Les cheminements de l’Église bulgare vers une émancipation et une autocéphalie face au patriarcat de Constantinople avant la période ottomane
p. 121-137
Résumés
Ce chapitre analyse les tendances à l’indépendance ecclésiastique en Bulgarie à partir de la fin du IXe siècle (arrivée des disciples de l’apôtre des Slaves Méthode) jusqu’à la reconnaissance de l’autocéphalie en 1235 sous le patriarche Germain II de Constantinople. Une attention spéciale est accordée au prétendu synode de Preslav de 893 et aux événements de l’année 927.
This chapter analyzes the tendencies towards ecclesiastical independence in Bulgaria from the end of the 9th century (arrival of the disciples of Method, the Apostle of the Slavs) to the recognition of autocephaly in 1235 under Patriarch Germain II of Constantinople. Special attention is given to the so-called Preslav synod of 893 and the events of 927.
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Mots-clés : autocéphalie, Bulgarie, patriarcat bulgare, diplomatie du patriarcat de Constantinople
Keywords : autocephaly, Bulgaria, Bulgarian Patriarchate, diplomacy of the Patriarchate of Constantinople
Texte intégral
1Tout comme en Serbie médiévale, les tendances à l’autocéphalie en Bulgarie médiévale à l’égard du patriarcat de Constantinople n’aboutirent pas en une fois au but désiré. En cela, les Églises slaves des Balkans présentent un développement différent de l’Église orthodoxe de Russie et du patriarcat de Moscou érigé en 1589 avec l’accord presque immédiat des quatre patriarcats orientaux, mais dans le cas de la Bulgarie comme de la Serbie ceci se passa à l’époque de l’Empire ottoman et donc sous de tout autres conditions en ce qui concerne le siège du patriarcat œcuménique de Constantinople. Mais la Bulgarie se distingue aussi en beaucoup de points de la Serbie, car les territoires entre le Danube inférieur et les Rhodopes, surtout les rives de la mer Noire, sont des régions chrétiennes dès l’Antiquité tardive, et donc bien avant l’arrivée des Slaves dans ces régions. Les étapes de la christianisation des provinces de l’Illyricum oriental, de la Thrace, de l’Haemimons, des Rhodopes, de la Mésie inférieure, etc., et l’érection de sièges épiscopaux pour la population grecque de ces territoires sous juridiction du patriarcat de Constantinople ont été bien étudiées1, et ne nous retiendront pas ici. Elles doivent cependant être prises en considération, car il n’y a guère de traces d’une discontinuité ou d’une disparition de la structure ecclésiastique dans ce qui deviendra la Bulgarie. Notons toutefois que les listes épiscopales byzantines pour l’époque de l’implantation des tribus slaves et protobulgares, en gros du VIe au IXe siècle, présentent de grosses lacunes2, tandis que les notitiae episcopatuum, marquées par une vision conservatrice ou peu proche de la réalité, tendent à souligner la continuité3. On ne prêtera pas le flanc à l’exagération en soulignant que seules les villes à population grecque du littoral de la mer Noire donnent le témoignage d’une vie ecclésiale grâce aux noms d’évêques attestés. C’est entre autres le cas de Derkos, évêché suffragant de Philippopolis dans la province de Thrace, élevé au rang d’archevêché en 7874, d’Andrinople dans la province de l’Haemimons5, de Mésembria6 et de Sozopolis7 dans la même province, d’Odessos, archevêché en Mésie inférieure8.
2C’est dans ce contexte que le patriarche Photios écrivit sa célèbre épître au khan Boris de Bulgarie (852-889), probablement en 8659, peu après le baptême du prince qui reçut le nom de Michel d’après l’empereur Michel III de Constantinople (842-867). C’est aussi dans ce contexte qu’il faut comprendre le comportement du même khan Boris à l’égard des disciples de l’apôtre des Slaves, Méthode, après la mort de ce dernier, leur fuite en Bulgarie et leur arrivée dans la capitale bulgare Pliska en 886. L’épître de Photios en langue grecque – la version en slavon ecclésiastique effectuée dans les pays slaves méridionaux est attestée dès le XVe siècle10 – ne s’adresse pas à un néophyte qui vient d’accomplir ses premiers pas dans le christianisme pendant le catéchuménat, mais à un intellectuel au courant des controverses théologiques des siècles passés et de l’histoire des conciles11.
