ibidem, p. 109-122, 19 fig., expose les différents styles et motifs iconographiques des stèles récemment découvertes sur le site du sanctuaire de Baal Hammon à Althiburos, et datées entre le IIe s. av. J.-C. et le IIe s. apr. J.-C. Elles peuvent être rangées dans deux catégories distinctes : d’une part le groupe des stèles votives considérées comme de « tradition punique », attestées en Afrique du Nord dès le IVe siècle av. J.-C. et encore produites au Ier siècle apr. J.-C. ; d’autre part celui des stèles dites « numides », dont l’apogée se situe dans la première moitié du IIe siècle apr. J.-C. L’iconographie des stèles d’Althiburos atteste un attachement très fort, entre le IIe siècle av. J.-C. et la fin du Ier siècle apr. J.-C., aux procédés stylistiques puniques, ainsi qu’une fidélité de la part des autorités religieuses du sanctuaire à la symbolique carthaginoise, qui est essentiellement marquée par l’abstraction. (86) Grira M., Documents épigraphiques et iconographiques de Hr Thmed (environs de Sbiba/Sufes), dans Colloque de Sbeïtla VII, p. 149-168, 19 fig., rés. arabe. L’auteur fait connaître cinq épitaphes courtes, des monuments anépigraphes, dont une stèle à Saturne, situés entre le Ier et le IIIe s. et provenant de cette agglomération secondaire proche de Sufes. (87) Ferchiou N., Chapiteaux ioniques de Haidra, ibidem, p. 131-148, 16 fig., rés. arabe, a trouvé dix chapiteaux qui, sur des critères stylistiques, peuvent être répartis entre trois groupes, datés des IIe et IIIe s. En Algérie, différents sites ont fait l’objet de nouvelles synthèses. (88) Boukhenouf A. et Demmouche S., Poterie du site antique de Tigzirt (four et poterne), dans Ville (La-) et la campagne dans l’Algérie antique, p. 309-314, 4 fig. Un four et des analyses d’échantillons à proximité de la ville sont les indices d’une production de céramique sigillée dans cette région à l’époque antique. (89) Laporte J.-P., Notes sur les steppes de l’Est algérien : région de Tébessa, du Dyr et des Nemencha, dans Colloque de Sbeïtla VII, p. 89-115, rés. fr. et arabe, 20 fig., présente des documents divers provenant de plusieurs sites, allant du Néolithique à l’époque romaine tardive. Ils proviennent surtout de Tébessa et de Khenchela. (90) Ikherbane M.A., La vie sociale à Djemila (Cuicul) : documents archéologiques à caractère ludique ?, dans Volumen, XI-XII, 2014, est introuvable. (91) Benseddik N. et Lochin C., À propos de quelques reliefs de Hit M’ghat (Aurès), dans Aouras, VIII, 2014, p. 199-221, 23 fig. Quelques documents récemment découverts dans cette région du piémont tellien de l’Aurès témoignent de l’influence de Rome soit par leur forme, soit par le choix des thèmes figurés. La région a attiré les Romains par la richesse de son terroir et la vitalité de la population indigène. Parmi les dieux importés par la IIIe Légion Auguste, Saturne et Mercure y sont devenus des dieux frugifères et salutifères après avoir assimilé les divinités autochtones. (92) Morizot P., Regard actuel sur la cité de Guessès et réflexions sur son rôle défensif, de l’Antiquité tardive à la conquête arabe, dans Centres de pouvoir, p. 285-314, ill., apporte surtout un bon dossier pour connaître ce site : archéologie, épigraphie, et numismatique sont appelées à la rescousse. Ce site a généralement été attribué à l’époque byzantine, mais rien ne prouve que nos prédécesseurs aient eu raison sur ce point qui reste à débattre. Un copieux dossier photographique (ancien et actuel) et épigraphique est proposé. (93) Moukraenta-Abed B., Un nouveau regard sur Lambèse, dans Aouras, VIII, 2014, p. 147-161. La relecture des sources arabes, dont certaines demeurent encore inexploitées, associées aux sources antiques et aux résultats des rapports de fouilles, autorise à remettre en question diverses hypothèses émises dans le passé sur l’histoire et l’archéologie de Lambèse depuis l’Antiquité jusqu’au Moyen Âge. (94) Morizot P., Le système hydraulique et la cité antique de Rassira, dans Aouras, VIII, 2014, p. 163-194, 24 fig. Le système formé par les seguias alimentées par l’oued el-Abiod et l’apport des eaux collectées par le réservoir de Chennaoura et de canalisations souterraines jusqu’à Rassira constituent un exemple d’exploitation des ressources hydrauliques de la moyenne vallée de cet oued. Comme on peut le constater dans d’autres régions, la destruction et/ou l’abandon des canalisations, soit pour des raisons techniques soit pour assurer la sécurité de l’approvisionnement en eau, a conduit les habitants à s’installer en amont pour se rapprocher des sources. (95) Laporte J.-P., Quelques sites notables au sud-ouest de l’Aurès (Sadouri, Doucen, Sidi Khaled, etc.), ibidem, p. 295-337, 17 fig. La région a livré de nombreux vestiges qui remontent à des époques variées. Certains peuvent faire l’objet d’une meilleure analyse, d’autres, révélés par les photographies aériennes, montrent que la région était habitée par des populations sédentaires occupant des oasis complantées de palmiers, avec des oliviers auxquels était associé un élevage semi-nomade. (96) Amraoui T., La production urbaine de salaisons en Algérie à l’époque romaine : l’exemple de Tipasa (Maurétanie Césarienne), dans Fish and ships, p. 91-101, 10 fig. Les prospections sur les ateliers de transformation du poisson restent très modestes en Algérie. L’article, tiré d’un travail de doctorat alors en cours, s’appuie sur d’anciens rapports de fouilles et sur un travail de terrain. Trois fabriques ont été repérées à Tipasa par J. Baradez : le premier (atelier A), situé dans la ville, mitoyen des « thermes de la crique », pourrait être daté entre le IIe et le VIe s. ; le deuxième (atelier B) se trouvait au pied de la colline où s’élevait la basilique chrétienne, à 50 m du premier atelier, et il n’est pas daté ; le troisième ensemble identifié par J. Baradez n’est en réalité pas un aménagement de salaisons : les « bassins » sont des mangeoires et une boutique comporte des dolia dont le contenu, de nature indéfinie, n’est pas en lien avec des salaisons. En revanche, un troisième atelier a peut-être été localisé au nord-ouest de l’atelier B. Au Maroc, (97) Bernal Casasola D., Raissouni B., Bustamante M., Lara M., Vargas J.M., Díaz J.J., Sáez A.M., Parodi M., Verdugo J., García Giménez R., Zouak M. et Moujoud T., Alfarería en la Tamuda mauritana y romana. Primeros resultados del proyecto marroco-español EAT, dans As produções cerâmicas de imitação, p. 463-481, ill., étudient les diverses céramiques produites dans l’atelier de Tamuda, à partir du matériel des fouilles anciennes déposé au musée de Tétouan : des moules pour des éléments d’appliques, des amphores tardo-puniques (probablement T-7.4.3.3), des opercules destinés à fermer des amphores, des moules décorés pour fabriquer des pains ou des gâteaux, des lampes. Des vestiges de briques montrant des défauts de cuisson ont été trouvés dans ce qu’on appelle le quartier nord, ce qui laisse supposer la présence d’un four : il aurait fonctionné approximativement entre 100 av. J.-C. et 150 apr. J.-C ; il fut transformé à la fin de son activité en four à chaux. La rubrique dédiée aux sites archéologiques s’achève par une introduction pour grand public à l’exposition Bronzes antiques du Maroc et de la Méditerranée, tenue à Marseille en 2014. (98) Caillet G., Volubilis, la petite Rome berbère, dans Le Figaro Histoire, n° 14, juin-juillet 2014, p. 104-113, dresse une présentation générale et très honnête du site archéologique. Les quelques travaux relatifs à l’étude des matériaux sont consacrés au marbre. Avant de les évoquer, mentionnons l’étude générale sur (99) Les ressources naturelles au Maghreb durant l’Antiquité et le Moyen Âge, édit. Hassan M. et Younes A., Tunis, 2014, 192 p., ill. L’ouvrage n’est pas diffusé en France, mais certains articles sont accessibles sur internet (Guizani, Younes). Ce n’est pas le cas des deux suivants. (100) Dessanider D., Antonelli D., Kamel S., Hamiane M., Lazzarini L. et Leroux L., Identification et détermination de la provenance des pierres décoratives et des pierres de construction de sites antiques méditerranéens. Méthodologie et application aux sites de Djemila (Algérie) et Volubilis (Maroc), ibidem, p. 193-230, ill. Un article portant un titre analogue mais centré sur Volubilis, et dont les auteurs sont, pour certains, identiques à celui-ci, a été publié en 2009, dans Mines et carrières, 163, hors-série, p. 65-70. (101) Younes A., Les pierres marbrières antique au nord de la dorsale tunisienne : état de la question et mise au point, dans Ressources (Les-) naturelles au Maghreb, p. 161-192, 16 fig. Le nord de la Proconsulaire au Haut-Empire et la Zeugitane au Bas-Empire ont fourni huit types de marbres, de diverses couleurs, dont seuls deux sont bien connus par les sources antiques ou par les archéologues et les géologues : le jaune et le rose de Chemtou et la lapis niger non mentionnée par les auteurs anciens. L’article dresse le bilan d’un domaine d’études encore en friche. (102) Id., Étude préliminaire sur le marbre vert antique de la région de Chemtou, ibidem, p. 231-248, 9 fig., 1 tabl. Outre le marmor numidicum des carrières de Chemtou, il existait aussi une production de marbre vert, un schiste du Permo Trias à grains très fins, situé dans le Jbel el Hairech. L’auteur étudie les caractéristiques géographiques et géologiques de ce marbre, les techniques d’extraction et son utilisation à Bordj Hellal (Thunusuda ?) surtout, à Chemtou et Bulla Regia, jusqu’à l’époque byzantine. (103) Herrmann J.J.Jr. et Van den Hoek A., Elite marble from Mauritania to Rome : Alabastro a pecorella from Bouhanifia, Algeria, dans Centro y periferia, p. 1319-1323, 3 fig., rés. angl. Ce marbre rare, rouge et blanc, provenant des carrières de Bouhanifia, est présent dans quelques sites de Méditerranée occidentale, surtout en Algérie (Cuicul, Thamugadi, mais pas à Cherchell) et en Italie. Les carrières devaient être propriétés impériales, au moins aux Ier et IIe s. ; au IVs. le marbre apparaît moins dans les programmes officiels ; il est utilisé parfois dans les maisons d’une riche clientèle (Hippo Regius, Carthage) ou pour des sarcophages. En ce qui concerne la mosaïque, (104) Blázquez Martínez J.M., Estudios sobre España, Norte de África y el Próximo Oriente en la Antigüedad, Madrid, 2014, 690 p., ill., réunit plusieurs études déjà publiées entre 2002 et 2012, dont certaines intéressent l’Afrique (sur la violence religieuse et sur des mosaïques), ainsi qu’un inédit sur l’Afrique. (105) Id., Mosaicos parietales y en el suelo, en baños piscinas y estanques y fuentes en Hispania, Norte de África y Siria en época romana, ibidem, p. 639-688, fig. L’article concerne, en Tripolitaine, la mosaïque du tepidarium de la villa maritime du Nil à Leptis Magna, la mosaïque des thermes de Uadi-ez-Zaiga, plusieurs mosaïques de Gigthis et de Sabratha ; en Proconsulaire, les mosaïques du frigidarium des thermes d’Acholla et de la « maison de la langouste » dans la même cité, à Althiburos celle du frigidarium de la « maison des Muses » et celles des bains de Ber-Bou-Rekba, Bordj El-Ksar, Bulla Regia, El Hammam, Nabeul, Nasr Allah, Oudna, Thuburbo Maius, Hippo Regius et Utique, à Carthage, les mosaïques de la maison de Scorpianus et à Hammamet, celle des bains d’Antonin ; en Tingitane, diverses mosaïques des thermes de Banasa, Volubilis et Lixus ; en Césarienne, celles de Bougie, Sétif, Cherchell, en Numidie celles de Djemila, Timgad. (106) Le Monde rural à l’époque romaine. Les travaux et les jours sur les mosaïques, dans L’Archéologue, 129, mars-avril-mai 2014, p. 3-59, ill. À l’occasion de la réouverture du musée du Bardo, cette revue bien connue du grand public a consacré un dossier aux mosaïques qui forment le cœur des collections, à travers plusieurs thématiques liées au monde rural : les travaux et les jours (le calendrier de Thysdrus), les domaines ruraux, les pêcheurs à la ligne, la chasse, le cordonnier de Kelibia, les femmes à leur toilette, les poètes et philosophes, accompagnées de très belles photos. (107) Hadji K., La mosaïque d’El-Akbia retrouvée à El-Milia, dans Aouras, VIII, 2014, p. 257-267, 9 fig. Cette mosaïque découverte au XIXe s., puis oubliée, est de nouveau préservée. Elle est désormais exposée sur le mur de la grande mosquée de la ville d’El-Milia. Les scènes aquatiques, avec une majorité d’animaux marins, renvoient à une tradition bien établie en Afrique. Sa localisation, à 30 km de la mer, s’explique par le goût de son commanditaire. Sa datation demeure inconnue. Par comparaison avec les volumes précédents de la B.A.A.A., rares sont cette année les références portant sur les terres cuites et la céramique, aussi le lecteur veillera à se reporter aux chapitres suivants selon les périodes concernées. (108) Bonifay M., Céramique africaine et imitations : où, quand, pourquoi ?, dans As produções cerâmicas de imitação, p. 75-91, 12 fig. La production africaine de céramique, abondante, a suscité de nombreuses imitations (IIe-VIIe siècles). La céramique culinaire a été imitée dans l’ouest de l’Italie, le sud de la Gaule et de la péninsule Ibérique et en Bretagne ; la céramique sigillée se retrouve à peu près dans les mêmes zones. Lampes et amphores ont également été étudiées par l’auteur. Des explications différentes doivent être envisagées pour chaque région : intégration culturelle, prestige social et substituts d’importations. (109) Heimerl F., Nordafrikanische Sigillata, Kuchenkeramik und Lampen aus Augusta Vindelicum/Augsburg, Wiesbaden (Münchner Beiträge zur Provinzialrömischen Archäologie, 6), 2014, 155 p., 19 p. de pl., ill., cartes, plans, rés. all., angl. it. Cette monographie étudie la céramique africaine fine (ARS) importée sur le site autrichien de Vindelicum, capitale de la Rhétie, afin de mieux comprendre son histoire économique, de la fin du Ier s. à la moitié du Ve. Le livre est très peu diffusé en France. L’a. a travaillé sur un matériel composé de 450 fragments et 20 lampes issus de plusieurs campagnes de fouilles non publiées. La Partie I établit la typologie et la chronologie du matériel (la majorité des pièces datent du 2e quart du IIe/début Ve s.), suivies de l’analyse historique (lieux de provenance en Tunisie, routes d’acheminement, mais un certain nombre de formes proviennent aussi de centres locaux). Le livre s’achève par un catalogue des formes et diverses annexes.

