Épilogue
La genèse des revendications territoriales de 1915
p. 501-515
Texte intégral
1Le 28 juillet 1914, le scénario tant redouté par la Consulta se réalise : l’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie. Le ministre des Affaires étrangères, Antonino di San Giuliano reconduit la « directive » précédemment entérinée par Giovanni Giolitti, dont le gouvernement tombe le 21 mars 1914 après avoir perdu le soutien des radicaux. Cette décision est entérinée, au prix de bien des hésitations, par le nouveau président du Conseil et leader de la majorité libérale, Antonio Salandra1. Le 1er août 1914, le Conseil des ministres italien décide que le casus foederis ne peut jouer, la Triple Alliance ayant un caractère exclusivement défensif2 ; en outre, on est bien conscient à Rome de l’état d’impréparation de l’armée, d’autant que le Royaume-Uni semble prêt à entrer en lice du côté de l’Entente, ce qui change tout en Méditerranée3. Sans dénoncer l’alliance, l’Italie choisit de rester neutre. En ce sens, Salandra et San Giuliano sont fidèles à l’axiome de la politique libérale depuis près d’un demi-siècle : l’Italie est trop faible pour participer à une guerre générale, il faut à tout prix l’en tenir écartée4. La Consulta vit également, depuis des décennies, dans le souvenir du malheureux congrès de Berlin de 1878, souvenir ravivé par l’annexion de la Bosnie-Herzégovine en 19085. L’Italie s’est trouvée réduite à l’impuissance face à une Autriche-Hongrie qui consolide sa domination dans les Balkans, accentuant un déséquilibre stratégique dont l’Italie prend conscience lors de la crise d’Orient de 1875-1878 (supra, chap. 2 et 7).
2Dès l’été 1914, l’Italie engage des conversations avec les deux camps, en vue de formuler des revendications territoriales : il ne faut à aucun prix se retrouver sans programme lors du futur congrès de la paix, dont on ne peut alors imaginer qu’il sera bien différent de ceux du XIXe siècle6. Or en matière de revendications territoriales, il existe une divergence profonde entre la sphère de décision et l’opinion publique italiennes. Si les masses, de façon écrasante, ne veulent pas la guerre7, l’étroite opinion publique bourgeoise est sensible aux mots d’ordre irrédentistes, qui se sont réveillés dès avant la crise de juillet. Pour le cercle étroit qui décide de la politique étrangère italienne, c’est moins la perspective de réunir Trente et Trieste qui compte, que celle d’obtenir enfin la sécurité dans l’Adriatique8. Il ne s’agit pas de détruire l’Autriche-Hongrie, mais de la redimensionner en évitant qu’un État yougoslave client de la France et de la Russie ne lui succède. C’est le même raisonnement qui incite, au sud de l’Adriatique, à défendre l’intégrité albanaise contre les ambitions grecques au sud, serbo-monténégrines au nord. Au cas où ces ambitions ne pourraient être contenues, la saisie de Valona permet de jouer éventuellement la carte d’une petite Albanie sous influence italienne. Pour la sphère de décision italienne, l’irrédentisme, le principe des nationalités, l’indépendance albanaise sont des mots d’ordre purement instrumentaux qui sont subordonnés à une pensée stratégique élaborée pendant les décennies séparant l’Unité de la Grande Guerre.
3À l’automne 1914, alors que les négociations parallèles avec l’Entente et la Duplice se poursuivent, le gouvernement italien poursuit sa politique répressive à l’endroit des manifestations irrédentistes, qui sont désormais interventionnistes9. Les manifestations de tout bord sont en effet réprimées dans le cadre d’un dispositif mis en place au printemps, lors de la Settimana rossa, et reconduit afin d’éviter que la rue ne dicte au pays sa politique étrangère10. Le 16 septembre, le préfet de Venise attire l’attention du gouvernement sur une lettre ouverte du député nationaliste Foscari à la Gazzetta di Venezia :
Il deputato Foscari ed i suoi amici nazionalisti sono gli organizzatori ed i propagandisti di quel movimento ostile all’Austria che, assumendo forma concreta di pubbliche dimostrazioni come quella ieri sera avvenuta in piazza San Marco, tende a costringere il Governo ad uscire dallo stato di neutralità11.
4Jusqu’alors, bon nombre de nationalistes (et de libéraux) étaient favorables à l’Autriche-Hongrie12. Dans sa lettre, Foscari justifie la position interventionniste des nationalistes par le « testament politique » de Giuseppe Mazzini, qui en 1871 prophétise « la mort de l’Autriche par la main des Slaves » :
L’Istria è nostra. Ma da Fiume, lungo la sponda orientale dell’Adriatico, fino al fiume Boiana sui confini dell’Albania, scende una zona sulla quale, tra le reliquie delle nostre colonie, predomina l’elemento slavo. […] Là, nell’alleanza con le popolazioni di queste due zone, stanno, lo ripetiamo, la nostra missione, la nostra iniziativa in Europa, la nostra futura potenza politica ed economica13.
