11. « Ce n'est pas mon métier », « J'en fais mon affaire ». Face à l'informatisation du travail, des professions, des catégories socials ou des individus ?
Texte intégral
1L’informatisation n’est pas un phénomène dévastateur bouleversant les structures sociales. Elle facilite néanmoins certains changements sociaux importants : elle contribue à l’individualisation du travail et de l’emploi ; elle accroît le poids dans le travail des facteurs culturels et du rapport à l’école. Les situations professionnelles jouent un rôle actif vis-à-vis des changements que l’informatisation peut causer ou faciliter. C’est manifeste au niveau des positions dans l’espace social global, des appartenances de classe. C’est probablement vrai aussi à un niveau plus local, celui des professions.
2Au cours des vingt dernières années, l’informatique a envahi la vie professionnelle. Aujourd’hui plus d’un salarié sur deux se sert d’un ordinateur dans son travail, au moins occasionnellement. D’où l’idée souvent exprimée que l’informatique bouleverse les professions. Est-ce que cette informatisation massive du travail crée et fait disparaître des professions ? Est-ce qu’elle change la répartition de l’emploi entre les professions ? est-ce qu’elle change le contenu des professions ? quel lien entre changement technique et changement organisationnel ? s’agit-il d’un bouleversement des structures sociales ou d’une « révolution conservatrice » ?
3J’essaierai d’examiner ces questions en m’appuyant sur des enquêtes statistiques réalisées par l’INSEE, la DARES et le Centre d’études de l’emploi ; et sur des entretiens avec des utilisateurs réalisés par le Centre d’études de l’emploi et le Centre de sociologie de l’éducation et de la culture (Bonvin et al. 1994)1.
L’ informatique bouleverse-t-elle
la structure des emplois ?
4« L’informatique supprime de nombreux métiers. » « L’informatique crée sans cesse de nouveaux métiers. » Ces idées couramment exprimées, sans être entièrement fausses, exagèrent largement l’impact direct de l’informatique. Elles correspondent à une vision techniciste de l’informatisation et à une vision techniciste des professions qui est insuffisante pour rendre compte de ce que nous observons.
Un impact global probablement modeste
5Les économistes spécialistes du domaine sont partagés quant à l’idée que l’informatisation entraînerait des pertes d’emploi et modifierait la nature des « compétences » demandées par les entreprises (Vivarelli 1998 ; Chennels et Van Reenen 1998 ; Greenan 1998). La conclusion la plus ferme qui se dégage de leurs travaux est que les effets de l’informatisation sont subordonnés à ceux du changement organisationnel (Shaw 1998). L’impact de l’informatisation sur la structure des emplois est probablement modeste. Des travaux économétriques soulignent l’importance de l’abondance de main-d’œuvre qualifiée, conséquence de l’expansion scolaire : cette dernière apparaît comme une cause déterminante des changements dans la structure des qualifications. L’informatisation augmente quelque peu la demande de main-d’œuvre formée, mais cet effet est contrebalancé par l’automatisation (commande numérique, robots, etc.) qui a un effet inverse (Goux et Maurin 1997). L’expansion des services a aussi un impact majeur. Les changements étroitement économiques (ouverture des frontières) ou technologiques ne jouent qu’un rôle secondaire. Ces recherches portent sur des regroupements de professions très agrégés. À ma connaissance, aucune étude complète au niveau des professions détaillées n’est disponible, ni peut-être même envisageable, compte tenu des données dont nous disposons. Je me bornerai dans ce texte à une approche très descriptive, partielle et exploratoire et j’essaierai seulement de dire s’il est plausible que l’informatisation soit la cause essentielle des évolutions les plus remarquables. La thèse que je défends, sans prétendre la prouver, est la suivante : l’informatisation a rarement des effets directs ; elle a souvent des effets médiats qui dépendent du contexte organisationnel dans les entreprises, des mécanismes économiques d’ensemble, de la structuration des professions, voire des relations entre groupes sociaux.
