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L’efficacité orthographique des « peu-lettrés » : une analyse des graphies des Poilus du Corpus 14

p. 285-304


Texte intégral

1Lorsqu’un lecteur expérimenté parcourt la correspondance des Poilus1 du Corpus 142 (voir la présentation du projet dans Steuckardt 2015a), il est immédiatement interpelé par les « fautes d’orthographe » qui jalonnent ces écrits, semblant dès lors justifier le qualificatif de « peu-lettrés » (Steuckardt 2015b : 10, note 2) employé par historiens et linguistes pour évoquer ces scripteurs. Ainsi, en dépit d’une « écriture manuscrite […] soignée et régulière » (Pellat 2015 : 70), parmi les 33 mots informatiques3 de l’extrait suivant, 13 ne sont pas conformes à l’orthographe normée (fig.1).

Fig. 1 – Extrait d’une lettre de Laurent Pouchet (LP1914.10.01) : (1) « aprésent que nous avon laudeur de la poudre dans le nez rien nous araite sauf de reçevoir une balle ou un aicla dobus ; mai il faut éspéré que çela na rive rapas ».

2Pourtant, à l’évidence, le message est immédiatement compréhensible. D’ailleurs, en soi, un écart orthographique n’est perceptible qu’à partir du moment où la forme erronée permet l’identification de la cible normée. Ainsi, la séquence « aicla dobus » se lit sans ambigüité /EkladOby/4, conformément à la cible normée « éclat d’obus ». Un tel principe permet la lecture intégrale de l’extrait. C’est sur cet aspect de la correspondance des Poilus du Corpus 14 que nous voudrions nous attarder en convoquant la notion de « taux de lisibilité », qui, en l’occurrence en (1) s’élèverait à 100 % (voir infra « Les taux de lisibilité et leur calcul »). Transparait ici la grande efficacité avec laquelle ces Poilus « peu lettrés » parviennent à contourner les difficultés de l’orthographe et à atteindre leur objectif, c’est-à-dire « donne[r] des nouvelles, transmett[re] des informations à leurs proches » (Gomila 2015 : 158) et « maintenir des liens avec la parenté et avec le village » (Branca-Rosoff 2015 : 50).

3Dans cet article, en nous concentrant sur l’ensemble des graphies des cinq premières lettres des sept Poilus de la version 1 du Corpus 14, nous nous proposons de quantifier l’efficacité de cette stratégie à l’aide du calcul des taux de lisibilité stricte, et lâche. Mais présentons tout d’abord les sept Poilus de notre corpus, et le contexte socioculturel et scolaire de l’époque.

Les scripteurs

4Si, comme l’écrit Jean-Michel Géa (2015 : 53), « les lettres des soldats d’origine paysanne apportent […] des éléments de connaissance sur les progrès de l’alphabétisation et sur les usages populaires de l’écrit », ici, c’est exclusivement la dimension orthographique qui retiendra notre attention. À cet effet, en nous fondant sur la transcription diplomatique de la correspondance fournie par le Corpus 145, nous avons annoté manuellement toutes les graphies non normées des cinq premières lettres ou cartes des sept Poilus de la version 1. Issus du milieu rural de trois départements français, dont l’Hérault se démarque par sa pratique de l’occitan dans la vie quotidienne6 (Baconnier et al. 1985 : 20), tous ces soldats ont en commun des origines sociales modestes. Le plus jeune n’a que 21 ans au début de la guerre, le plus âgé 35.

Tableau 1 – Informations sur les scripteurs et leurs lettres7

Naissance
NomLieuAnnéeÂgeProfessionLettres du … au …
Pierre Fabre(PF)Hérault188925Cultivateur, meunier15/08 – 21/09/1914
Alfred Foray(AlfF)Ain188430Charron03/08 – 17/08/1914
Auguste Foray(AugF)Ain189024Charron11/08/1914 – 02/01/1915
Émile Foray(EF)Ain???18/01 – 07/11/1914
Laurent Pouchet(LP)Hérault188430Vigneron09/09 – 09/10/1914
André Tétart(AT)Marne189321?02/08 – 20/08/1914
Ernest Viste(EV)Hérault187935Cultivateur, meunier09/09 – 15/11/1914