B – Bibliographie

7Cette rubrique recense les ouvrages bibliographiques d’intérêt général, les dictionnaires et les encyclopédies spécialisées, les études sur le patrimoine puis l’historiographie ainsi que les notices biographiques consacrées aux savants qui nous ont quittés récemment. Comme à l’accoutumée, il convient de mentionner en préambule (110) L’Année philologique, LXXXV (2014), 2016, 2374 p., qui a été dépouillée pour ce fascicule, ainsi que le (111) Bulletin analytique d’Histoire romaine, XXIII (2014), 2015, 490 p., qui est également fort utile. D’autres recensements intéressent des périodes plus réduites, ou des thèmes spécifiques. En ce qui concerne la littérature latine, il faut d’abord faire mention de la (112) Nouvelle histoire de la littérature latine. 1. La littérature de l’époque archaïque. Des origines à la mort de Sylla. La période pré-littéraire et l’époque de 240 à 78 av. J.-C., édit. Suerbaum W. et alii, version française sous la direction de Freybyurger G. et Heim F., Turnhout, 2014, XLVI-652 p. Il s’agit de la traduction du premier tome, paru en 2002, de l’ouvrage allemand qui est une véritable encyclopédie, très érudite, de la littérature latine. Dans ce volume nous verrons deux notices : sur le Poenulus de Plaute, p. 218-219 (résumé, bibliographie, problématiques de recherche) et sur Magon et ses traducteurs, p. 610-613 (l’œuvre, ses traductions grecques et latines, son importance et sa réception). (113) The Virgil encyclopedia, édit. Thomas R.F., Ziolkowski J.M., avec la collab. de Bonnell-Freidin A. et alii, Chichester, 2014, 3 vol. , LXXVIII-1525 p., 2 index. Nous signalons cette grosse publication que nous n’avons pu consulter. Et une entreprise annuelle, toujours sur le même auteur, (114) Werner S.J., Vergilian bibliography 2013-2014, dans Vergilius, LX, 2014, p. 145-168. Les références suivantes concernent les auteurs chrétiens, à commencer par (115) Chapot F. et alii, Chronica Tertullianea et Cyprianea 2013, dans Revue d’études augustiniennes et patristiques, LX, 2, 2014, p. 381-425. Cette livraison de la CTC concerne les publications de l’année 2013 mais apporte aussi quelques compléments aux chroniques antérieures. Mentionnons en suivant (116) Ribreau M. et alii, Bulletin augustinien pour 2013/2014 et compléments d’années antérieures, dans Revue d’études augustiniennes et patristiques, LX, 2, 2014, p. 427-492. Cette livraison concerne bien davantage les publications consacrées à Augustin et à son œuvre parues en 2013, que celles publiées en 2014. Elle apporte aussi de nombreux compléments aux bulletins antérieurs, en particulier pour l’année 2012. Concernant l’épigraphie, le (117) Bulletin épigraphique, dans Revue des Études Grecques, 127, 2, 2014, p. 578-579, a été dépouillé, ainsi que (118) L’Année épigraphique, 2014 (2017), dir. Corbier M., 2014, 997 p. Si la lecture des généralités, p. 17-101, n° 1-114, est toujours instructive, on trouvera les notices sur l’Afrique, réparties selon la division tétrarchique des provinces, rédigées par Blonce C., Briand-Ponsart C., Dupuis X. et Ibba A., aux p. 643-712, n° 1453-1593. La (119) Bibliotheca Isiaca. III, édit. Bricault L. et Veymiers R., Bordeaux, 2014, 485 p., ill., cartes, plans, index, a par ailleurs été consultée : mentionnons notamment (120) Bricault L., Supplément au RICIS, p. 139-195 (inédits et relectures de documents provenant de Leptis Magna, en grec, et peut-être de Carthage, p. 177-179) ; (121) Id., Supplément au SNRICIS, p. 245-284 (quart de shekel d’Hadrumète, IIe-Ier s. av. J.-C., p. 258) et (122) Amoroso N. et alii, Chroniques bibliographiques, 2005-2008, 2009-2012, p. 285-418.


8La rubrique portant sur le patrimoine est centrée autour d’un ouvrage collectif, (123) Architecture domestique punique, hellénistique et romaine. Sauvegarde et mise en valeur, édit. Ferjaoui A. et Germanà M.L., Pise, 2014, 320 p., ill. Cet ouvrage, présenté de manière bilingue (italien et français), détaille le projet APER (Architecture domestique punique, hellénistique et romaine) ; il contient quelques communications d’intérêt méthodologique et d’autres qui sont consacrées à l’Italie, en particulier à la Sicile. (124) Ferjaoui A., Les réalisations du projet APER, ibidem, p. 27-30, présente les acquis du projet qui a approfondi les connaissances sur Agrigente, Kerkouane et Utique. Il a fallu faire des choix, et privilégier quelques emplacements. (125) Thompson J., Gérer, mettre en valeur, vivre en harmonie avec l’héritage du passé : Italie-Tunisie, ibidem, p. 287-296, compare plus précisément les résultats du programme APER obtenus sur ces trois sites. (126) Germanà M. L., Approche responsable pour le patrimoine : coopération, participation, documentation, ibidem, p. 31-44, expose des évidences sur les exigences d’un travail en coopération : il nécessite de la bonne entente et des connaissances à puiser dans les livres. (127) Agnello F., Anciens et nouveaux levés, ibidem, p. 55-64, rappelle que les moyens modernes comme l’informatique permettent de mieux travailler sur les plans d’habitations, de temples et autres monuments. (128) Volpe G., Conservation, valorisation et gestion des sites archéologiques : les cas des sites du projet APER. État actuel et perspectives. Rapport sur les travaux de l’atelier de Tunis, ibidem, p. 271-286, dresse un bilan sur l’aspect évoqué dans le titre. (129) Karoui K., La reconstruction de la Domus Africa d’El-Jem (l’antique Thysdrus), ibidem, p. 133-146. Cette demeure était déjà célèbre pour ses mosaïques. Les archéologues se sont surtout attachés, dans ce programme, à l’architecture, aidés par des reconstitutions en trois dimensions. Les autorités publiques ont voulu la placer dans un parc archéologique, avec trois autres demeures, en relation avec le musée local. (130) Id., Essai de restitution de la maison à double péristyle de Kerkouane, ibidem, p. 147-154. Ce travail a permis de comprendre l’originalité de la structure à double péristyle ; il a aussi montré l’importance du décor. (131) Id., Étude de restitution de la maison de la cascade à Utique, ibidem, p. 155-166. La restitution architecturale est une partie de la muséographie du site : l’auteur prend l’exemple de cette demeure du IIe siècle. (132) Leveau P., Le patrimoine hydraulique comme composante d’une identité, dans Ikosim, III, 2014, p. 89-100, 3 fig., s’intéresse au phénomène de patrimonialisation, qui consiste à reconnaître le statut de bien commun à un objet, qui doit donc être conservé au-delà de sa valeur d’usage. L’a. prend trois exemples, dont celui de la célèbre inscription de Nonius Datus (CIL, VIII, 2728 = 18122), qui a été déplacée de Lambèse à Bejaia à la fin du XIXe s. Au cours du XXe s., une seconde patrimonialisation fut effectuée avec la fabrication de copies. Les deux autres exemples ne concernent pas directement l’Antiquité, sauf peut-être les foggaras. (133) Hanoune R., Une tuile de Lambèse dans le Pas-de-Calais (France), ibidem, p. 185-186, 2 fig. Le musée d’Étaples-sur-mer possède une tuile estampillée leg III avg. Il est peu probable qu’un détachement de cette légion soit venu dans l’actuel Pas-de-Calais ; cet objet a dû être apporté en France par un voyageur.


