Présentation
p. 1-8
Texte intégral
1Il était aventuré de vouloir étudier à la fois les anciennes et les nouvelles aristocraties de plusieurs pays européens, car elles ont en effet quasiment toujours été analysées séparément, et en adoptant des démarches et des méthodes de recherche différentes. Aussi, le projet de Didier Lancien de réunir et de confronter des chercheurs travaillant sur les unes et les autres au XIXe et au XXe siècle, principalement en Grande-Bretagne et en France, mais aussi en Italie, Allemagne, Suède, Finlande et Hongrie, était-il à la lois déroutant, novateur et stimulant.
2C’est bien à un dépaysement qu’étaient invités les participants au colloque de Toulouse où se sont retrouvés, du 21 au 24 septembre 1994, historiens menant des recherches sur les anciennes noblesses dans différentes sociétés européennes, et sociologues ou anthropologues souvent plus soucieux de repérer et d’étudier l’émergence ou la constitution de nouvelles aristocraties dans la société contemporaine, par exemple la « noblesse d’État », selon l’expression consacrée de Pierre Bourdieu, ou l’aristocratie des affaires, ici étudiée par Youssef Cassis, que d’analyser les traces, le devenir ou les survivances des anciennes aristocraties.
3Ce sont leurs contributions qui sont ici réunies dans une démarche résolument comparative. Les différents articles tentent de cerner et d’analyser différents groupes ou types d’aristocraties : aristocratie foncière ou terrienne, gentry, aristocratie financière, aristocratie bancaire, aristocratie culturelle, de les comparer, implicitement ou explicitement, d’étudier les pratiques des aristocrates dans différents domaines, les institutions où ils se retrouvent, telles les écoles (public schools, colleges, pensionnats, grandes écoles) où ont parfois été formées des dynasties d’aristocrates, les clubs, les académies, les circuits de sociabilité, les lieux de résidence ainsi que les valeurs et les idéaux ; ils se proposent aussi de saisir à l’œuvre les processus de consécration, de légitimation des différentes aristocraties ainsi que les différentes stratégies de reproduction des groupes et des familles aristocratiques parmi lesquelles la transmission des patrimoines, des châteaux et des manoirs, ou les mariages. Ce livre présente ainsi des études de cas précises à l’échelle régionale, nationale ou européenne, des analyses approfondies et diversifiées, apportant des contributions précieuses et novatrices sur ces différents points, tout en tentant de développer les comparaisons, d’élargir les questionnements et d’ouvrir de nouvelles voies de recherche.
4La confrontation permanente entre différents types d’aristocraties ou entre aristocraties et autres groupes sociaux, notamment la bourgeoisie, et la réflexion sur les anticipations européennes ont sans doute permis d’éviter de s’enfermer dans l’étude des spécificités de chaque noblesse et de jeter les bases d’une étude comparative des différentes aristocraties, dans différents pays, ayant une histoire et des caractéristiques différentes, dans lesquels la noblesse est encore plus ou moins reconnue par l’État, où l’accès y est devenu impossible ou au contraire est encore ouvert (en Angleterre notamment avec les peerages).
5Les considérations et questions introductives qui suivent rappellent quelques-unes seulement des questions transversales, et quelques-uns des apports principaux et des axes de réflexion qui se dégagent des différents articles, issus des contributions présentées à ce colloque et réunis dans ce livre.
UN SOCLE COMMUN AUX ANCIENNES ET NOUVELLES ARISTOCRATIES
6Comment définir la noblesse, l’aristocratie ? En quels termes la définir ? Faut-il d’ailleurs la définir ? Pierre Bourdieu répondait par la négative à cette question, suggérant qu’il s’agissait là d’un « rituel scientifique un peu positiviste » ; il préfère dans sa postface caractériser la noblesse qu’ajouter une nouvelle définition, ce qui pour lui n’avait pas de sens. Il n’est cependant pas toujours possible de rejeter la question. Les historiens qui mènent des recherches sur le XIXe siècle se heurtent par nécessité à la question de savoir qui est noble et qui ne l’est pas, et la question de savoir « Qu’est-ce qu’être noble ? » est au coeur de nombreux travaux récents, rappelle Éric Mension-Rigau.
