Introduction
Du chômage au temps partiel
p. 11-26
Texte intégral
1Face à une agence de Pôle emploi des Yvelines, trois conseillers s’accordent un bain de soleil pendant la pause midi. Sandwiches à la main, ils se serrent sur leur banc en me voyant sortir de la boulangerie voisine, afin de m’inviter à les rejoindre. Tous les trois tirent le portrait des « DE » – demandeurs d’emploi – reçus au cours de la matinée. Charlotte décrit le dernier accueilli avant le déjeuner, « un type alcoolique [qui] tente de se soigner, mais son gosse est mort dans un accident de scooter. Tu ne peux pas le secouer en lui disant que le boulot c’est le truc le plus important du monde, alors j’essaie de lui proposer des formations ». Jonas rebondit alors : « En même temps, s’il reste à tourner en rond… le temps partiel ça ne l’intéresse pas ? ». « Non, je ne crois pas…, reprend Charlotte, de toute façon soit il peut bosser, soit il ne le peut pas ». « C’est pas si tranché, conteste alors Samantha, tu as des gens qui peuvent travailler un peu, moyennement ou beaucoup ». Avec une grimace de doute, Charlotte rétorque qu’« il peut sans doute travailler un peu, mais j’ai pas envie de le brusquer ». Samantha insiste : « même si c’est pour son bien ? », mais son interlocutrice clôt la discussion : « Dans sa situation, ce ne serait pas pour son bien ».
2Cinquante kilomètres plus loin, dans une agence de Pôle emploi de Seine-Saint-Denis, la plupart des conseillers se retrouvent à la même heure dans une vaste salle à manger. La pause est soulignée par l’abandon des badges Pôle emploi, déposés à l’entrée dans une bannette de rangement. Aux extrémités de la salle, les fours à micro-ondes grondent tellement fort qu’ils obligent à lever la voix. Mehdi1 m’adresse un clin d’œil que je saisis comme une invitation à rallier sa table. Il agrippe mon carnet et mime un départ au pas de course, ce qui suscite l’hilarité générale. « Il y a de quoi licencier tout le monde avec ce carnet », s’esclaffe Marjorie à ma droite, avant de se tourner vers le directeur d’agence en lui proposant un rendez-vous pour sa « future reconversion obligatoire ». Une fois les blagues épuisées, Umara évoque sa matinée de travail, insistant sur « un monsieur qui vient, il me dit je veux travailler en CDI, temps plein, alors qu’il n’a rien foutu avant, enfin il ne peut rien me montrer comme preuve ». Mehdi soupire d’un air agacé, avant de l’interroger sur le débouché de l’entretien. « Eh bien, j’ai respecté ce qu’il disait, répond Umara, j’ai proposé un emploi en CDI, 39 heures semaine, mais d’assistant maternel ! Tu aurais vu sa tête… Du coup il a retiré ses exigences et il est ouvert à tout désormais. En échange, j’ai bien gardé les métiers qu’il prétendait connaître ». Marjorie souligne qu’elle aurait demandé la même chose à sa place, en cas d’inscription comme chômeuse. Umara bougonne une réponse inintelligible, ce qui offre l’opportunité à Mehdi de changer de sujet, au profit des soldes dans le magasin de bricolage attenant.
3En poussant encore plus loin à l’est, après 4 heures en voiture, nous passons la frontière allemande et arrivons devant un office du travail sarrois. Là, les conseillers se retrouvent à midi dans la cantine du rez-de-chaussée, ouverte à tout le monde – on y croise parfois des touristes perdus ou affamés. La conseillère que j’accompagne depuis la veille passe discrètement l’ensemble de mon plateau sur son propre badge pour m’octroyer le prix réduit, en hochant la tête d’un air complice. Je rejoins deux de ses collègues qui travaillent au même étage qu’elle. Claudia paraît joyeuse, tandis qu’Heike semble affligée. Elles s’expliquent à tour de rôle : « J’ai trouvé la perle rare, un boulot à plein temps pour une petite dame qui n’a pas d’expérience dans son secteur, payé au-dessus du salaire minimum », se réjouit Claudia. « De mon côté, j’ai un monsieur qui cherche vraiment, souffle Heike, il fait des efforts, je le vois, mais bon il n’est jamais pris nulle part, personne ne veut un vendeur de plus de 55 ans… je vais lui adresser des offres à temps partiel par courriel, mais je crains de le braquer, il ne veut pas en entendre parler ».
4Ces fragments de discussion illustrent la diversité des recommandations qu’adressent les conseillers du service public d’emploi aux personnes reçues, lorsqu’ils discutent le nombre d’heures d’emploi hebdomadaire souhaitable. Certains invitent à adopter le temps partiel de manière récurrente, tandis que d’autres plaident pour s’en départir. Une partie des agents l’utilise comme un instrument de menace, tandis qu’une autre l’associe à une aide destinée aux publics en difficulté. En dehors de ces oppositions, une proportion conséquente n’exprime aucun avis et lit à voix haute les annonces, sans commentaire.
