Avant-propos
p. 249
Texte intégral
1La catégorie de « féminin » a été au cœur de plusieurs recherches qui concernent l’ordre mythico-rituel, religieux, magique (Jean-Pierre Albert, Giordana Charuti, Jacques Maître, Catherine Weinberger-Thomas) et, aussi, idéologique, politique (Francine Muel-Dreyfus). Ce n’est pas un hasard puisqu’il s’agit de domaines qui sont prédisposés à refléter les oppositions entre sexes, ou, plus exactement, à les redoubler sous une forme déniée qui contribue à les naturaliser. Le principal acquis de ces travaux ne consiste pas à décrire ces oppositions simplement comme l’expression d’une division inégale du travail et des profits matériels et symboliques entre sexes, mais à comprendre ce que chacun des termes doit à la relation de domination qui les unit. Les formes les plus spécifiquement féminines de religiosité et de mystique portent la marque de rapports de force symbolique qui les vouent à faire valoir, dans la dénégation ou la sublimation, ce qui a été préalablement constitué comme vil, impur, naturel, asservi au corps, à l’émotion. Ces formes peuvent apparaître comme le produit de la rencontre entre deux ensembles structuraux : d’une part, des structures incorporées qui, produits de l’histoire, sont à l’œuvre dans des pulsions, des affects, des intérêts, et d’autre part, des univers sociaux qui, structurés selon les mêmes principes de division, les font exister à l’état public et objectif. L’analyse du féminin peut donc fonctionner comme un moyen privilégié d’interroger la construction sociale et donc, politique de l’ordre symbolique.
Auteur
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