Gains de productivité et baisses des effectifs : pas de relation automatique
6Dans un très petit nombre de cas, il y a assurément une relation directe de cause à effet entre l’informatisation et la croissance ou le déclin des professions. La quasi-disparition des dessinateurs d’exécution, c’est-à-dire des personnes chargées de recopier ou de modifier à la marge des dessins d’architecture, est la conséquence directe de la généralisation du dessin assisté par ordinateur. Mais cette profession n’a jamais eu des effectifs considérables (certainement bien moins de 50 000 à son apogée). Plus important numériquement est le déclin des ouvriers de la composition, dont les tâches ont pu, grâce à l’informatique, être pour une large part réparties entre des clavistes auxquelles n’est pas reconnue la même qualification (Maruani et Nicole 1989) et les journalistes ou les auteurs d’ouvrages. Les emplois concernés sont au nombre de 50 à 100 000. Peut-être est-il exagéré, toutefois, dans ce cas, d’invoquer l’informatique comme seul facteur causal. Cette profession était, d’une manière typique, un « marché fermé du travail », garantissant notamment à ses membres des salaires particulièrement élevés, compte tenu des caractéristiques des salariés et des emplois tenus. On sait que de tels marchés fermés peuvent demeurer longtemps stables, mais sont en même temps fragiles dès lors qu’un choc commence à les ébranler (Paradeise 1984). Depuis longtemps, les dirigeants d’entreprise et quelquefois les journalistes souhaitaient supprimer les privilèges, ou supposés tels, des ouvriers. L’informatique a joué le rôle d’un instrument efficace au service de cette politique. Les rigidités du système ont rendu difficile une évolution autre que très brutale : seule une minorité d’ouvriers de la composition sont devenus techniciens de la presse et de l’édition, la profession a, dans un grand nombre d’entreprises, volé en éclats. Néanmoins, là où le rapport de force n’était pas trop défavorable aux ouvriers, ceux-ci sont parvenus à conserver l’exclusivité des opérations techniques et la répartition traditionnelle des tâches entre eux et les journalistes est demeurée stable (de Saint-Laurent 1998).
7Un autre exemple permet de mesurer ce que le cas de la presse-édition a de spécifique. En une douzaine d’années, les effectifs des dactylos sont passés d’environ 100 000 à presque rien, ce qui est sûrement lié à la diffusion des ordinateurs et des logiciels de traitement de texte. Mais, dans le même temps, le nombre des secrétaires est passé de 500 000 à 700 000 environ, ce qui a probablement permis à beaucoup de dactylos d’évoluer en douceur. On entend souvent dire que les secrétaires disparaissent à cause de l’informatisation : comme on le voit, jusqu’à présent du moins, il n’en a rien été. Paradoxalement, c’est le caractère faiblement organisé et institué de la profession qui peut expliquer sa résistance au changement technologique. Certes, il y a moins de textes à taper. Mais, même si les secrétaires passaient beaucoup de temps à taper des textes, la profession de secrétaire se définit par la polyvalence, et elle est centrée sur des fonctions d’assistance et de relations (Pinto 1990), c’est-à-dire des tâches pour lesquelles il existe une demande croissante à cause de l’augmentation du nombre des cadres et de l’expansion des rapports de service au sein des entreprises et entre les firmes. La profession n’a donc pas brutalement décliné, mais s’est progressivement transformée.
8Examinons maintenant les autres professions où se sont produites des diminutions d’effectifs importantes à la fois en proportion et en valeur absolue. Dans certains cas, l’informatisation n’y est pas pour grand-chose. La diminution du nombre des agents de bureau de la Fonction publique, ou des PEGC et maîtres auxiliaires résulte d’une politique de titularisation et de reclassification. Sans être aussi clairs, la plupart des autres cas incitent relativiser l’impact de l’informatisation. Le déclin des ouvriers non qualifiés de l’habillement, du cuir, du textile est dû principalement aux délocalisations, même si l’automatisation a pu entraîner le remplacement des ouvriers non qualifiés par des ouvriers qualifiés : les secteurs concernés sont loin d’être les plus automatisés. Pour ce qui est des ouvriers non qualifiés de l’électricité et de l’électronique, l’impact du progrès technique est sans doute plus important, mais d’une part d’autres causes jouent concurremment, d’autre part il s’agit plutôt de progrès techniques ciblés que de 1’» informatisation » en général. Le cas des ouvriers non qualifiés de la métallurgie est du même ordre.