5La guerre européenne voit ressurgir des discours anciens, mobilisés à l’occasion de chaque crise balkanique, mais qui trouvent désormais une audience inédite. Foscari prend bien soin d’annoncer que sur la question de la Dalmatie, la situation stratégique et économique a changé depuis l’époque de Mazzini, de sorte qu’on ne peut le suivre dans son programme ne gardant pour l’Italie qu’une base navale à Lissa. La revendication de la Dalmatie est confirmée par un article du même Foscari dans le sonninien Giornale d’Italia, le 24 septembre, et par une série d’articles et manifestations nationalistes, progressivement relayés par des institutions telles que la Ligue navale, la Dante Alighieri ou la franc-maçonnerie14. En mobilisant Mazzini pour le coup d’envoi de cette campagne, Foscari réalise un coup habile, car la connexion du programme irrédentiste à la fraternité d’armes italo-slave est au cœur du programme de l’extrême-gauche républicaine depuis la même époque (supra, chap. 3).
6Précisément, une minorité de socialistes et une majorité de républicains rejoignent, au début de l’automne, le front interventionniste. Le syndicaliste révolutionnaire Alceste De Ambris est l’un des premiers, confirmant les recompositions initiées à l’occasion de la guerre de Libye. Mussolini est certainement le socialiste rallié le plus célèbre, mais les figures de référence de l’interventionnisme démocratique sont Leonida Bissolati et Gaetano Salvemini15. L’idée d’une dernière guerre juste aux côtés des démocraties et contre les empires autoritaires (supra, chap. 3) refait surface pour cimenter cet interventionnisme de gauche. De façon sincère à la différence d’un Foscari, Gaetano Salvemini, en particulier, voit dans la guerre l’occasion d’une recomposition territoriale de l’Adriatique en fonction du principe des nationalités. Cet interventionnisme de gauche est très hostile à l’idée d’une annexion de la Dalmatie, considérée comme un obstacle à la fraternité italo-slave. L’interventionnisme de droite est au contraire très anti-slave, et pourrait s’accommoder de la survie d’une Autriche amoindrie en Adriatique et déplacée vers le sud-est16.
7Alors que le front interventionniste prend corps, le ministre des Affaires étrangères Antonino Di San Giuliano meurt le 16 octobre. Le président du Conseil, Antonio Salandra, assure brièvement l’intérim, avant que Sidney Sonnino ne reprenne le portefeuille ministériel. L’arrivée à la tête de la Consulta de celui qui a été le chef de file d’une nouvelle droite (supra, chap. 7), mais aussi la situation militaire générale amènent la sphère de décision italienne à envisager plus nettement une entrée en guerre aux côtés de l’Entente, tout en poursuivant les conversations avec la Duplice. Le secrétaire général des Esteri, Giacomo De Martino, joue un grand rôle par ses conseils et ses analyses, de même que les chefs d’état-major de l’armée et de la marine17. L’entrée en guerre est conçue comme nécessaire, indépendamment du camp choisi pour l’Intervention : elle est le moyen de conjurer la révolution et de sauver la monarchie – un péril auquel Giolitti, chef de file des neutralistes, ne croit en revanche pas18. En outre, la guerre semble devoir durer, contraignant chacun des deux camps à jeter toutes leurs forces dans la bataille, en vue d’anéantir l’autre. Dès lors, si l’Italie devait rester neutre, elle serait punie par les vainqueurs, quels qu’ils soient : la Duplice pour avoir trahi l’alliance, l’Entente pour ne pas avoir opéré le ralliement décisif.
8Reste à déterminer dans quel camp intervenir, et donc à établir un programme et des buts de guerre. Le choix de l’Entente, qui se profile dès l’automne, démontre le poids écrasant du facteur stratégique dans la prise de décision. La Dalmatie se trouve au cœur des revendications, alors qu’elle n’a jamais occupé qu’une place marginale dans le programme irrédentiste19. Jusqu’alors, une telle ambition, en contradiction manifeste avec le principe des nationalités, relevait plutôt de l’élucubration isolée. En 1891, le philoroumain Enrico Croce publie ainsi un plan de recomposition de l’Europe orientale sous la forme d’un soi-disant « testament de Garibaldi ». L’Italie serait augmentée de la totalité de la Dalmatie, l’amitié slavo-italienne devant aplanir les difficultés, de même que la France, recevant l’Alsace-Lorraine, consentirait à donner à l’Italie la Corse et les Alpes maritimes jusqu’au Var20. Dès août 1914, la Dalmatie est mentionnée dans les conversations informelles avec l’Entente, mais de façon fort vague – San Giuliano refuse d’ailleurs clairement de la revendiquer21. À l’automne, ce sont des considérations d’ordre essentiellement militaire qui poussent la sphère de décision italienne à l’inscrire explicitement sur la liste des demandes à l’Entente. L’archipel dalmate constitue le cœur du programme, car les unités navales ennemies peuvent facilement s’y dissimuler et fondre à l’improviste sur la côte italienne.
