Les contradictions du service pontifical : procédures de nomination et raisons de l’office à travers la correspondance des papes et de leurs vicaires généraux
p. 29-80
Texte intégral
Inter ceteras provincias et terras Ecclesie Romane immediate subjectas, provinciam ducatus Spoletani sinceris intuemur affectibus et ad statum illius prospere dirigendum, solerti cura et studio intendentes, desideramus actentius in ea equa distributione ministrari justiciam et sub cultu pacis amabilis, incolas illius votivis successibus prosperari, de tue itaque circumspectionis industria, rerumque multarum experiencia zeloque justicie, stabili fide, ac devocionis sinceritate aliis multiplicibus actibus virtuosis, per longam et familiarem experienciam nobis notis, plenam in domino fiduciam obtinentes, te rectorem ejusdem provincie... usque ad apostolice sedis beneplacitum auctoritate apostolica tenore presencium in temporalibus constituimus et eciam deputamus...
1Grégoire XI justifiait ainsi la nomination de Gomez Garcia Albornoz, chevalier du diocèse de Cuenca, neveu de feu le cardinal Gil Alvarez de Albornoz, au rectorat du Duché, le 1er juin 13711. Après avoir rappelé les objectifs du gouvernement pontifical, il faisait état des insignes qualités du nouveau titulaire, qui le prédisposaient à l’exercice de cette fonction.
2Les lettres pontificales ont donné lieu à de très nombreux travaux, orientés pour la plupart vers la diplomatique, l’histoire politique ou les questions bénéficiales. Celles relatives au pouvoir temporel du pontife ont été moins sollicitées ; leur nombre et surtout leur dispersion dans les diverses séries de registres établies à partir du pontificat de Jean XXII constituaient, il est vrai, un frein majeur2. Si aucune étude sur le recrutement des officiers utilisés pour gouverner l’État pontifical au xive siècle ne fut entreprise, en revanche certaines de ces lettres retinrent l’attention d’historiens qui voulurent révéler les privilèges exorbitants dont jouissaient certains familiers des papes et la pesanteur d’une domination étrangère3. Comme le montre le texte précédemment cité, elles recèlent de plus importantes informations.
3Les dates retenues ici, de 1346 à 1378, pourront sembler peu ambitieuses. Elles obéissent à un double impératif : disposer à la fois d’une conjoncture politique relativement uniforme4 et d’une documentation numériquement étoffée et homogène. Le 30 mars 1346, Clément VI créait le vicariat général des terres italiennes de l’Église5, innovation qui, en renforçant la puissance dont disposait un légat, modifiait notablement les caractères de la nomination aux offices temporels. Certes, le premier titulaire, Bertrand de Déaux, ne put guère en user : le 17 juin 1347, le pape modérait ses ardeurs réformatrices et lui ordonnait de révoquer les offices qu’il avait créés dans le Patrimoine de Saint-Pierre et le Duché de Spolète6. Mais celui qui « hérita » de cette charge à partir de 1353, Gil Alvarez de Albornoz, acquit une liberté relative en ce domaine grâce au succès de ses entreprises militaires, de ses réformes institutionnelles, de l’éclat de son gouvernement7. Il faut admettre qu’il a assuré la renommée de cette charge, à tel point d’ailleurs, que ses successeurs, Anglic Grimoard et Pierre d’Estaing, ne firent presque plus référence à leur rang de cardinal-légat dans leur correspondance administrative : ils signèrent parfois de la seule mention « vicaire général », qui suffisait à l’évidence à témoigner de leurs larges pouvoirs8.
4La correspondance pontificale intéressant les offices temporels connaît à cette époque une mutation profonde : d’une part, le développement de l’autorité favorise l’augmentation numérique des nominations directes ; d’autre part, la présence d’un, puis de plusieurs vicaires généraux en Italie9 offre au pontife la possibilité de leur adresser ses candidats, munis d’une recommandation ou d’une demande de nomination, à charge pour eux de la rendre effective. La diplomatique des nominations pontificales et vicariales est identique – et pour cause : le représentant du pape en Italie émet en son nom un nombre élevé d’actes, qui empruntent naturellement leur logique, leurs vocables et leurs formules aux bulles pontificales.
5Arrêter l’enquête en 1378, n’a guère de sens historique : Urbain VI, Boniface IX et leurs successeurs ont désigné à leur tour des vicaires généraux dans l’État10. La référence à cette fonction, dont le socle juridique est bien mince puisqu’elle ne peut exister qu’à travers une légation – qu’elle n’en constitue somme toute que l’excroissance – ne disparaît que tardivement. Arrêter l’enquête en 1378 est lié à la prise en compte de réalités purement archivistiques qui n’autorisent pas une approche cohérente et statistiquement fiable après cette date11.
6Sans les travaux d’Augustin Theiner12 et les inventaires réalisés par l’École française de Rome13 j’aurais été bien incapable de mener une telle enquête. De même, les publications de Francesco Filippini14, de Jean Glénisson et Guillaume Mollat sur la correspondance albornozienne15 – les seuls registres de chancellerie vicariale qui soient en partie parvenus jusqu’à nous, à travers le collège universitaire qu’il fonda à Bologne – m’ont grandement facilité la tâche. Néanmoins, tous ces ouvrages ne m’ont pas dispensé de retourner aux sources et de faire ainsi quelques découvertes, comme en témoignent les listes dressées en annexe.
7On étudiera, à partir de ces lettres, les formes de la nomination aux charges temporelles et les fonctions de l’office. À cet effet, après avoir présenté le corpus réuni et les politiques qui le structurent, on se posera successivement trois questions. Qu’exige-t-on des officiers du pape ? Les termes utilisés par la chancellerie pour définir leurs qualités mettent en exergue diverses valeurs, qui permettent de dresser un portrait idéal, porteur d’objectifs politiques et administratifs précis. À quoi sert l’office ? L’analyse des critères hiérarchisant le service du pape, l’examen des pratiques sociopolitiques précédant la confection d’une lettre, le relevé des motifs invoqués par les solliciteurs, sont assez signifiants : ils donnent à l’office des raisons en apparence opposées aux préoccupations premières. Enfin, quelle influence les mécanismes éprouvés de la collation des bénéfices purent-ils avoir sur cette apparente contradiction ? Sans réexaminer l’argumentaire de la provision des bénéfices, qui présente des analogies évidentes avec les lettres de nomination aux offices temporels, il importe en effet de s’interroger sur les méthodes qui permirent à la curie d’assimiler les structures administratives de l’État dans les années précédant le retour du Saint-Siège à Rome.
POLITIQUES ET PROCÉDURES D’ATTRIBUTION
8Nous disposons pour la période qui s’étend de 1346 à 1378 de 514 lettres pontificales. Le recensement opéré ne saurait toutefois nous apporter le nombre total de lettres de nominations délivrées par la chancellerie, puisque, on le sait, toutes n’ont pas été enregistrées. 212 sont des nominations, 67 des confirmations d’offices et 235 des demandes de nomination adressées aux vicaires généraux (voir Tableau 1).
9Les lettres des vicaires généraux (108 pour le cardinal Albornoz – de nomination pour la plupart – et 56 pour ses successeurs) dispersées dans un grand nombre de fonds d’archives, doivent être ajoutées à cet ensemble, soit un total de 678 lettres qui autorisent une analyse fiable de la représentation de l’office et de l’officier dans la deuxième moitié du xive siècle.
10Ces lettres de nomination respectent une diplomatique connue. Adressées aux promus, déjà parés du titre de la charge qu’ils vont exercer, dénuées de préambule, sauf lorsqu’il s’agit d’un recteur de province16 ou d’une entité territoriale spécifique17, elles précisent dans l’exposé que les impétrants sont dotés d’un ensemble de qualités qui les rendent idoines à l’exercice de la fonction à laquelle ils sont élevés. L’officier n’est pas, à proprement parler nommé, mais constitué, c’est-à-dire que sa personne devient officier du pape, que cet acte la modifie radicalement, que son être s’efface désormais derrière sa fonction. On détermine ensuite la durée de la charge à exercer (un semestre, un an ou ad beneplacitum), éventuellement la date d’entrée en fonction et les émoluments à percevoir. Enfin, on précise que cet acte restera sans effet tant que l’officier n’aura pas prêté serment, devant le camérier s’il se trouve en curie, devant le vicaire général, voire le recteur de la province concernée, s’il se trouve déjà en Italie.
11La répartition chronologique de ces lettres est loin d’être équilibrée, comme le montre le Tableau no 2.
12Figurent en ordonnée le nombre de lettres enregistrées et en abscisse, les années de pontificat, de la cinquième année de Clément VI (1346) à la huitième année de Grégoire XI (1378). L’allure générale, très irrégulière, révèle des pratiques politiques radicalement différentes d’un pontificat à l’autre. Aux efforts déployés pendant la deuxième moitié du règne de Clément VI pour maîtriser l’État pontifical, succède, après le renouvellement du personnel de gouvernement consécutif à l’élection d’Innocent VI, une curieuse atonie de la papauté, qui en apparence se désintéresse pendant une douzaine d’années de l’administration des droits du Saint-Siège en Italie, une fois ceux-ci confiés à l’attention du cardinal Albornoz. Traditionnellement, la première année d’un pontificat est marquée par des changements majeurs ; c’est là qu’une politique nouvelle se fait jour. Or, comme on peut le constater, la première année du règne d’Urbain V passe inaperçue. Le cardinal Albornoz jouit en effet d’une grande liberté en ce qui concerne le recrutement des officiers. Innocent VI ne lui adresse pas à proprement parler des demandes de nomination, mais plutôt des recommandations19. Son successeur conserve la même attitude. En janvier 1364, Albornoz intrigue pour qu’Urbain V invalide la nomination d’un familier du cardinal Rinaldo Orsini, qui, trop partial à ses yeux, risquait de compromettre localement ses acquis20. Et ce pape semble avoir préféré le consulter avant de promouvoir un de ses candidats à un poste important21.
13La correspondance administrative albornozienne n’est que très partiellement conservée comme le montre le Tableau no 3. On a différencié les nominations connues grâce aux registres de chancellerie du cardinal (69), de celles repérées dans d’autres fonds d’archives (38)22. Les lacunes sont vraisemblablement énormes. L’intensité du travail effectué par la chancellerie vicariale, en plein développement23, n’est que fugitivement perceptible : 15 lettres de nomination sont enregistrées pendant le mois de septembre 136524, 12 pendant le mois d’août 136625. Les documents parvenus jusqu’à nous signalent néanmoins entre 1355 et 1367 une forte progression de la production d’actes de cette nature.
14Comme le suggère le Tableau no 4 le fort développement des lettres de nomination pendant cette période est la conséquence première de la conquête. Il est également lié à la semestrialisation ou à l’annualisation d’un grand nombre d’offices urbains (de vicaire à surintendant aux fortifications). Dans certaines provinces, le cardinal Albornoz, auquel seigneurs et communes présentent leurs suppliques, fait écran au pouvoir pontifical. Sur les 69 lettres enregistrées par sa chancellerie, aucune ne concerne le district de Bénévent, une seule Rome et la Campagne, 5 seulement Bologne et la Romagne (mais, on le sait, Bologne, conquise en 1360, lui fut retirée dès le 26 novembre 1363 ; et il attribua l’année suivante le gouvernement de la Romagne à l’archevêque de Ravenne26), mais 14 concernent le Patrimoine de Saint-Pierre, 9 le Duché de Spolète (qui n’est que partiellement soumis27) et 35 la Marche d’Ancône, où il a établi sa résidence dans un somptueux palais dominant l’Adriatique.
15Trois événements presque simultanés ouvrent à la papauté le champ des nominations : le séjour d’Urbain V dans le Patrimoine de Saint-Pierre à partir de juillet 1367, la disparition d’Albornoz le 23 août et la promotion d’Anglic Grimoard, frère du pape, au vicariat général le 15 novembre. Ces conditions singulières garantissent le retour à un modèle familial de gouvernement de l’État, tel qu’il a pu être pratiqué au siècle précédant28. La bipolarisation du pouvoir, divisé entre un pape résidant à Rome, Montefiascone ou Viterbe, et un vicaire général résident plus ou moins fermement à Bologne, permet l’établissement rapide d’un lien direct entre la curie et diverses régions du territoire. La promotion de familiers des Grimoard à des postes voisins de ces deux centres politiques matérialise cet objectif29. Concernant le gouvernement de l’État pontifical, la véritable « première année » du règne d’Urbain V doit donc être située entre juillet 1367 et juillet 1368 : 14 lettres, sur un total de 36, sont alors enregistrées par la chancellerie.
16Le séjour de la curie en Italie (juillet 1367-septembre 1370) modifie dans les consciences italiennes les rapports entre sujets et monarque, désormais moins lointain. Si la papauté revient en Avignon, elle n’en draine pas moins un nombre impressionnant de suppliques émanant de l’État. Les officiers en poste souhaitent notamment obtenir confirmation de leur charge à l’aube d’un nouveau pontificat30 ; seigneurs et capitaines sollicitent un office pour les hommes qui les ont servis31 ; les communes interviennent en faveur de personnages qu’elles souhaitent voir reconduits dans leurs fonctions32, etc.
17Ce phénomène d’envergure, qui rencontre la générosité d’un Grégoire XI, provoque une très forte augmentation de la production d’actes relatifs aux offices temporels (voir le graphique no 2). On relève un net développement des demandes de nomination adressées aux vicaires généraux au détriment des nominations directes. C’était en effet, le seul moyen d’assurer un recrutement cohérent des officiers du pape, tout en permettant au pontife d’accorder largement sa grâce à ses dilecti. Toutefois, cette forte augmentation des demandes de nomination par rapport aux nominations directes est également un indice probant d’une certaine saturation de l’appareil de gouvernement : désireux d’accorder largement sa grâce, le pape n’a pas assez d’offices à distribuer 33
18À ces évolutions singulièrement heurtées répond une mutation profonde de la structure des nominations pontificales34 (voir les Tableaux no 5 à 8).
19On a pris en compte les lettres de nomination et de confirmation, puis classé les divers offices rencontrés selon un ordre centrifuge. Les deux premières strates concernent les offices centraux. Le groupe suivant (de recteur à juge ou à notaire) intéresse les divers offices des cinq cours provinciales. Enfin, les autres charges touchent au gouvernement des centres urbains et autres entités administratives. On a tenu compte dans ces classements de la polysémie des vocables qui disent l’office – souvent compliquée par les hé sitations terminologiques de la chancellerie35. Un capitaine, par exemple, n’exerce pas nécessairement des fonctions de commandement militaire36 ; il peut avoir des compétences de gouvernement, dans une cité37 ou dans une circonscription territoriale plus ou moins étendue38, qui font de lui un représentant du pouvoir, normalement appelé durant cette période vicaire39. De même – encore que le cas ne s’est pas présenté ici – le podestat d’un petit château du Patrimoine de Saint-Pierre, dont les fonctions s’apparentent à celles d’un châtelain40 a peu en commun avec l’officier responsable de l’administration judiciaire des grands centres urbains41.
20Durant les pontificats de Clément VI et d’Innocent VI, la répartition par type d’offices évoqués dans la correspondance pontificale est en parfaite adéquation avec les modèles en vigueur au xiiie siècle. La chancellerie enregistre essentiellement des lettres de nomination de hauts officiers provinciaux, recteurs et trésoriers, à charge pour eux de recruter la plupart des hommes peuplant leurs services. D’ailleurs, le formulaire de la chancellerie de Clément VI – qui compte 383 types de lettres42– ne comporte aucune formule de nomination à des offices temporels mineurs. À partir du pontificat d’Urbain V, les offices de gouvernement provincial sont proportionnellement moins présents : la structure des nominations pontificales reproduit la structure des nominations albornoziennes (voir le Tableau no 4). Le pape atteint désormais l’administration locale d’un territoire mieux maîtrisé, nomme ses vicaires, élit podestats, chanceliers, responsables financiers communaux et prête une attention toute particulière aux forteresses construites à l’initiative du cardinal Albornoz et de ses successeurs dans les cités de l’État43. Entre 1371 et 1375, Grégoire XI confirme ad beneplacitum sedis 25 châtelains en Italie44, en affecte 26 autres45 et sollicite plus de 60 charges de cette nature pour divers serviteurs de l’Église46 ! La chancellerie pontificale enregistre jusqu’à la confirmation d’offices extrêmement secondaires : deux connétablies de piétons47, une porterie de forteresse48.
21L’espace couvert par les nominations pontificales est désormais plus homogène. Traditionnellement, les provinces voisines de Rome, terres d’élection des papes pendant plusieurs siècles, recevaient une grande attention de la part de la papauté. Les difficultés rencontrées pour maîtriser la Romagne et Bologne, considérée comme la clef de l’État face aux ambitions milanaises, nécessitaient pareillement l’application soutenue des pontifes. En revanche, les destinées du Duché de Spolète et de la Marche d’Ancône retenaient beaucoup moins l’attention de la curie.
22Or pendant le pontificat de Grégoire XI, l’écart entre ces provinces est nettement réduit, indice net d’une volonté de contrôle équilibré de l’ensemble de l’espace pontifical. La variété des offices concernés par les lettres grégoriennes et l’extension géographique des nominations signalent une assez bonne connaissance de ses structures, au moment où s’opère le retour du Saint-Siège en Italie.
23Reste à examiner quel est, d’un point de vue administratif, le rôle joué par la lettre de nomination. En pratique, la bulle pontificale n’a qu’une portée limitée. Une lettre de nomination ne crée que virtuellement l’officier : elle lui donne immédiatement un titre, mais pas une fonction. Elle offre à son détenteur le pouvoir de déclencher une procédure administrative, qui dans la majorité des cas, le conduira à exercer réellement une charge.
24Muni de sa lettre, l’officier doit en effet se présenter devant son autorité de tutelle, le vicaire général ou le recteur de province, qui a devoir de procéder à son installation. La mise en possession de l’office est parfois effectuée par un notaire mandaté par l’administration provinciale et chargé de dresser un état des lieux lorsque l’office inclue la gestion de biens mobiliers50 ; mais, plus généralement, la transmission de la charge est opérée par le prédécesseur, qui reçoit éventuellement l’ordre de demeurer sur place pour conseiller pendant quelques temps le nouveau titulaire51. Le 13 mai 1372, le vicaire général Philippe Cabassole rappelait dans une lettre adressée à Ber-nard Sorbier, châtelain de la rocca d’Orvieto, la procédure à suivre : nommé par le pape, Bertrand de Rignac lui avait présenté ses lettres ; il avait aussitôt reçu son serment, prêté des deux mains sur l’évangile, de garder et conserver la rocca, ad honorem et statum pape et Ecclesie ; en conséquence, il lui ordonnait, sur présentation du signe de reconnaissance habituel, de remettre à Bertrand de Rignac la forteresse avec ses biens et munitions, dont il devrait dresser deux inventaires, l’un pour le nouveau châtelain, l’autre qu’il remettrait au vicaire d’Orvieto52.
25Il convient d’emblée de relever une différence notable, entre les procédures pontificales et vicariales d’attribution des offices. Si le pape ne réclame le serment de l’officier qu’après lui avoir délivré la lettre, en revanche, la nomination effectuée par le vicaire général est précédée par la prestation du serment d’exercer bien et fidèlement ses fonctions53. Paradoxalement, une bulle pontificale, pour être opératoire, doit être sanctionnée par la prestation d’un serment, tandis qu’une lettre vicariale, qui entérine ainsi une nomination orale, a toute la puissance administrative requise. La procédure pontificale est héritée du passé. Les pratiques vicariales, d’institutionnalisation récente, sont plus rationnelles et directement liées au fonctionnement de l’administration mise en place par le cardinal Albornoz.
