Troisième partie. Des monastères personnels (nijī maṭh) : les monastères de Fatehpur (Rajasthan) et Asthal Bohar (Haryana)
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Texte intégral
1C’est un tout autre ensemble que nous allons maintenant aborder, moins spectaculaire mais faisant néanmoins partie intégrante de la tradition Nāth.
2Le grand complexe religieux de Kadri, comme le monastère népalais de Dang-Caughera que j’avais étudié précédemment, forment l’émanation de la communauté des Yogīs. Symboles de l’unité de la secte, leur gestion collective et les systèmes de rotation en font des institutions communautaires, des pañcāyatī maṭh.
3En revanche, le monastère de Fatehpur dans la Shekhavati, au nord-est du Rajasthan, et le monastère d’Asthal Bohar au sud de l’Haryana sont des nijī maṭh, des monastères de fondation et de gestion personnels. C’est le cas le plus courant : la plupart des sites d’implantation Nāth, quelle que soit leur importance, fonctionnent de manière autonome et la transmission de l’autorité n’y dépend pas des institutions collectives, ceci ne signifiant pas qu’elles échappent à tout contrôle.
4Le contexte et les problèmes qui découlent de cette situation sont d’une nature autre. Il nous faudra envisager la question de la légitimation : comment les monastères individuels s’insèrent-ils dans la tradition Nāth, comment sont-ils reconnus et trouvent-ils leur place dans la nébuleuse des institutions du sampradāy ? Comment par ailleurs ces monastères pérennisent-ils leur existence et gèrent-ils leur transmission ? Enfin, du point de vue de leur fonctionnement en tant qu’institution économique et financière, il faudra nous pencher sur leur réseau de soutien et sur la place dévolue aux laïcs. Toutes ces questions se posent dans des termes comparables pour tous les nijī maṭh : de leur résolution dépend l’importance et la longévité du monastère. À côté de grands centres comme ceux de Fatehpur, Asthal Bohar ou encore Gorakhpur, nombreux sont ceux qui disparaissent.
5Le monastère de Fatehpur est lui en pleine expansion : de fondation relativement récente – début du XXe siècle –, il se situe à la fois dans la tradition Nāth, tout en se targuant d’être inscrit dans la « modernité ». Nous verrons ce qu’il faut entendre par là et ce que cette modernité suppose d’innovations, a priori improbables, dans l’interprétation de la tradition. Ashtal Bohar, de son côté, présente une synthèse originale des différentes composantes de l’identité Nāth tout en les insérant dans un projet novateur.
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