5Nos sept Poilus n’ont fréquenté l’école primaire de la fin du xixe siècle que jusque « vers 11-12 ans pour aller travailler à la vigne ou dans les champs » (Pellat 2015 : 67), et aucun n’a passé son certificat d’études primaires8 (Steuckardt 2015b : 9). En somme, alors qu’une dizaine d’années séparaient le plus jeune soldat de sa scolarité, le plus âgé en était éloigné de plus de vingt ans, période durant laquelle, dans le monde rural d’alors, la pratique de l’écrit devait être rare, même si cette génération était en grande partie alphabétisée comme en témoignent les pourcentages suivants établis à partir de l’Annuaire statistique de 1914 du ministère du Travail et de la Prévoyance sociale :

Tableau 2 – « Instruction des conscrits – Année 1913 » (1914 : 15-16)

(en %)FranceAinHéraultMarne
Conscrits
alphabétisés
:
95,8298,1897,8497,31
Sachant lire
et écrire
31,2232,4730,3727,74
Ayant une instruction primaire plus développée59,4561,8257,8466,26
Ayant obtenu le brevet de l’enseignement primaire2,792,435,751,16
Bacheliers […]2,361,463,882,16

6Toutefois, cette démocratisation de l’alphabétisation était encore relativement récente comme l’atteste la proportion importante d’hommes (H) et de femmes (F) qui, au temps de la génération des parents des Poilus, ont signé d’une croix leur contrat de mariage :

Tableau 3 – L’absence de signature sur le contrat de mariage (1878 : 32-35)

FranceAinHéraultMarne
Conjoints ayant:HFHFHFHF
signé leur nom240773207438260423973014246531092984
signé d’une croix5965492989322529548109790215
Analphabètes présumés919,9 %31 %11 %18,1 %15,4 %30,8 %2,8 %6,7 %

7Des disparités subsistaient à l’époque de la guerre, mais « en règle générale, les femmes étaient moins alphabétisées que les hommes, et les paysans moins que les travailleurs des villes10 » (Hanna 2014). Dès lors, dans un milieu analphabète, « l’enfant ne trouv[ait] auprès de ses parents ni l’aide, ni l’incitation à apprendre qu’il trouv[ait] normalement dans un milieu familial correctement alphabétisé » (Chervel & Manesse 1989 : 117). En d’autres termes, le contexte socioculturel et familial pouvait se révéler plus ou moins stimulant :

« L’instruction apparaît aux paysans comme un luxe inutile. “Pourquoi mon fils apprendrait-il à lire ? J’ai bien vécu sans cela !” ; c’est le grand argument de la force d’inertie, qu’on retrouve tout au long du xixe siècle » (Prost 1968 : 99).

8Probablement pour ces raisons, Pépin (1893 : 40) relève dans l’Hérault que « l’assiduité des enfants à l’école a de tout temps laissé à désirer » et « la Loi du 28 Mars 1882, qui a rendu l’enseignement primaire obligatoire, n’a pas fait disparaître tout le mal. Cette loi est, du reste, loin d’être appliquée dans l’Hérault. »

9Quoi qu’il en soit, « l’alphabétisation ne garantissait pas à elle seule que les correspondants se sentent tous à l’aise et compétents en matière de communication épistolaire » (Hanna 2014). Baconnier et al. (1985 : 68) relèvent effectivement la nouveauté de cet impératif de « communiquer tous les jours de manière antinaturelle, c’est-à-dire sous forme manuscrite et non plus orale ». Ainsi, quelques mois après sa première lettre, LP (1915.03.20) confesse son espoir « qu’un jours viendra, ou lon poura finir toute çes comédi décriture cela sera une joie un bonheur pour nous », aspirant à « terminer toute les écriture lointaine, comme ça on poura se causer de vive voix » (1915.04.14).

10En dépit de ces réticences, dans les circonstances de la guerre, comme l’échange de plus de dix milliards de lettres le rappelle (Baconnier et al. 1985 : 29), seule l’écriture permettait aux Poilus de conserver « le lien, vital, avec la famille laissée au pays » (Steuckardt 2015b : 9) et, par l’acte même d’écrire, de prouver qu’ils étaient encore en vie (Gomila 2015 : 160-162), tout en « conjur[ant] l’absence et l’angoisse de la mort » (Wionet 2015 : 181).