26L’établissement d’une adéquation parfaite entre le titre – que donne la lettre de nomination – et la fonction – assurée par l’installation effective dans le poste – n’est pas, contrairement à une idée reçue, automatique. Les déboires rencontrés par un damoiseau de Terni suffiront à le démontrer. Le 8 janvier 1372, Latino de Sera, alors en curie, était fait vicaire d’Otricoli, au diocèse de Narni. Sans que l’on en connaisse les raisons, il ne put prendre possession de cette charge. Le 28 avril de la même année, le pape demandait à Phi-lippe Cabassole d’en faire le châtelain de la rocca de Città di Castello ou d’une autre de qualité comparable. Le 13 janvier de l’année suivante, le pape réitérait cet ordre, sans succès. Six mois plus tard, en juillet 1373, Grégoire XI le constituait capitaine des montagnes de Spolète et demandait au vicaire général de s’assurer de son affectation. Mais, le 18 janvier 1375, il devait à nouveau lui écrire pour qu’il le fasse recevoir dans cette charge, en lui rappelant la teneur des lettres du 7 juillet 1373 qui n’avaient pas été exécutées. Le 15 mai 1377, en pleine révolte des cités de l’État (quelle portée pouvait alors avoir une nomination ?), notre homme revenait au point de départ : Grégoire XI en faisait son vicaire à Otricoli, ad beneplacitum54. Pendant près de cinq ans, entre charges potentielles et offices fictifs, la carrière de Latino de Sera semble s’être perdue dans les méandres des services de gouvernement. Les refus successifs des vicaires généraux d’obtempérer aux ordres du pape ont de quoi surprendre. Faut-il considérer que Latino de Sera n’offrait pas, à leurs yeux, les garanties indispensables au service de l’Église dans le Patrimoine et le Duché ? C’est probable55. Ce cas est-il exceptionnel ? Nullement. Les exemples de non exécution de bulles pontificales ne sont pas rares56 ; et cette concrétisation problématique des décisions pontificales touchait parfois des curialistes57.
27Ces dispositions précisées, on affirmera sans difficulté que les lettres de nomination aux offices ne sauraient offrir à l’historien un tableau tout à fait fiable, « comme volonté et comme représentation » du recrutement pontifical58. Cela n’est en rien préjudiciable à l’examen qu’on se propose de conduire désormais : qu’exige-t-on des officiers du pape ?
MODÈLES ET COMPÉTENCES
28Mérites et qualifications des officiers sont plus ou moins largement évoqués dans l’exposé des lettres de nomination59. S’agit-il d’un rituel codifié par des pratiques remontant au xiiie siècle, voire au-delà ? S’agit-il d’un argument permettant de justifier toute nomination ? On aurait alors affaire avec un nombre très limité de formules interchangeables. Ne peut-il s’agir d’un programme qu’on fixe à l’impétrant, chargé de développer dans l’exercice de sa charge, les compétences auxquelles on fait précisément référence ? Cela supposerait une adaptation du discours à l’office : on n’userait pas du même vocabulaire pour nommer le vexillaire de la Marche d’Ancône, le juge des appellations du Duché de Spolète, le chancelier d’Orvieto ou le châtelain de la forteresse de Castrocaro. Cela supposerait aussi, qu’en fonction du pontife – ou plus exactement des conceptions qu’il a du rôle de ses officiers – les qualités requises ne soient pas exactement les mêmes.
29La liste des attributs des impétrants n’est pas systématiquement inscrite dans les lettres pontificales. Elle est un motif obligatoire pour les nouveaux entrants dans le service du pape. Mais ceux qui obtiennent une prorogation de leur charge, ayant déjà fait preuve de leur qualification – que l’on évoque en faisant l’éloge de leur action et de leur dévouement – sont le plus souvent dispensés de ce rappel60. Cette présence différentielle, liée à la connaissance que l’impétrant a du service pontifical, montre que ces formules sont destinées au nouvel élu qui doit en méditer chaque terme.
30La chancellerie n’utilise pas une, deux ou trois formules solidement établies que l’on reproduirait à l’envie d’une lettre à l’autre. Le notaire, ou plutôt l’abréviateur, fait appel à un certain nombre de termes qu’il organise plus ou moins selon sa volonté. En revanche, il puise dans un champ lexical assez limité, et c’est justement parce qu’il s’interdit toute fantaisie, que cette partie du discours finit par avoir un caractère stéréotypé. À quelles valeurs précises leur plume a-t-elle impérativement recours ?
31Dans la mesure où il m’était difficile de relever systématiquement tous les vocables contenus dans les 678 lettres retenues pour cette étude, j’ai décidé de me concentrer sur les qualités des officiers nommés par le pape entre 1367 et 1371, une période nodale dans cette évolution61. J’ai pris en compte chaque qualité qui apparaissait dans l’exposé, indépendamment de sa position dans la phrase, soit substantive, complétive ou déterminative. On s’est davantage penché sur les valeurs positives, que l’on a voulu dégager du discours, afin d’identifier les éléments à partir desquels travaillent les rédacteurs des lettres, que sur les subtilités de la langue latine. Au reste, le lecteur attentif est contraint de corriger constamment les multiples fautes d’orthographe et de syntaxe qui pénalisent le sens des considérations pontificales. Les erreurs ne sont d’ailleurs pas toujours liées à des étourderies ou à une mauvaise connaissance du latin : les scribes s’accordent quelquefois de facétieuses libertés62. Il faut probablement considérer que l’original était de meilleure facture, que l’on n’accordait pas à ces pièces – qui une fois enregistrées n’étaient pas destinées à être lues in extenso – le même soin qu’aux premières.
32On note rapidement que mérites et compétences des officiers peuvent être regroupés en trois séries. Il y a d’abord celles, omniprésentes, qui constituent un socle commun à tous les officiers pontificaux, un ensemble de propriétés fondamentales. Sur ce piédestal, s’organisent divers termes dont le sens est lié à l’une ou l’autre des précédentes qualités constitutives. Enfin, apparaît l’ornementation sous la forme d’attributs spécifiques, que nécessite la fonction singulière que certains officiers doivent exercer.
33Pour exercer un office au nom du pape, une qualité est indispensable : la fidelitas (56 occurrences), souvent ancrée dans les gènes de l’impétrant63. Viennent ensuite la circumspectio (40) – la surveillance prudente que l’on est capable d’exercer sur soi et sur les autres – et les valeurs spécifiques du personnage député par le pape, ses vertus (38), qui le rendent naturellement apte à exercer la fonction qu’on lui confie.
34À partir de ces qualités essentielles, doivent s’épanouir des comportements précis qui leur donnent tout leur sens : devotio (30), probitas (29), sollicitudo (25), merita (25) et studia (23), toujours au pluriel, diligencia (19), prudencia (17), providencia (16), industria (16) et servicia (15). La fidélité inclue le dévouement et la sollicitudo. La circumspectio induit la prudence et la prévoyance. Le dévouement suppose à la fois la sollicitudo, l’application (studium), l’industrie et la diligence. C’est par la multiplication des termes que l’on donne un corps de référence, un modèle de comportement, que l’officier doit impérativement intégrer64.
35À ces qualités s’ajoutent celles que nécessitent certains offices à compétence spécifique. Lorsque le pape ou son vicaire général nomment un capitaine (au sens actuel du mot) – fonction réservée aux membres éminents d’un groupe social bien déterminé – on rappelle la noblesse du nouveau titulaire, sa vaillance (la strenuitas), ses vertus (c’est-à-dire ses qualités viriles, la vigueur, la force physique), et, dans la mesure où il est censé diriger des opérations militaires, son expérience65 En revanche, s’agissant de la nomination d’un chancelier, d’un recteur de province (s’il est clerc), on fera référence à leur sciencia, c’est-à-dire à leur savoir66 ; lorsqu’il s’agit d’un juge, d’un avocat du fisc, on insistera sur leur litterarum sciencia – entendons leur connaissance du droit – et leur probitas, indispensable pour condamner plus justement des sujets qui ne s’imposent pas cette discipline67. Enfin, s’agissant d’un officier doté d’un large gouvernement, on fera éventuellement référence à son zèle pour la justice ou à son amour de celle-ci, qui le prédisposent tout naturellement à cet exercice68.
36Toutes ces qualités, le pape les connaît parce qu’on les lui a rapportées69 – c’est bien là le rôle des intercesseurs ! – ou parce qu’il en a reçu les bienfaits, soit à titre personnel, dans sa familiarité70, soit au titre de l’institution, si l’impétrant s’est déjà engagé dans le service de l’Église. Il convient donc de les honorer et de les rétribuer en lui confiant un office. L’auteur de la lettre fait parfois mention des espoirs qu’il place en son serviteur71.
37L’utilisation par la chancellerie de tous ces qualificatifs est soumise à des évolutions et des mécanismes divers. Leur nombre et leur importance varient, en principe, en fonction de la hiérarchie du service. Toutefois, cette règle est battue en brèche par une tendance nette à l’inflation des qualités. Lorsque Clément VI nomme le sénateur et le capitaine de Rome, il leur attribue trois qualités : idoneité, vertus et expérience72. Un châtelain, un vicaire nommés par la chancellerie d’Urbain V sont dotés de trois ou quatre attributs en moyenne : fidélité, circonspection, vertus, industrie. À partir d’août 1370, le nombre de ces qualités augmente fortement ; pour ces mêmes charges, on fait état de huit compétences en moyenne (fidélité, vertus, dévouement, probité, circonspection, mérites, application et diligence). Par ailleurs, la devotio et la probitas, peu évoquées pendant le pontificat d’Urbain V, deviennent des valeurs fondamentales sous Grégoire XI, alors que l’industria, par exemple, est de moins en moins alléguée73. La notion de dévouement, qui induit un sentiment d’affection, donc de loyauté, d’abnégation, voire de sacrifice, la référence à la droiture, à l’intégrité et aux bonnes mœurs des officiers, semblent révéler un souci de reprise en main, de moralisation du corps des représentants du pape, invités non seulement à se considérer comme des serviteurs zélés du pouvoir, mais également à offrir, à travers un comportement irréprochable, un modèle social à leurs administrés. Cette exigence accrue, est-elle une réponse aux plaintes des communautés urbaines contre les agissements des officiers pontificaux74 ? N’est-ce que la marque d’un renouvellement du personnel de la chancellerie, consécutif au séjour de la curie en Italie entre 1367 et 137075 ? L’absence de travaux sur les formulaires des lettres de nomination d’officiers en Italie ne permet pas de résoudre ces questions76. Gageons que les deux facteurs contribuent à cette évolution.
38Cet examen des qualités requises entre 1367-1371 suffit à démontrer que cette partie de la lettre de nomination n’obéit pas à un rituel purement rhétorique, comme tend à le faire croire la production parfois standardisée de ces types d’actes77. L’exposé apparaît comme l’expression d’un savant dosage entre les compétences dont a fait preuve l’impétrant, et celles qu’il doit absolument mettre au service de sa nouvelle fonction. Le caractère en apparence stéréotypé du discours renvoie à une définition précise de l’officier modèle, établie en fonction de critères singuliers et changeants, auxquels tous doivent se conformer. Ces lettres de nomination, destinées à être publiquement lues, pourraient donc être une réponse tangible du pouvoir aux soucis et doléances présentées par les sujets, et constituer ainsi une transcription claire et consciente d’une volonté de réforme des mœurs des officiers. L’énoncé de leurs indispensables qualités peut être l’occasion de retendre le lien entre gouvernants et gouvernés, en exposant sous un jour favorable les représentants du pouvoir, si modestes soient-ils.
RAISONS ET HIÉRARCHIES
39La production de ce type de lettres, en forte augmentation à partir du pontificat de Grégoire XI, résulte en grande partie d’attitudes éprouvées, puisqu’en pratique tous les offices sont semble-t-il impétrables. Les intrigues de Gauthier de Brienne, duc d’Athènes et seigneur de Florence, auprès de Clément VI pour obtenir le rectorat de Romagne sont peut-être restées vaines ; ses prétentions n’en ont pas moins été discutées en consistoire78. La conquête albornozienne avait ouvert un vaste champ d’offices impétrables. Dans le corpus réuni, 1 lettre pontificale sur 6 évoque expressément la présentation d’une supplique ou d’une pétition par l’impétrant ou par ses protecteurs79 ; quant aux demandes de nomination adressées par Grégoire XI à ses vicaires généraux, elles mentionnent explicitement ces « cédule », « pétition », « supplique » déposées devant lui, qui sont jointes au courrier qui leur est adressé en Italie80.
40Les parents du pontife81, ses officiers – qu’il s’agisse de curialistes (camérier82, secrétaire83, juge84, huissier et sergent d’armes85) ou de personnages plus éloignés de lui (recteur, trésorier de province86), voire de simples agents87 – lui adressent leurs demandes. Les cardinaux88, archevêques et évêques89 recommandent leurs familiers et écuyers. Les barons bien en cour90, quelques rois même91, réclament en faveur de leurs clients et vassaux. Il n’est pas jusqu’à l’empereur Charles IV qui ne souhaite voir un de ses huissiers obtenir un office en Italie92. Bref, le souverain est entouré d’une nuée de solliciteurs venant d’horizons divers, auxquels il résiste, selon son humeur et son caractère, avec plus ou moins de fermeté. Grégoire XI qui, in tantum existit de suis cognatis apud Avinionem in petitionibus et supplicationibus fatigatus, aurait pour cette raison ramené le Saint-Siège à Rome, avance un chroniqueur93. On conçoit aisément qu’accorder largement la grâce pontificale sans compromettre des programmes politiques en cours de réalisation, exigeait du souverain pontife finesse et doigté94.
41La non conservation des suppliques relatives à des questions temporelles ne permet pas de mesurer toute la dimension de ce phénomène. Toutefois, les arguments invoqués par les impétrants sont parfois transcrits dans les lettres de nomination, de sorte qu’on doit considérer qu’ils entrent pleinement dans l’ensemble des raisons qui motivent la décision pontificale. Comment les solliciteurs justifiaient-ils leur besoin d’administrer ou de gouverner ?
42Un ancien connétable d’une bannière de cavaliers réclamait en 1365 ce qu’on lui devait encore, afin d’obtenir, au soir de sa vie, la récompense de son dévouement passé, sous la forme d’une charge, dont il déclarait humblement la fonction : pro vite sue substentatione95. L’attribution d’un office entrait dans le cadre de la protection bienveillante que le pape accordait naturellement aux faibles et aux démunis, à ceux que les revers avaient plongé dans le besoin. Grégoire XI réclamait à ses vicaires généraux en Italie des offices pour caser d’anciens écuyers de défunts cardinaux96. Il décida de soutenir par ce moyen un noble de la Campagne romaine, dont le castrum était en ruine97.
43Une analyse serrée de la correspondance pontificale montre que les solliciteurs mettaient d’ailleurs bien en avant leurs difficultés – surtout si le service du pape pouvait en être à l’origine. Grégoire XI voulut dédommager ainsi ceux qui s’étaient dépensés dans la défense des intérêts de l’Église : Pérugins bannis et dépouillés à cause de leur engagement politique98, fidèles milanais et lombards éprouvés par la guerre que le pape menait contre les Visconti99, Viterbais spoliés et expulsés à la suite de la révolte de Francesco di Vico en 1375100, Bolonais réduits à la même extrémité par la rébellion d’avril 1376101. Les arguments présentés par les impétrants, repris dans la lettre pontificale, permettent d’ériger en exemple leur dévouement pour l’Église, qui ne varie pas malgré les revers. Ils exaltent aussi la bonté du pontife et son sens aigu de la justice, puisque ce dernier redresse par ce biais les torts et les dommages subis. Justifiée par un lien de familiarité, par la protection d’un puissant ou par des considérations humanitaires, l’attribution d’un office administratif ou de gouvernement est considérée comme une faveur, une grâce particulière, à la fois par les solliciteurs et par la papauté, qui la présente comme telle.
44Il importe donc de savoir si l’attribution d’un office obéissait à des règles plus précises : selon quels principes la cour pontificale distribuait-elle les offices ? Le vocabulaire utilisé dans les demandes de nomination permet d’en préciser les mécanismes.
45Le mot officium, lorsqu’il apparaît sans qualification, est très vague ; et le destinataire des bulles pontificales pouvait se méprendre quant aux intentions véritables de leur auteur. De manière à ce que son correspondant accomplisse au mieux ses volontés, le pape lui proposait parfois d’agir en fonction des qualités de son candidat – entendues dans leur acception sociale et professionnelle. Le 28 décembre 1353, par exemple, Innocent VI demandait au cardinal Albornoz de pourvoir Jean de Anzola, de aliquo sue persone meritis congruenti officio102 – ce qui était assez difficile si le cardinal ne questionnait pas au préalable le futur officier sur ses états de service. Une autre solution consistait à préciser le sens qu’on entendait donner à officium par une épithète, un syntagme ou une équivalence. Le Tableau no 12 recense les diverses homologies rencontrées dans ces lettres entre 1371 et 1375 – aucune demande de nomination n’étant adressée aux vicaires généraux après cette date103.
46On note tout d’abord que les demandes vagues d’« offices » ont tendance à se développer jusqu’en 1374 et que, selon toute évidence, dans l’esprit du pontife, le mot officium désignait surtout une fonction de châtelain (25 équivalences sur 88 occurrences de ce vocable, sans compter les 15 demandes de châtellenies). Les homologies qu’il utilise sont de deux ordres : soit il fait appel à des notions socio- professionnelles signifiantes (honorable, conforme à son état, selon ses mérites, etc.) ; soit il détermine un type d’office qui correspond aux compétences de son candidat (vicariat, podestarie, châtellenie), offrant ainsi au vicaire général une référence précise à laquelle il est invité à se conformer. Le différentiel entre la première et la deuxième forme d’homologie va s’amenuisant fortement, passant de 11 à 0, révélant ainsi que les demandes pontificales sont de plus en plus imprécises. La politique de placement de Grégoire XI se heurte donc à une certaine saturation de l’appareil ; il est contraint de se reporter davantage sur ses vicaires généraux, tous deux, à partir de 1373, membres de sa famille – biologique, dans le cas de Géraud du Puy, domestique, en ce qui concerne Guillaume Noëllet, son ancien référendaire.
47En utilisant ces deux types d’homologie, Grégoire XI nous livre les critères qui déterminent en réalité la hiérarchie du service d’État. Le premier de ces critères est l’honneur. Sont considérées comme honorables, les charges diplomatiques et les offices de gouvernement provincial ou urbain (vicariats, podestaries)105. Dans les actes émis par leurs services respectifs, dans les registres de délibérations communales, les vicaires, les podestats sont effectivement ornés d’un titre normalement porté par les barons, « noble et puissant seigneur ». Servir le pape ne saurait déprécier une position ou l’élever anormalement et le pontife appelle fréquemment les destinataires de ses missives à veiller au respect de cet impératif106. En novembre 1374, par exemple, il intervenait pour qu’on attribue un château plus vaste au florentin Francesco degli Albizzi, vicaire de Todi, celui dans lequel il résidait alors, étant trop exigu pour loger ses fils et ses familiers107. Dans le cas où l’office que le pape réclamait pour ses candidats ne serait pas disponible, il précisait qu’une charge semblable, équivalente ou de qualité supérieure conviendrait parfaitement108.
48Le deuxième critère de classification est le revenu. À l’intérieur d’une même catégorie d’emploi, Grégoire XI différencie les « bonnes » charges des offices ordinaires109. Lorsqu’il considère que l’office attribué à son candidat ne lui procurera pas un revenu suffisant, il fait augmenter ses émoluments par une lettre dérogatoire110 ou lui confie une charge supplémentaire dans un lieu voisin111. À plusieurs reprises, le pape établit une équivalence entre l’exercice d’une fonction et le versement d’une provision112. La vente aux enchères annuelle des châtellenies du Patrimoine de Saint-Pierre et de la Campagne romaine113 faisait de ce type d’office un instrument commode pour rétribuer services et fidélités114, même s’il était parfois des dons empoisonnés : Angelo Paloscii, familier romain de Grégoire XI, qui avait obtenu la châtellenie d’Aquapuzza au diocèse de Terracine en décembre 1371, se rendant vite compte qu’il ne dégagerait aucun bénéfice, fit intervenir son frère, Stefano, évêque de Brescia, dès le mois d’avril 1372, pour être « absous » de cette charge115.
49L’attribution d’un office par la curie semble donc avoir été réglée, tout d’abord par le rang social de l’impétrant. De cette manière on honorait à la fois les sujets du pape et les hommes qui le servaient. Elle était ensuite fonction des revenus que la charge était susceptible de lui offrir. Les critères de hiérarchisation du service pontifical sont d’une extrême simplicité : honneurs et profits. Ils constituent une clé d’analyse opératoire et commode, permettant de dépasser aisément la complexité d’un système administratif et de gouvernement, construit de manière empirique par le cardinal Albornoz et dont le lexique, on l’a vu, n’était pas aisément maîtrisable.
50À ne considérer que les raisons invoquées par les impétrants et la logique présidant à l’attribution des charges, on admettrait volontiers que le but de l’office ne serait pas d’administrer, mais de signifier, de rétribuer, voire de dédommager. Les charges n’auraient pas de valeur en tant que telles : multipliées par la conquête albornozienne, elles ne constitueraient qu’une réserve de dignités et de pensions, destinées à favoriser et récompenser des familiers toujours plus nombreux, ne résidant pas nécessairement dans leur circonscription. Cette conclusion, qui est celle d’une historiographie datée, est outrée. S’il n’est pas, en effet, difficile de présenter des exemples étayant une telle analyse116 – dont le principal contrefort réside dans le népotisme, considéré comme système117, et dans ses applications dérivées – il convient semble-t-il de penser et de poser la question en d’autres termes.