9Du strict point de vue militaire, les années de guerre confirment cette analyse, bien que les opérations ne se déroulent absolument pas comme l’avaient prévu les stratèges de la guerre navale22. La neutralité italienne rend, à première vue, la situation catastrophique pour la marine austro-hongroise, laissée seule face à l’énorme flotte franco-britannique. Toutefois, la configuration géographique de l’Adriatique rend cette mer très dangereuse pour les gros bâtiments de surface, à la merci d’attaques par les armes nouvelles : sous-marins, vedettes lance-torpilles, avions. Dans cette configuration, les avantages naturels dont dispose l’Autriche-Hongrie sont encore plus précieux : le chapelet d’îles dalmates permet de dissimuler les mouvements de ses unités, et les eaux y sont plus claires que sur la côte italienne, rendant la détection des sous-marins ennemis plus facile23. Bien que les plans d’avant-guerre se révèlent complètement inadaptés (la flotte de ligne reste enfermée à Pula), cette « petite guerre » (Kleinkrieg) de haute technologie rend les arguments sécuritaires italiens plus crédibles encore : même sans ports équipés pour recevoir une importante flotte de haute mer, la côte orientale de l’Adriatique constitue, dans toute sa longueur, la base de raids potentiellement dévastateurs pour les intérêts italiens. Les îles dalmates sont explicitement comparées au Dodécanèse : dans les deux cas, la domination italienne est jugée plus facile que sur le continent, et les îles ainsi contrôlés sont considérées comme des tremplins pour les ambitions italiennes dans les deux zones clés que sont les Balkans et l’Asie mineure24. Dans les négociations qui se poursuivent avec la Duplice, Sonnino et Salandra limitent leurs revendications aux îles. En revanche, vis-à-vis de l’Entente, on forge un programme maximaliste englobant toute la Dalmatie, afin d’obtenir la position la plus favorable lors du futur congrès de la Paix25. La Consulta est d’ailleurs sollicitée par des représentants des Italiens de Dalmatie, dont la position s’est radicalisée avec la persécution culturelle et politique dont fait l’objet la minorité italienne de la part des nationalistes croates, avec la complicité des autorités austro-hongroises. Ercole Salvi, chef du parti italien de Spalato, se rend ainsi en Italie à l’automne 1914, de même que Roberto Ghiglianovitch en mars 1915 au nom du parti autonome italien. Alors qu’en 1866 les Italiens de Dalmatie avaient fait le choix de la loyauté envers les Habsbourg, en 1915 leurs partis appellent l’Italie au secours, un facteur qui certainement renforce les convictions de Sonnino et Salandra26.
10Bien que Rome ne fasse son choix définitif en faveur de l’Entente qu’à la mi-février 191527, la Consulta cherche à distiller des éléments de son programme de revendications dans la presse28. Il s’agit d’envoyer des signaux, y compris en direction de la Duplice, pour faire monter les enchères. Dès août 1914, la presse italienne est globalement favorable aux Franco-britanniques, dont les communiqués sont largement repris29. Les périodiques illustrés publiés par les maisons d’éditions populaire Sonzogno et Treves, qui touchent un large public, adoptent une ligne philo-gouvernementale et se prétendent impartiaux, mais attribuent rapidement la responsabilité du conflit aux empires centraux30. L’invasion de la Belgique et la destruction de la cathédrale de Reims font particulièrement impression31, même dans La Stampa qui est l’un des rares grands quotidiens à faire ensuite le choix du neutralisme32.