7Sans doute est-il cependant plus fructueux de s’interroger sur la question des clivages entre nobles et non-nobles ou entre différentes aristocraties et des fondements de ces clivages que sur les définitions. En effet, l’aristocratie et la bourgeoisie sont, selon Robert Anderson, plus des types idéaux que des formations sociales rigides. Au XXe siècle, le clivage entre nobles et nonnobles est, rappelle Raffaele Romanelli, à l’évidence très ambigu, et « le legs d’époques antérieures devient important comme instrument de déchiffrement de nouvelles stratifications ».
8Les noblesses doivent être pensées plutôt en termes de rapports sociaux ou de clivages qu’en termes de substance ou d’essence. C’est ce à quoi nous invite Catherine Bidou-Zachariasen qui étudie dans le roman de Proust un « conflit social » – ou une lutte de légitimité – qui s’est joué au tournant du XIXe et du XXe siècle entre l’ancienne aristocratie qui conservait alors la suprématie sociale même si son pouvoir politique, puis économique, s’était affaibli, et les nouvelles couches bourgeoises à l’assaut de la suprématie sociale, s’appuyant sur la culture détectée par elles comme le point de faiblesse de l’aristocratie, figée dans la croyance en sa supériorité naturelle, demeurée à l’écart de la montée des savoirs et des nouvelles professions. Les aristocraties ou les noblesses, si elles sont préalablement analysées comme des rapports sociaux, ne peuvent être étudiées isolément mais seulement dans leurs relations avec les autres groupes. La proposition n’est pas nouvelle, mais l’analyse est menée de façon particulièrement convaincante dans ce livre.
9Et les rapports sociaux et les clivages eux-mêmes doivent sans doute être repensés pour faire place aux groupes hybrides ou aux « quasi-noblesses », pour reprendre l’expression de Didier Lancien à propos de l’élite du College de Balliol. Les limites tranchées de la dichotomie public/privé doivent elles aussi être reconsidérées, comme y invite Angela Rundquist, qui note qu’apparaît au cours du XXe siècle une ligne de partage plutôt floue. La présentation des dames à la cour de Suède pouvait ainsi être un événement non privé qui appartenait à la sphère publique, mais, dans le même temps, était une sorte d’affaire interne, presque secrète, quasi privée, de la couche supérieure de la société.
10Existe-t-il un noyau dur commun aux anciennes et aux nouvelles aristocraties ? Le socle partagé par les anciennes aristocraties a été beaucoup plus souvent identifié que celui qui serait le lot des nouvelles aristocraties.
11Ce qui soude ou a soudé la noblesse dépend des sociétés et du type de noblesse. En Angleterre, le maintien du monopole de la terre pendant plusieurs siècles par les aristocrates, même lorsque l’économie était industrialisée, constitue un trait particulièrement fort de l’histoire des aristocraties, souligne Barbara English à partir d’une étude du Great Landowners de Bateman. Sur 576 porteurs de titres en 1880 en Grande-Bretagne, 330 sont des aristocrates ayant des terres. Dans le cas des noblesses allemandes, ce pouvait être la possession de domaines fonciers, des liens étroits avec l’Église, des facteurs culturels (au premier rang desquels l’éducation), un point de vue conservateur et, dès les années 1890, nationaliste selon Christof Dipper. Tout cela fusionnait jusqu’en 1918 dans un monarchisme, les monarques étant les garants de la conscience de la race et de la continuité de l’existence des nobles.
12Ce pouvait être aussi le style de vie et le développement d’une sociabilité particulièrement élevée ainsi que des valeurs, des idéaux de devoir, de sacrifice mais aussi le sentiment, parfois la conviction, sinon de supériorité, au moins d’être à part et différent des autres qui constituaient les signes forts de l’appartenance aux aristocraties.
