Chapitre 3 - Étude générale du mobilier
p. 27-124
Texte intégral
3.1 Introduction
1Dans ce vaste chapitre sera abordée tour à tour chaque catégorie de mobilier : la céramique, les objets métalliques et les petits objets d'autres natures (fusaïoles, perles et pendeloques, coquillages). Après une définition des protocoles de l'analyse typo morphologique et des classifications mis en œuvre, chaque ensemble fera l'objet d'une présentation en fonction des types identifiés. Nous insisterons ensuite sur la qualité et sur la représentativité des lots étudiés au sein de chacune des nécropoles. Cette étude a été menée dès le départ et délibérément dans le respect le plus strict de la démarche scientifique, en évitant par exemple de confondre des critères purement analytiques avec des valeurs chrono‑culturelles. Le lecteur ne sera donc pas étonné de ne trouver que de rares références régionales ou extrarégionales dans ce chapitre qui se veut résolument monographique. Toutefois les comparaisons typologiques restent, et doivent être, possibles avec d'autres ensembles ; les équivalences avec les travaux effectués sur les nécropoles languedociennes qui sont proposées vont dans ce sens.
3.2 La céramique
2f.p., a.l.
3Les secteurs fouillés des trois nécropoles permettent de disposer d'un impressionnant corpus rassemblant plus de 5 300 récipients en céramique non tournée : 1 830 à Gourjade, 1 093 au Martinet et 2 414 au Causse. Près de 90 % de ce matériel a pu être restitué graphiquement, intégralement ou en partie. Pour la nécropole du Causse, nous pouvons compter sur près de 50 % de profils complets ; au Martinet ce chiffre s'élève aux alentours de 60 % et à plus de 70 % à Gourjade.
3.2.1 Problématique et méthode d'étude
4Afin de maîtriser cette abondante documentation, la construction d'une typologie –« étude des traits caractéristiques dans un ensemble de données, en vue d'y déterminer des types, des systèmes » (Petit Larousse 1993)– s'avère bien évidemment une étape indispensable et incontournable. En effet, seule une telle classification est susceptible de révéler, ou non, un certain nombre de formes aux caractéristiques stables, permettant de décrire l'ensemble de la production. Une des difficultés de cette analyse réside dans le fait que la céramique considérée est dans sa totalité non tournée. Ce mode de fabrication implique des variations, voire des imperfections, dues au savoir-faire du potier qui ne permettent pas d'élaborer de véritables séries, telles celles que l'on peut obtenir avec l'utilisation d'un tour. Aussi, il convient de ne pas s'appesantir sur certains détails d'exécution (inclinaison de la lèvre, distinction fond creux/fond plat, etc.) afin de ne pas aboutir à une multiplication des types et des sous-types de formes qui risquerait de masquer les éventuels caractères homogènes de la production. L'étude typologique présentée ci-après est donc construite à partir de critères simples et logiques qui permettent de mettre en évidence de grands groupes de récipients pour lesquels nous utiliserons le terme de famille.
5La méthode utilisée est fondée sur celle mise au point par André Nickels pour l'étude de la nécropole du Peyrou à Agde (Nickels et al. 1989 : 289-296), reprise pour celle du Moulin à Mailhac (Taffanel et al. 1998). Il nous a paru toutefois nécessaire d'adapter cette étude au corpus dont nous disposions afin de prendre en compte les spécificités chronologiques et géographiques des nécropoles castraises. Ainsi la terminologie employée est sensiblement modifiée notamment par l'ajout ou le retrait de certains types. Les résultats obtenus peuvent cependant, par le jeu des correspondances, être facilement comparés à ceux des séries du Peyrou et du Moulin.
3.2.2 Vers une classification Typologique
6Seuls les critères purement morphologiques entrent ici en ligne de compte. Sur le plan descriptif, le vase est décomposé en trois parties (fig. 9) :
– l'embouchure, qui peut se limiter à un simple rebord ou prendre plus d'importance, nous parlerons alors de col ;
– le contenant ou vasque, élément central du vase présentant des différences morphologiques importantes ;
– la base, partie inférieure du vase sur laquelle il repose, et dont la forme varie.

FIG.9 – Les diverses mesures relevées sur les vases fermés (1) et ouverts (2).
F. Pons/lnrap
7Préalablement à l'étude de chacun de ces éléments et de leur association, nous effectuerons tout d'abord la distinction classique entre vases fermés et vases ouverts. Cette définition s'établit à partir du calcul d'un indice de fermeture (If) défini par le rapport : hauteur totale ‒ hauteur du pied diamètre à l'ouverture Les histogrammes obtenus à partir de ces valeurs montrent une distribution semblable pour les trois nécropoles (fig. 10) : deux ensembles s'individualisent de part et d'autre de l'indice 0,60. Une grande majorité des vases est regroupée dans la première partie des graphiques, avec un indice de fermeture inférieur ou égal à 0,60. On retrouve ici les coupes et plats. Le deuxième groupe, qui rassemble des vases dont l'indice de fermeture est supérieur ou égal à 0,60, correspond aux formes fermées : urnes, vases cylindriques et gobelets.

FIG. 10 – Histogramme de distribution des indices de fermeture des vases.
A. Lagarrigue, F. Pons/lnrap
8Il existe cependant des valeurs intermédiaires, notamment pour la série de la nécropole du Causse. Il apparaît alors difficile de fixer avec précision un palier entre les indices 0,60 et 0,675. Pour contourner ce problème, nous avons donc choisi d'utiliser une définition qui peut sembler moins rigoureuse mais qui s'adapte mieux à l'ensemble des vases considérés : un vase ouvert ne présente pas ou très peu d'inflexion et son diamètre maximum doit être égal à son diamètre à l'ouverture.
3.2.2.1 Urnes, vases cylindriques et gobelets
9Les vases fermés étant définis, il convient maintenant d'en passer en revue chacun des éléments constitutifs (panses, cols et bases).
Les panses
10La panse est un élément qui présente une grande variété de formes. L'observation morphologique des vases des trois nécropoles a abouti à la définition de pas moins de douze formes élémentaires de panses, qui sont chacune traduites par une lettre majuscule.
11Forme A : vase à profil tronconique, parois rectilignes.
Forme B : vase à profil en « bobine » et parois concaves.
Forme C : vase à parois concaves et carène basse.
Forme D : vases à panse ovoïde arrondie.
Forme E : vase à panse ovoïde dont le profil est marqué par une inflexion haute, assez prononcée mais sans la présence d'une véritable carène.
Forme F : vase à panse bitronconique à carène haute.
12Les formes D, E et F sont caractérisées par un indice d'aplatissement de la panse supérieur à 0,90 (panse surhaussée). Cet indice est calculé à partir du rapport la :

13L'histogramme de distribution de cet indice (fig. 11) montre des valeurs intermédiaires entre chaque grand groupe de formes de panses que seule l'appréciation visuelle permet de classer. Rappelons que les contraintes de fabrication des productions étudiées conduisent très souvent à de sensibles variations dans une même forme. Le calcul de cet indice permet de définir les formes globuleuses G à L.

FIG. 11 – Histogramme de distribution des indices d'aplatissement des panses.
A. Lagarrigue, F. Pons/lnrap
14Forme G : vase à panse globuleuse au profil plus ou moins arrondi avec un diamètre maximum situé assez bas, Le diamètre maximum de la panse est supérieur ou égal à sa hauteur, avec un indice d'aplatissement compris entre 0,60 et 0,90.
15La hauteur de ce diamètre maximum permet de distinguer les formes G des formes H mais aussi les formes J des formes K. Il est défini par le rapport lhp :

16La forme G est caractérisée par un indice lhp supérieur à 1,52, la forme H par un indice lhp inférieur à 1,52 (fig. 12).

FIG. 12 – Histogramme de distribution des rapports hauteur de panse / hauteur du diamètre maximum. Forme 1.
A. Lagarrigue, F. Pons/lnrap
17Forme H : vase à panse globuleuse (0,60 < Ia < 0,90) au profil souvent marqué par un changement de direction assez prononcé situé assez haut, caractérisé par un rapport hauteur de panse/hauteur du diamètre maximum inférieur à 1,52.
18Forme I : vase à panse bitronconique (0,60 < Ia < 0,90) à carène haute ou médiane
19Forme J : vase à panse fortement surbaissée (Ia < 0,60) au profil plus ou moins arrondi avec un diamètre maximum situé assez bas correspondant à un rapport hauteur de panse / hauteur du diamètre maximum supérieur à 1,52.
20Forme K : vase à panse fortement surbaissée (Ia < 0,60) au profil souvent marqué par un changement de direction assez prononcé, mais non caréné, situé assez haut (lhp < 1,52).
21Forme L : vase à panse bitronconique fortement surbaissée (Ia < 0,60) à carène haute ou médiane.
Les embouchures
Le seul critère retenu ici est la hauteur du col, la direction, l'inclinaison et la forme propre de cet élément n'étant pas prises en compte. Nous utiliserons, afin de mettre en évidence des variations significatives, l'indice de hauteur propre au col. Il se définit par le rapport le suivant :

22Les distributions des valeurs ainsi obtenues permettent de définir trois types de col (fig. 13), chacun étant représenté par un chiffre.
23Type 0 : cols absents ou trop peu marqués pour être significatifs (le < 0,05).
Type 1 : cols bas ou mi-hauts, le passage entre les deux étant difficilement saisissable (0,05 < le < 0,50).
Type 2 : cols hauts dont l'indice de hauteur est supérieur à 0,50.

FIG. 13 – Histogramme de distribution des indices de hauteur des cols
A. Lagarrigue, F. Pons/lnrap
Les bases
24L'analyse morphologique et métrique de cet élément nous a permis de distinguer cinq types de bases, qui sont notés par une lettre minuscule.
25Type a : fonds ronds.
Type b : fonds ombiliqués.
Type c : fonds plats ou creux.
Type d : pieds bas, annulaires ou pleins.
Type e : pieds hauts.
26La distinction entre pied bas et pied haut est donnée par le calcul de l'indice de hauteur propre du pied (Ip) qui est défini par le rapport :

27Les histogrammes réalisés à partir du calcul de ces indices (fig. 14) montrent que la majorité des pieds étudiés est rassemblée autour de la valeur 0,10. Une rupture est discernable autour de la valeur 0,26 ce qui nous permet d 'isoler les pieds mi-hauts ou hauts des pieds bas. Les véritables pieds hauts sont cependant quasiment absents des séries.

FIG. 14 – Histogramme de distribution des indices de hauteur des pieds.
A. Lagarrigue, F. Pons/lnrap
28La combinaison de ces trois paramètres (panse, embouchure et base) analysés séparément a permis d'élaborer les tableaux des classifications typologiques des vases fermés en usage dans les tombes de chacune des trois nécropoles (fig. 15, 16 et 17).

FIG. 15 – Classification typologique des vases fermés de la nécropole du Causse. (Les formes utilisées comme vase cinéraire sont représentées sur fond grisé.)
F. Pons/lnrap

FIG. 16 – Classification typologique des vases fermés de la nécropole de Gourjade. (Les formes utilisées comme vase cinéraire sont représentées sur fond grisé.)
F. Pons/lnrap

FIG. 17 – Classification typologique des vases fermés de la nécropole du Martinet. (Les formes utilisées comme vase cinéraire sont représentées sur fond grisé.)
F. Pons/lnrap
3.2.2.2 Coupes et plats
29L'étude morphologique des formes ouvertes a abouti à la création de huit grands groupes selon la forme de la vasque. Chaque groupe ou famille est signalé par une lettre majuscule.
30Forme S : coupe ou coupelle à vasque à paroi convexe. Ces récipients adoptent un profil plus ou moins hémisphérique selon l'ampleur de l'inflexion de la lèvre.
Forme T : coupe à vasque biconique et bord déjeté.
Forme U : coupe à vasque bitronconique à carène haute ou médiane.
31Forme V : coupe à vasque de profil concave-convexe.
Forme W : coupe à vasque de profil concave-convexe et à carène basse.
Forme X : coupe tronconique basse et peu évasée.
Forme Y : plat tronconique évasé.
Forme Z : plat tronconique évasé à bord déjeté ou façonné en marli.
32Les figures 18, 19 et 20 regroupent l'ensemble des formes ouvertes présentes dans les trois nécropoles.

FIG. 18 – Classification typologique des vases ouverts de la nécropole du Causse. (Les formes utilisées comme vase cinéraire sont représentées sur fond grisé.)
F. Pons/lnrap

FIG. 19 – Classification typologique des vases ouverts de la nécropole de Gourjade. (Les formes utilisées comme vase cinéraire sont représentées sur fond grisé.)
F. Pons/lnrap

FIG. 20 – Classification typologique des vases ouverts de la nécropole du Martinet
F. Pons/lnrap
3.2.2.3 Équivalences avec les typologies des nécropoles languedociennes
33Si le principe de la méthode de classification utilisé pour les céramiques des nécropoles du Castrais est, comme nous l'avons signalé précédemment, similaire à celui mis au point pour l'étude de la nécropole du Peyrou à Agde puis du Moulin à Mailhac, des adaptations ont cependant été nécessaires: ainsi, les seuils de certains indices diffèrent quelque peu de ceux déterminés pour le mobilier céramique des nécropoles languedociennes, mais les valeurs retenues restent dans l'ensemble très proches, voire souvent identiques. La terminologie que nous nous proposons d'utiliser est aussi sensiblement modifiée. Quelques points sont à souligner :
– les formes G et K de la nécropole du Peyrou et M et Q de la nécropole du Moulin n'ont pas été retenues pour le Castrais ; ces formes élémentaires se caractérisent par la présence de facettes (ou méplats) ou de cannelures larges sur la panse haute du vase; les vases à facettes ou méplats réels sont absents dans les séries du Castrais; quant aux cannelures, nous avons décidé de les traiter comme un élément décoratif plutôt que morphologique ;
– les fonds de type a rassemblent au Peyrou et au Moulin les fonds « plats déprimés ou ombiliqués »; de notre côté, nous avons tenu à faire une véritable distinction entre les fonds ronds, ombiliqués et plats; cette subdivision a notamment permis d'attribuer une valeur chronologique au fond ombiliqué.
34Le tableau synoptique de la figure 21 permet d'avoir une vue générale de ces correspondances.

FIG. 21 – Tableau de correspondance typologique entre les formes céramiques des nécropoles du Castrais et celles du Languedoc.
A. Lagarrigue, F. Pons/lnrap
3.2.3 Étude de détail des familles
35Après avoir établi la classification typologique des vases en usage dans les trois nécropoles, il convient à présent de considérer dans le détail les différentes familles à partir des échantillons qui les représentent. Rappelons que la définition de ces ensembles repose sur des critères non fonctionnels et à priori sans valeur chronologique prédéfinie.
3.2.3.1 Urnes, vases cylindriques et gobelets
36Les vases fermés totalisent sur l'ensemble des trois nécropoles environ un millier d'individus complets. Ils représentent respectivement 36 % de l'ensemble de la série du Causse, 30 % de l'effectif de Gourjade et à peine 20 % de celui du Martinet. Ils se répartissent dans douze familles regroupant soixante-trois formes. Ces formes s'appliquent à la fois pour des grands récipients et pour des vases de petites dimensions. L'histogramme de distribution des diamètres à l'ouverture nous permet de fixer une rupture, commune aux corpus des trois nécropoles, autour de la valeur 100 (fig. 22). Nous emploierons donc le terme de gobelet pour des vases dont le diamètre à l'ouverture est inférieur ou égal à 100 mm, et celui d'urne pour les autres vases. Une exception cependant, le terme de « vase cylindrique » que nous utiliserons sans prendre en compte ces critères dimensionnels : ces formes fermées très particulières ne possèdent jamais de col ou de lèvre bien démarquée de la panse.

FIG. 22 – Histogramme de distribution des diamètres à l'ouverture des vases fermés.
A. Lagarrigue, F. Pons/lnrap
Les vases de la famille A
37Cette famille rassemble des vases au profil tronconique. Elle totalise une quarantaine d'exemplaires complets inégalement représentés dans les trois nécropoles. Cinq formes ont été recensées.
Forme A0c
38La forme A0c se caractérise par l'absence de col et la présence d'un fond plat ou creux. Ces vases sont attestés dans les trois nécropoles où ils ne figurent qu'à un seul exemplaire par tombe. Au Causse et à Gourjade ils ont parfois été utilisés comme vases cinéraires, respectivement dans trois et deux tombes.
C'est au Causse qu'ils sont les plus nombreux avec 16 récipients. Ils proviennent de tombes localisées exclusivement en périphérie de la nécropole, au nord-ouest et à l'est (fig. 23). De dimensions très variées, 40 mm (T.383.3) à 230 mm de haut (T.649.2), la majorité d'entre eux (11 vases) est dotée d'une anse latérale. Cet élément de préhension, fixé directement sous le bord ou plus souvent sur la partie médiane de la panse, peut-être de section ronde, plane ou carrée. Un vase est également muni d'au moins un tenon (T.550.1). Les décors sont rares, limités à une ligne horizontale d'impressions placée sur la partie haute d'un vase (T.533.2). Un autre exemplaire (T.16.3) est recouvert d'une « peinture » rouge sur toute sa surface.
À Gourjade, seuls trois vases de forme A0c sont recensés. Aucun d'entre eux n'est décoré. Le plus petit récipient, qui n'excède pas 70 mm de haut, ne possède pas d'anse latérale (T.52.3). Le plus grand atteint 232 mm de haut (T.345.17). On rencontre ces vases sur la bordure nord-est et dans la tombe la plus méridionale de la nécropole.
Enfin, parmi les quatre vases de ce type présents au Martinet, seul le plus grand d'entre eux est muni d'une anse, fixée directement sous le bord (T.167.13). Ils se répartissent du nord au sud du site.

FIG. 23 – Carte de répartition des vases de formes A0c, A0d et A0e au Causse.
F. Pons/lnrap
Forme A0d
39Cette forme, à la différence de la précédente, repose sur une base qui se démarque bien de la panse (pied plein ou annulaire). Peu nombreux avec seulement cinq exemplaires complets, les vases de ce groupe sont absents du corpus céramique du Martinet.
Au Causse, ils sont représentés par quatre exemplaires de dimensions modestes, n'excédant pas 180 mm de haut. Dans une tombe (T.743), ils sont au nombre de deux dont un, muni d'une anse latérale, a servi de vase cinéraire. Ils sont présents surtout au nord, en périphérie de la nécropole (fig. 23). Le plus petit d'entre eux (58 mm de haut) appartient à une tombe plus centrale (T.330.34).
À Gourjade, un seul vase entre dans cette catégorie (T.51.3). Il ne possède pas d'anse et provient du secteur septentrional de la nécropole.
Forme A0e
40Un seul vase répond à cette définition et a été utilisé comme vase cinéraire. Il est issu d'une tombe de la nécropole du Causse (T.326.1) située au sud de la zone centrale (fig. 23). Cette forme présente une vasque large aux parois rectilignes qui se terminent par un petit bord éversé. Elle est surélevée par un pied haut cylindrique qui repose sur une base constituée par un disque plat. La panse est entièrement décorée d'une série de grands chevrons incisés.
Forme A1c
41Les vases de ce type possèdent un col court, souvent à peine démarqué de la panse. Ils ont servi à cinq reprises de vase cinéraire. Peu fréquente, cette forme est totalement absente à Gourjade.
Sept urnes, provenant de tombes implantées en bordure nord-ouest et est de la nécropole du Causse, correspondent à ce type (fig. 24). On les retrouve parfois en deux exemplaires dans un même dépôt (T.542 et T.603) où une de ces formes est utilisée comme vase cinéraire. Aucune d'entre elles n'est décorée.
Au Martinet, les deux vases de forme Al c présents ont été utilisés comme vase cinéraire. Ils proviennent de tombes implantées au sud-ouest de la nécropole. Un d'entre eux (T.175.4) est décoré au niveau du changement de direction de la panse d'une ligne horizontale d'impressions rondes.

FIG. 24 – Carte de répartition des vases de formes A1e et A1d au Causse.
F. Pons/lnrap
Forme A1d
42La forme A1d est également assez rare (3 vases). Elle n'a pas été reconnue dans le corpus céramique de Gourjade.
Au Causse, les deux récipients de cette forme (T.589.3 et T .641.6) ont servi de vase cinéraire. On les retrouve dans le même secteur de la nécropole que les urnes de forme A1e.
Au Martinet, un vase de petite taille (116 mm de haut) muni d'un pied annulaire nettement marqué provient d'une tombe septentrionale (T.34.1).
Les vases de la famille B
43Cette famille regroupe les vases cylindriques à parois concaves qui leur donnent un profil « en bobine ». Ils sont de dimensions très variées mais de proportions constantes. Bien représentés au Causse avec une trentaine d'exemplaires complets, ces récipients sont moins nombreux d'exemplaires complets, ces récipients sont moins nombreux à Gourjade et rares au Martinet (4 vases). On compte trois formes dans cette famille.
Forme B0c
44Une vingtaine de vases complets de cette forme est issue de la nécropole du Causse. Ils ne sont présents qu'en un seul exemplaire par dépôt, à une exception, la tombe 633, pour laquelle deux vases de ce type coexistaient, l'un muni d'une anse. L'utilisation de cette forme comme vase cinéraire est peu fréquente : seuls trois cas sont attestés (T.16.3, T.483.2 et T.608.7).
À l'instar des récipients sans col de la famille A, ils possèdent très souvent une anse latérale de section variable. Ceux qui en sont démunis sont généralement de petite taille (T.576.11 ou T.633.7). Les décors sont rares. Il s'agit principalement de groupes de cannelures verticales (T.1.4 ou T.483.2). Enfin, sur un de ces vases figure le seul décor excisé présent dans le corpus céramique de la nécropole du Causse (T.693.3). La carte de répartition des vases de cette forme est très proche de celle fournie par les récipients du groupe A0c (fig. 25).

FIG. 25 – Carte de répartition des vases de famille B au Causse.
F. Pons/lnrap
45À Gourjade, la quinzaine d'exemplaires recensés présente une grande variété de tailles. Par exemple, les quatre vases de ce type de la tombe 312 évoluent entre 60 et 142 mm de hauteur. Les décors concernent surtout les petits récipients : lignes et chevrons imprimés à la roulette (T.6.5 et T.220.4), décor au peigne (T.340.2). Surtout présente dans le secteur nord-est et est de la nécropole, on trouve également cette forme dans quelques tombes occidentales (fig. 26).
Au Martinet, les quatre vases de forme B0c proviennent de trois sépultures : deux situées au sud de la nécropole et le dernier au nord (fig. 27). Dans la T.163, où ils sont en double exemplaire, le plus petit d'entre eux, muni d'une anse latérale, est richement décoré sur toute sa hauteur de motifs incisés en croix séparés par des groupes de traits verticaux.

FIG. 27 – Carte de répartition des vases des familles B et C au Martinet.
F. Pons/lnrap
Forme B0d
46Cette forme est représentée par un unique exemplaire provenant d'une tombe orientale de la nécropole de Gourjade (T.25) (fig. 26). Il s'agit d'un petit récipient muni d'une anse latérale et décoré d'une frise de motifs géométriques et anthropomorphes dessinés au trait simple et au double trait incisé.

FIG. 26 – Carte de répartition des vases de famille B à Gourjade.
F. Pons/lnrap
47Un seul vase, issu d'une tombe de la nécropole du Causse (T.165), située au nord de la zone centrale (fig. 25), correspond à cette définition. La vasque est ornée de grands chevrons emboîtés. Comme pour l'unique exemplaire de la forme précédente, on note que le pied annulaire de ce vase est particulièrement étroit, le diamètre à la base correspondant sensiblement à la moitié du diamètre à l'ouverture.
Les vases de la famille C
48Les vases de cette famille affectent un profil très particulier, associant des parois concaves et une carène basse. Ils sont rares, représentés par une dizaine de récipients complets. Quatre formes sont reconnues.
Forme C0a
49Un vase à fond rond (T.135.2) provenant d'une tombe orientale de la nécropole de Gourjade (fig. 28) constitue l'unique exemplaire de cette forme.

FIG. 28 – Carte de répartition des vases de famille C à Gourjade.
F. Pons/lnrap
Forme C0b
50Ce type, dont le fond est ombiliqué, apparaît dans quatre sépultures de la nécropole de Gourjade : une est excentrée au nord-est, les trois autres forment un ensemble situé en bordure orientale du site (fig. 28). On retrouve parmi ces dernières la tombe 135 d'où provient l'unique exemplaire de la forme précédente.
Au Martinet, trois vases, d'une dizaine de centimètres de hauteur, appartiennent à ce groupe. Ils sont issus de trois tombes parmi les plus méridionales du site (fig. 27). Un de ces vases est recouvert d'un engobe rouge et décoré de grands chevrons emboîtés (T.177.l0).
Forme C0d
51Elle n'est représentée que par un seul récipient, de petite taille, provenant d'une sépulture de la nécropole du Causse implantée en bordure orientale du site (T.379.l0).
Forme C0e
52On trouve un représentant de cette forme dans une tombe de la nécropole du Causse implantée au nord du site (T1.11). Un autre exemplaire est connu à Gourjade (T.17.5), à l'est du site (fig. 28). Il est recouvert d'un engobe de teinte rouge et sa vasque porte un décor de grands chevrons incisés.
Les vases de la famille D
53Cette famille compte une centaine de récipients complets. Ces récipients, qui n'intéressent que moins de 1 % des effectifs du Martinet, sont en revanche bien représentés à Gourjade et au Causse avec respectivement 58 et 42 récipients soit 3,5 % et 4 % de l'ensemble des formes complètes. Ils se répartissent dans six groupes.
Forme D0c
54Ces vases, dépourvus de col, sont peu nombreux mais présents dans les trois nécropoles. On ne les trouve qu'à raison d'un exemplaire par tombe où ils ont fréquemment assuré la fonction de vase cinéraire : 4 cas sur 5 au Causse, et 4 cas sur 9 à Gourjade.
Au Causse, les cinq dépôts concernés se rencontrent dans le secteur nord-ouest de la nécropole. Un vase porte une anse unique (T.730.3). Sur un autre, deux anses sont placées en vis-à-vis (T.718.11). Le seul décor attesté est composé d'une ligne d'impressions obliques située près du bord (T.676.1). Deux des neufs vases de cette forme recensés à Gourjade sont dotés d'une anse latérale (T.144.2 et T.325.1). Ici aussi, un seul récipient porte un décor, également imprimé (T.161.3). La répartition de ces vases à Gourjade montre une nette concentration au nord-est du site (fig. 29). Un récipient est également situé en bordure méridionale de la nécropole, dans un secteur peu exploré. On note enfin un dernier vase provenant d'une tombe plus centrale (T.268.1). À la différence des autres, cet exemplaire possède une lèvre courte plus démarquée, ce détail morphologique expliquant peut-être son isolement.
Au Martinet un seul vase est rattaché à ce groupe (T.52.5). Il est situé dans une tombe centrale (fig. 30).

FIG. 29 – Carte de répartition des vases de formes D0c et D0d à Gourjade.
F. Pons/lnrap

FIG. 30 – Carte de répartition des vases de famille D au Martinet.
F. Pons/lnrap
Forme D0d
55Cette forme n'est présente qu'en un seul exemplaire (T.54.11) provenant d'une tombe du nord-est de la nécropole de Gourjade (fig. 29). Utilisé comme vase cinéraire, ce récipient est décoré au peigne et porte un mamelon perforé.
Forme D1c
56Les vases de forme D1c possèdent un col court et un fond plat ou creux. Seules des formes hautes existent dans ce groupe, le récipient le plus petit n'ayant pas moins de 140 mm de haut : il s'agit donc exclusivement d'urnes. Les nécropoles du Causse et de Gourjade comptent chacune vingt‑cinq récipients de ce type alors qu'un seul exemplaire complet est signalé au Martinet. Cette forme est fréquemment utilisée comme vase cinéraire.
Au Causse, on rencontre ces urnes en périphérie de la nécropole, essentiellement dans le secteur nord-ouest (fig. 31). Leur présence est plus anecdotique dans la zone centrale où elles ne sont signalées que dans trois dépôts isolés. Elles ne figurent qu'en un seul exemplaire par tombe, à l'exception de la tombe 700 qui en comporte deux. Dans au moins dix cas, elles ont été utilisées comme vases cinéraires. Si quelques exemplaires portent un décor de cannelures jointives sur la partie supérieure de la panse (T.243.1 ou T.623.1), la plupart restent en revanche non décorés. Deux urnes possèdent une anse latérale (T.636.5 et T.427.10) : elles rappellent les vases cylindriques mais avec des dimensions supérieures. Une autre est munie d'une perforation au niveau du col (T.317.4).

FIG. 31 – Carte de répartition des vases de forme D1c au Causse.
F. Pons/lnrap
57À Gourjade, ces vases peuvent être déposés en deux (T.119, T.191 et T.205), voire trois exemplaires (T.157) au sein d'une même tombe. Ils ne sont présents, à une exception près, qu'en périphérie de la nécropole (fig. 32). Les décors sont rares, présents sur deux exemplaires : un avec des groupes d'incisions obliques (T.397.1), l'autre avec de fines impressions ongulées (T.28.2).

FIG. 32 – Carte de répartition des vases de forme D1c à Gourjade.
F. Pons/lnrap
58Sur un vase (T.157.8) deux mamelons perforés placés en vis-à-vis prennent place sur la partie supérieure de la panse. Au Martinet, seule une urne, décorée d'une frise de chevrons imprimés à la roulette, correspond à cette forme (T.78.1). Elle appartient à une tombe du centre de la nécropole (fig. 30).
Forme D1d
59La forme D1d ne comprend également que des urnes qui diffèrent des précédentes par la présence d'un pied bas bien démarqué de la panse. Elles sont souvent de taille importante, certains exemplaires atteignant une hauteur de plus de 300 mm. Dans les trois nécropoles, excepté dans un cas à Gourjade (T.56), on ne rencontre ces formes qu'à raison d'un exemplaire par tombe. Elles sont très souvent décorées et sont utilisées dans 80 % des cas comme vases cinéraires. Leur pied est parfois muni d'une perforation, notamment à Gourjade.
Au Causse, il semble que l'on puisse diviser en deux sous‑ensembles la dizaine de vases appartenant à ce groupe, selon la présence ou non de décors. En effet, le secteur des vases décorés, limité à une petite aire proche de la zone centrale de la nécropole, exclut ceux qui ne portent aucun décor, provenant de tombes situées en périphérie du site (fig. 33).

FIG. 33 – Carte de répartition des vases de forme D1d au Causse.
F. Pons/lnrap
60À Gourjade, parmi les 23 vases recensés, 19 sont décorés. Ces décors sont le plus souvent composés de grands chevrons imprimés à la roulette ou à la cordelette (T.29.8 ou T.176.2) et de motifs en pendentifs (T.268.2 ou T.322.1). Une dizaine de récipients possèdent également une petite perforation au niveau du pied. Cette forme est absente du centre de la nécropole. Elle se rencontre majoritairement à l'est du site où se trouvent également les rares exemplaires non décorés (fig. 34).
Au Martinet, les urnes de cette forme proviennent de deux sépultures voisines situées au nord de la nécropole et de deux autres plus isolées au sud-ouest du site (fig. 30).

FIG. 34 – Carte de répartition des vases de forme D1d à Gourjade.
F. Pons/lnrap
Forme D2c
61La forme D2c est représentée par un seul vase complet provenant d'une tombe du Causse implantée dans le secteur nord-ouest du site. Il s'agit d'une urne cinéraire, non décorée, possédant un col haut cylindrique (T.615.15).
Forme D2d
62C'est encore au Causse qu'est attesté le seul vase de forme probable D2d (T.245.1). Malheureusement incomplète, cette urne est décorée de trois lignes horizontales d'impressions en tirets. Elle provient d'une tombe du secteur central de la nécropole.
Les vases de la famille E
63Cette famille rassemble des vases à panse surhaussée caractérisée par une inflexion assez prononcée au niveau du changement de direction, mais ne correspondant pas à une véritable carène. À l'exception d'un unique gobelet, il s'agit d'urnes qui, par ailleurs, dans la majorité des cas, ont eu une fonction de vase cinéraire dans la tombe. Au total, seuls 24 récipients complets sont recensés dans cette famille qui compte trois formes principales.
Forme E1c
64Cette forme regroupe des urnes à col court et fond plat ou creux.
Au Causse, trois tombes installées en bordure orientale du site renfermaient quatre vases de ce type (fig. 35). Un seul de ces récipients porte un décor, composé d'une frise de chevrons imprimés à la cordelette (T.558.6).

FIG. 35 – Carte de répartition des vases de formes E1c et E1d au Causse.
F. Pons/lnrap
65Parmi les quatre exemplaires rencontrés à Gourjade aucun n'est décoré. Un de ces vases possède une particularité avec un changement de direction de la panse placé assez bas (T.211.1). Leur répartition est limitée au secteur oriental de la nécropole (fig. 36).

