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Introduction

p. 17-27


Texte intégral

1Alors que les sciences de l’homme se passionnent, depuis près d’un demi-siècle, pour « l’ordinaire » et pour les personnes supposées telles, l’absence de sources en la matière reste un sujet de déploration. Pierre Rosanvallon y voit une menace pour nos sociétés contemporaines :

« La démocratie est minée par le caractère inaudible de toutes les voix de faible ampleur, par la négligence des existences ordinaires, par le dédain des vies jugées sans relief » (Rosanvallon 2014 : 10).

2Vêtus de gilets jaunes fluorescents, des gens ordinaires ont cherché en France depuis quelques années à se rendre plus visibles, et leur parole, affichée sur les ronds-points, criée par actes saturnaux, recueillie par les médias et sur les plateformes du grand débat national, semble être devenue plus audible. Si, pour le présent, ces sources viennent compléter les corpus collectés par différentes disciplines, de l’anthropologie à la sociologie en passant par la linguistique, faut-il, pour le passé, se contenter de regretter une carence des sources ? Les gens ordinaires n’auraient-ils pas d’histoire ?

3Exploiter les documents exhumés pendant le centenaire de la Grande Guerre, et ainsi redécouvrir, écouter, lire, analyser les archives des gens ordinaires pour retracer un pan de cette histoire, tel est le propos du présent ouvrage. Il s’inscrit dans la lignée de ceux qui ont cherché à retrouver leur trace, à l’instar de Michel de Certeau qui dédiait à « l’homme ordinaire » son Invention du quotidien (Certeau 1990 [1980] : 11). Parler de « l’homme ordinaire », c’était poser une catégorie générique, choix délibéré, induit par le refus de tout « retour à l’individu » au motif que « chaque individualité est le lieu où joue une pluralité incohérente (et souvent contradictoire) de ses déterminations relationnelles » (ibid. : xxxvi). Parallèlement pourtant, les sciences de l’homme se sont intéressées aussi aux individus qui instancient singulièrement la qualité d’ordinaire. Se donnant pour objet non pas l’homme ordinaire, catégorie générique abstraite, mais des gens ordinaires, exemplaires multiples et divers de cette catégorie, elles ont porté sur le devant de la scène le meunier Menocchio (Ginzburg 1976), le vitrier Jacques Ménétra (Roche 1986) ou le sabotier Louis-François Pinagot (Corbin 2016 [1998]).

4En introduction au Monde retrouvé de Louis-François Pinagot, Alain Corbin contestait la qualité d’ordinaires à ceux qui, comme Ménétra, « par le seul fait de prendre la plume, se sont extirpés du milieu qu’ils évoquent » (Corbin 2016 [1998] : 335). Pour explorer l’« atonie des existences ordinaires » (ibid.), Corbin choisit au hasard, dans les tables décennales d’état civil, un sabotier du bocage normand, nommé Pinagot, et entend faire surgir, par les seuls indices laissés dans les archives et par ses propres déductions, le « monde retrouvé » de cet homme oublié. Radicale, son entreprise montre aussi les limites de l’exercice. L’essai s’arrête au seuil de la subjectivité, et le monde de ce sabotier analphabète demeure pour nous, à bien des égards, un monde perdu. Comment, en effet, sans nulle trace de son discours, savoir qui était Pinagot ? La recherche sur les gens ordinaires semble alors se trouver dans l’impasse : s’ils n’ont pas écrit, leur subjectivité nous reste inaccessible ; s’ils ont écrit, ils ne font plus partie, à en croire Corbin, des gens ordinaires.

5Mais devons-nous refuser la qualité d’ordinaires à ceux qui ont écrit ? Les écrits ordinaires antérieurs au xxe siècle font l’objet de collectes menées par des historiens (Bouscayrol 1987 ; Hämmerle 1995 ; Bardet & Ruggiu 2009), des ethnologues (Bruneton-Governatori & Staes 1996), des linguistes (Branca-Rosoff & Schneider 1994 ; Ernst & Wolf 2005 ; Fernández Alcaide 2009 ; Martineau 2012 ; Rutten & Van der Wal 2014 ; Steffen et al. 2018). Les milliers de documents rassemblés nous permettent de voir dans l’écriture une pratique plus banale qu’on ne le suppose parfois (François 1999 : 137). A fortiori à l’époque de la Première Guerre mondiale, où « le seul fait de prendre la plume » ne saurait suffire à « s’extirper » de sa classe, puisque, par le développement de la scolarisation au xixe siècle, l’accès à l’écrit est devenu un phénomène de masse (Prost 1968 ; Chervel 2006). Si, à l’égard de la qualité d’ordinaire, on ne juge pas dirimant l’accès à l’écrit – au moins pour ses pratiques privées –, la période de la Grande Guerre représente un moment majeur pour retrouver l’histoire de gens ordinaires, de leurs pratiques langagières, de leur existence, de leur subjectivité. Abordant ces personnes par leur propre discours, nous les envisagerons non comme « le lieu d’une pluralité incohérente » (Certeau, supra), mais comme des sujets réflexifs que l’acte de discours contribue à constituer comme tels. Nous parlerons donc ici non de l’homme ordinaire, mais de gens ordinaires, et nous considérerons que les archives, écrites ou orales, qui laissent entendre leur parole, n’invalident pas nécessairement leur qualité ordinaire.

