Chapitre premier. Enjeux politiques du pillage
p. 43-51
Texte intégral
1« Saccage, saccage, saccage populaire !! » Cette consigne était martelée par les étudiants de gauche des universités publiques vénézuéliennes au début des années 1990, lors de la discussion du projet de réforme de l’éducation supérieure. Ce pouvoir de déclencher la mise à sac de Caracas constitue une des ressources politiques du chavisme. Ainsi, pendant le coup d’État contre Chávez en avril 2002, une rumeur rapportait la menace voilée de José Vincente Rangel1 ayant assuré lors d’une réunion que seul le gouvernement avait « le pouvoir de faire descendre les bidonvilles » et que, s’il faisait appel aux barrios pour attaquer les beaux quartiers, les opposants devraient en subir les conséquences.
2Mais, au-delà des rumeurs, l’analyse des allocutions2 officielles du président Chávez montre qu’il n’évoque jamais les événements du 27 février 1989 sans insister sur l’inéluctabilité de l’insurrection dont il a été le leader en 1992. Le président revient fréquemment sur son regret, en tant que militaire, d’avoir fait partie de la force armée qui a réprimé le peuple parce qu’elle était au service d’un régime corrompu. Ainsi, dans le discours officiel chaviste, la justice consiste plus à avoir évincé les partis traditionnels du pouvoir qu’à instruire les procès judiciaires des militaires ayant commis les exactions lors du Caracazo.
3La réinterprétation de la violence du Caracazo comme un acte politique n’a lieu que quelques années après les faits, en 1992, lorsqu’un groupe d’officiers de rang inférieur de l’Armée de terre, les « bolivariens » rebelles, déclarent publiquement avoir été en désaccord avec le haut commandement des Forces armées sur la répression des émeutes. Le discours officiel de la révolution bolivarienne fournit également des éléments importants pour bâtir cette légitimation symbolique, devenue ensuite politique, de l’insurrection des commandants bolivariens et des liens de cette insurrection avec les émeutes de février 1989. Selon Martha Harnecker, l’une des théoriciennes les plus prolifiques de la révolution bolivarienne, « les commandants les plus conscients se sont refusés à prendre part avec leurs troupes à la répression du peuple » (2004 : 34-35). Elle s’appuie sur ce témoignage pour argumenter :
Un militaire interviewé me raconta que lorsqu’il vit le peuple affamé en train de piller un supermarché, il décida de discipliner le pillage [lors du Caracazo]. Il organisa ainsi une queue pour obtenir les produits. En revanche, il empêcha le vol des caisses de comptabilité car cela n’obéissait pas à une nécessité, c’était en profiter pour voler. (Ibid.)
4L’officiel interviewé laisse entrevoir qu’il a désobéi aux ordres émanant de l’état-major ; il dit avoir ressenti de la sympathie pour le peuple « affamé » et n’avoir pu ouvrir le feu contre la foule. Il faut en croire cependant sa seule parole, puisqu’il ne semble pas avoir été accusé d’insubordination ni avoir été rétrogradé comme cela aurait dû être le cas. La mauvaise conscience de cet officiel, déclarée dix ans après les faits devant le magnétophone de Harnecker, s’inscrit dans la nécessité politique d’exprimer des regrets si l’on veut « se faire pardonner » par le peuple. En effet, il serait vraiment honteux pour un militaire bolivarien d’admettre sa participation volontaire et consentie à cette répression sanglante, à moins de l’avoir fait pour « sauver le peuple ». L’officier échappe ainsi au stigmate de complicité d’une répression désormais moralement condamnée par le gouvernement au pouvoir. La réélaboration de son discours par la théoricienne de la révolution justifie in fine l’insurrection des officiers bolivariens le 4 février 1992, dirigée par Hugo Chávez.
5Par ailleurs, une dimension morale s’impose dans cette description des circonstances qui conduisent ce colonel à éprouver de la sympathie envers le « peuple ». Dans son discours émerge la figure d’un « bon pilleur », d’un « pilleur innocent », figure emblématique du peuple affamé, légitime dans sa demande bien qu’irrationnel car contraint par la nécessité biologique de la faim. Dans cette situation d’anomie, seul le militaire rationnel peut restaurer l’ordre en organisant « le bon pillage », c’est-à-dire en créant une queue devant le magasin que la foule est en train de saccager et en empêchant le vol des caisses du supermarché. Lui seul est en mesure de distinguer les « vrais » des « faux » besoins du peuple. Les « vrais » besoins sont de nature physiologique (nourriture, hygiène de base) tandis que la recherche d’alcool ou d’électroménager relève de « faux » besoins, d’une soif de luxe déplacée de la part des nécessiteux. Lors des saccages collectifs du Caracazo, les dénonciations ont en effet fleuri dans les médias, critiquant la convoitise qu’excitaient des produits moralement « illégitimes » (disques, électroménager, chaînes hifi, etc.) car non indispensables à la survie.