3Le baptême du khan Boris, représentant de l’aristocratie d’origine protobulgare et donc non slave, prête à discussion en ce qui concerne le lieu et, plus généralement, les informations données dans les sources. Trois chroniques byzantines, Théophane Continué, Jean Skylitzès et Jean Zonaras, mentionnent un évêque envoyé de Constantinople en Bulgarie, dont le nom reste inconnu, et ceci sous le patriarche Ignace pendant son premier patriarcat (847-858), au plus tard en 85512. En se fondant sur la lettre de Photios à Boris-Michel vers 865, il faut plutôt localiser ce baptême à Constantinople, où Boris aurait reçu le sacrement de Photios lui-même qui le nomme son fils spirituel et dont le parrain aurait été l’empereur Michel III, donc en 865-866. Cette explication des événements13, quoiqu’elle contredise une partie des sources historiques byzantines14, correspond à la situation de l’Église dans les terres bulgares au IXe siècle, où il y avait déjà plusieurs évêchés et même un ou deux archevêchés autocéphales, tous bien sûr avec des titulaires de langue grecque et faisant partie du patriarcat de Constantinople. Un évêque envoyé de Constantinople dans le seul but de baptiser le prince Boris n’aurait eu aucune légitimité et le recours à une appartenance ethnique de cet évêque à la culture slave est tout à fait impossible, car à cette époque, cette question ne se posait pas et le prince Boris, certes d’origine protobulgare et donc païen converti au christianisme, n’appartenait pas au monde byzantin de par ses origines, mais il avait été élevé dans la culture grecque.
4Sur cette question d’une éventuelle slavisation de la structure ecclésiastique en Bulgarie dès les temps du prince Boris, les circonstances en rapport avec l’arrivée et l’accueil des disciples de l’apôtre des Slaves, Méthode, après sa mort en 885 sont assez claires. La source principale est la Vie de Clément, évêque des Bulgares, l’un des disciples de Méthode, par Théophylacte, archevêque d’Ohrid (1092-1126)15. Malgré l’espace de deux cents ans qui sépare l’auteur de la Vita de son héros, cette Vita repose sur des documents oraux et écrits, bien confirmés par ailleurs, dont disposait Théophylacte16.
5D’après la Vita Clementis, trois disciples de Méthode, Clément, Naum et Angelarios, prirent le chemin de la Bulgarie après avoir passé le Danube (XV 43 : Milev 116). Le prince Boris les accueillit avec respect comme il convient à des personnes très estimées (XVI 47 : Milev 122). Clément et Naum prennent leurs quartiers chez un haut dignitaire bulgare Eschač (Ἐσχάτζης) qui a la fonction de σαμψής, donc un aristocrate d’origine protobulgare et peut-être encore païen, tandis que Angelarios va à la maison de Česlav (Τζασελάβος) où il meurt bientôt (XVI 50-51 : Milev 122)17. Il n’est pas fait mention, dans ce contexte du séjour de Clément et Naum dans la capitale bulgare, d’une activité didactique en continuité avec la mission de leur maître Méthode. Ce n’est qu’après leur départ pour la province occidentale du territoire, à Kutmičevica, que l’attribut διδάσκαλος est repris pour Clément et que leur activité d’enseignement est soulignée (XVII-XVIII 53-56 : Milev 124). Toutefois il s’agit bien ici de populations encore païennes (ἔθνη, XVIII 56 : Milev 126) à la différence des habitants de la Bulgarie orientale18.
6Un des points centraux dans l’introduction de l’autocéphalie dans l’Église bulgare réside dans l’appréciation du prétendu synode de Preslav réuni en 893. Cette question, très agitée dans l’historiographie bulgare, a été reprise en considération tout récemment par Angel Nikolov19 ; les sources, les arguments et les hypothèses doivent être analysés de nouveau ici et soumis à la critique20. La source de référence pour cette question est unique et bien connue, c’est la chronique de Réginon de Prüm (ca 840-915), qu’il rédigea comme abbé de Saint-Martin de Trèves, dans les premières années du Xe siècle21. Le passage en question est très bref (convocato omni regno suo filium iuniorem regem constituit22), et se rapporte à la destitution par le souverain bulgare Boris de son fils Vladimir et à la montée sur le trône de Syméon en 893.
7Le grand historien bulgare Vasil Zlatarski (1866-1935) a été le premier dans sa monumentale histoire bulgare, qui reste encore aujourd’hui une référence pratiquement incontestée, à tirer de ce texte de Réginon un ensemble de données considérées comme historiques, mais qui ne sont même pas des hypothèses, et ceci dans le contexte nationaliste des années 20 du siècle passé23, comme le montre très bien Angel Nikolov. Avant de soumettre les positions de Zlatarski à la critique qui s’impose, rappelons que lors du jubilé du onzième centenaire du prétendu synode de Preslav, une conférence s’est tenue à Veliki Preslav en Bulgarie en 199324, et ne remit pas en question l’existence et les prétendues réalisations de ce synode25.
