Finitude d’une forme de société

1Sans que l’on n’ait jamais accordé à la RDA de garantie d’éternité, tout le monde s’était fait à son existence pendant plus de quarante ans. Il parut dès lors inimaginable qu’elle puisse s’effondrer soudainement. Everything Was Forever, Until It Was No More, pour reprendre le titre original du livre publié en 2005 d’Alexei Yurchak, un anthropologue né en 1960, sur la dernière génération de l’Union soviétique. L’implosion d’un système ressentie comme un choc collectif faisant sauter aux yeux de tous ceux qui en faisaient partie la finitude d’une construction sociale, une implosion qui les arrache du train-train familier et démasque les illusions qui s’étaient drapées en certitudes collectives. Voilà qui traduit assez précisément l’expérience de la grande majorité des anciens citoyens de la RDA. Il y avait bien une prise de conscience de la stagnation économique, du redoux qui soufflait depuis Moscou et de la lente érosion de l’autorité de la direc