51Après avoir examiné les principes d’attribution des charges, venons-en aux méthodes : quelles influences la gestion curiale du recrutement des officiers put-elle avoir sur les structures socio-politiques de l’État ?
OFFICES ET BÉNÉFICES
52Le retour de l’État pontifical dans le giron de la curie permit aux curialistes d’intégrer ce nouveau gisement d’offices dans leurs stratégies de placement. Si, pendant la période considérée, le cumul de fonctions administratives à l’intérieur de l’État semble limité118, en revanche le cumul de charges curiales et de gouvernement, pour les laïcs119, d’offices ecclésiastiques et administratifs, pour les clercs120, se développe fortement dès la disparition d’Albornoz. Sans troubler véritablement la gestion de l’État – contribuant même dans une certaine mesure à son recentrage ou palliant le défaut de celui-ci, ce qui revient au même – il permettait d’offrir ce surcroît d’honneur et de revenus à divers personnages que le pouvoir entendait favoriser. De cette manière, l’État, évoluant jusque-là un peu en marge des autres organismes mus par la curie, entrait pleinement dans le système d’institutions gouverné par la papauté. Par leurs multiples fonctions, les officiers du pape créaient les liens indispensables entre centre et périphéries, mais aussi entre les divers domaines sur lesquels s’exerçait le pouvoir pontifical. Cette évolution favorisa la structuration rapide de réseaux locaux de pouvoir, nichés dans les diverses branches des organes de gouvernement de l’Église : un Pierre Arsenh, évêque de Montefiascone, châtelain de Marta, puis de Montefiascone au nom du pape, collecteur de la Chambre dans le Patrimoine de Saint-Pierre, symbolise bien cette symbiose, à travers sa personne de fonctions de natures diverses, relevant de l’institution ecclésiale, de l’administration temporelle, de l’organisation fiscale de l’Église121.
53Si la curie, vaste champ d’interpénétration du religieux et du profane, du spirituel et du temporel, fut l’agent d’une intégration de la structure étatique à l’ensemble du système d’institutions gouverné par la papauté, il convient logiquement d’examiner dans quelles mesures les pratiques socio-politiques caractéristiques de la provision des bénéfices ont pu inspirer celles présidant à la nomination aux offices temporels122.
54Mises à part quelques fonctions particulières – les châtellenies-militaires notamment – la plupart des offices de gouvernement local avaient été semestrialisées ou annualisées par le cardinal Albornoz, qui s’était ainsi adapté aux règles administratives élaborées par les communes. Les vicaires, podestats, chanceliers, etc. pouvaient toutefois voir leur mandat prorogé une fois. Cette rotation rapide des charges permettait d’intégrer les forces vives de ces territoires à la nouvelle construction politique, en recrutant dans la noblesse et les élites urbaines ceux qui pouvaient constituer à terme un corps de serviteurs de l’État et du souverain. Or, la correspondance grégorienne atteste de la remise en cause de ces usages administratifs par la papauté, qui concède de plus en plus fréquemment ces offices à ceux qui fréquentaient la curie, sans limitation de durée et malgré les oppositions éventuelles des sujets. Le 9 avril 1374, par exemple, le pape donnait l’ordre à Guillaume Noëllet de déclarer ad beneplacitum pape le vicariat d’Ancône, qu’il avait concédé au florentin Anibaldo di Benci Carrucii, même si les Anciens de la cité se plaignaient de cette réforme123. L’arbitraire pontifical ouvrait la voie à de larges concessions d’autorité sur diverses parties du territoire, modifiant au passage le statut du vicaire-représentant du pouvoir – qui se rapprochait ainsi de celui du vicaire-seigneur, puisque relevant désormais pour l’essentiel du seul souverain. Comment ne pas voir dans cette évolution, qui manifeste la puissance du privilège apostolique, dérogatoire aux constitutions et aux statuts communaux approuvés par les recteurs, une adaptation du recrutement des officiers temporels aux pratiques plus générales de nomination effectuées par la papauté ?
55Puisque l’institution ecclésiale admettait que les bénéficiers désignassent leurs successeurs, pourquoi la resignatio in favorem au-rait-elle été interdite aux laïcs qui servaient le pape dans l’État ? Cette pratique, courante à la curie124, apparaît en plein développement au début du pontificat de Grégoire XI. Le 8 décembre 1371, le pape demandait à Pierre d’Estaing de conférer l’office de dépositaire de la Chambre à Bologne, que Simone Ricardi Baroncelli voulait abandonner, à Michele, son frère : à l’exposé des qualités de Simone succédait l’exposé des qualités équivalentes de Michele, justifiant ainsi la transmission de la charge125. Les exemples de passation d’office dans une même famille ne manquent pas : au florentin Pietro Filippi degli Albizzi, constitué capitaine des Montagnes de Bologne, le 1 mai 1371, succédait Tommaso degli Albizzi, le 21 octobre 1372126 ; à Giovanni da Siena, podestat de Medicina, succédait son frère Francesco127, etc.
56La pratique de la resignatio que les bulles pontificales ne permettent pas toujours d’identifier pose le problème de la vénalité des offices, considérée ici à titre privé, bien-sûr. Les actes ne risquent pas de nous donner quelques signes, à cause de l’ambiguïté, voire de l’amalgame possible avec le péché de simonie. Toutefois, s’il n’est pas possible de soumettre en pratique la résignation à la vénalité, comme c’est par exemple le cas en France128, on voit mal certaines « successions » s’opérer sans un recours à cet artifice. Les indices sont parfois très convaincants : ainsi la nomination du Bertrand de Rignac à la châtellenie d’Orvieto, qui résultait de la mutation en Romagne de Bernard du Sorbier et qui permettait à un quercynois de succéder à un autre quercynois129.
57Toutes les stratégies utilisées par des curialistes laïcs, repérables à travers cette correspondance, étaient déjà bien rôdées dans l’institution ecclésiale. Leone de Jovis, huissier du pape originaire de To-di, précédemment confirmé dans ses fonctions de vicaire de la terre des Arnulfs par Grégoire XI, résignait ses deux mandats dans le Duché en faveur de son frère, Tedesco, le 14 mars 1375130. Cette résignation permettait surtout à l’huissier de repartir à l’assaut de nouvelles places : le même jour, il obtenait en effet la garde du castrum voisin de Cesi131, procédant ainsi comme les clercs qui, pour obtenir de nouveaux bénéfices, renonçaient à une part de ceux qu’ils détenaient aux profits de leurs proches. Le 21 juillet 1377, enfin, son frère était constitué châtelain de Podioaczohani, toujours dans la terre des Arnulfs, vacantem ad presens per dimissionem seu resignacionem per dilectum filium nobilem virum Leonem de Jovis hostiarium nostrum germanumque tuum in manibus nostris factam132. La concentration par une même famille de pouvoirs de commandement sur une fraction du territoire pontifical avait sans doute ses avantages pour le souverain. Mais elle remettait en cause le fonctionnement d’une structure étatique, dotée de règles administratives précises et cohérentes.
58Le développement des concessions d’offices ad beneplacitum pape et de la resignatio in favorem rendait nécessairement l’accès aux charges de plus en plus ardu. Dans les requêtes qu’ils faisaient déposer auprès du souverain, les laïcs sollicitaient pour la plupart un office nommément désigné ou énuméraient quelques vœux précis133 – tout comme les clercs dans les suppliques en matière bénéficiale134. Comme il s’avérait difficile de satisfaire les solliciteurs bien déterminés, Grégoire XI finit par demander à ses vicaires généraux de leur attribuer le ou un des dits offices, si vacat vel cum vacaverit135. C’est-àdire, que sans lui donner expressément ce qualificatif, le pape se mit à délivrer des « expectatives d’office », qui, elles, on le sait, s’étaient largement développées au cours du xive siècle dans l’institution ecclésiale, troublant son fonctionnement. Ce phénomène est certes ponctuel. Il est lié à la personnalité de Grégoire XI qui, à l’imitation de son oncle Clément VI, fut désireux d’accorder très largement la grâce pontificale : pas moins de 5 000 expectatives de bénéfices furent délivrées la première année du pontificat136. Cette politique explique peut-être les anomalies de fonctionnement relevées plus haut137.
59L’introduction par la curie des conceptions et des pratiques caractéristiques du gouvernement de l’Église à la fin du Moyen Âge dans l’État est décelable jusque dans l’enregistrement des bulles de nomination par la chancellerie. Traditionnellement les lettres de nomination aux offices temporels, dont la matière était éminemment politique et administrative, étaient classées parmi les lettres secrètes et curiales, comme on peut le constater pour le pontificat de Clément VI et même celui d’Innocent VI (voir le Tableau no 13).
60Les très rares recommandations et octrois de faculté de nommer quelques officiers accordées à des recteurs, étant considérées comme des grâces spécifiques, étaient toutefois enregistrées dans les lettres communes138. À partir d’Innocent VI, un certain désordre commence à être perceptible ; mais les trois types de lettres (nomination, confirmation et demande de nomination) furent principalement enregistrés dans les lettres secrètes et curiales.
61Le développement typologique et numérique de cette correspondance provoque une réaffectation significative de l’enregistrement dès le début du pontificat d’Urbain V, peut-être en relation avec l’arrivée à la tête de la chancellerie de Pierre de Monteruc139 : on assiste en effet à une inversion radicale des critères d’enregistrement. Les demandes de nomination adressées aux vicaires généraux, aux responsables financiers et aux recteurs de province, ainsi que la nomination de quelques familiers et hauts officiers sont collationnées dans la série des lettres secrètes et curiales140. Les lettres de nomination et de confirmation d’offices sont versées aux scribes responsables des communes.
62Bref, devant l’augmentation rapide du nombre de ces actes à partir de 1367, on ne crée pas une série particulière qui aurait facilité la gestion des carrières des officiers par la curie, soulignant au passage de réelles préoccupations administratives. Le vice-chancelier, Pierre de Monteruc, se contente de distribuer les bulles de nomination dans les séries de Diversis Formis et de Indultis et Privilegiis, en fonction des disponibilités de ses services respectifs, plutôt qu’en relation avec une logique précisément définie. Que la chancellerie considère la nomination à un office administratif ou de gouvernement comme une grâce bénéficiale, que la logique qui préside à l’enregistrement soit davantage conditionnée par la nature du privilège apostolique que par des préoccupations administratives atteste de cette absorption de la structure étatique albornozienne par une curie qui adapte le recrutement des officiers régissant les terres de l’Église à ses propres usages ecclésiastiques.
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63Entre bon gouvernement des sujets et rétribution des fidélités, l’action du pape se résumerait-elle à concilier des orientations contradictoires ?
64Que l’attribution d’un office se limite à la juste indemnisation des débours et des meurtrissures contractées pour servir le pape, qu’elle soit un soutien que l’on accorde à de fidèles serviteurs ou à des sujets démunis, récuse apparemment toute préoccupation administrative, tout objectif politique, voire toute conception définitivement étatique. Toutefois, que l’office soit considéré comme un privilège, et éventuellement du point de vue socio-diplomatique comme une prébende, ne signifie pas nécessairement que le pouvoir le considère uniquement sous cet angle – écartons d’emblée une foi inébranlable et naïve dans la solidité d’un système administratif insensible à la qualité des officiers qui le font fonctionner. D’une part, la multiplicité des raisons qui poussent le pape à octroyer une charge n’est que rarement perceptible dans les lettres de nomination et lorsqu’elle l’est, il est souvent impossible de hiérarchiser les arguments141 ; d’autre part, le fait d’avouer publiquement que l’officier, paré de qualités singulières, est privilégié par la grâce pontificale, qu’il dispose de sa confiance, est sensé en retour aiguillonner d’abord son dévouement pour le pape et pour les objectifs politiques qu’il a dessinés142, rassurer ensuite des sujets ainsi régis par un interprète plus ou moins immédiat des volontés du souverain. Cette contradiction apparente souligne l’ambiguïté, déjà relevée par P. Prodi, du modèle institutionnel pontifical, qui marie le temporel au spirituel et associe le laïc au clerc pour le bien de l’Église.
65Comme on a tenté de le montrer dans ces pages, le problème ne se résume pas à une opposition entre discours et pratiques, entre des prétentions politiques clairement énoncées et d’implicites procédés curiaux qui en freineraient les effets : les considérations supérieures par lesquelles débutent nombre de ces actes ne sauraient avoir pour vocation principale de masquer les effets désastreux d’une bienveillance excessive. La contradiction que révèlent les lettres de nomination aux offices est, au fond, celle qui, à la fin du Moyen Âge, régit l’existence de l’ensemble des corps politiques, écartelés entre le désir hautement proclamé de bon gouvernement, donc de réforme – ce qu’exigent à la fois la morale chrétienne, le droit et, plus concrètement, les sujets – et la satisfaction des besoins privés des cercles dirigeants, organisés en réseaux hiérarchisés par des fidélités multiples. Les familles cardinalices jouent ici un rôle fondamental, au passé et au présent, mais non exclusif : de nombreux autres réseaux – ceux des grandes familles bancaires italiennes, surtout toscanes, ceux que les barons et rois d’Occident par l’intermédiaire des procureurs qu’ils entretiennent en curie sont susceptibles d’actionner – interviennent dans les nominations et contribuent à diversifier l’origine d’un personnel, ayant fort probablement d’abord fait ses preuves à l’intérieur de ces diverses structures avant d’être utilisé par la papauté.
66Si un historien de l’État pourrait considérer que l’on assiste à la fin de cette période à une involution patente du système administratif fédérateur et véritablement étatique conçu par le cardinal Albornoz – système officiellement régulé par les constitutions proclamées lors du parlement de Fano du 29 avril 1357, mais en réalité manœuvré par la cour du cardinal d’Espagne143 – un historien du pouvoir pontifical rétorquerait que la limitation de la puissance des vicaires généraux144, les entorses réitérées de la papauté au système albornozien145, la proclamation même de l’obsolescence de ces constitutions146, autant que les remontrances que le pape adresse alors à des représentants peu actifs à ses yeux dans la lutte contre les abus des officiers147, montrent que la papauté est à la recherche d’un nouveau paradigme politique et intégrateur, dans lequel les divers groupes qui composent la curie et les fidèles sujets du pape pourraient trouver leur place148, donnant ainsi à l’imposante cour pontificale un territoire véritablement à sa mesure, avec lequel elle pourrait entrer en synergie. Les conceptions théocratiques de Grégoire XI ne connurent pas le succès qu’il pouvait attendre : on sait dans quelles circonstances difficiles s’acheva son pontificat.
Notes de bas de page
1 ASV, Reg. Aven. 174, fol. 301v-302.
2 Voir notamment pour la bibliographie G. Gualdo (éd.), Cancelleria e cultura nel Medio Evo. XVI Congresso internazionale di scienze storiche, Cité du Vatican, 1990 ; P. Gasnault, L’élaboration des lettres secrètes des papes d’Avignon : chambre et chancellerie, dans Aux origines de l’État moderne. Le fonctionnement administratif de la papauté d’Avignon, Rome, 1990 (Collection de l’École française de Rome, 138), p. 209-222 ; F. Leverotti (éd.), Cancelleria e amministrazione negli stati italiani del Rinascimento, dans Ricerche storiche, 24/2, 1994 et P. Jugie, Cardinaux et chancelleries pendant la papauté d’Avignon : une voie royale vers les honneurs, dans le présent volume.
3 L. Mirot, La politique pontificale et le retour du Saint-Siège à Rome en 1376, Paris, 1899, p. 40 ; M. Antonelli, La dominazione pontificia nel Patrimonio negli ultimi venti anni del periodo avignonese, dans Archivio della Società romana di storia patria, 30, 1907, p. 272-332, 121-168 : p. 311-317 et 136-138 ; G. Franceschini, Il cardinale Anglico Grimoard e la sua opera di legato nella regione umbro-marchigiana, dans Bollettino della Deputazione di storia patria per l’Umbria, 51, 1954, p. 45-72 : p. 62-63.
4 La fin du contentieux avec Louis de Bavière et la fonction – nécessairement secondaire après l’assassinat d’André de Hongrie – du royaume de Naples dans les projets italiens de l’Église amènent la papauté à réviser sa politique vers 1346. À partir de cette date, elle envisage de reconquérir les biens et droits perdus, afin de constituer une principauté territoriale susceptible de marquer sa puissance en Italie. Le cardinal Albornoz en fut le fondateur, le schisme de 1378, un des principaux agents de son éclatement (voir P. Partner, The Lands of St. Peter. The Papal State in the Middle Ages and the Early Renaissance, Londres, 1972 et surtout les volumes IV et VII/1 et 2 de la Storia d’Italia dir. par G. Galasso, Turin, 1981 et 1987, plus particulièrement les contributions de J.-C. Maire Vigueur, Comuni e Signorie in Umbria, Marche e Lazio, et de D. Waley, Lo Stato papale dal periodo feudale a Martino V).
5 G. Mollat, Origine de la fonction de vicaire général au temporel dans les États de l’Église (1346-1348), dans Comptes rendus des séances de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, 109, 1965, p. 164-168 ; et Bertrand de Déaulx, jurisconsulte et pacificateur des États de l’Église au xive siècle, dans Archivum historiae pontificiae, 6, 1968, p. 393-397.
6 Lettres closes patentes et curiales du pape Clément VI se rapportant à la France, éd. E. Déprez, J. Glénisson et G. Mollat, no 3320.
7 E. Verdera y Tuells (éd.), El cardenal Albornoz y el Colegio de Espana, 3 vol., Bologne, 1972-1973 (Studia Albornotiana, 11-13).
8 Notamment en ce qui concerne les brefs d’Anglic Grimoard (voir par exemple ASO, Riformagioni 157, fol. 3). La titulature adoptée par le frère d’Urbain V dans les documents officiels obéit aux mêmes principes : Anglicus, miseracione divina episcopus Albanensis terrarum sancte romane Ecclesie in Italia citra regnum Sicilie consistentium vicarius generalis (ASC Osimo, Perg. 152, 165 ; ASC Recanati, Perg. 48, 58). Si Pierre d’Estaing mentionne expressément son rang de cardinal, en revanche il ne fait pas référence à son rang de légat : Petrus miseracione divina tituli sancte Marie in Trans tiberim presbiter cardinalis in nonnullis provinciis et terris Sancte Romane Ecclesie in Italia consistentibus pro domino nostro papa et eandem Ecclesia vicarius generalis (AS Macerata, Cass. VIII, S ; ASC Potenza Picena, Perg. 7 ; ASC Recanati, Perg. 63). Lors de sa deuxième légation, en 1377, il adopte la titulature : Petrus miseratione divina episcopus Ostiensis in nonnullis provinciis terris et locis Ecclesie romane in partibus Ytalie consistentibus domini nostri pape vicarius (ASO, Rif. 166, fol. 2). La même remarque pourrait être faite concernant la titulature choisie par Géraud du Puy (voir M. Casini Bruni, Lettere di Gerardo du Puy al Comune di Orvieto (1373-1375), Pérouse, 1970). Un inventaire de la correspondance des vicaires généraux jusqu’au Grand Schisme est en cours d’élaboration.
9 Toutes les lettres de nomination n’ont pas été conservées. Le gouvernement des terres de l’Église, attribué à l’origine au seul cardinal Albornoz, fut de plus en plus fragmenté. À une première division conditionnée par l’orographie et le conflit contre les Visconti (Romagne-Marche et Duché-Patrimoine-Campagne) succéda une répartition ternaire (Romagne-Marche, Duché-Patrimoine, Rome-Campagne). La liste chronologique des vicaires généraux s’établit comme suit ; seuls les trois permiers gouvernèrent pendant une partie de leur mandat la totalité de l’État pontifical : Gil Alvarez de Albornoz (30 juin 1353 – 23 août 1357 ; 18 septembre 1358 – † le 23 août 1367) ; Androin de La Roche (23 août 1357 – 23 décembre 1358 ; 26 novembre 1363 – 13 avril 1368) ; Anglic Grimoard (15 novembre 1367 – 5 juillet 1371) ; Gilles Aycelin de Montaigut (avant le 7 décembre 1368 – début 1370 ?) ; Pierre d’Estaing (15 juillet 1370 – 18 mars 1374 ; avant juin 1376 – † le 25 novembre 1377) ; Philippe Cabassole (4 juillet 1371 – † le 27 août 1372) ; Géraud du Puy (8 septembre 1372, régent seulement ; 4 juin 1374 – 7 novembre 1375) ; Guillaume Noëllet (28 novembre 1373 – 25 mai 1376) ; Pierre Flandin (7 novembre 1375 – début 1376 ? ; décembre 1377 – avril 1378 ?) ; Francesco Tebaldeschi (25 janvier 1376 – août 1378) ; Robert de Genève (25 mai 1376 – avril 1378 ?).
