Correspondance d’un soldat en Moselle annexée. Le témoignage d’une double culture allemande et française
p. 67-88
Texte intégral
1La correspondance présentée dans cette contribution constitue un témoignage remarquable de la situation vécue par un soldat originaire de l’Alsace-Lorraine pendant la période d’annexion. Ce fonds nous a été confié par Philippe Wilmouth1, président de l’Association pour la conservation de la mémoire de la Moselle (Ascomemo)2 qui se situe à Hagondange, en Moselle. Les lettres ont été écrites par Eugène Bernard, soldat combattant dans l’armée allemande durant la période de la première annexion. Elles sont adressées à certains membres de sa famille, dont nous détenons également quelques réponses.
2Homme ordinaire, issu d’un milieu modeste de cultivateurs, Eugène Bernard est confronté à une situation extraordinaire : celle d’un soldat né sur une terre auparavant française et devenue allemande. Cette terre, il ne l’a connue qu’annexée. Le regard que nous portons sur cette correspondance est donc influencé par cette histoire tumultueuse bien connue, mais qui, ici, et à travers ces lettres, est appréhendée sous une lumière nouvelle. Bien que les effets de la censure aient sans doute pesé sur le contenu des lettres d’Eugène et de sa famille, comme nous le verrons dans la troisième partie de ce texte, le soldat manifeste un attachement à l’Allemagne qu’il semble reconnaître comme son pays d’appartenance.
3Dans un premier temps, nous décrirons le contexte historique particulier du département de la Moselle, notamment lors de sa première annexion par les Allemands de 1871 à 1918. Ceci pour mieux comprendre l’existence et le parcours de l’homme ordinaire qu’était Eugène Bernard, sa vie de soldat né au sein du Reichsland (« terre d’empire3 » en français) Alsace-Lorraine et combattant pour l’Allemagne. Dans un second temps, nous analyserons dans l’écriture l’usage des deux langues, les insertions récurrentes de l’allemand dans les lettres écrites en français et du français dans les lettres rédigées en allemand, qui sont autant de marques de la double culture de l’épistolier. Enfin, nous aborderons la question de la censure et du contrôle postal qui, selon les lettres, contraignent le soldat à privilégier l’une ou l’autre langue ou provoquent, dans les lettres écrites en allemand comme dans celles écrites en français, des précautions similaires.
La correspondance d’Eugène Bernard : contexte historique et singularité des échanges
4Le fonds que nous étudions s’inscrit dans le contexte particulier de la première annexion de l’Alsace-Lorraine qui a impacté de nombreuses familles. Suite à la défaite de la France et au traité de Francfort du 10 mai 1871, les départements de l’Alsace et de la Lorraine sont annexés à l’Empire allemand et rebaptisés « Elsaß-Lothringen ». Les lettres écrites par Eugène Bernard constituent un support précieux pour comprendre les conséquences de ces bouleversements subies par l’Alsace‑Lorraine à partir de 1871.
5Né le 22 juillet 1892, Eugène est originaire du village de Luppy4 qui se situe à un peu plus de 26 kilomètres de Metz, comme en témoignent les en-têtes des quelques lettres écrites par les parents d’Eugène, ou par ses tantes, ainsi que les mentions assez récurrentes qui sont faites de ce village dans ses écrits.
6Des allusions fréquentes au travail de la terre et aux récoltes, comme dans cette lettre du 17 juillet 1915, laissent également supposer qu’Eugène appartient à un milieu agricole :
« Tante Adèle dit qu’ils nauront pas besoin daracher aux pommes de terre c’ette annèe, car les soldtas leurs les arache deja, elle dit que leurs sinture sont trop grande. »
7De même, dans cette lettre adressée à Eugène et écrite en français au mois de novembre 1916, ses sœurs Camille et Valérie évoquent le battage du blé :
« Ils sont en train de battre et pense avoir finit le blé jeudi il ne fait pas chaud dans la grange, seulement ça ne durent pas longtemps. »
8Dans un courrier en français daté du 29 juin 1915, son père s’inquiète lui aussi des récoltes : « les récoltes laissent beaucoup à désirer, vous goûterez nos premières carottes avant nous ». En outre, ces remarques mettent en évidence la dureté de la vie à l’arrière.
9Lorsqu’Eugène entame sa correspondance le 23 août 1914, il se bat sous les drapeaux allemands. En 1914, la Moselle est allemande depuis près de 43 ans. Les Mosellans sont en majorité incorporés dans les régiments qui combattront sur le front russe. Eugène n’y échappe pas, puisqu’une partie de ses lettres sont écrites depuis la Russie.
10Quelque 230 000 Alsaciens et Mosellans, citoyens allemands, ont été incorporés dans l’armée allemande alors que 18 000 s’engageront dans l’armée française. Certaines résistances étaient donc palpables. Néanmoins, la germanisation (cf. Commaille 2003) qui s’est effectuée durant ces années (1871-1914), bien qu’elle ait connu certaines oppositions, n’est absolument pas comparable à celle qu’a suscitée la seconde annexion opérée en 1940 par l’Allemagne nazie. La langue et la culture allemandes font partie du quotidien, le structurent et le nourrissent.