13Le capital symbolique est peut-être au fondement de ce noyau dur qui serait commun aux différentes aristocraties, en particulier aux anciennes ; il y est dominant mais non exclusif. Les héritages et les ressources sont en effet à la fois immatériels et matériels. Ce capital symbolique maintient la distance avec les roturiers d’élite et fonde le pouvoir social de la noblesse, rappelait Christophe Charle dans un précédent colloque sur les noblesses européennes ; il sert en effet de point de référence dans l’espace des styles de vie et contribue à conserver à l’ancienne noblesse son pouvoir indirect de domination sur les autres fractions qui cherchent une légitimité sociale par imitation (Charle 1988).
14Ce capital symbolique est à base cognitive, précise Bourdieu de façon particulièrement claire dans la Postface, c’est-à-dire qu’il « repose sur la connaissance qui n’est pas une connaissance intellectuelle, mais une maîtrise pratique, un sens pratique » ; ce capital symbolique est « très labile, fragile, vulnérable ». « C’est de l’honneur, du rang, de la différence qui existe pour quelqu’un qui est capable de faire des différences, de voir du premier coup d’œil la différence entre trois rangs et quatre rangs de perles. » Bourdieu se référait alors à la contribution d’Angela Rundquist qui analyse le rituel de présentation des dames, jeunes et plus âgées, à la cour de Suède où elles venaient faire une profonde révérence aux dames de la famille royale afin d’être ainsi connues et reconnues. Étudiant les transformations de ce rituel pendant un siècle et demi, jusqu’à sa fin en 1962, elle souligne ainsi la prégnance de la dimension symbolique dans la société aristocratique ; rangs, honneurs, statuts sont les manifestations du capital symbolique que les dames de la cour avaient et qu’elles faisaient valoir aux yeux de la société. Ce capital symbolique est en effet un capital relationnel qui existe par la connaissance et la reconnaissance (Elias 1985). En ce sens, la notion concerne aussi les nouvelles aristocraties, et la dimension symbolique est incontestablement importante dans leur cas si l’on en juge par exemple par l’intérêt qu’elles portent aux actions de mécénat.
15Cependant, étant donné le poids croissant des mécanismes de marché, des diplômes, de l’activité professionnelle, de la fortune économique, de l’insertion dans des réseaux et de l’aptitude à les gérer, dans la sélection et la légitimation de ces nouvelles aristocraties, il n’est pas sûr que le capital symbolique de connaissance et de reconnaissance constitue pour elles le fonds commun fédérateur. Ne faudrait-il pas prendre en compte le style de vie, la mobilité, ou l’accumulation de biens de mobilité pour reprendre l’expression de Victor Karady, l’insertion dans des réseaux de privilégiés et d’une certaine façon le capital social ou une alliance de ces différentes composantes sans oublier la connaissance et la reconnaissance ? De nouvelles recherches sont ici à mener.
STRATÉGIES DE REPRODUCTION ET APPARTENANCES CONTRADICTOIRES
16La notion de stratégie de reproduction est souvent questionnée ; dans le cas des aristocraties, anciennes et nouvelles, elle paraît cependant particulièrement féconde, à condition de ne pas la réduire aux stratégies fermées et orientées exclusivement vers un seul objectif et de ne pas la penser comme figée, ni comme irénique.
17L’aristocratie piémontaise, étudiée par Anthony Cardoza, un des groupes nobles les plus titrés et prééminents en Italie au XIXe siècle, constitue l’un des cas où les stratégies sont de fait pour une large part orientées vers la reproduction des positions établies ; elle contrôle les stratégies matrimoniales, fait preuve d’une forte capacité de résistance à la fusion avec la bourgeoisie et surtout d’une forte cohésion. Entre conservatisme et innovation, elle perpétue les traditions et y est fortement attachée. Cependant, après la guerre de 1914-1918, les fortunes diminuent, leur composition se transforme, le passage par l’université devient de plus en plus fréquent et une fraction de cette aristocratie tente des reconversions et se trouve entre adaptation et compromis.
