Chapitre 14. Ethnicité et régulation sociale des désordres urbains : entre subjectivation et désubjectivation
p. 225-237
Texte intégral
Introduction
1Le champ de l’intervention sociale est aujourd’hui en France particulièrement travaillé par des logiques d’ethnicisation et de racisation. Comme l’ont si bien décrit plusieurs analystes, notamment Éric Maurin1 et Didier Lapeyronnie2, de nos jours, à côté des « ghettos de riches », il existe des « ghettos urbains » de pauvres qui se caractérisent notamment par « la concentration dans certaines zones urbaines de populations défavorisées, victimes d’une forte ségrégation et de discriminations raciales, populations qui ont fini par développer des modes de vie et une organisation spécifiques. […] Le ghetto suppose une ségrégation forcée et non choisie, imposée et non élective. Les habitants y vivent contraints, ne pouvant aller ailleurs tout en aspirant au départ3 ». Même si certains analystes réfutent l’idée selon laquelle, en comparaison des inner cities américaines, les cités périphériques populaires françaises puissent être associées à des « ghettos4 » en raison du fait qu’elles ne subiraient pas de double stigmatisation spatiale et raciale, il semble pourtant, si l’on s’en tient simplement à la définition socio-historique du ghetto établie par Pierre Merlin5, que plusieurs quartiers que nous avons particulièrement étudiés en possèdent bien les quatre caractéristiques essentielles. Il s’agit d’un espace urbain imposé par le pouvoir à une catégorie de population, un lieu ethniquement homogène, stigmatisé de l’extérieur et au sein duquel il existe la constitution d’une microsociété interne.
2Dans cette nouvelle configuration, celle de l’ethnicisation des rapports sociaux dans de nombreux quartiers populaires en voie de « ghettoïsation » socio-ethnique, dans un cadre de recomposition et de complexification du contrôle social au sein des quartiers populaires6, nous assistons à un processus d’ethnicisation et de racisation de l’intervention sociale. Nous entendons par ethnicisation et racisation des rapports sociaux l’établissement des relations sociales non pas d’abord en fonction d’une appartenance à une « communauté politique » et citoyenne (nation), mais prioritairement en référence, d’une part, à des « identités ethniques » spécifiques définies en termes socioculturels (culture, religion, langue, territoire, histoire commune, mode de vie) et, d’autre part, à des « identités raciales » basées sur des critères biologiques et phénotypiques.
3Cette ethnicisation/racisation de l’intervention sociale signifie que les intervenants sociaux, en particulier les « médiateurs sociaux », quelquefois appelés « grands frères7 », ne sont pas considérés comme des professionnels chargés de participer au développement du progrès social mais sont avant tout mobilisés comme des agents au service du maintien de la cohésion sociale et de l’égalité des chances – en fait, un euphémisme pour désigner une autre réalité : la contention sociale.
L’ethnicisation de la médiation sociale
4En France, depuis plus de deux décennies, l’ethnicisation des modes d’intervention sociale est largement développée dans le secteur de la médiation sociale municipale et paramunicipale. En effet, les pouvoirs publics locaux recrutent massivement des médiateurs sociaux précaires à partir de critères principalement ethniques (Noirs, Arabes) et territoriaux (habiter un quartier sensible) et reconnaissent des « promoteurs de morale » religieux et ethnoculturels. Nous avons ainsi pu rencontrer des médiateurs ethnicisés intervenant auprès de familles également catégorisées d’un point de vue ethnique. Concrètement, les médiateurs travaillent dans des services municipaux où la division du travail s’effectue en fonction de l’origine ethnoculturelle, voire raciale des médiateurs : « J’ai des adultes relais qui s’occupent des relations avec les écoles, une Maghrébine, une Turque et un Afrique noire8. »
5Dans la pratique, les médiateurs d’origine maghrébine interviennent quasi uniquement avec des familles immigrées de culture arabo-musulmane, les médiateurs originaires d’Afrique noire avec les « familles noires », une médiatrice « blanche » intervient surtout auprès des habitants « franco-français », d’ailleurs décrits comme des « cas sociaux » particulièrement paupérisés et difficiles à gérer (alcoolisme, violences, mauvaise hygiène de vie…). Par ailleurs, il n’est pas exceptionnel que les médiateurs interviennent également en faisant prévaloir leur croyance religieuse. Un responsable d’un service municipal de médiation-prévention-sécurité nous a ainsi indiqué que l’ensemble des agents locaux de médiation sociale (ALMS) recrutés sous sa responsabilité grâce à des dispositifs d’emplois aidés par les pouvoirs publics étaient tous croyants et pratiquants, qu’ils soient catholiques, protestants/évangéliques ou musulmans, et le revendiquaient comme un atout professionnel.