5Ainsi, le temps partiel contemporain se joue également au sein du service public d’emploi, lorsque des agents diminuent les aspirations horaires des chômeurs reçus. Dans ce travail d’enquête, issu d’une thèse de sociologie, j’explore les raisons de telles interactions. J’identifie un processus intrigant : la production bureaucratique de l’emploi à temps partiel, lors d’entretiens en face-à-face. Pour une large part, les chômeurs auxquels on propose ou impose un emploi à temps partiel n’en sont pas demandeurs. Ils sont invités, convaincus ou enjoints de l’accepter. Mais si ce phénomène est intrigant, c’est que la plupart des conseillers ne sont pas non plus enthousiastes vis-à-vis du temps partiel. Ils s’y résignent plutôt, faute de mieux, pour faire face aux contradictions de leur travail – en ce sens, l’organisation et le positionnement du service public d’emploi peuvent aussi bien juguler la progression du salariat à temps partiel que l’entretenir, à l’instar du sursaut enregistré dans les années 2010, en Allemagne comme en France (figure 1).
Figure 1 – Évolution du nombre d’emplois à temps partiel en Allemagne et en France de 2000 à 2019.

Source : Eurostat (lfsa_epgaed), 15-64 ans.
La production administrative du sous-emploi
6La durée des journées de travail représente un enjeu crucial dans les entreprises capitalistes. Elle traverse la plupart des conflits entre capital et travail depuis la révolution industrielle. Or, ces luttes ne demeurent pas étrangères au service public d’emploi. Pris entre les vœux patronaux et les souhaits des publics, qui sont parfois incompatibles, les conseillers se retrouvent en position d’arbitrage. Ils tentent de mettre en adéquation les heures d’emploi offertes et demandées. Mais la configuration du service public d’emploi les place en situation de force pour renégocier les aspirations des chômeurs plutôt que celles des employeurs. Analyser le travail d’intermédiation expose ainsi les racines administratives du temps partiel et permet de porter la sociologie de l’emploi au niveau des guichets de l’État social (Decouflé et Maruani 1986).
Concordance des temps : les luttes temporelles dans le capitalisme
7Depuis sa massification et sa légitimation au xviiie siècle (Castel 1995), le salariat repose sur un découpage des journées en heures uniformes, qui mesurent la dépense humaine et la rétribution due. Elles remplacent les temporalités laborieuses du Moyen Âge, fondées sur la lumière du jour, les rites religieux et les exigences seigneuriales (Le Goff 1977). Désormais, au sein des manufactures, des usines et des offices, une horloge murale scande le début et la fin des efforts (Thompson 1979). Cette formalisation mécanisée éclate « le temps » en trois temporalités : durées, horaires et rythmes, identiques quelle que soit l’activité accomplie (Bihr 2007 ; Grossin 1996). Ce souci temporel n’est pas propre aux conflits du travail, mais anime l’ensemble des activités d’accumulation capitaliste et de gestion administrative. Lorsque les attentes temporelles des capitalistes se disjoignent entre elles et vis-à-vis des temporalités du travail, le temps de la production et celui de la circulation éclatent, plongeant le schéma général de reproduction capitaliste en « crise » (Tombazos 1994).
8Soucieux de prévenir une telle crise, de nombreux acteurs interviennent pour réguler les temporalités des emplois. Dès le xixe siècle, les religieux, les militaires, les médecins ou les réformateurs sociaux prennent position en faveur d’une législation en la matière (Fridenson et Reynaud 2004). Ce n’est qu’à la fin du siècle, cependant, que le temps d’emploi à l’intérieur des établissements passe sous la surveillance de bureaucraties publiques, comme l’inspection du travail française ou la Fabrikinspektion allemande, tandis que des intermédiaires publics organisent et accompagnent les recrutements en dehors des établissements (Larquier 2000 ; Grossin 1990 ; Karl 1993). Dès lors, une partie du temps d’emploi des salariés circule entre les mains de personnels administratifs.
9Cette régulation publique, jointe à une législation progressiste, à des négociations professionnelles et à des conflits industriels, a largement réduit le temps d’emploi des salariés européens au cours du xxe siècle, selon un rythme irrégulier. Là où les salariés travaillaient 10 heures par jour en 1950, ils n’en effectuent plus que 6 en Allemagne et 7 en France (Bouvier et Diallo 2010). Il s’agit toutefois d’une moyenne, autour de laquelle gravitent des situations hétérogènes : la revendication historique d’une réduction du temps d’emploi ne s’est pas appliquée uniformément en suivant la durée légale ou normale. Elle a été générale mais inégale, puisqu’une minorité de salariés travaille bien moins que la norme, à temps partiel. Certains d’entre eux sont même en « sous-emploi ». S’ils occupent un poste, ils désirent accroître le nombre d’heures figurant sur leur contrat. En 2018, à titre d’illustration, face aux enquêteurs de la statistique publique, 1,1 million de salariés en Allemagne et 1,9 million en France exprimaient le vœu d’augmenter leur nombre d’heures travaillées2. Le sous-emploi concerne un nombre conséquent de personnes.
