Chapitre 5. Les promesses du Plateau briard pour nourrir le Grand Paris
p. 133-158
Texte intégral
1Sous différentes dénominations (circuits courts et de proximité, relocalisation alimentaire, système alimentaire localisé, entre autres), la territorialisation alimentaire est aujourd’hui un champ de recherches investi essentiellement par des sociologues, des géographes et des économistes. Ces recherches prennent pour objet des initiatives concernant le développement de systèmes agri-alimentaires à l’échelle d’un territoire, émanant non seulement du monde agricole et d’institutions publiques, mais aussi de nouveaux acteur·rice·s. Une des premières définitions des systèmes agri-alimentaires territoriaux, proposée par la sociologue Claire Lamine, les appréhende en tant que « système sociotechnique d’acteurs et de conventions et de relations entre eux, englobant les agriculteurs certes, mais aussi le conseil, la recherche, les acteurs de l’amont et de l’aval des filières, les politiques publiques et les instances de régulation (réglementation des phytosanitaires, des pollutions, des semences et de la qualité des produits notamment), les consommateurs et la société civile » (Lamine 2011 : 129-130). Dans cette perspective, « l’entrée territoriale » est considérée comme « facilit[ant] l’identification des acteurs de ce système […] et l’analyse des interactions et des modalités de coordination à l’œuvre » (ibid. : 130). Les territoires administratifs (agglomération, pays, département, région, etc.) servent ainsi de cadres pour l’analyse du rôle des différent·e·s acteur·rice·s.
2D’autres travaux observent l’intégration de l’agriculture à la réglementation et à la planification des projets urbains. Ils analysent les liens entre ville et agriculture et montrent que ce n’est pas la localisation urbaine ou périurbaine qui importe, mais les liens fonctionnels que l’agriculture entretient (ou non) avec la ville (Donadieu et Fleury 1997 ; Perrin et Soulard 2014 ; Le Caro et al. 2016). La capacité de ces systèmes à établir de « nouveaux » liens entre producteur·trice·s et mangeur·se·s, ou à s’inscrire en rupture avec le « système dominant » (Le Velly 2017 ; Deverre et Lamine 2010), est également interrogée. Pour certain·e·s, ces systèmes constituent une forme de réponse à la concurrence foncière, aux demandes sociales multiformes, tout en permettant l’émergence d’innovations dans les modes de commercialisation (Bryant 2007 ; Poulot 2014 ; Torre et al. 2013). La justice alimentaire est également une perspective adoptée pour interroger la capacité de ces projets à permettre l’accès au plus grand nombre à une alimentation saine et de qualité (Hochedez et Le Gall 2016). Enfin, des recherches prennent pour objet des projets locaux valorisant l’agriculture et l’alimentation pour mettre en exergue les promesses du local (Paddeu 2017 ; Born et Purcell 2006 ; Salomon Cavin 2012 ; Hochedez 2014) ou observer les usages de la notion de proximité (Torre et al. 2013 ; Guiomar 2014).
3Ces recherches, loin d’en avoir établi ici une liste exhaustive, ont en commun de s’intéresser à l’organisation de filières d’approvisionnement alimentaire en émergence, mettant le plus souvent en relation les zones agricoles en périphérie de métropoles nationales ou régionales avec les centres urbains, et à la manière dont elles transforment les relations ville-campagne. L’agriculture périurbaine qui était marquée par la question des aménités vertes (Bonnefoy et Brand 2014) est alors revisitée par la question alimentaire.
4Ma recherche, elle, s’intéresse également à la recomposition des relations ville-campagne à l’aune du renouvellement des problématiques alimentaires, mais en s’attachant plus particulièrement à la constitution et la performativité d’un récit territorial portant sur la préservation des espaces agricoles du Plateau briard, dans le Val-de-Marne. À la différence des travaux précédemment cités, elle prend pour élément central non pas les relations qui se nouent dans les systèmes d’approvisionnement alimentaire, mais ce que ces relations impliquent du point de vue de la production agricole. Le cas considéré dans ce chapitre concerne surtout la capacité d’un récit centré sur un espace agricole à devenir un mythe public mobilisateur. Cette notion fait écho à une des promesses des systèmes alimentaires alternatifs, telles que les analyse Ronan Le Velly (2017). La multiplication des événements autour de l’agriculture en ville m’a permis de constater la volonté, existante aux différents échelons politico-administratifs de la région parisienne, d’un « retour de l’agriculture en ville » comme élément de la programmation urbaine et du discours politique. En ce sens, les récits sur l’histoire des liens entre les sites d’implantation des villes et la fertilité de leurs sols ne véhiculent-ils pas de nouvelles promesses pour la ville durable ? C’est dans cette perspective que s’inscrit ce texte.
5Comme cela a été le cas dans d’autres grandes villes1, dans un contexte où l’écologie n’est plus (uniquement) un moteur de construction de contre-société, mais (aussi) un moteur de transformation sociale (Manceron et Roué 2013), des acteur·rice·s politiques et public·que·s, à différentes échelles au sein de la métropole du Grand Paris, ont entamé depuis quelques années une réflexion concernant l’approvisionnement et la production alimentaire du « territoire capitale ». Je fais l’hypothèse que le territoire n’est pas seulement un cadre pour l’analyse de la transformation des modes de production. La notion de territoire revêt tout autant une dimension géographique qu’anthropologique et désigne aussi bien les « aspects formels : distribution dans l’espace de matérialités naturelles et construites, découpages politiques, juridiques et administratifs ; [que les] aspects liés au sens de ces formes : idéologies spatiales, représentations, systèmes de valeurs » (Lévy et Lussault 2003 : 907-908). Aussi, il me semble que des attentes diverses exprimées par une multitude d’acteur·rice·s concernant les systèmes de production agricole du Plateau briard s’agrègent (Lepiller 2019) autour de l’objectif commun du développement des cultures maraîchères. Chacune de ces attentes apportant un élément au récit, ensemble elles dessinent de nouveaux rapports à ce territoire. Elles le marquent, pour reprendre l’expression de Gilles Deleuze et Félix Guattari (1980).