11Pour autant, le gouvernement italien n’entend pas laisser les milieux interventionnistes brusquer la décision. Le Corriere della Sera, en particulier, a achevé sa longue conversion à l’anti-triplicisme (supra, chap. 7). Après avoir initialement approuvé le choix de la neutralité33, le journal se convertit à l’interventionnisme et poursuit la lutte acharnée engagée depuis des années contre Giovanni Giolitti, qui incarne désormais l’option neutraliste34. Giolitti entend en effet poursuivre la traditionnelle politique de l’Italie libérale : obtenir des compensations territoriales de l’Autriche-Hongrie au titre de l’article VII de la Triple Alliance, et ce en échange de la neutralité italienne35. Pour Luigi Albertini, la perspective d’une hégémonie italienne en Adriatique est déterminante36. Avec Andrea Torre, il mobilise les vastes réseaux du journal, mettant en place une propagande de guerre avant même que l’Italie soit engagée dans le conflit37. En dépit de la grande proximité entre les vue du Corriere et celles de la Consulta, les « papiers Sonnino » conservés à l’ASDMAE révèlent que les conversations téléphoniques du journal sont écoutées, la direction cherchant à fournir à l’Italie un « prétexte » pour hâter l’entrée en guerre38. À la mi-février 1915, Teofilo Valenti, correspondant du journal à Rome, prétend ainsi disposer d’informations sur une attaque de la Roumanie par l’Autriche-Hongrie qui, bien exploitées, pourraient servir la cause interventionniste39. La Consulta, au contraire, ne veut pas d’une intervention conjointe de l’Italie et de la Roumanie, l’Autriche-Hongrie devant être affaiblie en Adriatique tout en demeurant suffisamment puissante pour faire contrepoids aux Slaves du sud40. De la même façon, une lettre d’Ugo Ojetti transmise à Sonnino par Luigi Albertini révèle que le journaliste rencontre les plus hautes autorités françaises, dont Viviani, et évoque des compensations territoriales en Tunisie, à la plus grande surprise de ses interlocuteurs41. On comprend que Sonnino fasse surveiller les interventionnistes, qui mènent une politique étrangère à la fois parallèle et désordonnée. Le ministre n’ignore pas non plus les agissements de Ricciotti Garibaldi, parti en tournée en France et au Royaume-Uni où il rencontre Gallieni et Joffre, Millerand, Poincaré, Viviani, ainsi qu’Asquith, Grey, Kitchener et Lloyd George, et de nombreuses autres personnalités. La mort de ses fils Bruno et Costante en Argonne en décembre-janvier semble lui avoir ouvert bien des portes. Pendant des décennies, le volontariat garibaldien s’est orienté vers les Balkans (supra, chap. 3) ; dès les derniers jours de juillet 1914, une poignée de volontaires part pour la Serbie42. Cinq sont tués le 20 août, et les deux survivants honorés le 14 septembre 1914 à la Casa del Popolo de Rome, en présence des partis démocrates et des associations patriotiques. Entretemps, Ricciotti a donné l’ordre aux volontaires de se mettre au service exclusif de la France pour laquelle il avait lui-même combattu en 187143. Dans ses conversations avec l’Entente, Ricciotti se fait, comme Ojetti, le porteur de mots d’ordre invraisemblables, ainsi la neutralisation de la Méditerranée. En retour, il se fait promettre « larghissime concessioni all’Italia e alla Grecia »44. Du reste, même au sein de l’appareil diplomatique, certains se croient autorisés à entamer de leur propre chef des conversations au plus haut niveau : dès les premiers jours d’août, le comte Candido Sabini, attaché commercial à l’ambassade d’Italie à Paris, fait des ouvertures à son ami Clemenceau qui lui fait rencontrer Poincaré45.
12On imagine sans peine que les milieux balkanistes précédemment présentés sont quasi unanimement interventionnistes. Souvent irrédentistes, ces hommes, proches ou non de la Consulta, sont systématiquement hostiles à une Autriche-Hongrie perçue comme l’obstacle majeur à une expansion italienne dans les Balkans. Même Volpi, qui a pourtant tout à perdre dans une guerre contre l’Autriche dans les Balkans, est interventionniste46. S’ils avaient dû, par le passé, s’accommoder de la domination austro-hongroise, la guerre constitue désormais une occasion inespérée d’établir l’hégémonie italienne dans la péninsule balkanique. Cet interventionnisme d’un genre particulier regarde moins Trente et Trieste, et ce en dépit de ses sympathies profondes pour la cause irrédentiste, que Zara et Valona, contrairement au reste de l’opinion pour qui les Balkans sont très éloignés, en dépit de la couverture exceptionnelle que donne la presse illustrée à grand tirage aux événements de Valona47. Une telle perspective rencontre en revanche totalement les desseins stratégiques de la Consulta en Adriatique. Parmi les experts des Balkans qui gravitent autour du ministre, Primo Levi est peut-être celui qui renie le moins son triplicisme hérité du compagnonnage avec Crispi. Après avoir suggéré de neutraliser Trieste, l’Istrie et la Dalmatie étant laissées à l’empereur en union personnelle, il se rallie en novembre à l’idée d’une conquête de la Dalmatie assurant à l’Italie la domination de l’Adriatique. Il suggère néanmoins de laisser l’Autriche-Hongrie descendre vers Salonique, ce qui aurait l’avantage de bloquer les ambitions grecques48.
13Le consul Galli, l’homme des missions sensibles à Tripoli puis en Albanie, rapporte dans ses mémoires s’être opposé à la revendication de la Dalmatie. Galli y voit le ferment d’un conflit avec les Slaves, et estime que l’Italie devrait se contenter de Trieste et de l’Istrie49. En janvier, il est envoyé en mission secrète à Trieste. Il y est précédé par Gino Scarpa, un fonctionnaire du ministère de l’Agriculture50. Sous couvert d’une mission d’étude commerciale, Scarpa se met en rapport avec les irrédentistes locaux et procède à des reconnaissances du terrain qu’il remet au consul général d’Italie, Lebrecht51.