9Comme les années précédentes, l’historiographie est en grande partie nourrie par les études traitant particulièrement de la période coloniale. Avant de les évoquer, mentionnons deux travaux qui renvoient à une historiographie plus ancienne. (134) Vella N.C., The invention of the Phoenicians : on object definition, decontextualization and display, dans Punic Mediterranean, p. 24-41, 5 fig., retrace l’historiographie de la découverte progressive des Phéniciens depuis le XVIe s. L’a. évoque notamment la figure d’un chevalier de l’Ordre de Malte, J. F. Abela, qui a publié une histoire de Malte en 1647 et attribué des sites mégalithiques aux Puniques ; il poursuit son étude jusqu’à l’exposition sur les Phéniciens au Palais Grassi en 1998. Il tente, à travers plusieurs exemples, de définir ce que peut être une identité phénicienne. (135) Martos J., Traducciones ibéricas de la obra retórica de Apuleyo, dans Euphrosyne, n.s. XLII, 2014, p. 197-204, fait le point sur quelques traductions en espagnol et en portugais des œuvres rhétoriques d’Apulée proposées depuis la Renaissance, afin de déterminer leur fiabilité et leurs sources. Il s’intéresse particulièrement à l’analyse en castillan des Florides, par Diego López de Cortegana (Séville, 1513) qui fait de Sidoine Apollinaire un Sidonius d’Oran. C’est vers une période plus contemporaine que proposent de se projeter les références qui suivent, à commencer par (136) Dondin-Payre M., L’Afrique romaine vue par ses inventeurs : la République oubliée, dans L’imperium romanum en perspective : les savoirs d'empire dans la République romaine et leur héritage dans l’Europe médiévale et moderne. Actes du colloque de Paris, 26-28 novembre 2012, édit. Dubouloz J. et Pittia S., Besançon, 2014, p. 43-58, ill. Rome fut un modèle et une justification pour les entreprises coloniales française et italienne, mais les Français ont délaissé la référence à la République : trop de revers, trop de combats sur une durée trop longue quand l’Empire apparaissait comme un moment de paix et de civilisation. Les Italiens, de leur côté, ont exploité la totalité de l’héritage, y compris la colonisation grecque. (137) Bonnet C., « L’époque solsticiale de l’histoire ancienne » : Carthage et Rome au cœur des dynamiques Est-Ouest dans la Römische Geschichte de Theodor Mommsen, dans Eidolon. Saggi sulla tradizione classica, édit. Fornaro S. et Summa D., Bari (Due punti, 29), 2013, p. 63-82, étudie l’interprétation du grand historien allemand sur l’affrontement entre Rome et Carthage. Pour lui, l’impact des guerres puniques constitue un ressort majeur de l’évolution de l’histoire de Rome, parce que la victoire signifie l’ouverture vers l’Orient, et que celle-ci ci aura un effet délétère sur Rome, d’où le terme « solstice ». (138) Trifiró M.S., La battaglia di Himera (480 a. C.) nelle interpretazioni storiografiche antiche e nelle moderne riletture di G. Grote ed E.A. Freeman, dans Anabases, XX, 2014, p. 11-31, rés. angl. et fr. La victoire grecque d’Himère sur Carthage en 480 eut pour conséquence d’affermir le pouvoir des deux grandes familles de tyrans en Sicile, les Deinoménides et les Emménides. Mais, au-delà de la bataille, il est intéressant de comprendre comment s’est forgé le mythe de cette victoire dans la littérature antique des Ve/IVe s. (victoire de la civilisation sur la barbarie), puis quelles en furent les résonances et les réinterprétations au XIXe s./début XXe s., dans un contexte de forts nationalismes. Les deux références suivantes font la transition avec l’historiographie régionale de Numidie et de Maurétanie, en commençant par deux études portant sur le site de Théveste. (139) Landes C., Armée, civils et administration face au patrimoine archéologique thévestin d’après les sources militaires françaises (deuxième moitié du XIXe siècle et première moitié du XXe siècle), dans Aouras, VIII, 2014, p. 339-368, 15 fig. Les sources consultées permettent d’observer l’état de conservation des monuments de la ville au moment de l’arrivée des troupes françaises et d’étudier les réactions face aux contraintes qu’imposait le patrimoine local. Les militaires intégrèrent les bâtiments antiques dans leur système de défense, mais les colons virent dans le rempart byzantin un obstacle à la libre circulation. La situation évolua lorsque la France installa son protectorat en Tunisie en 1881. Tebessa n’était plus alors une place stratégique. (140) Baratte F., Les carnets du commandant Guénin : la préparation de « L’inventaire du cercle de Tébessa », dans Colloque de Sbeïtla VII, p. 65-87, rés. arabe, 11 fig., se livre à un important exercice d’historiographie en soulignant l’importance de l’inventaire mené par cet officier sur la région de Tébessa (pubié en 1909). (141) Moreno Pulido E., Numismática de la antigua Mauritania : recorrido historiográfico y problemática actual, dans Numisma, 258, 2014, p. 7-50, 8 fig. Cette synthèse, essentiellement historiographique, étudie l’évolution des connaissances sur la numismatique maurétanienne depuis les premiers travaux, vers la moitié du XIXe s., jusqu’à nos jours, et souligne les difficultés que pose cette documentation (attribution, datation, métrologie, iconographie, etc.). (142) Pons Pujol L., El urbanismo de Volubilis (Marruecos). Construcción de la imagen de una ciudad romana, dans Scripta Nova. Revista Electrónica de Geografía y Ciencias Sociales, XVIII, nº 473, 2014 [en ligne : http://www.ub.es/geocrit/sn/sn-473.htm]. La vision actuelle de l’urbanisme volubilitain dépend en grande partie des fouilles réalisées au début du XXe siècle par les autorités du Protectorat français. La réflexion scientifique se trouve ainsi conditionnée par les intérêts des anciennes politiques coloniales françaises. La période post-coloniale est introduite par la récupération de l’histoire ancienne dans le Maghreb contemporain, abordée par (143) Alexandropoulos J., Bourguiba et l’Antiquité : le témoignage des monnaies, dans De Rome à Lugdunum des Convènes, p. 441- 448, 11 fig. Deux émissions de prestige des années 1969 et 1979 évoquent l’histoire antique de la Tunisie, et offrent une illustration de la conception de celle-ci dans l’identité tunisienne, telle qu’elle est apparue avec H. Bourguiba durant les années 1956-1970. À l’avers figure le Président de la République, tandis que les revers représentent des épisodes puniques (2), numides (2), la présence romaine (5) et Augustin (1). (144) Jaïdi H., La constitution de Carthage : son actualité et les leçons d’Aristote, dans Anabases, XX, 2014, p. 315-323, rappelle ce que fut cette constitution, du moins ce qu’on en sait à travers les sources grecques et latines, et les qualités que lui prêtait Aristote, avant d’aborder l’exploitation de ce passé dans la politique actuelle en Tunisie, par les islamistes et les modernistes : il évoque les dangers que risque d’entraîner la manipulation de l’histoire. (145) Leveau P., L’Afrique romaine, résistance et identité, histoire et mémoire, dans Hommage à Kadria Fatima Kadra, p. 37-59, revisite l’histoire des concepts qui ont tenté de rendre compte de l’Afrique romaine depuis la décolonisation dans les années 1960, et persiste à croire à l’utilité de celui de « résistance » : l’usage de concepts contemporains appliqués aux périodes anciennes (actuellement, celui d’identité prôné par Y. Modéran) est en effet une source de renouvellement de la pensée historique ; il faut faire une place à l’anachronisme méthodologique. (146) Gutron C., Analogies maghrébines et relectures de l’histoire. Autour de la patrimonialisation de Paul-Albert Février, dans L’Année du Maghreb, X, 2014, p. 163-180, interroge les rapports entre archéologie, politique et historiographie dans le Maghreb contemporain à partir du cas de P.-A. Février. Celui-ci est devenu un emblème de la communauté scientifique actuelle alors qu’il faisait partie d’un groupe très minoritaire d’africanistes anticolonialistes. Mais cela va plus loin : par ses legs à l’université de Provence et aux archives des Bouches-du-Rhône, Février a été à l’origine de sa patrimonialisation. Désormais les hommages nombreux qui lui sont rendus permettent « la construction d’une mémoire honorable et sereine des relations archéologiques franco-maghrébines ». Mais en réalité, la réactivation de sa mémoire est bien plus le fait de la rive nord de la Méditerranée que de la rive sud. (147) Laporte J.-P., Gustave Vuillemot (1912-2013) et l’archéologie de l’Oranie (Algérie), dans RM2E-Revue de la Méditerranée, édition électronique, I, 2, 2014, p. 73-84, apporte un éclairage précieux sur la vie de G. Vuillemot, un pionnier de l’archéologie punique et numide et qui s’intéressait aussi à la période musulmane avant d’être conservateur du musée d’Autun à partir de 1962. Ses découvertes remarquables, ses intuitions, ses descriptions d’une grande précision font de son œuvre une base incontournable encore de nos jours pour nos études. La bibliographie de G.V. est fournie p. 80-83. Enfin, de façon plus sommaire, (148) Ardeleanu S., The State of Current Research on Pre- and Early Roman Numidia : Problems and Perspectives of the New Millennium, dans Centro y periferia, p. 477-480, critique les approches historiographiques passées considérées comme dépassées et annonce qu’il suivra de nouvelles pistes.


10Cette partie se clôture sur l’évocation de savants disparus, introduite par un hommage prenant la forme d’un ouvrage collectif : (149) L’affirmation de l’identité. Combats et résistances. Hommage à Kadria Fatima Kadra, édit. Ferdi S., Alger, 2013, 160 p. L’ouvrage a été conçu et écrit en hommage à la première archéologue algérienne, K.F. Kadra, universitaire de talent, mais peu connue dans son pays jusqu’à sa disparition en 2012. (150) Bouchenaki M., Kadria Fatima Kadra. Première archéologue algérienne, ibidem, p. 11-13, souligne son parcours scientifique et professionnel dans un métier considéré comme relevant des hommes, plus particulièrement occidentaux, et son engagement dans les tâches dont elle avait la responsabilité. (151) Kadra-Hadjadji H., Avant-propos, ibidem, p. 15-17, rappelle la passion de sa sœur pour l’histoire et l’archéologie. La bibliographie de K.F.K. figure à la p. 19, on en retiendra avant tout sa contribution à la connaissance des djeddars. Il faut noter que l’article de N. Benseddik a été recensé dans la précédente livraison de la B.A.A.A., XLVII (2013), 2019, n° 181. (152) Bauduin P. et Gazeau V., Yves Modéran au CRA[HA]M. Paroles d’un chercheur, dans Centres de pouvoir, p. 9-28, expliquent la démarche d’Yves Modéran pour concilier ses thèmes de prédilection, l’Afrique, les Vandales et la religion, avec les axes de recherches proposés au sein de l’équipe universitaire. (153) Anonyme, Bibliographie d’Yves Modéran, dans Centres de pouvoir, 2014, p. 35-38. (154) Kallala N., Yves Modéran, rénovateur des études sur les autochtones, dans Centres de pouvoir, p. 29-31. La personnalité d’Yves Modéran explique son intérêt pour les peuples africains de l’Antiquité et ses apports scientifiques. (155) Le Bohec Y., Avant-propos : Jean-Marie Lassère (1931-2011), dans Guerre (La -) dans l’Afrique romaine, p. 7-9. Ce colloque organisé dans le cadre du Congrès des sociétés savantes est l’occasion de rappeler la mémoire et la carrière du savant qui a été un membre actif du CTHS, et de fournir la liste de ses principales publications, p. 8-9. (156) Hamdoune C., In memoriam Jean-Marie Lassère : 1932-2011, dans Aouras, VIII, 2014, p. XIV-XVII, 1 ph. Profondément engagé dans la défense de l’histoire de l’Afrique antique, Jean-Marie Lassère fut un homme de terrain, un enseignant et un universitaire écouté, doté de grandes qualités humaines. Éminent épigraphiste, son intérêt pour l’onomastique ne se démentit jamais. (157) Gros P., In memoriam. Une évocation de Naïdé Ferchiou, dans Antiquités africaines, L, 2014, p. 5-7, 1 ph., évoque la personnalité riche et singulière de cette infatigable archéologue et l’apport de ses contributions à la connaissance des sites tunisiens. (158) Anonyme, Bibliographie de N. Ferchiou, ibidem, p. 8-11. (159) Ἐν καλοῖς κοινοπραγία. Hommages à la mémoire de Pierre-Louis Malosse et Jean Bouffartigue, édit. Amato A., collab. Fauvinet Ranson V. et Pouderon B., Nantes, 2014, XIX-544 p., ill., carte, 2 plans, portr. ( = Revue des Études Tardo-Antiques, IV, suppl. 3, 2014-2015). La disparition brutale en 2013 des deux chercheurs dont la mémoire est rappelée par cet ouvrage a réuni leurs amis et leurs collaborateurs pour un dernier hommage. Trois contributions intéressent nos études (Griffe M., Lançon B., Wolff É.). (160) Guittard C., In memoriam Jean-Pierre Callu : 1929-2014, dans Aouras, VIII, 2014, p. X- XIII, 1 ph. Éminent latiniste, spécialiste de numismatique, à laquelle il a contribué à donner ses lettres de noblesse, et de l’histoire du Bas-Empire, Jean-Pierre Callu édita la Correspondance et les Discours de Symmaque. (161) Dyczek P., Łajtar A., Płóciennik T. et Rzepkowski K., trad. Bartkiewicz K., In memoriam. Jerzy Kolendo, natus V Id. Iun a. D. MCMXXXIII obiit pridie Kal. Mart. a. D. MMXIV. Vixit annos LXXX menses VIII dies XX, dans Antiquités africaines, L, 2014, p. 13-17, soulignent les différentes qualités de l’historien, de l’archéologue, de l’érudit et du pédagogue que fut J. Kolendo. Sa bibliographie est donnée p. 15-17.

C – Ouvrages et articles généraux

11Cette rubrique est ouverte par les publications ayant trait aux sources, suivies par les travaux qui abordent l’histoire événementielle, avant de se clôturer par les études thématiques, qui consacrent une place plus ou moins importante à l’Afrique.