10 Voir A. Gardi, Il mutamento di un ruolo : i legati nell’amministrazione interna dello Stato pontificio dal xiv al xvii secolo, dans le présent volume.
11 On fait bien entendu référence à la perte de la plupart des registres de lettres relatives au pontificat d’Urbain VI et au caractère très lacunaire de la documentation bonifacienne (M. Gastout, Suppliques et lettres d’Urbain VI et de Boniface IX jusqu’en 1394, Bruxelles-Rome, 1976 [Analecta Vaticano-Belgica 29], p. xxv-xxxix).
12 Codex Italiae diplomaticus dominii temporalis Sanctae Sedis, 3 vol., Rome, 1861-1862.
13 Voir en annexe la liste des documents pris en compte pour cette étude, ainsi que les abréviations renvoyant aux inventaires analytiques publiés sous les auspices de l’École française de Rome. Indice probant d’un réel désintérêt pour les lettres de nomination d’officiers, lié probablement au peu de sens que l’on attribuait alors à l’exposé, leur publication n’a presque jamais été réalisée par les divers responsables de l’édition des lettres. Lorsque les analyses sont insuffisantes ou défectueuses pour notre propos, on fait donc référence dans les notes qui suivent aux registres conservés à l’Archivio Segreto Vaticano.
14 La prima legazione del cardinale Albornoz in Italia (1353-1357), dans Studi storici, 5, 1896, p. 81-120, 377-414, 485-530 ; et La IIa legazione del cardinale Albornoz in Italia (1358-1367), ibid., 12-14, 1903-1905, respectivement p. 263-337, 3-52 et 29-68. Sur l’édition de ces documents, voir le compte rendu d’E.-R. Labande, dans Le Moyen Âge, 1934, p. 211-217.
15 Correspondance des légats et vicaires-généraux. Gil Albornoz et Androuin de la Roche (1353-1367), Paris, 1964 (Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome, 203) ; voir le compte rendu très critique d’E. Petrucci (Studi medievali, 1967, p. 239-249).
16 Ces lettres devaient être lues devant les représentants des communes des barons et du clergé normalement convoqués en parlement par tout nouveau recteur ; le gouvernement pontifical était présenté comme facteur d’équilibre, de justice, de paix et de cohésion entre tous les sujets (G. Ermini, I rettori provinciali dello Stato della Chiesa da Innocenzo III all’Albornoz, dans Rivista di storia e diritto Italiano, 4, 1931, p. 1-76, rééd. dans Id., Scritti storico-giuridici, a cura di O. Capitani e E. Menesto, Spolète, 1997, p. 573-648, p. 616-620 ; voir également les textes cités en introduction et dans les notes 60, 64 et 66).
17 Ainsi pour le sénatorat de Rome (A. Theiner, Codex Italiae diplomaticus..., II, no 193, p. 197-198 ; no 201, p. 201 ; no 208, p. 217 ; no 223, p. 237). Sur le traitement particulier de Rome dans la correspondance pontificale, voir J. Coste, Les lettres collectives des papes d’Avignon à la noblesse romaine, dans Aux origines de l’État moderne..., p. 151-170.
18 Ce chiffre anormalement élevé s’explique par l’enregistrement de 10 lettres pour la nomination de Niccolò della Serra comme recteur du Patrimoine et des terres adjacentes, le 8 novembre 1351 ; soit une lettre pour le gouvernement du Patrimoine, de Terni, Todi, Rieti, Narni, Stroncone, Otricoli, Miranda, Calvi et du comté de Sabine (ASV, Reg. Vat. 145, fol. 90v et s.). Trois lettres seulement avaient été confectionnées pour confier le gouvernement de ces mêmes terres à Guichard de Comborn, le 23 septembre 1347 (Reg. Vat. 141, fol. 81v, 82v et 84).
19 Le 28 juin 1355, par exemple, il lui demandait de constituer un citoyen de Velletri, châtelain de Lariano, en Campagne, si eum ad hoc ydoneum repereris (Lettres curiales, no 1651) ; voir également note 77 et Annexe I, no 13.
20 Il s’adresse à la fois au cardinal, à son émissaire en Curie, Niccolò Spinelli da Giovinazzo, et à l’évêque d’Avignon, frère du pape, pour que Latino de Baro, de Terni, nommé châtelain, ne soit pas affecté à Terni (J. Glénisson et G. Mollat, Correspondance..., nos 990-992).
21 Le 9 novembre 1366, Urbain V recommandait à Étienne Aubert, receveur général en Italie, Pierre Rostaing, auquel, avec l’accord d’Albornoz, il avait donné l’office de trésorier du duché (Lettres France, no 2444).
22 Voir Annexe II.
23 Voir sur le personnel de la chancellerie vicariale, J. Trenchs Odeña, La cancilleria de Albornoz como legado pontificio, dans Anuario de estudios medievales, 9, 1974-1979, p. 469-505 et dans ce volume la contribution de P. Jugie, Cardinaux et chancelleries pendant la papauté d’Avignon : une voie royale vers les honneurs ?
24 J. Glénisson et G. Mollat, Correspondance..., nos 1115-1116, 1118-1124, 11291133, 1138.
25 Ibid., nos 1214, 1220, 1223, 1228, 1230, 1236-1239, 1243-1245.
26 Petrocino Casaleschi devint le vicaire général du cardinal Albornoz en Romagne le 19 novembre 1364 (ibid., no 1077) ; sur ce personnage voir R. Capasso, dans Dizionario biografico degli Italiani, XXI, Rome, 1978, p. 56-57.
27 M. Pecugi Fop, Il comune di Perugia e la Chiesa durante il periodo avignonese con particolare riferimento all’Albornoz, dans Bollettino della Deputazione di storia patria per l’Umbria, 65, 1968, p. 6-101.
28 S. Carocci, Il nepotismo nel medioevo. Papi, cardinali e famiglie nobili, Rome, 1999. À noter que pour mieux relier le versant adriatique au pouvoir, Adhémar d’Aigrefeuille, maréchal de la cour, et chef laïc de cette puissante famille limousine qui avait eu un rôle majeur dans l’élection d’Urbain V, était nommé recteur de la Marche d’Ancône en septembre 1367 (Lettres France, no 2493).
29 Le chevalier gabalitain Bertrand Raynard était fait vicaire de Corneto, le 21 août 1367 (Lettres com., no 19900) ; Pons de Malbosc, parent de Raymond de Montaut, neveu et héritier du pape, était fait châtelain de Corneto deux jours plus tard (ibid., no 19904) ; le demi-frère du pape, le bâtard Guillaume, était nommé gouverneur de Todi avant juin 1368 (Lettres France, no 2781) ; le damoiseau et ancien consul de Montpellier, Colin Bertrand, était fait vicaire de Gubbio, avant le 13 novembre 1367 (Lettres com., no 21607) ; Pierre Blau, chevalier de La Garde, au diocèse de Mende, était nommé vicaire d’Orvieto, le 18 janvier 1368 (Annexe II-B, no 1). En Romagne, le pape avait désigné son cousin, Hugues de Montferrand, comme recteur avant le 28 juin 1367 (Lettres com., no 19803) ; son frère Anglic nommait leur neveu, Pons Villate, capitaine de Castel San Pietro, au contado de Bologne, puis capitaine de Forlì (ASV, Reg. Aven. 174, fol. 311v) ; un autre neveu, Pierre de Segnoret, figurait dans l’entourage du cardinal à Bologne (La « Descriptio civitatis Bononie ejusque comitatus » del cardinale Anglico (1371), éd. R. Dondarini, Bologne, 1990, p. 113) etc.
30 Voici la liste des confirmations enregistrées pendant la première année du pontificat. On en compte 23. Le 8 février 1371, Pierre Retronchin, chapelain pontifical, était confirmé comme receveur général en Italie (Lettres Autres, no 36). Le 19 mars, Pierre Arsenh, évêque de Montefiascone, recevait confirmation pour la garde de Marta (ibid., no 19818). Le 15 avril, à Leone de Jovis, était confirmé le vicariat de la terre des Arnulfs et la garde de Castripodii, ad beneplacitum (Lettres com., no 11631). Le 24 avril, Dominico Fernandez de Vleles, du diocèse de Cuenca, recevait confirmation pour la châtellenie de Cingoli, Fernando Sanchez de Moya, du même diocèse, pour celle d’Ancône, Louis Filippi, d’Embrun, pour celle d’Offida, Gonsalvo Rodriguez de Cisneros, du diocèse de Palencia, pour celle de Fabriano, Juan Muñoz de Petrabona, du diocèse de Tolède, pour celle d’Amandola, Gil Sanchez de Rauda, du diocèse d’Osma, pour celle d’Arquata, au sud de la Marche, Juan de Santo Vincentio, du diocèse de Burgos, pour celle de Mondavio, au diocèse de Fano, Juan de Alfaro, du diocèse de Tarazona, pour celle de Pieve di Montefalco, dans le duché, et Raymond d’Auriol, du diocèse de Toulouse, pour celle d’Imola (ibid., nos 10227-10235). Le 1er mai, Grégoire XI confirmait à Giovanni, Ludovico et Matteo, fils de feu Matteo Vicedomini de Monticulo de Parme, la podestarie de Serra San Quirico, que leur avait accordée Albornoz (Lettres com., no 10266). Le 8, Pons Villate était confirmé comme capitaine de Forlì (ibid., no 10314). Le 19, Giovanni da Siena était confirmé comme vicaire général à vie à Pereta, au diocèse de Sovana, ainsi qu’à Civitanova, au diocèse de Fermo (ibid., nos 10358-10359). Le 25, Simone Baroncelli conservait sa charge de dépositaire de la Chambre à Bologne (Lettres France, no 2208). Le 2 juin 1371, Jean de Neuvic obtenait confirmation de son office de châtelain de Narni (Lettres com., no 10411). Le 30 juin, Giovanni da Siena se voyait également confirmée sa podestarie de Medicina et Villa Fontana en Romagne (ibid., no 10521) et Onofrio de Charisio, du diocèse de Verceil, conservait la châtellenie de Massa Lombarda, au diocèse d’Imola (ibid., no 10524). Le 28 septembre, Artaud de Melan, prévôt de l’église de Forcalquier, était confirmé comme trésorier de Romagne (ibid., no 10731). Le 2 octobre, Grégoire XI confirmait à Aymeric Mayeur, de Beaulieu au diocèse de Limoges, la châtellenie de la rocca Ravaldini de Forlì (ibid., no 10757). Enfin, le 11 octobre, Orso Jaquintelli, damoiseau de Civita Castellana, était confirmé comme châtelain de Montefiascone (ibid., no 10829 ; Reg. Aven. 174, fol. 403v).
31 Le 11 mai 1372, Grégoire XI ordonnait à Pierre d’Estaing d’employer Maron de Marebeo, damoiseau du diocèse de Bazas, familier de Nicolas de Beaufort, seigneur de Limeuil, in factis armorum strenuum (Lettres France, no 2536) ; le 28 mai 1374, il sollicitait des offices pour Pierre de Manhac, Guillaume Baniere et Héliot de Creyssac qui avaient combattu en Italie (ibid., no 3387).
32 Sclavus Leonis, damoiseau d’Osimo, nommé par Anglic, vicaire d’Orte pour un semestre commençant le 30 mars 1368, était, sur la supplique des citoyens, prorogé pour six mois supplémentaires, le 3 juillet 1368 (Lettres com., no 21856) ; voir également Annexe I, no 25.
33 L’inversion constatée en 1377 est une des conséquences du retour du pape à Rome.
34 On n’évoquera pas la structure des nominations vicariales post-albornoziennes. Les archives des cours vicariales sont en effet en grande partie perdues. La reconstitution de celles-ci à partir des archives communales surreprésente nécessairement les offices urbains de gouvernement et d’administration financière, sur lesquels s’exerce leur contrôle (voir Annexe II-B).
35 Ainsi le 24 octobre 1351, Clément VI commettait la podestarie ou le rectorat de Medicina et Ganzanigo, au comté de Bologne, à Guglielmo Canacii de Scanabites, damoiseau de Vérone (Lettres Autres, no 2509) ; le 30 mars 1372, Grégoire XI nommait un « podestat et recteur » de Scaricalasino, au comté de Bologne (Lettres com., no 21108), normalement doté, depuis les réformes décrétées en 1352 par l’archevêque Giovanni Visconti, d’un vicaire (G. Cinti, Assetto territoriale e forme insediative, dans La « Descriptio civitatis Bononie »..., p. 128) ; même hésitation lorsqu’il demandait, le 11 décembre 1374, à Guillaume Noëllet de conférer au frère du chevalier parmesan, Ludovico di Monticulo, « la podestarie ou le vicariat » de Galliera, au comté de Bologne (Lettres France, no 3560). Le 23 novembre 1373, Grégoire XI ordonnait de pourvoir « de la podestarie ou du vicariat » de Norcia, Niccolò Mascii, citoyen de Pérouse (ibid., no 3135). On n’évoquera pas l’orthographe douteuse de certaines localités : ainsi Chayssha (ASV, Reg. Vat. 268, fol. 152) qui correspond probablement à Cascia dans le Duché de Spolète ; etc.
36 Celles-ci peuvent d’ailleurs être extrêmement variées. Il peut s’agir de l’organisation de la défense d’un bourg perpétuellement menacé par les attaques des Visconti, notamment dans le comté de Bologne (voir La « Descriptio civitatis Bononie »..., p. 65-75), de cités dont le territoire est temporairement soumis à des opérations militaires – ainsi Fabriano en 1371 (G. XI, Lettres com., no 26822) – de cités, dont un quartier, ceint de murs, pouvait être mis en défense, indépendamment du reste de la ville, comme le Girone de Fermo (ibid., no 12054). Divers capitaines exercent, en plus de leurs responsabilités militaires, des fonctions judiciaires : ainsi à San Giovanni in Persiceto (J. Glénisson et G. Mollat, Correspondance..., no 614 ; G. XI, Lettres France, no 2149 ; voir la Descriptio Bononie..., p. 66) ou à Bagnacavallo (G. XI, Lettres com., nos 11782, 27964 ; voir L. Mascanzoni, La « Descriptio Romandiole » del cardinale Anglic. Introduzione e testo, Bologne, 1985, p. 149). Bien sûr, un capitaine exerce également le commandement d’unités militaires de taille variable, voire la direction d’une armée : il porte alors le titre de capitaine général (G. XI, Lettres Autres, no 1125 ; voir note 63).
37 C’est notamment le cas de Rome (C. VI, Lettres autres, nos 1010, 1282, 2301, 2406, 2640 ; F. Filippini, Studi storici, 14, p. 46), de Forlì (J. Glénisson et G. Mollat, Correspondance..., nos 664, 1077 ; G. XI, Lettres com., nos 10314, 26846 ; voir E. Rinaldi, Statuto di Forlì dell’anno M CCC LIX con le modoficazioni del M CCC LXXIII, Rome, 1913 [Corpus statutorum italicorum 5], L. I, cap. 4, p. 44-45). Certaines cités ont – d’après les correspondances pontificales et vicariales, mais il peut s’agir d’erreurs – temporairement accueilli un officier pontifical portant ce titre : ainsi Spolète en 1361 (J. Glénisson et G. Mollat, Correspondance..., no 585 ; s’agit-il du capitaine du Peuple, ser Ventura di Macerata ? voir AS Spolète, Rif. 3, fol. 1) ; Rieti en 1365-1366 (J. Glénisson et G. Mollat, Correspondance..., nos 1132, 1181 ; un autre capitaine du Peuple ? Son existence n’est pas attestée par S. Dionisi, Istituzioni cittadine a Rieti al tramonto del regimen comunale, dans Rivista strorica del Lazio, 9, 1998, p. 37-77), Todi en 1371 (G. XI, Lettres com., no 10749) ; Césène en 1373 (ibid., no 26838) où il est normalement appelé vicaire (« Descriptio Romandiole »..., p. 178).
38 Dans le Duché, existait un capitaine des montagnes de Spolète, qui résidait alors à Cerreto (J. Glénisson et G. Mollat, Correspondance..., no 721 ; G. XI, Lettres com., no 11687 ; Lettres France, no 2691) ; voir notes 52-54) et un capitaine de la Valtopina (voir note 88), parfois appelé vicomte (ASV, Reg. Vat. 286, fol. 157v) ; sur ces deux circonscriptions voir note suivante. Le capitaine des montagnes de Bologne (G. XI, Lettres com., no 11711 et Lettres Autres, no 1114) résidait à Casio (« Descriptio civitatis Bononie »..., p. 72) ; il avait les pouvoirs d’un vicaire, voir note suivante.
39 G. Mollat a établi une distinction entre deux catégories de vicaires ayant exercé à l’âge albornozien : d’une part des officiers nommés pour un semestre par le pouvoir (le pape ou son vicaire général) afin de contrôler le gouvernement des cités ; d’autre part des seigneurs, ayant obtenu une large délégation d’autorité pour cinq, dix ans ou plus, sur les territoires qu’ils détenaient avant la conquête, contre versement d’un important cens annuel et d’un service militaire précisément défini (Albornoz et l’institution des vicaires dans les États de l’Église, dans El cardenal Albornoz y el Colegio de España..., vol. 1, p. 347-354). Existent également des vicariats confiés à des officiers, nommés par le pouvoir, pour un semestre renouvelable (dont le statut est en tous points comparable aux vicaires de la première catégorie), dans des circonscriptions territoriales plus réduites. Ainsi dans les régions relevant du recteur du Patrimoine de Saint-Pierre : à Amelia (G. XI, Lettres France, no 3099), Orte (U. V, Lettres com., no 21856), Otricoli (G. XI, Lettres com., no 20904), Pereta (Lettres France, no 3267). Dans le Duché de Spolète, la Terre des Arnulfs (on note les confusions opérées entre terre des Arnulfs et montagnes de Spolète, par C. Reydellet-Guttinger, L’administration pontificale dans le duché de Spolète (1305-1352), Florence, 1962, p. 16-17, 20) est constitué en 1371-1375 en vicariat (G. XI, Lettres com., nos 11631, 39754). Dans la Marche d’Ancône, on a mention de vicaires à San Giusto, Comunanza (J. Glénisson et G. Mollat, Correspondance..., nos 841 et 868), dans le comté de Fano (G. XI, Lettres com., no 10169 ; la cité, confiée aux Malatesta, avait perdu l’administration de son territoire par décision de Jean XXII ; voir E. Saracco Previdi, La « Descriptio Marchiae Anconitanae », Ancône, 2000, [Fonti per la storia delle Marche, n. s. 3], p. 32). En Romagne, les « petits » vicariats sont assez nombreux : divers officiers sont nommés à Montecoronaro, à proximité de Forlì, Piancaldoli et Valmaggiore, dans la partie montagneuse du comté d’Imola par Albornoz (J. Glénisson et G. Mollat, Correspondance..., nos 639, 774, 814) ; la correspondance pontificale évoque encore les vicariats de Modigliana (G. XI, Lettres France, no 3298) et des Fiumane (U. V, Lettres France, no 2023) – ce dernier également appelé de Galleata (G. XI, Lettres com., no 11784) – tous deux situés dans l’Apennin de Forlì (voir sur le premier, normalement doté d’un podestat, la « Descriptio Romandiole »..., p. 212-214 et sur le second, ibid., p. 219-229), le vicariat de Bobbio, dans l’Apennin (G. XI, Lettres France, no 3073 ; « Descriptio Romandiole »..., p. 203-204) et le vicariat de Bagnacavallo, dans la plaine entre Imola et Ravenne (G. XI, Lettres France, no 3298 ; « Descriptio Romandiole »..., p. 149-151) ; le vicariat de Sant’Arcangelo, situé sur la voie émilienne entre Césène et Rimini (Annexe III et G. XI, Lettres France, no 2157), avait été créé par la papauté pour faire pièce aux Malatesta (L. Mascanzoni, Il vicariato di Sant’Arcangelo di Romagna (secc. xiv-xvi), dans Studi romagnoli, 34, 1989, p. 231-245). Le contado de Bologne était en 1371 divisé en 9 vicariats ou capitanats (voir La « Descriptio civitatis Bononie »), ayant notamment leurs sièges à San Giovanni in Persiceto (G. XI, Lettres France, no 2692), Savigno (Lettres com., no 11783), Galliera (ibid., nos 21282, 28129 ; Annexe I, no 16, 28), Scaricalasino (ibid., no 21108), Budrio (ibid., no 21942 ; Annexe I, 30). Tous les officiers responsables du gouvernement d’une circonscription territoriale pendant un temps déterminé, vicariat ou capitanat, ont été dans ces tableaux traités sur un pied d’égalité.