6Au fil de l’enquête, rassemblant des témoignages auprès de producteur·rice·s – un des derniers céréaliers de la petite couronne parisienne, des maraîcher·ère·s vendant sur les marchés parisiens depuis plusieurs générations et des « néopaysan·ne·s » (Dolci et Perrin 2017) venu·e·s à la terre après une reconversion professionnelle – ainsi que d’élu·e·s de plusieurs échelons politiques, je me suis demandé quels étaient les transformations, les soubresauts et les ruptures de ce récit. En d’autres mots, je me suis interrogée sur son historicité. Ce texte résulte de l’observation de plusieurs cycles de concertations, de réunions de travail, de l’analyse d’archives et d’une trentaine d’entretiens semi-directifs avec des acteur·rice·s institutionnel·le·s et des producteur·rice·s. Bien que ma recherche ait aussi concerné les usages des lieux des producteur·rice·s et des mangeur·se·s, ce texte analyse principalement le rôle des acteur·rice·s politiques et institutionnel·le·s pour saisir quelques-unes de la multitude des couches de sens et de valeurs qu’ils et elles engagent dans cette entreprise de territorialisation alimentaire.
7Enfin, à la suite de certains travaux qui ont analysé les stratégies discursives de distinction servant des intérêts économiques privés (Hochedez 2014), on s’interrogera ici sur les liens entre la carrière de valorisation de la production agricole périurbaine et la trajectoire de mise en valeur d’un territoire comme celui de la métropole du Grand Paris.
« “La ville a toujours payé pour que la campagne s’en aille” ? Eh bien, il fallait prouver que la ville avait besoin d’eux2 »
8Périgny-sur-Yerres est la deuxième commune la moins peuplée du Grand Paris (2 684 habitants) et celle qui compte la proportion la plus importante de terres agricoles par habitant de la métropole3. Elle est située à la pointe sud-est du Val-de-Marne, sur le Plateau briard, à une vingtaine de kilomètres de Notre-Dame-de-Paris. Michel Lucas en a été le maire pendant près de trente ans, de 1967 à 1995. « On me présente un peu comme celui qui sait arrêter la ville », aime-t-il raconter, assis sur sa terrasse d’où on peut contempler le cours tranquille de la rivière l’Yerres. En 1964, alors qu’il vient de s’installer avec sa famille dans la commune, il rencontre lors d’un dîner chez son beau-frère Paul Delouvrier, qui deviendra préfet de la région parisienne en 1966 (Vadelorge 2012). Le général de Gaulle vient de confier à ce dernier la réorganisation de la région parisienne : « Vous êtes huit millions en Île-de-France, on me dit que vous allez être dix-huit. Je ne saurai tolérer plus de douze, prenez vos dispositions », aurait-il ordonné. Pour mieux comprendre la portée de cette formule, il convient de rappeler quelques éléments de contexte.
9Cette réorganisation s’inscrit dans l’élaboration d’un schéma d’aménagement du territoire à l’échelle régionale (le schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme de la région de Paris, SDAURP). Dans ce schéma sont définies les zones par secteur d’activité et d’usage : logement, espaces de nature et de loisirs, pôles économiques. L’élément structurant est le choix de créer plusieurs villes nouvelles autour de Paris afin de favoriser le desserrement de la région et de développer des pôles d’activités autonomes. Il s’agit de Marne-la-Vallée, Melun-Sénart, Évry, Saint-Quentin-en-Yvelines et Cergy-Pontoise. La plupart d’entre elles sont construites sur des plateaux agricoles : les plateaux de Trappes et de Brie, la plaine de Versailles, notamment. Les espaces agricoles sont perçus comme des zones blanches sur lesquelles peuvent être projetés des aménagements en rencontrant peu de contraintes4. S’enquérant de ces futurs aménagements, Michel Lucas interroge le préfet : comment contenir l’étalement urbain entre ces villes ? Paul Delouvrier lui aurait répondu que « [sa] formation à Polytechnique lui donne des compétences pour des villes… mais [qu’il] ne sai[t] pas faire des non-villes ! » (Lucas 2014 : 22). Ingénieur agronome de formation, le jeune homme lui propose de maintenir ces interstices cultivés par des paysans : « les hommes du pays et du paysage », écrit-il dans le livre qui retrace son parcours (ibid.).
« Périgny écrasé5 ! »
10Trois ans plus tard, alors que Michel Lucas a été élu conseiller municipal, il apprend que les terres agricoles de Périgny-sur-Yerres sont directement visées par cette réorganisation de l’Île-de-France. Alors que ce bourg agricole ne compte que quatre cents habitants, le plan d’aménagement de la région de 1965 prévoit que l’autoroute A5 Paris-Bâle traverse les champs à quelques centaines de mètres du village. La construction d’un grand échangeur doit permettre la liaison avec l’autoroute A4. D’autres projets planifient la construction d’immeubles de logements à proximité de ces accès routiers (fig. 5.1).
Fig. 5.1 – Plan d’un projet d’aménagement sur les espaces agricoles, à Périgny-sur-Yerres

Source : « Compte rendu de trente ans de mandat... », op. cit., p. 7.
11« C’est vrai que j’ai eu le béguin pour cette commune et en même temps j’en ai frissonné quand j’ai vu ce que ça risquait de devenir… », m’a-t-il confié en retraçant les étapes de son opposition à l’urbanisation du Plateau briard, grand plateau argilo-limoneux où ce bout de Val-de-Marne est situé. Ce « trouble », le sentiment devant ce qui est perçu comme une agression contre des valeurs vécues comme constitutives, voire existentielles (Hache 2011), est la première étape de ce qui se constitue peu à peu en problème public (Cefaï 1996 ; Tonnelat 2012). Le jour où le maire d’alors présente au conseil municipal un projet de logement collectif, Michel Lucas perçoit cette situation comme problématique et n’aura de cesse de la faire exister dans l’arène publique (Cefaï 1996) durant plusieurs décennies. Élu maire suite à la démission du maire précédent, il cherche à s’assurer le soutien d’un public large, au-delà des habitant·e·s et des producteur·trice·s, en se tournant vers les élu·e·s du département, de la région et des communes voisines, afin de maintenir l’activité agricole sur le plateau. Il enquête auprès des services d’aménagement de l’État, se renseigne sur les dispositifs existants permettant à une commune de décider de son aménagement. L’aménagement du territoire est alors une prérogative largement aux mains des services de l’État. Certains dispositifs dont les communes ont la compétence, à l’instar du plan d’occupation des sols (POS), permettent toutefois aux élu·e·s de décider des orientations d’aménagement. Périgny-sur-Yerres est une des premières communes à mobiliser cet outil permettant de définir les droits à construire sur chaque parcelle. L’équipe municipale fait le choix de limiter drastiquement toute construction sur les sols agricoles.
