1Tous les termes sont soulignés par nous. Dossier de presse « Devenez vous-même », Campagne de recrutement de l’Armée de terre 2010-2012.
2La première campagne de recrutement des forces armées terrestres professionnalisées, lancée en 1996, insistait déjà sur ce point, à travers une déclinaison de slogans révélateurs : « Avec ces chaussures, vous pourrez devenir coiffeur », « Avec ce casque, vous pourrez devenir comptable ».
3https ://www.recrutement.terre.defense.gouv.fr/devenez-vous-meme [lien valide en juin 2016].
4https ://www.recrutement.terre.defense.gouv.fr/devenez-vous-meme [lien valide en juin 2016].
5Toutes les expressions placées entre guillemets sont extraites du site internet dédié au recrutement : https ://www.recrutement.terre.defense.gouv.fr/[lien valide en juin 2016].
6Le terme « entreprise » a été utilisé à quelques reprises dans des slogans publicitaires. Notamment dans la campagne de 2004-2006 : « Rares sont les entreprises où vos collègues ne perdent jamais une occasion de vous soutenir. » Ici, l’emploi du terme témoigne d’une volonté de « normaliser » les métiers militaires, tout en les distinguant nettement (par leur état d’esprit notamment) des métiers civils.
7Cette rhétorique est souvent employée pour appuyer le discours sur la qualité des formations militaires. La question de la reconversion professionnelle est amplement abordée à différentes étapes de la vie militaire, y compris dès la phase de recrutement. Le site internet dédié au recrutement consacre un onglet complet à cette question. Les compétences acquises durant l’instruction militaire y sont présentées comme un « atout » pour la suite de la -carrière : « Le fait même d’avoir été soldat de l’Armée de terre est un atout pour la reconversion », « Les savoir-faire et, surtout, le savoir-être acquis sous l’uniforme, sont utiles pour la vie et très appréciés par des chefs d’entreprise : disponibilité, discipline, esprit d’initiative, sens des responsabilités, autonomie sont des qualités recherchées ». Voir : https ://www.recrutement.terre.defense.gouv.fr/etre-soldat/et-apres-reconversion [lien valide en juin 2016].
8L’enquête réalisée en 2011 auprès de lycéens conclut à une forte évolution des motivations à l’engagement, corrélée à un changement progressif de l’image des armées : « Interrogés en 1998 sur les raisons qui les feraient éventuellement envisager un engagement dans l’armée, les jeunes invoquaient en premier la possibilité d’avoir un emploi stable (42 % des réponses) et en second le fait de ne pas être au chômage (39 %). Plus de dix ans plus tard, l’ordre des motivations est tout autre, et les jeunes mettent en avant des raisons en étroite correspondance avec l’idée même d’engagement. La première motivation est l’envie de faire quelque chose pour son pays (37 %), la seconde est le goût pour le travail en équipe (30 %). Dans la présente enquête, on ne trouve plus qu’un quart des jeunes tenté par l’engagement évoquant la possibilité d’avoir un emploi stable (24 %) ou d’échapper au risque du chômage (16 %). » Ainsi, « les motivations mises en avant relèvent moins de logiques individualistes, organisant la mise en forme d’une carrière ou d’une étape dans son parcours de vie, que de préoccupations animées par un sens de l’engagement collectif » (Hatto, Muxel & Tomescu 2011 : 74-75).
9Cette distinction entre emploi et métier recoupe celle faite en langue anglaise entre occupation et profession.
10Le dictionnaire Trésor de la langue française insiste d’ailleurs sur ce double aspect du « technicien », défini à la fois à partir de son degré de spécialisation dans un domaine quelconque, et par la nature du savoir qu’il a acquis.
11Terme le plus fréquemment utilisé par les militaires, « Famas » correspond à une abréviation pour « fusil d’assaut de la manufacture d’armes de Saint-Étienne ». D’usage courant dans l’armée française depuis 1979, cette arme a été choisie pour sa puissance et sa facilité d’utilisation. Il sera progressivement remplacé par le HK-416, de fabrication allemande, à partir de 2017.
12Pour une synthèse très éclairante sur l’anthropologie des savoirs, voir Adell (2011).
13Datant du 20 janvier 2016, la circulaire n° 7532/DEF/RH-AT/SDF/BCCF/SC/FGSO-OE relative à la formation générale initiale des militaires du rang de l’Armée de terre définit les trois objectifs majeurs de la formation initiale des soldats. En plus de celui cité dans le corps de ce texte, la FGI doit permettre aux recrues « d’intégrer progressivement la communauté militaire en s’adaptant à son mode de vie spécifique et de s’approprier le Code du soldat » ; « d’acquérir, de manière homogène, l’instruction militaire fondamentale nécessaire à la mise en œuvre, au sein du groupe ou de la section, […] des missions communes de l’Armée de terre ».
14Extrait de la circulaire n° 7532/DEF/RH-AT/SDFE/BIF/SC/FISO relative à la formation des engagés volontaires dans l’Armée de terre (27 juillet 2010). Dans la circulaire suivante, datant de janvier 2016, la fin de la dernière phrase (« en limitant le plus possible les cours théoriques en salle ») a été supprimée.