6Dans un contexte de fragmentation sociale et culturelle9, les acteurs communautaires et religieux apparaissent donc pour certains responsables politiques locaux et nationaux comme des personnes et des groupes capables de pallier le déficit d’« intégration républicaine10 », entendue comme un processus devant assurer la cohésion sociale par la participation active de l’ensemble des personnes et des citoyens vivant sur le sol national à la coproduction de la société française. Ces acteurs sont alors appelés à ramener un peu d’« ordre moral » et à réinjecter du contrôle social holiste dans des espaces perçus comme en voie de « décivilisation » ou, plus exactement, comme des territoires presque perdus pour la « République ». Il s’agit de trouver, voire de faire émerger des figures d’autorité charismatiques et traditionnelles venant compléter, parfois même dans certains cas venant supplanter les acteurs publics et associatifs laïques dont le travail classique de socialisation peine à opérer en milieu ségrégué.
7Ainsi, alors que la collaboration entre les médiateurs sociaux municipaux et les « leaders communautaires » est généralement présentée comme une démarche pluraliste et progressiste, dans les faits, elle a aussi une autre fonction : asseoir la paix sociale en collaborant avec des promoteurs de morale capables d’opérer un fort contrôle social sur les jeunes et les familles immigrés, d’origine étrangère ou considérés comme tels.
L’institutionnalisation des « pacificateurs indigènes »
8Au sein de quartiers populaires paupérisés, socialement et ethniquement ségrégués, souvent au nom d’une politique d’insertion et de lutte contre les discriminations, nous constatons donc l’émergence de forces de l’ordre et d’agents d’encadrement des « nouvelles classes dangereuses11 » issus de ces mêmes milieux. De jeunes « pacificateurs indigènes » sont, en effet, chargés de neutraliser leurs pairs. Ce sont des médiateurs et des régulateurs sociaux « indigènes », autrement dit des intervenants choisis parce qu’ils résident dans un quartier populaire et interagissent quotidiennement avec les jeunes de la cité. Ces acteurs sociaux sont, en réalité, généralement sélectionnés pour leur présupposée bonne connaissance des codes, des rites et des cultures des « jeunes de banlieue »12 ainsi que pour leur capital social, ethnoculturel, voire mélanique. Effectivement, dans le cas des « quartiers ghettos », être jeune, Noir ou Arabe est, paradoxalement, un atout pour accéder à un emploi d’intervenant social dans le champ de la « médiation-sécurité »13. Dans cette perspective, les « agents d’ambiance » ou les « médiateurs sociaux » recrutés dans les transports publics, le logement social ou l’intervention sociale de proximité le sont souvent en raison de leur assignation territoriale, sociale et ethnique. En outre, ces intervenants sociaux sont recrutés pour leur capacité à incarner des « figures d’exemplarité ».
9En fait, si les acteurs politiques, éducatifs et sociaux « extérieurs » au quartier plébiscitent autant les intervenants sociaux de « l’intérieur », c’est bien parce qu’ils supposent que, grâce à des compétences personnelles, relationnelles, culturelles, religieuses, phénotypiques, voire physiques singulières, ceux-ci seront plus opérationnels que d’autres acteurs sociaux pour pacifier les « jeunes de rue » et les empêcher de nuire. Les « pacificateurs indigènes » représentent des acteurs centraux de la régulation sociale locale en ce sens que, contrairement à d’autres intervenants sociaux professionnels mais extérieurs aux quartiers populaires, ils gardent une réelle capacité d’action sur les « jeunes turbulents », notamment en raison de leur surengagement personnel. En effet, en affirmant toujours leur appartenance au « monde des banlieues populaires », en développant, pour certains, une posture de « combattant » extrêmement critique à l’encontre des classes dirigeantes, des acteurs politico-institutionnels et de la police, aux yeux des « jeunes turbulents »14, ces médiateurs sociaux, bien qu’ils mettent en œuvre des actions de socialisation et de pacification, continuent de représenter des « gars » et des « filles de quartier ».