8Le prétendu synode de Preslav de 893 joue un rôle considérable dans les études sur les étapes de l’émancipation de l’Église bulgare vers l’autocéphalie. Certes, ni Zlatarski26 ni à sa suite Todor Sǎbev27 ne vont jusqu’à prétendre que l’autocéphalie pure et simple fut déclarée à ce concile, ce qui n’aurait aucune base canonique, mais l’amoncellement de données tirées hypothétiquement du texte de Réginon de Prüm, et par là, anticipées, ouvrent la voie à une compréhension erronée du long processus qui mena à l’autocéphalie.
9Dans ces travaux, les résultats du synode de 893 sur le plan de la politique ecclésiastique sont compris de la manière suivante : a) sacre d’évêques d’origine bulgare, entre autres du premier évêque de langue bulgare Clément, disciple de Méthode ; b) transfert de la capitale de Pliska (enracinée dans l’idéologie païenne) dans la ville chrétienne de Preslav ; c) traduction des livres ecclésiastiques du grec en vieux-bulgare (преложение книг) et émancipation culturelle de l’Église bulgare ; d) introduction du vieux-bulgare dans la liturgie à la place du grec, et tout ceci « en conformité avec les canons et règles ecclésiastiques ». La question du changement de la langue ecclésiastique y est considérée en relation directe avec l’émancipation juridictionnelle de l’Église bulgare vis-à-vis du patriarcat de Constantinople et en référence aux chrétientés du Caucase, en Arménie et en Géorgie, où une autonomie juridictionnelle – mal définie et sans que « l’Église-mère » ne soit nommée précisément – n’a été atteinte qu’après l’introduction de la langue nationale dans la liturgie. Par là s’explique l’importance des questions de la langue et des traductions dans la problématique de l’autonomie de l’Église bulgare aux IXe-Xe siècles, mais il faut souligner que, outre les points controversés dans l’appréciation des données linguistiques, le parallèle établi entre les chrétientés du Caucase et l’évolution de l’Église de Bulgarie ne tient pas compte des différences fondamentales qu’il serait trop long d’expliquer ici28.
10L’étape suivante dans l’émancipation de l’Église bulgare pose également de sérieux problèmes d’interprétation. Nous sommes en 927. Après la mort subite du souverain bulgare Syméon (893-927) le 27 mai 927, qui avait été un rival acharné de l’Empire byzantin et auquel le patriarche de Constantinople Nicolas Ier Mystikos (912-925) dut souvent rappeler ses devoirs de subordination29, l’empereur byzantin Romain Ier Lécapène conclut avant le 8 octobre 927 un traité de paix avec le successeur de Syméon, le tsar Pierre30. L’empereur Romain Ier reconnaît au souverain bulgare Pierre (927-969) le titre de βασιλεύς, il y a un échange de prisonniers, tandis que Marie, la petite-fille de l’empereur Romain, est promise en mariage au tsar Pierre et l’union est célébrée à Constantinople le 8 octobre 927 par le patriarche Étienne II31.
11Zlatarski va plus loin dans l’interprétation de ce traité de paix32 confirmé par plusieurs chroniqueurs byzantins : « avec la reconnaissance de la dignité impériale pour le souverain bulgare, les Byzantins ont accepté de reconnaître l’autocéphalie de l’Église bulgare avec comme chef suprême un patriarche, parce que selon les conceptions d’alors, là où il y avait un empereur, il fallait qu’il y ait un patriarche33 ». Zlatarski part de la présupposition que l’institution du patriarcat de Bulgarie remonte à 918, donc encore sous le patriarche Nicolas Ier Mystikos et l’empereur Constantin VII Porphyrogénète. Retenons qu’aucun des chroniqueurs byzantins ne traite de questions ecclésiastiques en rapport avec le traité de paix de 927 et que bien sûr aucun acte patriarcal n’est conservé à ce sujet.
12D’autre part, l’un des souverains byzantins nommés dans Théophane Continué lors du mariage du tsar bulgare Pierre avec la petite-fille de Romain Lécapène, était le co-empereur légitime Constantin Porphyrogénète34. Or ce dernier porte un jugement sévère sur ce traité et son instigateur, Romain Ier Lécapène, dans son ouvrage De administrando imperio (XIII, 149-154) : son beau-père Romain, qualifié d’« homme simple et sans culture » (ἰδιώτης καὶ ἀγράμματος), n’avait pas reçu une éducation correspondant aux normes d’un empereur et ne respectait pas non plus les préceptes ecclésiastiques35. Ce serait alors plus qu’étonnant que le même empereur Romain Ier Lécapène ait soutenu le processus d’autocéphalie et amené le patriarche de Constantinople à consentir à l’intronisation d’un dignitaire de même rang en Bulgarie.