11Contraints à une pratique qui leur était peu familière (Mercier 2015 : 19 ; Roynette et al. 2014 : 107), ces « Poilus ordinaires » se sont (de nouveau) retrouvés confrontés à la redoutable complexité de l’orthographe française. Ainsi, sur les 5 099 mots que comporte l’ensemble de la correspondance de notre corpus, 945 s’écartent de l’orthographe normée11, soit près d’un mot sur cinq (18,5 %). Des disparités importantes existent cependant entre les scripteurs. AT diverge de la norme une fois sur dix, contre plus d’une fois sur quatre pour EF :

Tableau 4 – Les pourcentages de graphies non normées de notre corpus

Orthographe
Nombre de motsnorméenon-normée%
(PF)105890914914,1
(AlfF)3112496219,9
(AugF)5064357114
(EF)48434513928,7
(LP)110781629126,3
(AT)102390611711,4
(EV)61049411619
Total5  099415494518,5

12Évoquons maintenant les circonstances singulières de rédaction de cette correspondance.

Les conditions de rédaction

13Si, en accord avec Pellat (2017 : 238), on peut à priori concevoir que « les lettres des Poilus et de leurs épouses nous permettent de mesurer ce qui reste de l’enseignement reçu après une brève scolarité quand on est devenu adulte », il ne faut cependant pas oublier les conditions extrêmes de leur rédaction. En effet, alors que même en temps ordinaire « la production écrite reste pour tous une activité coûteuse en attention et en mémoire » (Fayol 2013 : 11), Lyons (2013 : 73) rappelle avec raison que l’étude de la correspondance des Poilus doit tenir compte du « quotidien de la mort violente et des bouleversements psychologiques provoqués par une exposition prolongée au danger ». Par ailleurs, d’un point de vue purement matériel, les Poilus « écrivent […] dans les conditions les moins propices à la calligraphie » (Mercier 2015 : 39), comme le rapportent ces extraits :

« je suis obligé a vous écrire couché et sur mon sac comme bureau : ce n’est guère commode mais c’est la guerre, il faut pas l’oublier » (cf. Baconnier et al. 1985 : 19).

« Je trouve enfin le temps de vous écrire une vraie lettre, […]. Je la ponds dans la position classique, ds la tranchée, assis sur des sacs de terre avec pr table une plaque de blindage » (cf. dans Kiviniemi 2013 : 38).

14Cet inconfort n’est rien comparé à la menace permanente de la mort : « ce trou que vous voyez à la carte a été fait par un éclat d’obus qui m’a traversé le sac et passé à côté de ma tête » (Baconnier et al. 1985 : 42).

15La dureté du quotidien ne pouvait qu’éprouver les Poilus à tous les niveaux :

(2) « toute la nuit il y a passer de la cavalerie il y a vait pas moyen de dormir » (AT1914.08.02)12.

16Lyons (2013 : 73) mentionne à juste titre les nouvelles formes de combat résultant des toutes dernières avancées technologiques et l’effroi qu’elles pouvaient générer chez les soldats. En définitive, il est probable que la tension quotidienne à la fois psychique, affective, et physique qui s’exerçait continuellement sur nos sept Poilus ait en partie contribué à rendre encore plus difficile l’exercice d’écriture. On peut par ailleurs supposer qu’un système orthographique plus simple aurait réduit les risques d’erreurs, même dans cette situation extrême.