11Dans le cas d’Eugène, l’annexion est intégrée et son assimilation semble manifeste. Cette phrase écrite en français le 13 août 1915 en témoigne :
« Maintenant ils doivent retiraient les Alsasins Lorrain de la West-front et les envoyer en Russie, nous ils ne faut pas vous désollaient cart tous partous c’est la guerre. ».
12Cette assimilation se perçoit également dans différents passages extraits des lettres rédigées par le soldat, tel ce courrier en français daté du 10 octobre 1914, provenant d’Arès où il évoque la mort de ses frères d’armes :
« Hière après que 27 frères étaits tombée sur 32, encore qu’elle que jours à séjourner est puis bon tapera de nouveaux dans le tâs. »
13Ou cette carte écrite le 7 février 1915 où le possessif « unserm deutschen Friedhoff » (« notre cimetière allemand ») exprime son appartenance au corps de l’armée allemande :
« Jetzt bin ich noch immer am Toden beerdigen. Wir bringen die vom Schlachtfelde runter in unserm deutschen Friedhoff5. »
14Cet attachement semble partagé par les parents d’Eugène qui, dans un courrier envoyé en novembre 1916, espèrent la victoire de l’Allemagne :
« On voit comme le bon Dieu nous aide et nous esperont qu’ils nous aidera jusqu’à la fin et que tous c’est ennemies seront bien battue et que l’Allemagne restera glorieuse. »
15Si de tels exemples portent trace d’un attachement à l’Allemagne6, on note parfois aussi dans ses écrits les traces d’une double histoire. Ainsi, Eugène évoque par deux fois des dates historiques qui relient la guerre qu’il est lui-même en train de vivre à des conflits antérieurs. Il semble se placer du point de vue allemand lorsqu’il évoque le jour « anniversaire » de la bataille de Sedan, au cours de laquelle l’armée prussienne a remporté la victoire face aux soldats de Napoléon III :
« Aujourd’hui pour le 45ème anniversaire de Sedan, notre advercaire n’a pas cécaie avec l’artillerie toute la journé principalement avec des brand grenatten [grenades incendiaires] dans les villages derrières nos tranchées. »
16Mais, dans une lettre datée du 6 juin 1915, Eugène évoque de la même façon le monument commémorant la bataille de Craonne, victoire française cette fois-ci :
« C’est avec grand plaisir que je vous envoie c’êtte carte avec le Monument èlevè en souvenir de la Bataille de Craonne en 1814. C’est à cêtte endroits que le génèral Blüscher a étté repousser par les Français avec sont Armèe. »
17Ces deux extraits peuvent sembler contradictoires, puisque Eugène rappelle ici une victoire française, mais il est possible qu’il énonce simplement des faits historiques – signes de sa double culture – sans se positionner, simplement pour expliquer à ses proches sa situation au moment où il écrit. Comme pour tous les soldats, la correspondance est pour lui l’unique moyen de rester en contact avec les siens. Ses lettres sont attendues d’autant qu’il est le seul de sa famille à être parti à la guerre.
18Il écrit le plus souvent à Valérie et Nicolas Müller qui sont sa sœur et son beau-frère et qu’il nomme « Chers Sœur et Frère ! » ou « Chers Nicolas et Valérie ». Ils habitent au 2-3 rue d’Alzin à Bouzonville et nous apprenons au fil des lettres qu’ils ont un petit garçon nommé Henri7 puis plus tard une petite fille appelée Colette. Dans une lettre datée du 8 octobre 1914, Eugène prend des nouvelles de son neveu : « Je pence que Henri causse deja bien ».
19Nous savons également qu’il écrit à Sarrebourg où Nicolas est employé des chemins de fer. Il adresse aussi des lettres à ses parents, Jean-Pierre Célestin Bernard et Marie-Louise Bernard habitant tous deux Luppy, le village où il est né. Ce fonds comprend en outre des échanges entre Camille, la plus jeune sœur d’Eugène, et Valérie et Nicolas, mais aussi des courriers d’Adèle et Adelaïde Thiriot, les tantes d’Eugène, adressés aux personnes de la famille. Eugène écrit très régulièrement à ses proches tout au long de ses différentes campagnes.
20Le soldat fait partie du 7e corps d’armée, on le nomme Mousquetaire Bernard8, 14e division, 1er bataillon, 7e compagnie, 159e régiment de réserve d’infanterie. Une lettre du 15 août 1917 nous apprend qu’il a rejoint le régiment numéro 2 de marche de l’armée territoriale prussienne.