13Zlatarski sépare par ailleurs les dates d’instauration de l’autocéphalie et de l’institution patriarcale et propose pour cette dernière l’année 918 en rapport avec l’élévation de Syméon à la dignité impériale36. Syméon aurait, d’après Zlatarski, « en accord avec les canons ecclésiastiques » sans informer les autorités ecclésiastiques de Byzance, convoqué un synode de tout l’épiscopat bulgare, déclaré l’autocéphalie de l’Église bulgare et fait choisir parmi cet épiscopat un patriarche ou un archevêque qui, selon le Synodikon bulgare, aurait été Leontie, élevé aussitôt au rang de patriarche. De la même façon ont agi au XIIIe siècle le tsar Ivan Asen II et au XIVe siècle Stefan Dušan en Serbie. En cette même année 918, Syméon a été solennellement couronné de la main du patriarche nouvellement consacré, et pour cette raison il porta conformément aux lois et à juste titre, le titre de « tsar et autokrator de tous les Bulgares…37 ».
14On remarque aussitôt le manque complet de preuves dans les sources pour ces assertions et les imprécisions, voire les contradictions qu’elles contiennent. L’autocéphalie a été proclamée en 918 ou 927, le chef de l’Église bulgare reçut la dignité d’archevêque ou de patriarche, mais surtout les noms proposés pour le premier titulaire de ce siège varient. Pour l’année 918, Zlatarski propose comme archevêque ou patriarche Leontie, et pour l’année 927 comme patriarche le nom de Damian. Les deux noms sont repris l’un à la célèbre « Liste de Ducange », l’autre au Synodikon du tsar Boril de 1211.
15Sous le nom de « Liste de Ducange », on désigne un répertoire en grec des archevêques de Bulgarie rédigé vraisemblablement vers le milieu du XIIe siècle (années 1170) et conservé dans deux manuscrits : Paris BnF gr. 880 et Moscou GIM Syn. 286 (Vladimir 324)38. Le manuscrit de Moscou date de la fin du XIIIe siècle39. On y lit en cinquième position : « Damian à Dorostolon, aujourd’hui Dristra [c’est-à-dire Silistra, port sur le Danube à environ 100 km au nord de Preslav40], sous lequel la Bulgarie a été reconnue comme autocéphale. Celui-ci a été proclamé patriarche par le sénat impérial sur l’ordre de l’empereur Romain Lécapène. Plus tard, il a été déposé sous Jean Tzimiskès41 ». On ne connaît le nom de Damian que par cette seule notice. Il en ressort qu’il aurait été élevé au rang de patriarche sous Romain Lécapène, donc en 92742, sur proposition du sénat (σύγκλητος). Il faut se rappeler qu’il est question aussi du rôle du sénat de Constantinople dans la Vita Constantini XIV 6 (събравъ же съборъ царь) avant l’envoi de la délégation byzantine en « Moravie » suite à la lettre du prince Rastislav43. Quant à la déposition de Damian sous Jean Tzimiskès, elle eut lieu après la prise de Preslav au printemps de 971 et au cours de la campagne de soumission des territoires du Nord et du Nord-Est de la Bulgarie. Dujčev44 constate la difficulté que créent ces dates : Damian aurait été patriarche de 927 à 971/2, donc pendant quarante-cinq ans, ce qui est pratiquement impossible. Tarnanidès souligne aussi ce point et cherche à réduire – contre l’indication formelle de la seule source dans la « Liste de Ducange » – les années du gouvernement de Damian sur le siège de Dorostolon45, sans cacher pour autant le caractère incertain de ces propositions.
16À la même époque, les patriarches de Constantinople qui ont occupé le siège le plus longtemps, en tenant compte d’éventuelles interruptions, sont Photios (28 ans, de 858 à 886), Ignace (30 ans, de 847 à 877), Théophylaktos (23 ans, 933 à 956). Les données de la « Liste de Ducange » doivent être utilisées avec prudence, car, au moins pour la première partie, il y a des incertitudes46. Tǎpkova-Zaimova s’arrête longuement sur le personnage de Damian mais n’apporte pas d’arguments convaincants47. Il faut mentionner ici, sans que l’accord ne règne sur les résultats de l’enquête, qu’un tombeau considéré comme celui de Damian a été découvert à Silistra/Dorostolon en 1993, ce qui confirmerait le rôle du personnage de Damian et l’importance du siège de Dorostolon considéré comme siège patriarcal48. Dans l’excellent article sur l’histoire de l’Église orthodoxe bulgare dans l’Encyclopédie orthodoxe (Православная энциклопедия), le nom de Damian est retenu comme patriarche, malgré des doutes importants49.
