Chapitre XIV. La moisson
p. 265-273
Texte intégral
LA MATURITÉ
1Les deux moissons de chaque année, entièrement faites à la main, exigent beaucoup de main-d’œuvre ; pour le séchage du grain, on dispose d’une surface trop restreinte ; il faut donc échelonner la récolte. Aussi dès qu’un agriculteur exploite quelques mẫu, cultive-t-il plusieurs variétés de précocité différente, même si les conditions hydrauliques ne l’y obligent pas. Au cinquième mois, si on attend, la pluie peut submerger les plus basses rizières – y faisant germer de suite les grains bien mûrs – et empêcher le séchage. Aussi coupe-t-on les tiges encore un peu vertes, si les grains sont bien jaunes. Ainsi dit le proverbe :
« Xanh nhà ho’n già ðồng : un peu vert à la maison vaut mieux que bien mûr au champ. »
2Cependant si on coupe trop tôt on a une forte proportion de grains verts (restes de chlorophylle du péricarpe) et crayeux qui déprécient le riz ; d’autre part le rendement en poids diminue.
3Il y a un compromis à trouver : qui coupe trop tôt déprécie sa récolte, qui attend trop risque de la mal sécher, ou même de la perdre1. Pour les riz du dixième mois, coupés en saison sèche, on peut attendre que les tiges soient bien jaunes et déjà sèches selon un autre proverbe :
« Mùa cò chân giang, chiêm vàng trái ru’ọ : récoltez le riz du dixième mois quand la tige est sèche comme une patte de héron, et le riz du cinquième quand le grain est jaune comme le fruit du lon (Striblus asper). »
4La paille peut ainsi être mise en meules aussitôt le battage, sans séchage. Cependant on ne laissera pas mûrir trop, surtout les variétés sensibles à l’égrenage qui perdraient beaucoup de grains à la coupe et au transport. En outre un grain trop mûr se craquelle sous l’action du soleil et donne au décorticage une proportion exagérée de brisures.
LA COUPE
5Au cinquième mois les tiges sont coupées parfois près du sol à la faucille (figure 31), plus généralement à mi-hauteur, ou même un peu plus haut, à l’aide du crochet à moissonner (figure 30).

Figure 30. - Crochet à moissonner en bambou, muni sur le côté d’une lame tranchante
6L’agriculteur, pressé de mettre son grain à l’abri, coupe de paille juste ce qu’il faut pour lier en gerbes ; car le transport à la ferme est long, surtout quand la récolte est gorgée d’eau, et la main-d’œuvre chère. On moissonne en ramenant à soi avec le crochet tenu à pleine main droite quelques épis, que l’on saisit dans la main gauche et que l’on coupe avec la lame tranchante d’un geste rapide d’arrière en avant, un peu en dessous du poing gauche. Les épis coupés sont passés à la main droite et déposés à terre quand la poignée déborde ; dans les rizières submergées on place les javelles sur les chaumes recourbés ou sur les diguettes si on en est assez près, pour mouiller la récolte le moins possible. En eau profonde, les moissonneurs peuvent mettre au fur et à mesure leurs poignées dans une barquette en bambou ; ils coupent parfois de la barque elle-même. Le crochet convient à la coupe en rizière recouverte d’une forte couche d’eau.
7On ne rapporte à la ferme que la partie supérieure de la paille, la partie inférieure ou chaume étant enfouie par le labour. On n’en a pas un grand besoin : les pluies d’été activent la pousse de l’herbe pour le bétail ; de mai-juin à octobre-novembre s’échelonnent des moissons secondaires (riz de trois lunes, riz précoces du huitième mois) qui fournissent de nouvelles pailles.
8Au dixième mois, la situation n’est pas la même : il faut mettre en réserve toute la paille pour alimenter sept mois d’hiver et de printemps le bétail en fourrage et le foyer ménager en combustible. On coupe parfois à mi-hauteur avec le crochet afin de rentrer d’abord les épis, plus précieux, d’être moins encombré au battage et de mieux sécher cette partie de la paille destinée au bétail. Le chaume grossier, plus ou moins souillé de boue, ne sera rentré qu’après la moisson : il sera employé à la confection des toitures ou des torchis, il servira de combustible, trop rarement de litière. Mais l’emploi du crochet oblige à revenir couper à la faucille le chaume sur toute la surface du champ. Aussi dans certains cantons des provinces de Hai-Duong, Ha-Nam, Son-Tây, Bac-Giang, etc., des agriculteurs plus ingénieux ont-ils trouvé une meilleure solution. Ils coupent à la faucille (figure 31) près du sol le riz du dixième mois et disposent la moisson en javelles.

