1 « Memento EVI en FGI » conçu par le Centre de formation initiale des militaires du rang de la 11e brigade parachutiste, 2012, p. 81.
2Ce titre et le suivant sont empruntés à Christian Jacob (2007b : 125-134).
3« Memento EVI en FGI » conçu par le Centre de formation initiale des militaires du rang de la 11e brigade parachutiste, 2012, p. 60.
4Pour obtenir l’Affim, la moyenne du volontaire doit être supérieure ou égale à 10/20. Cette note constitue la moyenne de deux évaluations : la première est faite de façon continue au cours des trois mois par le chef de section et le capitaine commandant la compagnie ; la seconde a lieu durant le rallye organisé au cours de l’avant-dernière semaine de FGI. Lors de ce rallye, les jeunes doivent restituer leurs acquis techniques et tactiques.
5Le saut en parachute donne lieu à une instruction spécifique, réalisée à l’Étap (École des troupes aéroportées). Intervenant à l’issue des trois premiers mois d’instruction, le baptême de l’air marque le passage de la formation générale initiale à la formation de spécialité. Six sauts sont nécessaires pour valider la formation et être « breveté Tap » (troupes aéroportées).
6La fourragère est une décoration militaire. Il s’agit d’une cordelette tressée dont la couleur dépend des médailles et décorations dont le régiment est titulaire. La fourragère est portée sous le bras : elle est passée dans un bouton cousu sous la patte d’épaule gauche, afin que la tresse pende sous l’aisselle.
7 Ce chant est intitulé « Béret rouge ». Les strophes qui suivent reprennent la même structure. Les références au béret sont très fréquentes dans les chants parachutistes. C’est notamment le cas dans « Para au rouge béret » ou dans le poème anonyme suivant, dédié à la coiffure : « Quand la première fois je t’ai mis sur ma tête, je voulus sans tarder voir comme ça m’allait… Tu avais fière allure et j’étais satisfait. Puis d’un pas assuré et bombant la poitrine, glanant sur mon chemin des éloges flatteurs […]. De ma vie de Para tu restes ma richesse, Toi mon beau béret rouge au prestigieux renom […]. Nous sommes tous semblables, puisque nos chefs eux-mêmes portent le béret rouge […]. » « Béret rouge » est également le titre du magazine édité par la 11e brigade parachutiste.
8C’est à la fin de l’année 1944 que le roi Georges VI autorisa les unités aéroportées formées en Angleterre à porter le béret amarante (béret rouge). En 1951, le général de Lattre étendit le port de ce béret à toutes les unités parachutistes servant en Indochine. En 1957, cette mesure fut étendue aux autres parachutistes métropolitains.
9« Évocation du béret rouge », dossier de présentation du Centre de formation initiale des militaires du rang de la 11e brigade parachutiste, 2013.
10En arrivant au centre d’instruction, les cadres aident les jeunes à « faire » leur béret, autrement dit à lui donner une forme qui conviendra à la morphologie de son porteur. Pour cela, les bérets sont plongés dans l’eau puis ajustés sur la tête de chaque recrue. Une fois formés, les bérets sont pliés de façon réglementaire et placés sous le matelas pendant un mois afin qu’ils gardent la forme voulue.
11L’inaptitude TAP désigne l’incapacité à intégrer les troupes aéroportées. Elle peut être définitive ou temporaire.
12Le « mess » désigne la cantine réservée aux officiers et sous-officiers.
13Aux dires de mes interlocuteurs, la cérémonie actuelle de remise du béret rouge est toutefois moins « impressionnante » que par le passé. Il y a une dizaine d’années, la cérémonie avait lieu de nuit et des torches éclairaient le cérémonial. Après avoir positionné le béret, l’instructeur donnait un coup sur l’insigne qui provoquait une marque sur le front de la recrue. Selon un adjudant ayant connu ce dispositif (et déclarant avoir « un peu saigné » après la « tape » de son instructeur), cette façon de faire était destinée à « marquer » : « Ça veut dire : “Para un jour, Para toujours !” »
14L’emploi de ce terme ne suggère aucunement l’inva-riabilité des « valeurs militaires ». Éric Letonturier (2011) a bien montré le déclin de l’honneur militaire à partir du XVIIIe siècle environ, au profit d’un principe d’« égale dignité » sur lequel reposent les sociétés modernes.
