Une métropole entre double appartenance et indépendance : Kiev, Constantinople et Moscou dans la seconde moitié du XVIIe siècle
p. 305-370
Résumés
Au lendemain de l’annexion des terres de la « Rive gauche du Dniepr » par l’État moscovite en 1654, la situation nouvelle dans laquelle se trouvaient les orthodoxes ruthènes porta sur le devant de la scène diplomatique la question de leur émancipation vis-à-vis de Constantinople et de la subordination de Kiev au patriarcat de Moscou. Les premières tentatives en ce sens échouèrent pour de multiples raisons et ce n’est qu’en 1686 qu’une délégation russe obtint du patriarche œcuménique Dionysios IV le droit de consacrer à Moscou les métropolites de l’éparchie de Kiev, l’un des plus importants diocèses de son Église. Jusqu’ici trop ponctuellement exploitée pour l’histoire de cet événement fondateur, la documentation archivistique permet pourtant d’en mieux comprendre les enjeux politiques et de cerner plus précisément les motivations des patriarches orientaux impliqués. Ce chapitre présente les solutions canoniques trouvées à Constantinople face aux ambitions d’un parti ecclésiastique pro-uniate, proche des autorités polono-lituaniennes et favorable à une autocéphalie de l’Église de Kiev.
In the aftermath of the annexation of the «left bank of the Dnieper» territories by the Muscovite State in 1654, the Orthodox Ruthenians were faced with the issue of their emancipation from their canonical subordination to the Patriarchate of Constantinople in order to pass under the jurisdiction of the Patriarchate of Moscow. The first attempts in this direction failed and it was only in 1686 that a Russian delegation obtained from the Ecumenical Patriarch Dionysius IV the right to consecrate in Moscow the metropolitans of the eparchy of Kyiv, one of the most important dioceses of the Great Church. The archival material concerning this crucial event, hitherto insufficiently explored, allows for a better and more detailed understanding of the political background and motivations of the Eastern Patriarchs involved in the negotiations. The canonical solutions proposed by Constantinople stemmed among other reasons from the necessity of thwarting the ambitions of a pro-Uniate ecclesiastical party, supported by the Polish-Lithuanian authorities and aspiring to an autocephalous Church of Kyiv.
Entrées d’index
Mots-clés : patriarcat de Constantinople, patriarcat de Moscou, Ukraine, documents grecs, éparchie de Kiev, décision synodale de 1686
Keywords : Patriarchate of Constantinople, Patriarchate of Moscow, Ukraine, Greek documents, see of Kyiv, synodal decision of 1686
Note de l’auteur
Je tiens à adresser mes vifs remerciements à Vivien Prigent pour le travail de relecture qu’il a bien voulu effectuer.
Texte intégral
1L’Église de Kiev constitua un diocèse, une seule métropole, dépendant du patriarcat de Constantinople jusqu’au milieu du XVe siècle, bien que les dissensions entre les nombreux princes russes aient parfois amené la coexistence de deux métropolites rivalisant pour la légitimité. Au XIIIe siècle, Kiev souffrit des invasions mongoles qui anéantirent pratiquement ce foyer de la Rus’ ancienne. Les souverains des principautés occidentales, notamment de Lituanie et Galicie-Volhynie dont l’importance politique s’accrut considérablement au XIVe siècle, aspiraient également à bénéficier d’un siège métropolitain. C’est dans le cadre de telles revendications que fut créée en 1302 une éparchie de Halyč et de la Petite Rus’, suivie quelques années plus tard d’une métropole de Lituanie, toutes deux indépendantes de la métropole de Kiev1. Une ambiguïté naissait ainsi puisque les titulaires de ce dernier siège, bien qu’ayant dès lors juridiction sur une « Grande Rus’ », continuaient à se prévaloir du titre traditionnel de métropolite « de Kiev et de toute la Rus’ ». Les ambitions rivales des principautés de la Rus’ de l’Est et du Nord-Est, d’une part, et de celle de Lituanie d’autre part, exacerbées par la destruction de Kiev, provoquèrent à la fin du XIIIe siècle le transfert de la résidence des chefs de l’Église de Kiev d’abord à Vladimir, puis à Moscou, dont les princes gagnaient alors rapidement en influence. En 1458-1459, ces rivalités débouchèrent sur une nouvelle scission du diocèse unifié de Kiev2. La conquête de Constantinople par les Ottomans en 1453 permit aux patriarches œcuméniques de surmonter les conséquences de l’union avec l’Église latine conclue au concile de Ferrare-Florence en 1438-1439. En 1467, le patriarche Dionysios Ier confirma Grégoire le Bulgare dans sa dignité de métropolite de « Kiev et de toute la Rus’ ». Ce dernier pourtant, bien qu’il se soit rallié ultérieurement à l’orthodoxie, avait été initialement ordonné en 1458 par le prédécesseur uniate de Dionysios Ier. Opposée à cette ligne conciliatrice, l’Église de Moscou se sépara définitivement de la lignée des métropolites de Kiev. À terme, les titulaires des deux parties de l’ancienne éparchie se distinguèrent par le port de titres distincts : les hiérarques dont l’autorité s’étendait en terre lituanienne étaient appelés « métropolites de Kiev, de Halyč et de toute la Rus’ », tandis que leurs homologues siégeant dans le territoire du grand prince de Moscou renonçaient ultérieurement à la mention de « Kiev » dans leur titulature pour se proclamer « métropolites de Moscou et de toute la Rus’3 ».
2Cette division entérinait également la séparation des métropolites moscovites de Constantinople : l’Union de Ferrare-Florence de 1439 et les rivalités avec la Lituanie avaient débouché de fait sur une autocéphalie autoproclamée de Moscou, qui ne fut cautionnée (dans une certaine mesure) par Constantinople qu’en 1589-1590, puis en 15934. Cette reconnaissance et l’élévation subséquente de la métropole de Moscou au rang de cinquième patriarcat intervinrent lorsque le patriarche de Constantinople Jérémie II Tranos (1572-1579, 1580-1584, 1587-1595) crut possible de faire de cette concession le moteur du ralliement du tsar russe à une coalition d’États chrétiens d’Europe de l’Est contre l’Empire ottoman5. C’est ainsi que l’ancien diocèse de Kiev demeura sous la juridiction du patriarche de Constantinople, tandis que l’Église de Moscou accédait non seulement à une indépendance formellement reconnue par les patriarches orientaux, mais également à une parité de rang avec ces derniers. En outre, le ressort du patriarche de Moscou correspondait strictement à une construction politique unifiée au sein de laquelle l’orthodoxie dominait l’État moscovite. À l’inverse, les métropolites de Kiev et leurs suffragants avaient à composer avec les autorités politiques et les élites laïques catholiques de la « République nobiliaire » de Pologne-Lituanie, née de l’alliance en 1569 du royaume de Pologne et du grand-duché de Lituanie6.
3Au cours du XVIe siècle et dans les premières décennies du siècle suivant, les discussions relatives au statut de la métropole de Kiev envisagèrent deux réformes juridictionnelles au détriment du patriarcat de Constantinople, dont la métropole relevait historiquement. On considéra d’une part l’opportunité d’un rattachement confessionnel et institutionnel de l’Église de Kiev à l’autorité romaine et, de l’autre, l’éventualité d’une élévation de Kiev au rang de patriarcat indépendant7. Toutefois, en 1654, l’annexion des terres de « l’Ukraine de la rive gauche du Dniepr » par la Russie renouvela la dimension politique du problème. Si l’éventualité d’une pleine autonomie, marquée par la fondation d’un patriarcat de Kiev, ne fut pas tout à fait oubliée, l’annexion moscovite amena une partie des orthodoxes ruthènes et, surtout, les autorités moscovites à revendiquer une émancipation vis-à-vis de Constantinople au bénéfice d’un rattachement juridictionnel de Kiev au patriarcat de Moscou. Il s’agissait là bien entendu d’évolutions cruciales, non seulement pour la structure de l’Église orientale, mais encore, et surtout, pour ce qu’elles impliquaient pour le développement ultérieur de l’identité propre à la population ukrainienne.
4La dynamique qui mena à l’intégration de la métropole de Kiev au patriarcat de Moscou en 1686 a depuis longtemps retenu l’attention des historiens. Au début du XIXe siècle, une unique lettre originale grecque du patriarche œcuménique Dionysios IV aux tsars russes relative aux droits du patriarcat de Moscou sur la métropole de Kiev fut éditée dans un volume du Recueil des actes et des traités d’État conservés au Collège d’État des affaires étrangères8. Ultérieurement, il revint à l’historien russe Sergej Ternovskij de publier une sélection de documents afférents à la translation de la juridiction sur la métropole de Kiev au patriarche de Moscou9. Cette documentation provenait du recueil de copies d’actes et de lettres, connu sous le titre « Icône », réalisé pour le compte du patriarche russe Adrian (1690-1700)10. Ce corpus demeure le point de départ indispensable de toute étude sur le sujet. Les analyses formulées sur les événements de 1686 variaient entre deux positions fondamentales. La première considérait le transfert comme la condition qui rendit possible une extension de la protection de l’Église et de l’État moscovites aux orthodoxes ruthènes. Le transfert de juridiction mit ainsi la touche finale à l’unification des peuples russe et ukrainien face à leurs ennemis hétérodoxes communs11. La seconde position mettait au contraire l’accent sur les conséquences négatives de ce changement de juridiction pour l’Église et la population ruthènes, définitivement assujettis à l’autorité de l’Empire russe12. Aussi opposées qu’aient été ces visions, elles se rejoignaient sur un point fondamental : l’absence de remise en cause de la nature des concessions obtenues du patriarcat de Constantinople par Moscou. On s’accordait à reconnaître que le synode du patriarche œcuménique valida le rattachement juridictionnel du diocèse de Kiev au patriarcat de Moscou, sur les instances d’une ambassade conjointe des tsars russes et de l’hetman cosaque. Ce consensus ne fut battu en brèche que très récemment par une publication fondamentale de V.M. Lur’e (Basil Lourié) qui, le premier, observa qu’une analyse minutieuse des traductions des actes synodaux amenait à remettre en question l’idée que la décision prise par le patriarche et le synode recouvrait bien une redéfinition effective des frontières ecclésiastiques en faveur de Moscou. S’y exprimait plus simplement une délégation des droits de « gestion » du diocèse de Kiev, et notamment de consécration des métropolites, mais dans le respect de l’autorité juridictionnelle éminente du patriarche œcuménique13. Ce travail pionnier fut poursuivi par d’autres chercheurs qui exprimèrent des doutes similaires sur la nature exacte de la décision prise par le patriarche et le haut clergé constantinopolitain et la possibilité qu’ils aient pu cautionner une telle entorse aux règles canoniques14. Les observations de V.M. Lur’e incitent également à approcher la question sous un angle nouveau, mettant notamment l’accent sur les rapports de force au sein même de l’Église orthodoxe, sur les particularités juridictionnelles inhérentes au statut du siège de Kiev avant son rattachement à Moscou ou encore sur le rôle de l’hetman cosaque dans les négociations.
Le clergé ruthène et les bouleversements politiques de la seconde moitié du XVIIe siècle
5L’évolution de l’Église kiévienne au XVIIe siècle fut fortement marquée par la confrontation entre les élites catholiques polonaises et lituaniennes, d’une part, et, de l’autre, les Ruthènes orthodoxes dont la force politique s’incarnait avant tout dans les structures des cosaques zaporogues. En 1654, la soumission de l’hetman cosaque Bohdan Xmel’nyc’kyj au tsar posa en nouveaux termes le problème de la division ecclésiastique. L’unité politique et religieuse de l’État moscovite était remise en cause par cette prise de contrôle car le territoire cosaque dépendait d’un hiérarque non seulement vivant hors des frontières russes, mais également canoniquement soumis à un patriarcat résidant sous le contrôle du sultan ottoman. Cet imbroglio lourd de menaces explique que le gouvernement moscovite ait d’emblée tenté de rattacher la chaire de Kiev à son propre patriarcat. Le patriarche de Moscou Nikon lança un programme de réformes ecclésiastiques qui se donnait pour but d’assurer la conformité des rites de l’Église russe avec ceux en vigueur dans l’Église orientale dont relevait le diocèse de Kiev15. L’objectif était de faciliter tant l’intégration de l’Église russe à la chrétienté orientale, qu’en puissance celle des orthodoxes de la métropole de Kiev, dont le ressort venait d’être conquis, à l’Église russe16. Le patriarche de Moscou modifia également sa titulature, se présentant désormais comme « patriarche de Moscou et de toute la Russie […], archevêque […] de toute la Grande, la Petite et la Blanche Russies ». Toutefois, ces transformations radicales et le basculement du diocèse de Kiev d’une juridiction canonique à une autre se heurtèrent à l’incompréhension et aux craintes du clergé kiévien qui entra en résistance. Finalement, le métropolite Syl’vestr Kossov dépêcha une ambassade du clergé auprès du tsar, lui demandant de ne pas remettre en cause le rattachement originel de Kiev à Constantinople17.
6Le projet concret d’un transfert de la juridiction de la chaire de Kiev est évoqué pour la première fois le 27 octobre 1659 dans les « articles de Perejaslav », c’est-à-dire le traité conclu entre Jurij, fils de l’hetman Bohdan Xmel’nyc’kyj décédé deux ans auparavant, et le représentant de l’État russe, Aleksej Trubeckoj18. Le jeune fils de Xmel’nyc’kyj devait au soutien des Russes d’avoir recueilli l’héritage politique de son père, mais il tenta tout à la fois d’accroître les droits de l’élite cosaque vis-à-vis de l’administration moscovite et de faire entériner l’autonomie de la hiérarchie ecclésiastique ruthène. Ses ambitions durent toutefois plier devant l’autorité de Trubeckoj qui lui imposa d’importantes concessions : les articles de Perejaslav diminuaient considérablement les libertés cosaques, soumettant notamment à la confirmation du tsar l’élection du chef de l’Armée zaporogue, et proclamaient la subordination future de la métropole orthodoxe de Kiev au patriarcat de Moscou. Le projet de transfert de juridiction prévoyait cependant que le nouveau supérieur du métropolite de Kiev « ne s’immiscerait pas dans l’autorité spirituelle19 ». L’autonomie du diocèse semblait donc reconnue. Comme on le sait, ce traité n’entra jamais en vigueur : suite à des conflits internes aux zaporogues et aux défaites essuyées par leur armée et leurs alliés russes face au roi de Pologne-Lituanie, l’hetman Jurij Xmel’nyc’kyj fut déposé et les cosaques rejetèrent la tutelle russe.
7L’apparition dans le texte du traité de 1659 de l’article concernant le transfert de juridiction sur la métropole de Kiev n’en marquait pas moins un tournant, justifié par les exigences politiques du temps. Deux décès presque simultanés avaient contribué à accélérer l’évolution des équilibres ecclésiastiques : celui du patriarche œcuménique Parthénios III, soupçonné d’intelligence avec les ennemis de la Porte et exécuté à Constantinople le 24 mars 1657, et celui du métropolite de Kiev Syl’vestr Kossov, mort le 13 avril 1657. Au lendemain de ce double décès, en 1657-1658, les hiérarques de la métropole de Kiev entamèrent des démarches pour évaluer la possibilité d’un recours à l’autorité spirituelle supérieure de Moscou en lieu et place de la subordination traditionnelle à Constantinople pour la consécration de leur métropolite. Les envoyés de l’hetman Bohdan Xmel’nyc’kyj, accompagnés de l’un des prétendants à la chaire vacante de Kiev, l’évêque de L’viv Arseniusz Żeliborski, se présentèrent à Moscou durant l’été 1657. Ils y annoncèrent qu’après l’élection d’un nouveau métropolite, le concile des hiérarques kiéviens enverrait le nouveau chef de leur Église recevoir à Moscou la confirmation de son élection et la bénédiction du patriarche russe Nikon20. Le choix des évêques se porta sur Dionizy Bałaban (1657-1663), élu au trône de Kiev21. Bien que les sources plus tardives aient fait de lui le champion des droits de Constantinople sur son siège22, durant l’été 1658 Dionizy transmit à Moscou, par l’entremise du métropolite grec Daniel de Pogoniani, une déclaration orale de fidélité au tsar que le nouveau chef de l’Église de Kiev, selon ses propres mots, n’osait mettre par écrit. Le métropolite de Kiev affirmait même vouloir « partir à Moscou », mais en être empêché par le nouveau maître des cosaques, l’hetman Ivan Vyhovs’kyj23. L’expression « partir à Moscou » renvoie sans doute ici à l’obligation librement assumée de faire confirmer son élection par la bénédiction du patriarche de Moscou et non de Constantinople. Cette tentative, qui répondait probablement à l’exécution du patriarche œcuménique, n’eut pas de suites immédiates. Dionizy affirma ultérieurement qu’il ne pouvait accepter une ordination par le patriarche Nikon de Moscou, car depuis le baptême de la Rus’ les métropolites de Kiev étaient ordonnés par les patriarches de Constantinople24.
8L’ambition des patriarches de Moscou d’étendre leur autorité sur la métropole de Kiev fut également mise en sommeil quelques décennies durant suite à la disgrâce du patriarche russe Nikon, survenue à la veille de l’arrivée de l’envoyé du métropolite Dionizy, en juin 1658. Plusieurs années de manœuvres politiques complexes s’ensuivirent et aboutirent à un concile tenu à Moscou en 1666-1667 au cours duquel Nikon fut définitivement écarté du trône patriarcal. Cette longue vacance à la tête de l’Église de Moscou affaiblissait évidemment la faction philomoscovite du clergé ruthène et ralentit le processus d’intégration du diocèse de Kiev au patriarcat russe puisque aucun titulaire légitime ne pouvait consacrer son métropolite. Néanmoins, les efforts de Moscou pour contrôler la chaire et le clergé ruthènes ne cessèrent pas : le locum tenens de la chaire patriarcale moscovite, Pitirim, métropolite de Saraї, procéda en 1661 à l’ordination de l’évêque de Mscislaw, Metody Filimonowicz (1661-1668), également nommé administrateur de la chaire de Kiev25. L’intervention russe dans les affaires de l’Église de Kiev fut immédiatement condamnée par le patriarche de Constantinople qui anathématisa l’évêque, ne levant la sanction qu’après deux ans26. En conséquence, la métropole connut les affres de la division : Metody lutta pour affirmer son contrôle sur la chaire de Kiev contre Józef Nielubowicz-Tukalski. En effet, contre l’ordination de Metody par Pitirim, le métropolite de Kiev Dionizy Bałaban27 avait nommé l’un de ses parents, Józef, au même évêché de Mscislaw28. Ce dernier fut ensuite élu par une partie du clergé ruthène pour lui succéder sur le trône de Kiev (1663-1675)29. La rupture s’aggrava quand un autre concurrent de Józef Tukalski, Antoni Winnicki (1663-1679), fut également élu à la chaire de Kiev par une autre faction du clergé local, puis confirmé dans ses fonctions par le roi polonais30.
9Il fallut attendre encore quelques années pour que la question de la juridiction russe sur l’Église ruthène revienne officiellement sur le devant de la scène, par l’entremise cette fois du traité signé le 22 octobre 1665 à Moscou par l’hetman Ivan Brjuxovec’kyj (1663-1668)31. S’ensuivit immédiatement une tentative pour en appliquer les prescriptions dans le domaine ecclésiastique. En mars, puis en août 1666, à la veille du concile qui devait réunir à Moscou les patriarches orientaux pour résoudre « l’affaire du patriarche Nikon », certains cercles du clergé de Kiev, malgré l’existence de plusieurs prétendants à la métropole, firent appel aux autorités laïques et ecclésiastiques russes pour que leur soit permis « selon leurs anciens droits et usages » d’élire un nouveau métropolite32. Les inspirateurs de ces deux démarches étaient l’archimandrite du monastère des Grottes de Kiev, Innocenty Gizel (Innozenz Giesel), et l’évêque de Černihiv, Łazarz Baranowicz. L’évêque Metody Filimonowicz vint en personne à Moscou présenter la requête commune, mais la réponse des autorités russes fut prudente. Il fallait attendre la tenue du concile moscovite pour que la situation de Kiev y soit réglée en présence des patriarches orientaux réunis à la cour du tsar pour juger Nikon33. Cependant, ni le concile de 1666-1667, ni les négociations entre Moscou et l’hetman cosaque Brjuxovec’kyj n’apportèrent de solution. Le patriarche de Constantinople n’avait pu être présent et les deux patriarches orientaux, Macaire d’Antioche et Païsios d’Alexandrie, ne pouvaient trancher une question concernant un diocèse qui ne relevait en aucune façon de leur juridiction34. En outre, avant même la tenue du concile, l’hetman était entré en conflit avec le locum tenens de la métropole, l’évêque Metody Filimonowicz. En octobre 1666, il dénonçait aux autorités moscovites les menées séditieuses de ce dernier, qui aurait incité ses ouailles à la rébellion, et conseillait de ne surtout pas confier le diocèse à un métropolite « d’origine cosaque », c’est-à-dire issu du clergé ruthène local, mais bien au contraire d’envoyer un titulaire depuis Moscou35.