21Sa correspondance débute le 23 août 1914 dans le département de l’Aisne et se poursuit sur la côte de Craonne en 1915. Il partira ensuite pour la Pologne en mars-avril 1916. Le rythme de sa correspondance s’intensifie à partir de cette période à raison d’une lettre tous les trois jours. Il combattra en Russie à partir de juillet-août 1916 où il écrira environ 44 lettres en allemand entre août et octobre, parfois jusqu’à une tous les deux jours. Il retournera en Pologne à partir de février 1917 pour un mois. Pendant cette période, il écrit onze lettres en allemand. Il est à Vilnius en Lituanie en mars 1917 pour enfin écrire, à partir de mai 1917, des tranchées (Schützengraben) en Russie. La dernière trace écrite que nous avons de lui, comme nous l’avons indiqué un peu plus haut, date du 20 juin 1917 dans les tranchées russes. Il trouve la mort dans un hôpital en Russie, le 25 juillet 1917, soit trois jours après son 25e anniversaire. Les lettres nous permettent ainsi de cheminer à ses côtés, en passant par Ailles, la côte de Craonne, Maubeuge, Müllheim, Vilnius, jusqu’au front russe.
22La correspondance est constituée de 409 lettres écrites sur des supports variés : des lettres « classiques » rédigées sur du papier à lettre entouré de son enveloppe ; des cartes de vœux, de souvenirs ; des cartes postales du ministère de la Guerre et plus particulièrement des cartes de l’armée très fréquentes agrémentées des cachets de la Poste aux armées.
23Parmi ces lettres, 301 sont écrites en langue allemande et 108 en français. Il y a donc trois fois plus de lettres rédigées en allemand. Dans la zone francophone, dont Luppy fait partie, « l’enseignement était bilingue et commençait par l’apprentissage de la lecture et de l’écriture en français, l’allemand n’intervenant que plus tard dans le cursus scolaire » (Roth 2010 : 49). L’usage de l’allemand et du français dans la correspondance témoigne de la double culture et du bilinguisme d’Eugène.
Une correspondance en deux langues : l’allemand et/ou le français
24En 1914, Luppy fait encore partie du Reichsland et de la nouvelle frontière qui, comme l’indique l’historien François Roth, « ne coïncidait pas avec la limite des langues » (2010 : 34). En effet, la nouvelle frontière décidée en 1872 ne tient aucun compte de la délimitation linguistique qui existe alors. Cette frontière crée une séparation entre deux pays et contraint une grande partie des populations annexées à faire progressivement le deuil de leur identité culturelle. Même si l’allemand devient la langue officielle, l’utilisation du français reste autorisée en Lorraine car il constitue la langue maternelle d’une bonne partie de la population (ibid.). Un « recensement linguistique » fut également effectué pour savoir quelles seraient les localités où l’allemand « deviendrait d’usage exclusif » (ibid. : 39). Dès novembre 1914, « l’extirpation de la langue française devient une préoccupation majeure des autorités et les mesures se succèdent en cascade » (Brasme 2008 : 141). Parmi ces mesures, à Metz notamment, le français est banni des correspondances internes au service des postes et du téléphone. Les pancartes qui étaient jusqu’alors rédigées dans les deux langues, ne le sont plus qu’en allemand.
25Les quelques lettres écrites par Eugène à ses parents sont rédigées en français : Luppy est un bourg située dans la zone francophone, on peut donc supposer que ses parents sont nés dans ce village ou à proximité, avant l’annexion, et que leur langue maternelle était le français. Nous disposons de quatre lettres écrites par les parents d’Eugène, dont une est destinée à ce dernier et les autres à Nicolas et Valérie. Nous remarquons que le père d’Eugène écrit dans un français presque sans erreurs et dont le niveau est meilleur que celui employé par son fils, ses filles et sa femme. Il écrit de Luppy, le 19 mars 1916 :
« Je t’écris ces quelques mots pour te remercier de la surprise que tu m’as faites, car je ne m’attendais pas a voir ce que j’ai vu en rentrant de la charrue, j’ouvre la porte deux lettres, et un petit paquet. jouvre la première qui disait que il fallait que ce soit moi qui ouvre le paquet, je ne perds pas de temps je croyais trouver de petits cigarres ou cigarrettes. mais qu’elle ne fut pas ma surprise en voyant la croix et le ruban9. je me suis mis à pleurer, et je j’ose le dire je l’ai porté à mes lèvres. je l’ai baisé tant ça m’a fait plaisir, […]. Eugène si seulement c’eût été toi pour de bon, enfin espérons que tu nous reviendras, ce que Dieu garde est bien gardé. »
26Le niveau de maîtrise de l’allemand d’Eugène est par ailleurs bien meilleur que son niveau de français, comme le montre par exemple cette lettre, du 12 septembre 1916 :
« Zu dem Verlust Ihrer Mutter mein innigstes Beileid. Ja lieber Schwager und Schwester ich wäre auch zu frieden, wenn wir schon ein Jahr älter wären und von dem elenden Kriegen und Morden befreit wären, aber es wird noch manche Schweisstropfen noch manche Bluttropfen und auch noch manches jungen Menschenleben kosten bis dass wir wieder ein friedliches Wiedersehen feiern können.