Aperçu du fonctionnement de l’orthographe française

17Les spécialistes s’accordent en effet à reconnaitre que « l’orthographe du français pose d’énormes problèmes à ceux qui l’apprennent comme à ceux qui s’en servent. Comparée à d’autres, et notamment à celles d’Europe occidentale, elle s’avère en effet particulièrement complexe » (Fayol & Jaffré 2014 : 6). Pour une écriture alphabétique, « l’idéal […] serait qu’à chaque son (phonème) corresponde une lettre (graphème) distincte et que, réciproquement, chaque lettre ne possède qu’une valeur phonique » (Gak 1976 : 24). Cependant l’auteur s’empresse d’ajouter « qu’en français l’inobservation de ce principe est presque la règle ». Un Zrapport biunivoque entre phonèmes et lettres imposerait, par exemple, que /k/ se transcrive toujours <c>, et réciproquement, que <c> se lise toujours /k/, or les exceptions sont innombrables. Ainsi, parmi tant d’autres, des mots comme coq ou caprice interdisent d’emblée toute biunivocité. Néanmoins, à l’instar de tout système d’écriture alphabétique, « les fondations de notre écriture sont bel et bien phonétiques […] : 80 à 85 % des signes d’un texte quelconque sont chargés en français de transcrire les sons » (Catach et al. 2010 [1995] : 27). Ces auteurs proposent d’expliquer le fonctionnement de l’orthographe en relation avec le phonème, le morphème et le lexème, soit schématiquement :

Tableau 5 – Les trois grands principes structurant l’orthographe14

(I) phonème(II) morphème(III) lexème
principe phonographiqueprincipe morphographiqueprincipe distinctif13
/fu/ : <f>+<ou> = <fou>/fu/+pluriel <s> = <fous>/so/ : <sot>, <seau>, <saut>

18L’oral étant premier, c’est nécessairement le principe (I) le plus transparent, puisque les phonèmes peuvent être transcrits en graphèmes, le graphème pouvant « être défini comme la plus petite unité (lettre ou groupe de lettres) de la chaine écrite ayant une référence phonique et/ou sémique dans la langue parlée » (ibid. : 26). Cette « transparence » s’amenuise considérablement en (II) en raison de la présence d’un nombre important de morphogrammes – indiquant des marques grammaticales comme le genre, le nombre, la personne, etc. ou de filiation lexicale (grand, grande) (Riegel et al. 2009 : 124-127) – sans aucune équivalence à l’oral :

(3) « je vous ait envoyer plusieurs lettre » (AT1914.08.18)15.

19Enfin, en (4), si la graphie correspondant à l’homophone ciblé n’a pas été mémorisée, l’adoption du principe phonographique risque de conduire au mauvais choix :

(4) « je conte bien partire dissi » (EF1914.11.07).

20En somme, l’orthographe du français recèle de nombreux écueils, même dans sa partie la plus transparente en (I). En effet, si l’on considère un système phonologique maximal de 36 phonèmes et les 133 phonogrammes du niveau 3 que recensent Catach et al. (2010 [1995] : 35) pour les transcrire, alors le passage des 36 unités de l’oral aux 133 de l’écrit engendre déjà en soi une complexification de 269 %, à laquelle s’ajoute l’influence des autres « principes ». Ainsi, sur la base d’un corpus de 3 724 mots courants du français, Véronis (1988 : 322) calcule que « près d’un mot sur deux contient une particularité orthographique qui ne peut être prévue à partir de sa sonorité ». Si une telle complexité semble expliquer les 18,5 % de graphies non normées chez nos Poilus, comment évaluer l’efficacité en lecture de l’orthographe adoptée ?

Les taux de lisibilité et leur calcul

21Les écarts par rapport à la norme relèvent soit de l’orthographe seule (5), soit de la segmentation seule (6), soit de la conjonction des deux (7) :

(5) « Je te dirai que nous somme dans un tres jolie pays » (AF1914.08.07).

(6) «jai reçu des lettres le 14 » (EV1914.11.15).

(7) « je vous direz qua lendroi ou nous somme il fait tres froid dans la nui » (LP1914.10.01).

22De tels écarts peuvent autoriser ou non la lecture ciblée. Ainsi (7) se lit sans difficulté [ʒəvudiʁEkalãdʁwaunusɔmilfEtʁEfʁwadãlanɥi], en conformité parfaite avec la lecture, homophone, de la phrase normée « je vous dirai qu’à l’endroit où nous sommes il fait très froid dans la nuit ». En revanche, tel ne serait pas le cas de (8) :

(8) « Le vagemestre passe » (PF1914.09.17).