18Quels sont les signes de la rigidité ou au contraire de la transformation ? La reproduction peut en effet être transformatrice, comme l’analyse Maria Malatesta dans le cas du recours aux organisations agraires en France, Allemagne, Grande-Bretagne et Italie par les grands propriétaires nobles entre le milieu du XIXe siècle et la guerre de 1914. Percevant que des rapports nouveaux la défavorisant s’étaient noués entre le monde politique et le monde économique, une fraction de l’aristocratie foncière fut incitée à se moderniser, à un moment où les clubs agronomes à l’ancienne qui favorisaient la sociabilité ne pouvaient assurer la défense des intérêts agricoles ; elle participa à la création d’une nouvelle forme d’agrégation collective basée sur la défense des intérêts agricoles, ce qui peut être considéré comme une stratégie collective de reproduction transformatrice vouée à préserver le capital social, politique et économique dont l’existence était menacée par l’affirmation de la société industrielle, mais aussi à favoriser la modernisation et la professionnalisation. L’aristocratie foncière, ou au moins une large fraction de cette aristocratie, se transforma ainsi en une élite relativement ouverte.
19Dans le cas de la Hongrie avant 1919, analysé par Victor Karady, alors que les anciennes élites nobiliaires mettent en oeuvre des stratégies de reproduction peu élargie, avec peu d’investissements nouveaux mais beaucoup d’efforts pour le maintien et l’affirmation du statut symbolique atteint, les nouvelles couches (bourgeoisie et professions intellectuelles), en particulier les Juifs, accumulent des biens de mobilité et s’engagent dans une course à l’ascension par de nombreux moyens, économiques, intellectuels, politiques et scolaires. La dualité des élites modernisatrices en Europe centrale, et plus particulièrement en Hongrie, ne repose pas sur « la simple opposition entre noblesse et bourgeoisie et intelligentsia capitalistes, voire entre Juifs et chrétiens, mais sur deux cultures d’élite, typiques de la gentry d’une part, de la bourgeoisie et des nouvelles couches montantes d’autre part », qui représentent deux modes de vie et surtout deux types opposés de rapport à la reproduction sociale.
20Les stratégies de reconversion des ressources sociales ou symboliques des aristocrates anciens ou nouveaux en ressources économiques et professionnelles ne sont pas orientées vers une seule fin, et peuvent être analysées comme des stratégies particulièrement ouvertes ; elles sont l’occasion de faire apparaître les tensions, les contradictions, dans lesquelles les aristocrates se trouvent pris, les compromis qu’ils acceptent ou qu’ils refusent, les chances qu’ils ont de reproduire, avec plus ou moins de transformations, la position qu’ils occupent, de l’améliorer ou au contraire de se déclasser1. Les aristocrates parviennent-ils en mettant en oeuvre des stratégies de reconversion à maintenir leur capital symbolique ou leur capital social, ou ce capital se trouve-t-il en quelque sorte dilué au cours de ces mouvements ? La question est encore à étudier.
21Le risque est toujours grand de réifier ou de substantifier la noblesse et les nobles. L’observation des tensions ou des tiraillements entre appartenances difficilement conciliables et parfois contradictoires dans lesquels sont pris les aristocrates interdit de fait la vision essentialiste qui tend à les parer d’attributs, de vertus et de défauts qui leur seraient inhérents. Plusieurs articles examinent et analysent ces tensions.
22En Finlande, note Anna-Maria Aström, les familles des propriétaires des manoirs de la province de Savo, auparavant orientées vers le maintien de leurs demeures et prêtes à consentir d’importants sacrifices pour cela, sont aujourd’hui tiraillées ou même prises dans un conflit entre le code culturel d’une élite à orientation internationale dont les lieux d’intérêt sont en dehors de la province et le code culturel plus traditionnel plaçant aux premières places l’honneur, le rang et l’éducation.
