Chapitre 10
La fin d’une époque ? L’après-Heller
p. 395-457
Texte intégral
1Fin 1989-début 1990 ont lieu d’importants changements dans le monde, comme la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989, la mise en place de la politique de la glasnost par Mikhaïl Gorbatchev, qui se voit attribuer en 1990 le Prix Nobel de la paix, le démantèlement du bloc de l’Est : d’abord la Hongrie et la Pologne, puis la RDA et la Tchécoslovaquie – avec, du 17 au 27 novembre 1989, la révolution de velours –, la Bulgarie et la Roumanie. Puis en 1990, la guerre du Golfe : le président François Mitterrand annonce que la France entre en guerre, aux côtés de ses alliés. Les manifestations contre la guerre du Golfe se multiplient.
2Sans oublier, au printemps 1989, les manifestations de la place Tian’anmen, violemment réprimées dans la nuit du 3 au 4 juin avec plus d’un millier de victimes. C’est également durant les années 1990 que l’apartheid va prendre fin en Afrique du Sud : en 1994 est élu le premier président noir de ce pays, Nelson Mandela. Ce sont des changements géopolitiques majeurs, ce qui oblige la MSH, déjà active dans plusieurs de ces pays, à redéfinir les grandes orientations – la « direction », dit-on – de ses programmes de coopération internationale.
3Par ailleurs, sur la scène européenne, en février 1992, est signé le traité de Maastricht, qui doit être ensuite ratifié par voie référendaire. Le 20 septembre suivant, lors du référendum français sur le traité de Maastricht, celui-ci est approuvé, avec une majorité de 51 %. Ce référendum instaure notamment la monnaie unique européenne, d’abord envisagée sous le nom d’écu.
4Sur le plan de la politique intérieure, à la suite de la victoire massive en 1993 de la droite aux élections législatives – le RPR et l’UDF obtiennent 472 députés et 81,8 % des sièges à la chambre –, c’est la deuxième cohabitation du président Mitterrand, cette fois-ci avec le gouvernement Édouard Balladur. L’inauguration en mars 1995 de la Bibliothèque nationale de France (BNF) dans le 13e arrondissement marque en quelque sorte la fin du règne de François Mitterrand. En mai suivant, Jacques Chirac est élu à la présidence de la République française avec 52,8 % des voix contre Lionel Jospin. Alain Juppé est nommé au poste de Premier ministre.
5La MSH, avec l’ouverture de la Maison Suger, entend redéployer ses activités scientifiques dans cette nouvelle Europe, et aussi en direction des pays de la Communauté des États indépendants (CEI). En plus d’inviter des chercheurs de ces pays, la Maison va mettre en place un programme d’aide à des projets de recherche collectifs associant des chercheurs français et de la CEI. Redéfini, ce programme dit « Programme PECO » cible des problématiques contemporaines.
« Des années de transition relativement prospères »
6Même s’il a donné sa démission, Jean Barin, secrétaire général, reste en poste jusqu’en juin 1990. Il est alors remplacé par Patrick Janicot, un juriste de formation, nommé directeur d’études de l’EHESS. Et à la présidence du conseil d’administration de la MSH, Michèle Gendreau-Massaloux, recteur de l’académie de Paris, succède en 1989 à Hélène Ahrweiler. L’un des derniers membres fondateurs, Jacques Chapsal, meurt en mars 1990. Charles Morazé lui rend hommage : « Un homme de rigueur, de dévouement et de précision (…).
7Modeste dans ses comportements, assidu dans ses fonctions de trésorier et de membre de la commission des finances, minutieux dans ses avis, Jacques Chapsal sut en toute occasion prévenir les écueils et guider les parcours sans en ralentir l’allure. Au cours de trente-cinq ans […], la Maison bénéficia de l’expérience acquise ajoutée à un don inné pour concilier la prudence à l’urgence. »
Patrick Janicot (1944-)
Patrick Janicot acquiert une formation juridique (licence de droit et diplôme d’études supérieures de droit public de l’université de
Paris-II) avant d’entreprendre une carrière dans l’administration universitaire : conseiller juridique de la faculté des sciences de l’Université de Paris (1967 à 1975), secrétaire général adjoint de l’université Pierre et Marie Curie (Paris-VI) (1975-1979), directeur du centre de préparation ENA au Conservatoire national des arts et métiers (1979-1983), chargé de mission à l’École nationale d’administration pour la mise en œuvre de la réforme de l’accès aux grandes écoles de la fonction publique (1983-1985). Enfin, de 1989 à 2009, il est sous-directeur puis directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales et secrétaire général de la Fondation Maison des sciences de l’homme.
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Michèle Gendreau-Massaloux (1944-)
Née à Limoges, Michèle Gendreau-Massaloux est agrégée d’espagnol (1966), diplômée de l’Institut d’études politiques de Paris (1968), et docteur de troisième cycle (1970) ; elle soutient en 1975 une thèse d’État en études ibériques sur le thème « Héritage et création : recherches sur l’humanisme de Francisco de Quevedo y Villegas ». L’ouvrage paraît chez Champion. Elle entreprend une carrière universitaire à l’université de Paris-13 en 1970, puis devient directrice du département d’espagnol de l’université de Limoges pour ensuite occuper diverses fonctions administratives : vice-présidente de l’université de Limoges et recteur de l’académie d’Orléans-Tours. En 1984, François Mitterrand l’appelle à ses côtés comme conseillère technique pour l’éducation, avant de la nommer secrétaire générale adjointe de la présidence de la République en 1985, puis porte-parole de la présidence en 1986, deux fonctions qu’elle conserve jusqu’en 1988. Elle est, de 1989 à 1998, recteure de l’académie de Paris et chancelière des universités de Paris. Elle sera nommée au Conseil d’État en 1998.
9Parmi les « anciens », ne restent que Charles Morazé, secrétaire du bureau, Claude Gruson, membre du Bureau d’informations et de prévisions économiques (BIPE) et René Rémond, président de la FNSP.
10Entrent en scène de nouveaux acteurs qui seront pendant plusieurs années très actifs à la MSH : Maurice Garden, professeur de géographie de l’université de Lyon-II et directeur scientifique des sciences sociales au ministère de l’Éducation nationale, Alain d’Iribarne, directeur scientifique au CNRS, Marc Augé, président de l’EHESS, André Miquel, administrateur du Collège de France, Jean-Marc Bischoff, professeur de sciences juridiques et politiques à l’université de Strasbourg-III1. En plus des cadres de l’institution et du conseiller de l’administrateur Jean-Luc Lory, assistent aux séances Michel Rambeau, commissaire aux comptes, et Martine François du Comité des travaux historiques et scientifiques (CTHS). Enfin les représentants du personnel sont Jocelyne Vedrenne et Marie-Renée Pibouin. Kéram Kévonian reste secrétaire des séances.
11Clemens Heller demeure, comme le rappellera Patrick Janicot, égal à lui-même : « Heller était créatif, brillant, toujours en demande d’idées, d’opérations à monter. Il lançait des projets, et il me disait : “Pour l’argent, débrouille-toi.” On s’amusait, on s’appréciait, même si nos relations étaient souvent difficiles car ma tâche était de lui rappeler les règles. Lorsque je fixais des limites (repas, etc.), il me disait “Je ne suis pas un bureaucrate”. Pour Heller, la MSH était sa maison. Il travaillait de 8 heures à 20 heures. Il avait des liens avec Touraine et sa femme Adriana, Bourdieu […]. Heller était un administrateur éclairé, il avait aussi un carnet d’adresses au plan mondial2. »
12Les choses semblent en ordre, y compris du point de vue budgétaire. Pour la fondation de la Maison des sciences de l’Homme, les premières années de la décennie 1990 sont, comme le note Maurice Garden, membre du Conseil d’administration, des « années de prospérité relative3 ». La principale source de revenus, en légère croissance d’année en année, est toujours la subvention du ministère de l’Éducation nationale, que ce soit pour le « fonctionnement personnel », le « fonctionnement matériel » ou la « maintenance des bâtiments » : de l’ordre de 46 % ou 47 % selon l’année. Les autres sources importantes de revenus sont les « ressources affectées » : entre 20 % et 30 % selon les années. Ces « ressources » proviennent de diverses subventions (ministère de l’Éducation nationale pour le programme scientifique de la Fondation, ministère des Affaires étrangères ou ministère de la Culture) et aussi de contrats, de dons et legs, de subventions d’organismes publics ou internationaux.
13Le bilan budgétaire est donc globalement positif : d’abord en équilibre puis avec des excédents, de l’ordre de 2 500 000 francs en 1991. Ces excédents sont transférés à la réserve statutaire et à la réserve facultative, dont les montants (réserves initiale, statutaire et facultative) s’établissent en 1992 à 5 800 000 francs. L’on espère pouvoir se servir de ces excédents pour financer des travaux ou pour acheter du matériel informatique et des ouvrages pour la bibliothèque. Quant au montant de la réserve immobilière, elle est alors de l’ordre de 26 millions de francs. Par ailleurs, même s’il y a une menace de suppression de postes attribués à la MSH par le ministère de l’Éducation nationale à partir de 1990-1991, l’on se montre confiants : le problème, croit-on, devrait se régler « facilement ».
14La part des contrats devient de plus en plus importante : en 1993, pour la réalisation de son programme de recherche, la MSH reçoit en subventions et en contrats plus de 3 millions de francs du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et près de 1,5 million des autres ministères, pour un total de 4,5 millions de francs. Quant aux contrats de recherche et autres ressources affectées, d’un total de 7 117 060 francs, ils proviennent de divers ministères et organismes : ministère de l’Enseignement supérieur (subventions : 943 860 francs ; contrats : 943 860 francs), autres ministères (2 895 120 francs), autres organismes de recherche (621 490 francs), INSERM/ANRS (940 910 francs), CEE (264 260 francs) et organismes privés (466 860 francs).
15Les dépenses des services spéciaux (cafétéria, reprographie, publications, CID, Maison Suger) augmentent, pour atteindre en 1992 plus de 20 % des dépenses, mais les résultats sont positifs, chacun d’entre eux terminant l’année avec un excédent, sauf le CID qui connaît un déficit. La principale charge de fonctionnement concerne le personnel, ce qui représente de 35 % à 40 % des dépenses, selon l’année. La répartition des effectifs, dont la majorité est composée de « personnels titulaires de l’État », est stable : 3 directeurs de service, 41 ingénieurs, 38 techniciens et 35 administratifs, pour un total, en 1995, de 1174.
16Au tournant de la décennie, quelques changements sont apportés dans la répartition des surfaces que chaque centre hébergé occupe : on note, par exemple, la réduction de l’espace du LISH et de l’autre, l’attribution d’une partie de l’espace octroyé au Centre de sociologie européenne (Pierre Bourdieu), au Centre de sociologie de l’éducation et de la culture (Jean-Claude Combessie et Monique de Saint-Martin). Deux nouvelles institutions sont par ailleurs hébergées à partir de janvier 1990 : le Centre de recherches interlangues (Peter Stockinger) (323 m2) et l’Association nationale pour la valorisation interdisciplinaire de la recherche en sciences de l’homme et de la société pour l’entreprise (Anvie) (447 m2).
17Depuis que le CNRS a apporté des modifications à la structure du Laboratoire d’informatique pour les sciences de l’homme (LISH), son hébergement pose problème5. À la MSH, on regrette l’absence de discussions avec le CNRS sur cette question. Le LISH ne respectant plus l’accord initial définissant son rôle à l’intérieur de la MSH, la Maison dénonce, à la fin mai 1990, la convention d’hébergement de ce laboratoire. Il faudra probablement signer une nouvelle convention avec le centre qui succédera au LISH6. Il est aussi question au printemps 1992 que l’Institut de l’information scientifique et technique-sciences humaines et sociales (INIST-SHS) quitte les locaux qu’il occupe à la MSH pour s’établir à Nancy. Un tel déplacement s’inscrit dans la politique de régionalisation du gouvernement.
18Au total, les espaces qu’occupent, au 54 boulevard Raspail, les centres et laboratoires du CNRS représentent, au début des années 1990, 1 782 m2. Viennent ensuite les centres de l’EHESS avec 1 491 m2 et, avec seulement 239 m2, ceux de la FNSP7. S’ajoutent à ces centres deux organismes qui eux sont hébergés au 71 boulevard Raspail : depuis 1987, le Programme Europe, qui dépend du CNRS et que dirige Hinnerk Bruhns (73 m2) et depuis 1985, l’Observatoire interrégional du politique qui dépend de la FNSP et que dirige Élisabeth Dupoirier.
L’inauguration de la Maison Suger
19La Maison Suger ouvre ses portes en janvier 1990 ; elle est inaugurée officiellement le 10 juillet suivant par Lionel Jospin, ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports. Voilà, s’exclame le ministre à la fin de sa visite des lieux, « une réalisation fonctionnelle, harmonieuse et remarquablement insérée dans le très riche tissu urbain du quartier. Tous les détails ont été extrêmement soignés : l’éclairage, l’insonorisation, l’équipement informatique des appartements qui sont, à l’instar de l’ensemble de la Maison Suger, des espaces de travail et de vie ». Lorsqu’on apprend que la Maison Suger est aussi équipée d’une salle de gymnastique et d’un sauna, quelques remarques sardoniques sont faites, avec des allusions à des « références touristiques », mais de tels équipements apparaissent rapidement, dira Jean-Luc Lory, « indispensables8 ».
20Dans son allocution, le ministre de l’Éducation nationale tient d’abord à rendre hommage « au très grand historien qu’était Fernand Braudel, et qui, sachant le poids des conditions matérielles de vie, a eu l’idée de cette Maison Suger afin d’y héberger les chercheurs étrangers et ainsi faciliter les échanges et les rencontres internationales ». Mais « le pari était difficile », reconnaît le ministre qui remercie tous ceux et celles qui ont cru au projet et qui ont contribué à sa réalisation : d’abord Hélène Ahrweiler, ensuite les donateurs, de Paule Braudel à Anne Schlumberger en passant par Louis Dumont, enfin Clemens Heller, dont il loue la compétence et le dynamisme dans la conduite de cette « entreprise délicate »9.
21La réalisation de ce projet, qui n’était qu’un « espoir » il y a quatre ans, traduit une conception « particulièrement intelligente » de la recherche internationale, une conception qui privilégie la rencontre entre les chercheurs. La création de la Maison Suger, aux yeux du ministre, est d’autant plus importante qu’elle réinvente un modèle de réhabilitation urbaine qui, opposé au modèle du campus éloigné de la vie sociale et culturelle de la Cité, permet qu’une ville, Paris, et une institution universitaire vivent dans une harmonie qui s’inscrit dans la tradition, aujourd’hui trop souvent oubliée en France, de partenariat entre l’État, les collectivités locales et les entreprises. Lionel Jospin souligne l’apport des fondations allemandes Volkswagen et Thyssen.
22Donc une « œuvre collective et, qui plus est, une œuvre européenne », conclut le ministre, qui voit en la Maison Suger « le magnifique symbole de cette Europe nouvelle dont nous avons vu la naissance il y a peu » et d’une Europe prête à développer ce qui est l’une de ses grandes traditions, à savoir la recherche en sciences sociales10.
23La Maison Suger, dira Jacques Le Goff, est le « dernier grand coup de Clemens Heller et c’est un coup de génie » : « Un immeuble remarquable, merveilleusement situé, avec des chambres parfaitement équipées. C’est l’équivalent de ce qui se fait de mieux aux États-Unis, en Angleterre ou en Allemagne. » Pour Heller, le rôle de la Maison Suger est certes de recevoir des chercheurs étrangers mais aussi et surtout de « construire des réseaux multilatéraux de collaboration scientifique pour les intégrer ». C’est d’ailleurs, précise-t-il, ce qu’il souhaite pouvoir faire avec les chercheurs soviétiques11. Au moment de l’hommage qui sera rendu à son mari, Marie-Louise Dufour tiendra à remercier en particulier Maurice Aymard et Jean-Luc Lory « qui, en 1992, ont repris les bâtiments, si je puis dire, au pied levé… Ils poursuivent tous deux la tâche et gardent haut le flambeau. Leur dévouement, leur loyauté paraissent sans limite. Merci de les aider à faire vivre la Maison12 ».
24La Maison Suger fonctionne comme un service de la MSH. Jean-Luc Lory, toujours conseiller de l’administrateur, en prend la direction. L’une de ses premières initiatives est d’organiser en 1991 à la Maison Suger un séminaire d’anthropologie. La formule privilégiée est celle du débat autour d’un livre et de son auteur, avec la participation de « discutants ».
25L’institution connaît un fort taux d’occupation et acquiert rapidement une notoriété internationale.
Un effort en direction de l’équipement informatique des chercheurs
26Dans la nouvelle déclaration de politique scientifique pour le contrat quadriennal 1992-199613 qu’il rédige – il a, peut-on dire, l’habitude de cet exercice –, Maurice Aymard reconnaît qu’au cours des dernières années, les efforts de la MSH ont porté sur le renforcement de la collaboration entre les centres de recherche et les chercheurs que la Fondation héberge, ainsi que sur le développement des réseaux nationaux et internationaux. Il souligne par ailleurs les nouvelles initiatives de collaboration internationale, dont la création en 1988 du groupe fort dynamique « Institutions et régulation dans les systèmes économiques socialistes » (IRSES) : mise en place d’un séminaire mensuel, publication d’un bulletin d’informations, « Lettre de L’IRSES », organisation de missions14.
27Mais s’il est un changement important que Maurice Aymard veut mettre en évidence, c’est la « mutation », pour reprendre son expression, qui s’est amorcée dans le service informatique avec la généralisation de l’implantation et de l’utilisation des micro-ordinateurs dans les centres et au domicile des chercheurs. Un tel changement oblige à revoir l’organisation et à redéfinir les missions du LISH qui, avec à son service une vingtaine de techniciens et ingénieurs, gère le réseau informatique de l’institution15. Il faut aussi, sans retard, entreprendre la mise en réseau informatique des différents services et centres installés boulevard Raspail. Aymard ne cache pas sa fierté16.
28Pour Maurice Aymard, la MSH n’est ni un établissement d’enseignement, ni un centre de recherche, elle constitue « un lieu neutre de collaboration nationale et internationale entre les chercheurs ainsi qu’une plateforme d’expérimentation mise à la disposition de tous ceux, français et étrangers, qui souhaitent l’utiliser »17. La politique scientifique de la MSH pour les quatre années suivantes s’inscrit dans la continuité : mettre à la disposition des chercheurs divers services de qualité (bibliothèque, organisation de colloques, publication de bulletins, dont le MSH Informations) ; renforcer les instruments de recherche et de diffusion des résultats de la recherche (publications, éditions) ; développer les actions thématiques et élargir les programmes internationaux. Par ailleurs, elle entend continuer à s’appuyer sur l’Anvie, qui est installée dans les locaux de la Fondation depuis 1990, pour donner à l’orientation « valorisation de la recherche » une dimension nouvelle.