Professions en croissance : effet de l’informatique, croissance des services ou dominance sociale ?
9Considérons maintenant les professions où des gains importants d’effectifs, en pourcentage et en valeur absolue, se sont produits. Les ingénieurs en informatique sont aujourd’hui autour de 200 000, soit deux à quatre fois plus qu’il y a une dizaine d’années : c’est une des professions dont l’expansion est la plus remarquable. Il est difficile de ne pas voir là un effet de l’informatisation! Mais les autres professions de l’informatique, programmeurs, pupitreurs, agents de saisie, opérateurs d’exploitation, stagnent, voire régressent. Les emplois de l’informatique, au sens restreint, ne dépassent guère le nombre de 300 000. Ce n’est pas négligeable : 1,5 % de l’emploi environ, avec un niveau moyen de qualification élevé. Ce n’est pas en soi un bouleversement2.
10Surtout l’effet de l’informatique peut difficilement être invoqué pour expliquer directement la croissance, très rapide également, du nombre des professeurs, des spécialistes de la formation continue, des livreurs, des ouvriers chargés de l’entretien de locaux, des commis de l’Administration, des assistantes maternelles, des infirmières. Cette croissance n’est peut-être pas indépendante du progrès technique : celui-ci permet des gains de productivité dans l’industrie plus que dans les services. Cependant l’effet de l’informatique au sens strict sur la productivité est discuté (« paradoxe de Solow ») ; il semble réel mais discret (Greenan et Mairesse 1996) et il résulte plutôt des transformations organisationnelles facilitées par l’informatisation que de la technologie elle-même (Foray et Mairesse 1999).
11Les critères courants de gestion conduisent jusqu’à présent à orienter l’innovation organisationnelle et aussi l’innovation technologique vers les économies de main-d’œuvre directe plutôt que de main-d’œuvre indirecte : peut-être s’agit-il là d’une forme hautement euphémisée et technicisée (voire involontaire) de lutte des classes, au détriment du groupe ouvrier. Il est frappant de voir les cadres administratifs augmenter fortement leurs effectifs : l’ordinateur est pourtant susceptible d’augmenter leur productivité. Les entreprises n’ont pas utilisé, du moins pour le moment, cette potentialité pour diminuer les effectifs de cadres, mais plutôt pour améliorer leur gestion et leur action commerciale et pour amplifier le caractère bureaucratique de leur fonctionnement. Les professions supérieures manifestent une aptitude remarquable à mettre le progrès technique de leur côté, à le faire servir à des innovations de produit qui accroissent la demande de leurs services (demande externe ou interne à l’entreprise) plutôt qu’à des innovations de procédé qui permettraient d’économiser ces services. Les potentialités de l’informatique sont ici dominées par le poids de la structure sociale.
12En résumé, un lien direct entre informatisation et évolution des effectifs des professions ne peut être établi que dans un nombre limité de cas. Presque toujours, l’usage fait de l’informatique, et partant l’évolution des effectifs, dépendent des caractéristiques sociales de la profession. Parfois, il s’agit des spécificités au niveau du métier dans le cas des secrétaires ou, avec des conséquences inverses, des ouvriers de la composition. Plus souvent, c’est la place de la profession dans l’espace social qui va conditionner l’impact de l’informatique sur ses effectifs.
La transformation des professions par l’informatique
13L’usage de l’informatique est souvent, au sein d’une même profession, très variable d’un individu à l’autre, même s’il est subordonné à des déterminants macro-sociaux. Une forte variabilité interindividuelle s’introduit par là au sein des professions. De plus l’informatisation s’inscrit dans un changement organisationnel qui donne une plus grande part aux spécificités des individus.