6Enfin, Harnecker utilise ce témoignage comme fondement du souvenir à entretenir du 27 février 1989, permettant ainsi au gouvernement de s’approprier politiquement la commémoration de ce moment comme une malédiction des Forces armées. Cette réécriture politique des émeutes et de leur répression constitue une entreprise politique cruciale selon laquelle le dévouement des officiers insurgés aurait contribué à leur rachat. Elle est un exemple de la rhétorique bolivarienne concernant la damnation des Forces armées et leur nécessaire rédemption : l’officier interviewé est une figure stéréotypée emblématique du soldat de l’Armée de terre (un homme, jeune, honnête, de teint brun, issu des milieux populaires et socialement conscient, un fils de la terre vénézuélienne) digne et souverain.
7Il convient de comprendre pourquoi le traitement rhétorique officiel de la violence et de la répression des émeutes du 27 février 1989 – le Caracazo – demeure circonscrit au registre moral et affectif. Les accusés étant des militaires et des membres toujours actifs des forces de l’ordre, le déplacement de la condamnation vers la sphère juridique aurait eu en effet de lourdes conséquences politiques. Les enjeux d’une telle démarche auraient été bien trop compromettants pour la relation symbolique que le bolivarianisme établit entre les secteurs populaires et les Forces armées. Les nuances dans l’utilisation de certains dispositifs juridiques destinés à défendre les victimes révèlent les défaillances propres à l’État de droit vénézuélien, en l’occurrence l’impunité et l’abus de pouvoir des forces de l’ordre. Analyser ce glissement dévoile les ambivalences des discours sur le pillage soit pour le louer soit pour le condamner.
8Mais revenons à cet événement fondateur et incontournable de l’histoire contemporaine du pays. Les émeutes commencèrent dans la banlieue est de Caracas, à Guarenas, par des manifestations contre les augmentations de 30 % des tarifs du transport public et de 83 % du prix de l’essence3. Un conflit similaire éclata en même temps dans le sud-ouest de la ville. Les gens brûlèrent les bus. La police ne put contrôler la situation et des dizaines de milliers de personnes participèrent au saccage des commerces de toutes les avenues de la ville de Caracas et de sa banlieue, ainsi que d’autres villes de province. Les gens trouvaient à l’intérieur des magasins les produits cachés par les commerçants qui attendaient la hausse des prix annoncée. La télévision montrait les images d’hommes, de femmes, d’enfants et de vieillards qui couraient en transportant des appareils électroménagers, des bœufs entiers des boucheries, des vêtements, des disques, etc. Certains commerçants furent lynchés.
9Le 28 février 1989, vingt-cinq jours après son investiture en tant que président de la République pour son second mandant (1989-1993) et quelques jours après avoir annoncé l’application d’un programme d’ajustement économique imposé par le Fonds monétaire international (FMI), Carlos Andrés Pérez déclara donc l’état de siège et suspendit les garanties constitutionnelles. L’ampleur des émeutes et des pillages, comme la férocité de la répression, furent sans précédent dans l’histoire du pays. Le Caracazo se révéla un cataclysme social. La suspension des garanties de la Constitution de 1961 concerna les articles 60 (dont les alinéas traitaient des conditions de la privation de liberté et de la mise en détention), 64 (qui assurait le droit à la libre circulation), 66 (relatif à la liberté d’expression), 71 (sur le droit aux rassemblements publics et privés), et 115 (autorisant les manifestations pacifiques sans armes). Les forces de l’ordre de l’État, en particulier la Garde nationale, la Police militaire et l’Armée de terre, purent alors exercer une répression violente et sans limites. La consigne était de réprimer sans ménager et d’établir un couvre-feu de 18 heures à 6 heures du matin.
10Pendant trois jours, des troupes inexpérimentées composées de jeunes gens firent face à une situation inouïe : les soldats braquaient leurs mitrailleuses sur les bâtiments surpeuplés des quartiers populaires d’où venaient des coups de feu isolés tirés au moyen d’armes de poing, ils tiraient sur toute personne qui courait dans la rue et achevaient les blessés. Jusqu’aux premiers jours du mois de mars, il n’y eut pas de limites aux exactions des soldats de l’Armée de terre. Le nombre officiel de morts lors du Caracazo est de 227, mais les ONG l’estiment à au moins un millier.