10L’hetman avait certainement raison de mettre en cause la loyauté de l’évêque Metody et son empressement en faveur de la soumission de la chaire de Kiev au patriarche moscovite. Ses accusations trouvent en effet confirmation dans les informations envoyées à Moscou par le voïévode de Kiev, le boyard Petr V. Šeremet’ev, en février de cette même année 166636. Ce dernier avait reçu Metody et d’autres représentants du clergé kiévien avant d’autoriser le départ de leur délégation pour la capitale russe. Il relata que visiblement l’évêque s’inquiétait de l’accord passé entre Brjuxovec’kyj et le gouvernement russe, susceptible de porter atteinte aux « privilèges » de la métropole de Kiev. Tout en formulant le souhait que Kiev dispose bientôt d’un hiérarque légitime, Metody affirmait au nom de tout le clergé du diocèse sa résolution de ne pas quitter la dépendance canonique du patriarche de Constantinople37. Que le patriarche œcuménique ait levé peu avant l’anathème qui le frappait pouvait faire espérer à Metody qu’il serait lui-même choisi pour accéder au trône métropolitain et pourrait contribuer à expliquer ce revirement38. Metody affirmait que le clergé était unanime dans son rejet d’un éventuel « métropolite moscovite », menaçant même de s’enfermer dans les monastères en signe de protestation pour ne pas recevoir un hiérarque ainsi ordonné au mépris des canons39. La situation prévalant dans le diocèse de Smolensk agissait comme un repoussoir : là, un nouvel évêque venu de Moscou avait restreint les droits du clergé local et allait jusqu’à mettre en doute son orthodoxie40. Pourtant, le lendemain même de cette démarche, l’évêque Metody exprimait ses regrets à Šeremet’ev, soulignant l’étroitesse de sa marge de manœuvre étant donné que le clergé local le condamnait déjà en raison de son ordination moscovite et d’une soi-disant collusion avec l’hetman, mais lui n’aspirait qu’à promouvoir l’élection d’un métropolite pour Kiev41.
11La démarche du clergé kiévien pour obtenir un métropolite canoniquement ordonné à Constantinople ne déboucha sur aucun résultat, de même que les clauses relatives à la dépendance de l’Église de Kiev envers celle de Moscou que contenait le traité avec Brjuxovec’kyj : elles demeurèrent lettre morte, ne reflétant qu’une manœuvre politique de circonstances de la part de l’hetman. En 1667-1668, il se joignit aux forces hostiles au tsar, accusant le gouvernement russe non seulement d’avoir déposé le patriarche légitime, Nikon, mais encore d’avoir trahi l’orthodoxie au profit de la doctrine latine42. L’évêque Metody, considéré par Moscou comme un allié de l’hetman, fut enfermé dans un monastère russe43. Pourtant, en août 1675, quelques jours après le décès de Józef Tukalski, Païsios Ligaridès, le métropolite de Gaza, qui assistait le gouvernement russe dans l’affaire du patriarche Nikon, écrivait de Kiev au chef du Bureau des ambassadeurs Artemon Matveev44 :
Ici on a entendu que l’évêque Metody a été libéré et en plus qu’il est consacré métropolite de Kiev. Surveille-le bien et fait en sorte qu’il ne le soit pas, car [sinon] il y aura de grands troubles et de la confusion entre clercs et laïcs, car encore maintenant restent vivantes la discorde et la trahison commise récemment et qui fut la cause d’un si grand affrontement. Elle hurle, elle hurle aussi Sainte-Sophie, pour la restauration de laquelle il a pris 14 000 roubles de Sa Majesté le tsar et il a commis d’autres excès que je passe sous silence45.
12Ainsi, la rumeur faisait de Metody un prétendant à la chaire de Kiev même à la fin des années 1670. Le conflit militaire opposant Russes, Polonais, cosaques et Tatars se poursuivit jusqu’à la trêve d’Andrusovo de 166746. La trêve reconnaissait aux Russes les territoires de « l’Ukraine de la rive gauche », à l’exclusion de Kiev qui devait être rendu à la Pologne-Lituanie en 1669. La perspective d’un retour sous domination du roi catholique provoqua l’inquiétude du clergé kiévien. On en appela donc au tsar afin qu’il intervienne pour préserver les droits des orthodoxes et s’engage à leur offrir la protection du gouvernement moscovite47. La peur des conséquences de la restitution de Kiev contribuait à agiter certains cercles orthodoxes craignant de perdre leurs églises et leurs possessions en faveur de catholiques ou de propriétaires polonais lors de la remise de la ville et de ses alentours au roi48. Nombreux étaient ceux au sein du clergé qui voyaient dans la translation de l’autorité spirituelle sur la métropole de Kiev du patriarcat de Constantinople à celui de Moscou la solution à l’instabilité politique et religieuse affectant les terres ruthènes. Les rumeurs circulant en 1669, puis 1671, d’un coup de force contre Kiev du roi polonais Michel Korybut Wiśniowiecki (1669-1673), renforçaient les partisans de cette action dans leur opinion49. Néanmoins, ils n’étaient pas majoritaires comme le montrent les légations du clergé kiévien en 1666 : pour l’essentiel, les ecclésiastiques de l’éparchie étaient réticents à se soumettre à Moscou, espérant perpétuer leur situation privilégiée au sein de l’Église de Constantinople. Toutefois, même le chancelier moscovite Afanasij Ordin-Naščokin, qui avait défendu le transfert de la juridiction dans un rapport daté de 1669, était circonspect. Si cette solution permettait de restreindre l’influence d’un clergé dont les membres se rendaient « auprès du patriarche de Constantinople pour recevoir sa bénédiction et menaient [ainsi] à leur suite des gens sous la protection musulmane50 », elle était source de polémiques parmi les hiérarques de l’Église kiévienne et leurs ouailles en raison du bouleversement canonique qu’elle supposait51.
13La fin de la guerre russo-polonaise ne déboucha pas sur une réconciliation dans les terres ruthènes en raison de l’inquiétude des chefs cosaques face aux ambitions des deux anciens ennemis, l’État moscovite et la Pologne-Lituanie, susceptibles d’unir leurs forces pour se partager leur pays. Afin de parer à la menace, l’hetman « de la Rive droite », Petro Dorošenko (1665-1676), s’opposa à la trêve d’Andrusovo dès sa signature en 1667, tentant à la fois d’annexer les terres contrôlées par les troupes moscovites et de guerroyer contre le roi polonais dans le but de former un État unifié sous sa domination avec l’appui du sultan52. Les manœuvres politiques de Dorošenko provoquèrent une forte opposition et débouchèrent sur une guerre entre Moscou, allié aux cosaques zaporogues de la « Rive gauche du Dniepr », commandés par l’hetman Ivan Samojlovyč (1672-1687), et les forces coalisées de Dorošenko, du sultan et du khanat de Crimée.
14Bien évidemment, ces troubles laissaient une empreinte sur la vie ecclésiastique. Józef Nielubowicz-Tukalski, élu métropolite de Kiev en 1663 à Korsun’, n’avait pas été reconnu par les autorités polonaises, qui l’emprisonnèrent jusqu’en 1667. Son élection fut confirmée le 6 mars 1668 par un acte de bénédiction53 du patriarche Méthode III de Constantinople (5 janvier 1668 – début mars 1671) et reconnue par une lettre du sultan Mehmed IV (1648-1687)54. Ce réalignement ecclésiastique redoublait l’alliance politique, la bénédiction patriarcale coïncidant avec l’ouverture de négociations par l’hetman Petro Dorošenko en vue d’assurer la protection de la Porte à un État cosaque vassal face au roi polonais et au tsar russe55. Józef Nielubowicz-Tukalski devenait donc le chef légitime de l’Église de Kiev et l’exarque patriarcal. Néanmoins, il ne put rallier la faction qui, au sein de son clergé, avait soutenu les tractations de l’hetman Brjuxovec’kyj avec Moscou. Si la situation canonique convenait à ces opposants, l’appartenance du nouveau métropolite à l’entourage de Dorošenko ne pouvait les satisfaire56. Par ailleurs, la logique de bascule exigeait que l’hetman de la « Rive gauche du Dniepr » et les diplomates russes réactualisent le projet d’un rattachement direct de la métropole de Kiev à Moscou57. Mais qu’un métropolite légitime occupe la chaire empêchait désormais de poursuivre de son vivant les tractations à ce sujet.
15Les négociations relatives à la juridiction sur la métropole de Kiev fluctuaient donc en fonction des aléas diplomatiques, et la politique pro-ottomane de Dorošenko compliquait singulièrement les choses. En effet, au sein même de l’Église orientale, le renforcement de l’influence ottomane en Europe de l’Est provoquait l’anxiété. Elle mettait en péril non seulement l’autonomie des terres ukrainiennes et de la Pologne-Lituanie, mais également le devenir des principautés roumaines qui aspiraient alors à s’émanciper de la vassalité ottomane58. En effet, une sujétion trop étroite de la Moldavie et de la Valachie menaçait la libre jouissance par les Églises orientales des importants biens fonciers qu’elles y possédaient, ainsi que leurs liens avec les princes protecteurs de l’Église orthodoxe59. De plus, les accords de Dorošenko avec la Porte éveillaient chez les patriarches l’inquiétude de voir l’hetman obtenir une indépendance complète pour l’Église kiévienne, au détriment de leurs droits. Ainsi, en 1671, un exilé politique moldave, Nicolae le Spathaire, mettait en garde Moscou au nom du patriarche de Jérusalem Dosithée (1669-1707) et du grand interprète de la Porte Panagiotès Nikousios contre les ambitions du métropolite de Kiev Józef Nielubowicz-Tukalski. Selon les termes du messager, celui-ci cherchait à s’émanciper de sa dépendance canonique vis-à-vis de Constantinople : « Tukalski cherche [à obtenir] du sultan qu’il donne l’ordre aux très saints patriarches œcuméniques de le faire patriarche de la Petite Rus’ et des Rus’ Noire et Rouge ; et s’il commence à le demander assidûment, le sultan, certainement, ordonnera de le faire patriarche60 ». Le métropolite de Kiev semble donc avoir conçu le projet de constituer son diocèse en Église autocéphale de rang patriarcal. Cette initiative pourrait s’expliquer par les succès de l’hetman Petro Dorošenko, parvenu alors à réunir brièvement sous son autorité les deux rives du Dniepr, grâce à l’appui du sultan dont il avait intégré la vassalité en 1669. Les Ottomans intervinrent contre la Pologne-Lituanie pour protéger leur nouveau sujet, s’emparant en 1672 de la forteresse stratégique de Kam’janec’, coup d’éclat qui eut un large retentissement en Europe61.
16Le danger ottoman enflamma le conflit pour le contrôle des chrétiens orthodoxes de Pologne-Lituanie. De son côté, Rome considérait alors possible la constitution d’un patriarcat indépendant uniate de Kiev, si l’on en croit le nonce Angelo Maria Ranucci qui écrivit de Varsovie au cardinal Altieri degli Albertoni :
La première [chose] que l’on aurait pu obtenir de la Diète est que fût interdit par loi publique aux schismatiques de recourir au patriarche de Constantinople au nom du motif politique que ceux qui s’y rendaient servaient d’espions aux Turcs […] et que par cette voie Dorošenko et d’autres chefs cosaques avaient entretenu des correspondances avec les Turcs […] ; la seconde était de faire en sorte que les schismatiques élussent à leur tête un patriarche de la nation ruthène à l’exemple de celui de Moscovie et que l’on veillât à ce que le patriarcat échût à une personne bien disposée et facile à attirer vers l’Union et à même de servir d’instrument pour gagner les autres62.
17Ce patriarcat devait être centré sur les territoires de la métropole de Kiev sis sous le contrôle de la Pologne-Lituanie. Pour pallier le danger d’une union entre la Porte et les cosaques, les autorités polonaises, soucieuses de gagner l’appui de la population contre l’ennemi extérieur, tentèrent de faire obstacle à l’influence du clergé orthodoxe fidèle au patriarcat de Constantinople, vu comme l’instrument des Ottomans. Tout contact entre les orthodoxes de la métropole de Kiev et Constantinople – et a fortiori les consécrations – fut définitivement interdit en 1676 par la Diète. La décision fut réitérée et confirmée en 1678 et en 1697, alors que le gouvernement polonais s’ingénia à favoriser l’Église uniate63. Parallèlement, la Diète décida d’harmoniser les droits des catholiques et des orthodoxes en matière de fiscalité pour obtenir le soutien de la population64.
18L’interdiction formulée par la Diète en 1676 faisait suite au décès, le 26 juillet 1675, du métropolite Józef Nielubowicz-Tukalski, qui avait su, à terme, gagner le respect de ses ouailles et de son clergé65. Le gouvernement de la République polono-lituanienne prenait donc les mesures appropriées pour empêcher le clergé de faire approuver et consacrer le successeur de Józef par le patriarcat œcuménique. Par ailleurs, l’évêque orthodoxe de L’viv, Józef Szumlański, se vit confier par les autorités polonaises l’administration du diocèse de Kiev (10 mai 1675) au prix d’une déclaration secrète d’union avec Rome, concrétisée plus tard, en 167766. Bien que cette conversion fût censée demeurer secrète, la nouvelle de son « apostasie » se répandit rapidement. Dès mai 1678, le patriarche Dosithée de Jérusalem exprimait sa préoccupation et écrivait aux orthodoxes de la « Petite Russie, de Pologne et de Lituanie », les exhortant à être fermes dans leur foi et leur promettant l’envoi prochain d’un exarque du patriarche œcuménique, approuvé par le synode, qui serait « un homme sage, versé en théologie et énergique67 ». Dosithée leur assurait par ailleurs que les patriarches écriraient parallèlement au roi polonais à propos de la situation dans la métropole afin de résoudre le problème68. Mais les tentatives de résolution des différences confessionnelles entre catholiques et orthodoxes pendant deux congrès ecclésiastiques réunis à Hrodno (au début de 1679) et à Lublin (au début de 1680), n’ont pas donné les résultats attendus par les autorités polonaises et ont surtout provoqué la suspicion des hiérarques orthodoxes qui craignaient de devoir embrasser l’union et en appelèrent au gouvernement russe pour obtenir son secours face au roi de Pologne69. Le choix d’une soumission politique aux autorités de l’État polono-lituanien et d’un alignement confessionnel semble avoir été inspiré à Szumlański, prétendant à la chaire de Kiev après la mort de Józef Nielubowicz-Tukalski et d’Antoni Winnicki († 26.11.1679), par l’ambition de bénéficier du soutien de ces mêmes autorités à la formation, sous leur contrôle, d’une Église indépendante. En 1682, le grand hetman de la Couronne polonaise, Stanisław Jabłonowski (de concert avec Szumlański), diffusa des lettres expliquant aux orthodoxes que l’interruption des contacts avec Constantinople était nécessaire pour éviter les trahisons et que, quoi qu’il en soit, leur Église méritait l’autocéphalie :
N’est-il pas préférable de disposer à Kiev de son propre chef, comme c’est le cas à Moscou : auparavant ce sont les métropolites de Kiev qui consacraient les métropolites de Moscou [sic], appelés aujourd’hui patriarches ; Sainte-Sophie de Kiev est plus ancienne de plusieurs centaines d’années que l’église cathédrale de Moscou… Pourquoi ne serait-il pas mieux d’avoir l’autorité tant ecclésiastique que laïque à Kiev, au lieu d’aller comme des esclaves la chercher à Moscou ?70
19Les moines, envoyés par Józef Szumlański, diffusaient ces lettres dans les territoires de la métropole de Kiev soumises à l’hetman Ivan Samojlovyč71. Les mêmes propos, formulés avec plus de force encore, se retrouvent dans les instructions préparées par la chancellerie royale polonaise en juillet 1682 à destination des deux émissaires, le colonel Vasyl’ Iskryc’kyj et le protopope de Bila Cerkva Semen Zaremba, envoyés vers les terres ukrainiennes contrôlées par les cosaques. Les deux hommes étaient proches de Jabłonowski72 et l’on ne saurait s’étonner que le discours sur les tentatives du patriarche moscovite d’usurper les droits du métropolite de Kiev, « son ancien supérieur », ait accompagné les louanges que les instructions tissaient du roi Jean III Sobieski (1674-1696)73. Il est clair que les autorités polonaises espéraient jouer des aspirations du clergé local à une Église indépendante en adoptant les plans envisagés par le nonce quelques années auparavant74. L’idée d’une supériorité de Kiev fondée sur son ancienneté par rapport à Moscou et légitimant son autonomie constituait une menace tant pour ceux qui recherchaient l’appui des tsars que pour les partisans des droits du patriarcat de Constantinople.
20La nécessité de résoudre le problème de la position canonique de la métropole de Kiev s’avérait donc plus pressante que jamais. Les tentatives pour constituer définitivement le diocèse en patriarcat indépendant se renforçaient des progrès de l’uniatisme dans la métropole, privée d’un hiérarque légitime et déchirée entre prétendants rivaux depuis des années. Néanmoins, la résolution de « l’affaire du patriarche Nikon » et l’intronisation d’un nouveau titulaire sur le trône « de Moscou et de toute la Russie et des Pays du nord » après le concile de 1666-1667 permirent aux autorités russes (au prix de l’abandon de l’intégration de la « Petite et Blanche Russies » dans le titre du patriarche) de déployer leur influence sans entraves auprès des élites locales ruthènes, renforçant la faction pro-russe en terre ukrainienne, jusqu’au sein des élites ecclésiastiques, et notamment celles de Kiev. Le contrôle sur l’Église importait d’autant plus que les bouleversements politiques et militaires avaient laissé de vastes zones de l’Ukraine en dehors du contrôle immédiat de Moscou. Les tentatives pour trouver des appuis auprès des hiérarques orthodoxes soucieux de renforcer les liens avec l’Église russe progressèrent de concert avec l’alliance de Moscou avec Samojlovyč. La consécration d’un pasteur légitime, conforme à cette orientation, était d’autant plus urgente que l’évêque Józef Szumlański, fort de l’appui du roi polonais, avait commencé à saisir les propriétés des évêchés et des monastères qui ne reconnaissaient pas son autorité, et notamment les terres de la Laure des Grottes de Kiev75.
Constantinople et la question du « veuvage » de la métropole de Kiev
L’acte synodal de 1681 : la métropole de Kam’janec’ ou de Halyč
21Les liens de l’administrateur du diocèse de Kiev, Józef Szumlański, avec la cour royale de Pologne et ses aspirations à l’autonomie juridictionnelle n’étaient évidemment pas pour plaire au patriarche œcuménique. Conformément à la promesse de Dosithée de Jérusalem, le patriarche Jacques Ier (1679-1682, 1685-1686, 1687-1688) envoya en Ukraine son exarque, du moins dans les zones échappant au contrôle du roi de Pologne. Soucieux de rétablir son autorité sur les affaires de la métropole et d’assurer la continuité de la pastorale et du culte orthodoxe, le patriarche œcuménique décida en août 1681 la création d’une métropole de Podolie, nouvellement conquise sur la Pologne-Lituanie par les Ottomans alliés à l’hetman Dorošenko et placée de ce fait sous l’autorité de Constantinople76. Le nouveau diocèse soustrayait les populations ruthènes locales à l’influence de Szumlański, lequel avait réaffirmé en mars 1681, en accord avec l’évêque de Przemyśl Innocenty Winnicki, son ralliement au catholicisme. Après l’échec d’une nouvelle tentative de rapprochement entre orthodoxes et uniates lors d’un congrès convoqué par le roi Jean III Sobieski en 1680, les deux évêques, Szumlański et Winnicki, acceptèrent l’union à Varsovie en présence du nonce pontifical et de l’évêque catholique de Kiev. Ils signèrent une profession de foi latine et reçurent durant l’été des lettres du pape Innocent XI (1676-1689) les appelant à promouvoir l’Union des Églises77.
22Il semble que ce regain d’activité de l’administrateur de l’éparchie de Kiev Szumlański ait poussé le patriarcat de Constantinople à parer au plus pressé. Le patriarche nomma un certain Pankratios, ex-évêque de Loidoriki (en Phocide), premier titulaire de la métropole de Kam’janec’78. L’acte de nomination précise qu’il avait été élu et était envoyé à Kam’janec’ car la population orthodoxe de ce territoire, « soumise à la majesté autocratique et invincible » du sultan (ὑποταγείσης τῇ αὐτοκρατορικῇ καὶ ἀηττήτῳ βασιλείᾳ), avait grandement besoin que la discipline et la foi orthodoxes soient restaurées79. Cette importante initiative, l’introduction d’un contrôle patriarcal direct sur une partie de l’éparchie de Kiev, ne fut pas plus durable que le pouvoir ottoman sur la Podolie. En outre, Pankratios était perpétuellement en manque d’argent : en 1682 et 1683, il signa, semble-t-il sur le Bosphore, diverses reconnaissances de dettes80. L’argent manquait donc au clergé orthodoxe, et la gestion depuis Constantinople des zones du diocèse de Kiev, même dominées par les Ottomans, demeurait problématique.