12Commençons par les sources littéraires, avec (162) Holmberg I.E., Sex in Ancient Greek and Roman Epic, dans A Companion to Greek and Roman Sexualities, édit. Hubbard Th.K., Oxford-Malden (Mass.), 2014, p. 314-334. Les récits épiques ne présentent que des amours hétérosexuels qui n’ont jamais vraiment intéressé les commentateurs. L’a. a donc rempli cette lacune en examinant le cas des épopées homériques et de l’Énéide : dans l’œuvre de Virgile, le sexe devient la métaphore du conflit mortel entre nations ou races. (163) Extravagances : écarts et normes dans les textes grecs et latins. Actes du colloque de Louvain-la-Neuve (16-17 mai 2013), édit. Deproost A., Paris-Montréal, 2014, 336 p. L’ouvrage réunit une vingtaine de communications issues d’un colloque qui s’est tenu à Louvain-la-Neuve en 2013. L’objectif consistait à explorer plusieurs manifestations de « l’extra-vagance » au sens étymologique de « sortie de route », surtout dans des textes littéraires. Trois articles font intervenir les auteurs africains (Barbara S., Vieilleville C. et Bruhat M.-O.). (164) Vieilleville C., L’Isis des romanciers grecs et latins : une extravagance égyptienne ?, ibidem, p. 193-211. La préoccupation du devenir individuel est un des points qui relie le culte d’Isis à l’époque impériale et aux romans anciens. La déesse occupe une place dans trois romans, les Éthiopiques d’Héliodore, les Éphésiaques de Xénophon d’Éphèse et les Métamorphoses d’Apulée. Chaque romancier accorde à sa rencontre une valeur différente : relative indifférence chez Xénophon, étape intermédiaire chez Héliodore, véritable rencontre avec soi-même chez Apulée. (165) Hammer D.C., Roman political thought, from Cicero to Augustine, Cambridge-New York, 2014, XVII-555 p., index. La pensée politique romaine a bel et bien existé : certes, les Romains n’ont pas créé d’utopie, mais ils ont constamment écrit sur le sujet et analysé leurs expériences. Le ch. 3 (p. 165-174) est consacré à Salluste, notamment à la guerre de Jugurtha et à la montée des hommes nouveaux, puis le ch. 4 à Marius. Les rois numides Micipsa et Jugurtha se signalent par leurs qualités toutes romaines, mais Jugurtha les a mises au service des vices de son époque, le désir de puissance et le mépris des choses sacrées ; le discours d’Adherbal est un modèle de rhétorique politique romaine. Le dernier ch. est centré sur la pensée politique d’Augustin (p. 382-430) très marquée par les thèses romaines ; il a une conception tragique de la politique en raison de la violence qui a déchiré la République et causé la perte de la liberté. (166) Costa S., Seneca e Trasea Peto : due tradizioni indirette di un proverbio stoicheggiante, dans Rheinisches Museum für Philologie, 157, 1, 2014, p. 104-105. Pline le Jeune, Ep., VIII, 22, 3, attribue à Paetus Thrasea un aphorisme relatif à la fragilité humaine. Ce motif a été utilisé plusieurs fois par Sénèque et par Augustin, chez ce dernier avec une référence soit à Sénèque soit à la correspondance apocryphe de Sénèque avec saint Paul. (167) Carver R.H.F., Of donkeys and d(a)emons, dans Transformative Change in Western Thought: A History of Metamorphosis from Homer to Hollywood, édit. Gildenhard I. et Zisso P.A., Londres, 2013, p. 222-251. Il existe des points de rencontre entre Apulée et Ovide, son précurseur. En focalisant les aventures sur un seul homme, Apulée offre une série de « mini- ou de para-métamorphoses ». Ce faisant, il élargit les attributions des métamorphoses et introduit des possibilités rhétoriques et herméneutiques, comme le montre plus tard le combat d’Augustin contre le De deo Socratis et contre les mythes grecs (Civ., VIII, 14 et XVIII, 16-18). (168) Masterson M., Authoritative obscenity in Iamblichus and Arnobius, dans Journal of Early Christian Studies, XXII, 3, 2014, p. 373-398, établit une comparaison entre ces deux auteurs tardifs. Jamblique, philosophe néo-platonicien, emploie un vocabulaire indirect et bienséant pour évoquer les questions corporelles. Arnobe fait preuve, de son côté, d’une exubérance à montrer ce qui ne devrait pas l’être. Il est possible de voir dans ces deux auteurs parlant d’interdits une préoccupation religieuse qui consisterait à donner à leurs assertions plus de vivacité et de force. (169) Latin vulgaire, latin tardif X. Actes du Xe Colloque international sur le latin vulgaire et tardif, Bergamo, 59 Septembre 2012, édit. Molinelli P., Cuzzolin P. et Fedriani C., Bergame, XX-1137 p., 3 vol. , index. Ce volume réunit les contributions issues d’un important colloque qui se tient tous les trois ans, et comprend trois sections (Phonétique et phonologie, Sémantique, Textes et contextes) ; trois articles intéressent de près ou de loin nos études (Adamik T., Haverling G.C.M., Urbanová D.). (170) Haverling G.C.M., Il latino letterario della tarda antichità, ibidem, p. 845-872. Le latin littéraire tardif allie le latin classique et des modifications notoires de la langue, mais les modèles diffèrent selon les auteurs : Symmaque, Ambroise et Augustin sont ici pris comme exemples. Augustin critique le conservatisme littéraire, mais en réalité sa langue et son style se démarquent peu de la tradition classique. (171) Lona H.E. et Capboscq A.C., Introducción a la historia de la literatura cristiana en los tres primeros siglos, Buenos Aires, 2014, 384 p., ainsi que (172) Capboscq A.C., Introducción a la historia de la literatura cristiana de los siglos IV y V, Buenos Aires, 2014, 272 p., sont surtout écrits à l’intention des étudiants de théologie. (173) Edwards M., Ancient Philosophy in Christian Sources, dans The Routledge Companion to ancient Philosophy, édit. Warren J. et Sheffield F.C., Londres-New York, 2014, p. 659-671, ne veut pas écrire une énième histoire des Pères de l’Église, mais plutôt faire le bilan des références et des citations qui révèlent ce qu’ils savaient de leurs sources et si elles étaient partiales. Tertullien est le seul Africain à avoir droit à une notice (p. 665-666), et Augustin est mentionné p. 670.


13L’histoire événementielle est d’abord représentée par de grandes figures historiques puis par des études régionales. (174) Ferdi S. et Bouchenaki M., Figures d’exception de l’Algérie antique et médiévale, dans Hommage à Kadria Fatima Kadra, p. 121-131. Au cours de rapides aperçus biographiques, les a. ont retenu de la période antique les figures de Massinissa, Micipsa, Jugurtha, Tacfarinas, Gildo, Petilianus, Optat de Milev, Iaudas et Koutzina. (175) Le Bohec Y., Rome : le militaire au service du politique, dans La guerre des origines à nos jours, édit. Holeindre J.-V. et Testot L., Auxerre, 2014, p. 58-64. Un long passage de cette rapide présentation de l’histoire militaire de Rome est consacré au général carthaginois Hannibal. (176) Conquistadores y conquistados : Relaciones de dominio en el mundo romano. Actas del XI Coloquio de la Asociación Interdisciplinar de Estudios Romanos, édit. Bravo G. et Gonzalez Salinero R., Madrid-Salamanque, 2014, 613 p. Le thème de ce colloque portait sur les situations de conquérants et de conquis vécues par les Romains pendant toute leur histoire, plusieurs intéressent donc nos études. Dans une perspective régionale, (177) Marini S., Grecs et Romains face aux populations libyennes. Des origines à la fin du paganisme (VIIe av. J.-C.-IVe s. apr. J.-C.), dans Ikosim, III, 2014, p. 166-176, 5 fig. Nous signalons cet article qui est centré sur la Cyrénaïque, car il est le résumé d’une thèse soutenue peu auparavant. Le sujet peut intéresser nos études dans la mesure où les frontières ne sont pas des limites infranchissables, loin de là.


14Les études thématiques sont ordonnées en différentes rubriques, portant sur l’administration et le droit, les questions liées à la guerre et l’armée, l’économie et les échanges, la société, la culture, l’art et la religion. Sont mentionnés en préambule des ouvrages généraux abordant plusieurs de ces thèmes. (178) Centro y periferia en el mundo clásico. Actas XVIII Congreso Arqueología Clásica = Centre and periphery in the ancient world : XVIIIth International Congress of Classical Archaeology, édit. Alvarez Martínez J.M., Nogales Basarrate T. et Rodà de Llanza I., Mérida, 2014, 2 vol., 1979 p., ill., cartes. Cette vaste publication est divisée en quatorze parties qui vont de la méthodologie à l’Antiquité tardive. Toutes les périodes définies comme appartenant à l’Antiquité classique sont représentées, et les thèmes sont très variés, tels l’archéologie du paysage, les voies de communication, les espaces publics ou l’habitat domestique, etc. Quatre communications intéressent les provinces africaines, deux dans la section traitant des mondes indigènes, du substrat culturel et de l’impact de la colonisation, les deux autres sont insérées respectivement dans le thème dédié aux artistes et aux artisans, et dans celui consacré à l’Antiquité tardive. (179) Centres de pouvoir et organisation de l’espace. Actes du Xe colloque international sur l’histoire et l’archéologie de l’Afrique du Nord préhistorique, antique et médiévale, édit. Briand-Ponsart C., Caen, 2014, 649 p., ill., renouvelle un domaine d’étude ancien, celui de l’organisation de ce vaste espace africain, entre préoccupations du pouvoir central dont les décisions s’imposaient, et aspirations des populations locales qui adaptaient ces directives (ou s’y opposaient). L’arc chronologique est ample, depuis l’époque royale jusqu’au Moyen Âge. Les quatre sessions qui structuraient le colloque ont été maintenues dans l’ouvrage : Fonctions urbaines ; La cité et son territoire ; Structuration des territoires ; Pratiques funéraires, religions et organisation de l’espace. (180) Briand-Ponsart C., Présentation, ibidem, p. 9-13. L’objectif du colloque était de voir comment les communautés s’intégraient dans le temps et dans l’espace, notamment par des liens avec les régions et les provinces voisines. L’a. présente ensuite sommairement les différentes communications qui ont été entendues au cours de cette manifestation. (181) La ville et la campagne dans l’Algérie antique. Travaux de la première rencontre nationale des 6 et 7 novembre 2013, Mascara, édit. Moukraenta B., Mascara, 2014, 363 p., ill. L’ouvrage comprend une vingtaine de communications en arabe, dont une présente des inscriptions latines sur le thème des esclaves, p. 79-99, et quatre articles en français, recensés dans la présente B.A.A.A. (182) Voyages, déplacements et migrations. VIe journée d’études nord-africaines. Colloque organisé par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres et la Société d’Études du Maghreb préhistorique, antique et médiéval (SEMPAM) à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, édit. Déroche F. et Zink M., Paris, 2014, 192 p., ill. Des Africains se déplaçaient, que ce soit pour des raisons religieuses, commerciales, militaires ou autres. L’ouvrage en rend compte, ainsi que des diverses modalités que pouvaient prendre ces voyages, avec neuf communications dont six intéressent nos études. (183) Déroche F., Préface, ibidem, p. I-III, insiste sur l’importance de préserver les actions en faveur des études sur l’Afrique du Nord, notamment éditoriales. (184) Les affaires de Monsieur Andreau. Économie et société du monde romain, édit. Apicella C., Haack M.-L. et Lerouxel F., Bordeaux (Scripta Antiqua, LXI), 2014, 315 p., bibliographie des travaux de Jean Andreau (p. 11-24). 22 contributions d’histoire économique et sociale, romaine surtout, mais aussi grecque, sont ici réunies en l’honneur de ce spécialiste à qui ce domaine de recherche doit beaucoup. (185) Lerouxel F., Introduction, ibidem, p. 25-26, rappelle la carrière scientifique de J.A.

