Ensauvagement du conflit social

1La nuit du 24 au 25 août 1992, par une douce soirée d’été, la Sonnen­blumenhaus de Lichtenhagen brûla – à tout juste un kilomètre de notre appartement. Cela faisait deux jours déjà que les sirènes hurlaient presque sans arrêt. Du vacarme et des bruits sourds parvenaient jusqu’à nous. À la télévision passaient des images comme venues d’un pays lointain : des hordes brailleuses, des gestes agressifs, une foule dans une atmosphère de pogrom. La police restait à côté sans faire grand-chose, les engins incendiaires volaient. À l’intérieur de la Sonnenblumenhaus, les gens craignant pour leur vie allèrent se réfugier vers les étages supérieurs et sur le toit. Des voisins par douzaines se tenaient aux balcons, applaudissaient et encourageaient les assaillants. Les photos du « méchant Allemand » en jogging, l’entrejambe mouillé en train de faire un salut hitlérien, firent le tour du monde.

2J’étais justement en ville le week-end des émeutes. Quand j’entend