14Les irrédentistes juliens exilés en Italie sont de plus en plus nombreux dans les mois qui précèdent l’Intervention52. Au nombre de 40 000 avant même la crise, ils sont organisés en un dense réseau d’associations. Dès septembre 1914, ils animent le front interventionniste, popularisant la revendication, outre Trieste et l’Istrie, de la Dalmatie. Ils diffusent également l’idée, formulée dès le printemps par Ruggero Timeus, de Trieste comme tremplin pour une expansion dans les Balkans. À la fin de 1914 sont créées les associations Pro Dalmazia italiana et Pro Fiume e Quarnaro53. En janvier 1915 est fondé à Venise le Comitato centrale pro irredenti, installé dans les locaux du Parti radical54. En Italie et à Trieste, les irrédentistes se livrent à une intense activité de renseignement et préparent des coups de main visant à brusquer l’entrée en guerre de l’Italie. Edoardo Schott, fondateur en 1912 de l’Unione economica nazionale triestina, est notamment en rapport avec le ministre des Colonies Ferdinando Martini et avec le député socialiste Leonida Bissolati, qu’il rencontre en mars à Rome55. Encore une fois, la Consulta doit dissuader ces initiatives susceptibles de compromettre la stratégie des doubles négociations. Carlo Galli, qui est à Trieste sous le prétexte de rencontrer une amante, se fait passer pour « giolittien » auprès des autorités austro-hongroises56. Si ces dernières ne sont pas dupes, elles croient Galli chargé de rencontrer les irrédentistes italiens, alors que sa mission consiste non seulement à reconnaître le terrain pour l’armée et la marine italiennes, mais aussi à sonder les nationalistes slovènes et croates. Carlo Galli s’appuie sur la liberté culturelle laissée aux minorités slovène, albanaise et autres en Italie (supra, chap. 5) pour tenter de convaincre ses interlocuteurs d’accepter la session de Trieste et de l’Istrie en échange de l’aide décisive de l’Italie contre l’Autriche-Hongrie. Comme on l’imagine, l’accueil est froid, d’autant qu’au même moment commence auprès de l’Entente une campagne de propagande en faveur d’une future Yougoslavie, en réaction, précisément, aux revendications italiennes57. Le journaliste Antonio Cippico tente d’ailleurs de contrer cette campagne de sa propre initiative, et l’ambassadeur à Londres, Imperiali, doit brider, avec l’accord de Sonnino, cette énième action individuelle58.
15On le voit, les foisonnantes initiatives en faveur d’une politique résolue dans les Balkans que nous avons pu répertorier et analyser dans cet ouvrage se trouvent soudain débridées par la perspective de l’entrée en guerre contre l’Autriche-Hongrie. Comme dans les décennies précédentes, la Consulta, elle-même traversée de multiples courants, cherche à la fois à utiliser ces projets et à les tenir sous contrôle, afin d’éviter que les événements se précipitent. Certains balkanistes sont dociles ou du moins peu dangereux : Anselmo Lorecchio soutient, quoi qu’il arrive, la politique italienne, d’abord en version neutraliste puis en version irrédentiste. Dans les deux cas, il considère l’Italie comme la meilleure garante de l’indépendance albanaise, et rêve l’Adriatique en condominium italo-albanais59, un peu à la façon dont Carlo Galli voit dans l’amitié italo-slave la réponse aux litiges frontaliers. Antonio Baldacci, quant à lui, cherche toujours à placer son expertise sur l’Albanie, livrant par exemple à Sonnino un court mémoire sur la nécessité de respecter les autonomies tribales60. Cela ne l’empêche pas, dans le même temps, de tremper dans des spéculations louches sur le commerce des blés vers une Albanie sous blocus61.