Des agriculteurs « gardiens des espaces non construits6 »
12Jusqu’alors, Paris et les villes de la première couronne se sont étendues progressivement sur les terres maraîchères, poussant leurs exploitant·e·s à s’installer sur les terres de grandes cultures, desquelles les agriculteur·rice·s céréalier·ère·s ont été amené·e·s à s’éloigner à leur tour. Après avoir été exproprié·e·s, certain·e·s maraîcher·ère·s ne se sont pas réinstallé·e·s en région parisienne, d’autres encore ont changé d’activité agricole (Phlipponeau 1956 ; Ossard 1979). De telle sorte que les denrées que consomment les Parisiens viennent d’un bassin alimentaire qui s’accroît au fil des décennies (Bognon et al. 2018)7. En effet, depuis la Seconde Guerre mondiale, la dynamique spatiale de l’agriculture a échappé pour l’essentiel à l’influence des villes proches et s’est caractérisée par une concentration géographique des productions et par la spécialisation agricole des régions (Bonnefoy et Brand 2014). Pour protéger les espaces agricoles du Plateau briard, le maire propose alors de prendre le contre-pied de ce processus en accompagnant l’installation de paysan·ne·s là où des logements devaient être construits. Afin de rendre attractifs ces espaces vides, il élabore au fil des années un récit sur le potentiel de ces espaces : favorables au bien être pour les citadin·e·s, propices à la promenade et à la qualité de leur alimentation (Lucas 2014). Cela implique de développer le maraîchage à la place des grandes cultures :
(Michel Lucas, se remémorant une séance d’un conseil municipal de Périgny-sur-Yerres en 1970, s’adressant à ses adjoint·e·s et aux conseiller·ère·s municipaux·ales.) Je leur ai dit à ce moment-là : « Bah voilà, ou nous sommes fusionnés avec la commune de Mandres8… – Pas question ! – Ou nous devenons une grande ville de 30 000 habitants au croisement de deux autoroutes, voilà ce qu’on me promet, la mairie sera au septième étage, ce sera la porte de Paris, quoi. – Pas question ! – D’accord. Ceci dit, qu’est-ce qu’on veut être, qu’est-ce qu’on peut être ? » Alors je leur ai fait la proposition suivante : « Tout ce qui est agricole restera agricole mais on le fera évoluer vers le marché proche qui a besoin de nous. Parce que tous que vous êtes là, ici, vous avez tous fait un peu de maraîchage, et déjà en voiture à cheval vos parents ou autres ont été vendre les légumes à Paris et en banlieue, il faut que ça continue. […] tout ce qui est le vieux village, je veux qu’il soit protégé » (Entretien avec Michel Lucas, réalisé à son domicile à Périgny-sur-Yerres le 16 juin 2017).
13Au début des années 1970, les agriculteur·rice·s du Plateau cultivaient en grande partie des céréales et des betteraves, à côté desquelles ils avaient quelques parcelles de légumes destinées à la vente sur les marchés parisiens et de petite couronne (Ossard 1979 ; Trochet et al. 2003 ; Phlipponeau 1956). Assurer la transition des grandes cultures au maraîchage implique des investissements relativement lourds dont une part importante est garantie par l’achat des parcelles par les maraîcher·ère·s (Lucas 2014 : 105) : un forage pour arroser les légumes, des voiries pour circuler entre des parcelles, un schéma architectural pour construire des logements à proximité des cultures. Les ressources, tant financières que techniques, auxquelles le maire et son équipe tentent d’accéder en sollicitant les instances agricoles – direction départementale de l’Agriculture et SAFER9 – en premier lieu, et politiques – ministère de l’Agriculture, préfecture, conseils départemental et régional – en second lieu constituent le socle d’un savoir pour l’action (Cefaï 1996). L’enjeu pour le maire est que l’équipe municipale puisse maîtriser l’ensemble du processus et ses leviers. Le moteur de l’action est clairement rendu public10 : il faut pérenniser ces espaces agricoles. Ces sols qui alimentent une partie de la population de l’agglomération parisienne sont un bien commun (Donadieu et al. 2016), dont les agriculteur·rice·s pérignon·ne·s sont les gardien·ne·s. « Non, nous ne serons pas la banlieue », écrit le maire au début des années 197011. Cet espace est un élément rural, mais dont la ville doit considérer la valeur pour profiter de ses atours.
« Un espace de rencontre entre le monde rural et le monde citadin pour leur bien-être réciproque12 »
14Fin 1977, le « complexe agrotouristique du domaine Saint-Leu » est finalement inauguré, en présence de Michel Giraud, le président du conseil régional, et d’Alain Bauer, le président du Sénat (fig. 5.2). Ce « potager d’un million de mètres carrés » (Entretien avec Michel Lucas, le 16 juin 2017) est un des premiers pôles maraîchers d’Île-de-France (Poulot 2011).
Fig. 5.2 – Plan du domaine Saint-Leu

Source : Lucas (2014 : 63).