29La Fondation gère un grand nombre de contrats de recherche, dans des domaines et sur des thèmes fort diversifiés : des mouvements alternatifs Est-Ouest, la citoyenneté au cinéma, l’environnement, la pauvreté dans les prisons, la CGT et le patronat en Russie. Les contrats plus importants, habituellement échelonnés sur plusieurs années, portent sur l’énergie-environnement, les opérations de valorisation de recherches, le patrimoine ethnologique français, le sida.
La priorité : la coopération internationale
30On utilise toujours l’expression « aire culturelle », mais les programmes spécifiques concernent des pays ou groupes de pays : l’Europe occidentale (Italie, Allemagne, pays scandinaves), l’Europe de l’Est et l’URSS, l’Inde, la Chine. La volonté est d’aller vers des programmes multilatéraux (Europe de l’Ouest et Amérique du Nord, élargissement de la coopération avec l’URSS à d’autres pays de l’Europe).
31Les programmes internationaux mobilisent d’importantes ressources, comme on le voit pour la mobilité des chercheurs : chaque année, plus de 550 chercheurs étrangers sont invités (en dehors des colloques et des courts séjours de moins d’une semaine). Qu’il s’agisse de courts ou de longs séjours, ces chercheurs proviennent principalement, en 1992-1993, des pays suivants : ex-URSS (128), Inde (65), Allemagne (58), Italie (36), États-Unis (35), Grande-Bretagne (34), Canada et Pays-Bas (19), Suisse (12), Pologne (11). Les pays d’origine des autres chercheurs invités sont très divers : Algérie, Brésil, Chine, Maroc, Norvège, Portugal, Mauritanie, Sénégal, Israël, Venezuela18. Les montants, selon les aires culturelles, sont, par ordre d’importance : d’abord la Communauté européenne et l’Europe centrale et orientale (1 212 500 francs, dont 357 700 pour les pays d’Europe centrale et orientale), l’Inde (650 900 francs), l’Amérique du Nord (313 900 francs), l’Afrique (132 100 francs), l’Amérique latine (106 500 francs) et la Chine (62 200 francs). Quant aux sources de financement, elles sont très variées : principalement le ministère des Affaires étrangères pour les bourses Diderot (avec le CNRS et la DRIC), un programme qui permet de recevoir une quinzaine de boursiers par an ; à partir de 1993, la Fondation Mellon pour 4 ou 5 chercheurs postdoctorants d’Europe centrale, pour le programme franco-indien et pour des chercheurs de l’Europe centrale, y compris la Russie ; plus récemment le DAAD, avec 4 ou 5 bourses pour des chercheurs postdoc allemands. Pour inviter des chercheurs de haut niveau, la MSH dispose elle-même d’un budget de plusieurs mois de directeur d’études associé : plus de soixante mois d’invitation, fin des années 1990. En plus des invitations et des bourses, la coopération internationale comprend une grande diversité d’activités : colloques internationaux, tables rondes, rencontres entre experts, recherches comparatives.
32Ces programmes vont être confrontés à de nombreuses difficultés : celles liées à l’effondrement des moyens financiers mis à la disposition des institutions de recherche, que ce soit en URSS ou en Inde ; ainsi que celles liées aux événements de mai 1989 en Chine, qui provoquent un arrêt d’un an du programme d’invitations de chercheurs chinois. Dans tous les cas la MSH manifeste sa volonté de maintenir des contacts.
33L’ambition est toutefois de faire un « effort préférentiel » en direction des pays européens – le Portugal, l’Espagne et la Grèce –, d’élargir en Amérique latine la coopération à d’autres pays que le Brésil, par exemple l’Argentine et le Mexique, et enfin d’appuyer de nouvelles initiatives en Afrique, par exemple au Maghreb, avec la création en 1990 du Centre de documentation sur l’histoire du Maghreb et d’un groupe de recherche sur la société algérienne (coordination : Abdelmalek Sayad et Monique de Saint-Martin) et en Afrique noire, avec la constitution en 1991 d’un groupe d’études sur l’Afrique noire à la fin du xxe siècle.
Hinnerk Bruhns (1943-)
Né à Gadderbaum (Allemagne), Hinnerk Bruhns fait des études d’histoire à Fribourg, Aix et Münster et il obtient en 1973 un doctorat de l’université de Cologne. D’abord assistant à l’Institut d’histoire ancienne de l’université de Cologne (1970-1971) puis lecteur d’allemand à l’UER de langues, littératures et civilisations germaniques de l’université de Provence (Aix-Marseille-I) (1971-1975), il s’installe à Paris où il occupe, de 1979 à 1984, le poste de directeur adjoint à l’Office allemand d’échanges universitaires (DAAD). De 1985 à 1991, il est directeur de recherche associé au CNRS et responsable du programme franco-allemand du CNRS. À partir de 1992, il intègre le CNRS comme directeur de recherche et membre du Centre de recherches historiques (EHESS/CNRS). Il donne aussi des enseignements réguliers à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS).
Enfin, à partir du début des années 1990, H. Bruhns est étroitement associé à la MSH, d’abord comme chargé de mission pour le Programme Europe auprès du directeur scientifique du département Sciences de l’homme et de la société du CNRS (1992-1997), puis comme adjoint à l’administrateur de la Fondation Maison des sciences de l’homme de 1997 à 2008 et conseiller de l’administrateur (2009-2010).
34Une plus grande importance est ainsi donnée aux programmes en direction de la nouvelle Communauté européenne, en particulier de l’Allemagne et des pays d’Europe centrale. Pour le programme « Europe », une collaboration particulière est engagée avec le CNRS. Son directeur est Hinnerk Bruhns, chercheur au CNRS. D’abord hébergé dans les locaux du 71 boulevard Raspail, ce programme s’installe en 1994 dans l’immeuble de la MSH.
35Au début des années 1990, la coopération franco-soviétique suscite plus de 80 événements par an mais, comme l’écrira le comité international d’évaluation scientifique, il conviendrait plutôt de resserrer cette coopération pour permettre aux sciences humaines et sociales d’« accompagner les mutations socioéconomiques, de les évaluer et d’y puiser des occasions de renouvellement des problématiques ».
36Dès 1992-1993, la MSH amorce, en accord avec des institutions indiennes, un nouveau programme franco-indien de projets bilatéraux, organise à Paris deux colloques avec des chercheurs indiens – l’un d’économie et l’autre de linguistique – et établit les premiers contacts visant à mettre en place des relations directes entre universités indiennes et françaises. C’est Jean-Luc Racine qui prend alors – et jusqu’en 2012 – la direction du programme franco-indien de coopération en sciences sociales. À ce titre, il assiste régulièrement aux réunions du conseil d’administration de la MSH.
37Au milieu des années 1990, les domaines couverts par le programme sont fort divers : histoire, économie, culture et société, arts, littérature et cinéma, études féministes. Dans l’un ou l’autre de ces champs, les échanges débouchent sur l’organisation de nombreux colloques, qui se tiennent tantôt à Paris tantôt en Inde. Les thèmes sont : « Réseaux culturels et commerce maritime », « Femmes et politique », « La France des idées » (qui est une réponse à « L’Inde des idées »). Pendant la seule année 1995, 75 chercheurs indiens sont reçus en France alors qu’une quarantaine de chercheurs français se rendent en Inde. Le budget global de ce programme est en cette année-là de l’ordre de 1 400 000 francs, dont 400 000 francs proviennent du ministère des Affaires étrangères. Voilà un programme de coopération qui, comme le souligne Charles Morazé, « donne satisfaction dans sa forme présente », même si celui-ci rencontre quelques problèmes : difficulté pour recruter des chercheurs français qui acceptent d’aller enseigner de quatre à six semaines en Inde, trop faible importance accordée aux questions économiques et au droit. On souhaite enfin une extension du programme vers le Pakistan19.
Jean-Luc Racine (1947-)
Jean-Luc Racine est géographe et géopolitologue. Après des études de géographie (ENS Saint-Cloud, agrégation), il se forme, par des séjours prolongés en Inde, sur les terrains villageois de l’Inde du Sud et à Calcutta. Il conduit ses premières recherches dans les années 1970 sur les problèmes d’inscription territoriale des sociétés indiennes et sur les stratégies de développement. De 1977 à 1982, il dirige le Centre culturel français de Calcutta.
Directeur de recherche au CNRS (Centre d’études de l’Inde et de l’Asie du Sud, EHESS), Jean-Luc Racine enseigne aussi à l’EHESS (séminaire : « L’Inde émergente dans la mondialisation ») et à l’Institut français de géopolitique de l’université Paris-VIII (géopolitique de l’Inde et du Pakistan). Dans les années 1980, il prête attention aux problèmes des relations entre pouvoir central et États de l’Union, aux modes de gestion des pluralismes linguistiques, ethniques et religieux, aux régionalismes et aux sécessionnismes.
Dans les années 2000, Jean-Luc Racine participe à la mise sur pied de la cellule de valorisation du réseau des instituts français de recherche à l’étranger (https://www.umifre.fr/ifre) qu’il dirigera de 2004 à 2008.
38Et l’Amérique latine ? Le premier volet du programme Amérique latine s’est développé autour du Programme franco-brésilien de coopération en sciences sociales mis en place à partir de 1979 et qui bénéficie de l’appui de deux institutions en France : le Centre de recherches sur le Brésil contemporain (CRBC) et l’Institut des hautes études de l’Amérique latine de l’université de Paris-3 (IHEAL). Paraissent en France les ouvrages de plusieurs chercheurs brésiliens : Cardoso Fernando Henrique (1984), Furtado (1987), Trindade (1988). Puis à partir de 1987, débute la parution des Cahiers du Brésil contemporain et est créée la collection « Brasilia » aux Éditions de la MSH. La diffusion rencontre cependant des difficultés, car il y a un « problème de marché »20. Par ailleurs, des efforts sont faits pour élargir ce programme à d’autres pays de la région, principalement en direction du Mexique et de l’Argentine, mais sans grand succès en raison du faible niveau de formation des chercheurs – « Une génération aux titres bricolés », commente Jacques Revel, président de l’EHESS – et surtout de l’insuffisance des ressources.
39Enfin, avec les pays du Maghreb, il existe une collaboration certes modeste mais « significative ». Lorsque, fin 1991 et début 1992, éclate en Algérie une véritable guerre civile opposant le gouvernement et divers groupes islamistes, dont le Groupe islamique armé (GIA) – on parle d’une « décennie noire » –, les chercheurs en sciences sociales se trouvent parmi les premiers menacés en raison de leurs positions critiques et certains d’entre eux choisissent l’émigration. La MSH cherche alors à aider les uns à se trouver une nouvelle position en France et s’efforce, dans la mesure du possible, d’aider les autres, plus nombreux, à poursuivre leur travail en mettant en place, avec les moyens qui sont les siens, un programme dit « d’assistance, de sauvetage et de soutien scientifique permanent50 ». Dans le cadre du plan quadriennal 1998-2001, l’on prévoit une aide pour des séjours de chercheurs algériens en France. Cependant rien ou à peu près rien pour le reste de l’Afrique. Tout au plus est-il question d’un accord qui pourrait être conclu avec l’Afrique du Sud.
Démission de Clemens Heller. Un intérim ?
40Le 17 mai 1992, Clemens Heller est hospitalisé d’urgence. En raison de la gravité de sa maladie, il n’est pas question qu’il reprenne avant plusieurs mois sa fonction d’administrateur. Heller propose alors de « donner aussitôt sa démission pour permettre au conseil d’administration d’assurer sa succession » et s’en confie à Maurice Aymard qui lui suggère de reporter sa décision, convaincu que l’institution peut vivre sans dommage une période d’intérim. Lui-même n’a pas encore « la certitude qu’[il] est prêt à assumer une tâche qu’[il] sait par expérience lourde » ; il croit par ailleurs nécessaire que la Fondation profite du « délai » pour « se laisser le temps de s’interroger sur les missions de l’institution et sur les orientations à donner à ses actions »21.
41Faute d’« alternative statutaire », la « solution » qui s’impose, comme le suggère Charles Morazé, fondateur et rédacteur des premiers statuts de la MSH, est celle d’un intérim : « Il apparaît indispensable, écrit-il à Patrick Janicot, secrétaire général, que Maurice Aymard, administrateur adjoint, assume toutes les responsabilités incombant à l’administrateur provisoirement empêché. » Et il ajoute qu’« il reviendra au bureau et au conseil d’administration du 24 juin de confirmer cette disposition prise en urgence ou de la modifier en fonction de circonstances actuellement imprévisibles »22. Morazé discute d’abord de cette solution avec la présidente du conseil d’administration, Michèle Gendreau-Massaloux. La proposition est soumise au conseil d’administration, qui l’approuve à l’unanimité le 24 juin suivant. Maurice Aymard participe à la réunion du conseil d’administration au double titre d’administrateur adjoint et d’administrateur par intérim.
42Même si sa santé s’améliore, Clemens Heller remet, le 2 novembre, sa démission en précisant qu’il souhaite qu’elle prenne effet le jour de la prochaine réunion du conseil d’administration, à savoir le 16 décembre. À Clemens Heller, le conseil d’administration adresse un message de remerciements pour tous les « efforts persévérants » qu’il a su déployer, en qualité d’administrateur adjoint puis d’administrateur, pour « édifier cette institution qui lui doit une grande partie de son originalité, et pour l’amener à occuper la place incontestée qui est désormais la sienne dans le dispositif des sciences humaines et sociales »23. La représentante du personnel contractuel, Sophie Debray, lit pour sa part une lettre d’amitié que le personnel de la Fondation adresse à M. Heller.
43La candidature de Maurice Aymard, qui assume l’intérim depuis quelques mois, s’impose rapidement aux membres du conseil d’administration. L’on souhaite cependant que l’élection du nouvel administrateur soit indissociable de la réforme des statuts afin de limiter le mandat qui est actuellement illimité et d’apporter d’autres changements répondant aux conditions nouvelles de la recherche.
44Maurice Aymard est, depuis seize ans, aux côtés de Fernand Braudel et Clemens Heller, puis de Clemens Heller seul, associé à la vie et à l’action de la MSH : il souhaite partager ses réflexions et fait part de ses intentions : « Ma candidature ne signifie pas une rupture […]. Si changement il doit y avoir, il se situe dans le droit fil de ce que Fernand Braudel et Clemens Heller ont tenté de faire, en fonction de la conception qui était la leur et qui est la mienne : pour eux comme pour moi, la MSH est obligée de se renouveler sans cesse pour justifier son existence. Et ce renouvellement doit être inspiré par une analyse constamment remise à jour des besoins […] »24.
45La définition donnée par Aymard de la MSH se résume ainsi : « Le regroupement volontaire de chercheurs, d’équipes et de centres de recherche relevant d’institutions différentes, et travaillant sur des champs disciplinaires également différents, autour d’instruments de travail communs (bibliothèque, centres de documentation, laboratoire informatique, etc.) ». Tout cela, ajoute-t-il, dans « le strict respect de l’indépendance scientifique de chacun ». Quant au champ d’action de l’institution, sans qu’il y ait changement de nom, il s’élargit, comme on le voit dans les modifications proposées dans les statuts : non plus seulement les sciences humaines mais les sciences humaines et sociales. Aymard note par ailleurs que « la MSH, c’est aujourd’hui la MSH plus la Maison Suger », expression d’une coopération élargie à l’échelle internationale. Cette internationalisation est devenue, selon lui, « la clef du dynamisme de nos disciplines25 ».
46Il suffit de regarder les données portant sur les résidents par pays d’origine à la fin des années 1990 pour constater leur très grande diversité : sur 185 séjours, 30 % concernent des résidents d’Europe de l’Ouest, 25 % viennent d’Amérique du Nord, 13,5 % d’Europe centrale et orientale, 8 % d’Asie, 6,5 % d’Amérique latine, 6 % de Méditerranée du Sud et 2 % d’Afrique26. Le succès de la Maison Suger comme « lieu exceptionnel » de rencontres, de séminaires et de tables rondes va, comme on le soulignera plus tard, obliger la MSH à changer complètement sa façon de travailler27.
47Maurice Aymard ne cache cependant pas certaines de ses inquiétudes. L’une d’elles concerne l’accroissement rapide des activités de la MSH, avec les « risques indiscutables de dérive » que cela peut entraîner. Aux nombreux groupes et réseaux de travail nationaux et internationaux autour de thématiques communes, se sont ajoutés de grands programmes internationaux (d’abord avec l’Allemagne et les pays scandinaves, puis l’Inde et le Brésil, et enfin l’URSS). Maurice Aymard se réjouit certes que ces programmes aient pris une place de plus en plus grande dans les activités de la Fondation : « Leur apport ne fait aucun doute ». Mais, ajoute-t-il, « la phase de l’accumulation initiale doit être considérée comme achevée ». Aussi l’effort doit-il désormais, selon lui, porter sur « la constitution, avec et par des chercheurs, de véritables réseaux et programmes de recherche portant sur des problématiques de pointe »28.
La valorisation de la recherche
48Le futur administrateur se propose de renforcer les services communs (service des publications, CID, bibliothèque et centres de documentation, laboratoire informatique, etc.), qui sont présentés comme des « instruments de travail collectifs », de parachever la mise en place du réseau local d’informatique et enfin de développer de nouveaux volets d’action, dont la valorisation des sciences de l’homme et de la société qu’il a déjà défendues vigoureusement : « C’est aujourd’hui une nécessité, une priorité », déclare Aymard, qui propose que dans les statuts soit ajouté un alinéa : « En exerçant une action de valorisation de la recherche en sciences humaines et sociales », et qui donne comme exemples les activités du CCRDA et surtout celles de l’Anvie, l’Association nationale de valorisation interdisciplinaire de la recherche en sciences humaines et sociales auprès des entreprises. Cette association, une initiative du département des sciences de l’homme et de la société du ministère de la Recherche, reçoit l’aval de dirigeants de grandes entreprises. On retrouve parmi ses fondateurs Hubert Curien, ministre de la Recherche, Michel Crozier, fondateur du Centre de sociologie des organisations, et Bertrand Collomb, président d’honneur de Lafarge. L’Anvie est, dès sa création, soutenue par plusieurs institutions de recherche en sciences de l’homme (CNRS, Maison des sciences de l’homme, École des hautes études en sciences sociales…) et des groupes internationaux. Son premier président est Bertrand Collomb29. Plusieurs membres du conseil, dont Clemens Heller, sont associés à la direction et aux activités de la Maison des sciences de l’homme. Jean Barin en est le trésorier. L’Anvie est hébergée au 54 boulevard Raspail.