10Cela étant, le sous-emploi statistique repose sur la notion de volontariat : il ne concerne que les personnes qui déclarent explicitement vouloir augmenter leur nombre d’heures passées en emploi. Cette définition pose de redoutables problèmes, surtout dans le service public d’emploi, où toute mise en relation entre une offre et une personne implique le consentement formel de cette dernière – la reprise d’un emploi à temps partiel, par exemple, est donc forcément « volontaire ». L’observation des échanges qui ont cours dans les agences allemandes et françaises pour l’emploi invite pourtant à se pencher sur la construction d’un tel consentement.
Comment l’emploi est amené aux chômeurs
11La sociologie de la recherche d’emploi étudie en général l’accès des chômeurs à un emploi. Elle analyse les épreuves associées à chaque recrutement, pour montrer que certaines personnes disposent de plus d’opportunités que d’autres (Marchal et Eymard-Duvernay 1997). Souvent, ces opportunités dépendent du capital social accumulé, c’est-à-dire de l’ampleur et de la densité des réseaux que l’on peut activer, pour accéder à des individus éloignés de sa propre situation (des « liens faibles »), car ces derniers détiennent des informations (ouverture d’un poste, recherche de candidats…) nouvelles et originales, qui ne sont pas redondantes avec celles des proches (Granovetter 1974).
12J’adopte ici une démarche inverse. Au lieu de souligner comment des personnes atteignent un emploi, je retrace comment un emploi (inadapté) accède à une personne (qui ne le demande pas), à partir du cas des offres à temps partiel. Dans le service public d’emploi, plusieurs contraintes enserrent en effet le temps d’emploi recherché par les chômeurs. Une partie d’entre elles est produite par les conseillers. D’autres se rapportent aux logiciels d’appariement. Ces deux logiques convergent vers une diminution régulière des souhaits horaires exprimés lors des entretiens. L’étude des entretiens entre chômeurs et conseillers, en Allemagne et en France, à Pôle emploi, en Jobcenter et en Arbeitsagentur (agences pour l’emploi), montre comment les « politiques d’activation » sont délivrées dans chaque contexte, et ce qu’elles signifient concrètement pour les populations concernées (Brodkin et Marston 2013).
13Elles demeurent en effet toutes tributaires d’une régulation locale (Reynaud 2003). Agence par agence, les conseillers combinent les barèmes nationaux d’indemnisation, complètent les profils de recherche d’emploi et s’approprient les règles institutionnelles, croisant de ce fait les niveaux national, institutionnel et territorial. Loin d’éprouver une sympathie foudroyante pour l’emploi à temps partiel, les conseillers le mobilisent plutôt comme un outil professionnel, propre à débloquer certaines situations.
Un rationnement sans concepteur
14Le rationnement du temps d’emploi des chômeurs n’est donc pas ordonné par la hiérarchie ou prescrit par la loi. Il repose sur les logiques pratiques des conseillers, lorsqu’ils mettent en œuvre les politiques d’activation. Ce faisant, ils se révèlent de véritables inventeurs politiques, à l’origine d’une action publique sur le temps d’emploi des chômeurs.
15Comme de nombreux agents administratifs, les conseillers à l’emploi détiennent une marge de manœuvre pour délivrer la politique publique (Lipsky 2010) : tous les cas de figure ne sont pas prévus par les protocoles, les besoins des usagers ne sont pas standardisés, et les textes réglementaires délèguent certaines appréciations aux agents de première ligne. Cette marge de manœuvre permet de délivrer des services ou des recommandations différenciés selon les interlocuteurs impliqués et leurs dispositions sociales (Siblot 2005).
16Or, le pouvoir discrétionnaire des agents repose sur des outils, comme les postes informatiques ou les barèmes financiers de l’assurance-chômage. Cependant, eux-mêmes ont connu des glissements historiques, soit sous la forme d’une « dérive » lorsque l’environnement extérieur qui leur donnait tout leur sens change, soit sous la forme d’une « sédimentation » lorsque s’empilent les nouveaux éléments3 (Thelen et Mahoney 2009). Cela engendre des hésitations fortes du côté des conseillers, qui doutent de la signification des dispositifs et les utilisent en fonction des droits et des passe-droits qu’ils accordent (Bourdieu 1990).
17Loin de représenter un problème pour la hiérarchie, le renforcement du pouvoir discrétionnaire des conseillers est un objectif assumé, qui occupe une place maîtresse dans la rhétorique incontournable de « l’adaptation du service aux usagers » (Warin 1997). Il a aussi – voire surtout – pour conséquence de concentrer les controverses ou les protestations sur les agents de première ligne, ainsi que de renforcer la coercition à l’égard des publics traités, sans l’avouer (Dubois 2012).