11Cette différence constitue aujourd’hui encore non seulement une énigme mais également un motif de querelle entre le gouvernement d’Hugo Chávez et les associations de défense des droits de l’homme. Tout au long des quatorze dernières années, sous la nouvelle Constitution de 1999 (souvent présentée comme un modèle de respect des droits de l’homme), les gouvernements successifs d’Hugo Chávez ont perpétué l’impunité des militaires. L’identification des corps des disparus a suscité de nombreuses polémiques car elle devait conduire à l’ouverture de procès impliquant des soldats et officiers de l’Armée de terre présumés coupables d’exactions et de disparitions forcées. Or, depuis vingt ans, les associations constituées par les familles des victimes disparues se battent pour savoir ce qui s’est réellement passé lors de la répression et pourquoi les cadavres de leurs proches ont été ensevelis dans des fosses communes au lieu de leur être rendus. Pour l’association Cofavic, Comité des familles des victimes du Caracazo de 1989, l’identification des corps a pour but essentiel, d’une part, de parvenir à enfin enterrer ceux-ci dignement, et d’autre part, d’obliger les institutions de l’État à autoriser l’expertise des légistes pouvant fournir les preuves nécessaires à l’ouverture et à l’instruction des procès jusqu’à l’éventuelle condamnation des militaires.
12Les deux périodes gouvernementales de Chávez ont été marquées par la remise en cause de l’indépendance du système judiciaire par rapport au pouvoir exécutif et par la politisation des corps de sécurité de l’État. Dans ce contexte, le travail de Cofavic ne faisait pas nécessairement consensus. Bien au contraire, il est devenu la cible d’attaques virulentes du gouvernement sans bénéficier du soutien ni même de la sympathie de certains secteurs de l’opposition.
13L’histoire concrète d’une association de victimes des exactions comme Cofavic illustre les mécanismes qui permettent d’éviter de juger et punir les militaires tout en manipulant la signification politique et sociale des émeutes ; elle montre bien à quels écueils politiques se heurte la cause des droits de l’homme au Venezuela. Les premiers jours de mars 1989, alors que la ville se remettait à peine des émeutes et que le bilan de morts n’était pas encore clair, des avocats et des activistes se réunirent devant les portes de la morgue de Caracas, à Bello Monte. Étonnés par le grand nombre de familles désemparées qui ne retrouvaient pas les corps de leurs proches, pourtant tués par des soldats assurant le couvre-feu, Liliana Ortega, une jeune avocate, et Enrique Ochoa Antich, à l’époque député du MAS (Movimiento al Socialismo), décidèrent de créer un comité qui fournirait un conseil légal aux familles des victimes disparues. Ils l’appelèrent Comité de Familiares de las Víctimas de los sucesos ocurridos entre el 27 de febrero y los primeros días de marzo de 1989, Cofavic. L’association rassemblait alors principalement des femmes qui intentaient des procès en justice pour rechercher et juger les responsables des exécutions sommaires, assassinats et disparitions des corps de leurs frères, maris et enfants.
14Organisme menant un travail bénévole de soutien pratique aux victimes dans leurs démarches d’ouverture et d’instruction d’un procès, connu sous le nom de « clinique juridique », Cofavic est aujourd’hui financé par différents gouvernements de pays de l’Union européenne, la Suisse et le Canada. Mais le mélange de militantisme social et d’engagement professionnel a créé rapidement une tension politique car, pour être crédible et consensuelle, une organisation non gouvernementale doit se définir comme politiquement neutre. Or l’engagement politique de Cofavic, défini par la militance pour l’accès au droit de victimes d’exactions et de violences exercées par les corps de sécurité de l’État, interroge frontalement la responsabilité des gouvernements vénézuéliens, même celui d’Hugo Chávez. Cofavic est donc devenu la cible d’attaques verbales virulentes de la part de cadres supérieurs du pouvoir exécutif, en particulier de la Fiscalía general de la República et du Ministerio Público. Et les difficultés de Cofavic s’accentuèrent à partir de la radicalisation de la polarisation à la suite du coup d’État manqué contre le président Chávez en avril 2002.