40 Voir P. Fabre, Un registre caméral du cardinal Albornoz en 1364, dans Mélanges d’archéologie et d’histoire de l’École française de Rome, 7, 1887, p. 129-195.
41 Sur la définition de cet office lui aussi problématique, on renvoie à J.C. Maire Vigueur, I podestà dell’Italia comunale. Parte I Reclutamento e circolazione degli ufficiali forestieri (fine xii sec.-metà xiv sec.), 2 vol., Rome, 2000 (Collection de l’École française de Rome, 268). Il convient de noter que les conditions dans lesquelles s’opère la nomination à cet office ne sont jamais précisées. Il est donc sur ce point très difficile de différencier les communes qui sollicitaient la confirmation de celui qu’elles avaient choisi (mais que le pouvoir, à travers divers réseaux d’influence, avait pu leur suggérer), de celles qui présentaient une liste de candidats, de celles enfin, qui devaient accepter l’arbitraire pontifical.
42 Formulaire conservé à l’ASV dans le Reg. Aven. 2, fol. 317-451.
43 A. Jamme, Forteresses, centres urbains et territoire dans l’État pontifical. Logiques et méthodes de la domination à l’âge albornozien, dans É. Crouzet-Pavan (éd.), Pouvoir et édilité. Les grands chantiers dans l’Italie communale et seigneuriale, Rome, 2003 (Collection de l’École française de Rome, 302), p. 375-417.
44 On ne donnera ici que les noms, la date et les affectations. Pour l’année 1371, voir la note 29. Le pape confirmait en 1372 : le 20 février, Fernando Sanchez de Moya, du diocèse de Cuenca, à vie à Ancône (ibid., no 19731), le 8 octobre, Begon Castan, du diocèse de Rodez, à Pérouse (rocca Sant’Antonio ; ibid., no 20465) ; en 1373 : le 2 février, Philippe Maillard, de Clermont, à Cagli, et Pierre Bermond, du diocèse de Valence, à Fabriano (ibid., nos 26399-26400), le 17 mai, Pedro Lupo de Cañaveria, du diocèse de Cuenca, à Cingoli, et Gonsalvo Fernandez de Vaillo, du diocèse de Palencia, à Offida (ibid., nos 27840 et 27842), le 23 août, le bolonais Antonio di Bentivoglio, à Molinella, au comté de Bologne (ibid., no 28104), le 2 novembre, Guillaume Anglic, du diocèse de Saint-Flour, à Bertinoro en Romagne (ibid., no 27061), le 1er décembre, Thibaud de Medicis, de Joinville, au diocèse de Châlons-sur-Marne, à Rocca Contrada dans la Marche (ibid., no 27121) ; en 1374 : le 3 avril, Arnaud La Goulpe, du diocèse de Limoges, à Orvieto (ibid., no 33719), le 19 juin, Endicus Ortici de Salvaterra, du diocèse de Pampelune, à Gualdo Tadino dans le Duché (ibid., no 32801). Sur 25 personnages, dix sont d’anciens serviteurs ibériques du cardinal Albornoz, dix proviennent des régions d’élection de la papauté du xive siècle (i.e. le midi de la France actuelle), un est champenois, un piémontais, trois seulement sont des sujets italiens de l’Église.
45 Voici les noms, dates et affectations. En 1371 : le 18 avril, Bernard Sorbier, du diocèse de Cahors, à Orvieto (Lettres com., no 10203) ; le 24 avril, Jean de La Roche, chevalier du diocèse de Limoges, à Viterbe (ibid., no 11666) ; le 15 juin, Ni-colas Prevôt, du diocèse de Limoges, à Castrocaro, puis le 27 juillet, à San Giovanni in Persiceto (ibid., nos 10477, 12016) ; le 21 août, Hugues de Rignac, du diocèse de Cahors, à Orte (ibid., no 12117). En 1372 : le 29 février, Niccolò de Canemortuo, chevalier de Rieti, à Calvi, au diocèse de Narni (ibid., no 21040) ; le 3 avril, Bertrand de Rignac, damoiseau du diocèse de Cahors, à Orvieto (ibid., no 19878) ; le 13 décembre, Huguet de Gramat, seigneur de Ginouillac, à Patrica, au sud de la Campagne romaine (ibid., no 21946). En 1373 : le 25 janvier, Andrea di Francesco, de Terni, à Stroncone, au diocèse de Narni (ibid., no 26383) ; le 5 février, Bernardo Angelelli Cioli, de Narni, à Acquasparta, au diocèse de Todi (ibid., no 26416) ; le 25 juillet, Arnaudon Boquier, de Pertuis, à Bagnacavallo en Romagne (ibid., no 26813) ; le 31 juillet, Étienne de Miremont, chevalier du diocèse de Saint-Flour, à Césène (ibid., no 26838) ; le 3 novembre, Rigon de Champiers, chevalier et capitaine de Forlì, à la rocca Ravaldini de Forlì (ibid., no 27063) ; le 29, Bonaquinus Hugucii, de Césène, magister in medicina, à Porto Cesenatico (ibid., no 27115). En 1374 : le 10 janvier, Étienne Gaillard, du diocèse de Limoges, à Treia, dans la Marche (ibid., no 33427) ; le 16, Raymond Bérard, du diocèse d’Uzès, à Viterbe (ibid., no 33455). En 1374, le 18 janvier, Jean Martin, seigneur de Colombe, au diocèse de Limoges, à Todi (ibid., no 33463). En 1375 : le 15 janvier, Pierre Arsenh, évêque de Montefiascone et collecteur dans le Patrimoine, à Montefiascone (ibid., no 36361) ; le 19, Jean Moysset, d’Aurillac, à Montalboddo, dans la Marche, à vie (ibid., no 39542) ; le 16 février, Guillaume Austorgii, du diocèse de Limoges, à Cingoli (ibid., no 39631) ; le 1er mars, Jean Giraud, du diocèse d’Embrun, à Assise (rocca major), Jean Lohiera, du diocèse de Tournai, à Rieti (rocca major), Pierre Gandelin, du diocèse d’Embrun, au château Saint-Ange, et Nicolas Petit, de la Chaise-Dieu, à Ceccano (ibid., nos 39701-39704) ; le 7 août, Aymeric de Saint-Michel, d’Avignon, à Toscanella, dans le Patrimoine (ibid., no 38976) ; le 20 novembre, Guillaume de Velhan, chevalier du diocèse de Clermont, à Imola (ibid., no 39272) ; le 17 décembre, Pierre de Théaux, du diocèse d’Aire, à Castro, dans la Campagne (ibid., no 40612). Sur 26 personnages, 19 proviennent du midi de la France, un du nord du royaume, deux de Provence ; quatre sont des sujets italiens du pape.
46 34 en 1371, 10 en 1372, 12 en 1373, 8 en 1374 et 2 en 1375. Sur les 34 personnages concernés en 1371 par les lettres pontificales, 15, dont un Anglais, sont originaires d’Outremont et mais 19 sont de la péninsule, dont trois Florentins (Gianfigliazzi, Pantaleoni, Pazzi) et surtout 15 de l’État pontifical : de Rome (Normanni, Pierleoni, Palosii et un certain Pietro di Niccolò), de Pérouse (Baglioni, Montemelino), de Bologne (Beccadelli, Bentivoglio, Sala, Saliceto), mais également de Rieti (Alfani), d’Orvieto (Pepi), de Corneto (Dicardi), d’Assise, de Recanati. Sur les dix recommandés en 1372, on en compte trois d’Outremont, dont un Allemand, deux Toscans (Ricasoli et Malavolti), deux Napolitains (de Gaëte) et 3 venant de l’État (Tebaldini de Pérouse, Normani et Orsini de Rome). Les 12 personnages concernés par les demandes de nomination en 1373 sont Italiens : quatre sont Florentins, huit sont originaires de l’État (Orsini, Baglioni, etc.). En 1374-1375, trois sont d’Outremont, deux Florentins, un Milanais, les autres originaires de l’État.
47 Le 26 janvier 1372, Grégoire XI confirmait à Giacomo Cioli, dit Morello, citoyen de Todi, attendu les services rendus dans la prise de Todi et la promesse de récompense faite par Anglic Grimoard, la châtellenie de Collelune, au diocèse de Terni, concédée par Pierre d’Estaing et la connétablie d’une bannière de 20 piétons, dispensée de montre (Lettres com., no 19669). Le 13 avril 1372, le pape confirmait la concession faite par Anglic Grimoard d’un office de connnétable d’une bannière de 22 piétons, pro sustentatione quorumdam amicorum suorum qui circa prefatam castri Bagnacavalli recuperationem una cum ipso fideliter laboraverunt accordée à Pieratius de Poncetis, de Faenza, auquel était donné de surcroît une provision de 15 florins mensuels pendant dix ans, pour son rôle dans la réduction de Bagnacavallo (Lettres com., no 19932).
48 Le 8 septembre 1375, Romano Dominici, d’Orvieto, portier de la rocca de Montefiascone depuis cinq ans, se voyait concédé cet office à vie (Lettres com., no 40291).
49 On se rappelle que ce chiffre élevé s’explique par l’enregistrement de 13 lettres pour nommer deux recteurs du Patrimoine de Saint-Pierre (voir Tableau 1).
50 Le 27 août 1359, ser Jacobo de Montagnana de Cesena notario qui scripsit inventarium roche Cesene de fulcimentis existentis in dicta rocha et assignatis Petro Martini [Pedro Martinez de Roda] castellano roche predicte pro ejus labore, recevait 2 ducats (ASV, Intr. et Ex. 290, fol. 131). Voir l’inventaire des armes, des munitions et du mobilier de la rocca d’Amandola, publié par F. Filippini dans les Atti e memorie della Deputazione di storia patria per le Marche, 24, 191, p. 369-372.
51 Tout spécialement pour les offices de gouvernement : Aymeric Rolland, remplacé par Astorge de Durfort dans le rectorat de Romagne, recevait le 8 janvier 1348 l’ordre de demeurer pour le conseiller (C. VI, Lettres France, no 3683). On se rappelle qu’Albornoz, supplanté par Androin de La Roche dans le vicariat général reçut pareillement l’ordre de le conseiller avant de lui laisser la direction du siège de Forlì.
52 ASO, Rif. 160, fol. 17 et v. Bertrand de Rignac, damoiseau du diocèse de Cahors, avait été constitué châtelain d’Orvieto, le 3 avril 1372 (Lettres com., no 19878). L’office était vacant « à cause de la provision » de Bernard Sorbier au service des montres de la cité et du contado de Bologne (Ibid., no 19865). Ce même 3 avril, le pape ordonnait à son vicaire général de faire admettre Bertrand de Rignac, comme châtelain d’Orvieto ad beneplacitum sedis (ASV, Reg. Vat. 268, fol. 130v).
53 Toutefois, cette procédure ne semble pas avoir été mise en place immédiatement. Lorsque le 15 juin 1355, Albornoz nommait Bernardino da Volterra vicaire d’Orvieto, le serment n’était pas effectif (F. Filippini, La prima legazione..., dans Studi Storici, 5, 1896, p. 381-383, no 19). En revanche, la lettre de nomination du 20 avril 1357, qui faisait de Tommaso di Alviano le vicaire de Fermo, précisait qu’il avait été reçu (Annexe II-A, no 1) ; voir également les nominations de Bernard de Chastres comme vicaire de Sant’Arcangelo, en 1364 (Annexe III), et du florentin Bindo de Bardi comme sénateur de Rome, le 28 juillet 1366 (éd.F. Filippini La IIa legazione..., dans Studi storici, 14, 1905, p. 46-49). Sur le serment des officiers, on verra bien sûr la communication d’O. Poncet.
54 Voir Lettres com., nos 20904, 21264, 27373, 27997, 27996 ; Lettres France, no 3600 ; Annexe I no 29.
55 On ne peut s’empêcher d’établir un lien entre le familier du cardinal Rinaldo Orsini qu’Albornoz refusait de voir affecté à Terni en 1364 (alors nommé « Latino de Baro » ; voir note 19) et ce « Latino de Sera », qui, s’était fait remarquer en refusant de payer les services dus par le défunt évêque de Sovana, Paolo Neri Bessi, mort le 8 décembre 1367. En 1369, il avait été excommunié, avant de voir ses biens à Terni saisis sur l’ordre de la Chambre (D. Williman, Calendar of the letters of Arnaud Aubert. camerarius apostolicus (1361-1371), Toronto, 1992 [Subsidia mediaevalia, 20], nos 511, 763).
56 Le 15 juin 1371, Grégoire XI ordonnait à Pierre d’Estaing de pourvoir le Romain Pietro di Niccolò, de la châtellenie de Castro dans la Campagne ou d’une autre (A. Theiner, Codex Italiae Diplomaticus..., II, p. 483, no 506), demande qu’il réitérait le 13 décembre 1371 (Lettres France, no 2406). Le 9 septembre de la même année, il écrivait au même vicaire général pour qu’il attribue une châtellenie ou un office à un damoiseau du diocèse de Turin (ibid., no 2335), probablement sans succès puisque le 10 mai 1372, il s’adressait à Philippe Cabassole (ibid., no 2535) ; ce dernier vint à mourir, sans avoir obtempéré : le 15 octobre 1372, Grégoire XI demandait à Géraud du Puy de pourvoir Niccolò de Rivalba du capitanat des montagnes du Duché de Spolète, pour un semestre (ibid., no 2691) ; prit-il possession de cet office ? On ne sait. Toujours-est-il que le 11 mai 1374, Grégoire XI préférait le constituer capitaine des montagnes du Duché pour un semestre (Lettres com., no 32650). Le 12 janvier 1371, le même pape demandait à Anglic Grimoard de donner un office à Cardelino Paulucii, citoyen de Pérouse (Lettres France, no 2130) ; dans le meilleur des cas il servit peu de temps, puisqu’une demande analogue était adressée le 20 février 1374 à Géraud du Puy (ibid., no 3290). Voir pour une autre affaire Annexe I, no 31.
57 Le 14 avril 1371, Pierre d’Estaing recevait l’ordre de conférer une châtellenie ou un office à Angilioto dei Normanni, damoiseau de Rome et familier du pape ; le 20 juin 1372, il demandait à Philippe Cabassole, son successeur, de lui conférer la châtellenie de Rippesina, au comté d’Orvieto, avec pouvoir de servir par l’intermédiaire d’un substitut ; le 29 septembre de la même année, Géraud du Puy recevait un mandat analogue (Lettres France, nos 2173, 2582, 2671). Autre exemple : le 11 juin 1374, Grégoire XI faisait part de son déplaisir à Guillaume Noëllet, quant à la non réception de Francesco da Siena, comme podestat de Medicina en Romagne ; il lui ordonnait de ne pas différer sa nomination à cet office et, s’il avait quelque chose contre lui, de le lui signifier immédiatement (Lettres France, no 3431). Francesco devait en réalité succéder à son frère, Giovanni, qui s’était vu attribuér cet office par le cardinal Albornoz, et avait reçu confirmation pontificale le 30 juin 1371 (Lettres com., no 10521).
58 On rappellera en outre que bien des bulles, même si elles n’en portent pas les marques, sont en réalité, la confirmation de nominations effectuées par d’autres pouvoirs. Ainsi en est-il par exemple de certains sénateurs de Rome ; Clément VI précisait à l’occasion de la prorogation en mai 1352 de Giovanni Cerroni pour six mois supplémentaires : le peuple de Rome t’a choisi comme gouverneur avec le consentement de notre vicaire (Lettres France, no 2640). De la même manière, le 13 décembre 1367, Urbain V confirmait le choix fait par le peuple de Rome, de Giovanni Cinci, comme chancelier (ASV, Reg. Aven. 168, fol. 305). Bref, entre les nominations qui relèvent de la seule volonté pontificale, celles qui sont inspirées par les diverses structures, formelles et informelles, de la curie et celles qui ne constituent que l’entérinement ou l’officialisation d’élections relevant d’autres organes de décision, il est souvent difficile de déterminer assurément tous les motifs qui président à la confection d’une lettre.
59 On renvoie aux travaux novateurs conduits par O. Mattéoni sur 193 lettres de nomination, concernant principalement le Forez entre 1370 et 1500 (Servir le prince. Les officiers des ducs de Bourbon à la fin du Moyen Âge (1356-1523), Paris, 1998, p. 258-272).
60 Ugo de Ricasoli, que le pape avait constitué vicaire de Viterbe, le 1er juin 1368, pour un semestre commençant au 1 juillet, était prorogé le 26 septembre pour six autres mois, commençant au 1 janvier 1369. Sa lettre portait simplement : Tue devotionis sinceritas quam ad nos et Romanam Ecclesiam comprobaris habere et laudabile regimen quod in civitate nostra... in qua... existis vicarius exercuisse et exercere asserens nos inducunt ut te majori tempore in dicto officio conservemus... (ASV, Reg. Aven. 168, fol. 395v). Les vicaires généraux dans l’État procèdent de la même manière. Lorsqu’Anglic Grimoard proroge Pierre Blau comme vicaire d’Orvieto pour un semestre supplémentaire commençant au 1er septembre 1368, sa refirma est ainsi justifiée Attendentes fructum laudabilem quem in vicariatum civitatis Urbisveteris... produxisti (ASO, Rif. 154, fol. 65v). En revanche, lorsque la chancellerie pontificale confirme une nomination précedemment effectuée par le vicaire général, qualités et compétences du titulaire figurent dans la bulle ; on précisait ainsi, le 15 avril 1371, dans la lettre que reçut Leone de Jovio, huissier du pape, fait par Albornoz châtelain de Castripodii, puis par Anglic, vicaire de la terre des Arnulfs, relevant du Patrimoine de Saint-Pierre : Grata tue devotionis obsequia que nobis et apostolice sedi impendisti hactenus et impendere cotidie solicitis studiis non desistis, necnon nobilitas generis fidelis constancia aliaque probitatis et virtutum merita quibus personam tuam familiari experiencia novimus insignitam, nos inducunt ut te favore specialis gratie prosequamur, sane petitio pro parte tua nobis nuper exhibita continebat... (ASV, Reg. Aven. 173, fol. 292v).
61 Soit 72 lettres, 22 d’Urbain V et 50 de Grégoire XI, qui concernent un groupe d’offices suffisamment représentatif : un capitaine général, un trésorier général, deux receveurs généraux, un dépositaire ; pour l’administration provinciale : six recteurs, trois trésoriers, deux avocats du fisc, trois maréchaux, un vexillaire, un juge ; pour l’administration locale : 15 vicaires, un podestat, deux chanceliers, un syndic, un officier des douanes, 29 châtelains et deux capitaines.
62 À titre d’exemple voici le début des lettres de nomination de Filippo Corsini comme recteur du comté d’Urbino et de la Massa Trabaria. Il s’agit de deux charges de gouvernement voisines et comparables. Aucune des deux lettres n’est irréprochable, comme on peut le constater : Ad statum civitatis et quondam comitatus et districtus Urbini ad nos et Romamam ecclesiam pleno jure spectancium nostre considerationis intuitum dirigentes et plenis affectibus cupientes quod civitatis et quondam comitatus et districtus predicti sub cultu justicie et pacis amenitate salubriter notivis successibus gubentur ac de tue devotionis quam tu tuique progenitores ac dilectus filius Petrus tituli sancti in Damaso presbiter cardinalis germanus tuus semper erga Romanam ecclesiam gessistist et geritis sincerita ac tue discretionis industria rerumque multorum et regendorum populorum experientia aliisque virtutibus et scientia quibus te largitor bonorum omnium multipliciter insignivit plenam in domino fiduciam obtinentes te... / Ad fatum [ !] Massatrabarie et terre Sancte Agathi ac nos et romanam ecclesiam pleno jure expectancium nostre considerationis intuitum diligentes et plenis affectibus cupientem quod Massa et terra predicte sub cultu justicie ac pacis amenitate salubriter notivis successibus gubernantur ac de sinceritate devotionis quam tu tuique progenitores ac dilectus filius Petrus tituli Sancti Laurentii in Damaso presbiter cardinalis germanus tuus semper erga Romanam eccam gessistis et geritis ac tue dicretionis industria rerumque multarum et regendorum populorum experiencia aliisque virtutibus et scientia quibus te largitor omnium multipliciter insignivit plenam in domino fiduciam obtinentes te... (ASV, Reg. Aven. 173, fol. 283 et v).