18Mais au-delà du pouvoir discrétionnaire, qui permet à certains conseillers de privilégier les annonces à temps partiel plutôt qu’à temps plein, l’enquête met au jour une « ruse de la mise en œuvre » (Dubois 2010), c’est-à-dire la production systémique d’une politique par les agents de première ligne, qui trouve son origine dans les tensions quotidiennes du métier et coïncide avec les intérêts sociaux de certains groupes. La diffusion des offres à temps partiel illustre cette démarche, où le flou laissé « d’en haut » aux agents « du bas » produit un renforcement de la contrainte sur les chômeurs, de façon cohérente avec le reste de l’action publique en ce domaine. Nul n’a publiquement défendu de politique de promotion de l’emploi à temps partiel et de diminution corrélative de la durée hebdomadaire des emplois recherchés par les chômeurs, mais elle se donne à voir presque partout.
Comprendre l’emploi depuis le chômage
19Cette production administrative du temps partiel éclaire les dynamiques générales du marché de l’emploi. Elle témoigne de deux inflexions contemporaines majeures : la bureaucratisation de l’armée de réserve et l’individualisation des trajectoires professionnelles. Elles accompagnent et renforcent la propagation du temps partiel.
Bureaucratisation de l’armée de réserve
20Le premier enjeu de l’étude concerne l’encadrement public de « l’armée de réserve », c’est-à-dire les individus inoccupés sur le marché de l’emploi, excédentaires vis-à-vis des besoins de la production. Leur nombre atteint au début des années 2020 un record historique, même avant la crise du covid-19, ce qui témoigne du retrait de la puissance publique en matière d’embauches directes, sous la forme d’ateliers nationaux (Sewell 1980), de planification centralisée (Niethammer, von Plato et Wierling 1991) ou de services du travail (Patel 2003). Notre enquête formule l’hypothèse d’une bureaucratisation de l’armée de réserve : les va-et-vient sur le marché de l’emploi sont subordonnés à des échanges administratifs, qui ne suivent pas forcément la même logique que celle des employeurs.
21Si « la formation d’une couche permanente et croissante de chômeurs était inconnue de toutes les formes antérieures de société » (Luxemburg 1975, p. 724), c’est que la production capitaliste ne se déploie pleinement qu’appuyée sur une armée de réserve. Les mouvements de cette dernière modèlent le travail des conseillers en agence. En effet, le nombre de chômeurs disponibles excède les besoins moyens des employeurs, condition nécessaire à l’absorption des périodes de décollage économique, qui requièrent une multiplication importante des heures de travail en peu de temps (Marx 1993). Le service public d’emploi dirige alors la main-d’œuvre vers les secteurs les plus dynamiques. L’envers de ce processus est la permanence de la pénurie dans la plupart des branches : le nombre d’inoccupés demeure supérieur au nombre d’offres, et les conseillers se résignent à ne plus seulement travailler avec, mais aussi sur les chômeurs (Lima 2013), en rediscutant leurs aspirations pour les adapter aux rares offres disponibles.
22En parallèle, la dégradation des vœux d’emploi joue un rôle essentiel, assurant une discipline salariale en amont même de l’entretien d’embauche. Cette discipline, à son tour, facilite les périodes d’expansion en fournissant une force de travail peu chère ou malléable, dont les exigences augmentent au fur et à mesure du cycle économique, avant de fondre au prochain retournement, lorsque le nombre de chômeurs explose et que les conseillers se résolvent à demander une révision à la baisse de leurs exigences.
23Les fonctions de l’armée de réserve sont ainsi incorporées aux pratiques professionnelles des conseillers et pérennisées par elles : nous assistons à sa bureaucratisation. L’importance du face-à-face lors de l’entretien de recrutement est concurrencée par celle du face-à-face administratif, où l’on discute le type d’offre visé, les annonces acceptables et les pratiques de recherche d’emploi – en bref, la direction prise par la main-d’œuvre et ses conditions d’embauche. Le capital n’a plus l’exclusivité de « créer le matériau humain constamment prêt et exploitable » (Marx 1993, p. 708), mais la partage avec des conseillers à l’emploi. Tous les chômeurs ne font toutefois pas partie de l’armée de réserve (et réciproquement)4. Parmi eux, un certain nombre est laissé libre de ses choix par les conseillers et ne reçoit de suggestions d’emploi que ponctuellement ; les agents ne dirigent qu’une fraction des chômeurs vers l’armée de réserve, les poussant à occuper des postes vacants et à modérer leurs aspirations.
24Cette enquête investigue donc la construction de l’armée de réserve par l’action publique. En ce sens, elle se situe à l’interface de deux types de travaux antérieurs. Le premier, représenté par l’étude d’Henri Coing (1982) sur la stratification patronale de la force de travail urbaine, se penche sur les catégorisations patronales. J’effectue un pas de côté pour m’intéresser ici aux catégorisations publiques qui coïncident ou, au contraire, rompent avec elles. Le second type de recherche, symbolisé par l’analyse de Thomas Holloway (1978) à propos de l’importation de travailleurs dans les plantations de café du plateau occidental de São Paulo, analyse des programmes d’action publique voués à discipliner les salariés. Or, dans mon enquête, aucun des agents ne souhaite explicitement contribuer à ce processus ni ne reçoit de consigne en ce sens : seule la logique des situations et l’organisation du travail les y conduisent.