Se servir d’un ordinateur : la mise en œuvre des propriétés sociales
14L’enquête statistique CEE-DARES-INSEE de 1994 sur la technique et l’organisation du travail explorait les modalités d’utilisation des ordinateurs. Une analyse des correspondances multiples réalisées sur les données de cette enquête met en évidence plusieurs principes de différenciation (Faguer et Gollac 1998). Le premier facteur oppose ceux qui maîtrisent l’outil informatique à ceux qui le servent : il correspond à l’échelle des qualifications. Un second facteur oppose un mode d’usage collectif à un mode d’usage individuel. Cette opposition est celle d’ennui,’ ises de tailles différentes, de « mondes de production » et de filières professionnelles. Dans ce qu’on pourrait appeler l’idéal-type de l’usage collectif, l’utilisation de l’ordinateur est entièrement dédiée à des aspects bien précis, et centraux, du travail et le mode d’usage de l’informatique est quasiment déterminé, tant dans ses finalités que dans ses moyens, par les caractéristiques techniques et organisationnelle du métier exercé et sa place dans la division du travail. Mais la plupart du temps, l’utilisation de l’ordinateur est en partie à la discrétion du salarié, et les ressources permettant la mise en œuvre de l’ordinateur sont individuelles. L’utilisation pratique de l’informatique est alors largement déterminée par les caractéristiques individuelles de l’utilisateur. L’ordinateur est utile au métier mais il n’est pas le métier : l’utilisateur doit faire de son usage sa propre affaire.
15Dès lors que les caractéristiques techniques (et organisationnelles) du métier ne contraignent pas trop étroitement l’usage fait de l’informatique, ce qui devient crucial, c’est le capital culturel de l’utilisateur, c’est-à-dire à la fois ses connaissances et ses dispositions. Les études économétriques montrent que l’appartenance socioprofessionnelle et le diplôme (ainsi que d’autres variables comme l’ancienneté) expliquent conjointement les formes d’usage des ordinateurs. L’accumulation des connaissances relatives à l’usage de l’informatique se fait largement à travers un réseau d’entraide, dont la constitution renvoie à des échanges de services et par là à la possession de savoirs ou de savoir-faire dépassant le seul domaine de l’informatique (Gollac 1996). L’entraide peut même reposer sur la sociabilité amicale, extérieure à la sphère professionnelle. L’accumulation des connaissances nécessite aussi une curiosité bienveillante ou inquiète, des dispositions culturelles favorables à l’égard de l’informatique.
16Comment ces dispositions se forment-elles ? Quand on interroge les gens sur leur utilisation de l’informatique, ils produisent une image de l’ordinateur qui dépend fondamentalement de leur position dans l’espace social. Pour dire les choses d’une phrase : les secrétaires tendent à voir l’ordinateur comme un chef et les chefs à le voir comme une secrétaire. Dans les catégories populaires, l’ordinateur tend à être vu comme relevant d’un autre univers, socialement plus élevé. Le rapport peut être empreint d’hostilité, dans la logique du eux/nous : par exemple, on retiendra de l’informatisation les problèmes de conditions de travail qu’elle suscite (à une question sur l’impact de l’informatisation sur sa carrière, une facturière répond : « J’ai gagné une paire de lunettes »). Bien des membres des couches populaires qui connaissent la peur de l’échec et des épreuves de formation humiliantes, affichent cependant leur scepticisme vis-à-vis de la technique (« Quand c’est bien, ça suffit », dit une secrétaire d’une cinquantaine d’années en critiquant les perfectionnements incessants des logiciels de traitement de texte). A la limite des classes populaires et moyennes, la tension de certains techniciens entre le désir de participer à la modernité et l’impossibilité visible de le faire conduit à une attitude d’admiration passive (« L’informatique, c’est beau », déclare un technicien magasinier qui a renoncé à se reconvertir vers l’informatique en suivant une formation). A l’opposé, les cadres ont tendance à voir les choses de haut, à expliquer avec décontraction qu’ils font le moins d’informatique possible (au profit de tâches plus nobles...), qu’ils attendent de l’ordinateur des services, qu’un bon ordinateur ou un bon logiciel doit savoir se faire oublier (comme un bon serviteur) et ils délèguent ce qu’ils n’ont pas envie de faire eux-mêmes avec l’ordinateur. Cas limite, la plupart des grands patrons3, certains hommes politiques manifestent un dédain ostentatoire pour le maniement du « mulot ».