23Ici, le principe phonographique dicterait la lecture fautive [ləvaʒmɛstʁəpas] au lieu de [ləvagmɛstʁəpas]. Rappelons qu’il n’est pas ici question de la transmission de l’information. Il s’agit en effet pour nous de fournir une estimation quantitative scrupuleuse de l’efficacité de l’orthographe usitée en fonction de son taux de lisibilité. Comment le calculer ?

24Prenons l’exemple de (9), qui comporte quatorze mots informatiques :

(9) « je lui est écri au premier jour que vous mavez en voyer la dresse» (LP1914.09.28).

25Qu’elles soient correctement segmentées ou non, orthographiquement normées ou non, toutes les graphies autorisent la lecture ciblée16, soit 14/14, équivalant à un taux de lisibilité de 100 %. En revanche, en (10), où le scripteur évoque la « petite lettre » reçue par « la petite Elisou », seuls 24 des 25 mots aboutissent à la lecture ciblée, la graphie posible se lisant [pOzibl] au lieu de [pOsibl] :

(10) « jatend que de tens en temp elle me fera voir son savoir faire et quelle fera le posible pour me la faire de son mieu » (EV1914.10.20).

26Dans ce cas, le taux de lisibilité est donc de 24/25, soit 96 %. Un tel calcul se fonde sur l’application scrupuleuse du principe phonographique en décodage, imposant par exemple la différenciation entre case et casse en fonction du nombre de <s>. À côté de ce calcul du taux de lisibilité stricte, un taux alternatif, lâche, est également envisageable avec des exigences moindres. En effet, si le taux de lisibilité stricte se calcule en tenant compte de tous les écarts graphiques n’aboutissant pas à la lecture ciblée, incluant donc toute erreur d’accent sur le e comme dans chere sœur, deusiéme, méme, etc., le taux de lisibilité lâche exclut ces écarts ; l’absence d’accent étant largement pratiquée sur les majuscules. Toutefois, les accents grammaticalement discriminants opposant par exemple blessé à blesse restent comptabilisés comme erronés. Les tableaux suivants synthétisent les taux de lisibilité stricte et lâche de chacun des sept Poilus (N représente le nombre total de mots du scripteur, distribués en graphies normées et non-normées, sur fond noir) (fig.2).

Fig. 2 – Les taux de lisibilité stricte et lâche des sept Poilus de notre corpus.

27Comme le montrent ces résultats, quel que soit le pourcentage de graphies non normées (de 11,4 % pour AT à 28,7 % pour EF), l’orthographe des Poilus est d’une très grande efficacité, avec un taux de lisibilité stricte atteignant une moyenne de 97,2 %, et s’élevant à 98,6 % dans sa version lâche, justifiant le fait que ces lettres se révèlent « parfaitement déchiffrables » (Pellat 2015 : 70). Relevons que les scripteurs les plus jeunes17 sont ceux dont l’orthographe est la plus proche de la norme :

Tableau 6 – Âge et pourcentage de graphies non-normées

ScripteurÂgeGraphies non-normées (%)
AT2111,4
AugF2414
PF2514,1
EV3519
AlfF3019,9
LP3026,3

28Bien qu’il soit audacieux de tirer des conclusions à partir d’un corpus aussi restreint, on peut malgré tout avancer trois hypothèses : 1) la durée séparant les jeunes soldats de leur scolarisation est plus courte et le souvenir de leur pratique scolaire de l’orthographe nécessairement plus récent, 2) l’école a fait des progrès en matière d’enseignement, et 3) l’alphabétisation et son importance sociale ont progressé durant cette période18. Remarquons par ailleurs qu’AT, qui présente le pourcentage de graphies non normées le plus bas (11,4 %) et le taux de lisibilité stricte le plus élevé (98,8 %) est né dans la Marne, c’est-à-dire, au sein de notre corpus, le département où l’alphabétisation était à priori déjà la plus avancée en 1878 (voir tableau 3). Quant au taux de lisibilité stricte, le plus bas, 92,5 %, est celui d’EV, peut-être en raison du manque de pratique depuis la fin de sa scolarité – il a 35 ans – et des interférences du substrat occitan19 dans l’application du principe phonographique. L’accroissement de 3,7 % du taux de lisibilité lâche par rapport à sa version stricte révèle sa tendance à l’omission des accents (quel que soit leur rôle), comme en (11) :

(11) « je repon aussi a vos deux lettres que jai reçu et qui me font grand plaisir en me disant que vous etes tous en parfaite santee sur tout toi chere sœur dans letat ou tu te trouve » (EV1914.10.20). 