15Plusieurs études sur les frontières romaines permettent d’introduire les questions de droit romain et de gestion du territoire provincial. (186) Reddé M., Les frontières de l’Empire romain (1er siècle avant J.-C. – 5e siècle après J.-C.), Paris (Archéologie nouvelle), 2014, 175 p., ill., attire l’attention sur la diversité des situations, tant dans le temps que dans l’espace (Auguste, les Flaviens et les Sévères, la Libye, la Numidie et les Maurétanies ont droit à des traitements particuliers). L’iconographie est excellente dans ce livre rédigé pour les spécialistes et pour les non-spécialistes. (187) Le Bohec Y., Géopolitique de l’empire romain, Paris, 2014, 252 p., ne néglige pas l’Afrique antique ; on verra notamment les p. 166-173, où il propose une nouvelle interprétation du soi-disant limes qui a été le résultat de deux siècles de travaux et qui a été organisé de manière originale, par la juxtaposition d’une série de systèmes défensifs comprenant, comme partout au demeurant, routes et forts. (188) El Bouzidi S. et Ouahidi A., La frontière méridionale de la Maurétanie Tingitane : contribution à la carte archéologique de la région de Volubilis, dans Dialogues d’histoire ancienne, XL, 1, 2014, p. 97-108, 3 cartes, dressent un bilan des deux dispositifs militaires existant autour de Volubilis et de Sala. Les notions sont un peu confuses : ainsi les auteurs ne définissent pas ce qu’est la « deuxième phase de la colonisation romaine (40/294) » et n’expliquent pas ce que serait la première phase. On ne voit pas bien non plus en quoi la politique de pactes et d’alliances avec les peuples est différente de celle qui était pratiquée en Césarienne, et l’autarcie de Volubilis avant le IIe s. est une pétition de principe ; enfin le fossatum de Sala est, selon les auteurs, « officiel », contrairement au dispositif de Volubilis. (189) Balboa Lagunero D., Conquistadores y conquistados : estrategias de dominio y formas administrativas de origen púnico en el África romana, dans Conquistadores y conquistados, p. 357-375, revient, avec une bibliographie souvent ancienne, sur un sujet bien connu, la survie des institutions puniques à l’époque romaine. (190) Chouquer G., Cadastres et Fiscalité dans l’Antiquité tardive, Paris, 2014, 451 p., ill. La réforme fiscale de Dioclétien entraîna une série de changements au cours des IVe et Ve s. et des pratiques cadastrales nouvelles. Contrairement aux opinions exprimées par la plupart des études sur ce sujet, l’a. remet en cause l’idée de centralisation et conteste le rôle qu’elle aurait joué dans le déclin de l’empire. L’Afrique n’apparaît que ponctuellement dans l’ouvrage, surtout centré sur la documentation italienne. Il faut signaler un dictionnaire de 1600 termes et expressions joint à cette étude (p. 227-398), qu’il sera indispensable de consulter pour qui s’intéresse à ce thème. Les acteurs de la représentation du pouvoir impérial en province, et le personnel de l’administration romaine sont évoqués pour la période républicaine par (191) Muñiz Coello J., Los cuestores republicanos. Origen, funciones y analogías, dans Klio, XCVI, 2, 2014, p. 502-538, rés. esp. et angl. Ce travail porte sur la questure sous la République. Il évoque le rôle de cette magistrature et les différentes fonctions qui lui sont liées, en s’appuyant notamment sur les exemples fournis par les relations entre Rome et l’Afrique, lors de la deuxième guerre punique ou encore dans le cadre des contacts entre Rome et les royaumes de Numidie et de Maurétanie. La période impériale est abordée par (192) Dalla Rosa A., Cura et tutela. Le origini del potere imperiale sulle province proconsolari, Stuttgart (Historia - Einzelschriften, Bd 227), 2014, 362 p., index. Cet ouvrage dense, en 9 parties, est un exemple du dynamisme qui marque la recherche sur les pouvoirs du prince et leurs interactions avec ceux des magistrats, ici ceux des gouverneurs de province. L’Afrique est très souvent présente au long de ces pages, et l’un des chapitres (9.2) porte sur le proconsul d’Afrique et le légat impérial de la legio III Augusta (p. 262-268) : l’a. discute le cas de la réforme de Caligula, de sa date et par conséquent de la durée du mandat confié à M. Iunius Silanus (Tac., Hist., 4, 48 ; Dion Cassius, 59, 20, 7). Cette réforme a introduit une certaine confusion entre la sphère de compétence du proconsul et celle du nouveau légat, qui avait lui aussi à la fois une juridiction civile et une compétence militaire. (193) Bérenger A., Le métier de gouverneur dans l’empire romain : de César à Dioclétien, Paris, 2014, 544 p., retrace l’histoire de cette fonction sans se limiter aux aspects institutionnels. Sont ainsi examinées l’entrée du gouverneur dans sa province, les conditions dans lesquelles il exerçait le pouvoir, les relations qu’il entretenait avec les autres représentants de l’État. Apulée, les Actes de martyrs africains, des Passions et des inscriptions africaines sont sollicités, dont on trouve les références à l’index.

16La vie municipale et le cadre civique sont l’objet d’éclairages particuliers. (194) Belkahia Karoui T., La libertas municipale en Afrique et ses défenseurs, dans Centres de pouvoir, p. 205-242, étudie après F. Jacques la notion de libertas à l’époque républicaine, puis pendant le Principat, avec des comparaisons empruntées au monde hellénophone. Elle commente surtout les cas de Thugga, d’Uchi Maius, Thigibba Bure et Thala. Des ambassadeurs pris dans le milieu des notables défendaient au besoin la libertas de leur cité devant les autorités supérieures, au niveau de la province et de l’empire. (195) Nicols J., Civic Patronage in the Roman Empire, Leiden-Boston, 2014, XVII-344 p., 2 index. Le patronat civique jouait un rôle essentiel dans les relations avec les autorités romaines. Ce livre étudie les pratiques que recouvrait cette fonction entre la fin de la République et l’époque augustéenne, et son évolution dans cette période de fortes mutations. Mais aucune section n’est consacrée à l’Afrique qui fournit pourtant de beaux documents sur le sujet, et l’on ne trouvera que de rares noms de cités africaines dans l’index général. (196) Blonce C., Orner la cité, contrôler le territoire : l’arc monumental comme témoin de l’organisation de l’espace dans les cités de l’Afrique romaine à l’époque impériale, dans Centres de pouvoir, p. 243-262, 12 fig., utilise de nombreux exemples africains, notamment Timgad, Cuicul, Sufetula, Lepcis Magna et Uchi Maius, pour illustrer le thème qui est tout entier dans son titre. Des comparaisons sont faites avec des centres urbains extérieurs à nos provinces, pour aboutir à une conclusion qui s’impose : l’arc monumental servait à exalter le pouvoir impérial. (197) Baumann A., Freiheitsbeschränkungen der Dekurionen in der Spätantike, Hildesheim-Zürich, 2014, VI-231 p. L’Afrique intervient peu dans une démarche qui vise à éclairer les fondements législatifs qui ont amené à restreindre les libertés des décurions dans l’Antiquité tardive, les motifs pour lesquels les empereurs prirent de telles décisions, et quels en furent les résultats. Les sources sont les grands codes juridiques et l’unique mention africaine est l’album de Timgad, p. 135-136.

17Diverses études invitent à réfléchir sur la guerre et ses pratiques, côté carthaginois puis romain. (198) Muller Y., La mutilation de l’ennemi en Grèce classique : pratique barbare ou préjugé grec ?, dans Corps au supplice et violences de guerre dans l’Antiquité, édit. Allély A., Bordeaux, 2014, p. 41-76. La mutilation est associée par les écrivains grecs à de nombreux peuples barbares, parmi lesquels les Carthaginois. Diodore de Sicile rapporte deux cas : l’un sur des cadavres, lors de la prise de Sélinonte en 409 (XIII, 57, 3), l’autre sur des marins d’Agathocle, dont les bateaux avaient été arraisonnés par des navires carthaginois en 312 (XIX, 103, 5). On ignore si ces mutilations étaient habituelles de la part des Puniques en raison du manque d’éléments probants à ce sujet. Il est difficile de distinguer le fantasme et la réalité. (199) Östenberg I., War and remembrance: memories of defeat in ancient Rome, dans Attitudes towards the Past in Antiquity. Creating Identities, Proceedings of an International Conference held at Stockholm University, 15-17 May 2009, édit. Alroth B. et Scheffer C., Stockholm, 2014, p. 255-265, rés. angl., explore la mémoire de la défaite et son apport à la définition de l’identité romaine. Il s’agit là d’une perspective nouvelle adoptée par les recherches récentes sur l’armée romaine, et cet article est préliminaire à une étude plus vaste. Cannes, Trasimène, le triomphe de Scipion en 202 apparaissent dans cette étude intéressante. (200) Ball J., Smalls Finds and Roman Battlefields: The Process and Impact of Post-Battle Looting, dans TRAC 2013: Proceedings of the twenty-third annual Theoretical Roman Archaeology Conference which took place at King’s College, London, 4-6 April 2013, édit. Platts H. et alii, Oxford-Philadelphia, 2014, p. 90-104. L’a. étudie, parmi d’autres champs de bataille antiques, celui de la bataille de Baecula (208 av. J.-C.) durant laquelle Romains et Carthaginois s’affrontèrent dans le cadre de la deuxième guerre punique. Le champ de bataille de Baecula est traditionnellement localisé sur le territoire de la commune de Bailen (province de Jaén), mais des prospections archéologiques récentes ont permis de situer cette bataille sur le territoire de Santo Tomé (province de Jaén). On a pu identifier le champ de bataille proprement dit ainsi que le camp carthaginois au nord. La composition et les missions de l’armée romaine sont évoquées par les deux études suivantes. (201) Saddington D.B., Can Patterns be traced in the Selection and Deployment of North African Auxiliaries ?, dans Guerre (La -) dans l’Afrique romaine, p. 193-206, s’attache d’abord à retracer les différentes occasions qui attestent un recrutement d’auxiliaires ou d’alliés africains de l’époque républicaine au Haut-Empire. Ils ont servi aussi bien dans la cavalerie que dans l’infanterie et la marine, mais peu d’unités d’auxiliaires africains sont connues, en Afrique et en dehors de ce territoire. D.S. suggère que les unités d’Afri aient réuni non pas les membres du peuple des Afri, mais des Africains recrutés sur toute la province, de même que les empereurs avaient créé des régiments d’Espagnols, de Bretons, et de Daces à la suite de l’annexion de leurs territoires respectifs. (202) Guédon S., Statio et stationarius : le dossier africain, dans La statio : archéologie d’un lieu de pouvoir dans l’empire romain, édit. France J. et Nelis-Clément J., Bordeaux, 2014, p. 289-305, étudie les divers emplois des termes statio et stationarius dans les sources épigraphiques et littéraires pour en dégager les spécificités éventuelles dans le contexte africain. La première attestation épigraphique de statio figure dans le discours d’Hadrien prononcé à Lambèse en 128. Des inscriptions de Rusicade, Sullectum et Vasaivi mentionnent d’autres stationes, attestant une présence militaire dans ces villes. Il faut aussi signaler les ostraca du poste douanier de Gholaia. Les inscriptions africaines donnent rarement le statut précis des stationarii. Lorsque celui-ci est mentionné, on distingue des soldats détachés de la cohorte urbaine, des prétoriens et des beneficiarii. Un aspect rarement abordé dans ce domaine est celui de la démographie. (203) Morizot P. avec la coll. de Froger G., La guerre en Afrique, aspects démographiques, dans Guerre (La -) dans l’Afrique romaine, p. 145-166, 4 fig. Cette étude prudente parle moins de guerre que de démographie : elle s’appuie sur la documentation antique et sur celles des époques coloniale et actuelle en croisant des données dont certaines sont très vagues, d’autres au contraire très pointues, le fruit d’études récentes. Les conclusions, qui concernent toute la période romaine, sont les suivantes : la répartition de la population sur les régions du Maghreb antique devait être à peu près identique à celle qui existe aujourd’hui (Maroc et Algérie 40 %, Tunisie 14 %, Libye 6 %) pour une population totale évaluée à six millions de personnes ; les facteurs climatiques sont essentiels pour expliquer les variations d’une région à l’autre ; si les Romains se sont installés sur une mince bande frugifère au nord, ils ont laissé vers l’ouest et le sud « un bloc quasi inentamé de tribus berbères » dont le nombre avoisinait celui des populations romanisées ; ce réservoir démographique a prouvé son potentiel aux époques vandale, byzantine et arabe.