17C’est ici un habitus (Bourdieu 1972) qui s’exprime : la position sociale produit un jugement classant. En première approche, aux extrémités de l’échelle sociale, cette expression semble avoir un caractère assez automatique : la profession, en tant qu’elle signale une position dans l’espace social, déterminerait un certain style de relation à l’ordinateur. En fait, dans la plupart des cas, il faut faire appel à des modèles plus complexes de genèse des habitus. D’une part, des particularités ordinairement sans importance dans la stratification sociale peuvent ici jouer un rôle important : par exemple l’orientation scientifique ou littéraire des études. D’autre part c’est un ensemble de caractéristiques de la trajectoire qui engendre les dispositions à apprendre l’informatique, à s’y investir ou non et à s’en servir de telle ou telle manière. L’usage de l’informatique tend donc à segmenter les professions, à créer de la variabilité inter individuelle. Cette variabilité individuelle traduit des compétences et des dispositions forgées par les trajectoires sociales (scolaires, professionnelles, familiales) des personnes, par l’interaction complexe de divers déterminants.
18C’est au niveau des catégories intermédiaires que la diversité des dispositions, des investissements et des modes d’usage est la plus grande. Les membres de ces catégories partagent pour la plupart une croyance dans la puissance de la technique. Mais leur rapport à l’informatique est très diversifié. Certains investissent dans l’usage de l’informatique sur un mode stratégique, d’une manière rationnelle, mais cependant fondée sur une croyance, celle que l’informatique est susceptible de remettre en cause les hiérarchies socioprofessionnelles existantes. D’autres vivent l’informatique comme une passion, ou du moins sur le mode de l’illusio. D’autres encore, assez proches en cela des membres des catégories dominantes, utilisent « tout naturellement » (pour reprendre les mots d’une des personnes interrogées) l’informatique au service de telle ou telle partie de leur activité. Une conduite assez voisine, et semble-t-il assez rare, consiste à relativiser l’intérêt de l’informatique pour son cas personnel. Enfin quelques-uns construisent un discours sur les méfaits de l’informatique (ce qui est une façon de reconnaître sa puissance, en l’occurrence maléfique) pour justifier d’en faire un usage minimal.
19L’investissement dans l’informatique est souvent le symptôme d’un désajustement. Ainsi, dans le cas de l’investissement « rationnel » à visée économique, il s’agit de remettre en question les blocages d’une carrière professionnelle décevante par rapport à la formation reçue, ou au contraire de rattraper dans l’entreprise la faiblesse des diplômes. Les mêmes causes peuvent aussi amener à viser l’excellence technique pour elle-même, sur un mode désintéressé.
Le travail informatisé : un travail individualisé
20Cette tendance à l’atomisation des professions serait mineure si n’était en cause que le mode d’usage de l’informatique proprement dit. Mais l’un des usages principaux de l’informatique est de permettre des transformations organisationnelles qui sont elles-mêmes facteurs d’individualisation du travail. Les études de cas réalisés par les spécialistes de la gestion, les économistes et (quelquefois) les sociologues montrent que, sans en être la cause, l’informatique est un agent de la grande transformation actuelle, marquée par un nouveau compromis entre les logiques industrielle-bureaucratique et marchande (Gollac et al. 1998). Parce qu’un certain degré de formalisation est une condition de l’efficacité de l’informatique, informatisation et formalisation des organisations vont de pair ; soit que la formalisation facilite l’informatisation ; soit que l’informatisation déclenche la formalisation, ou lui serve de prétexte.
21L’informatique permet de concilier cette formalisation, et plus généralement un fonctionnement interne caractérisé par des normes, des standards, etc., avec une orientation vers le marché. Les travaux sur les « modèles d’entreprises » (Eymard-Duvernay 1987) ont montré que des compromis entre logiques de fonctionnement différentes doivent être étayés par des investissements matériels ou immatériels, pour tenir de façon durable. L’informatique permet aux entreprises d’être flexibles, d’intégrer rapidement les fluctuations qualitatives ou quantitatives du marché, tout en conservant une forte organisation interne de type industriel ou bureaucratique, c’est-à-dire faisant usage de formalisation, de normes, de standards en vue de régulariser les opérations productives. L’ajustement au marché nécessite en effet la circulation rapide d’informations sur l’état de celui-ci, circulation qui est rendue possible par l’informatisation. Cet ajustement repose largement sur les salariés.