Figure 31. - Divers types de faucilles ; a, faucille à recouper les javelles
9Les petits agriculteurs peu pressés les ramènent à la ferme, mais elles peuvent être recoupées à mi-longueur de la paille avec des faucilles spéciales (figure 31) coudées près du manche pour pouvoir glisser la lame plus facilement en dessous ; en maintenant les gerbes sur le sol avec le pied droit, on coupe les épis tenus de la main gauche. On laisse le chaume sécher à terre. Cette dernière pratique, plus rapide, est à recommander. Si en rizière exondée on compare le travail d’ouvriers également habiles à l’usage d’un des outils, on voit que la faucille qui coupe les touffes va un peu plus vite que le crochet devant lequel il faut rassembler les tiges. L’avantage est encore plus sensible avec les grosses touffes écartées du bas delta. Ainsi, avec des ouvriers bien exercés, la moisson à la faucille et la recoupe des javelles ne demandent pas plus de temps que la seule coupe au crochet.
10L’argument que la recoupe des chaumes se fait la moisson terminée n’est donc pas à retenir. L’avantage serait encore bien plus grand avec de meilleures faucilles. Celles du delta, dentelées, fabriquées par les artisans du pays, sont en mauvais acier et tranchent mal. Avec des faucilles en acier trempé non dentelées, aiguisées de temps en temps à la pierre, et travaillant comme une faux, sans qu’on tienne les épis, l’ouvrier italien coupe, dans sa journée de huit heures, dix et onze ares (trois sào) d’une récolte très fournie, puisqu’elle rend 50 à 60 qx/ha de paddy (20 qx/mẫu). Au Tonkin, en dix heures de travail, un bon ouvrier ne coupe que deux sào d’une récolte rendant 10 à 20 qx/ha (5 qx/mẫu).
11Il ne faut pas accuser de paresse le paysan tonkinois qui fournit un gros effort à la moisson : au repiquage, dans des conditions de travail comparables, le rendement horaire de la tonkinoise est, avec une journée plus longue, au moins égal à celui de la paysanne piémontaise. C’est l’instrument qui est défectueux, et quoique la faucille en acier trempé ne puisse être fabriquée par les artisans du Delta, elle va tellement plus vite que nous n’hésitons pas à recommander son adoption2 qui permettrait à un bon ouvrier de couper quatre et même cinq sào par jour.
12La moisson est la seule période de l’année où il n’y a pas excès de main-d’œuvre. Beaucoup d’ouvriers font à ce moment douze et quatorze heures de travail, parfois dix-sept heures. Aussi l’adoption d’une meilleure faucille apporterait-elle un réel soulagement. Une petite industrie pourrait la fabriquer, à Haïphong, autour de 40 cents l’unité, permettant son achat par de nombreux agriculteurs.
13Nous avons essayé l’emploi de petites faux, mais elles bourrent et ne représentent pas un progrès suffisant sur la faucille du même métal pour justifier la dépense (2 $) et le bouleversement total de la technique de coupe. Le crochet serait désormais réservé aux rizières fortement submergées, obligatoirement coupées à mi-longueur de la paille.
COUPE ET SÉCHAGE DU CHAUME
14Une fois la moisson du dixième mois terminée on vient couper à la faucille la partie inférieure des tiges dans les champs moissonnés au crochet. Et quand la disette de combustible est aiguë on voit parfois l’hiver des enfants venir arracher à la main les quelques centimètres de paille qui restent au ras du sol. Quoique la coupe du chaume soit deux fois plus rapide que la moisson proprement dite, l’emploi de bonnes faucilles avec recoupe des javelles pourrait la supprimer. Si on manque de paille, on coupera la tige une fois pour toutes le plus près possible du sol.