FIG. 36 – Carte de répartition des vases de formes E1c et E1d à Gourjade.
F. Pons/lnrap
66Au Martinet, deux vases entrent dans ce groupe. L'un d'eux est décoré d'un cordon imprimé fixé à la jonction du col et de la panse (T.38.1). Ils proviennent de tombes implantées à l'ouest du site.
Forme E1d
67Aux urnes, encore très prédominantes dans ce groupe, viennent s'ajouter de rares gobelets. Les dix urnes recensées ont toutes été utilisées comme vases cinéraires. Elles sont décorées dans leur quasi-totalité. Le pied annulaire ou plein qui permet de les différencier de la forme précédente est parfois muni d'une perforation.
Au Causse, on compte quatre formes E1d parmi lesquelles un petit gobelet de 64 mm de haut (T.544.4) muni d'une perforation au niveau du pied. Les trois urnes sont décorées : motifs imprimés à la cordelette (T.275.1), cannelures jointives et lignes de pointillés incisées au double trait (T.88.1), pendentifs incisés (T.305.3 et T.397.1). Une d'entre elles possède une double perforation au niveau du pied (T.397.1). La distribution de cette série exclut les zones périphériques de la nécropole (fig. 35).
À Gourjade, sur les cinq vases de ce type, un seul n'est pas décoré et deux sont munis d'une perforation au niveau du pied. Il s'agit d'une grande urne qui appartient à une tombe située en bordure orientale du site (T.368.5). Les autres récipients présentent des décors assez variés : grands chevrons incisés au double trait (T.295.6), pendentifs en croix (T.142.2), impressions à la cordelette (T.393.1). Ils proviennent d'un petit groupe de trois sépultures implantées à l'ouest et d'une autre située à l'est (fig. 36).
Les deux vases de forme E1d recensés au Martinet font partie d'un même dépôt localisé au nord du site (T.21). Ils sont tous deux décorés : le plus grand, utilisé comme vase cinéraire, de cannelures jointives, l'autre de motifs en tirets incisés.
Forme E2c
68Ces vases à col haut sont représentés par trois exemplaires : un au Causse et deux à Gourjade. Aucun d 'entre eux n'est décoré. Le vase de la nécropole du Causse provient d'une tombe située à l'est du site (T.530). Ceux présents à Gourjade sont issus de deux dépôts implantés en limite est du site (T.60 et T.371).
Les vases de la famille F
69Il s'agit de récipients à panse surhaussée et carénée. Cet ensemble qui comprend trois formes ne compte que quatre exemplaires complets.
Forme F1c
70Attestée uniquement à Gourjade, cette forme est illustrée par une urne non décorée, utilisée comme ossuaire (T.58.3). Elle provient d'une tombe implantée à l'extrémité nord-est du site.
Forme F1d
71Deux exemplaires de ce type sont connus. Il s'agit de deux urnes funéraires, décorées l'une de cannelures jointives sur la partie supérieure de la panse (T.103.1), l'autre de lignes et de pendentifs imprimés à la cordelette (T.48.1). Elles sont issues de deux tombes de la nécropole du Causse localisées dans la zone centrale du site.
Forme F1e
72L'unique représentant de ce groupe provient également d'une tombe de la nécropole du Causse, situé au sud du site (T.419.1). Cette urne, utilisée comme vase cinéraire, est décorée de lignes imprimées à la cordelette sur la panse et présente une perforation au niveau du pied.
Les vases de la famille G
73Cette grande famille est représentée dans chacune des trois nécropoles par de nombreux exemplaires (10,5 % de l'ensemble du corpus des formes complètes au Causse, environ 7 % à Gourjade et au Martinet) parmi lesquels se côtoient urnes et gobelets. Les vases, et notamment les urnes, de cette famille sont rarement présents à plus d'un exemplaire dans les tombes. Sept formes sont recensées,
Forme G0c
74Un petit gobelet sans col d'une tombe du nord-est de la nécropole de Gourjade correspond à cette forme (T.33.5). Son allure générale est très proche de celle des vases ouverts de la famille S.
Forme G1c
75Au total 86 récipients complets sont répertoriés dans ce groupe : 57 urnes et 29 gobelets (fig. 37).

FIG. 37 – Distribution des vases de forme G 1 c en fonction de leur hauteur et de leur diamètre à la panse.
F. Pons/lnrap
76C'est au Causse que l'on rencontre le plus grand nombre d'exemplaires complets avec cinquante et un individus dont vingt-deux gobelets. La répartition de ces derniers, non décorés pour la plupart, est intéressante, ces vases n'étant jamais présents dans les tombes implantées en périphérie de la nécropole (fig. 38). À l'inverse, la distribution des urnes ne montre en soi aucune concentration particulière sauf si l'on ajoute des critères autres que purement morphologiques. Ainsi, si l'on prend en compte le facteur décor, on observe une fréquence plus élevée d'urnes G1c décorées dans les tombes du centre de la nécropole (fig. 39). Cette préférence est également observable avec les cinq urnes de ce type munies d'anses latérales (fig. 40). Parmi ces dernières, la seule qui n'est pas décorée (T.640.1) est isolée au nord-ouest de la nécropole. Le registre décoratif se limite très souvent à une série de cannelures jointives, aussi bien sur les urnes (T.213.1 ou T.424.1) que sur les gobelets (T.557.1). Il comprend en outre des motifs géométriques incisés au double trait (T.424.2) et des impressions fines (T.334.11) parfois en association (T.315.8). Des pointillés obliques ornent également un vase muni d'un goulot (T.362.17). Enfin, notons que le col de trois urnes présente une perforation

FIG. 38 – Carte de répartition des gobelets à col bas de famille G au Causse.
F. Pons/lnrap

FIG. 39 – Carte de répartition des urnes de forme G1c au Causse.
F. Pons/lnrap

FIG. 40 – Carte de répartition des urnes à deux anses des familles G et H au Causse.
F. Pons/lnrap
77À Gourjade vingt-trois vases de forme G1c, dont six gobelets, ont été identifiés dans la série. Les dépôts de gobelets intéressent uniquement des tombes du centre de la nécropole (fig. 41). Quant aux urnes, il semble que le facteur décor a ici aussi son importance, les urnes non décorées se trouvant surtout en bordure orientale du site (fig. 41). Les décors concernent toutefois peu de vases (8 ex.). On retrouve également ici trois vases munis d'une perforation au niveau du col.

FIG. 41 – Carte de répartition des vases de forme G1c à Gourjade.
F. Pons/lnrap
78Au Martinet, une douzaine de récipients répondent aux critères de la forme G1e. Parmi eux, deux urnes seulement sont décorées : l'une de grands chevrons (T.98.3), l'autre de pendentifs (T.85.1) imprimés à la roulette ou à la cordelette. La répartition de ces vases, si elle ne montre pas de concentration particulière, ne concerne toutefois pas les tombes du secteur le plus septentrional du site. L'unique gobelet de forme G1c présent dans ce corpus (T.41.8) est issu d'une sépulture implantée en bordure nord-est de la nécropole (fig. 42).

FIG. 42 – Carte de répartition des vases de forme G1c au Martinet.
F. Pons/lnrap
Forme G1d
79Cette forme ne diffère de la précédente que par la présence d'un pied bas (plein ou annulaire). Elle est également très bien représentée, surtout au Causse et à Gourjade où ce groupe concerne environ 14 % des formes fermées et 5 % de l'effectif total. Elle comprend des urnes, parfois de petites dimensions, très souvent utilisées comme vases cinéraires, et des gobelets à hauteur de 20 % dans chacune des séries du Causse et de Gourjade (fig. 43). Les décors sont également très fréquents : ils intéressent plus d'un vase sur deux. La présence d'une perforation, simple ou double, sur le pied ou au niveau du col, est un autre élément que l'on rencontre assez souvent mais uniquement sur les urnes de ce groupe.

FIG. 43 – Distribution des vases de forme G1d en fonction de leur hauteur et de leur diamètre à la panse.
F. Pons/lnrap
80Une soixantaine de vases de ce type a été identifiée au Causse parmi lesquels treize gobelets. Ces vases constituent la seule forme céramique utilisée pour au moins cinq dépôts comprenant une urne et un gobelet (T.228 ou T.255 par exemple). Plus de la moitié des urnes sont utilisées comme vases cinéraires. Comme pour la forme G1c, des urnes à deux anses, au total 11 vases (T.433.1 ou T.428.1 par exemple), sont présentes dans la série. On trouve également un vase muni de quatre languettes perforées disposées verticalement et diamétralement opposées (T.12.6). Une dizaine d'urnes présentent une ou deux perforations au niveau du pied et/ou du col. Plus de la moitié de ces vases portent un décor. Les techniques utilisées et les thèmes représentés sont très variés : série de cannelures jointives (T.88.2 par exemple), motifs géométriques incisés au simple (T.507.3), double (T.423.1) ou triple trait (T.441.2), zoomorphes incisés au double trait (T.105.1), lignes, chevrons et pendentifs divers imprimés à la roulette ou à la cordelette (T.203.1 par exemple).
81Les observations précédentes concernant la répartition spatiale des vases de forme G 1c au Causse semblent pouvoir s'appliquer ici (fig. 38 et 44). Toutefois, la distribution des urnes décorées et non décorées est moins tranchée (fig. 44). Rappelons que le facteur décor est pris ici dans son ensemble et qu'il est probable que la technique et/ou les motifs utilisés seraient à considérer plus en détail. Par exemple, les séries de cannelures jointives présentent des variations importantes en taille et en nombre (cf. infra § 2.4.2).

FIG. 44 – Carte de répartition des urnes de formes
F. Pons/lnrap
82À Gourjade, 66 vases sont recensés dans ce groupe : 48 urnes et 18 gobelets. Un seul dépôt (T.277) comprenait deux de ces formes (deux gobelets). À la différence de la série du Causse, les urnes à deux anses n'existent pas ici. En revanche, la présence d'une perforation, plus rarement deux, au niveau du col et surtout sur le pied est fréquente sur les urnes (au moins 17 cas). On dénombre également un nombre plus important de vases décorés : 38 urnes et 6 gobelets. Les décors de simples lignes ou de grands chevrons imprimés à la roulette sont très fréquents sur les urnes (T.300.7 par exemple). D'autres thèmes existent mais ils ne sont représentés qu'à peu d'exemplaires : cannelures jointives plus ou moins larges sur la panse supérieure (T.99.1 ou T.392.1), pendentifs géométriques (T.132.2 ou T.127.1), séries de triangles hachurés (T.393.2 ou T.272.18) ou décor ondé incisé (T.383.1). La répartition des gobelets, avec ou sans décor, est intéressante : ces petits vases n'intéressent que des tombes du secteur central de la nécropole (fig. 45). Concernant la distribution des urnes, les considérations évoquées précédemment pour la nécropole du Causse peuvent également être reprises ici. On remarquera toutefois qu'aucun de ces vases non décorés n'est présent, ni à l'ouest du site, ni dans sa zone centrale (fig. 46). À noter également que les perforations que l'on peut trouver sur les urnes ne constituent pas un élément discriminant sur le plan topographique, aussi bien ici que dans les deux autres nécropoles et ceci d'ailleurs quelle que soit la forme concernée.

FIG. 45 – Carte de répartition des gobelets de forme G1d à Gourjade.

FIG. 46 – Carte de répartition des urnes de formes G1d et G1e à Gourjade,
F. Pons/lnrap
83Au Martinet, les véritables gobelets n'existent pas parmi les dix-huit représentants de forme G1d identifiés. Il existe cependant des vases de petites dimensions, dont les hauteurs se situent entre 105 mm (T.41.5) et 155 mm (T.101.2). Cette forme est ici aussi très fréquemment décorée (16 vases), souvent de motifs de chevrons hachurés ou incisés (T.101.2 ou T.36.2). Les cols et les pieds de ces récipients peuvent être également munis d'une (T.13.6 et T.146.3) ou deux perforations (T.31.1). On rencontre ces vases sur toute l'étendue du site à l'exception de la bordure méridionale (fig. 47).

FIG. 47 – Carte de répartition des urnes de formes G1d et G1e au Martinet.
F. Pons/lnrap
Forme G1e
84Ce groupe, caractérisé par la présence d'un pied surélevé, n'est représenté que par quelques exemplaires.
Au Causse, cette forme affecte uniquement des petits vases : trois gobelets et une petite urne (T.513.3). Deux de ces vases sont décorés (T.513.3 et T.362.14). Un des gobelets possède une perforation au niveau du pied (T.416.2). Leur distribution sur la nécropole exclut tout le secteur nord-ouest (fig. 38 et 44).
À Gourjade, deux grandes urnes non décorées appartiennent à ce groupe (T.181.4 et T.190.6). On les rencontre l'une à l'extrémité occidentale du site, l'autre dans le secteur oriental (fig. 46).
Un seul vase du Martinet répond à cette forme. De dimensions modestes (130 mm de haut), il est décoré de grands chevrons imprimés à la roulette (T.123.6). Il provient d'une tombe implantée au sud-ouest du gisement (fig. 47).
Forme G2c
85Cette forme à col haut n'intéresse que les urnes. Elle n'est pas représentée au Martinet.
Au Causse, six dépôts sont concernés. Deux de ces urnes sont décorées : l'une de larges cannelures jointives appliquées sur la partie supérieure de la panse (T.169.11), l'autre de grands chevrons cannelés (T.637.2). Ces vases ne sont présents que dans des tombes situées en périphérie de la nécropole, essentiellement au nord-ouest (fig. 48).

FIG. 48 – Carte de répartition des urnes à col haut des familles G et H au Causse.
F. Pons/lnrap
86Trois urnes de la nécropole de Gourjade, dont deux utilisées comme vases cinéraires, se rapportent à cette forme (T.173.1, T.178.1 et T.270.1). Elles proviennent de dépôts localisés à l'est du site (fig. 49).

FIG. 49 – Carte de répartition des vases à col haut des familles G et H à Gourjade.
F. Pons/lnrap
Forme G2d
87Cette forme est également absente de la nécropole du Martinet.
Quatre tombes de la bordure orientale de la nécropole du Causse ont livré chacune un exemplaire (fig. 48). Deux sont décorés d'une série de larges cannelures (T.63.6 et T.485.1).
À Gourjade, sept vases provenant de dépôts situés sur les franges orientales et occidentales de la nécropole appartiennent à ce groupe (fig. 49). Les trois exemplaires qui présentent un décor sont issus de tombes implantées à proximité, dans la partie ouest du site (T.330.1, T .142.3 et T.244.4). L'un d'eux est muni d'une double perforation au niveau du pied. Ces éléments sont rarement présents sur les formes à col haut.
Forme G2e
88Elle n'existe pas au Martinet et ne figure qu'à de rares exemplaires au Causse et à Gourjade.
Deux grandes urnes à col et pied haut proviennent de la bordure est de la nécropole du Causse. L'une d'elles, utilisée comme vase cinéraire (T.379.1), est richement décorée de longues et profondes hachures dessinant des motifs géométriques.
À Gourjade un seul vase complet affecte cette forme. Il s'agit d'une urne qui appartient à une tombe du nord-est du site (T.212.6).
Les vases de la famille H
89La famille H rassemble près d'un quart des vases fermés dans chacune des trois nécropoles. À la différence de la famille précédente, les huit formes recensées ici sont caractérisées par un profil marqué par un changement de direction placé assez haut, mais sans véritable carène. Même si parfois l'appréciation de ce caractère peut apparaître discutable, le classement proposé n'influe pas d'une manière générale sur la typologie des formes et l'exploitation de celles-ci.
Forme H0c
90Absent au Martinet, ce groupe ne compte que trois représentants.
Le premier est issu d 'une tombe du nord-ouest de la nécropole du Causse. Il a servi de contenant pour l'incinération (T.15.10).
Les deux autres proviennent de la nécropole de Gourjade. L'un est muni d'une anse latérale (T.51.2), identique à celle des vases de forme A0 ou D0, dont il partage l'aire de distribution. L'autre est un gobelet de 52 mm de haut et appartient à une tombe du centre de la nécropole (T.299.5).
Forme H0d
91Cette forme n'a été identifiée qu'à Gourjade, sur un seul vase n'excédant pas 80 mm de haut et provenant d'une sépulture méridionale (T.342.12).
Forme H1c
92Ce groupe, qui comprend surtout des urnes (fig. 50), est bien représenté dans chacune des trois séries. Au Causse, trente-huit vases de forme H1c ont été identifiés. Les véritables gobelets sont rares. Les quatre exemplaires recensés proviennent de tombes implantées au centre et au sud de la nécropole.

FIG. 50 – Distribution des vases de forme H1c en fonction de leur hauteur et de leur diamètre à la panse.
F. Pons/lnrap
93Les urnes sont très souvent utilisées comme vases cinéraires (21 vases). Bien que cette forme affectionne tous les secteurs de la nécropole, il est toutefois intéressant de voir que les récipients non décorés sont presque tous cantonnés en périphérie du site (fig. 51). Dans le détail, on s'aperçoit même, que parmi les vases décorés, ceux qui présentent des cannelures larges sont exclus du centre de la nécropole où ces motifs existent mais avec une finesse d'exécution plus importante.

FIG. 51 – Carte de répartition des vases de forme H1c au Causse.
F. Pons/lnrap
94La vingtaine de vases de forme H1c recensée à Gourjade ne comprend que deux gobelets issus d'un même dépôt situé à l'est du site (fig. 52). Une urne sur deux est décorée. Presque toutes les techniques sont utilisées : cannelures (T.345.12), incisions (T.192.1), impressions à la cordelette (T.335.1) ou à la roulette (T.195.10). Ces formes n'intéressent pas les tombes de la zone centrale de la nécropole (fig. 52).

FIG. 52 – Carte de répartition des vases de forme H1c à Gourjade.
F. Pons/lnrap
95Au Martinet 18 vases de forme H1c sont répertoriés. Il s'agit uniquement d'urnes. Quatre d'entre elles portent un décor. À l'exception de trois dépôts septentrionaux (T.31.4, T.32.3 et T.36.1), ces vases ne sont présents que dans la moitié sud-ouest de la nécropole (fig. 53).

FIG. 53 – Carte de répartition des urnes de forme H1c au Martinet.
F. Pons/lnrap
Forme H1d
96Près de 140 vases complets entrent dans ce groupe : 45 au Causse, 79 à Gourjade et 14 au Martinet. Il s'agit presque exclusivement d'urnes utilisées plus d'une fois sur deux comme vases cinéraires (85 % de l'effectif à Gourjade et au Martinet, et 70 % au Causse) . Les gobelets de cette forme ne sont représentés que par un seul exemplaire complet au Causse et quatre autres à Gourjade.
Au Causse, l'unique gobelet de ce groupe (T.239.4) est issu d'une tombe du centre de la nécropole (fig. 54). Parmi les urnes, trois vases à deux anses (T.264.3, T.421.1 et T.476.1) et sept cas de perforation simple ou double au niveau du col ou sur le pied sont à signaler. Les décors présents sur ces supports sont fréquents et variés : ils intéressent 35 vases. Les cannelures, seules ou en association, se rencontrent sur 22 vases. Les motifs géométriques traités au double trait ornent quatre récipients (T.430.1 par exemple). Les pendentifs imprimés à la cordelette (T.395.2 ou T.526.1) sont représentés sur cinq vases. Quant aux impressions en pointillés ou en tirets, elles concernent huit urnes (T.421.1 par exemple). Deux petites urnes se singularisent par leur décor qui utilise toute la surface de la paroi externe du vase : l'un est composé d'un quadrillage incisé (T.296.3), l'autre de motifs linéaires imprimés (T.286.2). La distribution de ces urnes est très proche de la forme sans pied et les mêmes remarques, peut-être plus nuancées, peuvent être émises pour ce groupe (fig. 54).

FIG. 54 – Carte de répartition des vases de forme 52 H1d au Causse.
F. Pons/lnrap
97À Gourjade, cette forme compte le plus grand nombre de représentants parmi les vases fermés (17,50 % de l'effectif). Les rares gobelets présents dans ce groupe sont issus de dépôts proches de la zone centrale de la nécropole. Les urnes sont quasiment toutes décorées (71 exemplaires), le plus souvent de grands chevrons imprimés à la roulette ou la cordelette (T.326.4 ou T.326.8). Une quinzaine d'entre elles présentent une perforation au niveau du pied et quatre autres en ont deux. La répartition spatiale de ces récipients ne présente aucune caractéristique particulière. La forme en elle-même intéresse la quasi-totalité de la nécropole (fig. 55).

FIG. 55 – Carte de répartition des vases de forme H1d à Gourjade.
F. Pons/lnrap
98Sur les quatorze récipients de forme H1d recensés au Martinet, douze ont fait office d'urnes funéraires. Neuf vases sont décorés, ici aussi, le plus souvent de grands chevrons imprimés à la roulette (T.143.5). Trois possèdent une perforation sur le pied. La répartition de ces vases n'affecte pas la partie la plus méridionale du site (fig. 56).

FIG. 56 – Carte de répartition des vases de forme H1d au Martinet.
F. Pons/lnrap
Forme H1e
99Un seul représentant de ce groupe a été identifié. Il s'agit d'un gobelet provenant d'une tombe du secteur central de la nécropole du Causse (T.2.2). Ce vase est décoré d'une série d'impressions grossières et peu marquées sur la partie supérieure de la panse.
Forme H2c
100Ce groupe, qui ne compte qu'une dizaine d'exemplaires, ne comprend que des urnes. Ces récipients sont toujours déposés en un seul exemplaire par tombe où ils peuvent assurer la fonction de vase cinéraire. Contrairement aux formes H précédentes, très peu sont décorés.
Au Causse, six vases ont été inventoriés. Un seul est décoré : il présente deux lignes horizontales imprimées à la roulette (T.679.1). Leur distribution est identique à celle des vases à col haut de la famille G (fig. 48).
À Gourjade, ces vases sont au nombre de cinq. Ils ne sont présents que dans des dépôts de la partie orientale du site (fig. 49). Deux sont décorés : l'un de cannelures larges au niveau de l'épaulement (T.347.3), l'autre de grands chevrons imprimés à la roulette (T.194.6). Un vase du Martinet, issu d'une tombe du centre de la nécropole (fig. 57), et utilisé comme ossuaire, est recensé dans ce groupe (T.82.1).

FIG. 57– Carte de répartition des vases à col haut des familles H et I au Martinet.
F. Pons/lnrap
Forme H2d
101Également représentée par un faible effectif, cette forme occupe les mêmes aires de répartition dans les nécropoles du Causse et de Gourjade que les vases du groupe précédent (fig. 48 et 49).
Huit grands vases ont été identifiés au Causse. Un seul d'entre eux est décoré (T.379.2). Il possède une perforation au niveau du pied.
Six autres sont issus de Gourjade, parmi lesquels deux provenant d'une même tombe (T.367) où ils ont été utilisés comme urne cinéraire. Deux de ces récipients présentent également une perforation au niveau du pied (T.19.1 et T.180.6).
Au Martinet, trois vases, tous sans décor (T.93.2, T.148.8 et T.150.2), proviennent de trois tombes implantées dans la partie sud-ouest de la nécropole (fig. 57).
Forme H2e
102Ce groupe ne contient que deux exemplaires identifiés. Il s'agit de deux urnes funéraires, non décorées (T.154.4 et T.703.17), issues de deux tombes situées en périphérie de la nécropole du. Causse.
Les vases de la famille I
103Cette famille, qui ne compte que quatre formes identifiées, correspond à des récipients à panse bitronconique marquée par une carène haute ou médiane.
Forme IIc
104Huit exemplaires de ce groupe ont été relevés : deux gobelets et une urne au Causse, un gobelet et deux urnes à Gourjade, et deux urnes au Martinet.
Le faible effectif de cette série ne permet aucune analyse sérieuse de leur distribution au sein des nécropoles. Toutefois, au Causse, cette forme ne se rencontre jamais en périphérie de la nécropole (fig. 58).

FIG. 58 – Carte de répartition des vases de famille I au Causse.
F. Pons/lnrap
Forme IId
105Gobelets et urnes se côtoient également dans ce groupe qui compte un nombre de représentants un peu plus élevé que pour la forme sans pied (fig. 59). La quasi-totalité de ces vases présente un décor.

FIG. 59 – Distribution des vases de formes I1c et I1d en fonction de leur hauteur et de leur diamètre à la panse.
F. Pons/lnrap
106Au Causse, neuf vases, dont un seul gobelet (T.26.2), entrent dans ce groupe. Huit d'entre eux sont décorés, avec comme motif principal les cannelures jointives, utilisées seules sur cinq exemplaires et combinées avec des lignes d'impressions sur les trois autres (T.141.1, T.180.1 et T.400.1). Parmi ces récipients, quatre sont munis d'une ou deux perforations sur le col et/ou sur le pied. Ces vases se rencontrent dans la zone centrale et méridionale du site (fig. 58).
À Gourjade, treize récipients de forme I1d ont été identifiés. Ils sont souvent de petites dimensions, n'excédant pas pour la plupart 160 mm de haut (T.72.2 par exemple). Un seul possède une perforation, au niveau du pied (T.28.5). Les décors concernent une douzaine de récipients. Comme au Causse, les cannelures sont nombreuses, parfois en association avec des motifs imprimés à la roulette qui sont ici plus fréquents. L'aire de répartition de ces récipients n'intéresse pas les bordures est et ouest de la nécropole (fig. 60).
Au Martinet, la forme IId n'est présente qu'à deux reprises : dans une tombe du nord du site (T.2.1) et dans une autre située au sud-est (T.131.5) (Fig. 61). Les deux vases concernés sont décorés de cannelures couvrantes.

FIG. 60 – Carte de répartition des vases de famille I à Gourjade.
F. Pons/lnrap

FIG. 61 – Carte de répartition des urnes à col court de famille I au Martinet.
F. Pons/lnrap
Forme I2e
107Deux vases de la nécropole du Martinet sont inventoriés dans ce groupe (T.131.3 et T.154.5). Il s'agit de deux urnes, non décorées, provenant de deux sépultures méridionales (Eg. 57).
Forme I2d
108Absente au Causse, cette forme est représentée par un exemplaire à Gourjade (T.345.8) et un autre au Martinet (T.37.5).
À Gourjade, il provient d'une tombe implantée à l'extrémité sud de la nécropole. Au Martinet, le dépôt auquel il appartient est isolé au nord du site (Eg. 57) .
Les vases de la famille J
109Cette famille rassemble une dizaine de formes caractérisées par une panse arrondie fortement surbaissée. Les cinq formes à col court intéressent principalement les gobelets, celles possédant un col haut (3 formes) étant préférentiellement réservées aux urnes.
Forme J0c
110Présente uniquement à Gourjade, cette forme concerne deux vases de petite taille. Le premier provient d'une tombe implantée à l'extrémité ouest du site. Le second est plus atypique et porte un décor de grands chevrons excisés (T.167.23). Il appartient à un dépôt du nord-est de la nécropole.
Forme J0d
111Un seul exemplaire de ce groupe a été identifié. Il provient d'une tombe centrale de la nécropole de Gourjade où il a été utilisé comme vase cinéraire (T.282.1).
Forme J1a
112Ce groupe, qui n'est pas représenté à Gourjade, ne comprend qu'une dizaine de gobelets, tous de petite taille (fig. 62). Au Causse, cinq exemplaires sont recensés. Trois d'entre eux proviennent de trois dépôts voisins situés à l'est du centre de la nécropole (fig. 63). Les six exemplaires du Martinet sont issus de quatre tombes implantées dans le quart nord-est du site (fig. 64).

FIG. 62 – Distribution des vases de formes J1a et J1b en fonction de leur hauteur et de leur diamètre à la panse.
F. Pons/lnrap

FIG. 63 – Carte de répartition des gobelets à col bas de famille J au Causse.
F. Pons/lnrap

FIG. 64 – Carte de répartition des gobelets à col bas de famille J au Martinet.
F. Pons/lnrap
Forme J1b
113À l'exception de deux vases, cette forme qui présente un fond ombiliqué ne concerne que les gobelets (fig. 62).
Dans la nécropole du Causse, une dizaine de gobelets de forme JIb sont recensés. Un seul d'entre eux est décoré (T.512.4). On les retrouve dans presque tous les secteurs, mis à part le centre du site (fig. 63).
À Gourjade, on compte au moins neuf vases dans ce groupe. Aucun n'est décoré. Leur distribution ne laisse apparaître aucune concentration particulière. Ils sont présents aussi bien en périphérie qu'au centre de la nécropole.
Au Martinet, six gobelets et deux vases de plus grande taille ont été identifiés. Ces derniers sont issus d'un même dépôt (T.163.1 et 2) du sud de la nécropole. L'aire de distribution des gobelets se situe plus au nord (fig. 64).
Forme J1c
114Ce groupe est également représenté par une majorité de vases de petite taille rarement décorés.
Au Causse, peu d'exemplaires de cette forme sont recensés : une urne et quatre gobelets dont un décoré de cannelures jointives soulignées par une ligne d'impressions (T.432.2). L'urne appartient à la tombe la plus orientale de la zone fouillée (T.533.1). Les gobelets sont absents du secteur central de la nécropole (fig. 63).
À Gourjade, ce groupe comprend au moins 17 récipients parmi lesquels une seule urne (T.71.8), utilisée comme vase cinéraire, dans une tombe de la partie orientale du site. L'aire de répartition des gobelets est très intéressante : elle ne concerne quasiment que le centre de la nécropole et exclut totalement les secteurs périphériques (fig. 65).

FIG. 65 – Carte de répartition des vases de forme J1c à Gourjade.
F. Pons/lnrap
115Trois vases du Martinet adoptent cette forme : un gobelet provenant d'une sépulture du nord du site (T.2.4), et deux petites urnes n'excédant pas 160 mm de haut. L'une, richement décorée, provient d'une tombe de la bordure septentrionale de la nécropole (T.4.7) ; la seconde, qui ne porte aucun décor, est issue d'un dépôt localisé au sud du site (T.167.12) (fig. 66).

FIG. 66 – Carte de répartition des urnes à col bas de famille J au Martinet.
F. Pons/lnrap
Forme J1d
116Bien qu'encore nombreux, les gobelets sont nettement moins majoritaires dans ce groupe qui compte plus d'une cinquantaine de récipients identifiés : une urne et vingt gobelets au Causse, dix urnes et vingt-deux gobelets à Gourjade, trois urnes et un gobelet au Martinet.
Parmi les exemplaires recensés au Causse, six seulement sont décorés : motifs de chevrons hachurés (T.424.5), lignes incisées (T.518.1), groupes de traits verticaux (T.244.2 ou T.531.6). L'un d'eux, malheureusement très incomplet, était vraisemblablement recouvert sur toute sa surface d'une série de motifs complexes, certains incisés, d'autres imprimés à la roulette (T.331.2). Un gobelet possède un pied assez peu caractéristique, très épais et bien dégagé de la panse (T.595.3). Un autre présente une perforation sur le pied (T.116.1). La carte de répartition de ces vases montre deux secteurs préférentiels : le premier au centre de la nécropole, le second, plus au sud (fig. 63).
À Gourjade, plus de la moitié de ces récipients portent un décor. Les groupes de traits verticaux incisés sont fréquents sur les gobelets (T.18.2 ou T.128.8). Deux d'entre eux (T.133.2 et T.285.3) présentent un traitement original (décor « gratté »). Parmi les urnes, seules trois ne sont pas décorées et deux sont munies d'une perforation au niveau du pied (T.159.1 et T.400.8). Les décors de cannelures sont toujours très présents, associés à des motifs en pendentifs imprimés (T.400.8 ou T.328.3) ou des motifs de lignes ondées (T.159.1). La distribution de ces vases est très significative : les tombes qui contiennent des urnes J1d ignorent les gobelets de cette forme dont l'aire de répartition occupe la partie centrale de la nécropole (fig. 67).

FIG. 67 – Carte de répartition des vases de formes J1d et J1e à Gourjade.
F. Pons/lnrap
117Au Martinet, les vases de forme J1d identifiés proviennent de tombes implantées dans la moitié nord du site (fig. 66). Seule une urne porte un décor (T.83.1), composé d'une frise de chevrons imprimés à la roulette.
Forme J1e
118Au Causse un seul vase à pied haut est susceptible d'intégrer ce groupe. Malheureusement incomplet il provient de la tombe la plus orientale du site (T.533.17) où il a servi d'urne cinéraire.
À Gourjade, cinq récipients entrent dans cette catégorie : deux urnes et trois gobelets. La distribution spatiale de ces récipients est très proche de celle de la forme précédente (fig. 67).
Au Martinet deux vases répondent aux critères de ce groupe. Il s'agit de deux urnes (T.88.9 et T.13.7) issues de deux dépôts distants, localisés dans la moitié nord du site (fig. 66).
Forme J2c
119Ce groupe n'est représenté que par cinq vases complets : une urne et un gobelet au Causse et à Gourjade, une urne au Martinet.
Au Causse, l'urne (T.575.1) et le gobelet (T.373.2) sont localisés dans des secteurs bien différents : la première au nord-ouest de la nécropole, le second au sud (fig. 68).

FIG. 68 – Carte de répartition des vases à col haut des familles J, K et L au Causse.
F. Pons/lnrap
120À Gourjade, il en est de même, l'urne (T.209.2) provient d'une tombe de la partie orientale du site, le gobelet (T.247.2) étant issu d'un dépôt du centre de la nécropole (fig. 69). Ce dernier est décoré au niveau du col d'une série de cannelures.