Nun wollen wir aber hoffen dass uns das Glück welches uns Gott schon so lange verleiht und mit welchem wir schon durch so viele grosse Gefahren durchgekommen sind, auch ferner hin verleihen und in Schutz nehmen wird und uns auch wieder gesund und munter zusammen kommen lässt10. »
27L’épistolier qui a appris l’allemand à l’école le maîtrise sans doute mieux11. Le style y apparaît plus soutenu que celui de ses lettres en français. On relève par exemple, dans une lettre datée du 13 septembre 1915, l’emploi de causer pour « parler » : « Je vous causse toujour de ma permission », ou encore le tour interrogatif à quoi que et les locutions familières se faire de la bile et se casser le tempérament : « A qu’oi que sa sert de se faire de la bile et de se casser le tempérament » dans une lettre écrite de Maubeuge le 21 février 1916 et dans une autre datée du 2 mars 1916. On relève les mots populaires popote, relicher (« la popote ne convenait pas », 9 février 1916 ; « relichèe mes lèvre », 9 mars 1916). Dans les écrits d’Eugène, les deux langues peuvent se confondre, alterner ou s’entrelacer. Nous constatons par exemple qu’il oublie à plusieurs reprises de noter le verbe des conjonctives qui, en langue allemande, se place en fin de phrase. Ainsi, à la fin d’une lettre rédigée le 6 décembre 1914, il écrit : « Damit ihr die Lußt nicht mir was zu schicken12 » pour « Damit ihr die Lust nicht verliert, mir was zu schicken13 ».
28La systématisation des échanges que l’épistolier effectue tantôt en français, tantôt en allemand pourrait expliquer cette omission. Ces allers et retours entre les deux langues sont sans doute à l’origine des erreurs ou des oublis que nous observons. Les 108 lettres écrites en français et les 301 lettres en écriture cursive allemande sont parfois difficilement déchiffrables du fait de cette perméabilité linguistique.
29Parfois, les deux langues se succèdent en alternance. Ainsi, le terme « vermisst » (« disparu, perdu sur le champ » et aussi « recherché ») dans une lettre écrite en français datant du « Dimanche soir, le 23 janvier 1916 », introduit un poème écrit en allemand (fig.1). D’autres fois, les dénominations se superposent dans un jeu de traduction, comme dans cette lettre rédigée à Maubeuge, le 9 février 1916, sur laquelle la séquence « Liebesgaben Zigaren » notée entre parenthèses vient éclairer le sens imagé de « chasse-mouches » (fig. 2).
30À d’autres moments, et ce dans plusieurs lettres, les noms de villages apparaissent tantôt en français, tantôt en allemand. On passe par exemple de « Luppy » à « Luppingen »14 dans l’en-tête des lettres. Ces mentions rattachées au vocabulaire et au quotidien de la guerre sont à associer également à la manière dont est décrit l’adversaire et, par extension, à la façon dont Eugène exprime son rapport au conflit. L’emprunt aux termes ou aux formules plus imagés de l’allemand est fréquent comme dans cette évocation du départ de Verdun, datée du 2 avril 1916, écrite à Müllheim en Allemagne :
« […] comme je vois sûr votre lettre vous vous tourmentez deja parce qu’il nous faux quitter Verdun, mais ne craigniez pas nous somment tous bien content de sortir de ce Hechssel Kessel [“marmite aux sorcières”], ou nous irront on ne sera j’amais si en danger que làbas. »
31Dans les courriers en français, se trouvent 19 mots et 10 passages plus conséquents écrits en allemand. Eugène évoque les « Heimatschüsschen15 » le 20 avril 1917, et, dans la même lettre, sa « taschenlamppe16 ». Dans un courrier du 19 juin 1917, l’épistolier parle des « Überlaufer17 ». Ces termes relèvent majoritairement du quotidien et de la guerre.
32Nous avons également noté douze inserts de mots français dans les lettres en allemand. Ces inserts relèvent souvent d’anecdotes. Ainsi, dans une carte du 19 avril 1917, il parle d’un accident et désigne la blessure en français « (l’épaule démise) ». De la même manière, dans une lettre du 24 janvier 1917, écrite en allemand, Eugène clôt en français : « (salut à bientôt) » et plus haut dans ce même courrier, il rature la séquence « ma écrie » en français pour écrire le verbe en allemand : « H. Sibille ma écrie hat auch von Braunschweig geschrieben18 ». Cet exemple peut nous laisser penser qu’Eugène se corrige lui-même ou qu’il a d’abord écrit le mot en français, avant de retrouver le terme allemand.