6Comment, plus précisément, appréhender cette qualité ? Selon l’étymon ordo, est ordinaire ce qui est dans « l’ordre », donc conforme aux règles, aux habitudes. Les premiers dictionnaires du français commencent, pour définir l’adjectif ordinaire, par signaler cette régularité, qui repose sur la répétition et n’est pas de mauvais aloi. Furetière commence ainsi l’article « Ordinaire » : « Ce qui arrive souvent, ou toujours », et illustre par l’exemple : « Le train ordinaire de la vie, c’est de boire et de manger » (Furetière 1690). Il poursuit et déjà la possible pente vers une orientation négative s’esquisse : « se dit aussi de ce qui est commun, qui n’est pas rare » ; l’exemple est alors : « C’est un homme fort ordinaire, qui n’a rien qui le fasse distinguer des autres » (ibid.). L’ordinaire s’oppose donc à l’irrégulier, mais aussi au « rare » et au « distingué »1. Appliqué aux humains, l’adjectif ordinaire les situe dans un entre-deux : les gens ordinaires n’appartiennent ni aux classes les plus défavorisées, ni à l’élite2. Corbin décrit son Pinagot comme un « Jean Valjean qui n’aurait jamais volé de pain » (Corbin 2016 [1998] : 336). Les gens ordinaires, par définition, ne sont pas des délinquants, ni des misérables. Dans l’usage linguistique contemporain, ils ne sont pas ceux qu’on appelait naguère les sans-papiers, les sans-abris, ou simplement des « sans » (Guilhaumou 1998), et qu’on nomme aussi aujourd’hui « les invisibles »3, à l’instar de Louis-Julien Petit qui donne ce nom au film qu’il consacre à des femmes SDF en 2018. À défaut de bénéficier d’une catégorisation sociologique précise, les gens ordinaires, mis en lumière à partir des années 1960 par la vogue des récits de vie, ont bénéficié de l’attention des écrivains, qui, comme Pierre Michon avec ses Vies minuscules (1984), Annie Ernaux ou Jean Echenoz – pour la seule littérature française contemporaine –, en ont esquissé, après Barbusse, Céline ou Giono, la représentation littéraire, et décliné la diversité. La qualité d’ordinaire est d’abord un défaut de qualité, affectant non seulement la condition sociale, mais aussi le cours de la vie. L’ordinaire, « c’est-à-dire un ensemble systématique de pratiques soumises à des régularités figées » (Macherey 2005), caractérise habituellement des vies où, si l’on les regarde de loin, rien ne saille. La Grande Guerre vient bouleverser ces « régularités figées », confrontant les gens ordinaires à l’extraordinaire. Comment traversent-ils ce temps-là ? Leurs archives nous permettent-elles de suivre le fil de l’ordinaire entre la vie en guerre et la vie d’avant ?

7Plusieurs éditions et analyses de correspondances (Guéno & Laplume 1998 ; Bosshard et al. 2004 ; Caffarena 2005), de récits personnels et de témoignages (Cazals 2013, Cazals & Offenstadt 2003 ; Rousseau 2011) ont fait incursion dans les écrits de gens ordinaires. Le centenaire de la Grande Guerre a cependant marqué un tournant, qui ne tient pas seulement à la symbolique des dates. Il a suscité de vastes collectes, et les technologies numériques ont mis à disposition des chercheurs et du grand public un trésor d’archives privées jusqu’ici inaccessibles (Cendari ; Schwender 2008 ; The National Archives par exemple). Des initiatives spécialisées ont rassemblé les correspondances des familles peu lettrées (Steuckardt 2015) ou encore les testaments de soldats ordinaires (Nougaret & Clavaud 2017). Les archives des gens ordinaires débordent désormais le patrimoine familial : par leur diffusion, elles sont devenues un bien commun (Roynette, Siouffi & Steuckardt 2017).