17Qu’en est-il de Leontie que Zlatarski évoque comme archevêque ou patriarche pour l’année 918, à l’époque du tsar Syméon50 ? Son nom figure dans le Synodikon du tsar Boril51 (1207-1218), un document traduit et adapté du grec et enrichi de données propres à l’histoire ecclésiastique bulgare, qui fut composé lors d’un synode contre les Bogomiles en 121152. Dans ce Synodikon, le nom d’un Leontie apparaît deux fois, dans une liste des patriarches de Preslav (f. 36r) : « Leontie, Dimitrie, Sergie, Grigorie patriarches de Preslav, éternelle mémoire » (Леѡнтіѹ, Димитріѹ, Сергіѹ, Григѡріѹ патрїархѡм прѣславскыимь вѣчнаа памѧть)53, et dans une liste des métropolites de Sofia (Serdika) (f. 37v) : Dionisie, Damian, Leontie, Dometian, Parfenie (Діонисіе, Даміань, Леѡнтіе, Домеѳіань, Парѳеніе)54. Ces noms sont par ailleurs inconnus.
18Il semble donc plus prudent de ne pas tirer de ces listes des conclusions sur une éventuelle autocéphalie et l’existence d’un patriarcat de l’Église bulgare. Il est évident toutefois que les listes épiscopales pour les territoires bulgares doivent être complétées à l’aide de telles sources, même si beaucoup de cas restent hypothétiques. Il est en outre évident que le silence sur beaucoup de noms dans les documents grecs n’est pas une preuve de la non-existence de ces personnages. Néanmoins il faut être conscient des incertitudes liées à de nombreux noms et à l’institution d’un patriarcat, voire à la reconnaissance d’une autocéphalie. L’histoire contemporaine en fournit des exemples très éclairants : l’Église orthodoxe de Macédoine en territoire yougoslave s’est séparée de son « Église-mère », le patriarcat serbe, en 1967, sans prendre le titre de patriarcat mais bien celui d’archevêché d’Ohrid et de Macédoine. Mais aucune Église de la communion orthodoxe n’a reconnu cette autocéphalie de facto55. Cela souligne, dans le cas de la Bulgarie médiévale dans ses dissensions avec l’Empire byzantin, l’incertitude sur les pouvoirs reliés au titre d’archevêque ou de patriarche.
19Pour la Bulgarie médiévale, il est évident que pendant la période de l’occupation byzantine, à partir de Basile II le « Bulgaroctone » (976-1025) jusqu’à l’arrivée de la dynastie des Asénides avec le tsar Ivan Asen Ier (1187-1196), une émancipation juridictionnelle de l’Église bulgare n’a pas pu avoir lieu. Dans les territoires occidentaux de la Bulgarie, avec le centre ecclésiastique d’Ohrid, la personnalité d’un Démétrios Chomatènos, archevêque d’Ohrid (ca 1216-ca 1256) est dominante. Il cherche certes à agir d’une manière autonome, voire autocéphale, mais n’entrave en cela aucunement les prérogatives des évêques, un certain nombre étant des Grecs comme lui, dans les territoires de la Bulgarie centrale56.
20À l’époque du tsar bulgare Ivan Asen II (1218-1241) eut lieu un événement primordial pour l’Église bulgare dont le siège principal était désormais la nouvelle capitale du second Empire bulgare, Tǎrnovo. Avec l’accord du patriarche de Constantinople et après la consultation des trois patriarches orientaux, l’autonomie et le rang patriarcal furent reconnus à l’Église bulgare. De nouveau, le Synodikon du tsar Boril constitue ici la source principale. Toutefois, il s’appuie sur des documents postérieurs à la rédaction provenant du synode de 1211 contre les Bogomiles, donc sur des ajouts remontant à la rédaction amplifiée – la seule qui nous soit parvenue – établie au siège du patriarcat bulgare à l’époque du patriarche Evtimie de Tǎrnovo57. Le texte du Synodikon du tsar Boril (f. 30r-32v) a été repris en détail par Podskalsky et ne sera donc ici que résumé dans ses grandes lignes58.