33Dans les lettres en allemand, il fait référence 13 fois aux Français et/ou à la France. Il nomme « les français » huit fois, puis « l’ennemi » trois fois en fonction du contexte dans lequel il se trouve. Ces termes participent là encore de la description du quotidien du soldat. En voici deux exemples :
« als ich noch einmahl nach vorne schaute, da sah ich das ein Franzose daher ging und machte warscheinlich sein morgen spaziergang. Ich nahm mein Gewehr und schickte ihn eine blaue Bohnen als Morgengrus wo dan er verschwand19 » (1914).
« Mit großer Freude haben wir Weihnachten im Feindes gefeiert20 » (27 décembre1914).
34Dans les lettres rédigées en français se retrouve cette même désignation de l’ennemi. Dans une lettre du 22 mars 1915 (« Côte de Crâon »), Eugène écrit :
« les Français sont entrain de faire une tranchée enavent. Aujourdhui toutes la journée, les aviateurs énnemie se sont promener tous la journè. »
35Les contacts entre langue allemande et langue française se manifestent sans cesse dans les récits d’Eugène, que ces liens soient sous-jacents ou clairement lisibles. Ces passages expriment la situation spécifique dans laquelle se trouve Eugène, pris entre deux cultures et entre deux langues dont le mélange constitue sa propre identité.
Le poids de la censure dans le choix de la langue
36La parole d’Eugène est-elle muselée par la censure ? La mise en service du contrôle postal militaire s’établit en janvier 1915, à Sarreguemines, alors qu’il est au front.
37La franchise militaire figure sur tous les courriers envoyés par Eugène sous l’appellation « Expédition postale militaire de l’Empire allemand 7-8 N ou 5-6 N », en fonction de l’affectation géographique des combats. Suit l’indication de l’armée de réserve, de la division, du régiment de l’armée, du bataillon et de la compagnie (fig. 3).
38Le plus souvent, les enveloppes ont gardé la trace des tampons témoignant de l’acheminement des courriers passant par le contrôle postal à Sarreguemines. Sur une enveloppe envoyée le 18 décembre 1916, quatre tampons cachètent cette dernière en allemand, dont trois sont déchiffrables. Le premier spécifie la division concernée, « feldpostexp - 80. Reservedivision21 », le suivant, « überprüft und freigegeben, Überwachungsstelle22 », signifie que le courrier a été contrôlé et autorisé, et le dernier justifie son retard « aus militärischen Gründen verzögert23 » (fig. 4).
39Le poids de ce contrôle se manifeste de différentes façons. Il contraint le soldat à écrire en allemand. En effet, le courrier est ouvert et peut être retourné à l’envoyeur s’il est écrit en français. Dans une lettre écrite d’une tranchée le 17 mai 1917 à sa sœur et son beau-frère, Eugène écrit en allemand à ses proches qu’un courrier lui serait revenu avec une mention particulière rappelant l’interdiction d’écrire en langue étrangère et la confiscation du courrier : « Briefe in fremder Sprache sind verboten, daher entnommen24 » (fig. 5). Nous en déduisons qu’il avait écrit à sa famille en Français. Il poursuit en rappelant cette interdiction à sa sœur et en s’étonnant que les lettres en français de sa tante lui parviennent tout de même :
« Also du kannst dich dem nach richten, Wie ich noch in Wilna war hatte ich unsern Vater um antwort gebeten drauf schrieb mir die Camille dahs die Französische schrift verboten wäre, und dahs kann ich nicht begreifen, Tante Adèle schreibt mir immer noch auf Französisch25. »
40Eugène fait part de cette censure à plusieurs reprises dans ses courriers. Ainsi, dans une lettre datée du 9 mai 1916, il explique dès le début de la missive que les lettres échangées sont lues :
« Es hat mich gar nicht gewundert dass, der Brief geöffnet wurde, den von zu Hause hatte ich auch schon bescheidt bekommen, Sogar hier auf Schreibstube werden unsere durchgelessen, aber natürlich nicht alle26. »
41Il indique à ses proches le 2 juillet 1916 que les lettres sont parfois bloquées avant même d’être transmises :
« Jetzt bin ich zu Kaserne angekommen, und habe schon etwas gehört über die Briefen die nicht angekommen sind. Die liegen offen auf Schreibstube, und werde wohl einen abgeseift kriegen, ich kann aber aushalten27. »
42Plusieurs courriers ont dû être ainsi retenus, et sans doute supprimés, brisant la continuité des échanges et la transmission des nouvelles. Combien de lettres ont été ainsi dérobées au regard du soldat et de ses proches ? Nous ne le saurons jamais. Mais le poids de ce contrôle et le manque de nouvelles sont insupportables pour le soldat. On sent dans la correspondance une inquiétude et un énervement palpables, particulièrement dans les écrits de 1916 à un moment où la violence des combats doit être certainement insoutenable :
« Die letzte Zeit habe ich gar nichts mehr von Euch gehört, Ich bin am verzweifel ob ihr stieften gegangen seit, oder wass mit Euch los ist. bin ich vieleicht etwass fresch oder bösse Euch gegen über vorgekommen, oder bleibt die post irgenswo hängen28. »
43Nous voyons bien que le choix de la langue dans la correspondance est aussi dicté par la censure et le contrôle postal. Écrire en allemand est une obligation pour le soldat dès 1915. Selon ce qu’il a à dire, et selon la langue de ses destinataires, l’usage de l’allemand est plus ou moins aisé, mais il doit s’y contraindre. Ainsi, dans cette lettre du 3 septembre 1916, Eugène déplore que sa jeune sœur Camille fréquente un homme et semble perturbé au point de ne pas trouver d’emblée les mots justes en allemand pour faire part de sa réprobation à sa sœur aînée. Il écrit ce message après avoir donné de ses nouvelles et avoir signé en français « Eugène. En attendant de vous revoir bientôt ».