23Toutefois, la fondation d’une métropole nouvelle en Podolie n’allait pas de soi, toute innovation étant source de contestations. Tailler un nouveau diocèse au sein d’une éparchie antérieure n’allait pas sans poser de sérieux problèmes canoniques, et il est légitime de s’interroger sur la façon dont le patriarche surmonta cette difficulté pour éviter que ses adversaires n’invoquent les canons contre sa manœuvre. La solution finalement adoptée était des plus subtiles. L’explication semble être livrée par le cachet que se fit graver le premier titulaire de la métropole de Kam’janec’, Pankratios, et dont l’empreinte est visible sur l’un des documents qu’il signa en 1682-1683. On y voit les armoiries de la voïvodie de Ruthénie (Palatinatus Russiae), un lion couronné, accompagnées de la légende « Pankratios, par la grâce de Dieu métropolite orthodoxe de Halyč, hypertimos, exarque patriarcal de toute la Petite Russie » († ПАНКРАХИА М(и)Л(ос)ТIЮ Б(о)ЖIЮ ПР(а)В(о)СЛ(ав)НI М(и)Т(ро)П(олитъ) Г(а)Л(и)Ц(кiй ?), ИП(ерти)М П(атрiар)Ш В(сея ?) М(алыя ?) Р(оссiи ?) ЄΞ(а)РХА (diamètre 45 mm)81.
24Ainsi, pour contourner la question épineuse du fractionnement non canonique du diocèse métropolitain de Kiev, la fondation de la métropole de Kam’janec’ prit la forme d’une restauration de l’ancien siège de Halyč fondé au début du XIVe siècle. Souvent vacant, ce siège fut fréquemment associé à d’autres pour constituer un ressort viable, et au XVIIe siècle le métropolite de Kiev l’avait incorporé depuis longtemps à sa titulature82. Le cachet révèle par ailleurs que le titulaire de Kam’janec’ avait également hérité de toutes les autres dignités attribuées au métropolite de Kiev, l’hypertimat et l’exarchat. Bien que son ressort n’ait pas correspondu aux limites historiques du diocèse de Halyč, il gérait officiellement ce dernier conformément aux diptyques ecclésiastiques. Plus-value appréciable, l’orthodoxe Pankratios se positionnait en concurrent direct de Józef Szumlański qui ambitionnait d’enrichir son titre d’évêque de L’viv en y adjoignant la mention de Halyč83. Szumlański espérait également reconstituer ultérieurement, à son profit, une métropole de Halyč indépendante de Kiev, d’abord avec l’aide du pape, puis avec celle du patriarche russe en échange de la soumission à sa juridiction84. Mais pour l’heure, le patriarche de Constantinople avait devancé l’ambitieux Szumlański en rétablissant à son profit, et sans faire violence au droit canonique, la métropole de Halyč.
L’acte synodal de 1676 : la permission de consacrer le métropolite à Moscou
25Menacée d’un côté par le rétablissement d’une métropole de Halyč/Kam’janec’ par Constantinople, qui scindait en deux le diocèse de Kiev, et, de l’autre, par l’activité des autorités polonaises et de Józef Szumlański en faveur de l’Union avec Rome, l’Église de Kiev se devait de trouver une solution à l’absence d’un hiérarque légitime, aspiration commune au clergé, à l’hetman et au gouvernement moscovite. Il fallait donc trouver un candidat « digne », c’est-à-dire acceptable par tous, et le consacrer canoniquement avec l’accord du patriarche œcuménique.
26En 1681, une ambassade russe menée par Il’ja Čirikov et Prokofij Vozniсyn partit pour l’Empire ottoman afin de confirmer le traité de paix signé à Bağçasaray (Bakhčysaraj) en 1681 entre, d’une part, la Russie et son allié cosaque de la Rive gauche du Dniepr et, de l’autre, le khanat de Crimée et la Porte. Le traité devait mettre fin au long conflit pour les terres ukrainiennes. En janvier de l’année suivante, le secrétaire (дьяк) Voznicyn, engagé dans des négociations à Constantinople après le décès de Čirikov, reçut de Moscou une lettre écrite en novembre 1681. On lui enjoignait de se renseigner discrètement auprès du patriarche Jacques de Constantinople sur la possibilité que « la métropole de Kiev avec tout son clergé soit sous la bénédiction des très saints patriarches de Moscou et de toute la Russie85 ». Le secrétaire devait procéder avec la plus grande discrétion et aborder la question avec le patriarche en feignant un intérêt et une préoccupation tout personnels face à la situation des orthodoxes du diocèse. En aucun cas le patriarche constantinopolitain ne devait comprendre que Voznicyn agissait sur instruction du gouvernement russe, et personne, en « Petite Russie », c’est-à-dire en Ukraine, ne devait se rendre compte que la Russie sondait le patriarche sur cette question86. Ce dernier point montre clairement que le gouvernement moscovite doutait de la qualité de l’accueil que les orthodoxes de la métropole de Kiev réserveraient à l’annonce de la réouverture de pourparlers visant à régler leur sort. Les résultats de cette démarche demeurent inconnus.
27L’hetman Ivan Samojlovyč commença aussi à s’inquiéter, car en mars 1682 son envoyé à Moscou parlait de sa préoccupation face à la vacance de la chaire de Kiev et de ses projets de s’en entretenir avec le clergé87. Mais les bouleversements moscovites en mai et durant l’été 1682, dont la mort du tsar Fédor et le coup d’État militaire, empêchaient la poursuite de l’affaire. Lorsque, en 1683, furent composées les instructions des envoyés suivants auprès du sultan, Kiril Xlopov et Vasilij Posnikov, l’ordre de sonder le patriarche ne fut pas repris. Il semble donc qu’entre-temps le gouvernement russe ait abandonné, au moins provisoirement, l’idée d’explorer la possibilité d’orchestrer un transfert du droit de consécration du métropolite de Kiev de Constantinople à Moscou88.
28L’étape suivante intervint en 1684 lorsque Gedeon Swiatopołk-Czetwertyński, évêque de Luc’k et d’Ostroh (1659-1685), diocèse situé en territoire polonais, se réfugia à Baturyn. Là se trouvait la résidence de l’hetman pro-moscovite Ivan Samojlovyč devant lequel Gedeon vint se plaindre des persécutions de la part des uniates et des autorités laïques polonaises, dénonçant même une tentative d’empoisonnement89. Depuis longtemps, l’évêque se débattait dans ces difficultés, son diocèse se trouvant en terre polonaise. En 1681, il demanda même à l’archimandrite Innocenty Gizel de lui offrir asile à Kiev90. Sa situation se détériora, semble-t-il, après la victoire polonaise de Vienne en 1683. Les autorités réclamèrent alors à l’élite orthodoxe des témoignages plus explicites de leur loyauté envers les intérêts de l’État polono-lituanien, en rejetant l’influence de la hiérarchie ecclésiastique orientale liée à la Porte91. Bien qu’il ait prétendu s’être enfui pour sauver sa vie, la raison initiale, ou tout au moins le prétexte de départ de Gedeon pour Baturyn, pouvait être un conflit familial, dont parle le général écossais au service russe présent alors à Kiev, Patrick Gordon92. S’y ajoutait également l’ordre du roi, attesté par une lettre remise par l’hetman aux autorités moscovites, de négocier discrètement avec Samojlovyč un rapprochement avec l’État polono-lituanien93. Toutefois, une fois la frontière passée, l’évêque Gedeon obtint l’asile dans un monastère des alentours de Baturyn, et les souverains russes Ivan, Pierre et Sophie, par un acte délivré le 9 décembre 1684, accordèrent immédiatement à l’évêque la protection de leur « haute main94 ». Gedeon semblait être un candidat parfait à la chaire vacante de Kiev, en danger d’être « accaparée » par « les uniates de l’État polonais », c’est-à-dire par Józef Szumlański, épouvantail de toutes les autorités orthodoxes95. Toute élection au trône de Kiev nécessitait cependant d’obtenir la permission de Constantinople tant pour le choix local du candidat que pour sa consécration ultérieure à Moscou.
29Dès le lendemain de l’arrivée de Gedeon, l’hetman Samojlovyč décida de relancer l’élection au siège du métropolite et, en décembre 1684, il annonça par lettre que le clergé se réunirait l’année suivante, après les fêtes de Pâques96. Ce même mois, la cour russe envoya un Grec du nom de Zaphirios (dit « Sofir » ou « Zaxarij Ivanov » dans les sources russes) auprès du patriarche Jacques de Constantinople pour obtenir la cession des droits de consécration au patriarcat de Moscou97. Lorsqu’elles entreprirent cette démarche au profit de Gedeon Swiatopołk-Czetwertyński, les autorités moscovites semblaient ne pas avoir été au courant de l’existence d’un document d’une importance primordiale, susceptible de légitimer leur requête. Il s’agit d’un acte émis par le patriarche œcuménique Parthénios IV Mogilalos98 et son synode, qui octroyait la permission de procéder à l’élection du métropolite de Kiev et à sa consécration à Moscou99.
30La mise en route des préparatifs pour la future élection du métropolite intervint à un moment délicat pour l’hetman. L’administrateur russe de Sevsk, le voïvode et okolničij Leontij Nepljuev, rapporta au Bureau des ambassadeurs moscovite la décision de l’hetman – alors en deuil, suite à la mort de son fils le 19 mai 1685 – de procéder à l’élection du métropolite destiné à être « dans l’obédience » du patriarche de Moscou. L’élection devait avoir lieu à l’occasion d’un concile réuni à Kiev100. En vue de sa réunion, le 19 juin (a. s.), l’hetman remit à l’iessaoul général Ivan Mazepa et aux colonels cosaques, qui se préparaient à se rendre au concile, une décision synodale du patriarche Parthénios IV de Constantinople « rédigée en grec », accompagnée de sa traduction, afin qu’ils en communiquent la teneur devant l’assemblée. Leontij Nepljuev, qui obtint une copie de la traduction ruthène de ce document, l’envoya à Moscou101.
31Cette copie de la traduction, portant une notice au verso spécifiant qu’elle avait été envoyée de la part du voïvode de Sevsk et reçue au Bureau des ambassadeurs en juillet 1685, est toujours conservée aux archives de Moscou102. Le texte du document, daté du 7 février 1685, porte la liste des signatures des douze hiérarques orthodoxes, membres du synode constantinopolitain, qui avaient confirmé l’authenticité de l’original103. Le document annonçait que le patriarche avait accepté avec joie la demande qui lui avait été adressée de consacrer un métropolite sur la chaire de Kiev pour que « les loups féroces n’entrent pas dans ce diocèse » pour « déchirer les fidèles orthodoxes » et « pour que les hérésies n’y prennent pas pied » (Mt 7,15 ; Ac 20,29). Dans ce but, et en accord avec son synode, le patriarche annonçait avoir décidé que le « bienheureux archevêque de Moscou », conformément aux canons, « en réunissant trois hiérarques du même pays, consacrerait de ses mains, de manière conciliaire, le Révérend hiéromoine et confesseur, le Sieur Innocenty Gizel, archimandrite [du monastère] des Grottes comme métropolite de Kiev et de toute la Russie104 ». Le texte de cet acte exprimait l’accord du patriarche à la consécration du hiérarque kiévien élu à Moscou. Lors de la réunion du clergé, les représentants de l’hetman pourraient donc s’appuyer sur l’autorité du patriarche œcuménique pour s’assurer que soit régularisée la situation du diocèse en intronisant un métropolite légitime sans recourir à Constantinople.
32L’apparition de la lettre à un moment si opportun et la date de celle-ci soulèvent évidemment bien des questions. Parthénios IV Mogilalos occupa effectivement la chaire patriarcale pour la dernière fois du 10 mars 1684 au 20 mars 1685 : rien d’impossible donc à ce qu’il ait signé l’acte de février 1685. En revanche, l’archimandrite Innocenty Gizel, mentionné dans le texte comme futur métropolite de Kiev, était décédé le 28 novembre 1683. Non seulement, il est difficile d’admettre que la mort de Gizel, archimandrite d’un monastère stavropégiaque du patriarcat œcuménique, n’ait pas été connue sur le Bosphore en février 1685, mais dans le texte de la décision, il est précisé que l’autorisation est accordée « avec joie » en réponse à la demande des « autorités kiéviennes » présentée au patriarche. Doit-on envisager que le patriarche ait répondu par cette lettre à une demande bien plus ancienne, antérieure même à son dernier patriarcat ? Il semble plus probable que le document ait été signé avant le décès de l’archimandrite Gizel, donc, avant novembre 1683, ce qui impliquerait qu’il remonte à un précédent patriarcat de Parthénios IV Mogilalos, puisque celui-ci ne fit pas moins de cinq passages sur le trône de Constantinople.
33Vitalij O. Èjngorn a déjà proposé de dater l’acte du patriarche Parthénios du début de l’année 1676, la mention de 1685 dans le texte n’étant selon lui qu’une erreur fortuite105. K.V. Xarlampovič tomba d’accord avec cette datation (1675-1676), expliquant la concession de l’acte par une requête du clergé kiévien qui aurait entrepris une démarche décisive en réaction aux activités de Józef Szumlański lorsque celui-ci tenta d’obtenir l’accord du gouvernement russe pour ses propres ambitions sur le siège de Kiev106. Quelques particularités du texte confirment ces doutes et suggèrent une date antérieure à 1683. L’interprète, ou le copiste, a ainsi laissé des lacunes à la place des noms du patriarche de Moscou qui devait procéder à la consécration de Gizel et du métropolite de Kiev décédé dont Gizel était censé prendre la succession. Il semble bien improbable que les lacunes n’aient pas existé dans l’original grec et qu’elles soient dues à l’incapacité de l’interprète de rendre correctement les noms des hiérarques. Il faut admettre soit que les lacunes existaient dans l’original, reflétant le fait que le patriarche Parthénios n’était pas sûr du nom de son confrère de Moscou, soit que cette omission par le copiste de la traduction avait pour intention initiale de dissimuler la date réelle de la décision. Toutefois, si tel était son but, laisser le nom de Gizel constituerait une erreur grossière et pour le moins étrange. Quoi qu’il en soit, le patriarche russe Joachim occupait sa chaire depuis juillet 1674, et en 1685 le patriarche de Constantinople ne pouvait ignorer son nom, même s’il pouvait avoir des doutes sur celui du métropolite légitime de Kiev décédé. Selon V. Èjngorn, cet acte synodal fut rédigé au début de 1676, lorsque Parthénios redevint patriarche. La succession récente sur le trône de Moscou entre Pitirim, mort en avril 1673, et Joachim, élu le 26 juillet 1674, expliquerait que le nom du nouveau patriarche russe ait pu être inconnu à Parthénios. L’omission du nom du métropolite de Kiev décédé pourrait découler du texte original, mais elle peut aussi remonter plus simplement à la traduction ou à la copie de la traduction, dans le but cette fois de dissimuler la date de l’original.
34Les noms des métropolites signataires permettent de proposer quelques observations en faveur d’un terminus ante quem de l’acte lié au décès d’Innocenty Gizel. Les plus significatifs sont ceux de Kallistos de Corinthe et de Timothée de Vidin. Le métropolite Kallistos de Corinthe fut ordonné le 7 novembre 1668, sa chaire étant déjà occupée en 1684 par son successeur Zacharias107. À nouveau, donc, cette succession va à l’encontre de l’année indiquée sur la copie de la traduction, 1685. Le métropolite, Timothée de Vidin, fut, quant à lui, ordonné le 20 mai 1676, ce qui fixe le terminus post quem du document108. Ainsi, si le métropolite de Kiev mentionné dans l’acte comme décédé est à identifier avec Józef Nielubowicz-Tukalski, mort le 26 juillet 1675, et si le texte a pour terminus ante quem le décès de Gizel (1683) et pour terminus post quem la nomination de Timothée de Vidin le 20 mai 1676, le cadre chronologique se réduit à quelques mois, puisque entre ces deux dates le patriarche Parthénios IV Mogilalos n’occupa le trône patriarcal qu’entre le 1er janvier 1675 et le 19 juillet 1676 (son quatrième patriarcat). L’acte devrait donc avoir été signé entre la fin mai et le 19 juillet 1676, arrivant en terre ukrainienne vers l’automne de la même année. On est par ailleurs assez proche de la mort de Józef Nielubowicz-Tukalski pour que la référence à cet événement se justifie pleinement. En outre, la décision prise alors d’envoyer le nouvel élu chercher son ordination à Moscou s’explique par l’interdiction édictée par la Diète au début de l’année (2 février-14 mars 1676) de tout contact entre orthodoxes ruthènes et Constantinople.
35L’acte de Parthénios pourtant est mentionné dans les suppléments du Dôdékabiblos de Dosithée de Jérusalem. Dans les parties complémentaires de cette monumentale histoire de l’Église de Jérusalem qui n’étaient pas intégrées dans l’édition de 1715/1725, le patriarche fait référence à l’acte de Parthénios. D’après l’avis de Dosithée exprimé dans cette partie de l’ouvrage, Joachim de Moscou, qui est lui-même devenu patriarche de manière douteuse, a fait un acte anticanonique en procédant à l’intronisation de Gedeon de Kiev. Le patriarche de Constantinople, Parthénios, caractérisé par le proverbe grec « l’homme analphabète qui est comme un morceau de bois », corrompu par l’argent, a donné en secret un certain écrit (grammation) par lequel il a reconnu que « la métropole de Kiev serait sous le patriarche de Moscou » (καὶ λαμβάνει μὲ δῶρα κρυφίως γραμμάτιον δηλοῦν ὅτι ἡ μητρόπολις Κιέβου νὰ εἶναι ὑπὸ τὸν πατριάρχην Μοσχοβίας). Cette lettre a été envoyée « de Moscou » au patriarche et au sultan pour obtenir une lettre synodale de confirmation de cette décision de « Mogilalos109 ». Ce texte ne permet pas de comprendre si la lettre du patriarche Parthénios était récente ou non, il est simplement évident que les autorités moscovites s’appuyaient sur le texte de la lettre pour obtenir la confirmation des droits de consacrer les hiérarques pour la chaire kiévienne.
36Il en découle deux conséquences. Tout d’abord, en 1676, tant le clergé kiévien que le patriarche Parthénios IV de Constantinople étaient particulièrement préoccupés par la situation dans la métropole. L’évêque de L’viv Józef Szumlański prétendait alors aux fonctions de locum tenens, confirmées par le roi Jean III Sobieski le 10 mai 1675, avant même la mort du métropolite Nielubowicz-Tukalski110. On comprend donc que le patriarche Parthénios IV, en réponse à la demande du clergé local, comme précisé dans l’acte, ait tenté d’assurer la gouvernance spirituelle des ouailles ruthènes pour les protéger de l’influence du clergé pro-polonais, pro-unioniste et, incidemment, anti-ottoman111. Les activités de Józef Szumlański suscitaient de fortes craintes chez tous les patriarches (en fait, quiconque occupait le trône), lesquels cherchaient à protéger le diocèse en s’appuyant sur les autorités laïques, ottomanes ou moscovites. Nul hasard donc à ce que le nom de Szumlański, « l’apostat de la sainte Église orientale », qui « a récemment rejoint l’Église romaine » et qui « ose apposer une signature comme gardien de cette métropole de Kiev » resurgisse aussi lors des négociations de l’envoyé russe avec le patriarche œcuménique Dionysios IV dix ans plus tard, en 1686112. On savait bien à Moscou que la situation en Pologne-Lituanie était source de forte inquiétude à Constantinople.
37Mais si le clergé et le patriarche s’inquiétaient et se pressaient de résoudre la situation, tel n’était visiblement pas le cas de l’hetman Ivan Samojlovyč. Lorsque l’acte synodal fut envoyé à Moscou durant l’été 1685, il devait être entre les mains de Samojlovyč depuis déjà presque neuf ans. L’acte fut sans doute mis initialement sous le boisseau parce que la candidature de Gizel était inacceptable pour l’hetman. Bien évidemment, il s’agissait de l’un des membres les plus respectés du clergé kiévien, candidat potentiel à la chaire depuis les années 1650. Mais le rôle d’intermédiaire que l’archimandrite du monastère de Grottes avait assumé dans les négociations entre le gouvernement moscovite et l’hetman Dorošenko le rendait suspect aux yeux de Samojlovyč, inquiet des possibles conséquences d’un accord entre le tsar et l’hetman cosaque de la Rive droite du Dniepr113. Si Dorošenko était amené à rejeter la protection de la Porte en faveur de celle de Moscou, l’alliance de Samojlovyč perdrait l’essentiel de sa valeur aux yeux des tsars, fragilisant sa position en Ukraine114. Qu’Innocenty Gizel ait été jusqu’à tenter de persuader les autorités moscovites de laisser le métropolite Józef Nielubowicz-Tukalski, soutien de Dorošenko, occuper sa chaire à Kiev ne pouvait que conforter les soupçons de Samojlovyč, qui semble avoir contrôlé dès 1675 la correspondance de l’archimandrite avec Moscou115. En 1673-1676, Samojlovyč se méfiait de tous les représentants du clergé local, y compris l’archevêque de Černihiv Łazarz Baranowicz116. Nul hasard, donc, que les négociations concernant la chaire de Kiev aient recommencé lorsque Gizel fut à l’article de la mort, un événement que l’hetman annonça lui-même dans une lettre aux tsars117. L’arrivée de Gedeon Swiatopołk-Czetwertyński, réfugié des terres polonaises, semble avoir répondu au souhait de Samojlovyč de disposer d’un candidat étranger aux cercles ecclésiastiques kiéviens dont la fidélité ne lui paraissait pas toute acquise118.