Individualisation des trajectoires professionnelles
25Le second enjeu de l’étude concerne le lien entre statut d’emploi et caractéristiques personnelles. On formulera à cet égard l’hypothèse d’un gouvernement individualisé de la reprise d’emploi. Dans ce cadre, les compétences administratives et la biographie personnelle prennent une importance décisive dans les échanges face à face avec les conseillers, eux-mêmes essentiels pour accéder à l’emploi en période de pénurie ou obtenir validation de la démarche de recherche d’emploi.
26Si le niveau du chômage demeure tributaire du volume général des offres en circulation (Salais 1980), les interactions méritent d’être analysées, car convaincre sa conseillère devient un enjeu primordial pour obtenir un emploi de qualité. C’est une chose aisée avec Nassima, qui souhaite « protéger les chômeurs des patrons véreux », plus ardue auprès d’Umara, qui ne jure que par « remettre les gens au travail ».
27Le rôle des conseillers est d’autant plus important qu’ils sont pris dans une tension entre deux objectifs. D’un côté, lorsqu’ils essaient avec détermination de mettre les individus en relation avec des offres, ils assurent la pérennité de la protection et de l’intégration sociales, toutes deux fondées sur l’emploi dans notre « société laborieuse5 » (Opielka 2003, p. 86). De l’autre, ils fournissent aux employeurs une main-d’œuvre à des conditions peu négociables (Sowa, Reims et Theuer 2015). Écartelés entre les intérêts des employeurs et ceux des chômeurs lorsqu’ils ne coïncident pas, les conseillers arrachent des compromis des premiers (rarement) et des seconds (surtout), et assurent par là l’existence d’un marché de l’emploi. Ce rôle tampon investit les conseillers d’une double mission d’arbitrage, consistant à placer le curseur entre marchandisation ou démarchandisation – quel type d’emploi est acceptable (Polanyi 1983) ? – et entre hausse ou baisse du taux d’exploitation – quelle rémunération du travail (Marx 1993) ? Une partie conséquente de ces tensions est réglée en face-à-face, selon les dispositions des deux interlocuteurs, plutôt que de découler de croyances préétablies ou d’un protocole appliqué uniformément (Berkel, Kupka et Flemming 2017). En Allemagne comme en France, l’expérience du chômage est de moins en moins collective, c’est-à-dire fondée sur des statuts homogènes, et de plus en plus individuelle, c’est-à-dire basée sur des négociations au cas par cas.
Méthode d’enquête
28Afin de mettre au jour le rationnement de l’emploi par l’intermédiation publique, j’ai mené l’enquête dans certains endroits singuliers. Leurs spécificités importent pour situer l’argument et sa portée, sans abdiquer l’ambition d’avancer un propos général sur l’emploi et le chômage, ainsi que l’action publique et sa numérisation.
Une démarche ethnographique
29Mon enquête ethnographique a duré 6 mois en France, un peu plus de 2 mois en Allemagne, en immersion dans des agences pour l’emploi. Deux sont localisées en France, dans le département des Yvelines pour l’une, dans celui de Seine-Saint-Denis pour l’autre. Les sites allemands sont administrativement distincts mais réunis au sein d’un même édifice partagé en deux ailes, dans une ville de Sarre.
30Considérant le guichet de l’État social comme un « poste d’observation des rapports sociaux » (Siblot 2006, p. 18), j’ai pu y étudier l’élaboration d’identités administratives, et leur conversion en statut d’emploi, pour montrer ce que le temps partiel doit à ces espaces de négociation. En immersion, j’ai suivi des conseillers dans leurs activités quotidiennes, souvent considéré comme un stagiaire par le public rencontré, voire traité comme tel par les conseillers qui me sollicitaient pour de l’aide ponctuelle (traduction, photocopies…), ou les publics qui me demandaient de l’aide afin de remplir des dossiers. Si je comptais initialement regarder l’administration, je me suis rapidement retrouvé à travailler activement, transformant l’observation non participante en démarche ethnographique (Angrosino 2007).
31Muni d’un badge, je siégeais la plupart du temps aux côtés des conseillers suivis pendant leurs échanges avec le public, soit un pas derrière eux au niveau du guichet, soit assis à l’extrémité de la table en entretien. Dans ce cadre, j’ai assisté à un peu plus d’un millier de courtes discussions au guichet d’accueil ou en zone d’entrée6, ainsi qu’à 309 entretiens en face-à-face entre les conseillers et des personnes convoquées. N’ayant pas la possibilité d’enregistrer pour garantir l’anonymat des demandeurs d’emploi, j’ai rempli sept carnets de notes, retranscrivant scrupuleusement les propos tenus dans la langue originale, de même que les mimiques ou les émotions. Dès la deuxième semaine dans chaque agence, la compréhension du déroulé ordinaire et la familiarisation avec le vocabulaire administratif ont permis de stabiliser une grille d’observation. Celle-ci était construite autour de trois types d’informations, que je souhaitais renseigner pour chaque interaction. Le premier concernait les controverses, c’est-à-dire les questions qui ne sont pas résolues de façon unanime et immédiate entre les deux interlocuteurs. Je recensais de cette manière les sujets polémiques ou susceptibles d’interprétations divergentes. Le deuxième se focalisait sur la description de l’emploi souhaité. Elle mêlait les échanges verbaux et les saisies informatiques visibles sur l’écran d’ordinateur. Le troisième s’attachait aux dispositions sociales des interlocuteurs, c’est-à-dire leur façon de parler, d’occuper l’espace, de se vêtir, ainsi que les données objectivées fournies par les formulaires papier ou les profils numériques d’inscription.