49La mission de l’Anvie est de développer et de dynamiser les relations entre les sciences sociales et les entreprises, qui se montrent souvent méfiantes à l’égard des chercheurs dans ces domaines de recherche. Aussi a-t-elle comme objectif de « sensibiliser les responsables d’entreprises aux apports de la recherche dans le domaine des sciences humaines et sociales, de développer et piloter des projets de recherche selon la demande des entreprises, de favoriser le dialogue entre ces deux mondes ». L’Anvie n’est « ni un laboratoire, ni une société d’études, ni une agence de placement » : elle cherche plutôt à « susciter et à organiser les relations, à partir de demandes émanant d’entreprises qu’il s’agit de retraduire à l’intention des chercheurs ». Il s’agit donc de « faire en sorte que chercheurs en SHS et entreprises coopèrent, et non pas de recruter des chercheurs pour les entreprises » (Cabin 1992). Parmi les contrats pilotés en 1992 par l’Anvie, citons l’analyse des relations sociales et de la constitution du modèle organisationnel d’une grande entreprise (science politique, sociologie, histoire) et la détermination du corpus des valeurs d’une entreprise dans une perspective historique et stratégique (histoire, linguistique, stratégie). Enfin, en plus de l’attribution de tels contrats et de la réalisation d’enquêtes (comme celle réalisée auprès des entreprises pour connaître leurs perceptions, leurs attentes et leurs besoins en matière de recherche en sciences sociales), l’Anvie organise régulièrement des journées de sensibilisation et des colloques pour les entreprises, autour d’un thème ou d’un partenaire : par exemple, la gestion des ressources humaines dans l’entreprise japonaise, la reconversion civile de l’appareil militaro-industriel soviétique, le management paradoxal, la géographie comme aide à la décision, l’apport des sciences de l’homme pour l’entreprise. Elle lancera enfin des publications dont « La Lettre de l’Anvie » et « Les Cahiers de l’Anvie » (rubrique thématique mensuelle publiée dans la revue Sciences humaines).
50Déjà associée à plusieurs actions de valorisation par des conventions du ministère de la Culture, la MSH participe, à partir du milieu des années 1990, aux travaux du Comité d’histoire dont la mission est de rassembler et de faire connaître les travaux existants sur l’histoire du ministère chargé des Affaires culturelles et des institutions placées sous sa tutelle, de susciter des recherches et des travaux bibliographiques, d’organiser des colloques et d’autres manifestations dans ce domaine, et de conseiller le ministre et ses proches collaborateurs sur toute question ressortissant de l’histoire du ministère. Le Comité est présidé par Augustin Girard, agrégé d’anglais et ancien collaborateur d’André Malraux, qui a créé, en 1963, le Service des études et recherches du ministère de la Culture et a lancé plusieurs études, dont la plus marquante fut l’enquête sur les pratiques culturelles des Français, réalisée tous les quatre ans à partir de 1973. De 1991, année de sa retraite, jusqu’en 2007, Girard présidera, à la demande du ministre de la Culture, le Comité d’histoire (Pflieger 2010 : 192-202). Les activités du Comité portent sur les thèmes ou questions suivantes : l’histoire du Centre national de la cinématographie ; le mouvement de déconcentration de l’État ; l’histoire des politiques culturelles locales et l’histoire des politiques du patrimoine et de l’architecture. La plupart des réunions se déroulent à la Maison Suger et, chaque année, un ouvrage rassemblant les contributions de ces séminaires est publié sous l’égide du Comité d’histoire du ministère de la Culture et de la Fondation Maison des sciences de l’homme à la Documentation française. L’ouvrage publié en 2006 portera sur : La politique culturelle en débat. Anthologie, 1955-2005.
L’élection de Maurice Aymard
51Il y a manifestement plusieurs possibilités de nouvelles actions. Mais il est évident, pour Maurice Aymard, que l’institution doit se donner une nouvelle organisation et qu’elle doit « faire des choix ». Il présente ce qu’il appelle « trois véritables innovations ». La première concerne la durée du mandat de l’administrateur : la durée sera limitée à quatre ans, avec au maximum trois mandats (qui seront ramenés à deux au moment de l’adoption des statuts par le conseil d’administration). La deuxième est d’ordre organisationnel : il s’agit de la création d’une commission scientifique composée, de droit, de responsables d’institutions (CNRS, EHESS, FNSP) dont relèvent les centres de recherche installés dans les locaux de la Fondation et de trois autres personnalités nommées par le conseil d’administration. Enfin, pour aider à la prise de décision, Aymard suggère – « Ce sera pour moi une priorité » – la création d’un comité international d’évaluation composé de dix personnalités scientifiques, dont cinq au moins étrangères, et d’un rapporteur, élus pour une durée de six ans non renouvelables par le conseil d’administration. Le mandat de ce comité, qui doit se réunir en principe une fois par an, est d’évaluer la qualité des activités scientifiques de la Fondation et de formuler des suggestions sur leurs orientations30.
52Se trouvent ainsi énoncées les principales orientations que Maurice Aymard veut donner à son programme d’action comme administrateur de la Fondation ; il souhaite aussi que chacune des propositions qu’il présente fasse l’objet d’une discussion et, le cas échéant, soit modifiée par les membres du conseil d’administration. Certains points font d’ailleurs rapidement l’objet de controverses, par exemple le partage des rôles entre le conseil des directeurs et la nouvelle commission scientifique.
53Les modifications des statuts, à l’issue d’une lecture article par article, sont adoptées à l’unanimité, sous réserve d’une confirmation après un second débat. Puis Maurice Aymard quitte la salle, et le conseil procède à son élection : c’est l’unanimité. Le nouvel administrateur est bien en selle : sa nomination coïncide en effet avec l’adoption des modifications apportées aux statuts. On passe ensuite aux questions relatives au budget (budget 1992 et projet de budget 1993) et au legs d’un actif successoral mobilier et immobilier de plus de 10 millions de francs fait à la MSH et à l’EHESS par Pierre Marquis, un ancien étudiant de l’EPHE31.
54Face à l’inquiétude qu’a pu susciter la démission de Clemens Heller, Maurice Aymard publie un court texte dans MSH Informations pour rassurer les membres du personnel et les amis de la MSH : « Soyons cependant rassurés : Clemens Heller appartient trop à la Maison pour pouvoir vraiment la quitter. Il y garde sa place. Une orientation, un esprit avaient été fixés. Ils seront d’autant plus aisés à maintenir que les principes en étaient l’innovation, l’expérimentation, la flexibilité. Et ses conseils nous seront toujours, pour nous y aider, précieux. » À ce texte sont jointes trois photos de Clemens Heller, qui « permettront, espère-t-il, à tous ceux qui l’ont connu de mesurer le chemin parcouru au cours d’une vie libre de tout attachement aux sentiers battus ». Une façon aussi de rendre hommage à celui dont « la collaboration de trente ans avec Fernand Braudel a marqué le destin de deux grandes institutions de sciences sociales : la VIe section de l’EPHE – aujourd’hui EHESS –, puis la Fondation Maison des sciences de l’homme »32.
55Donc continuité et changement : tout en gardant autour de lui la même équipe – les deux adjoints à l’administrateur, Paule Gentot et Jean-Luc Lory, ainsi que le secrétaire général Patrick Janicot –, le nouvel administrateur entend l’élargir afin d’assurer entre autres la coordination des programmes de coopération internationale : en plus de Jean-Luc Racine (programme franco-indien), se joignent au secrétariat scientifique d’abord Hinnerk Bruhns et Jean-Claude Thivolle, professeur de chinois, puis Alexis Berelowitch, maître de conférences à Paris-4 (programme franco-russe). L’idée est d’avoir un responsable pour chaque programme. Gilbert Grandguillaume, maître de conférences à la retraite (EHESS), va aider par ses conseils les responsables du programme d’invitations de chercheurs maghrébins, et Dominique Fournier, chargé de recherche au CNRS et qui a participé à la mise sur pied en 1989 du groupe Méditerranée-Amérique 199233, va prendre en charge les relations avec le Mexique. Enfin, Irène Bessière, chargée de mission, a la responsabilité de deux dossiers : les contrats de recherche et les relations avec les universités et les autres Maisons des sciences de l’homme. Quant à Paule Gentot, elle continue, lorsqu’elle prend sa retraite à la fin des années 1990, de suivre le secteur des études féminines34. La constitution d’une telle équipe aux compétences variées est « vivement appréciée » par le Comité international d’évaluation de la MSH35.
56Au conseil, les deux vice-présidents sont Jean-Marc Bischoff et René Rémond, et c’est toujours Claude Gruson qui assume la fonction de trésorier. Même s’il demeure très attaché à l’institution, celui-ci remettra à la fin de l’année suivante sa démission pour des raisons de santé. Il sera alors remplacé par André Vanoli qui, après une carrière remarquée à l’INSEE, vient de prendre sa retraite36. En juin 1998, René Blanchet est élu sur le poste vacant laissé par Michèle Gendreau-Massaloux et, comme le veut la tradition et non pas une règle statutaire comme le précise alors Maurice Aymard, celui-ci est élu président du bureau du conseil d’administration. Parmi les membres fondateurs de la MSH, il ne reste que Charles Morazé. Comme « nouvelle preuve de l’attachement qu’il a toujours porté à cette institution » (dixit René Rémond), Morazé souhaite faire don d’un portefeuille en actions de 1 million de francs à la Fondation MSH pour ses activités. Tout en exprimant à Charles Morazé sa reconnaissance et celle de la Fondation tout entière, le conseil d’administration envisage de joindre à ce fonds le nom de Charles Morazé37. Il est aussi question de créer un Centre Charles Morazé dans les locaux mêmes qu’il occupe à la MSH.
René Blanchet (1941-)
Né en 1941, élève de l’École normale supérieure de Saint-Cloud, agrégé de géologie (1964) et docteur ès sciences (1973), il entreprend une carrière dans l’enseignement supérieur d’abord comme maître de conférences à l’École normale supérieure de Saint-Cloud (1964-1976) puis comme professeur de géologie à l’université de Bretagne occidentale et, depuis 1987, comme professeur à l’université de Nice-Sophia Antipolis. Il occupe aussi les fonctions de directeur du groupement de recherche Océanologie et géodynamique (université, CNRS, CNEXO, ORSTOM, BRGM) (1977-1987) et de directeur de l’Institut de géodynamique de l’université de Nice-Sophia Antipolis (1987-1989). Avant d’être nommé recteur de l’université de Paris, il est recteur des académies de Nice (1989-1991), de Montpellier (1991-1996) et d’Aix-Marseille (1996-1998). René Blanchet sera recteur de l’académie de Paris de 1998 à 2002. En 2005, il sera élu membre de l’Académie des sciences.
René Blanchet est aussi un aventurier : après 12 ans d’enseignement, il part en 1976 au Venezuela et au Mexique pour travailler avec des compagnies pétrolières. Il enchaîne par des recherches géologiques à Taïwan, aux Philippines, aux îles Tonga et dans les Caraïbes pour revenir en France en 1987 et s’orienter vers l’administration universitaire. De René Blanchet, proche de Claude Allègre, on dit, au moment de sa nomination à Paris, qu’il est l’homme de confiance du ministre de l’Éducation nationale.
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Maurice Garden (1935-)
Agrégé d’histoire, Maurice Garden est professeur à l’université Lumière Lyon-2 puis à l’ENS de Cachan. Il est également responsable de la recherche universitaire en sciences humaines et sociales au ministère de la Recherche et de l’Enseignement supérieur. Il occupera enfin le poste de recteur et vice-chancelier de l’académie de Paris. Garden est l’auteur de Lyon et les Lyonnais au xviie siècle (1975) et de L’Histoire économique d’une grande entreprise de santé. Le budget des hospices civils de Lyon, 1800-1976 (1980).
Professeur des universités et adjoint pour la recherche et les études doctorales du directeur de la Recherche au ministère de l’Éducation nationale, de la Recherche et de la technologie, Maurice Garden joue, en raison même de sa position à l’interface de l’enseignement et de la recherche, un rôle actif dans plusieurs dossiers (rédaction du plan quadriennal, projet de numérisation, statut du personnel).
58À la toute fin de la décennie, Hélène Ahrweiler est toujours présidente et plusieurs personnalités entrent au conseil en raison de leurs nouvelles responsabilités administratives dans le réseau de l’enseignement supérieur et de la recherche, dont Antoine Lyon-Caen (direction de la Recherche, ministère de l’Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie), Gilbert Dagron (Collège de France), Jacques Revel (EHESS) ou Marie-Claude Maurel (CNRS). D’autres enfin sont nouvellement cooptés, dont Bernard Decomps (École normale supérieure de Cachan) et Élie Cohen (président de l’université Paris-IX Dauphine).
59Parmi les difficultés que doit affronter le nouvel administrateur, le problème administratif le plus important et le plus compliqué est celui du statut du personnel. À partir de 1987, un mouvement d’intégration des hors-statut a conduit à titulariser et à affecter directement à la MSH 117 agents. Le personnel est alors devenu en grande partie titulaire. Cependant cette mesure, qui n’avait pas été demandée par la Fondation, a posé rapidement de nombreux problèmes techniques, à la fois au ministère de l’Éducation nationale et à la MSH, car la Fondation est une institution de droit privé. Les rapports administratifs se multiplient et diverses solutions sont envisagées : une convention avec une autre institution – comme l’EHESS ou le CNRS –, qui se chargerait de la gestion du personnel, ou la création d’un établissement public à cette même fin.
60Au conseil d’administration, l’on se montre d’abord favorable à « la signature d’une convention tripartite MSH-EHESS-ministère de l’Éducation nationale qui confierait à l’EHESS pendant deux ans la gestion du personnel fonctionnaire, le temps de choisir une décision définitive38 ». Sceptique, Charles Morazé trouve pour sa part la proposition « inapplicable » dans le cas particulier de la Fondation. Des études sont faites qui devraient aboutir à un projet de convention, mais d’une convention qui, espère-t-on, garantisse deux choses : l’indépendance de la MSH, mais aussi le total contrôle sur son personnel et sur les ressources correspondantes. Les membres du personnel ont pour leur part deux revendications : 1) la présence de membres du personnel contractuel lorsque vont s’élaborer les décisions, 2) la possibilité pour les fonctionnaires d’accéder à des concours internes39.
61Six mois plus tard, en mai 1992, le directeur des Personnels d’Enseignement supérieur (DPES) au ministère de l’Éducation nationale propose d’ouvrir les consultations entre la MSH et l’EHESS pour envisager les modalités du transfert administratif des emplois inscrits au budget de la MSH vers l’EHESS40. Dans sa réponse, le président de l’EHESS, Marc Augé, invoque d’abord la « très longue tradition de collaboration confiante et amicale » entre les deux institutions pour donner ensuite sans réserve « [son] accord de principe pour [vous] apporter toute l’aide nécessaire en l’espèce ». Mais il ajoute immédiatement que les modalités d’application doivent être suffisamment précises afin d’éviter que « de notre participation à la gestion ne découlent des conséquences propres à léser, involontairement bien sûr, les personnels de l’un et l’autre établissements41 ».
62Du côté de la Fondation, l’on est plus que prudent, le souci unanime des membres du conseil étant de « préserver l’indépendance et la spécificité de la Fondation MSH ». En d’autres mots, l’on cherche d’autres solutions que celle proposée par le DPES, à savoir le simple transfert de l’ensemble des emplois concernés avec convention tripartite et, tout en acceptant de poursuivre les discussions, l’on met sur pied un petit groupe de travail afin d’« examiner entre-temps diverses solutions de rechange, dont la possibilité de créer à terme un établissement public administratif42 ».
63Afin de préserver l’entière autonomie de l’institution, la mesure de régularisation finalement choisie par la MSH est de passer par la voie législative afin d’affecter les fonctionnaires titulaires à la MSH : il s’agirait donc de faire adopter un article de loi qui légaliserait l’attribution en propre de ces postes à la MSH, en tant qu’elle est reconnue d’utilité publique. Enfin, les pouvoirs de gestion de ces personnels seraient délégués par le ministre de l’Éducation nationale à l’administrateur de la Fondation nommé par lui43.
MSH pour Maison des sciences humaines ?
64Rebaptiser la MSH ? Françoise Gaspard relance, au printemps 1992, le débat sur l’appellation de la MSH en faisant circuler une pétition que près de 80 personnes, hommes et femmes, qui travaillent à la MSH ou la fréquentent, vont signer. Ancienne maire socialiste de Dreux, Gaspard est maître de conférences à l’EHESS et membre du Centre d’analyse et d’intervention sociologique (CADIS), dont Alain Touraine est le fondateur et le directeur depuis 1981. Les locaux de ce centre se trouvent au 54 boulevard Raspail. Féministe engagée en faveur de la parité, Gaspard vient de publier avec Claude Servan-Schreiber et Anne Le Gall Au pouvoir citoyennes ! Liberté, Égalité, Parité (Gaspard, Servan-Schreiber et Le Gall 1992).
65Comme dix ans plus tôt, la demande est simple et claire : qu’à l’occasion du 8 mars suivant soit rebaptisé le bâtiment du 54 boulevard Raspail. L’argumentation est la suivante : l’usage du mot « homme » pour désigner les femmes et les hommes est anachronique et ignorant du poids qu’ont les mots sur les représentations. Cette Maison abrite et accueille les chercheurs et les chercheures en sciences sociales les plus éminents. Il a semblé aux signataires qu’il convenait de mettre à son fronton un nom qui soit en accord avec la réalité sociale44. Le nouveau nom que proposent les contestataires est « Maison des sciences humaines ». Une grande banderole est accrochée sur la façade du bâtiment.
66Parmi les signataires, on retrouve majoritairement des femmes, pour la plupart professeures à l’EHESS ou chercheures au CNRS : des historiennes (Christine Bard, Cécile Dauphin, Geneviève Fraisse, Nancy Green, Christiane Klapisch, Pierrette Lebrun-Pézerat, Danièle Voldman), des sociologues (Christiane Bonnemain, Marie-Josèphe Dhavernas, Colette Guillaumin, Danièle Kergoat), des anthropologues (Marie-Élisabeth Handman, Véronique Nahoum-Grappe), des politologues (Janine Mossuz-Lavau, Mariette Sineau), des philosophes (Françoise Bach), des juristes. À ces femmes, s’ajoute une dizaine d’hommes : Pierre Bourdieu, Paul-Henry Chombart de Lauwe, Marc Ferro, Didier Lapeyronnie, Jean Leca, François de Singly, Alain Touraine, Pierre Vidal-Naquet.
67Pour les mêmes raisons que dix ans plus tôt, la MSH n’est pas rebaptisée.
« On ne progresse que par ses erreurs »45
68La diffusion de livres en sciences humaines étant l’une de ses préoccupations centrales, on ne peut donc pas s’étonner que la MSH s’inquiète de la fermeture annoncée de la librairie du Regard – « elle fermera, annonce la propriétaire Françoise Pavie, quoi qu’il arrive dans le mois qui vient » –, une librairie privée de la rue du Cherche-Midi, proche de la MSH et que fréquentent non seulement les chercheurs des centres hébergés par la MSH ou ceux qui y sont invités mais aussi les chercheurs et les professeurs de diverses institutions parisiennes. La librairie est à la fois une vitrine pour les ouvrages en sciences humaines et un outil précieux pour la recherche, car en plus de livres français, on y trouve en effet de nombreux ouvrages en langue anglaise. Les chercheurs peuvent visiter la librairie et passer des commandes. Enfin, il y a un présentoir pour les revues.