10En tant que « gars de quartier », alors qu’ils sont considérés comme trop insaisissables et potentiellement subversifs par les acteurs politico-institutionnels en charge du maintien de l’ordre et de la tranquillité publics, ces intervenants sociaux sont plébiscités pour participer activement à la pacification sociale et à l’inhibition des violences juvéniles, justement par le truchement de leur proximité avec les « jeunes de cité » incarnant des figures de peur et de désordre. D’ailleurs, la plupart du temps, ces jeunes « pacificateurs indigènes » ultraresponsabilisés ont intériorisé le fait de représenter, avant tout, des « figures d’exemplarité » pour coproduire la sécurité au sein des espaces urbains ghettoïsés. Ces acteurs ont, en effet, conscience d’être désormais indispensables pour réguler, « hors les murs », les jeunes et les familles « les plus rebelles » qui ne sont pas accompagnés, voire approchés par les travailleurs sociaux classiques15.
Les épreuves des intervenants sociaux de l’« intérieur »
11Cependant, cette proximité, voire cette fusion avec les « gars de quartier » qui fait la force des « pacificateurs indigènes » pour interagir avec les « jeunes turbulents » des quartiers impopulaires, est également la source de nombreuses épreuves vécues par la plupart de ces intervenants sociaux. Dans la pratique, bien que ces pacificateurs soient intimement convaincus qu’ils représentent des « faiseurs de bien », qu’ils condamnent moralement les jeunes et leurs parents qui ont fait le choix de la délinquance et de la violence pour « sortir de la galère », qu’ils acceptent de jouer le jeu de la régulation plutôt que celui de la rébellion, qu’ils préfèrent promouvoir le dialogue entre les jeunes et les forces de l’ordre plutôt que de favoriser des confrontations, ils restent, néanmoins, assimilés à de jeunes trublions, potentiellement violents, voire délinquants et traités de la sorte, notamment par certains travailleurs sociaux et policiers.
12En effet, alors qu’en échange de leur collaboration à l’évitement des désordres, qui peut parfois se révéler dangereuse16, ils attendent un minimum de reconnaissance pour leur travail de médiation, d’animation, d’éducation et de régulation, notamment de la part des acteurs socioculturels professionnels de l’extérieur et des responsables politiques locaux, sur le terrain, non seulement ces médiateurs ne sont pas reconnus comme des intervenants sociaux à part entière, voire sont suspectés de camoufler des activités illégales, mais encore sont également, à part quelques exceptions lorsqu’ils servent d’indicateurs, régulièrement victimes de mauvais traitements et d’abus de pouvoir de la part de « flics de rue » qui nient leur fonction de régulateur et les stigmatisent à l’instar des autres jeunes de la cité. Ces jeunes pacificateurs sont alors bien souvent solidaires de la grande majorité des « gars de quartier » discriminés, méprisés et humiliés pour dénoncer les forces de police17 présentes dans les cités, avant tout considérées comme une « armée d’occupation » provocatrice, agressive et, paradoxalement, fautrice de troubles.
13Ces médiateurs sociaux vivent donc un processus d’injonction paradoxale générateur de souffrance, de désubjectivation et de mépris de soi, qu’ils soient maintenus dans des situations d’emplois précaires, comme c’est le cas pour les jeunes médiateurs et animateurs18 de « l’intérieur », ou qu’ils soient instrumentalisés en raison d’une présupposée autorité « naturelle » ou « communautaire », comme c’est le cas pour les « leaders communautaires ». Or, contrairement à certains « jeunes turbulents » qui se rebellent et s’enragent quelquefois violemment face aux injustices et au déni de subjectivité dont ils se sentent victimes (Michel Wieviorka parlerait d’« anti-sujet19 » ou de « sujets flottants20 »), la violence symbolique dont font l’objet les « pacificateurs indigènes » les empêche de se rebeller totalement puisque, malgré les épreuves et les humiliations, ces « régulateurs de violence » violentés aspirent néanmoins toujours à être récompensés pour leur participation à la pacification sociale. Pour « sauver leur peau », ils se comportent donc comme des « non-sujets21 » dans le sens où ils acceptent de jouer d’abord le rôle qu’on leur assigne : faire respecter la loi et l’ordre.