32À mon arrivée sur un terrain, les directeurs d’agence désignaient mes rendez-vous en sélectionnant des conseillers à suivre. Mais ce fléchage a partout pris fin, assez rapidement, dès lors que plusieurs conseillers rivalisaient pour me montrer les difficultés du métier et que la fréquence des absences en rendez-vous me renvoyait à l’observation imprévue du bureau voisin. Ces sollicitations et ces impondérables ont réduit le nombre d’observations prévues mais, en échange, ont permis d’accompagner plus d’agents différents : 16 conseillers de l’agence de Pôle emploi de Seine-Saint-Denis, 13 de celle des Yvelines, 16 de l’Arbeitsagentur et 13 du Jobcenter.
33L’avantage d’une démarche ethnographique consiste à obtenir des informations autrement inaccessibles : l’opinion des personnes « à chaud », leur expérience quotidienne, les actions auxquelles elles ne prêtent pas attention ou qu’elles accomplissent automatiquement, mais aussi leurs conditions de travail concrètes (Belorgey 2012). Enrôlé dans le jeu, j’ai éprouvé moi-même successivement colère, empathie ou frustration. Amorale, l’ethnographie explique le comportement de certains groupes sociaux, en soulignant les épreuves qui le traversent et le structurent (Katz 2012), loin des mots d’ordre qui dominent l’organisation (Hays 2002). Lorsqu’elle est menée de façon critique, elle confronte les catégories préétablies d’entendement d’une situation ou les mots d’ordre professionnels aux pratiques réelles des acteurs qui la construisent (Dubois 2012). La comparaison internationale favorise cette rupture, car elle implique de reformuler les analyses en contexte, dans des termes transposables, qui ont du sens d’un pays à l’autre (Demazière et al. 2013). Toutefois, la démarche s’est limitée aux professionnels des agences : je n’ai pas suivi des chômeurs au quotidien, à la fois pour ne pas dépasser la durée d’enquête prévue, mais aussi en raison des garanties d’anonymat accordées durant l’observation, interdisant de retrouver les personnes.
34Comme toute démarche de recherche, l’ethnographie implique des prérequis. Il s’agit d’un mode d’enquête exigeant, en termes de contacts (pour ouvrir un accès acceptable pour les enquêtés), de temps (hors enseignement, pour s’immerger et partager le quotidien des enquêtés) et d’argent (pour assurer les déplacements et l’installation provisoire à proximité des agences allemandes). En France, Didier Demazière, directeur de ma thèse et membre du conseil scientifique de Pôle emploi, m’a présenté aux interlocuteurs de la direction scientifique, avec lesquels nous avons négocié un protocole d’enquête. Après sa validation, nous avons rencontré les équipes de direction des 2 agences locales pour expliquer l’enjeu de la recherche et avons démarré une semaine plus tard les observations. Je me rendais 2 ou 3 jours par semaine en agence pour mener l’enquête.
35Les contraintes étaient supérieures du côté allemand. Pour procéder à ce volet, je me suis directement adressé à l’IAB (Institut für Arbeitsmarkt- und Berufsforschung, centre de recherche de l’Agence fédérale allemande du travail) en utilisant le formulaire de contact de leur site Internet. Ma proposition est arrivée par des voies inconnues à un chercheur, Peter Kupka, qui a discuté avec moi d’un affinage du projet, puis l’a transmis pour consultation à la direction centrale de Nuremberg. L’intérêt suscité a conduit à un envoi du protocole d’enquête aux différentes directions régionales, avec l’approbation rapide de celle de Rhénanie-Palatinat – Sarre. J’ai rencontré la direction locale afin de préciser la démarche et, 4 semaines plus tard, démarré l’immersion.
36La sortie du terrain n’est pas un acte moins déterminant que son entrée. Ici, j’ai pu présenter les résultats de la recherche à la plupart des conseillers à l’emploi qui m’avaient accueilli du côté français, et à un nombre bien plus réduit du côté allemand lors d’un retour ultérieur, le temps de travailler sur le matériau. Les conclusions principales ont été ramassées sous la forme d’une note de 5 pages, adressée en français et en allemand aux interlocuteurs scientifiques des services publics d’emploi, ce qui m’a valu une invitation expresse au séminaire de l’IAB.
37Cette immersion n’allait pas sans interrogations sur ma place. Certes, à l’occasion, des conseillers ont souligné qu’ils ajustaient leurs propos à ma présence. Mais la concentration de la démarche initiale d’enquête sur les choix des chômeurs a largement réduit ce souci de leur côté, vu qu’ils ne se pensaient pas les sujets premiers de l’analyse (et moi non plus). En outre, à de nombreuses reprises, les conseillers ont explicitement souligné tenir des propos « off », à « ne pas répéter » ou « borderline », d’où mon intuition d’une influence réduite de l’observateur vis-à-vis de l’objet d’enquête. Une poignée continue de garder un contact avec moi, surtout du côté français, se signale lorsqu’ils lisent mon nom au bas d’une publication.
