Extrait d’une lettre à Thomas Mann au sujet de La femme trompée

118 janvier 1954

2Je souhaite aujourd’hui vous dire toute ma gratitude et mon admiration pour votre parabole scandaleuse. Que de choses insoupçonnées n’avez-vous arrachées une fois de plus au thème de l’intrication d’Éros et de la mort ; à quel accomplissement, concret et imagé, n’êtes-vous parvenu. Toujours transparaît de façon souveraine la nature de parabole de l’ensemble, sans chercher à atteindre ce que l’on appelle, parmi les esthéticiens allemands, la symbolique et qui conduit la plupart du temps à voiler la parabole, l’excédent de la pensée par rapport à la matière, qu’il est impossible aujourd’hui d’éviter. On ne saurait trop vous louer si l’on considère les subtilités et les expériences condensées que vous avez introduites dans ce texte, comme par exemple la cassure caractérisant le seul rapport à la nature qui nous reste ouvert (« quand les routes devinrent poétiques »), ou bien encore l’attention avec laquelle vous avez introduit une petite allégorie dans la grande,