69Lors de sa réunion en décembre 1993, le conseil d’administration discute, chiffres en main, de la possibilité de « développer la présentation et la vente de publications de l’EHESS et de la MSH en évitant la fermeture de la librairie »46. La proposition qui est finalement adoptée est la suivante : l’association avec un partenaire privé (gérant libre) dont la participation serait de 200 000 à 300 000 francs et la mise en place d’un dispositif, à savoir une SARL au capital de 50 000 francs avec constitution d’un apport de 800 000 francs, dont un apport majoritaire du privé (26 %) et d’autres de l’EHESS (25 %), de la MSH (25 %), du Collège de France et de la Fondation Hugot du Collège de France (24 %). Une rencontre est prévue avec Mme Pavie, qui, selon Maurice Aymard, a fait faire une contre-expertise. La MSH ne fait pas d’offre. La librairie ferme ses portes. Une attitude prudente de la part de la Fondation, une perte pour les chercheurs.
70Côté locaux, tout est relativement calme, même s’il y a, comme toujours, des changements. D’où quelques incontournables négociations. L’une des principales préoccupations concerne les 402 m2 qu’occupait le Laboratoire d’informatique pour les sciences humaines du CNRS (LISH) avant son déménagement dans les bureaux libérés par l’INIST-SHS au 3e étage de la Maison. La fermeture du LISH est annoncée par le CNRS pour la fin de l’année 1996. Le Comité international d’évaluation rappellera, dans son rapport de décembre 1998, que « le LISH (hébergé dans les locaux de la Fondation) a joué, en son temps, un rôle pionnier, et que sa fin peu glorieuse ne devrait pas empêcher un bilan et une évaluation sérieuse de ce laboratoire »47.
71On prévoit que les locaux jusqu’alors occupés par le LISH au 2e sous-sol de la MSH seront réaménagés pour permettre d’une part d’étendre les magasins de la bibliothèque et d’y installer une vidéothèque et d’autre part de disposer de deux nouvelles salles de réunion et de bureaux supplémentaires pour les chercheurs de passage. Par ailleurs, trois personnes du LISH pourraient être affectées à la MSH. L’on craint que le désengagement du CNRS, lorsqu’il deviendra réalité, ne transfère sur la Fondation des charges nouvelles à un moment difficile48.
72Quant aux anciennes surfaces occupées par l’INIST-SHS, elles ne peuvent, selon la nouvelle politique de la MSH pour les nouveaux hébergements, être utilisées que pour des périodes d’un an, renouvelables une ou deux fois, comme c’est le cas pour l’université euro-arabe itinérante et pour le Centre de droit européen de l’université de Paris. Même si l’université euro-arabe, dont l’hébergement doit prendre fin le 28 février 1997, demande de demeurer dans les lieux trois années supplémentaires, elle ne le peut pas, car la Fondation entend « respecter scrupuleusement la règle » : son départ doit donc se faire à la date convenue49.
73Fin décembre 1996, la liste des institutions installées à la Fondation MSH comprend des hébergements avec convention et d’autres sans convention. Dans le premier groupe, il y a les centres et programmes qui relèvent du CNRS (712 m2)50, de l’EHESS (1 424 m2) et de la FNSP (239 m2). Il n’y a donc plus de centres ou programmes qui relèvent directement de la MSH. Quant aux centres installés sans convention, il y en a cinq, occupant 240 m2 : l’Anvie ; la Commission nationale pour les études et les recherches interethniques, dirigée par Charles Morazé et installée avec le Centre de recherches interlangues (P. Stockinger) et le Centre histoire des géométries (D. Flament) ; le Centre de recherche sur le Brésil contemporain (A. Garcia) et le Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (J.-C. Hourcade). S’ajoute le Centre interdisciplinaire de recherche sur la paix et d’études stratégiques (Alain Joxe) installé au 71 boulevard Raspail.
74Quelques autres changements surviennent dans les années suivantes : le départ du Centre d’études et de recherches internationales (CERI) permet l’agrandissement des locaux du Centre d’études de la vie politique française ; s’installe dans les 92 m2 qui étaient occupés par le Programme Europe le Laboratoire d’anthropologie des institutions et des organisations sociales relevant du CNRS dont le directeur est Marc Abélès. Une petite place (38 m2) est aussi faite à un centre EHESS, le Centre d’études et de recherches allemandes, dont le directeur est Michael Werner.
75Enfin la Fondation MSH accueille en 1997 et 1998 le Centre de coopération franco-norvégienne, l’Institut de la Fondation pour l’économie sociale (pour une période de 3 ans) de même que trois nouvelles associations scientifiques : l’association « Les Quatre Piliers. Société pour l’anthropologie dogmatique », l’Association française d’histoire urbaine et l’Association 3E (Économie-Énergie-Environnement), et une fondation, la French American Foundation (pour une durée de 3 ans). Les espaces attribués à ces centres ou associations sont petits : entre 10 et 25 m2. Des négociations sont par ailleurs en cours avec d’autres formations, dont SIS-ARCINFO (CNRS), Équipes Banque de données (CNRS), le Centre de recherche sur les droits de l’homme et le droit humanitaire de l’université Paris-1. Sans oublier l’extension des locaux du service médical (MSH-EHESS-CNRS), qui occupe 54 m2. Quant au départ annoncé de l’université euro-arabe itinérante, il est ajourné de six mois, soit jusqu’à fin juin 1998.
76Enfin, la MSH appuie le développement d’activités autour de thèmes, comme « Sexes et société » qui, à la fin des années 1990, est structuré autour de quatre pôles principaux : le séminaire « Sexes et démocratie » animé par Françoise Gaspard (EHESS), le séminaire mensuel « Pour une critique sexuée du droit » animé par Marie-Victoire Louis (CNRS), les débats-lectures sur « La différence des sexes » animés par Geneviève Fraisse et Margaret Maruani, et le réseau « Les Femmes dans la guerre », animé par Žarana Papić et réunissant des chercheurs des six républiques de l’ex-Yougoslavie. Il est par ailleurs question de développer un réseau parallèle avec l’Algérie51.
Une première évaluation de la MSH
77En décembre 1996, le mandat de l’administrateur arrive à échéance. Maurice Aymard sollicite un nouveau mandat, sans qu’aucun autre candidat ne se soit proposé. Il est reconduit dans sa fonction. L’action qu’il entend mener pendant ce deuxième mandat se veut « dans la continuation » du premier52. Aymard s’engage aussi à tenir compte des critiques et des suggestions que vient de faire le Comité international d’évaluation dans son dernier rapport, remis récemment aux membres du conseil d’administration.
78Le Comité international d’évaluation a été créé au moment de l’entrée en fonction de Maurice Aymard comme administrateur. On y trouve, à titre de personnalités étrangères, Wolf Lepenies et Bronisław Geremek53. Dans son rapport, le Comité international d’évaluation se penche sur ce qu’il appelle les « spécificités » des activités scientifiques qui se caractérisent par une grande hétérogénéité et sont souvent au croisement de diverses disciplines. Les principales conclusions que tire le Comité sont : 1) le regroupement thématique des recherches soutenues par la MSH ne constitue pas « une encyclopédie des sciences sociales » : « Certains filons ont été exploités – au gré des rencontres – mais il n’y a pas eu de volonté systématique d’exhaustivité » ; 2) la MSH n’étant pas une institution de programmation de la recherche, elle n’a pas une politique volontariste par rapport à l’offre de la recherche : sensible aux demandes des chercheurs, elle privilégie « la gestion de l’aléatoire et l’expérimentation par essais et erreurs ». Aussi observe-t-on de grandes inégalités entre les disciplines : raréfaction relative de certaines (histoire), apparition de nouvelles tendances (sciences de la cognition). Une conclusion s’impose : le concept de « politique scientifique » ne s’applique pas à la MSH, car elle ne dispose ni de chercheurs permanents ni de moyens financiers suffisants : « La MSH a essentiellement une pratique de soutien complémentaire, appuyée sur les occasions qui se présentent. Débloquer une situation, ouvrir des pistes, saisir l’opportunité de la présence prolongée de résidents à la Maison Suger, tels sont les ressorts effectifs de sa capacité d’intervention scientifique ». Une telle intervention suppose une grande vigilance et nécessite, ce que n’a pas la Maison, plus de personnel à la direction scientifique54. En conclusion de leur rapport, les membres du Comité rappellent qu’ils souhaitent « être mieux utilisés » par la direction de la MSH : « La fonction d’évaluation n’a de sens que si elle est aussi une fonction de conseil ».
Une situation « tendue et difficile »55
79Les années 1990 voient se mettre en place différents outils informatiques : câblage du bâtiment et raccordement aux réseaux Renater et Internet, transformation, décidée en 1991, du système budgétaire et comptable des services administratifs, finalement achevée en 1995. L’on effectue par ailleurs des études pour assurer en 1996 la gestion et l’analyse informatisée de l’ensemble des activités scientifiques qui relèvent du secrétariat scientifique56.
80La bibliothèque, avec ses 120 000 ouvrages, ses 5 000 thèses (dont toutes les thèses de l’EHESS depuis 1986) et ses 10 000 titres de périodiques en 1998, n’a toujours pas réglé son problème de stockage, d’où la mise à l’étude de l’agrandissement des magasins. Elle doit conserver le rythme de ses acquisitions, d’où l’importance des dons, par exemple ceux de Pierre Bourdieu ou Denis Richet. Il lui faut aussi faire place à de nouveaux supports, dont le CD-Rom pour les catalogues et les bibliographies.
81Enfin, à partir de 1994, la bibliothèque va s’engager dans un programme de soutien aux bibliothèques universitaires ou de recherche de pays dits défavorisés, en direction d’abord de la Russie et de l’Ukraine puis, à partir de 1995, des autres États de la CEI et d’Europe centrale et orientale anciennement socialistes (Albanie, Arménie, Bulgarie, Géorgie, Hongrie, Pologne, République tchèque, Roumanie, Slovaquie) pour s’étendre à l’Algérie, au Brésil, à la Chine et au Pakistan en 1997 et, à partir de 1998, à divers pays d’Amérique latine et d’Afrique subsaharienne.
82Les années 1995-1996 sont déterminantes pour la bibliothèque, car son informatisation doit rendre possible la consultation des catalogues et des bibliographies des autres bibliothèques. Il y a, clame-t-on, « intérêt et nécessité d’un investissement exceptionnel pour la bibliothèque »57.
83L’informatisation est, pour la MSH, comme pour toutes les institutions au service de la recherche, une question épineuse. Il lui faut servir plus de 1 000 utilisateurs.
84L’autre urgence concerne la mise aux normes du bâtiment Raspail, qu’il s’agisse de l’électricité ou de la sécurité (incendie, etc.). Après la visite de la commission de sécurité de la préfecture en 1994, la MSH n’a d’autre choix que d’entreprendre une opération de « remise à niveau » car la commission a constaté des « risques graves » : inaccessibilité des façades, défaut d’encloisonnement des cages d’escalier, absence de désenfumage, non-conformité des installations électriques58. Le coût des travaux nécessaires est d’abord évalué à 23 millions de francs. Deux ans plus tard, à la suite d’une visite de la commission, il faudra interdire l’accès du public aux locaux d’enseignement du deuxième sous-sol.
85Entre-temps, un autre facteur de risque se révèle plus contraignant : l’amiante. La MSH procède au printemps 1996 à la réalisation des diagnostics : il y a bel et bien de l’amiante floqué sur les structures métalliques pour augmenter leur résistance au feu, de même que dans les dalles du sol et leur colle. L’on ne constate cependant pas de pollution par fibres d’amiante. La MSH n’a d’autre choix que de s’engager dans une « opération de réhabilitation lourde » comprenant un vaste ensemble de travaux, de la sécurité incendie et de la réfection du réseau électrique au désamiantage en passant par l’amélioration de certains éléments de confort (air conditionné, ascenseurs, volets). L’estimation des coûts de l’ensemble des travaux passe à 125 millions de francs. L’on espère que la « remise à niveau » de la MSH pourra se réaliser en trois ou quatre années59. Deux ans plus tard, en 1998, les coûts de l’opération s’élèvent, selon une nouvelle estimation, à 192 669 000 francs. L’on prévoit que la mise en sécurité du bâtiment se fera en quatre tranches de travaux qui vont occasionner la fermeture par tiers. D’où l’obligation, pour la Fondation, de trouver 3 000 à 4 000 m2 en vue d’un relogement partiel. L’une des solutions envisagées est l’installation de bâtiments préfabriqués dans l’enceinte de l’hôpital Laennec60.
86Des difficultés financières apparaissent au CID en 1995 (de l’ordre de 1 276 500 francs par rapport à 1994), puis au service des publications qui connaît une baisse des ventes malgré de nouvelles coéditions avec L’Harmattan et l’IMEC en plus des coéditions avec des maisons d’édition étrangères (Cambridge University Press, Campus Verlag).
87Par ailleurs, les emplois stables font défaut. Fin 1998, les effectifs sont de 115 : 101, dont 33 ingénieurs de recherche, sont des personnels titulaires de l’État et les 14 autres sont des personnels de la Fondation61. D’où l’urgence, maintes fois rappelée, d’obtenir du ministère de l’Éducation nationale la création de nouveaux emplois. L’idéal serait, pour la MSH, de « disposer du nombre de postes correspondant à celui des emplois permanents de l’établissement, et d’être habilitée à recruter directement en cas de vacance »62. Un autre changement, longtemps souhaité, doit se faire prochainement : il s’agit de l’affectation à la MSH des emplois créés pour elle à l’EHESS. Six personnes sont concernées par ce transfert. Enfin, l’on attend toujours la réélection de représentants du personnel, mais un climat de négociation s’est recréé, que Maurice Aymard juge « de bon augure »63.
88Les subventions du ministère se stabilisent entre 1994 et 1996 – environ 42 millions de francs – pour connaître une fluctuation importante les deux années suivantes : il y a en 1997 une augmentation importante (48 624 953 francs) suivie en 1998 d’une baisse (43 838 629 francs).
Contrat quadriennal et sollicitations ministérielles
89Dès l’été 1997, Maurice Aymard et ses collaborateurs se mettent au travail pour préparer le nouveau contrat quadriennal. Cet exercice fournit l’opportunité pour la Fondation de reformuler ses grandes orientations pour les prochaines années. Les trois grands objectifs sont : 1) renforcer les services et les améliorer pour répondre aux besoins propres de la Fondation et des équipes qu’elle héberge mais aussi à ceux d’autres institutions françaises. L’une des priorités est l’informatisation, qu’il s’agisse du secrétariat scientifique ou de la bibliothèque. À la suite de la dissolution du LISH, l’on doit se doter d’une « cellule informatique » avec personnel et budget de fonctionnement ; 2) élargir les actions internationales en resserrant les liens entre les chercheurs d’Europe occidentale et méridionale, en multipliant les contacts avec les pays d’Europe centrale et orientale et ceux de la Communauté des États indépendants (CEI), en renforçant les grands programmes bilatéraux de coopération (Brésil, Inde et Chine) et en s’ouvrant à de nouveaux pays, insuffisamment représentés (Argentine, Mexique, Afrique du Sud, pays du Sud-Est asiatique, Japon), sans oublier des interventions ciblées et limitées, par exemple en Algérie ; 3) enfin, développer les réseaux scientifiques nationaux et internationaux, qui sont « le cœur » du programme scientifique de la Fondation et qui se renouvellent constamment.
90Pour Maurice Aymard, il apparaît indispensable de transformer les méthodes de travail, avec l’ouverture du réseau informatique : « Longtemps, les colloques scientifiques ont été la forme privilégiée de la coopération scientifique internationale ». Aussi son projet est-il d’« expérimenter des formes parallèles de collaboration »64. Un tel projet s’inscrit, précise pour sa part Charles Morazé, dans « l’idée de départ », celle-là même qui a conduit à la création de la MSH à l’époque de Gaston Berger, à savoir « réunir des équipes autour d’instruments communs qui les rapprochent, notamment de moyens mathématiques ». Il s’agit donc à nouveau d’« associer l’innovation aux contacts et aux échanges qu’implique l’utilisation commune de services ». Une observation qu’approuve aisément Maurice Aymard, qui tient à rappeler que « les tentatives de fixer et d’imposer des priorités n’ont pas réussi et qu’en fait, c’est l’encouragement donné à des initiatives spontanées qui s’y substitue le plus souvent »65.
91À la toute fin des années 1990, tout en s’engageant dans le projet de création d’un Centre d’études et de recherche sur l’Allemagne financé par le DAAD et le MENRT et qui devrait être hébergé à la MSH, cette dernière décide de collaborer à de nouvelles initiatives européennes afin d’élargir ses activités à l’international : programme d’une centaine de stages en entreprise entre l’Union européenne, la Chine et le Japon pour des étudiants avancés en économie, programme quadriennal de coopération juridique et judiciaire entre l’Union européenne et la Chine66, participation à de nouveaux programmes européens67.
92En 1998, le ministère confie à la MSH un grand programme de numérisation pour l’enseignement et la recherche. Son statut de fondation a joué pour elle puisqu’une dotation importante du secteur privé est attendue qui n’arrivera jamais. Quatre grands axes de travail sont retenus : 1) l’identification des collections à numériser et l’explicitation du concept de numérisation de masse, 2) un inventaire des technologies et des normes appliquées en matière de numérisation, 3) l’analyse des usages et des besoins en documents numérisés dans l’enseignement et la recherche, et 4) les implications juridiques et la rédaction d’une charte de la numérisation. Le budget réservé pour ce programme ambitieux est de 14 millions de francs, dont 2 millions de francs en 1998 pour la réalisation de la phase pilote de l’opération. Le ministère met de plus à la disposition de l’équipe un ingénieur de recherche spécialisé. L’inscription du programme au plan quadriennal de la Fondation est l’objet d’une lettre de Claude Allègre, ministre de l’Éducation nationale68.
93Cette commande, malgré l’importance de son financement public, est accueillie avec réserve par les membres du Comité international qui suggèrent de « greffer sur ce programme, par nature technologique, une vraie recherche en sciences humaines et sociales (aspects cognitifs et sociaux) »69. Ils établissent, de ce fait, une certaine distance vis-à-vis d’un des pivots de la pensée braudélienne, à savoir l’importance majeure accordée aux outils de la recherche, conception à l’origine de la création de la MSH.
La création de MSH en région
94Dès 1992-1993, le ministère de la Recherche envisage la création de nouvelles MSH en province : Aix, Caen, Nantes, Poitiers et Toulouse venant s’ajouter à celles de Bordeaux, Lyon, Grenoble, Saint-Étienne et Strasbourg. La constitution d’un « réseau national » des Maisons des sciences de l’homme est partagée par plusieurs acteurs et l’expérience de la MSH est sollicitée en France comme pour d’autres projets qui s’en inspirent à Bucarest et à Sofia.