FIG. 69 – Carte de répartition des vases à col haut des familles J, K et L à Gourjade.
F. Pons/lnrap
121L'urne du Martinet, utilisée comme vase cinéraire (T.123.1), provient du sud-ouest du site (fig. 70).

FIG. 70 - Carte de répartition des vases à col haut des familles J, K et L au Martinet.
F. Pons/lnrap
Forme J2d
122Cette forme, absente au Martinet, compte quelques représentants au Causse et à Gourjade. Il s'agit uniquement de grands vases. Au Causse, quatre urnes dont trois vases cinéraires sont recensées. Leur diamètre maximum approche 260 mm. Une seule porte un décor, composé de grands chevrons imprimés à la roulette (T.659.8). Ces vases appartiennent tous à des tombes situées dans la partie nord-ouest de la nécropole (fig. 68). À Gourjade, sept urnes dont cinq vases cinéraires rentrent dans ce groupe. Deux sont décorés, de grands chevrons, incisés dans un cas (T.47.8) et imprimés à la roulette dans l'autre (T.38.14). Cette forme intéresse des tombes implantées en périphérie de la nécropole (fig. 69).
Forme J2e
123Onze urnes à col et pied haut, très souvent utilisées comme vases cinéraires, sont rassemblées dans ce groupe : deux au Causse, six à Gourjade et trois au Martinet. Leurs aires de répartition sont identiques à celle de la forme précédente au Causse et à Gourjade (fig. 68 et 69). Au Martinet, on ne les rencontre qu'au sud du site (fig. 70).
Les vases de la famille K
124La famille K regroupe des vases à panse fortement surbaissée avec un changement de direction bien marqué mais sans véritable carène. Ici aussi, les formes à col haut n'intéressent que les urnes. Forme K1a Elle n'est représentée que par un seul exemplaire provenant d'une tombe occidentale de la nécropole de Gourjade. Il s'agit d'un petit gobelet (T.150.3).
Forme K1c
125Trois urnes et quatre gobelets adoptent cette forme au Causse. Deux gobelets sont décorés, l'un d'impressions ongulées (T.312.3), l'autre de cannelures et de pointillés (T.441.4). La répartition spatiale de ces vases met en évidence un secteur réservé aux gobelets au sud de la nécropole, les urnes provenant de tombes implantées en marge du site (fig. 71).
À Gourjade, trois urnes et deux gobelets appartiennent à ce groupe. Une des urnes est décorée d'une frise de chevrons imprimés à la roulette (T.194.10). Une autre porte des cannelures jointives sur la partie supérieure de la panse et une série de grands chevrons incisés sur la partie inférieure (T.73.4). Les urnes sont localisées à l'est du site (fig. 72)

FIG. 71 – Carte de répartition des vases de forme K1c au Causse.
F. Pons/lnrap

FIG. 72 – Carte de répartition des vases de forme K1c à Gourjade.
F. Pons/lnrap
126Au Martinet, deux urnes seulement sont recensées. Elles proviennent de dépôts situés dans la moitié nord de la nécropole (fig. 73). L'une d'entre elles est décorée d'une frise de chevrons hachurés (T.125.2).

FIG. 73 – Carte de répartition des vases à col bas de famille K au Martinet.
F. Pons/lnrap
Forme K1d
127Quelques gobelets subsistent encore dans ce groupe qui compte une quinzaine de représentants au Causse, treize à Gourjade et cinq au Martinet.
Les vases du Causse comprennent trois gobelets provenant de tombes du centre et du sud de la nécropole (fig. 74). Les urnes sont souvent décorées (7 exemplaires). Elles présentent, en plus des classiques cannelures et lignes imprimées à la cordelette, des motifs plus originaux : chevrons imprimés et hachurés (T.642.1), frise de motifs d 'allure zoomorphe soulignée par des pendentifs en « Y » (T.526.2), groupes de traits verticaux utilisés en pendentifs (T.317.1) ou placés sur la partie supérieure de la panse (T.386.4). Une possède une perforation sur le pied (T.436.2) et une autre une double perforation au niveau du col (T.689.4). Ces grands vases sont présents dans tous les secteurs de la nécropole (fig. 74).

FIG. 74 – Carte de répartition des vases de forme
F. Pons/lnrap
128À Gourjade, sur la dizaine d'urnes recensées, neuf sont décorées. On relève des cannelures, des impressions à la cordelette (T.390.1), des motifs cruciformes incisés (T.172.10) présents aussi sur un gobelet en alternance avec des groupes de traits verticaux (T.152.2). Le pied de deux de ces urnes est muni d'une perforation (T.390.1 et T.298.1). Les gobelets présents dans cette série se rencontrent en bordure occidentale de la zone centrale. La distribution des urnes intéresse toute la moitié ouest du site (fig. 75).

FIG. 75 – Carte de répartition des vases de formes K1d à Gourjade.
F. Pons/lnrap
129Parmi les exemplaires du Martinet, un seul véritable gobelet existe (T.5.5). Les urnes sont toutefois de taille modeste. Trois d'entre elles portent un décor (T.13.5, T.354.6 et T.103.6). Ces vases se répartissent dans la moitié nord de la nécropole comme pour l'ensemble des formes à col bas de cette famille (fig. 73).
Forme K2c
130Cette forme à col haut n'existe pas au Martinet.
Elle est représentée au Causse par trois grandes urnes non décorées (T.528.21, T.536.3 et T.655.1). Elles ont toutes trois été utilisées comme vases cinéraires et proviennent des zones périphériques de la nécropole (fig. 68).
À Gourjade, deux urnes entrent dans ce groupe (T.204.16 et T.230.14). Elles appartiennent à deux tombes du nordest du site (fig. 69). Forme K2d Quatre urnes à col haut et pied bas de la nécropole du Causse adoptent cette forme. Elles sont localisées au nord-ouest du site (fig. 68). La nécropole de Gourjade en compte cinq qui ont toutes fait office de contenant pour l'incinération. Une d'entre elles porte une série de cannelures (T.279.1), une autre est décorée de grands chevrons imprimés à la roulette (T.134.1), et une troisième présente des motifs géométriques incisés (T.5.12). Leur aire de répartition est similaire à celle des urnes de la forme précédente (fig. 69). Au Martinet, trois grands vases non décorés appartiennent àcegroupe (T.115.2, T.150.1 et T.152.4). Ils sont issus de tombes implantées dans le quart sud-ouest de la nécropole (fig. 70).
Forme K2e
131Deux urnes à col et pied haut représentent cette forme. Elles proviennent des tombes 649 et 692 du Causse, localisées dans le secteur nord-ouest de la nécropole. L'une d'elles présente une perforation sur le pied (T.692.1).
Les vases de la famille L
132Cette dernière famille de vases fermés compte 25 exemplaires répartis dans six groupes de formes présentant en commun une panse surbaissée bitronconique marquée par une carène haute ou médiane.
Forme L1b
133C'est d'une tombe du nord-ouest de la nécropole du Martinet que provient le seul exemplaire recensé dans ce groupe. Il s'agit d'un gobelet (T.44.2).
Forme L1e
134Cette forme n'existe pas au Causse. À Gourjade, elle concerne trois vases dont un gobelet (T.252.1), tous issus de tombes implantées dans la partie centrale de la nécropole (fig. 76). Au Martinet, une urne appartient à ce groupe (T.9.8). On la trouve au nord de la nécropole.

FIG. 76 – Carte de répartition des vases à col bas de famille L à Gourjade.
F. Pons/lnrap
Forme L1d
135Au Causse, deux tombes de la partie centrale de la nécropole renfermaient chacune une urne de cette forme. L'une est décorée de cannelures et de lignes imprimées à la cordelette (T.301.1), l'autre présente un méplat au niveau du changement de direction (T.302.6).
À Gourjade, trois urnes et deux gobelets ont été identifiés. Les décors intéressent trois de ces vases : un gobelet (T.234.1 b) présente un décor « gratté » sur la partie supérieure de la panse, deux urnes (T.61.7 et T.201.1) sont ornées de grands chevrons imprimés à la roulette. Les gobelets appartiennent à des tombes occidentales proches du centre de la nécropole. Les urnes sont localisées en périphérie du site.
Au Martinet, deux vases de forme Lld sont recensés. Il s'agit d'un gobelet (T.45.16) issu d'un dépôt situé au nord-est du site et d'une urne (T.89.9) provenant d'une sépulture occidentale.
Forme L2e
136Cette forme à col haut, absente au Martinet, n'est connue qu'en deux exemplaires : deux urnes sans décor. La première provient d'une tombe (T.63) du nord de la nécropole du Causse (fig. 68). La seconde appartient à un dépôt (T.204) du nord du site de Gourjade (fig. 69).
Forme L2d
137Au Causse, seul un grand vase répond à cette définition (T.58l.1). Il provient d'une tombe du nord-ouest du site (fig. 68) pour laquelle il a servi d'urne cinéraire. Cette forme se rencontre également à Gourjade avec deux urnes, l'une ornée de larges méplats sur la partie supérieure de la panse (T.191.8), l'autre de chevrons imprimés à la roulette (T.38.13), provenant de la partie orientale de la nécropole (fig. 69). Deux autres exemplaires sont connus au Martinet (T.148.10 et T.121.7) dans deux tombes du secteur sud-ouest du site (fig. 70).
Forme L2e
138Cette forme qui présente un col et un pied haut est très rare. Elle n'est représentée que par un ou deux exemplaires dans chacune des séries. Au Causse, il s'agit d'une urne (T.548.2) provenant d'une tombe orientale du site (fig. 68). À Gourjade, deux grands vases (T.57.5 et T.221.11) sont recensés. Ils proviennent de dépôts périphériques (fig. 69). Enfin, au sud de la nécropole du Martinet, une tombe (T.176) a livré une urne de cette forme (fig. 70).
3.2.3.2 Coupes et plats
139Les vases ouverts représentent plus des deux tiers de l'ensemble des céramiques complètes issues des trois nécropoles, soit près de 2 400 récipients. Ils se répartissent dans huit grandes familles parmi lesquelles 27 formes différentes ont été identifiées. Ces vases présentent une grande variété de tailles. Leur diamètre à l'ouverture évolue entre 50 et 370 mm. Les histogrammes de distribution de ces valeurs suivent globalement une courbe régulière avec des pics qui se situent autour de 130 à 160 mm (fig. 77). Il n'existe donc pas de réelles ruptures, susceptibles de définir des groupes en fonction de ce critère. C'est pourquoi nous ne parlerons pas ici de coupelles et retiendrons seulement les termes de coupes et plats, ces derniers accusant toujours un diamètre à l'ouverture supérieur à 150 mm. Cependant, pour la série du Martinet, il semble que l'on puisse véritablement individualiser un lot de vases de grande taille, d'un diamètre supérieur à 230 mm. Ce groupe nettement détaché du reste de la série ne comprend que des plats. Ces grands récipients sont également présents dans les deux autres séries mais en nombre plus réduit.

FIG. 77 – Histogrammes de distribution des diamètres à l'ouverture des vases ouverts.
A. Lagarrigue, F. Pons/lnrap
Les vases de la famille S
140Cette première famille est de loin la mieux représentée. Elle rassemble à elle seule environ 1 650 récipients complets (496 au Causse, 744 à Gourjade et 410 au Martinet), soit deux vases ouverts sur trois et près de la moitié de l'effectif total. Tous ces vases ont en commun une panse hémisphérique qui se termine par une lèvre non individualisée, le plus souvent arrondie. Ils se répartissent en cinq formes principales. Il va de soi qu'étant donné l'importance de l'effectif, des analyses plus approfondies permettraient sans nul doute d'affiner la typologie de ces formes, et donc de définir de multiples sous-groupes d'effectifs plus restreints.
Forme Sa
141Cette forme en calotte de sphère concerne un peu plus d'une centaine de vases soit moins de 10 % des coupes de famille S. On rencontre essentiellement dans ce groupe des coupes de petites tailles. La plupart d'entre elles présentent un diamètre à l'ouverture qui se situe entre 100 et 150 mm pour une hauteur comprise entre 30 et 60 mm (fig. 78). Ces vases ne sont pratiquement jamais décorés et on les trouve rarement à plus de deux exemplaires par tombe (fig. 79).

FIG. 78 – Distribution des coupes de forme Sa en fonction de leur hauteur et de leur diamètre à la panse.
F. Pons/lnrap

FIG. 79 – Distribution du nombre de coupes de forme Sa par tombe dans les nécropoles.
F. Pons/lnrap
142On en compte au moins une cinquantaine au Causse. Presque tous sont issus de dépôts périphériques à l'est et au nord‑ouest du site (fig. 80). Un de ces vases (T.594.10) porte sur ses parois externe et interne un décor composé de traits verticaux incisés. Il s'agit de l'unique représentant décoré connu dans ce groupe.

FIG. 80 – Carte de répartition des coupes de formes Sa et Sb au Causse.
F. Pons/lnrap
143À Gourjade, une soixantaine de coupes de cette forme est recensée. Leur répartition spatiale est très nette. Deux ensembles se détachent : le premier en bordure occidentale, l'autre dans la partie orientale du site (fig. 81). Au Martinet, cette forme intéresse une trentaine de vases que l'on rencontre sur toute l'étendue de la nécropole (fig. 82). Un d'entre eux est muni d'un petit élément de préhension (T.172.8).

FIG. 81 – Carte de répartition des coupes de forme Sa à Gourjade.
F. Pons/lnrap

FIG. 82 – Carte de répartition des coupes de formes Sa et Sb au Martinet.
F. Pons/lnrap
Forme Sb
144Plus d'une coupe de forme S sur deux appartient à ce groupe qui rassemble le plus grand nombre de vases dans chacune des séries étudiées. Très souvent déposées en plusieurs exemplaires au sein d'une même tombe (fig. 83), elles peuvent être occasionnellement utilisées comme vase cinéraire. Ces vases offrent un éventail de tailles très large et sont rarement décorés.

FIG. 83 – Distribution du nombre de coupes de forme Sb par tombe dans les nécropoles.
F. Pons/lnrap
145Au Causse, pas moins de 250 coupes de cette forme sont identifiées, soit 20 % de l'effectif total. On ne les rencontre jamais au centre et au sud de la nécropole mais elles sont omniprésentes dans quasiment toutes les tombes de la partie nord-ouest du site (fig. 80). Il n'est pas rare de les trouver en plusieurs exemplaires dans un même dépôt (fig. 83), le maximum étant atteint avec une sépulture qui en contenait une dizaine (T.550). Parmi ces récipients, 18 sont munis d'un élément de préhension de type languette ou mamelon, perforé (T.12.5 par exemple) ou non (T.609.7 par exemple) . Une seule coupe porte un décor, composé de quatre séries de deux traits incisés rayonnant depuis le fond du vase (T.686.6).
À Gourjade, ces coupes foisonnent. On en dénombre plus de 450, soit près d'un tiers du nombre total de vases. Cette forme n'existe pas dans les tombes de la zone centrale de la nécropole (fig. 84). Partout ailleurs, ces vases sont très présents dans les dépôts, le record en la matière étant de douze exemplaires dans la tombe 191. Leur répartition en fonction de leur effectif est d'ailleurs très intéressante. On constate en effet que les tombes qui en contiennent plus de six exemplaires sont toutes situées en bordure de la nécropole, pour l'essentiel à l'est. Inversement, dans les tombes qui se rapprochent de la zone centrale, leur présence à plus de deux exemplaires devient exceptionnelle (fig. 84). Plus d'une vingtaine de ces récipients portent un élément de préhension : languette ou mamelon perforé (T.382.4) ou non, (T.214.3) mais aussi anse en boudin (T.225.2). Six coupes portent également un décor. Parmi celles-ci, deux présentent un registre original composé de motifs excisés (T.180.1 et 2). Une autre, de plan ovale, est ornée d'une frise de chevrons imprimés à la roulette (T.286.5).

FIG. 84 – Carte de répartition des coupes de formes Sb et Sc à Gourjade.
F. Pons/lnrap
146Au Martinet, plus de 200 exemplaires sont recensés soit 29 % du corpus des céramiques. Ces vases se rencontrent dans plus de la moitié des dépôts. Ils se répartissent sur toute l'étendue de la nécropole avec toutefois une intensité moindre dans la partie septentrionale du site (fig. 82). Quatre coupes sont pourvues ici d'un élément de préhension. Deux autres sont décorées (T.14.4 et T.123.5).
Forme Sc
147La présence d'un fond plat ou creux qui permet d'identifier cette forme n'a pas toujours été chose aisée. En effet, il est parfois délicat de faire la distinction entre une simple concavité du fond et un ombilic peu marqué ; ceci est d'autant plus vrai que cette partie du vase est souvent érodée. Il est donc possible que des erreurs se soient glissées dans le classement proposé. Ceci ne gêne toutefois en rien l'étude de détail des vases de la famille S qui présentent dans leur ensemble des caractères très homogènes que l'on retrouve au travers des différentes cartes de répartition. Quoi qu'il en soit, ce groupe compte encore de nombreux représentants, plus de 350 au total, soit 22 % de l'effectif de la famille S. Ils peuvent être également déposés en nombre dans une même tombe mais sans jamais dépasser six exemplaires, et les effectifs rassemblant plus de deux individus deviennent nettement moins fréquents (fig. 85).

FIG. 85 – Distribution du nombre de coupes de forme Sc par tombe dans les nécropoles
F. Pons/lnrap
148Au Causse, 127 coupes appartiennent à ce groupe. Aucune n'est décorée. Sept d'entre elles possèdent un élément de préhension, perforé le plus souvent (T.385.3 par exemple). Un vase présente une particularité avec quatre petites dépressions symétriquement opposées au niveau du fond (T.379.8). Un autre de ces récipients a servi de vase cinéraire (T.556.1). La distribution de ces coupes suit de très près celle des formes précédentes (fig. 86).

FIG. 86 – Carte de répartition des coupes de formes Sc, Sd et Se au Causse.
F. Pons/lnrap
149À Gourjade, 130 coupes sont recensées. Elles offrent une grande variété de tailles avec des diamètres à l'ouverture qui vont de 55 mm à 276 mm. Dix exemplaires sont munis d'un élément de préhension, dont un petit vase ovale (T. 172.9) et une coupelle dissymétrique (T.399 .4). Ici aussi, leur utilisation comme vase cinéraire reste de l'ordre de l'exception (T.334.2 et T.70.5). On rencontre ces vases dans les mêmes secteurs que les formes précédentes (fig. 84).
Au Martinet, ce groupe compte une centaine de vases, soit près de 15 % de l'effectif total. Deux seulement sont dotés d'un élément de préhension : le premier porte un mamelon perforé (T.151.3); le second, décoré d'une série de fins croisillons incisés, comprend une languette appliquée sur le bord. Leur distribution couvre toute l'étendue de la nécropole (fig. 87).

FIG. 87 – Carte de répartition des coupes de formes Sc, Sd et Se au Martinet.
F. Pons/lnrap
Forme Sd
150Cette forme à pied bas rassemble environ 210 coupes. Si cet effectif compte encore peu d'exemplaires décorés, en revanche ceux-ci deviennent proportionnellement plus nombreux qu'auparavant. Des récipients de grandes dimensions se rencontrent également dans ce groupe (fig. 88).

FIG. 88 – Distribution des coupes de famille S à pied en fonction de leur hauteur et de leur diamètre à la panse.
F. Pons/lnrap
151Au Causse, une soixantaine de coupes à pied bas a été identifiée. Six d'entre elles portent un élément de préhension de type mamelon perforé et trois sont munies d'une perforation au niveau du pied. Quatre autres sont décorées, dont une, issue d'une tombe du centre de la nécropole (T.112), de chevrons incisés au double trait. Les autres coupes, déposées en un ou deux exemplaires dans les sépultures (fig. 89), occupent quasiment tous les secteurs de la nécropole. Il est toutefois intéressant de noter que l'on ne rencontre jamais plus d'une forme de ce type dans les dépôts de la partie centrale du site (fig. 86).

FIG. 89 – Distribution du nombre de coupes de forme Sd par tombe dans les nécropoles.
F. Pons/lnrap
152À Gourjade, on dénombre 90 coupes de cette forme. Comme pour la série du Causse, les éléments de préhension sont rares ; seuls deux vases en sont munis (T.211.7 et T.210.7). En revanche, les décors sont relativement nombreux. On en recense 23 parmi lesquels des frises de chevrons, thème souvent représenté à l'aide d'incisions (T.296.7 par exemple) ou d'impressions (T.77.2 par exemple), mais aussi des motifs en pendentifs (T.159.2 et 3 par exemple). Sept de ces coupes possèdent également une perforation sur le pied. Ces vases figurent dans de nombreuses tombes, neuf fois sur dix à raison d'un seul exemplaire, situées sur toute l'étendue du site à l'exception de la zone centrale (fig. 90).

FIG. 90 – Carte de répartition des coupes de formes Sd et Se à Gourjade.
F. Pons/lnrap
153Au Martinet, une soixantaine de coupes de forme Sd est répertoriée. Ici aussi, les éléments de préhension sont rares. Ils n'intéressent qu'un seul vase : une grande coupe munie d'un mamelon perforé (T.173.8). Une douzaine de cas de perforation sur le pied, simple ou double, est recensée. On retrouve cet élément sur quatre des onze vases qui présentent un décor. Le registre de la série comprend les classiques cannelures, lignes et chevrons imprimés à la roulette, mais aussi des thèmes plus originaux : motifs géométriques incisés (T.45), pendentifs en forme de fourche (T.5.2). Prises dans leur globalité, ces coupes se rencontrent sur toute l'étendue de la nécropole. Dans le détail, la présence d'un décor permet de mettre en valeur une petite aire de répartition localisée dans la partie septentrionale du site (fig. 87).
Forme Se
154Ce groupe ne compte que peu de représentants. Bien que défini comme tel dans notre typologie, il ne s'agit pas vraiment, du moins pour la plupart, de véritables pieds hauts.
Au Causse, cinq exemplaires sont connus. Il s'agit de grandes coupes qui peuvent atteindre un diamètre à l'ouverture relativement important (T.1.12 par exemple). Le pied d'un de ces vases est muni d'une perforation (T.509.6). On les rencontre dans des tombes implantées au nord-ouest et à l'est de la nécropole (fig. 86).
À Gourjade, huit vases sont recensés dans ce groupe. On les retrouve, comme les précédents, en bordure nord-est et ouest du site (fig. 90). Une de ces coupes est richement décorée de motifs géométriques excisés (T.76.6). Une autre possède une perforation sur le pied (T.171.2). Au Martinet, quatre tombes du quart sud-ouest de la nécropole ont livré cinq vases de ce type (fig. 87). Un d'entre eux est muni d'un mamelon perforé (T.123.9); un autre est décoré d'une frise de chevrons hachurés profondément incisés (T.123.7).
Les vases de la famille T
155Cette famille regroupe les coupes à panse biconique, parfois carénée, et toujours prolongée par un bord déjeté. On en compte au moins 86 exemplaires provenant, pour une grande majorité d'entre eux, de la nécropole de Gourjade. Quatre formes sont représentées.
Forme Tb
156Seule une petite coupe à fond ombiliqué provenant d'une tombe occidentale de la nécropole du Martinet (T.89.6) est répertoriée dans ce groupe.
Forme Tc
157Cette forme, également peu représentée, n'est connue que par deux exemplaires au Causse (T.96.6 et T.663.14), six à Gourjade et un seul au Martinet (T.92.3). Deux des exemplaires de Gourjade portent un décor, de cannelures jointives pour l'un (T.135 .14) et de chevrons pour le second (T.28.3b). Les tombes de cette nécropole où cette forme est présente sont dispersées à l'est du site (fig. 91).

FIG. 91 – Carte de répartition des coupes de famille T à Gourjade.
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Forme Td
158Ces coupes à pied annulaire représentent plus de 80 % de l'effectif de la famille T. Autant dire qu'il s'agit de la forme de prédilection de cette famille. Ces vases, pour la plupart de grande taille, sont souvent décorés.
Au Causse, sur les onze exemplaires recensés, sept portent un décor : simples cannelures jointives (T.112.3), lignes et frise de chevrons incisés (T.581.5) ou imprimés (T.654.12), registre plus complexe associant des séries de cannelures horizontales et verticales avec des chevrons imprimés à la roulette (T.302.8). La répartition globale de ces formes met en évidence un groupe de tombes au centre de la nécropole. Cependant de tels vases existent aussi dans les autres secteurs du site (fig. 92).

FIG. 92 – Carte de répartition des coupes de famille T au Causse.'
F. Pons/lnrap
159À Gourjade, on dénombre plus d'une cinquantaine de récipients de forme Td soit tout de même 5,5 % des formes ouvertes. Parmi eux, deux ont été utilisés comme vase cinéraire (T.326.5 et T.332.2). Onze vases présentent une perforation simple ou double sur le pied, et plus d'un sur cinq est décoré. Le registre est varié et les motifs sont parfois originaux tels ceux de la coupe de la tombe 336 qui associent un décor typiquement mailhacien et des lignes horizontales imprimées à la cordelette. La distribution de ces formes montre qu'elles sont absentes du centre de la nécropole mais aussi des bordures (fig. 91).
Au Martinet, cinq coupes sont connues. Trois d'entre elles sont décorées de motifs linéaires imprimés (T.41.3, 9 et 10). Elles proviennent d'un même dépôt situé dans la moitié nord de la nécropole (fig. 93).

FIG. 93 – Carte de répartition des coupes de famille T au Martinet.
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Forme Te
160Absentes du Martinet, ces coupes à pied haut ne sont présentes qu'en très peu d'exemplaires dans les deux autres séries. Au Causse, il en existe deux, dont une de très grandes dimensions présentant un dian1ètre à l'ouverture de près de 300 mm. Elles portent toutes les deux un décor, l'une de grands chevrons imprimés à la roulette (T.516.9), l'autre de groupes de traits verticaux incisés (T.659.6).
À Gourjade, les quatre coupes de cette forme proviennent de trois tombes orientales de la nécropole (fig. 91). Il s'agit également de grandes coupes. Les deux exemplaires déposés dans la tombe 76 sont entièrement décorés de motifs géométriques excisés.
Les vases de la famille U
161Ils se caractérisent par une panse bitronconique à carène haute ou plus rarement médiane, parfois peu marquée. Peu nombreux, ces récipients sont classés dans deux groupes.
Forme Uc
162Cette forme qui possède un fond plat n'existe pas au Martinet.
Au Causse, quatre vases de dimensions modestes sont recensés dans ce groupe. Ils proviennent tous de la moitié sud de la nécropole (fig. 94).

FIG. 94 – Carte de répartition des coupes de famille 68 U au Causse.
F. Pons/lnrap
163À Gourjade, on en dénombre sept d'un diamètre à l'ouverture assez constant, de l'ordre de 150 mm. Un seul, l'exemplaire de la tombe 83 que l'on trouve au centre de la nécropole (fig. 95), est décoré de motifs géométriques incisés au double trait (méandres). Un autre (T.107.2) a été utilisé comme vase cinéraire.

FIG. 95 – Carte de répartition des coupes de famille U à Gourjade.
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Forme Ud
164Les vases de la famille U munis d'un pied sont un peu plus nombreux.
Au Causse, neuf coupes de ce type sont connues. Quatre présentent un décor : motifs imprimés à la cordelette (T.36.1, T.270.1 et T.333.2) ou frise de motifs géométriques incisés au double trait (T.428.2). Une est munie d'une perforation sur le pied, une autre en possède deux (T.526.5).
165Cette forme ne se rencontre pas dans les tombes de la partie nord-ouest de la nécropole et les exemplaires décorés ne sont présents qu'au centre et au sud du site (fig. 94).
166À Gourjade, six coupes de forme Ud ont été identifiées. Deux tombes orientales (fig. 95) en ont livré chacune deux exemplaires (T.28 et T.73). Parmi celles-ci, les deux coupes de la tombe 73 présentent une double perforation sur le pied et sont décorées de motifs imprimés, ainsi que l'exemplaire de la tombe 400.
Au Martinet, ces vases ne sont guère plus nombreux ; on en compte au moins cinq exemplaires provenant tous de tombes implantées au sud du site (fig. 96). Un seul est décoré (T.19.2) d'une série de chevrons hachurés.

FIG. 96 – Carte de répartition des coupes de famille U au Martinet.
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Les vases de la famille V
167La famille V rassemble les coupes offrant un profil concave-convexe. Elles sont peu fréquentes et généralement de petite taille. Quatre formes sont représentées.
Forme Va
168Ces petites coupes à fond rond existent dans les trois nécropoles.
Au Causse, on en a dénombré neuf. Aucune n'est décorée et deux seulement ont un diamètre à l'ouverture supérieur à 90 mm (T.640.4 et T.679.5). Cette forme n'est présente qu'au nord-ouest et à l'est de la nécropole (fig. 97).

FIG. 97 – Carte de répartition des coupes de famille V au Causse.
F. Pons/lnrap
169À Gourjade, une quinzaine de coupes d'un diamètre à l'ouverture de 54 à 112 mm appartiennent à ce groupe. Une seule est décorée d'une ligne horizontale incisée (T.358.10). On les rencontre essentiellement à l'est et à l'ouest de la nécropole (fig. 98). Au Martinet, ces vases sont au nombre de trois seulement, de petite taille également.

FIG. 98 – Carte de répartition des coupes de famille V à Gourjade.
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Forme Vb
170La forme V à fond ombiliqué compte un plus grand nombre de représentants dans chacune des nécropoles. Il s'agit toujours de petits récipients et les exemplaires décorés restent très rares.
Au Causse, quatorze petites coupes sont recensées dans ce groupe. Deux portent un décor composé d'une ligne d'impressions ongulées (T.575.3 et T.595.2). Ces vases occupent les mêmes secteurs que ceux de la forme précédente (fig. 97).
À Gourjade, parmi les vingt-trois vases de cette forme, l'exemplaire de la tombe 194 est muni d'un élément de préhension et deux autres sont décorés: un porte une série de cannelures (T.403.8); l'autre est entièrement recouvert de motifs excisés (T.76.10). Leur répartition est identique à celle de la forme à fond rond, avec en plus quelques exemplaires présents au sud de la nécropole (fig. 98). La série du Martinet comprend une dizaine de coupes de forme Yb. De taille légèrement plus importante que pour les lots des deux autres nécropoles, aucune ne présente le moindre décor. Un de ces récipients est muni d'une languette latérale (T.4.11). Leur distribution ne dévoile aucune aire préférentielle (fig. 99).

FIG. 99 – Carte de répartition des coupes de famille Vau Martinet.
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Forme Vc
171Ces coupes à fond plat ou creux sont peu nombreuses : trois au Causse, quatre à Gourjade et au Martinet. Elles ne sont jamais décorées et ne portent aucun élément de préhension. Leur distribution au sein de chacune des nécropoles n'offre que peu d'intérêt. Au Causse, les secteurs concernés sont les mêmes que précédemment (fig. 97) ; à Gourjade et au Martinet, ces dépôts sont très isolés (fig. 98 et 99).
Forme Vd
172Ce dernier groupe de la famille V rassemble trois petites coupes à pied provenant du nord de la nécropole du Martinet. Deux sont décorées d 'une série de lignes horizontales imprimées à la roulette (T.41.13 et T.46.3).
Les vases de la famille W
173Cette famille de vases ouverts regroupe plus d'une centaine de coupes à carène basse au profil caractéristique concave-convexe, la partie inférieure étant généralement de forme hémisphérique. Ces récipients n'atteignent jamais de grandes dimensions mais offrent un éventail de tailles très disparate entre les quatre groupes recensés (fig. 100). Plusieurs exemplaires de formes identiques ou différentes peuvent se retrouver dans un même dépôt.

FIG. 100 – Distribution des coupes de famille Wen fonction de leur hauteur et de leur diamètre à la panse.
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Forme Wa
174Cette forme caractérisée par un fond rond compte une quinzaine de récipients complets. Il s'agit de petites coupes dont le diamètre à l'ouverture n'excède pas 130 mm. Les décors et les éléments de préhension n'existent pas sur ces récipients.
Au Causse, une dizaine d'exemplaires est recensée. Ces coupes proviennent de tombes implantées dans les secteurs nord-ouest et surtout est de la nécropole (fig. 101).

FIG. 101 – Carte de répartition des coupes de famille W au Causse.
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175À Gourjade, ces coupes sont au nombre de cinq. Elles n'apparaissent qu'à l'est et au nord-est du site (fig. 102).

FIG. 102 – Carte de répartition des coupes de formes Wa et Wb à Gourjade.
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176Au Martinet, un seul vase de forme Wa a été identifié. Il appartient à la tombe la plus septentrionale de la nécropole (T.179.7) (fig. 103).

