Chapitre 5
Mai 1968 et après
p. 221-255
Texte intégral
1Mouvement du 22 mars à Nanterre, occupation de la Sorbonne le 3 mai, barricades et affrontements entre étudiants et CRS dans le Quartier latin : au printemps 1968, l’agitation estudiantine ébranle l’université, principalement en région parisienne et dans le domaine des sciences humaines et sociales. L’un des « bréviaires de Mai 68 » (Fredet et Le Monnin 2002 : 48), c’est le livre Les Héritiers, publié quatre ans plus tôt par Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron (1964). La secousse s’étend à toute la France : le 13 mai, grève générale ; le 29 mai, départ du général de Gaulle pendant 24 heures pour Baden-Baden ; le 30 mai, dissolution de l’Assemblée nationale.
2La parole se libère : « Sous les pavés, la plage », « Marx est mort, Dieu aussi », « Jouissez sans entraves », « Soyez réalistes. Demandez l’impossible ». Professeur de sociologie à Nanterre, Alain Touraine analyse « à chaud » les événements qu’il vient de vivre : il s’agit bien, selon lui, d’un mouvement révolutionnaire, bien qu’il soit utopique, d’où le titre de son essai : Le mouvement de mai ou le communisme utopique (Touraine 1968). Edgar Morin, Claude Lefort et Cornelius Castoriadis insistent sur la signification antibureaucratique de ce mouvement qui permet une libération de la parole et de l’expression : ils intitulent leurs « premières réflexions sur les événements » La brèche (Morin, Lefort et Castoriadis 1968).
3L’après-mai 1968 est marqué, sur le plan institutionnel, par la création à l’automne 1968 du Centre universitaire expérimental de Vincennes, qui ouvre ses portes dans le bois de Vincennes en janvier suivant, après trois mois de concertations pour former les équipes d’enseignants-chercheurs. Vincennes est essentiellement une faculté de lettres et de sciences humaines. Parmi les nouveaux enseignants, on retrouve des philosophes (Gilles Deleuze, Jean-François Lyotard, Michel Foucault, Alain Badiou, Michel Serres), des historiens (Jacques Julliard, Jean Bouvier, Jean-Baptiste Duroselle), des sociologues (Robert Castel, Jean-Claude Passeron), des littéraires (Hélène Cixous). De nouvelles disciplines apparaissent au programme : la psychanalyse, l’urbanisme, le cinéma. Il y a une présence massive d’étudiants étrangers. Fin de l’université traditionnelle, place à l’université nouvelle avec toutes ses innovations pédagogiques : admission des non-bacheliers, abandon des contrôles sur table, des cursus plus ou moins contraignants, interdisciplinarité. Place aussi à la politisation ! Vincennes rassemble au moment de son ouverture une forte proportion d’étudiants « gauchistes », dont les maoïstes et les trotskistes : multiplication des AG, affrontements fréquents. Vincennes est une anti-Sorbonne1.
Autogestion ou cogestion ?
4Sans pignon sur rue ni enseignement, la MSH n’est pas une cible pour les manifestants, et si elle est touchée, ce n’est qu’indirectement ou collatéralement2.
5Alors qu’il vient d’arriver aux États-Unis, invité par l’université de Chicago, Fernand Braudel doit écourter son voyage pour rentrer précipitamment en France. Il y retournera en décembre suivant pour recevoir un doctorat honoris causa. Le président du conseil d’administration de la MSH, Jean Roche, recteur de l’académie de Paris, se retrouve « sous les feux de la rampe » lorsque le vendredi 3 mai, la cour de la Sorbonne est occupée par 400 manifestants et que, devant le risque d’une attaque des étudiants d’extrême droite, il demande, sans préavis ni négociations, l’intervention des forces de l’ordre qui évacuent manu militari ce haut lieu du savoir et de la liberté de pensée qu’est la Sorbonne : arrestation de plusieurs centaines d’étudiants, dont Jacques Sauvageot, le dirigeant de l’UNEF, principal syndicat étudiant. Cette intervention musclée est très mal vécue par les étudiants, qui se pensaient protégés par le statut universitaire. Jean Roche remet sa démission quelques mois plus tard.
6Remise en cause de l’autoritarisme et du mandarinat, critique de l’université et de l’élitisme, défense de nouvelles formes de pédagogie (coéducation) et d’organisation du travail (autogestion) : plusieurs revendications du mouvement étudiant vont trouver un écho au sein des membres du personnel de la MSH. Lors de l’assemblée générale du 20 mai, ceux-ci adoptent une série de revendications et votent la grève générale illimitée jusqu’à l’« aboutissement » des revendications, à savoir : 1) la reconnaissance de la section syndicale, 2) l’alignement sur l’échelle des salaires du CNRS, 3) le refus de l’embauche de personnel sous contrat (vacataires), 4) l’obtention de 40 jours ouvrables de congés sur la base de la semaine de 5 jours, 5) la formation et la promotion permanente du personnel et 6) le rôle du personnel dans la gestion. Sur ce dernier point, on exige la destitution du conseil d’administration composé des « pères fondateurs ».
7Dans les jours qui suivent, les 22 et 23 mai, les membres du personnel créent deux comités : le comité intérieur et le comité bibliothèque. L’une de leurs revendications est la levée du secret dans toutes les prises de décision d’ordre scientifique, administratif et budgétaire et la mise en place d’une « véritable démocratie dans le travail », qui se traduirait, au niveau de la bibliothèque, par la création d’un collège consultatif chargé de la gestion de la bibliothèque3. On s’inquiète par ailleurs de l’avenir de la MSH, en particulier des fonctions de celle-ci au sein des sciences humaines.
8Afin d’arriver à un accord, on met sur pied un comité de gestion provisoire composé de membres du personnel du centre de calcul, de la bibliothèque, du SEIS et de l’administration. La première réunion, qui se veut informelle, se tient le 8 juin 1968. Sont présents, du côté de l’administration, Fernand Braudel, Clemens Heller, et Jean Barin. D’entrée de jeu, Braudel tient à rappeler les « difficultés » auxquelles se sont heurtés les fondateurs depuis quinze ans et que l’une des spécificités de la MSH est de « confier sa direction à un universitaire plutôt qu’à un administrateur de type ENA » ; il souligne aussi la « menace » que fait peser sur les locaux de la Maison l’afflux des nouveaux étudiants lors de la prochaine rentrée universitaire. Tout en se déclarant « partisan de la contestation et de la reconstruction », Braudel met en garde ses collègues : « La Maison – confluence de tous les laboratoires de sciences humaines – est un outil de haute précision qui ne doit pas être détraqué par une action que (lui-même) juge inadaptée4. »
9La discussion prend rapidement la forme d’une négociation de convention collective et porte sur la plate-forme de revendications du personnel de la MSH :
- Pas de problème pour ce qui est de la reconnaissance de la section syndicale, car la liberté syndicale est reconnue à la MSH. Une salle de réunion de 80 places est prévue pour ce type d’activité.
- Les salaires : Fernand Braudel est d’accord avec le principe de l’alignement des salaires sur ceux du CNRS. René Marzocchi propose la création d’une commission qui établira les modalités de ces dispositions.
- Les primes et indemnités pour le personnel de recherche et le personnel administratif. La satisfaction de ces revendications va, observe Braudel, nécessiter l’obtention de crédits dans le cadre de l’enveloppe budgétaire. Quant à l’intégration des primes aux salaires, il pense que « ce sera difficile ».
- Les vacations et les contrats temporaires. La politique de la MSH répond aux revendications et prévoit la demande de postes fixes plutôt que des crédits de vacation. La politique de la MSH est d’avoir peu de vacataires et de s’efforcer d’intégrer les vacataires dans des emplois permanents.
- La gestion : autogestion ou cogestion ?
10Cette dernière question suscite une plus longue discussion et entraîne un affrontement entre la direction et le personnel. Braudel affirme qu’« une bonne direction est davantage le fait des hommes que des institutions ». Il ne cache pas son hostilité face à l’autogestion de la MSH car, précise-t-il, sans sa présence, la MSH n’aurait jamais vu le jour. Et il s’agit d’une « présence » qui s’appuie sur « un apprentissage de 20 ans au cours desquels se sont affrontées les sciences de l’homme ».
11Claude Kowal, du centre de calcul, se déclare pour sa part partisan de l’autogestion : « Les travailleurs sont capables de définir eux-mêmes la politique de leur travail. Si l’autogestion peut difficilement aujourd’hui se développer dans une unité isolée, c’est que le mouvement de mai 1968 n’est pas allé suffisamment loin dans le sens d’une prise du pouvoir par les travailleurs. »
12Braudel réaffirme son opposition à l’autogestion au niveau de la direction générale de la Maison, mais il ne voit pas « d’inconvénient à la mise en place de comités de cogestion dans chaque service (bibliothèque, SEIS, centre de calcul), ce qui correspond, ajoute-t-il, à la position de la direction du CNRS ». Braudel imagine « comme formant une seule chaîne l’ensemble des comités représentés à l’échelon supérieur au sein du directoire qui sera, dès son installation en 1969, le pivot de la Maison ». Son souhait est que « la cogestion – forme souvent hypocrite de la participation du personnel – devienne à la MSH un moyen de discussion sincère et d’action efficace ». La réponse de Kowal est attendue : la cogestion, c’est, selon lui, le « pire des cas (de figure) ». Aussi annonce-t-il que le rôle des représentants élus du personnel en sera « essentiellement un de contestation et de contrôle5 ». À la réunion du conseil d’administration du 18 janvier 1969, à laquelle participe Jean Roche qui n’a pas encore quitté sa fonction de président au conseil d’administration, assistent, à titre d’observateurs, deux représentants du personnel de la MSH, Claude Kowal et la bibliothécaire Jacqueline Pluet, qui demandent de faire la lecture d’une déclaration au nom de l’ensemble du personnel.