15La coupe à ras s’impose après une attaque d’insectes ; le chaume sera utilisé de préférence comme combustible et la rizière, retournée convenablement avec une charrue améliorée, sera submergée quelque temps, si c’est possible, pour détruire les larves. La recoupe des javelles permettrait en outre, quand il ne pleut pas trop, de récolter le chaume des rizières moyennes et hautes du cinquième mois.
16Dans les terres humides ou encore très légèrement submergées, la base des chaumes est gorgée d’eau ; pour les sécher on les dresse la tête en bas en petites moyettes ; on trempe l’extrémité supérieure mais on évapore beaucoup plus d’eau à la base des tiges. Comme on le rentre à la ferme le séchage du grain terminé, on pourra parfaire sa dessiccation en l’étalant une ou deux belles journées sur l’aire, ce qui permettra sa mise en meules.
17En terrain sec, on pose les javelles sur le sol ; il vaut mieux attendre une bonne dessiccation qui l’allège avant de le rapporter à la ferme. Si on craint une petite pluie qui mouillerait le chaume au contact du sol, on peut le mettre sur les diguettes.
TRANSPORT À LA FERME
18On ne peut dans le delta, à cause des vols, laisser la nuit dans les champs la récolte coupée. Seuls restent les chaumes, encore sont-ils parfois dérobés. Dans la province de Ha-Dong, il arrive que, sur une bande large de 1 ou 1,5 m, le long des sentiers étroits les plus suivis par les porteurs de moisson, on mette une variété très précoce, récoltée avant le début de la moisson, pour éviter que les porteurs n’en cueillent quelques tiges en passant. Ils ne peuvent descendre dans la rizière avec leur charge ; c’est pénible et trop visible.
19On rentre chaque soir à la ferme la moisson de la journée, ce qui absorbe pas mal de temps : pour une distance moyenne (700 à 1 000 m), les moissonneurs doivent rentrer la récolte dès le milieu de l’après-midi afin de ne pas terminer dans la nuit : du fait de ce portage, ils ne coupent qu’un sào et demi au lieu de deux. Si coupe et transport se font simultanément, il faut deux à trois porteurs pour huit moissonneurs.
20La plus grande partie de la récolte est transportée sur l’épaule, à l’aide de deux sortes de fléaux. L’un (đòn sóc) est un bambou cylindrique, non flexible, de la grosseur du poignet, long d’environ 1,9 m et taillé en pointe à ses deux extrémités : on pique chaque pointe dans une gerbe de 15 à 22 kg de moisson. Quand on bat en frappant des bottelettes sur un obstacle, on les confectionne sur le champ avec trois poignées de riz bien pleines et chaque gerbe comprend une dizaine de ces bottelettes. Quand on dépique au pied ou au rouleau, on lie la récolte en une seule grosse gerbe toujours de même poids. Les liens sont faits avec des tiges de riz prises sur place, de la paille, des ficelles de bambous et des bambous tordus, des joncs, etc. L’autre type de fléau (dòn gánh) est fait d’un bambou coupé sur 1,6 m de long suivant deux génératrices. Il est souple et porte à chaque extrémité un cadre de bambou (cái cạp) entre les deux montants duquel on entasse les bottelettes3.
21Une femme rapporte ainsi 25 à 35 kg, un homme 30 à 45 kg de moisson à chaque voyage, même jusqu’à 60 à 70 kg quand les sentiers sont secs et que le porteur vigoureux travaille pour son propre compte. Par temps de pluie, les sentiers glissants et les gerbes plus lourdes rendent le transport pénible. A rendement égal en paddy, le poids d’une gerbe du cinquième mois gorgée d’eau peut atteindre trois fois celui d’une gerbe du dixième mois bien sèche, à 20 % d’eau. En moyenne, une forte charge (45 à 50 kg) de moisson coupée au crochet rend 12 à 16 kg de paddy au cinquième mois et 25 au dixième mois. Dans une journée de dix heures, un homme rapporte huit ou dix charges d’un champ éloigné de 1 200 à 1 500 m de la ferme. Le nombre de voyages est à peu près le même quel que soit l’ouvrier, c’est le poids porté qui varie, dans les limites indiquées. Il faut réduire au minimum le poids de la récolte, donc la ramener aussi peu chargée d’eau que possible. En coupant la paille à mi-hauteur, le chaume transporté après la moisson peut perdre beaucoup d’eau et le travail est mieux réparti. Si le sol de la rizière est bien sec et qu’il fasse un beau soleil on peut laisser les poignées de riz à terre, ne les lier qu’au moment de les rentrer, et, au besoin, retourner vers midi celles qui ont été coupées tôt : on diminue le poids à transporter tout en commençant le séchage du grain et de la paille.