14Néanmoins, même si, contrairement à certains « jeunes turbulents », il est effectivement peu probable que ces acteurs se révoltent violemment pour faire face aux épreuves de désubjectivation qui les écrasent, nous avons pu constater que certains pacificateurs, grâce notamment à la préservation d’un important sens critique, résistent aux logiques de domination (économiques, communautaires, politiques…) et envisagent, voire menacent de se désengager de leur fonction de pacification pour se construire comme des individus singuliers, capables de faire des choix et ainsi de produire une existence politique.
15Nous avons constaté, en effet, que des intervenants sociaux du « front office » réussissent à s’opposer aux logiques de responsabilisation, de culpabilisation et de désubjectivation promues par les pouvoirs publics locaux en refusant, notamment, de considérer prioritairement des causes psychologiques, culturelles, voire « ethno-raciales » (la fameuse « culture de la pauvreté ») pour expliquer les difficultés de certains individus et de certaines familles des classes populaires22. Ces mêmes acteurs contrecarrent alors les logiques de « moralisation punitive » en façonnant des interactions singulières basées sur des relations sociales de respect, de reconnaissance réciproque, de contre-stigmatisation favorables au développement de la subjectivation (rapport de soi à soi), de l’esprit critique et de l’émancipation des personnes, améliorant ainsi les rapports sociaux. En effet, pour contrebalancer la violence produite par la mobilisation politico-institutionnelle « hyper-responsabilisatrice » enjoignant aux personnes et aux groupes en situation de vulnérabilité de participer à leur autocontrôle, des « pacificateurs indigènes » développent des modalités d’intervention et d’interrelation spécifiques basées non pas sur l’instauration d’un rapport social de domination cherchant à imposer des comportements normatifs, mais plutôt structurées à partir d’une reconnaissance réciproque d’« individus-sujets ». Dans cette optique, ces acteurs sociaux cherchent à occuper une posture d’autorité (basée sur la reconnaissance des acteurs avec lesquels ils tissent des liens) plutôt qu’une position de pouvoir autoritaire et stigmatisante. En fait, à partir de leurs expériences propres, ces acteurs ont compris que la gestion autoritaire de rapports sociaux de domination était contre-productive et génératrice de phénomènes de violence, d’abord pour les populations visées par les logiques de responsabilisation individuelle mais également pour les acteurs sociaux chargés de mettre en œuvre ces dispositifs, notamment lorsque des personnes se révoltent. L’orientation et les convictions professionnelles de ces acteurs sociaux montrent qu’il est donc toujours possible, malgré la forte expansion des logiques sécuritaires au détriment des logiques émancipatrices, de dissocier la médiation sociale dans les quartiers ghettoïsés d’actions de pacification, d’inhibition des phénomènes de délinquance et de gestion des turbulences urbaines. Pour pallier ce risque de désengagement et de repolitisation de certains « éducateurs » indigènes, notamment assuré par leur professionnalisation, leur « sortie du ghetto23 » et/ou leur implication dans un mouvement social, culturel et politique, les promoteurs de la « police des villes24 » doivent alors sans cesse veiller à faire émerger de nouvelles « figures de pacification » pour qu’elles contribuent au maintien de l’ordre local.