63 Le 5 août 1371, le pape demandait à Anglic Grimoard de conférer la châtellenie de San Leo à un damoiseau du diocèse de Saint-Flour, intuitu parentum suorum qui Romane Ecclesie fideliter servierunt et adhuc serviunt (ASV, Reg. Vat. 263, fol. 92v ; G. XI, Lettres France, no 340, éd. L. Mirot, avec erreur de cotation).
64 On note que le cardinal Albornoz, qui désirait obtenir l’annulation de la nomination de « Latino de Baro » comme châtelain de Terni (voir note 19), rappelait le 17 janvier 1364 au protecteur de celui-ci, le cardinal Rinaldo Orsini : scitis quod in talibus eligitur industria et fidelitas personarum (J. Glénisson et G. Mollat, Correspondance..., no 990).
65 Voir les nominations de Niccolò de Montefeltro comme capitaine général des troupes de l’Église le 17 février 1367 par Albornoz (éd. G. Franceschini, Documenti e regesti per servire alla storia dello Stato d’Urbino e dei conti di Montefeltro. I (1202-1375), Urbino, 1982, p. 215-216), celle de Galeotto Malatesta, le 2 novembre 1371, par Grégoire XI (éd. A. Theiner, Codex Italiae Diplomaticus..., II, p. 539, no 52). De la même manière, lorsque Grégoire XI nomme capitaine Bernard de La Sale, il rappelle sa strenuitas, sa probitas (ce qui peut paraître étonnant si l’on considère ses activités passées au sein des compagnies entre 1359 et 1368 !), ses fidei meritis et multiplici experiencia (ASV, Reg. Vat. 267, fol. 108v).
66 Ainsi la nomination du chancelier d’Orvieto, Andrea di Ludovico de Gubbio : De tuis fidelitate industria scientia et probitate plenarie confidentes, te cancellarium... (Annexe II-B, no 7), ou celle de Pedro Gomez Barroso, évêque d’Osma, comme recteur de la Marche d’Ancône, le 2 juillet 1371 :...virum prudencia ac sciencia predicum amatorem iusticie in aliis arduis apostolice sed agendis laudabiliter comprobatum nostre consideracionis oculos dirigentes (ASV, Reg. Aven. 174, fol. 329v). Toutefois, la référence à la scientia à tendance à disparaître ensuite des lettres de nomination produites par les chancelleries vicariales : relativement aux chanceliers, elles insistent avant tout sur la fidelitas, la devotio et la probitas.
67 Ainsi la nomination le 17 mars 1371, d’Antonio Pochepen de Ravenne, comme avocat du fisc des terres de l’Église : ex fideli ac solicita et diligenti providencia et probitate prudencia quoque circumspecta necnon littera sciencia aliisque virtutibus pluribus quibus prout fidedignorum relatione nobis innotuit te dominus insignivit... (ASV, Reg. Aven. 173, fol. 362) ou celle de Bernardo di Martino, de Sassoferrato, comme juge du présidat de San Lorenzo in Campo, le 10 avril 1371 : ex fideli et solicita ac diligenti prudencia et probitate quoque circumspecta necnon literrarum scientia aliisque virtutibus pluribus quibus prout fidedignorum relatione nobis innotuit te dominus insignivit (Reg. Aven. 174, fol. 245v). Même si le docte impétrant obtient une charge toute militaire, n’ayant qu’un rôle annexe par rapport à ses attributions principales, on fait référence à une qualification qui l’honore autant qu’elle honore les administrés : on utilise ainsi une formule semblable aux précédentes lorsque le pérugin Francesco Bettoli de Coppolis, legum doctor, avocat du fisc et syndicator général du Duché de Spolète obtient la garde de Cesi le 6 avril 1371 (ibid., fol. 245v).
68 Le 17 septembre 1356, Innocent VI demandait à Albornoz de conférer à Francesco Jacobi, chevalier de Velletri, et legum doctor asseritur, le rectorat de Campagne, un office à Rome ou dans les autres provinces de l’Église, signalant le zelum quem prefatus miles habere dicitur ad justiciam (Lettres curiales, no 2370). Voir également les nominations du padouan, Marsilio da Carrara, comme recteur de la Campagne romaine, le 15 mars 1371 (ibid., fol. 275v), dans laquelle on lui rapelle qu’il devra servari iusticiam, du génois Daniele del Caretto, recteur de Bénévent, le 5 juin 1371 qui aura pour but peculiares filios subditos et fideles... sub cultu pacis atque iusticie valiter gubernari (ibid., fol. 426v), du bordelais Jean de Saye, évêque de Dax, recteur de Romagne, le 2 avril 1372 (Reg. Vat. 264, fol. 13), du ruthénois Pierre Rolland, recteur de Bénévent, le 18 février 1375 : providam preesse personam per cujus solicitudinem vigeant iusticie cultus fidei puritas devotionis integritas pacis opulencia et obediencie plenitudo (Reg. Aven. 195, fol. 343) et du comte de Fondi, Onorato Gaetani, recteur de la Campagne romaine, le 1er septembre 1377 (éd. L. Ermini, Onorato Caetani, conte di Fondi, e lo Scisma d’Occidente, Rome, 1938, p. 24). Voir la lettre citée en introduction et les notes 60 et 64. Afin d’honorer des cités qui revendiquent l’existence d’un lien spécial et direct avec la papauté, ces considérations figurent également dans des lettres concernant des circonscriptions plus restreintes. Le 2 octobre 1371, dans celle qui était adressée à Bartolomeo di Jacopo, de Gênes, constitué ad beneplacitum capitaine de Todi on précisait :...ad capiteanatus officium civitatis comitatus et districtus preteritorum cupimus providam deputare personam per cuius sollicitudinem vigeat justitie cultus fidei puritas devotionis integritas pacis opulencia et obediencia plenitudo. Ad te igitur virum prudencia et providencia predicum amatorem justicie in hiis et aliis apostolice sedis negociis laudabiliter comprobatum nostre consideracionis oculos dirigentes, te capitaneum... (Reg. Aven. 174, fol. 338v).
69 On en donnera quelques exemples ; nomination du chevalier Guillaume de La Rouquette, vicaire au temporel dans la Campagne romaine, comme châtelain de Castro, le 13 août 1353 : Nobilitatis tue probata sinceritas grataque fidelitatis obsequia que nobis et Ecclesie Romane in Campanie et Maritime provinciis impendisti hactenus et sedulus impendere non desistis et alia tuarum probitatis et vertutum merita quibuis sicut ex fidedignorum testimonio juvari dinosceris promerentur ut personem tuam congruis favoribus prosequamur (Reg. Aven. 125, fol. 446v-447) ; recommandation du trésorier du Duché au receveur général de la Chambre en Italie : De fidelitate dilecti filii Petri Rostagni, domicelli Ebredunensis diocesis, in negotiis Romane Ecclesie comprobata, ac ejus obsequiis impensis eidem Ecclesie intellectis testimoniis fidedignis, igitur habemus, quod sicut in quibusdam tuis patentibus litteris coram nobis exhibitis continentur, de assensu venerabilis fratris nostri Egidii eidem Petro commisisti officium thesaurarie provintie ducatus Spoletani per eum exercendum quamdiu nostre ac dicti legati placuerit voluntati... (9 novembre 1366, Reg. Vat. 244 I, fol. 105, no 243) ; la même formule est utilisée pour la nomination de Tassino dei Donati, comme vicaire d’Orvieto, d’Ugo de Ricasoli, Enrico de Opizzi et Niccolò de Gianfigliazzi, comme vicaires de Viterbe entre 1367 et 1370 : Fidelitatis et circumspectionis aliaque dona virtutum quibus personam tuam fidedignorum testimonio audivimus insignitam nobis spem tribuunt quod ea que tue solicitudini committemus prudenter et fideliter exequeris (Reg. Aven. 166, fol. 472v ; 168, fol. 329 ; 169, fol. 442, 521v) ; nomination de Giovanni, comte de Sarteano, comme châtelain de Cencelle le 31 août 1370 : Ex fideli et soli-cita ac diligenti providencia et probitate prudencia quoque circumspecta aliisque virtutibus pluribus quibus prout fidedignorum relatione nobis inotuit te dominus insignivit... (Reg. Aven. 171, fol. 490) ; recommandation d’un familier de Nicolas de Beaufort, frère de Grégoire XI : qui Maronus [de Marabeo, domicellus Vasatensis diocesis] sicut testimoniis fidedignis accepimus de nobili prosepia genitus et in factis armorum strenuus existit (Reg. Vat. 268, fol. 319) ; recommandation du chevalier Tristan d’Archiac quia de ipso a fidedignis audivimus multa bona (Reg. Vat. 271, fol. 169v) ; etc.
70 Les scribes semblent établir une distinction entre la familiarité réelle du pontife (familiari experiencia) et une familiarité, plus ou moins théorique ou honorifique, que confère une lettre de familiarité (B. Guillemain, La cour pontificale d’Avignon (1309-1376), Étude d’une société, Paris, 1966 [Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome, 201], p. 493-495, n’est pas très clair sur ces questions fondamentales). Les rapports réguliers qu’entretiennent divers serviteurs avec le pontife apparaissent, il est vrai, de manière aléatoire dans la correspondance : ils figurent dans la lettre adressée à Bertrand Raynard, nommé vicaire de Corneto, le 21 août 1367 (ASV, Reg. Aven. 165, fol. 433 ; sur ce personnage voir L. Vones, Urban V. (1362-1370). Kirchenreform Zwischen Kardinalkollegium, Kurie und Klientel, Stuttgart, 1998 [Päpste und Papsttum, 28], p. 235) ; mais ils sont curieusement absents dans celle qui fait de Pons de Malbosc, consanguin de Raymond de Montaut, neveu et héritier du pape (ibid., p. 126-131) le châtelain de la rocca de Corneto, le 23 août 1367 (ASV, Reg. Aven. 165, fol. 433v). Promu cardinal par son oncle Clément VI à l’âge de 19 ans, Pierre Roger, qui avait fait une partie de ses études en Italie, tenait manifestement à rappeler dans les demandes qu’il adressait à ses vicaires généraux, l’action de ses familiers dum erat in minoribus constitutus : ainsi en était-il des romains Angilioto dei Normanni, Rinaldo di Niccolò del Trastevere et Lello Niccolò de Cineriis del Trastevere (Lettres France, nos 2173-2174bis), de Jean de Odola (ibid., no 2178), d’Antonio Berardi de Montefalco, neveu de Manuele, autre serviteur de la papauté (ibid., nos 3134, 3316) et de Pierre Rostaing, trésorier du Duché de Spolète, quem suis exigentibus meritis etiam dum minori fungebamur officio sincere dileximus et nunc etiam diligimus (Reg. Vat. 263, fol. 22v). Dans le cas de Leone de Jovis, de Todi (Lettres com., no 11631 et note 29), huissier pontifical dès 1355 (K.-H. Schäfer, Die Ausgaben der Apostolichen Kammer unter Benedikt XII., Klemens VI. und Innocenz VI. (1335-1362), Paderborn, 1914 [Vatikanische Quellen zur Geschichte der päpstlichen hof-und finanzverwaltung (1316-1378), 3], p. 596), reçu maître-huissier de Grégoire XI, le 24 mars 1371 (Die Ausgaben der Apostolichen Kammer un-ter der Päpsten Urban V. und Gregor XI. (1362-1378), Paderborn, 1937 [Vatikanische Quellen..., 6], p. 367) et de Gomez Albornoz, neveu du cardinal (voir lettre citée en introduction), on évoque une familiarité réelle. En revanche, le romain Angelo Paloscii (Lettres France, no 2404 et note 112), l’orviétain Valeriano da Baschi (ibid., no 3647), le florentin Tommaso degli Albizzi (Lettres Autres, no 1114 et note 123), le professeur à l’université de Bologne, Roberto di Saliceto, pour lequel Grégoire XI réclamait un vicariat dans le contado de Bologne (Lettres France, no 2304 et note 132), mais aussi Guillaume de Laroque, du diocèse de Cahors (ibid., no 2573) arborent le titre de familier du pape. Pour certains, la valeur purement honorifique de ce titre ne fait guère de doutes : le quercynois Bernard Sorbier, mentionné comme familier du pape, le 1er avril 1372 (ASV, Reg. Aven. 187, fol. 199v), était surtout, le familier de Pierre d’Estaing comme le précise une bulle du 13 avril 1372 (Reg. Vat. 268, fol. 18v), ainsi que sa carrière. Le lien entre la familiarité du pape et l’accès aux charges est indubitable. Paolo dei Tartari, syndic de Rome (U. V, Lettres com., no 21867), reçu sergent d’armes du pape, le 31 octobre 1367 (K. H. Schäfer, Die Ausgaben der Apostolichen Kammer..., III, p. 33) fut constitué chancelier de Rome, ad beneplacitum, le 25 juin 1368 (Lettres com., no 22404). La coïncidence chronologique entre les deux privilèges est quelquefois tangible : le génois Bartolomeo di Jacopo, vicaire de Viterbe en 1367 (Lettres com., no 19826), était constitué ad beneplacitum capitaine de Todi, le 2 octobre 1371 ; le 10, il était reçu familier du pape (G. XI, Lettres com., nos 10749, 10802) ; le 29 novembre 1373, Bonaquino Hugucii de Césène, magister in medicina, était fait châtelain de Porto Cesenatico et reçu familier du pape le 4 décembre (ibid., nos 27115, 27133).
71 Nombreuses sont les lettres qui précisent : sperantes quod ea discretioni tue committemus fidelibus studiis exequeris (ASV, Reg. Vat. 247, fol. 192v-193) ; sperantes quod que tuo regimini duxerimus committenda prudenter et fideliter exequeris (Reg. Vat. 260, fol. 54v) ; et sperantes quod sicut fuisti hactenus in ipsis exequendis negociis sollicitus et fidelis ita ea que tibi committenda duxerimus promptioribus studiis et exacta diligentia exequeris (Reg. Aven. 173, fol. 276, 410), etc.
72 éd. A. Theiner, Codex Italiae diplomaticus..., II, p. 197-198, no 193 ; p. 201, no 201 ; p. 217, no 208 ; lorsqu’il commettait à Blasio Gemelli, chanoine d’Orvieto, l’office de juge au civil dans le Patrimoine, le 8 août 1351, il attestait de sa litterarum scientia, devotionis et fidei ac probitatis meritis (ibid., p. 218, no 211).
73 De la même manière, on note que la référence à l’idoneité, fréquente dans les lettres de Clément VI, n’apparait pas une seule fois entre 1367 et 1371 !
74 Les doléances des communautés contre la vie et les bonnes mœurs des officiers pontificaux dans l’État parvenaient à la Curie dès 1362 : Innocent VI demandait à Albornoz d’enquêter à ce propos (Epistolae ab Innocentii VI, éd. É. Martene et U. Durand, Thesaurus novus anecdotorum, II, Paris, 1711, col. 8441072, no 248, col. 1069-1070). Pierre d’Estaing considérait dans le Memorandum qu’il adressait à Grégoire XI en 1371, qu’il n’y fallait pas trop prêter attention : d’après lui, à l’origine de ces plaintes se trouvaient les tyrans qui, ne pouvant acheter certains officiers, souhaitaient en procédant ainsi obtenir leur mutation (éd. G. Mollat, Lettres secrètes et curiales du pape Grégoire XI intéressant les pays autres que la France, fasc. 4, col. 1252-1262 : col. 1253). Le pape lui répondit le 18 mars 1372 en lui demandant d’être plus vigilant en ce qui concernait les « excès » commis par ses officiers à Bologne (Lettres France, no 2468).
75 A.-M. Hayez, D’Urbain V à Grégoire XI : un dangereux retour au passé, dans C. Bourlet et A. Dufour (éd.), L’écrit dans la société médiévale. Divers aspects de sa pratique du xie au xve siècle. Textes en hommage à Lucie Fossier, Paris, 1991, p. 151-164 : p. 153).
76 Je renvoie à I. Lazzarini, La nomination des officiers dans les États italiens du bas Moyen Âge. Pour une histoire documentaire des institutions, dans Bibliothèque de l’École des chartes, 159, 2001, p. 389-412, qui dresse l’état de la question.
77 Notamment, lorsqu’arrive à la chancellerie une commande de plusieurs lettres de même nature ; l’exposé est alors harmonisé, afin d’accélérer à la fois la confection des documents et le travail d’enregistrement. Seule la première missive est intégralement collationnée ; l’analyse des autres suffit. Ainsi le 24 janvier 1371, la formule Probata tue devotionis sinceritas necnon fidelia servicia que Romane Ecclesie hactenus impendisti ac laudabilia tue probitatis et virtutum merita quibus apud nos fidedignorum commendar testimonio nos inducunt ut te favori-bus apostolicis et graciis prosequamur est utilisée pour confirmer Dominico Fernandez de Vleles, Fernando Sanchez de Moya, Louis Filippi, Gonsalvo Rodriguez de Cisneros, Juan Muñoz de Petrabona, Gil Sanchez de Rauda, Juan de Santo Vincentio, Juan de Alfaro et Raymond d’Auriol, dans les offices qui leur avait été attribués par Albornoz dans la Marche d’Ancône et en Romagne (ASV, Reg. Aven., fol. 295 ; voir note 29).
78 Voir le dossier publié par A. Mercati, Tentativo del duca d’Athènes di ottenere l’investitura della Romagna (1343), dans Rivista storica degli archivi toscani, 4, 1932, p. 153-163. Le 18 juin 1343, le pape demandait conseil à son légat en Italie, Aymeric de Châtelus (C. VI, Lettres France, no 232).
79 Qui le plus souvent restent anonymes : ainsi le 29 août 1359, Innocent VI demandait à Albornoz de nommer, s’il était à son gré, le chevalier d’Asti, Giorgio di Solerio, comme recteur du Duché ; il avait reçu une supplique qui en faisait l’éloge (Annexe I, no 8).
80 En voici quelques exemples : le 23 septembre 1371, Grégoire XI précisait à Pierre d’Estaing que le damoiseau Johannes Falqui l’avait récemment supplié, selon les termes contenus dans la cédule jointe (ASV, Reg. Vat. 263, fol. 112v) ; le 8 août 1372, il demandait à Philippe Cabassole, de pourvoir d’un des offices décrits dans la cédule jointe, Stefano d’Andrea dei Normanni (Lettres France, no 2628) ; le 22 janvier 1374, il donnait l’ordre à Guillaume Noëllet, de pourvoir le Limousin Pierre Malros d’une des trois châtellenies mentionnées dans sa supplique (ibid., no 3240). Il arrive que l’impétrant reste anonyme : le 8 avril 1374, Grégoire XI demandait au même vicaire général de pourvoir d’un office alicui cujus nomen adest in supplicatione interclusa (Lettres Autres, no 2584) ; voir en Annexe I, parmi les lettres de l’année 1377, les nos 19, 24, 25, 27, 32, 37 et 40.
81 Guillaume, vicomte de Turenne, frère de Grégoire XI, sollicitait en décembre 1371, un office en Italie pour Jacques Pierre, damoiseau du diocèse d’Aix, son familier (Lettres France, nos 564-565) ; un autre familier, Guillaume de Chavaleriis, du diocèse de Rieux, était fait capitaine de Bagnacavallo, le 8 juillet 1373 (ibid., no 3005) ; le 13 octobre 1373, Grégoire XI ordonnait à Géraud du Puy de faire recevoir comme lieutenant du vicaire de Corneto, quamdiu absens erit, celui que députerait son frère (ibid., no 3095) ; quant à Raymond Sabatier, de Pertuis, subditus et vassallus du vicomte de Turenne, il était en février 1375 officier des montres à Bologne (ASV, Reg. Vat. 271, fol. 223v).
82 Le Limousin Jean de Neuvic avait été nommé châtelain de Narni en 1368 par le camérier Arnaud Aubert (G. XI, Lettres com., no 10411) ; le 2 mai 1371, le pape demandait à Anglic Grimoard de pourvoir d’un office Itier de la Rivière (Lettres France, no 195), parent du camérier (D. Williman, Calendar of the letters of Arnaud Aubert, camerarius apostolicus..., p. 13).
83 Le 16 juillet 1373, Grégoire XI demandait à Géraud du Puy de conserver Amario de Giansighasis (sic) de Florence, operarius monetae d’Urbain V lorsqu’il était en Italie, dans ce même office à Pérouse, en considération de Francesco Bruni, secrétaire du pape, dont il était le gendre (Lettres France, no 3009).