16Plus généralement, avec le débat sur l’Intervention, les balkanistes italiens se trouvent brusquement en position d’experts de premier plan. Leurs savoirs, qui circulaient dans une sphère expansionniste plutôt étroite, relèvent désormais de l’intérêt national. Le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Giacomo De Martino, encourage certaines publications sur la Dalmatie au nationalisme particulièrement outrancier, ainsi celles d’Attilio Tamaro62. Mais au-delà de la dimension politique et militante, le contexte d’effervescence autour de la question adriatique constitue, pour beaucoup de ces hommes dont nous avons dit la précarité de la condition professionnelle et économique, l’occasion de vendre leurs productions. Les spécialistes de l’Albanie, notamment, cherchent à profiter de l’aubaine, publiant de façon précipitée au cours de l’automne 1914. Leonardo Azzarita, un jeune journaliste qui a été correspondant en Orient pour le Secolo, le Messaggero, et le Piccolo, publie trop tôt son ouvrage sur le commerce italien en Albanie et au Monténégro63. Il donne cependant le coup d’envoi de la campagne interventionniste du Corriere delle Puglie, dont il est rédacteur en chef, dès le 22 septembre 191464. Citons aussi le gros ouvrage d’un ancien employé de la station radiotélégraphique d’Antivari – donc un de ces petits employés de la sphère impériale, à la façon du Foà des débuts ou des frères Baldacci – Federico Valerio Ratti, qui est également correspondant en Albanie du Corriere della Sera au cours de la deuxième guerre balkanique et durant le règne éphémère du prince de Wied (supra, chap. 8)65 :
Siccome io son di quelli – e credo di poter dir di quei pochi – ai quali la grande guerra non ha fatto dimenticare gl’interessi veri attuali e futuri che noi abbiamo in Albania, non la ho per nulla dimenticata e mi duole assai che essa – esclusa la questione di Valona – sia passata in second’ordine. Un libro che uscirà tra pochi giorni e alcune conferenze che terrò entro il mese, qui [a Firenze], a Milano e a Roma proveranno che, sebben malato, non sono rimasto inoperoso66.
17De même le journaliste Italo Sulliotti publie-t-il, en ce mois de novembre 1914, son ouvrage sur l’Albanie du prince De Wied. Il s’agit d’une compilation d’articles écrits pour le journal pro-gouvernemental La Tribuna, dont certains ont, d’après le baron Aliotti, été rédigés à Brindisi à partir d’informations fantaisistes67. Le tout est augmenté d’un dernier chapitre consacré à « Vallona, la “chiave dell’Adriatico” »68. L’ouvrage est publié dans la nouvelle série des Quaderni della Guerra de la prestigieuse maison d’édition milanaise Treves, aux côtés de titres franchement irrédentistes tels que le Trento e Trieste69 de Gualtiero Castellini, journaliste crispinien et colonialiste d’origine tridentine, devenu membre du Comité central du parti nationaliste70. Dans cet ouvrage, Castellini revendique lui aussi la Dalmatie :
La Dalmazia è il punctum saliens dove si opera la congiunzione fra l’irredentismo regionale e l’imperialismo nazionale ; ultima terra dell’oppressione, dal punto di vista storico ed etnico, si trasforma nella prima terra dell’espansione dopo il rinnovamento del nostro destino71.
18C’est bel et bien la « question adriatique » qui suscite le plus de conférences, articles, publications. Virginio Gayda, correspondant de La Stampa à Constantinople, Athènes puis Vienne, lui aussi nationaliste, publie en 1915 plusieurs volumes sur l’Autriche-Hongrie et sur la Dalmatie, ses positions l’amenant d’ailleurs à un violent conflit avec la direction du journal neutraliste72. L’historien frioulan Gellio Cassi, dont les études médiévistes justifient l’irrédentisme par l’antiquité des liens entre l’Italie et les terres adriatiques73, publie quant à lui un fort volume chez un autre grand éditeur, le milanais Hoepli. Cassi y revendique « le isole dalmatine con tutta la sponda orientale dell’Adriatico fino alla Narenta », au nom du droit à l’existence et à la liberté de l’Italie, mais en prenant garde à ne pas englober de populations slaves en trop grand nombre74. Citons encore La Dalmazia du plus fameux Giuseppe Prezzolini75. On pourrait multiplier les exemples, le catalogue collectif des bibliothèques italiennes indiquant une cinquantaine de titres comportant le mot « Dalmazia » parus entre 1914 et 1915. Notons donc, pour finir, qu’en plus des journalistes opportunistes et/ou militants, les savants qui vantent une quelconque expertise de l’Adriatique (supra, chap. 5) relancent eux aussi leur production éditoriale sur le sujet, avec des accents irrédentistes désormais assumés. C’est le cas, notamment, des géographes. Deux étudiants du professeur De Stefani, Giotto Dainelli et Antonio Toniolo, publient chacun une monographie sur la Dalmatie76. De même Carlo Maranelli publie-t-il un dictionnaire géographique des Terres Irrédentes qui inclut la Dalmatie77. À l’issue de la Première Guerre mondiale, il est pourtant l’auteur, avec Gaetano Salvemini, d’un ouvrage sur « la question de l’Adriatique », dans lequel il préconise l’abandon de l’essentiel des revendications sur la rive orientale78.
19C’est fort tardivement, cependant, qu’est lancée la campagne de propagande en pleine grandeur. Jusqu’à la première quinzaine de mai, le maintien de la neutralité demeure possible et ce n’est qu’à partir d’avril que le Giornale d’Italia de Sonnino consacre régulièrement sa une à la question adriatique79 ; de même, le Corriere della Sera et le Corriere delle Puglie appellent-ils de plus en plus ouvertement à l’Intervention80. Toutefois, les promesses autrichiennes demeurent si vagues que le 26 avril, Sonnino et Salandra autorisent Guglielmo Imperiali, ambassadeur d’Italie en Grande-Bretagne, à signer le pacte dit « de Londres » avec l’Entente.