« Ich werde Ihm auch Schreiben und hätte es schon getan, aber leider muss ich jetzt auch Deutsch schreiben und dafür kann ich mich nicht so genau ausdrücken, aber ich werde es mir überlegen29. »
44Compte tenu de cette contrainte, mais sans certitude, nous faisons aussi l’hypothèse que le recours au français a été, à certains moments, une façon de déjouer la censure. Nous avons constaté que même dans le cas où la lettre est écrite en français, Eugène inscrit toujours l’adresse du destinataire en allemand sur l’enveloppe. Les lettres ont ainsi plus de chance de passer le contrôle sans être ouvertes si l’adresse est rédigée en allemand comme ici :
« Nic Müller. Eisenbahnangestellter. Wildmannstraße 32 Büsendorf Lothr Alzingerstr 213 a » (fig. 6)
45Notons pour finir que conformément à la censure qui demande aux soldats de ne rien dire dans leur lettre du lieu où ils se trouvent pour des raisons de sécurité, l’en-tête des courriers d’Eugène souscrit à cette consigne.
46Même s’il ne nomme pas le lieu, Eugène a besoin de spatialiser l’endroit d’où il écrit de manière récurrente, qu’il écrive en allemand ou en français. Il explique par exemple, le 10 décembre 1914, qu’il écrit dans un abri près d’un mauvais feu de bois :
« In einer aus Bretter und Lehm zusammen geflogten Höhle sitzend neben einem kleinem armer aus grünem Holze brennendes Feuer30. »
47Il se décrit en train d’écrire dans une tranchée après avoir passé trois heures en faction :
« Geschrieben den 5. Januar 1915 im Schützengraben nach drei Stunde im Beobachtungsposten, unter einen Sitzunterstand31. »
48Parfois, il ne donne que la tranchée comme localisation : « Ecrite en tranché » apparaît dans une lettre en français datée du 13 septembre 1915, équivalent de la mention allemande « Schützengraben den… » présente dans deux lettres rédigées en français et datées des 16 avril et 9 mai 1915. Dans les lettres en allemand, d’autres précisions sont parfois données comme le moment de l’écriture : « Im Schützengraben den 1er mai 1915, im ½ 8 Uhr abends vorm Posten stehen32 ».
49À partir du 16 mai 1917, le terme « Schützengraben » est largement privilégié. Il apparaît dix‑sept fois, suivi de la date, jusqu’au 20 juin. On trouve également, à partir du 6 janvier 1917, la mention « Frankreich » mentionnée douze fois jusqu’au 28 janvier 1917. La localisation reste vague comme le montrent ces exemples. Elle est majoritairement portée par l’indéfini des noms tranchées/Schützengraben qui deviennent, dans cette correspondance, des unités de lieu.
50Toutefois, cette réserve est parfois difficile à tenir pour l’épistolier qui a besoin d’en dire plus à sa famille, de leur signaler le lieu où il se trouve, et ce qu’il y fait. Deux de ses lettres comportent un code chiffré qu’il intègre au texte et qui lui permet de signaler, comme il l’écrit le 4 février 1916 : « où nous en somment » – « Le nûmero 1. sera en battue 2. Enrepos et 3. Dehors de combat ». De même, dans cette lettre datée du 26 novembre 1914, écrite à Ailles dans l’Aisne, en français, dans laquelle il dépeint les baraques en terre que lui et ses compagnons sont en train de construire (fig. 7). Il choisit de signifier sa position grâce à un dessin. Certaines indications comme « Unsere baraken » (« Nos baraques »), « waldrand» (« lisière de forêt ») ou « Stacheldracht » (« mur de barbelés ») sont notées en écriture cursive allemande. Au milieu de ce croquis, il précise qu’il prendra le temps une prochaine fois de dessiner à nouveau et somme le destinataire de ne pas montrer cette représentation :
« Ici sur une hautheur sur le virage d’un bois nous avons fais des baraques en terre, et qu’and je serai de retoure, je n’aurais plus besoin d’acheter de maison je ferais la même chose qui-ci, même que nous fesons du feu dedans et qu’elle qu’un… même des plûmon bière et aujourd’hui voilà la nège ici, j’amais on aurais pencais… la nège dans les… en France. Voici notre pausiciont. Une autre fois je prenderais le temps de faire le dessin. Ne pas le monterais. »
51Ce document nous semble particulièrement précieux, puisque Eugène mentionne à de nombreux moments le fait qu’il n’a pas le droit de dire l’endroit où il se trouve. Ce dessin exprime sans nul doute le besoin de communiquer à sa famille sa situation géographique, ses déplacements, qui permettent d’ancrer les échanges dans la réalité de son propre quotidien. Avec le besoin sans cesse exprimé de recevoir des lettres de ses proches, le soldat nous dit combien il est nécessaire pour lui de garder le contact avec sa famille, sa terre, son pays et de lutter contre l’oubli.