8Que nous apprennent les écrits, désormais aisément accessibles, des gens ordinaires de la Grande Guerre ? Quelles sont leurs spécificités, dans leur appropriation de la langue et des genres discursifs, mais aussi dans le témoignage qu’ils donnent de l’événement ? En quoi diffèrent-ils de ceux des élites lettrées (Allorant & Resal 2014) ? En quoi leur ressemblent-ils (Vidal-Naquet 2014a) ? Modifient-ils aujourd’hui notre perception de l’événement ? Comment contribuent-ils à construire, pour les nouvelles générations, la mémoire de la Grande Guerre ? Dans quelle mesure dessinent-ils une autre histoire de la langue française ?

9Les études ici réunies prennent pour objet les carnets de guerre, journaux intimes, correspondances, testaments, etc., laissés par des femmes, des hommes, des enfants ordinaires emportés dans la tourmente de la guerre. Menées par des chercheurs venant de disciplines différentes – linguistique et histoire majoritairement, mais aussi archivistique, anthropologie, littérature –, elles ont pour dénominateur commun la matière qu’elles traitent : des archives de gens ordinaires datant de la Première Guerre mondiale. Toutes passent par trois questionnements fondamentaux : comment l’archive ordinaire a-t-elle été découverte ? Quel rapport entretient-elle avec les discours déjà connus de la Première Guerre mondiale ? Comment, dans ce contexte, se construit le discours ordinaire ? Nous avons réparti les textes en fonction de l’importance que l’auteur accordait à l’une ou à l’autre de ces trois perspectives : la découverte archivistique, la situation historique, la pratique discursive.

10La première partie de cet ouvrage rassemble quatre contributions mettant au jour des documents remarquables par leur originalité ou par leur représentativité. Les premières tirent de l’oubli des archives inédites, notariales et linguistiques. Les suivantes préservent des fonds privés, des correspondances familiales et conjugales.

11Christine Nougaret présente des écrits méconnus de la Grande Guerre, des « testaments de guerre de poilus parisiens », recueillis dans le cadre du projet de recherche éponyme, mené au centre Jean-Mabillon de l’École des chartes (cf. Nougaret & Clavaud 2017).

12Ce sont aussi des voix d’anonymes que Sybille Grosse et Britta Lange invitent à entendre, mais au sens physique du terme. Elles exhument des archives sonores de l’université Humboldt de Berlin, une vaste enquête dialectale et, avec elle, les enregistrements de nombreux prisonniers français, détenus dans 31 camps allemands.

13Les contributions suivantes envisagent ce qui compose habituellement les archives des gens ordinaires, les correspondances privées.

14Cyrielle Lévêque et Aurélie Michel présentent la correspondance familiale d’Eugène Bernard, soldat mosellan, qui, comme de nombreux citoyens des territoires annexés, combat pour l’Allemagne.

15Enfin, sauvegardée par Jean‑Pierre Cavaillé, la correspondance d’Amélie et Émile Quentin se présente avant tout comme une correspondance conjugale (Vidal‑Naquet 2014a), où la relation de couple évolue et se reconfigure.

16La deuxième partie revient d’abord sur le trajet épistémologique de la progressive prise en compte des témoins « ordinaires » dans l’historiographie. Puis elle se consacre à des études de cas, où la question de « l’ordinaire » se pose à nouveau avec acuité.

17Tout en retraçant le tournant amorcé par Jean Norton Cru dès après la guerre à travers sa volonté de donner voix à ceux qui avaient vécu les tranchées, Odile Roynette rend compte de l’importance grandissante des « témoins » pour les historiens et les linguistes.

18Rémi Cazals, quant à lui, propose une double reconstruction, celle de la vie de Louis Barthas, qui, quoique « ordinaire », n’était pas « peu lettré », et celle de la réception de ses Carnets, dont le succès manifeste une soif de témoignages authentiques et directs, susceptibles d’approcher le plus intimement possible le réel de la guerre.

19Les contributions suivantes font état de correspondances privées ou collectives et redéfinissent chaque fois des espèces d’ordinaire. Pierre Allorant voit dans les deux correspondances qu’il évoque deux types d’ordinaire, alors qu’elles sont issues de milieux différents : la famille Resal, représentative de la bourgeoisie bordelaise aisée et cultivée, la famille Bergerat, viticulteurs dans un village près d’Orléans, d’un bon niveau orthographique, mais sans les habitudes culturelles des Resal. Les auteurs qui lui succèdent rendent compte de trois types de formes narratives à l’intérieur des correspondances soit privées (Verdier et de Fornel), soit instituées par l’école (Olivier-Messonnier, Domain).