Conclusion
16En définitive, favoriser l’utilisation des ressources pacificatrices des intervenants sociaux d’origine étrangère consiste d’abord à instrumentaliser la « différence culturelle » pour, avant tout, servir la contention des classes populaires ethnicisées. Tous ces « pacificateurs indigènes » ne représentent finalement que des « supplétifs25 » ethnifiés. Autrement dit, l’ethnicité26 de ces acteurs hétéro-racisés et essentialisés est principalement utilisée par les pouvoirs en charge de la pacification sociale pour servir des logiques de maintien de l’ordre plutôt que des logiques de conflictualisation et d’émancipation27. Or, cette « catégorisation ethnique » des intervenants sociaux d’« origine étrangère » favorise la production d’un cercle vicieux : pour légitimer leur utilité et opérer une contre-stigmatisation, les acteurs sociaux ethnifiés peuvent être contraints de mobiliser des caractéristiques « communautaires », voire « raciales », renforçant ainsi la constitution de « frontières ethnoculturelles ». Pour éviter l’essentialisation et l’ethnification des acteurs sociaux d’origine étrangère ou considérés comme tels, on peut en effet considérer que la reconnaissance de leur « différence culturelle » est une ressource uniquement lorsqu’elle peut s’articuler, d’un côté, avec l’affirmation d’une certaine distanciation/subjectivation, et de l’autre, avec l’appropriation de valeurs universelles et professionnelles transmises, notamment, par la qualification, gage de l’autonomie des intervenants sociaux28. Or, la plupart du temps, nous observons que la « différence culturelle » n’est pas encore reconnue comme étant une dimension importante de l’intervention sociale contemporaine parmi d’autres compétences professionnelles et techniques (connaissance, rigueur, efficacité, responsabilité, créativité…), mais est essentiellement instrumentalisée pour servir le maintien de l’ordre. Par conséquent, lorsqu’il s’agit d’une hétéroracisation, nous pensons que la dimension ethnique ne devrait pas être prise en considération dans l’embauche d’intervenants sociaux, notamment de médiateurs de quartier. En effet, elle sert d’abord une double logique : celle du précariat (précarité permanente qui ne fournit plus les conditions de base à l’autonomie des travailleurs) et de la pacification sociale. En fait, contrairement à ce qu’affirment des promoteurs de la « diversité29 », lorsque la « compétence ethnique » remplace la qualification, cette logique participe à la racisation et à l’essentialisation des individus plutôt qu’à leur promotion. En revanche, de façon volontariste, les principaux acteurs du champ social (employeurs, syndicats de salariés, associations professionnelles, pouvoirs publics, organismes de formation) peuvent rompre avec cette logique d’ethnicisation en affirmant un projet de professionnalisation pour tous les intervenants sociaux. Dès lors, nous pensons qu’il s’agit de s’organiser pour permettre à l’ensemble des intervenants sociaux de se qualifier et de se construire comme des acteurs sociaux professionnels agissant à partir de références déontologiques30 plutôt qu’ethnoraciales pour développer le lien social.

Bibliographie
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10.3917/dec.wievi.1997.01 :Notes de bas de page
1 Voir Éric Maurin, Le ghetto français. Enquête sur le séparatisme social, Paris, Seuil, 2004.
2 Didier Lapeyronnie, Ghetto urbain. Ségrégation, violence, pauvreté en France aujourd’hui, Paris, R. Laffont, 2008.
3 Ibid., p. 12.
4 Le mot « ghetto » est italien (d’origine hébraïque) et était utilisé pour désigner les quartiers où les juifs étaient tenus de résider et qui étaient clos la nuit. Le terme a ensuite été employé aux États-Unis à propos des quartiers juifs, puis italiens et noirs.
5 Voir Pierre Merlin, Les banlieues des villes françaises, Paris, La Documentation française, 1998, p. 179.
6 Manuel Boucher, « Turbulences, contrôle et régulation sociale. Des modèles sécuritaires et démocratiques dans des quartiers impopulaires », Déviance et Société, vol. 27, no 2, 2003, p. 161-182.
7 À partir des années 1980, la politique des « grands frères » consiste à faire émerger dans les quartiers populaires des jeunes « figures d’exemplarité » issus de ces mêmes quartiers, ethnicisés et précarisés et devant assumer une mission de moralisation et de pacification sociale. Voir Pascal Duret, Anthropologie de la fraternité dans les cités, Paris, Presses universitaires de France, 1996 ; Guillemette Faure, « La politique des grands frères que dénonce Dati, c’était quoi ? », Rue 89, le 7 juin 2008, disponible sur <http://rue89.nouvelobs.com/-53236>.
8 Entretien avec un responsable d’un service de « médiation sécurité » municipal.
9 Michel Wieviorka (dir.), Une société fragmentée ? Le multiculturalisme en débat, Paris, La Découverte, 1997.
10 Manuel Boucher, Les théories de l’intégration, entre universalisme et différentialisme. Des débats sociologiques et politiques en France : analyse de textes contemporains, Paris, L’Harmattan, 2000.
11 Henri Rey, La peur des banlieues, Paris, Presses de Sciences Po, 1996.
12 Voir David Lepoutre, Cœur de banlieue. Codes, rites et langages, Paris, O. Jacob, 1997.
13 Voir Manuel Boucher, « Les intervenants sociaux au service de la sécurité ? Analyse d’une dérive dangereuse », in L. Mucchielli et V. Le Goaziou (dir.), Quand les banlieues brûlent… Retour sur les émeutes de novembre 2005, Paris, La Découverte, 2006, p. 139-155.