15 Né en 1916 et mort en 2010, Marcel Bigeard est un militaire et homme politique français. Appelé sous les drapeaux comme homme du rang au milieu des années 1930, il a terminé sa carrière comme général quatre étoiles. Il a notamment servi dans les troupes parachutistes au cours de la Seconde Guerre mondiale, en Indochine et durant la guerre d’Algérie. Sa figure et sa mémoire font l’objet d’importantes controverses : héros de la Résistance et de l’Indochine pour les parachutistes, il est suspecté d’actes de torture en Algérie. En 2012, l’idée de transférer ses cendres aux Invalides a suscité de fortes polémiques. http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/11/25/marcel-bigeard-n-a-pas-sa-place-aux-invalides_1609314_3232.html [lien valide en juin 2016].
16André Zirnheld (1913-1942) était un parachutiste libre, membre du Special Air Service pendant la Seconde Guerre mondiale. Après qu’il fut tué au combat, on retrouva sur son corps une « prière » écrite en 1938. Dans le monde parachutiste, cette prière est très connue. En voici le texte : « Donnez-moi, mon Dieu, ce qui vous reste / Donnez-moi ce qu’on ne vous demande jamais / Je ne vous demande pas le repos / Ni la tranquillité / Ni celle de l’âme, ni celle du corps / Je ne vous demande pas la richesse / Ni le succès, ni même la santé / Tout ça, mon Dieu, on vous le demande tellement / Que vous ne devez plus en avoir / Donnez-moi, mon Dieu, ce qui vous reste / Donnez-moi ce que l’on vous refuse / Je veux l’insécurité et l’inquiétude / Je veux la tourmente et la bagarre / Et que vous me les donniez, mon Dieu, définitivement / Que je sois sûr de les avoir toujours / Car je n’aurai pas toujours le courage / De vous le demander / Donnez-moi, mon Dieu, ce qui vous reste / Donnez-moi ce dont les autres ne veulent pas / Mais donnez-moi le courage et la force et la foi. »
17C’est à propos de deux poèmes-chants emblématiques de l’identité hongroise qu’Anne-Marie Losonczy (1997 : 97) parle ainsi de reproduction d’une appartenance collective. L’idée de l’ubiquité et de l’intériorité de la patrie est également développée dans son article.
18Durant mes enquêtes, « Les partisans blancs » était le seul chant comprenant des parties polyphoniques (les engagés continuent à chanter les mêmes paroles mais à des hauteurs différentes).
19Ce rôle de l’unisson est souligné dans plusieurs travaux anthropologiques portant sur le chant. Voir le n° 171-172 de la revue L’Homme paru en 2004, intitulé « Musique et anthropologie », et en particulier l’article de Gilbert Rouget. À propos des polyphonies pygmées, l’ethnomusicologue écrit : « Chanter de cette manière, mener sa partie à la fois en la distinguant de celles des autres et en la réglant sur elles […] requiert naturellement de chacun qu’il soit à l’écoute à la fois de lui-même et des autres. » (Rouget 2004 : 38). Dans notre cas, l’unisson révèle ou cherche à instaurer une forme d’indistinction entre les membres.
20Dans le domaine musical, on parle d’ambitus. Le terme renvoie à l’étendue d’une mélodie, d’une voix ou d’un instrument entre sa note la plus grave et sa note la plus élevée.
21 Ces récits à la gloire du régiment, de ses soldats et de la patrie se trouvent au cœur de nombreux chants, par exemple « Régiment de rapaces » : « Régiment de rapaces / la gloire de tes anciens / Malgré le temps qui passe / reste notre destin / Au Mesnil, en Alsace / les paras du Premier / Ont déjà délivré la France / rendu la liberté / Du Laos au Tonkin / le bataillon sans fin / Dans les rizières et les marées / fit la gloire du premier / Sur la terre africaine / l’avion les a menés / Vers des combats et vers des peines / qui furent notre fierté / Du Liban aux Balkans / les rapaces du premier / Ont toujours su verser leur sang / Pour rétablir la paix / Régiment de rapaces / reprenant le flambeau / Prêts à fondre sur la menace / pour l’honneur du drapeau / Car sur la terre de France / ailleurs s’il le fallait / Nous resterions le fer de lance / de notre belle armée. »
23Dans cette acception, le terme a été popularisé par les « poilus ». Le Grand Dictionnaire de l’argot militaire définit la popote comme la « pièce où est installée la cuisine, salle où officiers et sous-officiers mangent en commun » (Cassagne 2007 : 349).