FIG. 103 – Carte de répartition des coupes de famille W au Martinet.
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Forme Wb
177On dénombre un effectif de plus de quatre-vingts coupes à fond ombiliqué dans ce groupe, parmi lesquelles une dizaine d'exemplaires décorés. Le plus petit de ces vases possède un diamètre à l'ouverture de 66 mm pour une hauteur de 36 mm, le plus grand atteint 82 mm de haut pour un diamètre à l'ouverture de 172 mm (fig. 100).
Au Causse, cette forme intéresse au moins trente-quatre coupes. On les trouve au nord-ouest et à l'est de la nécropole (fig. 101), en double exemplaire à cinq reprises (T.530 par exemple). Cinq récipients sont décorés: deux de cannelures (T.734.3 et T.165.4), deux autres de grands chevrons incisés (T.615.9 et T.670.2) et le dernier d'une série d'impressions obliques (T.616.25).
À Gourjade, on compte une quarantaine de vases de cette forme. Sept d'entre eux sont décorés. Les thèmes et techniques employés sont les mêmes qu'au Causse : cannelures (T.76.7 par exemple), impressions obliques (T.44.3), groupes de traits (T.407.3) ou grands chevrons incisés (T.104.3). À l'exception de la partie centrale de la nécropole, on les rencontre dans tous les autres secteurs, surtout à l'est et à l'ouest (fig. 102), parfois en deux ou trois exemplaires dans un même dépôt (T.5 ou T.221 par exemple).
Au Martinet, seulement neuf coupes de forme Wb sont recensées. Elles forment un groupe homogène du point de vue des dimensions avec notamment un diamètre assez constant entre 80 et 120 mm. La distribution de ces petits récipients ne montre ici aucune concentration particulière (fig. 103).
Forme Wd
178Les coupes à carène basse munies d'un pied bas sont peu nombreuses. Elles comptent encore parmi elles de petits récipients, mais des vases de plus grandes dimensions existent, avec quelques exemplaires d'un diamètre à l'ouverture de plus de 200 mm.
Au Causse, six de ces formes sont inventoriées. Elles proviennent toutes de l'extrémité est de la nécropole à l'exception de l'exemplaire de la tombe 749, décoré de motifs géométriques incisés au double trait, qui est isolé au centre du site (fig. 101).
À Gourjade, sept coupes de forme Wd dont une d 'un diamètre à l'ouverture de 220 mm, sont issues de tombes implantées à l'est et au sud de la nécropole (fig. 104). Seul un de ces vases porte un décor (T.17.7), composé de lignes de pointillés obliques et de groupes de courtes cannelures verticales. Au Martinet, les trois vases de forme Wd ne sont pas décorés. On les trouve dans la moitié sud de la nécropole (fig. 103).

FIG. 104 – Carte de répartition des coupes de formes Wd et We à Gourjade.
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Forme We
179Absente au Causse, la forme à pied haut de la famille W compte plusieurs représentants à Gourjade et un seul au Martinet.
Parmi les onze exemplaires recensés à Gourjade, il en existe un d'un diamètre à l'ouverture de 250 mm (229.6). Trois autres présentent un décor à base de grands chevrons ou de losanges incisés (T.301.4, T.302.1 et T.243.5). La forme particulière de la coupe de la tombe 301, dont l'épaulement est nettement débordant, est assez remarquable. Ces vases se rencontrent en bordures nord-est, est et ouest de la nécropole (fig. 104). L'unique exemplaire présent au Martinet n'est pas décoré (88.1) et provient d'un dépôt situé à l'ouest du site (fig. 103).
Les vases de la famille X
180Les deux formes de cette famille ont un profil tronconique, généralement peu évasé, avec une lèvre peu individualisée. Il pourrait s'agir de formes « intermédiaires » entre des coupes Tc, Td et les plats Yc, Yd. On trouve assez souvent des petits vases plus ou moins profonds dans ces formes, mais aussi des coupes de plus grandes dimensions qui préfigurent les grands plats. Les décors et les éléments de préhension sont exceptionnels sur ces récipients.
Forme Xc
181Ces coupes à fond plat sont assez bien représentées dans chacune des nécropoles.
Au Causse, elles sont une trentaine. Parmi elles, on remarquera quatre petits vases dont l'embouchure n'est pas circulaire mais ovale (T.484.7 et 9, T.625.9 et T.648.15). Leur répartition spatiale laisse apparaître deux petits groupes d'une dizaine de tombes : l'un au nord-ouest, l'autre à l'est. On les retrouve, mais de façon plus isolée, dans quelques combes du centre et du sud de la nécropole (fig. 105).

FIG. 105 – Carte de répartition des coupes de famille X au Causse.
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182À Gourjade, les dix-huit exemplaires recensés se rencontrent essentiellement dans la partie est de la nécropole, plus rarement dans des combes occidentales (fig. 106). On note quelques curiosités, comme un vase ovale provenant de la combe la plus méridionale du site (T.314) ou deux coupes munies d'un tenon latéral (T.156.6 et T.408.6) ou bien encore un vase dont le fond présente une perforation centrale (T.47.1).

FIG. 106 – Carte de répartition des coupes de famille X à Gourjade.
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183Au Martinet, on compte vingt-quatre coupes de forme Xc. Il n'est pas rare ici d'en trouver plusieurs exemplaires dans un même dépôt ; la tombe 75 en contenait quatre. Ces vases sont assez présents dans la moitié nord du site (fig. 107).

FIG. 107 – Carte de répartition des coupes de famille X au Martinet.
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Forme Xd
184La forme à pied bas rassemble peu d'exemplaires, à peine une vingtaine au total. Ces coupes sont d'une manière générale plus grandes que celles à fond plat.
Au Causse, les sept exemplaires identifiés proviennent des secteurs nord-ouest et est du site (fig. 105).
Celui de la combe 543 présente une ouverture presque rectangulaire, marquée à chaque angle par une courte protubérance.
À Gourjade, neuf vases de forme Xd sont connus. Ils étaient déposés en double exemplaire dans deux combes, l'une à l'ouest du site, l'autre dans la partie orientale où se trouvent les autres exemplaires (fig. 106).
Au Martinet, trois coupes seulement sont recensées dans ce groupe. L'une d'elles est décorée de grands chevrons imprimés à la roulette (T.138.1) (fig. 107).
Les vases de la famille Y
185La famille Y rassemble les plats tronconiques à lèvre non individualisée. Ils sont plus ou moins évasés et parfois profonds. Bon nombre d'exemplaires, notamment au Causse et au Martinet, dépassent 300 mm de diamètre à l'ouverture (fig. 108). Ces plats ont quelquefois été utilisés comme couvercle mais ceci reste de l'ordre de l'exception. Les doubles perforations appliquées près du bord, que l'on rencontre sur quelques exemplaires, semblent être propres à cette famille de vases et plus généralement aux plats. Assez rares à Gourjade et peu nombreux au Causse, ces formes sont très présentes dans les tombes du Martinet où il n'est pas rare de les rencontrer en plusieurs exemplaires.

FIG. 108 – Distribution des plats de famille Y en fonction de leur hauteur et de leur diamètre à l'ouverture.
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Forme Yc
186On dénombre dans ce groupe près d'une centaine de plats, dont la moitié au Martinet.
Au Causse, les trente plats de ce type recensés se rencontrent au nord-ouest et à l'est du site. Un seul, au profil atypique, provient d'une tombe de la zone centrale de la nécropole (fig. 109). Ils figurent presque toujours en un seul exemplaire par tombe. Cinq d'entre eux sont pourvus d'un élément de préhension perforé (T.615.5 par exemple) et quatre autres d'une double perforation près du bord. Le seul exemplaire décoré comprend une série de cannelures internes (T.502.2).

FIG. 109 – Carte de répartition des plats de famille Y au Causse.
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187À Gourjade, la forme Yc concerne une quinzaine de récipients, tous d'un diamètre à l'ouverture supérieur à 190 mm. Deux sont ornés de cannelures ou degrés internes (T.54.7 et T.358.14). Toujours en un seul exemplaire par dépôt, on les rencontre essentiellement à l'est du site, dans des tombes parfois très proches (fig. 110).

FIG. 110 – Carte de répartition des plats de famille Y à Gourjade
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188Au Martinet, on dénombre près d'une cinquantaine de ces récipients soit 8 % des vases ouverts et 6,5 % de l'effectif total. Trois plats possèdent une double perforation près du bord. Un seul porte des cannelures internes (T.16.3). Un autre présente une ouverture plutôt rectangulaire (T.2.5) qui n'est pas sans rappeler la morphologie du vase de forme Xd de la tombe 543 du Causse. Sa paroi extérieure est entièrement recouverte de profondes impressions ongulées. La répartition de ces vases concerne toute l'étendue de la nécropole (fig. 111).

FIG. 111 – Carte de répartition des plats de famille Y au Martinet.
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Forme Yd
189La forme à pied bas compte un peu moins d'exemplaires complets, soixante-douze au total.
Au Causse, on en recense trente-quatre. Un seul de ces vases, de petite taille, est muni d'un élément de préhension (T.485.11). Une dizaine de ces récipients présentent une ou deux perforations, le plus souvent placées près du bord. Les cannelures ou degrés recouvrent la paroi interne de deux plats (T.283.5 et T.512.2). L'un d'eux porte également sur la partie externe du fond un motif en croix défini par quatre séries de trois cannelures fines (T.512.2). Ces vases, que l'on rencontre surtout en périphérie de la nécropole (fig. 109), sont toujours déposés en un seul exemplaire par sépulture.
À Gourjade, quatorze plats correspondent à ce type. L'un d'eux est pourvu d'une languette à extrémité bifide, placée directement sous la lèvre (T.383.3). Les cannelures internes ornent également un de ces vases qui a assuré la fonction de couvercle pour le vase cinéraire de la tombe III b. Cet exemplaire est également le seul qui présente une double perforation. Un autre plat est décoré de grands chevrons imprimés à la roulette (T.300.4). La distribution de cette forme concerne toute la surface de la nécropole (fig. 110).
Au Martinet, vingt-quatre plats de forme Yd sont connus. Deux sont munis d'un élément de préhension perforé (T.92.6 et T.148.5). Quatre possèdent une double perforation près du bord. Un autre porte une série de cannelures internes (T.41.l). Leur répartition sur la nécropole ne laisse apparaitre aucune concentration particulière (fig. 111).
Forme Ye
190Absent à Gourjade, un plat à pied haut a été identifié dans la tombe 368 du Causse, localisée au sud du site. Ce vase est décoré d'une série de cannelures internes. Deux autres exemplaires sont recensés au Martinet. Ils sont issus d'une même tombe du sud de la nécropole (T.177).
Les vases de la famille Z
191Les plats tronconiques rassemblés dans la famille Z se différencient des précédents par la présence d'un méplat sur le bord, plus ou moins incliné et parfois facetté comme un marli. On retrouve dans cette famille les doubles perforations appliquées près du bord. Elle comprend plus d'une centaine d'individus au total qui se répartissent dans trois groupes.
Forme Zc
192Ce groupe qui correspond à la forme à fond plat ou creux compte le plus grand nombre d'exemplaires. Il s'agit toujours de grands récipients dont le diamètre à l'ouverture n'est jamais inférieur à 180 mm et peut atteindre les 350 mm (fig. 112).

FIG. 112 – Distribution des plats de famille Z en fonction de leur hauteur et de leur diamètre à l’ouverture.
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193Au Causse, on en dénombre près d 'une quarantaine, tous non décorés. Cinq sont munis d'une ou deux perforations près du bord et sept autres sont pourvus d'un élément de préhension perforé (T.611.3 par exemple), ces éléments ne se confondant jamais sur les plats. La distribution de ces récipients est identique à celles des formes de la famille précédente (fig. 113).

FIG. 113 – Carte de répartition des plats de famille Z au Causse.
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194À Gourjade, seulement sept plats de ce type sont connus. L'exemplaire de la tombe 38 est recouvert d'une série de larges cannelures internes. Celui de la tombe 135.3 a été utilisé comme couvercle du vase cinéraire. Un seul possède une double perforation près du bord (T.228.19). Ils proviennent tous de la bordure orientale du site (fig. 114).

FIG. 114 – Carte de répartition des plats de famille Z à Gourjade.
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195Au Martinet, vingt et un plats sont classés dans ce groupe. Aucun n'est décoré. Cinq exemplaires sont munis d'un élément de préhension, perforé ou non et deux autres d'une perforation près du bord. Leur répartition fait apparaître une nette préférence pour la moitié sud de la nécropole (fig. 115).

FIG. 115 – Carte de répartition des plats de famille Z au Martinet.
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Forme Zd
196Les plats de forme Zd sont au nombre d'une quarantaine. Toujours bien représentés au Causse et un peu moins au Martinet, ils restent, comme pour la forme précédente, rares à Gourjade. Leur diamètre à l'ouverture est parfois important, atteignant plus de 300 mm (fig. 112), mais la majorité d'entre eux sont de dimensions modestes, à l'exception de la série du Martinet qui ne compte que des grands récipients.
Au Causse, on dénombre vingt-quatre plats de forme Zd. Quatre possèdent un élément de préhension (T.11.12, T.15.6, T.484.8 et T.723.2) et autant une double perforation. Quatre autres sont décorés. Parmi ces derniers, deux présentent une série d'impressions sur la partie débordante du fond (T.606.16 et T.623.4). Un autre est orné d 'une série de lignes imprimées à la roulette placées sous la lèvre (T.669.35). Le décor du quatrième est plus douteux car on peut se demander si la croix cannelée placée sous le fond est un véritable ornement ou une simple marque de type signature (T.91.10). La localisation de ces récipients dans la nécropole n'apporte rien de nouveau. Elle est globalement similaire à celle de la forme précédente (fig. 113).
À Gourjade, sept plats à pied bas sont recensés dans ce groupe. Ils proviennent de deux tombes de la bordure occidentale du site et de quatre autres implantées dans la partie nord-est (fig. 114). Parmi ces dernières, la tombe 215 en contenait deux dont un utilisé comme couvercle du vase cinéraire. On retrouve sur un autre de ces vases (T.212.1) un décor identique à ceux rencontrés sur les exemplaires des tombes 606 et 623 du Causse.
Au Martinet, les dix plats de la forme Zd proviennent pour l'essentiel de la moitié sud de la nécropole en excluant toutefois la bordure sud-ouest (fig. 115). L'unique représentant que l'on trouve en limite septentrionale du site a servi de couvercle pour le vase cinéraire. Quatre de ces plats sont munis d'une ou de deux perforations près du bord.
Forme Ze
197Cette dernière forme n'est attestée qu'au Causse avec deux vases de dimensions modestes (T.385.9 et T.548.18) appartenant à deux tombes localisées en bordure orientale du site.
Formes et pièces diverses
198La classification typologique que nous avons utilisée a permis, fort heureusement, de répertorier l'immense majorité des céramiques modelées issues des trois nécropoles. Il existe cependant, comme dans toute série, un très petit nombre de pièces aux traits particuliers que nous ne pouvons cataloguer dans aucun des groupes définis au préalable.
199Au Causse, la tombe 509 a livré un microvase de 24 mm de diamètre et haut de 15 mm, vraisemblablement obtenu à partir d'une simple boulette d'argile mise en forme par pression. Un second objet en terre cuite provient de la tombe 616. Il s'agit d'un disque de 115 mm de diamètre et épais d'une dizaine de millimètres, dont l'utilisation comme opercule est possible.
200À Gourjade, deux pièces en terre cuite, munies d'une perforation centrale, se distinguent (195.8 et 385.9). D'un point de vue utilitaire, leur allure générale peut tout aussi bien faire penser à de petits entonnoirs qu'à de simples couvercles.
201Deux autres pièces de forme particulière proviennent de la tombe 385 de cette nécropole. Il s'agit d'un ensemble comprenant un petit vase presque cylindrique, haut de 60 mm et d'un diamètre à l'ouverture de 64 mm, et son couvercle constitué d'un disque en terre cuite de 62 mm de diamètre et épais de 5 à 6 mm. Ces deux pièces possèdent une perforation près du bord.
202Enfin, toujours à Gourjade, un vase pose un réel problème de classification. Sa morphologie est tout à fait particulière et ne se rapproche d'aucun autre récipient du corpus céramique. Il s'agit d'une urne à épaulement débordant très marqué et placé haut sur la panse. Elle possède un grand col peu évasé qui se termine par un méplat bien dégagé vers l'extérieur, ainsi qu'un pied relativement haut. Un décor d'impressions à la roulette, composé d'une série de cinq lignes horizontales surmontant des groupes de traits obliques disposés en pendentifs, orne ce récipient. Il provient d'une tombe du secteur est de la nécropole (T.30) où il a assuré la fonction de vase cinéraire. Ce dépôt comprend également une autre urne, de forme Dl c, et plusieurs coupes des familles S et V.
3.2.4 Les décors
203Un vase décoré est un vase dont la paroi interne et/ ou externe a reçu un traitement de surface particulier qui ne se limite pas à un simple lissage ou polissage. La (ou les) technique(s) employée(s) et le (ou les) motif(s) représentées) relèvent, autant et peut-être davantage que la forme elle-même, de critères esthétiques en vogue à une époque, issus de traditions culturelles locales et/ou dus à des apports externes. En effet, comme nous avons pu le voir précédemment, la présence même de ces ornementations sur une forme est un critère qui peut permettre d'isoler topographiquement des groupes de tombes, et ainsi contribuer à préciser leur valeur chronologique.
204Parmi les quelque 5 300 vases provenant des trois nécropoles, près d'un millier (965 pour être plus précis) portent un décor, soit 18 % de l'effectif total. La part de ces vases diffère dans chacune des séries. À Gourjade elle représente 22 % du nombre total des récipients, au Causse 19 %, et 10 % seulement au Martinet. Gardons tout de même en mémoire que les séries comportent un nombre non négligeable de profils trop incomplets pour apprécier la présence ou non de cet élément. Quoi qu'il en soit, l'effectif reste suffisamment important pour engager une étude quantitative sérieuse.
205Certaines formes de vases, voire des familles entières, sont plus concernées que d'autres par les décors (fig. 116). D'un point de vue général, ce sont les urnes qui sont le plus souvent décorées, suivies par les gobelets au Causse et les coupes à Gourjade et au Martinet. Dans les trois nécropoles, environ deux vases décorés sur trois sont des urnes. Parmi ces récipients décorés, plus de 78 % ont été utilisés comme urnes funéraires à Gourjade, 67 % au Causse et 56 % au Martinet. Plus généralement, les vases cinéraires portent une fois sur deux un décor, ceci dans les trois nécropoles. Il s'agir en outre du seul récipient décoré dans bon nombre de dépôts, notamment dans les tombes périphériques des nécropoles du Causse et de Gourjade, ce qui montre qu'ils ont reçu, au moins dans un certain nombre de cas, une attention toute particulière probablement liée à leur fonction.

FIG. 116 – Histogrammes de distribution des différentes catégories de récipients décorés.
F. Pons/lnrap
206Nous allons à présent étudier en détail ces décors. Après une approche descriptive des différentes techniques utilisées, nous verrons quels ont été les motifs représentés en accordant une large place aux associations existantes.
3.2.4.1 Les décors peints ou engobes
207L'observation de cette technique est difficile du fait de l'altération de la surface des vases. Il est certain qu'un nombre plus important de récipients que ceux que nous avons pu reconnaître présentaient une coloration, comme en témoignent les nombreuses traces de pigmentation rougeâtre (hématite ?) piégées dans les creux de certains décors imprimés. Ceci étant, nous avons pu vérifier sur une vingtaine de récipients la présence d'une matière colorante recouvrant la totalité de la paroi externe. Il s'agit le plus souvent d'une couverte rouge appliquée avant cuisson. La répartition de la couleur n'est cependant pas toujours uniforme. Un vase de la nécropole du Causse (T.614.1) et un autre de Gourjade (T.17.5) présentent ainsi une alternance de plages peintes et de zones vierges délimitées par des incisions. Pour l'exemplaire de la tombe 430 du Causse on pourrait presque parler de polychromie. En effet, le col ainsi que la partie inférieure de la panse présentent une coloration rougeâtre alors que toute la partie supérieure de la panse, ornée de méandres symétriques incisés au double trait, est recouverte d'une matière de teinte noire.
208Cette technique décorative est rarement utilisée seule, comme sur le gobelet de la forme J1d de la tombe 296 du Causse ou sur le vase cylindrique de la tombe 16 de cette même nécropole. Elle est parfois associée à de simples lignes horizontales incisées, comme sur le vase 2 de la tombe 27 du Martinet, mais c'est le plus souvent en complément de motifs incisés et/ou imprimés occupant toute la surface du vase qu'on la retrouve. C'est le cas pour plusieurs vases du Causse (T.334.13, T.325.1 ou T.614.1), le vase de la tombe 17 de Gourjade et trois autres du Martinet (T.41.5, T.4.7 et T.5.1).
209Le faible effectif des vases « peints » identifiés ne permet aucune observation sérieuse de leur répartition dans les trois nécropoles.
3.2.4.2 Les cannelures
210Les cannelures sont réalisées à l'aide d'un outil à extrémité arrondie plus ou moins large, appliqué sur l'argile encore meuble. Elles peuvent composer de simples lignes horizontales ou verticales, ou encore s'organiser en motifs géométriques. Il faut ici différencier les cannelures horizontales cerclant le vase dans sa totalité, des cannelures verticales ou obliques qui peuvent parfois dessiner des motifs plus complexes. Ces décors, employés seuls ou associés à d'autres techniques, sont très prisés pour l'ornementation des vases dans les trois nécropoles où on les retrouve sur de nombreux vases décorés (51 % au Causse, 37 % à Gourjade et près de 30 % au Martinet) (fig. 117).

FIG. 117 – Histogrammes de distribution des différentes techniques utilisées pour la décoration des vases (les décors peints ne sont pas pris en compte).
F. Pons/lnrap
Les cannelures horizontales
211Ces motifs, qui regroupent le plus souvent deux à quatre cannelures juxtaposées, voire plus dans certains cas (exemple du vase 1 de la tombe 433 du Causse) sont très fréquents. Au Causse, sur les 231 vases comportant des cannelures, 171 présentent des cannelures jointives horizontales. Ce rapport est encore plus important à Gourjade avec 126 cas sur 149 et au Martinet avec 28 exemplaires recensés sur 32. Ces cannelures sont généralement appliquées sur la partie supérieure de la panse mais on peut les rencontrer sur le col de quelques vases, plus rarement au niveau du pied (exemple du vase 2 de la tombe 251 à Gourjade). Elles intéressent surtout les urnes et les gobelets à col bas des familles D, G, H et I ; une douzaine de coupes de forme T d à Gourjade (T.111b.2 par exemple) et une coupe de forme Sd au Martinet (T.45.11) en sont également munies (fig. 118). Les méplats ou degrés, parfois présents en nombre sur la paroi interne des plats des familles Y et Z, entrent également dans cette catégorie de décors mais sont peu représentés : on n'en recense qu'une quinzaine d'exemplaires sur les trois nécropoles.

FIG. 118 – Histogrammes des fréquences d'utilisation des techniques décoratives sur les différentes catégories de récipients décorés.
F. Pons/lnrap
212Pris dans leur globalité, ces motifs sont présents sur l'ensemble des sites avec toutefois une très forte représentation dans la partie centrale et méridionale du Causse (fig. 119).

FIG. 119 – Carte de répartition des décors de cannelures jointives au Causse.
F. Pons/lnrap
213Si on les considère maintenant dans le détail, on s'aperçoit que le nombre de cannelures exécutées sur chaque vase est un facteur d'autant plus significatif qu'il est important. Ceci est très net au Causse et à Gourjade pour les urnes des familles G et H munies de plus de quatre cannelures (fig. 119 et 120) que l'on ne rencontre pas en périphérie des nécropoles. Par ailleurs, au Martinet, ces cannelures multiples sont très peu nombreuses (2 exemplaires).

FIG. 120 – Carte de répartition des décors de cannelures jointives à Gourjade.
F. Pons/lnrap
214Un autre critère peut être également pris en compte : il s'agit de la largeur des cannelures. C'est parmi les récipients ornés de deux ou trois cannelures, sur des formes parfois munies de cols hauts (T.169.11 ou T.485.1 du Causse), qu'on observe les plus larges d'entre elles, qui dépassent une quinzaine de millimètres. Ainsi, au Martinet deux de ces vases sont issus de l'extrémité méridionale du site (T.163.1 et 2) ; à Gourjade et au Causse, tous les exemplaires recensés proviennent de la périphérie de la nécropole.
215Les motifs de cannelures jointives peuvent figurer seuls sur les vases mais ils sont le plus souvent associés avec d'autres types de décors (au Causse 39 % des vases portant des cannelures jointives horizontales ne comportent aucun autre décor, 20 % à Gourjade et 36 % au Martinet). S'il est fréquent de les observer avec des impressions fines en tirets ou en pointillés au Causse (45 vases) (T.167.1 par exemple), cette association est en revanche plus rare à Gourjade (11 % des vases), et presque inexistante au Martinet où seuls deux vases sont concernés. En revanche, dans ces deux nécropoles, l'association de ces cannelures avec des impressions à la roulette ou à la cordelette est très fréquente : un cas sur deux à Gourjade et plus d'un sur quatre au Martinet contre seulement un sur dix au Causse.
Les cannelures verticales ou obliques
216Peu nombreuses avec moins d'une vingtaine d'exemplaires recensés, ces cannelures, généralement plus fines que les précédentes, se rencontrent très souvent par groupes de trois. Elles peuvent figurer seules sur certains récipients comme les vases cylindriques de forme B0c des tombes 1 et 663 de la nécropole du Causse, mais leur utilisation comme pendentifs est plus commune. On les trouve alors en association avec d'autres décors sur le col ou la partie supérieure de la panse d'urnes ou de gobelets à col bas, mais également sur une coupe de forme Wd à Gourjade (T.17.7) et Td au Causse (T.302.8). Enfin, cette technique peut être utilisée pour retranscrire des motifs habituellement exécutés par incisions ou impressions tels que les chevrons (T.165.3, T.427.12 ou T.324.1 au Causse). Ceci reste toutefois de l'ordre de l'exception.
3.2.4.3 Les incisions
217L'incision est un tracé, plus ou moins large et profond, réalisé à l'aide d'un outil à extrémité appointée, voire tranchante. Les motifs représentés peuvent être simples (lignes horizontales ou verticales) ou plus complexes (géométriques ou curvilignes). Nous différencierons trois types d'incisions en fonction de l'outil employé.
Les incisions simples
218L'incision simple est fréquemment utilisée (en plus des simples traits horizontaux:) pour dessiner des motifs répétitifs et complexes. La profondeur et la largeur des traits obtenus dépendent en grande partie de l'outil employé.
219Cette technique est assez bien attestée dans les trois nécropoles où on la rencontre partout : 20 % des vases décorés sont concernés au Causse, près de 22 % à Gourjade et plus de 34 % au Martinet (fig. 117). Dans la majorité des cas, les vases à pied et col bas des familles G, H, J et K ont servi de support à ce type de décor que l'on retrouve cependant sur quelques coupes des familles S et T principalement (fig. 118).
220Les motifs peuvent être très sommaires, limités à une ou deux : lignes horizontales placées au niveau de l'encolure du vase ou directement sur la panse, voire plus complexes et parfois associés à d'autres techniques décoratives (cannelures horizontales ; impressions fines, à la roulette ou à la cordelette). Le registre comprend alors une très grande variété de thèmes (fig. 121) : motifs ondés (T.73.4), circulaires (T.18.2) ou cruciformes (T.152.2 ou T.130.1) à Gourjade ; pendentifs en « Y » (T.526.2) et en arête de poisson au Causse (T.305.3), en forme de fourche au Martinet (T.5.2); pendentifs composés de groupes de trois ou quatre traits verticaux: ou obliques au Causse (T.397.1 par exemple), à Gourjade (T.233.1) et au Martinet (T.14.12 ou T.35.6) où une urne en comporte toute une série placés en alternance sur le col et la partie inférieure de la panse (T.5.1) ; losanges à Gourjade (T.301.4); grands chevrons emboîtés au Causse (T.326.1) ou au Martinet (T.177.10) ou frises de chevrons simples parfois hachurés comme sur le vase 2 de la tombe 393 à Gourjade ou encore au Martinet où ces motifs alternent avec des croix incisées (T.2.6, T.4.6, T.5.8 ou T.19.2); frise de croisillons tracés près du bord d'une coupe de forme Sc au Martinet (T.6.5) ; quadrillage sur un gobelet au Causse (T.296.3); méandres symétriques et motifs d'inspiration mailhacienne au Martinet (T.45.9 et 10) également présents à Gourjade sur un petit vase exceptionnel décoré de pictogrammes (anthropomorphes, svastikas, cercle ponctué, groupe de traits verticaux:) (T.25.9), etc.

FIG. 121 – Matrice simplifiée des principaux motifs représentés selon la technique utilisée.
A. Lagarrigue, F. Pons/lnrap
221Loin d'être exhaustive, cette liste pourrait être complétée par d'autres motifs, souvent représentés en un seul exemplaire dans une des trois nécropoles ; certains vases, comme celui du vase 1 de la tombe 614, portent d'ailleurs des décors trop complexes pour être catalogués dans un style.
Les incisions au double trait
222Les incisions au double trait sont réalisées avant cuisson, à l'aide d'un outil à extrémité bifide. Le tracé obtenu est généralement peu profond. Cette technique, qui n'est pas représentée au Martinet, a été identifiée sur un petit nombre de récipients. On en compte au moins 35 exemplaires au Causse, tous répartis au centre et au sud de la nécropole (fig. 122), et une dizaine à Gourjade, plus dispersés sur l'ensemble du site, mais absents des secteurs périphériques (fig. 123). On trouve ces décors essentiellement sur des urnes de forme G1d et H1d, plus rarement sur des coupes (famille T ou U) (fig. 118). Le registre comprend toute la gamme habituelle des décors classiques de motifs mailhaciens.

FIG. 122 – Carte de répartition des décors au double trait au Causse.
F. Pons/lnrap

FIG. 123 – Carte de répartition des décors au double trait à Gourjade.
F. Pons/lnrap
Les incisions au triple trait
223Les véritables incisions au triple trait n'ont été reconnues que sur deux vases de la nécropole du Causse. Sur le premier, malheureusement incomplet, figurent probablement des motifs géométriques de type méandre (T.70.1). Le second porte une série de représentations zoomorphes (T.23.1). Ces récipients proviennent de sépultures de la partie centrale du site.
3.2.4.4 Les décors de tirets
224Il s'agit de petits traits réguliers et peu profonds obtenus par incision ou impression –la distinction n'est pas toujours évidente– disposés le plus souvent sur une ou plusieurs lignes horizontales au niveau de la partie supérieure de la panse. Ces ornementations sont bien représentées au Causse où elles intéressent 13 % des vases décorés. On les rencontre beaucoup moins à Gourjade, sur seulement une dizaine de récipients, et elles n'ont été identifiées qu'à deux reprises au Martinet (T.21.1 et T.85.3). Elles sont fréquemment appliquées sur des urnes et des gobelets à col et pied bas des familles G et H mais on les trouve également sur des vases des familles D et E (fig. 118). Ces décors s'associent volontiers aux cannelures jointives et aux motifs incisés au double trait avec lesquels ils partagent les aires de distribution (fig. 124 et 125).