95C’est à cette époque-là qu’est lancée l’idée de créer en France un « Institut d’études avancées » qui serait délocalisé sur plusieurs sites, donc multipolaire. En 1999, mandaté par le ministère de la Recherche, Alain Supiot rédige une « note d’orientation sur les Maisons des sciences de l’homme », dans le cadre du Conseil national du développement des sciences humaines et sociales70 qu’il préside. Il identifie quelques grands principes d’orientation pour les Maisons – principe de diversité, principe d’autonomie administrative et financière, principe de subsidiarité (par exemple ne pas se substituer à des centres existants ni monopoliser un champ de recherche) –, propose une logique de réseau et enfin défend l’idée d’une charte des Maisons des sciences de l’homme autour de quelques principes généraux (interdisciplinarité, partenariat CNRS/université, international), dont le respect conditionnerait l’attribution du label MSH71.
96Maurice Aymard, fidèle à ses ambitions concernant l’international, plaide pour la création d’un Institut d’études avancées, qui serait connecté au réseau des Maisons des sciences de l’homme. Il propose de donner à l’IEA, au moins dans un premier temps, une « forme expérimentale » en s’appuyant sur la MSH. Et, pour limiter les coûts de cette « expérience », de réunir au sein du futur IEA, pour des périodes courtes (2 mois et demi-3 mois) de petites équipes de chercheurs (3 ou 4) venant de pays différents pour travailler ensemble sur un projet commun en liaison étroite avec une équipe française d’accueil72. Pour la première expérience, quatre thématiques sont retenues : « Justice pénale internationale », « Partition and dialogue. Issue in the peace question today », « Mathematical proof, axiomatic-deductive demonstration and historical shaping of discourses among them » et « Définir l’autre. Religion, race et origines en France, aux États-Unis et en Allemagne ».
97Il est aussi question de passer un accord avec Columbia University afin d’avoir accès à son antenne parisienne, le Reid Hall, 4 rue de Chevreuse. L’idée serait d’y accueillir une dizaine de chercheurs par an, qui viendraient passer en France d’une semaine à une année sabbatique. Tout ce programme devrait constituer la préfiguration d’un centre ou institut d’études avancées73.
Alain Supiot (1949-)
Alain Supiot est un juriste et universitaire né en 1949, spécialiste du droit social et de la théorie du droit. Docteur d’État en droit (1979, Bordeaux) et agrégé des facultés de droit (1980), il enseigne à l’université de Poitiers puis de Nantes, avant de rejoindre l’Institut universitaire de France (2001-2011). Élu professeur au Collège de France en 2012, il y est titulaire jusqu’en 2019 de la chaire « État social et mondialisation : analyse juridique des solidarités ». Il fonde en 1995 la Maison des sciences de l’Homme Ange Guépin à Nantes, préside le Conseil national du développement des sciences humaines et sociales de 1998 à 2000, puis fonde et dirige de 2008 à 2013 l’Institut d’études avancées de Nantes. Sa carrière est également marquée par plusieurs séjours de recherche à l’étranger : à l’Institute of Industrial Relations de Berkeley (1981), à l’Institut universitaire européen de Florence (1989-1990) et au Wissenschaftskolleg de Berlin (1997-1998). De 2016 à 2018, il est membre de la Commission mondiale sur l’avenir du travail de l’Organisation internationale du travail. Il a notamment publié La gouvernance par les nombres (2020, Pluriel ; 2015, Fayard), Le travail au xxie siècle (2019, Éditions de l’Atelier), Homo juridicus. Essai sur la fonction anthropologique du Droit (2005, Seuil) et Critique du droit du travail (2015, 1994, PUF).
Le nouveau mandat de Maurice Aymard
98Le début des années 2000 est marqué, sur le plan international, par le 11 septembre : cet attentat, qui frappe de plein fouet les États-Unis à l’automne 2001, a des répercussions politiques immédiates partout dans le monde. Les questions du terrorisme et de la sécurité prédominent dans la vie politique intérieure non seulement aux États-Unis mais aussi en Europe. L’islam, les musulmans sont pointés du doigt. Les débats sur la laïcité et les politiques d’immigration viennent exacerber les conflits ethnico-religieux. Comment protéger l’identité (française) ? se demande-t-on, inquiet, à droite comme à gauche.
99Le 1er janvier 2002, l’euro devient la monnaie officielle de la nouvelle Europe. Et au printemps de la même année, au premier tour de l’élection présidentielle, Lionel Jospin est éliminé ; le deuxième tour oppose Jacques Chirac de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) et Jean-Marie Le Pen du Front national. À la suite d’une campagne marquée par une forte mobilisation contre le Front national, Jacques Chirac est réélu président. Jean-Pierre Raffarin est nommé au poste de Premier ministre. Un échec pour le Parti socialiste et pour la gauche ; on assiste à l’émergence d’une nouvelle force politique : l’extrême droite nationaliste. Nationalisme, émigration, religion : redéfinis et inscrits dans une perspective de mondialisation-globalisation, ces thèmes deviennent centraux dans les sciences humaines et sociales.
100À la fin de son deuxième mandat (de quatre ans) en juin 2000, Maurice Aymard confirme sa décision de se représenter : ce sera, selon les statuts, son troisième et dernier mandat. Le conseil d’administration et le conseil des directeurs se prononcent à l’unanimité pour le renouvellement de son mandat. Hélène Ahrweiler, absente, adresse une lettre de soutien au conseil d’administration74.
101Tout comme le contrat quadriennal suivant (2002-2005), le nouveau mandat de Maurice Aymard s’ouvre sous le signe de la continuité, avec la même équipe75 et toujours dans « l’esprit » de la Fondation, c’est-à-dire dans le respect de deux règles de base : 1) l’expérimentation, qui consiste à « tester » de nouvelles solutions à des problèmes qui se posent aux communautés scientifiques pour qu’elles puissent être ensuite adoptées par d’autres institutions et 2) la subsidiarité, c’est-à-dire intervenir dans des domaines qui ne sont pas pris en charge par d’autres institutions76.
102L’un des « éléments essentiels » de la politique de la MSH a toujours été d’« améliorer le fonctionnement de ses services » et le demeure, mais il s’agit dorénavant de les adapter aux nouvelles technologies (notamment informatiques)77. La Fondation héberge au milieu des années 2000 une trentaine de centres, et l’une de ses instances, le conseil des directeurs de la MSH, réunit quinze de leurs directeurs, désignés par le conseil d’administration. Un certain nombre de ces centres fait partie du noyau initial des laboratoires installés dans les années 1970, qui occupent des espaces importants : le Centre d’analyses et de mathématiques sociales, le CSE, le CRH, le Cevipof, le Centre d’études de la Chine moderne et contemporaine (CECMC). Cependant plusieurs autres laboratoires se sont, au fil des années, installés au 54 boulevard Raspail : en plus du Laboratoire d’anthropologie des institutions et des organisations sociales (LAIOS, dir. Marc Abélès) et du Centre d’études et de recherches allemandes (CRIA, ex-CERA, dir. Michael Werner), il y a, pour ne donner que quelques exemples, le Projet Echo/Credo (dir. Maurice Godelier), l’Institut national d’histoire de l’art (INHA, dir. Alain Schnapp), l’Académie de la latinité (dir. Nelson Vallejo-Gómez), la Société française d’histoire urbaine (dir. Jean-Luc Pinol). Enfin quelques autres centres sont aussi hébergés au 54 boulevard Raspail, mais sans convention : ils sont pris directement en charge par la Fondation, par exemple le Centre de recherche sur le Brésil contemporain (CRBC/EHESS, dir. Afrânio Garcia), le Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (CIRED/EHESS, dir. Jean-Charles Hourcade), etc.78. La Fondation maintient donc de longues relations avec ses « cercles traditionnels ou plus proches »79 et ses collaborateurs fidèles, dont Maurice Godelier, tout en s’associant à de nouveaux collaborateurs très actifs : par exemple Alain Schnapp en histoire et en archéologie. La MSH apparaît toujours comme une « institution très originale », qui de plus joue « un rôle très positif de nœud interdisciplinaire à orientation internationale ». L’on se félicite d’ailleurs du fait que la Fondation manifeste plus que jamais ses capacités inventives en tant que « facilitatrice » de réseaux scientifiques internationaux80.
103Mais, se demande-t-on, est-ce la mission de la MSH que de soutenir des groupes de recherche sur plus d’un quart de siècle81 ? La question est soulevée par le Conseil international d’évaluation scientifique au sujet du groupe-réseau LEPS soutenu par la Fondation depuis 26 ans, et qui est l’objet de plusieurs critiques : opérations de recherche éclectiques d’intérêt inégal, aucunement hiérarchisées et sans assise commune, avec au total une lisibilité scientifique peu convaincante82. Phénomène plus rare : un centre de recherche hébergé à la MSH quitte à la fin de l’année 2004 le 54 boulevard Raspail : c’est le Cevipof de la FNSP qui s’installe au 98 rue de l’Université et qui sera remplacé par l’Observatoire du changement social, autre UMR Sciences Po-CNRS, que dirige Alain Chenu. « Je ne doute pas, écrit le directeur de l’Institut d’études politiques de Paris, Richard Descoings, que [les chercheurs de l’OSC] trouvent dans l’environnement qu’offre la MSH l’opportunité de nouer de nombreux liens propices à des échanges intéressants pour les deux parties comme ce fut le cas pour leurs prédécesseurs ».
104Et si, depuis 20 ans, l’accent principal – c’est un « objectif majeur » – est mis sur le renforcement des programmes internationaux, la MSH souhaite maintenant, grâce à une internationalisation sans cesse accrue des problématiques en sciences humaines et sociales, assurer « un renouvellement des méthodes et des problèmes posés, une meilleure circulation des résultats, un développement du comparatisme »83. Un effort tout particulier est toujours fait pour permettre à des chercheurs étrangers d’effectuer des séjours allant d’une semaine à un an, d’entrer en contact avec des chercheurs français et de réaliser leur programme de recherche. Y concourent la bibliothèque (avec un fonds de 125 000 ouvrages environ, de 10 000 périodiques et plus de 5 000 thèses dont toutes celles de l’EHESS, et des CD-ROM pour les catalogues et les bibliographies), le service informatique et la Maison Suger.
105S’agissant de la bibliothèque, qui est toujours très fréquentée, il y a un risque de voir augmenter, « exagérément », dit-on, le nombre des lecteurs avec l’arrivée programmée des étudiants de DEA84. Deux autres points sont à l’étude : l’accès aux revues électroniques et la participation à des consortiums d’abonnements. Avec l’informatisation85 et le raccordement à des réseaux locaux et nationaux de bibliothèques – dont le SUDOC en 2001 –, il faut maintenant changer tout le mobilier pour répondre aux contraintes des postes informatiques. En outre le budget pour les acquisitions est devenu nettement insuffisant, en raison de l’augmentation des prix des abonnements et du coût élevé des CD-Rom. On se félicite que des dons d’ouvrages ou de documents soient faits par les chercheurs, des collaborateurs ou des amis de la MSH.
106Fidèle à la mission de la MSH d’être « un lieu toujours plus favorable aux rencontres et aux échanges scientifiques entre États, cultures, institutions et disciplines », le service des publications entend « éditer aux meilleurs prix tout en maintenant une édition scientifique de haut niveau ». Il s’agit donc, comme le veut sa mission initiale, de publier des ouvrages de qualité qui ne pourraient pas être pris en charge par l’édition privée, faute d’un marché suffisant. Son personnel comprend 13 personnes – dont 10 ingénieurs d’études –, 9 collaborateurs à plein temps et 4 à mi-temps. Tout comme la bibliothèque, le service des publications connaît des problèmes de stockage86.
107Même si, d’année en année, il y a une baisse des ventes (de 13 % en 2000 et de 3,75 % en 2001)87, les Éditions n’en demeurent pas moins dynamiques, se dotant d’une nouvelle structure organisationnelle composée de quatre cellules (éditorial, fabrication, communication, administration et finance) et se donnant un nouveau rythme de croisière : en 2000, près de 40 titres, 8 numéros de revues et 3 collections – Documents d’archéologie française (DAF), Ethnologie de la France, Carte archéologique de la Gaule – qui connaissent un grand succès. En plus de collaborer avec le Goethe-Institut et le Deutscher Akademischer Austauschdienst (Office allemand d’échanges universitaires - DAAD) à un important programme de traduction franco-allemand qui porte le nom de « Bibliothèque allemande » et de publier en partenariat plusieurs autres collections88, les Éditions assurent la publication de six autres collections : « Archéologie expérimentale et ethnographie des techniques », « Brasilia », « Cognitique », « Colloquium », « Méditerranée Sud » et « Philia ». Enfin, chaque année paraît une demi-douzaine d’ouvrages hors collections : monographies ou travaux collectifs.
108Un tel programme d’édition classique, essentiel pour la diffusion de livres scientifiques de référence, est lourd financièrement – environ 10 000 euros par ouvrage – et, lorsque les ventes baissent comme c’est à nouveau le cas en 2003 (- 4,2 %) et 2004 (- 4,3 %), le risque d’être déficitaire émerge, ce qui oblige à regarder du côté de solutions alternatives, telle l’impression numérique. Le défi que représente la généralisation de l’usage de l’informatique dans le domaine de la recherche SHS est plus réel que jamais. Déjà engagées depuis le début des années 2000 dans des expériences de publications électroniques, les Éditions de la MSH multiplient les initiatives : coédition avec les Éditions Épistèmes de la collection « Référentiels »89, participation fin 2006 au projet de la revue en ligne Arkeotek, collaboration avec le service des ressources informatiques de la Fondation au lancement d’une application de mise en ligne des revues scientifiques, appelée Telarev. Conçu selon un système de données (MySQL), cet outil garantit aux équipes de rédaction une grande autonomie. Une telle politique de mise en ligne des revues exige, à partir du milieu des années 2005-2006, une collaboration avec de grands portails nationaux tels Revues.org pour la diffusion gratuite (revues Terrain et Techniques et culture) et Cairn.info pour la diffusion payante et commerciale (pour Langage et société). La gratuité en ligne de la revue Terrain entraîne immédiatement une chute spectaculaire des ventes, de l’ordre de 35 % entre 2005 et 2006. Le chiffre d’affaires global des Éditions connaît à nouveau en 2005 et 2006 une baisse de l’ordre de 9 %.
109Les missions de la MSH la conduisent à faire de nouveaux investissements dans le domaine des technologies d’information et de communication mais les membres du CA s’inquiètent car les dépenses dédiées à l’infrastructure représentent plus de 20 % en 2004, ce qui, comme le note l’un des membres du conseil d’administration de la MSH, Jacques Glowinski, risque, à la longue, de grever les crédits scientifiques prévus pour la recherche90.
La grande opération de mise en sécurité
110La grande opération de mise en sécurité de l’immeuble devient un sujet majeur qui va nécessiter un relogement des équipes de recherche et des services administratifs à Paris, et cela pendant plusieurs années.
Le début des travaux est prévu pour octobre 2004
111Pour le relogement, une hypothèse est proposée, qui consiste à reloger le personnel sur le site même, que ce soit dans des bureaux-bungalows installés provisoirement dans le jardin intérieur ou sur le plateau du premier étage à l’emplacement occupé à l’époque par la bibliothèque (qui pourrait être installée au rez-de-chaussée des deux bâtiments et dans un bâtiment provisoire de plain-pied construit dans le jardin intérieur). Le coût des déménagements et du relogement sur site ou à proximité est évalué à 1,5 million d’euros. La demande globale de financement pour les travaux, le relogement et la mise en sécurité de la façade s’élève d’abord à 20 millions d’euros91 puis à 37 millions d’euros92. L’architecte responsable de la maîtrise d’œuvre abandonne cependant l’idée des bureaux-bungalows pour proposer une solution alternative consistant à reloger les chercheurs et les services sur le plateau du premier étage à la place de la bibliothèque. Un permis de construire un bâtiment provisoire sera accordé fin janvier 2006. Cependant, l’expert chargé d’évaluer le « risque amiante » estime qu’il serait sans doute moins onéreux de « libérer complètement l’immeuble et de le traiter le plus rapidement possible ». Ce qui implique une réévaluation des coûts de l’opération, car les seuls frais de relogement sur le marché privé vont nécessairement augmenter considérablement : de l’ordre de 17 millions d’euros.
Un budget contraint
112À la fin de l’exercice 2003, la situation financière demeure fragile, toujours en raison d’une baisse des produits financiers et des ventes. Dans le contexte de ce qu’on appelle « la crise de l’économie du livre de SHS » (Barluet 2004) – le chiffre d’affaires global des Éditions passe en effet, entre 2002 et 2005, de 290 028 à 245 378 euros, sans qu’il n’y ait de compensation via les subventions. La Fondation doit aussi faire face au renouvellement nécessaire des équipements informatiques et aux coûts de fonctionnement. L’on éprouve donc « quelques difficultés à faire face à ces nouvelles données ». En d’autres mots, les dépenses excèdent les recettes. L’on craint d’ailleurs que « la situation, fort préoccupante, n’entraîne une dérive dommageable. Il convient de la maîtriser rapidement soit en trouvant de nouvelles ressources, soit en économisant ». L’on se demande même s’il ne faudrait pas introduire, pour l’accès à la bibliothèque (dont une surface « minoritaire mais significative » de 25 % est désormais réservée aux doctorants), un droit d’accès, mais il ne semble pas qu’une telle mesure soit rémunératrice. L’on maintient donc la gratuité. D’autres solutions sont envisagées, par exemple le désabonnement à certaines revues93.
113Il y a, pour la première fois depuis longtemps, une baisse significative des moyens dont dispose la MSH, tant au niveau des ventes et prestations de services que des subventions : entre 2005 et 2006, les ventes et prestations de services passent de 6 310 017 à 5 205 689 euros et les subventions d’exploitation, dans le cadre de la nouvelle politique contractuelle, de 14 178 372 à 7 783 981 euros. Au ministère, l’on s’interroge sur la pertinence des choix d’orientation de la MSH dans un contexte « renouvelé » tant sur le plan politique et social qu’universitaire.
Une stabilisation de la situation des personnels
114En légère augmentation (10 %) depuis la fin des années 1990, le personnel de la Fondation se stabilise autour de 135 personnes, dont la majorité (90 sur 133 en 2003) est considérée comme titulaire, c’est-à-dire personnel de l’État, les autres étant des contractuels de la Fondation, soit en contrat à durée indéterminée (CDI), soit en contrat à durée déterminée (CDD)94. L’organisation, chaque année, de concours ouverts au titre de la loi Sapin permet désormais à des personnels recrutés en CDD de devenir fonctionnaires : une vingtaine en 2002 et 2003. L’objectif est de poursuivre la « résorption de la précarité », tout en s’adaptant aux nouvelles contraintes.