15Avec l’entremise de la SAFER, en 1977, douze familles ont acheté par lot de cinq ou sept hectares les soixante-dix hectares de foncier. Parmi elles, certaines avaient une activité agricole dans d’autres secteurs de la région parisienne avant d’en être expulsées pour laisser place à des opérations de construction. Avant de s’installer, quelques-un·e·s des maraîcher·ère·s étaient salarié·e·s agricoles sur le Plateau, ou y conduisaient déjà une petite exploitation. Enfin, une famille travaillait dans le secteur des semences horticoles dans le sud de la région. La préservation des terres agricoles de Périgny-sur-Yerres fait partie du projet de l’équipe municipale de faire de la commune un « espace de rencontre entre le monde rural et le monde citadin pour leur bien-être réciproque13 ». En plus de l’aspect alimentaire, sont valorisées les dimensions patrimoniales et paysagères de cet aménagement, donnant une spécificité au cadre local dans lequel il s’insère.
16Bien qu’il soit le principal porteur de ce récit, Michel Lucas a travaillé de manière étroite avec l’ensemble de l’équipe municipale, et en particulier un de ses adjoints, maraîcher sur le Plateau. Les élu·e·s des quatre autres communes du Plateau briard où se trouvent également des terres agricoles (Mandres-les-Roses, Villecresnes, Santeny et Marolles-en-Brie) ont également contribué à étendre la protection de l’activité agricole à l’ensemble de ce secteur. À travers ses interventions publiques et la publication d’un ouvrage (Lucas 2014), il en apparaît néanmoins comme la principale figure. Il est à l’image de ceux que Ronan Le Velly désigne comme les « entrepreneurs de cause », pour souligner la capacité de certaines personnes à mobiliser un public large autour d’eux et de la cause qu’ils ont fait émerger (Le Velly 2017 : 54). Ce maire joue de sa formation tantôt d’ingénieur, tantôt d’agronome, tantôt d’entrepreneur. Il se saisit des institutions compétentes et cherche d’autres possibilités d’action lorsque celles qui sont envisagées ne s’accordent pas à ses attentes. Il présente l’expérience de Périgny dans les milieux émergents de l’expertise environnementale14. Il joue des coudes pour faire exister sa commune aux yeux de ce public qui commence à se constituer autour de la préservation des sols agricoles ailleurs en Île-de-France, comme sur la plaine de Versailles, dans le Gâtinais ou le Vexin (Lozato 1983). La forme que prend l’engagement de ce maire, à la croisée d’un engagement public et militant, contribue à faire d’une situation problématique locale une question visible et discutable au-delà de sa commune. Attaché à cette commune dans laquelle il s’était installé préférant élever ses enfants à la campagne plutôt qu’en ville, Michel Lucas devient une figure reconnue dans le Val-de-Marne, acquérant grâce à son expérience en matière de protection des sols un capital symbolique et politique.
17En 1995, lorsqu’il achève son dernier mandat, le sommet de la Terre s’est tenu à Rio trois ans plus tôt, en 1992. Dans la déclaration sur l’environnement et le développement qui s’en est suivie, les élu·e·s locaux·ales sont des acteur·rice·s mis·e·s en avant pour aborder le virage écologique15. Le slogan « penser global, agir local » a fait des émules. Bien qu’il ait abandonné tout mandat électif, Michel Lucas continue à participer aux réflexions concernant les aménagements du Plateau, en tant que maire honoraire et membre, aux côtés d’autres ancien·ne·s élu·e·s, d’une association pour la qualité de vie sur le plateau de Brie.
« C’est pas l’objectif d’autosuffisance alimentaire que l’on a à se donner16 »
18Dans une salle des archives départementales du Val-de-Marne, une matinée de février 2017, Michel Lucas revient sur cette expérience devant un parterre d’élu·e·s, de producteur·rice·s, d’architectes, d’urbanistes et de représentant·e·s associatif·ve·s, à l’occasion d’une conférence intitulée « La place des espaces agricoles du Val-de-Marne dans le périmètre métropolitain du Grand Paris ». Elle est organisée par le conseil départemental du Val-de-Marne dans le cadre des Rencontres de l’agriculture périurbaine en Val-de-Marne17. Cette rencontre a pour objectif d’envisager les voies possibles de conciliation entre les impératifs de construction de logements18 et la préservation des espaces agricoles19. Cette démarche entend tordre le cou à la définition qu’a pu donner François Ascher de la métropole, à savoir des grandes cités « qui ne produisent pas elles-mêmes leurs moyens de subsistance alimentaire » (Ascher 2001 : 11). Idée que l’on retrouve dans l’expression « hungry city » proposée par Carolyn Steel, une architecte anglaise auteure d’un ouvrage éponyme dont le sujet est l’évolution du système alimentaire londonien (Steel 2008)20.
L’agriculture « un élément urbain » et de « compromis »21
19Dans l’assistance, l’expérience du domaine Saint-Leu fait figure de précédent en termes de protection des terres agricoles de ce secteur de la région parisienne. Pour autant, la rhétorique de Michel Lucas est rapidement éclipsée au profit de nouveaux enjeux mis en avant par d’autres élu·e·s, représentant la métropole du Grand Paris, Grand Paris Sud Est Avenir (une subdivision territoriale de la métropole – le territoire 11)22 (fig. 5.3), ainsi que le département du Val-de-Marne. Ces collectivités, à des échelles politico-administratives différentes, rassemblent des espaces urbains et les espaces agricoles du Plateau briard au sein de leur périmètre. « On ne fait plus de l’agriculture de la même façon », me glissera à ce propos un de mes interlocuteurs présent à cette conférence. « Réinterroger notre politique agricole, c’est bien notre volonté, au regard des mutations de notre société : crise environnementale, métropolisation, réforme institutionnelle, mais aussi demande croissante de nos concitoyens de manger sain, de manger en circuits courts, de favoriser tout ce qui est local », introduit Jeannick Le Lagadec, conseillère départementale du Val-de-Marne déléguée à l’enseignement supérieur, la recherche, et l’agriculture périurbaine. Elle invite les élu·e·s présent·e·s à intégrer ces questions dans le processus de métropolisation : « Construisons une vision commune pour bien vivre dans le Val-de-Marne et bien vivre dans la métropole. » Des arguments divers portés par une pluralité d’acteur·rice·s s’assemblent alors (Dalgalarrondo et Fournier 2019) autour de l’idée d’une nécessaire transition agricole. La sanctuarisation ne suffit plus, l’agriculture n’est pas que rurale : « l’agriculture est un élément urbain », risque l’animateur, un urbaniste enseignant à Sciences Po Paris. Dans cette perspective, le système alimentaire apparaît comme une piste pour la réparation de la relation ville-agriculture à différentes échelles.