FIG. 124 – Carte de répartition des décors de tirets et d'impressions obliques au Causse,
F. Pons/lnrap

FIG. 125 – Carte de répartition des décors de tirets et d'impressions obliques au Gourjade,
F. Pons/lnrap
3.2.4.5 Les impressions
225Ce terme regroupe de nombreux cas de figure différents qu'il convient de distinguer les uns des autres. On peut en effet considérer comme impression toute empreinte laissée par un objet appliqué dans l'argile meuble. Cette technique est de loin la plus commune mais les impressions obtenues, différentes selon le type d'instrument employé, n'ont pas toutes les mêmes représentations au sein des nécropoles.
Les impressions fines obliques
226Ces décors, appelés également décors de pointillés, se présentent sous la forme de minuscules impressions obliques disposées en lignes. Leur finesse d'exécution est telle qu'on peut également les confondre avec des incisions. Représenté sur une vingtaine de vases au Causse, une quinzaine à Gourjade, ce type d'impressions n'est connu que sur trois récipients au Martinet. Au Causse et à Gourjade, on les rencontre dans les mêmes secteurs que les décors de tirets avec cependant une tendance plus affirmée vers les secteurs périphériques (fig. 124 et 125), Les formes de récipients concernées sont également les mêmes avec en plus quelques coupes de forme Td (T.332.2, T.383.4 et T.336.2 à Gourjade; T.41.3 au Martinet) (fig. 118). Le registre des motifs comprend les éternelles lignes horizontales (T.176.3 au Causse), de rares frises de chevrons (T.576.6 au Causse) et quelques motifs en pendentif (T.41.3 au Martinet). Ces décors accompagnent parfois des cannelures (T.387.3 au Causse) et des motifs zoomorphes incisés au double trait (T.336.2 à Gourjade et T.441.2 du Causse).
Les impressions digitées, ongulées et au « bâtonnet »
227Ces différentes techniques permettent de façonner des empreintes assez larges. L'utilisation du doigt donne des impressions irrégulières et parfois grossières ; les impressions au « bâtonnet » peuvent être plus fines et prendre différentes formes : circulaire, oblongue, triangulaire, etc. Aucune d'entre elles n'est fréquente dans les trois nécropoles : une vingtaine de cas au Causse, 18 à Gourjade et 2 au Martinet. Ces décors sont toujours utilisés seuls, le plus souvent en une seule ligne horizontale placée à hauteur de l'encolure ou du diamètre maximum de la panse. On les rencontre surtout sur des récipients de petite taille tels que des gobelets (T.312.3, T.323.3 ou T.392.2 au Causse ; T.337.3 à Gourjade), et des coupelles de forme V ou W (T.575.3 ou T.595.2 au Causse ; T.44.3 ou T.55.1 à Gourjade). Ces rangées d'impressions ornent également deux vases cylindriques du Causse (T.533.2 et T.676.1), un troisième à Gourjade (T.161.3) et deux urnes au Martinet (T.13.4 et T.175.4). Sur trois autres récipients de la nécropole du Causse, des impressions au « bâtonnet » ont été utilisées pour dessiner des pendentifs (T.284.2, T.331.4 et T.333.2). Enfin, au Martinet une coupe présentant une ouverture presque rectangulaire est entièrement recouverte d'impressions ongulées sur sa paroi externe (T.2.5).
228La répartition de ces techniques décoratives n'apporte aucun enseignement.
Les impressions à la cordelette et à la roulette
229Nous avons pris le parti de présenter conjointement ces deux types d'impressions car il est bien souvent difficile de faire la différence entre un décor réalisé à la cordelette et un décor à la roulette. Les deux techniques donnent des rendus très proches mais la seconde semble laisser sur la paroi du vase des empreintes rectangulaires plus régulières. Quoi qu'il en soit, l'utilisation de l'une ou l'autre est attestée sur suffisamment de récipients pour que l'on prenne en considération ces deux dénominations. Il va de soi qu'une identification plus poussée, travail qui à lui seul mériterait une étude particulière, permettrait d'affiner l'utilisation et la représentation de ces décors qu'on rencontre sur de nombreux récipients dans chacune de nos séries.
230En effet, ces décors sont, après les cannelures, les plus fréquents au Causse, présents sur plus d'une centaine de vases, soir 24 % de la série des vases décorés. À Gourjade, ils sont encore plus nombreux et nettement majoritaires puisqu'ils intéressent plus d'un vase décoré sur deux (56 %). Il en est de même au Martinet où on les retrouve sur plus d'une cinquantaine de récipients ce qui représente 46 % de l'effectif des décors. La plupart des formes fermées à pied et col bas portent au moins un décor de ce type. Certains de ces vases, notamment à Gourjade, ont conservé à l'intérieur des dépressions formées par ces impressions des traces de colorant rouge. On les rencontre également sur des coupes, plus volontiers à Gourjade et au Martinet, de forme S, T et V. Les coupes des familles X et W, les plats et les urnes à col haut ne sont en revanche quasiment jamais décorés à l'aide de ces impressions (fig. 118).
231Les motifs les plus simples sont constitués d'une ou de plusieurs lignes horizontales qui peuvent être placées de part et d'autre d'une série de cannelures lorsqu'elles sont au nombre de deux comme par exemple sur l'urne 2 de la tombe 67 au Causse. Ces lignes d'impressions sont souvent accompagnées de pendentifs qui peuvent prendre des formes diverses et s'associer entre eux. Les plus courants sont les groupes de trois traits verticaux (T.181.1 au Causse ou T.247.1 à Gourjade) ou obliques (T.400.8 à Gourjade ou T.37.3 au Martinet), les motifs cruciformes (T.142.2 à Gourjade) ou en « y » (T.203.1 au Causse ou T.243.3 à Gourjade) ainsi que les chevrons très souvent disposés en frise (fig. 121). Ces derniers sont des thèmes favoris. Très nombreux, ils forment une part importante des motifs imprimés à la roulette ou la cordelette (25 % au Causse, 48 % à Gourjade et jusqu'à 54 % au Martinet) et méritent que l'on s'y intéresse de plus près. En effet, ces motifs présentent entre eux des différences notables qui permettent de les séparer en deux groupes principaux : les chevrons courts, simples ou doubles, disposés en frises régulières (T.202.2 au Causse ou T.147.6 à Gourjade) et les grands chevrons multiples, ou faux chevrons, de facture grossière et souvent maladroite (T.696.4 au Causse ou T.226.4, T .203.10 à Gourjade). Au demeurant anodins, ces détails morphologiques deviennent significatifs lorsqu'on les projette sur les cartes de répartition. On s'aperçoit alors que le groupe des grands chevrons occupe des aires de distribution bien spécifiques dans chacune des nécropoles. Ainsi, au Causse, ces motifs se retrouvent presque tous dans le secteur nord-ouest du site et n'existent pas au centre et au sud de la nécropole (fig. 126) ; à Gourjade, aucun n'est présent dans la partie centrale de la nécropole, ni dans les tombes implantées en bordure est et nord-est (fig. 127) ; enfin, au Martinet on ne rencontre que des grands chevrons, mais jamais dans la partie méridionale du site (fig. 128).

FIG. 126 – Carte de répartition des décors à la cordelette et à la roulette au Causse.
F. Pons/lnrap

FIG. 127 – Carte de répartition des décors à la cordelette et à la roulette à Gourjade.
F. Pons/lnrap

FIG. 128 – Carte de répartition des décors à la cordelette et à la roulette au Martinet.
F. Pons/lnrap
3.2.4.6 Les décors « grattés » et peignés
232Ces deux techniques sont rassemblées car le but recherché est identique : obtenir un effet de contraste entre la zone traitée qui devient grenue ou rugueuse et le reste de la surface qui reste lisse ou polie.
233Le grattage n'a été reconnu que sur deux petits vases, deux gobelets de forme J1d de Gourjade (T.133.2 et T.285.3). Ils présentent tous deux un bandeau large d'environ 10 mm aménagé sur le départ de la panse.
234Toujours à Gourjade, deux autres récipients portent un décor vraisemblablement réalisé au peigne. Cette ornementation, pour le moins assez fruste, couvre dans un cas toute la paroi d'un grand vase de forme D0d (T.54.11) et, dans l'autre, une partie de la surface d'un petit récipient de forme B0c (T.340.2). Un troisième récipient, une petite coupe hémisphérique à fond rond, issu de la tombe 594 du Causse, a également subi un traitement identique sur sa paroi externe mais aussi interne.
3.2.4.7 Les décors excisés
235Cette technique consiste à produire un effet décoratif par enlèvement d'une partie de la matière, les motifs exécutés présentant ainsi un relief des plus accentués. Bien que peu nombreux, les exemplaires découverts au Causse et à Gourjade ne sont pas sans intérêt et attestent soit de l'utilisation locale de cette technique soit d'importations plus lointaines, vraisemblablement du Languedoc où ces décors sont bien affirmés.
236Au Causse, un seul vase, de forme B0c (T.693.3), porte un décor de ce type. Il provient d'un dépôt du nord du site. Sa paroi présente une série de grands triangles isocèles disposés pointe vers le bas dont la surface a été raclée ou évidée. Un second registre décoratif occupant la partie basse du vase se compose de grands traits obliques profondément incisés.
237À Gourjade, trois tombes du secteur est de la nécropole ont livré des vases à décors excisés. La tombe 76 en contient à elle seule quatre, trois coupes d'assez grande taille à pied haut et une plus petite à fond creux. Les compositions sont quasiment identiques et rappellent « le style à larges motifs de chevrons ou triangles » défini par A. Nickels (Nickels et al. 1989 : 313). Les coupes 5 et 6 portent exactement le même registre décoratif composé d'un panneau de triangles de grands chevrons emboîtés séparés par trois bandes verticales. Les mêmes motifs mais de plus grande taille, se retrouvent sur la petite coupe (T.76.10). Enfin, sur le dernier récipient (T.76.4), les chevrons sont remplacés par une frise en damier.
238Dans la tombe 180, deux coupes hémisphériques à fond ombiliqué (T.180.1 et 2) sont également décorées à l'aide de cette technique. Les compositions sont différentes et les parties laissées en réserve sont ici plus importantes. Des lignes ondulées et des frises de chevrons simples viennent compléter les triangles et les grands chevrons emboîtés.
239Le dernier exemplaire recensé provient de la tombe 167. Ce petit vase qui affecte une forme peu commune est le seul récipient décoré de la tombe. Il porte une large frise de grands chevrons emboîtés.
3.3 Le mobilier métallique
240t.j., f.p. avec la participation de a.l.
241L'ensemble des sépultures fouillées dans les trois nécropoles a permis de recueillir près de 1360 objets métalliques, en bronze ou en fer, complets ou incomplets : 410 à Gourjade, 532 au Martinet et 718 au Causse. Ces chiffres doivent être acceptés avec prudence car plusieurs écueils surgissent lors de la définition des objets ou groupes d'objets. En effet, d'une part la pratique de la crémation, quasi exclusive dans les nécropoles du castrais, implique la fragmentation, et parfois la fonte pour les éléments en bronze, de certaines pièces, si bien que leur identification s'avère délicate, voire impossible. D'autre part, les objets recueillis dans les ossuaires pouvaient former initialement des assemblages complexes que le passage sur le bûcher a pu disloquer. Aucun objet en métal précieux n'a été découvert.
3.3.1 Problématique et méthode d'étude : pour une uniformité typologique
242Les importantes séries métalliques livrées par les trois nécropoles forment une documentation de premier ordre, tant du point de vue quantitatif que qualitatif. Ainsi, les catégories représentées sont nombreuses et les types attestés montrent le large éventail des productions protohistoriques.
243Un des paradoxes courants dans l'étude des séries métalliques est l'emploi régulier de nouvelles appellations pour désigner des objets ou des catégories d'objets pour lesquels on dispose déjà de typologies bien structurées et éprouvées. En effet, plusieurs séries d'études spécifiques ont traité de la plupart des types d'objets métalliques recensés, soit sous une forme générique, la conformation des pièces étant alors le support majeur de la réflexion soit sous la forme d'études typologiques en fonction d'une région donnée et durant une phase chronologique bien limitée. Ces dernières sont d'ailleurs les plus courantes et sont utilisées dans toute l'Europe : c'est le cas par exemple des fascicules de Typologie des objets de l'Âge du Bronze en France, éditées par la Société préhistorique française, ou des très usités Prahistorische Bronzefonde édités à Munich. Pour certains objets, bien évidemment, il n'existe à proprement parler aucune typologie générale. C'est notamment le cas pour des types d'objet dont l'aire de diffusion est restreinte. Dans ces cas, il est opportun de se tourner vers les publications monographiques ou spécialisées, ou d'adopter une terminologie courante, pour ne pas dire « passée dans les mœurs ».
244Cette étude se fonde donc sur les définitions typologiques les plus « classiques » et également sur des travaux plus « régionaux ».
3.3.2 Des objets : catégories et types
245Les séries métalliques recensées dans les trois nécropoles peuvent aisément être triées suivant un classement « fonctionnel », fondé, il faut le rappeler, sur des conceptions très modernes. Ainsi, les objets ont été répartis dans les groupes suivants : les parures et accessoires de vêtement, les instruments de toilette, les outils et les armes.
246Cette option n'est pas novatrice, loin s'en faut, puisque dès le début du siècle, J. Déchelette analysait le mobilier métallique en distinguant notamment les objets de parure des armes et des outils (Déchelette 1913). Dans le Midi de la France, cette démarcation fut également adoptée lors de la première étude des nécropoles du Moulin, du Grand Bassin l et du Grand Bassin II à Mailhac (Aude) pour lesquelles O. et J. Taffanel distinguèrent les armes et couteaux des objets de parure et de toilette (Louis et al. 1958). Cette même partition se retrouve dans l'œuvre de J. Jannoray consacrée à Ensérune (Jannoray 1955). Plus récemment, les chercheurs ont maintenu ce canevas d'étude pour la publication d'ensembles funéraires d'importance inégale ou la réalisation de synthèses régionales, tant en France méditerranéenne (Nickels et al. 1989 ; Dedet 1992 ; Janin et al. 1997 ; Taffanel et al. 1998) qu'en Espagne (Pons i Brun 1984) ou en Italie (Ruby 1990).
3.3.2.1 Parures et accessoires de vêtement
247On ne reviendra pas sur la nécessité de réunir dans un même ensemble les parures et les accessoires de vêtement. Ces deux fonctions, qu'il est parfois aisé de distinguer pour une catégorie, sont difficiles à différencier pour certains groupes d'objets dom la finalité demeure incertaine ou pour lesquels plusieurs utilisations non exclusives sont envisageables : c'est par exemple le cas pour les épingles, objets purement décoratifs et également accessoire vestimentaire (fixation des tissus) ou capillaire (épingle à cheveux). L'utilisation des boutons et anneaux soulève de semblables interrogations. Sont présentés ici successivement les épingles, les fibules, les bracelets, les torques, les anneaux, les agrafes, les boutons et les agrafes de ceinture.
Les épingles
248Les épingles sont sans aucun doute les objets métalliques les plus nombreux dans les nécropoles castraises. Complètes ou fragmentaires, ces pièces sont rarement présentes à plus d'un exemplaire dans les sépultures. Il arrive cependant que plusieurs épingles soient présentes dans la même tombe : s'il s'agit parfois d'objets faisant partie d'une « trousse de toilette », comme dans les tombes 13 ou 33 du Martinet, on rencontre de temps en temps deux épingles dans un même ensemble (Martinet : T.4, T.25, T.33, T.47, T.143, T.157 ; Gourjade : T.23, T.29, T.222, T.299, T.306, T.332, T.342; Le Causse : T.10, T.173, T.286, T.372, T.379, T.509, T.553, T.572, T .581, T.594, T.603, T.649, T.679, T.688) . Elles sont en bronze (Martinet : 23 ex. ; Gourjade : 62 ex. ; Le Causse : 110 ex.) ou en fer (Martinet : 21 ex. ; Gourjade : 45 ex. ; Le Causse : 44 ex.).
249Parmi les quelque 300 épingles ou fragments d 'épingles recueillis, 214 ont été identifiés. De nombreux types ont été définis dans les études consacrées à cet objet ; dans les nécropoles castraises, 17 types différents ont été recensés (fig. 129). Tous ne sont pas présents dans les mêmes proportions, et certains types n'ont été relevés que dans deux ensembles sur trois, voire dans un seul.

FIG. 129 – Typologie des épingles des nécropoles du Castrais. 1 type A1 ; 2 type A2 ; 3 type A3 ; 4 type A4 ; 5 type A5 ; 6 type A6 ; 7 type A7 ; 8 type A8 ; 9 type A9 ; 10 type A10 ; 11 type A11 ; 12 type A12 ; 13 type A13 ; 14 type A14 ; 15 type A15 ; 16 type A16 ; 17 type A17. 1 à 3, 5 à 13 nécropole du Causse ; 4, 14 à 16 nécropole de Gourjade ; 17 nécropole du Martinet. 1 T.248.4 ; 2 T.397.05 ; 3 T.318.26 ; 4 T.137.9 ; 5 T.302.1 ; 6 T.499.9 ; 7 T.688.1 ; 8 T.517.4 ; 9 T.228.4 ; 10 T.495.4 ; 11 T.398.6 ; 12 T.239.7 ; 13 T.642.6 ; 14 T.326.6 ; 15 T.347.8b ; 16 T.362.4 ; 17 T.143.16.
A. Lagarrigue, F. Pons/lnrap
Les épingles à tête enroulée simple (types A 1 et A2)
250Ces épingles sont de loin les plus fréquemment rencontrées dans les ensembles funéraires méridionaux. Elles présentent une extrémité proximale martelée et enroulée une ou deux fois. Leur tige est de section circulaire et n'est pas augmentée d 'un élément accessoire appliqué ou enfilé. La distinction opérée ici entre types Al et A2 repose sur la présence sur les types A2 d'un anneau mobile maintenu dans l'enroulement de la tête. Il est évident que dans certains cas, ces anneaux ont pu disparaître, notamment lors du passage sur le bûcher. C'est pourquoi on traitera ces deux types ensemble.
Au Causse, les types A1 et A2 sont représentés respectivement par 41 et 12 pièces (fig. 130), dom la plupart sont complètes. Seules deux épingles sont en fer (A1 : T.679.10 ; A2 : T.553.23). Un exemplaire présente une tête repliée mais non aplanie au préalable (T.393.2). Dans cette série, deux épingles sont ornées d'incisions sur la tige (T.212.2 et T.563.4).
À Gourjade, 23 épingles de types A1 et 2 épingles de type A2 ont été recueillies. Seul un exemplaire de type A1 est en fer. La répartition des exemplaires de type A1 montre une distribution quasi uniforme sur l'ensemble du site, à l'exception de la zone centrale. Les types A2 ont été trouvés dans des sépultures du secteur oriental de la nécropole (fig. 131).
Six épingles à tête enroulée ont été recensées au Martinet parmi lesquelles on distinguera cinq exemplaires du type A1 et un du type A2. Pour cette dernière pièce on soulignera qu'elle fait partie d'un objet plus complexe associant épingles, anneaux, perles et/ou scalptorium (T.22). Quatre des épingles de type A1 sont en bronze de même que l'exemplaire de type A2. L'épingle de la tombe 9 est en fer. La répartition de ces épingles est intéressante: elle montre une distribution cantonnée dans la moitié septentrionale de la nécropole (fig. 132) . Leur rareté relative au Martinet pourrait constituer un indice précieux quant à la datation de l'ensemble et du secteur où elles furent découvertes.
La longueur de ces épingles varie de 54 à 193 mm au Causse, de 61 à 164 mm à Gourjade ; le seul exemplaire complet du Martinet mesure 80 mm. L'histogramme de distribution des longueurs établi d'après les exemplaires complets des trois nécropoles (fig. 133) fait apparaître deux groupes d'objets d'importance inégale, au Causse comme à Gourjade. Dans les deux ensembles, coexistent des épingles de petites dimensions n 'excédant pas 120 mm, avec une majorité comprise entre 60 et 90 mm, et des pièces plus grandes atteignant parfois plus de 160 mm, parmi lesquelles on retrouve essentiellement des épingles de type A2. À titre indicatif, la longueur moyenne de ces épingles est de 105,4 mm au Causse et de 105,8 mm à Gourjade.

FIG. 130 – Carte de répartition des épingles de types A1 et A2 au Causse.
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap

FIG. 131 – Carte de répartition des épingles de types A1 et A2 à Gourjade.
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap

FIG. 132 – Carte de répartition des épingles de types A1, A2 et A3 au Martinet.
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap

FIG. 133 – Histogramme de distribution des épingles de types A1 et A2 en fonction de leur longueur.
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap
Les épingles de type « du Roc» (type A3)
251Signalé pour la première fois au Roc près d'Albi (Tarn) (Lacroix 1893), cet objet a tout d'abord été attribué au type « à tête de pavot » (Lautier 1961), puis considéré comme « une épingle à extrémité globuleuse creuse de style palafittique » (Guilaine 1972 : 287, 288). Il s'agissait alors d'un objet isolé et incomplet. Plus récemment un exemplaire complet fut interprété comme « le fruit de la récupération d'un objet brisé monté sur une épingle de type fréquent » (Séguier 1987). En fait, ces objets complexes, présents en nombre sur le site de la nécropole du Causse, montrent des caractères communs indéniables qui permettent d'y voir le résultat d'une véritable création d'origine. Nous les considérons donc comme un type d'épingle bien distinct, qui ne semble apparaître sur la nécropole qu'au tout début de l'âge du Fer. Ces objets sont constitués d'une épingle à tête enroulée de grande taille sur laquelle est enfilé un manchon creux presque toujours décoré de motifs gravés et/ou moulurés. Le col du manchon de ces épingles est parfois décoré à sa base de moulures, d'incisions horizontales ou courtes et verticales. Dans leur étude de synthèse, F. Audouze et G. Gaucher ont apparenté ces pièces aux épingles à tête sphérique creuse (Audouze, Gaucher 1981 : 105, 106). Elles semblent fréquentes dans les nécropoles tarnaises.
Au Causse, six épingles de ce type, dont une incomplète (T.581.15), ont été recensées. Une seule tige est en fer (T.576.13.20) et tous les cabochons sont en bronze. Les exemplaires complets des tombes 302, 576, 595 et 622 mesurent respectivement 220, 159, 190 et 233 mm. Seul le cabochon de l'épingle de la tombe 581 n'est pas décoré. Celui des pièces des sépultures 302 et 595 porte un motif d'échelles incisées horizontalement et formant une croix, scindée, au niveau du diamètre maximal du cabochon, par une échelle incisée verticalement et périphérique. Dans la tombe 576, le motif est presque le même mais les échelles cruciformes sont limitées à mi-hauteur. Enfin, ceux des exemplaires des tombes 389 et 622 sont constitués d'une double incision cruciforme, limitée, au niveau du diamètre maximal du cabochon, par une double incision périphérique. Ces épingles ont un anneau engagé dans l'enroulement de leur tête, anneau qui peut porter un décor incisé (T.302.1). L'épingle de la tombe 622 est associée à deux scalptoriums : cet ensemble peut être assimilé à une trousse de toilette (type Ll). La répartition de ces épingles montre, pour quatre d'entre elles, un cantonnement dans la bande orientale et le quart nord‑ouest de la nécropole (fig. 134).

FIG. 134 – Carte de répartition des épingles de type A3 au Causse.
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap
252À Gourjade, trois épingles de type du Roc ont été recueillies ; seul l'exemplaire de la tombe 184 (9b) est complet et mesure 142 mm ; c'est le seul dont le cabochon n'est pas décoré. Celui de l'épingle de la tombe 213 (1b) est décoré d'un motif cruciforme à l'incision triple, limitée, au niveau du diamètre maximal du cabochon, par une triple incision périphérique. Le motif qui orne le cabochon de l'épingle de la tombe 402 (3b), brisée mais complète, est constitué d'échelles incisées horizontalement et formant une croix, recouverte, au niveau du diamètre maximal du cabochon, par une échelle incisée verticalement et périphérique. Les objets 184.9b et 402.3b ont un anneau maintenu dans l'enroulement de la tête. Ces trois épingles proviennent de tombes sises à l'est et à l'ouest du site (fig. 135).

FIG. 135 – Carte de répartition des épingles de types A3, A4 et A5 à Gourjade.
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap
253Les deux exemplaires du Martinet, tous deux en bronze, possèdent un anneau maintenu dans l'enroulement de la tête ; celui de la tombe 33 est associé à une autre épingle ; son cabochon est exceptionnellement dépourvu de décor alors que celui de la sépulture 53 présente une double incision cruciforme, limitée, au niveau du diamètre maximal du cabochon, par une double incision périphérique. La seule épingle complète (T.33.2a) ne mesure que 43 mm. Comme les types précédents, on les retrouve dans la moitié nord du gisement, dans la partie centrale (fig. 132). Leur position pourrait leur conférer une indubitable valeur chronologique.
Les épingles à tête enroulée dites « composées » (types A4 et A5)
254Comme le type précédent, ces objets comportent des éléments enfilés sur la tige d'une épingle à tête enroulée. Ceux-ci sont en revanche plus variés et la composition n'est pas identique d'une épingle à l'autre. Comme les types A1 et A2, les catégories A4 et A5 se distinguent par la présence d'un anneau maintenu dans l'enroulement de la tête. Aucune épingle de ces types n'a été recensée au Martinet.
Au Causse, ces épingles sont peu nombreuses puisque seuls quatre exemplaires ont été recensés. Pour trois d'entre eux la composition se résume à l'enfilement d'une perle en bronze (T.4.5) ou en ambre (T.249.4), ou encore de deux perles en bronze de type différent (T.318.26). La quatrième épingle (T.513.20) comprend une grosse perle en ambre enserrée par deux plus petites, le tout emprisonné par une perle à tige enroulée en bronze. Lors de sa découverte, quatre anneaux de types différents étaient également enfilés sur la tige, mais ils restaient toutefois totalement libres. Dans tous les cas, les épingles utilisées pour ces compositions sont de grandes dimensions avec une longueur maximale de 230 mm (T.4). Deux épingles possèdent également un anneau mobile maintenu dans l'enroulement de la tête (T.249.4 et T.513.20).
À Gourjade, deux épingles de type A4 et trois de type A5 ont été répertoriées (fig. 135) ; toutes sont en bronze, à l'exception de l'épingle A4 de la tombe 306. L'épingle A4 de la tombe 224 est munie d'une perle en bronze de type G4. L'épingle de type A5 de la sépulture 71 est associée à deux perles en bronze de type G4 ; l'exemplaire de la tombe 137 est muni, de haut en bas, de trois perles en ambre, d'une perle en bronze de type G4, puis de deux perles en ambre ; l'exemplaire de la sépulture 308 comporte deux perles en ambre sous la tête, puis une perle en bronze de type G4 sous laquelle subsiste une perle en ambre. Les épingles complètes des tombes 224, 71 et 137 mesurent respectivement 140, 148 et 145 mm.
Les épingles à tête en crosse (type A6)
255Il s'agit d'épingles dont l'enroulement proximal en forme de boucle est obtenu par une simple flexion d'une extrémité de la tige. Les exemplaires recensés dans le Castrais se rapprochent effectivement de la description de Kubach (1977 : 957-959, pl. 64) , même s'il apparaît de sensibles différences, peut-être liées à un particularisme régional. Cette appellation a déjà été retenue pour l'inventaire d'autres lots métalliques languedociens (Guilaine 1972; Janin 1994a). Au Causse, douze objets, dix en bronze et deux en fer, appartiennent à ce groupe. Ce type d'épingle peut être considéré comme un bon marqueur chronologique. En effe t, ces objets ne sont présents qu'en périphérie de la nécropole (fig. 136).

FIG. 136 – Carte de répartition des épingles de types A6, A7, A8 et A9 au Causse.
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap
256À Gourjade, ces épingles sont nombreuses puisque 18 exemplaires ont été relevés, dont la moitié est en bronze. La répartition de ce type est intéressante : tous les secteurs en ont livré, à l'exception de la zone centrale. Mais on notera surtout que les pièces en fer sont cantonnées dans la bande orientale alors que les exemplaires en bronze ne se trouvent que sur la bordure occidentale (fig. 137).

FIG. 137 – Carte de répartition des épingles de types A6, A7 et A8 à Gourjade.
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap
257Au Martinet, quatre pièces de ce type ont été recensées dont deux sont en bronze. Absentes de la frange nord-est du site, elles sont uniformément réparties dans le reste de la nécropole, mais les pièces en bronze ne se trouvent qu'au nord, alors que les épingles en fer ne se rencontrent qu'au sud (fig. 138). Le diamètre de l'enroulement, qui varie au Causse de 9 à 27 mm et de 11 à 34 mm à Gourjade, semble proportionnel à la longueur de l'épingle, à de rares exceptions près (fig. 139).

FIG. 138 – Carte de répartition des épingles de types A6 et A7 au Martinet.
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap

FIG. 139 – Distribution des épingles de type A6 en fonction du diamètre de l'enroulement et de leur longueur.
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap
Les épingles serpentiformes (type A7)
258Morphologiquement très proches des épingles à tête en crosse, ces objets sont formés d'une tige de section ronde dont l'extrémité proximale présente un double enroulement terminé par une boucle. Ces pièces présentent ainsi une similitude de conformation avec les arcs des fibules du même type ; elles sont connues dans les ensembles funéraires languedociens.
Au Causse, seize épingles serpentiformes, dont une en bronze (T.688) ont été recueillies. Les rares exemplaires complets sont de petites dimensions (T.63.12 par exemple), n'excédant pas 112 mm de long. La boucle terminale, plus ou moins circulaire, peut atteindre 20 mm de diamètre. La répartition de ces épingles dans la nécropole (fig. 136) est très similaire à celle du type tête en crosse. Ces deux types sont par ailleurs représentés dans une même tombe (T.509).
À Gourjade, quatorze épingles serpentiformes ont été recensées (fig. 137) ; elles sont toutes en fer. Souvent brûlées, elles sont pour la plupart incomplètes. Les seuls exemplaires complets mesurent 85, 95 et 120 mm. Deux sépultures, T.70 et T.210, en contenaient deux.
Au Martinet, huit exemplaires ont été recueillis, dont six sont en fer. Les pièces complètes mesurent 80, 84, 93 et 115 mm. Leur répartition est extrêmement intéressante : elle s'oppose de façon frappante à celle des épingles de types A1, A2 et A3. Comme pour le type A6, leur répartition diffère selon qu'elles sont en fer ou en bronze (fig. 138). Ces objets, absents par ailleurs des ensembles du Bronze final ou de la pure transition Bronze/Fer du Midi de la France, semblent donc être de fins jalons chronologiques.
Dans les trois ensembles funéraires, ces épingles sont dans leur très grande majorité en fer, à la différence de celles du type A8.
Les épingles à tête en anneau (type A8)
259Classées par Fr. Audouze et G. Gaucher dans le groupe « à tête plate ajourée » (Audouze, Gaucher 1981), ces épingles se présentent sous la forme d'une tige à section circulaire, dont la tête est formée d'un anneau à section le plus souvent losangique ; des sections circulaires, demi-circulaires, lenticulaires ou subtriangulaires sont également attestées. Ces épingles sont bien connues dans les ensembles languedociens.
Au Causse, la fouille a livré quinze épingles de type A8, toutes en bronze. Un exemplaire incomplet possède un anneau spiralé mobile engagé dans la tête (T.379.18). Les anneaux ont un diamètre variable, 10 à 40 mm. La longueur de ces objets, entre 72 et 232 mm, est tout aussi variable que le diamètre de leur tête. Sur le site, ces objets se rencontrent uniquement dans la moitié méridionale ; on notera leur absence dans la zone nord-ouest (fig. 136).
À Gourjade, sept épingles de ce type ont été recensées. Elles sont toutes en bronze. Leur dimension varie de 75 à 180 mm. Le diamètre des anneaux varie de 11 à 24 mm. Leur répartition indique une absence des secteurs périphériques et de la zone centre-nord (fig. 137).
Au Martinet, aucune épingle à tête en anneau n'a été recueillie. Cette absence mérite d'être soulignée et pourrait relever d'un particularisme chronologique.
Les épingles à tête en double anneau (type A9)
260À l'instar du type précédent, dont il est évidemment très proche, le type A9 est totalement absent de la nécropole du Martinet, sans doute pour une raison d'ordre chronologique. Au Causse, la tombe 495 a fourni un exemplaire de ce type (T.495.4). Cet objet complet, moulé, a une longueur de 156 mm. Les deux anneaux et les deux branches qui les relient à la tige sont de section losangique et laissent encore apparaître sur leur face interne des barbelures.
À Gourjade, un seul exemplaire d'épingle à tête en double anneau a été recensé (T.1.6). Il mesure 110 mm, les anneaux ont des diamètres extérieurs très proches (13 et 14 mm).
Les épingles à tête en rouelle (type A10)
261C'est encore un des types du groupe « à tête plate ajourée » (Audouze, Gaucher 1981 : 35-37), mais les sous-types y sont plus nombreux.
Les épingles à tête en rouelle sont absentes des nécropoles du Martinet et de Gourjade. Au Causse, quatre pièces en bronze sont à rattacher à ce type. Il s'agit de grandes épingles, la plus courte (T.140.4) mesurant 132 mm de long et la plus longue (T.228.4) atteignant la dimension exceptionnelle de 280 mm. Leur tête, de forme circulaire et partiellement ajourée, a un diamètre de 36 à 50 mm. Le motif rayonnant formé par les évidements est assez varié et permet de distinguer trois sous-types parmi ceux définis par Audouze et Gaucher (1981 : 35). Une épingle (T.368.3) appartient au sous-type A, une autre (T.140.4) au sous-type E, et deux (T.203.3 et T.228.4) sont très proches du sous type C. Parmi ces dernières, l'épingle de la tombe 203 porte un décor de courtes incisions transversales disposées sur les deux faces du cercle extérieur. La répartition de ces objets est intéressante, signalant leur absence en périphérie nordouest et centre-est de la nécropole (fig. 140).