38On comprendrait donc dans ce cadre que l’hetman ait bloqué la communication de la lettre patriarcale en 1676, avant de la rendre finalement publique lorsque cela favorisa ses ambitions. En juin 1685, avant la réunion du clergé kiévien pour l’élection, Samojlovyč décrit d’ailleurs dans sa lettre aux tsars la redécouverte de ce document essentiel en termes quelque peu embarrassés : « Et j’ai pu mettre la main sur une lettre grecque du très saint patriarche de Constantinople Parthénios, très utile pour procéder à l’élection ; j’en ai donné une copie à l’okolničij [Nepljuev], et j’ai envoyé l’original à l’assemblée élective pour l’information de tous119 ». En ressortant ce document de ses archives, l’hetman escomptait sans doute que la solution proposée par Parthénios permettrait au clergé kiévien d’obtenir son indépendance à l’égard des autorités ecclésiastiques contrôlées par la Porte et la République polono-lituanienne. L’importance de l’acte synodal résidait donc dans le fait d’établir un précédent : le consentement par le patriarche de Constantinople à une éventuelle bénédiction d’un métropolite élu à Moscou. Le document fournissait ainsi un argument de poids pour négocier avec le clergé ruthène le transfert des droits de consécration des métropolites de Kiev au patriarche russe.
39Si la date proposée ici est correcte, la lettre du patriarche œcuménique arriva après la reddition de l’hetman Dorošenko à Samojlovyč (en automne 1676). Ce dernier espérait alors probablement récupérer le contrôle politique de l’Ukraine sans même avoir à le partager d’emblée avec Moscou. Le renforcement des liens ecclésiastiques avec Moscou n’était donc pas à l’ordre du jour, d’autant plus que l’hetman était mécontent d’avoir à livrer son prisonnier, ex-vassal ottoman, aux autorités moscovites120. Le 29 janvier (8 février) 1676, le tsar russe Alexis décéda et peu du temps après, le chef du Bureau des ambassadeurs Matveev fut exilé121. Ces deux événements eurent pour conséquence un changement crucial dans l’orientation politique, avec la remise en question des relations de la Russie avec l’hetman et le clergé de Kiev122. Bien que Samojlovyč ait dû se rapprocher à nouveau de Moscou pour faire face à l’hetman Jurij Xmel’nyc’kyj (1676-1681, 1683-1685), successeur de Dorošenko comme champion des intérêts de la Porte, il semble encore avoir conservé l’espoir de préserver l’indépendance ecclésiastique de Kiev. Pourtant, la situation changea vers la fin de l’année 1684 : Samojlovyč prit la décision de procéder à l’élection d’un métropolite qui serait consacré à Moscou, en ressortant à cette fin l’acte de 1676, et spécifia que celle-ci interviendrait après les fêtes de Pâques de 1685 dans une lettre adressée le 18 décembre 1684 à l’archevêque de Černihiv Łazarz Baranowicz123. Rien d’étonnant à ce que plusieurs lettres envoyées par les autorités moscovites en Orient durant l’année 1685, lorsque les négociations sur le destin de l’Église de Kiev s’accélèrent, fassent référence à la lettre synodale du patriarche Parthénios124. À l’évidence, Moscou faisait le plus grand cas de cet accord explicite d’un patriarche œcuménique à une cession des droits de son siège en faveur de son confrère moscovite. L’hetman qui menait les pourparlers demeurait toutefois préoccupé par le mécontentement qu’une telle élection engendrait auprès d’une partie du clergé ruthène. Certains de ses plus influents représentants se refusaient à admettre que le droit canon soit violé si ouvertement125 et même la lettre synodale, opportunément réapparue juste avant la réunion du clergé kiévien, ne suffisait pas à atténuer leurs réticences. Même ceux qui voyaient d’un bon œil le transfert s’inquiétaient des conséquences sur les « anciens usages » et les droits des diocèses, traditionnellement reconnus et respectés par le patriarcat de Constantinople.
Les « anciens usages » de la métropole de Kiev et l’élection de Gedeon Swiatopołk-Czetwertyński
40Zaphirios, qui avait pour mission de négocier avec les patriarches orientaux la possibilité de consacrer à Moscou le nouveau métropolite de Kiev, n’arriva à Constantinople qu’en juin 1685, après que le patriarche Parthénios IV, favorable au transfert du droit d’ordination des métropolites au patriarche de Moscou, eut cédé son siège à Jacques126. La mission ne porta guère de fruits. De retour, au printemps 1686, le Grec annonça le 15 mars à Serpukhov, sur le chemin de la capitale russe, que le nouveau patriarche avait peur d’entretenir des contacts avec Moscou « à cause des temps troublés ». Sur l’insistance du patriarche, Zaphirios était même allé à Andrinople consulter le grand drogman de la Porte, Alexandre Mavrocordato, au sujet de Kiev. Celui-ci lui avait confirmé que les temps n’étaient pas mûrs pour régler la question du transfert à Moscou des droits sur la métropole en raison des « désordres » prévalant dans l’Empire ottoman. Il faudrait donc patienter jusqu’à une occasion plus convenable127. Pourtant, ni l’hetman Samojlovyč, ni les autorités moscovites ne voulaient reporter encore la résolution de la situation du siège métropolitain.
41En juin 1685, sans attendre le retour de l’envoyé ou la réception de l’avis officiel du patriarche de Constantinople, un groupe de hiérarques orthodoxes ruthènes élut, à l’instigation de l’hetman, l’évêque Gedeon Swiatopołk-Czetwertyński au trône de Kiev. Malgré les protestations d’une partie du clergé et l’absence de Łazarz Baranowicz, influent archevêque de Černihiv128, on procéda à l’élection et le nouveau titulaire du siège de Kiev partit requérir son intronisation à Moscou129. Le problème de la longue vacance de la chaire de Kiev s’aggrava donc d’une élection non canonique. Le clergé s’inquiétait que le choix de Gedeon ne soit pas entériné par le patriarche de Constantinople. Samojlovyč prévint également par lettre le patriarche russe et les tsars que le clergé kiévien s’inquiétait du futur statut de la métropole au sein de l’Église moscovite. L’hetman se faisait le relais des ecclésiastiques locaux pour supplier le gouvernement russe non seulement de tout mettre en œuvre pour obtenir l’accord du patriarche de Constantinople à la bénédiction du nouvel impétrant à Moscou, mais aussi de s’engager à préserver tous les « droits et privilèges » du siège kiévien sous la nouvelle tutelle moscovite.
42Ces « droits » et « usages » auxquels les chefs de la métropole et l’hetman étaient si attachés correspondaient sans doute à divers privilèges dont jouissaient les métropolites de Kiev au sein de l’Église de Constantinople. Bien que l’on ne puisse préciser à quelle date ils remontaient, leur importance illustre l’idée que se faisait le clergé ruthène du statut particulier de son Église. Certains pensaient même que la chaire était pratiquement indépendante du patriarcat œcuménique130. Parmi ces droits du métropolite, le titre honorifique d’exarque était de première importance131. Le clergé de la métropole et les laïcs insistaient sur la possibilité d’élire leur métropolite en assemblée132. Le métropolite devait également préserver les tribunaux ecclésiastiques du diocèse de toute ingérence de son supérieur hiérarchique. Il pouvait se coiffer d’une mitre surmontée d’une croix et marcher précédé d’une croix lors des processions dans son diocèse. Permission, enfin, devait lui être accordée d’imprimer des livres et d’entretenir des écoles à proximité des églises enseignant le grec et le latin133. Cette énumération des droits et usages traditionnels semble refléter la pratique effective de la métropole, telle qu’elle transparaît dans de nombreuses sources.
43Il n’est pas impossible que ces droits se soient accrus spécialement après 1620-1621. À cette date, le patriarche Théophane de Jérusalem, en réaction contre le rattachement de l’Église de Kiev à l’autorité romaine promulgué en 1596 à Brest par les hiérarques locaux, avait en effet œuvré au rétablissement de la hiérarchie orthodoxe134. Izajasz Kopiński, évêque de Przemyśl puis métropolite de Kiev, avait le titre d’exarque et, à partir de l’élection du métropolite Piotr Mohyła (Petru Movilă) (1633-1647), les hiérarques de Kiev jouissaient systématiquement de ce titre honorifique135. En outre, c’est à partir de 1615 que le monastère des Grottes se dota de sa propre imprimerie et qu’une école commença à fonctionner au monastère de la confrérie de Kiev, lequel fut transformé en un collège pour étudiants orthodoxes sous le métropolite Piotr Mohyła136. Une nouvelle phase d’affirmation de l’importance de l’Église orthodoxe ruthène intervint en 1632 lorsque le roi Ladislas IV légalisa son existence. L’accroissement des privilèges du siège, alors situé entièrement sur le territoire polono-lituanien, alla de pair avec le développement de l’influence du clergé kiévien sur toute l’Église orientale à cette époque. Piotr Mohyła et son entourage (secondés, il est vrai, par le théologien grec Mélétios Syrigos) composèrent la « Confession de foi » qui formulait le dogme commun aux orthodoxes et qui fut reçue par tous les patriarcats orientaux137. Les droits des autorités laïques se renforcèrent au plus tard lors de l’élection de Mohyła, puisqu’elles purent prendre alors part au choix du métropolite. De son côté, Izajasz Kopiński fut probablement destitué pour avoir été consacré sans élection préalable et donc en rupture avec la « tradition » de l’Église kiévienne138.
44Toutefois, cet « usage » pourrait être antérieur puisque l’on sait que des assemblées électorales comptant des laïcs appartenant, bien entendu, aux élites politiques, fonctionnaient déjà dans le diocèse au XVIe siècle139. La pratique n’était d’ailleurs pas une spécificité locale : de telles assemblées mixtes fonctionnaient dans d’autres diocèses relevant du patriarcat de Constantinople, comme, par exemple, dans les territoires vénitiens140. L’hetman Samojlovyč fait référence à cet usage en en soulignant l’ancienneté dans une lettre aux tsars rédigée dans le cadre des préparatifs de l’élection de Gedeon en juin 1685 : « Comme depuis longtemps dans ce pays et dans le diocèse de Kiev existait l’usage que, pour l’élection du métropolite, les laïcs ayant autorité viennent également au concile ecclésiastique…141 ». Dans la même lettre, il précise également que le clergé ruthène n’est soumis qu’à la juridiction de ses propres hiérarques, sans que le patriarche puisse intervenir, car le « clergé kiévien n’est pas habitué à cela142 ». En 1681, en revanche, comme on le voit, le métropolite de Kam’janec’ ne fut pas élu sur place par l’assemblée diocésaine, mais fut choisi parmi les hiérarques et ex-hiérarques du patriarcat de Constantinople et intronisé par le patriarche et le synode. Cet exemple montre que les « usages » de la métropole de Kiev étaient nés des évolutions propres à l’histoire de l’administration du diocèse et ne concernaient pas nécessairement les sièges « voisins », tels que la métropole reconstituée de Halyč, dépendante du patriarcat œcuménique.
45Samojlovyč était bien décidé à ne pas brader les droits de l’Église kiévienne et insista devant les autorités moscovites sur l’attribution du titre d’exarque du patriarcat de Constantinople au futur élu. Il souligna que :
Quand ils – les grands souverains – ont reconnu gracieusement aux clercs de la métropole de Kiev tous les anciens droits et privilèges, parmi ceux-ci devait notamment se trouver l’exarchat, parce que, en l’absence d’exarchat, associé à la dignité métropolitaine, tous les pieux habitants de l’État polonais seraient dans le désespoir et se détourneraient de la piété sous la contrainte et seraient astreints à l’Union ou demanderaient à Constantinople un autre métropolite, et la sainte Église serait divisée, et tout le clergé avec tout le peuple de la Petite Russie viendraient à penser que leurs privilèges séculaires sont en train d’être modifiés143.
46Le souci de conserver le titre d’exarque patriarcal au métropolite visait sans doute à pallier le risque d’un nouveau dédoublement du titulaire de la chaire de Kiev au cas où le clergé fidèle aux autorités polonaises réussirait à obtenir de Constantinople la bénédiction pour son propre représentant144. Le titre d’exarque porté par Gedeon devait officialiser le fait que le patriarche œcuménique le considérait bien comme son représentant légal, obligeant l’ensemble du clergé du diocèse à accepter sa légitimité canonique. Le titre d’exarque, de l’avis de l’hetman, démultiplierait l’influence du métropolite, jusque dans les régions de son diocèse situées en terre polonaise, « jusqu’à la mer Baltique145 ». Ceci ne pouvait qu’être avantageux pour l’hetman puisque la libre élection du métropolite par une assemblée réunie à Kiev intégrant des laïcs lui permettait d’influer sur le choix de l’impétrant. Le candidat dont il assurerait l’élection servirait ensuite de relais à son autorité bien au-delà de la fraction du diocèse de Kiev que contrôlait directement l’administration cosaque et moscovite.
47À Moscou, les représentants de l’hetman menaient les pourparlers sur les futurs droits de la métropole de Kiev dans le cadre du patriarcat de Moscou avec le tout-puissant prince Vasilij Golicyn, lequel, depuis 1682, dirigeait le Bureau des ambassadeurs146. L’accueil réservé par ce dernier aux requêtes relatives à la préservation des « droits et usages » des métropolites de Kiev fut mitigé : tous les privilèges et usages seraient confirmés, à l’exception, précisément, du titre d’exarque. Selon ses termes, « il [serait] indécent » qu’il soit appelé exarque du patriarche de Constantinople, puisque désormais le métropolite « [devait] être sous la bénédiction de notre père dans l’Esprit saint, le très saint patriarche Joachim de Moscou et de toute la Russie… et non de celui de Constantinople147 ». Un seul métropolite ne pouvait pas être exarque de deux patriarches148. Tout en insistant sur cette impossibilité et sur la nécessité d’abandonner ce titre, Golicyn expliquait aux émissaires de Samojlovyč que, pour avoir le droit à la dignité d’exarque, il fallait envoyer une mission au patriarche de Constantinople pour discuter avec lui de cette question149. La chose ne fut jamais réalisée et les métropolites de Kiev furent forcés d’abandonner définitivement leur dignité d’exarque.
48Néanmoins, si le titre d’exarque avait dû être sacrifié avec le passage sous la juridiction de Moscou, l’intronisation de Gedeon, effectuée le 8 novembre 1685 par le patriarche russe Joachim, s’accompagna effectivement de la reconnaissance d’une très large autonomie à l’Église kiévienne150. Pour autant, il demeurait encore à faire accepter au patriarcat de Constantinople ce fait accompli pour que l’élection et l’intronisation ne soient pas considérées comme une violation du droit canonique. Le point était de la plus haute importance car, si l’on en croit une lettre de l’hetman Samojlovyč, le clergé kiévien avait « l’esprit déchiré », craignant que le rejet de l’obédience du patriarche de Constantinople ne lui vaille la promulgation d’une excommunication à l’encontre de la métropole151. Si les lettres adressées aux autorités moscovites par l’hetman et Gedeon révèlent l’inquiétude que suscitait le changement d’obédience et de juridiction152, les lettres adressées au clergé kiévien depuis Moscou manifestent au contraire l’assurance que la future ambassade auprès du patriarche œcuménique obtiendrait la « concession » de la métropole au patriarche russe « pour des siècles à venir et sans aucun doute153 ».
La mission de Nikita Alekseev : les instructions et les lettres
49Le gouvernement russe devait donc obtenir au plus vite l’accord du patriarcat œcuménique pour le transfert de juridiction. C’est ainsi qu’en novembre 1685, une délégation russe menée par le podiačij (fonctionnaire du Bureau des ambassadeurs moscovite) Nikita Alekseev prit le chemin de l’Empire ottoman154. Un dossier documentaire fourni, relatif à cette ambassade, reflète son importance : la typologie des textes disponibles est très large, allant des papiers préparatoires aux traductions des lettres rapportées de Constantinople, en passant par les instructions que l’envoyé reçut à son départ. Les instructions et le rapport de l’envoyé russe comptent parmi les sources les plus importantes sur les pourparlers concernant le destin de la métropole de Kiev. Le texte des instructions, dont la première rédaction remonte à octobre 1685, montre que des corrections y avaient été introduites le 19 novembre, quelques jours avant le départ de l’ambassade155, car Nikita Alekseev devait résoudre avec le Grand Vizir ottoman une série de problèmes concernant le traité de paix signé à Bağçasaray en 1681. Les problèmes évoqués dans la lettre adressée au sultan par les tsars concernaient au premier chef les conflits entre les cosaques et les Tatars dans les régions frontalières, le long du Dniepr, conflits liés à la pêche et à la production du sel à laquelle s’adonnait la population locale156. Enfin y était évoquée la saisie illégale de captifs.
50À côté de ces questions relatives aux zones de frontière, les instructions présentaient comme l’objectif principal de la mission la résolution avec les patriarches orientaux de la situation de la métropole de Kiev. Le traitement de l’affaire devait néanmoins, comme il est dit explicitement, attirer le moins possible l’attention des autorités ottomanes157. Les instructions détaillées reçues par le représentant de Moscou à ce propos contenaient un argumentaire détaillé pour justifier devant les patriarches de Constantinople et de Jérusalem un changement de juridiction sur la métropole. Cependant, malgré ces préparatifs mûrement réfléchis, les instructions envisageaient l’éventualité d’un refus du patriarche à ce que les métropolites de Kiev passent « sous la bénédiction du très saint patriarche de Moscou158 ». La solution n’avait rien d’évident et une grande habileté diplomatique s’avérait nécessaire. Cette dernière pouvait du moins se prévaloir de quelques ressources financières dont l’ambassadeur était libre de jouer pour obtenir du patriarche son accord à l’égard des requêtes russes.
51Le gouvernement moscovite entamait les pourparlers avec les chefs de l’Église orientale au nom des tsars, mais bien évidemment le patriarche de Moscou s’associait à leur démarche au nom de la nécessité de mettre la situation en conformité avec les canons. Nikita Alekseev emporta donc avec lui une lettre de Joachim de Moscou, qu’il devait présenter au patriarche de Constantinople en même temps que celle des tsars159. L’envoyé, selon les instructions reçues du Bureau des ambassadeurs, devait essayer de savoir à l’avance ce que Joachim avait écrit au patriarche en se procurant une copie de la lettre du chef de l’Église russe afin de vérifier que ce texte était bien en accord avec la position des autorités laïques. S’il trouvait quelque chose de contradictoire, il lui faudrait choisir des « réponses prudentes selon la situation » aux questions du patriarche de Constantinople160. Ces documents reflètent les relations compliquées entre Joachim et le prince Vasilij Golicyn. Le patriarche, en effet, se refusait à cautionner les droits au trône russe de la princesse Sophie, dont Golicyn était le favori. Ce parti espérait faire reconnaître cette parité de souveraineté grâce au couronnement de Sophie et à la commémoration de celle-ci en tant qu’« autocrate » aux côtés de ses frères lors de la liturgie161.