Fig. 5.3 – Les douze territoires de la métropole du Grand Paris, parmi lesquels Grand Paris Sud Est Avenir (T11) dont fait partie la commune de Périgny-sur-Yerres

Source : L’Observatoire du GPSEA, URL : https://sudestavenir.fr/notre-territoire/presentation-du-territoire/metropole-du-grand-paris/ [consulté le 17 juin 2022].
20Le renouvellement de la perception de l’agriculture favorise le soutien des acteur·rice·s public·que·s à des initiatives en faveur de l’écologisation des pratiques agricoles (Mormont 2009). Ce contexte donne lieu à des alliances entre les acteur·rice·s de l’agriculture alternative (Le Velly 2017) et les collectivités disposant de foncier agricole sur leur territoire. En 2018, le conseil départemental du Val-de-Marne a ainsi signé, à la suite des rencontres précédemment citées et à l’initiative de Jeannick Le Lagadec et de son équipe, une convention avec quatre organisations promouvant les circuits courts, l’agriculture paysanne et l’agriculture biologique23, afin d’accompagner la transition agricole et alimentaire des producteur·rice·s et mangeur·se·s du territoire val-de-marnais. Les technicien·ne·s et les élu·e·s des échelons métropolitain, départemental et intercommunal sont les nouveaux « entrepreneurs » du récit (ibid.).
21Se considérant en rupture avec ce qui peut être qualifié de « système alimentaire dominant », des acteur·rice·s divers·e·s promeuvent l’ancrage territorial de l’agriculture et de l’alimentation auprès des collectivités. Pour une salariée du Groupement des agriculteurs biologiques d’Île-de-France (GAB-IdF), une structure qui accompagne plusieurs collectivités du Plateau pour l’installation de producteur·rice·s en agriculture biologique, les circuits de proximité sont une manière de créer un attachement des habitant·e·s aux espaces agricoles périurbains, de leur attribuer une valeur qui vaille qu’ils y tiennent (Hache 2011) :
[…]c’est peut-être utopique, c’est aussi ça l’intérêt de mettre en place des fermes diversifiées avec des circuits courts dans les secteurs périurbains, parce que pour nous ça devrait, en plus avec l’implication de collectivités ou de citoyens localement ça donne plus de valeur aux terres agricoles, au paysage, parce que les gens se sentent faire partie de ce truc-là. Alors que si ce sont de grandes parcelles de céréales qui sont traitées en plus plusieurs fois par an, les gens, les personnes lambda s’en fichent un peu. […] après c’est vrai que ça ne fera pas tout, bien évidemment, mais ça devrait aider en tout cas à ce que… voilà, à redonner de la valeur à ces territoires périurbains (Entretien téléphonique avec une salariée du GAB-IdF, réalisé le 26 octobre 2017).
22Ces attentes engagent les producteur·rice·s à transformer leurs pratiques et à réparer ce qui est considéré comme des dommages, autant sur le milieu que sur l’image du monde paysan, imputables aux générations qui les ont précédé·e·s. Les enfants des maraîchers installés à Périgny-sur-Yerres dans les années 1970 continuent l’activité initiée par leurs parents. Comme eux, ils vendent en direct leurs productions sur plusieurs dizaines de marchés parisiens et de la petite couronne. Mais ils explorent d’autres formes de commercialisation via de nouveaux systèmes de vente en circuits courts (La Ruche qui dit Oui !, Locavor, mais aussi des casiers en libre-service [fig. 5.4]). Deux d’entre eux sont régulièrement présents dans ces réunions. Ils y sont conviés et écoutés davantage pour leur expertise sur la situation que pour prendre part aux décisions. Pourtant, ils ne surestiment pas leur contribution à l’alimentation des mangeur·se·s urbain·e·s :
[…] dans notre type de métier de producteur-vendeur, vraiment dans ce type-là, on est les plus gros de France, voilà, y a pas d’équivalent […], ça n’existe pas. Pourtant, avec tous les volumes qu’on fait, on sort une carotte par an par Parisien. Ça fait maigre… […] c’est-à-dire qu’avec toutes les surfaces qu’on a là, on est pas capables de faire plus qu’une carotte par an et par Parisien, pour nourrir avec des surfaces aussi réduites que ça, il va en falloir beaucoup, beaucoup, beaucoup. […] on est les plus gros de France et on nourrit… un quartier ! Donc il en faut du monde comme nous ! (Entretien avec un maraîcher, réalisé sur son exploitation à Périgny-sur-Yerres le 22 février 2018).
Fig. 5.4 – Depuis quelques années, un des maraîchers du domaine Saint-Leu vend une partie, marginale d’après lui, de sa production dans des casiers en libre-service devant son exploitation

© Nolwenn Gauthier, Périgny-sur-Yerres, le 15 mai 2017.
23Depuis la création du domaine maraîcher Saint-Leu, le paysage de l’agriculture à Périgny-sur-Yerres mais aussi dans la commune voisine, Mandres-les-Roses, a évolué. En difficulté, les horticulteur·rice·s et rosiéristes qui approvisionnaient les fleuristes parisiens ont périclité. À leur place ou sur des parcelles maraîchères et de céréaliers, ce sont ainsi trois maraîcher·ère·s en agriculture biologique qui se sont installé·e·s en 2017. Une avicultrice en agriculture biologique et une ferme pédagogique ont également récemment ouvert leur porte. Un jardin maraîcher associatif propose de concilier éducation à l’environnement et production maraîchère en agriculture biologique depuis 2007. Par les liens qu’ils entretiennent avec des mangeur·se·s val-de-marnais·e·s et de la petite couronne parisienne en vendant en direct à la ferme ou via des systèmes de distribution de paniers de légumes, en encourageant leur participation aux travaux de la ferme24, mais aussi par leur choix d’adopter le cahier des charges de l’agriculture biologique, ces nouveaux·elles exploitant·e·s mettent en œuvre des pratiques que les élu·e·s reprennent dans leur politique et dans leur récit métropolitain. Eux-mêmes urbain·e·s, ces paysan·ne·s incarnent la recherche d’une reconnexion des urbain·e·s avec le territoire nourricier, autrement dit d’une « relation concrète » (Brand et Bonnefoy 2011) entre l’humain et la terre.