FIG. 140 – Carte de répartition des épingles de type A 10 au Causse.
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap
Les épingles à tête biconique (type A 11)
262Ces épingles se caractérisent par une tige à section circulaire terminée par une tête formée de cônes opposés. Aucun exemplaire n'a été recensé au Martinet.
Au Causse, un seul exemplaire de ce type, en bronze, a été recueilli dans la tombe 398 (T.398.6). Les deux cônes sont sensiblement égaux et forment une tête de petite taille haute de 8 mm et large de 9 mm au maximum qui se prolonge par une tige de section ronde. La longueur totale de cet objet est de 130 mm.
À Gourjade, trois pièces ont été recueillies, dont deux sont en bronze (T.78.9 et T.329.5). Ces deux exemplaires sont d'ailleurs de conformation classique alors que l'objet en fer (T.49.12) présente la particularité d'être muni d'un col coudé juste sous la tête. Leur longueur varie de 89 à 120 mm. Leur répartition n'apporte aucune indication particulière.
Les épingles à tête en « massue » (type A 12)
263Ces épingles, toujours en bronze, ont une tête cylindrique, parfois légèrement renflée. Elles sont absentes des nécropoles du Martinet et de Gourjade.
Au Causse, ce type est représenté par un unique exemplaire provenant de la tombe 239 (T.239.7). Cette épingle de petite taille (61 mm de long) est en bronze. Sa tête, qui a la forme d'un cylindre, plutôt rentré que droit, n'excède pas 50 mm de long.
Les épingles à tête en haltère (type A 13)
264Un exemplaire de ce type est issu d'une tombe de la nécropole du Causse (T.642.6). Seule est conservée la tête en fer constituée de deux petites boules reliées par une pièce centrale perforée. Cet aménagement, dans lequel est supposée venir se loger la tige, présente une forme rectangulaire de 4 mm de long sur 2 mm de large. Les boules, d'un diamètre de 18 mm, sont creuses, formées par l'assemblage de deux demi-sphères brasées au cuivre. La partie centrale qui relie les boules ne semble pas fixée par la même technique, ses deux extrémités étant en fait profondément engagées à l'intérieur des sphères.
Les épingles à col en boucle et petite tête (type A 14)
265Un seul exemplaire de ce type a été inventorié. Il provient de la sépulture 326 (objet 6) de la nécropole de Gourjade. Sa longueur totale est de 72 mm et sa tête est ornée de fines 92 stries incisées.
Les épingles à tête en spirale (type A 15)
266Ce type, très rare, regroupe les épingles à tige à section circulaire dont la tête est formée d'un enroulement de la tige sur plusieurs tours créant ainsi une spirale dans le prolongement de la tige. Deux pièces ont été récoltées à Gourjade, toutes deux en fer. Elles proviennent des tombes 296 (incomplète) et 347 (longueur : 90 mm).
Les épingles à double tête en spirale (type A 16)
267À l'instar des épingles à tête en anneau, les épingles à tête en spirale peuvent parfois comporter deux enroulements. L'unique exemplaire de la tombe 362 de Gourjade est en bronze.
Les épingles à col serpentiforme et tête bouletée (type A 17)
268Cette catégorie n'est représentée que par un unique exemplaire provenant de la tombe 143 de la nécropole du Martinet (143.16). Cette épingle présente une extrémité à simple enroulement terminé par une boule creuse. Ce type d'objet, proche des épingles serpentiformes « classiques » (type A7), est fréquent en bas Languedoc, à Agde notamment.
Les fibules
269Ces objets, qui apparaissent à la fin de l'âge du Bronze en Languedoc, sont bien représentés dans les nécropoles castraises. Ils peuvent être en bronze ou en fer et, dans ce cas, ils sont souvent incomplets et non identifiables. Six types différents ont été recensés (fig. 141) ; ils sont inégalement présents dans les nécropoles.

FIG. 141 – Typologie des fibules des nécropoles du Castrais. 1 type 81 en bronze ; 2 type 81 en fer ; 3 type 82 ; 4 type 83 ; 5 type 84 ; 6 type 85 ; 7 type 86. 1, 2, 6 et 7 nécropole de Gourjade ; 3 et 4 nécropole du Causse ; 5 nécropole du Martinet.
A. Lagarrigue, F. Pons/lnrap
Les fibules serpentiformes (type 81)
270Ces pièces bien connues en Languedoc où elles forment un des critères du faciès Grand Bassin 1 se caractérisent par un arc serpentant, multicurviligne, qui comprend généralement une boucle simple à l'avant et double à l'arrière du ressort ; des variantes ont été recensées. L'arc peur être aplati en forme de losange et alors parfois orné d'incisions ; c'est le cas le plus courant pour les exemplaires en bronze qui se terminent généralement par un petit pied biconique. Pour les pièces en fer, l'arc est plus ou moins renflé, parfois formé par un enroulement de la tige, ou muni d'un enroulement de fil de bronze. Le pied est formé d'une boule creuse parfois volumineuse, résultant de la brasure au cuivre de deux demi-sphères.
Au Causse, ce sont quatorze exemplaires, parmi lesquels seuls les deux exemplaires en bronze sont complets (T.550.2 et T.604.20), qui ont été recueillis. Ces deux pièces sont décorées sur l'arc d'incisions a tremolo. Les exemplaires en fer possèdent une boucle simple en avant de l'arc. L'arc de la fibule en fer de la tombe 528 est formé par un enroulement de la tige (T.528.31), constituant ainsi un ressort non fonctionnel dont le rôle décoratif est probable. Le même effet semble avoir été recherché sur une autre fibule (T.663.19), malheureusement incomplète, où un enroulement de fil de bronze recouvre le sommet de l'arc. Ce type d'objet n'est présent qu'en périphérie de la nécropole, notamment dans des tombes du secteur nord-ouest (fig. 142). Les exemplaires en bronze proviennent de sépultures installées sur la frange de l'ensemble funéraire.

FIG. 142 – Carte de répartition des fibules au Causse.
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap
271À Gourjade, quatre fibules serpentiformes ont été recensées, dont la moitié est en bronze. Ces deux exemplaires portent sur l'arc un décor d'incisions a tremolo. Les deux pièces en fer, incomplètes, ne portent apparemment pas de boucle simple à l'avant de l'arc. La répartition de ces objets montre qu'ils sont absents du secteur central de la nécropole. Comme au Causse, on relèvera que les exemplaires en bronze sont situés sur les franges du site (fig. 143).

FIG. 143 – Carte de répartition des fibules à Gourjade.
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap
272Au Martinet, trois fibules serpentiformes complètes ont été recueillies (beaucoup sont fragmentaires), dont une en bronze (T.180.10). Son arc est orné de deux lignes d'incisions fines a tremolo sur la face supérieure. Les deux exemplaires en fer sont incomplets. La répartition de ces fibules est intéressante puisqu'on ne les rencontre que dans le quart sud-ouest de la nécropole; on notera également que l'exemplaire en bronze provient de la tombe la plus méridionale du lot (fig. 144).

FIG. 144 – Carte de répartition des fibules au Martinet.
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap
Les fibules à double ressort (type B2)
273Peu courant, ce type de fibule se caractérise, comme son nom l'indique, par la présence d'un ressort double. L'arc peut être rectiligne ou incurvé et le porte-ardillon est généralement long et en gouttière (Duval et al. 1974). Tous les exemplaires connus en France méridionale sont en bronze. Aucune fibule à double ressort n'a été découverte au Martinet.
Au Causse, un objet en bronze de ce type provient de la tombe 275 (T.275.5), située au centre de la nécropole. Cette fibule de grande taille –105 mm de la tête au porte-ardillon– est munie de deux ressorts constitués chacun par un enroulement de huit spires. L'arc est simple, presque rectiligne. Elle ne possède pas de véritable pied mais se termine par un long porte-ardillon. Lors de sa découverte, cet objet était étroitement associé à une perle à tige spiralée qui pourrait avoir été fixée à l'origine entre les deux ressorts par un lien en matière périssable.
À Gourjade, la seule pièce recensée provient d'une tombe proche du secteur central de la nécropole (T.338.13). C'est une grande fibule qui mesure 120 mm de l'extrémité du porte-ardillon au ressort arrière. L'arc est formé de deux segments incurvés dont la jonction est munie d 'un enroulement.
Les fibules arbalétiformes (type B3)
274Un exemplaire unique en bronze appartient à ce type ; il provient d'une tombe du Causse (T.533.10). Il s'agit d'une fibule à arc cintré et ressort bilatéral à corde externe. Un axe intérieur, dont la longueur dépasse celle de l'objet lui‑même, est fixé par ce ressort. Un fil de bronze très fin est enroulé en spirale sur cet élément, constituant ainsi un faux ressort. Chaque extrémité porte également une série de trois petits disques séparés par deux anneaux de sertissage. Le sommet de l'arc en forme de languette est richement décoré de motifs incisés dont le thème principal est constitué de quatre rangées de triangles ponctués opposés deux à deux. Le pied est coudé et se termine par un petit appendice de forme conique. Cet objet, qui s'apparente au type « Golfe du Lion », provient d'une tombe, qui recelait en outre une arme, implantée en limite est du secteur fouillé de la nécropole (fig. 142).
Les fibules à arc simple coudé (type B4)
275Ces fibules se caractérisent par un arc simple, très coudé, sans boucle, un ressort bilatéral court et une corde externe. Le pied peut être biconique ou hémisphérique. Seule la nécropole du Martinet en a livré deux exemplaires, très similaires, en fer (T.155.15 et T.177.19). Ils proviennent de sépultures implantées à l'extrême sud-ouest du site (fig. 144).
Les fibules à arc simple courbe (type B5)
276Ce type de fibule est tout à fait semblable au précédent, à l'exception de l'arc qui présente une courbure régulière, curviligne. La seule fibule de type B5 est issue de la sépulture 135 (objet 13a) de Gourjade, tombe située sur la frange orientale (fig. 143).
Les fibules de type « Gourjade » (type B6)
277Une pièce extraordinaire a été découverte dans la sépulture 173 de la nécropole de Gourjade (objet 9). Cette fibule est constituée d'un arc et d'un ardillon parallèles, de section circulaire, reliés par un ressort court, le tout en fer. Un fil de bronze est entouré sur l'ardillon, sans doute à des fins décoratives. La tombe qui a livré cette pièce unique est située dans la frange orientale du site (fig. 143).
Les bracelets
278Ces objets sont assez nombreux dans les ensembles funéraires de la fin de l'âge du Bronze et du début de l'âge du Fer. Plusieurs types ont été inventoriés (fig. 145). Quelques objets fragmentaires n'ont pu être classés. Les types ont été définis en fonction des classements existants, fondés sur deux critères principaux : bracelets ouverts ou bracelets fermés, bracelets à tige mince ou bracelets à tige massive. Pour les bracelets ouverts, les extrémités ont également été prises en compte, de même que les enroulements des tiges.

FIG. 145 – Typologie des bracelets des nécropoles du Castrais. 1 type C ; 2 type C3 ; 3 type C4 en bronze ; 4 type C4 en fer ; 5 type C5 ; 6 type C6 ; 7 à 9 type C7 ; 10 type C8 ; 11 type C9. 1 à 9 nécropole du Causse ; 10 nécropole du Martinet ; 11 nécropole de Gourjade. 1 T.664.13 ; 2 T.525.25 ; 3 T.552.7 ; 4 T.68.3 ; 5 T.49.13 ; 6 T.70.10 ; 7 T.341.3 ; 8 T.518.36 ; 9 T.557.6 ; 10 T.59.9 ; 11 T.200.1b.
A. Lagarrigue, F. Pons/lnrap
Les bracelets fermés à tige massive (type C2)
279Il s'agit d'anneaux de grande taille, circulaires. Les diamètres des exemplaires complets varient de 56 à 74 mm.
Au Causse, trois bracelets en bronze appartiennent à ce type (T.623.1 3, T.649.21 et T.664.13). Réduits à leur plus simple expression, il s'agit d'anneaux de grande taille parfaitement circulaires, vraisemblablement moulés si l'on en juge par l'absence de trace de brasure. La tige, de section ronde ou sub-circulaire, n'excède pas 6 mm d 'épaisseur. Ils portent tous les trois sur la face externe un décor obtenu lors de la fonte, qui donne un effet d 'incision. Le style décoratif est sensiblement le même : des sillons obliques disposés par groupes dans les deux sens, sur fond lisse ou hachuré (T.623.13). Sur un de ces bracelets (T.664.13), ces sillons sont profonds et rapprochés, dessinant de larges chevrons.
À Gourjade, les deux bracelets fermés à tige massive sont en bronze. Ils proviennent des tombes 207 et 308 et ont un diamètre respectif de 66 et 56 mm; leur tige est de section ovalaire.
Au Martinet, trois bracelets de type C2 en fer ont été recensés (T.59.11, T.58.1 b, T.111.5). Ils ne portent apparemment aucun décor. Leur tige est de section triangulaire (T.59.1l, T .1l1.5) ou circulaire (T.58.1 b). Ils se répartissent dans la zone centrale du secteur occidental du gisement (fig. 146).

FIG. 146 – Carte de répartition des bracelets au Martinet. Les bracelets ouverts à tige enroulée (type C6)
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap
Les bracelets ouverts à tige mince (type C3)
280Ces bracelets sont fréquents dans les nécropoles de France méridionale. La plupart sont fabriqués à partir d'une mince bandelette de section rectangulaire ou plano-convexe, issue d'un moule univalve. Certains, communément appelés armilles, ont probablement été formés par martelage. Ils sont généralement de forme ovalaire.
Au Causse, ce type regroupe treize objets en bronze, auxquels il convient d'ajouter quatre autres exemplaires, également en bronze, retrouvés hors contexte. Leur forme est simple, fréquemment ovalaire, d'un diamètre maximal compris entre 36 et 71 mm pour un diamètre transverse de 31 à 58 mm. Parmi les bracelets de petite taille, certains ont vraisemblablement appartenu à de jeunes enfants. Les décors gravés ou moulés, présents sur une dizaine de ces bracelets, sont toujours situés sur la face externe. Les thèmes décoratifs, obtenus à partir de motifs linéaires ou curvilignes, sont assez variés. Seules les armilles portent ces deux types de motifs. Sur les bracelets complets, les panneaux sont le plus souvent disposés symétriquement, les extrémités étant soulignées par une série de traits transversaux. Dans les tombes à incinération, il est rare de rencontrer ces objets à plus d'un exemplaire (T.581.10 et 9). Par contre, un des sujets inhumés possédait quatre bracelets de forme identique, un à chaque poignet (T.525.23 et 25) et un à chaque cheville, ces derniers ponant un décor géométrique similaire (T.525.24 et 26). La carte de répartition des bracelets de ce type ne montre aucune concentration particulière (fig. 147).

FIG. 147 – Carte de répartition des bracelets de types C3, C4 et C6 au Causse.
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap
281À Gourjade, deux sépultures contenaient chacune un bracelet ouvert à tige mince (T.69, T.152) ; la tombe 263 en renfermait deux. L'exemplaire de la tombe 152 porte un décor de six lignes incisées près des deux extrémités. La pièce T.263.2 porte des incisions en chevrons et une série de stries obliques vers les extrémités. La répartition de ces objets n'amène aucun commentaire. Au Martinet, deux exemplaires en bronze ont été recensés. L'un d'entre eux (T.175.41) porte un décor de cannelures moulées et une série de stries obliques sur un bord (face supérieure). Ils proviennent du secteur central de la nécropole.
Les bracelets ouverts à tige massive (type C4)
282Comme les précédents, ces bracelets sont fréquents et ne se rencontrent que rarement en deux exemplaires dans la même sépulture. En fer ou en bronze, ils présentent parfois des extrémités qui se chevauchent. La tige peut avoir un diamètre de 10 mm.
Au Causse, sept exemplaires appartiennent à ce type, parmi lesquels un seul est en bronze (T.552.7). Très proche par sa forme du type C3 à tige mince, il présente un diamètre maximal de 65 mm et transverse de 45 mm. La tige est lisse, sans décor, les extrémités sont effilées. Les exemplaires en fer ont une forme nettement plus circulaire, oscillant entre 58 et 74 mm de diamètre. La section de la tige est circulaire ou quadrangulaire. Les extrémités, toujours indifférenciées, sont parfois décorées d'une série de sillons transversaux. Elles se chevauchent également sur quelques centimètres pour deux exemplaires (T.558.15 et T.735.37), fermant ainsi le bracelet et rappelant le type à tige enroulée (C6). La répartition est intéressante: les bracelets en fer sont majoritairement localisés sur la bordure septentrionale, alors que l'unique pièce en bronze provient du quart sud-est de la nécropole (fig. 147).
À Gourjade, six bracelets de ce type étaient déposés dans quatre sépultures: les ensembles 197 et 387 en renfermaient chacun deux. Les exemplaires de la tombe 387 sont les deux seuls en bronze et leur section est semi-circulaire. La section des autres pièces est circulaire. Les bracelets en fer sont cantonnés dans la partie orientale de la nécropole alors que la tombe qui contenait deux objets en bronze se trouve dans la zone centrale (fig. 148).

FIG. 148 – Carte de répartition des bracelets à Gourjade.
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap
283Au Martinet, les tombes 58, 79 et 163 ont chacune livré un bracelet de type C4. Le premier à une section circulaire, le deuxième une section ovalaire, le dernier une section demicirculaire. Ils sont absents du secteur le plus septentrional de la nécropole (fig. 146).
Les bracelets ouverts à tige massive et extrémités bouletées (type C5)
284Ces bracelets ont une tige généralement de section circulaire et se terminent par deux protubérances sphériques. Ils peuvent être en bronze ou en fer.
Un seul exemplaire de ce type, en fer, est connu sur la nécropole du Causse. Il provient de l'ossuaire d'une tombe tardive (T.681.19). De forme sensiblement ovalaire, son diamètre est compris entre 63 et 73 mm. La tige de section ronde, épaisse d'environ 5 mm, se termine par deux boules sub-sphériques d 'un diamètre maximum de 12 mm. Un décor de motifs linéaires est décelable près d'une des deux extrémités, mais l'oxydation du métal est trop importante pour qu'il soit restitué dans son entier.
À Gourjade, sept bracelets de type C5 ont été relevés, dont deux en fer qui proviennent de la tombe 140 (2c et 2d). Dans la plupart des cas, la section de la tige est ovalaire sur la plus grande partie de la longueur, mais devient circulaire à proximité des sphères. Les tiges des bracelets T.21.1 b, T.140.2d et T.202.19b sont de section circulaire sur toute leur longueur. Les sphères des extrémités ont un diamètre qui varie de 8 à 21 mm. Les bracelets en bronze T.49.13 et T.202.19b sont décorés de fines incisions parallèles près des extrémités. La répartition de ces bracelets montre que la majorité se trouve dans le secteur sud et que les objets en bronze ont été découverts sur les franges orientale et méridionale de la nécropole (fig. 148).
Au Martinet, quatre exemplaires ont été recensés, dont deux en fer (T.3 1.10 et T.150.2b). L'objet T.175.4g est le seul à présenter une section ovalaire ; les autres individus ont une section circulaire. Ils ne sont pas décorés. Leurs terminaisons sphériques ont un diamètre qui varie de 10 à 17 mm. Leur répartition au sein du site est éloquente : si on les trouve majoritairement dans le secteur sud-ouest, on notera avec bénéfice que les exemplaires en fer se trouvent dans la partie septentrionale de la zone de répartition alors que les deux bracelets en bronze sont situés dans la zone la plus méridionale de la nécropole (fig. 146).
Les bracelets ouverts à tige enroulée (type C6)
285Il s'agit de bracelets ouverts, formés par l'enroulement d'un fil de bronze de section ronde ou ovale, exceptionnellement rectangulaire. Ces enroulements, qui peuvent compter jusqu'à quatre spires, présentent des extrémités effilées. Certains objets ont pu être décorés.
Au Causse, ils sont déposés par paires ; quatre bracelets de ce type sont issus de deux sépultures à inhumation. Deux d'entre eux ont un diamètre identique de 48 mm (T.70.10 et 14). Ils appartenaient à un enfant. Les deux autres, provenant d'une tombe d'adulte (T.518.60 et 61), ont un diamètre compris entre 60 et 65 mm.
À Gourjade, un bracelet en bronze incomplet semble pouvoir être rapporté à ce type (T003.3).
Aucun bracelet complet de ce type n'a été découvert au Martinet ; deux pièces fragmentaires (T.58.10b et T.182.2) pourraient y être rattachées.
Les bracelets ouverts à tige à section quadrangulaire (type C8)
286Ce type de bracelet n'a été recensé que dans la nécropole du Martinet (3 exemplaires) . Ils sont dépourvus de décor. Ceux de la tombe 53 sont en fer, celui de la tombe 59 en bronze. Ils se trouvent dans le secteur central de la nécropole (fig. 146).
Les bracelets bitronconiques (type C9)
287Ces bracelets massifs, le plus souvent en fer, ont un profil bitronconique et une section triangulaire. On les rencontre parfois sous l'appellation de bracelets en « tonnelet ». Ils sont régulièrement présents dans les ensembles funéraires languedociens.
Seule la nécropole de Gourjade en a livré un exemplaire, incomplet. Il provient de la tombe 200 (1b) ; son diamètre est de 88 mm. Cette sépulture est implantée dans le quart nord-est du site (fig. 148).
Les bracelets de type autre (type C7)
288Au Causse, quatre bracelets pourraient avoir été confectionnés à partir d'objets brisés récupérés, tels que des torques. De petite dimension, leur diamètre n'excède pas 52 mm. Un d'entre eux est constitué d'une tige torsadée (T.557.6), les trois autres d'une tige lisse de 3 à 4 mm d'épaisseur. Ces derniers présentent une de leurs extrémités en forme de boucle plus ou moins fermée. L'autre peut être effilée, ou en forme de crochet, constituant alors un véritable système de fermeture (T.518.36). Une fois encore, deux de ces bracelets proviennent de sépultures à inhumation (T.518 et T.557).
Les torques
289Ils sont représentés par seize exemplaires dont une dizaine ne sont pas complets. Leur tige, les éléments qui leur sont directement associés et leur système de fixation ou leurs extrémités permettent de distinguer cinq types (fig. 149). Tous ne sont pas présents dans tous les ensembles. Ils ne se rencontrent généralement qu'à un exemplaire par tombe, à quelques exceptions près. Ainsi, la tombe 175 du Martinet en contenait au moins trois, et la sépulture 339 du Causse deux. Un torque de la nécropole de Gourjade (T.303.13c) , pièce originale, n'a pu être classé.

FIG. 149 – Typologie des torques des nécropoles du Castrais. 1 type 01 ; 2 type 02 ; 3 type 03 ; 4 type 04 ; 5 type 05. 1, 2 nécropole du Causse ; 3, 4 nécropole du Martinet ; 5 nécropole de Gourjade. 1 T.339.4 ; 2 T.552.6 ; 3 T.175.7 ; 4 T.175.4r ; 5 T.146.9b.
A. Lagarrigue, F. Pons/lnrap
Les torques à tige torsadée et crochets (type D1)
290Ce type de torque est présent dans deux nécropoles.
Au Causse, un torque et probablement un fragment d'un second peuvent appartenir à ce type. Ils proviennent tous deux de l'inhumation 339 (T.339.4 et 34). L'exemplaire complet présente un diamètre d'environ 135 mm. Une des extrémités est repliée en forme de crochet. L'autre, en forme de boucle, semble être une réparation d'un crochet brisé. En effet, on constate que les torsades de la tige se prolongent jusqu'à cette extrémité, ce qui n'est pas le cas pour l'autre.
Au Martinet, un exemplaire incomplet provient de la tombe 175, située au sud-ouest du gisement (fig. 150). La tige est de section quadrangulaire, tant au niveau de la torsade qu'au niveau du crochet.

FIG. 150 – Carte de répartition des torques au Martinet.
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap
Les torques à tige torsadée et extrémités repliées (type D2)
291Seul l'ensemble du Causse a livré ce type de torque. Au nombre de six, ils ont un diamètre compris entre 92 et 138 mm. Leur tige, épaisse de 2 à 4 mm, se termine par des extrémités repliées en forme de crosse ou d'œillet. L'un d'entre eux (T.620.10) présente un système de fermeture composé d'une série de quatre anneaux dont deux ornés de motifs géométriques. Une petite perle à tige spiralée est également enroulée sur sa tige, dont la torsade moulée n'est visible que sur la face externe. La tige de l'exemplaire en fer (T.649.27), obtenue par simple torsion, porte en son centre une grosse perle en tôle de bronze repliée. Ces bijoux restent assez rares et sont peu représentés au centre de la nécropole (fig. 151).

FIG. 151 – Carte de répartition des torques au Causse.
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap
Les torques à tige lisse et crochets (type D3)
292Le seul exemplaire recensé provient de la nécropole du Martinet. Il était déposé dans la sépulture 175; deux anneaux de bronze étaient enfilés sur la tige de section circulaire.
Les torques à composition complexe (type D4)
293Rarissime en France méridionale, ce type de parure de cou se présente sous la forme d'un assemblage de multiples éléments, en bronze et en fer.
Au Martinet, un torque de type D4 a été recueilli dans la tombe 175. Cette parure complexe, brûlée et déformée, est composée de deux tiges en fer reliées entre elles et dont une supporte des sortes de boutons coniques, « enfilés » sur les tiges par groupes de trois, et peut-être de deux ; des éléments en bronze, qui forment des « placages », ainsi que des maillages de chaîne en bronze disposés sur la quasi-totalité du torque, complètent cet ensemble. Une tige torsadée en bronze, de section pentagonale, pourrait éventuellement être associée à cette pièce.
Les torques à tige lisse et extrémités repliées et bouletées (type D5)
294La tombe 149 de Gourjade contenait un torque en fer, constitué d'une tige lisse dont les extrémités sont repliées et terminées par deux sphères creuses. Ces terminaisons ne sont pas sans rappeler les boutons sphériques qui ornent les pieds des fibules serpentiformes.
Les anneaux
295Il s'agit sans doute de l'objet le plus représenté dans les trois nécropoles. Cette abondance ne doit toutefois pas faire oublier que chacun de ces éléments ne représente pas un objet à part entière, certains d'entre eux étant assemblés avec une autre pièce, le plus souvent avec des épingles. Ce groupe rassemble également des objets assez diversifiés, dont la fonction ne peut pas toujours être définie. Selon leur morphologie, ils ont été classés en huit principaux types, parmi lesquels les anneaux de parures tels que les bagues, les anneaux de cheveux, les boucles d'oreille et les rouelles (fig. 152). Enfin, de nombreux anneaux incomplets ne peuvent être attribués à un type précis.

FIG. 152 – Typologie des anneaux des nécropoles du Castrais. 1 type E1 ; 2 type E2 ; 3 type E3 ; 4 type E4 ; 5 type E5 ; 6 type E6 ; 7 type E7 ; 8 type E8 ; 9 et 10 type E9 ; 11 type E10 ; 12 type E11 ; 13 type E12 ; 14 à 16 type F1. 1 à 9, 11, 14 à 16 nécropole du Causse ; 10 nécropole de Gourjade ; 12, 13 nécropole du Martinet. 1 T.751.6 ; 2 T.485.20 ; 3 T.688.16 ; 4 T.325.3 ; 5 T.349.6 ; 6 T.634.3 ; 7 T.70.5 ; 8 T.513.11 ; 9 T.203.4 ; 10 T.225.8c ;
A. Lagarrigue, F. Pons/lnrap
Les anneaux fermés (types El et E2)
296Leur section, qui peut être mince (plane, plano-convexe ou losangique) ou massive (ronde ou quadrangulaire), permet de définir deux groupes inégalement représentés.
La nécropole du Causse a livré quarante-huit anneaux de ce type (T.191.3 et T.301.3 par exemple). Le groupe des anneaux à tige mince (type El) rassemble trente-deux exemplaires en bronze, celui des anneaux à tige massive (type E2) compte seize exemplaires dont un en fer. Jamais très petits, la majorité de ces éléments ont un diamètre compris entre 11 et 43 mm (fig. 153). Seuls deux anneaux isolés du type El sont d'une taille plus importante, avec des diamètres de 53 et 63 mm, ce qui rend probable mais non certaine leur utilisation comme bracelet. La présence de décors sur ces anneaux est très rare. Trois exemplaires du type El, dont deux qui appartiennent à une épingle du type « du Roc » (T.302), sont ornés de motifs linéaires simples, constitués de fines incisions courtes recouvrant les faces externes de l'objet. Une quinzaine d'anneaux fermés ont été retrouvés assemblés sur des têtes d'épingle. Prévus peut-être pour la suspension, ils assurent également une fonction décorative comme semblent l'indiquer les exemplaires associés aux épingles du type « du Roc » . Les types El et E2 se trouvent uniformément répartis sur l'ensemble du site (fig. 154).

FIG. 153 – Histogramme de distribution des anneaux de types E1 et E2 en fonction de leur diamètre.
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap

FIG. 154 – Carte de répartition des anneaux de types E1 et E2 au Causse.
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap
297À Gourjade, un seul anneau de type El, en bronze, de section rectangulaire, provient de la tombe 55. En revanche, les anneaux à tige massive sont plus nombreux puisque une vingtaine d'exemplaires ont été recueillis dans treize sépultures. La tombe 306 en contenait cinq, la tombe 140 trois ; deux anneaux proviennent de la tombe 402. Onze d'entre eux sont en bronze, majoritairement de section ovalaire (5 pièces) ; un exemplaire est orné de stries courtes sur le côté externe (T.140.2h). Leur diamètre varie de 16 à 46 mm (fig. 153). Les objets en fer sont tous de section circulaire. Leur diamètre varie de 33 à 46 mm. Le type El, comme le type E2, ne se rencontre qu'à l'est et à l'ouest de la nécropole (fig. 155).

FIG. 155 – Carte de répartition des anneaux de 102 types E1 et E2 à Gourjade.
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap
298Au Martinet, seul le type E2 a été recensé. Neuf anneaux à tige massive, en bronze, proviennent de six sépultures. Leur diamètre varie de 14 à 41 mm (fig. 153). Cinq exemplaires sont associés à d'autres objets métalliques (T.13.13n, T.22.3a et 3e, T.33.3b et T.165.12b). Ils sont uniformément distribués dans le gisement.
Les anneaux ouverts (types E3 et E4)
299Nous avons distingué deux types d'anneaux ouverts : comme pour les anneaux fermés, le type E3 comprend des pièces à tige massive, alors que le type E4 regroupe les objets à tige mince et simplement cintrée.
Au Causse, cinquante-huit anneaux ouverts, à tige massive ou mince et simplement cintrés proviennent de vingt-cinq tombes. L'histogramme établi à partir des diamètres (fig. 156) montre que ce groupe comporte des anneaux de plus petite taille que le groupe précédent. Leur diamètre n'excède pas 40 mm et pour plus de 40 % d'entre eux il est inférieur à 10 mm. Ils se trouvent fréquemment en plusieurs exemplaires dans une même tombe (T.558 par exemple). Les décors sur ces objets sont tout aussi rares que dans le type précédent. Quatre anneaux du type E3 dont un assemblé avec d'autres anneaux (T.539), et deux provenant du système de fermeture d'un torque (T.620), sont décorés de motifs géométriques ou curvilignes. Ces décors, très proches de ceux rencontrés sur les armilles, peuvent suggérer ici une récupération d'objets brisés de ce type.
À Gourjade, un seul anneau ouvert de type E4 a été découvert. Il est en bronze et provient de la tombe 71 (1c).
Au Martinet, quatre sépultures ont livré en tout treize anneaux ouverts, dont un seul exemplaire de type E4 (T.4.9). Son diamètre est de 43 mm. Les anneaux de type E3 proviennent de la tombe 13 (3 exemplaires en bronze), de la tombe 173 (1 en bronze et 1 en fer) et de la tombe 175 (2 en bronze et 5 en fer). Leur diamètre varie de 17 à 45 mm (fig. 156). On les trouve aussi bien au nord qu'au sud de la nécropole.