18L’économie et les échanges sont introduits par l’évocation de productions de la trilogie méditerranéenne. (204) Hanoune R., Mais où sont les horrea d’Afrique ? Deux réflexions, dans Centres de pouvoir, p. 463-466. La publication du vol. XLIII, 2007, de la revue Antiquités africaines, suscite deux remarques. Alors que l’Afrique avait la réputation d’être le grenier à blé de Rome, on y a trouvé peu d’horrea. Cette situation s’explique sans doute par le fait que le blé était rapidement transporté hors de la province. En outre, des bâtiments fortifiés qui n’ont pas été reconnus comme tels servaient aussi, sans doute, d’entrepôts. (205) Marras A.M., Culture migranti e paesaggi. Gli scenari agricoli dell’Alto Tell Tunisino, dans Centro y periferia, p. 257-260, 3 fig., cherche à définir la notion de paysage dans la région du Tell, caractérisée par la présence récurrente de la culture de l’olivier. Son travail se base sur l’exploitation des données archéologiques issues des prospections italiennes effectuées sur la zone de Thugga et de Thubursicu Bure. Abordant la thématique des structures agraires, (206) Leveau P., Villa, romanisation, développement économique entre idéal-type wébérien et modélisation territoriale, dans Les affaires de Monsieur Andreau, p. 97-108, présente l’apport des recherches sur le territoire dans les provinces occidentales et les difficultés rencontrées par leur exploitation. Il aborde ainsi, à travers l’exemple de Caesarea de Maurétanie et des réalités gauloises, le paysage de la villa romaine, liée à la ville et opposée à un autre modèle, local, d’où la villa est absente ; il le met en relation avec un troisième modèle, le modèle centre/périphérie, souligne l’hétérogénéité des territoires et des rythmes d’évolution et l’importance du facteur culturel, même en économie. Il est également question des structures agraires avec (207) Cordovana O.D., Soil Quality, Social Status and locatio-conductio Contracts, dans Klio, XCVI, 2, 2014, p. 469-501, rés. angl. Cette étude est consacrée aux contrats de locatio-conductio aux IIe et IIIe siècles. Elle fait appel à la documentation africaine (pétition du Saltus Burunitanus, inscriptions de la vallée du Bagrada), mise en parallèle avec la situation connue dans d’autres régions de l’empire (Béotie, Macédoine). L’auteur souligne alors la diversité et la flexibilité de la législation romaine en fonction des contextes locaux et régionaux, qui ont en commun une organisation très hiérarchisée de la société. Évoquant un autre domaine de production économique, (208) Morère N., Le sel dans l’Afrique ancienne : ressources et enjeux dans l’emprise du territoire, dans Centres de pouvoir, p. 443-462, étend son champ d’étude à l’ensemble de l’Afrique ancienne, Cyrénaïque comprise, une vaste région riche en sels extraits à l’intérieur des terres ou en sel marin. Cette étude originale et très dense multiplie les angles d’approches (littéraires, toponymiques, archéologiques) pour rendre compte de la multitude des lieux naturels abondant en sels, de leur relation avec l’élevage ou la production de salaisons (poissons et végétaux) comme avec la circulation des hommes et des bêtes depuis l’époque la plus ancienne. L’évocation du sel, qui touche aux productions halieutiques, permet d’introduire différents travaux portant sur le garum et les salsamenta, auxquels est consacré l’ouvrage collectif (209) Fish and ships. Production and commerce of salsamenta during Antiquity. Production et commerce des salsamenta durant l’Antiquité. Actes de l’atelier doctoral, Rome, 18-22 juin 2012, édit. Botte E. et Leitch V., Paris, 2014, 239 p., ill. Cet atelier avait pour objectif de faire le point sur les zones phares de la discipline, Afrique et péninsule Ibérique, et sur des zones ou des périodes moins étudiées. Les travaux synthétiques sur ce domaine sont peu nombreux (notons celui d’A. Marzano, paru en 2013 : B.A.A.A., XLI [2013], 2018, n° 246). (210) Garnier N., Analyse chimique des sauces et des conserves de poisson : un état de la question, ibidem, p. 17-35, 6 fig. La complexité des analyses portant sur les saumures de poisson explique le retard par rapport à l’étude d’autres produits biologiques comme les huiles et les produits laitiers. La piste la plus fiable semble être celle des stérols, systématiquement conservés, en particulier le cholestérol associé à ses marqueurs de dégradation. Cet article, scientifique et à portée générale, mentionne (p. 17) les épaisses couches d’arêtes et d’écailles retrouvées au fond de bassins de préparation à Nabeul, en Tunisie. (211) Leitch V., Fish and Ships in the desert? The evidence for Trans-Saharan trade in fish products, ibidem, p. 115-127, 10 fig. Mangeait-on du poisson dans le désert ? Eh bien oui, mais peu. L’a. présente d’abord un panorama des sites en relation avec le commerce, puis enquête sur les indices du commerce de poisson, sur les conteneurs, examine s’il y avait une demande pour ces produits et enfin s’intéresse à leurs lieux de production. Ces produits existaient bien dans les sites du désert, mais ils étaient assez rares, c’étaient des produits de luxe, consommés par des Romains et peut-être aussi par une petite fraction de la population indigène qui avait adopté le mode de vie romain. (212) Nervi C., La Sardinia tra Penisola Iberica e Africa immersa in un mare di “sale” I d.C.-VII d.C., ibidem, p. 199-212, 32 fig. La Sardaigne a toujours eu une fonction de médiatrice à l’intérieur des échanges en Méditerranée occidentale depuis la période phénicienne et sans doute avant aussi : la relation avec l’Afrique y occupait une place majeure. Sur les très nombreux sites consacrés à l’exploitation des poissons, les amphores africaines ayant contenu des salsamenta ou d’autres produits se trouvent en abondance, notamment à partir du IIIe s. apr. J.-C., en provenance de Carthage et de Tripolitaine surtout ; en revanche, les preuves d’une production sarde de contenants n’existent toujours pas. (213) Bernal Casasola D., Garum y salsamenta. Del origen fenicio a la democratización romana de una milenaria tradición salazonera, dans La salaó de peix a Empúries i a L’Escala. Del garum a l’anxova, édit. Homs J.B., L’Escala, 2014, p. 9-26, ill., offre une synthèse sur la production et la commercialisation du garum et des salaisons de poisson dans l’Antiquité. L’hypocauste présent dans l’usine de Cotta serait là pour le confort des travailleurs.

19Pour aborder la thématique de la société, mentionnons deux études consacrées aux populations autochtones, les tribus africaines. (214) Ibba A., Roma e le tribù nell’Africa tardo-antica, dans Studia et Documenta Historiæ et Iuris, LXXX, 2014, p. 688-726, rédige un chapitre de synthèse dans une section dévolue à « Roma e le altre culture nel Tardoantico » (p. 663-750). Il insiste sur l’élaboration d’une société mixte en Afrique du Nord, marquée par les apports des peuples extérieurs au substrat local. Il rend compte aussi des mécanismes de contrôle depuis le Haut-Empire jusqu’au Bas-Empire, et des changements intervenus dans la société tribale. (215) Gozalbes-Cravioto E. et Gozalbes-García H., Ocupación romana y mundo indígena en el norte de Marruecos (Mauretania Tingitana), dans Centro y periferia, p. 451-454, proposent une brève synthèse sur les relations entre la population semi-nomade en Tingitane et l’administration romaine. Passons, en milieu romain, au groupe social des élites africaines, avec (216) Salcedo de Prado I., De Roma a África : relaciones de amicitia, dans De Roma a las provincias : Las elites como instrumento de proyección de Roma. Juan Francisco Rodríguez Neila in honorem, édit. Caballos Rufino A. et Melchor Gil E., 2014, Séville, p. 159-173. Les habitants de l’empire romain recherchaient l’amicitia de personnages haut placés. Elle leur était utile comme le montre l’appui dont les sénateurs d’origine africaine ont fait bénéficier de nombreux compatriotes pour leur carrière. De nombreux exemples sont plus ou moins brièvement commentés, appuyés sur des inscriptions citées dans les notes. (217) Guédon S., La villégiature dans l’Afrique romaine sous le Haut-Empire, dans Neronia. 9, La villégiature dans le monde romain de Tibère à Hadrien. Actes du IXe congrès de la SIEN, édit. Devillers O., Bordeaux, 2014, p. 195-203. La recherche sur les uillae africaines reste à faire, en particulier pour ce qui est de la documentation archéologique, globalement très limitée. C’est un domaine qui n’est pas sans importance pour comprendre le mode de vie des élites et pour mieux définir les relations villes/campagnes. L’a. se propose de faire le bilan des deux sources dont nous disposons, le témoignage d’Apulée et celui, plus restreint, de l’archéologie (de la Césarienne à la Tripolitaine). Il faut peut-être dépasser le concept campanien de villégiature pour cerner les réalités provinciales. (218) Cristina A., Le cheval des élites : le prestige des propriétaires-éleveurs de chevaux dans l’Antiquité tardive, dans Le prestige. Autour des formes de la différenciation sociale, édit. Hurlet F., Rivoal M. et Sidera I., Paris (Colloques de la Maison René-Ginouvès, 10), 2014, p. 175-184, 4 ill., rés. angl. En Occident, entre le IIIe et le VIe s., les propriétaires de haras se sont mis en scène à côté de leurs chevaux pour exalter la pratique liée à cet animal et au cirque, comme on le constate à Oued Athmenia et Hadrumète pour les provinces africaines. La figure féminine, la place de la femme au sein du cercle familial et dans la société sont au cœur de plusieurs études, à commencer par celle de (219) Caldwell L., Roman Girlhood and the Fashioning of Feminity, Cambridge, 2014, 208 p. L’ouvrage s’attache à comprendre en cinq chapitres qui traitent de la fin de l’enfance jusqu’au mariage, l’évolution de la situation des jeunes filles dans cette période transitoire. Les principaux auteurs africains sont mentionnés, il faut les chercher à l’index. (220) Mazzucco C., I rapporti tra i coniugi nel pensiero dei Padri della Chiesa, dans Augustinianum, LIV, 2, 2014, p. 341-374, propose une étude sur la pensée des Pères de l’Église concernant les rapports entre époux, en privilégiant la période allant de la fin du Ier à la fin du IIIe siècle apr. J.-C. Quatre thèmes sont plus particulièrement abordés : 1) l’adultère et la séparation ; 2) le devoir conjugal ; 3) la division des tâches entre le mari et son épouse ; 4) la vie de foi du couple. L’a. accorde une importance toute particulière à la pensée de Tertullien et de Clément d’Alexandrie sur ces questions. (221) Girotti B., Nuovi modelli femminili tra testi letterari ed epitaffi cristiani : la bellezza della donna, dans Paideia, LXIX, 2014, p. 351-361, rés. angl., s’intéresse au changement du modèle de la femme mariée à l’époque chrétienne, à partir des écrits des Pères de l’Église et des inscriptions. L’enquête commence par Tertullien (qui n’est d’ailleurs pas un Père de l’Église à proprement parler), à travers le De cultu feminarum, 2, 13, 7 : pour lui, la beauté féminine se définit par des vertus très traditionnelles dans la société romaine, castitas, uirginitas et pudicitas, qui supposent une beauté sans apprêt. Le modèle n’a donc à cette époque pas encore changé, et il ne se modifie que très peu ensuite aussi. Les figures féminine et masculine sont envisagées dans plusieurs études consacrées au soin du corps, à la sexualité et à la mort, le premier de ces aspects étant considéré par (222) Blonski M., Se nettoyer à Rome : IIe siècle av. J.-C. – IIe siècle apr. J.-C. : pratiques et enjeux, Paris, 2014, 412 p., 8 p. de pl., ill., plans. L’a. étudie les opérations de nettoyage corporel à la fin de la République et au début de l’Empire en se fondant sur des analyses anthropologiques, archéologiques, lexicologiques. La justification de la propreté trouve ses origines dans des prescriptions morales. Apulée et Fronton sont présents, mais très minoritaires par rapport aux autres auteurs classiques. (223) Roisman J., Greek and Roman Ethnosexuality, dans A Companion to Greek and Roman sexualities, édit. Hubbard T.K., Oxford-Malden (Mass.), 2014, p. 339-416. Le thème général de l’article est celui de la supériorité des mœurs grecques et romaines sur celles des barbares dans toute l’historiographie antique. Le cas de Sophonisbe (p. 410-411) montre comment une femme a servi de pion au cœur d’une lutte qui mettait aux prises trois hommes (Syphax, Massinissa et Scipion). (224) Vucetic S., Roman Sexuality or Roman Sexualities? Looking at Sexual Imagery on Roman Terracotta Mould-Made Lamps, dans TRAC 2013. Proceedings of the twenty-third annual Theoretical Roman Archaeology Conference which took place at King’s College, London, 4-6 April 2013, édit. Platts H. et alii, Oxford-Philadelphia, 2014, p. 140-158, ill., s’intéresse aux motifs iconographiques relatifs aux actes sexuels qui étaient représentés sur les lampes moulées : elle prend notamment en compte les lampes trouvées à Carthage. 40 lampes, sur un total de 843 – soit 4,74 % du total –, ont un contenu sexuel explicite. Les protagonistes de l’acte sexuel sont dans 11 cas des êtres humains de taille normale et dans 19 cas des nains. L’a. conclut qu’il est impossible d’affirmer qu’il existait dans l’empire romain une unité pour ce qui est de l’identité et des rôles sexuels. (225) Monpean R.A et Funari P.P.A., Cartago e as transformações da topografia mortuária na Antiguidade tardia (Séc. IV-VII) : em busca de conexões novas, dans Classica (Brasil), XXVII, 1, 2014, p. 245-259, rés. port. et angl. (article en portugais), abordent la question des changements économiques et sociaux dans la société de Carthage et des cités nord-africaines en se fondant sur l’évolution des pratiques funéraires, entre le IVe et le VIIe s. Le cas de Carthage s’impose du fait qu’elle est devenue, depuis les années 1970, un « laboratoire » d’archéologie urbaine. La discussion porte sur l’interdiction d’installer les sépultures intra pomerium et sur la construction d’églises chrétiennes près des nécropoles. Sont étudiées les nécropoles de l’odéon, du port et du cirque. Les conclusions sont les suivantes : 1) les inhumations à l’intérieur du pomerium sont rares avant la fin VIe siècle et le début du VIIe s. ; 2) les défunts qui sont enterrés extra muros ne sont pas les plus pauvres, mais des riches qui veulent être proches des églises chrétiennes.