13D’entrée de jeu, Kowal et Pluet tiennent à souligner qu’ils sont « ici à titre d’observateurs ». Ce qui veut dire que leur présence ne peut « en aucun cas être considérée comme une caution donnée par le personnel aux décisions prises par le conseil. Il en sera ainsi tant que le personnel de la Maison ne sera pas associé à l’élaboration de ses décisions »6. Les deux représentants font par ailleurs référence à leur « expérience récente » au sein des comités de gestion des différents services : le rôle de ces organismes était, observent-ils, « mal défini », aussi ne faut-il pas être surpris si cette expérience s’est soldée par un « échec ». D’ailleurs, voyant que la direction d’un service considérait le comité élu comme un « organisme d’enregistrement de ses décisions », des membres du comité de gestion de ce service ont remis leur démission.
14Il n’est cependant pas question pour les deux représentants du personnel de quitter la réunion. Ils considèrent au contraire que « le personnel a tout intérêt à être informé de tout ce qui touche au fonctionnement de cette Maison » et soulignent « le caractère positif de [leur] présence ici en regard de l’absence d’infos qui a été jusqu’à présent la règle » : « Le personnel n’a jamais su et n’a jamais pu avoir de discussion sur la politique scientifique de la Maison. Le personnel n’a jamais pu savoir ce que signifie, au niveau de la gestion administrative et budgétaire, l’autonomie dont est censée jouir une fondation privée. » D’où la question : « Quelle est la liberté laissée à l’administration dans la définition des postes ? »
15Les représentants se montrent d’autant plus perplexes qu’ils se sont trouvés confrontés à une « succession de déclarations et d’actes contradictoires » et qu’ils ne comprennent pas pourquoi on a refusé d’aligner l’indice de certaines catégories de personnel sur les indices plus intéressants du CNRS. La discussion se transforme en négociation :
En tant que techniciens de la recherche en sciences humaines nous sommes par rapport au CNRS dans une situation nettement désavantagée : les plus favorisés ont un salaire de 10 % inférieur et pour certains, le jeu cumulé de l’absence de prime et de déclassement d’indice réduit le salaire de 30 %. À cela s’ajoute l’absence de tout ce qui s’appelle avantages sociaux : cantine ou chèque restaurant, que nous ne considérons nullement négligeable. […] Il nous paraît indispensable, pour le jour proche où nous cohabiterons avec le personnel du CNRS, faisant le même travail que nous, que cette situation soit réglée dans le cadre d’un statut élaboré au sein d’un organisme paritaire7. »
16La présence de membres du personnel change l’atmosphère des réunions du conseil. La stratégie est claire : les deux représentants vont se servir de leur statut d’observateurs pour certes obtenir des informations sur le fonctionnement de la Maison mais aussi pour faire connaître leurs revendications. Lors de la réunion suivante, le 8 mars 1969, ils formulent à nouveau des questions précises sur l’alignement des salaires du personnel sur les indices du CNRS. Braudel précise qu’un « accord officieux » a été donné par le ministère des Finances avec avis favorable pour l’étude du dossier et qu’il a fait une démarche personnelle auprès du directeur de l’Enseignement supérieur pour « hâter la solution de cette question ». Et lorsque Kowal demande à quel moment une décision sera prise, on lui répond : « Un certain délai difficile à fixer est nécessaire », car l’étude doit être entreprise à différents niveaux (direction de l’Enseignement supérieur, service financier du ministère de l’Éducation nationale, etc.) et tous doivent donner leur accord.
17Est ensuite abordé le problème du restaurant, qui ne peut pas être réglé immédiatement, reconnaît Braudel, qui rappelle qu’un espace est actuellement prévu par le ministère de la Justice dans les surfaces qui lui sont attribuées : « Il faut envisager un certain délai entre l’ouverture de la Maison et celle du restaurant8. » À défaut de cantine, la formule qui est prévue dans les entreprises privées est celle des chèques restaurant. Une autre solution en période de transition serait, précise la représentante du directeur de l’Enseignement supérieur, de « faire admettre les personnels dans les différentes cantines des ministères du quartier, par exemple celles de l’Éducation nationale, de l’Agriculture ou des Anciens combattants ». Le personnel est en faveur des chèques, une formule prévue selon la loi à défaut de cantine, répond Kowal.
18Elle rappelle « la situation actuelle d’économies et les efforts accomplis pour faire démarrer la Maison malgré les nombreuses difficultés ». Monbeig tient un discours semblable, demandant aux représentants du personnel « de ne pas rendre la tâche inhumaine à l’administration de la Maison » : « Il n’est, ajoute-t-il, de l’intérêt de personne de saborder le bateau avant d’y être monté […]. Il ne faut pas perdre de vue les répercussions que peuvent avoir certains détails, certains gestes et comportements. » Braudel conclut la discussion en bon père de famille et en administrateur pragmatique, insistant sur « la nécessité de séparer les questions de cœur et d’intérêt. Toutes les positions sont défendables, elles doivent être examinées selon les possibilités existantes9 ».
On maintient le cap. Enquêtes, documentation, informatique
19Au cours de l’année 1968, les activités des divers services maintiennent le même cap. L’enquête par questionnaire sur les chercheurs se poursuit : près de 5 000 chercheurs répondent. Un premier répertoire est sous presse et deux autres doivent suivre : l’un concerne la démographie, la géographie humaine, les sciences économiques et les sciences politiques et juridiques et l’autre, la philosophie, l’histoire, l’archéologie et la préhistoire. On espère, si des moyens sont dégagés par la DGRST, que les données de l’enquête pourront être analysées par le Centre de sociologie européenne.
20Quant à l’ambitieux programme de recherches sociologiques sur le fonctionnement des administrations centrales, il donne lieu à une première série de publications dans les Cahiers du Centre de sociologie européenne ou chez Mouton, dont plusieurs sont réalisées en collaboration : Alain Darbel et Dominique Schnapper, Pierre Bourdieu et Monique de Saint-Martin, Jean-Claude Thoenig et Erhard Friedberg, Michel Amiot et Michel Freitag10, Haroun Jamous et Bernard Peloille.
21Après mai 1968, on note une réorganisation ou réorientation de plusieurs centres de recherches. L’affiliation des chercheurs change. Bourdieu devient le directeur du Centre de sociologie européenne (Centre de sociologie de l’éducation et de la culture), Alain Touraine crée le Centre d’études des mouvements sociaux. Haroun Jamous du CNRS prend la direction du nouveau Centre de sociologie de l’innovation. Autour de Crozier, Touraine et Bourdieu, se forme une nouvelle génération de chercheurs, qui sont impatients d’entrer en scène.
Pierre Bourdieu et le Centre de sociologie de l’éducation et de la culture
22Les tensions au sein du Centre de sociologie européenne conduisent en 1964 à la mise en place de trois programmes de recherche : sociologie de l’enseignement supérieur (P. Bourdieu), sociologie des intellectuels et de la science (R. Aron) et sociologie économique (J. Cuisenier). En 1968, à la suite des événements de mai, c’est finalement la scission du Centre en deux unités distinctes : le Centre européen de sociologie historique dirigé par Raymond Aron et le Centre de sociologie de l’éducation et de la culture (CSEC), dont Bourdieu devient le directeur. Le 26 mai 1970, un an après l’installation de l’administration de la MSH dans les locaux du 54, le CSEC s’établira au 4e étage, dans un espace d’environ 330 m2. S’y trouveront son directeur, Pierre Bourdieu, le personnel et les chercheurs. Une salle sera réservée aux réunions. Bourdieu pourra également utiliser une salle plus grande au 2e étage pour ses séminaires, et enfin d’autres locaux seront plus tard mis à la disposition des chercheurs du Centre au 3e étage.
23S’ouvre, pour Bourdieu et son équipe, une période d’intenses activités de recherche, d’enseignement et de publication. Le financement se diversifie, avec la mise sur pied par le CNRS d’axes de recherche, ce qui permet d’entreprendre une étude sur « l’immigration algérienne en France ». Les membres du Centre et les élèves de Bourdieu utilisent largement les services qu’offre la MSH, en particulier le centre de calcul et le service bibliothèque-documentation, avec ses riches collections d’ouvrages de référence, ses bibliographies et son importante section de périodiques dont une grande partie est en langue anglaise. Des membres du personnel de l’un ou l’autre de ces services collaborent étroitement aux travaux du Centre : Rosine Christin pour la documentation, Salah Bouhedja pour l’informatique.
24Le service bibliothèque-documentation garde son rythme de croisière avec la commande annuelle de plus de 2 500 ouvrages (dont près de 2 000 viennent de l’étranger), auxquels s’ajoutent les ouvrages provenant des dons importants de Raymond Aron et Fernand Braudel. Par ailleurs, des efforts sont faits pour établir une collaboration plus étroite, par exemple pour l’achat de livres, avec d’autres bibliothèques, dont celle du Centre d’études sociologiques et celle du musée de l’Homme. Le travail de constitution de grandes bibliographies se poursuit avec une nouvelle bibliographie concernant les thèses et les recherches en cours.