23Winston Churchill, dont le cas a intéressé de nombreux historiens, parmi lesquels David Cannadine, et est analysé ici par Roland Quinault, incarne particulièrement bien la conjugaison et surtout la tension entre appartenances nobiliaires et appartenances démocratiques et égalitaristes. Il apparaît en effet particulièrement difficile dans son cas de catégoriser les actions d’un individu seulement par son origine ou par sa classe d’appartenance. Sa confiance en lui, son appétit d’aventure et de réputation, sa fascination pour la politique et la guerre, son sens de la famille et du destin peuvent être lus comme des traits aristocratiques mais les éléments démocratiques ne doivent pas être négligés. Winston Churchill croyait en sa destinée mais il l’a accomplie, souligne Quinault, par ses efforts et ses aptitudes.
24La conjugaison d’appartenances contradictoires, nationale et européenne est vécue comme l’une des marques distinctives de la noblesse, rappelle Claude-Isabelle Brelot. À la fin du XIXe siècle, la noblesse apparaît tiraillée entre deux cultures : une culture nationale et une culture européenne ; selon les conjonctures, les solidarités nationales l’emportent, le patriotisme se développe par exemple avec la Première Guerre mondiale ou au contraire les solidarités européennes et le cosmopolitisme.
DES ARISTOCRATIES COSMOPOLITES
25« Considérer le phénomène nobiliaire dans son extension européenne constitue un bon remède contre la myopie de conceptions trop enracinées dans le terroir français », rappelle Robert Descimon dans son introduction au numéro spécial de la Revue d’histoire moderne et contemporaine sur « Les noblesses à l’époque moderne » (Descimon 1999). C’est également vrai pour l’époque contemporaine où l’histoire sociale des noblesses a le plus souvent été conduite dans le cadre national.
26Si l’on cherche à répondre à la question du degré d’européanisation des aristocraties ou à la question du déclin ou du maintien des anciennes noblesses, le point de référence est important. En effet, tous les faits ne vont jamais dans le même sens, rappelle Francis M. L. Thompson ; le déclin des anciennes noblesses peut se ralentir. Et tout dépend à quelle aune on le mesure ; ainsi d’un point de vue britannique, les membres restants de l’aristocratie foncière sont, à la fin du XXe siècle, beaucoup moins riches, puissants et influents que leurs ancêtres, et pourtant dans un contexte européen, par rapport aux aristocraties allemande ou russe qui ont été expropriées, et ruinées, leur histoire peut être écrite comme celle d’un succès, explique Thompson, pour qui seules les aristocraties françaises peuvent rivaliser avec les aristocraties anglaises.
27Le champ historiographique ne doit pas être organisé seulement autour des notions de région et de nation ; il doit l’être autour de celle de cosmopolitisme, souligne Claude-Isabelle Brelot. Le cosmopolitisme que Marcel Mauss définissait par opposition à l’internationalisme, et en dehors de l’opposition entre national et non national, est sans aucun doute un trait d’une fraction importante des anciennes et des nouvelles aristocraties qui tendent parfois à se considérer comme les maîtres du monde et vivent plus ou moins indifféremment dans tous les pays. Dans le cas de la noblesse, il est fondé sur une conception clanique bien plus que sur l’universalité des droits de l’homme. La haute noblesse n’avait, d’ailleurs, pas le monopole du cosmopolitisme, et l’esprit cosmopolite a pu dans certaines conjonctures se diffuser dans la bonne noblesse provinciale. Ainsi, le mode de vie et les goûts de la noblesse béarnaise se sont aristocratisés au contact des Anglais dans la seconde moitié du XIXe siècle lorsque ceux-ci multipliaient les châteaux suburbains autour de Pau et propageaient la mode de la chasse au renard. En revanche, la noblesse provinciale, largement représentée dans l’Association pour l’entraide de la noblesse française (ANF), n’avait au moment de la création de cette association dans les années 1930, qu’une conscience européenne très faible, comme le soulignent Éric Mension-Rigau et Bruno Dumons. Les aristocraties, anciennes et nouvelles, pourraient bien d’ailleurs être plus souvent cosmopolites ou transnationales qu’européennes ou internationales.