20Le thème de la culture est introduit par différents travaux consacrés à la question des identités africaines (pour les Phéniciens et les Puniques, voir la section dédiée). (226) Janni P., Figuren eines Erdteils: Das Afrika der Alten, dans The Periphery of the Classical World in Ancient Geography and Cartography, édit. Podossinov A.V., Louvain, 2014, p. 67-76. Le processus de construction qui a donné l’image de l’Afrique dans l’Antiquité est analysé dans une perspective psychologique, celle de la « Gestaltschool ». (227) Shaw B.D., Who are you? Africa and Africans, dans A companion to Ethnicity in the Ancient Mediterranean, édit. McInerney J., Chichester-Malden (Mass.), 2014, p. 527-538, rappelle l’origine du nom Africa, la diffusion de l’adjectif africanus et l’intégration de celui-ci dans l’onomastique romaine. Il étudie ensuite l’évolution des divers sens de ces termes à partir de références tirées d’Apulée, de Tertullien, puis d’Augustin, avant de passer en revue les différentes dénominations qui permettraient de supposer une identité africaine. Finalement, le seul facteur d’identification lui semble être la langue, le tamazight, qui est commune à l’ensemble des peuples « berbères ». (228) Roman in the Provinces. Art on the Periphery of Empire, édit. Brody L.R. et Hoffman G.L., Chestnut Hill (MA), 2014, V-352 p., dont 115 p. de pl., ill., cartes. Ce bel ouvrage, qui accompagnait une exposition à Boston, propose une série d’études sur les interactions entre cultures locales et culture romaine d’époque impériale. (229) Mattingly D.J., Identities in the Roman World: Discrepancy, Heterogeneity, Hybridity, and Plurality, ibidem, p. 35-60, ill. et tableaux. Cet article dense est une réflexion sur les différentes notions modernes qui tentent de remplacer celle de « romanisation ». Celle d’identité paraît à l’auteur la plus féconde, à condition de renoncer à une identité unique sur tous les points de l’empire et de promouvoir des identités plurielles non seulement entre régions, mais également à l’intérieur d’un même corps social. L’exemple de Lepcis Magna est développé aux pages 46-49. Le domaine des savoirs anciens est enrichi de nouvelles études, dont une consacrée à la géographie, (230) Gautier Dalché P., L’enseignement de la géographie dans l’Antiquité tardive, dans Klio, XCXVI, 1, 2014, p. 144-182, rés. lat. et angl. L’a. analyse d’abord les informations relatives à l’enseignement de la géographie dans le cursus scolaire latin, puis la relation entre les textes et les représentations graphiques, enfin un certain nombre d’œuvres tardives (Tabula peutingeriana, Dimensio prouinciarum, Notitia dignitatum, etc.) qui témoignent de la culture géographique des élites : les realia africains s’invitent tout au long de l’étude. C’est au domaine de la médecine que s’intéresse (231) Gazzaniga V., La medicina antica, Rome, 2014, 176 p. Ce livre très général mentionne Caelius Aurelianus p. 79-84 et 107. Il appartenait à l’école des Méthodistes : il a traduit une partie de l’œuvre de Soranos d’Éphèse qu’il appelle Princeps methodicorum et qui eut pour caractéristique de tourner l’enseignement de la médecine à l’intention des femmes. (232) Hughes J.C., If Only the Ancients Had Had DSM, All Would Have Been Crystal Clear: Reflections on Diagnosis, dans Mental Disorders in the Classical World, édit. Harris W.V., Leyde, 2013. p. 41-58. L’étude des modalités du diagnostic (DSM signifie « Diagnostic and statistical manual ») dans la médecine antique et particulièrement chez les Methodici, s’appuie notamment sur un passage de Caelius Aurelianus. (233) Martino L.M. et Risco A.M., Desine, iam conclamatum est : relatos sobre la muerte aparente en el mundo romano, dans Praesentia, XV, 2014, non paginé. À la suite de la médecine grecque qui avait déjà identifié et défini cette maladie, la littérature latine s’y est intéressée à son tour : l’Histoire naturelle de Pline l’Ancien et les Florides d’Apulée contiennent des passages relatifs à la mort et au retour à la vie des cataleptiques. Abordant un autre aspect des pratiques culturelles, (234) Alonso Fernández Z., La invectiva y la danza : Murena, Sempronia y el Discurso de Rufio Albino, dans Manipulus studiorum : en recuerdo de la profesora Ana María Aldama Roy, édit. Callejas Berdonés M.T. et alii, Madrid, 2014, p. 29-36, analyse divers auteurs latins qui considèrent la connaissance et la pratique de la danse comme peu convenables, en particulier Macrobe (Sat., III, 14, 5). Passons aux jeux agonistiques avec (235) Lafer R., Zur Agonistik im kaiserzeitlichen Tunesien und Libyen. Überlegungen zur Verbreitung und Bedeutung von gymnischen Agonen in nachaugusteischer Zeit, dans Calamus. Festschrift für Herbert Grassl zum 65. Geburtstag, édit. Breitwieser R., Frass M. et Nightingale G., Wiesbaden (Philippika, 57), 2013, p. 311-321, rés. all. Il ne faut pas déduire de l’absence de stade en Afrique que les jeux athlétiques y étaient méconnus. L’a. examine les sources attestant leur présence dans l’Afrique proconsulaire : en épigraphie, les gymnasia, souvent en lien avec les ludi scaenici, peuvent désigner aussi bien des compétitions athlétiques que des distributions d’huile dans le cadre de ces compétitions ; les auteurs anciens mentionnent aussi ces jeux (Tertullien, Cyprien, Lactance, Augustin) jusqu’à l’époque vandale (Salvien de Marseille, Ebd. 6, 11). Il faut aussi ajouter les mosaïques, celles de Batten Zamour, Gightis, Utique etc. [Notons que l’amphithéâtre de Caesarea de Maurétanie a la forme d’un stade et qu’il avait donc une double fonction]. Les jeux agonistiques sont donc bien attestés depuis le IIe s. jusqu’au VIe/VIIe s., particulièrement en Zeugitane. (236) Id., Zum Begriff gymnasium in den Inschriften der nordafrikanischen römischen Provinzen, dans Kultur(en) : Formen des Alltäglichen in der Antike. Festschrift für Ingomar Weiler zum 75. Geburtstag, édit. Mauritsch P. et Ulf C., Grasse, 2013, p. 59-67 (n. u.). (237) Charles M.B., Elephants at Rome : Provenance, Use and Fate, dans Athenaeum, 102, 1, 2014, p. 25-46, étudie les expériences non militaires des Romains avec les éléphants durant la fin de la République et le Haut-Empire. Ces animaux sont utilisés pour divertir le public. La question d’un troupeau d’éléphants dans la Ville se pose dans la mesure où il faut les garder en captivité. La demande de Rome a entraîné la diminution de ces animaux en Afrique. Enfin l’a. s’interroge sur la familiarité des Romains avec les éléphants indiens et la manière dont ils pouvaient être acheminés jusqu’en Italie.

21Le domaine de l’art bénéficie des éclairages fournis par l’ouvrage collectif (238) Splendeurs de Volubilis. Bronzes antiques du Maroc et de Méditerranée, édit. Lane L. et alii, Arles, 2014, 190 p., nombreuses ill. Le volume offre un panorama richement illustré de l’exposition qui s’est tenue au Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM) du 12 mars au 25 août 2014, en partenariat avec la Fondation nationale des musées du Maroc. Après quelques pages d’introduction, cinq articles évoquent différents aspects artistiques et archéologiques (Robert R., Boube-Piccot C., Akerraz A., Brouquier-Reddé V. et Descamps-Lequime S.). L’ouvrage est ensuite divisé en deux grandes parties : la première s’organise autour du contexte, de la Numidie à la Maurétanie tingitane, la seconde décrit les principaux ensembles thématiques. On note malheureusement quelques maladresses, qui auraient pu être évitées grâce à une relecture attentive. (239) Morel-Deledalle M., Splendeurs de Volubilis. Bronzes antiques du Maroc et de méditerranée, dans Archéologia, 522, 2014, p. 42-49, ill., présente pour le grand public le projet de l’exposition, avec de très belles photos. (240) Robert R., Histoire et diffusion des goûts artistiques en Méditerranée à l’époque romaine, dans Splendeurs de Volubilis, p. 24-31, ill. Depuis le IIIe s. av. J.-C., les œuvres grecques ou d’inspiration grecque ont sillonné la Méditerranée. Leur diffusion se généralise avec la conquête romaine et les navires marchands. Il n’est donc pas surprenant d’en trouver à Volubilis, comme dans de nombreux sites du pourtour méditerranéen ainsi que dans des épaves, comme celle de Mahdia. (241) Fittschen K., Lesefrüchte. 5, dans Boreas, XXXVI, 2013, p. 145-169, pl. 27-35, met en cause l’identification ethnique des portraits, notamment africains. Par exemple, ni le visage du Lepcitain Iddibal Caphada Aemilius, ni ses cheveux frisés ne sont spécialement africains ; et le portrait d’une jeune femme (Glyptothèque de Munich), censée représenter l’impératrice Iulia Domna en raison de son nez « syrien » offre des analogies avec celui de Ti. Claudius Pompeianus, général et gendre de Marc Aurèle. (242) Engelmann J., L’art romain tardif et paléochrétien de Constantin à Justinien. Histoire de l’art romain, V, Paris, 2014, 272 p., 280 ill., 2 index. L’ouvrage, très bien illustré, propose des chapitres thématiques et peu de choses sur l’Afrique : voir l’index locorum pour trouver les références à Carthage surtout, et une à Kélibia.

