Chapitre huitième. Institution et culture dans le fonds de Sainte-Marie-Majeure
p. 245-270
Texte intégral
1Les documents et les livres manuscrits et imprimés, provenant de Sainte-Marie-Majeure et conservés aujourd’hui par décision de Pie XI à la Bibliothèque Vaticane, y constituent un fonds de 125 livres et chartes. Il en existe jusqu’à ce jour trois catalogues dont aucun ne prétend être scientifique. Le premier est manuscrit, date d’avant 1500 et ne comporte qu’un très petit nombre d’articles. Le second a été publié par Paolo De Angelis sur la base des documents qui existaient de son temps et il en signale une petite soixantaine. Le troisième est un document administratif daté du 19 mai 1931, signé au nom de la Bibliothèque Vaticane par Eugène Tisserant et Angelo Mercati et au nom du Chapitre libérien par l’archiviste Emanuele de Sarzana et les chanoines Luigi Corneggio Medici et Guido Anichini. Les pièces transférées y sont énumérées dans l’ordre de leur classement à Sainte-Marie-Majeure par armoires et par rayons. Ce classement libérien a été remplacé à la Bibliothèque Vaticane par un autre numérique de 1 à 125 au début des années 80 du siècle qui s’est achevé. C’est pourquoi nous croyons utile, d’abord de reproduire en appendice le triple inventaire qui vient d’être signalé, ensuite d’y ajouter à frais nouveaux, d’une part, un répertoire sommaire de l’ensemble, de l’autre, un catalogue détaillé des manuscrits d’intérêt cultuel pour l’étude desquels nous pensons être mieux préparé1.
2C’est de ce fonds, datable du ixe au xviiie siècle, que nous nous sommes servi pour écrire les derniers chapitres, à savoir le précédent pour les chartes, les suivants pour les livres. Le présent chapitre, en particulier, part d’une description générale de la Bibliothèque libérienne au Moyen Âge, et en tire une appréciation critique de la culture et des institutions libériennes pendant le Moyen Âge central.
I – LES INVENTAIRES DE L’ÉPOQUE MODERNE
3Le plus ancien inventaire qui nous soit parvenu des manuscrits de Sainte-Marie-Majeure remonte vers la fin du xve siècle2 et se trouve dans le manuscrit 116 de l’actuel classement. C’est un livre sur parchemin, couvert d’une fine écriture humanistique, où sont énumérés à la suite les objets du culte conservés alors à la sacristie. Parmi eux figurent onze manuscrits. Cet inventaire a été reproduit à la première place de notre Appendice VIII.
4Un inventaire plus fourni a été publié en 1621 par Paolo De Angelis3. Celui-ci énumère 45 titres dans une première partie, 5 manuscrits et 11 rouleaux laissés par « Maître Robin de France », plus 6 autres manuscrits, dans une seconde partie. Celle-ci devrait donc compter 22 articles. En fait De Angelis n’en compte que 14, car il mentionne les 11 rouleaux comme un tout. Bref, l’inventaire comporte en définitive 59 articles.
5Dans ce deuxième inventaire, il est question de manuscrits de l’Écriture Sainte, des Pères de l’Église et de la liturgie. La distinction entre les deux inventaires tient au lieu de conservation des livres : les premiers se trouvaient alors dans la sacristie, mais n’étaient plus que rarement utilisés pour le culte ; des seconds, le lieu de conservation n’est pas indiqué, mais paraît devoir être distingué de la sacristie. Ce qui laisse supposer que les livres eux-mêmes n’étaient plus en usage depuis quelque temps. Les titres des deux séries ne permettent malheureusement pas de les identifier tous. Il convenait néanmoins de donner du relief à ce deuxième inventaire sur lequel repose en partie le livre méritoire de De Angelis. Aussi avons-nous cru devoir l’insérer dans le même Appendice à la deuxième place et y proposer quelques identifications.
6Il vaut la peine de porter à la connaissance des chercheurs un troisième inventaire, car, s’il est avant tout d’ordre administratif et rend compte des objets qui ont été transférés depuis les archives de Sainte-Marie-Majeure à la Bibliothèque Vaticane, il a néanmoins un intérêt historique certain, puisqu’il donne une idée précise de la consistance du fonds libérien qui se trouve à la Bibliothèque Vaticane et de sa disposition antérieure dans les locaux de Sainte-Marie-Majeure. Nous croyons devoir entrer dans quelques détails de ce troisième inventaire.
7Il concerne deux sortes d’objets : la documentation écrite, d’un côté, des incisions sur cuivre au nombre de 112, de l’autre. Nous nous limiterons aux livres en raison de leur importance pour notre étude. Ils sont répartis en plusieurs séries désignées par des lettres majuscules : B.B., C.C., E-E-3, H-H-3, I-I-3, et C-D. Des deux premières séries sont spécifiés le contenant et le contenu de la manière suivante : Armadio B.B. Codici-Manoscritti, Armadio C.C. Bolle-Pergamene. Le contenu de chaque armoire des deux premières séries est subdivisé par rayons : Scaffale 1° à 4° pour la première armoire, et de même Scaffale 1° à 4° pour la seconde. Ce qui dénote, de la part du responsable qui l’a conçu, un plan rationnel d’organisation des Archives libériennes et des moyens matériels adaptés à leur conservation. Cette belle ordonnance n’a pas été respectée par la suite, comme le suggèrent les séries suivantes, indiquées au moyen de lettres alphabétiques complétées par des chiffres. Un troisième genre de cote associe les lettres C-D. Il se peut que ce triple système laisse entendre que la cotation du fonds se soit faite en trois étapes.
8Le contenu du fonds laisse deviner une, sinon la, raison d’être du changement. Les séries E-E-3, H-H-3 et C-D sont constituées par de grands livres de chœur imprimés et manuscrits, la série I-I-3, par des messes et autres pièces de musique polyphonique, imprimées et manuscrites. Les livres imprimés sont datés en frontispice ou en colophon, les pièces musicales le sont en outre en raison de leurs auteurs, les manuscrits sont datables selon d’autres critères. Il s’agit en général d’ouvrages d’époque moderne (xvie-xviiie siècles) qui, de surcroît, ont servi à la liturgie, parfois pendant toute cette époque. C’est pourquoi, on peut formuler l’hypothèse qu’ils ne sont sortis définitivement de l’usage qu’au xviiie siècle, pour être déposés alors aux archives selon un ordre plus pragmatique que rationnel. Ont peut-être manqués aussi la place et les moyens ou l’intérêt de réordonner l’ensemble selon le plan primitif. Il est enfin regrettable que le classement numérique actuel, non seulement n’ait pas respecté le précédent, somme toute topographique, des archives libériennes, mais l’ait encore fait éclater dans un désordre qui, malheureusement, n’est pas un effet de l’art.
9Dans notre propre classement, publié à la fin de l’Appendice VIII, nous avons respecté l’ordre numérique pour l’inventaire sommaire, alors que les livres cultuels sont regroupés en dehors de leur ordre numérique en raison de leur appartenance à une même catégorie fonctionnelle.
II – DESCRIPTION GÉNÉRALE DU FONDS MANUSCRIT ET IMPRIMÉ
1. Le contenu du fonds
10À la Bibliothèque Vaticane, le fonds de Sainte-Marie-Majeure est constitué par 38 imprimés, 70 manuscrits, 17 cartons de chartes sur parchemin. Classés selon leur contenu, on y compte deux volumes de la Bible dont un manuscrit, l’autre incunable ; trois commentaires bibliques manuscrits ; quatre volumes patristiques dont un imprimé ; un sacramentaire manuscrit ; quatorze missels dont six imprimés, les autres manuscrits, plus deux extraits de missels ; huit bréviaires dont trois imprimés ; un recueil manuscrit d’offices propres de la basilique ; sept graduels dont un imprimé ; un épistolier manuscrit ; huit antiphonaires dont deux imprimés ; cinq psautiers dont trois imprimés ; six propres des saints dont quatre imprimés ; deux rituels manuscrits ; un pontifical incunable ; huit messes polyphoniques dont une manuscrite ; un recueil de psaumes polyphoniques et deux hymnaires polyphoniques imprimés ; dix-sept cartons d’actes libériens manuscrits ; quatre volumes manuscrits du bullaire libérien ; trois volumes manuscrits des statuts capitulaires ; un volume manuscrit de notices concernant la basilique ; deux volumes imprimés de décrets et décrétales se rapportant à la même basilique ; cinq corpus de droit ; un florilège de poètes latins classiques ; sept volumes de varia dont trois imprimés.