22En rizières fortement submergées, on mettra au fur et à mesure de la coupe le riz en barques de bambou. Si les diguettes gênent la circulation, on y fera des coupures. Quand il n’y a pas assez d’eau pour les barques, mais trop pour éviter de mouiller le riz, même posé sur les chaumes recourbés, on ne peut aller porter chaque poignée sur la diguette qui émerge. On pourra amener au champ quelques civières légères toutes en bambou, faites d’un cadre à larges mailles de 1 m sur 0,7 m par exemple, monté sur quatre pieds et muni de brancards (figure 32). La largeur des mailles permettra, au besoin, d’en transporter plusieurs en les encastrant les unes dans les autres. La civière serait placée à côté des moissonneurs, et une fois pleine, deux hommes la prendraient par les brancards et iraient déposer le riz sur les diguettes. S’il vient de pleuvoir on l’y déposera en tas hauts et étroits, pour en mouiller le moins possible. S’il fait sec on l’étalera pour le sécher. Non seulement la récolte est moins lourde à porter – l’eau absorbée par les javelles pèse bien plus que les trois ou quatre civières nécessaires à un chantier de dix ou douze moissonneurs – mais si on évite de la mouiller on réduit la durée du séchage et on empêche la dépréciation du paddy.

Figure 32. - Civière de bambou pour moisson en rizières couvertes d’eau
23Dans la plupart des rizières du dixième mois, et, quand il fait beau, sur une grande partie de celles du cinquième, on pourrait battre à même le champ, suivant le procédé chinois ou cochinchinois que nous indiquerons au chapitre suivant. Après avoir moissonné et battu un sào ou un sào et demi, chaque ouvrier pourrait rentrer le soir sa récolte de paddy, en deux voyages au lieu de quatre, cinq ou plus avec la paille. On rentrerait la paille plus tard, à son temps, et sauf pluies continuelles, elle aurait ainsi perdu beaucoup de son poids.
24Il faut aussi rechercher l’amélioration des conditions de transport. Au dixième mois les animaux sont souvent nécessaires pour déchaumer aussitôt la moisson, mais au cinquième les labours peuvent attendre un peu et il est possible d’utiliser le cheptel aux transports, quand on dispose de routes ou de pistes. En battant sur le champ, la paille du dixième mois pourrait être rentrée à son temps, par les animaux.
25A leur défaut, on substituera chaque fois que possible au portage humain la traction humaine avec charrettes légères ou vieux pousses. Quatre personnes tirent en terrain plat une charrette contenant la charge portée sur l’épaule par douze et se fatiguent moins. Même en comptant le chargement et le déchargement, l’économie de main d’œuvre est d’au moins 50 %. On transporte en deux voyages la récolte d’un mẫu de rizière assez fertile.
26La charrette exige une route d’au moins 1,5 à 2 m avec, de temps en temps, un élargissement à 3 m pour les croisements, mais une brouette annamite passe sur un sentier de rizière large de 50 à 60 cm s’il est bien entretenu. Toutes les communes peuvent sans grand frais aménager ainsi les cinq ou six sentiers les plus suivis par les porteurs de récolte, en commençant par ceux qui joignent deux villages. Un homme porte sur une brouette la charge de deux sur l’épaule. On se fatiguerait moins en élargissant la roue, et en mettant la charge moins haut, de chaque côté de la roue (brouette cantonaise). Il faut charger ces véhicules avec les épis vers l’intérieur, sinon les secousses font perdre du grain en route. En rizière même, surtout boueuse, on pourrait se servir de légers traîneaux de bambou à traction animale.