15Le 4 février 2004, jour de commémoration de l’insurrection de 1992, après quinze ans de travail pour mettre en place un cadre institutionnel permettant de recueillir des témoignages sur les exactions, Cofavic est parvenu à faire reconnaître à l’État vénézuélien, devant la Cour interaméricaine des droits de l’homme, ses devoirs d’indemnisation envers les victimes du Caracazo. La plupart des procès intentés aux effectifs des forces de l’ordre se sont toutefois déroulés devant des tribunaux militaires et non civils.
16Mais cette association a également pris position dans l’arène politique. En mai 2000, Cofavic s’est associée avec une ONG d’une tout autre nature, Queremos elegir, et est sortie de son rôle habituel en intervenant dans une affaire concernant le monde politique. Une semaine avant la date fixée pour les « méga-élections4 » de re-légitimation du nouveau gouvernement dans le cadre de la nouvelle Constitution approuvée en décembre 1999, ces deux ONG ont introduit un recours auprès de la Cour suprême de justice pour invalider le processus électoral. L’argument était le suivant : les citoyens ne connaissaient ni les listes définitives des candidats ni les procédures complexes de vote5. La Cour suprême de justice accepta ce recours et les « méga-élections » de mai 2000 furent annulées. Depuis, les relations entre Cofavic et le gouvernement ont été très tendues6.
17En 2002, l’association s’est également engagée dans un vaste projet de soutien aux familles des victimes de groupes d’extermination ayant participé au « nettoyage social » dans plusieurs régions du pays. Pour preuve de l’impartialité politique de Cofavic, Ortega a souligné que trois des six États choisis sont gouvernés par l’opposition, et trois par des gouverneurs affiliés au président. Mais depuis 2002, Liliana Ortega subit une campagne de dénigrement public de la part du gouvernement. En 2005, le président Hugo Chávez a notamment accusé l’association « d’alimenter les troubles politiques7 », c’est-à-dire de « travailler pour l’opposition ». À la suite de ses dénonciations des brutalités policières et des actions des escadrons de la mort et des groupes de nettoyage social, Ortega est devenue la cible de menaces de mort anonymes qui parviennent très fréquemment à Cofavic par courrier ou appel téléphonique. Depuis dix ans, le bureau de Cofavic, situé dans un bâtiment modeste du centre de Caracas, bénéficie de la protection d’un agent de police, que l’association a réussi à obtenir après avoir démontré devant un tribunal la véracité de ces menaces.
18Mais c’est bien le Caracazo qui nourrit le conflit entre Cofavic et le gouvernement d’Hugo Chávez. En septembre 2009, Cofavic a contesté la décision prise par le ministère public vénézuélien d’exhumer soixante-cinq corps de disparus du Caracazo pour les identifier au sein même de l’institution militaire, dans une morgue installée à fort Tiuna. Ces corps non identifiés étaient enterrés dans des fosses communes clandestines d’une zone du Cimetière général du sud à Caracas connue sous le nom de La Peste, transformées en niches en 1990. Des experts mandatés par le ministère public avaient débuté l’identification sans prévenir les associations, en installant une morgue improvisée dans un hangar du fort militaire, démarche qui soulevait des doutes quant à la neutralité de l’expertise.
19L’association a avancé trois arguments pour dénoncer la décision du gouvernement vénézuélien d’effectuer les expertises en zone militaire. Le premier était que les militaires en charge de la procédure sont les auteurs présumés des disparitions : « mon mari a été tué par un militaire. Faire les identifications des corps à fort Tiuna8, ce n’est pas sérieux… », déclarait au journal El Nacional Iris Medina, membre de l’organisation. La deuxième objection à cette démarche du gouvernement de Chávez était que, même si les dossiers pour identifier les corps avaient bien été consignés auprès du ministère public par les membres de Cofavic, aucun lien n’était fait entre les rapports d’exhumation d’une part et les dossiers des disparus d’autre part, ce qui rendait de fait impossible l’identification des corps inhumés. Pourtant, les rapports scientifiques des exhumations précédentes auraient constitué des éléments très compromettants pour les agents des forces de l’ordre impliqués dans les exactions. La Cour interaméricaine des droits de l’homme elle-même a tout de suite exprimé ses réserves quant à cette démarche d’exhumation et a demandé des explications à la responsable du ministère public et au procureur de la République, Luisa Ortega Díaz. Le communiqué de la Cour faisait allusion au manque de rigueur dans le traitement des cas de disparitions forcées. En effet, jamais l’État vénézuélien n’a déterminé la responsabilité de ceux qui ont ouvert le feu de manière indistincte, ni identifié ceux qui ont enterré les cadavres dans les fosses communes de La Peste. La troisième remarque signalait le refus du ministère public d’accepter cette fois-ci la présence d’experts étrangers lors de l’identification des cadavres. Les porte-parole de Cofavic avaient, en 1990, fait venir une équipe argentine de médecins légistes : trois corps avaient pu être identifiés, ainsi que le type d’armement utilisé. Mais cette démarche avait été suspendue car l’État vénézuélien avait refusé de la financer ; les cadavres non identifiés étaient donc retournés aux niches de La Peste, jusqu’à ce qu’en 2009 le ministère public décide de les amener au fort Tiuna pour expertise. Cette décision a provoqué des scènes dramatiques au cours desquelles les familles des victimes tentaient d’empêcher les fonctionnaires d’exhumer les corps.