29Plus récemment, dans leur analyse d’un corpus de scripteurs ordinaires de la fin du xxe siècle, Pach et al. (1994 : 131) rappellent « les flottements dans les réalisations de [e] et [ɛ] à l’oral, ainsi que la complexité des règles d’accentuation graphique » qui mèneraient en somme à « la simplification d’un système de notation devenu trop difficile à gérer ». Si les accents et l’usage occasionnel de la cédille (26 erreurs au sein de notre corpus) soulèvent quelques problèmes, c’est l’application du principe morphographique qui s’avère le plus délicat en raison de l’absence fréquente de toute correspondance orale. Quelles seraient les parties les plus touchées ?

Les zones de difficulté(s)

30Comme nous l’avons déjà évoqué à propos des exemples (5), (6), et (7), les écarts par rapport à la norme peuvent non seulement enchevêtrer des problèmes de segmentation et d’orthographe, mais également soulever des difficultés d’identification de la nature de l’erreur (un aperçu de cette complexité est donné dans les annexes de Lucci & Millet (1994 : 247-248). Si (12) présente un taux de lisibilité stricte de 100 %, à elle seule la graphie saji enchevêtre un problème 1) de segmentation (l’omission de l’apostrophe), 2) de substitution de <g> par <j>, et enfin 3) d’omission de la désinence <t>, relevant clairement du principe morphographique.

(12) « Il saji que vous soyer en bonne santée » (LP1914.09.09).

31Par ailleurs, en dehors des problèmes de décomptes, pour un mot informatique donné, l’attribution d’une catégorie grammaticale unique s’avère problématique en cas de sur- ou de sous-segmentation, respectivement (13) et (14) :

(13) «a laur on poura le soir parler un peu du temp passer » (LP1914.10.09).

(14) « elle mon fait grand plaisir » (PF1914.09.07).

32En (14), « mon » doit alors être décompté deux fois20, la première dans pronom (« m’ »), la seconde dans verbe (« ont »), tandis que « a laur » ne l’est qu’une fois en tant qu’adverbe. Le tableau 7 présente par ordre décroissant les catégories grammaticales faisant l’objet de graphies non-normées :

Tableau 7 – Répartition des graphies non-normées selon la catégorie grammaticale

N%
Verbes34434,6
Noms16516,6
Prépositions13113,3
Pronoms11211,3
Adverbes10911
Adjectifs939,4
Conjonctions272,7
Déterminants101
991

33Le verbe est sans surprise la catégorie grammaticale la plus touchée (voir plus loin). Les noms sont principalement affectés dans leur orthographe même (93 cas), dont une partie importante en raison de l’accent, absent ou superflu (38 cas) :

(15) « au plaisire de te revoire » (EF1914.10.15a).

(16) « les abitans son tres chics » (AlF1914.08.07).

(17) « les lettres son au depot » (LP1914.09.09).

(18) « jai bonne éspérance » (EF1914.10.15a).

34La morphographie pose problème dans 35 cas :

(19) « je commensse a marcher avec deux béquille » (EF1914.10.15a).

(20) « jespère venir vous voir dans quelque jour » (PF1914.09.21).

35Signalons que la présence importante des prépositions parmi les erreurs concerne majoritairement l’omission de l’accent sur à (soit 94 cas sur les 132), le reste provenant essentiellement de problèmes de sous-segmentation (23 cas) :

(21) « elle recomande bien a Elisou detre bien sage » (EV1914.10.20).

(22) « il est arrive hier aussoir d’autres blessés » (PF1914.09.05).

36La sur-segmentation est quant à elle plus rare (4 cas) :

(23) « car de puis 2 mois, ce la commence dètre un peut long » (LP1914.10.09).