21L’engagement du patriarche de Constantinople Germain II (1223-1240) est à comprendre dans le cadre de ses efforts pour réduire l’influence de l’Église latine en Bulgarie59, un mouvement qui avait commencé sous le pape Innocent III (1198-1216) et le tsar bulgare Kalojan (1197-1207)60 et se poursuivit à l’époque de l’exil de l’empereur et du patriarche de Constantinople à Nicée. À la fin de l’année 1234, le patriarche Germain II s’adresse aux patriarches orientaux Nicolas Ier d’Alexandrie (1210-1243), Syméon II d’Antioche (avant 1206-après 1235) et Athanase II de Jérusalem ( ?-1235- ?)61 pour solliciter leur accord à l’élévation de l’archevêché de Tǎrnovo au rang de patriarcat62. La rédaction slave de cette lettre dans le Synodikon du tsar Boril a dû subir des retouches, car un tel texte n’aurait pas pu être produit par la chancellerie patriarcale de Constantinople. L’ordre des sièges patriarcaux auxquels le patriarche Germain s’adresse ne correspond pas au rang retenu, autant dans les diptyques que dans les actes officiels. Le texte slave mentionne les patriarches orientaux dans l’ordre : Jérusalem, Antioche, Alexandrie, et non dans l’ordre inverse. De plus, la désignation de la juridiction des différents sièges étonne : Jérusalem, l’Église de la sainte Sion mère de toutes les Églises et de toute la Palestine ; Antioche, cité de Dieu et de toute la Syrie ; Alexandrie et de toute l’Égypte63.
22Du texte du Synodikon de Boril, il appert aussi que l’empereur de Constantinople Jean III Batatzès, appelé Kalojan Duka, a également écrit aux mêmes patriarches orientaux dans le même sens64, mais ici l’en-tête avec les noms des patriarches et le rang des sièges ne sont pas repris. La réponse positive des patriarches orientaux au patriarche Germain suggère l’existence d’un texte unique au nom des trois patriarches – ce qui est inhabituel – qui fut reçu par l’empereur et le patriarche Germain en commun65. L’authenticité de ces deux lettres a prêté le flanc à la critique66.
23Au printemps 1235, le patriarche Germain présent avec l’empereur à Lampsaque sur la rive asiatique des Dardanelles, en face de Gallipoli, une ville portuaire qui servait pratiquement de seconde résidence aux souverains de la dynastie des Laskarides, reconnut dans un Tomos patriarcal et synodal, et avec l’assentiment de l’empereur confirmé dans un θέσπισμα67, l’« autonomie » et le titre de patriarche pour l’archevêque de Tǎrnovo68. Il s’agit de Ioakim dont le nom est mentionné dans le Synodikon du tsar Boril69. On soulignera l’emploi du terme d’« autonomie » (αὐτονομίᾳ τετίμηται καὶ πατριάρχης ἀναγορεύεσθαι κέκριται) dans la source grecque la plus sûre, la Χρονικὴ συγγραφή70 de Georges Akropolitès (1217-1282), le logothète de l’empereur Jean III Batatzès à Nicée, qui avait une connaissance immédiate des faits qu’il rapporte. Il est évident par ailleurs qu’« autonomie » et « autocéphalie » ont un contenu juridique peu différencié.
24Ce document de première importance pour l’histoire ecclésiastique bulgare, le Tomos du patriarche Germain II de 1235, n’est pas conservé, mais un extrait a été repris dans une Parainesis du patriarche Kallistos Ier de Constantinople adressée à deux moines, en réponse à leur demande concernant la position du patriarcat bulgare. Cet acte de Kallistos fut établi entre 1360 et 136271. Il y est question des redevances que le patriarche de Tǎrnovo doit verser au patriarche de Constantinople et il est intéressant de noter ici que cet extrait du Tomos de Germain a été cité dans l’Ekthesis du patriarcat de Constantinople du 21 février 1824 en rapport avec la « question bulgare ». Le terme de « redevance » (δασμοφορία, l. 81) a été ici mal compris et rendu par δυσμορφία – difformité72.
25En se fondant sur l’acte de 1235, on parle souvent de « restauration » du patriarcat bulgare73. Il n’est question de restauration, donc d’abolissement à une époque antérieure, ni dans la Chronique de Georges Akropolitès ni dans l’extrait de l’acte conservé du patriarche Germain de 1235. Le seul texte qui parle de « restauration » est l’ajout au Synodikon du tsar Boril provenant de la seconde moitié du XIVe siècle, alors qu’il y avait bien un patriarcat à Tǎrnovo, la capitale du second Empire bulgare : le soin que le tsar Ivan Asen <II> (1218-1241) apporta à l’Église bulgare en érigeant des monastères et en enrichissant les églises en les comblant de cadeaux, s’inscrivait dans son dessein de restaurer (обновивъ) le patriarcat bulgare. Le récit de cette restauration commence avec la mention de l’acte du patriarche Germain II de Constantinople74. Il n’y a pas d’autre indication dans le texte du Synodikon du tsar Boril, relative à une première période patriarcale dans l’histoire de l’Église bulgare. Pour trouver une telle référence, il faut se reporter à la personnalité de Damian, cité plus tard (f. 37v soit p. 172) comme métropolite de Serdika en deuxième place, dans la notice de la « Liste de Ducange » déjà analysée plus haut, comme le fait explicitement Gjuzelev75.