38Cependant, les situations de prise à partie, d’admonestations ou de suppliques au milieu desquelles nous nous sommes retrouvés se révèlent analytiquement fructueuses. Elles ont permis de partager certaines facettes du « travail émotionnel » (Hochschild 2012) que livrent les conseillers au quotidien et de distinguer leurs différentes manières de le gérer. Le soir, avant la fermeture, j’ai pu partager la tentation de radier des individus qui me paraissaient pénibles, avant de regretter ce sentiment, puis de mettre cette réflexivité au service de l’enquête. Inversement, j’ai pu être choqué par les actions de certains agents, notamment des pratiques qui me paraissaient abusives et que j’ai pu (discrètement) contester, en partageant avec les chômeurs concernés, qui patientaient dans un coin de la salle, les articles du Code du travail pertinents pour rétablir leurs droits.
39Parmi les 58 agents suivis, 41 ont accepté une demande postérieure d’entretien. J’ai volontairement placé les entretiens après les observations, afin de disposer d’exemples concrets pour relancer les conseillers, et confronter ce qu’ils revendiquent d’avoir fait avec le contenu de mes notes. J’ai donc conçu les entretiens comme un moyen de mieux comprendre les observations. Certains conseillers ont accepté d’y consacrer plusieurs heures, à l’extérieur ou à leur domicile, tandis que d’autres ont préféré l’accomplir sur leur lieu de travail (tard le soir ou en arrivant tôt le matin), de façon plus expéditive. La grille d’entretien liait quatre thématiques essentielles, généralement abordées dans l’ordre suivant : le parcours du conseiller, au niveau scolaire, professionnel comme personnel, une donnée qui me manquait totalement après les observations ; une description du travail quotidien, afin de comparer les hiérarchies symboliques des gestes professionnels mentionnés dans le discours avec l’activité concrète, et leur variation entre les agents ; la manière dont ils perçoivent l’évolution de l’institution depuis qu’ils y travaillent ; le jugement porté sur les offres en circulation et leur qualité. Quelques informations plus générales sur les trajectoires sociales des conseillers, y compris ceux que je n’avais pas suivis, ainsi que leur temps d’emploi, leur contrat ou leur ancienneté ont pu être récoltées via le passage de questionnaires, auxquels 120 professionnels ont répondu, soit la moitié des agents.
40Si les sites analysés présentent des spécificités, le volume des enquêtes sociologiques menées sur Pôle emploi en France7, d’une part, et l’Agence fédérale allemande du travail8, d’autre part, permet de vérifier la concordance entre nos observations et celles qui les précèdent. « Testées, retestées et testées à nouveau », les enquêtes ethnographiques fournissent un savoir collectif particulièrement réaliste, robuste et cumulatif (Van Maanen 1979). Les logiques sociales identifiées ici ne sont pas propres à nos terrains et sont, dès lors, mutatis mutandis, transposables à d’autres agences, y compris dans d’autres pays que les deux retenus. On peut même faire l’hypothèse que des intermédiaires privés, ou d’autres institutions d’intermédiation publiques, partagent des configurations communes susceptibles de produire les mêmes effets sociaux.
Un élargissement sociohistorique et quantitatif
41Je me suis aussi attaché à replacer les observations dans l’histoire de l’administration et dans leur environnement marchand actuel. Pour cela, j’ai fréquenté cinq centres d’archives, photographiant les documents pertinents. Aux Archives nationales françaises, j’ai consulté les fiches individuelles des chômeurs secourus du département de la Seine (1930-1947). Aux archives voisines de la commune d’Aubervilliers, j’ai pris connaissance des échanges de courriers entre la mairie et l’Office régional de la main-d’œuvre de l’entre-deux-guerres, ainsi que des cartes individuelles d’inscription au fonds de chômage. Aux archives municipales d’Aulnay-sous-Bois, j’ai étudié les listes communales d’émargement des chômeurs et les comptes rendus du conseil municipal (1918-1953). En Allemagne, je me suis d’abord rendu à la Bundesarchiv de Berlin, qui comprend les archives centrales de l’ancien Office du Reich pour le placement et l’indemnisation (1927-1933). D’autres archives sont quant à elles dématérialisées, à l’instar des débats parlementaires allemands sous la République de Weimar (Verhandlungen des Reichstages, 1867-1942) ou postérieurs (protocoles de séance, propositions de lois, questions écrites et rapports de commission du Bundestag), de façon similaire au Sénat et à l’Assemblée nationale française.