25Les centres de documentation spécialisés par aires culturelles sont pour leur part très actifs11, comme on le voit au début des années 1970 avec le Centre de documentation sur l’URSS et les pays slaves. Les chercheurs qui y sont associés font plusieurs missions12. De leur côté, plus que jamais conscients de la nécessité d’automatiser les procédures documentaires en suivant les progrès de l’informatique, les membres du Service d’échange d’informations scientifiques (SEIS) mettent au point, en collaboration avec plusieurs organisations internationales (UNESCO, OCDE, BIT, etc.), une « liste commune de descripteurs » en matière de développement économique et social et entreprennent l’élaboration de plusieurs thesaurus pour l’ethnologie (avec le CARDAN), pour la sociologie (en collaboration avec le département de sciences sociales de l’UNESCO). Sans oublier deux nouveaux projets : l’élaboration d’un vocabulaire concernant la méthodologie des sciences sociales et humaines et la mise au point, avec le concours financier du ministère de l’Éducation nationale, d’un système de traitement des informations relatives à l’éducation (sur le modèle d’ERIC aux États-Unis)13. Les activités du SEIS ont rapidement un rayonnement international : missions à Rio de Janeiro, Moscou, participation aux travaux (mise au point d’un système documentaire) de la Commission européenne des transports, réunions à Francfort pour la mise au point de méthodes communes d’indexation.
26Même dynamisme du côté du centre de calcul qui, en plus de ses travaux de documentation sur l’application des calculateurs dans le domaine des sciences humaines, fournit à des chercheurs de diverses disciplines (Jean Cuisenier, Emmanuel Le roy Ladurie, Raymond Boudon14, Gérard Lemaine) une aide technique et méthodologique indispensable, que ce soit, comme les années précédentes, pour la classification automatique (Serge Régnier, I. C. Lerman, Pierre Achard) et l’enseignement programmé (Jacques Perriault, Pierre Achard, Pierre Soury, Pierre Gréco) ou, en 1968 et 1969, pour de nouveaux domaines telles la parenté et les mythologies (Philippe Richard). Les notes internes et les publications sont nombreuses.
27Les discussions se poursuivent par ailleurs entre le CNRS et la MSH pour la signature d’une convention relative à l’installation dans l’immeuble en construction de centres de calcul et de documentation. Le CNRS a été autorisé par le 5e plan à acheter un ordinateur pour l’équipement de la section sciences humaines-Institut Blaise Pascal-service de calcul. Selon l’entente, la MSH offrira les locaux (165 m2 au rez-de-chaussée et 700 m2 en sous-sol), s’occupera de l’entretien, fournira le chauffage, l’eau et l’électricité, et assurera le gardiennage, alors que le CNRS sera responsable du recrutement et de la rémunération de l’ensemble du personnel nécessaire au fonctionnement de la section15.
28Donc, la Maison, débordante d’activité, multiplie les initiatives, grâce, comme le souligne Braudel, « à la qualité des personnels qui acceptent de travailler dans des conditions difficiles tant sur le plan matériel que sur celui de leur statut16 ».
L’installation
29Les négociations entre le ministère de la Justice et le ministère de l’Éducation nationale n’aboutissent pas, comme on l’aurait espéré à la MSH, à la mise à disposition de la MSH de l’ensemble du bâtiment du boulevard Raspail. Il faut, répète Braudel, faire encore preuve de patience17. Les travaux de construction se poursuivent et, comme pour toute construction d’un bâtiment aussi important, il y a des retards, voire des arrêts : début février 1968 commence la mise en place de l’air conditionné ; fin février, on arrête les travaux dans le 2e sous-sol dans l’attente d’un accord avec le CNRS pour l’installation du service de reproduction ; mi-mars on termine la structure des trois premiers étages du petit et du grand bâtiment ; le 7 mai, le chantier est à l’arrêt, et les travaux reprennent un mois plus tard, avec la finition des structures du bâtiment principal et le début des travaux de façade. Tout va relativement bien (façade du petit bâtiment terminée, début de la pose des cloisons dans le petit bâtiment) jusqu’à la fin du mois de décembre, où les cloisonnements des étages « Justice » sont remis en question18.
30Les travaux ne reprennent pas début janvier. La raison de cet arrêt est que « les modifications des plans initiaux, souhaitées par le ministère de la Justice pour les cinq étages supérieurs du grand bâtiment, n’ont pas été déterminées en temps utile et le planning de la construction transformé en conséquence19 ». L’année 1969 est marquée par d’autres problèmes : l’incendie d’un stock de bitume, qui endommage la façade du grand bâtiment et impose le remplacement de panneaux de façade, de volets et de convecteurs d’air conditionné sur quatre niveaux ; interruption du chantier en juillet dans l’attente de décisions administratives.
31Heureusement, le 28 mai 1969 a lieu la remise des clés du petit bâtiment. L’administration de la MSH s’installe au 2e étage et prépare la venue des services : d’abord le SEIS au 1er étage dès le mois de juin et ensuite le Centre de mathématiques appliquées et de calcul au 3e étage le mois suivant. Les conditions de travail sont difficiles au début : des bureaux dans un chantier en activité, un système d’air conditionné qui, nouvellement installé, ne fonctionne pas, une seule ligne téléphonique desservant l’ensemble des bureaux, et ceci pendant plusieurs semaines20. On décide par ailleurs d’héberger quelques centres qui rencontrent des problèmes, mais à titre provisoire, dans l’attente des décisions du conseil d’administration en ce qui concerne le regroupement de centres de recherche au 4e étage21. Quant à l’aménagement de la bibliothèque, au 1er étage du grand bâtiment, il ne commence qu’en novembre.
32Pendant le 1er trimestre 1970, se poursuivent ce qu’on appelle les « réceptions provisoires partielles » : en mars, les quatre étages supérieurs (ministère de la Justice), le 2e sous-sol (pour le laboratoire de reproduction et le centre de calcul du CNRS) et les 2e, 3e et 4e étages du grand bâtiment ; enfin, en avril, le magasin de la bibliothèque au 2e sous-sol. Cependant, il reste beaucoup de choses à terminer : les abords du boulevard Raspail et de la rue du Cherche-Midi, l’éclairage du jardin, l’étanchéité des planchers du rez-de-chaussée et du 1er sous-sol, etc. Sans oublier l’emploi du 1 % dit décoratif, toujours à l’étude et pour lequel la MSH n’a pas encore été consultée22. Le fonctionnement de plusieurs équipements demeure défectueux : principalement les ascenseurs, la plomberie, les volets métalliques et l’air conditionné23. On espère les « réceptions définitives » pour 1971.
Catherine Régnier (1930-1990)
Nièce de Marc Bloch, Catherine Régnier entre en octobre 1965 à la MSH où elle participe à l’« aventure pionnière » du centre de calcul : informaticienne, elle collabore à la réalisation de plusieurs programmes, notamment de construction d’échelles. Elle est la femme de Serge Régnier, qui travaille aussi à la Maison. À partir des années 1970, elle participe au groupe de travail sur la composition automatique de textes documentaires, puis est détachée auprès d’une équipe de recherche du CNRS pour travailler avec Véronique Gertz à l’édition automatisée du catalogue des manuscrits de l’abbaye Saint-Victor. De 1979 à 1985, elle collabore à l’enquête du Centre de recherches historiques « Rouges et Blancs » avec Yvonne Pasquet, François Furet, Jacques Julliard, Jacques Ozouf et Pierre Lévêque. Enfin, à partir de la fin des années 1980, Catherine Régnier est associée aux activités de la bibliothèque de la MSH : mise en place de divers programmes informatiques, organisation d’une base de données destinée à l’unité de documentation et de liaison sur l’écodéveloppement, publication d’une bibliographie sur le thème « Environnement/sciences sociales », mission exploratoire sur l’informatisation de la bibliothèque, montage d’un module expérimental d’informatisation du service d’acquisition, préparation de l’informatisation du catalogue des publications de la MSH.
33Catherine Régnier est très active au sein des luttes syndicales qui agitent, durant les années 1970, les institutions de recherche (Pluet-Despatin 1991 : 4 ; Régnier 1985).
34Enfin, il faut effectuer divers travaux supplémentaires pour répondre aux besoins des centres à installer : modification des cloisons, renforcement de l’éclairage et des installations téléphoniques, aménagements complémentaires pour la ventilation de plusieurs locaux. À cela s’ajoutent l’achat de mobilier et de matériel de bureau et l’équipement de la bibliothèque et de ses magasins, sans oublier l’acquisition de matériel spécialisé pour les centres de documentation, le laboratoire de psychologie (chambre sourde) et le laboratoire de psychologie sociale (laboratoire de langues).
Pierre Achard (1942-1997)
Ingénieur issu de l’École des mines de Nancy, Pierre Achard est, dès la fin de ses études, attiré par les sciences humaines et sociales, tout en cherchant à « garder la rigueur méthodologique de sa formation initiale24 » ; il entre en 1967 au Centre de mathématiques appliquées et de calcul (CMAC) de la MSH où il participe notamment aux travaux de Serge Régnier et de Lalo de la Vega sur l’analyse mathématique des notions de classification et de hiérarchie et à ceux de Pierre Soury sur les relations conceptuelles en psychanalyse (Jacques Lacan). Ce qui le distingue, c’est sa volonté d’« allier l’engagement politique avec le goût pour la modélisation abstraite et l’intérêt pour les données complexes que fournit la linguistique25 » ; il s’intéresse à l’analyse de contenu, puis à la sémantique et à la linguistique. En 1976, il organise un colloque international sur le thème « Langage et société » et lance le projet de la revue du même nom qu’il crée avec le soutien de la MSH et dont il sera le principal animateur pendant vingt ans.