115Lorsque Maurice Aymard termine son deuxième mandat, les membres du personnel tiendront à s’exprimer sur ce qu’a représenté pour eux ce mandat : « Notre relation avec lui a été marquée par un point essentiel, la résorption de la précarité au sein de la MSH ». Ils le remercieront d’avoir entrepris avec succès des pourparlers avec le ministère pour les sortir de l’impasse d’ordre législatif dans laquelle ils se trouvaient. Il a également pris des mesures tout à fait satisfaisantes en faveur des personnels en CDD, qui leur ont permis d’attendre leur titularisation dans des conditions un peu plus confortables. L’on rappellera aussi que Maurice Aymard connaissait bien la culture d’entreprise de la Maison et qu’il la partageait : « À la MSH, la culture d’entreprise locale, l’esprit d’équipe et d’intégration qui sont les nôtres font que très peu d’agents souhaitent partir […]. Nous avons tout simplement la volonté de faire fonctionner notre établissement ; nous n’avons pas besoin d’être contraints pour cela »95.
116Les membres du personnel demandent par ailleurs en octobre 2003 que leurs représentants au conseil d’administration disposent dorénavant de voix délibératives et non plus seulement consultatives. C’est là une décision qui exige une modification des statuts et que le conseil d’administration ne peut pas prendre. Enfin, depuis que les membres du personnel ont en 1997 démissionné de la Commission des personnels, il y a un « vide » provoqué par l’absence de cette commission. Quelques années plus tard, en 2005, il sera question de la création d’une commission paritaire d’établissement ; même si une telle disposition ne s’applique pas en principe aux fondations privées, l’on se montrera favorable à la mise en place d’un tel dispositif96.
L’activité soutenue de la Maison Suger
117Mise en œuvre en 2001-2002 du Programme international d’études avancées97 avec accord entre la MSH et Columbia University, accueil des boursiers Mellon, des directeurs d’études associés de la MSH et des chercheurs invités au titre des programmes internationaux forts de la MSH (Inde, pays de l’Est, Russie, Chine), organisation d’une cinquantaine de séminaires, journées d’études et débats autour de nouveaux ouvrages : tout cela renforce la visibilité de la Maison Suger dans le domaine des programmes scientifiques internationaux en SHS qui sont au cœur du projet porté par Maurice Aymard. Son mode de fonctionnement, comme ses multiples activités, sont d’ailleurs considérés comme « exemplaires » par la mairie de Paris98. Enfin, le taux d’occupation de la Maison Suger est optimal. Comme les années précédentes, 40 % des disponibilités sont en principe réservés à la MSH pour ses programmes internationaux.
118Comme le note Alain Dubrulle lors d’une réunion du conseil international de la Maison Suger à l’automne 2001, « la Maison Suger devient trop petite. Il faut créer d’autres Maisons Suger dans Paris ». Et il ajoute : « Les choses ont profondément changé. Nous vivons dans un milieu universitaire différent »99.
119Mais il en va donc de la gestion de la Maison Suger comme de celle de tout hôtel ou de toute résidence d’étudiants, à cette différence près que la Maison Suger se présente comme un centre international d’accueil et de coopération pour chercheurs étrangers et que l’on y organise de nombreuses activités scientifiques, dont les colloques du Programme international d’études avancées (PIEA) qu’anime J.-L. Racine, et plusieurs réunions et séminaires divers, une quarantaine par an. Au séminaire « Anthropologie à Suger », qui se tient depuis plusieurs années, succède en 2006 le séminaire « Singularité et technologie ». Les autres séminaires réguliers portent sur : « Les lieux de la mémoire », « Les nouvelles technologies de l’information et de la communication », « La sociabilité sans tous ses états », « Perception des risques par les experts et le public ».
L’engagement de l’administrateur dans les programmes internationaux
120Dès le début de son nouveau mandat, Maurice Aymard, souhaite que soient prises de nouvelles initiatives afin d’« enrichir du dehors » l’éventail des programmes. Installé dans son bureau au premier étage, qui donne directement sur le secrétariat scientifique, il est toujours disponible pour rencontrer sur rendez-vous les chercheurs étrangers invités par la MSH à Paris. Il y a, accroché au mur près de l’entrée, un planning comportant une fiche pour chaque chercheur invité pendant l’année avec nom, affiliation institutionnelle et dates du séjour. Les liens qu’il noue avec les responsables d’activités (colloques, séminaires) sont souvent étroits et empreints d’empathie, voire d’amitié. « Je n’oublie pas votre accueil généreux en maintes occasions », lui écrit Anne-Marie Guillemard, du Centre d’études des mouvements sociaux, qui vient d’organiser un colloque sur « La recomposition des temps de vie » avec une invitation à Gøsta Esping-Andersen100. À la suite d’un colloque qui s’est tenu à Varsovie sur « L’Ancienne et la nouvelle Europe », Werner Paravicini tient à remercier Maurice Aymard de s’être déplacé : « Merci d’être venu et d’avoir contribué au succès de ce colloque »101.
121Et si la construction de la Communauté européenne oblige, selon l’expression de Maurice Aymard, à « une réunification intellectuelle et scientifique progressive de l’Europe », cette réunification ne doit pas ignorer les pays de la Communauté des États indépendants (CEI). Depuis longtemps, la MSH s’est inscrite, comme on aime le rappeler, dans le projet d’un espace européen de recherche, avec l’établissement de solides coopérations. Cela demeure le fondement de sa politique scientifique, d’autant plus que la présence des sciences sociales et humaines dans les programmes européens, certes croissante, demeure insuffisante. Un nouveau programme de bourses créé en 2003, le programme Clemens Heller/Fondation Thyssen, doit permettre à de jeunes chercheurs postdoc français d’effectuer des séjours de trois à neuf mois dans des laboratoires de recherche en Allemagne. Pour sa part, Maurice Aymard est membre du conseil d’administration de l’Association pour la gestion universelle des cultures, fondée par Élie Wiesel, et qui un temps est hébergée à la MSH. Sous son administration, la MSH maintient des liens étroits avec l’UNESCO, en participant à l’organisation en 2004 d’un grand forum sur le partage – avec remise d’un prix en présence de Jacques Chirac – de même qu’à la traduction et à la mise en ligne d’un manuel contre le racisme102.
122Par ailleurs, depuis la chute du rideau de fer, la priorité n’est plus seulement d’entretenir un flux d’échanges entre les deux parties de l’Europe, mais d’aider à la constitution de communautés scientifiques locales fortes et ouvertes sur l’extérieur. La MSH coordonne un réseau financé par l’Union européenne pour 2001 et 2002 et qui associe des institutions de plusieurs pays (Pays-Bas, Suède, Allemagne, Pologne, Hongrie, Roumanie) afin d’organiser une série d’ateliers scientifiques et de réaliser des études : c’est le « Social Sciences Infrastructure Network in a Growing European Research Community » (SOCIALSCIENCESNET). Parmi les domaines abordés, il y a : « Droit et société », « L’histoire de l’Europe centrale et occidentale au xxe siècle », « Les questions de la société civile ». La MSH va participer dans les années suivantes à d’autres projets de réseautage européen : ECPS-Emploi, chômage et protection sociale de 2001 à 2004, Muscipoli-Managing with Uncertainty in Science Policy de 2003 à 2005, CiSoNet-Towards a European Civil Society de 2003 à 2005. Sans oublier les ateliers de recherche DFG-MSH-Villa Vigoni, un programme mis en place en 2003 en collaboration avec l’Allemagne et l’Italie, visant à la constitution de réseaux européens groupés chaque fois autour d’un noyau de chercheurs venant des trois pays.
123Ce recentrement de l’action internationale de la MSH sur l’Europe risque cependant d’amener la Fondation à négliger la coopération avec la Russie et les républiques de la Communauté des États indépendants (CEI) alors même que ces pays connaissent des difficultés économiques et qu’ils rencontrent, avec le renforcement de régimes autoritaires dans plusieurs d’entre eux, des problèmes politiques. Ainsi craint-on que l’isolationnisme politique en Russie, avec Vladimir Poutine, ne conduise à un repli de la recherche russe sur elle-même et à un déclin des échanges scientifiques avec l’Europe. L’on entend continuer à apporter une aide à ces pays, mais à la condition qu’elle soit, comme auparavant, fondée sur le respect de l’indépendance des chercheurs. L’on croit qu’une telle aide peut contribuer au renouvellement et à l’ouverture des sciences sociales et humaines à l’international. Aussi maintient-on les programmes des bourses Diderot pour de jeunes chercheurs (une quinzaine par an de toutes les disciplines), les invitations à des chercheurs confirmés, les missions de chercheurs français en Russie (28 en 2003), ainsi que l’aide aux bibliothèques et aux activités de publication. De plus la MSH crée de nouveaux projets bilatéraux de recherche – plus de 15 en 2002 en histoire, sociologie, géographie et économie –, et met en place de nouvelles structures de coopération103. Une façon pour la Fondation de poursuivre son rôle d’« incubateur » dans le développement de la recherche.
124Pas question non plus d’oublier qu’une des exigences scientifiques de la politique internationale de la Fondation a été et demeure la volonté de dépasser l’européo- et l’américano-centrisme qui ont, dès le xixe siècle et plus encore le xxe siècle, présidé à la naissance et au développement de la majorité des sciences sociales et humaines. Ce qui suppose toujours le renforcement des liens, sur un pied d’égalité, avec des communautés scientifiques, dont certaines sont déjà fortement structurées et d’autres encore émergentes, comme celles des pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique du Sud.
125S’il est un programme qui, par son budget et ses activités, est important, c’est le programme franco-indien, dont l’objectif est de « faire collaborer des chercheurs français ou européens avec des scientifiques indiens de haut niveau et à l’inverse, de donner l’opportunité aux chercheurs indiens de sortir des paradigmes anglo-saxons dominants qui forment, langue oblige, leur référence internationale majeure »104. Les échanges semblent connaître au début des années 2000 un fléchissement, qui coïncide avec un changement de personnel lorsque Jean-Luc Racine quitte son poste de responsable du programme et que Frédéric Grare, auparavant directeur du Centre des sciences humaines de New Delhi, devient conseiller culturel de l’ambassade de France au Pakistan. Le programme s’ouvre alors à l’ensemble du sous-continent et en particulier au Pakistan, au Bangladesh et au Sri Lanka. La collaboration avec les universités pakistanaises connaît un nouveau dynamisme à la suite de la mise sur pied de mini-réseaux thématiques en géographie (gestion des ressources naturelles) et en économie, et avec la coédition MSH/Oxford University Press de l’ouvrage Culture, Identity and Development en 2003. Mais cette « tentative d’expansion » vers le Pakistan est arrêtée, et il faudra attendre 2007 pour que la coopération soit reprise sur de nouvelles bases.
126Pour l’ancien programme franco-chinois, qui a connu en 1989 un « coup d’arrêt brutal », il y a un « second départ » avec le développement de recherches sur diverses facettes de la société chinoise contemporaine : le droit, l’emploi et le chômage105, l’éducation, la ville et l’environnement. Jusqu’alors limitée à l’Académie des sciences sociales de Chine, la coopération s’ouvre aux universités de Pékin et de Shanghai. Enfin la MSH entend rejoindre d’autres universités d’Asie de l’Est et du Sud-Est et d’Asie centrale, une région du monde qui subit fortement l’attrait des États-Unis et de l’Australie, voisine, avec laquelle la MSH entretient des liens encore ténus. Parmi les nouvelles initiatives, il y a la création du Groupe d’étude sur le Vietnam contemporain et celle du Réseau-Asie.
127En Amérique latine, l’« interlocuteur privilégié » demeure le Brésil : la MSH participe activement en 2005 à l’année du Brésil en soutenant l’organisation de colloques et de tables rondes. Mais depuis peu, l’on redouble d’efforts en direction d’autres pays, notamment le Mexique, l’Argentine (il est question de créer en France, sur le modèle de la chaire brésilienne, une chaire argentine en sciences sociales – qui porterait le nom de José Luis Romero) – et le Chili, mais aussi la Bolivie, le Pérou, l’Équateur, la Colombie, qui traversent des difficultés économiques et politiques. Sans oublier les Caraïbes, une aire culturelle qui a déjà été concernée par des programmes de la MSH, l’un de 1974 à 1986 et l’autre depuis 1995. L’on entend y mener une étude pilote sur « Citoyenneté et migration au niveau des secondes générations ».
128En Afrique, les activités de coopération se sont développées, dans les années 1990, en direction du Maghreb, principalement l’Algérie, puis avec grande difficulté à la suite de la rupture profonde qui s’est produite en 1992-1993 avec le changement politique en Algérie. Le Maghreb est maintenant au cœur de trois nouveaux réseaux de recherche : le premier en collaboration avec la Russie sur l’histoire du Maghreb et de la Méditerranée musulmane, le deuxième, depuis 1994, sur le statut des femmes au Maghreb avec un élargissement depuis 2001 au Machrek, et le troisième depuis 1995 sur l’économie de la Méditerranée et du monde arabe (EMMA). La MSH entend ainsi développer, pour 2002-2005, un vrai programme d’activités Maghreb/Machrek afin de « rapprocher les chercheurs des deux rives de la mer »106, que ce soit par des recherches sur les migrations internationales avec la Fondation Gulbenkian de Paris, par le projet Strabon sur la valorisation du patrimoine culturel méditerranéen ou celui sur les partitions politiques du PIEA.
129Du côté de l’Afrique subsaharienne, où l’on observe l’émergence d’une nouvelle génération de chercheurs qui ne serait pas « perdue pour la recherche comme l’a été en grande partie la génération de l’indépendance », l’objectif est d’« exploiter toutes les pistes déjà ouvertes » (invitation de chercheurs, aide aux bibliothèques, etc.) tout en collaborant au projet d’action coordonnée « ACI/MSH : Les sciences de l’homme en Afrique ». Ce nouveau projet concernant l’Afrique subsaharienne vient d’être lancé dans le cadre du réseau des MSH, sur la suggestion d’Alain Supiot, de la Maison Ange-Guépin de Nantes107.
130De tous ces programmes de coopération de la MSH, l’on parle à la Fondation en termes non plus seulement d’internationalisation mais aussi, ce qui est nouveau, de mondialisation : l’objectif est en effet que la MSH devienne « un outil de travail au service d’une mondialisation de la production et de la diffusion des connaissances scientifiques »108. Une différence de vocabulaire qui indique une inflexion de perspective.
Les missions confiées à la MSH : le PIREF et les suites du programme de numérisation
131En février 2002, le ministère de l’Éducation nationale (direction de l’Enseignement supérieur) propose à la MSH de gérer les fonds destinés aux recherches entreprises dans le cadre du programme incitatif de recherche et de formation (PIREF) que le ministère a lancé et dont le budget est de l’ordre de 900 000 euros. Au conseil d’administration, l’on se montre prudent : quelle est, se demande-t-on, la pertinence de la participation de la Fondation à un tel projet ? Il faut, affirme Maurice Garden, prendre des précautions dès le départ : « L’engagement de nouveaux programmes nécessite une évaluation préalable qui en garantirait la conformité aux missions de la Fondation. » Il est pour sa part loin d’être convaincu que la Fondation ait un « intérêt scientifique » à s’y engager. Maurice Aymard partage cet avis : il souhaite que les termes du contrat envisagé soient modifiés avant que la Fondation n’en prenne la responsabilité.
132La même année, la MSH accepte de gérer un prix prestigieux, le prix Balzan, qui en 2003 est remis à Serge Moscovici pour ses travaux en psychologie sociale.
133D’une durée de trois ans, le Programme de numérisation pour l’enseignement et la recherche (PNER) prend fin en 2002. Il est clos par un grand colloque organisé par la MSH sur l’« Open source dans les sciences humaines : modèles ouverts de recherche et de publication sur Internet »109. L’intégralité du budget n’ayant pas été consommée, le ministère propose à la MSH de confier à Françoise Thibault110, alors responsable des technologies de l’information et de la communication dans l’enseignement supérieur, la direction scientifique d’un nouveau programme qu’elle sera chargée d’élaborer avec l’appui de la MSH. Tématice est ainsi lancé en 2002, avec pour objectifs d’apporter une contribution à la réflexion sur l’évolution de la production et de la circulation des savoirs dans le monde de la recherche et d’expérimenter, au sein d’une communauté scientifique donnée, un mode de communication fondé sur le développement des archives ouvertes. Il associe un grand nombre de chercheurs et de praticiens engagés sur ces terrains. C’est dans ce cadre que seront réalisées les premières expérimentations de l’archive ouverte HAL111 pour les sciences humaines et sociales. Tématice apportera son soutien à la toute jeune plateforme de revues scientifiques « revues.org ». Des séminaires internationaux seront organisés en vue de faciliter la mise en réseau des chercheurs qui travaillent sur tous ces sujets. En décembre 2004, le Comité international d’évaluation scientifique se montrera dubitatif sur ce qui relève pour lui plutôt de la recherche-développement.
Strabon, un grand programme européen
134Au printemps 2001, Jean-Luc Lory présente le projet Strabon112 à la Commission européenne dans le cadre d’Eumedis, projet qu’il a élaboré en partenariat avec le ministère de la Culture et de la communication, du secrétariat d’État au tourisme et du ministère des Affaires étrangères113. Strabon est le nom de l’historien-géographe grec originaire d’Amasya en Asie Mineure (vers 64 av. J.-C.-vers 24 apr. J.-C.), grand voyageur de l’Antiquité qui a parcouru les principales provinces de l’Empire romain, en commençant par les régions méditerranéennes sur lesquelles il centre son ouvrage Géographie.
135Le but est de créer une plateforme accessible sur Internet dédiée au patrimoine culturel et aux activités touristiques des pays méditerranéens : Portugal, Italie, Grèce, Tunisie, Maroc, Algérie, Égypte, Liban, Jordanie, Autorité palestinienne, Syrie. Le portail sera multilingue, public, officiel et gratuit. Il s’agit aussi d’offrir à chaque pays, en fonction de ses priorités, un outil permettant de construire des banques de connaissances pour la culture et le tourisme accessibles en ligne, par exemple une vitrine virtuelle des sites culturels de chaque pays. Enfin, tout cela se fera, précise-t-on, dans une volonté de coopération, de formation et de développement durable.
136La direction scientifique du projet est assurée par Jean-Pierre Dalbéra, du ministère de la Culture et de la Communication. Le budget de ce projet est de 3 705 000 euros, dont 2 965 000 proviennent de la Commission, et le reste, des partenaires français et étrangers.
137Le contrat est mis en œuvre le 1er janvier 2002 et une première phase dite de clustering avec les autres lauréats Eudemis est réalisée pendant les trois premiers mois. Les activités, fort nombreuses, doivent se poursuivre jusqu’en 2005114, mais en novembre 2005, en réponse à la demande de l’équipe de Strabon, la Commission européenne accorde un complément de financement pour entreprendre des travaux supplémentaires en vue de la pérennisation de ce programme qui s’achèvera en 2006. Lors de la conférence finale Eumedis « Closing the digital gap in the Mediterranean Region », en Égypte à la Bibliotheca Alexandrina en juin 2006, l’on reconnaît que le programme est une « success story »115. L’une des suites du programme Strabon est, en 2006 un autre programme : Strabon Caraïbes avec la mise en œuvre d’un consortium réunissant la Guadeloupe, la Martinique, Haïti, Trinité-et-Tobago ainsi que les États de l’OECS (Organisation of Eastern Caribbean States)116.