52La correspondance d’Eugène Bernard avec sa famille, ses sœurs Valérie et Camille, son beau-frère Nicolas, ses parents et ses tantes nous permet d’appréhender la situation particulière de soldats mosellans qui combattaient du côté allemand. La « nouvelle frontière franco-allemande » établie en 1871 a été ressentie par la plupart des habitants de la région, du moins pendant les vingt premières années, comme « une mutilation insupportable » (Roth 2010 : 90). Cette annexion était pour les Français synonyme d’humiliation, laissant des familles divisées, voire séparées à jamais. La germanisation progressive ne parvint pas à effacer le sentiment de la Patrie, surtout dans la zone francophone, c’est-à-dire celle qui restait en contact avec la France.
53Dans le cas précis de cette correspondance d’Eugène Bernard, le soldat et citoyen allemand se bat donc logiquement pour son pays. Ses lettres apportent un éclairage sur les effets de l’annexion, à travers la conjoncture singulière dans laquelle il a grandi, au sein d’une région où la germanisation s’est opérée en plusieurs années. Eugène a une double culture à la fois allemande et française, ce qui transparaît notamment avec l’usage, dans ses lettres, des deux langues confondues, alternées ou mixées et dont le choix est parfois dicté par la censure.
54Nous avons vécu avec ce soldat, en lisant ces lettres, en saisissant l’attente, le désarroi et l’expression d’une usure manifeste, d’une guerre subie. Le nom d’Eugène est gravé sur le monument aux morts de Luppy. Le plus souvent, les noms de ces soldats n’ont pas été inscrits entre les deux guerres sur les monuments aux morts. Cela est, semble-t-il, exceptionnel dans le cas précis de la ville de Luppy. Raviver la mémoire de ce soldat dont l’histoire est tombée, comme celle de tant d’autres, dans l’oubli, est donc une manière de rappeler toute la singularité de cet homme, né allemand, et qui, jusqu’à sa mort sur le front russe en juillet 1917 à tout juste 25 ans, écrivait à sa famille, en français et en allemand.
Bibliographie
Brasme Pierre, 2008. « Metz de 1914 à 1918. De la dictature à la délivrance », in Grandhomme J.- N. (dir.), Boches ou tricolores. Les Alsaciens-Lorrains dans la Grande Guerre, Strasbourg, Éditions La Nuée bleue.
Commaille Laurent, 2003. « Un exemple de villes rattachées, les villes de Lorraine annexée entre 1870 et 1918 », in Turrel D. (dir.), Villes rattachées, villes reconfigurées. xvie-xxe siècle, 2003, Tours, Presses universitaires François Rabelais, p. 113-127. En ligne : <https://0-books-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pufr/3050>.
Georges Raphaël, 2015. « Quelle mémoire pour les soldats alsaciens-lorrains de la Grande Guerre ? », Le mouvement social, 251, p. 59-74. En ligne : <https://0-www-cairn-info.catalogue.libraries.london.ac.uk/revue-le-mouvement-social-2015-2-page-59.htm>.
Roth François, 2010. Alsace-Lorraine. Histoire d’un « pays perdu ». De 1870 à nos jours, Colmar, Éditions Place Stanislas.
Notes de bas de page
1Nous tenons à remercier chaleureusement Philippe Wilmouth pour le prêt de ce fonds ainsi qu’Hélène Payeur pour la traduction des lettres en écriture cursive allemande ou autrement appelée la Deutsche Kurrentschrift.
2Association qui gère un centre de documentation et un musée. Cette structure est née en 1989 pour sauvegarder la mémoire et le patrimoine de 1939-1945 en Moselle, afin de vulgariser, pour un large public, l’histoire particulière de cette région annexée et de ses drames inhérents.
3Ici nous pouvons nous référer à François Roth : « Revenons un instant sur les deux mots, Reich et Land. En les associant, Bismarck soulignait à la fois le statut impérial du nouveau territoire allemand et son infériorité juridique par rapport aux États (Staaten) confédérés qui venaient de fonder le second empire allemand » (Roth 2010 : 37).