52Bien que les intérêts du patriarche et de Golicyn aient convergé, la position de Joachim sur la métropole de Kiev était, semble-t-il, beaucoup plus radicale que celle du gouvernement. Avant son départ de Moscou, Nikita Alekseev reçut de Joachim non seulement la lettre adressée au patriarche de Constantinople, déjà évoquée, mais également des instructions sur la façon de mener les négociations162. Dans ces instructions, le patriarche soulignait l’appartenance initiale de la métropole kiévienne à « un seul diocèse russe163 », dont elle avait été indûment séparée. Cette idée fondait l’argumentaire de Joachim, également repris dans sa lettre adressée à l’hetman Samojlovyč en septembre 1685, en réponse à l’annonce de l’élection du métropolite Gedeon : « Depuis le début, il y avait en Russie une seule et même métropole russe de la sainte et pieuse foi et partout les Russes étaient dans l’allégeance et dans l’obédience du siège de toute la Russie164 ». Le même argument resurgit dans la première variante de la lettre de Joachim au patriarche œcuménique Jacques, laquelle ne fut pas envoyée. Le changement dans le texte fut probablement dû à la position plus modérée des autorités laïques russes, lesquelles n’osaient pas postuler si ouvertement les droits de Moscou sur l’ensemble du diocèse dans ses frontières antérieures à la scission de l’ancienne métropole de Kiev survenue au milieu du XVe siècle. On jugea sans doute hors de propos de reprocher directement au patriarcat œcuménique cette décision165. La lettre envoyée fut donc modifiée de manière significative et la mention d’un « diocèse russe uni » dont le patriarche de Moscou était le pasteur légitime ne fut incluse dans le texte final que dans une version plus lapidaire évoquant l’unité ancienne et « naturelle » de l’Église de « toute la Russie166 ». Les reproches que la version initiale adressait au patriarche œcuménique pour « l’outrage » qu’avait constitué la consécration de deux métropolites « de toute la Russie » par ses prédécesseurs sur le trône de Constantinople furent omis, de même que toute évocation de la violation des « canons des Saints-Pères » qu’une telle division constituait. La position russe n’en demeurait pas moins clairement exprimée : il fallait revenir à l’ordre canonique ancien pour que « le diocèse russe [soit] seul comme jadis167 ». La métropole de Kiev devait « revenir » au sein de l’Église moscovite, censée être la seule et unique héritière de l’ancienne Église de Kiev et de toute la Rus’168.
53La cour moscovite savait que les patriarches de Constantinople changeaient très rapidement et, en conséquence, Nikita Alekseev reçut des tsars deux lettres « en réserve169 », une pour Jacques, redevenu patriarche en mars 1685, et l’autre pour Parthénios IV. Il est probable que la capitale russe espérait le retour de Parthénios, naguère partisan d’une solution favorable à Moscou, et il était impossible de prévoir que la chute de Jacques profiterait en réalité à Dionysios IV, de retour sur le siège patriarcal à la veille de l’arrivée de l’ambassadeur. Les lettres des tsars envoyées par l’entremise de Nikita Alekseev aux deux patriarches170, ainsi que la première version de la lettre du patriarche Joachim, font bien référence à l’acte synodal signé par Parthénios IV en 1676171. Les lettres des tsars citent directement la traduction de cet acte qui montrait la voie à suivre pour résoudre l’affaire :
Votre Sainteté peut sans aucune difficulté donner sa bénédiction pour cette concession demandée par Notre Majesté concernant la métropole de Kiev, puisque par le passé, à une époque récente, le très saint patriarche Parthénios de Constantinople a écrit et a donné sa bénédiction – confirmée par sa propre signature et celles de douze très révérends métropolites – aux personnes ecclésiastiques de cette métropole de Kiev, en réponse à leur demande et afin que dans ce diocèse il n’y ait pas de loups pour s’en prendre au troupeau du Christ, ni d’hérésies pour que d’après sa sainte concession et en accord avec les canons ecclésiastiques, le très saint patriarche de Moscou et de toute la Russie consacre en concile sur le siège de Kiev le père Innocenty Gizel, archimandrite du monastère des Grottes, comme métropolite de ce diocèse172.
54Qu’un patriarche œcuménique ait déjà proposé que la consécration du métropolite de Kiev ait lieu à Moscou permettait d’espérer l’accord définitif du patriarche pour la translation du diocèse de Kiev sous l’autorité du patriarcat russe. Évidemment, une éventuelle réélection de Parthénios à un nouveau patriarcat aurait constitué la configuration la plus favorable aux projets russes.
55Si Moscou se démenait pour assurer la réussite de la mission auprès du patriarche, l’hetman n’entendait pas davantage laisser les pourparlers échapper à son contrôle et envisageait d’envoyer à Constantinople son propre représentant sous le prétexte de négociations sur la libération de prisonniers de guerre173. C’est ainsi que l’ambassadeur moscovite Nikita Alekseev, lors d’une étape à Baturyn auprès de Samojlovyč, dut attendre le retour de Moscou du chancelier général de l’armée zaporogue, Vasylij Kočubej, envoyé avec « instructions et supplique » de l’hetman à Moscou174. Il devait y renégocier le passage du métropolite de Kiev sous la juridiction du patriarche moscovite avec la préservation de tous les « usages » et transmettre la demande de Samojlovyč :
Pour que les grands souverains lui fassent une grâce, à lui l’hetman, en lui donnant l’ordre, ainsi qu’à tous les clercs de la métropole de Kiev, d’envoyer au patriarche de Constantinople leur propre représentant, aux côtés de l’envoyé de Sa Majesté le tsar, pour lui demander sa bénédiction et sa permission, afin de préserver leur conscience de l’horreur d’une excommunication175.
56Le « représentant de l’hetman », Ivan Lisica, se joignit à Nikita Alekseev à Baturyn et les deux émissaires partirent ensemble accomplir leur mission176. Nikita Alekseev, qui espérait visiter discrètement les patriarches orientaux à Constantinople, avant de procéder vers Andrinople, résidence du gouvernement ottoman, fut extrêmement agacé des manœuvres de Lisica, qui obtint du khan de Crimée la permission de continuer son chemin en direction de l’Empire ottoman par voie terrestre. En effet, cela imposait de se rendre à Andrinople avant Constantinople, hypothéquant la possibilité de négociations discrètes sur les problèmes ecclésiastiques177. Malgré son mécontentement, Nikita Alekseev tira finalement profit de cette modification de l’itinéraire puisque, au moment même de l’arrivée de l’ambassade russe à Andrinople, le patriarche Dionysios IV venait d’être réinstallé sur le trône patriarcal (le 7 [17] avril)178. Devant recevoir la confirmation de son élection du sultan et du Grand Vizir Süleyman pacha, le chef de l’Église de Constantinople séjournait en personne à Andrinople.
Les décisions relatives à la métropole de Kiev prises par les patriarches orientaux en avril-juin 1686
L’avis du patriarche Dosithée de Jérusalem
57Malgré la venue à point nommé du patriarche nouvellement élu à Andrinople, ni Dosithée de Jérusalem, ni Dionysios de Constantinople ne voulurent recevoir l’envoyé moscovite avant la visite officielle de ce dernier aux autorités ottomanes. Nikita Alekseev dut donc changer de tactique et se rendre auprès du Grand Vizir, entamant des pourparlers pour obtenir, entre autres, son appui dans le règlement des affaires ecclésiastiques avec le patriarche179. Ce ne fut qu’après cette rencontre que l’ambassadeur put s’atteler à la partie essentielle de sa mission : rencontrer le patriarche de Jérusalem et le nouvel élu de Constantinople pour en obtenir une « lettre d’absolution » et de bénédiction pour le transfert de la métropole de Kiev.
58Dosithée de Jérusalem fut le premier à recevoir la délégation et à exposer sa position personnelle : le transfert de la métropole de Kiev d’un patriarche à un autre était canoniquement impossible. L’opinion de Dosithée est exprimée dans les lettres qu’il adressa en avril aux tsars Ivan et Pierre et au patriarche de Moscou, Joachim, par l’entremise de l’émissaire moscovite. Trois lettres originales (une aux tsars et deux au patriarche russe) furent rédigées de la main de l’archimandrite Chrysanthos Notaras, puis signées par Dosithée lui-même180. Elles traitent des pourparlers et plus particulièrement de la légitimité canonique de l’élection récente d’un métropolite sur le siège de Kiev.
59La lettre adressée au patriarche Joachim condamne sévèrement les tentatives pour « s’approprier le diocèse d’un autre », avec le risque de déboucher sur de grands désordres si la partie du diocèse restée sous le pouvoir polonais demandait la consécration à Constantinople d’un autre métropolite selon les règles canoniques181. Le patriarche ne prenait guère de précautions oratoires, accusant ouvertement les autorités russes d’une tentative de simonie et de corruption du patriarche œcuménique. Dans sa lettre aux tsars, Dosithée donne toutefois son accord à l’intronisation de Gedeon par le patriarche Joachim, tout en soulignant que le diocèse de Kiev devait rester sous l’autorité du patriarche de Constantinople, pouvant tout au plus être « administrée » par le patriarche de Moscou (νὰ εἶναι ἐπαρχία μὲν τοῦ Κωνσταντινουπόλεως, ἐπιτροπευομένη δὲ παρὰ τοῦ ἁγιωτάτου πατριάρχου Μοσχοβίας / да будет епархия убо Константинополскаго, наместничествующая же от святейшаго патриарха Московскаго)182. La meilleure solution dans cette situation lui semblait de transférer officiellement au patriarche de Moscou le droit de gouverner les affaires du diocèse de Kiev au nom du patriarche œcuménique. Dans ce cadre, Dosithée se déclarait prêt à appuyer les ambitions des tsars russes auprès du patriarche de Constantinople, afin que se dégage une solution acceptable et conforme aux canons.
60Sans même attendre la décision synodale, il annonça à l’ambassadeur l’envoi de lettres (aux tsars, au patriarche russe, à l’hetman, au métropolite Gedeon et à tous les chrétiens de la République polono-lituanienne) pour exposer son point de vue sur la consécration des métropolites de Kiev et son accord pour celle de Gedeon, tout en soulignant que la décision définitive relative à la juridiction sur Kiev ne pouvait être que du ressort d’un concile réunissant les quatre patriarches orientaux183. Dans les lettres au patriarche russe et aux orthodoxes ruthènes, le patriarche Dosithée confirmait qu’il reconnaissait Gedeon comme métropolite légitime de Kiev et exprimait son accord avec la décision prise, par oikonomia, pour que le patriarche de Moscou « gouverne » le diocèse de Kiev184.
Les actes synodaux de juin 1686
61La présence à Andrinople du patriarche œcuménique Dionysios permit aux deux émissaires, moscovite et cosaque, de le rencontrer dès le 20 avril et de recevoir l’assurance qu’il était disposé à résoudre la question conformément aux souhaits des tsars185. Puis, au début de mai, le patriarche Dionysios partit à Constantinople pour accueillir officiellement les ambassadeurs, qui l’y avaient suivi, le 1 (11) juin après la réunion de son synode186. Cette date est indiquée dans le rapport de Nikita Alekseev qui, de retour à Moscou, décrivit la façon dont l’acte de la décision synodale lui avait été confié :
Le 1er juin Nikita visita le patriarche Dionysios, et le patriarche dit à Nikita que lui-même, le patriarche, avec tout le synode, avait pris la décision de concéder la métropole de Kiev au très saint patriarche de Moscou et aux futurs très saints patriarches qui lui succéderaient. Et les actes rédigés furent lus à Nikita et à l’envoyé de l’hetman, et tous les articles y furent écrits en réponse à Leurs Majestés les tsars187.
62Nikita Alekseev soulignait donc que sa mission avait été couronnée de succès et que tous les articles de la décision correspondaient aux instructions qu’il avait reçues de Moscou.
63L’envoyé russe reçut du patriarche plusieurs documents à remettre à Moscou : l’original de l’acte synodal avec 20 signatures188, la résolution synodale sur la procédure de l’élection et de l’intronisation des métropolites de Kiev, une lettre synodale adressée aux tsars et à leur sœur, la régente Sophie, signée par 19 métropolites189, ainsi que plusieurs autres lettres aux tsars, au patriarche Joachim de Moscou (avec 21 signatures), à l’hetman Samojlovyč, au chef du Bureau des ambassadeurs Golicyn et à tous les chrétiens orthodoxes « en Pologne », c’est-à-dire aux fidèles du diocèse de Kiev alors partagé entre plusieurs États, dont la Pologne-Lituanie, l’Armée cosaque et les vastes terres des tsars de Moscou. La majeure partie de cet important groupe de documents relatifs à la métropole de Kiev est conservée seulement sous la forme de traductions russes. Il ne nous reste plus que deux lettres originales grecques émanant du patriarche Dionysios IV, ainsi que les lettres originales du patriarche Dosithée, évoquées plus haut190.
64La lettre de Dionysios, datée de mai 1686, fut rédigée après que le synode du clergé constantinopolitain eut rendu sa décision, puisque le texte mentionne explicitement l’enregistrement de la délibération sur Kiev dans le « codex de la Grande Église » (εἰς τὸν τῆς μεγάλης τοῦ Χριστοῦ ἐκκλησίας κώδικα)191. Les originaux des actes furent signés quelques jours plus tard, le 1er juin, c’est-à-dire lorsqu’ils furent remis aux ambassadeurs. Bien que presque tous ces originaux aient été perdus192, les textes des décisions synodales ont été conservés par une voie détournée. Des copies, sans doute exécutées à partir des textes conservés dans le « codex de la Grande Église », se trouvent dans un manuscrit qui peut être daté du XVIIIe siècle193. La documentation russe comprend bien les traductions de ces mêmes décisions, et notamment de la pièce essentielle du dossier – la délibération sur la canonicité de la consécration des métropolites à Moscou, augmentée de précisions sur la procédure à suivre à la fois pour l’élection et la consécration. Les deux actes synodaux précisent que désormais le diocèse sera soumis au patriarche de Moscou qui procédera aux ordinations des métropolites de Kiev quand le besoin s’en fera sentir, c’est-à-dire en cas d’absence de hiérarque ou de sa déposition légitime (ἵνα ἡ ἁγιωτάτη ἐπαρχία Κιόβου εἴη ὑποκειμένη ὑπὸ τοῦ ἁγιωτάτου πατριαρχικοῦ θρόνου τῆς μεγάλης καὶ θεοσώστου πόλεως Μοσχοβίας). En outre, c’est du patriarche russe que les hiérarques consacrés recevront dorénavant l’acte de leur ordination, dit praxis (λαμβάνειν παρ’ἐκείνου τὴν ἐν μεμβράναις λεγομένην πρᾶξιν)194. Le patriarche de Constantinople demeurait toutefois le supérieur canonique « partout, pour toute paroisse et tout diocèse » de la métropole de Kiev (ὡς ὄντος πηγὴ καὶ ἀρχὴ καὶ ὑπερκειμένου πάντων τῶν πανταχοῦ παροικιῶν τε καὶ ἐπαρχιῶν195). Pour bien marquer ce dernier point, la décision, tout en reconnaissant au patriarche de Moscou le droit de consacrer le métropolite de Kiev élu par le clergé de cette ville, imposait au métropolite de commémorer lors de la liturgie le nom du patriarche de Constantinople avant celui de Moscou (...μνημονεύσῃ ἐν πρώτοις τοῦ σεβασμίου ὀνόματος τοῦ οἰκουμενικοῦ πατριάρχου196). Les actes synodaux précisaient que le patriarche œcuménique restait « l’origine, l’autorité et le supérieur » de toutes les paroisses et diocèses. La lettre du patriarche adressée aux tsars ajoutait même que cet honneur était dû au titulaire du trône de Constantinople car il avait « octroyé au patriarche de Moscou cette charge [d’ordonner le métropolite] » et « avait remis au trône du patriarche de Moscou ce devoir », et parce que « c’est de lui [le patriarche œcuménique] que procédait tout le bien jusqu’aux confins de l’univers, étant la source de toute chose » (ὡς ἐξ αὐτοῦ πάντα τὰ ἀγαθὰ εἰς τὰ τῆς οἰκουμένης πέρατα διαδιδόμενα, καὶ πηγὴ πάντων ὢν καὶ τρόπῳ συγκαταβατικῷ χρωμένη διὰ τὰς ῥηθεῖσας αἰτίας, καὶ παρατιθεμένη εἰς τὸν θρόνον τοῦ πατριάρχου Μοσχοβίας τὴν ταύτην ὑποταγήν197).
65Ainsi, malgré l’affirmation de l’émissaire russe selon laquelle tout avait été réglé pour le mieux, en pleine conformité avec les aspirations de Moscou, la solution proposée dans la décision synodale correspondait exactement aux positions exprimées en avril par le patriarche Dosithée de Jérusalem. Le patriarche de Moscou obtenait le droit de « gouverner » ou « administrer » le diocèse de Kiev, mais au nom de son confrère de Constantinople. Ce dernier lui concédait le droit de procéder aux consécrations, mais les frontières effectives du diocèse ne changeaient pas et l’autorité spirituelle ultime demeurait auprès de celui qui se trouvait « supérieur partout, pour toute paroisse et tout diocèse ».
66Cette solution puisait aux canons antiques qui, s’ils interdisaient de changer les limites des diocèses, permettaient en revanche de déléguer les fonctions pastorales à un autre représentant du clergé. Ainsi, durant l’Antiquité tardive, les chorévèques (τῶν χωρῶν ἐπίσκοποι), comme plus tard les exarques, pouvaient procéder aux ordinations partout dans un diocèse sur ordre ou permission de l’évêque légitime de celui-ci198. C’est sans doute à ces règles canoniques que fit allusion le patriarche Dosithée de Jérusalem devant l’envoyé moscovite Nikita Alekseev lorsqu’il évoqua la possibilité de transmettre le droit d’ordination du métropolite de Kiev au patriarche de Moscou : « et lui, Dosithée, trouva dans les canons que chaque hiérarque pouvait librement relâcher [un suffragant] de son diocèse et le placer sous la bénédiction d’un autre hiérarque, et il [NdT Dosithée] incitera le patriarche Dionysios à faire selon la volonté de Leurs Majestés les tsars199 ». Le transfert du droit de consécration du métropolite ne remit donc pas en cause les droits canoniques éminents du trône de Constantinople, pas plus qu’il n’induisit de modification des limites des diocèses concernés. La décision devait « arranger les affaires de l’Église » par oikonomia (τρόπῳ συγκαταβατικῷ ou κατ’οἰκονομίαν [en russe образом снисходительным ou по снисхождению])200, c’est-à-dire en faisant preuve de « compréhension » pour le bien de la communauté des croyants et en suspendant provisoirement pour les besoins d’un bien supérieur la lettre des canons201.
Les précédents de la décision de 1686
67L’original d’une lettre du patriarche Dionysios parvenu jusqu’à nous fut rédigé par Jean Karyophyllès, dont la longue carrière au sein de la Grande Église l’avait alors porté à exercer les fonctions de Grand Logothète du patriarcat de Constantinople202. En marge de ses activités au sein de la chancellerie, Jean Karyophyllès, l’un des plus savants représentants du clergé grec, dirigea plusieurs années l’école du patriarcat, et son éducation contribua sans doute à en faire un proche du patriarche Dionysios IV, lui-même homme de culture203. On attribue à Jean Karyophyllès la rédaction de plusieurs documents d’une importance toute particulière pour la « politique étrangère » du patriarcat œcuménique. Parmi ceux-ci, se trouve l’acte de fondation de la métropole de Kam’janec’ (1681) déjà évoqué, la lettre synodale du patriarche Ioannikios II (1646-1648, 1651-1652, 1653-1654, 1655-1656) sur les droits du métropolite de Philadelphie Athanase Vallérianos (1651) ou encore les deux exemplaires des « Réponses des quatre patriarches œcuméniques sur le pouvoir des tsars et des patriarches » (1663) envoyés à Moscou dans le cadre des préparatifs de la condamnation du patriarche Nikon204. L’intervention de Karyophyllès dans la rédaction de la lettre du patriarche Dionysios sur la métropole de Kiev permet d’envisager qu’il ait activement contribué à la composition de l’ensemble des documents relatifs à cette question205. Ce constat amène ainsi à proposer un rapprochement entre les conditions d’un transfert des droits de bénédiction sur Kiev formulées dans les actes synodaux du patriarche aux tsars et la teneur d’une décision synodale sur les droits du métropolite de Philadelphie Athanase Vallérianos, également rédigée par Karyophyllès.
68En juin 1651, le métropolite de Philadelphie, résidant à Venise, fut nommé par le patriarche œcuménique Ioannikios II exarque patriarcal avec le droit de porter la mitre et le sakkos. En outre, ce métropolite se voyait reconnaître le droit de procéder aux consécrations du clergé orthodoxe sur les territoires contrôlés par Venise : à Corfou, à Céphalonie et à Zakynthos. Les titulaires de ces sièges (archevêques de Céphalonie et de Zakynthos) étaient élus de la même façon que ceux du diocèse de Kiev, à savoir par une assemblée du clergé et des autorités laïques locales (κατὰ τόπον ἐκλογῆς γενομένης), et la décision de juin 1651 leur permettait donc d’être ordonnés canoniquement sans sortir du territoire de la République, toute consécration en terre ottomane étant interdite206. La même année, le patriarche accrut les droits du métropolite de Philadelphie et ce fut Jean Karyophyllès qui rédigea le texte de l’acte synodal. Le document présente d’ailleurs une décoration extrêmement similaire à celle de la lettre originale du patriarche Dionysios, envoyée en 1686 aux tsars. Les deux documents sont embellis, peut-être par le même peintre, d’un motif décoratif qui s’inspire a priori du sceau des patriarches, lequel portait la Vierge à l’Enfant, de même que d’une iconographie différente et d’une icône de la Blachernitissa, conservée au patriarcat207.