En 1984, lorsque le CMAC est dissous, Pierre Achard entre au CNRS comme chargé de recherche rattaché au RCP ADELA dirigée par
Michel Pêcheux, puis, à la mort de Pêcheux, il rejoint le laboratoire de lexicométrie et textes politiques (CNRS-INALF). En 1989, Achard soutient sa thèse de doctorat d’État ès lettres et sciences humaines consacrée au discours économique sur le développement à l’université de Paris VII. En 1992, il sera nommé directeur de recherche au CNRS (sociologie) et l’année suivante il publiera dans la collection « Que sais-je ? » (PUF) un ouvrage de référence sur La sociologie du langage (Wald 1998).
35L’installation des centres, laboratoires et associations se fait aux dates suivantes :
- 1er avril : Commission nationale d’études interethniques.
- 15 mai : Centre de recherches historiques.
- 19 mai : Laboratoire de sociologie industrielle.
- 26 mai : Centre de sociologie de l’éducation et de la culture.
- 10 juin : Laboratoire de psychologie.
- 15 juin : Centre de mathématique sociale.
- 29 juin : Centre d’études indiennes.
- 6 juillet : Centre d’études des relations internationales.
- 15 octobre : Association internationale de sciences économiques26.
36Le service de reproduction est aussi mis en place. Quant à l’installation du Centre de documentation sur l’Extrême-Orient (section Chine), elle est repoussée en 1971, afin de permettre l’installation de l’air conditionné dans ses bureaux. Enfin, une fois installé tout l’équipement, la cafétéria doit ouvrir ses portes en février 1971.
Pignon sur rue. 54 boulevard Raspail
37Début des années 1970 : c’est, pour les institutions d’enseignement supérieur et de recherche, une période de changement, de réforme, en particulier pour les sciences humaines et sociales qui connaissent alors un développement rapide. La MSH a enfin pignon sur rue, au cœur de Paris, à une adresse prestigieuse ; elle va être au cœur de ces changements. Le 54 boulevard Raspail va devenir sur le plan national un des pôles centraux de la recherche en sciences humaines et sociales et, sur la scène internationale, un carrefour où se retrouvent des chercheurs de grande renommée, de disciplines diverses et de pays fort différents.
38Avant même que les travaux ne soient terminés, on s’installe dans le nouveau bâtiment. C’est certes un lieu de travail agréable avec bureaux, salles de réunion et bibliothèque, mais c’est aussi un lieu de vie convivial permettant des rencontres et des échanges toujours plus enrichissants les uns que les autres.
39C’est, pour la MSH, une période de très grande activité avec la fin de l’installation des centres de recherche et de documentation, la mise en marche des divers services – dont la bibliothèque –, et l’ouverture de la cafétéria. Mais qu’il s’agisse des budgets, de la gestion du personnel, des relations avec les centres ou du « fonctionnement » du nouveau bâtiment, tout devient plus complexe. Il faut même, ce qui sera un problème récurrent, penser à changer les statuts de la MSH.
40En 1972, au moment où la MSH termine son installation, Fernand Braudel quitte la présidence de la VIe section de l’École pratique des hautes études pour n’occuper que le poste d’administrateur de la MSH afin, dit-il, de protéger son autonomie qui semble alors brusquement menacée (Daix 1995 : 148). À temps plein à la tête de la Maison, l’administrateur est secondé par deux administrateurs adjoints, Clemens Heller et René Marzocchi (qui quittera sa fonction d’administrateur adjoint cette même année), ainsi que par le secrétaire général Jean Barin. Tous trois assistent aux réunions du conseil d’administration.
41Fin décembre 1972, 425 personnes travaillent à la Maison des sciences de l’homme. Sur ce nombre, 107 – soit 25 % – relèvent administrativement de la Fondation de la Maison des sciences de l’homme, les autres sont rattachés principalement au CNRS (33,8 %) et à l’EPHE (28,2 %)27. L’administration est confrontée à plusieurs obligations à l’égard de son personnel, qu’il s’agisse de la formation professionnelle continue (cours de langue anglaise, perfectionnement en comptabilité, etc.), de la subvention au comité d’entreprise – dont le taux passe de
1 à 1,5 %28 –, de la participation aux frais de la cantine, de l’ouverture d’une section « Lecture » pour le personnel, d’une bibliothèque pour enfants ou du maintien de l’infirmerie, avec deux infirmières à mi-temps, l’une payée par la MSH et l’autre par le CNRS. L’on pense enfin à l’élaboration d’un projet de règlement intérieur.
42La principale revendication des membres du personnel concerne le nombre et le statut de leurs représentants au conseil d’administration. Dans un premier temps, le conseil accepte la présence d’un deuxième représentant, élu par ses collègues29. Cependant ces deux délégués du personnel n’assistent qu’en qualité d’observateur30, ce qui est loin de plaire au personnel. La situation est rapidement corrigée fin décembre 1972, lorsqu’on accorde aux deux représentants une voix consultative31. Les deux délégués du personnel sont alors Jacqueline Pluet et Claude Kowal.
43De 24 à l’origine, le nombre de membres du conseil d’administration passe à 26 en 1973, ce qui permet alors, avec la nomination de deux directeurs scientifiques du CNRS, d’augmenter le nombre des institutions scientifiques représentées au conseil. L’objectif est toujours de « conserver une vision globale des besoins de la recherche en sciences humaines, au plan national32 ». Par ailleurs, six membres cooptés doivent appartenir à des instances scientifiques ou universitaires de province. C’est le cas du directeur de la MSH d’Aquitaine. Une telle formule pour la composition du conseil pose certes des problèmes – par exemple l’absentéisme de certains membres, dont les présidents d’université qui sont souvent pris, comme l’observe Braudel, par d’autres obligations – mais il assure à la fois la stabilité et le changement, les administrateurs universitaires ayant des mandats limités dans le temps. Le nombre de membres est par ailleurs élevé, ce qui ne rend pas toujours faciles les discussions, mais il permet la représentation élargie aux principales institutions d’enseignement supérieur et de recherche : le Collège de France (Yves Laporte), l’EHESS ou ancienne VIe section (François Furet)33, la FNSP (François Goguel), les universités de Paris I (Hélène Ahrweiler) et IX (Henri Tézenas), l’académie de Paris (Pierre Tabatoni), le CNRS. La plupart sont des universitaires ou des scientifiques ; quelques-uns proviennent de l’administration publique : le directeur du Service des bibliothèques, l’administrateur général de la Bibliothèque nationale.
44La dynamique du conseil d’administration change lorsque à la suite du décès de Gabriel Le Bras, vice-président, les membres fondateurs deviennent minoritaires : en plus de Braudel, restent Marcel Bataillon, Jacques Chapsal et Charles Morazé. Le Bras est remplacé par Claude Gruson, déjà très actif à la MSH. Par ailleurs, depuis l’expansion du système universitaire parisien et le développement des sciences humaines au CNRS, la présence d’administrateurs universitaires et de directeurs du CNRS au conseil d’administration se renforce : fin décembre 1973, on y trouve François Luchaire et René Rémond, respectivement présidents des universités de Paris I et de Paris X34, de même que les deux directeurs scientifiques du CNRS chargés des sciences humaines et l’administrateur de la MSH de Bordeaux.
45L’administrateur et son équipe font alors face à des difficultés « inattendues et injustes ». En effet, la situation budgétaire devient d’autant plus compliquée qu’il y a du retard dans le versement des subventions du ministère, des dépenses imprévues (de l’ordre de 300 000 francs)35 et un déficit en perspective qui, pour l’exercice 1972, s’élève à 683 471 francs. On espère pouvoir, d’ici la fin de l’année 1976, éliminer ce déficit d’abord par un prélèvement sur des réserves facultatives puis grâce à une augmentation du fonds de roulement de l’ordre de 180 000 francs par année. Pour l’année 1974, le budget prévisionnel est de 8 494 338 francs, dont la plus grande partie provient de la subvention de l’État (6 145 360 francs)36. Il n’est donc pas possible de répondre à tous les besoins, en particulier ceux de la bibliothèque, qui fait toujours face à une hausse des prix des ouvrages et des périodiques : « La situation de la bibliothèque est en effet, reconnaît Clemens Heller, difficile, d’autant plus qu’elle manque de personnel37. »
46Par ailleurs, la réception de certaines installations techniques de l’immeuble tarde : on attend en effet, pour le printemps 1972, la pose des installations d’air conditionné, et pour la fin décembre de la même année, celle des installations de plomberie et des volets mécaniques. La MSH a en charge l’immeuble, aussi la direction doit-elle, souvent dans l’urgence, régler les problèmes techniques les plus divers : ce sont tantôt les infiltrations (restaurant), les inondations (sous-sol, parking) ou même les odeurs (par exemple une odeur de cuisines dans certains locaux), tantôt les pannes d’ascenseurs et le mauvais fonctionnement du système d’air conditionné (nécessité d’améliorer la température du hall d’entrée et de la bibliothèque, bruit, humidité excessive dans certains locaux et laboratoires, au point que l’atmosphère est « insupportable pour les occupants38 »), tantôt l’installation de nouveaux équipements, par exemple un nouvel ordinateur 370-135 pour le service de calcul du CNRS, tantôt l’installation d’un système d’alarme à incendie, tantôt l’entretien du jardin.