4Luppy, baptisé à partir de 1871 Luppingen (et ce jusqu’en 1918), est un village situé dans la zone francophone de la Moselle annexée.
5« En ce moment je suis encore en train d’enterrer les morts. On les transporte du champ de bataille à notre cimetière allemand. »
6Dans ce contexte bien spécifique, rappelons que la plupart des soldats qui vivaient et étaient nés à la fin du xixe siècle, en zone annexée et donc allemande, se battaient aux côtés des Allemands : « Si une partie d’entre eux [les soldats alsaciens-lorrains] a revêtu à contrecœur l’uniforme allemand, la majorité semble s’y être conformée avec loyalisme et sens du devoir, sans vraiment se poser la question du sentiment national et du rapport à la France – du moins pas avant les derniers mois de la guerre » (Georges 2015 : 60).
7Ils déménagent d’ailleurs pendant la période où s’étend la correspondance. Eugène parle alors de leur « nouvelle adresse ».
8Cette désignation figure sur l’en-tête des cartes militaires.
9La croix qu’évoque le père d’Eugène est la croix de fer, décoration militaire allemande initiée par le roi Frédéric III de Prusse en 1813 et rétablie par Guillaume II en août 1914.
10« À l’occasion de la perte de votre mère mes plus sincères condoléances. Oui cher frère et sœur, moi aussi je préférerais avoir un an de plus et qu’on soit libérés de cette malheureuse guerre et des crimes, mais il va encore couler quelques gouttes de sueur et de sang et il va tomber aussi quelques vies de jeunes gens jusqu’à ce qu’on puisse fêter des retrouvailles de nouveau dans la paix. Il faut espérer maintenant que la chance que Dieu nous a donnée et grâce à laquelle nous avons vaincu déjà tant de dangers soit encore avec nous et nous protège et nous laisse nous retrouver en bonne santé. »
11Selon l’Amtsblatt für den Bezirk Lothringen (Bulletin officiel du district de la Lorraine), 23, 16.4.1871, p.119-120, l’obligation scolaire s’étendait pour les garçons de 6 à 14 ans.
12« Pour que vous ne pas l’envie de m’envoyer quelque chose ».
13« Pour que vous ne perdiez pas l’envie ».
14Les dernières germanisations des noms de villages sont opérées en Lorraine annexée par un décret de septembre 1915.
15Qu’on peut difficilement traduire. Seul le mot heimat signifie la « patrie » et schuss, le « coup ».
16« Lampe de poche ».
17« Déserteur ».
18« H.Sibille ma écrie m’a écrit aussi du Brunswick. »
19« Quand j’ai levé la tête encore une fois, j’ai vu qu’un Français arrivait et faisait certainement sa promenade matinale. J’ai pris mon fusil et ai tiré une fois en guise de bonjour après quoi il a déguerpi. »
20« C’est avec une grande joie que nous avons fêté Noël en territoire ennemi. »
21« Courrier militaire ». Le suffixe « exp. » renvoie sans doute à « expédition », puis « 80e division de réserve ».
22Que l’on peut traduire par « contrôlé et autorisé. Poste de contrôle ».
23« Retardé pour raisons militaires. »
24« Les lettres en langues étrangères sont interdites, pour cette raison lettre confisquée. »
25« Tu peux donc suivre cette consigne, quand j’étais encore à Vilnius j’avais demandé à notre père de après quoi Camille m’a dit que d’écrire en français était interdit, et je ne comprends pas, tante Adèle m’écrit toujours en français. »
26« Ça ne m’a pas du tout étonné qu’on ait ouvert la lettre, car chez nous ils m’avaient déjà prévenu, même ici au secrétariat nos lettres sont lues, mais pas toutes bien sûr. »
27« Maintenant je suis arrivé à la caserne, et ai déjà entendu parler des lettres qui ne sont pas arrivées, elles se trouvent ouvertes sur le bureau, et vais me faire passer un savon, mais je peux vivre avec. »
28« Les derniers temps je n’ai plus eu du tout de nouvelles, je me demande désespérément si vous avez fichu le camp ou ce qu’il peut bien se passer. Peut-être est-ce que je vous ai paru insolent ou en colère, ou est-ce que le courrier est bloqué quelque part. »
29« Je vais lui écrire [à Valérie, la sœur d’Eugène] et l’aurais déjà fait, mais maintenant je dois écrire en allemand malheureusement et je ne peux pas m’exprimer aussi clairement pour ça, mais je vais y réfléchir. »
30« Dans un abri construit de planches et de glaise, assis à côté d’un misérable petit feu de bois vert. »
31« Écrit le 5 janvier 1915 sous un abri dans la tranchée après trois heures passées en poste d’observation. »
32« Dans la tranchée, le 1er mai 1915 à 8 h et demie du soir en faction. »
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Gens ordinaires dans la Grande Guerre
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