1Expressions extraites d’un reportage sur la répétition du défilé diffusé le 10 juillet 2011 sur la chaîne d’information BFMTV.
2Expressions extraites d’un reportage diffusé le 14 juillet 2011 sur la chaîne d’information BFMTV.
3Dans son sens premier, « spectacle » signifie en effet « ce qui s’offre au regard ».
4« Privileged points of penetration into other social and cultural universes » (toutes les traductions proposées sont de l’auteure).
5« It is in various public occasions that cultural codes — usually diffused, attenuated, and submerged in the mundane order of things — lie closest to the behavior surface. »
6La cérémonie militaire japonaise qu’étudient les deux auteurs est présentée comme une « [occasion] in which a culture or society reflects on and defines itself, dramatizes its collective myths and history and presents itself ».
7Cette idée est aussi développée par James Fernandez (1986 : 276) pour qui « [the] military parade is a parade of the “instruments of violence” of which the nation-state enjoys sole possession and legitimate use » : « La parade est une parade des “instruments de violence” que l’État est le seul à pouvoir utiliser de façon légitime. »
8Une ambiguïté similaire est relevée par Line Sourbier-Pinter (2001 : 130) lorsqu’elle évoque les uniformes militaires : « S’ils ont pu faire peur à l’ennemi, ils séduisent toujours autant les foules. »
9On doit cette expression et les premiers efforts pour la conceptualiser à un professeur de droit, Pierre Dabezies (1980). Laure Bardiès (2011) propose une synthèse très éclairante de cette notion.
10Cette tradition a eu tendance à produire une situation relativement similaire, quoique moins dichotomique, à celle que décrivait Pierre Bourdieu à la fin des années 1980 à propos de la sociologie du sport : « On a ainsi d’un côté des gens qui connaissent très bien le sport sur un mode pratique mais qui ne savent pas en parler et, de l’autre, des gens qui connaissent très mal le sport sur le mode pratique et qui pourraient en parler mais dédaignent de le faire » (Bourdieu 1987 : 203).
11« Anthropologists have largely ignored the military. »
12De nombreuses raisons pourraient être mobilisées pour rendre compte de cette situation. Sur le plan pratique, la « fermeture » relative de l’institution militaire aux civil-e-s a limité la possibilité d’y conduire des investigations. Des motifs d’ordre idéologique semblent également en jeu. Les missions confiées aux armées ne font pas l’objet d’un consensus politique, et probablement en particulier au sein de la communauté scientifique. À ce sujet, Laure Bardiès (2008) évoque l’idée d’une « incompatibilité » entre le fait d’être chercheur-se en sciences sociales et le fait de prendre l’armée pour objet d’études. Dans l’imaginaire collectif, le sociologue (ou l’ethnologue) est considéré comme un intellectuel « de gauche », tandis que l’armée est réputée être une institution conservatrice, « de droite ».
13Les deux auteurs soulignent eux-mêmes les similitudes entre l’armée et les institutions sur lesquelles se fondent leurs travaux respectifs.
14Nous rejoignons ainsi la démarche d’Éric Letonturier (2011 : 269) qui recommande une « position théorique de portée moyenne », qui ne retient l’armée « ni comme une institution particulière et différente, voire en rupture avec le monde civil, ni comme une organisation ordinaire et “banale” ».
15À ce sujet, Claude Weber (2000 : 14) écrit : « L’institution militaire recense tout ce dont se nourrit habituellement et avec appétit l’ethnologue : les pratiques rituelles, le symbolisme, l’organisation sociale, les traditions, le fonctionnement institutionnel, etc. »
16Slogan publicitaire utilisé par l’Armée de terre au début des années 2000 dans le cadre de sa campagne de recrutement.
17Cette disproportion des effectifs recrutés par les différentes armées reflète leur inégale importance. En 2014, les armées comptaient 208 916 personnels : 111 628 dans l’Armée de terre (soit 53 % environ), 36 044 dans la Marine (17 %), 43 597 dans l’Armée de l’air (21 %) et 17 647 dans les autres services.
18Les limites d’âge dépendent du type de contrat proposé : les contrats EVAT (engagé volontaire de -l’Armée de terre) peuvent être souscrits entre 17 ans et demi et 30 ans. Les contrats VDAT (volontaire de l’Armée de terre) entre 18 et 26 ans maximum. Les EVAT et VDAT avec lesquels j’ai travaillé étaient âgés de 20 ans en moyenne.