14 Voir Manuel Boucher, Les internés du ghetto. Ethnographie des confrontations violentes dans une cité impopulaire, Paris, L’Harmattan, coll. « Recherche et transformation sociale », 2010.
15 Néanmoins, les médiateurs sociaux ne se font pas trop d’illusions concernant leur impact réel sur le degré de pacification du quartier. En effet, ils ont bien conscience que les seules personnes qui ont véritablement la capacité de raisonner les « jeunes turbulents » de la cité sont les anciens « caïds ». Certes, les médiateurs sont écoutés par les plus jeunes, mais seuls les anciens « caïds », reconnus pour leur passé de délinquant, bénéficient d’une aura suffisante auprès des plus agités leur permettant d’avoir une véritable influence sur ces derniers.
16 Voir Luc Bronner, « La mort de son médiateur social plonge l’Isle-sur-la-Sorge (Vaucluse) dans le désarroi », Le Monde, le 23 janvier 2009, p. 10, disponible sur <http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/01/22/la-mort-de-son-mediateur-social-plonge-l-isle-sur-la-sorgue-dans-le-desarroi_1145121_3224.html>.
17 Manuel Boucher, Casquettes contre képis. Enquête sur la police de rue et l’usage de la force dans les quartiers populaires, avec M. Belquasmi et E. Marlière, Paris, L’Harmattan, 2013,
18 D’une part, ces intervenants sociaux évoluent au sein de structures associatives précarisées du champ de l’animation socioculturelle ou de la médiation sociale, d’autre part, étant peu qualifiés, ils sont également en concurrence les uns avec les autres dans un environnement où les ressources économiques sont rares.
19 Pour Michel Wieviorka, l’anti-sujet s’inscrit dans un processus d’inversion du sujet tourainien. L’anti-sujet se caractérise, notamment, par le refus absolu de considérer son adversaire comme sujet. L’anti-sujet peut ainsi s’engager dans la déshumanisation, voire la cruauté et la barbarie. Voir Michel Wieviorka, « De l’analyse à l’action », in T. Ferenczi (dir.), Faut-il s’accommoder de la violence ?, Bruxelles, Éd. Complexe, 2000, p. 45-66.
20 Dans son analyse de la violence, Michel Wieviorka a proposé de distinguer cinq cas de figure qui correspondent chacun à un type de subjectivité que l’on peut relier à la violence (La violence, Paris, Hachette Littératures, 2005). Dans cette typologie des « sujets de la violence » (sujet flottant, hyper-sujet, non-sujet, anti-sujet, sujet en survie), le « sujet flottant » est « celui qui, ne parvenant pas à devenir acteur, passe à la violence : par exemple, le jeune immigré d’un quartier à la dérive qui brûle des voitures au cours des émeutes d’octobre-novembre 2005 faute de pouvoir exprimer autrement sinon des demandes sociales précises, du moins son désir de construire son existence » (Neuf leçons de sociologie, Paris, R. Laffont, 2008, p. 230).
21 Pour Michel Wieviorka, « le “non-sujet” agit de manière violente sans engager d’aucune façon sa subjectivité, du moins apparemment, en se contentant d’obéir comme dans les célèbres expériences de Stanley Milgram. Sa violence ne fait pas sens de son point de vue, elle n’est rien de plus qu’une modalité de soumission à une autorité légitime » (Neuf leçons de sociologie, op. cit., p. 230).
22 Voir Hugues Lagrange, Le déni des cultures, Paris, Seuil, 2010. Dans ce livre, l’auteur développe l’idée selon laquelle l’échec des « politiques d’intégration » et le développement du processus de ghettoïsation socio-ethnique – qui maintiendraient selon lui des formes d’organisation anthropologique africaine traditionnelle génératrices d’« inconduites juvéniles » – ne peuvent trouver de solution politique. Il propose d’aborder le phénomène de ghettoïsation socio-ethnique par une vision déterministe et culturaliste des jeunes descendants de migrants africains (p. 220) et d’institutionnaliser des catégorisations ethnoraciales des jeunes français définis, notamment, comme « Afro-Européens » (p. 184). Voir aussi Manuel Boucher (dir.), Gouverner les familles. Les classes populaires à l’épreuve de la parentalité, Paris, L’Harmattan, 2011.