FIG. 156 – Histogramme de distribution des anneaux de types E3 et E4 en fonction de leur diamètre.
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap
Les anneaux à tige enroulée (type E5)
300Ce type regroupe les anneaux formés d'une tige de bronze enroulée en hélice. Peu nombreux, ils sont souvent brûlés, donc déformés, et pourraient initialement avoir été associés à d'autres éléments pour former des ensembles plus complexes.
Au Causse, cinq anneaux à tige enroulée ont été recueillis ; quatre proviennent d'une même tombe (T.349). Ils sont constitués d'une tige de bronze de section triangulaire, de 3 à 4 mm de largeur, enroulée en hélice. Brûlés et déformés, les exemplaires les mieux conservés ont un diamètre compris entre 11 et 15 mm pour une longueur qui peut atteindre une cinquantaine de millimètres. Ils sont morphologiquement très proches des perles spiralées. Le cinquième anneau de type E5 est issu de la sépulture 413.
À Gourjade, aucun objet de ce type n'a été recensé.
Au Martinet, deux anneaux de type E5 en bronze proviennent de la tombe 53. D'un diamètre de 22 et 26 mm, ils étaient associés à une épingle de type « du Roc ».
Les chaînettes (type E6)
301Constitués d'assemblages d'anneaux de divers types, ces éléments ne sont pas fréquents dans les nécropoles. Souvent fragmentaires, ils ne permettent jamais une identification sûre de leur fonction initiale : éléments de ceinture, fibules, torques, colliers, bracelets, etc.
Au Causse, on dénombre treize assemblages d'anneaux. Les mieux conservés réunissent jusqu'à onze éléments qui peuvent appartenir indifféremment à l'un ou l'autre des types précédemment décrits. Les véritables chaînettes à maillons identiques restent rares avec seulement deux exemplaires en bronze (T.318.11 et T.634.3).
Au Martinet, deux fragments de chaînettes ont été recueillis dans deux sépultures. La tombe 79 a livré deux maillons en bronze ; la sépulture 175 en contenait trois. C'est de cette tombe que provient le torque complexe de type D4.
Les bagues fermées à tige mince (type E7)
302Au Causse, deux anneaux constitués d'une mince plaque en bronze de 4 mm de largeur, vraisemblablement soudée par brasure, étaient déposés dans les tombes 70 (T.70.5) et 688 (T.688.40). Leur diamètre respectif de 15 et 17 mm pourrait suggérer une utilisation de ces objets comme bague (?).
Les bagues en tôle cintrée (type E8)
303Ces anneaux ouverts sont formés d'une petite tôle de bronze cintrée probablement à froid. Deux nécropoles en ont livré : Le Causse et Gourjade.
Au Causse, les deux bagues identifiées de type E8 étaient enfilées sur la tige d'une épingle de type « du Roc » dans la tombe 513. Elles sont constituées du cintrage de deux tôles moulurées. Leur diamètre est de 20 mm et leur largeur de 12 et 15 mm. Les moulures qui ornent ces deux objets sont plus ou moins fines, au nombre de quatre ou de onze.
À Gourjade, les deux bagues en bronze proviennent de la tombe 222. Elles ont un diamètre de 17 et 20 mm.
Les bagues ou anneaux de cheveux à tige enroulée (type E9)
304Ce type rassemble les anneaux formés d'un mince fil de bronze de section ronde, enroulé en spires très régulières. Leur diamètre est compris entre 20 et 24 mm. Leur longueur, qui dépend du nombre de spires (4 à 8), varie de 10 à 25 mm. Deux de ces objets sont pourvus de spirales latérales asymétriques et ne sont pas sans rappeler ceux de l'est de la France, issus de contextes plus anciens. Ces objets sont absents au Martinet.
Au Causse, quatre objets de ce type ont été recueillis dans trois tombes (T.203.4, T.379.19 et T.513.9 et 13). L'anneau T.5l3.13 est pourvu de deux spires latérales. À l'instar des bagues du type précédent, trois de ces objets ont été retrouvés étroitement associés à des épingles. Le quatrième, fixé sur une tête d'épingle, est incomplet et doit vraisemblablement être interprété comme une réutilisation (T.379.19).
À Gourjade, un exemplaire a été recensé. Il possède deux spires latérales (T.225.8c).
Les boucles d'oreilles à crochet (type E10)
305Les parures de ce type ont exclusivement été retrouvées au Causse. Elles sont au nombre de deux, dont un fragment retrouvé hors contexte. L'exemplaire le plus complet provient d'une tombe implantée au nord-ouest de la nécropole (T.648.35). Il s'agir d'une mince bandelette cintrée en bronze dont les extrémités asymétriques se terminent par un crochet et un oeillet faisant office de système de fermeture. Cet objet, dont la largeur n'excède pas 5 mm, est orné sur sa face externe de trois fines cannelures longitudinales.
Les boucles d'oreilles à protubérance conique (type E11)
306Ces pièces se distinguent des précédentes par leur tige et leur système de maintien. La tige est ici de section circulaire et se termine à une extrémité par une protubérance conique. Les deux seuls exemplaires de ce type proviennent de la tombe 182 du Martinet (1a et 1b). Ils sont en bronze et d'un diamètre de 34 mm.
Les agrafes (type E12)
307Cette famille regroupe les petits anneaux ouverts de profil rectangulaire. Le plus souvent en bronze, ils sont régulièrement associés à des compositions plus complexes où l'on trouve des épingles de type « du Roc » ou des trousses de toilette. Seule la nécropole du Martinet en a livré (T.13.13j, T.22.3b et 3d, T.53.1f). Ces objets se rencontrent dans la partie septentrionale du gisement.
Les rouelles (type F1)
308Ces anneaux très particuliers (type F1) sont représentés par trois exemplaires, deux en bronze (T.6.8 et T.349.5) et un en plomb (T.543.9), recueillis dans la nécropole du Causse. Ils ont la même forme que ceux des épingles de type A10 (cf. supra) mais ils ne portent aucune trace de l'existence d'une quelconque tige ; il ne peut donc s'agir d'objets brisés. Obtenus par la même méthode que celle employée pour la fabrication de ces épingles, les motifs dessinés par les évidements sont tous différents. Deux sont du style rayonnant et le troisième s'organise en cercles concentriques. Ce dernier objet, incomplet, a subi l'action du feu (T.349.5). Leur diamètre est également variable et peut atteindre 60 mm (T.6.8). L'exemplaire en plomb est un cas unique à notre connaissance. Les raisons de l'utilisation de ce métal malléable restent obscures.
Les perles
309Les perles en métal comptent près de quatre-vingts objets, tous en bronze. On les rencontre rarement en exemplaire unique dans les tombes (22 cas), mais plus souvent sous forme de lots qui peuvent rassembler jusqu'à quatorze exemplaires. Dans ces tombes, elles sont d'ailleurs très souvent associées à des perles en ambre ou en pâte de verre (T.70 et T.718 du Causse par exemple) ce qui laisse supposer l'existence de véritables colliers. Elles peuvent également être enfilées sur d'autres objets comme éléments décoratifs, notamment sur des tiges d 'épingle. Leur mode de fabrication permet de définir deux groupes principaux, auxquels nous avons ajouté un type particulier constitué d'extrémités d'épingles à tête enroulée brisées qui ont été réutilisées comme perles (fig. 157).

FIG. 157 – Typologie des perles en métal des nécropoles du Castrais. 1, 2 type G1 ; 3 type G2 ; 4 type G3 ; 5 type G4.
A. Lagarrigue, F. Pons/lnrap
Les perles en tôle repliée (types G1 et G2)
310Ces perles en tôle repliée sont de forme cylindrique, ovoïde ou biconique. Deux types ont été définis en fonction de leur longueur : le type G1, dont la longueur n'excède pas une dizaine de millimètres, et le type G2, d'une longueur supérieure à 11 mm. Au Martinet, ces modèles sont absents.
Au Causse, les tombes ont livré une trentaine de perles de ces types (fig. 158). Le diamètre de ces petits objets semble assez constant, compris le plus souvent entre 4 à 6 mm. Le type G1 rassemble le plus grand nombre de perles. On peut les rencontrer en plusieurs exemplaires identiques dans une même tombe : un lot de neuf perles a ainsi été retrouvé dans l'inhumation 518. Le type G2 comprend six exemplaires dont les dimensions évoluent entre 15 et 43 mm de long, le plus grand d'entre eux ayant été utilisé comme ornementation sur un torque (T.649.27).

FIG. 158 – Carte de répartition des perles de types G1, G2 et G4 au Causse.
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap
311À Gourjade, une perle de type G1 (T.176) et cinq perles de type G2 ont été recensées. Ces dernières proviennent, pour un exemplaire, de la tombe 208 ; la sépulture 350 en contenait quatre. Ces objets sont cantonnés dans la partie orientale de la nécropole (fig. 159).

FIG. 159 – Carte de répartition des perles de types G1, G2 et G4 à Gourjade.
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap
Les perles constituées de fragments d'objets (type G3)
312Seule la nécropole du Causse a livré ce type particulier de perle. Quatre extrémités d'épingles à tête enroulée ont vraisemblablement fait office de perles après la cassure de l'objet, souvent plus fragile au niveau du col, car plus mince. Trois proviennent de deux tombes à incinération (T.318.21 et T.326.25) et une autre d'une inhumation (T.70.21). Ces objets ne présentent qu'un caractère anecdotique.
Les perles à tige enroulée (type G4)
313Elles présentent les mêmes caractéristiques que les anneaux de type E5 ou les bagues de type E9. Seule différence notable, leurs dimensions, et notamment leur diamètre qui se situe entre 3 et 6 mm.
Au Causse, ce type est représenté par vingt-sept exemplaires. Leur longueur est très variable, évoluant entre 5 et 32 mm. La tige, toujours de section plane, est large de 1 à 4 mm, et parfois extrêmement fine avec moins de 1 mm d'épaisseur. Ces perles, que l'on ne rencontre que dans huit tombes (fig. 158), sont parfois enfilées sur des épingles à tête enroulée de type A4 et A5 ou sur la tige d'un torque (T.620.24).
À Gourjade, cinq perles proviennent de quatre sépultures (T.71.1d et 1e, T.138.12, T.224.4b, T.308.1d) (fig. 159). Leur longueur varie de 13 à 25 mm. Elles sont pour la plupart situées dans des tombes du secteur occidental de la nécropole (fig. 159). Au Martinet, trois tombes ont livré quatre perles de type G4 (T.13.13e et 13j, T.22.3j, T .45 .2c). Elles proviennent du secteur septentrional du site.
Les boutons
314Cette catégorie d'objets exclusivement en bronze n'est pas très fréquente sur l'ensemble des trois séries. En revanche, les types y sont nombreux puisque les boutons recensés peuvent se classer en neufs groupes différents (fig. 160). Ces pièces, selon leur forme, s'apparentent à la fois à des objets de parure et à des accessoires vestimentaires. Au Martinet, seuls deux fragments de bouton de type indéterminé ont été découverts dans la tombe 13, située dans le secteur septentrional de la nécropole.

FIG. 160 – Typologie des boutons des nécropoles du Castrais. 1 type H1 ; 2 type H2 ; 3 type H3 ; 4 type H4 ; 5 type H5 ; 6 type H6 ; 7 type H7 ; 8 type H8 ; 9 type H9. 1 à 9 nécropole du Causse. 1 T.52.2 ; 2 T.610.18 ; 3 T.318.38 ; 4 T.178.4 ; 5 T.70.6 ; 6 T.320.6 ; 7 T.318.23 ; 8 T.286.12 ; 9 T.349.12.
A. Lagarrigue, F. Pons/lnrap
315Les boutons plats à bélière saillante (types H1 et H2) Ces objets se caractérisent par une petite bélière saillante surmontée d'un bouton de forme circulaire, plat, dont les bords sont parfois légèrement rentrants. Les types H1 et H2 se démarquent par la forme de leur bélière : les pièces à bélière étroite (type H1), souvent formée d'un petit anneau de section circulaire ou demi-circulaire, et les pièces à large bélière (type H2), de forme triangulaire ou trapézoïdale. Au Causse, on dénombre quinze objets de ce type, dont deux incomplets. De forme circulaire, leur diamètre est assez constant, situé entre 21 et 28 mm. Deux exemplaires ne sont toutefois pas compris dans cette fourchette, avec des diamètres de 12 et 17 mm. Le type H1 regroupe dix boutons obtenus par moulage et comprend un petit anneau circulaire ou semi-circulaire dont le diamètre intérieur avoisine 2 mm. Les boutons à bélière large (type H2) sont moins nombreux avec seulement cinq exemplaires. La bélière est ici de forme trapézoïdale ou triangulaire et de dimensions plus importantes, large de 4 à 6 mm et haute de 1,5 à 3 mm.
À Gourjade, six boutons de type H2 ont été recensés; ils proviennent majoritairement de sépultures localisées dans la partie orientale du site (fig. 161).

FIG. 161 – Carte de répartition des boutons de types H2, H5 et H6 à Gourjade.
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap
Les boutons plats à bélière non saillante (type H3)
316Ces boutons sont de petit module, puisque le seul exemplaire recensé, au Causse, mesure 9 mm de diamètre (T.318.38). La bélière consiste en une mince barrette transversale, parallèle à la face supérieure du bouton.
Les boutons à corolle (types H4 et H5)
317Ces boutons sont assez rares. Ils sont formés d'un disque, souvent mal conservé, agrémenté d'une bélière constituée d'une tige simplement insérée dans la partie creuse. La face supérieure de l'objet est munie d'un léger « bombement » central, qui peut être creux (type H4) ou plein (type H5).
La nécropole du Causse a livré deux boutons à corolle. Le premier (T.178.4), de type H4, est un disque de 37 mm de diamètre dont le centre présente un tronc de cône creux, large de 17 mm. Cet objet a vraisemblablement été obtenu par la technique du repoussage. La corolle du second bouton (T.70.6), extrêmement mince, est très mal conservée. Sa face externe est pourvue en son centre d'un téton cylindrique plein et saillant. Sa face interne est munie d'une bélière étroite. Cet objet, issu d'un moule, a probablement été mis en forme par martelage. Il représente le type H5.
À Gourjade, seul le type H5 est présent. Deux exemplaires proviennent de la tombe 47 ; la sépulture 69 en a livré un. Ces sépultures sont installées sur la frange orientale de la nécropole (fig. 161).
Les boutons hémisphériques à bélière non saillante (type H6)
318Ces pièces se caractérisent par un bouton formé d'une demi‑sphère creuse, munie d'une tige de section circulaire soudée transversalement à l'intérieur de l'objet.
Au Causse, trois boutons hémisphériques sont constitués d'une demi-sphère creuse de 13 à 14 mm de diamètre et haute de 5 à 6 mm.
À Gourjade, un seul bouton de type H6 a été recensé. Il provient de la tombe 138 (fig. 161), et mesure 15 mm de diamètre pour 6 mm de hauteur.
Les boutons hémisphériques à bélière saillante (type H7)
319Ces boutons sont constitués de demi-sphères pleines pourvues d'un mince ruban de métal formant bélière. Ils ont été obtenus par martelage dans un gabarit, la bélière étant soit rabattue et soudée, soit simplement rapportée par brasure. Leur faible dimension et leur nombre permettent d'envisager pour ces objets un rôle décoratif plutôt que fonctionnel. Seule la tombe 318 du Causse en a livré sept exemplaires.
Les boutons coniques à bélière non saillante (type HB)
320Il s'agit de pièces presque identiques aux boutons de type H6 dont ils ne diffèrent que par leur forme conique. Les seuls exemplaires recensés proviennent du Causse où trois boutons ont été retrouvés dans la tombe 286 (T.286.12) et la tombe 395 (T.395 .8 et T.395.9).
Les boutons coniques spiralés (type H9)
321Ce type très particulier de bouton se compose de l'enroulement conique d'une tige massive en bronze, de 2 à 3 mm de section. Ils ne possèdent pas de bélière mais la base de certains d'entre eux présente une petite volute latérale.
Les treize boutons appartenant à ce type très particulier proviennent des tombes 349 et 413 (T.349.12 par exemple) du Causse. La première en a livré quatre exemplaires, la seconde neuf exemplaires. Ils ont des dimensions différentes mais qui restent homogènes à l'intérieur de chaque lot. Ceux de la tombe 413 ont un diamètre à l'ouverture de 15 mm pour une hauteur de 20 mm. Aucun d 'eux n'a conservé d 'enroulement latéral. Les cônes spiralés de la tombe 349 sont plus grands et plus ouverts, d'un diamètre à la base de 34 mm et haut de 35 mm. L'un d'eux possède un enroulement latéral.
Ces éléments retrouvés dans l'ossuaire de chacune des tombes sont déformés par l'action du feu. En fait, il est probable qu'ils appartiennent à un seul et même objet complexe porté par le défunt lors de sa crémation. Des objets très similaires, montés sur une « ceinture », ont été découverts sur la nécropole d'Arihouat à Garin (Haute-Garonne) (Müller 1985 : 159-160).
Les éléments de ceinture
322Parmi les nombreuses pièces métalliques recensées, quelques-unes peuvent être assimilées à des agrafes de ceinture, réparties en plusieurs types (fig. 162).

FIG. 162 – Typologie des agrafes de ceinture des nécropoles du Castrais. 1 type T.1 ; 2 type T.2 ; 3 type T.3. 1 nécropole de Gourjade ; 2, 3 nécropole du Causse. 1 T.140.2b ; 2 T.179.4 ; 3 T.484.24.
A. Lagarrigue, F. Pons/lnrap
Les agrafes de ceinture à plaque (type T1)
323Un seul objet de ce type a été découvert. Il provient de la tombe 140 de Gourjade et se compose d'une plaque en fer dont une extrémité est recourbée en agrafe. La plaque, subovalaire, est munie de deux rivets de fixation.
Les boucles de ceinture en anneau double (type T2)
324Il s'agir de deux anneaux reliés par une tige. Ce type d'objet pourrait s'apparenter à un élément de ceinture qui relierait les deux extrémités d'un ruban en matière périssable au moyen de deux crochets. Un exemplaire tout à fait semblable à ceux recensés au Causse a été découvert dans la nécropole du Moulin à Mailhac (Taffanel et al. 1998 : 298). Les deux pièces du Causse (T.1 79.4 et T.372.3) sont en bronze moulé. Leur destination n'est cependant pas assurée.
Les agrafes de ceinture de type divers (type T3)
325On a regroupé dans cette catégorie deux pièces provenant du Causse pour lesquelles la fonction d'élément de ceinture n'est pas certaine. Un objet en bronze moulé provient de la tombe 484 (T.484.24) : de forme sensiblement trapézoïdale prolongée par une courte tige, il est ajouré de deux fenêtres. Ses dimensions sont environ 40 mm de long sur 14 mm de large. Une pièce en bronze, brisée, retrouvée isolée dans la tombe 161 (T.161.1), semble provenir d 'un objet de taille plus importante. Issue d 'un moule bivalve, elle offre l'aspect que l'on peut obtenir à partir de fils de bronze enroulés. En forme de boucle aplatie, elle présente une nette courbure longitudinale et son extrémité brisée est pourvue d'un appendice latéral en tronc de cône, seul élément lisse de ce fragment. La face interne du sommet de la boucle montre des signes d'usure, peut-être dus à un lien en matière périssable.
3.3.2.2. Les instruments de toilette
326Cette catégorie d'objets est traditionnellement appréhendée comme un tout et regroupe des pièces considérées comme des instruments spécifiques du soin du corps. Quatre groupes d'objets sont distingués : les rasoirs, les scalptoriums, les pinces à épiler et les trousses de toilette.
Les rasoirs
327Ces objets sont désormais bien connus en Europe occidentale, essentiellement grâce aux travaux d'A. Jockenhövel qui en a établi la typologie la plus fiable (Jockenhövel 1980). Plusieurs études monographiques ont affiné certains classements et de nouveaux types sont apparus lors de fouilles récentes. La sériation proposée (fig. 163) tient évidemment compte de la typologie d'A. Jockenhovel, pour laquelle nous faisons les renvois idoines. Comme souvent, nous avons d'emblée distingué les exemplaires à tranchant double des pièces à tranchant transversal unique.

FIG. 163 – Typologie des rasoirs des nécropoles du Castrais. 1 type 11 ; 2 type 12 ; 3 type 13 ; 4 type 14 ; 5 type 15 ; 6 type 16 ; 7, 8 type 17 ; 9 type 18 ; 10 type 19. 1 à 6, 8 et 9 nécropole du Causse ; 7 nécropole de Gourjade ; 10 nécropole du Martinet. 1 T.160.4 ; 2 TA73.14 ; 3 T.94.5 ; 4 T.688.2 ; 5 T.528.29 ; 6 T.721.10 ; 7 T.243.13 ; 8 T.17S.6 ; 9 T.600.13 ; 10 T.14.7.
A. Lagarrigue, F. Pons/lnrap
Les rasoirs à tranchant double et lame pleine de forme rectangulaire (type II)
328Ces rasoirs ne sont représentés que par un seul exemplaire qui provient de la nécropole du Causse (T.160.4). Il s'agit d'une simple plaque rectangulaire en bronze de 50 mm de long sur environ 20 mm de large, dotée de deux tranchants rectilignes aménagés sur les grands côtés. Il ne possède aucun élément de préhension, et un système d'emmanchement en bois est probable. Ce type est muni d'une lame proche des types Pentalica (Jockenhövel 1980 : 231, 232, pl. 13) ou La Pertosa (Bianco Peroni 1985 : 60, 64, pl. 5), dont il se distingue par l'absence de soie.
Les rasoirs à tranchant double, lame fortement ajourée et anneau de suspension (type I2)
329Ces rasoirs sont constitués par une plaque en métal de forme sub-rectangulaire ou ovalaire dont les tranchants sont aménagés sur les plus grands côtés de l'objet. La lame est fortement ajourée de deux, voire trois fenêtres. Ces objets sont munis d'un manche avec anneau de suspension. Ils correspondent au type Mailhac II de Jockenhövel (1980 : 412-417, pl. 23). En bas Languedoc, ces objets sont de fins jalons chronologiques.
Au Causse, deux exemplaires ont été recensés : le plus grand (T.176.2) est muni de deux échancrures en forme de queue d'aronde sur une de ses extrémités, l'autre n'étant pas conservée. Sa partie axiale, tout comme sur le second (T.473.14), comporte deux ajours de forme quadrangulaire. Les sépultures qui les renferment sont installées sur les bords oriental et septentrional de la nécropole (fig. 164).

FIG. 164 – Carte de répartition des rasoirs au Causse.
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap
330À Gourjade, les tombes 78 et 311 ont livré chacune un rasoir de type 12. L'exemplaire de la tombe 311 est incomplet. Ces sépultures sont situées à proximité de la zone centrale du gisement (fig. 165).

FIG. 165 – Carte de répartition des rasoirs à Gourjade.
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap
331Au Martinet, la tombe 21 a livré un fragment d'un rasoir à partie centrale fortement ajourée. La sépulture est implantée sur le bord nord-est de la nécropole (fig. 166).

FIG. 166 – Carte de répartition des rasoirs au Martinet.
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap
Les rasoirs à tranchant double, lame ajourée et anneau de suspension (type I3)
332Ce type de rasoir, très fréquent dans les ensembles BFIIIb du Languedoc, est rare dans les ensembles castrais, et même absent au Martinet. Dans sa classification, A. Jockenhövel distingue plusieurs sous-types (Jockenhövel 1980), dont un est typique du Sud de la France. Au Causse, c'est un exemplaire de type Pépieux (ibid : 398-403, pl. 22) qui représente le type 13. Il a été retrouvé dans la tombe 94, située dans le secteur central de la nécropole (fig. 164).
À Gourjade, un seul rasoir de type 13 a été relevé. Il provient de la tombe 116, dans le centre du site (fig. 165). Cette pièce correspond également au type Pépieux de Jockenhovel.
Les rasoirs à tranchant double, lame ajourée et anneau de suspension, obtenus par martelage (type I4)
333Ce dernier type de rasoir à double tranchant n'est présent que sur Le Causse où il constitue un unicum. Contrairement aux précédents, il n'est pas coulé mais façonné à plat par martelage à partir d'une tige de bronze. Cette tige, une fois mise en forme, a été cintrée et ses extrémités ont été fixées à l'aide d'un rivet en fer. La forme ainsi obtenue est proche de celle du type 13. Cet unique exemplaire provient de la tombe 688, située dans le secteur nord-ouest de l'ensemble funéraire.
Les rasoirs à tranchant unique transversal à lame rectangulaire courbe (type I5)
334Ce groupe ne comprend qu'un seul exemplaire découvert dans la tombe 528 du Causse (T.528.29). Il se présente comme une lame mince de forme rectangulaire, courbe, longue de 75 mm et large de 15 mm, dont un des grands côtés est affûté. Il provient de la frange nord-est du gisement. Il rappelle les rasoirs de type lns/Serres d'A. Jockenhövel (1980 : pl. 40).
Les rasoirs à tranchant unique transversal, lame non ajourée et anneau de suspension (type I6)
335Les rasoirs de ce type présentent une lame pleine, généralement courbe, munie d 'un unique anneau de suspension. Ils correspondent au type Cazevieille de Jockenhövel (1980 : 691-693, pl. 36). Au Causse, trois exemplaires (T.484 .21, T.594.16 et T.721.10), de 65 à 70 mm de long, ont été recensés (fig. 164). Les exemplaires des tombes 484 et 721 se singularisent par un anneau de suspension muni de deux appendices latéraux. Au Martinet, seule la tombe 70 en a livré un, dont l'anneau manque. Cette tombe est située dans la zone centrale du site (fig. 166).
Les rasoirs à tranchant unique transversal, lame ajourée et anneau(x) de suspension (type I7)
336Ces rasoirs, généralement fabriqués à l'aide d 'un moule univalve, se caractérisent par une lame de forme trapézoïdale, ajourée, munie d 'un anneau de suspension. Ils correspondent pour la plupart au type Quarante d'A. Jockenhövel (1980 : 695, 696, pl. 36).
Au Causse, onze rasoirs de type I7 ont été relevés, très majoritairement dans des sépultures du quart nord-ouest du gisement ; deux pièces proviennent du secteur nord-est. À l'exception de l'exemplaire de la tombe 175, que les deux anneaux de suspension rapprochent du type Poiseul de Jockenhovel (1980 : 674-678, pl. 35), tous sont du type Quarante. On notera avec intérêt que le rasoir de la tombe 175 est isolé au centre-nord de l'ensemble funéraire (fig. 164).
À Gourjade, ces objets sont assez nombreux puisque huit rasoirs ont été recensés, dans des sépultures de l'est de la nécropole (fig. 165). À l'exception des rasoirs des tombes 268 et 349, de type Puygouzon de Jockenhövel (1980 : 716-718, pl. 37), tous sont du type Quarante.
Au Martinet, seul l'exemplaire de la tombe 45, installée dans la zone centre-est de la nécropole (fig. 166), peut être rattaché à ce type.
Les rasoirs à tranchant unique transversal, lame ajourée, anneau de suspension et tranchant convexe (type I8)
337Ce type de rasoir se singularise par une lame à tranchant unique transversal convexe, ajourée de plusieurs fenêtres, dont le dos rectiligne est muni d 'un seul anneau de suspension. Il correspond au type Magny-Lambert de Jockenhövel (1980 : 707-715, pl. 37). Ces pièces forment un groupe très homogène.
Au Causse, quatre exemplaires similaires ont été découverts dans des sépultures des secteurs centre-est et nord-ouest (fig. 164).
À Gourjade, trois rasoirs de ce type proviennent de trois tombes implantées en bordure orientale de la nécropole (fig. 165). Au Martinet, quatre rasoirs de type 18 ont été recensés. On notera qu'ils sont absents du secteur sud-ouest et de la bande orientale du site (fig. 166).
Les rasoirs à tranchant transversal convexe ajouré sans anneau de suspension (type I9)
338Ce type, absent des nécropoles du Causse et de Gourjade, rappelle le type Chabestan-Berrias de Jockenhövel (1980 : 682-684, pl. 35). L'unique exemplaire a été découvert dans la tombe 14 du Martinet située dans la zone septentrionale de la nécropole (fig. 166).
Les scalptoriums
339Ces petits instruments de toilette sont bien connus mais leur fonction diffère selon les auteurs (cure‑ongles, gratte-poux, arrache‑poils, etc.). Il s'agit d 'une tige dotée à l'une des extrémités d'une tête enroulée et à l'autre d'une pointe bifide. Occasionnellement, ils ont pu être confectionnés à l'aide d'épingles usagées. On ne les rencontre en général qu'en un seul exemplaire dans les dépôts où ils constituent de bons marqueurs chronologiques. Trois groupes principaux peuvent être dégagés, qui rassemblent six types différents (fig. 167). L'histogramme de distribution des longueurs des scalptoriums montre que la production est homogène puisque la grande majorité des pièces a une longueur comprise entre 50 et 90 mm; il existe également de petits modules ainsi que de grandes pièces (fig. 168).

FIG. 167 – Typologie des scalptoriums des nécropoles du Castrais. 1 type J1 ; 2 type J2 ; 3 type J3 ; 4 type J4 ; 5 type J5 ; 6 type J6. 1 à 6 nécropole du Causse. 1 T.692.16 ; 2 T.623.15 ; 3 T.632.7 ; 4 T.728.21 ; 5 T.576.22 ; 6 T.641.10.
A. Lagarrigue, F. Pons/lnrap

FIG. 168 – Histogramme de distribution des scalptoriums en fonction de leur longueur.
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap
Les scalptoriums à tige torsadée (types J1 et J2)
340Ces objets sont composés d'une tige torsadée, obtenue par moulage ou simple torsion, pourvue d 'une tête enroulée (type J1). Parfois, un anneau est maintenu dans la tête (type J2). Au Causse, 19 exemplaires ont été relevés. Ils ne sont jamais présents dans les tombes de la partie centrale de la nécropole (fig. 169). À Gourjade, 14 scalptoriums à tige torsadée proviennent du secteur oriental et du sud du gisement (fig. 170). Un seul exemplaire est du type J2 (T.30.2b).

FIG. 169 – Carte de répartition des scalptoriums au Causse.
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap

FIG. 170 – Carte de répartition des scalptoriums à Gourjade.
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap
341Au Martinet, six scalptoriums, trois de type J1 et trois de type J2, ont été recensés. On les trouve dans la bande nord et le secteur sud-ouest de la nécropole (fig. 171).

FIG. 171 – Carte de répartition des scalptoriums au Martinet.
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap
Les scalptoriums fabriqués à partir d'une épingle (types J3, J4 et J5)
342Une petite série d'objets rassemble les scalptoriums fabriqués à partir d'une épingle, probablement brisée et récupérée pour l'occasion. On distinguera le type J3, obtenu sur des épingles à tête enroulée, le type J4 réalisé à partir d 'une épingle à tête annulaire, enfin le type J5 qui réutilise une épingle à tête en crosse.
Au Causse, le lot est composé de deux pièces de type J3, deux objets de type J4 et deux de type J5. À l'exception d'un scalptorium de type J5 que renfermait une tombe du quart nord-est de la nécropole, tous étaient déposés dans des tombes du secteur nord-ouest de l'ensemble (fig. 169).
À Gourjade, deux scalptoriums de type J3 et un de type J4 proviennent de sépultures localisées dans la partie orientale de l'ensemble funéraire (fig. 170).
Au Martinet, aucun instrument de ces types n'a été relevé.
Les scalptoriums à tige carrée (type J6)
343Ces objets possèdent une tige de section carrée, mise en forme par martelage, et sont munis d'une tête enroulée. Au Causse, ces pièces sont au nombre de huit. Leur répartition épouse celle des rypes précédents (fig. 169).
À Gourjade, dix scalproriums à tige carrée proviennent de neuf sépultures: la rombe 239 en contenait deux. Ils sont absents de la zone centrale de la nécropole (fig. 170).
Au Martinet, deux objets de ce type ont été recensés ; leur situation n'amène aucun commentaire.
Les pinces à épiler
344Ces objets, qu'on nomme parfois pincettes car leur destination n'est pas assurée, sont composés d'un ruban de bronze recourbé, parfois muni d'une mâchoire recourbée (fig. 172). Il existe de rares exemplaires en fer, souvent mal conservés.

FIG. 172 – Typologie des pinces à épiler des nécropoles du Castrais. 1 type K1 ; 2, 3 type K2. 1 à 3 nécropole du Causse. 1 T.517.16 ; 2 T.615.1 ; 3 T.424.3.
A. Lagarrigue, F. Pons/lnrap
Les pinces à épiler à mâchoire non recourbée (type K1)
345C'est sans conteste le type le moins représenté. Ainsi, aucune pincette de ce type n'a été recensée à Gourjade.
Au Causse, un exemplaire en bronze de petit module provient de la tombe 517. La sépulture 648 a livré un objet en fer, incomplet, qui pourrait être rataché à ce type.
Au Martinet, la tombe 23 en contenait une en bronze, incomplète. Elle est située dans le quart nord-est du site (fig. 173).

FIG. 173 – Carte de répartition des pinces à épiler au Martinet.
Les pinces à épiler à mâchoire recourbée (type K2)
346Modèle plus courant, les pinces à mâchoire recourbée sont le plus souvent en bronze ; quelques pièces en fer ont été reconnues.
Au Causse, les pincettes de ce type sont au nombre de quatre, en bronze. Elles sont fabriquées à partir d'un ruban en bronze simplement replié et cintré dans sa partie proximale. L'une de ces pincettes (T.615.1) est munie d'un anneau destiné à la maintenir en position fermée. La taille de ces objets est assez constante, avec des longueurs comprises entre 52 et 64 mm, la largeur des mâchoires se situant entre 4 à 8 mm. Deux pincettes incomplètes (type K0) pourraient être également rattachées à ce type. On notera que ces objets sont particulièrement absents du secteur central de la nécropole (fig. 174).

FIG. 174 – Carte de répartition des pinces à épiler au Causse.
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap
347À Gourjade, ont été recensées quatre pinces à épiler, deux en bronze et deux en fer. Les exemplaires en bronze sont issus de dépôts du centre du gisement ; l'objet en fer provient d'une sépulture de la partie orientale de la nécropole (fig. 175).

FIG. 175 – Carte de répartition des pinces à épiler à Gourjade.
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap
348Au Martinet, deux exemplaires en bronze et un objet en fer sont issus de trois tombes. On remarquera que l'exemplaire en fer est situé dans le secteur le plus au sud-ouest, alors que les pincettes en bronze proviennent de la zone nord-est (fig. 173).
Les « trousses de toilette »
349Cette catégorie rassemble des assemblages de diverses pièces métalliques parmi lesquelles on trouve le plus souvent des épingles et des scalptoriums. Bien qu'il ne s'agisse pas de véritables trousses de toilette, nous les avons classées dans ce groupe par commodité et afin de pouvoir les isoler (type L).
350Au Causse, ont été trouvés deux assemblages composés d'une épingle et d'un ou deux scalptoriums. La première trousse provient de la tombe 622 (T.622.7). Elle est constituée d'une épingle du type du « Roc » et de deux scalptoriums de type J2 et J3, le tout monté sur un anneau. La seconde, dans la tombe 385 (T.385.16), comprend une épingle serpemiforme en fer et un scalptorium à tige torsadé passé directement dans la tête de celle-ci. Leur répartition est la même que celle des scalptoriums.
Au Martinet, une seule trousse a été recensée : elle se compose d'une épingle à tête enroulée agrémentée de perles et d'anneaux, ainsi que d'un scalptorium (T.13).
3.3.2.3. Les outils
351Sous cette appellation, nous avons regroupé les objets utilitaires issus des tombes. Ils appartiennent à trois groupes d'outils : les poinçons et ciseaux, les aiguilles et les couteaux. Ces derniers, de par leur module, ne peuvent être considérés comme des armes.
Les poinçons et ciseaux
352Ces outils sont constitués d'une tige de bronze, de section ronde ou carrée, appointée à une extrémité et biseautée à l'autre (type M1) (fig. 176). Ils sont absents au Martiner.