22Les études de cas montrent qu’il n’y a pas à proprement parler de déterminisme technologique : l’informatisation peut s’accompagner d’un accroissement ou d’une diminution de l’autonomie, d’une augmentation ou d’une baisse du contrôle des salariés, d’un fonctionnement plus en réseau ou plus hiérarchique4. Tous les cas se rencontrent. Mais cela ne signifie pas que tous sont également probables. En effet, l’informatisation est au service d’un vaste mouvement de réforme de la gestion des entreprises. Si cette réforme est loin de suivre partout la même démarche et d’aboutir toujours au même résultat, des tendances dominantes se dégagent, résultant de l’évolution des champs du pouvoir, des rapports de force entre employeurs et salariés, des opportunités qu’offre la scolarisation accrue de ceux-ci, et, aussi, l’évolution technologique. Plus nettement encore qu’à travers les études de cas, les tendances peuvent être dégagées à partir des enquêtes statistiques sur les conditions et l’organisation du travail.
23Du fait que l’informatique instrumente un compromis entre organisation industrielle-bureaucratique et logique marchande, les salariés qui l’utilisent sont, plus que les autres, soumis à la fois à des normes de production et à la pression de la demande (Cézard, Dussert et Gollac 1992). Les organisations prennent de moins en moins en charge la régulation collective de la production, elles en font retomber le poids sur les salariés : les travailleurs informatisés sont à la pointe de cette évolution. Le modèle d’autonomie contrainte s’étend à la définition même du travail. Très diversement supportée et vécue par des salariés placés dans des conditions objectives voisines (Baudelot et Gollac 1999), cette intensification du travail a pour effet de faire éclater les collectifs de travail, en fonction de critères tels que la formation ou l’âge. Cette tendance à l’individualisation est encore renforcée par les modes de mobilisation modernes de la main-d’œuvre.
24À profession, à segment du marché du travail égaux, les utilisateurs de l’informatique ont, dans l’ensemble, davantage d’autonomie et d’initiative. Mais leur initiative est étroitement encadrée. L’évaluation du travail, qui facilite la coexistence de l’intensification du travail et d’un accroissement de l’autonomie des opérateurs, est facilitée par l’informatisation : celle-ci abaisse le coût de production des données permettant un suivi fin du travail (Bergouignan 1988 ; Rule et Brantley, 1992). L’usage de critères d’évaluation chiffrés, l’impact de l’évaluation sur la rémunération et la carrière sont plus fréquents, dans tous les groupes socioprofessionnels, pour les salariés qui utilisent un ordinateur dans leur travail (Gollac et Kramarz 1997). Dans un secteur jusqu’ici peu informatisé, le transport routier, les transporteurs qui ont investi dans l’informatique embarquée peuvent rendre compte en temps réel aux chargeurs de l’état du « stock roulant » de marchandises : il en résulte une « amélioration » considérable de la surveillance du travail des chauffeurs (Lefebvre 1996). Le travail des utilisateurs d’ordinateur est donc ainsi individualisé par la gestion dont ils sont l’objet.
25Les changements dans l’organisation du travail corrélatifs à l’informatisation traduisent les changements dans le management et la gestion des ressources humaines que cette informatisation favorise. L’ordinateur est ici à la fois un accélérateur et un révélateur de la nouvelle division du travail. L’aptitude à mettre en œuvre l’informatique est difficilement séparable de l’aptitude à se plier aux nouvelles formes d’organisation du travail. Ces dispositions ne sont pas entièrement expliquées par le diplôme, le sexe, l’origine sociale, ou même des variables décrivant plus directement la situation sur le marché du travail, comme la qualification, l’ancienneté ou la taille de l’entreprise. L’évaluation plus serrée du travail accroît l’impact des écarts entre les individus. Les changements technologiques et organisationnels sont donc susceptibles de raffiner la segmentation de la main-d’œuvre.