11On remarque immédiatement le grand nombre de livres directement destinés au service liturgique de la basilique : ils sont au nombre de soixante-huit, sans y compter les Bibles, leurs commentaires et les ouvrages patristiques qui servent aussi plus ou moins à la liturgie et qui se trouvent en neuf autres livres. La partie restante est composée de vingt-six volumes et cartons qui ont trait à la vie, aux droits, au chapitre de la basilique sous la forme d’actes privés et publics, originaux ou recopiés. Une vingtaine de volumes reflètent plutôt les intérêts personnels de tel ou tel autre membre de la communauté libérienne. Le fonds se présente donc essentiellement comme la bibliothèque de la basilique durant le Moyen Âge et la période moderne et doit être considéré en grande partie comme l’expression la plus authentique de la conscience que prit l’institution de sa propre identité.
2. La chronologie du fonds
12Ces livres et parchemins se suivent chronologiquement ainsi :
13Dans le tableau, figurent des signatures répétées qui représentent soit deux manuscrits distincts artificiellement réunis en un seul (3), soit des feuillets ayant servi de garde à des manuscrits et qui en ont été détachés lors de restaurations (2bis 15bis 16bis 32bis 92bis). La signature 125 désigne en réalité une collection de onze Vies des xvie et xviie siècles, dont chacune a reçu une numérotation distincte entre parenthèses et dont le douzième élément est constitué par des fragments de feuillets, détachés eux aussi de manuscrits libériens, mais dont l’appartenance d’origine est inconnue. Ces épaves proviennent donc de manuscrits aujourd’hui disparus et qui ont été habituellement de caractère liturgique. D’autres pertes sont probables, que nous ne pouvons chiffrer. Il faut en tenir compte pour une appréciation correcte du fonds libérien comme témoignage culturel.
14Étant donné cet état des choses, ce qui est conservé de la bibliothèque libérienne a commencé à se constituer dans le Haut Moyen, mais n’a atteint son plein développement que dans la période qui suit l’an 1300. Le fonds conservé a connu en effet un premier accroissement notable au xive siècle et des augmentations continues et importantes aux xve, xvie et xviiie siècles. Si donc la majeure partie du fonds déborde chronologiquement la période qui fait l’objet de notre étude, il est impossible cependant d’en faire abstraction, si l’on veut avoir une idée d’ensemble du patrimoine culturel qu’il représente.
3. La composition du fonds
15Dans l’ordre numérique du fonds ne sont pas distingués les livres des chartes, ni dans les livres, ceux qui sont manuscrits de ceux qui sont imprimés. Une numérotation continue de 1 à 125 les désigne sans distinction. Toutefois, il convient d’en faire une ici pour la commodité du lecteur en séparant les chartes des manuscrits et ces derniers des imprimés.
16Les chartes constituent la partie du fonds qui est la mieux connue des spécialistes, parce qu’elles ont été ou publiées ou analysées au début de ce siècle, parfois un peu hâtivement, il est vrai, par Giovanni Ferri4 et qu’elles ont fait l’objet d’une étude critique il y a un peu plus de vingt-cinq ans par Jean Coste5. La qualité de ce dernier travail nous dispensera de nous étendre sur les chartes et nous invite à en utiliser les résultats.
17Un premier concerne la coexistence de plusieurs fonds séparés au Moyen Âge à Sainte-Marie-Majeure. En effet, à côté de celui de la basilique proprement dite, concernant les biens du chapitre, il y avait ceux d’un certain nombre de chapellenies constituées en elle ou d’églises plus tard unies à elle. Elles avaient leurs biens, leur administration, leur camerlingue et leur dépôt propres. C’étaient par exemple les chapellenies Capocci, Saint-Jérôme, Saint-François, Visitation et d’Estouteville ; les églises des Saint-André delle Fratte, Saint-Laurent in Fontana, Sainte-Bibiane, Sainte-Pudentienne. De ces différentes sources ont conflué et nous sont parvenus 271 parchemins datés de 981 à 1925. Leur nature diplomatique les distingue en bulles, Motu proprio, suppliques, documents processuels, actes privés, actes publics, qui regardent les biens, le personnel, le chapitre, les procès de la basilique, les églises unies à elle, les chapellenies fondées en elle. Tous ces documents nous renseignent d’une manière ou de l’autre sur sa vie quotidienne et ses moyens d’existence.
18Quant aux manuscrits, ils constituent la masse la plus importante du fonds libérien. Outre le répertoire que nous en avons dressé en appendice et les indications générales de Paolo De Angelis et Giovanni Ferri6, il faut signaler ceux qui ont fait l’objet de publications ou d’études particulières. De l’homéliaire liturgiques 122, des inédits ont été publiés au siècle dernier par Francesco Liverani7. Les manuscrits hagiographiques 1, 2, 3 ont été décrits par le bollandiste Albert Poncelet8 et les manuscrits liturgiques par Mgr Pierre Salmon9. Parmi ces derniers, les manuscrits musicaux ont fait récemment l’objet d’une publication spéciale10. Le plus ancien et le plus célèbre des manuscrits libériens, 43, Regula pastoralis de S. Grégoire le Grand, avait été étudié au début de ce siècle par Vincenzo Federici11 et le 104 en 1981 par Mgr Ruysschaert12. Bref, les manuscrits représentent plus de la moitié des documents (74 sur 136), les manuscrits liturgiques, un peu moins des deux tiers des manuscrits (46 sur 74).
4. Les manuscrits datables ou datés
19Le ms 4313 contient donc la Regula pastoralis de Grégoire le Grand dans une copie du ixe siècle et est le plus important pour l’âge, comme il vient d’être dit. On peut préciser la datation de Federici grâce aux indications du frontispice. Y est nommé « Martin, évêque de la sainte Église de Piperno » : Liber Regulae Pastoralis / S. Gregorii Papæ / scriptus ab Hermenulfo / iussu Martini / Episcopi / Sanctae Pipernatis Ecclesiae (f. 1r°), et : Liber Regulae Pastoralis / Sancti Gregorii Papae / scriptus / ab Hermenulfo calligrafo / iussu / Martini Episcopi / sanctae Pipernatis Ecclesiae (fol. 1v°). Le nom du calligraphe est répété dans le colophon : Tu qui legis ora pro me Hermenulfum peccatorem (f. 185r°). Si nous ne savons rien de ce dernier, en revanche l’évêque Martin de Piperno est mentionné en 861 par Gams. On en conclura avec vraisemblance que le manuscrit a été copié vers cette époque.
20Le 10414 est un homéliaire du type carolingien qu’Henri Barré avait étudié à travers l’édition de Francesco Liverani et qui n’est venu à faire partie du fonds libérien que tardivement sous Eugène IV. Il appartient effet au lot de biens du monastère romain de Sainte-Bibiane qui, en raison des liens anciens qui unissaient ce dernier à Sainte-Marie-Majeure, furent dévolus à elle lors de la suppression du couvent au temps d’Eugène IV. Mgr Ruysschaert l’a daté de 938-939 en observant de quelle manière les fêtes des saints avaient été insérées dans le cycle du Temps. L’insertion lui avait fait conclure que la transcription du manuscrit avait été commencée une année où Pâques se célébrait entre le 22 et le 24 avril et achevée l’année suivante où elle tombait le 14 du même mois. Cette circonstance ne s’est vérifée au xe siècle, auquel appartient l’écriture, qu’en 938-93915. C’est pourquoi il n’est guère douteux que l’homéliaire ait été copié au cours de ces deux années-là. Un détail paléographique a en outre suggéré à Mgr Ruysschaert le nom du copiste : Romanus presbyter, dont le nom, syllabiquement partagé sur trois lignes, se lit dans la marge inférieure du f. 183v.
21Le 4016 est un Sacramentaire du xiiie siècle qui d’abord n’avait pas retenu l’attention spéciale de Mgr Salmon. Mais en un second temps il l’a daté d’environ 1230 et localisa à Saint-André-et-Barthélemy près du Latran le monastère romain auquel il avait été destiné17. Pierre Jounel l’a aussi utilisé dans son livre sur Le culte des saints, mais sa position est en retrait sur celle de Salmon en ce qui concerne sa date et sa provenance, car il accorde une trop grande importance à une note manuscrite du xviie siècle : Scriptus est hic liber anno Domini 1255 (f. 1r°, marge supérieure) et hésite à l’attribuer soit à Saint-Pierre soit au Latran18.