26On est donc porté à comprendre cette restauration dans le contexte de l’institution du patriarcat bulgare dans la capitale du second Empire bulgare à Tǎrnovo. Les étapes précédentes, à Preslav, à Dorostolon, doivent donc être considérées comme des projections dans le passé qui répondent aux aspirations politiques réitérées d’émancipation de la Bulgarie et de son Église dès l’époque du khan Boris et en relation avec le jeu de balance juridictionnel entre Constantinople et Rome.
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Notes de bas de page
1 Schreiner 1987.
2 Fedalto 1988, p. 301-354 (28-32), et Fedalto 2006, p. 51-58 (surtout 29.1.3 : Hadrianopolis).
3 Darrouzès, Notitiae.
4 Darrouzès, Notitiae, p. 218 (II 83), 19 (VIIIe s.-premier quart du IXe s.).
5 Fedalto 1988, p. 312 sq. (29.1.3).
6 Fedalto 1988, p. 320-321.
7 Fedalto 1988, p. 323.
8 Fedalto 1988, p. 348.
9 Photius 1983, p. 1-39.
10 Zlatarski 1917.
11 Les études consacrées à cette lettre sont très nombreuses. Citons ici à titre d’exemple Leserri 2004.
12 Résumé de la question dans Lilie 2001, n° 12035.
13 Lilie 1999, n° 1035.
14 Analyse de ces sources dans Speck 2000.
15 Édition critique, traduction bulgare et commentaire par Milev 1966 ; voir aussi Nichoritis 1990, p. 195-216 ; Gančeva 2016, p. 11-13.
16 Voir Delikari 1997, p. 44-45 ; Nichoritis 1990, p. 122-126.
17 Ces noms sont analysés chez Moravcsik 1983, p. 126, 310, 266. La fonction de sampsès est attestée seulement dans la Vita Clementis ; cf. Trapp 2011, p. 1526.
18 Sur ces différences culturelles, voir entre autres Hannick 1993, p. 934.
19 Nikolov 2014 ; version russe de ce texte dans Nikolov 2013, avec une ample bibliographie p. 22-25.
20 Cela reprend et complète la présentation dans Hannick 1999b, surtout p. 949-950.
21 Laudage 1995.
22 Rau 1960, p. 222, ligne 22 sq.
23 Voir surtout Zlatarski 1930, p. 4. Ce gros volume de plus de mille pages est divisé en quatre parties mais avec une pagination continue ; l’article de Zlatarski est dans la première partie.
24 Totev 1995 – présentations des relations à ce congrès par Canev – Tihova – Vladimirova-Aladžova 1994.
25 Kočev 1993 ; Nikolov 2014, p. 232 (et note 34) renvoie aux différentes publications consacrées à ce congrès.
26 Zlatarski 1971, p. 257-262.
27 Sǎbev 1987, p. 182 sq., 240 sq.
28 Voir en résumé, et sans que la question ne soit traitée sous tous ses aspects, Hannick 1999a.
29 Voir entre autres la lettre 11 du patriarche Nicolas à l’« archonte » de Bulgarie Syméon de fin 919-début 920 : Jenkins – Westerink 1973, p. 72-89 ; Regestes I/2-3, n° 695. Sur la correspondance entre le patriarche Nicolas Ier Mystikos et le tsar bulgare Syméon, voir Leszka 2003, p. 100-111.
30 Dölger, Regesten I/2, n° 612.
31 Sur la chronologie patriarcale, en correction de Regestes I/2-3, voir Kresten – Müller 1995, p. 57-65.
32 Zlatarski 1971, p. 503.
33 Zlatarski 1971, p. 507 ; l’autocéphalie de l’Église bulgare et l’institution d’un patriarche en 927 sont également acceptées par Obolensky 1966, p. 508.
34 Kresten – Müller 1995, p. 19.
35 Constantin Porphyrogénète 1967, p. 72 ; traduction allemande par Belke – Soustal 1995, p. 97 ; traduction russe et commentaire de G.G. Litavrin dans Constantin Porphyrogénète 1989, p. 61, 344.