FIG. 176 – Typologie des poinçons, ciseaux et aiguilles des nécropoles du Castrais. 1, 2 type M1 ; 3 type N1 ; 4 type N2. 1 à 4 nécropole du Causse. 1 T.395.5 ; 2 T.178.3 ; 3 T.395.7 ; 4 T.270.4.
A. Lagarrigue, F. Pons/lnrap
353Au Causse, trois outils de ce type ont été recensés. L'un d 'entre eux (T.395.5) présente une tige torsadée qui peut signaler la récupération d'un objet brisé (scalptorium ?). Un autre (T.178.3) est décoré d'une série d'incisions obliques. De petites dimensions (entre 20 et 55 mm de long), ces pièces métalliques étaient probablement emmanchées.
354À Gourjade, un objet de ce type a été retrouvé dans la tombe 117.
Les aiguilles
355Ces instruments sont rares dans les nécropoles méridionales du premier âge du Fer. Deux types peuvent être distingués: les aiguilles munies d'un chas véritable, et les aiguilles dont la tête est annulaire et qu'on pourrait aussi classer dans les épingles, si ce n'était leur taille (fig. 176).
Les aiguilles à chas (type N1)
356Quatre sont signalées dans des tombes de la nécropole du Causse. La seule qui nous soit parvenue complète (T.395.7) est longue de 81 mm. Le chas est situé au tiers de la tige, qui n'excède pas 3 mm de diamètre.
357À Gourjade, deux aiguilles à chas en bronze ont été recensées. Elles proviennent des tombes 111 b et 331 localisées dans la moitié nord du site.
Les aiguilles « à tête annulaire » (type N2)
358Ce type ne compte qu'une seule pièce en bronze provenant de la nécropole du Causse (T.270A). Longue de 70 mm, elle ne possède pas de véritable chas mais une extrémité plate et ajourée, de 2 mm de diamètre. Sa tige fusiforme porte un décor de fines incisions transversales. Aiguille ou petite épingle, cet objet reste difficile à identifier avec assurance.
Les couteaux
359Cette catégorie d'outils est fréquente dans les ensembles funéraires du premier âge du Fer languedocien. Elle forme d'ailleurs le lot le plus important des premiers objets en fer répertoriés en Languedoc. Souvent associés par paire dans les sépultures, les couteaux semblent marquer les tombes masculines. Dans les nécropoles castraises, ils sont presque toujours en fer et on peut les classer en cinq types principaux (fig. 177).

FIG. 177 – Typologie des couteaux des nécropoles du Castrais. 1 type O1 en bronze ; 2 type O1 en fer ; 3 type O2 ; 4 type O3 ; 5 type O4 ; 6 type O5. 1 nécropole du Causse ; 2, 5 nécropole de Gourjade ; 3, 4, 6 nécropole du Martinet. 1 T.516.3 ; 2 T.211.10b ; 3 T.161.10 ; 4 T.18.5 ; 5 T.130.12ª ; 6 T.148.11.
A. Lagarrigue, F. Pons/lnrap
Les couteaux à languette et pointe incurvée (type O1)
360Tous ces couteaux, obtenus par la technique du martelage, hormis les exemplaires en bronze qui sont moulés, sont du type à languette, sans talon ni épaulement. Le profil de leur dos présente une pointe incurvée. Destinée à l'emmanchement, la languette occupe environ le 1/5 de la longueur totale de la lame. Elle est transpercée de deux, voire trois rivets en fer, plus rarement en bronze. La jonction avec la partie tranchante présente parfois deux demi-bagues –fausse virole en fer– qui maintenaient également les deux parties du manche. Ce dernier, formé d'éléments en matière organique, le plus souvent en bois, est rarement conservé. Au Causse, 36 couteaux de type O1 ont été reconnus. L'exemplaire de la tombe 516 (T.516.3) est en bronze, et les objets T.393.1 et T.526.8 associent fer et bronze. Leur répartition indique qu'ils sont totalement absents de la zone centrale du site, avec une nette concentration dans le secteur nord-ouest (fig. 178).

FIG. 178 – Carte de répartition des couteaux au Causse.
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap
361À Gourjade, 60 exemplaires du type O1 ont été inventoriés. Tous sont en fer, à l'exception des pièces T.349.6b et T.68.3b qui sont en bronze. Ils proviennent essentiellement de la partie orientale de la nécropole ; quelques exemplaires sont issus de dépôts sis sur la frange occidentale (fig. 179). Au Martinet, on a recensé 31 couteaux de type O1. On les rencontre dans tous les secteurs du gisement, à l'exception toutefois de la zone centre-orientale (fig. 180).

FIG. 179 – Carte de répartition des couteaux à Gourjade
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap

FIG. 180 – Carte de répartition des couteaux au Martinet.
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap
Les couteaux à languette et dos droit (type O2)
362Ces pièces se distinguent des précédentes par leur dos rectiligne, du manche à la pointe. Le type O2 moins fréquent que le type précédent. Au Causse, trois exemplaires ont été recensés. Ils étaient déposés dans des tombes installées dans les zones nord-orientale et nord-occidentale de l'ensemble (fig. 178).
363À Gourjade, le seul couteau de ce type est issu d'une sépulture située sur la bordure occidentale de la nécropole (fig. 179). Au Martinet, deux exemplaires en fer proviennent de deux sépultures de la moitié orientale de la nécropole (fig. 180). Les grands couteaux à languette et dos anguleux (type O3) Un seul exemplaire de ce type a été recensé dans les ensembles du Castrais. Il provient de la combe 18 du Martinet (T.18.5). C'est un couteau de grand modèle puisqu'il mesure 195 mm de long et la lame atteint une largeur de 28 mm. Elle est munie de deux gouttières longitudinales, parallèles, dans ses deux premiers tiers.
Les couteaux à languette et lame courbe marquée (type O4)
364Ces pièces se caractérisent essentiellement par la courbure marquée de leur lame qui présente un tranchant nettement convexe. La nécropole du Causse n'a pas livré de couteau de ce type. À Gourjade, trois exemplaires ont été recensés. Leur répartition coïncide avec celle des couteaux en général (fig. 179). Au Martinet, la tombe 110 en a livré un exemplaire (T.110.9c). Elle se trouve sur la frange nord-est de la nécropole (fig. 180).
Les couteaux à languette et lame à tranchant concave (type O5)
365Ces couteaux se distinguent des précédents par la courbure concave de leur tranchant. Seule la nécropole du Martinet en a livré ; ils sont au nombre de deux (T.136.9 et T.148.11) et proviennent de combes situées au sud du site (fig. 180).
Observations relatives à l'emmanchement des couteaux
366Dans la majeure partie des cas, les manches de ces couteaux ont disparu, laissant pour seules informations quelques traces de fibres ligneuses conservées par l'oxydation du métal. C'est le cas au Martinet (8 cas), à Gourjade (30 cas) et au Causse (16 cas). À Gourjade cependant, un exemplaire (T.347.8a) a conservé en partie son manche en os. Au Causse, le couteau en bronze de la tombe 516 possède une lame de 132 mm emmanchée sur une trentaine de millimètres. Le manche, extrait d'un bois de cervidé, est formé de deux lamelles de section semi-circulaire, assemblées par quatre rivets. Deux d'entre eux seulement transpercent la languette, fixant ainsi la partie métallique. Les deux autres, distants de 3 mm, permettent de maintenir l'embout. Celui-ci présente une extrémité débordante face dorsale qui interrompt la partie préhensible, assurant peut-être ainsi une meilleure prise en main. Les deux autres manches conservés (T.600.12 et T.633.15) appartiennent à de grands couteaux en fer. D'une longueur totale de 225 et 230 mm, leur lame de 170 mm est également emmanchée sur environ 30 mm. Les manches sont obtenus à partir de matériaux différents. L'un est issu d'une diaphyse dont l'origine est indéterminée, l'autre est probablement en ivoire. Le système d'emmanchement est en grande partie comparable au précédent. On retrouve les deux rivets qui permettent l'assemblage du manche et de la lame, mais l'embout n'est pas fixé de la même manière. Il présente une gorge assez profonde, aménagée à une dizaine de millimètres de son extrémité, qui permet de recevoir une ligature. L'absence de trace de métal suggère par ailleurs l'utilisation d'un lien en matière périssable. Enfin, sur un de ces deux couteaux (T.600.12), la jonction entre la partie tranchante et le manche est assurée par une fausse virole en fer.
Les longueurs des couteaux
367Pris dans leur globalité, et en tenant évidemment compte des seules pièces complètes, on distingue trois groupes d'outils en fonction de leur longueur (fig. 181). Un premier ensemble se compose de quelques pièces dont la longueur totale n'excède pas 100 mm. Le groupe le plus important est formé des couteaux d'une longueur comprise entre 100 et 160 mm. Enfin, quelques objets ont une longueur supérieure à 170 mm ; l'exemplaire le plus grand est le couteau 12a de la tombe 130 de Gourjade, puisqu'il mesure 197 mm. Pris indépendamment, les différents types ne présentent pas de démarcations nettes selon leur longueur. Il est vrai toutefois que les types O2, O3, O4, O5 et O6 sont rares, alors que le type O1 est nettement majoritaire. Parmi les couteaux de ce type, il n'est pas possible de distinguer des différences de longueurs selon les nécropoles.

FIG. 181 – Distribution des couteaux en fonction de leur longueur.
T. Janin/CNRS, F. Pons/lnrap
3.3.2.4. Les armes
368Exceptionnelles dans les nécropoles méridionales de la fin de l'âge du Bronze et du premier âge du Fer, les armes sont souvent sollicitées pour étayer les approches chronoculturelles et paléosociologiques. Trois types d'armes ont été recensés: épées, poignards et talons de lance (fig. 182).

FIG. 182 – Typologie des armes des nécropoles du Castrais. 1 type P1 ; 2 type P2 ; 3 type Q1 ; 4 type Q2 ; 5 type R1, 6 type R2. 1 à 5 nécropole du Causse ; 6 nécropole de Gourjade.
A. Lagarrigue, F. Pons/lnrap
Les épées
369Elles sont signalées dans deux tombes de la nécropole du Causse. L'une est un fragment de lame en bronze (T.41.1), l'autre est une épée à antennes en fer (T.533.9).
Les épées en bronze (type P1)
370La tombe 41 du Causse a livré un fragment distal de lame d'épée, long de 195 mm et large de 23 mm au maximum. Sa section transversale est losangique, marquée par une arête axiale bien dégagée et encadrée dans sa partie supérieure par de fines incisions longitudinales qui convergent entre elles à 120 mm de la pointe. Cette lame présente une anomalie de surface perceptible dans sa moitié proximale qui trahit une réparation ou le réemploi d'une épée brisée. En effet, l'examen radiographique qui a pu être effectué sur cette lame montre très clairement l'existence d'une partie rapportée de médiocre qualité. La pointe, de bonne facture, présente un aspect très homogène, vraisemblablement obtenu par forgeage à chaud, tandis que l'autre partie montre une structure vacuolée témoignant d'une mauvaise réchauffe. Cet état ainsi que les conditions de dépôt de la lame –fosse très étroite– incitent à considérer cette pièce non comme une arme incomplète mais plutôt comme un objet à part entière obtenu à partir d'une arme brisée.
Les épées à antennes (type P2)
371Bien que courte (375 mm de long), l'épée à antennes de la nécropole du Causse ne l'est toutefois pas assez pour justifier l'appellation de poignard. Sur le plan technologique, nous ne rentrerons pas dans les détails de fabrication, ceux-ci ayant été déjà largement étudiés par différents auteurs. L'exemplaire de la nécropole du Causse est à soie plate, ce qui permet de la rattacher au type Aquitain. La lame, légèrement carénée, possède deux tranchants rectilignes parallèles et se termine par une pointe peu effilée. Ses dimensions sont 275 mm de long et 34 mm de large au niveau de la garde. La poignée est formée par la garde, les antennes et le manchon, façonnés séparément et rapportés sur la soie. Les antennes rivetées à l'extrémité de la soie, sont parallèles et possèdent un appendice proximal de forme arrondie. La garde, en forme de U renversé, retombe sur une trentaine de millimètres de chaque côté de la lame. Le manchon, qui permet la préhension de l'arme, est relativement petit, n'excédant pas 75 mm. Il est constitué de deux pièces de bois disposées de part et d'autre de la soie et recouvertes d'une coquille métallique en fer, le tout étant maintenu par deux rivets. La restauration de cette épée a révélé la présence de toute une série d'incrustations ornementales sur les différents éléments constitutifs de la poignée. Ces incrustations, obtenues par la technique du damasquinage, peuvent être en bronze ou en cuivre. Elles ornent les méplats de la garde, la face externe des branches des antennes ainsi que leur base et les extrémités où elles forment un décor rayonnant. Sous les coquilles se trouvent également des fragments de fils de bronze, débordant à l'origine probablement sur les côtés du manchon. La présence de cette épée dans un dépôt funéraire pourrait être le reflet du statut social du défunt, mais l'on doit ici prendre en compte le fait qu'elle provient de la tombe probablement la plus tardive parmi celles fouillées dans la nécropole, datable de la fin du premier âge du Fer.
Les poignards
372Ces armes, tout aussi rares dans les sépultures du début de l'âge du Fer que les épées, constituent plus des originalités que de réels jalons chronoculturels.
373Au Causse, deux petits poignards en bronze ont été trouvés. Le premier (T.175.7) est incomplet, ses deux extrémités étant brisées. Il appartient au type des poignards à languette à épaulement (type Q1). Cette languette, étroite de 15 mm au niveau de la garde, est non débordante. Elle est munie de deux rivets en bronze. La lame, pourvue de tranchants rectilignes, est soulignée par une arête axiale peu marquée. Le second poignard (T.395.3) est du type à languette trapézoïdale (type Q2). De petite taille, cette lame mesure 67 mm de long pour une largeur à la garde de 19 mm. La languette n’est pas très large et présente un léger débordement. Les traces perceptibles à la base de celle-ci montrent que la limite distale de la garde était rectiligne. La partie tranchante, longue de 50 mm, présente une pointe peu effilée et des bords légèrement concaves. De section biconvexe, elle possède également une arête axiale.
374Au Martinet, une pointe de poignard à languette trapézoïdale (type Q2) a été retrouvée dans la tombe 41 (T.41.12), située dans la partie orientale du site. Sa longueur actuelle est de 120 mm, pour une largeur maximale de 23 mm.
Les talons de lance
375Au Causse, la tombe 551 a livré un talon de lance en fer (liste typologique R1 : T .551.4). Il s'agit d'une pointe de 58 mm de long, dont l'extrémité proximale est martelée et repliée pour former une douille conique de 7 mm de diamètre, profonde d'environ 20 mm. Il convient également de signaler la présence d'un talon de lance de type launacien (liste typologique R2). Il s'agit d'un cône de 38 mm de haut, percé de deux ajours de forme quadrangulaire et pourvu d'un anneau terminal. Il porte une série de cannelures horizontales. Cet objet, associé à de nombreux fragments de chaînettes, est déformé par la chaleur. Il a été recueilli en périphérie de la tombe 515. À Gourjade, ont été découverts trois fragments de talons de type launacien. L'exemplaire de la tombe 314 colle avec le fragment recueilli dans l'ossuaire de la tombe 332. Cela pourrait s'expliquer par une « contamination » lors du ramassage sur le bûcher puisque, comme l'objet de la tombe 322, ces pièces ont brûlé. Leur répartition est intéressante : ces pièces sont cantonnées dans le même secteur, à l'ouest de la nécropole.
3.3.2.5. Les objets métalliques indéterminés
376Comme souvent dans les nécropoles à incinération, plusieurs dizaines de fragments d'objets métalliques ne peuvent être déterminées avec certitude. Si certaines pièces peuvent s'apparenter à des éléments de ceinture (cf. supra), d'autres, trop fragmentaires ou jusque-là inconnues en Languedoc, n'ont pas été identifiées. Parmi elles, on relèvera un disque à perforation centrale, en bronze, de 28 mm de diamètre, provenant de la tombe 320 du Causse (T.320.3). Cet objet coulé est décoré sur l'une de ses faces par un motif spiralé ; il pourrait être assimilé à une applique (?).
377Du Causse provient une boule creuse en fer (T.692.14) formée de deux demi-sphères soudées entre elles par brasure au cuivre. Elle est transpercée de deux perforations symétriquement opposées, de 2 mm de diamètre. Des restes d'éléments organiques fixés par les oxydes ont été retrouvés à la surface de cet objet, qui rappelle les extrémités des pieds des fibules serpentiforme en fer.
378Toujours dans la série du Causse, deux petites tôles de bronze (T.395.6 et T.534.3), dont une perforée, et une troisième en fer, mal conservée, complètent la liste des objets indéterminés recueillis dans les tombes. Il pourrait s'agir de fragments de récipients (?). C'est également dans cette catégorie qu'on est tenté de placer le ruban de bronze découvert dans la tombe 4 de Gourjade (T.4.5). Il rappelle les manches de simpulums non ornés de la nécropole du Grand Bassin 1 à Mailhac (Janin, Sarret 1997 : 40).
379Un autre lot de fragments de bronze, découvert dans l'ossuaire de la tombe 177 du Martinet, est constitué de plusieurs plaques présentant les traces incontestables d'un passage sur le bûcher qui a passablement détérioré l'ensemble : les fragments déformés, tordus et fendus, sont parfois ornés de lignes de bossettes d'un diamètre moyen de 1 mm organisés de part et d'autre de deux « gorges » au repoussé situées près d'un bord, renforcé par un repliage de la plaque. Une autre gorge est aménagée au « centre ». Cet aspect et la forme initialement circulaire de l'objet nous amènent à rattacher ces fragments à un élément de cuirasse (pectoral), comme ceux rencontrés à Agde dans la tombe 129 (Nickels et al. 1989 : 329), plutôt qu'à des restes de cnémides (Dehn 1988). Le fait que cette pièce ait été, semble-t-il, coulée, n'impose pas qu'on l'assimile à un récipient.
380L'objet en bronze associé à une épingle de la tombe 22 du Martinet ne peut être classé avec précision (T.22.3c) : il s'agit peut-être d'une pendeloque ?
381Enfin, parmi les très nombreux fragments de fer indéterminés, on signalera plusieurs tiges en fer de section quadrangulaire, notamment à Gourjade (T.42.3, T.218.2c, T.235.2). Ces éléments ne sont pas sans rappeler des pièces constitutives de brancards de crémation découverts à Ensérune (Hérault; Schwaller et al. 1995).
3.4 Les objets divers
382f.p. avec la participation de a.l.
3.4.1 Les fusaïoles
383Ces petits objets en terre cuite sont inégalement représentés d'une nécropole à l'autre. Si au Causse 14 % des dépôts funéraires sont concernés, en revanche à Gourjade et au Martinet seulement 5 % des tombes en recelaient. Les fusaïoles sont presque toujours présentes en un seul exemplaire : deux cas seulement de dépôt double sont attestés dans deux tombes de la nécropole du Causse (T.570 et T.612). Elles sont le plus souvent déposées sur le fond de la fosse, à proximité du vase cinéraire, parfois à l'intérieur de celui-ci, notamment à Gourjade où dix dépôts de ce type ont été recensés. Il est beaucoup plus rare de les rencontrer dans un vase d'accompagnement (deux cas au Martinet et deux autres au Causse). Cet objet, dont la fonction est parfois discutée –perle ou lest de fuseau–, était étroitement associé à une aiguille à chas dans une tombe de la nécropole de Gourjade (T.331). Il s'agit d'un des rares exemples de ce type que nous ayons pu observer.
384Les 122 fusaïoles issues des nécropoles peuvent être classées en quatre grands types :
– type 1 : les fusaïoles lisses, 61 exemplaires ;
– type 2 : les fusaïoles à carène simple, 39 exemplaires ;
– type 3 : les fusaïoles à carènes multiples, 20 exemplaires ;
– type 4 : les fusaïoles tronconiques, 2 exemplaires.
385Toujours plus larges que hautes et parfois très aplaties, ces fusaïoles ont des dimensions variables, de 20 à 50 mm de diamètre pour une épaisseur de 10 à 27 mm. Plus d'un objet sur deux possède toutefois un diamètre compris entre 30 et 38 mm (fig. 183). Entre les types, il n'existe pas de réelles différences au niveau de ce critère, et seules les proportions peuvent changer. Les dimensions des fusaïoles lisses et à carène simple sont très variables. Des objets de toute taille coexistent dans ces deux groupes. En revanche, le groupe des fusaïoles à carènes multiples ne comprend pas de petit objet dont le diamètre est inférieur à 30 mm. De même, les deux exemplaires de type 4 sont de dimension importante. Excepté pour ces dernières, la symétrie des faces est de règle chez les fusaïoles. Une face n'est donc pas privilégiée par rapport à l'autre, sauf parfois par un décor présent sur 25 exemplaires de tout type : 21 au Causse et 4 à Gourjade. Il peut être appliqué en périphérie sur les bords, sur les côtés ou sur la carène et parfois sur un seul et même objet. Les thèmes décoratifs sont peu variés, composés de motifs linéaires verticaux, obliques ou rayonnants réalisés à l'aide d'incisions, d'impressions ou plus rarement de cannelures. Plus la forme de l'objet est complexe et plus le nombre d'exemplaires décorés semble important. Ainsi, au Causse où l'effectif est le plus important, 85 % des fusaïoles de type 1 ne sont pas décorés alors que 25 % des fusaïoles de type 2 et plus d'un tiers des fusaïoles de type 3 le sont.

FIG. 183 – Histogramme de distribution des fusaïoles en fonction de leur diamètre et de leur épaisseur.
F. Pons/lnrap
386Au Causse, les 88 tombes qui ont livré ce type d'objet couvrent toute l'étendue de la nécropole. La répartition des différents types avec ou sans décor ne présente aucune concentration particulière (fig. 184). Tout au plus peut-on remarquer que les fusaïoles de type 2 et surtout 3 sont mieux représentées dans la partie centrale et méridionale de la nécropole.

FIG. 184 – Carte de répartition des différents types de fusaïoles au Causse.
F. Pons/lnrap
387À Gourjade, la répartition des tombes avec fusaïole montre également une plus forte concentration des types 2 et 3 dans la zone centrale et l'absence de cet objet dans la partie nord‑est de la nécropole (fig. 185). Le dépôt d'une fusaïole dans le vase cinéraire semble être également plus fréquent dans les tombes de la zone centrale de cette nécropole.

FIG. 185 – Carte de répartition des différents types de fusaïoles à Gourjade.
F. Pons/lnrap
388Enfin, au Martinet, malgré le faible effectif, on peut observer que les fusaïoles de type 2 sont absentes dans les tombes de la moitié sud de la nécropole (fig. 186).

FIG. 186 – Carte de répartition des différents types de fusaïoles au Martinet.
F. Pons/lnrap
3.4.2 Les perles et pendeloques
389Les trois nécropoles ont livré près de cent cinquante perles et pendeloques. Plus d'une centaine sont en ambre, huit en pâte de verre, sept en os et six en pierre (galet, stéatite).
390Comme nous avons pu le voir précédemment, ces petits éléments sont parfois enfilés sur des objets métalliques, notamment sur des épingles, mais on les trouve fréquemment seuls et souvent en plusieurs exemplaires dans une même tombe où peuvent également coexister plusieurs matériaux différents. Tel est le cas de l'inhumation 70 du Causse qui contenait une perle en ambre, une en pâte de verre et une pendeloque en pierre, ou celui de la tombe 318 de cette même nécropole avec trois perles en ambre et une en pâte de verre. La présence de plusieurs exemplaires au sein d'une même tombe pourrait signifier leur utilisation comme pendentif, mais leur situation, parfois disparate à l'intérieur du dépôt, ne permet pas toujours de valider cette hypothèse. Dans une tombe de la nécropole de Gourjade (T.138) et dans une autre au Martinet (T.13), la présence de véritables colliers de perles en ambre a pu toutefois être vérifiée d'après la position de ces objets.
Les perles en ambre
391Plus ou moins régulières, les perles en ambre sont le plus souvent minces et de forme ovoïde ; leur diamètre qui varie de 4 à 25 mm est toujours supérieur à leur épaisseur (fig. 187) comprise entre 2 et 11 mm. Elles proviennent d'une vingtaine de tombes (10 à Gourjade, 4 au Causse et 5 au Martinet) parmi lesquelles la tombe 13 de la nécropole du Martinet qui a fourni cinquante-trois exemplaires.

FIG. 187 – Histogramme de distribution des perles en ambre en fonction de leur diamètre et de leur épaisseur.
F. Pons/lnrap
392Les dépôts de ce type d'objet ne présentent aucune concentration particulière au Causse (fig. 188). À Gourjade, seules des tombes implantées à!' ouest de la nécropole sont concernées (fig. 189) et au Martinet quatre de ces dépôts intéressent des tombes situées au sud de la nécropole (fig. 190).

FIG. 188 – Carte de répartition des perles et pendeloques au Causse.
F. Pons/lnrap

FIG. 189 – Carte de répartition des perles en ambre à Gourjade.
F. Pons/lnrap

FIG. 190 – Carte de répartition des perles au Martinet.
F. Pons/lnrap
Les perles en pâte de verre
393Moins nombreuses, ces perles proviennent de tombes installées en périphérie de la nécropole du Causse. Aucun exemplaire n'est présent dans les deux autres nécropoles. De forme ovoïde, ces perles sont de petite taille, épaisses de 4 à 9 mm et leur diamètre n'excède pas 15 mm. Leur teinte, souvent très altérée, est variable : jaune, bleu, marron. Seule la tombe 718 a livré plusieurs exemplaires de ce type (T.718.28, 32 et 33).
Les perles et pendeloques en os
394Quatre tombes de la nécropole du Causse ont livré trois perles discoïdes en os, une ovoïde et une autre de forme tubulaire, dont deux retrouvées brûlées dans un ossuaire (T.132.3 et 5).
Une pendeloque réalisée à partir d'une imposante défense de sanglier (canine inférieure gauche) a également été retrouvée dans un ossuaire (T.718.35). Longue de 140 mm, elle est utilisée brute, simplement perforée aux deux extrémités. Dans ce même registre, nous mentionnerons la présence d'une canine inférieure droite de canidé, munie d'une perforation biconique qui provient d'un dépôt un peu particulier totalement dépourvu d 'ossuaire et de céramique (T.751). Elle était associée à de petits objets métalliques (anneaux), le tout déposé dans une valve de coquillage.
Les perles et pendeloques en pierre
395Quatre perles discoïdes en stéatite, de 5 à 6 mm de diamètre pour 1 à 2 mm d'épaisseur, proviennent du remplissage de l'ossuaire d'une tombe de la nécropole du Martinet (T.80). Deux autres objets en pierre, pour lesquels le terme de pendeloque est plus approprié que celui de perle, sont issus de deux tombes de la nécropole du Causse. Le premier (T.70.16) est constitué d'un petit galet ovalaire perforé, épais de 3 mm. Le second (T.191.5) est façonné dans une roche tendre et présente une forme annulaire de 20 mm de diamètre.
3.5 Les coquillages
3.5.1 Introduction
396Seule la nécropole du Causse a livré des éléments de coquilles de Mollusques (tabl. 1). Ces valves ne se rencontrent jamais dans les ossuaires mais elles sont très souvent déposées à proximité du vase cinéraire, en position verticale. Ces coquillages présentent une distribution intéressante car ils ne sont jamais présents dans les tombes du centre de la nécropole (fig. 191).

TABL. 1 – Inventaire des coquillages de la nécropole du Causse.

FIG. 191 – Carte de répartition des valves de coquillage au Causse.
F. Pons/lnrap
397Peu nombreux, ils ne nous ont pas incité à élargir leur étude descriptive et interprétative à une comparaison avec d'autres sites. En effet, l'expérience, acquise dans le cadre d'une recherche sur les coquillages en contexte funéraire de l'époque antique (Manniez 1999), a montré que dans les travaux archéologiques, les appellations des mollusques sont bien souvent vagues et impropres, car les identifications sont rarement faites par des spécialistes. De plus, la nomenclature des espèces pratiquée par les biologistes a fortement varié au cours du temps pour ne se stabiliser que récemment. Le travail de vérification, préalable qui serait nécessaire à toute comparaison, dépasse amplement le cadre de la présente étude.
398Les coquillages ont été identifiés en les comparant à nos collections personnelles. Pour les mollusques marins, les dénominations latines et françaises, les informations anatomiques et écologiques sont tirées des travaux de Poutiers (1978), de Granier et Penez (1982‑1984), de Quéro et Vayne (1998), pour les mollusques dulçaquicoles de l'ouvrage de Pfleger (1989).
3.5.2 Les espèces
Pecten jacobaeus (coquille Saint-Jacques de Méditerranée)
399Quatre valves droites, ou inférieures, ont été recueillies. Deux nous sont parvenues brisées et deux entières, mais il est très probable que les quatre étaient intactes lors du dépôt dans la tombe. La coloration rose de la matière, encore perceptible, laisse supposer qu'il ne s'agit pas de coquilles subfossiles. Les valves sont apparemment intactes : aucune trace d'usure ou de retouche des bords n'a été observée. Seule la valve de la tombe 165 est trouée au point le plus profond de la concavité, mais aucun indice ne nous permet d'affirmer que cette perforation a été réalisée artificiellement. Les coquilles sont grandes, provenant d'animaux adultes. Le diamètre antéro-postérieur de la valve de la tombe 165 (143 mm) atteint la taille maximale connue actuellement, 150 mm, qu'approche aussi la valve de la tombe 499. Celles des tombes 531 et 606 sont plus petites puisque les mêmes dimensions n'atteignent respectivement que 126 et 114 mm. Actuellement, cette espèce est principalement méditerranéenne, avec une présence sur les côtes atlantiques du Portugal et du Maroc.
Callista chione (vernis fauve)
400Plusieurs fragments d'un quart caudal d'une seule valve droite ont été dégagés dans la tombe 181. Il n'est pas possible de dire si la valve était entière lors du dépôt. L'animal originel était adulte. Cette espèce vit en mer Méditerranée et dans l'océan Atlantique. Au cours de l'Antiquité tardive, cette espèce est fréquente dans les nécropoles languedociennes dont elle est une des particularités rituelles (Forest in Manniez 1999).
Glycymeris violacescens (amande de mer)
401Dans la tombe 751, une valve droite est présente uniquement par son bord qui est interrompu caudalement. Il ne nous a pas été possible d'établir la cause de la disparition de la concavité de la valve. Les reliefs saillants des bords, notamment les dents, ne sont pas usés. De nos jours, ces coquilles sont très fréquentes à l'état subfossile sur les rivages languedociens, notamment dans le nord-est de l'Hérault, mais des 123 animaux ont été trouvés vivants dans le golfe d'AiguesMortes. Son aire de répartition se superpose à celle de la coquille Saint-Jacques de Méditerranée.
Unio sp. (mulette, moule d'eau douce)
402La moitié crâniale incluant le sommet d'une valve droite a été extraite de la tombe 177. Elle était probablement entière initialement. La forte épaisseur de la valve plaide pour l'espèce U crassus. Dans la tombe 624, des fragments de valve nacrée rappellent le genre Unio sp. ou son voisin, Anodonta sp., mais sans certitude. Ces Bivalves vivent en abondance dans les cours et les retenues d'eau douce.
3.5.3 Nature des dépôts
403Ces dépôts sont toujours « uniques ». Les coquilles de ces Mollusques Bivalves ne sont jamais entières, puisqu'il manque une valve. Toutes les valves sont droites. Si chez la coquille Saint‑Jacques de Méditerranée, ceci se comprend puisque la valve droite est creuse et dessine une coupelle alors que la valve gauche est plane, dans les autres espèces les deux valves, droite et gauche, sont à quelques détails près symétriques. La latéralité droite dans ces espèces est donc probablement fortuite. L'absence de toute marque probante d'usure laisse supposer que ces coquilles ont été peu roulées en mer et peu employées avant leur dépôt dans les tombes. Une fois prélevées, soit par pêche, soit par ramassage sur une plage où elles n'ont pas traîné, elles ont été respectées. Ces dépôts sont probablement faits, non pour la qualité alimentaire du mollusque, mais pour la valeur culturelle de la valve en tant qu'objet utilitaire, décoratif, ou précieux. Cette dernière qualité expliquerait la grande rareté de ces pièces.
3.5.4 Conclusion
404Les coquillages découverts dans les tombes de la nécropole du Causse sont des valves dépareillées de Mollusques Bivalves et non des animaux entiers. La coquille Saint-Jacques méditerranéenne et l'amande de mer, par leur habitat principalement méditerranéen, mettent en évidence une circulation entre la région castraise et les rivages languedociens et roussillonnais, ceux-ci étant les plus probables car les plus proches. L'absence de traces d'usure suggère un emploi par l'homme qui n'entraîne pas de frottements à l'inverse d'un outil ou d'un pendentif non protégé. Elle suggère aussi qu'auparavant l'homme a cueilli par pêche ou sur les grèves, soit des animaux entiers, vivants ou non, dont il a divisé ensuite les coquilles, soit des valves dépareillées demeurées intactes après la mort de l'animal. C'est donc à un usage décoratif non destructeur, peut-être connoté de prestige, que nous attribuons ces vestiges conchyliologiques, notamment pour les belles valves de coquilles Saint-Jacques dont la force symbolique s'est maintenue jusqu'à nos jours.
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