47Et à tout cela, s’ajoutent les imprévus, par exemple l’incident malheureux qui survient en mars 1972 et qui oblige à revoir la sécurité du bâtiment. Cet incident est le saccage du hall d’entrée. Quel dispositif, se demande-t-on au ministère de la Justice, faut-il installer pour éviter que des pierres ou des pavés soient lancés contre les vitres ? L’architecte Marcel Lods attire l’attention non seulement sur le prix mais aussi sur l’incidence architecturale du dispositif, car il craint que l’installation de grilles de fer en forme de palissade ne vienne à l’encontre du parti architectural du bâtiment : « La transparence du hall d’entrée joue un rôle très important, d’une part en laissant apercevoir le jardin situé à l’arrière, d’autre part en donnant un caractère attirant à ce bâtiment, dont il importe de donner au public l’image la plus vivante possible. » Lods parle aussi de l’organisation d’expositions dans le hall, qui doivent être visibles de l’extérieur et aussi des aménagements extérieurs à venir au titre du 1 % artistique. L’installation de grilles va, argumente-t-il, entacher l’aspect attractif du bâtiment en rendant impossible « cette recherche de contact avec le public ». « Et psychologiquement, il est clair, ajoute-t-il, que l’aspect de cage que l’on va obtenir va à l’encontre de l’effet qu’il conviendrait de rechercher en donnant aux passants une impression de défiance de la part des occupants du plus malheureux effet39. »
René Rémond (1918-2007)
La jeunesse de René Rémond est marquée par le militantisme d’action sociale et catholique et par la guerre. Dans les années 1930, il est actif au sein de la Jeunesse étudiante chrétienne (JEC) dont il deviendra le secrétaire général en 1943. Admissible au concours d’entrée à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, mais mobilisé jusqu’en 1941, il n’entre à l’ENS qu’en 1942 et participe à la Résistance. Une fois son agrégation d’histoire en poche (2e au classement), il reste rue d’Ulm en tant qu’agrégé préparateur puis, au sortir de la guerre, il devient assistant de Pierre Renouvin à la Sorbonne. René Rémond obtient en 1952 un doctorat ès lettres avec sa thèse sur « les États-Unis devant l’opinion française (1815–1852) », et publie en 1954 son ouvrage le plus connu, Les droites en France. En 1946, il est élu secrétaire général du Centre international de documentation et d’information, créé par la JEC, et il cofonde avec le Canadien Pierre Juneau la JEC Internationale (JECI-IYCS).
À partir de 1956, il poursuit sa carrière à Science Po, d’abord comme directeur d’études et de recherche à la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP), puis comme maître de conférences et professeur des universités à l’Institut d’études politiques de Paris. En 1964, il est nommé à la nouvelle faculté des lettres et sciences humaines de Nanterre, où il occupe la première chaire d’« histoire du xxe siècle » en France. D’abord opposé au mouvement du 22-Mars – son cours est interrompu le 2 mai 1968 –, il adopte ensuite une « position prudente » face au mouvement étudiant (Mercier 2009 :141-152).
En mars 1970, René Rémond succède au doyen Paul Ricœur, alors fort contesté, et l’année suivante, il est élu président de la nouvelle université de Nanterre, poste qu’il conserve jusqu’en 1976. Il est aussi le premier vice-président de la Conférence des présidents d’université, de 1974 à 1976. En 1978, il participe à la création de l’Institut d’histoire du temps présent (IHTP) dont il sera le premier président de 1979 à 1990. En 1981, il succède à François Goguel à la présidence de la Fondation nationale des sciences politiques. Enfin en 1998, il sera élu à l’Académie française, où il succédera à François Furet, élu et mort l’année précédente.
René Rémond siégera au Conseil d’administration de la MSH jusqu’à sa mort en avril 2007.
Les « menhirs de la MSH »
48Sur le programme du 1 % artistique, on a déjà prévu la commande d’une sculpture monumentale en face du nouveau bâtiment. La réalisation de l’œuvre est confiée à un sculpteur désigné par le ministère des Affaires culturelles, Shamaï Haber.
49Le projet que propose Haber est celui d’une sculpture abstraite constituée de cinq blocs de granit bleu de Lanhélin pesant 300 tonnes, avec fontaine et végétation, et mesurant huit mètres. L’installation de la sculpture se révèle compliquée. Il faut d’abord transporter les blocs de granit de Bretagne, ce qui n’est pas une mince affaire. Par la suite, il faut superposer les blocs de granit, une tâche d’autant plus difficile que la sculpture n’existe encore que dans la tête de son auteur. Pendant toute la journée du 2 août 1973, une équipe de grutiers la compose à l’aide de leurs engins et sous la direction de l’artiste.
50« Donner la vie et de l’expression au premier bâtiment entièrement fait d’acier et de verre qui ait jamais été construit en France », tel est le sens que Shamaï Haber donne à sa sculpture monumentale. Et le journaliste Alain Guellec, qui l’interroge, d’ajouter : « Très moderne comme l’est le bâtiment qu’il met en valeur40. » La sculpture se veut donc, pour reprendre les termes de l’artiste, « une réplique du bâtiment d’acier et de verre » qui abrite la Maison des sciences de l’homme. Par cet « environnement sculptural », Haber veut créer, grâce à l’opposition des matériaux, un « nœud entre la rue, le bâtiment et le jardin qui l’entoure ». Dans le document que fait alors circuler le cabinet d’architectes, on rappelle que le but de l’artiste est de « créer un environnement sculptural afin d’enrichir un site fonctionnel » : « L’eau jaillissant des rochers est le symbole de la pensée humaine qui crée à partir de la matière brute ces constructions intellectuelles dont l’architecture rigoureuse de la Maison des sciences de l’homme est l’image »41.
51La nouvelle sculpture est cependant loin de plaire à tous les habitants du quartier. Dans le numéro de mars-avril 1974 du Bulletin du 6e, la une mentionne : « Les menhirs de la Maison des sciences de l’homme ». Manifestement, c’est l’agacement, pour ne pas dire l’irritation : « Devant un immeuble bien peu assorti à ceux qui l’entourent, cet amas de pierres mal dégrossies n’est assorti ni à l’un ni aux autres » (Mme A. Conte) ; « J’aimerais évaluer le prix d’une telle œuvre : je félicite l’artiste qui a su trouver un acquéreur » (R. Vallon) ; « Comme j’aurais aimé trois platanes ! » (Reydet le Magnen) ; « Mais Dieu que le moderne est triste ! » (M. Golin) ; « J’avais déjà aperçu avec stupeur ces énormes blocs de pierre » (M. Brun). M. L. Poilâne, boulanger au 8 rue du Cherche-Midi, résume bien le point de vue de plusieurs riverains :
Étant sensible au travail bien fait, « au bel ouvrage », il est aisé de comprendre combien j’ai regretté d’apprendre que le tas de granit situé à l’angle du boulevard Raspail et de la rue du Cherche-Midi n’était pas provisoirement déposé. À coup sûr, cet édifice s’adresse à une minorité intellectuelle qui ne sait pas regarder les choses naturelles d’une façon simple. Je soupçonne fort les amateurs de ne pas apprécier, par exemple, l’immense beauté d’une montagne de granit.
52L’on n’est donc pas sans s’interroger devant une telle sculpture moderne qui semble, note un journaliste, « manquer de légèreté ». Mais celui-ci corrige immédiatement sa première impression en disant qu’elle est « sans doute pleine de symboles : ne serait-ce que celui de l’homme écrasé par la ville42 ».
Une véritable ruche
53La présence de centres de recherche dans l’immeuble du 54 boulevard Raspail donne à la MSH sa véritable signification : celle d’être au service de la recherche, certes celle que mènent les centres qu’elle héberge mais aussi celle que réalisent tous les autres centres de la région parisienne. Parmi les divers services qu’elle entend fournir, les plus importants sont la bibliothèque, la documentation et le centre de calcul.
54La bibliothèque est le service le plus visible, et celui qui connaît le plus de succès : la salle de lecture, au premier étage, est souvent pleine l’après-midi. Les utilisateurs « prioritaires » sont les chercheurs des centres installés à la MSH, mais il y a aussi des lecteurs extérieurs, de plus en plus nombreux, et enfin les étudiants de doctorat de la VIe section. La bibliothèque dispose, pour des travaux importants, d’une Rotaprint R. 40.
55D’après les bulletins de prêt, ce sont les ouvrages de sociologie qui sont le plus fréquemment consultés. Viennent ensuite les ouvrages de psychologie, de linguistique et d’histoire. Le service est assuré par deux bibliothécaires et six assistantes bibliothécaires. Par sa fréquentation et aussi par son fonds, la bibliothèque occupe déjà une « place privilégiée » dans le réseau des bibliothèques françaises de recherche en sciences humaines : on y trouve le fonds général le plus important de périodiques (plus de 4 700 périodiques courants, dont un peu plus de 1 500 par abonnement) et d’ouvrages (plus de 40 000)43 couvrant l’ensemble des disciplines considérées, de même que des fonds spécialisés dans les domaines interdisciplinaires nouvellement explorés (environnement et développement, sociologie et politiques des sciences) et dans certaines aires culturelles (Chine, URSS, Afrique, Asie du Sud-Est, Japon, Caraïbes)44.
56Le centre de calcul offre pour sa part formations et conseils aux divers centres de recherche. La proximité d’un tel service a l’avantage de mettre en contact les techniciens et les chercheurs. C’est l’originalité de la MSH. Mais l’une des conséquences logiques d’une telle proximité est l’identification des premiers aux seconds. C’est ce qui se passe avec le Centre de mathématiques appliquées et de calcul qui « à la longue s’est, observe-t-on, constitué en un centre de recherche, allant à l’encontre de sa vocation originelle ». D’où la nécessité de sa restructuration45.