22La section consacrée à la religion reste très riche. Commençons par le monde phénicien avec (243) Bonnet C. et Niehr H., La religion des Phéniciens et des Araméens dans le contexte de l’Ancien Testament, Genève, 2014, 398 p., ill. cartes. L’ouvrage, traduction en français d’un livre paru en 2010 (non référencé par la B.A.A.A.), se présente en deux parties : la religion des Phéniciens et des Carthaginois d’une part, celle des royaumes araméens de Syrie d’autre part. En l’absence de grands monuments et d’importantes sources littéraires, l’étude se fonde sur le matériel archéologique et épigraphique, ce qui permet de s’émanciper d’une perspective trop souvent centrée sur la Bible hébraïque, qui les déforme en y dénonçant le culte des idoles. Dans cette synthèse, sont évoqués l’univers religieux des sociétés de ces pays, leurs pratiques cultuelles, les grands dieux phéniciens et carthaginois, tels Melqart, Astarté ou Tanit, les divinités mineures, l’hellénisation de leur représentation, l’existence des tophets. (244) D’Andrea B., I tofet del Nord Africa dall’età arcaica all’età romana (VIII sec. A.C. – II sec. D.C.). Studi archeologici, Pise-Rome (Collezione di Studi Fenici, XLV), 2014, 355 p., index des toponymes, LXXVI pl. n. et b. Le tophet est un lieu de culte caractéristique du monde phénicien et punique d’Occident, où l’on honorait principalement Ba’al Hammon ou Tinnit, puis Saturne, à partir du début de l’époque impériale, quand les aires sacrées furent progressivement remplacées par des temples, élevés selon les normes architecturales romaines et accueillant des rituels de type romain. Ce volume important complète la synthèse de M. Le Glay, publiée en 1966, qui était centrée sur la figure divine de Saturne, et à son tour il marquera ce domaine de recherche. Il est centré sur l’évolution des lieux de culte (30 sont identifiés en toute certitude) présentés chacun dans sa zone géographique (depuis la Tunisie jusqu’au Maroc), sur un temps long, du VIIIe s. av. J.-C. au IIe s. apr. J.-C., en examinant leur structure et leur chronologie, ainsi que leur documentation épigraphique et iconographique. La conclusion (p. 291-338) propose la synthèse des analyses critiques abordées dans les chapitres précédents (les caractéristiques archéologiques et cultuelles, le rapport entre tophet et temple de Saturne, les divinités du tophet, les fidèles et les dédicants, les rituels) ; elle aborde enfin longuement et avec prudence les diverses interprétations du tophet (sacrifices rituels des enfants, nécropole d’enfants auxquels on attribue une fonction de médiateurs entre monde infernal et monde des vivants). (245) Id., Il processo di trasformazione delle pratiche rituali del tofet in Nord Africa dopo la conquista romana : evidenze archeologiche ed epigrafiche, dans Centro y periferia, p. 495-500, 3 fig., aborde un certain nombre de points plus développés dans sa monographie (voir la notice précédente) : les transformations des pratiques rituelles des tophet (notamment à Carthage, Sousse, Constantine, Guelma, Mactar, ainsi que Mozia) après la conquête romaine et la substitution de l’offrande d’un enfant par un animal. (246) Lipinski E., The sanctuary of Henchir el-Hami and the molk-sacrifice, dans Phéniciens d’Orient et d’Occident, p. 459-466, 1 fig., s’intéresse au sanctuaire dédié à Baal Hamon (aucune divinité féminine n’y était associée), dont l’étude a été publiée par A. Ferjaoui (B.A.A.A., XLI [2007], 2013, n° 100). Le temple a fonctionné de la fin du IIe s. av. J.-C. au IIe s. apr. J.-C. 167 urnes sur 268 contenaient les restes d’un individu âgé de 6 mois au plus. La présence de restes d’animaux dans d’autres urnes et le texte de Tertullien, Apologétique, IX, 2-3, conduisent l’a. à réaffirmer la réalité des sacrifices de nouveaux nés. Il revient ensuite sur l’inscription de la stèle n° 2 pour proposer de traduire la l. 3, par le sacrifice-molk. (247) Wittenberg T., Kult bei der Arena. Nemesis-Heiligtümer im Kontext römischer Amphitheater, Oxford (BAR, International Series 2615), 2014, 122 p., 53 fig., rés. angl. Cette monographie présente le catalogue complet (p. 75-96) et l’analyse de tous les objets et vestiges liés au culte de Némésis dans les amphithéâtres romains. Il étudie les fonctions et l’iconographie de la déesse et la raison de sa présence dans ces édifices. À Iol-Caesarea (p. 52 et Cat. n° 10), le sanctuaire à Némésis n’a pas été découvert, il est uniquement attesté par un autel trouvé dans l’amphithéâtre (, 1946, n° 79). Les vestiges du monument sont décrits : attribué à Juba II, il semble avoir été agrandi dans le courant du IIe s. ; l’extension a peut-être contenu le sanctuaire à Némésis. (248) Veymiers R., La présence isiaque dans le Péloponnèse : sur les traces des lieux de culte, dans Revue archéologique, n.s. I, 2014, p. 143-151, ill., fait un tour d’horizon des attestations tant littéraires qu’archéologiques des cultes isiaques dans le Péloponnèse. L’Âne d’or d’Apulée y a sa place, p. 144, mais il convient de replacer ce témoignage dans le cadre du projet de l’œuvre, en particulier l’opposition entre la vertueuse Cenchrées, où le romancier situe l’initiation de Lucius, et la décadente Corinthe ; la description du sanctuaire est trop vague pour permettre de le localiser, et les traits égyptiens d’Isis sont volontairement accentués pour plaire aux lecteurs. (249) Massa F., Écrire pour Dionysos : la présence de textes écrits dans les rituels dionysiaques, dans Revue d’études religieuses, 230, 2, 2013, p. 209-232, ill., rés. angl., étudie les traces de l’écriture dans la réalité bachique à partir d’une documentation variée (textes, inscriptions, images) ; y est intégrée une description de la mosaïque de la « Maison de Dionysos », découverte à Cuicul-Djemila, datée de la fin du IIe siècle ou du début du IIIe siècle. (250) Roselaar S., The cult of Mithras in early Christian literature - An inventory and interpretation, dans Klio, XCVI, 1, 2014, p. 183-217, rés. angl., 2 fig., recense et étudie les références au mithriacisme dans les sources chrétiennes, du IIe au Ve s. Les chrétiens ont toujours porté un jugement dépréciatif sur ce culte. Cependant, aux IIe et IIIe s., quand il est encore jugé comme un concurrent possible du christianisme, ils sont plus attentifs aux similitudes qui existaient avec leur religion, et l’accusent d’imitation. Tertullien mentionne ainsi plusieurs rituels mithriaques, le baptême, le repas, « l’image de la résurrection » qui peut se référer à la croyance de la vie après la mort. (251) Ben Abid L., Les cultes païens dans les grands domaines fonciers de l’Afrique Proconsulaire, dans Colloque de Sbeïtla VII, p. 169-194, 1 carte, rés. arabe, a privilégié le saltus Philomusianus et quelques autres domaines proches, existant entre le Ier s. av. J.-C. et le IIIe s. apr. J.-C. Elle conclut de son enquête que les cultes africains y occupaient une place prédominante ; les dieux locaux y étaient accompagnés surtout par Cybèle. (252) Sebaï M., Orner les dieux en Afrique romaine. Dédicants ou Divinités ? Gestes de pietas sur quelques stèles d’Afrique romaine, dans De la théâtralité du corps aux corps des dieux, édit. Huet V. et Gherchanoc F., Brest, 2014, p. 177-204, 21 fig., s’interroge sur les objets (bijoux, tissus, etc.) qui étaient fixés sur les statues et les bas-reliefs des divinités, pour essayer de déterminer les gestes d’hommage dont elles étaient l’objet. Elle se fonde sur une statue d’Uthina (Cérès ou une Minerve), c. IIIe s., et sur une série de stèles perforées de Macota ( = la Ghorfa début Ier/fin IIe s.), Mactar, Segermes. Ces stèles sont ensuite comparées à des documents de Gaule et des Germanies. (253) Cuesta Fernández J., La divinidad del emperador romano y la sacralización del poder imperial en las Historiae Adversus Paganos de Paulo Orosio. Sobre Domiciano (Oros. Hist. VII, 10, 5) y Augusto (Oros. Hist. VI, 20), dans Arys, 2014, p. 367-394, s’intéresse aux contradictions du premier christianisme. D’une part, les chrétiens n’admettaient pas que les empereurs romains puissent avoir une nature divine, refusant donc de participer au culte impérial. Parallèlement, divers courants religieux affirmaient que l’autorité et le pouvoir de l’empereur tenaient leur origine de la Providence divine (voir notamment Tertullien, Apol.). L’auteur expose comment les deux idées ont été reprises au Ve siècle par Paul Orose dans ses Historiae aduersus Paganos à travers les textes portant sur Auguste et Domitien. Faisons la transition avec le christianisme, abordé plus spécifiquement par les références qui suivent. (254) Sordi M., Les chrétiens et l’empire romain, trad. Bigi D., Paris, 2014, 227 p., index, n’est pas seulement la traduction de l’ouvrage paru en italien en 1989 (I Cristiani e l’impero romano), mais aussi une nouvelle édition mise à jour. (255) Morlet S., Christianisme et philosophie. Les premières confrontations (Ier-VIe siècle), Paris, 2014, 260 p., index. Ce petit livre présente en termes clairs des sujets difficiles et met en question les stéréotypes sur l’incompatibilité entre foi et raison. On comprend bien comment les chrétiens, d’abord réticents devant la philosophie classique, l’ont acceptée comme discipline propédeutique par rapport à la « vraie » sagesse. Augustin, Cyprien, Lactance, Minucius Felix, Tertullien sont largement présents. (256) Chrétiens persécuteurs. Destructions, exclusions, violences religieuses au IVe siècle, édit. Baslez M.-F., Paris, 2014, 460 p. Cet ouvrage aborde le thème des violences commises par les chrétiens contre les païens, les juifs et les hérétiques chrétiens au moment où l’ancienne religion illicite devient dominante. Trois articles ont été retenus (Y. Le Bohec, P. Lanfranchi, F.-X. Romanacce). (257) Smither E.L., Mission in the Early Church: Themes and Reflections, Cambridge, 2014, X-178 p., ill., index. L’a., qui se réclame du protestantisme évangélique, se propose d’étudier dans cet ouvrage certains aspects de l’histoire de la mission chrétienne entre 100 et 750 de notre ère, l’objectif étant de fournir des éléments de réflexion utiles pour la pratique missionnaire contemporaine. Certains auteurs africains (Tertullien, Cyprien, Augustin) et quelques épisodes marquants de l’histoire du christianisme africain, comme le martyre de Perpétue et Félicité ou la crise donatiste, sont évoqués. Plusieurs illustrations choisies pour illustrer le propos correspondent par ailleurs à des mosaïques ou à des monuments africains. (258) Baumkamp E., Kommunikation in der Kirche des 3. Jahrhunderts : Bischöfe und Gemeinden zwischen Konflikt und Konsens im Imperium Romanum, Tübingen (Studien und Texte zu Antike und Christentum, 92), 2014, X-376 p., 2 index. L’étude, qui s’inscrit dans l’intérêt actuel pour le genre épistolaire dans l’Antiquité tardive, aborde la question des persécutions sous cet angle qui est nouveau pour le sujet. L’ouvrage est divisé en six chapitres, le premier définissant quelles étaient les conditions et possibilités d’échanges épistolaires entre les différents acteurs, évêques et communauté des fidèles, tandis que le deuxième rappelle les persécutions contre les chrétiens au milieu du IIIe s. Les deux chapitres suivants s’intéressent à l’action des deux grands évêques que furent Denys d’Alexandrie et Cyprien de Carthage et à la situation des Églises respectives dans ces cités. Le chapitre cinq étudie les conséquences de la persécution de Dèce, essentiellement en Afrique, notamment la question des novatiens, et le dernier l’organisation de la communauté lors du bannissement de l’évêque. (259) Castello M.G., A proposito delle diocesi episcopali nel IV secolo d. C. : riflessioni a margine di CTh. 16, 2, 23, dans Koinonia, XXXVIII, 2014, p. 9-32, examine l’évolution de l’organisation des Églises occidentales telle qu’elle apparaît dans les sources juridiques et ecclésiastiques des IVe et Ve siècles. L’usage du mot diocesis montre une organisation très différente de ce qui prévaut alors en Orient. Quelques extraits d’Augustin sont cités (e.g. Ep., 139, 3 ; Breu. coll. adu. Don., 12). Le diocèse y est mentionné comme une juridiction ecclésiastique d’extension variable, en relation avec l’action d’un évêque, quel que soit son grade dans la hiérarchie épiscopale. Les derniers titres sont plus spécifiquement africains. (260) Burns J.P.Jr et Jensen R.M., Christianity in Roman Africa. The Development of its Practices and Beliefs, collab. Clarke G.W. et alii, Grand Rapids (Mich.), Cambridge, 2014, LII-670 p., 153 pl., cartes, plans, 3 index. L’ouvrage propose une synthèse des principaux thèmes et sujets qui ont rythmé la vie des chrétiens d’Afrique pendant sept siècles. Trois chapitres introduisent au contexte historique général, depuis les débuts du christianisme jusqu’à la chute de la présence byzantine ; le suivant résume les découvertes archéologiques afférentes. L’essentiel est cependant dédié aux aspects fondamentaux de la vie des chrétiens, par exemple le baptême, le mariage, l’eucharistie ou le culte des martyrs. Pour chaque thème, les a. font appel aux trois grands théoriciens, Tertullien, Cyprien et Augustin. Cette présentation permet d’apprécier l’évolution de la pensée de ces écrivains sur un thème donné. (261) Doerfler M.E., “Hair!”: Remnants of Ascetic Exegesis in Augustine of Hippo’s De opere monachorum, dans Journal of Early Christian Studies, XXII, 1, 2014, p. 79-111. Tertullien fut confronté au cas de femmes qui, parce qu’elles avaient fait le serment de rester vierges toute leur vie, refusaient d’apparaître voilées dans l’église afin de se distinguer des autres femmes. De même Augustin eut à traiter du cas de groupes d’ascètes de sexe masculin qui vivaient de l’aumône et portaient les cheveux longs afin de signifier de manière ostensible leur renoncement au monde. L’a. s’intéresse à la manière dont Augustin, dans le De opere monachorum, récuse cette pratique : il y voit la conséquence d’une mauvaise interprétation de certains passages des Écritures. (262) Moretti P.F., La Bibbia e il discorso dei Padri latini sulle donne. Da Tertulliano a Girolamo, dans Le donne nello sguardo degli antichi autori cristiani. L’uso dei testi biblici nella costruzione dei modelli femminili e la riflessione teologica dal I al VII secolo, édit. Børresen K.E. et Prinzivalli E., Trapani (Esegesi, cultura e storia, 5, 1), 2013, p. 137-173. Les Pères de l’Église sont placés devant une contradiction : d’une part, ils affirment l’égalité de l’homme et de la femme devant Dieu du point de vue eschatologique, d’autre part, ils considèrent que, du point de vue social, la femme est subordonnée à l’homme. Cette contradiction est étudiée chez plusieurs auteurs chrétiens, dont Tertullien et Cyprien. Tertullien est un unicum dans la mesure où il est le seul à penser que le Salut engage l’égalité entre les deux sexes, y compris du point de vue du corps physique. Pour Cyprien, la virginité est le seul élément, chez la femme, à conserver l’image divine. (263) Macmullen R., The end of ancestor worship: affect and class, dans Historia, LXIII, 4, 2014, p. 487-513. Cette étude porte sur les rites et croyances qui suivaient l’enterrement et le deuil dans le monde romain, entre les années 50 av. J.-C. et 450 apr. J.-C. Ainsi revient-elle sur la position du christianisme et la campagne menée par Augustin à l’encontre du culte des ancêtres, auquel il contribue à mettre fin. Parmi la documentation convoquée et les différents contextes d’étude, l’auteur fait appel aux sources africaines, archéologiques et littéraires (Tertullien, Augustin).

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