La tente dans la solitude
La société et les morts chez les Touaregs Kel Ferwan
Les Touaregs Kel Ferwan nomadisent aux portes de la vieille ville d'Agadez, déplaçant leurs lourdes tentes en nattes de doum. La tente kel ferwan, avec sa base circulaire analogue au cercle de la terre, sa forme sphérique évoquant la voûte céleste, et ses quatre piquets d'angles semblables aux quatre piliers qui, dit-on, soutiennent le ciel aux quatre coins du monde, est censée être une réplique du cosmos. Dieu en donna autrefois le plan aux Touaregs et, depuis, ces tentes toujours reconstruit...
The Kel Ferwan Tuareg roam beyond the gates of the old city of Agadez, moving their heavy tents of palm mats. The tent of the Kel Ferwan is held to be a replica of the cosmos : its circular base is analogous to the earth circle, its spherical form recalls that of the celestial vault, and its four stakes are similar to the four pillars said to uphold the sky at the four corners of the earth. Long ago, God gave this design to the Tuareg, and ever since, their tents, always reconstructed accordin...
Éditeur : Éditions de la Maison des sciences de l’homme, Cambridge University Press
Lieu d’édition : Paris
Publication sur OpenEdition Books : 31 mars 2017
ISBN numérique : 978-2-7351-1933-2
DOI : 10.4000/books.editionsmsh.6143
Collection : Atelier d’anthropologie sociale
Année d’édition : 1987
ISBN (Édition imprimée) : 978-2-7351-0190-0
Nombre de pages : 392
Les Touaregs Kel Ferwan nomadisent aux portes de la vieille ville d'Agadez, déplaçant leurs lourdes tentes en nattes de doum. La tente kel ferwan, avec sa base circulaire analogue au cercle de la terre, sa forme sphérique évoquant la voûte céleste, et ses quatre piquets d'angles semblables aux quatre piliers qui, dit-on, soutiennent le ciel aux quatre coins du monde, est censée être une réplique du cosmos. Dieu en donna autrefois le plan aux Touaregs et, depuis, ces tentes toujours reconstruites selon ce modèle immuable et céleste sont transmises de mère en fille.
La tente en effet appartient à l'épouse, alors que l'époux, même s'il en est le « maître », n'y est qu'un hôte. Dès qu'il commence à devenir un homme, l'adolescent déserte la tente de sa mère et mène une vie incertaine durant laquelle il partage de précaires abris de nattes avec des compagnons d'âge. Il ne réintègre une tente que lorsqu'il se marie, et un divorce ou le veuvage peut toujours le ramener à la condition précaire de l'adolescent.
Cependant, les tentes appartenant à des femmes, et auxquelles toute une symbolique attribue un caractère féminin, se regroupent autour d'hommes puisque chaque campement rassemble un homme, ses fils, son épouse et ses brus. Dans le paradoxe constitué par ces campements d'hommes vivant dans des tentes appartenant à des femmes s'inscrit l'essentiel de la vie sociale touarègue, dont ce livre décrit le déroulement rythmique.
The Kel Ferwan Tuareg roam beyond the gates of the old city of Agadez, moving their heavy tents of palm mats. The tent of the Kel Ferwan is held to be a replica of the cosmos : its circular base is analogous to the earth circle, its spherical form recalls that of the celestial vault, and its four stakes are similar to the four pillars said to uphold the sky at the four corners of the earth. Long ago, God gave this design to the Tuareg, and ever since, their tents, always reconstructed according to this unchanging celestial model, have been passed down from mother to daughter.
The tent belongs to the wife ; the husband, though he be the tent's "master", is always but a guest. As soon as a young man begins to grow up, he leaves his mother's tent to pursue an uncertain way of life, sharing makeshift palm mat shelters with his peers. He comes back into a tent only upon marriage, and divorce or widowhood can always return him to the adolescent's precarious position.
At the same time however, the tents which belong to women and to which an entire symbolic system assigns feminine qualities, are organized around men : each camp assembles a man, his sons, his wife and his dauehters-inlaw. The essential nature of Tuareg social life, the rhythmical unfolding of which is described in this book, is contained within the paradox represented by camps of men living in tents belonging to women.
DOMINIQUE CASAJUS, polytechnicien et docteur en anthropologie, est chargé de recherches au Centre national de la recherche scientifique. Il étudie depuis 1975 la langue et la culture des Touaregs du Niger.
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