69Selon cette décision, qui réglait le mode de consécration des hiérarques orthodoxes dans les îles vénitiennes, le métropolite de Philadelphie pouvait non seulement consacrer l’évêque de Cythère, mais également déléguer ce droit à l’archevêque de Céphalonie. Le métropolite de Philadelphie se voyait donc reconnaître le droit de disposer lui-même du droit que lui avait concédé le patriarche. Ces procurations en chaîne avaient pour objectif de permettre la consécration des hiérarques en contournant les obstacles soulevés par les crises politiques : l’évêque de Cythère n’avait plus à quitter le territoire vénitien pour aller chercher sa consécration auprès du métropolite de Monemvasie, siège situé en terre ottomane, alors que la Guerre de Candie (1645-1669) faisait rage. Selon cette décision synodale, le hiérarque consacré par le récipiendaire d’une délégation de pouvoir du métropolite de Philadelphie devait continuer à commémorer celui-ci en premier durant la liturgie, puis seulement celui qui avait effectivement procédé à la consécration par délégation. Il est patent que cette solution permettant de contourner l’obstacle d’un conflit entre les autorités politiques contrôlant respectivement le siège d’un supérieur et d’un de ses suffragants empêchant l’application régulière de la discipline ecclésiastique pouvait répondre également au problème de la métropole de Kiev. Ce même schéma s’appliqua également en Crète vénitienne, où le patriarcat transmit les droits de consécration aux métropolites de Coron et de Modon, puis, après la conquête de ces villes par les Ottomans, d’abord aux métropolites de Monemvasie, puis à ceux de Corinthe208. Le conflit endémique de la République de Saint-Marc avec la Porte avait ainsi débouché sur un système de gestion de la hiérarchie orthodoxe dans les terres vénitiennes susceptible de servir de modèle pour régler la situation de l’éparchie de Kiev. Il existait toutefois une nuance d’importance : dans le cas de Kiev, cette chaîne de délégation ne pouvait se déployer au sein d’un même ensemble hiérarchique. À la différence du métropolite de Philadelphie et de l’archevêque de Céphalonie, le patriarche de Moscou n’était plus subordonné à celui de Constantinople depuis près d’un siècle. On pouvait toutefois arguer du canon permettant le transfert du droit de consécration d’un évêque à un autre en cas de nécessité créée par un problème particulier209.
70Toutefois, bien que les lieux de consécration des hiérarques aient changé, les limites des sièges et leur dépendance canonique demeuraient les mêmes. Les commémorations liturgiques acquirent dans ce cadre une fonction essentielle, stipulant la « généalogie » de la consécration ou, pourrait-on dire, de la « procession » de la bénédiction canonique. Le premier commémoré détenait, à défaut de l’exercer en pratique, l’autorité spirituelle éminente sur le diocèse210.
71La situation induite par les guerres de Venise avec l’Empire ottoman correspondait bien à celle à laquelle était confronté le patriarcat de Constantinople du fait de la division du territoire du diocèse de Kiev entre dominations politiques rivales (Pologne-Lituanie, armée cosaque, États des tsars, etc.), généralement ennemies ou tout au moins rivales de la Porte ottomane211. En 1648, Athanase Vallérianos, rentrant de Crète à Venise par les îles ioniennes, consacra en chemin, sans autorisation patriarcale, le nouvel archevêque de Céphalonie et de Zakynthos, Macaire Panas, élu en septembre 1647 par l’assemblée locale212. Ce voyage est mentionné par un acteur bien connu du jeu politique du temps, le Grec Jean Vardas Tafrali. Celui-ci écrivit à Moscou que les Vénitiens avaient envoyé le métropolite de Philadelphie en Crète, alors assiégée par les forces ottomanes, pour informer la population locale d’une exemption de taxes pour trente ans, espérant ainsi renforcer sa détermination à résister aux troupes de la Porte et sa fidélité envers la République213. L’ordination de l’archevêque ne fut pas confirmée d’emblée par le patriarche Ioannikios II, déposé à l’automne 1648, mais, dès son retour sur le siège de Constantinople, le patriarche valida l’élection et la consécration, stipulant officiellement le droit du métropolite de Philadelphie à consacrer des évêques en terre vénitienne, ainsi que son droit à porter la mitre214. Ces privilèges accrurent considérablement le statut du métropolite, dont la résidence permanente était à Venise, et légalisèrent l’autonomie du clergé local, habilité, comme celui de l’éparchie de Kiev, à se réunir avec les grands laïcs en assemblée pour procéder à l’élection de leur hiérarque. La comparaison entre la situation prévalant en terre vénitienne et le projet de résolution de l’imbroglio kiévien permet de mettre en évidence une tendance à favoriser les autonomies locales dans deux directions complémentaires : des élections locales associant élites cléricales et laïques, ainsi qu’une délégation du droit de consécration, associée à une sauvegarde de l’autorité spirituelle éminente, manifestée par la hiérarchisation des commémorations liturgiques.
72La vie religieuse de la métropole de Kiev fut soumise à des tensions extrêmes dès lors que l’allégeance de l’hetman Bohdan Xmel’nyc’kyj au tsar russe plaça son territoire, qui s’étendait de part et d’autre du Dniepr, à cheval entre des puissances politiques rivales, Pologne-Lituanie, État moscovite et Empire ottoman. À cela s’ajoutaient les rivalités politiques des hetmans cosaques de la « Rive gauche » et de la « Rive droite » qui partageaient l’ambition de fonder un État indépendant. Les capitales russe et ottomane accueillaient en outre les chefs de deux Églises orthodoxes qui ne pouvaient qu’épouser et soutenir les orientations diplomatiques des maîtres séculiers. La lutte pour l’unification des terres ruthènes sous un seul maître avait donc des échos directs dans la vie ecclésiastique. Par conséquent, le rattachement ultime du siège de Kiev à tel ou tel patriarcat ou son érection en Église indépendante constitue avant tout un volet d’une stratégie de contrôle plus globale.
73Sans surprise, c’est dans les terres contrôlées par le roi catholique polonais que l’on mettait le plus volontiers en exergue l’ancienneté de la métropole kiévienne, bien antérieure à celle de Moscou et digne en cela d’accéder à l’autonomie, voire à l’autocéphalie. Une telle aspiration allait évidemment dans le sens d’un affranchissement de l’influence, réelle ou supposée, d’un patriarche « instrument des sultans ». Si un tel projet trouvait grâce aux yeux d’une partie du clergé fidèle aux autorités polonaises, comme le locum tenens de l’éparchie de Kiev, Józef Szumlański, il ne pouvait qu’éveiller l’inquiétude du patriarcat œcuménique qui voyait resurgir, comme à l’époque de Piotr Mohyła, le spectre d’une Église kiévienne indépendante. La Grande Église déploya dès lors tous ses efforts pour parer à la menace d’une sécession de son plus grand diocèse.
74Les premiers hiérarques qui régirent la métropole de Kiev sous suzeraineté russe conservèrent leur fidélité à l’Église de Constantinople, malgré les tentatives des autorités laïques pour obtenir leur soumission volontaire à leur nouveau supérieur ecclésiastique, le patriarche de Moscou. Les tensions s’accentuèrent après le décès de Józef Nielubowicz-Tukalski, car la Diète de Pologne-Lituanie décida d’interdire aux Ruthènes tout contact avec Constantinople, obligeant le patriarcat à rechercher une solution pour assurer aux orthodoxes la continuité d’une existence conforme aux canons. En premier lieu, le patriarche Parthénios IV essaya en 1676 d’établir par procuration un métropolite légitime à Kiev en faisant consacrer à Moscou l’élu du clergé local, l’archimandrite de la Laure des Grottes, Innocenty Gizel. Il émit à cette fin un acte synodal assurant la canonicité de cette ordination par procuration. Le projet semble n’avoir jamais abouti en raison de l’opposition de l’hetman Samojlovyč au candidat – un représentant du clergé local trop influent auprès des autres hiérarques ruthènes et des autorités moscovites. Gizel aurait à coup sûr été un rival plus qu’un relais de son pouvoir.
75Des projets alternatifs visaient à renforcer le contrôle politique du sultan sur les territoires ruthènes conquis par la Porte. En 1681, le patriarche Jacques restaura l’ancienne autonomie de la métropole de Kam’janec’, c’est-à-dire de Halyč, par rapport au siège de Kiev. Le patriarche parait ainsi à la menace d’un projet identique concurrent, promu par l’évêque de L’viv Józef Szumlański, proche des autorités polonaises. En effet, l’échec de la consécration de Gizel laissait le siège vacant, favorisant les démarches de Szumlański, et exigeait une réaction. Le rétablissement de l’ancienne éparchie de Halyč, bien intégrée à la taxis du patriarcat œcuménique, constitua pour quelque temps un expédient efficace. Dans les terres passées sous le pouvoir de l’hetman allié à Moscou il fallut donc attendre les années 1682-1683 (immédiatement après l’institution de la chaire de Kam’janec’) pour voir renouvelées les tentatives en vue de placer un hiérarque canoniquement élu et ordonné sur le trône de Kiev215. En 1684, Samojlovyč trouva un candidat sans lien avec les factions ecclésiastiques locales qui lui étaient hostiles216 : l’évêque de Luc’k Gedeon Swiatopołk-Czetwertyński. Les deux hommes caressaient d’ailleurs le projet d’un mariage entre le neveu de Gedeon et la fille de l’hetman qui stabiliserait leur alliance.
76L’hetman Ivan Samojlovyč apparaît dans l’historiographie récente sous les traits d’un allié de Moscou, déployant une activité inlassable en faveur d’une consécration des métropolites de Kiev non plus sur le Bosphore mais à Moscou217. L’hetman apporta en effet son soutien à l’ambassade envoyée négocier cette réforme en faveur de Moscou, mais ses motivations véritables n’ont pas donné lieu à une analyse minutieuse. La mise en parallèle de la décision de l’hetman de mettre sous le boisseau la décision synodale de 1676 permettant l’ordination de Gizel à Moscou, et de son insistance sur la préservation des privilèges de la métropole de Kiev, notamment à propos de l’exarchat, permet de faire ressortir la logique de ses actions : le maintien d’une dépendance canonique éminente vis-à-vis de Constantinople lui assurait une meilleure marge de manœuvre que le contrôle direct de Moscou et constituait une base pour l’extension de son autorité à l’Ouest. L’appartenance ultime au patriarcat de Constantinople, couplée au titre d’exarque, permettait d’assurer que la légitimité du nouvel élu au siège de Kiev soit acceptée dans tous les diocèses, y compris ceux du territoire polono-lituanien218. La hiérarchisation stricte des commémorations liturgiques affirmait clairement l’autorité canonique supérieure du patriarche œcuménique par-delà la procuration concédée au patriarche de Moscou, et donc la sauvegarde de la position traditionnelle de la métropole ruthène au sein de l’Église constantinopolitaine.
77Enfin venait l’ambition moscovite de restaurer l’unité du diocèse de Kiev à son profit. L’argumentaire avancé peut être résumé ainsi : il existait à l’origine un seul diocèse de la Rus’, dont le titulaire en vint à résider à Moscou, alors que, pour des raisons historiques, ce territoire ecclésiastique connut une division. Les diocèses nés de cette fragmentation créaient donc naturellement une nouvelle hiérarchie pour une Église dont le chef ne pouvait être que l’héritier direct des titulaires de l’ancien diocèse unique. En réclamant la juridiction sur Kiev, le patriarche de Moscou ne faisait ainsi que réaffirmer ses droits éminents de chef du diocèse de la Rus’ et le rétablissement de l’ordre canonique originel219. Bien évidemment, de telles prétentions étaient inacceptables tant pour les patriarches orientaux que pour l’hetman. Cette acception particulière d’un transfert de Kiev sous juridiction moscovite fut donc ignorée. La légation de Nikita Alekseev et d’Ivan Lisica obtint de Dionysios IV un acte qui sauvegardait avant tout les intérêts de Samojlovyč et du patriarcat œcuménique. Le synode et le patriarche donnaient leur permission à la consécration des métropolites de Kiev à Moscou, selon une pratique bien attestée ailleurs aux XVIe-XVIIe siècles. L’acte synodal stipulait par ailleurs expressément que les élections métropolitaines seraient validées par l’hetman, qui pouvait ainsi influencer le choix final de façon décisive220. Samojlovyč était donc le grand gagnant de ce nouvel état des choses : il y acquérait un atout considérable pour unifier à son profit les terres ukrainiennes en jouant de la rivalité russo-polonaise.
78Toutefois, le tournant définitif de la politique russe en faveur de l’alliance anti-ottomane, marquée par la « Paix éternelle » de 1686 avec le roi polonais, bouleversa ce projet. Dans le cadre de ce basculement géopolitique majeur, Moscou abolit les « usages » et les « privilèges » les plus significatifs que la métropole de Kiev possédait à l’intérieur de la juridiction du patriarcat de Constantinople. Le métropolite de Kiev dut renoncer au titre d’exarque qui manifestait son appartenance à la Grande Église et substituer la qualification « de la Petite Russie » à celle, ancienne, « de toute la Rus’ ». Un siècle après avoir résolu la question des relations entre l’Église russe et celle de Constantinople, le gouvernement moscovite accentua encore davantage la centralisation du pouvoir en rabaissant les ambitions de l’ancienne chaire kiévienne à l’occasion de l’extension de son influence sur les anciens territoires orientaux de la Pologne-Lituanie. L’Église de Kiev, quasi-indépendante de Constantinople et jouissant aux XVIe-XVIIe siècles d’une autonomie pastorale si large qu’elle confinait à une autocéphalie de fait, dut donc se plier au nouvel ordre des choses, imposé par l’affirmation de la puissance politique et militaire des tsars. Pourtant, la victoire du patriarcat de Moscou fut amère. L’intégration du diocèse de Kiev en son sein221 fut rapidement suivie, en 1721, de la suppression des fonctions patriarcales au profit d’une gestion collégiale de l’Église russe par le Saint-Synode222. Les Églises orthodoxes que la chute de Byzance avait un temps émancipé de la tutelle des basileis trouvaient dans les tsars russes de nouveaux Constantin bien décidés à les mettre au pas223. Les projets de l’indépendance ecclésiastique de l’ancien siège de Kiev, connus en Pologne-Lituanie à l’époque du métropolite Piotr Mohyła et, plus tard, développés avec le soutien des autorités laïques polonaises par l’évêque Józef Szumlański, ont été abandonnés par le clergé ruthène pour bien longtemps.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 Zuckerman 2014, p. 145-152 ; Vetochnikov 2017, p. 333-350.
2 Makarij 4 (1), 1996, p. 15-33 ; 5, 1996, p. 28-64 ; Halecki 1956, p. 19-32 ; Lur’e 2009, p. 53-101 ; Nazarenko – Florja 2013.
3 Vetochnikov 2014, p. 273-308.
4 Voir le chapitre de Pierre Gonneau dans ce volume.
5 Tchentsova 2008, p. 289-306.
6 Crummey 2008, p. 302-303.
7 Makarij 1996, 6, p. 437-438 ; Ternovskij 1872, p. 32-33 ; Krajcar 1964, p. 77, 82-83 ; Sysyn 1985, p. 57 ; Brüning 2000, p. 84-85 ; Plokhy 2001, p. 124-125 ; Tatarenko 2013, p. 108-109 ; Mycyk 2007.
8 SGGD, 4, no 175, p. 509-514.
9 Ternovskij 1872 et ArxJuZR, 1, 5.
10 Belobrova 1993.
11 Florja – Kočegarov 2018, p. 35-39.
12 Voir la bibliographie dans Ševčenko 1994 ; Burega 2007 ; Škribljak 2014 ; Kul – Kulçinskiy 2016a, p. 181-184.
13 Lur’e 2009, p. 198-227 ; Lur’e 2017. Voir aussi, sur le caractère conditionnel de la concession dans les actes, Xarišin 1995, p. 145-146 ; Vetochnikov 2016.
14 Vetochnikov 2016 ; Kul – Kulçinskiy 2016a ; Kul – Kulçinskiy 2016b ; Tchentsova 2017b.
15 Meyendorff 1991 ; Crummey 2008, p. 315-318.
16 Živov 2002, p. 346-347.
17 Polonsʼka-Vasylenko 1996, p. 149-156 ; Plokhy 2001, p. 257-260.
18 Jakovliv 1928, p. 188-189 ; Polonsʼka-Vasylenko 1964, p. 65 ; Gorobec’ 2011, p. 147.
19 RGADA, f. 248-29, no 1728, f. 1v-2r.
20 Makarij 1996, 7, p. 261-262 ; Hrushevsky 2014, p. 61, 69-70 ; Tchentsova 2004, p. 111.
21 Xarišin 1995, p. 108-109 ; Plokhy 2001, p. 261, 331-332 ; Florja 2007.
22 Notamment pour son audacieuse réponse au représentant moscovite Boris Xitrovo qui lui demandait la raison pour laquelle le métropolite n’avait pas demandé la bénédiction du patriarche russe : « Depuis le saint baptême, les métropolites de Kiev, tous autant qu’ils furent, reçurent la bénédiction des très saints patriarches constantinopolitains ». Voir ArxJuZR, 1, 5, p. 57-58 ; Karpov 1874 ; Florja 2009, p. 124-126 ; Zatyljuk 2012, p. 52.
23 RGADA, f. 52-1, 1658, no 18, f. 1r-2r.
24 Èjngorn 1899, p. 112-114.
25 Makarij, 7, 1996, p. 272-279 ; Xarlampovič 1914, p. 184.
26 Xarlampovič 1914, p. 187-188.
27 Sur la position pro-polonaise de Dionizy Bałaban à cette époque voir Florja 2009, p. 125-126.
28 Florja 2007, p. 283.
29 ArxJuZR, 1, 5, p. 45-50, 58-59 ; Florja 2009, p. 124-127.
30 Xarlampovič 1914, p. 189.
31 Èjngorn 1899, p. 312-313 ; Jakovliv 1994, p. 134-135 ; Gorobec’ 2003, p. 48 ; Gorobec’ 2007, p. 252-253 ; Gorobec’ 2010, p. 92.
32 RGADA, f. 89-1, livre 25, f. 22r-26v, 27v-28r.
33 Ibid., f. 28v ; Xarlampovič 1914, p. 192.
34 Èjngorn 1897, p. 117 ; Èjngorn 1899, p. 386-392 ; Polonsʼka-Vasylenko 1964, p. 68 ; Xarišin 1995, p. 111 ; Jakovenko 1996, p. 533.
35 RGADA, f. 89-1, livre 25, f. 28v-29v ; f. 79-1, no 219, f. 352v-354r ; Xarlampovič 1914, p. 190-194 ; Polonsʼka-Vasylenko 1964, p. 67-68.
36 Makarij, 7, 1996, p. 287-289.
37 RGADA, f. 124-1, 1666, no 3, f. 1r-4r.
38 Èjngorn 1899, p. 341 ; Xarlampovič 1914, p. 188.
39 Jakovliv 1994, p. 136.
40 RGADA, f. 124-1, 1666, no 3, f. 4r. Voir Xarlampovič 1914, p. 170-172 ; Tairova-Jakovleva 2017, p. 217-218.
41 RGADA, f. 124-1, 1666, no 3, f. 11r.
42 Solov’ev 1991, 6, p. 348-364. Cette accusation était née de rumeurs relatives aux pourparlers menés par l’ambassade du roi polonais à Moscou, lesquels auraient touché aussi à la question de l’union des Églises, voir Florja 2013, p. 380-417.
43 Jakovenko 1996, p. 535.
44 Sur Matveev voir Bushkovitch 2001, p. 63-79.
45 RGADA, f. 52-1, 1675, no 4, f. 2r-3r (Здесь слышет, будто епископ Мефодий свобожен, а наипаче будто он митрополитом киевским постановлен. Стереги крепко и радей, чтоб не был, потому что великая будет смута и замешанина меж духовными и мирскими, потому что еще остается по се время жив раздор, и измена учинена недавно, которая была причиною толь великого побоища. Вопиет, вопиет и святая София, на которой починку взял 14 000 рублев от царского величества, и иные своевольства, о которых умолчеваю).
46 Solov’ev 1991, 6, p. 168-184 ; Wójcik 1968, p. 68-125.
47 Florja 2014, p. 181-200.
48 Florja 2014, p. 184. Les églises catholiques kiéviennes, telles que la cathédrale des dominicains, avaient été ultérieurement transformées en églises orthodoxes : RGADA, f. 124-1, 1690, no 46, f. 139r ; 1691, no 11, f. 25r-26r ; Solov’ev 1991, 6, p. 371.
49 Wójcik 1968, p. 173-239 ; Florja 2014, p. 186, 193-194. Un accord passé entre l’État moscovite et la République polono-lituanienne en mars 1670 avait permis de retarder le transfert de Kiev au roi polonais. Ce n’est qu’en 1686 que le « Traité de paix éternelle » plaça la ville, centre de la métropole, sous l’autorité russe : Kočegarov 2008, p. 327-334, 342, 349-351, 365.
50 ходят под благословение к патриарху цареградскому и людей с собою в бусурманское охранение приводят (Florja 2014, p. 194).