37Les pronoms sont quant à eux essentiellement touchés par des problèmes de sous-segmentation des clitiques (79 cas, dont <jai> 14 fois) :

(24) « Jai bien reçu tes deux cartes » (EF1914.10.15a).

(25) « ton DéDé qui taime et qui tembrasse » (AT1914.08.18).

38L’orthographe est occasionnellement touchée (24 cas) :

(26) « ton beau Frére qui pensse a tois » (EF1914.10.15b).

(27) « je ne croit pas que sa va durer » (AT1914).

39Mais venons-en maintenant à la catégorie grammaticale la plus affectée : le verbe. Les 344 graphies non normées du verbe peuvent être regroupées selon la partie touchée21 :

40I : seulement la rime (168 cas) :

(28) « les lettres son au depo » (LP1914.09.09).

(29) « je ne sai pas sils viendron » (EV1914.09.09).

(30) « vou me ferai savoir le résulta de la recolte » (LP1914.09.09).

41II : seulement ailleurs que la rime (140 cas) :

(31) « si se nétait ma blessure je jouirrais d’une parfaite santé » (PF1914.09.21).

(32) « nous fesons tous les jours des marche pour nous abituer »(AF1914.08.12).

42III : la conjonction de I et II (36 cas) :

(33) « tu menvaira Largent » (LP1914.09.28).

(34) « j’enplois bien mon temps » (PF1914.09.05).

43En définitive, sans surprise, c’est au niveau de la rime que le verbe est le plus souvent affecté (204 cas, comprenant I et III). Quels types de problème rencontre‑t‑on ?

44L’ajout de morphogrammes en dépit de l’invariabilité de la forme orale est à l’origine de difficultés récurrentes. Pour nos Poilus, une option consiste à suivre le principe phonographique sans l’inclusion d’aucune désinence graphique :

(35) « Je vien en deux mots vous faire savoir letat de ma santee » (EV1914.10.20).

(36) « les Vendanges doive avoir commençai » (LP1914.09.09).

(37) « Il y a aussi un grand nombre de prisonniers non blessé » (PF1914.09.21).

(38) « vous mavez en voyer la dresse mais elle ne doit pas la voir reçu » (LP1914.09.28).

45L’ajout de la désinence donne parfois lieu à des permutations :

(39) « écrit moi si tu peut » (AugF1914.09.17).

(40) « elle ne veux pas aller trouver le medecin » (EV1914.10.20).

(41) « Je fait reponse avautre lettre » (LP1914.09.28b).

46Les rimes en /E/ qui « se prononcent généralement de la même façon, tout au moins dans la plupart des régions de la France continentale » (Sprenger-Charolles 2008 : 220), sont la source de nombreuses confusions. Aussi n’est-il pas surprenant d’observer des erreurs à cet égard :

(42) « l’anné qui va commencé » (AugF1915.01.01).

(43) « Je vous direz que je suis nommer soldat de première classe » (LP1914.10.01).

(44) « j’espere que vous n’y penser plus » (AT1914.08.02).

(45) « on est tous eparpillais » (AlfF1914.08.08).

(46) « vous avez était riche » (LP1914.09.28).

47Signalons pour conclure ce rapide examen que l’orthographe de nos Poilus, fluctuante, semble en partie échapper à un fonctionnement systémique. Et c’est probablement cette plasticité qui leur a permis, malgré l’extrême précarité des conditions de rédaction, d’atteindre avec une efficacité remarquable (mise en évidence par les taux de lisibilité) leur objectif premier : véhiculer des informations par écrit pour donner de leurs nouvelles.

48En définitive, notre étude ne révèle pas les problèmes de nos scripteurs, comme les dénominations de « peu-lettré » (Steuckardt 2015b : 10, note 2) ou « scripteurs maladroits » (Branca-Rosoff 2015 : 41) le laisseraient entendre, mais davantage les problèmes de l’orthographe française. En effet, en tant que lettrés, n’oublions pas que « l’alphabétisation est […] l’histoire de la pénétration d’un modèle culturel élitiste dans la société. […], au point que, très tôt dans notre histoire, l’instruction a été tenue pour synonyme de supériorité sociale » (Furet & Ozouf 1977 : 176).