22Par son contenu, le manuscrit est antérieur au rit de la Curie romaine qui se répandit en Ville sous l’influence franciscaine au cours du xiiie siècle et il se rattache aux vieilles traditions romaines consignées dans les Ordines Romani francs et dans le Pontifical romano-germanique. En tête de chaque messe est ainsi indiquée, le cas échéant, l’église où se célèbre la station, voire la collecte. Nous reviendrons sur ce détail dans un autre contexte. Salmon ne s’est demandé ni quand ni comment le manuscrit est venu à Sainte-Marie-Majeure. Or, au mercredi des Quatre-Temps de Pentecôte se lit une curieuse rubrique de première main : inuentio canonicorum ad sanctam mariam maiorem (f. 87r°). Pour Pierre Jounel, elle signifie que le manuscrit n’a pas été copié pour Sainte-Marie-Majeure19. C’est vrai, mais pour des raisons différentes, que Salmon a développées. Comme la notice est de la main qui a transcrit le fonds premier du manuscrit, il faut se demander si celui-ci est venu à Sainte-Marie-Majeure dès l’époque de sa transcription. Car, elle indique un lien du livre avec la basilique, mais lequel ? C’est pourquoi il semble légitime de revoir les positions de Salmon et de Jounel.
23La notice pourrait en effet signifier exactement le contraire de ce lui fait dire ce dernier. Elle est l’indice d’un usage du manuscrit à proximité de la basilique libérienne, car on voit difficilement pourquoi des moines du Latran se seraient intéressés à l’investiture de chanoines libériens. Pour savoir dans quelle église il avait servi à l’origine, il faut aussi reconsidérer les arguments de Mgr Salmon en faveur du monastètre de Saint-André-et-Barthélemy iuxta fontes ou prope Lateranum. Après avoir soigneusement relevé tous les indices de son appartenance à une communauté monastique, Salmon se basait essentiellement sur une addition, que nous soulignons, à l’embolisme du Notre Père récité pendant la messe : Libera nos... cum beatis apostolis tuis Petro, Paulo et Andrea atque Bartholomeo et omnibus sanctis (f. 8). Si les deux apôtres ajoutés sont bien les patrons conjoints du monastère du Latran, S. André est aussi celui de deux monastères libériens, exclus apparemment de la compétition. Qu’en est-il d’eux ? Dans la documentation libérienne, il n’est jamais question de Barthélemy à leur propos. C’est pourquoi l’attribution de Mgr Salmon pourrait sembler valide, à condition d’aller plus loin que lui sur l’usage primitif, voire l’origine, du manuscrit. « L’invention des chanoines de Sainte-Marie Majeure » nous reporte en effet au temps où ils songeaient à faire élaborer leurs statuts capitulaires. C’est vers cette époque qu’on pourrait donc fixer le transfert du livre depuis le monastère du Latran à un monastère de Sainte-Marie-Majeure, et plus précisément à celui qui était le plus proche du Latran, Saint-André in massa Iuliana. Mieux encore : on pourrait imaginer que le livre ait été copié pour ce dernier sur un modèle à l’usage du monastère du Latran d’où l’addition à l’embolisme serait passée par inadvertance dans celui destiné au monastère libérien, dans lequel en revanche la notice de « l’invention des chanoines » est parfaitement à sa place. L’hypothèse, non seulement concilierait deux données du manuscrit apparemment contradictoires, mais rendrait encore un meilleur compte de sa rapide présence dans le fonds libérien.
24Il faut saisir l’occasion pour réparer un oubli de Pierre Jounel dans l’analyse du sanctoral du manuscrit20. Trois fêtes n’y ont pas été indiquées par lui : f. 117 (15 juill.) In natale sanctorum Quirici et Iulitte ; – f. 134-135 (22 sept.) In natale sanctorum Mauricii cum sociis suis ; – f. 135-136 (9 oct.) Oratio sanctorum Dionisii Rustici et Eleutherii. Elles y sont toutes de première main.
25Le cod. 4921 est un Bréviaire en mauvais état de conservation. Il est dérelié et il lui manque quelques feuillets, dont celui qui portait la transcription des mois de janvier-février du Calendrier, et sans doute la page du titre. Parmi les 45 entrées rubriquées de celui-ci figure celle d’un saint qu’on rencontre rarement et qu’Ebner et Leroquais n’ont pas signalé dans les livres liturgiques qu’ils ont analysés. On lit en effet au 2 juillet dans le Calendrier la note rubriquée suivante : IIII. non. iul. Lidani confessoris.
26Le culte de ce saint est strictement limité au pays où il a vécu. Né vers 1038 à Cività d’Antino (prov. de L’Aquila), l’enfant fut offert à 9 ans au Mont-Cassin. Orphelin de père et de mère à 17 ans, il fonda sur son patrimoine, du consentement de Richerius Ier abbé du Mont-Cassin, un monastère sous le nom de Sainte-Cécile au pied du mont Antonianus dans les marais Pontins où il vécut jusque vers l’âge de 80 ans et où il mourut en 1118. Enterré dans l’église du monastère, il y fut vénéré comme saint. Le lieu porte toujours le nom de Quarto San Lidano. Le monastère fut détruit durant la guerre qui opposa Frédéric II au Saint-Siège. Le corps fut alors transféré dans la cathédrale de Sezze par l’évêque Drusinus. En 1312, la grande cloche de la cathédrale, toujours existante, fut dédiée au saint. En 1473 le magistrat de la cité s’engagea par acte notarié à offrir tous les deux ans à la cathédrale un calice d’argent en l’honneur du saint. Mais, fait plus important, c’est apparemment au xive siècle que fut écrite sa Vie (BHL 4919-4921), conservée dans un unique manuscrit du même siècle, le n° 1375 des archives de la cathédrale de Sezze. C’est notre seule source littéraire d’information sur le saint et il contient aussi sa plus ancienne image.
27Il n’y a pas de doute que le bréviaire provienne de la même église. En outre, il est permis de supposer que sa transcription se soit faite dans un temps peu éloigné de celle du manuscrit de la Vie, c’est-à-dire aux xiiie-xive siècles, ce que ne contredit pas la paléographie du Bréviaire22. On ne sait dans quelles circonstances il fut incorporé au fonds libérien. En tout cas, un usager libérien du xvie siècle, sans doute, a systématiquement rempli tous les jours vides du calendrier en y insérant des saints pris à tous les horizons hagiographiques. On voit que la nature n’est pas seule à avoir horreur du vide.
28Le manuscrit 5223 compte parmi les témoins du missel de la chapelle papale. Il est passé très tôt à l’usage de Sainte-Marie-Majeure. De même que le 40, après que s’y fût intéressé Van Dijk, il fut l’objet de précisions de la part de Mgr Salmon24. Le premier le data du 3e quart, le second du dernier quart du xiiie siècle. Aussi, en le mettant vers 1275, on ne doit pas être loin de la date véritable de sa confection.
29Or ce missel contient f. 148r°25 une messe du Saint-Esprit dans laquelle on priait pour un archiprêtre de Sainte-Marie-Majeure du nom de Guillaume : archipresbytero nostro Guillelmo. Van Dijk l’avait identifié avec Guillaume d’Estouteville, le célèbre archiprêtre libérien du xve siècle. À sa place, Salmon, en raison de la date qu’il attribuait au manuscrit, proposait à tout hasard un Guillaume alternatif, attesté à Rome dans la deuxième moitié du xiiie siècle, Guillaume de Bray († 22 avril 1282). Mais, pour autant que nous sachions, ce cardinal n’a pas été archiprêtre de Sainte-Marie-Majeure et n’a pas figuré parmi ses amis. De toute façon, le manuscrit était sûrement au service de la basilique au moment où la messe du Saint-Esprit y fut transcrite. C’est pourquoi on semble devoir revenir à Guillaume d’Estouteville et remettre au xve siècle l’époque de l’addition. Étant donné le caractère conservateur de l’écriture dans les manuscrits liturgiques, la paléographie ne devrait pas contredire cette datation tardive.
30Salmon a surtout tiré argument d’autres messes, ajoutées au fonds primitif du missel, qui peuvent intéresser la datation du codex mais dont il ne releva malheureusement que deux sur trois : l’oubli remet apparemment en cause la datation du missel26. Ce sont les messes en l’honneur de saint Jérôme27, dont le culte se développa précisément entre 1260 et 1298. Aussi y a-t-il effectivement des chances que le missel ait été confectionné vers ce temps-là. La datation est importante parce que le missel est un des témoins du passage de la vieille liturgie papale des stations à la nouvelle liturgie de la chapelle privée du pape d’où devait bientôt sortir celle de la Curie romaine28.