51 Sur les projets de A.L. Ordin-Naščokin voir Èjngorn 1897, p. 108-113, 125 ; Èjngorn 1899, p. 591-596 ; Dorošenko 1985, p. 231, 275 ; Ševčenko 1994, p. 56 ; Florja 2009, p. 137 ; Florja 2013 ; Florja 2014, p. 187, 191-194.
52 Solov’ev 1991, 6, p. 346-347 ; Čuxlib 2007, p. 39-60.
53 RGADA, f. 124-1, 1669, no 10, f. 17r-27r ; Florja 2010, p. 642.
54 AZR, 5, p. 114-116, no 71 ; Xarlampovič 1914, p. 204-205 ; Florja 2009, p. 127-131.
55 Grigor’jeva 2017, p. 449-475.
56 RGADA, f. 124-1, 1666, no 3, f. 12r-13r ; f. 89-1, livre 25, f. 29r-29v.
57 RGADA, f. 124-1, 1669, no 10, f. 4r-8r, 12r-12v, 15v-16r, 28r, 30r-37r ; Floria, 2009, p. 137.
58 Tchentsova 2015.
59 Ibid., p. 101-103.
60 RGADA, f. 52-1, livre 7 (1671-1672), f. 135r : А Тукалской де ищет того, чтоб салтан приказал святейшим вселенским патриархом учинить его на Малой и на Червонной и на Черной Русях патриархом, а как он учнет того прилежно просить, и салтан де конечно велит его патриархом учинить. Au-delà de la « Petite Russie », c’est-à-dire des terres ukrainiennes, les limites du futur « patriarcat » devaient intégrer la Russia nigra – le cours supérieur du fleuve Niemen –, ainsi que la Russia rubra ou Galicie.
61 Ostapchuk 2013, p. 144-146.
62 MUH, 4, no 21 (25.11.1671 n. s.), p. 42-43. Sur l’influence qu’exerçait l’administration ottomane sur le patriarche de Constantinople dans le domaine de ces relations avec Dorošenko et avec les éparchies de l’Église de Kiev, voir aussi ArxJuZR, 1, 5, p. 63-64.
63 Xarlampovič 1914, p. 215 ; Florja – Kočegarov 2018, p. 44-45.
64 Pidgajko – Skočiljas 2011, p. 685.
65 Florja 2009, p. 136-137.
66 Skočyljas 2010, p. 274 ; Skočyljas 2011, p. 170-178 ; Pidgajko – Skočiljas 2011, p. 684-685.
67 ArxJuZR, 1, 5, p. 11-32 ; Florja 2017.
68 ArxJuZR, 1, 5, p. 30.
69 Florja – Kočegarov 2018, p. 30-34.
70 Тож советовать духовенству, которым известить, что в церквах божиих, под государствованием королевского величества будучих, никакая не учинилась отмена, толко заказан в Царьград путь, чтоб под покровом епархии патриаршеской, которой, бедной, и бес того в неволи не множилась измена и тайных дел выноска ис Полши к турскому... А церквам божиим и их священником честь приказана болши, дань и подводы отставлены, ис подданства панов своих свобожены… И не лутчи ли в Киеве иметь свою главу, как имеет на Москве: прежде сего киевские митрополиты ставили московских митрополитов, что ныне патриархами зовутся, старее многими сты лет Святая София в Киеве, нежели церковь соборная на Москве... Для чево бы не лутчи видеть власть духовную и мирскую в Киеве, нежели искать раболепным образом на Москве. (RGADA, f. 124-1, 1682, no 40, f. 22r-23r). Voir Xarlampovič 1914, p. 215 ; Solov’ev 1991, 7, p. 355-357 ; Čuxlib 2012, p. 793-794.
71 RGADA, f. 124-1, 1682, no 40 ; Xarlampovič 1914, p. 219 ; Solov’ev 1991, 7, p. 356 ; Čuxlib 2013, p. 157-160.
72 Mycyk 2005, p. 560-561 ; Kočegarov 2011, p. 9-10.
73 Mycyk 2005, p. 562, doc. p. 569-570, 573-574.
74 Sur les projets agitant à l’époque les milieux uniates et catholiques pour créer en territoire polono-lituanien un « patriarcat russe » à même de conduire les orthodoxes vers l’union, voir Skočyljas 2010, p. 274-275.
75 RGADA, f. 79-1, livre 219, f. 9r, 123r-124v, 303r-305r ; Antonovič 1885, p. 296-300 ; Jakovenko 1996, p. 537 ; Florja – Kočegarov 2018, p. 36-39.
76 Xarlampovič 1914, p. 215 ; Pidgajko 2012.
77 Skočyljas 2010, p. 276 ; Florja – Kočegarov 2018, p. 34.
78 Bibliothèque nationale Vernadsʼkyj à Kiev, Institut du manuscrit, f. 18, no 121, f. 1r ; AJuZR, no 8, p. 51-55 ; Černuxin 2000, p. 211 ; Černuxin 2011, no 172, p. 44, ill. 66.
79 AJuZR, no 8, p. 52 ; Tchentsova 2017a, p. 51-52.
80 Yale University, Beinecke Rare Book and Manuscript Library, 303 (olim Ziskind 22), f. 29-31 ; Vaporis, 1967-1969, p. 59-61, nos 29-31.
81 Beineke, 303, f. 31. Voir Vaporis, 1967-1969, no 31, p. 61, 128 (pl. 5), 138 (texte).
82 Nazarenko – Florja 2005, p. 322-327.
83 Skočyljas 2010, p. 215-220.
84 Ibid., p. 220-223.
85 Kapterev 1891, p. 72-73 ; Kapterev 1914, p. 460-461 ; Xarišin 1995, p. 142 ; Jafarova 2018, p. 94-97, 106, 135-136 ; Florja – Kočegarov 2018, p. 35.
86 Jafarova 2018, p. 94, 106.
87 RGADA, f. 124-1, 1682, no 12, f. 91r-92r ; no 15, f. 44r-45r.
88 RGADA, f. 89-1, 1683, no 1, f. 1r-2r ; Ibid., livre 23, f. 481r-482r ; Jafarova 2018, p. 97, 129. Sur cette ambassade finalement avortée : Kočegarov 2008, p. 284.
89 Solov’ev 1991, 7, p. 371-372 ; Titov 1905, p. 247-252 ; Xarišin 1995, p. 132-133 ; Jakovenko 1996, p. 537-539 ; Kočegarov 2015 ; Florja – Kočegarov 2018, p. 31-34.
90 Florja – Kočegarov 2018, p. 36, 64-69.
91 Florja, 2015.
92 Gordon 2013, p. 40-41, 90.
93 RGADA, f. 79-1, livre 219, f. 159r : А каков лист король полской писал к тому епископу, как еще был он в Польше при престоле своем, об нем, гетмане, чтоб он, епискуп, наговаривал ево, гетмана, чтоб он был ему, королю, желателен… Cf. : ibid., f. 220r.
94 ArxJuZR, 1, 5, p. 95-98.
95 ArxJuZR, 1, 5, p. 42.
96 RGADA, f. 79-1, livre 219, f. 303r-305v.
97 ArxJuZR, 1, 5, p. 46-50 ; RGADA, f. 89-1, livre 25, f. 33v-41v. Sur la mission de Zaphirios, voir Solov’ev 1991, 7, p. 376 ; Kapterev 1914, p. 461 ; Kočegarov 2008, p. 287-288.
98 Les dates des patriarcats de Parthénios IV Mogilalos : 1.05.1657-fin juin 1662, 21.10.1665-9.09.1667, début mars 1671-7.09.1671, 1.01.1675-19.07.1676, 10.03.1684-20.03.1685.
99 RGADA, f. 124-3, no 460, f. 1r. Je remercie cordialement K.A. Kočegarov de m’avoir indiqué ce document.
100 RGADA, f. 79-1, livre 221, f. 151v-153v ; Kočegarov 2012, p. 190.
101 Gordon 2013, 4, p. 88-91 ; Kočegarov 2012, p. 190 (А список с той грамоты белоруского писма отдал околничему и воеводе. И тот список послан к великим государям к Москве с сею запискою). Ultérieurement, l’envoyé russe Nikita Alekseev, parti auprès du sultan et du patriarche, demanda aussi à l’hetman de lui procurer une copie de cet acte synodal du patriarche Parthénios IV : RGADA, f. 89-1, livre 26, f. 10v-11r.
102 RGADA, f. 124-3, no 460, f. 1r-1v ; f. 79-1, livre 221, f. 126v-129r (texte de la lettre en langue russe).
103 Les membres signataires du synode étaient Bartholomée d’Héraclée, Joseph de Nicomédie, Grégoire de Chalcédoine, Grégoire de Césarée, Daniel d’Euripe (?), Macaire de Smyrne, Métrophane de Melnik, Gérasimos d’Amasée, Kallistos de Corinthe, Grégoire de Mytilène, Timothée de Vidin, Macaire de « Zmon » (Zikhna ? Répétition par erreur du nom du Macaire de Smyrne ?) (Ираклийский митрополит Варфоломей, никомидийский митрополит Iωсифъ, халкидонский митрополит Григорий, кесарийский митрополит Григорий, енский митрополит Даниилъ, змиринский митрополит Макарий, меленикский митрополит Митрофанъ, амасийский митрополит Герасим, коритинский митрополит Калист, митилинский митрополит Григорий, вѣдинский митрополит Тимофей, змонский митрополит Макарий). Selon Zakythènos 1929, p. 390, en 1677 la chaire de Chalcédoine était occupée déjà par le métropolite Jérémie, c’est aussi lui qui était sur la chaire en 1671, voir Gabriel 2016, p. 384. La fin du premier office de Grégoire de Mytilène est inconnu, il était métropolite en 1654, puis en 1683-1693 selon Atésès 1975, p. 193. Daniel d’Euripe est connu en 1672 d’après sa signature sur le BNF, Paris. gr. 431.
104 RGADA, f. 124-3, no 460, f. 1r : наиблаженнейший архиепископ Московский, господин [lacune], в Духу святом наш брат и сослужитель, по нашой смиренной власти, ведлугъ канонов церковных, зозвавши трохъ архиереев той же земле, своим рукоположением соборно посвятили всея Росии митрополита Киевского, преподобнаго иеромонаха, исповедника господина Иннокентиа Гизеля, архимандрита Печерскаго, господнею благодатию и властию.
105 Èjngorn 1899, p. 393-394, note 81, 998-1000, note 780 ; Xarlampovič 1914, p. 213 ; Polonsʼka-Vasylenko 1964, p. 70. Cf. Korzo – Florja 2009, p. 746. Sur l’importance des mentions de ce document dans les lettres moscovites de 1685, voir Lur’e 2009, p. 190-194, 198.
106 Xarlampovič 1914, p. 213.
107 Nomikè Synagôgè 1987, no 185 ; Mystakidès 1936, p. 184.
108 Nomikè Synagôgè 1987, no 646.
109 Ἐκεῖνο οῦν τὸ γραμμάτιον δόντες ἀπὸ Μοσχοβίας τῷ πατριάρχῃ ἔπεμψεν εἰς τὸν σουλτάνον ὄντα εἰς Ἀδριανούπολιν, τάχα διʼ ἄλλας ὅμως τὸ κύριον διὰ νὰ λάβῃ γράμμα συνοδικὸν βεβαιοῦν τὸ γράμμα τοῦ Μογιλάλου (Papadopoulos-Kérameus 1891, 1, p. 276).
110 ArxJuZR, 1, 10, p. 723-724, no 260 (10.05.1675) ; Pidgajko – Skočiljas 2011, p. 682-694. Sur les liens de Józef Szumlański avec les autorités polonaises voir Čuxlib 2012, p. 787-801. Le métropolite Józef était très malade, étant frappé depuis décembre 1674 de cécité et de paralysie : Èjngorn 1899, p. 997 ; Dorošenko 1985, p. 554. Sur la probable élection de Gizel à Kiev en 1675 ou au début du 1676 voir Xarišin 1995, p. 120.
111 Xarlampovič 1914, p. 212-213. On notera que le patriarche Parthénios IV assistait le gouvernement ottoman dans la gestion d’autres problèmes touchant aux terres ukrainiennes. Si l’on en croit le secrétaire de l’ambassade de France Petit de la Croix, un certain prêtre grec revenu en 1677 à Constantinople des terres ukrainiennes, relata au patriarche la reddition de Dorošenko aux forces moscovites. Le patriarche relaya ensuite la nouvelle auprès du Grand Drogman Alexandre Mavrocordato et du Grand Vizir. Selon Petit de la Croix, c’est ce même prêtre qui proposa de restaurer comme hetman Jurij Xmelʼnycʼkyj qui avait dû se faire moine sous le nom de Gedeon. Le patriarche Parthénios le libéra de ses vœux pour lui permettre de reprendre le pouvoir et de remplacer Dorošenko en tant que vassal de la Porte. Voir Croix, 1689, p. 101-103. Plus tard, en avril 1678, le patriarche Dionysios IV nia cette implication de Parthénios dans le retour aux affaires de Jurij Xmelʼnycʼkyj devant l’envoyé russe Afanasij Porosukov qui posait la question du soutien du patriarcat au pouvoir ottoman en Ukraine : Jafarova 2018, p. 100. L’hetman Jurij Xmelʼnycʼkyj avait été arrêté et condamné à mort dès 1685.
112 RGADA, f. 89-1, livre 26, f. 54r-54v, 135v. Dionysios IV : novembre 1671-14 août 1673, 29 juillet 1676-2 août 1679, 30 juillet 1682-10 mars 1684, mars 1686-12 octobre 1687, août 1693-avril 1694. Voir la biographie sommaire offerte par È. P. G. 2007.
113 Kohut 2008, p. 14-28 ; Kohut 2011-2014, p. 441-445. Cf. : Florja 2013, p. 258-260, 295-296, 368.
114 Èjngorn 1897, p. 113 ; Kohut 2011-2014, p. 446-447.
115 Sumcov 1884, p. 197 ; Solov’ev 1991, 6, p. 366-376 ; Èjngorn 1899, p. 993-995 ; Jakovenko 1996, p. 535 ; Kohut 2011-2014, p. 450-451. Le projet de faire venir le métropolite Józef Nielubowicz-Tukalski à Kiev était soutenu aussi par le chancelier A.L. Ordin-Naščokin : Èjngorn 1897, p. 105-107, 123-124 ; Polonsʼka-Vasylenko 1964, p. 69.
116 Èjngorn 1899, p. 991-992 ; Kohut 2011-2014, p. 450.
117 RGADA, f. 124-1, 1683, no 21, f. 1r-8r.
118 Nul hasard donc si Samojlovyč essaya de renforcer ses liens avec le métropolite Gedeon par un mariage entre le neveu de ce dernier et sa propre fille : RGADA, 229-1, 1686, no 136 (2), f. 258r-259r, 308r ; Kočegarov 2012, p. 153-173. Il semble significatif que les premières tentatives de l’hetman d’obtenir l’accord de Moscou pour l’alliance matrimoniale de l’une de ses filles avec la famille Czetwertyński en mars 1682 coïncident avec une tentative de renouveler les discussions à propos de la chaire vacante de Kiev : RGADA, 124-1, 1682, no 15, f. 52r-56r.
119 RGADA, 79-1, livre 221, f. 109v-110r : А у меня каково обрелось письмо греческое святейшаго патриарха констянтинопольскаго Парфения зело ко учинению избрания приличное, с того список дал в руки околничему, а подлинное послал на избрание всем для ведома.
120 Dorošenko 1985, p. 609-616. Sur les tentatives de Samojlovyč d’obtenir la réunification des deux rives du Dniepr sous son pouvoir, voir Čuxlib 2011, p. 107-122.
121 Sur les bouleversements politiques à Moscou liés au décès du tsar et le destin de Matveev, voir Bushkovitch 2001, p. 77-79, 86-99.
122 Bushkovitch 2005, p. 55-56.
123 RGADA, f. 79-1, livre 219, f. 303r-305v.
124 Ibid., f. 89-1, livre 25, f. 217r-217v.
125 En juin 1685, Samojlovyč demanda que les tsars adressent une « charte » à l’assemblée du clergé parce qu’une « difficulté » se présentait : certains hiérarques, et notamment l’archevêque de Černihiv, avaient renoncé à participer aux élections, persuadant aussi les archimandrites de se « dire malades ». Pour ce faire, ils tiraient prétexte de l’absence d’ordre des tsars adressé à tout le clergé : RGADA, f. 89-1, livre 25, f. 45r-45v.
126 Ibid., f. 89-1, livre 25, f. 341r.
127 Ibid., f. 89-1, livre 25, f. 347v-350r. Il convient sans doute d’identifier les « désordres » évoqués par Zaphirios et ses interlocuteurs avec le soulèvement des spahis contre le Grand Vizir Ibrahim pacha en août 1685 au lendemain des défaites subies sous les murs de Buda. Ce soulèvement fut réprimé, mais le vizir ne put se maintenir au pouvoir que jusqu’au 18 novembre de la même année.
128 ArxJuZR, 1, 5, p. 66 ; Titov 1905, p. 15-22, 26-30, 216-235 ; Xarlampovič 1914, p. 223-225 ; Scheliha 2004, p. 126-132. L’évêque de Černihiv Łazarz Baranowicz reçut le titre d’archevêque pendant son séjour à Moscou à l’occasion du concile censé régler l’affaire du patriarche Nikon. Avec cette promotion, l’évêché de Černihiv gagnait son indépendance vis-à-vis de la métropole de Kiev : Èjngorn 1899, p. 395-397 ; Jakovenko 1996, p. 533-534. L’attitude de l’archevêque de Černihiv envers la candidature de Gedeon Swiatopołk-Czetwertyński à la chaire de Kiev fut toujours très critique pour ne pas dire hostile : RGADA, f. 79-1, livre 219, f. 193v-194r.
129 ArxJuZR, 1, 5, p. 99, 102-104, 119-121.
130 Ogijenko 1955, p. 137.
131 Voir Païzè-Apostolopoulou 1995, p. 79-92.
132 Certaines villes byzantines conservaient le privilège antique selon lequel les notables laïques participaient aux élections des hiérarques de l’Église ainsi désignés a clero et populo. Le patriarche intervenait ainsi juste pour valider et ordonner celui qui avait été élu : Sokolov 1917, p. 196-210 ; Darrouzès, 1966, p. 15-19 ; Moulet 2007, p. 214-218. Il semble que les « droits » de la métropole de Kiev incluaient aussi cette pratique. Sur les élections des métropolites pour l’Église de la Rus’, voir aussi Makarij, 3, 1995, p. 316-330.
133 ArxJuZR, 1, 5, p. 68-79 ; Polonsʼka-Vasylenko 1964, p. 73-74 ; Ševčenko 1994, p. 56-59 ; Lurʼe 2009, p. 178-179.
134 Makarij, 6, 1996, p. 400-410 ; Plokhy 2001, p. 88-89 ; Mironowicz 2007, p. 77-85 ; Kuczara 2012, p. 199-213.
135 Voir par exemple, AZR, 5, p. 72, 98, 115-117, 119, 121 ; ArxJuZR, 1, 6, p. 578. En 1657, l’hetman Bohdan Xmelʼnycʼkyj, dans la lettre par laquelle il demandait au patriarche de Moscou Nikon la confirmation des « privilèges » du métropolite de Kiev Syl’vestr Kossov, faisait référence à une tradition remontant au « même prince Vladimir, de bienheureuse mémoire, et à tous les princes et pieux seigneurs russes et rois polonais » qui octroyèrent des droits spécifiques aux métropolites de Kiev (AZR, 5, p. 98-99). Pourtant, avant le XVIIe siècle, le titre d’exarque est très rarement porté par les métropolites de Kiev (voir, par exemple, AZR, 4, p. 518, 525, 529). Le titre d’exarque apparaît dans la titulature d’un métropolite de Kiev pour la première fois au XIVe siècle et l’exarchat n’était nullement lié au siège, pouvant être octroyé à n’importe quel représentant du haut clergé constantinopolitain voire kiévien. À la fin du XVIe siècle, le titre d’exarque de la « Petite et Grande Russie » fut décerné au métropolite de Tărnovo Dionysios Rallès (AZR, 4, p. 49). En général, le titre d’exarque que portaient les envoyés du patriarche œcuménique en terre polono-lituanienne n’était pas associé de façon explicite à un ressort géographique spécifique.
136 Makarij, 6, 1996, p. 514-519, 550-569 ; Panaitescu 1926 ; Ševčenko 1984 ; Žukovskij 1997, p. 68-76, 102-103 ; Brüning 2000, p. 72-80 ; Charipova 2006, p. 46-54 ; Crummey 2008, p. 308-310 ; Burega 2013, p. 698-700.
137 Makarij, 6, 1996, p. 560-563 ; Confession 1927 ; Orthodoxos homologia 2001 ; Žukovskij 1997, p. 154-164 ; Brüning 2000 ; Brüning 2001 ; Brüning 2013, p. 739-741 ; Kontouma 2016, p. 359.