27Dans le bas delta, on transporte beaucoup de récolte par eau, à l’aide de sampans et de barquettes en bambous, ou même en tirant des trains de javelles immergées dans l’eau. Ce dernier procédé n’est justifié que si la récolte est déjà saturée d’eau (riz versés et submergés par exemple) : car on accroît le portage du canal à la ferme, le travail de séchage et on déprécie grain et paille, surtout si on ne peut battre et sécher de suite. Les sampans de bois sont lourds et coûteux, on peut les remplacer par des barques en bambou avec armature de bois, profilées comme les sampans mais moins coûteuses, plus légères et exigeant moins de traction. La propulsion d’une barque est moins pénible en tirant de la berge qu’à la rame. Un sampan moyen, pouvant circuler sur les petits arroyos, porte jusqu’à soixante charges (un peu plus de 2 t), soit la récolte de deux ou trois mẫu de rizière. Deux hommes le font avancer lentement à la rame, et peuvent, ainsi chargés, faire deux transports (soit cent vingt charges) à environ 1 km dans leur journée. Cinq hommes font le portage du champ à la barque et de la barque à la ferme, à petite distance. Sept hommes et un bateau peuvent ainsi remplacer quinze hommes faisant chacun huit voyages par jour. Pour les transports importants, on irait plus vite en faisant tirer par un bœuf ou un buffle marchant sur un sentier aménagé le long de l’arroyo des sampans plus gros (5 à 20 t et plus) ou des trains de petits bateaux.
28L’amélioration des conditions de transport permettrait de rapporter à la ferme le chaume du cinquième mois et d’augmenter la production du fumier. On prendra d’abord celui qui est le plus proche de la ferme ou le plus aisé à ramener par route ou canal. Si les pluies empêchent le séchage de la paille, on en pourra faire du fumier artificiel, soit à la ferme, soit même sur un terrain vague au milieu des rizières, à condition qu’en saison sèche on soit près d’un point d’eau.
SURFACE RÉCOLTÉE PAR JOUR
29Suivant les facilités de travail, l’abondance de la récolte et l’habileté des ouvriers, on compte par journée de travail entre un et deux sào de surface moissonnée et transportée sur l’épaule à une distance comprise entre 500 et 1 000 m. En rizière asséchée, avec une récolte peu dense, on peut couper jusqu’à deux et demi, exceptionnellement trois sào. Plus il y a d’eau et plus la moisson est ralentie : on n’emploie alors que des hommes, les sangsues gênent beaucoup les travailleurs ; la coupe journalière de riz versés et submergés peut descendre en dessous d’un demi sào. Sans transport, on coupe de trois à cinq sào de chaume par jour suivant la grosseur et la dispersion des touffes ; un cinquième en moins si on le dresse en moyettes. Le travail de la moisson est parfois rémunéré par un pourcentage de la récolte. Pour la moisson et le transport, les ouvriers reçoivent un à trois repas, plus 3 ou 4 % de la récolte pour les riz précoces du dixième mois – quand la demande de main-d’œuvre est très réduite – 6 ou 7 % en temps normal, 10 à 12 % si la demande est plus forte4.
30Dans des circonstances exceptionnelles, quand survient un orage qui menace de submerger des rizières basses du cinquième mois au point que la récolte en sera bientôt impossible, donc perdue, le propriétaire abandonne jusqu’à la moitié de la récolte aux moissonneurs. Pour moisson et battage, on donne en période d’activité moyenne de 6 à 12 % de la récolte avec trois repas par jour.
Notes de bas de page
1 D’après G. Stahel (Station de Paramaribo) le rendement en grains entiers du décorticage du paddy diminue beaucoup si on coupe trop tôt (grains verts) ou trop tard (tiges trop desséchées mais surtout, dans ce dernier cas, si le riz verse ou s’il pleut. La latitude de coupe en bonnes conditions ne dépasse guère une semaine (Riz et riziculture, vol. VIII, fasc. 2, juin 1934).
2 M. R. Jeannin craint que les feuilles et talles mortes qui, au Tonkin, encombrent la base des touffes ne soient une grande gêne pour manier la faucille comme une faux.
3 A Java le bambou souple, plus rare, est réservé aux transports commerciaux ; l’agriculteur n’utilise guère que le bambou rigide.
4 De même à Java les moissonneurs reçoivent comme salaire 1/6e à 1/8e de la récolte.
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