31Les deux psautiers 119 et 12029 ont été tous les deux offerts à la basilique libérienne afin d’y être utilisés pour l’office canonial. La date du premier manuscrit est indiquée f. 20 : 1480, celle du second f. 11v° : 1478. Les deux portent les mêmes armoiries : scorpion sur champ d’azur entouré de six lys de Florence. Ce sont celles des Annibaldi. Ils comptaient parmi les grandes familles romaines dont un des premiers représentants avait épousé une sœur d’Innocent III30.
32Dans le 119, l’incipit et une note du copiste indiquent la destination d’origine du livre. Nous lisons en effet au f. 10, garde provenant d’une Bible du xiie siècle, une note ainsi conçue : Incipit psalterium ad usum venerabilium domnorum canonicorum venerabilis basilicae et ecclesiae S. Mariae Maioris de Urbe secundum consuetudinem clericorum Romane Urbis, et f.20 : sumptibus et expensis nobilis domne Caredonne de Annibalis de Urbe31. Dame Caradonna fit aussi don à la basilique du deuxième Psautier 120, avec une dédicace identique, incorporée à l’incipit f. II : Psalterium ad usum venerabilium domnorum canonicorum venerabilis basilicae et ecclesiae S. Mariae Maioris de Urbe... sumptibus et expensis nobilis domnae Caredonnae de Annibalis de Urbe32.
33Le missel 9833 est de 1378. Le graduel 12 14 15 16 peut se dater de 1512-1513 en raison de sa décoration qui a été demandée par l’archiprêtre Leonardo Grosso della Rovere au miniaturiste Matteo de Milan34. L’antiphonaire 5535 est de 1698 et le 836, moitié imprimé moitié manuscrit, est daté et localisé grâce à son frontispice : Venise 1718.
34Signalons trois incunables : 38-3937, Bible en deux volumes, imprimée à Venise en 1476 ; 9638, Pontifical d’Agostino Patrizzi Piccolomini, de 1485 ; 10539, Missel selon l’usage de la Curie romaine, sorti de presse à Rome en 1476.
35Méritent enfin de brèves mentions les manuscrits 47 et 12540. Le procès mené par la basilique contre Raffaele De Sanctoriis met le premier en 1486. Sous la deuxième signature figurent en réalité douze opuscules différents, dont quelques-uns sont expressément datés, d’autres équivalemment : (2) en 1571, (5) en 1644-1655, (7) en 1655-1667, (9) en 1624 et (10) après le 1er. 11. 1628.
5. Destination et usage des livres liturgiques libériens
36En ce qui concerne la coordonnée topographique de ces livres, deux travaux sont à utiliser, d’abord l’inventaire que Pierre Salmon dressa des livres liturgiques et qui est à préciser ou compléter dans certains cas, ensuite le récent Corpus des manuscrits musicaux, dont le premier volume est consacré à ceux de Sainte-Marie-Majeure41. Sur cette base, il est possible de distinguer les livres destinés à Sainte-Marie-Majeure dès l’origine, d’abord de ceux qui furent écrits pour d’autres églises, mais adaptés plus tard à l’usage libérien, et ensuite de ceux dont la destination et l’usage restent indéterminés. À l’analyse, cette distinction se révèle parfois inadéquate.
37En effet, dans le groupe des livres faits pour la basilique, un des premiers déjà, le Lectionnaire liturgique du xiiie siècle 3, met en évidence l’insuffisance de cette classification, quand on lit la rubrique par laquelle le volume commençait à l’origine : Liber basilicae S. Mariae Maioris de Urbe. Incipiunt homiliae et sermones secundum consuetudinem Romanae curiae per totius anni circulum42. Car d’une part le manuscrit est dit livre de Sainte-Marie-Majeure, de l’autre il appartient à la catégorie des livres liturgiques composés sur le modèle de ceux qui étaient en usage dans la Curie romaine. L’ambiguïté vient de l’importance croissante que prit au xiiie siècle la liturgie curiale comme modèle de la liturgie occidentale et particulièrement de celle des églises de Rome43. Furent victimes de ce nivellement liturgique les usages particuliers jusqu’alors en vigueur à Rome, à Sainte-Marie-Majeure comme dans les autres églises de la Ville. Toutefois la manière toute naturelle avec laquelle la « coutume curiale » a été suivie dans un « Livre de la basilique de Sainte-Marie-Majeure in Urbe » montre que l’intégration s’est faite sans problème, encore que l’historien d’aujourd’hui doive rester attentif au changement ainsi intervenu.
38D’un autre Graduel, qui comprend trois volumes (25 30 31), la destination reste incertaine. En effet, les quatre fêtes mariales traditionnelles de la Chandeleur, de l’Annonciation, de l’Assomption44 et de la Nativité, ornées de miniatures comme les autres fêtes principales des saints, auxquels est réservé le troisième volume de la collection, sont trop communes au xive siècle pour pouvoir servir de critère d’origine.
39Dans le Bréviaire 49 une note du f. 150v° atteste le nom sous lequel le codex était connu à Sainte-Marie-Majeure au xve-xvie siècle : Iste liber vocatur capitularium et martilogium ecclesie sce. M. Maioris. Si ce que nous avons dit précédemment de ce manuscrit est juste, il faut l’accorder avec la note présente et supposer que le manuscrit était à Sainte-Marie-Majeure depuis un certain temps quand elle y fut inscrite.
40Le missel 53, qui contient les messes propres en l’honneur des saints de la basilique libérienne, est un manuscrit du xviiie siècle. Son origine se déduit de son contenu typiquement libérien, et sa date devrait pouvoir se préciser grâce à la note du 1er feuillet de garde où on lit : Imprimatur si videbitur Rmo. Patri Magistro Sac. Palatii Apostolici R(evere)ndus de Taulis Archiepiscopus, puis : Imprimatur fr. Bernardinus Ord. Praedicatorum. Il s’agit donc d’un manuscrit de Sainte-Marie-Majeure, soumis à l’examen du Maître du Sacré Palais pour obtenir le permis d’imprimer, lequel fut accordé et signé par Fr. Bernardin45.
41Le manuscrit 55 est un Antiphonaire manuscrit avec notation musicale pour les fêtes de huit saints de la basilique libérienne : la Visitation de Marie, Élisabeth du Portugal, Marie Madeleine, la dédicace de la basilique ad Nives, la Transfiguration du Seigneur, l’Exaltation de la S. Croix, Clément de Rome et Bibiane. C’est ce que déclare le frontispice : Antiphonae, hymni et responsoria nonnullorum sanctorum qui in sacrosancta Liberiana basilica solemnizantur an. Dom. 1698. À la fin est ajouté l’office de S. Joseph46. Le livre est daté du 20 octobre 1698.
42Même constatation dans le manuscrit 102 : Benedictio dominicalis et alia ad usum Sacrosanctae Basilicae S. Mariae Maioris47.
43Le 115 est un codex composite du xve siècle, dont la provenance se lit dans une note inscrite dans la marge supérieure de la page de garde : Iste liber est ecclesie Sancte Marie Maioris. Le contenu confirme la note48.
44A déjà été relevée la particularité des incipit des deux Hymnaires 119 et 120 : ad usum venerabilium dominorum canonicorum basilicae et ecclesiae S. Mariae Maioris de Urbe49. Elle est sans doute l’indice d’une plus grande liberté d’esprit du rubricateur à l’égard des traditions courantes du temps.
45Beaucoup plus nombreux sont les manuscrits secundum usum Romanae curiae. En effet, l’expression servit à désigner des manuscrits liturgiques de divers types, un Lectionnaire (3), un Antiphonaire (13), un Graduel (25), des Bréviaires (4148 50 115), un Épistolier (92), des Missels (91 97 98 99 106 112 113). Important pour les origines de la liturgie uniforme qui est en train de s’imposer aux églises romaines est le Sacramentaire 52, auquel nous avons déjà accordé plus haut notre attention : Incipit missale secundum ordinem cappelle Domini Papae, et pour la diffusion de cette liturgie, le missel 9750. Une ultérieure métamorphose du titre est à noter dans les deux Psautiers 119 120 offerts par noble dame Caradonna, écrits secundum consuetudinem clericorum Romanae urbis, avant que la réforme tridentine n’impose sa marque par la référence au concile homonyme : ex decreto Sacrosancti Concilii Tridentini (7 8).