19Après avoir pris des informations dans l’un des centres d’information et de recrutement des forces armées (Cirfa), les candidat-e-s passent des tests de sélection qui comprennent un bilan médical complet, des évaluations sportives et psychotechniques et des entretiens individuels.
20Les enquêtes statistiques nationales montrent que les militaires sont « surtout des enfants -d’ouvriers (35 %) et de cadres moyens ou professions intermédiaires (26 %) ». Ces origines populaires sont celles qui caractérisent les jeunes observés. 39 % des militaires servant dans l’Armée de terre ont un père ouvrier et près de la moitié des soldats du rang (47 %) appartiennent, par la profession du père, à la classe ouvrière. Ces chiffres sont issus d’une enquête parue en 2010, commanditée par la direction des Ressources humaines du ministère de la Défense : http://www.defense.gouv.fr/sga/a-la-une/enquete-sur-les-militaires-et-leur-famille [lien valide en juillet 2016].
21Le site internet du ministère de la Défense précise que le « taux global de féminisation » dans les armées est « en hausse constante depuis 1995 ». Il a notamment doublé entre la fin des années 1990 et 2008. Voir : http://www.defense.gouv.fr/sga/rubrique-actualites/feminisation-dans-les-armees [lien valide en octobre 2016].
22En 2011, l’Armée de terre comptait 10,2 % de personnels féminins. Elle est à ce titre l’armée la moins féminisée. La Marine compte 13,03 % de femmes, la gendarmerie, 14,57 % et l’Armée de l’air 21,25 %. (Source : Secrétariat général pour l’Administration : http://www.defense.gouv.fr/sga/a-la-une/les-femmes-militaires-aujourd-hui [lien valide en juillet 2016].)
Sur le plan symbolique, de nombreux travaux ont déjà souligné le lien historique entre la figure du guerrier et les mondes « masculins » ou « virils ». Ce point sera détaillé dans la suite de l’ouvrage.
23Durant la FGI, les volontaires sont en pensionnat à la caserne. Ils dorment dans des dortoirs de six et leurs contacts avec l’extérieur sont limités. Ils ont droit à une permission de 72 heures toutes les trois semaines. Leurs échanges téléphoniques sont restreints à quelques créneaux décidés par l’encadrement.
24Les modalités détaillées ici sont celles qui ont cours depuis 2010. Avant cette date, l’instruction complète des soldats se déroulait dans leur régiment. En 2010, dix centres de formation initiale des militaires du rang (CFIM) ont été créés en France afin d’assurer la première partie de l’instruction (FGI). Leur création répond à une volonté institutionnelle de « regrouper et mutualiser les moyens de l’instruction » pour « standardiser » (lieutenant-colonel G.) les savoirs transmis aux nouveaux venus, quels que soient leurs régiments d’appartenance.
25Plusieurs textes servent de référence aux pratiques professionnelles de transmission. La circulaire relative à la formation générale des militaires du rang définit les objectifs, le programme de formation et les principes pédagogiques. Le SAIQ (Système d’aide à une instruction de qualité) détaille le contenu des différents modules.
26Les termes et expressions entre guillemets sont extraits de la circulaire n° 7532/DEF/RH-AT/SDF/BCCF/SC/FGSO-E relative à la formation générale initiale des militaires du rang de l’Armée de terre (Bulletin officiel des armées, 20 janvier 2016). Ils sont abondamment repris dans les discours de mes interlocuteurs.
27Débutée en 2009, cette enquête a été précédée par deux années durant lesquelles j’ai fait l’ethnographie du recrutement dans l’Armée de terre. Ces recherches préalables se sont avérées indispensables, dans ma connaissance du milieu militaire comme dans le crédit que m’ont accordé mes interlocuteurs.
28Christophe Pajon (2005 : 53) écrit : « La reconnaissance des grades, des éléments distinctifs d’un uniforme, certaines formes de politesse […], le respect de certains espaces […] sont autant de codes qui […] facilitent l’enquête en ce qu’ils permettent de “réduire les méfiances”. »
29Sur cette question des transmissions professionnelles et des identités de métier, de très nombreuses références pourraient être mobilisées, notamment à propos de la police (Pruvost 2007), au sein des écoles d’ingénieurs (Cuche 1988), dans les écoles normales (Blanc 1987), au sein de la fonction publique et de la haute administration (Kessler 1986), et en particulier à propos de l’ENA (Bellier 1997, 1992).
30L’expression est d’Anne-Marie Sohn (2009 : 217) : « Par ses excès même, l’armée sert, d’ailleurs, de miroir grossissant et permet de mieux comprendre la façon dont s’élabore l’identité masculine. »