84 Le 22 février 1370, Urbain V demandait à son frère de conférer un office à Matteo Bonihominis de Narni, suite à la supplique de Marco, de Narni, legum doctor et juge de la cour du maréchal, Adhémar d’Aigrefeuille (Lettres France, no 3036).
85 Le 1er décembre 1355, Innocent VI demandait à Filippo dell’Antella, recteur du Duché de Spolète, de désigner Stefano Berardi de Montefalco, recommandé par son oncle Manuele, comme notaire de la cour ducale (Lettres curiales, no 1854) ; le 15 mars 1374, Grégoire XI demandait à Géraud du Puy de conférer une châtellenie Antonio Berardi de Montefalco, neveu de feu Manuele de Montefalco, sergent d’armes du pape (Lettres France, no 3316). Massioto Marchi de Montefalco, sergent d’armes du pape, nommé capitaine des montagnes de Spolète ad beneplacitum par Albornoz en 1361, était confirmé dans ses fonctions par Pierre d’Estaing, puis par Grégoire XI, le 28 avril 1371 (J. Glénisson et G. Mollat, Correspondance..., no 721 ; Lettres com., no 11687). Le 14 avril 1371, Grégoire XI ordonnait à Pierre d’Estaing de conférer un office à Berua, fils de Leone de Jovis, son huissier (Lettres France, no 2175).
86 Le 2 septembre 1368, Urbain V ordonnait à son frère de pourvoir d’un office, Blasio Fernandez, Juan Sanchez et Martino Fernandez, des diocèses de Cuenca et de Tarazona, familiers du recteur du Duché, Blasco Fernandez de Belviso (ASV, Reg. Vat. 249, fol. 157v ; Lettres France, no 2840) ; le 10 avril 1371, Grégoire XI demandait à Pierre d’Estaing de conférer à Angelo Tavernini, trésorier du Patrimoine, le gouvernement et la garde d’Orchia à vie, conformément à la supplique qu’il avait adressée au pape (Lettres com., no 10177).
87 Peu après la reddition de Pérouse, Agostino Guidonis de Todi, qui avait joué un rôle dans les négocations, avait impétré l’office de gabellier de Rieti (G. XI, Lettres France, no 2220).
88 En janvier 1351, Clément VI recommandait au recteur de la Campagne, un damoiseau de Terracine, Ruggiero Verace de Sonnino, qui souhaitait obtenir une châtellenie, en considération de Talleyrand de Périgord qui l’avait compté parmi ses serviteurs (A. Theiner, Codex Italiae diplomaticus..., II, no 206, p. 203) ; le 13 avril 1371, Grégoire XI demandait à Pierre d’Estaing de conférer une châtellenie à Gentili di Cecco de Alfanis, damoiseau de Rieti, et familier d’Anglic Grimoard (Lettres France, no 2171) ; le 1er mai 1371, il ordonnait au même de pourvoir d’un office Aymeric de Saint-Michel, consanguin du cardinal Philippe Cabassole (ibid., no 193) ; le 17 mai 1371, Gilles Torrerie, en considération du cardinal Guillaume de la Jugie dont il avait été l’écuyer, était fait capitaine de Bagnacavallo, en Romagne, ad beneplacitum sedis (Lettres com., no 11782) ; le 20 juin 1372, il ordonnait à Pierre d’Estaing de ne pas déplacer sans juste raison Bario de Sera, damoiseau de Terni, familier du cardinal Gilles Aycelin de Montaigut, de la châtellenie de Treia dans la Marche d’Ancône, attribuée par Anglic Grimoard (ASV, Reg. Vat. 268, fol. 155v) ; le 25 janvier 1373, le pape constituait, en considération du cardinal Giacomo Orsini dont il était le familier, Andrea di Francesco de Terni, châtelain de Stroncone, au diocèse de Narni (Lettres com., no 26383) ; voir également les notes 60 et 62.
89 Le 27 avril 1374, il demandait à Guillaume Noëllet de conférer l’office du danno dato de Forlì ou un autre, à Jacobo Meynardi de Solusa, du diocèse d’Aquilée, familier commensal de Pileo da Prata, archevêque de Ravenne (Lettres France, no 3349). Le 22 septembre 1374, il demandait à Géraud du Puy de pourvoir Bartolomeo de Fosdenova, frère de Barnabo Griffi, évêque de Luni, d’un office (Lettres France, no 3507).
90 Le 12 juillet 1366, le cardinal Albornoz nommait le Lucquois Agostino di Francesco da Barga, capitaine de Valtopina au Duché de Spolète, en exécution de la bulle d’Urbain V faisant suite à la supplique de Trincia de Trinci, vicaire de Foligno, qui réclamait cette charge pour son familier pendant cinq ans (J. Glénisson et G. Mollat, Correspondance..., no 1192) ; le 9 novembre 1365, Urbain V demandait à Androin de La Roche de pourvoir Ugo de Zennariis, citoyen de Ravenne, du vicariat Flumanarum ou de la podestarie de Bertinoro, instante Nicolao marchione Estensi (ASV, Reg. Vat. 248, fol. 6v).
91 Le 12 août 1360, Hugues, petit-fils du roi de Chypre, était fait sénateur de Rome pour un semestre (voir Annexe I, no 12). Le 5 juin 1372, Grégoire XI demandait à Philippe Cabassole de concéder la podestarie de Terracine pour un an à Bernard Laoratoris, chevalier de Perpignan et sénéchal de Jacques, roi de Majorque (Lettres France, no 2567) ; le 1er février 1373, il demandait encore à Géraud du Puy de pourvoir d’un office Jean Guiterii, en considération du même Jacques de Majorque (Lettres France, nos 1082, 2809).
92 Le 6 octobre 1375, il ordonnait à Guillaume Noëllet de conférer un office à Guido Passuti de Lucques, huissier de Charles IV (Lettres France, no 3761). Là où l’on attendrait le roi de France – que l’on dit souvent peser de son influence sur les destinées de la papauté au xive siècle – il est, apparemment, tout à fait absent.
93 É. Baluze, Vitae Paparum Avenionensium (1305-1394), éd. G. Mollat, 4 vol., Paris, 1916-1922, I, p. 466. Pierre d’Estaing, qui souhaitait obtenir toute latitude dans la nomination de certains officiers, précisait dans le rapport qu’il faisait présenter au pape en 1371 quoniam V.S. erit infestata de castelaniis omni die (éd. G. Mollat, Lettres secrètes et curiales du pape Grégoire XI intéressant les pays autres que la France, fasc. 4, col. 1252-1262 : col. 1253).
94 On ne peut évoquer ici toutes les suppliques présentées par les parents et les familiers des pontifes. Voir sur la supplication H. Millet (éd.), Suppliques et requêtes : le gouvernement par la grâce en Occident (xiie-xve siècles), Rome, 2003 (Collection de l’École française de Rome, 310).
95 Nuper pro parte dilecti filii nobilis viri Bertrandi de Tornamira, domicelli Sancti Flori diocesis, nobis fuit exponitum, quod ipse in provinciis Marchie Anchonitane et Romandiole ac Patrimonii beati Petri et Campanie nobis et Romane Eclesie inmediate subiectis eidem Ecclesie a magno tempore citra sub certis stipendiorum conventionibus sibi factis servivit fideliter et devote, et quod in serviciis hujusmodi multipliciter laboravit, ac gravia dampna substinuit et expensas ; et nichilominus pro determinatis stipendiis sibi debitis non modicam ab eadem Ecclesia recipere debet pecunie quantitatem ; quare fuit nobis pro parte ipsius Bertrandi humiliter supplicatum ut eidem super hiis de oportuno remedio, ac pro vite sue substentatione, de aliquo sibi convenienti officio, in aliqua dictarum provinciarum provideri facere dignaremur. Nos itaque de premissis et persona dicti Bertrandi noticiam non habentes, ipsum ad tuam fraternitatem remittimus, volentes ac mandantes quod ipsum super premissis habeas in sua justicia commendatum, ac sibi de aliquo officio provideas in quo ipse prefate Ecclesie utiliter serviendo possit decenter ducere vitam suam (ASV, Reg. Vat. 247, fol. 95).
96 Le 21 avril 1371, il demandait à Anglic Grimoard de pourvoir d’une châtellenie ou d’un office, Jean de Froideville, familier de feu le cardinal Guillaume d’Aigrefeuille (Lettres France, no 2177), mort à Viterbe en octobre 1369 ; le 6 août, il s’agissait de Nicolas Petit de La Chaise-Dieu, damoiseau de feu le cardinal Hugues Roger (ASV, Reg. Vat. 263, fol. 94), mort en octobre 1363.
97 Le 26 juin 1374, il demandait à Daniele del Caretto, recteur de Campagne, de pourvoir d’un office Niccolò de Colomedio, damoiseau d’Anagni (Lettres Autres, no 2722).
98 Avant que la cité ne soit prise par Pierre d’Estaing, bien-sûr. Le 12 janvier 1371, il demandait à Anglic Grimoard de donner un office à Cardelino Paulucii, citoyen exilé de Pérouse, qui avait perdu ses biens (Lettres France, no 2130) ; le 6 avril, il constituait Francesco Bettoli de Coppolis, docteur en lois et citoyen exilé, qui réclamait, avec son frère Giovanni, 600 florins à la commune de Pérouse (F. Mezzanotte, La pace di Bologna tra Perugia e Urbano V (23 novembre 1370), dans Bollettino della deputazione di storia patria per l’Umbria, 74, 1977, p. 117-127 : p. 122), avocat du fisc et syndic général du duché de Spolète, ainsi que garde de Cesi (Lettres com., nos 10158-10159 ; Lettres France, no 2166) ; le 23 février 1372, il ordonnait à Philippe Cabassole de pourvoir Galterino Tibaldini de Pérouse, expulsé durant la guerre, de aliquo regimine, castellania seu officio (ibid., no 2453).
99 Le 26 mai 1373, il ordonnait à Pierre d’Estaing de conférer un office à Andarino de Gredario, fidèle serviteur de l’Église, dont un frère avait péri en servant l’Église et l’autre, fait prisonnier, avait dû être racheté (ibid., no 2962) ; le 13 mars 1374, il demandait à Guillaume Noëllet, de conférer des offices à Antonio, Tommaso et Paolo di Foppa di Bernadigio, damoiseaux du diocèse de Milan, qui pour avoir servi l’Église avaient dû s’exiler (ibid., no 3313 ; voir également sur ces personnages nos 3320, 3350-3351, 3354-3355, 3357) ; trois jours plus tard, il lui recommandait Enrico de Cesate, citoyen de Milan, son fils et sa famille, qui à la suite de leur dévouement envers l’Église, avaient été spoliés de leurs biens et contraints à l’exil (ibid., no 3319) ; le 26 octobre 1375, il lui demandait de conférer un office à Corado de Paravesino, damoiseau exilé de Milan (ibid., no 3767). Le 5 décembre 1375, alors que l’État était secoué par une grave révolte compromettant son autorité, il se souciait encore de Turisenda di Foppa di Bernadigio, qui à la suite de services rendus à l’Église avait été privé de ses biens et banni (ibid., no 3864).
100 Voir Annexe I, nos 19, 20, 32.
101 Voir Annexe I, nos 27, 28, 30.
102 Innocent VI, Lettres curiales, no 685.
103 Favorisée par les Florentins, la révolte d’un grand nombre de cités et de barons (entre octobre 1375 et avril 1376) avait considérablement réduit leur capacité d’attribuer des offices ; voir J. Glénisson, Les origines de la révolte de l’État pontifical en 1375. Les subsides extraordinaires dans les provinces italiennes de l’Église au temps de Grégoire XI, dans Rivista di storia della Chiesa in Italia, 5, 1951, p. 145-168.
104 Les expressions comparables (suis conditionibus condecenti, secundum sua merita et ejus sufficentiam ou competenti officio, officio congruo) sont classées dans la même catégorie. Voir notes 102-103.
105 Le 5 mai 1371, il demandait à Anglic Grimoard de conférer un office honorable ou un negocii exercitio à Giovanni de Placentinis, de Parme, qui venait d’abandonner l’évêché de Padoue à Élie de Ventadour, pour celui de Patras, ainsi qu’à son frère, Bartolomeo, docteur en lois (Lettres France, no 2192) ; le 1er octobre, il adressait une demande semblable à Pierre d’Estaing, en faveur du siennois Niccolò di Tura Tolomei (ibid., no 2349) ; le 14 mai 1373, il ordonnait à Géraud du Puy de conférer le vicariat de Gubbio, celui d’Assise ou un autre également honorable, à Marco Mattei, de Narni (ibid., no 2943) ; le 18 octobre, il le chargeait de reconduire pour un an Niccolò di Tura Tolomei, dans le vicariat d’Amelia, le vicariat de Terni, la podestarie de Montefeltro ou un autre office honorable (ibid., no 3099) ; le 13 février 1374, il demandait à Guillaume Noëllet de pourvoir d’un office honorable Alberto di Campello, damoiseau du diocèse de Plaisance (ibid., no 3284) ; le 19 janvier de l’année suivante, il permettait à Guillaume Noëllet d’accorder un office honorable au chevalier Tristan d’Archiac, son cousin germain : de aliquo honorabili officio suis conditionibus condecenti studeas providere (ASV, Reg. Vat. 271, fol. 169v).
106 Le 1er mai 1371, concernant Aymeric de Saint-Michel, il mandait à Pierre d’Estaing quatenus idem Aymerico de aliquo officio suis conditionibus condecenti studeas providere (ASV, Reg. Vat. 263, fol. 271) ; le 16 juin, il lui recommandait, le chevalier limousin Jean de Rochefort, ut... eum secundum sui status decenciam in hiis que commode poteris sic favore benivolo prosequaris quos ipse ad serviendum nobis et eidem Romane Ecclesie fortius ammetur (ibid., fol. 63v) ; le 29 juillet, à Anglic Grimoard, il ordonnait de pourvoir Jean Moysset de aliquo competenti officio (ibid., fol. 85v) ; le 27 décembre 1371, il ordonnait encore à Pierre d’Estaing de conférer un office à Jacques Pierre, secundum sui status decenciam (ibid., fol. 144) ; concernant Étienne Touchebœuf, le 4 janvier 1372, de aliquo competenti officio in terris in quibus es noster vicarius (ibid., fol. 304).
107 Il s’agissait de Ponte Cuti, à l’ouest de Todi (Lettres France, no 3544). La bulle du 29 août 1373, par laquelle il avait demandé à Géraud du Puy de conférer la châtellenie d’Acquasparta, avec licence de faire exercer le dit office par autrui, au même Francesco (ibid., no 3056) semble donc avoir été sans conséquence.
108 Il donnait l’ordre à Géraud, le 13 avril 1373, de pourvoir Lapo de Ricasoli, de la châtellenie d’Orte, si elle n’avait pas été attribuée à un autre, ou d’une autre semblable ou meilleure (Lettres France, no 2908) et le 29 août, de nommer Francesco d’Antonio degli Albizzi, châtelain d’Acquasparta au diocèse de Todi, sinon d’une autre tout aussi honorable (ibid., nos 3056, 3077). Le 11 décembre 1374, à Guillaume Noëllet, il demandait de conférer la podestarie (sic, pour vicariat) de Scaricalasino, la podestarie ou vicariat de Galliera, au comté de Bologne, à Ludovico de Monticulo et à son frère, ou d’autres offices équivalents ou superieurs (ibid., no 3560).
109 Voir Tableau no 12. Le salaire des vicaires, des podestats, des châtelains disséminés dans les forteresses de l’État variait en fonction de l’importance de leurs attributions. Le vicaire d’Orvieto percevait des gages semestriels s’élevant à 1 200 florins, réduits à 1 000 florins en 1362 (J. Glénisson et G. Mollat, Correspondance..., nos 191, 519, 805, 1098, 1297 ; Annexe II-B nos 1, 5, 6, 12, 16, 18, 26, 37, 38, 47) ; à Gubbio, ils étaient de mille florins en 1361 (L. Fumi, I registri del ducato di Spoleto, dans Bollettino della deputazione di storia patria per l’Umbria, 7, 1901, 5775, p. 72), à Ancône mille florins en 1366 (J. Glénisson et G. Mollat, Correspondance..., no 1201), à Spolète 700 florins (ibid., no 1131), à Terni 3 200 livres de Cortone (ibid., nos 1129, 1296), à Amelia, 2 000 livres courantes (ibid., no 1228), etc. Il en est de même pour les châtelains. Voir également, sur les revenus que procurent ces divers offices, la « Descriptio Romandiole »... et la « Descriptio civitatis Bononie »... du cardinal Anglic Grimoard.
110 Ainsi, le 23 mars 1348, Clément VI ordonnait-il à son vicaire général, Bertrand de Déaux, d’augmenter les gages du recteur du Patrimoine, Guichard de Comborn, qui put ainsi percevoir 2 florins, en sus d’un salaire ordinaire de 4 florins par jour (ASV, Intr. et Ex. 253, fol. 3-5v). Lorsqu’Innocent VI nomma Aymeric Rolland, recteur de Romagne, le 15 mars 1357, il lui accorda également le droit de percevoir 2 florins par jour en plus de ses gages ordinaires (Reg. Vat. 239, fol. 32v, 38v, 44). Le 13 août 1370, Pierre Rostaing, était fait châtelain de Viterbe (Lettres com., no 27272) ; six jours plus tard, Urbain V écrivait à Angelo Tavernini, trésorier du Patrimoine de Saint-Pierre : cum nuper dilectum filium nobilem virum, Petrum Rostagni, domicellum Ebredunensis diocesis, constituerimus castellanum rocche nostre Viterbiensis tibi presencium tenore mandamus quatenus dicto castellano quamdiu prefate rocche custodiam habuerit viginti florenis auri singulis mensibus pro persona sua sine qualibet difficultate persolvas (Reg. Vat. 250, fol. 150v). De la même manière, le 20 février 1372, Fernando Sanchez de Moya, châtelain de la rocca San Cataldo d’Ancône, se voyait attribuer une provision de 20 florins mensuels (Lettres com., no 19731). Le 27 décembre 1372, Grégoire XI ordonnait à Géraud du Puy de verser au damoiseau quercynois, Guillaume de La Roque, familier du pape et vicaire de Corneto, cent florins par semestre en sus de son salaire ordinaire (Lettres France, no 2753).
111 Pietro Gattulae Longaro, citoyen de Gaëte, constitué trésorier de la Marche, le 20 mars 1350 par Clément VI (Lettres Autres, no 2171), confirmé dans ses fonctions par son neveu, le 10 janvier 1372 (G. XI, Lettres Autres, no 496), obtenait en mars suivant la garde de San Giorgio, près de Fermo, voire celle d’un autre castrum (Lettres France, no 2467). Le 8 mars 1371, Pierre Rostaing était constitué trésorier du Duché de Spolète par Grégoire XI (Lettres com., no 11513), qui demandait simultanément à Pierre d’Estaing de lui conférer une châtellenie dans cette province (Lettres France, no 112) ; Angelo Tavernini, de Viterbe, nommé trésorier du Patrimoine de Saint-Pierre le 20 mars 1350, était fait châtelain de Collecasale pour dix ans, le 28 mai 1352 (C. VI, Lettres Autres, no 2172, 2645) ; le 16 juin 1370, toujours trésorier, il était nommé châtelain de Celleno au comté de Viterbe, à vie (U. V, Lettres com., no 27161) ; en avril de l’année suivante, il déposa une supplique pour obtenir le gouvernement et la garde d’Orchia à vie (G. XI, Lettres com., no 10177) ; voir également note 65.
112 Le 10 octobre, il demande à Pierre d’Estaing de pourvoir de gages ou d’un office Bartolomeo Zenobii dell’Antella, de Florence (Lettres France, no 2357). Le 3 novembre 1371, il ordonne à ses vicaires généraux de pourvoir d’un office ou de gages Pedro Martinez pour ses services durant la légation d’Albornoz (ibid., no 2385). Le 16 mars 1374, il recommande à Guillaume Noëllet, en office, gages et subventions, Enrico de Cesate, citoyen de Milan, son fils et sa famille (ibid., no 3319). Le 4 mai 1374, le pape ordonne de conférer à Paolino di Foppa di Bernardigio, un vicariat, une châtellenie ou une somme d’argent chaque mois (ibid., no 3357) ; voir également Annexe I, no 24.