Axes thématiques et grands projets interdisciplinaires
57Déjà fort active sur différents fronts, la MSH risque de se disperser. Aussi cherche-t-elle à resserrer son action autour de quelques axes thématiques et à mettre sur pied de grands projets interdisciplinaires. Ces axes et ces projets sont les suivants :
581. Développement et environnement. La MSH lance un programme qui se distingue par son orientation générale – « Envisager les sociétés et civilisations dans une perspective synécologique » – et qui compte plusieurs activités. Elle organise également des colloques : les deux premiers, « Écologie et société en Mélanésie » et « Méthodes d’enquête ethnologique sur la conceptualisation et la classification des phénomènes naturels », sont organisés par Jacques Barreau et Maurice Godelier. Mais elle collabore aussi avec des organismes internationaux tels la Conférence des Nations unies sur l’environnement46, le Conseil international des sciences sociales et The Council of European Studies.
59Rapidement ces diverses activités conduisent à la mise en place de structures permanentes, tant sur le plan national qu’international, dans les domaines suivants : 1) Environnement et développement, 2) Économie politique de l’environnement, 3) Environnement et sciences sociales, 4) Planification à long terme et 5) Transfert des techniques. La MSH organise à l’automne 1973 un colloque international sur « Le changement dans les sociétés industrielles avancées » avec la participation de chercheurs français, américains et anglais47.
602. Sciences sociales et biologie. Initié dès 1969, ce programme commence par des rencontres informelles pour prendre ensuite un caractère plus institutionnel avec la création à la MSH d’un Comité permanent de sciences sociales et biologie. Parmi les premières activités du comité, il y a l’animation d’une section « Éthologie animale et humaine » dans la revue Information sur les sciences sociales, l’organisation de colloques internationaux, dont celui de mars 1973 sur « La logique de l’inférence du comportement animal au comportement humain » et, sur le plan national, dès l’automne 1972, d’une table ronde bimensuelle sur le thème « Langage et communication chez l’homme et l’animal ». Ces réunions ont un caractère nettement interdisciplinaire : de la neuropsychologie à l’anthropologie en passant par la linguistique.
613. Sociologie et politique de la science (projet PAREX). Contraction de Paris-Sussex, ce projet franco-britannique, mis sur pied par la MSH en 1970, s’articule autour de deux axes : la sociologie des sciences et science et développement48. La première activité est l’organisation, chaque année, de deux tables rondes, l’une à Paris et l’autre à l’université du Sussex. Ces tables rondes sont à l’origine de divers projets de recherche : une grande enquête européenne sur l’organisation de la recherche en sciences sociales sous la direction d’Elizabeth Crawford, une étude sur le fonctionnement de la communauté scientifique et des laboratoires de recherche fondamentale sous la direction de Gérard Lemaine, enfin une étude sur les processus historiques de la naissance de nouvelles disciplines sous la direction de Victor Karady et Bernard-Pierre Lécuyer49. Deux revues accueillent les contributions des membres du projet PAREX : Science Studies et Information sur les sciences sociales. Le secrétariat permanent est assuré par la MSH et les réunions à Paris se tiennent boulevard Raspail.
62Quelques années plus tard, à l’automne 1974 et grâce à l’appui financier de la DGRST, une nouvelle structure va voir le jour : le Club du GIF, qui se veut un groupement interdisciplinaire dont le but est de « favoriser la concertation et de susciter une information et une réflexion critiques sur les travaux de recherche dans le domaine composant ce que l’on appelle communément la recherche sur la recherche ou la science de la science50.
634. Mathématiques et sciences humaines. En plus d’abriter le Centre de mathématique sociale de l’EPHE (VIe section), dont le directeur est Marc Barbut, et le Service de calcul sciences humaines du CNRS, la MSH a son propre Service de mathématiques appliquées et de calcul. Un tel regroupement unique de centres et de services permet à la MSH de fournir, dès le début des années 1970, un soutien à diverses activités visant à établir une collaboration entre mathématiciens, statisticiens et chercheurs en sciences humaines. Les formules privilégiées sont : des séminaires, des colloques51 et des stages, l’objectif étant alors d’initier à l’informatique et à la statistique de nouveaux « utilisateurs », par exemple des chercheurs en sciences humaines, des géographes, ou des étudiants.
64La MSH sert enfin de cadre à plusieurs réunions auxquelles participent des chercheurs des centres installés dans la Maison ou associés. Certaines de ces rencontres prennent la forme de cycles de conférences ou de séminaires à l’EPHE. D’autres sont organisées spécifiquement par la MSH et portent tantôt sur l’utilisation des méthodes mathématiques et des moyens informatiques en sciences humaines, tantôt sur de grands thèmes de recherche tels le monde rural, l’histoire sociale de la classe dominante et du système d’éducation, la sociologie et la politique des sciences sociales, le fonctionnement des administrations publiques et des fondations privées. En collaboration avec l’INED et le CNRS, la MSH participe à l’organisation d’un grand colloque international qui se tient à Paris en 1972 et dont le thème est « La statistique en France ». Sans oublier quelques réunions d’associations internationales, par exemple l’Association des historiens et géographes de langue française et l’Association internationale des sociologues de langue française.
Information et Éditions, un enjeu central
65Plus que jamais soucieuse d’assurer la diffusion scientifique avec la publication de nombreuses bibliographies, la MSH crée à l’été 1973 un bulletin d’information spécialement consacré au progrès des sciences de l’homme. Ce bulletin s’intitule d’abord SEIS Informations puis MSH Informations. Il s’agit d’une initiative du Service d’échange d’informations scientifiques et la responsable de la rédaction est Anne-Marie Métailié, qui mène par ailleurs une enquête sur les fonctions de l’éditeur dans le champ intellectuel pour le laboratoire de Pierre Bourdieu52.
66De facture modeste, ronéotypé, et de 4 pages seulement, le premier numéro paraît en juillet 1973 ; numéroté 0, il se veut « expérimental », n’étant destiné qu’à susciter des réactions. On demande en effet aux lecteurs d’indiquer « le type d’information qu’ils aimeraient y trouver et les nouvelles qu’ils souhaiteraient diffuser ». La tâche que se donne le nouveau bulletin est simple, à savoir « donner régulièrement des informations sur les projets de recherche approuvés par le CORDES et la DGRST53, l’organisation de la recherche, les réunions et les congrès, les soutenances de thèse, les nouveaux périodiques, les ouvrages à paraître. Toujours expérimental, le deuxième numéro de SEIS Informations, numéroté 00, paraît en octobre suivant avec en première page une nouvelle chronique sur « Les centres et services de la MSH54 ». Le numéro 1 paraît finalement en décembre 1973.
67Ce bulletin, rédigé en collaboration avec les principaux centres de recherche hébergés par la MSH, met en évidence leurs réalisations les plus significatives tout en faisant le point sur l’organisation de la recherche. Sous la chronique « Informations scientifiques » sont listés leurs rapports, ce qui permet de constater le grand dynamisme de plusieurs d’entre eux : le Centre de recherches historiques, le Centre de sociologie européenne de Pierre Bourdieu, le Centre d’études des mouvements sociaux d’Alain Touraine, le GEMAS de Raymond Boudon.
68Il n’y a pas encore de service d’édition. Entre 1968 et 1973, les publications sont financées entièrement par l’EPHE et, dans certains cas, par les Éditions Mouton, qui en assurent la distribution. En 1974, l’EPHE met fin à sa participation, à un moment où les Éditions Mouton traversent une crise financière et administrative. S’impose alors une réorganisation afin de préserver un programme cohérent de publications. La MSH réalise des études sur différents types de publications et mène des pourparlers avec plusieurs maisons d’édition. Finalement, on prend la décision de créer un service d’édition propre à la MSH, avec des accords de coédition avec plusieurs éditeurs55.
Le renouvellement des conventions d’hébergement. L’antenne de Bordeaux
69En plus des centres de documentation et des centres de recherche, l’immeuble du boulevard Raspail héberge des associations et aussi des revues, comme les Annales et Social Science Information/Information sur les sciences sociales. Si l’on tient compte des surfaces qu’occupent centres et associations, les trois institutions principales associées au nouvel édifice sont le CNRS, avec 2 258 m2 (33,33 %), la fondation de la MSH, avec 2 223 m2 (32,79 %) et l’EPHE (29,23 %)56.
70Les conventions d’hébergement des centres et associations logés à la MSH57 doivent venir à terme le 1er avril 1974. Il faut donc les dénoncer et entreprendre des discussions avec chaque centre. Cependant, comme le signale Braudel, « les circonstances actuelles ne permettent pas de procéder à cette opération ». Aussi propose-t-il de prolonger d’un an l’ensemble des conventions tout en demandant à chaque centre de déposer un rapport présentant ses activités scientifiques. On veut aussi savoir quels sont les avantages pour les centres d’être à la MSH et quels services ils se rendent mutuellement58.