« Une ceinture maraîchère, fut-elle en archipel25 » : le récit métropolitain par sa périphérie
24Alors qu’il importait pour Michel Lucas de protéger les espaces agricoles comme caractéristique rurale, il s’agit à la fin des années 1990 de composer avec ce que l’on appelle alors des expériences « agri-urbaines » (Poulot 2014), qui apparaissent tout autour de l’agglomération parisienne. Ce sont des secteurs délimitant des zones de production, parmi lesquelles on compte le Plateau briard. Localement, il s’agit de les protéger de la pression foncière et, au niveau régional, de constituer une ceinture verte autour de Paris, sur le modèle de la ceinture maraîchère disparue. Signes d’un « processus d’hybridation entre le rural et l’urbain » (ibid. : 13), ces expériences agri-urbaines font émerger de nouveaux lieux où se réinventent la ville et l’agriculture (Le Caro et al. 2016). En Île-de-France, la rhétorique du « défi alimentaire » fait son entrée dans les schémas d’aménagement régionaux à la fin des années 2000 : « Nourrir 11,5 millions de Franciliens […] interroge directement […] les politiques de maîtrise et de valorisation des espaces agricoles et des filières agro-alimentaires » (SDRIF 2013 : 7)26. En parallèle, en amont de la création officielle de la métropole27, en janvier 2016, l’agriculture périurbaine devient un des éléments constitutifs du récit d’un Grand Paris durable. Ses concepteurs, des élu·e·s et des aménageur·se·s, y considèrent les différents éléments dont a besoin la ville pour fonctionner, parmi lesquels l’alimentation, l’approvisionnement en eau, la gestion des déchets, etc. L’agriculture de proximité est alors envisagée comme une activité à laquelle sont associés non seulement les enjeux concernant la production alimentaire, mais aussi la gestion des ressources et de la qualité de l’eau, le recyclage d’une partie des déchets (épandage, compost, etc.).
25Plutôt qu’un processus de déterritorialisation, la métropole agricole apparaît désormais comme un processus de territorialisation. Comme on peut le constater dans les propos de son vice-président, Daniel Breuiller, c’est un récit métropolitain axé sur la durabilité du territoire qui se dessine :
C’est vieux comme le monde de penser la relation ville-nature, on a conçu une ville d’ingénieurs, de réseaux, on s’aperçoit que cette ville est très peu résiliente. La métropole a de très grandes faiblesses, peu résiliente, je parle pas de l’autonomie alimentaire qui est à 2 %. […] on ne va pas reconstituer le maraîchage des années 1920 à Paris, […], on fera une ceinture maraîchère, fut-elle en archipel, dans tous les cas on se redonne un objectif d’avoir une capacité de production réelle, mais c’est aussi une capacité de dialogue entre un urbain et la nature. Donc de toute façon c’est pas l’objectif d’autosuffisance alimentaire que l’on a à se donner (Entretien avec Daniel Breuiller, réalisé dans les locaux de la mairie d’Arcueil le 25 janvier 2019).
26La métropolisation a longtemps été considérée comme un des processus vecteurs de la déconnexion du mangeur ou de la mangeuse et de l’aliment : « La métropole habite donc une assiette, mais ce n’est pas forcément celle dans laquelle elle se nourrit étant donné son caractère cosmopolite et la domination du caractère mondialisé du système agro-alimentaire » (Brand et Bonnefoy 2011 : § 14). Dès lors, rompant avec cette logique selon laquelle ville et agriculture se seraient détournées l’une de l’autre, la métropolisation rassemble dans un même projet territorial l’agriculture et la ville. Les élu·e·s et les aménageur·se·s qui participent à ces débats attribuent à la production de lieux agricoles un rôle dans la construction de futurs viables pour la métropole du Grand Paris.
27L’enjeu n’est donc pas l’autosuffisance alimentaire du territoire métropolitain. Tout cela s’inscrit dans un renouvellement du regard sur le périurbain, comme espace de transition, au-delà de la « rencontre » entre la ville et l’agriculture souhaitée par Michel Lucas. Les espaces périurbains incarnent ici l’hybridation de deux mondes séparés, le rural et l’urbain. Dans le contexte de métropolisation du territoire francilien qui permet la réunion d’espaces agricoles et urbains, du moins topographiquement, l’alimentation constitue pour ces élu·e·s une entrée pour penser l’ancrage et la cohésion du système métropolitain et répondre au « désir de campagne » (Hervieu et Viard 2001) des citadin·e·s. Exemples d’initiatives associant acteur·rice·s public·que·s locaux·ales et associations de mangeur·se·s (AMAP) ou d’éducation à l’environnement et en lien avec la promotion de la ville durable, des visites d’exploitations agricoles sont organisées afin de faire découvrir ces sites aux francilien·ne·s28. Comme me le dit un maraîcher, lui et ses voisin·e·s acceptent de recevoir ces urbain·e·s dans leur « réserve d’indiens du sud-est parisien » dans la mesure où ils sont en bons termes avec les acteur·rice·s public·que·s29. Les prescriptions paysagères du nouveau plan local d’urbanisme de Périgny-sur-Yerres entraînant une restriction de la surface de serres ou les récents arrêtés départementaux visant à interdire l’usage de pesticides30 pourraient les amener à revoir leur position.