6. Quelques manuscrits non liturgiques
46Notre inventaire des manuscrits liturgiques repose essentiellement sur celui, très précieux, de Pierre Salmon et sur le Corpus récent des manuscrits musicaux, comme on peut le voir dans les notices des paragraphes précédents et celles de notre inventaire numérique dans l’Appendice VIII. Mais le fonds libérien comporte aussi, bien qu’en moins grand nombre, des manuscrits non liturgiques, qui intéressent néanmoins la basilique. Ainsi l’opuscule dans lequel le chanoine Pier Filippo Strozzi traite de la tombe de S. Jérôme (61)51, et qui est à mettre en relation avec la lettre du même au P. Giuseppe Bianchini sur le corps du même saint (30 décembre 1747)52. Quant au traité de Sirlet sur la basilique libérienne (107)53, il y a intérêt à le comparer avec les codices Barberini latin 5276, Vatican latin 13127 et Casanatense picc. 627, pour établir leurs rapports réciproques. Les deux codices libériens 6154 et 10755 importent évidemment aussi à l’histoire générale et architecturale de la basilique. D’autres intéressent son histoire religieuse, juridique et économique. Il en est ainsi du recueil des décrets divers des SS. Congrégations romaines (59-60)56, des actes pontificaux et autres du recueil 64-8057, du bullaire libérien 83-8658, des statuts Renaissance et modernes du chapitre (101 109 110)59, de l’inventaire des prébendes avant 1500 (116)60, du manuscrit consacré au procès entre le chapitre et Raffaele de Sanctoris (47)61. Un petit nombre concerne des membres ou des amis du chapitre et reflète leurs intérêts intellectuels et spirituels, comme le traité contre les vices (46)62, le Code de droit canonique (103)63, le livre des Décrétales de Boniface VIII (123)64, la Vie du prêtre Gianandrea Parisi (108)65. Sont exceptionnels aussi ceux qui n’ont aucun rapport explicite avec la basilique ou la culture cléricale : citons le florilège de vers latins extrait d’auteurs antiques (45)66, le Code de droit civil glosé (118)67, la Glose de Baldo di Perugia sur le même Code de droit civil (121)68. On ne voit pas comment la relation du chevalier vénitien Battista Nani sur sa mission à la cour de France en 1662 est entré dans le fonds libérien (111)69.
47Pour finir, voici une curiosité que je n’ose appeler scientifique. Il s’agit de l’imprimé de Ciacconio sur deux légendes hautement fantaisistes. Le 6370 contient en effet deux petits traités du religieux espagnol, l’un sur la délivrance de l’âme de l’empereur Trajan des peines de l’enfer71, l’autre sur le cardinalat de S. Jérôme72 : compensation posthume pour le Père de l’Église dont les dames de Rome rêvaient comme souverain pontife, avant que sa féroce ironie sur le deuil de Paula pour la mort de Blésilla n’ait fait tourner en sens contraire l’inconstante aura popularis73 !
III–LES STATUTS DU CHAPITRE LIBÉRIEN AU xiiie SIÈCLE
48Les statuts capitulaires, en particulier ceux des chapitres italiens, n’ont pas suscité grand intérêt chez les chercheurs. Une exception louable est constituée, sous la signature de Mathias Thumser, par l’étude et l’édition récentes des plus anciens statuts romains du xiiie siècle, ceux de Sainte-Marie-Majeure74. Le texte de ces statuts n’est pas transcrit, contrairement à notre attente, dans les manuscrits 101 109 110 du fonds de Sainte-Marie-Majeure qui contiennent des rédactions du xve siècle et en particulier celle qui est due à l’archiprêtre Guillaume d’Estouteville. Il figure au contraire sur trois parchemins originaux du xiiie siècle parmi les chartes de la basilique, cotés Cart. 66, n°s 58, 61 et 67, du fonds conservé à la Bibliothèque Vaticane.
1. La triple rédaction des statuts et les problèmes qu’elle pose
49Il s’agit de trois grands feuillets de parchemin, mesurant, le 1er 67,5 × 62,5 cm, le 2e 58,5 × 73 cm, le 3e 58,5 × 52 cm. La pliure est d’origine et les sceaux de cire sont encore pendants. Tous les feuillets ont été endommagés. Ainsi des trous aux angles des plis ont rendu le texte lacuneux. Sur le verso ont été inscrites des notes diverses et les anciennes signatures. Le texte des trois parchemins a été résumé par Ferri75.
50Les trois textes sont datés du 6 juillet 1262, du 19 mars 1266 et du 4 mars 1271 :
1° Dat. Viterbii, anno ab incarnatione Domini nostri Iesu Christi M° CC° LXII°, indictione va, II. non. Iulii, pontificatus domni Urbani pape IV anno I°.
2° Dat. Perusii, XIIII kl. aprilis, pontificatus nostri (Clementis IV) anno II°.
3° Dat. Viterbii, anno Domini M° CC° LXXI°, IIII° nonas martii, apostolica sede uacante76.
51La succession de ces trois rédactions des plus anciens statuts capitulaires libériens dans un laps de temps d’une dizaine d’années est une chose curieuse. D’autant plus que les rédactions 1 et 3 sont de l’archiprêtre libérien Ottobon Fieschi, alors que la 2e, due à l’initiative de quatorze chanoines libériens, conduits par leur prieur, a reçu l’approbation de Clément IV. C’est comme si les chanoines s’étaient opposés à l’archiprêtre et que, malgré l’approbation pontificale, ils aient dû finalement accepter la dernière rédaction de l’archiprêtre qui aurait eu raison de leur opposition.
2. Les circonstances de la triple rédaction
52Cette première impression doit cependant être corrigée en raison des circonstances dans lesquelles les trois documents virent le jour.
53L’existence du chapitre libérien est attestée pour la première fois au xiie siècle. Le clergé qui desservait la basilique était formé de clercs en 1153, de chanoines à partir de 119177. Également à partir de 1153 est attesté un archiprêtre78. À s’en tenir donc à cette documentation, les origines du chapitre libérien se situeraient dans la deuxième moitié du xiie siècle, mais cette documentation ne préjuge en rien de ses origines réelles qui pouvaient être antérieures. Thumser la commente ainsi :
En aucune manière, la documentation médiévale conservée ne correspond à la grande importance de l’église (Sainte-Marie-Majeure). Les chartes attribuables au fonds de Sainte-Marie commencent avec un document de 1153, du xiie siècle existent dans l’ensemble cinq documents seulement, du siècle suivant, une douzaine. Toutefois, parmi les rares documents conservés, il y a une série exceptionnelle qui permet de clarifier la situation de l’église79.
54Effectivement, dans les années 30 du xiiie siècle, les documents nous révèlent les premiers efforts du chapitre pour donner à son fonctionnement des règles fixes et les faire approuver par les papes. Un des problèmes vitaux était de fixer le nombre des chanoines que les revenus de l’église permettaient d’agréger au chapitre de manière qu’ils eussent des moyens de subsistance suffisants. Ce nombre fut fixé à seize si bien que la communauté à l’origine ouverte était devenue un corps fermé. La décision fut prise en chapitre le 8 décembre 1235 et elle nous est parvenue, insérée et approuvée par le pape, dans une lettre de Grégoire IX du 13 novembre 123780. L’année suivante, le même pape ordonnait que les décisions capitulaires fussent prises selon le principe de la majorité des voix : a maiori et saniori parte capituli81. Peu de jours après, Grégoire IX donnait à l’archiprêtre de Sainte-Marie-Majeure le droit de priver de leurs revenus, voire d’exclure du chapitre ou éventuellement d’excommunier, les chanoines qui s’opposeraient à ses efforts de réformer l’institution capitulaire82. En revanche, les chanoines, absents du chapitre parce que employés à la défense des droits de l’Église, ne devaient pas être privés de leurs revenus83. Déjà en 1232, le même privilège avait été accordé à ceux qui faisaient des études à l’université84.
55Ces dispositions de bon sens, répétées par les papes85, ne furent hélas pas toujours observées par ceux-là mêmes qui les avaient promulguées86. Ainsi se prolongèrent les difficultés provenant de la surcharge financière que le trop grand nombre des chanoines imposait à l’administration de la basilique et se fit sentir toujours plus le besoin d’un règlement qui s’imposât également à tous les membres du chapitre et fût approuvé par le pape sans possibilité d’exceptions.