71Les rapports des différents centres de recherche étant jugés « satisfaisants », les membres du conseil d’administration acceptent, lors de la réunion du 8 juin 1974, de renouveler pour une durée de cinq ans à compter du 1er avril 1975 la convention d’hébergement de chacun d’entre eux. Ces centres sont les suivants : le Groupe d’étude des méthodes de l’analyse sociologique (CNRS), le Centre de recherche et de documentation sur la Chine contemporaine (EPHE), le Centre d’études indiennes des sciences sociales (EPHE), le Centre de mathématique sociale (EPHE), le Centre de recherches historiques (EPHE), le Centre de sociologie de l’éducation et de la culture (EPHE), le Laboratoire de psychologie (EPHE), le Centre d’études des mouvements sociaux (EPHE), le Centre d’études des relations internationales (FNSP), la Commission nationale pour les études et les recherches interethniques et l’Association internationale des sciences économiques.
72Pour la plupart, ces centres sont affiliés à l’EPHE. Certains ont changé de directeur et/ou de nom : le Centre de sociologie européenne laisse la place au Centre de sociologie de l’éducation et de la culture que dirige maintenant Pierre Bourdieu ; le Centre de sociologie industrielle se transforme en Centre d’études des mouvements sociaux sans changer de directeur (Alain Touraine). Par ailleurs, un centre obtient, à sa demande, le prolongement de son hébergement pour un an seulement : il s’agit du Laboratoire de psychologie sociale dirigé par Serge Moscovici et qui semble avoir des problèmes, son statut d’équipe de recherches associée au CNRS devant expirer en 197659.
73Afin d’accroître les revenus de la MSH, on pense sérieusement à exiger des centres de recherche hébergés une participation aux frais de fonctionnement de l’immeuble. C’est là une suggestion de la Cour des comptes. Charles Morazé soulève en réunion du conseil d’administration plusieurs objections : une telle participation des centres aux frais ne risque-t-elle pas d’entraîner une réduction de la subvention du ministère ? Une telle mesure ne deviendra-t-elle pas discriminatoire à la faveur des centres les mieux nantis ? Comment faire place à de nouvelles équipes et ainsi favoriser l’innovation scientifique ? Les membres du conseil adoptent une formule de compromis : d’un côté, ils acceptent le principe d’une participation des centres aux frais de fonctionnement de la Maison et de l’autre, ils proposent que le montant de cette participation soit laissé dans chaque cas à l’appréciation du conseil d’administration afin, si nécessaire et pour un temps limité, d’en dispenser les nouveaux centres ou équipes60.
74L’antenne de Bordeaux. La MSH a la charge de la MSH-Bordeaux dont la création en 1968 relève de la volonté de décentralisation du ministère de l’Éducation. Même si elle est partie intégrante de la MSH de Paris, cette « antenne » a une vocation régionale et ultramarine qui lui est propre. Elle est hébergée provisoirement dans les locaux du Centre de géographie tropicale. Un deuxième projet de construction est soumis en 1969 par les architectes Daurel et Guth. Le modèle est celui de la MSH de Paris : regroupement de centres (l’Institut de littérature et de techniques artistiques de masse et l’Institut des sciences humaines appliquées), mise en place de l’équipement mécanographique IBM, constitution de bibliographies à la demande de professeurs, recensement des bibliothèques et centres de documentation à Bordeaux, prêt interbibliothèques, organisation de séminaires-carrefours sur les techniques de recherche en sciences humaines, etc., réalisation de nombreuses enquêtes61.
75Les choses prennent cependant du retard. On ne s’attend pas à ce que le nouveau bâtiment soit construit avant 1974 : il s’agirait d’un bâtiment de deux étages avec une surface totale de 2 300 m2. Le crédit de fonctionnement dans le cadre de l’exercice de 1974 est de l’ordre de 150 000 francs. Reste enfin à régler le problème de la sélection des centres logés dans le futur bâtiment, et aussi celui de la désignation de l’administrateur de la MSH-Bordeaux comme membre de droit du conseil d’administration de la MSH62.
Notes de bas de page
1 Voir Soulié 2012.
2 À la VIe section de l’EPHE, il y a mobilisation des étudiants, des membres du personnel enseignant et aussi des chercheurs de l’École : création en juin 1968 d’un Comité de réflexion et d’information sur les problèmes propres à l’EPHE avec la participation d’étudiants, de directeurs d’études (Bourdieu, Furet, Le Goff, Morazé, Moscovici, Touraine, Vernant, etc.), de maîtres-assistants et de chefs de travaux (Chiva, Ferro, etc.). Par ailleurs, se créent des comités d’action à l’EPRAS et dans des laboratoires, dont le Laboratoire de sociologie industrielle et le Centre de sociologie européenne. Sont lancés des appels à manifestation contre la répression policière, le régime gaulliste et le capitalisme. Enfin l’on défend l’autonomie des universités tout en mettant en garde contre le danger pour celles-ci de trop dépendre des intérêts privés : formation professionnelle ultraspécialisée, diplômes uniquement valables sur un marché régional du travail, etc. (archives EHESS).
3 Commission « Intérieur », 22 mai 1968, 1 p., et « Commission bibliothèque », 23 mai 1968, 1 p. (archives EHESS).
4 Compte rendu de la réunion du comité de gestion provisoire de la MSH, le 8 juin 1968 (archives FMSH).
5 Ibid.
6 Compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 18 janvier 1969. La déclaration est mise « en annexe » du compte rendu (archives FMSH).
7 Ibid.
8 Compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 8 mars 1969 (archives FMSH).
9 Ibid.
10 Fort actifs dans ce programme, les chercheurs du Centre d’études des mouvements sociaux que dirige Touraine signent plusieurs rapports et articles : en plus de Michel Amiot et Michel Freitag, il y a Antoinette Chauvenet, Jacques Saliba et François Steudler sur l’hôpital français, Alain Drouard et Claude Gruson) du ministère de l’Éducation nationale.
11 Rapport d’activité pour l’année 1969. Les autres centres de documentation sont : le Centre de documentation sur l’Afrique noire, le Centre de documentation sur l’Extrême-Orient, le Centre de documentation en ethnologie comparée. Ce dernier organise des séminaires d’initiation aux méthodes d’anthropologie culturelle comparée avec Isac Chiva, Jean Cuisenier, Roberto Miguelez et publie Le pouvoir politique de Jean-William Lapierre et Les signes de naissance de Nicole Belmont.
12 Par exemple, Georges Haupt part en Israël pour l’étude de la fédération ouvrière socialiste de Salonique, interrogeant tant les chercheurs que les anciens militants, puis à Skopje pour un colloque sur l’histoire du mouvement ouvrier, et enfin en Yougoslavie ; Claudie Weill va à Amsterdam pour y étudier les documents du Bureau socialiste international (BSI), et enfin Monique Armand va en Suède pour l’étude de fonds russes.
13 Maison des sciences de l’homme, rapport d’activité pour l’année 1968 : 15-17 (archives FMSH).
14 Alors à Bordeaux, Raymond Boudon vient d’éditer avec Paul Lazarsfeld deux ouvrages importants sur les méthodes en sciences sociales : Le vocabulaire des sciences sociales et L’Analyse empirique de la causalité.
15 Lettre de Philippe Olmer, directeur général des Enseignements supérieurs du ministère de l’éducation nationale à Monsieur l’Administrateur (Fernand Braudel), 16 février 1969 (archives FMSH).
16 Compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 18 janvier 1969 (archives FMSH).
17 Conscient que « l’organisation rationnelle d’une politique des sciences humaines nécessiterait, à la vérité, la libre disposition d’une surface utile supérieure », l’on prend, au ministère de la Justice, la décision de regrouper les services dans un autre immeuble que celui du Cherche-Midi (lettre de Jean-Marcel Jeanneney, garde des sceaux, ministère de la Justice à Edgar Faure, ministère de l’Éducation nationale, archives FMSH). Le choix va se porter sur un immeuble place Vendôme, mais l’opération peut prendre trois ans. Par ailleurs, une partie de la Maison resterait à la disposition du ministère de la Justice, à savoir une surface limitée à la moitié de ce qui avait été prévu. Pour Bataillon, c’est « une lumière au bout d’un long tunnel » (compte rendu de la réunion du conseil d’administration du samedi 7 juin 1969, archives FMSH).
18 MSH, rapport d’activité pour l’année 1968 : 8. Le rapport ne fournit aucune explication au sujet de l’arrêt des travaux entre le 17 mai et le 14 juin 1968 (archives FMSH).
19 MSH, rapport d’activité pour l’année 1969 : 4 (archives FMSH).
20 Ibid.
21 Ce sont le Centre d’analyse et de recherche documentaire pour l’Afrique noire (CARDAN) qui doit quitter les locaux mis à sa disposition par la faculté de Nanterre, le laboratoire de psychologie de François Bresson et le groupe d’études psychosociologiques de Serge Moscovici, ces deux centres ne pouvant entreprendre une série d’expérimentations en raison de l’exiguïté de leurs locaux (ibid. : 5).
22 Par ailleurs la MSH prend contact avec des peintres et des sculpteurs qui pourraient accepter d’exposer bénévolement leurs œuvres dans le nouveau bâtiment, dont « l’architecture se prête, pense-t-on, particulièrement à une telle utilisation » (MSH, rapport d’activité pour l’année 1970 : 4, archives FMSH).
23 Le problème est tel que le Service constructeur de l’académie de Paris suspend tous les appels d’offres à la société Carrier tant que « les installations de conditionnement de l’air ne fonctionneraient pas parfaitement » (MSH, rapport d’activité pour l’année 1970 : 3, archives FMSH).
24 « Pierre Achard », MSH Informations, no 74, hiver 1997-1998 : 2.