28Le mouvement de territorialisation et la diversité des discours sur l’agriculture et l’alimentation qui l’accompagnent aux différents échelons de la métropole du Grand Paris témoignent du changement de paradigme que constitue l’entrée ces dernières décennies du développement durable dans les critères d’élaboration et de conduite des politiques publiques. À travers un triptyque visant à garantir une croissance soutenable sur les plans économique, social et environnemental, le développement durable « annoncerait une vision modélisée et cohérente du monde, celle d’une pensée globalisante fondée sur un idéal qui serait à poursuivre […] le développement durable relèverait donc de la théorie pratique de l’action qu’il conviendrait d’imiter, de répliquer » (Faburel 2014 : 1). La conseillère départementale en charge de l’agriculture en affirme l’ambition : « Ce qui nous motive, c’est en premier lieu l’urgence d’une transition écologique pour préserver la planète31. »
29Dénominateur commun de l’organisation des circuits courts, des ventes directes ou des marchés de producteur·rice·s, la production alimentaire de proximité apparaît comme un gage de durabilité, réel (relocalisation socio-économique de l’activité, baisse des coûts et des impacts liés aux transports et à la multiplication des intermédiaires) ou fantasmé (car n’empêchant pas forcément l’emploi de techniques polluantes) (Déalle-Facquez 2013 ; Born et Purcell 2006).
30Se nourrir représente de cette manière un moyen pour une diversité d’acteur·rice·s de participer à l’orientation de la production agricole. C’est par l’articulation de ces différents registres argumentatifs que l’agriculture du Plateau briard peut exister dans le récit dont j’ai tâché de restituer ici les principales étapes de l’élaboration politique. Ce récit retrace les conditions de l’assemblage (Dalgalarrondo et Fournier 2019) de conceptions considérant l’agriculture d’une part comme un ensemble de pratiques responsables de la dégradation de l’environnement et d’autre part comme une option garantissant une utilisation durable des sols face à l’expansion et des relations ville-campagne vertueuses. Résultat d’un compromis entre des attentes exprimées par les élu·e·s, les maraîcher·ère·s, le céréalier, l’avicultrice, les urbanistes et les mangeur·se·s investi·e·s dans le devenir des espaces agricoles du Plateau briard, la territorialisation apparaît néanmoins comme un processus appropriatif de l’agriculture par la ville. Pas de « territoire » sans un acte d’appropriation, mais « pas d’appropriation sans des signes spécifiques qui expriment cette appropriation en même temps qu’ils la réalisent – ce sont là les deux aspects corrélatifs de cet acte : “marquer son territoire” » (Sibertin-Blanc 2010 : 234). La construction progressive d’un récit métropolitain autour de la place des espaces agricoles dans le Grand Paris contribue à faire exister cette métropole naissante. Cela permet non seulement, comme nous l’avons vu, de structurer la sphère publique locale mais également de rayonner à d’autres échelles, en faisant valoir des expériences exemplaires. Auquel cas, comme nous y invite Marcel Roncayolo, il s’agit de considérer les effets de ces discours sur la ville dont la puissance évocatrice peut prendre « le pas sur la ville elle-même » (2001 [1990] : 173). Observer la réunion de la ville et de sa campagne à travers la trajectoire de la territorialisation alimentaire constitue ainsi une ouverture intéressante pour étudier la puissance performative des récits et des promesses de la métropolisation du Grand Paris. Dans ce cadre, le Grand Paris métropole agricole témoigne de la dynamique du paradigme du développement urbain durable, un cadre d’action intégrant l’innovation des pratiques agri-alimentaires mais sans remettre en cause la centralité urbaine.
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10.4000/books.psorbonne.2373 :Notes de bas de page
1 On peut citer les exemples de Milan, Barcelone, Montréal ou encore de Liège et Toronto, qui ont développé des politiques alimentaires.
2 Michel Lucas, cité dans « Compte rendu de trente ans de mandat de la Liste des intérêts communaux », s. l. n. d., p. 14 (dactyl.). Ce document que j’ai pu consulter est la compilation des grandes étapes de la vie de la commune de Périgny-sur-Yerres retracées dans les bulletins municipaux de 1967 à 1995.
3 1 hectare pour 13,7 habitants (soit 169,4 ha). Données issues du mode d’occupation du sol (MOS) 2017 et du recensement de 2016. Source : https://sudestavenir.fr/wp-content/uploads/2021/03/MOS-2.pdf [consulté le 17 juin 2022].
4 Cette conception est encore partagée par des élu·e·s, comme en témoignent certaines réactions concernant le triangle de Gonesse, un espace agricole de plusieurs centaines d’hectares situé au nord de Paris et sur lequel est prévue la construction d’un centre commercial, EuropaCity, à laquelle s’opposent plusieurs collectifs d’associations et d’habitant·e·s de la région parisienne. À titre d’exemple, le maire de Neuilly-sur-Seine aurait eu cette formule, rapportée dans une tribune publiée dans le journal Le Monde, lorsqu’il découvre le site de Gonesse : « Ce qui est séduisant, c’est la page blanche ! » Source : https://www.lemonde.fr/series-d-ete-2018-long-format/article/2018/07/25/que-pesent-les-champs-de-la-plaine-de-france-face-a-des-reves-de-batisseur_5335906_5325928.html [consulté le 17 juin 2022].
5 Michel Lucas, cité dans « Compte rendu de trente ans de mandat... », op. cit., p. 7.
6 Ibid., p. 14.
7 Plusieurs études ont été réalisées pour mesurer l’évolution de l’empreinte alimentaire de Paris, du xviiie siècle à nos jours (Bognon et al. 2018 ; IAU-IDF 2015a). La notion d’empreinte concerne l’influence qu’une ville exerce sur les territoires qui l’entourent en conséquence de son métabolisme (Billen et al. 2011). Quant à la notion d’empreinte alimentaire, elle désigne l’aire d’approvisionnement alimentaire d’une agglomération. Une note de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme reprenant les travaux de Gilles Billen et de ses collaboratrices signale : « Si l’Île-de-France n’a jamais été autosuffisante, il y a deux siècles, la distance moyenne d’approvisionnement de la région francilienne était d’environ 150 km. […] Elle est aujourd’hui d’environ 660 km (tous produits confondus, hors produits de la mer) soit quatre fois plus. […] Cet élargissement de l’aire d’approvisionnement s’explique par une demande alimentaire qui s’est fortement accrue avec la forte augmentation de la population (multipliée par 20 en deux siècles) et la profonde modification du régime alimentaire (la proportion d’aliments d’origine animale en particulier a presque doublé, la consommation de produits exotiques s’est développée) mais aussi par les profonds changements survenus en agriculture, en particulier la spécialisation géographique des produits et la mondialisation des échanges. Le développement des moyens de transport (chemin de fer, routes) a accompagné ces changements permettant de faire venir des produits de plus loin » (IAU-IDF 2015b : 10).