23 Voir Sophie Body-Gendrot et Catherine Wihtol de Wenden, Sortir des banlieues. Pour en finir avec la tyrannie des territoires, Paris, Autrement, 2007.
24 Voir Thierry Oblet, Défendre la ville. La police, l’urbanisme et les habitants, Paris, Presses universitaires de France, 2008 ; Manuel Boucher, « L’hybridation du contrôle social dans les quartiers populaires. Analyse critique de la “police des villes” », in Id. (dir.), Penser les questions sociales et culturelles contemporaines : quels enjeux pour l'intervention sociale ?, Paris, L’Harmattan, coll. « Recherche et transformation sociale », 2010, p. 77-94.
25 Durant la guerre d’Algérie, de nombreux harkis (Algériens de souche engagés dans l’armée française) furent des « supplétifs », c’est-à-dire des « indigènes » recrutés par l’armée pour renforcer ses effectifs. Voir Régis Pierret, Les filles et fils de harkis. Entre double rejet et triple appartenance, Paris, L’Harmattan, 2008.
26 L’ethnicité ne doit pas être confondue avec le processus d’ethnicisation. Ce dernier processus se caractérise en effet le plus souvent par des formes d’exodéfinition essentialisantes appliquées de façon plus ou moins forte alors que l’ethnicité recouvre toujours un caractère d’autodéfinition qui lui confère un caractère mouvant favorable à la subjectivité des acteurs. Voir Michel Wieviorka, La démocratie à l’épreuve. Nationalisme, populisme, ethnicité, Paris, La Découverte, 1993.
27 Voir Manuel Boucher, « Travail social, intervention sociale et pacification sociale. D’un projet d’intégration et de contrôle à une action d’émancipation ? », Recherches sociologiques, 2004, vol. 35, no 3, p. 137-151.
28 Voir les travaux de Michel Wieviorka sur la « différence culturelle ».
29 Voir Walter Benn Michaels, La diversité contre l’égalité, F. Junqua (trad.), Paris, Raisons d’agir, 2009.
30 La déontologie formalisée dans des codes nationaux et internationaux se rapporte plus spécifiquement aux principes et aux valeurs qui guident la mise en œuvre de l’action (égalité de traitement, refus de la discrimination, neutralité, secret professionnel, obligation de moyens, respect de la volonté de la personne, autonomie vis-à-vis de l’employeur…).
Auteur
Laboratoire d'étude et de recherche sociales Institut régional du travail social et du développement social de Normandie CADIS (EHESS-CNRS)
Manuel Boucher est directeur scientifique au Laboratoire d’étude et de recherche sociales (LERS) de l’Institut régional du travail social et du développement social (IRTS-IDS) de Normandie. Docteur en sociologie (EHESS), titulaire d’une habilitation à diriger des recherches (HDR) soutenue à l’université Paris-Sorbonne (Paris-IV), il est également membre associé au Centre d’analyse et d’intervention sociologiques (EHESS-CNRS), responsable du Réseau thématique « Normes, déviance et réactions sociales » de l’Association française de sociologie (RT3) et président de l’Association des chercheurs des organismes de la formation et de l’intervention sociales (ACOFIS). Ses travaux portent, notamment, sur trois axes : les transformations du travail social et de l’intervention sociale ; la régulation sociale des désordres urbains ; les migrations, l’ethnicité et le racisme.
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Penser global
Internationalisation et globalisation des sciences humaines et sociales
Michel Wieviorka, Laurent Lévi-Strauss et Gwenaëlle Lieppe (dir.)
2015
Laïcité, laïcités
Reconfigurations et nouveaux défis (Afrique, Amériques, Europe, Japon, Pays arabes)
Jean Baubérot, Micheline Milot et Philippe Portier (dir.)
2015
Subjectivation et désubjectivation
Penser le sujet dans la globalisation
Manuel Boucher, Geoffrey Pleyers et Paola Rebughini (dir.)
2017
Semé sans compter
Appréhension de l'environnement et statut de l'économie en pays totonaque (Sierra de Puebla, Mexique)
Nicolas Ellison
2013
Musicologie et Occupation
Science, musique et politique dans la France des « années noires »
Sara Iglesias
2014
Les Amériques, des constitutions aux démocraties
Philosophie du droit des Amériques
Jean-René Garcia, Denis Rolland et Patrice Vermeren (dir.)
2015