113 Une pratique qui était progressivement devenue courante dans la deuxième moitié du xiiie siècle ; voir G. Ermini, Le relazioni fra la Chiesa e i Comuni della Campagna e Marittima in un documento del secolo xiv, dans Archivio della Società romana di storia patria, 48, 1925, p. 171-200, p. 177-180 et Caratteri della sovranità temporale dei papi nei secoli xiii e xiv, dans Zeitschrift der Savigny-Stiftung für Rechtsgeschichte, kan. Abt., 27, 1938, p. 315-347, p. 326-328 et réed. dans Scritti storico-giuridici..., p. 197-200 et 772-774 ; A. Lanconelli, Oltre i confini di Siena : le fortificazioni pontificie nella terra del Patrimonio, dans M. Marrocchi (éd.), Fortilizzi e campi di battaglia nel Medioevo attorno a Siena, Sienne, 1998, p. 321-336 : p. 323-325 ; et pour l’étude d’un cas singulier, A. Jamme, Conscience et gestion de la crise dans le Patrimoine de Saint-Pierre. Systèmes d’exploitation, offices et pouvoirs à Cencelle (xiiie-xve siècle), à paraître.
114 Ainsi le 13 août 1353, Guillaume de La Rouquette se voyait concédé la châtellenie de Castro, dans la Campagne romaine, avec exemption de paiement des 60 florins normalement dus chaque annnée (I. VI, Lettres curiales, no 504).
115 Le 11 décembre, le pape demandait à Philippe Cabassole de lui attribuer soit cette châtellenie, soit une autre (Lettres France, no 2404) ; ce qu’il fit. Le recteur et le trésorier de la province lui réclamèrent pro castellania prefata CXXXV fl., asserentes sic ipsam solitam Ecclesie locari pro tanto precio annuatim. L’évêque de Brescia ayant rapporté que son frère asserat se gravari et ulam gratiam reportare, le pape ordonna le 9 avril suivant, de l’absoudre de la châtellenie d’Aquapuzza et de lui en accorder une autre (ASV, Reg. Vat. 268, fol. 255).
116 En septembre 1367, Blasco Fernandez de Belviso, neveu du cardinal Albornoz et recteur du Duché, était nommé sénateur de Rome par Urbain V, avec pouvoir de faire gouverner ce rectorat par un lieutenant (Lettres com., no 19938) ; le 3 juillet 1371, Grégoire XI demandait à Pierre d’Estaing de confirmer à Giorgio de Ypsera, laïc du diocèse de Milan, une petite podestaria au diocèse de Fermo (San Pietro ultra Centiam), dont les revenus étaient de peu de valeur, avec pouvoir de tenir un substitut (Lettres com., no 11923) ; le 20 juin 1372, il ordonnait à Philippe Cabassole, de donner la châtellenie de Rippesina, dans le comté d’Orvieto, voire une autre, avec faculté d’utiliser un substitut, au damoiseau romain Angilotto dei Normanni (Lettres France, no 2582) ; le 7 mars 1374, Giovanni Vanocii, de Città di Castello, était fait chancelier du présidat de San Lorenzo dans la Marche d’Ancône ; comme il servait alors en Piémont avec Giovanni Fieschi, évêque d’Arezzo, il recevait pouvoir de se faire remplacer (Lettres com., no 33621) ; voir également les concessions d’offices en faveur de Latino de Sera (ibid., nos 21264, 27373) et Annexe I no 16.
117 W. Reinhard, Nepotismus. Der Funktionswandel einer papstgeschichtlichen Konstante, dans Zeitschrift für Kirchengeschichte, 86, 1975, p. 145-185 ; trad. fr. Le népotisme. Fonctions et avatars d’une constante de l’historiographie pontificale, par F. Chaix, dans R. Descimon (éd.), Papauté, confessions modernité, Paris, 1998, p. 69-98, 193-208.
118 Le neveu du cardinal Albornoz, Blasco Fernandez de Belviso, recteur du Duché de Spolète et vicaire de Gubbio de 1362 à 1367 (J. Glénisson et G. Mollat, Corrrespondance..., nos 747, 825, 879, 1080, 1157), fut promu, au sénatorat de Rome en septembre 1367, mais conservait son office de recteur (voir note 113) ; Gomez Garcia de Albornoz, un autre neveu, vicaire d’Ascoli de 1364 à 1376 (A. de Santis, Ascoli nel Trecento. II (1350-1400), Ascoli, 1988, p. 103-187), succéda à son cousin, d’abord dans le rectorat du Duché de 1371 à 1376, puis dans le sénatorat de Rome, qu’il obtint en même temps que le vicariat de Ceccano (Annexe I, no 26). À un échelon inférieur, s’opère fréquemment une concentration locale des organes du pouvoir : ainsi Rigon de Champiers, chevalier limousin, qui le 3 août 1373 avait été fait capitaine de Forlì ad beneplacitum tentait-il dès le mois de novembre suivant, de contrôler la rocca Ravaldini qui permettait de tenir la cité (Lettres com., nos 26846, 27063 et Lettres Autres, no 2269) ; voir également la politique de Leone de Jovis (notes 127-129). Si le cumul des offices de gouvernement semble relativement rare, en revanche, il est tout indiqué pour pallier la faiblesse des revenus de certaines fonctions : ainsi en est-il des trésoriers de province, dont les gages statutaires étaient particulièrement faibles (voir la note 108).
119 Ainsi Massioto Marchi de Montefalco, sergent d’armes pontifical depuis au moins 1355 (K.-H. Schäfer, Die Ausgaben der Apostolichen Kammer..., III, p. 597) nommé capitaine des montagnes de Spolète par Albornoz en 1361, confirmé dans ses fonctions par Grégoire XI en 1371 (voir note 83) était excusé par le pape auprès de Pierre d’Estaing, le 1er juin 1371 : le pontife le retenait près de lui (Lettres France, no 2217) ; Massioto mourut en curie peu avant le 25 janvier 1373 (Lettres com., no 26383). Voir également sur ce thème notes 27, 28, 68. Pour un exemple précis, A. Jamme, « Garsabal ». Voyages, carrière et fortune d’un officier pontifical (vers 1355-vers 1381), dans Identités juives et chrétiennes. France méridionale, xive-xixe siècle. Études offertes à René Moulinas, Aix-en-Provence, 2003, p. 7-28.
120 Toutefois le lien entre cléricat, rectorats et trésoreries, que Pierre d’Estaing aurait souhaité voir très développé (voir son Memorandum éd. G. Mollat, Lettres secrètes et curiales du pape Grégoire XI intéressant les pays autres que la France, fasc. 4, col. 1255), est encore assez ténu pendant cette période. Seuls apparaissent dans la correspondance, Pedro Gomez Barroso, évêque d’Osma et Jean de Saye, évêque de Dax, gouvernant respectivement la Marche d’Ancône et la Romagne (Lettres Autres, nos 214 et 608). Les charges financières étaient traditionnellement au xive siècle confiées à des clercs ; or là encore, trois trésoreries provinciales furent durablement attribuées à des laïcs : Pietro Gattula, dans la Marche d’Ancône de 1350 à 1376 ; Angelo Tavernini, dans le Patrimoine de 1350 à 1376 ; Pierre Rostaing, dans le Duché de 1366 à 1376 (voir note 108). Toutefois, la trésorerie générale demeurait dans les mains de clercs, souvent proches du pontife : le limousin Aymeric Lechat, de 1358 à 1371, élu de Volterra, puis évêque de Bologne ; Bernard de Bonneval, évêque de Spolète, puis de Bologne, de 1371 à 1378. Les receveurs généraux furent successivement Étienne Aubert, neveu d’Innocent VI et frère du camérier, de 1364 à 1369 (D. Williman, Calendar of the letters of Arnaud Aubert..., p. 11-12), Pierre Retronchin, chapelain pontifical, 1369-1371 ; Bernard de Bonneval, évêque de Spolète, presque immédiatement remplacé par Géraud du Puy, de 1371 à 1374, ensuite vicaire général.
121 Pierre d’Estaing lui avait d’abord conféré la gestion des viviers à anguilles de Marta. Il sollicita auprès du pape la châtellenie ; ce que Grégoire XI lui accorda, dans la mesure où il fit valoir les inimitiés que son activité avait suscité (A. Theiner, Codex Italiae Diplomaticus..., II, p. 478, no 491) ; le 19 mars 1372, il obtenait cet office à vie, tant qu’il demeurerait évêque de Montefiascone (Lettres com., no 19818). Il profita de ces bonnes grâces pour placer dans la châtellenie voisine de Capodimonte, toujours sur le lac de Bolsena, un de ses familiers originaire du diocèse du Mirepoix, le 16 mars 1374 (Lettres France, no 3317). L’année suivante, le 15 janvier 1375, il obtenait enfin la châtellenie de la rocca de Montefiascone, dans laquelle Urbain V avait résidé, ad beneplacitum (Lettres com., no 36361).
122 Voir sur la parenté entre officium et beneficium G. Le Bras, Institutions ecclésiastiques de la Chrétienté médiévale, II, Paris, 1964, p. 283-291 et W. Rein-hard, Puissance étatique : un problème de crédit ? Structure et fonction du commerce des offices à l’époque moderne, dans Papauté, confession, modernité..., p. 137-153, 216-228 : p. 141-142.
123 Ce citoyen florentin avait été constitué le 24 octobre 1373 ; mais son office, déjà déclaré ad beneplacitum pape ne devait débuter qu’à la fin du mandat de celui qui l’exerçait alors (Lettres com., no 27039) ; le lendemain, le pape ordonnait à Pierre d’Estaing et au recteur de la Marche de veiller à son installation (Lettres France, no 3103 ; Lettres Autres, no 2255) ; l’ordre de déclarer ad beneplacitum pape, la concession du vicariat d’Ancône (Lettres France, no 3341) n’intervint qu’au terme du mandat normal d’un semestre. La correspondance pontificale ne conserve pas de nominations postérieures relatives à ce vicariat.
124 B. Guillemain, La cour pontificale..., p. 481-482.
125 Lettres com., no 11047. Simone avait obtenu confirmation de cet office en 1371 (voir note 29) ; presque simultanément, le 30 juin 1371, le pape avait confié à Michele l’office de la douane de la cité d’Ancône (ibid., no 10525).
126 Lettres com., no 11711 ; Lettres France, no 2188 ; Lettres Autres, no 1114.
127 Voir note 55.
128 F. Autrand, Offices et officiers royaux sous Charles VI, dans Revue historique, 242, 1969, p. 285-338 ; id., Vénalité ou arrangement de famille ? La résignation aux offices royaux en France au xve siècle, dans I. Mieck (éd.), Ämterhandel im Spätmittelalter und 16. Jahrhundert, Berlin, 1984, p. 69-82 ; O. Mattéoni, Servir le prince..., p. 284-288. S. Levati, La venalità delle cariche nello Stato pontificio tra xvi e xvii secolo, dans Ricerche storiche, 26/3, 1996, p. 525-543.
129 Cum itaque nuper dilecti filio nobili viri Bernardo Sorberii domicello Caturcensis diocesis de quodam officio in civitate nostra Bononien. duxerimus providendum ac velimus prout etiam dictus Bernardus id voluit quod ipse castellaniam roche civitatis nostre Urbisveteris qua tunc tenebat dimictat,... te castellanum... (ASV, Reg. Av. 187, fol. 202). Les recherches d’E. Albe, Autour de Jean XXII. I. Jean XXII et les familles du Quercy ; II. Prélats quercynois en Italie ; III. Prélats quercynois, diocèses de France, dans Annales de Saint-Louis des Français, 6-10, 1901-1906 ne permettent pas d’établir des liens généalogiques entre ces deux personnages. Les Sorbier, implantés à Lauzerte (ibid., III, p. 99) étaient d’ailleurs géographiquement éloignés de Rignac (Lot, con Gramat).
130 Lettre de Grégoire XI adressée à Géraud du Puy :...cum ipse Leo intendat prout nobis asseruit vitam quietiorem ducere, prout admodo sua etas expostit, ejusdem Leonis supplicationibus inclinati, circumspectioni tue committimus et mandamus quatenus si idem Leo officium vicariatus seu rectoratus terrarum Arnulforum et custodiam arcis castri podii... in tuis manibus voluerit resignare, hujusmodi resignationem recipias et si dilectus filius nobilis vir Tedescus de Jovio domicellus frater ejusdem Leonis fuerit ydoneus ad dictum officium et custodiam exercenda, sibi ipsa, officium et custodiam, cum omnibus juribus et pertinenciis suis ad beneplacitum nostrum committas... (ASV, Reg. Aven. 197, fol. 57v-58). Voir également les notes 29, 68 et 83.
131 ad beneplacitum pape, dumtamen nullus eandem arcem teneat ex nostra concessione (Lettres com., no 39755).
132 Avec six florins par mois de gages à prendre sur le péage (ASV, Reg. Aven. 201, fol. 97).
133 Voir note 78.
134 Voir A.-M. Hayez, J. Mathieu et M.-F. Yvan, De la supplique à la lettre : le parcours des grâces en cour de Rome sous Urbain V (1362-1366), dans Aux origines de l’État moderne..., p. 171-205.
135 Le 4 janvier 1372, à Philippe Cabassole, ordre de pourvoir Étienne Touchebœuf d’un office, si vacat vel cum vacaverit (ASV, Reg. Vat. 263, fol. 304). Le 17 octobre 1372, à Pierre d’Estaing pour Andrea, fils de Roberto di Saliceto, la podestarie du comté d’Imola, si elle vaque ou lorsqu’elle vaquera (Lettres France, no 2693). Le 19 janvier 1373, à Géraud du Puy ordre de pourvoir d’un office en Campagne, vacant ou à vaquer, Guglielmo Alamanni, du diocèse de Naples (ibid., no 2798). Le 13 juin 1373, au même ordre de pourvoir des châtellenies qu’ils demandent quand elles vaqueront, Lupo Bartolomei et Pietro Galteri, citoyens de Montefiascone (ibid., no 2987).
136 A.-M. Hayez, Un aperçu de la politique bénéficiale de Grégoire XI : première moitié du pontificat (1371-1375), dans K. Borchardt et E. Bünz (éd.), Forschungen zur Reichs-, Papst-und Landesgeschichte Peter herde zum 65. Geburtstag, II, Stuttgart, 1998, p. 685-698 : p. 686.
137 Le roi de France avait également délivré de véritables expectatives d’office, dès le xiiie siècle au moins. Mais, cette pratique, condamnée par Philippe de Valois en 1338 et 1341, semble avoir disparu par la suite (O. Martin, La nomination aux offices royaux au xive siècle d’après les pratiques de la chancellerie, dans Mélanges Paul Fournier, Paris, 1929, p. 487-501 : p. 492).
138 Voir annexe 1.
139 J. Verger, L’entourage du cardinal Pierre de Monteruc (1356-1385), dans MEFRM, 85, 1973, p. 515-546.
140 Il y a toutefois des erreurs notamment dans la correspondance de Grégoire XI : quelques lettres adressées à Pierre d’Estaing, Anglic Grimoard et Géraud du Puy, leur demandant de pourvoir à la nomination de divers personnages, sont enregistrées parmi les communes (Lettres com., nos 10169, 10177, 10509, 10533, 11923, 11047, 27373, 27996, 39754). Par ailleurs, certaines bulles sont (on le sait, c’est une méprise courante) enregistrées deux fois dans les secrètes et curiales et dans les communes : ainsi la promotion de Giorgio Balardi, du diocèse de Turin, au maréchalat de Romagne le 9 avril 1371 (Lettres Autres, no 108 et Lettres com., no 1016) ; la confirmation de la charge de dépositaire de la Chambre à Bologne accordée à Simone Baroncelli, le 25 mai 1371 (Lettres France, no 2208 et Lettres com., no 11813) ; la promotion au rectorat de la Marche d’Ancône de Pedro Gomez Barroso, le 2 juillet 1371 (Lettres Autres, no 214 et Lettres com., no 10532) ; l’attribution de la garde de la rocca Ravaldini à Rigon de Champiers, capitaine de Forlì, le 3 novembre 1373 (Lettres Autres, no 2269 et Lettres com., no 27063), etc.
141 Le 17 mai 1371, Pierre Beraud, du Puy, obtenait le vicariat de Galleata en Romagne. Sa lettre de nomination précisait que la peticio pro parte tua nobis nuper exhibita continebat quod tu per multa tempora in partibus Italie moram traxisti, ejusdem Romane Eclesie in pluribus officiis obsequiis insistendo, quodque propter honorem et utilitatem ejusdem Romane Ecclesie et ejus camere conservandos, cum officium monstrarum stipendiariorum Romandiole exerceres lesionem mirabilem in facie, ut apparet sustinuisti, quam adhuc habet de presenti, nos igitur, volentes te premissorum meritorum tuorum intuitu, necnon consideracione dilecti fi-lii nostri (sic), Guillelmi tituli Sancti Clementis presbiteri cardinali per te dilecto scutifero suo nobis super hoc supplicantis favore prosequi gracie specialis ipsius cardinalis ac tuis in hac parte supplicationibus inclinati lui accordait ce vicariat ad beneplacitum. Entre états de service, en apparence irréprochables, « accident du service », qui appelle dédommagement, et patronage cardinalice, on est bien en peine d’identifier l’élément déterminant... qui n’apparait peut-être qu’en dernière position.
142 Voir note 69.
143 D’après sa correspondance, 73 % des officiers nommés par lui furent recrutés dans les limites de l’État, 20 % ailleurs en Italie (surtout en Toscane), les 6 % restant, à parts égales, dans les espaces français et ibériques. On mesure à ce seul pourcentage le peu de crédit à accorder aux remarques de P. Colliva, pour qui l’administration albornozienne était essentiellement étrangère (Il cardinale Albornoz, lo Stato della Chiesa e le Costitutiones Aegidianae (1353-1357), Bologne, 1977 [Studia Albornotiana, 32], p. 164) !
144 Voir note 9.
145 On rend en effet caduque la rotation des officiers et leur syndicat en multipliant les concessions ad beneplacitum, voire ad vitam. Le pape confère des châtellenies à ses familiers italiens dans une terre dont ils sont originaires (Lettres com., no 27115), nomme dans une ville récemment conquise un vicaire absentéiste (Francesco di Antonio degli Albizzi à Todi, Lettres com., no 26889 ; Lettres France, no 3048 ; Lettres Autres, no 2100) ; etc.
146 Le 22 avril 1372, Grégoire XI demandait à Philippe Cabassole, dans la mesure où les Constitutions albornoziennes étaient corrigendae, immutandae et revocandae, ratione mutatorum temporum et conditionum terrarum Ecclesie, d’examiner avec le conseil de Pierre d’Estaing, ce qui pouvait être fait (éd. A. Theiner, Codex Italiae Diplomaticus..., II, p. 546, no 539). Ce mandat apostolique qui signale une conception nouvelle de la monarchie a totalement échappé à P. Colliva (Il cardinale Albornoz...).
147 Notamment au début de son pontificat : le 7 juin 1372, il informait Phi-lippe Cabassole de la révocation du juge au spirituel de la province de Campagne qui ne remplissait pas correctement son office et lui donnait l’ordre de nommer un personnage idoine qui administrerait en son nom la justice tant au civil qu’au criminel (Lettres France, no 2571) ; en ce qui concerne les officiers faisant partie du gouvernement de Pierre d’Estaing, voir note 72 et Lettres France, no 2560. Des notifications de cette nature ne semble pas avoir été adressées à Géraud du Puy et à Guillaume Noëllet.
148 Les personnages qui sont l’objet de la faveur de Grégoire XI, tirent origine de la péninsule italienne à 65 % (36,6 % viennent des terres de l’Église ; 23,9 % de l’Italie centro-septentrionale, 2 % du royaume de Naples, 2,3 % n’ont pu être identifiés précisément) ; 27 % sont originaires de l’espace français, terres sous administration anglaise et comté de Provence compris (la moitié seulement vient des diocèses de Limoges, Clermont, Saint-Flour, Cahors et Périgueux, soit 13 %) ; 6,8 % proviennent de la péninsule ibérique, 0,6 % de l’Empire et 0,3 % d’Angleterre (un seul personnage). L’inexistence du népotisme de gouvernement durant ce pontificat, contrairement à ce qui est sous-entendu par S. Carocci (Il nepotismo nel medio evo. Papi, cardinali e famiglie nobili, Rome, 1999, p. 197-198), prouve encore l’ouverture d’esprit de Grégoire XI. L’explication traditionnelle qui consiste à faire du soulèvement de 1375-1376 une révolte nationale dirigée contre une administration étrangère est, à la lecture de ces chiffres, on le conçoit aisément, irréaliste.
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