20Au terme de cette section, l’ordinaire semble tout doucement nous échapper. L’ordinaire peut simplement rendre compte d’habitudes historiographiques, puisqu’il s’agirait de nommer des corpus qui jusque-là avaient été ignorés, chacun ayant sa part d’ordinaire et d’extraordinaire. En tout cas, l’ordinaire ou les gens ordinaires sont des collectifs abstraits, et l’on peut partager ici la vision de Pascal dans ses Pensées :

Une ville, une campagne, de loin c’est une ville et une campagne, mais à mesure qu’on s’approche, ce sont des maisons, des arbres, des tuiles, des feuilles, des herbes, des fourmis, des jambes de fourmis, à l’infini. Tout cela s’enveloppe sous le nom de campagne.

21Dès que l’on s’approche des individus ordinaires, ils nous apparaissent infiniment singuliers.

22La troisième partie de l’ouvrage appréhende les enjeux de l’écriture dans la vie des gens ordinaires pendant la Grande Guerre et dégage certaines récurrences de leurs écrits.

23Dans une présentation générale de la question, Sonia Branca-Rosoff revient sur les enjeux historiographiques de l’accès direct aux archives des gens ordinaires et identifie les préoccupations principales qu’elles révèlent : centrées sur le quotidien, les lettres évoquent la nourriture, les conditions météorologiques, le courrier lui-même. Par leur répétition même, ces récurrences mettent au jour le « temps circulaire », où les gens ordinaires se trouvent piégés.

24Ce style d’écriture témoigne-t-il d’un « style de vie dominé » (Mariot, cité par Branca-Rosoff) ? Jean-Michel Géa nous invite à appréhender l’écriture des gens ordinaires du point de vue de la domination de classe. Inscrivant son propos dans l’opposition entre stratégie et tactique, conceptualisée par Michel de Certeau, il estime que la pratique intensive de l’écriture par les gens ordinaires relève d’une tactique leur permettant d’échapper à l’emprise des dominants.

25C’est au concret de l’écriture même des gens ordinaires que nous invitent à nous confronter les trois dernières contributions. Julie Tissier démonte la fabrique de la narration en comparant les lettres et le récit autobiographique du jeune Olivier Chatellier. Avec l’étude de Stéphanie Fonvielle sur les ratures, nous accompagnons le scripteur dans le geste d’écriture. Que nous révèlent, de sa conception de la langue écrite, de la lettre, de ce qui doit être dit ou tu, ces moments, où l’épistolier s’arrête et revient sur ce qu’il vient d’écrire ? Christian Surcouf revient pour finir sur la question de l’orthographe des gens ordinaires. La variété orthographique est sans doute le trait qui, au premier regard, frappe le lecteur lettré contemporain. Constituait-elle une gêne dans leur communication épistolaire ?

26Plus d’un siècle s’est écoulé depuis la Grande Guerre, et de nouveaux combats font rage aux portes de l’Europe et de par le monde. L’histoire vécue par ces gens ordinaires pendant la Première Guerre mondiale nous revient en mémoire ; plus que jamais, leurs voix résonnent en nous : leurs archives-témoignages nous laissent approcher leurs pensées, dans ce qu’elles ont de plus commun et de plus singulier.

Bibliographie

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Notes de bas de page

1Le Dictionnaire de l’Académie souligne le trait négatif : « Commun, vulgaire. C’est un homme fort ordinaire, esprit ordinaire, pensée ordinaire, mémoire ordinaire. Il ne dit rien qui ne soit ordinaire » (voir « Ordinaire », in Dictionnaire de l’Académie française, 1694).

2L’appliquant à la langue, Françoise Gadet définit le français ordinaire par une double négation : « Ce n’est bien sûr pas le français soutenu, ni recherché, ni littéraire, ni normé. Mais ce n’est pas non plus (pas seulement) le français oral ou parlé, puisqu’il peut s’écrire […]. C’est donc surtout le français familier, celui dont chacun est porteur dans son fonctionnement quotidien, dans le minimum de surveillance sociale : la langue de tous les jours » (Gadet 1997 : v).

3Des SDF se sont emparés, sur leurs pancartes, du mot, pour retourner aux passants : « être invisible c’est nul » (cité dans Midi libre, « Tous des chiens », 20 septembre 2018), « Être invisible, c’est nul en fait » (cité dans Libération, « Canicule », 27 juin 2019).

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