15Cette valorisation de la technique dans le monde militaire donne lieu à des pratiques de technicisation de nombreux domaines. L’emploi massif de sigles, censés favoriser l’apprentissage des recrues qui doivent les utiliser comme moyens mnémotechniques, donne au discours une allure très technique et spécialisée.
16Le site internet du ministère de la Défense insiste d’ailleurs sur ces deux aspects : celui de la connaissance et celui de la détention du code : « Chacun, quels que soient sa catégorie ou son grade, se doit de connaître le Code du soldat et d’en détenir un exemplaire sur soi ». Voir : http://www.defense.gouv.fr/terre/bloc-les-essentiels/code-du-soldat [lien valide en juin 2016].
17Citations extraites du site internet du ministère de la Défense : http://www.defense.gouv.fr/terre/bloc-les-essentiels/code-du-soldat [lien valide en juin 2016].
18Citations extraites du site internet du ministère de la Défense : http://www.defense.gouv.fr/terre/bloc-les-essentiels/code-du-soldat [lien valide en juin 2016].
19Extrait de L’Exercice du métier des armes dans l’Armée de terre. Fondements et principes (État-major de l’Armée de terre, 1999). Ce texte s’ouvre sur les précisions suivantes : « Ce document n’est pas un règlement : il est un guide pour la réflexion et pour l’action. […] Ce document constitue la référence éthique sur laquelle se construira l’Armée de terre nouvelle au service de la France. »
20Citons notamment L’Exercice du métier des armes dans l’Armée de terre. Fondements et principes (1999) ou encore L’Exercice du commandement dans l’Armée de terre (2003). Dans un article, Michel Yakovleff (2007), représentant du commandement suprême allié en Europe auprès du Comité militaire de l’Otan, distingue trois niveaux de textes : le niveau « philosophique » (L’Exercice du métier des armes dans l’Armée de terre. Fondements et principes), le niveau « réglementaire » (Règlement de discipline générale) et le niveau « symbolique » dans lequel il place notamment le Code du soldat.
21Pour une réflexion portant spécifiquement sur l’éthique militaire et son évolution, voir notamment Irondelle (2008).
22Dès la fin des années 1980, Daniel Fabre notait cette extension de l’usage de ce terme issu des sciences sociales : « Le déroulement des courses hippiques, une tournée ministérielle en province, la remise des césars […] ont désormais acquis l’évidence de rites » (Fabre 1987 : 3).
23Le sigle TTA signifie « traité toutes armes ». Les TTA sont les textes réglementaires dans l’Armée française. Le TTA 150 correspond au « Manuel du sous-officier ».
24 TTA 150, titre I, Connaissances militaires générales, 2008, p. 309.
25Dans les grandes écoles militaires, ces surnoms sont très répandus. À Saint-Cyr, le « bazar » est un élève de première année.
26Une exception notable à cette éviction : les bars dans lesquels se rendent les joueurs à l’occasion des « troisièmes mi-temps », dans lesquelles se retrouvent de nombreuses « groupies ».
27« D’eux-mêmes, les anciens combattants évoquent très peu ces questions [liées à la sexualité], sans doute par pudeur […] ou par souci de ne pas faire de vagues dans leur ménage » (Bodin 2006b : 7-8). Dans le cas de cette enquête, le fait d’être une femme a sûrement rendu plus compliqué l’accès à ces données. Questionner explicitement un homme sur sa sexualité constitue une interaction assez inhabituelle qui provoque de la gêne et peut rapidement donner à l’échange une connotation équivoque : « Parler trop explicitement de ses pratiques sexuelles dénoterait une attitude exagérément “affranchie” (“obsédé(e)”, “nympho”, exhibitionniste), voire vénale à l’égard de la sexualité » (Bozon 1999 : 6).
28Deux exceptions notoires méritent d’être signalées. Les recherches épidémiologiques sur les maladies vénériennes se développent très tôt et composent aujourd’hui une littérature d’une richesse considérable. Dans une perspective plus proche de la nôtre, on note également des travaux consacrés aux exactions sexuelles en temps de guerre. Bien que passionnantes, ces études ne sont pas au cœur de notre démarche, qui vise à documenter l’ordinaire des pratiques et représentations sexuelles dans l’espace de la formation militaire.
Sur les questions liées à la sexualité en temps de guerre, voir notamment : Branche & Virgili (2011).
29Acronyme désignant le bordel militaire de campagne. À ce sujet, voir notamment Hardy (2004).
30Les travaux de Camille Favre s’intéressent particulièrement à la « presse à soldats ». L’historienne montre combien la pin-up fait vendre. Des revues comme Yank (hebdomadaire) ou Stars and Stripes (quotidien) pour les troupes américaines sont au cours du second conflit mondial « gratuites et acheminées par courrier » (Favre 2012 : 244).
31Le site internet de la Cité des arts rapporte également l’existence de médailles « Bon pour les femmes nues ». L’article présente ces insignes comme des « faire-valoir de virilité » : http://www.citedesarts.com/fr/Aff.php?select_nom=14 [lien valide en juin 2016].