8 La commune voisine de Périgny-sur-Yerres.
9 Société d’aménagement foncier et d’établissement rural. Les SAFER sont des sociétés anonymes sans but lucratif qui ont un rôle de surveillance du foncier agricole. Elles interviennent notamment lors des transactions et des opérations de vente de foncier agricole. Pour plus de détails sur le rôle des SAFER, se reporter à Yannick Sencébé (2012).
10 Notamment au travers du bulletin municipal dans lequel l’équipe municipale rendait compte de ses activités.
11 Michel Lucas, cité dans « Compte rendu de trente ans de mandat... », op. cit., p. 6.
12 Entretien avec Michel Lucas, réalisé le 16 juin 2017.
13 Ibid.
14 À titre d’exemple, Périgny-sur-Yerres se voit attribuer en 1987 par Simone Veil, présidente du comité français pour l’Année européenne de l’environnement, le label « Année européenne de l’environnement ».
15 L’Agenda 21 est un des outils employés par les collectivités locales dans les années 2000. Pour consulter la déclaration de Rio : https://www.un.org/french/events/rio92/rio-fp.htm#three [consultée le 17 juin 2022].
16 Entretien avec Daniel Breuiller, vice-président de la métropole du Grand Paris délégué à la mise en valeur du patrimoine naturel et paysager, à la politique de la nature et à l’agriculture en ville, réalisé dans les locaux de la mairie d’Arcueil (Val-de-Marne) le 25 janvier 2019.
17 Il s’agit d’un cycle d’ateliers et de conférences dans le cadre d’une concertation préalable à la réorientation de la politique agricole du département du Val-de-Marne en faveur de l’agriculture urbaine et de la reconversion. Cette concertation comportait une partie numérique via une plate-forme de consultation.
18 La loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains (SRU) impose depuis 2000 pour les communes de plus de 1 500 habitants en Île-de-France (plus de 3 500 habitants dans les autres régions) de disposer d’au moins 20 % de logements sociaux (ce taux a été porté à 25 % par la loi dite Duflot, adoptée en 2015). Par ailleurs, le schéma directeur d’Île-de-France adopté en 2013 introduit un objectif de construction de logements à un rythme de 70 000 par an répartis sur l’ensemble du territoire régional.
19 Pour consulter l’annonce de cette rencontre : https://www.valdemarne.fr/sites/default/files/evenements/2017-02-03_rencontre_agriculture.pdf [consulté le 17 juin 2022].
20 L’ouvrage a paru en français sous le titre Ville affamée. Comment l’alimentation façonne nos vies (Paris, Rue de l’Échiquier, 2016).
21 Ce sont des mots prononcés lors de cette réunion par un urbaniste professeur à Sciences Po Paris et par une architecte-urbaniste exerçant dans le Val-de-Marne.
22 La métropole du Grand Paris, créée le 1er janvier 2016, est constituée de douze territoires intercommunaux. Celui dont fait partie Périgny est Grand Paris Sud Est Avenir (GPSEA). Il est le moins peuplé de la métropole mais rassemble plus de 50 % des surfaces agricoles de la métropole, dont 70 % des activités maraîchères.
23 Il s’agit du pôle Abiosol (Agriculture biologique solidaire). Cette organisation rassemble quatre associations qui accompagnent la transition agricole : le Groupement des agriculteurs biologiques d’Île-de-France (GAB-IdF), Terre de Liens Île-de-France, le Réseau des Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne en Île-de-France (AMAP-IdF) et Les Champs des possibles.
24 Comme le préconise la charte des Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP) : http://miramap.org/IMG/pdf/charte_des_amap_mars_2014-2.pdf [consulté le 17 juin 2022].
25 Entretien avec Daniel Breuiller, réalisé le 25 janvier 2019.
26 Pour une analyse de la portée du schéma directeur de la région Île-de-France (SDRIF) par une des élu·e·s qui a contribué à son élaboration, voir Ferri (2010).
27 On peut noter l’organisation d’une conférence « Le Grand Paris, métropole agricole », organisée le 15 décembre 2011 par l’Atelier international du Grand Paris, une structure en charge de la coordination des réflexions sur le projet de la métropole du Grand Paris : https://www.youtube.com/watch?v=_hny_gSPtxI [consultée le 17 juin 2022].
28 On peut citer une promenade sur le Plateau briard à laquelle j’ai participé, organisée par l’association Vivacités en partenariat avec l’AMAP Saint-Leu de Périgny-sur-Yerres, le département du Val-de-Marne et le territoire Grand Paris Sud Est Avenir, le 3 juin 2017. Vivacités est un réseau d’acteur·rice·s francilien·ne·s fédéré·e·s autour de l’enjeu de la promotion et du développement de l’éducation à la ville durable.
29 Entretien avec un maraîcher du domaine Saint-Leu, réalisé sur site le 22 février 2018.
30 À ce titre, le 10 septembre 2019, le président du département du Val-de-Marne, Christian Favier, a annoncé l’interdiction de l’usage de pesticides dont le glyphosate. Présenté comme une mesure « symbolique » (en raison de la forte probabilité d’intervention de la justice administrative) prise dans un contexte de débat politique sur les usages des produits phytosanitaires, cette décision peut également être analysée comme une façon de rendre visible l’investissement des élu·e·s de ce département sur les questions agricoles et environnementales.
31 Citation extraite du site personnel de Jeannick Le Lagadec, à consulter sur : http://www.jeannicklelagadec.fr/actions-departementales/72-interview-pour-eau-bio-et-territoires-ce-qui-nous-motive-c-est-l-urgence-d-une-transition-ecologique.html [consulté le 17 juin 2022].
Auteur
EHESS – Iris, Paris
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