56C’est dans de telles conditions que furent élaborés les statuts successifs de 1262, 1266 et 1271. Aussi peut-on mieux apercevoir non seulement l’originalité de chaque rédaction comparée aux autres, mais encore les motifs des différences rédactionnelles qui les distinguent.
3. La première rédaction cardinalice
57Les deux rédactions cardinalices 1 e 3 justifient les statuts en un préambule de même teneur. Bien que le document de sa nomination ne dise rien de ses devoirs (debitorum nostrorum memoriale), l’archiprêtre exprime la conviction d’avoir le droit et le devoir de pourvoir, d’accord avec les chanoines, au bien de l’église confiée à ses soins. La déclaration initiale permet quelques observations sur la manière dont fut élaborée la rédaction cardinalice. La direction de la basilique, confiée par le pape à l’archiprêtre, semble lui donner une autorité à laquelle sont soumis (subiectorum) les autres chanoines. Mais ceux-ci peuvent l’attaquer, même si leurs interventions sont limitées (limitatis subiectorum incessibus). Finalement les statuts ont été approuvés par le chapitre (de consilio uestro), probablement après une délibération préalable, ensuite ils lui ont été notifiés sous le sceau du cardinal-archiprêtre. Suivent 72 articles sur l’ordre du service choral (art. 1-15), sur la participation des chanoines aux funérailles (art. 16-17), sur la tenue des séances capitulaires (art. 1824), sur l’administration des biens du chapitre (art. 25-33), sur la discipline des chanoines et la répression des actes de violence dans l’enceinte de la basilique (art. 34-46), sur la punition des vols, malversations et blasphèmes (art. 47-53), sur le devoir de résidence des chanoines (art. 54-58), sur la célébration de l’anniversaire des chanoines défunts (art. 59-63), sur les autres règles du service choral (64-65), sur l’obligation de lire les statuts tous les mois en chapitre (art. 66), sur la garde des reliques et des biens de la basilique, sur l’absence des chanoines (art. 67-70), sur l’exécution des peines (art. 71). Enfin il est demandé à tous de confirmer les statuts par serment (art. 72).
4. La seconde rédaction canoniale
58Les premiers statuts cardinalices ne disaient mot d’une difficulté demeurée sans solution, celle du nombre clos des chanoines. C’est pourquoi ceux-ci rédigèrent une pétition adressée au pape Clément IV dans laquelle ils proposèrent de notables additions aux statuts cardinalices précédents. Le pape leur répondit par une lettre du 19 mars 1266 dans laquelle il reprenait à son propre compte la demande concernant le numerus clausus des seize chanoines. Il en fit une règle contraignante même pour le souverain pontife. Il inséra ensuite dans la lettre les 32 articles, non numérotés dans l’original, des propositions canoniales. Il sanctionna en outre une coutume du chapitre libérien, auparavant non écrite, sur la répartition des revenus capitulaires en prébendes individuelles correspondant aux seize chanoines. Il envisageait aussi de quelle manière on pourvoirait à la subsistance des six chanoines surnuméraires tant que leur nombre n’aurait pas été ramené à seize.
59À cet effet sont définies deux catégories de prébendes. Les unes sont dites in possessionibus consistentes, les autres, taxate in grano et ordeo ou encore in blado (art. 1-2). Les premières consistaient en terres, dont chacune était attribuée à un chanoine et dont les revenus servaient à sa subsistance. Ces terres figurent parmi les propriétés décrites dans notre chapitre précédent. La distribution des céréales aux prébendiers de la seconde catégorie incombait au camérier du chapitre (art. 3-4). L’attribution des prébendes se faisait par tirage au sort (art. 5-7). Était aussi prévue une procédure spéciale en cas d’absence des chanoines (art. 8-13). Quand devenait vacante une prébende constituée par des terres, elle devait être attribuée par tirage au sort à un chanoine payé en céréales ; de la sorte était changé le mode antérieur de son entretien (art. 14). La division des prébendes était à considérer comme une règle fixée pour toujours (art. 17). Tous les cinq ans les prébendes devaient être redistribuées au sort (art. 18). Quand le nombre des chanoines serait retombé à seize, les revenus utilisés pour la subsistance des surnuméraires retourneraient au fonds commun de la basilique ; la même destination devait être celle des revenus des absents non justifiés (art. 19). Les articles restants (20-32) réglaient divers problèmes que les statuts de 1262 n’avaient pas pris en considération. Ces dispositions visaient donc à organiser d’une manière moins arbitraire la subsistance des chanoines et marquait le passage irrévocable vers le partage d’une partie du patrimoine commun entre les différents membres de la communauté canoniale.
5. La troisième rédaction cardinalice
60La troisième et dernière rédaction des statuts, émanant du même archiprêtre Ottobon Fieschi, est substantiellement identique à la première, sauf qu’elle est plus concise et que l’ordre des articles a été parfois modifié. Ainsi les articles 39-41 du premier règlement ont été déplacés après l’article 46 du second. De même disparaissent quelques renseignements sur la vie concrète du chapitre et des chanoines. Il est probable que l’application des premiers statuts durant presque une décennie avait révélé l’utilité de leur révision, d’une part, en vue d’une rédaction plus brève et plus synthétique de quelques articles, de l’autre, par suppression de doublets ou de passages imprécis en d’autres, et surtout par l’aggravation de certaines pénalités. Aussi la nouvelle rédaction constituait un progrès rédactionnel et normatif. Toutefois à l’historien importent aussi les passages supprimés de la première rédaction comme documents de la vie quotidienne d’un chapitre de ce temps87.
61On peut se limiter à quelques exemples. Dans les premiers statuts, l’art. 7 nous informe sur la manière dont les chanoines se chaussaient, l’art. 8 sur leur vêtement choral, l’art. 15 sur leur tenue sur le parvis de la basilique, l’art. 9 sur les habitudes des serviteurs quand ils revenaient de faire les achats de la journée, l’art. 12 sur l’éclairage festif de l’autel, l’art. 14 sur l’ordonnance des processions, l’art. 16 sur l’extension territoriale de la juridiction basilicale en matière de funérailles. L’énumération pourrait se poursuivre, si l’occasion n’était fournie au lecteur curieux de compléter son information dans le texte lui-même des statuts, publiés dans l’Appendice V.
6. Quelques observations générales sur l’institution et ses membres
62Les trois rédactions successives des statuts capitulaires de Sainte-Marie-Majeure au xiiie siècle suggèrent quelques observations d’intérêt général.
63La première concerne le fait des trois rédactions : elles fournissent dans l’absolu la plus ancienne forme des statuts libériens et le premier exemple connu et probablement le plus anciennement conservé d’un statut capitulaire romain88. Il ne serait donc pas superflu de recenser ceux qui ne sont pas encore connus, enfouis dans les archives d’Italie et de Rome.
64Le contenu des statuts libériens apporte des informations importantes sur les fonctions capitulaires. Le chef indiscuté du chapitre était l’archiprêtre. Il a été montré précédemment comment sa figure reçut au début du xiiie siècle ses traits définitifs. En effet, le premier archiprêtre qui fût aussi cardinal a été Pierre de Saxo89. La dignité cardinalice ne manqua pas de donner à l’archiprêtre libérien lustre et autorité. Ottobon Fieschi est le premier dont nous savons qu’il en a usé dans l’exercice de ses fonctions archipresbytérales.
65Malgré cette position exceptionnelle, son rôle effectif se limitait au contrôle et à la direction générale du chapitre. En effet, il n’y possédait aucune prébende et restait en un certain sens extérieur à la vie et aux questions économiques de la basilique. C’est apparemment le motif pour lequel les problèmes soulevés à propos du numerus clausus des chanoines et de leur subsistance n’ont pas été considérés dans les statuts qu’il a élaborés. Selon les statuts de 1262, il intervient statutairement en des cas déterminés dans lesquels il peut cependant être remplacé par le prieur90. Il est vrai que la rédaction de 1266 fut faite avec le consentement explicite de l’archiprêtre91. Toutefois, dans la troisième rédaction, les articles ayant trait à une possible intervention de l’archiprêtre ont tous disparu, à l’exception d’un seul92. Le progressif affaiblissement des fonctions de l’archiprêtre dans la vie courante du chapitre et leur transformation en position de prestige s’expliquent sans doute par les missions qui furent confiées aux archiprêtres avec une fréquence croissante en dehors de Rome et donc loin de la basilique.