28Ce sont là quelques-unes des problématiques abordées, des questions transversales et des voies de recherche qui s’esquissent dans cet ouvrage dont l’organisation suit un plan simple, respectant le découpage par grandes périodes historiques.
29Après avoir établi dans une première partie un état des lieux et des recherches menées sur les noblesses au XXe siècle en Angleterre, Italie, Allemagne et France, le livre se concentre en effet successivement sur les anciennes et les nouvelles aristocraties avant 1914, puis sur les noblesses duXXe siècle, et dans une dernière partie étudie différentes formes de nouvelles ou d’anciennes aristocraties reconverties, en relation notamment avec les bourgeoisies.
Bibliographie
Des DOI sont automatiquement ajoutés aux références bibliographiques par Bilbo, l’outil d’annotation bibliographique d’OpenEdition. Ces références bibliographiques peuvent être téléchargées dans les formats APA, Chicago et MLA.
Format
- APA
- Chicago
- MLA
BIBLIOGRAPHIE
10.4000/books.pul.17281 :Brelot, Claude-Isabelle, 2000, « Introduction. Conflits et déclassements : la légitimité de l’histoire des élites en question », Cahiers d’histoire, 45 (4) : 497-506.
Charle, Christophe, 1988, « Noblesse et élites en France au début du XXe siècle », in Les noblesses européennes au XIXe siècle, Universita di Milano, Ecole française de Rome : 432.
10.3406/rhmc.1999.1945 :Descimon, Robert, 1999, « Chercher de nouvelles voies pour interpréter les phénomènes nobiliaires dans la France moderne ? La noblesse, “essence” ou rapport social ? » Revue d’histoire moderne et contemporaine, 46 (1), janv.-mars : 5-21.
Elias, Norbert, 1985, La société de cour, Préface de Roger Chartier, traduit de l’allemand par P. Kamnitzer, Paris, Flammarion.
Ploquin-Claret, Nathalie, 2005, Elites nobiliaires et mobililé descendante (France, 1800-1914) : étude des demandes de secours, thèse pour le doctorat d’histoire, université de Lyon-II.
Notes de bas de page
1 Les travaux ont plus souvent porté sur les familles ou les personnes les plus illustres, les plus connues, les plus visibles ou qui ont le mieux réussi leur adaptation à la société actuelle que sur les déclassés, les marginaux ou les membres des petites noblesses provinciales. Si la question du déclin des anciennes noblesses est omniprésente, les perdants, et les déclassés sont relativement peu étudiés (Ploquin-Claret 2005). Cette étude des formes et des modes de déclassement et des déclassés est inséparable non seulement d’une sociologie des reconversions plus ou moins inachevées mais aussi d’une sociologie des occasions de conflits et des différends, disputes et conflits eux mêmes qui est presque entièrement à faire en ce qui concerne les aristocrates (Brelot 2000).
Auteur
Centre d’étude des mouvements sociaux, École des hautes études en sciences sociales, Paris
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
L'Europe qui se fait
Regards croisés sur un parcours inachevé
Gérard Boismenu et Isabelle Petit (dir.)
2008
Diffusion des sports et impérialisme anglo-saxon
De l'histoire événementielle à l'anthropologie
Sébastien Darbon
2008
De l'un au multiple
Traduction du chinois vers les langues européennes. Translation from Chinese into European Languages
Viviane Alleton et Michael Lackner (dir.)
1999
Adam et l'Astragale
Essais d'anthropologie et d'histoire sur les limites de l'humain
Gil Bartholeyns, Pierre-Olivier Dittmar, Thomas Golsenne et al. (dir.)
2009