Incubation et expérimentation
138Même si les activités de coopération internationale prennent de plus en plus de place, la MSH n’abandonne pas ce que l’on appelle toujours les actions thématiques qui s’inscrivent dans la double logique de formation de réseaux scientifiques et de coopération internationale. Pour être appuyées, de telles initiatives doivent être à la fois interinstitutionnelles, interdisciplinaires et internationales. Les thématiques abordées par la MSH sont nombreuses : de l’histoire et de l’archéologie aux idéologies et aux religions, aux arts et aux aires culturelles en passant par l’économie, la psychologie et la société, l’urbanisme, la langue, le sexe et le genre.
139Quant au Programme international d’études avancées (PIEA), il permet le développement de nombreux projets : en 2005, « L’Europe : une communauté de traduction », « Forms of knowledge of the past »117 et « Diderot, la Russie et l’émergence du concept de civilisation. L’expérience historique, le processus de développement de l’art de gouverner »118 ; en 2006, « Homo Legens. L’analyse comparée de la littérature médiévale » et « La correspondance scientifique entre Mikhail Rostovtzeff et Franz Cumont » ; en 2007, « Opening markets in emerging countries and its impact on national firms. A comparative study between China and India » et « Study between China and India. Comparing scales of citizenship. Between social and legal representations ».
140La création, en juin 2001, du Centre Charles Morazé, du nom de l’un des fondateurs de la MSH doit aussi être mentionnée tout comme celle de l’accueil de l’Équipe sémiotique cognitive et nouveaux médias (ESCoM) qui succède au Centre de recherches interlangues (CRI), créé en 1991. Dirigé depuis sa création par Peter Stockinger, professeur à l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO), l’ESCoM regroupe une dizaine de chercheurs et d’ingénieurs qui travaillent sur des archives audiovisuelles en sciences sociales et humaines.
141Une autre équipe expérimentale, « Formalisme, formes et données sensibles » (F2DS) se penche sur l’histoire des sciences exactes (la période étudiée concerne principalement les xixe et xxe siècles) et plus spécifiquement les mathématiques et leurs applications que l’on rassemble habituellement sous le terme de modélisation.
142Dans le domaine du cinéma, Irène Bessière tente de constituer, à partir de la MSH, un réseau international de chercheurs européens et américains afin de réaliser une étude systématique, sur un siècle d’histoire du cinéma, des différentes formes de migration de réalisateurs et d’acteurs européens qui se sont rendus aux États-Unis, tout spécialement à Hollywood, pour y travailler.
« Une page est tournée »
143Le début du nouveau millénaire est marqué par le décès de trois personnes qui sont depuis longtemps très étroitement associées à la Fondation : Claude Gruson, Clemens Heller et Charles Morazé. D’abord en avril 2000, celui de Claude Gruson, membre du conseil d’administration de la Fondation pendant près de 30 ans et trésorier pendant 15 ans.
144En 2002, celui de Clemens Heller, ancien administrateur. Les funérailles de ce dernier ont lieu à Lausanne, dans l’intimité. La Fondation organise pour sa part une cérémonie-hommage le 27 novembre au « 54 ». Des membres du conseil d’administration, des membres du personnel, des chercheurs et des professeurs, des amis y participent. Beaucoup d’émotions et de souvenirs. Prennent la parole : Hélène Ahrweiler, Stéphane Hessel, Jean Barin, Isac Chiva, Maurice Garden, Jean-Claude Gardin, Maurice Godelier, Maud Espérou, René Marzocchi, Monique Morazé, Isabelle Pleskoff, Youri Roubinski, Dominique Schnapper, Jocelyne Vedrenne.
145Au tout début de l’année 2003 Charles Morazé, le dernier des membres fondateurs de la MSH meurt à son tour. Dans l’hommage qu’il lui rend, Maurice Aymard retrace les grandes lignes de la « carrière exceptionnelle » de cet historien économiste qui se situait à la limite des sciences exactes et sociales et qui a rédigé les statuts de la MSH en s’inspirant de ceux de la FNSP119.
Le dernier contrat
146Avant qu’il ne termine son troisième mandat, Maurice Aymard prépare avec ses proches collaborateurs le contrat (2006-2009), qui s’inscrit, précise-t-on, « dans le droit fil » des précédents, bref toujours « sous le signe de la continuité ». C’est en quelque sorte son « testament ». Aymard rappelle que la Fondation pratique la règle de la subsidiarité et qu’elle limite ses interventions à des domaines et à des problèmes généralement nouveaux. Son ambition doit rester la même : « accompagner, stimuler, détecter et expérimenter la nouveauté, mais aussi la faire circuler et la diffuser ».
147Maurice Aymard quitte son poste d’administrateur fin mars 2005 ; il va, comme son prédécesseur, conserver un bureau au 54 boulevard Raspail et demeurer actif au sein de la MSH : responsabilité du programme Maghreb notamment. Va lui succéder Alain d’Iribarne, économiste et directeur de recherche au CNRS qui n’est ni un disciple de Braudel ni un membre du sérail, comme l’ont été Clemens Heller et Maurice Aymard. S’il déclare se situer « dans la continuité », il s’agit pourtant clairement de la fin d’une époque.
148En décembre 2007, il propose de changer le nom de la MSH pour lui préférer « FMSH-Fernand Braudel », en hommage à son fondateur et premier administrateur et pour mettre en valeur le terme de fondation qu’il juge porteur. Mme Braudel et sa fille refusent. Le conseil d’administration n’aura guère d’autre choix que de retirer le nom de Fernand Braudel. Reste que la MSH devient la FMSH.
Notes de bas de page
1 Compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 20 juin 1990 : 2 (archives FMSH).
2 Entrevue avec Patrick Janicot, novembre 2008 (archives FMSH).
3 Compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 20 juin 1990.
4 Ne sont comptabilisés ni les vacataires ni les personnels recrutés pour une durée déterminée sur des crédits inscrits au titre de ressources affectées.
5 L’espace qu’occupe le LISH à la MSH est de 822 m2. Les autres laboratoires ou centres du CNRS hébergés à la MSH sont l’Institut de l’information scientifique et technique-sciences humaines et sociales (INIST, superficie : 830 m2) et le Groupe d’étude des méthodes de l’analyse sociologique (GEMAS, 130 m2), dont le directeur est Raymond Boudon.
6 Compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 20 juin 1990 : 6 (archives FMSH).
7 « Bilan du contrat 1990-1991 », annexe 1 du compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 18 décembre 1991 (archives FMSH). Les centres de l’EHESS sont : le Laboratoire de psychologie (dir. François Bresson et Pierre Gréco) et le Laboratoire des sciences cognitives et de psycholinguistique (dir. Jacques Mehler, 371 m2 pour les deux), le Centre d’analyse et de mathématiques sociales (CAMS, dir. Marc Barbut, 359 m2), le Centre de sociologie européenne (CSE, dir. Pierre Bourdieu, 339 m2), le Centre de sociologie de l’éducation et de la culture (CSEC, dir. Jean-Claude Combessie et Monique de Saint-Martin, 128 m2), le Centre de recherche et de documentation sur la Chine contemporaine (CRDCC, dir. Yves Chevrier et Pierre-Étienne Will, 147 m2), le Centre de recherches historiques (CRH, dir. Louis Bergeron, 147 m2). Enfin, les deux centres de la FNSP sont : le Centre d’études et de recherches internationales (CERI, dir. Jean-Luc Domenach, 99 m2) et le Centre d’études de la vie politique française contemporaine (Cevipof, dir. Annick Percheron, 140 m2). S’ajoute à ces centres le Comité international pour l’information et la documentation en sciences sociales (CIDSS) dont le directeur est Jean Meyriat et qui occupe un petit local (39 m2).
8 Compte rendu de la réunion du conseil international de la Maison Suger du 12 octobre 2001 : 7 (archives FMSH).
9 Lionel Jospin, « Inauguration de la Maison Suger », MSH informations, n° 64, troisième trimestre 1990 : 10.
10 Ibid. : 11.
11 Compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 20 juin 1990 : 6 (archives FMSH).
12 http://semioweb.msh-paris.fr/AAR/115/textes/t_Dufour.htm
13 Le précédent contrat quadriennal couvrait la période 1986-1990 et le nouveau ne débutera qu’en 1992. Il y a donc entre les deux contrats une période de deux ans (1990-1992) qui est dite « transitoire ».
14 « Annexe 1. Bilan du contrat 1990-1991 » : 2 (compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 18 décembre 1991, archives FMSH).
15 Ibid. : 13.
16 « Maison des sciences de l’homme, programme quadriennal : présentation générale (1998-2001) » : 2. Il s’agit d’un document de 8 pages signé par Maurice Aymard (compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la Maison des sciences de l’homme du 18 décembre 1991, archives FMSH).
17 « Annexe 1. Bilan du contrat 1990-1991 » : 2 (compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 18 décembre 1991, archives FMSH).
18 MSH, « Rapport sur la situation morale et financière. Exercice 1993 » : 71.
19 Réunion de la commission scientifique de la MSH, le 16 février 1996 : 4-5.
20 « Chaire de sciences sociales brésiliennes. Protocole », 19 mars 1999, document déposé à la réunion du conseil d’administration de la Maison des sciences de l’homme du 24 juin 1999 (archives FMSH).
21 Compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 24 juin 1992, archives FMSH : 3.
22 Lettre de Charles Morazé à Patrick Janicot, Paris, le 20 mai 1992 (document annexé au procès-verbal de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 24 juin 1992, archives MSH).
23 Compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du mercredi 16 décembre 1992 (archives FMSH).
24 Ibid. : 4.
25 Ibid.
26 « Classement par pays d’origine des résidents de la Maison Suger du 1er janvier au 15 septembre 1998 », 22 juin 1999 : 1. Il s’agit d’un document déposé lors de la réunion du conseil d’administration de la Maison des sciences de l’homme du 24 juin 1999. Les pays les plus « présents » sont : les États-Unis (37), l’Italie (27), l’Allemagne (19), le Canada (11), Israël (10), la Russie (9), l’Angleterre (8), l’Inde (8), la Norvège (6), le Brésil (6).
27 Réunion du conseil international de la Maison Suger du 12 octobre 2001 : 2 (archives FMSH).
28 Ibid. : 5.
29 On trouve au conseil d’administration des chercheurs et des universitaires (Marc Augé, président de l’EHESS, Alain d’Iribarne, directeur de recherche au CNRS, Renaud Sainsaulieu, directeur du Laboratoire de sociologie du changement des institutions), des dirigeants et des cadres de grandes entreprises (Michel Bon, P-DG de Carrefour, Jean-Jacques Duby, directeur scientifique à l’UAP, Antoine Martin, directeur général des relations humaines à BSN) et des fonctionnaires (Bruno Dufour, directeur du département des SHS au ministère de la Recherche et de l’Espace et Marc Guillaume, délégué général de l’Association Descartes).
30 Compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du mercredi 16 décembre 1992, op. cit. : 7.
31 Les produits des placements sont destinés à l’octroi d’aides à des chercheurs remplissant les conditions stipulées par le testateur. Ouvrier de son état, Pierre Marquis a préparé un diplôme de l’EPHE, dont le sujet : « Contribution à l’étude des chèques postaux », fut publié chez Armand Colin (« Études et mémoires », 17). Il termina sa carrière en tant qu’inspecteur général de banque. Mourant sans héritier, il a voulu consacrer sa fortune à venir en aide à d’autres personnes se trouvant dans une situation qu’il avait connue. L’un des exécuteurs testamentaires est Charles Morazé, qui a été proche de P. Marquis.
32 Maurice Aymard, texte sans titre (Clemens Heller), MSH Informations, n° 69, 1er trimestre 1993 : 5. Ce texte est illustré par trois photographies de Clemens Heller à trois époques de sa vie : à l’époque de la fondation du Salzburg Seminar, en présence de Braudel en 1979 et lors de l’inauguration de la Maison Suger en 1990, https://nabu.fmsh.fr/file/misc/images-FR075FMSH_000000038/FMSH_PB1063_2D2_069.pdf.
33 Il s’agit d’un groupe en anthropologie sociale et culturelle dont les travaux sont consacrés à l’étude des rapports entre certains pays méditerranéens et l’Amérique, le Mexique et le Pérou en particulier. Cette initiative apparaît comme une conséquence des travaux du groupe Écologie et organisation sociale de la MSH (1985-1988).
34 MSH, « Exercice 1998. Rapport sur la situation financière et morale. Rapport de gestion », 1998 : 6-7.
35 Comité international d’évaluation de la MSH des 1er et 5 décembre 1998 : 3. Le rapport de ce comité, dit « Rapport d’Yves Duroux », est présenté au conseil d’administration du 16 décembre suivant.
36 Compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 17 décembre 1999 : 3 (archives FMSH).
37 Compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 24 juin 1998 : 5 (archives FMSH).
38 Compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 13 juin 1991 : 7 (archives FMSH).
39 Compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 18 décembre 1991 : 6 (archives FMSH).
40 Lettre de Jean Gasol à Marc Augé et Clemens Heller, Paris, le 6 mai 1992.
41 Lettre de Marc Augé à Monsieur le Directeur des personnels de l’enseignement supérieur, Paris, le 22 mai 1992 (annexe au compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 24 juin 1992, archives FMSH).
42 Compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 24 juin 1992 : 8 (archives FMSH). Voir aussi le projet de lettre de Maurice Aymard à Monsieur le Directeur des personnels d’enseignement supérieur, s. d., 2 pages. Les membres du groupe de travail sont Yves Duroux, Jean-Louis Quermonne et Serge Salon.
43 « Note/exposé des motifs concernant un projet d’article de loi portant sur les diverses mesures concernant l’Éducation nationale et visant à régulariser la situation administrative des agents titulaires de l’État affectés à la Fondation reconnue d’utilité publique Maison des sciences de l’homme », 23 novembre 1992 : 4 (document annexé au compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 16 décembre 1992, archives FMSH).
44 « Pétition pour rebaptiser la MSH », 6 avril 1992, texte dactylographié, 2 p.
45 Ibid. : 9.
46 Réunion du conseil d’administration de la MSH, le jeudi 16 décembre 1993 : 10 (archives FMSH).
47 Comité international d’évaluation de la MSH des 4 et 5 décembre 1998. Le rapport d’Yves Duroux est présenté au conseil d’administration le 16 décembre suivant.
48 Compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 18 décembre 1997 : 9 (archives FMSH).
49 Ibid. : 7.
50 Parmi les centres et programmes qui relèvent du CNRS, en plus du GEMAS et du LISH, il y a : l’Institut national de l’information scientifique et technique/Bibliographie d’histoire de l’art et le Comité de liaison et d’action sociale. Parmi les centres qui relèvent de l’EHESS, en plus du Laboratoire de sciences cognitives et de linguistique, du Centre d’analyse et de mathématique sociale, du Centre de sociologie européenne/Centre de sociologie de l’éducation et de la culture, du Centre de recherche et de documentation sur la Chine contemporaine et du Centre de recherches historiques, il y a le Centre de linguistique théorique, le PRI apprentissage, cognition, culture, et deux bureaux (publication et Centre de recherches historiques). Sans oublier la Revue économique, qui ne relève cependant pas directement de l’EHESS. Enfin les centres qui relèvent de la FNSP sont, en plus du Centre d’études et de recherches internationales et du Centre d’études de la vie politique française, l’université euro-arabe itinérante et le Centre de droit européen de l’université Panthéon-Assas.
51 MSH, « Un premier bilan (provisoire) de l’année 1998 », 3 décembre 1998. Ce document est annexé au procès-verbal de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 17 décembre 1998 (archives FMSH).
52 Compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH, le 18 décembre 1996 : 2 (archives FMSH).
53 En juin 1997, le conseil d’administration procède à la nomination-élection des nouveaux membres. Les personnalités étrangères sont : Francesca Bray (UCLA), Abram de Swaan (Universiteit van Amsterdam), Hartmut Kaelble (Humboldt-Universität zu Berlin), Alexeï Routkévitch (Académie des sciences de Russie, Moscou) et Patrizia Violi (Universita degli studi, Bologne). Parmi les personnalités françaises, il y a Roger Chartier (EHESS), Pierre Dockès (université de Lyon-II), Claude Imbert (École normale supérieure, Paris), Maire-Claude Smouts (FNSP) et Alain Supiot (université de Nantes). Le rapporteur est Yves Duroux.
54 « Rapport du Comité international d’évaluation scientifique de la MSH » présenté au conseil d’administration de la MSH, le 18 décembre 1996 : 1-2.
55 Compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 26 juin 1996 : 4 (archives FMSH).
56 MSH, « Exercice 1995. Rapport sur la situation financière et morale. Rapport de gestion » (archives FMSH).
57 Compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH, le 26 juin 1996 : 6 (archives FMSH).
58 L’on élaborera au printemps 2000 une proposition qui aura pour objectif de « tendre vers le concept original en tenant compte des éléments de programmes fonctionnels du moment ». Ce projet d’organisation spatiale de la MSH signé par Jean-François Laurent comprendra quatre interventions : « 1/ retrouver la fluidité autour de l’escalier à double volée ; 2/ trouver des réponses normatives aux différentes contraintes (ventilation, sanitaires pour handicapés, sécurité) ; 3/ redimensionner les dégagements horizontaux ; 4/ repenser l’espace interstitiel entre les salles de travail (calmes, statiques, éclairées naturellement) et les circulations (animées, dynamiques et éclairées artificiellement) ». Commission paritaire d’établissement de la MSH. Projet de protocole, Paris, le 5 mai 2000 (archives FMSH).
59 « Note à l’intention de Mesdames et Messieurs les membres du Conseil des Directeurs », 16 décembre 1996, 2 pages. Document annexé au compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 18 décembre 1996 (archives FMSH).
60 Compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 24 juin 1998 (archives FMSH).
61 MSH, « Exercice 1998 », op. cit. : 41. Cet état des effectifs ne tient compte ni des personnels vacataires, ni des personnels recrutés pour une durée déterminée sur les crédits inscrits au titre de ressources affectées. Lors de la réunion du conseil d’administration du 24 juin 1999, l’administrateur dépose un document intitulé « Effectifs de la FMSH » (1 page dactylographiée et datée du 10 mai 1999), qui est beaucoup plus complet. Les chiffres sont les suivants : 1) Personnels sur emplois inscrits au budget du ministère de l’Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie pour la MSH : 115 titulaires et non titulaires ; 2) Personnels sur emplois ITARF de l’EHESS créés pour la MSH : 5 ingénieurs d’études de 2e classe, 1 assistant ingénieur, 1 technicien de classe normale, 1 agent technique ; 3) Personnels des bibliothèques : 2 magasiniers. Ce qui donne un total de 128.