20L’enjeu de l’identification des corps des disparus du Caracazo est politique car elle devrait conduire à ouvrir des procès impliquant des soldats et officiels de l’Armée de terre, présumés coupables des exactions et des disparitions lors des émeutes. La polémique sur l’identification des corps fait partie d’une longue confrontation entre les représentants de l’État vénézuélien et les associations de défense des droits de l’homme. Cette controverse n’est pas en soi quelque chose de nouveau car Cofavic a agi de la même manière sous les mandats des présidents Carlos Andrés Pérez (de 1989 à 1993) et de Rafael Caldera (1994-1998) et, à l’époque, ces gouvernements ont également ignoré les dénonciations de l’association. L’administration d’Hugo Chávez a perpétué la politique de disqualification morale des victimes individuelles des exactions initiée lors du mandat de Carlos Andrés Pérez. La particularité de son action relève donc de la mise en cause de l’indépendance des associations par le biais de l’instrumentalisation politique de leurs plaintes, tension qui paradoxalement renforce la déresponsabilisation historique des corps de sécurité de l’État en matière de violations des droits de l’homme.
Notes de bas de page
1 José Vicente Rangel, journaliste et homme politique de la gauche vénézuélienne, candidat à la présidence à plusieurs reprises pendant les années 1970 et 1980, a participé activement au gouvernement de Hugo Chávez et a exercé les fonctions de chancelier, ministre de la Défense et vice-président.
2 Voir en particulier les allocutions Chávez (2003a et b).
3 Le nouveau prix de l’essence était de 2,75 bolivars le litre, c’est-à-dire, moins de 0,001 centime de dollar. L’inflation était supérieure à 80 % et les hausses des prix des denrées de base étaient incontrôlées. Depuis 1996, le prix de l’essence se maintient à 0,01 centime de dollar le litre. Il est, bien évidemment, largement subventionné.
4 Lorsqu’une république change de constitution, tout le personnel élu doit être renouvelé. Le terme de « méga-élections » a désigné familièrement les élections générales convoquées après l’approbation de la Constitution de 1999 pour élire les pouvoirs nationaux, régionaux, locaux et le Parlement andin. Initialement prévues le 28 mai 2000, ces élections ont été reportées au 30 juillet 2000 sur décision de la Cour suprême de justice.
5 Voir http://www.analitica.com/bitblio/csj/megaelecciones2.asp [consulté le 29/12/2009].
6 Liliana Ortega est la cible d’une campagne de discrédit systématique menée par les adhérents les plus radicaux de la révolution bolivarienne. Voir le site des militants radicaux de la révolution bolivarienne Aporrea, en particulier les entrées : http://www.aporrea.org/actualidad/a15001.html, http://www.aporrea.org/actualidad/a87580.html, http://www.aporrea.org/actualidad/a2496.html, http://www.aporrea.org/imprime/n84359.html [pages consultées le 30/12/2009].
7 Voir http://www.amnestyinternational.be/doc/article5441.html [consulté le 30/12/2009].
8 Le fort militaire Tiuna abrite les bataillons de l’Armée de terre qui ont participé à la répression lors du Caracazo.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Allocations sociales et pauvreté au Brésil
Le bon combat ?
Sonia Rocha Pascal Reuillard (trad.)
2014
« Le rap, ça vient d’ici ! »
Musiques, pouvoir et identités dans le Gabon contemporain
Alice Aterianus-Owanga
2017
#info
Commenter et partager l'actualité sur Twitter et Facebook
Arnaud Mercier et Nathalie Pignard-Cheynel (dir.)
2018
La transformation des armées
Enquête sur les relations civilo-militaires en France
Grégory Daho
2016