138 Lukašova – Pidgajko 2011, p. 132-133. Ce souci de préserver le rôle essentiel de l’élection semble primer sur tous les autres, voir par exemple Golubev 1883, 1, p. 534-541 ; 2, p. 5-17, 38-59 ; Makarij, 6, 1996, p. 494-501 ; Žukovskij 1997, p. 80-91 ; Lukašova – Pidgajko 2011, p. 132.
139 Xarišin 1995, p. 21 ; Skočyljas 2015, p. 142, 147-149.
140 Manussacas 1973, p. 60-65.
141 RGADA, f. 79-1, livre 221, f. 107r-107v : А понеже издавна в той земле и епархии Киевской такое бывало обыкновение, что на обирание митрополита и мирские люди, имеющие власть, к духовному собору сьезжалися. S’appuyant sur cette norme, l’hetman a envoyé à l’assemblée électorale ses colonels, V. Dunin-Borkovs’kyj, L. Polubotok, H. Korovka-Vol’s’kyj, Ja. Žurakivs’kyj et l’iessaoul Ivan Mazepa. Sur la pratique des assemblées diocésaines dans l’éparchie de Kiev, voir Makarij 1996, 7, p. 261.
142 RGADA, f. 79-1, livre 221, f. 110r. Sur les privilèges de la chaire de Kiev et les négociations, voir Xarlampovič 1914, p. 223-227 ; Xarišin 1995, p. 137-138.
143 RGADA, f. 89-1, livre 25, f. 184v-185 : и когда де они, великие государи, митрополии Киевской духовных пожаловали всеми стародавными правы и вольности, то де и то эксаршество при тех правах зело быти надобно, а естли де тому эксаршеству при митрополите не быть, то де все, во благочестии живущие в Полской державе, конечно во отчаянии будут и благочестия отвергнутся по самой неволе и принуждены будут к унеи в неволю или себе иного митрополита у костянтинопольского испросят, и будет святая церковь разделенна, да и Малыя Росии весь духовный чин и посполитый народ в сумнение придут, что вольности их искони вечные ко пременению приходят. Voir Xarlampovič 1914, p. 226-227.
144 ArxJuZR, 1, 5, p. 72-78, 393-394. Le gouvernement polonais, bien qu’ayant pris la décision d’interrompre les liens des orthodoxes avec le patriarcat de Constantinople, n’en tenta pas moins activement d’obtenir du sultan et du patriarche de Constantinople la consécration d’un métropolite acceptable pour le roi de Pologne-Lituanie : Èjngorn 1899, p. 393-394.
145 ArxJuZR, 1, 5, p. 76.
146 Bushkovitch 2001, p. 106-110, 136.
147 ArxJuZR, 1, 5, p. 100.
148 RGADA, f. 89-1, livre 25, f. 183r.
149 Ibid., f. 185v-186r.
150 ArxJuZR, 1, 5, p. 120.
151 Ibid., p. 66, 70-71. Cf. : RGADA, f. 79-1, livre 221, f. 108r-109r.
152 Titov 1905, p. 36-38 ; Jakovenko 1996, p. 539.
153 ArxJuZR, 1, 5, p. 100.
154 RGADA, 89-1, livre 26, f. 1r-3r ; Titov 1905, p. 35-42 ; Xarlampovič 1914, p. 229-230 ; Kapterev 1891, p. 73-80 ; Kapterev 1914, p. 462-467 ; Scheliha 2004, p. 129-131.
155 RGADA, f. 89-1, 1685, no 1, f. 19r-46v.
156 Ibid., f. 47r-99r.
157 Ibid., f. 29r-41r ; livre 25, f. 377r-387v.
158 Ibid., f. 89-1, 1685, no 1, f. 33r-35r: И домогатись ему отпустительной грамоты всякими меры накрепко, что была отпустительная патриарша грамота на все статьи, что к патриарху великих государей в грамоте писано, за ево патриаршею рукою, так ж бы за руками митрополитов и архиепископов и епископов и всего освященного собору. Да как ему святейший патриарх такую грамоту на Киевскую митрополию отпустительную даст, и ему, Миките, проведав подлинно, что в той грамоте великих государей по грамоте написано о всех статьях, поднести от великих государей святейшему патриарху заздравные милостыни двесте золотых червонных да три сорока соболей всего на тысячю рублев, которые золотые и соболи посланы с ним, Никитою, а оддав золотые и соболи, взять к великим государем у святейшаго патриарха лист, а отпустительная б патриарша грамота на Киевскую митрополию и новообранному митрополиту, бывшему епископу Лутцкому, была особая. А, буде, святейший патриарх великих государей по грамоте на Киевскую митрополию отпустительной грамоты не даст, и Миките посланных золотых и соболей святейшему патриарху не подносить, а дать ему из них милостыни дватцать золотых червонных да десять пар соболей из сорока двусотрублевого, а достальные золотые и соболи привести к Москве…
159 Ibid., f. 40r.
160 Ibid., f. 40r-41r ; livre 25, f. 385v. Il semble que la position du représentant de l’hetman ait soulevé des inquiétudes à Moscou, car Nikita Alekseev reçut pour instruction d’en informer le Bureau d’ambassadeurs au plus vite : « Et ce que les saints patriarches de Constantinople et de Jérusalem auront pour intention envers lui et ce que l’envoyé de l’hetman commencera à dire au très saint patriarche de Constantinople, et ce que le très saint patriarche fera pour lui à sa demande, il faut qu’il l’écrive dans son rapport en détail ». Voir RGADA, f. 89-1, 1685, no 1, f. 41r ; ibid., livre 25, f. 385v.
161 RGADA, f. 52-1, livre 11, f. 261v-263v. Sur le patriarche Joachim, allié du tsar Pierre, et la famille de sa mère, Naryškin, en tant qu’adversaire de la princesse Sophie et de Golicyn, ainsi que sur le refus du patriarche de confirmer l’égalité de droit entre Sophie et ses frères, voir Lavrov 1999, p. 95, 97, 140, 145-149, 171-173.
162 RGADA, f. 89-1, livre 25, f. 229v-238v ; ArxJuZR, 1, 5, p. 123-129.
163 RGADA, f. 89-1, livre 25, f. 230v.
164 ArxJuZR, 1, 5, p. 88.
165 « La ville de Kiev et la Petite Russie et les autres pays russes appartenaient depuis les temps anciens au pouvoir de l’autorité russe, bien que durant plusieurs années ils fussent accaparés et conquis par les rois polonais » (Град же Киев и Малая Россиа и иныя страны Российстии издревле державы российскаго началства беху, аще же многия лета и в похитителстве и в завоевании полских королей бе) – Moscou, Musée historique d’État (Государственный исторический музей), Département de manuscrits. Synod. gram. no 1347 ; ArxJuZR, 1, 5, p. 108. Voir l’expression des mêmes idées d’unité de la Grande et de la Petite Russies, ainsi que de la nécessité de l’expansion de la juridiction du patriarche de Moscou sur l’Église de Kiev, dans les « rapports » de 1669 du chef du Bureau de la Petite Russie, puis du Bureau des ambassadeurs, A.L. Ordin-Naščokin : Xarlampovič 1914, p. 207-209 ; Florja 2014, p. 191-192.
166 Musée historique d’État, Synod. gram. no 1347 ; ArxJuZR, 1, 5, p. 112-115, 124-125. Voir sur ce document : Lur’e 2009, p. 189-198.
167 ArxJuZR, 1, 5, p. 125-128.
168 ArxJuZR, 1, 5, p. 115, 124-126 ; Jakovenko 1996, p. 538.
169 RGADA, f. 89-1, 1685, no 1, f. 19v.
170 RGADA, f. 89-1, livre 25, f. 208r-221v ; ArxJuZR, 1, 5, p. 122 ; Lur’e 2009, p. 193.
171 Musée historique d’État, Synod. gram. no 1347 ; ArxJuZR, 1, 5, p. 104-111 ; Lur’e 2009, p. 189-192.
172 RGADA, f. 89-1, livre 25, f. 217r-217v (ArxJuZR, 1, 5, p. 122) : То отпустительное Киевской митрополии для нашего царского величества прошения благословение вашему архипастырству подать возможно без всякие трудности, понеж и в прежние, недавно прошлые, времена святейший Парфений, патриарх костянтинопольский, писал и благословение свое подал со утвержением своея святителския руки и преосвященных двунадесяти митрополитов той Киевской митрополии духовным особам по их прошению, чтоб в той епархии волкохищницы Христова стада и ереси не были, того б ради по его святительскому отпущению, по каноном церковным святейший патриарх Московский и всеа Росии изволил на Киевский престол посвятити рукоположением своим соборне той епархии митрополитом отца Инокентия Гизеля, монастыря Печерского архимандрита…
173 RGADA, f. 124-1, 1686, no 2, f. 2r-8v.
174 RGADA, f. 89-1, livre 26, f. 6v. Sur la mission de Vasylij Kočubej à Moscou, les propositions de l’hetman et les appels des hiérarques à Samojlovyč sur l’ordination du métropolite de Kiev, voir Solov’ev 1991, 7, p. 373 ; Stanislavs’kyj 2000, p. 351.
175 RGADA, f. 89-1, livre 25, f. 198v : Чтоб великие государи пожаловали ево, гетмана, повелели ему и всем духовным митрополии Киевской от себя ко святейшему костянтинпольскому патриарху для упросителного благословения и разрешения своего нарочного человека с их царского величества посланным послать, чтоб тем от ужасу неблагословения совесть их была вольна. Voir aussi ibid., f. 195r-199r ; livre 26, f. 8r-9v. Dans les instructions de Nikita Alekseev, on peut observer l’introduction de corrections liées à l’envoi par l’hetman de son propre représentant aux côtés du légat des tsars (ibid., 1685, no 1, f. 20r). Dans la lettre adressée à Golicyn, Nikita Alekseev exprime ses doutes à propos des instructions qu’Ivan Lisica pouvait avoir reçues pour mener les négociations avec le patriarche de Constantinople. Il annonce qu’il essaiera d’en savoir plus avant le début des pourparlers (ibid., f. 108r-109r). Sur la politique de l’hetman Samojlovyč relative à l’Église, voir Almazov 2009, 136-140 ; Almazov 2012, p. 169-180.
176 Ultérieurement, Lisica apparaît parmi les proches de l’hetman Mazepa : Pavlenko 2004, p. 169-170.
177 RGADA, f. 89-1, livre 26, f. 20v-23r.
178 Sur l’élection de Dionysios au printemps 1686 voir aussi : RGADA, f. 52-1, 1686, no 9, f. 12r-13r ; ibid., f. 89-1, livre 26, f. 70v-71r ; Zerlentès 1890, p. 35.
179 RGADA, f. 89-1, livre 26, f. 49v-52v ; Kapterev 1891, p. 77-78.
180 RGADA, f. 52-2, no 668, f. 1r-2v ; Moscou, Musée historique d’État, Synod. gram. no 2312-2313 ; Vladimir 1894, p. 735, no 538-539 ; Fonkič – Poljakov 1993, p. 164-165.
181 Solov’ev 1991, 7, p. 377-378 ; Kapterev 1891, p. 47-86 ; Kapterev 1914, p. 464-467 ; Xarišin 1995, p. 143-144.
182 RGADA, f. 52-2, no 668, f. 2v : καὶ ἢ πρὸ τῆς χειροτονίας τοῦ μητροπολίτου πεμφθῇ γράμμα εἰς τὴν Κωνσταντινούπολιν διὰ ἔκδοσιν, ἢ μετὰ τὴν χειροτονίαν πεμφθῇ γράμμα πρὸς εἴδησιν, οὐδὲν διαφέρει, μόνον νὰ μνημονεύῃ τὸν Κωνσταντινουπόλεως καὶ νὰ εἶναι ἐπαρχία μὲν τοῦ Κωνσταντινουπόλεως, ἐπιτροπευομένη δὲ παρὰ τοῦ ἁγιωτάτου πατριάρχου Μοσχοβίας… Les traductions russes des lettres et les commentaires sont publiés : ArxJuZR, 1, 5, p. 134-142, no 34-35, p. 142-158. Cf. : ArxJuZR, 1, 5, p. 145 (доволно бы было братской твоей любви, да еси наместник константинополскаго патриарха) ; Kapterev 1891, p. 81-86.
183 RGADA, f. 52-2, no 668, f. 1r-2v (traduction russe du Bureau des ambassadeurs : ibid., f. 52-1, 1687, no 3, f. 33r-59r. Éd. : ArxJuZR, 1, 5, p. 35, 147-157 ; GIM, Synod. gram. no 2312-2313, éd. de la traduction russe : ArxJuZR, 1, 5, no 34, p. 142-146.
184 Ces lettres ne sont conservées qu’en traductions russes effectuées par les employés du Bureau des ambassadeurs : RGADA, f. 52-1, 1687, no 3, f. 60r-70r ; ArxJuZR, 1, 5, no 37, p. 160-164. Cette lettre a été envoyée en février 1687 de Moscou et fut apportée à Kiev au métropolite Gedeon : RGADA, f. 52-1, 1687, no 3, f. 87r.
185 RGADA, f. 89-1, livre 26, f. 90r-94v.
186 Ibid., f. 115rv, 132rv ; Tchentsova 2017b, p. 90-92.
187 Ibid., f. 131v-132v : Июня в 1 день был Никита у патриарха Деонисия, и патриарх Никите говорил, что он, патриарх, со всем собором постановил и Киевскую митрополию вручает святейшему московскому патриарху и впредь по нем будучим святейшим патриархом, и грамоты белые Никите и гетманскому посланному чли, и в тех грамотах написано против царского величества грамоты все статьи. Voir Tchentsova 2017b, p. 90.
188 RGADA, f. 52-1, 1687, no 3, f. 25r-32ar ; f. 89-1, livre 25, f. 431r-436v. Éd. : SGGD, 4, no 177, p. 517-519 ; ArxJuZR, 1, 5, no 46, p. 189-191.
189 RGADA, f. 52-1, 1687, no 3, f. 14r-19r, 21r-22r ; f. 89-1, livre 25, f. 424r-429v. Éd. : SGGD, 4, no 176, p. 514-517 ; ArxJuZR, 1, 5, no 42, p. 177-181.
190 RGADA, f. 52-2, no 669 (texte grec), f. 1r ; f. 52-1, 1687, no 3, f. 1r-11r (traduction russe), éd. : SGGD, 4, no 175, p. 509-514 ; ArxJuZR, 1, 5, no 41, p. 172-176. Cf. : RGADA, f. 52-2, no 644, f. 1r.
191 RGADA, f. 52-2, no 669, f. 1r ; f. 52-1, 1687, no 3, f. 7r, éd. : SGGD, 4, p. 512.
192 Sans doute en raison des incendies qui ravagèrent les archives des patriarches russes comme des métropolites de Kiev.
193 Μορφωτικὸ Ἵδρυμα Ἐθνικῆς Τραπέζης. Ἱστορικὸ καὶ Παλαιογραφικὸ Ἀρχεῖο (dorénavant : MIET/IΠΑ), no 22, f. 202r-204r (éd. : Tchentsova 2017 [2], p. 99-107) ; Mikrofôtografèseis 1985, p. 68 (no 22) ; Documents speak, 2018.
194 MIET/IΠΑ, no 22, f. 202v-203v (éd. : Tchentsova 2017b, p. 101).
195 MIET/IΠΑ, no 22, f. 202v (éd. : Tchentsova 2017b, p. 96-97, 101).
196 MIET/IΠΑ, no 22, f. 203r (éd. : Tchentsova 2017b, p. 101).
197 RGADA, f. 52-1, no 669, f. 1r ; traduction russe : RGADA, f. 52-1, 1687, no 3, f. 7r, 17r-18r, 31r ; SGGD, 4, no 175, p. 512-513 ; ArxJuZR, 1, 5, p. 172-179.
198 Canons des conciles : Ancyre 13 ; Antioche 10 ; VII Conc. 14. Voir Cypin – Busygin 2004.
199 RGADA, f. 89-1, livre 26, f. 88v : И он де, Досифей, в правилех приискал, что волно всякому архиерею отпустить из своей епархии и подать благословение иному архиерею, и о том он будет патриарха Деонисия наговаривать, чтоб он учинил по воли царского величества.
200 Tchentsova 2017b, p. 93.
201 Richter 2005 ; Dimitrij (Paškov) 2009 ; Trojanos 2012. Voir Vetochnikov, 2016, p. 39.
202 Vaporis 1967-1969, p. 20-21 ; Halastanès 2010.
203 Gédéôn 1890, p. 595-597, 599-601, 604-606 ; Gritsopoulos 1964, col. 23-25 ; Galavarès 2000, p. 94 ; Tchentsova 2015, p. 97-98.
204 Fonkič 1999 ; Fonkič 2000 ; Fonkič 2004 ; Tchentsova 2017b, p. 91-92, 110.
205 Le rapport de Nikita Alekseev mentionne deux scribes qui reçurent des cadeaux pour leur travail de rédaction des documents. L’un d’eux était donc, sans aucun doute Jean Karyophyllès : RGADA, f. 89-1, livre 26, f. 177v-178v.
206 Veloudès 1893, p. 50 ; Manousakas 1968, p. 66.
207 Tsélikas 1973, p. 223-226, no 26 ; Manousakas 1991, p. 331-343, tabl. 164, 168-169 ; Tchentsova 2017b, p. 92, 110.
208 Manousakas 1964, p. 323-324.
209 Ainsi la chaire d’Alep fut un temps administrée par le patriarche de Constantinople jusqu’à ce que le patriarche d’Antioche n’y rétablisse son contrôle direct : Vetochnikov, 2016, p. 39.
210 Pour davantage de détails sur l’ordre des commémorations liturgiques, voir ici même le chapitre de Daniel Galadza.
211 Pour un exemple concret des problèmes confessionnels dans les anciens territoires de Crète vénitienne passés sous contrôle ottoman, voir Bayraktar Tellan 2012.
212 Manousakas 1991, p. 339.
213 RGADA, f. 52-1, 1647, no 7, f. 9r-10r : Еще, державный царю, и Ханю бы турские не взяли, только они сами здалися, потому что ото многово невозможного насильства, что давали немцом дань, и немного не преклонился и весь Критцкой остров. И проведали про то виницейские и послали филадельфейского митрополита в Критцкой остров с клятвою, что на них не имать дани виницейским тритцать лет, а потом давать им против прежнего вполы, и стояти им накрепко, чтоб их турской не одолел.
214 Manousakas 1991, p. 339-340 ; Fonkič 2000, p. 350 ; Fonkič 2014, p. 671.
215 De nouvelles démarches auprès du patriarche russe Joachim pour permettre la tenue de lʼélection et de lʼordination d’un métropolite pour la chaire de Kiev furent entreprises durant l’été 1683, peu de temps avant la mort de Gizel : ArxJuZR, 1, 5, p. 37-40.
216 Almazov 2012, p. 176.
217 Almazov 2009, p. 136-140 ; Almazov 2012, p. 169-180.
218 Après l’élection de Gedeon comme métropolite de Kiev, le clergé des territoires soumis aux autorités polonaises accepta celui-ci comme hiérarque légitime, voir Kočegarov 2016a, p. 172, 182.
219 Sur les divers modèles et sur des cas particuliers de rattachements d’éparchies les unes aux autres, voir par exemple : Vetochnikov 2010 ; Vetochnikov 2017.
220 προτροπῇ καὶ ἀδείᾳ τοῦ ἐκεῖσε περιφανεστάτου μεγάλου χατμάνου (Tchentsova 2017a, p. 101, 105). Sur le rôle et l’influence de l’hetman dans les élections des deux premiers métropolites de Kiev après 1686, voir Kočegarov 2016b, p. 25-26.
221 La métropole de Kiev cessa d’exister en 1722 et fut transformée en archevêché, mais fut rétablie en 1742 : Kohut 1990, p. 368. Sur l’intégration de la métropole de Kiev au sein de l’Église russe, voir Kočegarov 2016a ; Jaremenko 2017.
222 La décision de Pierre Ier de ne pas donner de successeur au défunt patriarche Adrian († 1700), puis de supprimer le trône patriarcal de Moscou, se fonda sur ses consultations auprès du patriarche de Constantinople auquel il demanda également des conseils pour résoudre divers problèmes d’organisation de la vie ecclésiastique, tels que la pratique du carême dans l’armée russe (1712) ou, plus important encore, le passage de l’Église russe sous administration du Saint-Synode en 1721 : RGADA, f. 52-2, no 721 (1-3) ; AVPRI, f. 52-2, no 723 ; Kapterev 1914, 467-472, 549-557 ; Živov 2002, p. 352-361 ; Živov 2004, p. 84-106.
223 Scheliha 2001, p. 195, 196 ; Živov 2002, p. 354-355 ; Freeze 2006, p. 284-286.
Auteur
Maison française d’Oxford ; UMR 8167, Paris
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