32Film de guerre américano-britannique réalisé par Ridley Scott, sorti en salles en 2001.
33Série d’animation américaine, créée par Valerie Walsh, Eric Weiner et Chris Gifford, diffusée en France à partir de 2001. L’héroïne de la série est une petite fille nommée Dora.
34Pour une approche complète du chant dans l’institution militaire, voir la thèse d’Adeline Poussin (2014).
35Thierry Bouzard distingue quatre sources pour les chants militaires. La source « orale », que l’on peut atteindre par contact avec le milieu militaire, les recueils régimentaires de chants (plus difficiles d’accès car normalement destinés aux militaires), les recueils commercialisés (peu nombreux) et les enregistrements (pour l’époque plus contemporaine). À propos des carnets de chants régimentaires, l’auteur écrit : ils sont « généralement élaborés dans les unités à usage exclusivement interne. Ils ne sont pas mis dans le commerce et ne font pas l’objet d’un dépôt légal, comme c’est la règle pour toute publication, ou d’une conservation dans les archives militaires. Ce sont des documents consommables, il est donc difficile d’y avoir accès » (Bouzard 2006 : 99).
36Le classement des chants diffère d’un carnet à l’autre. Le TTA 107 qui règlemente la pratique du chant dans l’Armée de terre divise le répertoire en quatre groupes : les chants patriotiques, les chants de tradition, les chants de marche, les chants de bivouac. À ces quatre catégories s’ajoutent les « chants de popote » ou « chants de corps de garde ».
37La popote désigne familièrement la cuisine militaire.
38l semble difficile de dater l’» origine » des chants militaires. Dans son article, Thierry Bouzard précise néanmoins que le plus ancien chant de soldat imprimé (intitulé « Réveillez-vous les Picards ») se trouve dans les Cantilènes B de Petrucci, publiées en 1503. C’est surtout autour du XVIIIe siècle que s’étoffera le répertoire de chants (notamment autour de la Révolution française, période à laquelle est écrit le célèbre chant qui deviendra l’hymne national : « La Marseillaise »).
39Ce traité n’ayant pu être consulté, la citation est extraite de l’article de Thierry Bouzard (2006 : 102).
40Extrait du chant de popote « Le pinard ».
41Extrait du chant de popote « La Madelon ».
42Vers extraits du chant de popote « Oh ! La fille ».
43Y compris sur le terrain militaire. Voir notamment Prévot (2007). Dans une perspective plus historique, voir Cochet (2006) et Comor (2006).
44Comme le souligne François Beck (2006 : 143) : « La consommation d’alcool et le contrôle relatif de ses effets chez les jeunes garçons [sont] un rite de passage obligé vers le monde adulte. »
45Extrait du chant de popote « Le troubadour ».
46Extrait du chant de popote « Marie-Suzon ».
47Skype est un logiciel permettant de passer des appels téléphoniques par Internet et proposant également une option visioconférence.
48 G.I. Joe est un soldat américain de fiction, héros d’une bande dessinée créée par David Breger.
49Loïc me raconte qu’il surveille assez strictement son alimentation, notamment depuis qu’il a choisi de postuler dans les forces spéciales. Il dit éviter les aliments trop gras (plats en sauce, charcuterie, fromages…) et privilégier les protéines, féculents et légumes. Il veille également à ne pas abuser des boissons alcoolisées – mais précise qu’il n’a « jamais eu une nature à faire des conneries » – et ne fume pas. Il me dira enfin être attentif à son « rythme de vie » (horaires du coucher notamment) pour tenter d’être en forme.
50Le texte reproduit ici date de 2013. Il a depuis été modifié mais les idées principales restent semblables : http://www.recrutement.terre.defense.gouv.fr/devenez-vous-meme [lien valide en juillet 2016].
51La maxime choisie par le service de communication des armées est étonnamment proche du sous-titre de l’autobiographie intellectuelle du philosophe allemand, publiée après sa mort en 1908 et intitulée Ecce homo : « Comment on devient ce que l’on est. » Présent sous des formes variées dans toute l’œuvre de Nietzsche, cet aphorisme est en réalité très ancien puisqu’on le retrouve déjà dans les deux-ièmes pythiques de Pindare, poète grec du Ve siècle avant notre ère qui écrit : « Puisses-tu devenir ce que tu es en l’apprenant. » Au fil des siècles, cette injonction sera reprise (de façon plus ou moins fidèle) sous la plume de nombreux philosophes comme Plotin (philosophe romain de l’Antiquité tardive), Jean-Jacques Rousseau (écrivain et philosophe né à Genève en 1712 et mort en 1778), Fichte (philosophe allemand, né en 1762 et mort en 1814), Georg W. F. Hegel (philosophe allemand né en 1770 et mort en 1831) ou Søren Kierkegaard (écrivain, théologien et philosophe danois né en 1813 et mort en 1855). Sur cette thématique du « Deviens toi-même », voir la synthèse du philosophe Jacques Darriulat sur son site internet : http://www.jdarriulat.net/[lien valide en juin 2016].