62 Compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 18 décembre 1996 : 6 (archives FMSH).
63 Compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 16 décembre 1998, op. cit. : 5.
64 Compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 26 juin 1997 : 5 (archives FMSH).
65 Ibid. : 8.
66 L’objectif de ce programme est de favoriser l’émergence en Chine d’un État de droit et de présenter le droit européen et les droits nationaux de l’Union comme des modèles d’inspiration. En plus de nombreux échanges, ce programme prévoit la formation chaque année en Europe de 20 hauts magistrats et de 30 juristes. Le Comité international d’évaluation invite à la prudence, le risque étant, compte tenu de l’importance de l’opération, de « déséquilibrer le poids relatif des diverses activités de la FMSH » (rapport d’Yves Duroux présenté au conseil d’administration de la MSH, le 16 décembre 1998, archives FMSH).
67 Par exemple, grâce à la présence d’Hinnerk Bruhns, à la participation du comité technique « Sciences sociales » au programme COST (European Cooperation in the Field of Scientific and Technical Research), et grâce à la présence de Maurice Aymard dans le groupe de travail chargé de préparer les nouveaux programmes de la DGC (Communication/Culture).
68 Ibid.
69 Comité international d’évaluation scientifique de la MSH des 4 et 5 décembre 1998. Le rapport d’Yves Duroux est présenté aux membres du conseil d’administration lors de la réunion du 16 décembre suivant.
70 Alain Supiot, « Note d’orientation sur les Maisons des sciences de l’homme », 20 décembre 1998, document déposé à la réunion du conseil d’administration de la MSH du 24 juin 1999.
71 Ibid. : 10.
72 Maurice Aymard, « Pour un Institut français d’études avancées. Avant-projet », 11 mai 1999 : 3-4. Ce document est déposé lors de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 24 juin 1999. La liste des Maisons des sciences de l’homme en France est la suivante : Maison méditerranéenne des sciences de l’homme, à Aix-en-Provence, Maison des sciences de l’homme d’Aquitaine, à Bordeaux, Maison des sciences de l’homme Alpes, université Mendès-France, à Grenoble, Maison des sciences de l’homme Ange Guépin, à Nantes, Maison des sciences de l’homme, à Paris, Maison des sciences de l’homme et de la société, à Poitiers.
73 Ibid. : 1-2.
74 Parmi les membres, fondateurs ou cooptés, du conseil d’administration, on retrouve Charles Morazé, Pierre Deyon (recteur d’académie), Bernard Decomps (Conservatoire national des arts et métiers), François-Georges Dreyfus, Maurice Garden, Jean-Louis Quermonne (IEP-Paris), André Vanoli (Institut national de la statistique et des études économiques), Michel Chatelus (université Pierre-Mendès France, Strasbourg), Alain Bonnafous (université Lumière Lyon-II), Jean-Marc Bischoff (université des sciences juridiques, politiques et sociales et de technologie de Strasbourg). Depuis plusieurs années, René Rémond représente la Fondation nationale des sciences politiques. Sont aussi membres du CA les directeurs de MSH en province : Pierre Rouillard (Maison René Ginouvès de Nanterre) et Sylvie Guillaume (Maison des sciences de l’homme d’Aquitaine). Quant aux représentants du personnel, ils ne reviennent au conseil d’administration qu’au printemps 2003. Les deux représentantes sont alors : Florence Rouiller et Nathalie Fourrier.
75 En plus des responsables des programmes internationaux et thématiques (Alexis Berelowitch, Irène Bessière, Hinnerk Bruhns, Jean-Luc Lory, Jean-Luc Racine et Jean-Claude Thivolle), il y a désormais une quinzaine de personnes chargées du suivi de chaque programme en allemand, espagnol, italien, norvégien, portugais, russe et tchèque.
76 MSH, « Contrat quadriennal 2002-2005 », Paris, 18 juin 2001 : 2. Ce document est déposé à la réunion du conseil d’administration de la MSH du 26 juin 2001 (archives FMSH). Une version finale est déposée lors de la réunion du 19 décembre 2002.
77 MSH, « Exercice 2000, Rapport sur la situation financière et morale. Rapport de gestion » (archives FMSH).
78 À ces deux centres s’ajoutent deux équipes : « Sémiotique cognitive et nouveaux médias » (ESCoM/MSH) et « Formes, formalismes et données sensibles » (F2DS/ MSH).
79 Selon l’expression du Comité international d’évaluation scientifique de la MSH, « Rapport d’évaluation », 9 décembre 2002 : 2 (archives FMSH).
80 Ibid. : 2.
81 Lettre de Richard Descoings à Maurice Aymard, le 29 mars 2005, annexe au compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 22 juin 2005 (archives FMSH).
82 Ibid. : 5. Dans sa réponse, la direction scientifique de la Fondation tient à dire que « la durée ne doit pas être mise en exergue de façon isolée et qu’[elle] ne peut pas être considérée comme un mal en soi ». Il faut aussi tenir compte de la capacité de renouvellement. (« Réponse de la Direction scientifique de la MSH au rapport rédigé par le Comité international d’évaluation au terme de la réunion des 6 et 7 décembre 2002 », texte déposé lors de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 24 juin 2003, archives FMSH).
83 MSH, « Exercice 2000. Rapport sur la situation financière et morale. Rapport de gestion » : 5 (archives FMSH).
84 Compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 24 juin 2004 : 7 (archives FMSH). Sans oublier aussi celle, prochaine, des étudiants en master. Par ailleurs la fermeture annoncée de la bibliothèque de l’IRESCO risque de provoquer un nouvel afflux de lecteurs, alors même que le nombre de places assises (92-95) est déjà insuffisant. Enfin, l’on attend avec impatience la rétrocession annoncée par le président de l’EHESS de 100 m2 destinés à agrandir la bibliothèque de 20 places supplémentaires pour les étudiants de master 2 (ex-DEA) de l’EHESS (MSH, « Exercice 2005. Rapport sur la situation morale et financière. Rapport de gestion », archives FMSH).
85 Le coût total de l’informatisation de la bibliothèque entre 1998 et 2001 s’élève à 4 693 514 francs, soit 715 522 euros. Voir « Documents préparés par les responsables de la bibliothèque en vue du rapport du conseil d’administration de juin 2004 », op. cit.
86 Les livres sont stockés en deux endroits : le « stock tampon », situé au 2e sous-sol du boulevard Raspail, pour les services de presse et les demandes ponctuelles, le reste en province dans des entrepôts spécialisés.
87 En 2001, les ventes sont les suivantes (en francs) : Éditions MSH (612 927), Documents d’archéologie française (DAF) (370 8621), Ethnologie de la France (253 620), Carte archéologique de la Gaule (361 213), pour un total de 1 559 621 (MSH, « Exercice 2001. Rapport sur la situation financière et morale. Rapport de gestion »). La chute des ventes en 2000 s’explique en partie par les difficultés que rencontre le CID. Comme on le notera en 2003, « le résultat du CID demeure depuis plus de cinq ans déficitaire » (compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 24 juin 2002 : 5 (archives de la FMSH). Les ventes à l’exportation se font principalement dans les pays francophones (Suisse, Belgique, Canada) et aussi en Europe du Sud (Italie, Espagne). En 2006, le site de vente en ligne va devenir opérationnel avec paiement en ligne totalement sécurisé. L’effectif est alors de 14 personnes dont l’ancienneté dans le service est remarquable (supérieure à 10 ans).
88 Ces partenariats sont avec le CNRS (la collection « Chemins de l’ethnologie »), l’INRA (collection « Natures sociales »), l’Institut d’ethnologie de Neuchâtel (collection « Travaux de l’Institut d’ethnologie »), le Centre allemand d’histoire de l’art (collection « Passages/Passagen »), l’UNESCO (collection « Les mots de la ville »), les Éditions Épistèmes (collection « Référentiels ») et Ophrys Éditions (collection « Cogniprisme »).
89 Cette collaboration fait suite à une première expérience qui conduit en 2000 à la publication, sous forme de CD-Rom, de l’ouvrage collectif : Cornaline de l’Inde. Des pratiques techniques de Cambay aux techno-systèmes de l’Indus, sous la direction de Valentine Roux. Le CD-Rom est conçu comme une base de données.
90 Compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 22 janvier 2004 : 6 (archives FMSH).
91 Lettre de Maurice Aymard à Monsieur le ministre de l’Éducation nationale, direction de l’Enseignement supérieur, Paris, le 5 septembre 2003. M. Aymard parle alors du relogement de la grande majorité des personnels sur le site dans des bureaux modulaires de location accolés au bâtiment comme d’une alternative qui permettrait d’« assurer la continuité du travail administratif et scientifique sur le site et de réduire ainsi l’impact de l’opération de mise en sécurité sur les activités des institutions qui auraient été gravement affectées par la dispersion des équipes pendant plusieurs années » (ibid. : 1). Début janvier 2004, il apparaît évident que les bureaux-
bungalows préfabriqués ne seront pas suffisants et que « des surfaces supplémentaires seront nécessaires » (compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 22 janvier 2004 : 7, archives FMSH).
92 MSH, « Exercice 2004. Rapport sur la situation financière et morale. Rapport de gestion » : 79.
93 Compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 23 juin 2004 : 5 (archives FMSH). L’on procède entre 2001 et 2004 à plus de 200 désabonnements. En 2004, le fonds de la bibliothèque est composé d’environ 134 200 titres de monographies dont 50 % en langue étrangère et de 5 000 titres de référence dont un nombre croissant sur CD-Rom et en accès Internet. Une étude réalisée par les responsables de la bibliothèque permet de voir que le nombre total d’inscrits en 2003 est de 4 436, dont 3 114 actifs, et que plus du tiers d’entre ces derniers viennent de l’étranger. Parmi les fonds qui se sont particulièrement développés au cours des dernières années il y a : le fonds allemand, le fonds de sociologie (plus de 10 000 ouvrages), le fonds d’études sur les rapports sociaux de sexe (rapide croissance avec suivi attentif d’une bibliothécaire responsable de ce fonds), le fonds de droit et le fonds d’études nord-américaines. Voir FMSH-Bibliothèque, « Documents préparés par les responsables de la bibliothèque en vue du rapport pour le conseil d’administration du 23 juin 2004 », 6 juin 2004, 10 p. (archives FMSH).
94 MSH, « Exercice 2003. Rapport sur la situation financière et morale. Rapport de gestion », op. cit. : 88. Les catégories les plus représentées sont : ingénieurs d’études (46), techniciens (31) et adjoints techniques (26), pour la plupart personnels de l’État.
95 Compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 15 décembre 2004 : 6 (archives FMSH).
96 Compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 22 juin 2005 : 8 (archives FMSH).
97 Tel que prévu, le Programme international d’études avancées vise à réunir de petits groupes de chercheurs étrangers (3 à 5) venant de différents pays pour travailler ensemble pendant un ou deux semestres sur un thème d’intérêt commun en liaison avec une équipe de recherche. Il semble que malgré la difficulté de faire venir en même temps à Paris des chercheurs de qualité, « l’expérience se soit largement révélée positive » (compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 20 mai 2002, op. cit. : 2). Au total, le programme accueille en 2003, outre leurs partenaires français, une douzaine de chercheurs venus d’Allemagne, d’Angleterre, d’Argentine, du Brésil, du Chili, d’Écosse, d’Italie, de Russie, de Suède, de Suisse et d’Uruguay.
98 MSH, « Exercice 2001. Rapport sur la situation financière et morale. Rapport de gestion » (archives FMSH).
99 Compte rendu de la réunion du Conseil international de la Maison Suger du 12 octobre 2002 (archives FMSH). A. Dubrulle représente René Blanchet, recteur de l’académie de Paris.
100 Lettre d’Anne-Marie Guillemard à Maurice Aymard, le 28 février 2002 (correspondance Aymard, archives FMSH).
101 Lettre de Werner Paravicini, du Deutsches Historisches Institut, à Maurice Aymard, le 8 novembre 2002 (correspondance Aymard, archives FMSH).
102 Compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 23 juin 2004 (archives FMSH).
103 Par exemple avec le Centre russo-français de sociologie et de philosophie de l’Institut de sociologie de l’Académie des sciences de Russie et le Centre d’histoire française de l’Institut d’histoire universelle. Parmi les projets soutenus en 2003, il y a, entre autres : « Territoires et identités » en anthropologie, « Dictionnaire des Français en Russie » en histoire, « Attitudes sociales à l’égard du pouvoir » en psychologie sociale. Par ailleurs, avec le Centre de recherche franco-russe en sciences sociales de Moscou, qui obtiendra en 2008 le statut de véritable centre de recherche auprès du CNRS (rattachement à la section 35).
104 MSH, « Exercice 2002. Rapport sur la situation financière et morale. Rapport de gestion » : 35 (archives FMSH). Les disciplines privilégiées sont : les sciences politiques, l’économie, la démographie, les études féministes, l’histoire et la philosophie des sciences.
105 Il s’agit du projet d’un réseau thématique associant des chercheurs européens et chinois et dont l’objectif est de « mener une réflexion socioéconomique sur les politiques d’emploi et de protection sociale, les transformations du travail et de l’emploi liées à la mondialisation et à la diffusion des nouvelles technologies de l’information et de la communication ». La MSH est le maître d’œuvre de ce projet, qui reçoit l’appui financier (420 000 euros sur 3 ans, de 2001 à 2004) de la Commission européenne et qui implique plusieurs institutions partenaires européennes et chinoises.
106 Un programme Maghreb est lancé à l’initiative de la DRIC avec un budget de 1 800 000 francs : c’est un « véritable plan de relance de la coopération scientifique » entre les institutions maghrébines et françaises. Une première rencontre est organisée à Paris fin janvier 2002 avec 15 représentants – personnalités officielles et chercheurs – des trois pays du Maghreb. Le programme doit être géré par la MSH, et plusieurs équipes du CNRS et d’autres grands établissements y sont associés. (Compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 15 décembre 2004 : 4, archives FMSH).
107 Compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 14 décembre 2000 : 4 (archives FMSH). Ce projet implique aussi la Maison des sciences de l’homme d’Aquitaine. Les objectifs sont : dresser un état des lieux de la recherche en sciences humaines dans un certain nombre de pays africains, identifier de nouveaux modes de coopération scientifique et déterminer des programmes de recherche prioritaire (MSH, « Exercice 2002. Rapport de la situation financière et morale. Rapport de gestion », op. cit. : 58-62).
108 Avis du Comité international d’évaluation en date des 1er et 2 décembre 2000 : 1 (Compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du jeudi 14 décembre 2000, archives FMSH).
109 Le colloque se tient fin janvier 2002 à l’École normale supérieure (ENS), à Paris, avec l’appui de la MSH, de l’ENS de Paris, de l’Association Fabula et de l’Association HyperNietzsche. Les membres du comité de coordination scientifique sont : Paolo D’Iorio (ITEM-CNRS), Philippe Chevet (ATER, université de Paris-XI et chargé de mission au PNER) et Alexandre Gefen (association Fabula). Un premier ouvrage est sous presse : L’Open source, la numérisation et la diffusion en libre accès, par Philippe Chevet.
110 Chercheure en sciences de l’information et de la communication, pionnière de l’accès ouvert aux connaissances, elle a partagé son temps, à partir de 1995, entre des activités scientifiques et des postes à responsabilité au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. L’ensemble de ses recherches portent sur la compréhension des phénomènes liés au développement du numérique dans le monde universitaire (enseignement en ligne, politiques universitaires du numérique, évolution du secteur de l’information scientifique, transformation des sciences humaines et sociales par le développement des humanités numériques…).
111 HAL = Hyper-articles en ligne, archive ouverte qui deviendra, quelques années plus tard, l’archive ouverte nationale.
112 Lory dépose le texte de ce projet lors de la réunion du conseil d’administration du 26 juin 2001 (compte rendu du conseil d’administration de la MSH du 26 juin 2001, archives FMSH).
113 Le programme fait en effet partie de l’initiative Eumedis (Euro-Mediterranean Information Society). Le CCRDA puis le DEVAR en préparent la candidature en 2001.
114 Les deux dernières années (2005 et 2006) du programme sont marquées par sa participation à de nombreux colloques : colloque international sur le « Dialogue euro-arabe, la diversité culturelle des sociétés du savoir » (UNESCO), le sommet mondial des sociétés de l’information à Tunis, l’Arab Reform Forum sur « Cultural Heritage and Development » et l’atelier MEDCULT en Égypte.
115 FMSH, « Exercice 2006. Rapport sur la situation financière et morale de la FMSH. Rapport de gestion » : 38 (archives FMSH). Jean-Luc Lory se voit confier la rédaction d’un rapport sur les perspectives ouvertes par le programme Eumedis. Le rapport final, après 53 mois de travail, est remis à la Commission européenne, le 22 septembre 2006.
116 Ce sont : Sainte-Lucie, Antigua-et-Barbuda, Dominique, Grenade, Saint-Kitts-et-Nevis, Saint-Vincent-et-les-Grenadines. Une première conférence régionale se tient en avril 2006 sur le thème « Patrimoine et citoyenneté : pour une harmonisation des politiques patrimoniales dans les pays de la Caraïbe orientale ».
117 PIEA, « rapport d’activité », juin 2004, 10 pages. Ce document est présenté par son directeur, Jean-Luc Racine, lors de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 23 juin 2004 (archives FMSH). En 2005, le projet sur l’Europe réunit des chercheurs, majoritairement en philosophie : Jelica Šumič (Slovénie), Jean-Pierre Marcos (Fance), Ernesto Laclau (Angleterre), Rado Riha (Slovénie) et Oliver Marchart (Suisse). Le deuxième projet est explicitement en histoire, avec Jutta Scherrer (France), Irina Savelieva (Russie) et Klaus von Beyme (Allemagne).
118 Ce projet réunit des chercheurs français (Georges Dulac), russes (Sergueï Karp et Sergueï Mezine), allemand (Christoph Frank) et italien (Gianluigi Goggi).
119 Compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 24 juin 2003 : 1 (archives FMSH). Pour remplacer Charles Morazé, que l’on présente comme « une très forte personnalité scientifique », le bureau exécutif propose le nom d’Hubert Curien, qui serait « susceptible également de faire le lien entre sciences humaines et sciences exactes ». Il faut aussi remplacer Morazé au poste de secrétaire du bureau : le conseil d’administration désigne, par un vote unanime, Maurice Garden. Enfin l’on doit pourvoir le siège que détenait Morazé au comité scientifique : il est remplacé par Alain Supiot. Le président du conseil d’administration est Maurice Quénet, les autres membres du bureau étant Jean-Marc Bischoff et René Rémond, vice-présidents,
André Vanoli, trésorier et Maurice Aymard, administrateur. Lorsque Monique Morazé, née Pillet-Will, la veuve de Charles Morazé meurt en avril 2007, elle fait à la Fondation un legs à titre particulier d’une somme de 60 000 euros.
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