24L’association pour la promotion de l’arme des transmissions a mis en ligne l’un de ces règlements : http://www.appat.org/70ans/[lien valide en juin 2016]. Les articles cités dans le corps du texte sont issus de ce règlement.
25Le rituel de la poussière fait l’objet d’une description et d’une analyse très fine dans la thèse d’Adeline Poussin (2014 : 128-131).
26L’historien Jean-François Brun retrace succinctement les évolutions de ce rituel : « Sous la monarchie de Juillet, le territoire algérien est conquis par le biais de colonnes mêlant fantassins et cavaliers, appuyés de quelques pièces d’artillerie. Hommes et chevaux soulèvent suffisamment de poussière pour qu’il devienne nécessaire de se rincer la bouche avant de se restaurer. Les officiers, qui déjeunent ensemble “en popote” prennent à cette occasion l’habitude de débuter le repas par quelques gorgées de vin. S’instaure bientôt un cérémonial très simple. En début de repas, le “popotier” (traditionnellement le plus jeune dans le grade le moins élevé) commande “Qu’on remplisse nos verres”. Ceci fait, il lance “À la poussière”. Tous les convives saisissent alors leur verre (ou leur quart) et le vident pour, selon l’expression consacrée, “pousser la poussière” » (Brun 2002 : 190).
27La modalité du rituel décrite ici correspond à celle évoquée par mes interlocuteurs lors des entretiens. D’autres modalités existent, même si celle-ci semble être la plus courante. Dans le carnet de chants d’un régiment parachutiste, ce sont d’autres phrases qui étaient préconisées.
28Ces chiffres sont ceux donnés sur le site internet du réseau : http://www.entraideparachutiste.fr/index1.html [lien valide en juin 2016].
29Les deux associations les plus connues sont l’Aria (Association de réflexion, d’information et d’accueil des familles de militaires en activité) et l’Anfem (Association nationale des femmes de militaires). Quelques forums internet permettent également à ces femmes d’entrer en contact : http://www.femme2militaire.com/[lien valide en juin 2016].
30Le terme désigne un élève-officier de Saint-Cyr.
31Extrait d’une vidéo sur la cérémonie, réalisée par le service de communication de l’Armée de terre et visible en ligne : http://www.youtube.com/watch?v=XedF-usHgi0 [lien valide en juin 2016].
32Après avoir combattu en Indochine, le brigadier-chef parachutiste Alain Charrier (né en 1932) a été rappelé en Algérie. Il est mort en 1979.
33 Phrases extraites de sa biographie affichée sur un mur du centre de formation.
34Créée par la loi du 2 juillet 1915, la mention « mort pour la France » est une opération relative à l’état civil visant à honorer le sacrifice des combattants et des victimes de guerre.
35Phrases extraites de la biographie en ligne en 2013 sur le site de la brigade parachutiste. Le lien internet n’existe plus.
36Le paradoxe inhérent au couple héroïsme-exemplarité est souligné par Jean-Pierre Albert (1999 : 11) : « Y a-t-il un sens à ériger en exemple pour tous ce qu’on reconnaît en même temps admirable parce qu’exceptionnel ? »
37Ancien chef du service de psychiatrie de l’hôpital du Val-de-Grâce et consultant national de psychiatrie et d’hygiène mentale pour les armées, Claude Barrois pose un regard critique sur la notion de patrie, trop abstraite pour faire l’objet d’une véritable appropriation par les soldats : « Souvent, les guerriers se font tuer ou blesser pour protéger l’action des camarades de combat, ou encore pour le prestige de la section, pour obéir à un chef incontesté, pour l’honneur tout simplement […]. Mais ce n’est pas la Patrie qui est présente directement, ce concept est beaucoup trop abstrait pour soutenir une action dangereuse, concrète et immédiate. Son invocation ne redevient effective et légitime […] qu’après la guerre » (Barrois 1993 : 174-175). Pour consentir au sacrifice, les combattants ont donc besoin du groupe, cette « patrie toute proche, et bien plus concrète, riche de la substance vivante des hommes » (ibid. : 239).
38Ces trois vers sont issus de la première strophe du chant régimentaire intitulé « Régiment de rapaces ».
39Pierre Bourdieu (1989 : 257) définit l’esprit de corps comme un « corps social incorporé dans un corps biologique ».