25 Ibid. Voir aussi « Bibliographie de Pierre Achard, 1967-1997 », MSH Informations, no 86, 1998 : 147-162.
26 Ibid. : 5.
27 Les autres sont rattachés à diverses institutions, certes la Fondation nationale des sciences politiques, mais aussi diverses universités parisiennes, Paris I, V, VII et VIII, l’Association internationale des sciences économiques, l’Institut national de la recherche agronomique.
28 Compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la Maison des sciences de l’homme du 30 juin 1973 : 4-5 (archives FMSH).
29 Ces changements exigent une modification de l’article 3 des statuts de la Fondation (compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 18 décembre 1971, archives FMSH).
30 Compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH du 19 juin 1973 (archives FMSH).
31 Ibid. : 7.
32 Cela est réaffirmé dans le rapport d’activité 1979, partiellement mis à jour le 30 novembre 1980 : 11 (archives FMSH).
33 En 1975, la VIe section s’émancipe administrativement de l’École pratique des hautes études pour devenir l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) dotée du statut d’établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel.
Né à Paris, François Furet (1927-1997) est agrégé d’histoire ; d’abord chef de travaux en 1954, puis maître de conférences en 1964 à la VIe section de l’EPHE, il est nommé directeur d’études en 1966. Après mai 1968, il devient conseiller du ministre de l’Éducation nationale, Edgar Faure. En 1977, il est élu président de l’EHESS, succédant alors à Jacques Le Goff.
34 Ces changements (qui amènent le remplacement des doyens des facultés de droit et sciences économiques et de la faculté des lettres et sciences humaines par les présidents des deux universités parisiennes) obligent à une modification de l’article 3 des statuts de la Fondation (compte rendu de la réunion du conseil d’administration du 18 décembre 1971, archives FMSH).
35 Il s’agit de faire face à divers travaux (électricité, menuiserie, installation d’un système de sécurité et d’alarme, installation d’une barrière et d’une guérite à l’entrée du garage, réparation de dégâts) sans oublier l’achat de livres et de périodiques supplémentaires et les frais de publication pour la MSH-Bordeaux (compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la MSH, le 16 décembre 1972, archives FMSH).
36 Les autres recettes proviennent de la participation des institutions hébergées aux frais d’exploitation de l’immeuble : ministère de la Justice (330 000 francs), CNRS (550 000 francs), EPHE et Commission nationale d’études interethniques (322 400 francs), Fondation nationale des sciences politiques (31 500 francs) et Association internationale des sciences économiques (7 500 francs).
37 Ibid. : 8.
38 Réunion du conseil d’administration du 29 janvier 1971 (archives FMSH).
39 Lettre de Marcel Lods à Monsieur l’administrateur, Fernand Braudel du 7 mars 1972 (archives FMSH).
40 Alain Guellec, 1973, « À Lanhélin, le sculpteur paysagiste israélien », Ouest-France (archives FMSH).
41 Cabinet Lods, Depondt, Beauclair, 1973 (archives FMSH).
42 Les dernières nouvelles d’Alsace, 9 août 1973.
43 L’achat de livres est de l’ordre de 3 000 par an, dont plus de la moitié sont des ouvrages étrangers. Un nombre important d’ouvrages est aussi donné par des chercheurs associés à la MSH (Pierre Bourdieu, Fernand Braudel, Alfred Sauvy, Alain Touraine) : plus de 1 500 en 1972. La revue Annales transmet enfin régulièrement des ouvrages reçus en service de presse.
44 Sans oublier les catalogues de grandes bibliothèques nationales (British Museum, Library of Congress) et de bibliothèques spécialisées (Peabody Museum) et les fameuses fiches Human Relations Area Files de Yale. Entreposé au Collège de France et géré par le Laboratoire d’anthropologie sociale, ce fichier comprend plusieurs millions de fiches concernant 415 ethnies.
45 Le personnel même du centre ne s’oppose pas à une telle restructuration mais à la condition que soit maintenue une infrastructure comprenant une bibliothèque spécialisée, un secrétariat et une équipe de statisticiens-conseils (compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la Maison des sciences de l’homme du 16 décembre 1972 : 8, archives FMSH).
46 La Conférence des Nations unies sur l’environnement se montre disposée à fournir en 1972 une subvention annuelle de 100 000 dollars au Centre international de recherche sur l’environnement et le développement de l’EPHE.
47 Parmi les participants, on retrouve Jean-Jacques Salomon (OCDE), John Goldthorpe (université d’Oxford), Robert Alford (université de Wisconsin), Leon Lindberg (Dotation Carnegie).
48 Les animateurs du premier axe sont Gérard Lemaine et MacRoy MacLeod et ceux du deuxième, Ignacy Sachs, Charles Cooper et Geoffrey Oldham.
49 Ce sont des chercheurs du CNRS : Victor Karady du Centre de sociologie de l’éducation et de la culture, Bernard-Pierre Lécuyer du Groupe d’étude des méthodes de l’analyse sociologique (GEMAS). Les trois projets reçoivent un financement du CNRS, le premier, nettement européen, est aussi financé par le Social Science Research Council pour l’Angleterre, le Statens Samfunsvidenskablige Forskningrad pour le Danemark et la Volkswagenstiftung pour l’Allemagne.
50 « Club du GIF », MSH Informations, no 5-6, janvier 1975. La première réunion du Club du GIF se tient en juin 1975. Le secrétariat comprend : Jacques de Bandt, Jean de Kervasdoué et Bernard-Pierre Lécuyer.
51 Par exemple le séminaire sur « Mathématiques et praxéologie » avec Raymond Aron et Georges Théodule Guilbaud en 1971-1972 et deux colloques sur l’enseignement des mathématiques pour les géographes, l’un en 1970 et l’autre en 1973.
52 C’est dans le cadre de cette enquête qu’Anne-Marie Métailié rencontre Jérôme Lindon, directeur des Éditions de Minuit, qui devient son « informateur indigène ». Cette rencontre est déterminante : Métailié ne rédige pas son rapport mais elle découvre sa vocation et en 1979, elle devient elle-même éditeur : « J’ai donc plongé dans le grand bain, en toute ignorance et sans argent, pour publier des sciences humaines » (Eliard et Métailié 2008).
53 Alain Touraine pour son étude sur les conditions politiques de la planification urbaine (contrat géré par l’Association Marc Bloch) ; Serge Mallet pour celle concernant le mouvement syndical en Europe occidentale ; Edgar Morin pour une recherche sur les tendances nouvelles et les contre-tendances en milieu urbain (Fondation Royaumont) ; Elizabeth Crawford pour ses travaux sur les chercheurs et l’organisation de la recherche en sciences sociales en France ; Pierre Bourdieu, Luc Boltanski et Pascale Maldidier sur les transformations de la position de la science dans la culture moyenne.
54 On annonce la location pour le SEIS de deux terminaux IBM, l’un à écran cathodique, IBM 3277, et l’autre, un terminal à imprimante à boule, IBM 2714, tous deux reliés à des ordinateurs puissants.
55 Rapport d’activité 1977 : 75 (archives FMSH).
56 Il y a aussi : la FNSP, 200 m2 (2,95 %), la Commission nationale d’études interethniques, 67 m2 (0,99 %) et l’Association internationale des sciences économiques, 48 m2 (0,71 %) (Maison des sciences de l’homme, rapport d’activité pour l’année 1972 : 5-6 (archives FMSH).
57 Plusieurs centres ou associations ne sont pas encore hébergés : le Centre d’analyse et de recherche documentaire pour l’Afrique noire (CARDAN), le Centre d’études des communications de masse, le Centre d’étude sur l’URSS et les pays slaves, le Centre européen de sociologie historique, le Centre de sociologie des organisations, le Laboratoire d’anthropologie sociale (qui sera éventuellement hébergé au Collège de France), le Laboratoire de cartographie. D’autres le sont dans les locaux d’autres formations : l’Association française des historiens économistes, le Centre d’enseignement de l’informatique, le Centre d’études chinoises, le Centre de recherches d’histoire des sciences et des techniques (Centre Alexandre Koyré), le Comité des sciences de l’information et de la communication (rapport d’activité pour l’année 1972 : 4-5, archives FMSH).
58 Compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la Maison des sciences de l’homme du 30 juin 1973 : 5 (archives FMSH).
59 La convention d’hébergement de ce centre est dissoute avant cette date, en janvier 1975, mais les locaux restent occupés par ses membres. « Toute décision de réaffectation est reportée, car le réemploi d’un matériel aussi spécialisé ne peut pas s’envisager sans qu’une prospection ait lieu auprès des utilisateurs éventuels ». (compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la Maison des sciences de l’homme du 21 juin 1975 : 5, archives FMSH).
60 Compte rendu de la réunion du conseil d’administration de la Maison des sciences de l’homme du 16 décembre 1972 : 5 (archives FMSH).
61 Ces enquêtes portent sur divers aspects socio-économiques de Bordeaux et de sa région : le logement, les migrations et les travailleurs étrangers, l’équipement touristique. Plusieurs études portent sur la situation des étudiants universitaires : études des débouchés, problèmes des résidents en cités universitaires. On fait aussi plusieurs dépouillements statistiques sur la base des recensements. Enfin, grâce à des contrats et en collaboration avec l’Institut d’études politiques de Bordeaux, une nouvelle enquête vient d’être entreprise : elle a pour thème la « conscience de communauté » (MSH, rapport d’activité pour l’année 1969 : 49-50, archives FMSH).
62 Un tel changement exige une modification des statuts et aussi l’existence légale de la MSH-Bordeaux. Le nouvel administrateur est Jean Borde, jusqu’alors administrateur adjoint.
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