36 Zlatarski 1971, p. 507.
37 Zlatarski 1971, p. 390-391.
38 Présentation de la question dans Dujčev 1985 ; voir après Swoboda 1991, Tǎpkova-Zaimova 2000.
39 Voir Bǎrlieva 2000 (fac-similé de la liste dans les deux codices, p. 54-58).
40 Voir la carte en annexe à la fin du volume de Pirivatrić 1997.
41 Analyse de ce texte dans Božilov 2011, p. 38 sq. (ce travail a été ici amplement utilisé et pourrait être cité à de nombreux endroits ; sur l’auteur et son œuvre scientifique, voir Češmedžiev 2017). Voir aussi Pirivatrić 1997, p. 75, 148.
42 Dölger, Regesten I/2, n° 612 ne mentionnent ni le nom de Damian ni l’instauration de l’autocéphalie bulgare ni le rôle du sénat.
43 Grivec – Tomšič 1960, p. 129 ; Bujnoch 1972, p. 93 ; Hannick 1978, p. 290-291. J’ai interprété ce concept dans le sens de « synode » dans Hannick 1988.
44 Dujčev 1985, p. 628.
45 Tarnanidès 1976, p. 85-94 ; voir également Lilie 2013, n° 21371. Polyvjannyj 2006, p. 710 retient la datation de la « Liste de Ducange ». Podskalsky 2000, p. 70, ne cache pas ses soupçons sur la véracité historique des données concernant la personne de Damian. Dans son ouvrage plus récent et de portée plus générale, Tarnanidès souligne les différences entre l’époque du prétendu patriarche Damian et l’érection du patriarcat de Tǎrnovo sous le patriarche de Constantinople Germain II : Tarnanidès 2006, p. 81.
46 Gautier 1980, p. 29 souligne que cette « Liste de Ducange », surtout dans la première partie, est sujette à caution. Sǎbev 1987, p. 246 souligne à l’inverse la véracité des données de cette liste.
47 Tǎpkova-Zaimova 2000, p. 39-41. Sur l’histoire du siège de Dorostolon dans l’Antiquité tardive, voir Tǎpkova-Zaimova 2013, surtout p. 61-62.
48 Voir Angelova – Prinzing 2002, Angelova 2014.
49 Voir Kosik – Temelski – Turilov 2002, surtout p. 621 sq., 642.
50 Zlatarski 1971, p. 390.
51 Sur ce document et ses relations avec la « Liste de Ducange », voir Ljubinković 1970.
52 Édition avec introduction de Božilov et al. 2012 ; l’utilisation du texte, surtout pour les noms propres, est facilitée par Totomanova 2015. Sur l’origine et les témoins manuscrits de ce texte, voir Podskalsky 2000, p. 247-248.
53 Božilov et al. 2012, p. 169.
54 Božilov et al. 2012, p. 172 ; Božilov 2011, p. 50.
55 Voir l’article anonyme Dosifej 2007. Le canoniste grec Charalambos Papastathis traite en quelques lignes du cas de la Macédoine dans son tour d’horizon : Papastathis 1969.
56 Sur la politique ecclésiastique et les positions d’Ohrid et de Tǎrnovo, voir Prinzing, Entstehung ; Sǎbev 1987, p. 292-295.
57 Božilov et al. 2012, p. 158-163.
58 Podskalsky 2000, p. 249.
59 Stavrou 2014.
60 Podskalsky 2000, p. 78 sq.
61 Grumel 1958, p. 444, 448, 452.
62 Regestes I/4, n° 1278.
63 Božilov et al. 2012, p. 159 (Borilov Sinodik 30b, 11-19).
64 Dölger, Regesten III, n° 1744.
65 Božilov et al. 2012, p. 161 (Borilov Sinodik 31b, 8-19).
66 Entre autres chez Hoeck – Loenertz 1965, p. 220 (« gefälschter Brief »).
67 Dölger, Regesten III, n° 1746.
68 Regestes I/4, n° 1282. Sur le concept d’autonomie, voir Pheidas 1979.
69 Božilov et al. 2012, p. 162 (Borilov Sinodik 32a, 13).
70 Georges Akropolitès 1903, p. 50 (§ 33) ; voir Külzer 2008, p. 426.
71 Regestes I/5, n° 2442 ; édition dans Register III, p. 560-579. L’extrait du Tomos du patriarche Germain II se trouve à la p. 568.
72 Gédéon 1908, p. 41.
73 Citons entre autres, mais sans vouloir être exhaustif : Cankova-Petkova 1968, Gjuzelev 2016a et b.
74 Božilov et al. 2012, p. 158-159 (Borilov Sinodik 30a-30b).
75 Gjuzelev 2016a, p. 16.
Auteur
Ostkirchliches Institut, Université de Würzburg
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