66Cette évolution a contribué aussi à vider de son contenu l’antique dépendance de la basilique vis-à-vis du pape, même par la personne interposée de son délégué, l’archiprêtre. Non seulement le pape ne vient plus qu’à titre exceptionnel à Sainte-Marie-Majeure, comme le révèlent les livres liturgiques, mais encore son représentant lui-même est souvent absent de la basilique dont il est chargé, avant que le séjour des papes en Avignon ne rompe définitivement les liens anciens.
67Dans ces conditions, le chef ordinaire du chapitre est le prieur. Non seulement il remplace l’archiprêtre dans les cas statutairement prévus, mais encore parce que, jouissant d’une prébende de la première catégorie in possessionibus consistens, il est devenu prior, c’est-à-dire « le premier » au titre de l’ancienneté de prise de possession du canonicat et qu’il a donc la plus grande expérience des traditions de la basilique. À la mort de son titulaire, le priorat passe au chanoine qui est alors le plus ancien de nomination.
68Les autres fonctions sont revêtues à tour de rôle pour une période déterminée. Elle est d’un an pour les deux pointeurs (A 27), d’un an aussi probablement pour le camérier (A 56, B 4, 5) ; elle est limitée au temps des récoltes pour les olearii (A 29) et les horrearii (A 60), à un mois pour ceux qui sont chargés des distributions en nature (A 30, 52). Les charges sont généralement appelées obedientie (A 25-33) et les obedientiarii doivent rendre leurs comptes à deux chanoines réviseurs qui à leur tour réfèrent au chapitre (A 27). Il y a encore deux chanoines préposés à la discipline capitulaire, qui doivent dénoncer les manquements aux statuts et surveiller l’exécution des peines (A 71).
69Les premiers statuts d’Ottobon Fieschi prévoyaient la présence continue de quatre prêtres résidents, chargés de célébrer à tour de rôle la messe capitulaire pendant une semaine (A 5). Le règlement de 1266 stipulait en conséquence qu’il devait y avoir quatre prébendes sacerdotales (B 27). Des règles du chant de l’évangile et de l’épître pendant la messe des jours festifs et fériaux, on peut déduire semblablement la présence de quatre diacres et de quatre sous-diacres et probablement de quatre clercs des ordres mineurs (A 3, 4). De cette façon était assurée la célébration de la messe capitulaire conformément aux règles liturgiques du temps et s’explique aussi que le nombre des chanoines ait été fixé à 16, c’est-à-dire 4 pour chaque degré de la hiérarchie cléricale : prêtres, diacres, sous-diacres, clercs inférieurs.
70La rédaction B de 1266 comporte la liste des quatorze chanoines aux noms desquels elle avait été faite : Petrus Saxonis prior, Bartholomeus Carantionis, Iohannes Capucius, Philippus Alexii, Oliverius presbyter, Montanarius, Petrus de Curia, Andreas Buccabella, Angelus Allonis, Iacobus Arcionis, Omniasanctus, magister Henricus, Leonardus et le presbyter Angelus (B 1). De ces personnes il a été question dans un autre chapitre93. Dans la liste qui vient d’être citée, les chanoines prennent place par ordre d’ancienneté, non d’âge ou de cléricature, mais d’entrée en charge dans le canonicat.
71Outre les personnes, les statuts nous informent sur les lieux où les chanoines peuvent se trouver. La vie commune des chanoines appartient au passé, comme il résulte clairement du fait que chacun habite dans une maison ou un appartement particuliers et possède durant sa vie une partie des biens de la basilique (A 61). Toutefois des vestiges subsistent de cette vie commune : le réfectoire commun (A 36), les dortoirs communs (A 37), un grand et un petit (A 49, 62), qui sont encore tous en état de fonctionner. On parle en outre de maisons ad usum ecclesie (A 38), de sacristie (A 50), de cloître (A 54), d’un lieu des reliques (A 67). Il existe aussi des locaux à usage administratif, un cellier, un grenier, une cave (A 41), avec l’outillage nécessaire à l’exploitation d’un domaine agricole. Les statuts capitulaires complètent donc utilement notre connaissance du complexe cultuel, culturel et économique qu’était devenu Sainte-Marie-Majeure dans le cours du temps.
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72Quels sont les principaux acquis du chapitre ? Il faut d’abord rappeler que la documentation sur laquelle il repose est en majeure partie inédite, à l’exception des chartes publiées par Ferri et des statuts par Thumser. C’est ce qui fait son prix.
73La documentation mise en œuvre révèle essentiellement deux ou trois choses. D’abord le rôle de premier plan tenu par la liturgie dans la vie quotidienne de la basilique : les livres liturgiques conservés sont en effet les plus nombreux. Un lot important est constitué ensuite par les textes réglementant la vie ordinaire de la basilique. Les originaux sont conservés sous forme de parchemins de provenance diverse (64-71). Les actes pontificaux (72-80) et les bulles papales (83-86) forment deux recueils distincts de copies des originaux et constituent un terrain pratiquement vierge et inexploré. En ont été recopiés en volumes distincts les décrets des Congrégations (59-60), eux aussi restés en dehors du champ d’investigation habituel des chercheurs. Tout cet ensemble, qui a trait aux droits, devoirs et privilèges de la basilique libérienne et de ses desservants, constitue une masse documentaire du plus haut intérêt, mis sa chronologie sort pour une bonne partie de la nôtre. Après seulement, et bien loin derrière par leur nombre, viennent les livres canoniques. Ce sont les statuts capitulaires, non seulement ceux du xiiie siècle ici étudiés et dont le grand intérêt vient d’être souligné, mais encore ceux plus tardifs qui n’ont pas été pris en compte ici (101 109 110) ; les collections juridiques médiévales (103 soustrait à l’inventaire de 1931, l’Infortiatus 118, la Glose de Baldo de Pérouse 121, les Décrétales de Boniface VIII 123, le Code de Justinien 124). Ces collections juridiques révèlent sans doute, non seulement un des grands centres d’intérêt des curialistes du xiiie siècle et suivants, mais encore le chemin par lequel ils ont fait carrière dans l’église : il n’est pas indifférent que Benoît Caetani ait été du nombre et qu’il soit devenu pape sous le nom de Boniface VIII. En comparaison, les livres de caractère moral ou littéraire sont exceptionnels, au point que leurs possesseurs primitifs pourraient passer pour des espèces d’originaux au milieu de chanoines préoccupés de liturgie (ce qui était leur devoir) ou intéressés à faire carrière (ce qui est de tous les temps).
Notes de bas de page
1 Voir notre Appendice VIII : Le fonds de Sainte-Marie-Majeure.
2 Il pourrait être dû à l’initiative de Guillaume d’Estouteville, archiprêtre de Sainte-Marie-Majeure (1443-1483).
3 P. De Angelis, Descriptio, p. 148-150.
4 G. Ferri, Le carte dell’Archivio Liberiano.
5 J. Coste, Il fondo medievale, p. 5-77.
6 P. de Angelis, Descriptio, p. 148-150 ; G. Ferri, Carte, 27, p. 169-171.
7 F. Liverani, Spicilegium Liberianum. Voir en outre d’Adriana Marucchi, la description dactylographiée du ms 122, de mars 1960, déposée à la Bibliothèque Vaticane et dont une photo existe à l’I.R.H.T. de Paris.
8 Catal. Roman., p. 81-96.
9 Les manuscrits liturgiques latins de la Bibliothèque Vaticane.
10 CMM. SMM.
11 La ‘Regula pastoralis’ di S. Gregorio Magno.
12 J. Ruysschaert, Le manuscrit C de Liverani, un homéliaire romain du xe siècle.
13 Voir Ap. VIII, p. 579.
14 Ibid., p. 625-631.
15 A. Cappelli, Cronologia, p. 98-103 et 82-83.
16 Voir Ap. VIII, p. 654-659.
17 P. Salmon, Les manuscrits, II, p. 23-24, n. 36 ; Analecta liturgica, p. 238-246.
18 P. Jounel, Le culte des saints, p. 38.
19 Ibid.
20 Le sanctoral du ms 40, f. 97-149, se trouve en P. Jounel, Le culte des saints, p. 77-80.
21 Voir Ap. VIII, p. 671-672.
22 Act. SS. Iul. I, 340-348 ; Bibl. SS., VIII, 1967, col. 41-43 ; M. T. Caciorgna, Tra campagna e città. Dans cette dernière et excellente étude du culte et de la légende de S. Lidan, le ms 49 de Sainte-Marie-Majeure n’est pas cité : il devait être inconnu de l’auteur.