26Cette segmentation est matérialisée par l’usage de l’informatique, mais celui-ci n’en est qu’une cause secondaire. Les salariés utilisant l’informatique sont mieux payés. Cependant, si on tient compte des différences d’ancienneté, de formation, etc., et des différences dans l’organisation du travail, l’écart lié à l’usage de l’ordinateur toutes choses égales par ailleurs est réduit à 5 % environ (Gollac 1993). Si on suit dans le temps les carrières salariales, on constate que se mettre à utiliser un ordinateur conduit, au bout de quelques années, à un supplément de salaire de 2 à 4 % (Gollac et Kramarz 1997 ; Entorf, Gollac et Kramarz 1999). L’impact de l’informatique sur le salaire n’est pas négligeable (il pourrait atteindre, au maximum, environ le tiers de celui entre employés administratifs et agents de maîtrise administratifs par exemple), mais il est petit par rapport aux écarts salariaux liés directement à l’insertion dans les nouvelles formes d’organisation. L’informatisation n’est donc qu’une des composantes du processus de segmentation des groupes, catégories et professions. Elle matérialise au demeurant la segmentation des catégories en professions plus peut-être qu’elle ne crée de segmentation à l’intérieur des professions : si on tient compte de l’inégale informatisation des professions (niveau 455 postes de la PCS), on voit que le supplément de salaire à l’intérieur d’une profession donnée est modeste : de l’ordre de 2 % en moyenne. Elle a néanmoins son importance : l’usage de l’ordinateur entraîne une certaine protection contre le chômage, peut-être parce qu’il joue, lors des décisions de licenciement ou d’embauche, le rôle d’un signal sur la « qualité » présumée de la main-d’œuvre.
La résistance des professions
27Les professions ne sont pas toujours l’objet passif des transformations technologiques et organisationnelles. Elles peuvent s’approprier les techniques, en subordonner l’usage à leur logique propre. La résistance des médecins, des enseignants à de possibles transformations induites par l’informatique tient d’une part au fait que ces professions ont un statut social élevé, donc que leurs membres sont peu sensibles au prestige de l’ordinateur ; d’autre part à la forte cristallisation de ces professions, à l’existence d’institutions mais aussi d’idéologies professionnelles, voire de ce qu’on pourrait appeler des « habitus professionnels », des systèmes de dispositions largement partagés.
28Cet « effet de profession » est encore plus clairement visible dans les zones intermédiaires de l’espace social, où les individus sont ordinairement sensibles au prestige de l’informatique et risquent même d’en être les victimes. Les observations de E Acker (1995) sur l’informatisation des unités de soins montrent comment un groupe professionnel solide, celui des infirmières, a pu détourner partiellement à son bénéfice une informatique imposée dans une visée gestionnaire. Les infirmières voulaient formaliser une « activité infirmière » pour la constituer comme autonome par rapport à l’activité médicale. Elles pouvaient s’appuyer sur des travaux théoriques, mais ceux-ci opéraient leur modélisation « dans un vide social et organisationnel ». L’informatisation a été au contraire l’occasion d’une formalisation pratique. L’origine de l’informatisation et de la formalisation de l’activité hospitalière réside dans les visées managériales d’évaluation et de rationalisation, elles-mêmes suscitées ou encouragées par la volonté croissante des responsables politiques de traiter la santé comme un bien économique. Cependant, cette entreprise de formalisation, bien que conçue pour contrôler les activités de soins, et en particulier le travail infirmier, a pu être utilisée par le groupe des infirmières pour consolider dans une certaine mesure sa position, en faisant reconnaître clairement l’existence d’actes spécifiquement infirmiers, non réductibles aux seuls actes prescrits par les médecins. La mobilisation des infirmières au niveau local et leur participation à la définition des outils informatiques ont été la condition pour inscrire dans le système d’information hospitalier la spécificité du rôle infirmier, affirmée et formalisée au niveau national, la rendre tangible, mesurable et visible, l’enjeu étant la définition et la maîtrise d’un champ d’intervention autonome.