20Par cet accord secret, l’Italie s’engage à entrer en guerre dans un délai d’un mois. De son côté, l’Entente promet :
Le Trentin, le Tyrol cisalpin avec sa frontière géographique et naturelle (la frontière du Brenner) ; ainsi que Trieste, les comtés de Gorizia et de Gradisca, toute l’Istrie jusqu’à Quarnero [Kvarner], y compris Volosca [Volosko] et les îles istriennes de Cherso [Cres] Lussin [Losinj], de même que les petites îles de Plavnik, Unie [Unije], Canidole [Vele Srakane], Palazzuoli, San Pietro di Nembi [Sveti Petar], Asinello, Gruica et les îlots voisins [art. IV]81.
21En outre, la Dalmatie serait divisée en trois : le nord autour de Zara et Sebenico, et avec ses îles, à l’Italie ; le sud jusqu’au nord de l’Albanie incluse neutralisé ; le reste à la Croatie, à la Serbie et au Monténégro. C’est notamment le cas de la ville de Fiume (Rijeka) qui ne fait pas partie des revendications italiennes. L’Italie reçoit en outre confirmation de sa souveraineté sur Valona ainsi que le protectorat sur le reste de l’Albanie. En contrepartie, l’Italie accepte de voir l’Albanie éventuellement amputée au profit des alliés balkaniques de l’Entente. Rome se voit également promettre la confirmation de sa souveraineté sur le Dodécanèse et la Libye, une zone d’influence ou d’occupation autour d’Antalya en Anatolie, ainsi que des compensations en Afrique en cas de partage des colonies allemandes. On le voit, le Pacte de Londres est essentiellement la promesse d’un statut de puissance impériale : l’Italie passerait d’un archipel de possessions précaires à un véritable empire territorialisé.
22Bien que l’Italie marche à la guerre, Salandra doit faire face, au parlement, à une majorité neutraliste de libéraux giolittiens, de socialistes et de catholiques. Face à cette impasse, le gouvernement Salandra démissionne le 13 mai 1915. Toutefois, Giolitti juge désormais impossible la poursuite des négociations avec l’Autriche-Hongrie, et refuse de prendre la tête d’un gouvernement neutraliste82. Face à l’absence d’alternative, le roi, favorable à l’Intervention dès l’été 1914, refuse la démission du gouvernement83. Les manifestations interventionnistes dégénèrent en violences pour faire pression sur les institutions, et font basculer le pays dans un climat de guerre civile. Le 20 mai, la Chambre, apeurée par la perspective d’une crise de régime, vote les pleins pouvoirs au gouvernement. Le 24, l’Italie déclare la guerre à l’Autriche-Hongrie.
Notes de bas de page
1 Vigezzi 2016, p. 15-16.
2 DDI 4.12.829, San Giuliano à Imperiali, Avarna, Bollati, Carlotti, Garroni (ambassadeurs à Londres, Vienne, Berlin, Saint-Pétersbourg, Constantinople) Fasciotti, Squitti, De Bosdari, Cucchi Boasso (ministres à Bucarest, Niš, Athènes, Sofia) Ruspoli (chargé d’affaires à Paris) et à De Facendis (consul à Scutari, pour Cetinje), Rome, 1er août 1914 ; Rusconi 2005, p. 16-18. Vigezzi 1966, p. 27 sq.
3 Ungari 2016, p. 93.
4 Vigezzi 1997, p. 51.
5 Position d’ailleurs partagée en août par Frassati, le directeur de La Stampa, qui dès septembre fait toutefois le choix du neutralisme : Romano 1981, p. 596.
6 Jesné 2015a. Sur les premières conversations avec l’Entente, Le Moal 2006, p. 17-27.
7 Le neutralisme est d’abord consensuel, et s’il reste majoritaire il s’effrite politiquement, l’interventionnisme se positionnant comme un idéal national face à une somme d’égoïsmes : Cammarano 2015.
8 Jesné 2015a.
9 La neutralité prive l’extrême-gauche de carburant révolutionnaire, mais l’irrédentisme lui permet de se relancer. C’est à l’automne seulement qu’apparaît un interventionnisme de droite : Frangioni 2015, p. 19-21 ; Vigezzi 1966, p. 542-557.
10 De Nicolò 2015.
11 ASDMAE, APSP, b. 539, fasc. Espulsione del Conte Foscari, n. ris. de la Direzione generale della Pubblica sicurezza au MAE, Rome, 21 septembre 1914.
12 Vigezzi 2016, p. 16-17.
13 G. Mazzini, Politica internazionale, dans La Roma del Popolo, n° 6, 15 avril 1871, cité dans P. Foscari, L’Italia nel momento attuale, dans Gazzetta di Venezia, 16 septembre 1914.