23 Voir Ap. VIII, p. 659-664.
24 S.P.J. van Dijk, The Authentic Missal of the Papal Chapel, dans Scriptorium, 14, 1960, 269-277 ; P. Salmon, Analecta liturgica, p. 256-260.
25 Ap. VII, p. 662, n. 130e.
26 Voir ch. X : Liturgie des saints, p. 24-26.
27 Ap. VIII, p. 661, n. 74a, – p. 663, n. 228, – p. 664, III ; n. 258 : additions des f. 87-89v, f. 206v°, marge inférieure, et f. 225v°-226r°, marge extérieure et inférieure.
28 Sur cette évolution, voir P.M. Gy, in A.G. Martimort, L’Église en prière, I, p. 70, où nous lisons en particulier : « Innocent III et ses successeurs donnent une importance nouvelle à la liturgie de la chapelle papale, devenue indépendante de celle de la basilique du Latran. Les principaux livres de la liturgie papale sont l’Ordinaire, qui règle à la fois l’office et la messe (1213-1216) et le Pontifical de la Curie romaine, établi sous Innocent III et révisé sous Grégoire IX ou Innocent IV. La liturgie de la Curie sera adoptée par les frères Mineurs, imposée aux églises de Rome par Nicolas III, et se répandra dans certaines Églises d’Italie et du midi de la France (Avignon 1337, etc.), de façon moins étendue qu’on ne l’a pensé ».
29 Ap. VIII, p. 673-674.
30 S. Carocci, I baroni di Roma, p. 311-319 ; A. Rehberg, Die Kanoniker, p. 217-218. Les deux auteurs ne connaissent pas nos manuscrits libériens.
31 P. Salmon, I, p. 27, n. 50 ; CMM, p. 141.
32 P. Salmon, I, p. 28, n. 51 ; CMM, p. 149.
33 Ap. VIII, p. 666.
34 CMM, p.3, 9 et 15.
35 Ap. VIII, p. 581.
36 Ibid., p. 574.
37 Ibid., p. 578.
38 Ibid., p. 588.
39 Ibid., p. 667-668.
40 Ibid., p. 580 et 592-594.
41 P. Salmon, Les manuscrits liturgiques latins de la Bibliothèque Vaticane ; SMM. CMM.
42 F. 9. Voir Ap. VIII, p. 609, vol. B.
43 Voir ci-dessus n. 27.
44 La fête du 15 août manque dans ce Graduel, alors qu’y figure son jour octave. Cela signifie, à notre avis, que cette fête, la plus solennelle des fêtes mariales de la basilique, devait figurer dans un recueil spécial, réservé aux grandes fêtes.
45 Nous n’avons pas réussi à identifier les deux personnages.
46 P. Salmon, I, p. 66, n. 130 ; CMM, p. 107-117.
47 CMM, p. 125-128.
48 P. Salmon, II, p. 147, n. 370 ; CMM, p. 138-139.
49 Voir ci-dessus, p. 257 ; et Ap. VIII, p. 673-674.
50 P. Salmon, II, p. 144, n. 362.
51 Ap. VIII, p. 583. Voir aussi le ch. XI : L’hagiographie libérienne, p. 363-366.
52 La lettre a été publiée par S. De Blaauw, Cultus et decor, II, p. 865-872.
53 Ap. VIII, p. 589-590.
54 Voir ci-dessus n. 49.
55 Ibid., n. 51.
56 Ap. VIII, p. 583.
57 Ibid., p. 584.
58 Ibid., p. 585-586.
59 Ibid., p. 589, 590.
60 Ibid., p. 591.
61 Ibid., p. 580.
62 Ibid., p. 580.
63 Le ms ne se trouve pas dans le fonds libérien de la Bibliothèque Vaticane où lui ont été substitués deux mauvais exemplaires de l’ouvrage de P. De Angelis : Ibid., p. 589.
64 Ibid., p. 592.
65 Ibid., p. 590.
66 Ibid., p. 579-580.
67 Ibid., p. 592.
68 Ibid., p. 592.
69 Ibid., p. 590-591.
70 Ibid., p. 583-584.
71 Sur la légende de Trajan au Moyen Âge, voir X. Barbier de Montault, La Légende de Trajan, dans œuvres complètes, XII (Poitiers 1897) 413-443 ; Krappe A. Haggerty, La légende de S. Grégoire, dans Le Moyen Âge 46 (1836) 85-92, Id., Un parallèle oriental de la légende de l’empereur Trajan, Ibid., 36 (1926) 85-92.
72 R. Elze a retracé oralement, au cours d’une séance du Circolo Medievistico di Roma, l’histoire du titre cardinalice de S. Jérôme en montrant comment il passa de la dernière à la deuxième place dans l’énumération des Pères de l’Église latine à partir du moment où il fut considéré comme cardinal. Je ne sache pas qu’il en ait fait l’objet d’une étude publiée.
73 Jérôme, Ep. 45.
74 Un état des recherches se trouve dans l’étude de M. Thumser, Die ältesten Statuten des Kapitels von S. Maria Maggiore in Rom (1262/1271, 1265). Il en sera fait amplement usage ici.
75 G. Ferri, Le carte, XXX (1907) p. 127, n. 58, p. 123, n. 62, p. 125, n. 67. P. De Angelis, Descriptio, p. 39, publia début et fin du n° 2. Voir Reg. XLV, 1 ; XLVI, 1 ; XLVII.
76 M. Thumser, p. 326, 334.
77 M. Thumser, p. 297.
78 Voir chap. VII : La terre et les hommes, p. 228.
79 M. Thumser, p. 297.
80 « Ut in ea de cetero canonicorum numerus residentium sextumdecimum non excedat, et ultra eumdem numerum nullus a nobis in canonicum interim admittatur, donec iam receptorum canonicorum numerus ad illum primitus redigatur » (Cart 65, n° 37).
81 Cart. 65, n° 38 ; L. Auvray, Les registres de Grégoire IX, dans Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome, 2e série, t. IX, vol. 2 (Paris 1907), col. 982, n° 4290.
82 Acte du 30. 4. 1238 : « Quia... procedere ad reformationem ecclesie beate Marie Maioris de Urbe tam in spiritualibus quam in temporalibus, qua noscitur indigere, proponis, ne reformationem huiusmodi aliquorum contingat potentia uel malitia impediri, praesentium tibi auctoritate districtius precipientes manda-mus, quatenus, si quis canonicorum ipsius ecclesie in hoc se tibi temere duxerit opponendum, ipsum de consilio totius uel maioris partis capituli tam per substractionem prouentuum quam per suspensionis et excommunicationis sententias appellatione studeas cohercere » (L. Auvray, Les registres de Grégoire IX, col. 991, n° 4306).
83 Cart. 65, n° 39 ; L. Auvray, Ibid., col. 991, n° 4306.
84 L. Auvray, Ibid., vol. I (Paris 1896), col. 534, n° 879.
85 Reg. XLIII, 2, 4, 7 ; XLIV, 1.
86 Dans cette dernière lettre apostolique, la nomination d’un nouveau chanoine surnuméraire est faite expressément « nonobstant les statuts », selon le principe que le législateur est au-dessus de la loi qu’il a portée. Voir aussi M. Thumser, p. 299-300.
87 M. Thumser, p. 301.
88 Les premiers statuts capitulaires de Saint-Pierre sont du 15.3.1277. Voir M. Thumser, p. 300, n. 16 ; R. Montel, Les chanoines de la basilique Saint-Pierre de Rome des statuts capitulaires de 1277-1279 à la fin de la papauté d’Avignon. Étude prosopographique, dans Rivista di storia della Chiesa in Italia, 42 (1988), p. 371. Parmi les statuts de chapitres italiens il y a ceux des cathédrales de Milan (1170), de Novare (1210), de Turin (1213) et de Crémone (1247). Voir M. Thumser, p. 295, n. 2.
89 Voir ch. VII : La terre et les hommes, p. 231-232.
90 Art. 17, 24, 26. Seul l’art. 55 ne prévoit pas l’intervention possible du prieur à la place de l’archiprêtre, alors qu’est prévu l’avis du chapitre.
91 « De mandato et licentia speciali nobis oretenus facto a reuerendo patre domno Ottobono S. Adriani diacono cardinali et archipresbitero nostro » (Appendice V : Statuta Capituli Liberiani, p. 500 et n. 157 ; M. Thumser, p. 328).
92 C’est l’art. 20 sur la punition, infligée par l’archiprêtre et le chapitre, à un chanoine évidemment coupable.
93 Voir ch. VII ; La terre et les hommes, p. 228 et suivants.
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