29Certaines professions réagissent donc à l’informatisation en corps et non en s’atomisant sous l’effet des différences interindividuelles. De telles professions constituent des univers stables, relativement prévisibles : les agents peuvent y anticiper, rationnellement ou, plus habituellement, intuitivement, les effets d’un choc technologique. Ceci n’implique pas une uniformité des conduites, mais permet une bonne correspondance des investissements dans la technique et des bénéfices de ces investissements, que ceci résulte d’un calcul ou du jeu de dispositions d’apparence spontanées. Dans les groupes professionnels les mieux constitués, le travail est vécu sur le mode de l’autonomie, le savoir valorisé est le savoir sanctionné par le diplôme qui délimite le groupe (Dubar 1991 ; Dubar et Tripier 1998) : leur rapport à l’univers scolaire, fondamental dans la détermination du rapport à l’informatique, est relativement unifié, et leurs membres sont peu portés à attendre leur salut social d’une technique arrivant de l’extérieur. Il n’en va pas de même dans les univers professionnels plus flous, et moins encore dans des univers professionnels qui se délitent en raison des changements organisationnels.
30Comme on l’a vu, l’investissement dans l’informatique dépend du capital culturel et de nombreuses caractéristiques sociales des biographies des personnes. Cependant la mise en œuvre par les individus de techniques comme l’informatique dépend non seulement de variables macrosociales mais aussi du contexte professionnel en un sens plus précis. Par ailleurs la réaction individuelle, voire individualiste à l’informatisation, le surinvestissement dans les techniques (favorable aux entreprises mais coûteux pour les individus) apparaît comme une conséquence possible de l’affaiblissement des logiques professionnelles et d’une individualisation préalable du travail qu’elle renforcerait en retour.
L’appartenance socioprofessionnelle ne joue pas moins, mais autrement
31Les effets de l’informatisation tiennent surtout à ses liens étroits avec le changement organisationnel et aussi à l’extrême plasticité de l’informatique, qui fait qu’elle est utilisée par des personnes socialement très diversifiées et que celles-ci peuvent en faire des usages différents selon leurs caractéristiques individuelles. Ces caractéristiques, l’informatique les partage avec d’autres technologies, matérielles comme les moyens modernes de communication ou immatérielles comme les techniques de gestion. Ce que nous observons à propos de l’informatisation a donc sans doute une certaine valeur de généralité.
32L’informatisation est un processus très marqué par les structures sociales préexistantes. Pourtant elle favorise un affaiblissement des logiques professionnelles, une individualisation du travail. L’informatisation et surtout les changements organisationnels qu’elle a facilités valorisent des compétences dont la formation obéit à des déterminismes sociaux, mais qui sont variables à l’intérieur d’une catégorie ou d’une profession. La détermination du travail, des attitudes, des carrières par la seule profession à un moment donné est sans doute affaiblie. L’influence du capital culturel et du capital social individuel paraît accrue. Le rôle de la trajectoire passée est important : par exemple la propension à s’investir dans l’usage de l’informatique dépend de la relation entre le parcours scolaire et le parcours professionnel. Le degré d’autonomie des espaces professionnels pourrait devenir une variable clé. En fin de compte, le rôle de l’appartenance socioprofessionnelle n’est pas à proprement parler amoindri, mais nous devons sans doute concevoir des modèles de détermination des situations et des comportements plus complexes que ceux qui décrivaient naguère les rapports sociaux de travail.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 Je remercie les différentes personnes qui ont travaillé avec moi à ces recherches : François Bonvin, Michel Cézard, Jean-Claude Combessie, Françoise Dussert, Nathalie Greenan, Francis Kramarz, Gilbert Laffond, Odile Monsigny et, tout particulièrement, Jean-Pierre Faguet Je suis seul responsable des erreurs et des insuffisances de ce texte.
2 Selon les travaux de G. Burnod et A. Chenu (1999), le vocabulaire de l’informatique (« informatique », « informatisé », etc.) est loin de devenir massivement présent dans les intitulés de profession recueillis lors des enquêtes de l’INSEE sur l’emploi. C’est un indice du fait que l’usage, même intensif, de l’informatique ne définit pas l’identité professionnelle des non informaticiens.
3 Voir Les Echos du 28-9-1999.
4 L’absence de lien univoque simple entre informatisation et évolution de l’organisation du travail est également une des conclusions d’une autre récente revue de littérature (Huault 1997).
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