14 Monzali 2004, p. 282-283.
15 Cattaruzza 2007, p. 80.
16 Ibid., p. 80-81.
17 Jesné 2015a.
18 Rusconi 2005, p. 137.
19 Sabbatucci 1970, p. 473 ; Monzali 2004, p. 281.
20 Croce 1891.
21 Le Moal 2006, p. 22-24 et 27.
22 Chaline 2001, p. 487-488.
23 Halpern 2004, p. 1-13.
24 Jesné 2015a, p. 25.
25 Monzali 2004, p. 288-292.
26 Ibid., p. 297-313.
27 Rusconi 2005, p. 124-125.
28 Monzali 2004, p. 283.
29 Même la presse socialiste neutraliste tend à attribuer les crimes du militarisme aux seuls empires centraux : Bertolotti – Fruci 2015, p. 161-164.
30 Mineccia 2016, p. 115-116.
31 Par exemple : G. Emanuel, L’indignazione inglese per gli orrori di Louvain. Racconti di profughi, dans Corriere della Sera, 1er septembre 1914 ; E. De Benedetti, Il mirabile monumento in fiamme, dans La Stampa, 21 septembre 1914. Pour le Corriere delle Puglie, voir Fornari 2012, p. 370 sq. et Moroni 2015, p. 95.
32 Forno 2015.
33 Fornari 2012, p. 39 sq.
34 Sur la légende noire de Giolitti et sa force durable, Compagna 2015.
35 Monzali 2004, p. 292-293.
36 Romano 1981, p. 604.
37 Moroni 2015 ; Romano 1981, p. 591-593.
38 Sur la « bataille interventionniste » menée par Albertini et son équipe, Moroni 2015, p. 103.
39 ASDMAE, CS, b. 4, transcriptions de conversations téléphoniques entre Antonio Albertini, Andrea Torre et Teofilo Valenti, Rome et Milan, 14 et 15 février 1915.
40 Burgwyn 1985, p. 118-121.
41 ASDMAE, CS, b. 3, copie d’une l. d’Ugo Ojetti à Luigi Albertini, s.l., 29 mars 1915.
42 Mannucci 1960, p. 33 et 55.
43 Sur le volontariat garibaldien au service de la France : Cecchinato 2007, p. 280-297.
44 ASDMAE, CS, b. 3, Relazione sul suo viaggio a Parigi e Londra letta dal Generale Ricciotti Garibaldi ai suoi amici il giorno 5 marzo 1915.
45 Le Moal 2006, p. 17-19.
46 Romano 1981, p. 602.
47 Mineccia 2016, p. 123.
48 ASDMAE, CS, b. 3, P. Levi, Vedute italiane per lo svolgimento della situazione internazionale, Rome, 23 novembre 1914.
49 Sommella 2016, p. 191-193.
50 Ibid., p. 191.
51 Schott 1981, p. 36 et 66.
52 Sommella 2016, p. 215-216.
53 Cattaruzza 2007, p. 74-80.
54 Schott 1981, p. 31-35.
55 Riosa 2009, p. 251-252.
56 Sommella 2016, p. 194-202.
57 Le comité yougoslave est fondé à Londres le 30 avril 1915 sous la direction d’Ante Trumbić : Cattaruzza 2007, p. 82.
58 Sommella 2016, p. 198-205.
59 D’Alessandri 2013, p. 62-63.
60 ASDMAE, CS, b. 3, Promemoria sull’Albania per il Ministro degli Esteri di A. Baldacci (gennaio 1915).
61 Jesné 2017.
62 Tamaro 1915a et c, citées dans Sommella 2016, n. 45, p. 208-209. Citons également Tamaro 1915b et d.
63 Azzarita 1914. Sur L. Azzarita, Chi è ? 1928, p. 56.
64 L. Azzarita, Il problema dell’Adriatico, dans Corriere delle Puglie, 22 septembre 1914, cité dans Fornari 2012, p. 375-376.
65 Ratti 1914.
66 ASDMAE, LA, b. 3, l. de Ratti à Aliotti (ministre d’Italie à Durazzo), Florence, 8 novembre 1914.
67 DDI 4.12.130, Aliotti à San Giuliano, Durazzo, 9 juillet 1914.
68 Sulliotti 1914, p. 144-155.
69 Castellini 1915.
70 Merolla 1978.
71 Castellini 1915, p. 64.
72 Canali 1999.
73 Brusin 1960-1961.
74 Cassi 1915, p. 441-442.
75 Prezzolini 1915.
76 Dainelli 1915 ; Toniolo 1914.
77 Maranelli 1915.
78 Maranelli – Salvemini 1918.
79 Jesné 2015a, p. 58-62.
80 Fornari 2012, p. 112 sq. et 402 sq.
81 Toscano 1934, p. 185.
82 Varsori 2015, p. 139-177.
83 Ungari 2016.
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