42Dans un souci d’objectiver la morphologie effective du marché de l’emploi tel qu’il se présente aux chômeurs et aux conseillers par les instruments d’intermédiation, j’ai également compilé un ensemble d’offres d’emploi, situées dans un rayon de 10 km autour de la commune où est stationnée chaque agence9. Pour cela, à différents moments de l’année 2019 – pour éviter tout effet saisonnier –, j’ai compilé 1 350 offres d’emploi intermédiées par l’agence de Seine-Saint-Denis, 800 par l’agence des Yvelines, et 900 par l’agence de Sarrebruck10, collectées depuis moins de 3 jours. J’ai scrupuleusement noté l’ensemble des informations codées sur chaque offre : durée hebdomadaire, secteur, contrat, rythme, couverture sociale et provenance sur le logiciel VerBis d’intermédiation des offres dans l’Agence fédérale allemande du travail, et durée hebdomadaire, secteur, contrat, salaire, expérience, qualification et provenance sur le logiciel SDR (Système de rapprochement) d’intermédiation des offres à Pôle emploi. À partir de ces bases de données, j’ai pu montrer les corrélations entre le temps partiel et d’autres propriétés d’emploi.
Plan de l’ouvrage
43Une fois clarifiées la problématique et la méthode, nous pouvons pénétrer les agences d’intermédiation pour observer le rationnement du temps d’emploi de certains chômeurs.
44Au premier chapitre, nous présentons l’élargissement du statut des chômeurs, pour englober des individus qui exercent une activité salariée. En effet, à partir des années 1920 en Allemagne, puis des années 1960 en France, les chômeurs sont autorisés à cumuler un emploi occasionnel (de quelques jours ou quelques heures) et leur allocation. Or, à son apparition ultérieure, l’emploi à temps partiel coïncide avec un tel dispositif et devient immédiatement accessible aux chômeurs sans perte financière.
45Dès lors, les conditions sont fixées pour que les conseillers négocient à la baisse les durées hebdomadaires d’emploi demandées par les chômeurs, puisqu’un rabotage ne les prive plus de leurs allocations. Mais, le chapitre II souligne que le dispositif financier élaboré à cette fin est largement ignoré des chômeurs et n’est mobilisé que ponctuellement, dans certaines situations, par les conseillers.
46Cependant, s’ils délaissent le dispositif prévu en ce sens, les conseillers ont leurs propres raisons de promouvoir l’emploi à temps partiel et d’inviter les chômeurs à réduire le nombre d’heures d’emploi recherché. Le troisième chapitre détaille les croyances personnelles ou les tensions professionnelles qui peuvent les motiver à associer certains publics avec le temps partiel. Elles sont très inégalement réparties entre agences, en fonction des parcours des conseillers, de leur lecture du marché de l’emploi, des difficultés qu’ils prêtent aux usagers et des régimes de sanction en vigueur.
47Le pouvoir discrétionnaire des conseillers est néanmoins limité par les logiciels d’appariement installés sur les postes informatiques des agences pour l’emploi, présentés au chapitre IV. Ces derniers déterminent ce qui peut être recherché ou non dans les bases d’offres numérisées, à l’avantage des employeurs de temps partiel en Allemagne, à leur désavantage en France. Ils introduisent une régulation numérique des conduites, parfois déconnectée, voire contradictoire, avec les aspirations des conseillers.
Notes de bas de page
1 Je renvoie le lecteur aux notices biographiques des conseillers (Annexe 2). Leurs prénoms ont été modifiés pour garantir l’anonymat.
2 Ce que l’OCDE nomme l’emploi à temps partiel involontaire.
3 Le dispositif de cumul entre allocation-chômage et emploi occasionnel étudié au premier chapitre correspond par exemple à un glissement, tandis que le concept même de chômage expérimente une sédimentation incessante avec l’inclusion de populations nouvelles depuis une vingtaine d’années.
4 L’armée de réserve excède largement les inscrits auprès du service public d’emploi. Une partie des groupes pris dans l’armée de réserve échappe à notre enquête, comme les populations migrantes, inactives ou étudiantes.
5 Je traduis les citations en langue étrangère.
6 Équivalent allemand du guichet d’accueil en France, mais autour de postes individuels, avec un ticket d’attente.
7 Voir par exemple : Benarrosh 2006 ; Delfini 2000 ; Delfini et Demazière 2000 ; Lavitry 2015 ; Legay et Monchatre 2000 ; Pillon 2017 ; Sigalo Santos 2018.
8 Ici aussi, je retiens une liste indicative : Koch, Kupka et Steinke 2009 ; Freier 2016 ; Berkel, Kupka et Flemming 2017 ; Kupka et Osiander 2017 ; Sowa et Staples 2017 ; Grimmer 2018 ; Senghaas, Freier et Kupka 2019.
9 Ce travail a été intégralement renouvelé depuis la thèse.
10 Au 10-11 janvier, 10-12 mars, 4 juillet, 28-29 septembre, 12-14 novembre 2019, j’ai recopié manuellement et recodé entre 150 et 300 offres tirées de chaque base, stockées depuis moins de 3 jours. Ce processus souffre de déperditions, comme celle des offres pourvues en l’espace de quelques heures. Mais leur volume minime ne nuit ni à l’étude des offres entre elles, ni à leur comparaison d’un territoire à l’autre.
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