Introduction
p. 251
Texte intégral
1Les témoignages livrés par la documentation épigraphique, parfois relayée par les sources littéraires, mettent en lumière sans la moindre ambiguïté l’existence pour les esclaves d’une activité religieuse dans un cadre domestique, qui se définit d’abord comme la maison du maître. Que cette activité ait été soumise aux règles définies par le pater familias est un point qui ne soulève pas de discussion. On observe cependant dans le même temps que le mode de fonctionnement religieux dans cet espace offre à l’esclave la possibilité d’une vie religieuse à part entière, qui trouve à s’exprimer d’abord dans une pratique encadrée par les attentes du maître, mais également dans des activités individuelles, qui font d’eux des interlocuteurs et des acteurs potentiels dans le cadre d’une démarche votive voire magique. Au même titre qu’un libre, il est loisible à l’esclave de consacrer une inscription qui le concerne lui-même, ses proches, son maître et, pourquoi pas, des membres influents de la cité. Cet état de fait révélé notamment par les inscriptions, confère à l’esclave dans le cadre domestique une personnalité/identité religieuse, dans la mesure où, juridiquement, rien ne vient s’opposer à son action et où, sur le plan religieux, les dieux semblent agréer les agissements des esclaves, si l’on en croit le nombre d’inscriptions votives attestant la réalisation des vœux formulés par ces dépendants. La question se pose donc de l’épaisseur de cette identité religieuse, compte tenu de la dépendance à leur maître, auquel leur statut les voue malgré tout. C’est l’objet de cette partie que de s’intéresser aux situations dans lesquelles l’esclave se trouve éloigné de ce pouvoir. Cet éloignement peut être le fait d’une activité qui conduit l’esclave à travailler hors de la domus, que ce travail s’exerce dans une boutique appartenant au maître ou qu’il ait reçu de lui une fonction qui l’amène à vivre loin. Mais il convient d’envisager également les cas où les liens de dépendance sont éventuellement éclipsés par d’autres formes de relation et il faudra à ce titre déterminer dans quelle mesure la subordination à l’autorité religieuse du maître prime sur l’exercice par l’esclave lui-même de sa propre autorité sur d’autres. Il s’agit notamment de deux situations bien spécifiques. La première a trait à l’existence d’esclaves uicarii, qui dépendent en théorie de l’autorité d’un autre esclave ; la seconde concerne la situation de l’esclave chef de famille, car, bien que ces communautés n’aient pas de réelle existence juridique, il n’en reste pas moins que, dans les unions de fait qui se créent entre esclaves, la question se pose de savoir comment la vie religieuse est gérée et quel est le rôle religieux de l’esclave placé de fait à la tête d’une telle communauté.
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