49Aussi, en 1673, dans les Resolutions de l’Academie Françoise touchant l’orthographe, Mezeray ressent-il comme tout à fait légitime d’écrire: « La Compagnie declare qu’elle desire suiure l’ancienne orthographe qui distingue les gents de lettres dauec les ignorants et les simples femmes. » Probablement indignés par cette formulation peu courtoise à l’égard de la gent féminine, ses relecteurs proposèrent une alternative à leurs yeux moins préjudiciable : « Que si on veut cette distinction, il faut : qui distingue les gens de lettres dauec les autres. Cela est plus simple et n’offense personne » (Marty-Laveaux 1967 [1867] : IX & X). « Peu lettrés » ?

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Notes de bas de page

1L’auteur a souhaité suivre la réforme de l’orthographe de 1990 (sauf dans les citations) et conserver la capitale initiale à « Poilus ».

3Bien qu’imparfait, le mot « informatique » (défini comme « tout segment de la chaine graphique compris entre deux espaces ») présente l’intérêt de fournir des statistiques immédiatement disponibles à partir de la transcription numérique du corpus. Il est clair qu’outre les disparités engendrées par des décomptes différents pour des structures identiques (je t’écoute comporte deux mots, je te regarde trois), les segmentations non normées de nos scripteurs brouillent encore davantage ces résultats. Cependant, une compensation est mécaniquement à l’œuvre entre excès (na rive rapas) et insuffisance (aprésent).

4Les variantes /e/-/ɛ/ ou /o/-/ɔ/ pouvant se voir neutralisées, nous les notons à l’aide des archiphonèmes /E/ et /O/.

5L’ensemble de la correspondance des sept Poilus de la version 1 est disponible en version numérisée et transcrite à l’adresse suivante : <https://www.ortolang.fr/market/corpora/corpus14/1>.

6Cependant « une chose est sûre : entre 1880 et 1914, l’enseignement du français évolue suffisamment pour permettre à tous les méridionaux de rédiger dans la langue nationale » (Chervel 1987 : 98).

7Voir Steuckardt (2015a : 195 et suivantes).

8En 1897, c’est-à-dire à peu près au moment où ont été scolarisés nos Poilus, au niveau national, seulement 7,62 % des garçons de 10-14 ans se présentaient au certificat d’études (Cabanel 2002 : 69).

9Si l’apposition d’une croix en guise de signature est assurément la preuve de l’analphabétisme, la signature n’est pas en soi la garantie d’une alphabétisation aboutie.

10Toutes les traductions sont nôtres. Nous renvoyons aux références citées pour l’original.

11Les noms propres n’ont pas été comptabilisés.

12De même : « tu le vois, ton mari devient complètement maboul, cette vie que je mène depuis vingt mois finit par vous exaspérer le système nerveux […], tout le temps terré, attendant la marmite [= obus] qu’on entend siffler » (cf. Lyons 2013 : 73).

14À ces trois grands « principes » s’ajoute l’influence de lettres étymologiques (Riegel et al. 2009 : 127-128).

13Également appelé « logographique », principe selon lequel les « logogrammes » « constituent des “figures de mots” dans lesquelles la graphie ne fait qu’un avec le mot, qui s’inscrit globalement, avec son image, dans la mémoire visuelle du locuteur » (Riegel et al. 2009 : 127).

15 Les écarts par rapport à la norme sont surlignés en gras.

16Les taux de lisibilité sont tous calculés sur la base du mot informatique (voir note 3), en fonction de sa capacité ou non à atteindre la lecture ciblée.

17L’âge d’EF est inconnu.

18On pourrait probablement ajouter l’expansion de la pratique du français pour les locuteurs occitanophones de l’Hérault.

19Géa mentionne d’ailleurs que « sur l’ensemble des correspondances, seules deux très courtes phrases en occitan apparaissent chez Ernest [EV] et Marie » (2015 : 54).

20Ceci explique pourquoi on obtient un total de 991 dans le tableau par rapport aux 945 « graphies non normées » dénombrées pour le calcul des taux de lisibilité.

21Pour éviter de complexifier la présentation, nous faisons abstraction ici des problèmes, occasionnels, de segmentation.

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